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mlsum-fr-701
Au Niger (ici en août 2018), seulement 11 % des femmes disposent d’un compte en banque, contre 91 % en France. LUIS TATO / AFP L’Afrique s’invite à Chantilly. Réunis mercredi 17 et jeudi 18 juillet dans cette petite ville proche de Paris, les ministres des finances du G7 (Etats-Unis, Allemagne, France, Royaume-Uni, Canada, Italie et Japon) ne parleront pas que de guerre commerciale ou de taxation du numérique. Alors que Paris a fait de la lutte contre les inégalités le thème central de sa présidence, un volet des discussions sera aussi consacré à l’inclusion financière numérique en Afrique. Autrement dit, comment le digital peut-il accélérer le changement sur un continent dont la population est encore massivement sous-bancarisée ? En Afrique subsaharienne, le pourcentage d’adultes ayant un compte auprès d’une banque ou d’une autre institution financière s’élève à 43 % Pour travailler à des pistes d’amélioration, notamment vis-à-vis des femmes, premières victimes de cette exclusion, le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a confié à la Fondation Bill et Melinda Gates (partenaire du Monde Afrique) le soin de préparer un rapport qui doit être présenté à ses homologues jeudi. L’enjeu est d’obtenir l’engagement des membres du G7 à ­contribuer à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros à la réalisation des propositions formulées dans le document. « Nous voulons sortir des sentiers battus et avoir des initiatives concrètes, en nous appuyant sur des ONG, des associations, et pas uniquement sur les réseaux éta­tiques », souligne M. Le Maire. « Cette stratégie a le mérite d’être très pragmatique », insiste-t-il, alors que le G7 français laisse certains partenaires dubitatifs. « L’inclusion financière, pour une femme, c’est la liberté, l’indépendance vis-à-vis de la famille, la possibilité de construire sa vie, ajoute encore le ministre. Il y a là un enjeu considérable d’égalité des genres. » Lire aussi Pourquoi il faut libérer la capacité des Africaines à faire des affaires En Afrique subsaharienne, le pourcentage d’adultes ayant un compte auprès d’une banque ou d’une autre institution financière s’élève à 43 %, selon des données datant de 2017. Un niveau très faible comparé à la plupart des autres grandes régions du monde, telles que l’Asie du Sud (70 %) ou l’Europe et l’Asie centrale (81 %). Faire évoluer la régulation Lire aussi Enfin des solutions pour lever les barrières du paiement numérique en Afrique ? Pour autant, les nouvelles technologies ont déjà changé la donne sur le continent. Né en Afrique, au Kenya, le paiement mobile permet désormais aux habitants d’un grand nombre de pays africains d’envoyer et de recevoir de l’argent, presque aussi facilement qu’un SMS. « Les bénéfices de cette innovation pour les populations ont été prouvés, observe Kosta ­Peric, directeur des services financiers pour les pays les plus pauvres à la Fondation Gates. Il faudrait maintenant accélérer le mouvement, avec l’objectif d’inclure ­financièrement encore 400 millions d’adultes africains, dont 60 % de femmes, à l’horizon 2030. » Pour y parvenir, le rapport propose plusieurs axes de travail. Il préconise ainsi d’établir des plates-formes connectant entre eux les différents systèmes de paiement mobile – qui, trop souvent aujourd’hui, fonctionnent en silos – pour les raccorder ensuite au système bancaire. Un autre chantier vise à contourner la difficulté qu’ont souvent les gens les plus désargentés, et d’abord les femmes, à ouvrir un compte bancaire faute de posséder les documents requis pour prouver leur identité. Les experts de la Fondation suggèrent de leur fournir à la place une identification numérique, fondée par exemple sur les empreintes digitales ou l’iris de l’œil. Lire aussi Des smartphones pour donner accès à des services bancaires et sortir de la pauvreté Le document insiste aussi sur la nécessité de faire évoluer la régulation. Et de tenter de l’harmoniser entre les 54 pays du continent. « Ils ne sont pas tous alignés sur qui peut faire quoi, rappelle Kosta Peric. Certains, comme le Kenya, permettent à des opérateurs télécoms d’offrir des services financiers. D’autres non. » In fine, l’inclusion financière dépendra également, dans chaque pays, des efforts d’expansion du réseau électrique et des politiques censées accroître le réseau Internet. Pour tout mettre en musique, la fondation mentionne une série d’acteurs, de la Banque mondiale à la Banque africaine de développement, en passant par le laboratoire de recherche J-PAL ou l’université d’Oxford. « Pour que cela marche, il faudra aussi que les pays africains soient impliqués et prennent des engagements, notamment sur l’aspect de la régulation », estime Friederike Röder, directrice pour l’Europe de l’ONG One. Celle-ci soutient l’esprit de l’initiative, rappelant qu’« aujourd’hui, 91 % des femmes ont un compte en banque en France, contre seu­lement 11 % au Niger ». Encore ­faudra-t-il voir à quel point les pays donateurs du G7 seront prêts à mettre au pot. Le montant des engagements devrait être ­dévoilé lors du sommet des chefs d’Etat qui se tiendra à Biarritz, du 24 au 26 août.
Les pays du G7 sont appelés à débloquer des fonds pour soutenir des initiatives sur un continent dont la population est massivement sous-bancarisée.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/17/la-france-promeut-l-inclusion-financiere-des-femmes-en-afrique_5490296_3234.html
mlsum-fr-702
Devant le Parlement géorgien, à Tbilissi, dans la nuit de jeudi à vendredi. Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont fait 240 blessés selon un bilan du ministère de la santé géorgien. ZURAB TSERTSVADZE / AP Le président du Parlement géorgien a démissionné vendredi 21 juin après une nuit de violentes manifestations dans la capitale, Tbilissi. La veille, le député du Parti communiste russe Sergueï Gavrilov était intervenu depuis la tribune du président. Sa présence à l’hémicycle, dans le cadre d’une réunion internationale sur l’orthodoxie, a choqué dans un pays où beaucoup considèrent la Russie comme la puissance occupante d’une partie de son territoire. Jusqu’à 10 000 manifestants se sont réunis jeudi soir devant le Parlement pour protester contre cette prise de parole et la proximité du parti au pouvoir avec Moscou. Des affrontements se sont poursuivis toute la nuit dans une ambiance de gaz lacrymogènes et de tirs de balles de caoutchouc. Un bilan faisait état, vendredi matin, de 160 manifestants et 80 policiers blessés. Lire aussi Emeutes au Parlement de Géorgie après le discours d’une député russe Membre du parti au pouvoir, Rêve géorgien, Irakli Kobakhidze a démissionné en signe d’un « grand niveau de responsabilité » et non « d’une concession aux demandes irresponsables des partis de l’opposition », a affirmé le secrétaire général du parti, Khakha Kaladze. « Manifestations permanentes » Mais vendredi, l’opposition a demandé à ses partisans de sortir de nouveau dans la rue à Tbilissi à partir de 19 heures (heure locale), pour exiger l’organisation d’élections législatives anticipées et la démission du ministre de l’intérieur. « Des manifestations pacifiques permanentes se poursuivront jusqu’à ce que ces demandes soient remplies », a affirmé Grigol Vachadzé, leader du Mouvement national uni, crée par l’ancien président en exil Mikheil Saakachvili. Des policiers bloquent l’entrée du Parlement géorgien à Tbilissi, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 juin. Zurab Tsertsvadze / AP Pour faire face à cette crise, la présidente du pays, Salomé Zourabichvili, est rentrée précipitamment d’un voyage en Biélorussie. Tout en disant comprendre l’indignation des manifestants, elle a dénoncé des « actions contre l’Etat et des appels au coup d’Etat venant de l’intérieur et de l’extérieur du pays », dans une référence à l’opposant en exil, l’ancien président Mikheïl Saakachvili. Dans une vidéo sur Facebook, Mikheil Saakachvili a appelé ses partisans à « descendre dans la rue » et demandé la fin du « régime » du milliardaire Bidzina Ivanichvili, considéré comme tenant les rênes du parti Rêve géorgien. Bidzina Ivanichvili a quant à lui tenu un discours d’apaisement, assurant dans un communiqué « partager pleinement l’indignation sincère des citoyens géorgiens ». « Il est inacceptable que le représentant du pays occupant préside une rencontre au Parlement géorgien », a-t-il ajouté, précisant avoir demandé au président de l’Assemblée de suspendre cette conférence religieuse. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Géorgie, en fragile équilibre entre la Russie et l’OTAN Tensions Après ces heurts, le président russe, Vladimir Poutine, a signé un décret empêchant les compagnies aériennes russes de voler vers la Géorgie à partir du 8 juillet. Une décision qui rappelle les tensions entre les deux pays, qui se sont affrontés lors d’une brève guerre en 2008. L’armée russe était alors intervenue sur le territoire géorgien pour soutenir l’Ossétie du Sud, territoire séparatiste prorusse où Tbilissi avait lancé une opération militaire. Tenant d’une ligne euro-atlantique qui fait du rapprochement avec l’UE et l’OTAN une priorité, le pouvoir en place en Géorgie est souvent ­accusé par l’opposition d’entretenir une certaine complaisance vis-à-vis de Moscou, ou au minimum d’éviter la confrontation.
La prise de parole d’un député russe dans l’Hémicycle de cette ex-République soviétique a déclenché la colère de l’opposition.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/21/le-president-du-parlement-georgien-demissionne-a-la-suite-de-violentes-manifestations_5479849_3210.html
mlsum-fr-703
Au centre pour réfugiés de Sundyberg (Suède), en octobre 2015. JONATHAN NACKSTRAND / AFP La vie des idées. Titrée « Les migrations changent toute la Suède en profondeur », la chronique publiée le 11 juin dans le journal Svenska Dagbladet a fait l’effet d’un pavé dans la mare. Tout l’été, l’onde de choc qu’elle a provoquée n’a cessé d’agiter le petit monde des éditorialistes suédois. Dans son texte, le polémiste Ivar Arpi évoque, sans la nommer, la petite ville de province dont il est originaire : « Avant, il n’y avait que quelques étrangers, aujourd’hui ils dominent le paysage urbain. » Probablement, écrit-il, « parce que beaucoup n’ont pas de travail et tiennent la chandelle dehors ». Et de conclure : « C’est la démographie, pas l’économie », qui nourrit le vote d’extrême droite. Pendant longtemps, le débat sur l’immigration était limité en Suède. Craignant de faire le jeu de l’extrême droite, l’ensemble des partis politiques s’abstenaient de mentionner les chiffres et évoquaient « l’obligation morale » d’accueillir ceux qui avaient besoin de protection. La stratégie semblait fonctionner : les Démocrates de Suède (SD), le parti d’extrême droite, progressaient moins vite que les formations du même genre dans le reste de l’Europe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Pourquoi les Démocrates de Suède, un parti anti-immigration et nationaliste, progressent » Depuis 2010, le royaume de 10 millions d’habitants a ainsi accueilli quelque 500 000 demandeurs d’asile – plus que n’importe quel autre pays européen proportionnellement à sa population –, dont 163 000 pour la seule année 2015. Mais, début 2016, le gouvernement a décidé de fermer les frontières et donné un sévère tour de vis à la politique d’accueil du pays. Le virage politique est motivé par le coût de l’immigration pour un Etat-providence fragilisé par le vieillissement de sa population, d’autant que le marché du travail a du mal à absorber les nouveaux venus. Lignes de fracture Mais pour les économistes, la note n’est pas très élevée : l’immigration coûte 50 milliards de couronnes (4,6 milliards d’euros) par an à la Suède, soit 1 % de son PIB ou l’équivalent de ce que le royaume consacre à l’aide publique au développement. La Suède, finalement, aurait les moyens de garder ses frontières ouvertes, si elle en faisait le choix, explique Joakim Ruist, chercheur spécialiste des migrations. Une option que rejette le polémiste Ivar Arpi, qui s’inquiète du nombre et du profil des étrangers qui vivent en Suède : en 2000, 11 % à peine des habitants du royaume étaient nés à l’étranger ; aujourd’hui, ils sont 19 %. Et, alors que la Finlande était leur premier pays d’origine jusqu’en 2016, la Syrie arrive désormais en tête.
La question de l’intégration a fait s’affronter polémistes et éditorialistes des grands journaux tout l’été, dans un royaume habitué à mettre en avant « l’obligation morale » de l’accueil des réfugiés.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/20/l-identite-nationale-fait-debat-en-suede_6012335_3232.html
mlsum-fr-704
Valerie Pecresse le 5 juin à l’Elysée. JACQUES DEMARTHON / AFP A qui le tour ? Après la déflagration des élections européennes et les maigres 8,5 % recueillis par la liste conduite par François-Xavier Bellamy, la droite n’en finit pas de se décomposer. Mercredi 5 juin, sur le plateau du « 20 heures » de France 2, c’est la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, qui a annoncé qu’elle quittait le parti Les Républicains (LR). « J’ai acquis la conviction que la refondation de la droite ne pourra pas se faire à l’intérieur et qu’elle doit se faire à l’extérieur du parti, a-t-elle expliqué. Nous devons refonder la droite, elle est menacée d’extinction. Mais, en femme libre, j’ai décidé de quitter Les Républicains. » Elle a justifié sa décision en disant qu’il fallait un « électrochoc ». Jointe par Le Monde, celle qui avait fondé, en juillet, le mouvement Libres ! tout en faisant le choix de rester à LR dans l’opposition à la ligne imposée par Laurent Wauquiez, se dit « libérée » même si elle juge la situation « gravissime ». « La droite a perdu ses repères, tranche Mme Pécresse. Si nous ne sommes pas capables d’incarner une vraie alternative à Macron, c’est Marine Le Pen qui arrivera au pouvoir. » Et, pour elle, le parti dirigé par M. Wauquiez – qui a annoncé, dimanche, sa démission de la présidence de LR – était en train de se fourvoyer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La stratégie rouleau compresseur de LRM face à LR « Le parti est totalement cadenassé, juge-t-elle. Le dernier bureau politique [convoqué par M. Wauquiez au lendemain de la débâcle des élections européennes] m’a éclairée. Ça m’a convaincue qu’il n’aurait pas le ressort nécessaire pour aller parler aux Français. » Mme Pécresse reprend à son compte la formule utilisée mardi soir par Christophe Coulon, vice-président de la région Hauts-de-France, qui représentait Xavier Bertrand lors de la réunion qui s’est tenue à l’initiative du président du Sénat, Gérard Larcher : « A l’heure du streaming, les LR vendent des magnétoscopes. Faut pas s’étonner s’il n’y a personne dans nos magasins. » Au sein de LR, la présidente d’Ile-de-France dit s’être heurtée à un refus permanent de prendre ses propositions en considération. « J’ai essayé de parler écologie, je me suis heurtée à tous les lobbys de la terre, explique-t-elle. On parle de la lutte contre l’islamisme mais la droite laïque n’apparaît plus porteuse des valeurs de la laïcité. Rien n’a été fait pour combattre les fusionnistes avec le Rassemblement national. J’ai demandé de la clarté, de l’élargissement, je n’ai jamais été entendue. Sur l’économie, on ne sait plus où on habite. » Elle a été notamment excédée par le soutien de parlementaires LR au référendum d’initiative partagée sur la privatisation de Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris). « Comment des Républicains peuvent-ils s’allier avec La France insoumise ? », s’exclame-t-elle.
Après la débâcle des européennes, la présidente de la région Ile-de-France quitte le parti pour « refonder la droite ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/06/pecresse-s-en-va-lr-s-enfonce-dans-la-crise_5472255_823448.html
mlsum-fr-705
La Loire est partiellement asséchée au niveau de Montjean-sur-Loire, le 24 juillet. LOÏC VENANCE / AFP « On est en régime de restriction d’eau depuis plus de deux mois déjà, mais la situation s’aggrave. On en est même à un stade où on pressent qu’on pourrait avoir des difficultés en matière d’eau potable dans quelques mois », s’inquiète Maxime Cuenot, directeur départemental des territoires du Cher. Mardi 13 août, 83 départements français étaient concernés par des mesures de restriction d’eau. Selon le niveau d’urgence défini par le préfet, les habitants, collectivités, agriculteurs et industries doivent limiter leur utilisation d’eau jusqu’à nouvel ordre. Même si la canicule est derrière nous, la France subit toujours la sécheresse. Celle-ci est multiple : météorologique (manque de pluie), agronomique (déficit en eau des sols superficiels) et hydrologique (niveaux bas des nappes souterraines). Météo France observe que, « depuis juillet 2018, la pluviométrie sur la France est marquée par un déficit qui perdure notamment sur les régions du Grand-Est, de la Bourgogne – Franche-Comté ainsi qu’en Auvergne ». La deuxième canicule de l’été, fin juillet, a également contribué à assécher les sols superficiels. A l’inverse, la Corse a bénéficié de pluies abondantes, favorisant la recharge en eau des sols et des nappes souterraines. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans le Puy-de-Dôme, « le barrage est vide et cela fait trois semaines que l’on n’arrose plus » « Une situation qui intervient tous les 70 ans » Dans son bulletin daté du 1er août, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) indique que les niveaux des nappes souterraines diminuent. Une situation habituelle en cette période de l’année, puisque les pluies sont absorbées par la végétation. La baisse des niveaux a fortement accéléré en juin et en juillet, même si le BRGM assure qu’à l’exception de certains territoires les niveaux des nappes sont globalement autour de la moyenne. « La nappe du sud de l’Alsace rencontre, pour un mois de juillet, une situation qui ne se présente statistiquement que tous les soixante-dix ans, précise toutefois Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM. Cela provoque l’assèchement des zones humides et la disparition de certaines espèces. » Les nappes du Rhône et de la Saône présentent également les niveaux les plus bas connus pour la période. Des niveaux modérément bas à très bas sont aussi observés dans les nappes du Massif central (en Auvergne-Rhône-Alpes et en partie est du Limousin) et du Berry (au sud de la région Centre-Val-de-Loire). Fin de l’été ne signifie pas fin du problème. Dans certains départements moins touchés actuellement par la sécheresse, la vigilance règne. « Chez nous, les difficultés arrivent au moins aussi fort en septembre, octobre, voire novembre, explique Philippe Blachère, directeur départemental des territoires du Gers. Puisque, même si l’irrigation baisse, il faut maintenir de l’eau potable. On sait que l’on doit garder de l’eau pour cette période, tant que les grosses pluies d’hiver ne seront pas retombées. » Il faut désormais attendre la période de recharge des nappes souterraines, de septembre à mars. Mais, si la pluie ne vient pas cet hiver, l’été 2020 sera encore plus problématique.
Les précipitations prévues en août « ne devraient pas engendrer une recharge des nappes », car les orages n’ont généralement pas la capacité de s’infiltrer si profondément.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/13/le-niveau-des-nappes-phreatiques-est-tres-bas_5499122_3244.html
mlsum-fr-706
La bâtisse entourée d’arbres centenaires, vue depuis le parc. Melvin Israel pour M le magazine du Monde A l’arrêt devant le portail de l’entrée, coiffé d’un arc en ogive aux faux airs de ruines médiévales, on se demande où l’on s’apprête à mettre les pieds. Une fois la porte poussée, le trouble ne se dissipe pas, on est accueilli par d’immenses arbres centenaires, au milieu d’un parc où flânent un âne et un poney. Un conseil, arriver de nuit pour amplifier la sensation de pénétrer dans un pays de conte de fées, l’univers bien gardé de la Villa Magnan. En 2017, Anne et Jérôme Israel, ancienne décoratrice dans le cinéma et ex-chef opérateur, rachètent la propriété à l’un des petits-fils des propriétaires d’origine, le marquis de Casa Riera et sa femme, Blanca de Aragón y Carrillo de Albornoz (les parents de la défunte reine des Belges, Fabiola), qui s’y étaient réfugiés au début des années 1930, au moment de la chute de la monarchie espagnole et de la proclamation de la République. Construite entre 1927 et 1931, la Villa n’apparaît dans quasiment aucun livre ni sur Internet. C’est un agent immobilier, à qui Anne Israel confiait ses difficultés à trouver une grande bâtisse à acheter, qui la leur fait découvrir. Après un an et demi de travaux, le couple l’a partiellement ouverte à la réservation. Ce n’est pas tout à fait une maison d’hôtes, encore moins un hôtel. Ses propriétaires préfèrent parler d’une « pension de famille ». L’impératrice Eugénie et le gotha La Villa Magnan fait partie des nombreuses belles demeures que compte Biarritz. Au milieu du XIXe siècle, ce petit port de pêcheurs a changé de visage lorsque l’impératrice Eugénie en a fait sa destination de villégiature, attirant tout le gotha. « La ville est devenue le théâtre d’un concours de demeures grandioses, sortes de châteaux de la Belle au bois dormant sur lesquels plane une atmosphère de magie », résume Anne Israel. Contrastant avec ses trois dépendances au style néobasque attendu (murs blanchis à la chaux et colombages), le bâtiment principal assume une architecture originale. Sous la véranda, un joueur de flûte en pierre. Melvin Israel pour M Le magazine du Monde L’intérieur est Art déco, mais les façades mêlent des inspirations plus classiques qui ne détonneraient pas dans un paysage italien. « Visconti aurait pu y tourner un film ! Malgré ses 1 500 mètres carrés, le bâtiment reste très élégant. On ne trouve pas ici de volonté d’en imposer », souligne la propriétaire qui, malgré ses recherches, peine à identifier l’identité de l’architecte. Selon les documents retrouvés au grenier, il pourrait s’agir d’Amédée Aragon. Cependant, les autres constructions à son actif n’ont rien à voir avec l’exigence dont témoigne la Villa Magnan, tant dans le dessin que dans les proportions ou la sobriété des lignes. « La mère de Fabiola était très liée au couturier Cristóbal Balenciaga, que sa propre mère, la marquise de Casa Torres, avait découvert et financé. Peut-être a-t-il participé au dessin des plans ? », s’interroge Anne Israel. La sophistication de la propriété se loge jusque dans le choix de couleurs des différentes pièces, réalisé en fonction de leur orientation : jaune pour la « chambre de monsieur », rose pêche pour la « chambre de madame » (lors de la rénovation, les murs ont été repeints à l’identique). Alors qu’elle est restée inhabitée quasiment quatre-vingts ans (les anciens propriétaires y ont séjourné jusque dans les années 1940), la demeure est restée relativement bien conservée. Une tapisserie en soie brodée du XIXe siècle, dans la « chambre de madame ». Melvin Israel pour M le magazine du Monde Les salles de bains Art déco en mosaïque sont quasiment intactes, tout comme les parquets en point de Hongrie, qui habillent jusqu’au grenier, et la peinture rose poudré du hall et de la grande salle. « Rien n’a été saccagé, pillé ou tagué. Pourtant, on a découvert que tous les jeunes du lycée hôtelier et du collège voisins venaient y fumer. Tout le monde pouvait y entrer ! C’est comme si la Villa avait été protégée par une bonne étoile », s’amuse Anne Israel. Confort années 1930 Dans le parc de trois hectares, encore en friche ici et là, les dépendances ont moins bien résisté au temps et ont nécessité de gros travaux de réfection. Ce sont elles qui abritent les six chambres que l’on peut réserver à la nuit. La Villa, toujours en rénovation, est le lieu d’habitation de la famille Israel, mais des chambres devraient prochainement y être disponibles à la location. « Si la maison a bien tenu, le confort y est encore très années 1930 », s’amuse Anne Israel. De nombreux espaces sont d’ores et déjà ouverts aux clients, comme cette petite pièce où la maîtresse des lieux expose une partie de sa collection de vêtements rétro. Anne Israel et l’âne Hector. Melvin Israel pour M Le magazine du Monde Ancienne styliste dans la mode et personnalité du monde des arts, elle a aménagé la Villa comme elle l’aurait fait d’un décor de film, en chinant dans les brocantes et les marchés aux puces de la région. Elle a parfois poussé le goût du détail jusqu’à faire rééditer une soie murale imprimée, dont elle a retrouvé le fabricant, la maison Charles Burger. Si plusieurs pièces de design sont signées (un lampadaire de Gianfranco Frattini, un fauteuil de Claude Lalanne, des sculptures de Gérard Grandval…), là n’est pas le propos : « Je voulais que la Villa et les dépendances ressemblent à ces maisons de famille à la déco hétéroclite, avec des incohérences, des imperfections. Quand on y passe ses vacances, on se fiche que les objets soient à la mode. » Ambiance familiale Le charme de l’endroit réside aussi dans cette ambiance familiale. Le matin, le petit déjeuner se prend dans la Villa, avec les autres clients, Anne, Jérôme et leurs trois enfants, s’ils sont présents, autour de la grande table située dans l’ancienne cuisine, encore équipée d’imposants fourneaux Briffault d’époque. Lire aussi Design : ces hôtels qui racontent des histoires Certains matins, on peut boire son café baigné dans les odeurs des tartes ou de la soupe préparées par la cuisinière. Le soir, il arrive parfois que tout le monde se retrouve pour dîner. « J’avais peur que notre présence et ces odeurs de cuisine gênent les convives, mais ils adorent, cela doit toucher en eux un reste d’enfance, constate Anne Israel. Tous ceux que nous avons accueillis jusqu’à présent disent repartir inspirés, peut-être justement parce qu’ils ont partagé leur petit déjeuner avec des étrangers. » Probablement aussi parce que la bâtisse et son parc, d’une beauté apaisante, invitent à la contemplation et à la reconnexion, avec les autres mais surtout avec soi. Détail de la cuisine où, le matin, propriétaires et hôtes de passage se retrouvent pour le petit déjeuner. Melvin Israel pour M le magazine du Monde « Au départ, je ne pensais pas louer des chambres, je voulais créer un espace de rencontres, une résidence de travail et de réflexion. J’ai envie d’offrir ce réconfort que m’apportait ma grand-mère quand j’allais chez elle, épuisée de travail, et qu’elle me faisait de bons gâteaux et me disait : « Si ça ne va pas, ce n’est pas grave, tu peux changer de métier, de vie » », confie Anne Israel, qui s’est plusieurs fois réinventée. Sous sa bonne étoile, la Villa Magnan, belle endormie, s’est enfin réveillée. Et s’il est recommandé d’arriver de nuit, il vaut mieux ne pas partir trop tôt le matin, pour se donner la chance d’être touché par sa magie. A partir de 200 € la chambre/nuit (petit déjeuner compris). Contact par Instagram : @villamagnan Lire aussi A Paris, David Zwirner veut épater la galerie
Cette bâtisse Art déco près de Biarritz a d’abord appartenu à des aristocrates espagnols avant d’être rachetée et rénovée par un couple. C’est aujourd’hui une pension de famille, à la beauté apaisante, dont l’adresse n’est donnée qu’après réservation.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/11/07/dans-le-decor-enchante-de-la-villa-magnan_6018354_4497319.html
mlsum-fr-707
Dave Brailsford (au centre) avec Geraint Thomas et Egan Bernal, le 16 juillet. REGIS DUVIGNAU / REUTERS Dave Brailsford, le cerveau de l’équipe Sky devenue Ineos, est un formidable acteur. C’est l’expérience : depuis qu’il a lancé, en 2010, l’équipe la plus riche et puissante du peloton, l’architecte du cyclisme britannique n’a eu de cesse de manipuler, d’amadouer, de feindre, de s’arranger avec la vérité. Lors de la seconde journée de repos du Tour de France, lundi 22 juillet à Nîmes, le Gallois a fait mine de se délecter d’une course encore indécise, dans laquelle son équipe Ineos n’a pas toutes les clés. « Personne ne contrôle, tout le monde veut mettre la pression sur Julian Alaphilippe tout en prenant garde aux autres qui sont au même niveau, on est entre le marteau et l’enclume, a-t-il dit. C’est bien plus excitant, c’est génial. Très souvent, lors de la seconde journée de repos, on dit que l’on doit garder nos positions. Cette fois, il va falloir être audacieux. » Lire aussi notre entretien avec Egan Bernal : « La route mettra chacun à sa place » Faut-il le croire ? Peut-on savourer l’incertitude lorsqu’on s’est tant appliqué à la réduire, pour étendre le plus longtemps son invincibilité sur le Tour de France ? Dave Brailsford n’a jamais eu d’autre obsession que gagner, sur le Tour de France comme aux Jeux olympiques, quand il guidait l’équipe britannique sur piste. Peu importe le spectacle proposé ou les arrangements avec l’éthique. Il a toujours fait en sorte que le scénario soit écrit par lui et joué par ses acteurs. Les courses moins structurées que le Tour de France lui ont d’ailleurs beaucoup moins réussi, qu’il s’agisse des classiques ou des Tours d’Italie et d’Espagne. « C’est la régularité qui finit par payer » Ineos garde la force du nombre mais se voit confrontée à une situation jamais vue sur le Tour de France, qu’elle a remporté six fois sur les sept dernières années avec trois coureurs différents. La résistance inattendue de Julian Alaphilippe a bouleversé le scénario du Tour et le faible kilométrage contre la montre n’a donné aucun matelas à son leader Geraint Thomas. Lire aussi notre note de blog : 34 ans moins six jours Ses dirigeants et deux chefs de file, Thomas et le jeune Colombien Egan Bernal, affichent pourtant une confiance d’amiraux en conquête avant la traversée des Alpes. Leur portrait-robot du futur vainqueur du Tour ressemblait furieusement aux coureurs passés par le moule Brailsford. Depuis plusieurs jours, Brailsford et son directeur sportif principal, le Gersois Nicolas Portal, ne cessent de répéter que chaque effort en trop depuis le départ se paiera dans les Alpes, où « les vraies différences vont être faites. (…) Dans un Tour, chacun a ses hauts et ses bas mais c’est la régularité qui finit par payer ».
Malgré les difficultés de Geraint Thomas et Egan Bernal, l’équipe britannique, pour la première fois mise en difficulté, s’affiche sûre de sa force et de sa stratégie avant la traversée des Alpes.
https://www.lemonde.fr/blog-du-tour-de-france/article/2019/07/24/tour-de-france-2019-ineos-une-confiance-a-toute-epreuve_5492771_5326505.html
mlsum-fr-708
Après un violent orage dans un camping de Saint-Julien-de-Peyrolas (Gard), en août 2018. BORIS HORVAT / AFP Vents violents, pluies diluviennes, foudre destructrice, grêlons aux dimensions de balles de golf… Les orages entraînent parfois des dégâts importants. Et, face aux intempéries, toiles de tente et tôles de caravane semblent alors des abris bien fragiles. Pour l’activité très saisonnière des campings, ne pas se laisser surprendre par les orages peut sauver l’été. « Il y a plus de 250 jours avec au moins un orage en France, et 550 000 éclairs qui touchent le sol par an, soit en moyenne un impact par kilomètre carré, mais avec une grande variabilité géographique », souligne Dominique Lapeyre de Chavardès, président de Météorage, une entreprise détenue à 65 % par Météo France et spécialisée dans la détection des orages. C’est au cours de la période estivale, autour de juillet et août, que les orages sont les plus fréquents. Or, pour les campings, c’est durant ces deux mois électriques que « 80 % de [leur] activité et 70 % de [leur] fréquentation ont lieu », explique Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l’hôtellerie en plein air (FNHPA) et gérant de camping dans le Finistère. Certes, « l’orage n’est qu’un risque parmi les autres », mais s’y préparer reste nécessaire pour assurer le bon déroulement des activités. Des pluies plus violentes Impossible de dire si les orages seront plus récurrents avec le changement climatique. « Le phénomène n’est pas intégré dans les modèles de climat », observe François Gourand, prévisionniste à Météo France. Complexes, les orages sont influencés par une multitude de facteurs affectés par le dérèglement du climat, dont notamment les variations de chaleur au sein des différentes couches de l’atmosphère. En revanche, avec une mer et une atmosphère globalement plus chaudes, « les événements de fortes pluies les plus intenses deviendront encore plus intenses au cours du siècle », poursuit le météorologue. Parmi les actions de prévention, vérifier les installations électriques, remblayer les berges des rivières et couper les arbres malades permet de prévenir les dégâts, énumère Jean-Pierre Costentin, gérant d’un camping à Lons-le-Saunier (Jura). « De nombreux campings ont été créés dans les années 1960 et 1970, dans des espaces naturels souvent exposés aux risques (…). Aujourd’hui, des établissements se transforment parfois en totalité », confirme Nicolas Dayot, citant des innovations paysagères et autres installations sur pilotis dans plusieurs campings littoraux.
C’est en été que les orages sont les plus fréquents. Or, pour les campings, ces trois mois représentent le pic de la fréquentation.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/09/quand-des-previsionnistes-aident-les-campings-a-anticiper-les-orages_5497988_3244.html
mlsum-fr-709
A Wamena, le 23 septembre. STR / AP Au moins 32 personnes sont mortes lors d’émeutes qui ont éclaté dans deux villes de la province indonésienne de Papouasie, ont déclaré les autorités de Djakarta mercredi 25 septembre. Le climat s’alourdit ainsi un peu plus après les affrontements de la fin d’août, au cours desquels six manifestants et un soldat avaient été tués. Nourrie de longue date par la persistance d’un fort sentiment indépendantiste parmi la population papoue, la situation dégradée dans cet extrême-orient de l’archipel risque de devenir un problème majeur pour le président, Joko Widodo, confortablement réélu pour un deuxième mandat à l’issue des élections d’avril. Les violences de lundi ont eu lieu simultanément dans la ville de Wamena, chef-lieu d’une municipalité du centre de la province, et à Jayapura, la capitale provinciale. A Wamena, des émeutiers ont brûlé un bâtiment gouvernemental et plusieurs autres édifices, incendies dans lesquels la plupart des victimes auraient péri. « L’un des jours les plus sanglants » A Jayapura, c’est une manifestation d’étudiants qui a dégénéré. Certains participants affirment que les forces de l’ordre ont ouvert le feu contre des étudiants qui leur jetaient des pierres. Le bilan serait de quatre morts, dont un policier, selon un porte-parole de la police. « C’est l’un des jours les plus sanglants depuis vingt ans en Papouasie [indonésienne], a déclaré le directeur d’Amnesty International pour les affaires internationales, Usman Hamid. Dans ces confins à dominante chrétienne, le président sortant, qui jouit d’une réputation de musulman libéral dans le contexte de réislamisation générale en cours dans son pays, a remporté 74 % des voix lors du scrutin présidentiel du 17 avril (55,5 % à l’échelle nationale). Ce score l’oblige et devrait, en théorie, le pousser à prendre en compte les doléances des Papous. Jusqu’à présent, et en dépit des espoirs que sa première élection, en 2014, avait fait naître chez les représentants de cette minorité ethnique de longue date opprimée, l’échec de Joko Widodo quant à un début de règlement de la question papoue est patent. « Pour les habitants de la Papouasie [indonésienne], l’approche privilégiée par “Jokowi” [ le surnom du président], dont les seules promesses concernent le développement économique, est totalement à côté de la plaque », analyse Made Supriatma, expert de l’Indonésie rattaché à l’Iseas-Yusof Ishak Institute, un centre de recherche : « Il a négligé les sentiments de la population et les gens sont frustrés. » Descente de police musclée Les violences de cette semaine sont la répercussion des incidents qui se sont produits en août : lors de la journée annuelle de célébration de l’indépendance, le 17 août, des étudiants d’ethnie papoue d’une université de Surabaya, dans l’île de Java, avaient été accusés d’avoir déchiré le drapeau national avant de le jeter dans le caniveau. A la suite d’une descente musclée de la police dans les dortoirs, les étudiants papous avaient été insultés par des policiers et une milice nationaliste du quartier, qui les avaient traités de « singes » et de « chiens ». Largement diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo avait provoqué des émeutes dans deux provinces, celles de Papouasie occidentale et de Papouasie, toutes deux situées dans l’ouest d’une immense île dont la partie orientale constitue la Papouasie-Nouvelle-Guinée indépendante. Des étudiants papous manifestent devant le palais présidentiel de Djakarta, le 28 août. TATAN SYUFLANA / AP L’histoire complexe et relativement récente de cette région riche en ressources naturelles – or, argent, cuivre, pétrole et gaz – est à la racine des troubles actuels : depuis 1969, date d’une caricature de référendum qui eut pour conséquence l’inclusion de ce territoire, naguère hollandais, à l’Indonésie, la majorité des Papous n’a jamais accepté le « règne de Djakarta ». Tout oppose en effet les Papous à l’Etat indonésien et aux migrants, en majorité musulmans, venus d’autres provinces de l’archipel – et qui représentent aujourd’hui au moins la moitié de la population. Les Papous sont des Mélanésiens dont les langues, la culture et l’apparence physique sont fondamentalement distinctes de celles de la plupart des populations constituant la pluralité ethnique de l’Indonésie. La différence est particulièrement accentuée avec les Javanais et les habitants de l’île voisine de Sulawesi (ou île des Célèbes) qui, depuis la politique de transmigrasi (transmigration) – politique de déplacement des populations vers la périphérie – lancée dans les années 1960, forme le gros des troupes des migrants en Papouasie indonésienne. « Les Papous veulent une solution politique » Depuis les années 1960, le mouvement de l’Organisation pour une Papouasie libre (OPM) mène un conflit de basse intensité de type guérilla contre l’armée tout en organisant régulièrement des manifestations antigouvernementales. A Wamena, le 23 septembre. ANTARA FOTO / REUTERS En 2015, Joko Widodo avait fait libérer cinq prisonniers politiques papous, suscitant un certain espoir chez les activistes. « Jokowi s’est montré impuissant à contrôler l’armée indonésienne en Papouasie occidentale », déplore cependant Camellia Webb-Gannon, de l’université australienne de Wollongong. « Il ne semble pas comprendre que le développement économique n’est pas la solution pour mettre fin à la résistance armée dans la région : les leaders papous veulent une solution politique, pas une solution économique. »
La détermination des partisans de l’indépendance et la poursuite des violences risquent de devenir un enjeu majeur pour le président, Joko Widodo, réélu en avril pour un deuxième mandat.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/24/des-affrontements-meurtriers-dans-la-province-indonesienne-de-papouasie-font-au-moins-vingt-six-morts_6012836_3210.html
mlsum-fr-710
Une photographie de Yang Hengjun extraite de Twitter. TWITTER @YANGHENGJUN / TWITTER @YANGHENGJUN VIA REUTERS C’est finalement une accusation d’espionnage qui a été retenue, mardi 27 août, pour justifier l’arrestation, sept mois plus tôt, et jusqu’alors sans chef d’inculpation, de l’écrivain australien d’origine chinoise Yang Hengjun, intellectuel exprimant ses vues prodémocratie. Face à cette nouvelle épine dans sa relation avec la Chine, Canberra a durci le ton diplomatique. « Si Yang Hengjun est détenu en raison de ses convictions politiques, il doit être libéré », a réagi la ministre australienne des affaires étrangères, Marise Payne, exprimant en outre de graves inquiétudes pour l’état de santé du quinquagénaire détenu à Pékin. « Je continuerai à plaider fermement en faveur du Dr Yang afin qu’une explication satisfaisante justifiant son arrestation soit fournie, pour qu’il soit traité avec humanité et qu’il soit autorisé à rentrer chez lui », a assuré la ministre, qui avait déjà interpellé les autorités chinoises au sujet du ressortissant australien à cinq reprises. La chef de la diplomatie australienne a par ailleurs assuré au Guardian que l’accusation d’espionnage, pour le gouvernement australien, était « sans fondement ». De telles charges peuvent valoir, en Chine, entre trois ans de prison et la peine de mort. Lire aussi Retour à Hongkong de l’employé du consulat britannique qui avait été arrêté en Chine Titulaire d’un doctorat de l’université technologique de Sydney et naturalisé australien en 2002, M. Yang, auteur, entre autres, de romans d’espionnage, avait exprimé à de multiples reprises des critiques envers le régime communiste, notamment sur les réseaux sociaux. Il vivait à New York, étant chercheur associé à l’université Columbia, et c’est lors d’un passage dans la ville de Canton, en début d’année, qu’il avait été intercepté par les autorités chinoises. Six mois durant, il avait été détenu au secret, avant que Pékin ne fasse état de sa situation. Canberra dénonce l’absence de droit de visite de sa famille et de ses avocats. Le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, a appelé Canberra à « respecter la souveraineté judiciaire de la Chine sans s’ingérer en aucune façon ». Le ton employé par Marise Payne est « exceptionnellement fort en termes diplomatiques », estime le professeur Rory Medcalf, chef du National Security College à l’Université nationale australienne de Canberra. « Je m’attends à ce que, dans les années à venir, de nombreux gouvernements européens soient confrontés à des incidents de la sorte », met en garde M. Medcalf, alors que les sujets de discorde entre la Chine et les Occidentaux se multiplient.
Connu pour ses vues prodémocratie, l’intellectuel Yang Hengjun a été arrêté au début de l’année lors d’un passage à Canton, avant d’être accusé d’espionnage.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/28/la-detention-d-un-ecrivain-australien-par-la-chine-provoque-des-tensions-avec-canberra_5503709_3210.html
mlsum-fr-711
Les trois oies empoisonnées à la mort-aux-rats, à Neuvy-sur Loire. DR Psychose à Neuvy-sur-Loire (Nièvre). Huit oies sont mortes de manière ­suspecte dans le village, depuis un an. Trois d’entre elles ont été empoisonnées. Leurs dépouilles gisaient, fin mai, au pied du grand saule pleureur de la commune, à côté de l’ancienne auberge. « Intoxication à l’alpha-chloralose », autrement dit à la mort-aux-rats, a conclu l’autopsie commandée par la mairie. Qui a fait le coup ? Nul ne le sait officiellement à ce stade de l’enquête, confiée à la gendarmerie de Cosne-sur-Loire (Nièvre). L’émotion est grande à Neuvy (1 500 habitants), où, depuis une trentaine d’années, vivent – ou plutôt vivaient – une petite dizaine de palmipèdes en toute liberté. Probablement échappées d’un enclos des environs, les volailles avaient élu domicile dans le parc du château. La population les avait alors en quelque sorte « adoptées ». Les oies allaient et venaient dans le bourg, tête haute, rythme lent de sénateur, obligeant les automobilistes à ralentir pour les laisser traverser la chaussée. La mairie avait même fait de l’Anser anser domesticus un emblème municipal, décliné sous la forme de documents à en-tête et autres objets de signalétique. Les premières à trépasser furent victimes de coups de volant malheureux, donnés par des conducteurs pressés. Deux ou trois autres décès, sans blessure apparente, furent constatés par la suite : on les imputa alors naïvement à une probable maladie. La tension monta d’un cran avec la découverte, en avril, de la casse de plusieurs œufs proches de l’éclosion. Le triple assassinat d’il y a un mois a finalement donné une tournure policière à l’affaire. Après avoir diligenté une autopsie auprès du vétérinaire et avoir constaté que du blé empoisonné avait été ingéré par les innocentes oies blanches, le maire, Patrick Bondeux, a porté plainte contre X pour empoisonnement. L’oie est l’emblème de Neuvy-sur-Loire qui l’utilise sur sa signalétique. FP « Imaginez qu’un enfant soit passé par là et qu’il ait mis ces trucs à la bouche, s’indigne l’élu. C’est vraiment lamentable. On touche à la bêtise humaine et à la lâcheté. » Monsieur le maire ne peut le dire officiellement, mais il a une idée assez précise de qui pourrait être le coupable. Il connaît en tout cas le motif : des salades grignotées dans un potager situé non loin de la scène du crime. C’est ce qu’il a déclaré à la presse locale, avant d’aller balancer aux gendarmes « deux ou trois noms ». « Le fautif ne doit pas faire le fier, car tout le monde, dans le village, a bien compris mes sous-entendus », explique Patrick Bondeux. Le dernier volatile « sécurisé » chez une élue A Neuvy, les crispations entre une frange de la population et les volatiles ne sont pas nouvelles. « Pourquoi ne pas les parquer ? », réclamaient ainsi régulièrement certains habitants, las de voir leurs rangs de scaroles s’éclaircir bizarrement. « Installez des grillages autour de vos potagers », répondait-on systématiquement en mairie. « Une oie ne fait pas de différence entre un ­espace public et un jardin privé. Elle ­va où elle veut », rappelle le maire, en soulignant le bénéfice, en termes d’image, généré par ces « animaux qui se promènent sans contrainte au milieu de la commune ». Une oie, une seule, a été sauvée. Le conseil municipal s’est empressé de la « sécuriser » en l’installant à demeure chez une élue, propriétaire de nombreux animaux. « Elle est logée, nourrie, comme un coq en pâte », rassure ­Patrick Bondeux. L’édile ne compte pas en rester là. En septembre, le cheptel sera reconstitué numériquement. De nombreux internautes, sur les réseaux sociaux, ont proposé de fournir des oies à la commune. « On pourrait s’en faire offrir cent. » Dix suffiront.
Chaque semaine, Frédéric Potet sillonne la France pour relater les petits et grands événements. Dans la Nièvre, les huit oies d’un village sont mortes de façon suspectes. La gendarmerie enquête.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/06/23/a-neuvy-sur-loire-les-oies-et-l-assassin_5480453_4497916.html
mlsum-fr-712
Image de caméra de surveillance montrant Xavier Dupont de Ligonnès à un distributeur de billets, à Roquebrune-sur-Argens (Var), en 2011. THOMAS COEX / AFP C’est un rebondissement inattendu dans le cadre de l’une des plus grandes affaires criminelles françaises. Mais les enquêteurs nantais avaient encore du mal à le croire, au soir du vendredi 11 octobre. Samedi matin, certains d’entre eux étaient déjà en route pour Glasgow, en Ecosse, pour espérer voir de leurs yeux un homme, interpellé quelques heures plus tôt, alors qu’il descendait d’un avion en provenance de Roissy-Charles de Gaulle. Las, ce n’est pas lui. Selon la police écossaise, les empreintes digitales l’auraient en effet désigné comme étant l’un des fugitifs les plus recherchés de France, un homme qu’ils traquaient depuis de longues années, et qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international : Xavier Dupont de Ligonnès, ce père de famille aujourd’hui âgé de 58 ans, soupçonné d’avoir méthodiquement assassiné sa femme et leurs quatre enfants, en avril 2011, à Nantes. Mais la comparaison ADN menée sur l’homme ne s’est pas avérée concluante, selon des sources policières. Cette interpellation fait suite à une « dénonciation anonyme », selon une source proche de l’enquête, dans des propos recueillis par l’AFP. Mais cette « information » est parvenue trop tard pour que les policiers puissent intervenir avant son embarquement à l’aéroport parisien. Les enquêteurs français ont alors prévenu la police écossaise que le suspect se trouvait dans un avion et lui ont « transmis des moyens d’identification ». A son arrivée en Ecosse, il a été contrôlé. « Un homme a été arrêté à l’aéroport de Glasgow et demeure en garde à vue à la suite d’un mandat d’arrêt européen émis par les autorités françaises, a confirmé une porte-parole de la police écossaise, dans un communiqué. L’enquête se poursuit pour confirmer son identité. » L’homme aurait gardé le silence lors de son arrestation. Dès samedi matin, plusieurs sources appelaient cependant à une grande prudence, en attendant une confirmation formelle de son identité. Le procureur de Nantes appelle à être « prudent » Le passager, décrit comme étant « vraiment méconnaissable physiquement », n’a opposé aucune résistance. « Si les empreintes digitales n’étaient pas là, on aurait du mal à le croire », estime un proche du dossier. Si l’homme arrêté l’accepte, il pourrait être extradé sous peu, avant d’être présenté à la juge d’instruction nantaise chargée d’instruire ce volumineux dossier. A peine quelques heures après son interpellation, il est cependant impossible de se prononcer sur un délai de remise à la France. Le procureur de Nantes, Pierre Sennès, a annoncé à l’AFP un déplacement, samedi, des équipes d’enquêteurs de la brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF) et de la police judiciaire (PJ). « Ils vont faire des vérifications en Ecosse auprès de la personne qui a été arrêtée à l’aéroport de Glasgow pour s’assurer que c’est bien M. Dupont de Ligonnès », a-t-il déclaré. « Il y a une suspicion sur les empreintes mais c’est en cours de vérification, en cours de confirmation », a ajouté M. Sennès, appelant à être « prudent » en attendant les résultats officiels. L’avocat Stéphane Goldenstein, qui défend les intérêts de Geneviève et Christine Dupont de Ligonnès, la mère et la sœur du suspect, interrogé par Presse Océan, s’est aussi montré prudent. « Je ne suis pas sûr que ce soit lui (…). J’entends les médias parler d’empreintes digitales, je ne sais pas comment ils ont les empreintes de Xavier Dupont de Ligonnès, moi objectivement je ne les ai pas dans mon dossier, ça me paraît très surprenant. » Entraînement au tir Selon une autre source de l’AFP, l’homme interpellé voyageait avec un passeport français volé en 2014, et il aurait passé très probablement une partie de sa cavale au Royaume-Uni. Une perquisition, qui s’est terminée vers minuit et demi, a par ailleurs eu lieu dans une maison d’une rue résidentielle de Limay, dans les Yvelines. Cette adresse est en effet celle qui figure sur le passeport, selon une source proche du dossier. Abasourdi, un voisin du domicile perquisitionné a assuré à Europe 1 que les policiers étaient en train de faire « une boulette monstrueuse » : « Ça fait trente ans que je le connais, ce mec-là, c’était un ami. J’ai été à son mariage en Ecosse (...) Il n’a rien à voir ! ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tuerie de Nantes : sur les traces de Xavier Dupont de Ligonnès Huit longues années se sont écoulées depuis la disparition de Xavier Dupont de Ligonnès. Quand les policiers nantais découvrent les corps de son épouse, Agnès, et de leurs enfants, Arthur, Thomas, Anne et Benoît, ce 21 avril 2011, l’homme est déjà loin. A l’époque, les légistes établissent que les victimes ont toutes été abattues froidement de deux balles de 22 long rifle dans la tête, entre le 3 et le 5 avril, après avoir ingéré des somnifères. Les corps ont ensuite été recouverts de gravats, de terre et de chaux vive et enterrés sous la terrasse du jardin familial de la demeure bourgeoise. Lire aussi Affaire Dupont de Ligonnès : tout comprendre en 11 dates Rapidement, les enquêteurs apprennent que le père, introuvable, a acheté du matériel de bricolage et de la chaux vive dans deux magasins de l’agglomération nantaise, vingt-quatre heures avant les premiers crimes. Depuis quelques mois, Xavier Dupont de Ligonnès s’entraînait également au tir, avec la carabine 22 long rifle héritée de son père défunt. A son entraîneur, il avait demandé conseil pour se servir d’un silencieux. Le 4 avril, il a également téléphoné à l’employeur de son épouse pour le prévenir de son absence pour cause de « maladie ». Le collège des enfants Anne et Benoît a lui aussi été contacté. Peu avant les crimes, il a laissé une lettre collective à ses proches pour leur expliquer que sa femme, ses enfants et lui, allaient partir précipitamment aux Etats-Unis, dans le cadre d’un mystérieux programme de protection de témoins. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Xavier Dupont de Ligonnès, portraits en famille Derrière le tableau du père idéal se dessine déjà pour les enquêteurs le portrait d’un homme endetté, qui s’échinait à faire croire aux siens que tout allait bien et partait sur les routes le lundi matin pour ne rentrer que le vendredi soir, comme s’il était un homme très occupé. Mais le masque allait tomber sous peu. Ce n’était plus qu’une question de jours. Un huissier allait passer. Toutes ses petites entreprises avaient périclité, les unes après les autres. Xavier Dupont de Ligonnès était dos au mur. Centaines de signalements Au volant de sa Citroën C5, ce funeste jour d’avril 2011, l’homme a quitté Nantes depuis plusieurs jours déjà. La reconstitution de son parcours de fuite laisse dubitatif. Pour rejoindre le sud de la France, le suspect a pris son temps. Avant de laisser sa voiture sur le parking d’un hôtel Formule 1 de Roquebrune-sur-Argens, dans le Var, il a emprunté un parcours un brin alambiqué, s’offrant même des escales pour dîner dans des restaurants, en payant avec sa carte bleue. Il va disparaître au pied des montagnes, dans cette petite commune cernée par les reliefs accidentés. Sur une dernière image captée par la caméra de l’hôtel, cet homme quitte le champ, une housse en bandoulière. Ce cliché, le dernier, est daté du 15 avril 2011. Saisie dix jours plus tard, la brigade criminelle de l’antenne de police judiciaire de Nantes multiplie aussitôt les investigations pour retrouver sa trace. Des appels à témoins sont diffusés. Partout. Le visage, ou plutôt les visages de cet homme, tantôt tiré à quatre épingles, tantôt décontracté, en costume cravate, col roulé noir ou tenue de danseur country, portant des lunettes ou non, fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Au commissariat central de Nantes, le téléphone sonne sans arrêt. Bientôt, des centaines de signalements parviennent aux enquêteurs. D’aucuns jurent l’avoir vu dans le sud de la France. D’autres sont certains que l’inconnu croisé en Thaïlande n’en était pas un… A chaque nouvelle publication dans la presse, à chaque nouvelle émission ou série télé, de nouveaux témoignages affluent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tuerie de Nantes : le passé trouble de Xavier Dupont de Ligonnès En janvier 2018, soit sept ans plus tard, deux paroissiennes pensent encore avoir reconnu cet homme, dont l’enfance a été bercée par le religieux, dans un monastère du Var. Tous les signalements font l’objet de vérifications systématiques. « Nous n’avons jamais rien lâché. Pendant toutes ces années, il y a toujours eu des enquêteurs de la PJ de Nantes pour exploiter toutes les pistes, tout vérifier, tout purger », indique Marc Perrot, le patron de la PJ de Nantes. Certains inconnus croisés dans ces rues d’ici et d’ailleurs lui ressemblaient à s’y méprendre, en effet. Mais aucun d’entre eux n’était Xavier Dupont de Ligonnès. Avec le temps, des proches du dossier ont fini par croire que le suspect ne serait jamais retrouvé vivant. Il était impossible qu’un homme tel que lui, aussi organisé soit-il, ait pu échapper à tous les radars. Lui qui était sans le sou. Lui auquel on ne connaissait aucun point de chute. Lui qui n’avait pas de relais susceptible de le cacher pendant un temps aussi long. Sans doute s’était-il donné la mort quelque part dans ces montagnes varoises, emportant avec lui ses secrets, pensaient-ils. D’autres imaginaient que s’il avait eu à mettre fin à ses jours, le suspect l’aurait fait sitôt les meurtres commis, en 2011. Ceux-là croyaient en sa capacité à changer d’apparence, à se procurer de faux papiers et à emprunter de l’argent, beaucoup d’argent, comme il l’avait fait, à plusieurs reprises, par le passé. Mise à jour le 12 octobre à 15 h 30 : modification de l’article après les résultats du test ADN mené sur l’homme arrêté à Glasgow, qui ne confirment pas l’identité de Xavier Dupont de Ligonnès, selon des sources policières.
Des sources proches du dossiers incitaient à la prudence sur l’identification d’un homme interpellé à l’aéroport de Glasgow, vendredi. Le test ADN mené ensuite a montré qu’il ne s’agissait pas de Xavier Dupont de Ligonnès.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/11/xavier-dupont-de-ligonnes-retrouve-et-arrete-en-ecosse_6015202_3224.html
mlsum-fr-713
Lors du match Nigeria-Corée du Sud (2-0), le 12 juin 2019, au stade de Grenoble. JEAN-PIERRE CLATOT/AFP Le Nigeria s’est relancé, mercredi 12 juin, lors de la deuxième journée des phases de groupe du Mondial féminin de football, en l’emportant face à la Corée du Sud (2-0), qui peut, elle, quasiment dire adieu aux huitièmes de finale. Malgré une domination dans la possession de balle et plusieurs occasions en leur faveur, les Sud-Coréennes ont finalement un peu « offert » la victoire à leurs adversaires. C’est en effet l’une des leurs, Do-Yeon Kim, qui a permis aux Nigérianes d’ouvrir le score en première période en marquant contre son camp (28e minute). En deuxième période, la Corée du Sud a cru le temps d’un instant avoir recollé au score grâce à une frappe victorieuse de Geum-Min Lee. Mais le but a immédiatement été refusé pour cause de hors-jeu (58e). Et ce sont bien les Nigérianes qui ont finalement réussi à asseoir leur emprise grâce à un très beau but d’Asisat Oshoala (75e). Zéro point Avec cette victoire, la meilleure nation africaine respire un peu mieux, malgré sa défaite inaugurale face à la Norvège (0-3). Avec trois points, elle peut encore espérer se qualifier pour les huitièmes de finale. On ne peut guère en dire autant pour les Sud-Coréennes, qui avec deux défaites et zéro point, risquent fort de ne jamais voir le tour suivant. Les deux leaders du groupe A, la France et la Norvège, doivent s’affronter ce mercredi soir (19 heures GMT) lors d’un match choc qui aura pour enjeu la première place du groupe.
Les joueuses nigérianes peuvent espérer aller en huitièmes de finale malgré leur défaite initiale face à la Norvège.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/12/mondial-feminin-2019-le-nigeria-se-relance-en-battant-la-coree-du-sud_5475362_3212.html
mlsum-fr-714
Avions, vins français, fromages italiens, whiskys écossais : les Européens font face, vendredi 18 octobre, à une nouvelle vague de hausses des droits de douane américains sur tout un éventail de marchandises, avec en perspective un accroissement des tensions commerciales transatlantiques. Cette nouvelle offensive du président américain Donald Trump survient alors que Washington s’enlise dans une guerre commerciale majeure avec la Chine, qui risque de déstabiliser l’économie mondiale. Mercredi, l’impétueux dirigeant s’en est encore une fois pris aux Européens, qui se comportent selon lui de façon injuste en érigeant des « barrières énormes » contre les importations américaines dans l’Union européenne (UE). Il n’a toutefois pas fermé la porte à un accord entre les deux parties qui permettrait de mettre un terme au conflit. Selon le registre fédéral américain, les hausses des droits de douane entraient en vigueur à 4 h 01 GMT vendredi, soit 6 h 01 en France, quatre jours après le feu vert définitif de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Washington d’imposer des sanctions contre l’UE, en représailles aux subventions accordées à l’avionneur européen Airbus. Article réservé à nos abonnés Lire aussi De la France à l’Italie, des olives espagnoles au whisky écossais, les victimes collatérales de la guerre Airbus-Boeing « L’UE est prête à riposter » Dans la ligne de mire des Américains : les avions du constructeur, fabriqués essentiellement dans les usines du Royaume-Uni, de la France, d’Espagne et d’Allemagne, qui coûteront dorénavant 10 % de plus quand ils seront importés aux Etats-Unis. Mais les vins européens sont également dans le collimateur de Trump, avec une taxe de 25 % sur ces boissons. De Washington, où il participe aux réunions annuelles du FMI, le ministre français des finances, Bruno Le Maire, a lancé un avertissement à l’administration Trump juste avant l’entrée en vigueur de ces tarifs. « Ces décisions auraient des conséquences négatives aussi bien du point de vue économique que politique, a-t-il prévenu. L’UE est prête à riposter. » Une rencontre entre M. Le Maire et Robert Lighthizer, le représentant américain au commerce et négociateur en chef pour les Etats-Unis, est prévue vendredi à Washington. Depuis longtemps, les Européens plaident pour une négociation plutôt qu’une guerre commerciale. D’autant plus qu’ils seront très probablement eux-mêmes autorisés par l’OMC l’an prochain à imposer des sanctions douanières contre les Etats-Unis pour les punir… d’avoir subventionné Boeing. Ils craignent avant tout que Donald Trump continue sur sa lancée et impose mi-novembre des droits de douanes plus élevés sur les voitures européennes. Ce qui affecterait particulièrement le secteur automobile allemand, déjà à la peine, même si Volkswagen ou BMW fabriquent également leurs véhicules aux Etats-Unis. M. Trump se plaint de difficultés américaines pour vendre les produits américains, notamment leurs voitures, en Europe, alors que les Européens peuvent facilement vendre les leurs sur le territoire américain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Guerre commerciale : le mini-accord avec la Chine annoncé par Donald Trump ne règle pas les points de discorde Politique résolument protectionniste Le conflit des deux avionneurs Airbus et Boeing n’est que l’un des nombreux problèmes qui ont alimenté les tensions transatlantiques et qui ont rapidement dégénéré avec l’entrée en fonctions de Donald Trump en 2017. Adoptant une politique résolument protectionniste, le dirigeant américain a déjà imposé des droits de douanes plus élevés sur l’acier et l’aluminium en provenance de l’UE et d’autres pays alliés, tout en laissant planer la menace de faire de même avec les voitures. En juillet 2018, M. Trump et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, avaient convenu une sorte de trêve à Washington, promettant de mener des négociations qui n’ont jusqu’ici abouti à rien. La bataille juridique entre Airbus et Boeing devant l’OMC remonte à 2004, quand Washington a accusé le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et l’Espagne d’accorder des subventions illégales pour soutenir la production d’avions Airbus. Un an plus tard, ce fut au tour de l’UE d’accuser Boeing d’avoir obtenu 19,1 milliards de dollars de subventions illégales entre 1989 et 2006 de la part du gouvernement américain. A suivi une bataille juridique interminable, chaque partie faisant une série d’appels et contre-appels.
Les nouveaux tarifs douaniers sur un éventail de marchandises en provenance de l’Union européenne sont entrés en vigueur vendredi matin.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/18/les-europeens-se-preparent-a-une-vague-de-hausses-des-droits-de-douane-americains_6015972_3234.html
mlsum-fr-715
Des supporteurs américains devant la cathédrale Saint-Jean dans le Vieux Lyon le 2 juillet avant la demi-finale contre l’Angleterre. (AFP / ROMAIN LAFABREGUE) ROMAIN LAFABREGUE / AFP En ce jeudi, au lendemain de la deuxième demi-finale de la Coupe du monde féminine, entre les Pays-Bas et la Suède, les rues du Vieux Lyon sont calmes à l’heure du déjeuner. Les vitrines des boulangeries et restaurants attirent les curieux qui cherchent un endroit pour manger. « What is that » (« qu’est-ce que c’est ? »), se demande un groupe d’amis arborant des maillots floqués au nom de la footballeuse américaine Megan Rapinoe. Le rouge vif de la tarte aux pralines, spécialité lyonnaise, sur l’étalage derrière la vitre les intrigue. Comme eux, plus de 20 000 Américains ont débarqué à Lyon depuis la demi-finale remportée par les Etats-Unis contre l’Angleterre, mardi, et découvrent la ville cette semaine. La plupart sont passés auparavant par Paris, pour le quart de finale face à la France, et certains ont suivi les Américaines en huitième et lors des matchs de poule à Reims et au Havre. Sur tous les billets vendus lors de la compétition, les Américains sont les deuxièmes plus grands acheteurs, derrière les Français. A Lyon, dernière ville hôte du tournoi, où seules les demi-finales et la finale sont disputées, le constat est le même que dans les autres municipalités. Le public de ce Mondial est plus familial et plus féminin que celui des événements sportifs masculins. Du vin plutôt que de la bière Les Américains ont troqué la traditionnelle bière du supporteur pour le vin. Ou plus précisément, pour une « découverte des vignobles du Beaujolais », explique-t-on à l’antenne de l’office de tourisme du Vieux Lyon qui propose ce tour thématique, particulièrement populaire auprès des touristes d’outre-Atlantique. Beaucoup de supporteurs des Etats-Unis rencontrés tout au long de ce Mondial ont profité de l’événement sportif pour visiter, obligeant l’office de tourisme de Lyon à faire revenir certains guides anglophones de vacances pour répondre à la demande. A deux pas, devant la cathédrale Saint-Jean, un groupe écoute attentivement une guide touristique qui décrit la façade. « Nous savions que nous viendrions à Paris et à Lyon vu les matchs », raconte Paul Shimomoto, entouré par les jeunes footballeuses du club qu’il entraîne, le Honolulu Galaxy à Hawaï. « Comme la plupart des joueuses sont des adolescentes, on leur a fait faire quelques recherches sur ce que nous allions voir et nous avons réservé une visite guidée », poursuit-il. Le groupe a vu le quart de finale face à la France à Paris, et les deux demi-finales à Lyon. Voyage culturel et culinaire Au programme pour eux, la basilique Notre-Dame de Fourvière, les vestiges romains, les traboules, ces fameux passages secrets typiques du Vieux Lyon, avant de finir au pied de la cathédrale. « Je leur parle d’histoire, mais en simplifiant, confie Anneliese, leur guide du jour. Les Américains ne connaissent pas forcément l’histoire de l’Europe. Ce qui les impressionne le plus, ce sont les thermes romains. » De l’autre côté de la ville, les halles Paul-Bocuse, haut lieu de la culture gastronomique lyonnaise, étaient aussi prises d’assaut cette semaine par des supporteurs américains désireux de goûter quelques « lyonnaiseries ». Mercredi, au lendemain de la qualification de leur équipe pour la finale, il suffisait de déambuler à travers les étals pour croiser des groupes de jeunes femmes, des familles ou des couples qui s’extasiaient devant la profusion de victuailles. Chez un célèbre fromager, à ce client qui demandait à tester les « cheeses from Lyon, please », le vendeur proposait un saint-marcellin, à déguster sur place après avoir été coupé en huit petits morceaux. On hésitait à mettre notre grain de sel pour proposer à l’audacieux Américain « la célèbre cervelle de canut », un fromage frais mélangé notamment avec de la ciboulette hachée, de l’échalote et du poivre… Lily, 22 ans, qui parle français depuis un séjour linguistique à Nantes, est venue à Lyon avec sa sœur et deux camarades d’université de la prestigieuse UC Berkeley, afin d’assister aux deux demi-finales et à la finale. Les étudiantes californiennes sont de grandes fans de soccer depuis toujours, elles jouent dans la deuxième équipe de la fac, celle qui ne participe pas au championnat national NCAA, et « où l’on doit payer pour jouer ». A l’heure de la pause déjeuner, Lily et ses amies apprécient les découvertes culinaires : « On a acheté des fromages, on va dans les boulangeries, mais on n’a pas encore testé les bouchons lyonnais. » « Une ville amusante » Sur la Presqu’île, près de la rue Mercière, qui abrite plusieurs de ces restaurants typiquement lyonnais, une famille venue d’Oregon se prend en photo devant la fontaine de la place des Jacobins à l’effigie de plusieurs architectes et sculpteurs locaux. Ils font partie du large contingent de supporteurs des Portland Thorns, l’équipe féminine dans la prestigieuse ligue américaine où la Française Amandine Henry a évolué une saison. « Il y a une forte culture ici à Lyon qui contraste d’une façon merveilleuse avec Paris, je suis très heureux d’être ici, c’est une ville amusante, Paris est un peu plus sérieuse », confie le grand-père, Chick Kozloff. La famille était présente lors de la finale de la Coupe du monde en 2015 à Vancouver, qui a vu les Américaines être sacrées pour la troisième fois. « C’était une expérience transcendantale, se remémore le patriarche. Personne n’a quitté le stade pendant plus d’une heure, les joueuses étaient sur le terrain, elles prenaient des enfants dans leurs bras tout en saluant la foule. On espère que ce sera la même ambiance ici. » Avec une finale annoncée à guichets fermés face aux Pays-Bas, autre nation comptant des milliers de fidèles spectateurs depuis le début du Mondial, cela ne fait aucun doute.
Deuxièmes plus grands acheteurs de billets lors du Mondial féminin de football, les Américains arpentent par milliers les rues de la ville hôte de la finale qui a lieu dimanche entre les Etats-Unis et les Pays-Bas.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/06/what-is-that-a-lyon-les-supporteurs-de-foot-americains-decouvrent-traboules-vignobles-et-fromages_5486117_3242.html
mlsum-fr-716
Photo non datée de Boris Pasternak. Image extraite du documentaire de Nino Kirtadze. Zadig Productions ARTE - MERCREDI 6 NOVEMBRE À 22 H 55 - DOCUMENTAIRE Fin octobre 1958 se joue un épisode essentiel de la guerre froide sur un terrain inattendu. Le 23 du mois, distinguant une œuvre parue hors des frontières de l’URSS et sans l’aval des autorités soviétiques, l’Académie suédoise proclame le poète Boris Pasternak (1890-1960), auteur du Docteur Jivago (1957), lauréat du prix Nobel de littérature. Le texte, édité par le Milanais Giangiacomo Feltrinelli (1926-1972), puis en France chez Gallimard dès juin 1958, est aussi largement diffusé en russe et au format de poche grâce à la CIA, qui tient à la large circulation d’un livre vu du Kremlin comme « un ragoût de calomnies, baignant dans le mensonge et l’hypocrisie », dont l’auteur est « pire qu’un ennemi : un abcès purulent ». Saluant le poète comme le parfait continuateur de la tradition du roman russe, les Nobel déchaînent les foudres de l’Union des écrivains soviétiques, qui retire, le 27 octobre, son statut d’écrivain à Pasternak pour « déchéance morale et politique », forçant le lauréat à « refuser » la distinction internationale deux jours plus tard. Pauvre victoire pour l’appareil soviétique, même si Pasternak, qui échappe de peu à l’expulsion, est privé de moyens de subsistance et meurt peu après, le 30 mai 1960, sans qu’on puisse écarter le fait que son décès n’ait peut-être pas été naturel. Sa victoire posthume – sous Gorbatchev, l’exclusion de l’Union des écrivains est annulée en février 1987 et Le Docteur Jivago enfin publié en URSS l’année suivante – met un terme à la rocambolesque histoire d’un manuscrit dont Pasternak voulut à tout prix assurer la diffusion. Une résolution inébranlable Poète, musicien et philosophe, le jeune auteur est suspect aux yeux de Trotski, dès 1922. Et s’il échappe, presque seul de ses amis, à la déportation et aux purges staliniennes, il le doit à son talent de traducteur. Aussi, lorsqu’il verse dans un roman la somme de ses expériences à travers un Iouri Jivago, son double, dans une fresque qui embrasse la société russe de la révolution de 1905 à la guerre civile (1917-1922), Pasternak avance sans prudence, bousculant tous les usages, conscient que son audace ne passera pas. « Mon propre sort est moins important pour moi que celui de mes idées. » Cet aveu, fait à une de ses correspondantes françaises au plus fort du bras de fer qu’il livre avec les instances soviétiques, dit la résolution inébranlable de Pasternak. L’écrivain avait justement pressenti que son insoumission serait perçue comme inacceptable : en remettant le manuscrit du Docteur Jivago à Sergio d’Angelo, un journaliste communiste italien qui jouait pour Feltrinelli le rôle d’agent littéraire, il a commenté : « Je vous invite à mon exécution. » Lire aussi L'hymne à la vie de Pasternak Précieux et précis, le documentaire de la réalisatrice Nino Kirtadzé, née dix ans après le scandale de 1958 et qui ne comprit que très tard la charge formidable que symbolisait le livre de poche dissimulé par sa famille derrière le frigo, rend justice à ce courage inouï qu’il fallut à un écrivain qui a préféré la vérité de la création à son confort matériel. Une occasion aussi de rendre hommage à Jacqueline de Proyart, disparue le 30 janvier 2019. Jeune étudiante, c’est elle qui recueillit des mains de Pasternak, en février 1957, l’exemplaire manuscrit destiné à Gallimard. Elle fut, avec Hélène Peltier-Zamoyska, Michel Aucouturier et Louis Martinez, l’un des quatre traducteurs de la version française – non crédités pour éviter les sanctions soviétiques. « Je vous invite à mon exécution, Le dossier “Docteur Jivago” », de Nino Kirtadze (Fr., 2018, 60 min). Sur Arte.tv jusqu’au 25 février 2020.
Un documentaire met en avant la détermination et les risques pris par le poète soviétique Boris Pasternak pour faire éditer son livre, malgré la censure du Kremlin.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/06/la-folle-histoire-du-docteur-jivago-arme-de-guerre-froide_6018277_3246.html
mlsum-fr-717
« Enterré vivant » est un des escape games que propose Destination danger, à Paris. Destination danger Frissons garantis Et si on jouait à se faire peur ? Les escape games, dont le principe est de résoudre en équipe une énigme, grâce à des indices, explorent volontiers le filon de la peur. Petit frisson avec Skeleton Key, au Manoir de Paris, qui propose de pénétrer dans la crypte où se trouve le caveau ancestral de la famille Saint-Germain pour y délivrer le gardien de sa malédiction. Autre bravade, et grande frayeur, chez Destination danger, où il revient de mettre un pied, et pas seulement, dans son « Enterré vivant ». Chaque joueur – c’est un escape game en duo – est installé dans un cercueil, où il dispose d’une heure pour résoudre l’énigme et (re)gagner le grand air. « Aucun remboursement en cas de claustrophobie ou de stress », avertit l’organisateur. Prêt à relever le défi, « allongé, enfermé, seul, dans le noir et le silence » ? Skeleton Key, et sa « Crypte maudite », à Paris 10e. A partir de 111 euros pour 3 personnes. skeletonkey.fr Destination danger, et son « Enterré vivant », à Paris 12e. 70 euros en duo. destinationdanger.fr Frayeurs à l’écran Les canines du vampire, et l’avidité de cette créature au teint indéfectiblement blafard, sont légendaires. Cette sombre icône, ni tout à fait morte, ni tout à fait vivante, et à laquelle la Cinémathèque de Paris consacre exposition et rétrospective, a inspiré de nombreux écrivains, cinéastes, peintres et photographes, depuis le célèbre roman Dracula, de Bram Stoker, à la fin du XIXe siècle, jusqu’à la saga Twilight, de Stephenie Meyer. A l’écran, on tremblera devant Le Vampire, de Jean Painlevé (1939), Une messe pour Dracula, de Peter Sasdy (1969), Un vampire à Brooklyn, de Wes Craven (1996), jusqu’au plus récent vidéoclip Niemand, de Bertrand Mandico (2018). L’exposition s’attache à faire toute la lumière sur ce ténébreux personnage. Une exposition que les plus jeunes (9 ans et plus) sont invités à parcourir, une fois par mois, avec la conteuse Ariane Pawin. Gousses d’ail et pieux vivement recommandées. Exposition « Vampires, de Dracula à Buffy » et rétrospective à la Cinémathèque de Paris. Films, rencontres, conférences et spectacles jusqu’au 19 janvier 2020. cinematheque.fr/cycle/vampires-527.html Danse macabre Porte qui grince, pas qui résonnent, hurlements glaçants du loup… Le Thriller de Michael Jackson inaugure ce bal des zombies, décharnés mais pris d’un rythme endiablé. Spotify a concocté cette playlist Halloween 2019, soit 83 titres éclectiques pour se glacer le sang, avoir la chair de poule, claquer des dents… et se mettre à danser comme un damné (ou prendre ses jambes à son cou). Idéal pour réchauffer les soirées lugubres, sinon animer les soirées thématiques et, pourquoi pas, les goûters d’enfants. Du Cannibal autotuné, de Kesha, aux prenantes Hell Bells, d’AC/DC, en passant par le générique de « La Quatrième dimension », le psychédélique Voodoo Child, de Jimi Hendrix, ou encore le plus classique Songe d’une nuit de sabbat, d’Hector Berlioz. Playlist gratuite Spotify, sur inscription préalable open.spotify.com/playlist/6VdvufagCnB6BS52MxwPRw
Le 31 octobre, les citrouilles seront de sortie. En attendant, un escape game, une expo et une playlist pour se faire une frayeur.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/10/20/trois-idees-pour-se-faire-peur-avant-halloween_6016227_4497916.html
mlsum-fr-718
Sirènes hurlantes, des tuk-tuks et des ambulances remontent l’avenue Al-Rachid, chargés de blessés, en direction de la place Tahrir. Au milieu de l’ancienne artère commerçante de Bagdad, bordée d’immeubles au charme décrépi, des dizaines de jeunes hommes sont massés autour d’un mur de blocs de béton qui interdit l’accès vers le pont des Martyrs (Al-Shuhada). Dans la foule d’Irakiens en survêtement et jeans-baskets, le visage masqué d’un foulard pour se protéger des gaz lacrymogènes, certains ont un bras ou une jambe bandée, stigmates des échauffourées des jours précédents. Les esprits s’échauffent. Depuis les abords du pont, à une centaine de mètres de là, les tirs claquent. Les forces antiémeutes ripostent face à des manifestants venus les harceler, au mieux armés de billes et de frondes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Algérie, Liban, Irak, Chili, Hongkong... La contestation est mondiale Un groupe d’hommes amène en courant un jeune ensanglanté, blessé à la jambe, et le charge dans un tuk-tuk. « Ils nous tirent dessus à balles réelles, avec des Kalachnikovs et des BKC [mitrailleuses russes]. Regardez, c’est le sang des martyrs ! », crie l’un d’eux, montrant ses mains tachées de rouge. Un jeune homme se met à pleurer. Certains sortent de leurs poches des douilles qu’ils ont ramassées. D’autres montrent les vidéos des heurts et des martyrs. « Nous sommes des civils pacifiques. On n’a pas d’armes, juste des drapeaux irakiens mais ils nous tirent dessus ! Chaque jour, il y a des morts et des blessés. Ils ont même tué des médecins. Ils les ciblent délibérément pour empêcher de délivrer les premiers soins », crie Yasser. « Le gouvernement dit qu’on veut piller les banques mais ce n’est pas vrai : on veut seulement bloquer le pont pour empêcher la circulation », poursuit-il. A ses côtés, Essam, un commerçant du quartier, acquiesce : « C’est notre magasin là, et rien n’a été volé. » « L’objectif est de couper les ponts pour bloquer la circulation, empêcher les fonctionnaires d’aller travailler et paralyser la ville » Le mur de béton érigé près du pont des Martyrs est la nouvelle ligne de front entre les manifestants et les forces de sécurité. A la reprise de la contestation contre le gouvernement irakien, le 24 octobre, les manifestants s’étaient tous massés sur le pont de la République (Al-Joumhouria), qui relie la place Tahrir à la zone verte, le quartier ultrasécurisé de la capitale qui regroupe les institutions du pays. Depuis début novembre, ils se sont lancés à la conquête de nouveaux ponts qui enjambent le Tigre.
Les opposants au gouvernement s’attendent à une répression encore plus violente alors que le dernier bilan fait état d’au moins trois cents morts depuis le 1er octobre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/09/au-coeur-de-bagdad-les-manifestants-engages-dans-la-bataille-des-ponts_6018612_3210.html
mlsum-fr-719
150 citoyens tirés au sort feront des propositions pour lutter contre le réchauffement climatique au Conseil économique social et environnemental (CESE) Tangi Jaillet / PHOTOPQR/MAXPPP Une France en petit pour résoudre un grand problème : celui de la crise climatique. Vendredi 4 octobre, 150 Français tirés au sort, rassemblés dans une convention citoyenne pour le climat, ont commencé à se pencher sur les mesures à prendre pour lutter contre le dérèglement climatique. Un exercice de démocratie directe d’une ampleur inédite, voulu par Emmanuel Macron pour tenter de sortir de la crise des « gilets jaunes ». Le président de la République avait annoncé le lancement de cette instance d’un genre nouveau à l’issue de la clôture du grand débat national, le 25 avril, promettant de « changer plus fortement de méthode » pour répondre aux attentes de la population. Les 150 citoyens représentent « l’ensemble de la diversité de la population française », assure Julien Blanchet, le rapporteur général de la convention citoyenne. Agriculteurs, étudiants, ouvriers, cadres, retraités ou inactifs, âgés de 16 à 80 ans et issus des quatre coins de France en fonction du poids démographique des régions, ils devront répondre à une question unique, mais néanmoins ardue : comment réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40 % d’ici à 2030, dans un esprit de justice sociale ? Il s’agira de trouver les moyens d’accélérer les efforts climatiques de la France – alors que le pays n’est pas sur la bonne trajectoire et que ses rejets carbonés sont repartis à la hausse – sans rallumer l’étincelle de la colère des « gilets jaunes » que la hausse de la taxe carbone avait provoquée. Vendredi, dans les locaux du Conseil économique, social et environnemental (CESE) à Paris, les citoyens qui se rencontrent pour la première fois échangent sur leurs attentes, leurs doutes, leurs questions. La majorité a immédiatement accepté de participer, après l’appel de l’institut de sondages Harris Interactive qui les a sélectionnés parmi 250 000 numéros de téléphone, même s’ils ont été nombreux à « croire à un canular ». Et malgré l’investissement que l’exercice représente : six week-ends de travail, du vendredi au dimanche, étalés jusqu’au 26 janvier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La seule réponse industrielle ne peut suffire à produire les leviers nécessaires pour faire face à la crise écologique » Sentiment d’impuissance « Je souhaite apporter la vision d’un citoyen indépendant, différente de celle d’un homme politique pressé par les lobbys », affirme Jean-Claude Ledoux, 54 ans, habitant de Figeac (Lot). Ce commercial dans l’immobilier, qui loue des voitures électriques sans permis, se dit néanmoins « un peu sceptique ». « Est-ce qu’on a vraiment besoin de nous pour savoir quoi faire ? », s’interroge celui qui se sent « impuissant » face au dérèglement climatique.
D’ici à janvier 2020, ils devront formuler des propositions pour réduire d’au moins 40 % les émissions de gaz à effet de serre en 2030, qui seront soumises au Parlement.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/05/en-france-150-citoyens-tires-au-sort-debutent-leurs-travaux-sur-la-crise-climatique_6014307_3244.html
mlsum-fr-720
Un homme a foncé volontairement samedi 21 septembre en début de soirée sur l’entrée de la Grande Mosquée de Colmar, sans faire d’autre blessé que lui-même, avant d’être interpellé, a-t-on appris de sources concordantes. « Un individu a projeté son véhicule contre l’entrée de la Grande Mosquée un peu avant 20 heures », a fait savoir à l’AFP la préfecture du Haut-Rhin. « Il n’y a pas de blessé » et « une enquête est en cours », a ajouté cette même source. L’homme a été rapidement interpellé sur place par la police, a déclaré une source policière. Examiné par un psychiatre Selon la procureure de la République de Colmar, Catherine Sorita-Minard, interrogée par l’AFP, l’homme s’est lui-même blessé à l’arme blanche et a été hospitalisé, devant subir une intervention chirurgicale. « Il sera examiné par un psychiatre dès que possible », a poursuivi la magistrate, estimant qu’à première vue il souffrirait « de problèmes psychiatriques ». Des témoins ont affirmé qu’« il aurait dit “Allahou akbar !” », cette information restant toutefois à confirmer, a ajouté la procureure de Colmar selon laquelle « il sera placé en garde à vue et entendu dès que possible ». « On en saura plus sur ses motivations à ce moment-là », a-t-elle relevé, confirmant qu’il n’y avait pas d’autre blessé que lui-même en dépit de la présence de « quelques personnes dans la mosquée » au moment où il en avait percuté l’enceinte. « Des investigations sont faites sur le véhicule », toujours selon la procureure. Selon le journal L’Alsace, des démineurs ont examiné la voiture « qui ne contenait pas d’explosif ». Le conseil régional du culte musulman (CRCM) d’Alsace et le Conseil des imams et cadres religieux d’Alsace (CICRA) « condamnent avec la plus grande fermeté cet acte inqualifiable contre un lieu de culte », ont-ils réagi dans un communiqué. « Nous faisons confiance à la justice pour faire toute la lumière sur ce terrible événement », ont ajouté les deux instances.
L’individu a projeté son véhicule volontairement sur la Grande Mosquée. Il n’a pas fait d’autre blessé que lui-même.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/22/un-homme-fonce-en-voiture-sur-la-mosquee-de-colmar_6012574_3224.html
mlsum-fr-721
La ministre de la défense, Annegret Kramp-Karrenbauer, rend visite aux soldats de Erfurt, le 23 octobre. CHRISTOF STACHE / AFP L’initiative devrait encore davantage brouiller son image. En proposant, lundi 21 octobre, dans une interview à la Deutsche Welle, d’établir une « zone de protection internationale » dans le nord-est de la Syrie, Annegret Kramp-Karrenbauer (AKK), ministre allemande de la défense et présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), a pris de court son propre camp et passablement agacé ses partenaires sociaux-démocrates (SPD). « Il y a une certaine perplexité parmi nos alliés », a commenté le ministre des affaires étrangères, Heiko Maas (SPD), regrettant que sa collègue l’ait informé de son projet par un simple SMS, peu avant de l’annoncer à la télévision. Markus Söder, le président de l’Union chrétienne-sociale (CSU), l’alliée de la CDU en Bavière, n’avait, lui, même pas été prévenu. Soutenue par Angela Merkel, l’idée de sa ministre de la défense – dont on voit mal ce qu’elle pourrait devenir après l’accord sur le Kurdistan syrien scellé, mardi soir, entre la Russie et la Turquie – ressemble surtout à un coup de poker politique de la part de la « dauphine » de la chancelière, dont l’autorité s’étiole semaine après semaine. Dix mois après que l’ancienne ministre-présidente de la Sarre (2011-2018) a succédé à Mme Merkel à la tête de la CDU, ceux qui lui prêtent un destin national sont ainsi de moins en moins nombreux. En cas de duel avec le ministre des finances, Olaf Scholz (SPD), ou avec le coprésident des Verts, Robert Habeck, pour le poste de chancelier, « AKK » n’obtiendrait que 15 % des voix, alors que ses adversaires en recueilleraient le double, selon un sondage réalisé pour la chaîne RTL, du 14 au 18 octobre. Le plus préoccupant pour « AKK » est toutefois le manque de soutien au sein de son propre camp. Dans les enquêtes d’opinion, seule une minorité des sympathisants de la CDU souhaitent qu’elle devienne chancelière. Selon un sondage de l’institut Insa pour le quotidien Bild, publié le 5 octobre, seuls 20 % des sympathisants de la CDU la considèrent comme apte à diriger le gouvernement. Ils étaient deux fois plus en début d’année. La championne des scrutins impossibles Comment expliquer cet effondrement ? D’abord, par les résultats des élections qui ont eu lieu depuis l’élection de Mme Kramp-Karrenbauer à la présidence de la CDU. Aux européennes du 26 mai, les conservateurs allemands n’ont ainsi obtenu que 28,9 % des voix, soit 6,4 points de moins qu’en 2014. Aux régionales du 1er septembre dans la Saxe, ils ont recueilli 32,1 % (– 7,3 points).
Annegret Kramp-Karrenbauer a proposé la mise sur pied d’une « zone de protection internationale » dans le nord-est de la Syrie, sans consulter ses collègues. En chute dans les sondages, la ministre de la défense n’apparaît plus comme la candidate naturelle des conservateurs à la chancellerie.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/21/en-allemagne-les-difficultes-d-akk-la-dauphine-de-merkel_6016334_3210.html
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Nabil Karoui et Kaïs Saïed s’affronteront au second tour de la présidentielle tunisienne, le 6 ou le 13 octobre. HASNA,FETHI BELAID / AFP Les résultats officiels sont tombés : le second tour de la présidentielle en Tunisie opposera l’universitaire indépendant Kaïs Saïed et l’homme d’affaires actuellement en prison Nabil Karoui, a annoncé, dans l’après-midi du mardi 17 septembre, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE). MM. Saïed et Karoui ont obtenu 18,4 % et 15,58 % des voix, selon le décompte officiel annoncé par le président de l’ISIE, Nabil Baffoun, lors d’une conférence de presse le même jour. « Les Tunisiens ont dit leurs maux », a titré le journal Le Quotidien, estimant que les électeurs avaient voté pour des candidats ayant fait campagne contre les élites politiques. Ils ont « préféré plonger dans l’inconnu que de retendre la main à ceux qui ont trahi leurs espérances », a estimé le journal. Le chômage, qui continue à toucher plus de 15 % de la population, dont de nombreux jeunes diplômés, l’inflation, qui grignote inexorablement des revenus déjà bas, ou encore le délitement continu des services publics ont alimenté le ressentiment envers les pouvoirs en place depuis la révolution de 2011. Cette exaspération a été exacerbée par une classe politique qui a donné à voir d’interminables luttes d’ego. « Je ne vends pas de programme » Tout en évoquant un taux de participation « acceptable » de 45 %, le président de l’ISIE avait d’ores et déjà invité lundi soir les partis et la société civile à « étudier les raisons de ces chiffres ». L’ISIE est également en train de se pencher sur les infractions à la présidentielle. Parmi celles évoquées, la campagne menée tambour battant pour Nabil Karoui par la chaîne Nessma TV, qu’il a fondée. « Nous analysons (…), mais pour déchoir un candidat, il faut avoir une raison valable et solide d’infraction », a noté la porte-parole de l’instance, Hasna Ben Slimane. Les avocats de M. Karoui, accusé de blanchiment d’argent et fraude fiscale et en détention provisoire depuis le 23 août, ont indiqué qu’ils déposeraient une nouvelle demande de libération dès les résultats confirmés. M. Karoui reste éligible tant qu’aucune condamnation ne le prive de ses droits civiques, a rappelé l’ISIE. En fonction des recours, le second tour pourrait être organisé le 6 octobre, soit le même jour que les législatives, ou le 13 octobre, a précisé la commission électorale. L’issue en reste indécise, d’autant que les deux candidats, très différents, ont puisé dans le même registre « antisystème ». Kaïs Saïed est aussi ascétique et déconnecté des élites que Nabil Karoui est flamboyant et proche du gotha tunisien. L’incarcération de M. Karoui à dix jours du début de la campagne, qu’il a dénoncée comme une « injustice », a confirmé son statut d’outsider, bien qu’il ait longtemps été un important soutien du défunt président Béji Caïd Essebsi. Kaïs Saïed, lui, est un universitaire farouchement indépendant et conservateur, qui s’est prononcé contre l’abolition de la peine de mort et pour le maintien de l’inégalité hommes-femmes dans les questions d’héritage. Il prône également une décentralisation radicale du pouvoir, avec une démocratie locale et des élus révocables en cours de mandat. « Les problèmes sociaux ne seront pas résolus par le pouvoir central, a-t-il déclaré à l’AFP lundi. Je ne vends pas un programme, c’est aux citoyens de le fixer, de faire les grands choix pour dépasser la misère. » Fragmentation des camps Des tractations sont déjà en cours entre partis, en particulier dans l’optique de législatives cruciales dans un régime parlementaire mixte. Cette échéance devrait redessiner le paysage politique, au vu du rejet essuyé par les partis traditionnels. La formation d’inspiration islamiste Ennahda, principale force au Parlement, qui avait présenté pour la première fois un candidat, a vu celui-ci arriver troisième avec 12,8 % des voix, confirmant l’érosion de son électorat depuis 2011. Aucun des nombreux candidats du camp centriste, issu du parti Nidaa Tounès, qui avait gagné la présidentielle et les législatives en 2014, n’atteint les 11 %. Cumulés, leurs scores dépassent toutefois celui de M. Saïed. Reste à savoir si cette famille politique, minée par les luttes de pouvoir, parviendra à resserrer les rangs. De sa cellule, M. Karoui a appelé ses partisans à transformer l’essai en donnant à son parti, Qalb Tounès, une place-clé au Parlement. M. Saïed n’est appuyé par aucune structure partisane. Au vu de la fragmentation des camps, « il est possible qu’aucune majorité ne se dégage pour former un gouvernement dans les délais prévus par la Constitution », s’était inquiété l’International Crisis Group dans un rapport avant les scrutins.
L’affiche surprise du scrutin est une déflagration pour les partis traditionnels, minés par les querelles d’ego et les luttes de pouvoir.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/17/presidentielle-en-tunisie-face-a-face-entre-kais-saied-et-nabil-karoui-pour-un-second-tour-atypique_5511552_3212.html
mlsum-fr-723
Un bateau de tourisme sur la Seine, au niveau de la cathédrale Notre-Dame, à Paris, le 15 juin. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP Le secteur du tourisme a fortement pâti du mouvement des « gilets jaunes ». Au plus fort de la crise, entre novembre 2018 et avril 2019, le mouvement social a eu « un impact sur 37 % du carnet de commandes », a ainsi commenté, mardi 25 juin, René-Marc Chikli, président du Syndicat des entreprises du tour-operating (SETO). Sans surprise, le chiffre d’affaires de ces sociétés s’est orienté à la baisse. Il s’est établi, sur cette période, à un peu moins de 2 milliards d’euros, en repli de 0,8 %. Ce sont les voyages à forfaits – les réservations combinées de vols et de séjours – qui ont payé le plus lourd tribut, avec une baisse d’activité de 4 %. Selon René-Marc Chikli, le mouvement social a fait naître de « l’incertitude » parmi les clients potentiels des tour-opérateurs. « Les gens se sont repliés sur des séjours non marchands », précise le patron du SETO. A l’examen, plutôt que de voyager, les Français ont préféré passer des vacances en famille ou chez des proches. Ces réticences ont pesé sur les réservations, qui ont baissé de « 6 % à 8 % », pointe M. Chikli. Malgré ce mauvais démarrage, l’optimisme reste de mise parmi les tour-opérateurs, car ils sortaient d’une « année 2018 exceptionnelle. La meilleure de la décennie », tempère le syndicat. Le président du SETO conserve toutefois un regret : « Sans les “gilets jaunes”, on aurait peut-être atteint en 2019 la même performance qu’en 2018, année qui avait battu tous les records. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’effet « gilets jaunes » menace la reprise du tourisme Les destinations du Maghreb sont redevenues tendance A y regarder de près, le mouvement des « gilets jaunes » n’a pas été le seul à peser sur l’activité des voyagistes. Le SETO a ainsi pointé du doigt les faillites successives de plusieurs compagnies aériennes, telles WOW Air ou Primera Air, ou encore l’immobilisation du 737 MAX de Boeing. L’absence de l’avion, cloué au sol après deux crashs en cinq mois qui ont fait 346 victimes, a provoqué « une pénurie qui a eu un impact sur certaines destinations comme les Canaries », a dénoncé M. Chikli. En ce début d’été, les tour-opérateurs se reprennent à espérer, car les destinations du Maghreb sont redevenues tendance. Les Français ont, en grande partie, effacé le souvenir des attentats terroristes ou des révolutions. Une résilience qui fait le bonheur de la Tunisie et du Maroc, qui entrent à nouveau dans le Top 10 des destinations préférées des Français, avec des croissances respectives de 10 % et de 31 %. « La Tunisie remonte, mais reste encore très loin de ses résultats d’avant les “printemps arabes” », modère le patron du SETO. Toutefois, la bonne surprise estivale reste l’Egypte, dont le trafic a fait un bond de 140 %. Un boom qui profite surtout, détaille M. Chikli, aux croisières sur le Nil.
Plutôt qu’un record attendu, les voyagistes ont enregistré une baisse de 4 % des réservations au plus fort du mouvement social.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/26/les-tour-operateurs-patissent-de-la-crise-des-gilets-jaunes_5481709_3234.html
mlsum-fr-724
Arrivée des élèves, le 7 février : chacun doit montrer son carnet de correspondance à la surveillante devant la grille. Ceux qui ne l’ont pas récupèrent un passeport pour la journée, et l’heure de colle qui va avec. NADÈGE ABADIE POUR « LE MONDE » Les tables ont été rassemblées en rectangle, dans la salle de réunion attenante au bureau de la direction. Ont pris place la principale du collège Robert-Doisneau et son adjoint, les deux conseillers principaux d’éducation (CPE), les infirmières, l’assistante sociale. Objet de la séance : les absences. Dans ce collège de l’éducation prioritaire renforcée, l’un des trois que compte la commune de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), ce type de réunions s’inscrit dans l’agenda collectif « un peu comme un rituel », explique Solange Fougère, la chef d’établissement : on se retrouve ici, toutes les cinq à six semaines, pour évoquer les « cas » d’élèves dont l’assiduité « pose question ». Histoires de vie Au préalable, Hocine Bendjebbour et Ghania Baaziz, les CPE, se sont répartis les classes et ont identifié, dans chacune, ces jeunes que l’éducation nationale définit comme « absentéistes » dès lors qu’ils ont manqué quatre demi-journées de cours (ou plus) dans le mois, sans en être excusés. C’est le règlement. « Dans les faits, on peut parfois être un peu plus souple, glisse M. Boudjebbour. Sinon, on passerait notre temps à faire des signalements… » Pour comprendre cette « souplesse », il faut écouter les histoires de vie qui se racontent dans le secret de la salle de réunion. Ce ne sont pas – ou alors, très exceptionnellement – celles d’adolescents qui « sèchent » pour défier l’institution ou parce que les cours les ennuient. Non. Les collégiens dont la présence « en pointillé » justifie d’être débattue en commission ont pour point commun de cumuler, très souvent, les difficultés familiales, sociales, de santé… en sus de leurs problèmes scolaires. La principale observe : « On voit bien, quand on approfondit un peu, que les absences à répétition sont le symptôme de quelque chose de plus lourd. » David Corre, son adjoint, renchérit : « Que les élèves concernés sont lestés par tout un tas d’autres problématiques. Au point que la scolarité ne figure plus parmi les priorités. » Chacun doit montrer son carnet de correspondance à la surveillante devant la grille, le 7 février. NADÈGE ABADIE POUR « LE MONDE » « Ils traduisent, retranscrivent… » Il y a ces élèves qui arrivent systématiquement en retard le matin (et qui sont notés absents pour cette raison) « du fait du rôle qu’ils tiennent dans leur famille, poursuit M. Corre. Les mamans sont seules, elles travaillent, n’ont pas de nounou… C’est aux aînés de déposer les plus petits à l’école ». Autre cas de figure : celui d’élèves sur lesquels leurs parents, qui ne parlent pas (ou mal) le français, s’appuient pour toutes les démarches administratives ; « ils traduisent, retranscrivent… Cela leur prend du temps ».
« Le Monde » passe plusieurs mois au collège Robert-Doisneau, à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), pour raconter le quotidien d’un établissement d’éducation prioritaire. Sixième épisode.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/03/derriere-les-portes-de-la-commission-absenteisme-les-absences-a-repetition-sont-le-symptome-de-quelque-chose-de-plus-lourd_5470864_3224.html
mlsum-fr-725
Enercoop, coopérative d’économie sociale et solidaire, dénonce depuis longtemps l’absence de transparence des certificats de garanties d’origine. Pour autant, même les fournisseurs qui se veulent les plus verts se heurtent à la même difficulté que les autres : le réseau est le même pour tous, et l’électricité qui arrive chez leurs clients est indistinctement d’origine nucléaire, renouvelable ou fossile. Comment certifier aux clients que l’électricité qui arrive à leur domicile ou à leur entreprise est bien verte ? Enercoop a pris le problème dans l’autre sens, en investissant largement dans le soutien aux énergies renouvelables. « Ce serait mentir de dire que l’électricité des producteurs que l’on soutient arrive directement chez vous », explique Simon Cossus, directeur d’Enercoop Languedoc-Roussillon. « Notre promesse, c’est de signer avec nos producteurs des contrats de long terme, d’un montant équivalent à ce qui a été consommé par nos clients. » Ainsi, en 2018, Enercoop a acheté 340 gigawattheures à des producteurs d’énergie – principalement des petits barrages hydroélectriques – et revendu 337 gigawattheures à ses clients. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Electricité : l’imposture des « offres vertes » Mais cette moyenne annuelle ne prend pas en compte les variations journalières et saisonnières : la nuit, les panneaux solaires ne produisent pas, et les barrages produisent plus en janvier qu’en octobre. Le reste du temps, Enercoop achète et revend de l’énergie sur le marché de l’électricité, tout comme ses concurrents. 84 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 L’objectif de la coopérative – qui a réalisé 84 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 – reste d’assurer une visibilité et un revenu à des petits producteurs, en s’engageant sur des contrats pouvant aller jusqu’à trente ans. De plus, la coopérative s’engage à acheter la production d’électricité et les certificats de garantie d’origine au même producteur. « C’est une démarche de commerce équitable », explique l’ancien directeur général de la coopérative, Emmanuel Soulias. Lancée en 2007, au moment de l’ouverture du marché à la concurrence, Enercoop compte aujourd’hui 40 000 sociétaires – dont l’ancien ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot – et 80 000 clients. Bien peu face aux mastodontes que sont EDF, Engie et Total. Mais assez pour en faire le principal fournisseur « vert » en France. La coopérative, qui emploie 200 salariés, est clairement marquée par son histoire militante, et assume ses liens avec la mouvance écologiste. Elle compte parmi ses membres fondateurs Greenpeace, le réseau de magasins bio Biocoop ou Les Amis de la Terre. Ses 11 coopératives régionales soutiennent des projets locaux financés de manière participative par des collectifs de citoyens.
La coopérative, qui compte désormais plus de 80 000 clients, soutient activement le développement des énergies renouvelables à travers un système original et militant.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/26/enercoop-plus-verte-mais-aussi-plus-chere_5502884_3234.html
mlsum-fr-726
Christophe Bechu à Angers le 3 mars 2017. JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP Il a le sourire. Assis à une terrasse de l’allée Jeanne-d’Arc, une artère bourgeoise située dans l’axe de l’hôtel de ville – un chantier emblématique de son premier mandat –, Christophe Béchu a tombé la veste et savoure un verre de savennières, un chenin blanc qui s’épanouit sur les coteaux de la Loire. Les vacances du maire d’Angers s’annoncent plus détendues qu’il ne le craignait initialement : en ce 16 juillet, le député de Maine-et-Loire Matthieu Orphelin (ex-La République en marche) vient d’annoncer qu’il ne serait pas candidat aux municipales de 2020. Déconfite, la gauche comptait sur l’ex-bras droit de Nicolas Hulot pour rassembler ses forces dans cette ville de 155 000 habitants ; elle devra faire sans lui. La voie est donc dégagée pour Christophe Béchu, qui se trouve devant une équation politique très favorable, à huit mois des municipales. Le maire d’Angers, qui s’emploie depuis le début du quinquennat à cultiver d’excellentes relations avec Emmanuel Macron et Edouard Philippe – ex- « Juppé boy » comme lui –, a multiplié les gages de macroncompatibilité : après avoir quitté le navire Les Républicains fin 2017, répété à toutes occasions qu’il souhaitait « la réussite du gouvernement et du président de la République », soutenu la liste Renaissance de Nathalie Loiseau aux européennes, il vient de fédérer 72 maires de villes moyennes, issus des rangs de la droite et du centre, qui ont signé en juin une tribune de soutien à l’exécutif dans Le Journal du dimanche. Amicale macroniste M. Béchu a prévu de réunir ces élus fin août à Angers – ils seraient désormais une centaine au sein de cette « République des maires et des élus locaux » – pour jeter les bases d’une association et voir ce qu’il pourrait advenir de cette amicale macroniste. « Nous souhaitons valoriser et transmettre ce qui a fonctionné dans nos villes, sur nos territoires, ce que nos concitoyens ont adopté et qui bénéficie au plus grand nombre. Pas à un camp, mais à tous. Le temps n’est plus aux querelles de chapelle ou aux écuries présidentielles », expliquait-il début juin au Monde. Plusieurs fois pressenti pour un poste de ministre, le maire d’Angers a toutefois dû se contenter d’un lot de consolation, en février 2018, avec sa nomination à la tête de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF). Christophe Béchu veut croire aussi que son bilan à Angers, porté par une économie revigorée, sera l’un de ses meilleurs arguments pour la bataille électorale qui s’annonce. En 2018, six grandes entreprises (Giphar, Leroy Merlin, Action, Verisure, Coriolis et Gamm vert) ont choisi de poser leurs cartons dans l’agglomération angevine, avec la promesse d’y créer 1 600 emplois d’ici à 2024.
L’élu ex-LR et proche de Macron devrait tirer profit du désistement de Matthieu Orphelin, sur qui comptait la gauche.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/05/a-angers-la-voie-est-libre-pour-le-maire-christophe-bechu_5496702_823448.html
mlsum-fr-727
Livre. C’est le livre d’un repenti. Jeune homme, Bruno Patino a connu le « vieux monde », c’est-à-dire celui d’avant-Internet. Et, très tôt, il a compris le pouvoir de transformation que ce nouvel outil apportait à des niveaux et dans des horizons dont l’ampleur n’était pas soupçonnée. Il a ainsi fait partie de ceux qui ont cru au pouvoir égalisateur de la connexion et qui ont rêvé de voir se mettre en place « un réseau mondial tourné vers l’échange et le partage ». Vingt ans après, tout a changé et l’utopie numérique a vécu car « l’économie de l’attention détruit peu à peu tous nos repères ». « Notre rapport aux médias, à l’espace public, au savoir, à la vérité, à l’information, rien ne lui échappe », écrit celui qui reste passionné par les médias. Qu’est-ce que l’économie de l’attention ? C’est celle qui cherche à capter votre temps de cerveau disponible sur un écran. Or, selon un calcul effectué par Google, ce temps serait de neuf secondes pour la génération des personnes nées entre 1980 et 2000. Au-delà, le cerveau décroche et un nouveau stimulus est nécessaire pour capter leur concentration. « Ces neuf secondes sont le sujet de ce livre », avertit l’auteur, qui n’entend pas baisser les bras. Défiance tous azimuts et refus de l’expertise Car lutter contre l’addiction aux écrans, traduction physique de l’économie de l’attention, ne doit pas conduire au refus de la société numérique. Bien au contraire. Bruno Patino raisonne en économiste et note qu’« à la main invisible du marché a été substituée, celle du réseau ». « On ne savait pas alors qu’un marché en remplacerait un autre », ajoute-t-il. Dans ces conditions, il appelle de ses vœux la mise en place d’un nouveau modèle économique – à ce stade juste esquissé – pour les plates-formes numériques (Google) et les réseaux sociaux (Facebook) qui sont aujourd’hui devenus plus puissants que les Etats. Bruno Patino date le moment où l’espace numérique a basculé dans l’ère mercantile. En 2008, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, recrute une femme d’affaires, Sheryl Sandberg, en provenance de Google où elle améliore le ciblage publicitaire. A partir de 2010, la publicité liée aux données individuelles devient le modèle économique des deux entreprises. La manne financière est plus qu’au rendez-vous. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les GAFA pratiquent la désunion » Mais ce succès économique et financier présente un revers démocratique, car « la surveillance de nos vies est l’extension naturelle de la publicité ciblée », note l’actuel directeur éditorial d’Arte. L’algorithme devient roi et détient aussi la capacité de déplacer les foules. Mieux, il classe, segmente la population, crée des groupes ou des bulles. « L’économie de l’attention a permis de démocratiser l’économie du doute », ajoute l’auteur car Internet, en supprimant les barrières, a permis une communication accessible à tous. Ceci conduit peut-être au point le plus troublant de l’évolution qui se joue actuellement : une défiance tous azimuts et un refus de l’expertise, au moment où la capacité à produire une information libre n’a jamais été aussi importante.
Le directeur éditorial d’Arte, Bruno Patino, revenu de l’utopie numérique, explique l’économie de l’attention, qui « détruit peu à peu nos repères ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/11/une-generation-en-deficit-d-attention_5474479_3232.html
mlsum-fr-728
« Je souhaite que le voile soit interdit dans l’intégralité de l’espace public. » Marine Le Pen a réaffirmé, dimanche 20 octobre, cette proposition récurrente dans son discours lors du « Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro ». La mesure viserait aussi les autres signes religieux, comme la kippa, a précisé la présidente du Rassemblement national : « Nos compatriotes juifs ne posent aucun problème avec la kippa, [mais] je leur demande de faire ce sacrifice. » Interrogée sur les incertitudes juridiques que poserait une telle loi, Marine Le Pen a rétorqué en citant l’exemple de « la loi sur l’interdiction du voile à l’école » de 2004, qui n’a pas été invalidée. Selon elle, le port du voile dans l’espace public est une « infraction à la laïcité » et son interdiction dans tout l’espace public se justifie au nom de ce principe. L’affaire s’annonce pourtant très complexe juridiquement, voire vouée à l’échec. POURQUOI C’EST FRAGILE JURIDIQUEMENT 1. La liberté religieuse, un droit fondamental A écouter Marine Le Pen, il serait simple d’écrire une loi pour restreindre le port des signes religieux. En réalité, le sujet est particulièrement épineux sur le plan juridique. La liberté de conscience et de religion est garantie tant par la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) dans son article 9 que par la Constitution française dans son article premier. Or, ces deux textes priment sur de simples lois dans la hiérarchie des normes juridiques. Cela ne veut pas dire qu’il est interdit de prendre des mesures sur ce plan, mais ces textes fondamentaux posent des garde-fous. Par exemple, on lit dans la CEDH que « la liberté de manifester sa religion ou ses convictions » ne peut être restreinte qu’au nom de la « sécurité publique », la « protection de l’ordre », « la santé ou la morale publiques » ou encore « la protection des droits et libertés d’autrui ». Toute loi restreignant la liberté religieuse doit en principe se fonder sur de tels impératifs et de manière proportionnée. Dans le cas contraire, elle s’expose au risque d’être censurée par le Conseil constitutionnel et, donc, de ne jamais entrer en vigueur (comme cela arrive régulièrement sur différents types de mesures). La Cour européenne des droits de l’homme peut, quant à elle, condamner les Etats en cas de non-respect des normes européennes, les incitant fortement à revoir leur copie. 2. Le précédent des arrêtés « antiburkini » L’exemple des arrêtés « antiburkini », qui se sont multipliés en France à l’été 2016, illustre bien les équilibres qui entrent en compte dans ce sujet. Une trentaine de communes, notamment Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes, avaient décidé d’interdire le port de tenues « manifestant de manière ostensible une appartenance religieuse lors de la baignade et sur les plages ». Ces textes visaient en fait le mal nommé burkini, une tenue de baignade qui couvre le corps et les cheveux, mais pas le visage. Mais le Conseil d’Etat a suspendu l’arrêté de Villeneuve-Loubet, le 26 août 2016. Selon cette décision, qui a fait jurisprudence, un maire peut bien prendre des mesures pour réglementer l’accès à la plage ou à la baignade dans sa commune. Mais « les restrictions qu’il apporte aux libertés doivent être justifiées par des risques avérés d’atteinte à l’ordre public ». En l’espèce, le Conseil d’Etat a estimé que les tenues de baignade, notamment le fameux burkini, n’ont pas engendré de risques de trouble à l’ordre public dans la commune. L’arrêté pris par le maire de Villeneuve-Loubet ne se fondait par ailleurs pas « sur des motifs d’hygiène ou de décence ». Il portait donc « une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle ». Les mêmes réserves pourraient s’appliquer à une loi visant à interdire le port du voile ou, plus largement, de signes religieux « ostentatoires » dans l’espace public. 3. Les lois de 2004 et 2010 visaient des situations particulières Des précédents montrent qu’il reste possible de légiférer, mais que chaque mot compte pour éviter la censure. A commencer par la loi de 2004 sur « le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse » dans les établissements scolaires publics. La rédaction de ce texte a été largement soupesée. Bien qu’on l’évoque régulièrement dans le débat public comme la « loi sur le voile à l’école », il ne vise pas directement le voile, mais plus largement « le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse ». Et le Conseil d’Etat l’avait jugé conforme à la Constitution. Autre exemple : la loi de 2010 qui a interdit le port de la burqa ou du niqab dans l’espace public. Cette dernière ne visait pas les signes religieux, mais la dissimulation du visage, présentée comme un potentiel trouble à l’ordre public. Le Conseil constitutionnel a validé le texte du fait des précautions retenues dans sa rédaction, reconnaissant même que le fait pour une femme de dissimuler son visage était assimilable à « une situation d’exclusion et d’infériorité ». Par ailleurs, la peine retenue en cas de manquement à la loi (une contravention de 150 euros) a été estimée « proportionnée » à l’équilibre entre liberté et laïcité. 4. Une loi pour « interdire le voile », mais à quel titre ? Les deux lois citées précédemment s’appliquent à des situations particulières : la première porte sur les établissements scolaires publics au nom de la neutralité religieuse, la seconde vise la dissimulation du visage plutôt que le voile. Au contraire, une éventuelle loi interdisant le port du voile dans l’espace public serait plus générale et viserait, en fait, la pratique religieuse en elle-même. Il est difficile de se prononcer sur une loi qui n’est pas rédigée, mais l’affaire s’annonce complexe. En 2016, par exemple, l’entourage de Nicolas Sarkozy avait envisagé d’interdire le voile en s’appuyant sur la jurisprudence qui avait amené à interdire les « lancers de nains », au nom de l’atteinte à la dignité humaine. Cette piste avait finalement été écartée par l’ancien président de la République. Il faut dire que cette justification avait déjà été jugée fragile par le Conseil d’Etat en 2010. Ce dernier, qui explorait alors le sujet de l’interdiction du voile intégral dans l’espace public, jugeait « discutable juridiquement » d’invoquer la notion de dignité humaine « en particulier dans le cas où le port du voile intégral résulte de la volonté délibérée d’une personne majeure ». Il serait donc compliqué de reprendre cet argument pour le voile « simple ». Toutes ces difficultés juridiques n’empêchent pas plusieurs responsables politiques d’afficher leur volonté d’interdire le voile dans tout l’espace public, comme Marine Le Pen le fait depuis au moins 2010, sans détailler son projet. Contactée à ce sujet, la présidente du RN n’a pas donné suite à nos demandes de précisions.
Marine Le Pen a réaffirmé son souhait d’interdire le voile dans « l’intégralité de l’espace public ». Une telle loi aurait toutes les chances d’être censurée.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/10/24/une-loi-pour-interdire-le-voile-dans-l-espace-public-comme-le-veut-marine-le-pen-est-elle-possible_6016737_4355770.html
mlsum-fr-729
SEVERIN MILLET Chaque jour ou presque, Yves vient avec ses enfants au service de la vie scolaire de Cayenne. Arrivé début juillet en Guyane à la suite d’une mutation, cet enseignant n’a toujours pas trouvé de place pour ses trois enfants, en maternelle, CE1 et CM2. « C’est triste de les voir tourner en rond à la maison. Il ne faut pas que ça dure longtemps », lâche-t-il. Au service de la vie scolaire, on dénombre 419 enfants sur liste d’attente en maternelle, dont 292 en petite section, plus une cinquantaine en élémentaire. « Ils seront affectés par ordre d’arrivée des dossiers, lorsque les directeurs vont nous envoyer les radiations, explique Yann, un agent. Et ceux qui n’auront pas de place cette année seront affectés en priorité à la rentrée prochaine, au niveau supérieur. » En 2018, à la rentrée, plus de 300 enfants étaient sur liste d’attente en maternelle à Cayenne, et encore 215 en fin d’année scolaire. La population guyanaise a augmenté de 2,5 % par an entre 2011 et 2015, en raison d’une natalité élevée (3,6 enfants par femme), amplifiée par la reprise d’une immigration soutenue, avec près de 16 000 demandeurs d’asile enregistrés de 2015 à 2018, en majorité venus d’Haïti. La population « légale », base de calcul des dotations versées par l’Etat aux collectivités, est de 269 352 habitants au 1er janvier 2016, selon l’Insee. L’institut donne aussi une estimation de près de 297 000 habitants au 1er janvier 2019, pas assez étayée au niveau statistique pour servir de base légale. « Toutes nos écoles maternelles sont saturées », déplore Jean Laquitaine, 6e adjoint au maire de Cayenne, chargé de la scolarité. La construction d’une nouvelle école doit commencer en octobre, une autre est en projet, mais elles ne seront pas livrées avant deux ans. En faisant passer l’obligation d’instruction de 6 à 3 ans, la loi « pour une école de la confiance » a accentué la pression sur les mairies. « Avant, nous avions plus de souplesse, nous faisions parfois rentrer les enfants à 4 ans. Les parents pouvaient comprendre, explique Jean Laquitaine. Aujourd’hui, nous nous attendons à ce qu’ils nous disent : c’est la loi ! » « Une deuxième liste à côté » Le recteur ne cache pas les difficultés. « La prise en charge prévisionnelle des 3 ans devrait être à peu près de 70 % en moyenne, indique Alain Ayong Le Kama. Avec une scolarisation plus faible dans les villages isolés du fleuve Maroni, où les parents hésitent à mettre les tout-petits sur des pirogues à 5 heures du matin pour aller à l’école. » En 2014, l’Insee estimait à 80 % la scolarisation des enfants de 3 ans en Guyane.
Environ un tiers des enfants de 3 ans ne seront par scolarisés comme le prévoit désormais la loi. Les syndicats d’enseignants dénoncent l’absence de chiffres fiables.
https://www.lemonde.fr/education/article/2019/09/07/en-guyane-la-scolarisation-obligatoire-a-3-ans-met-les-ecoles-sous-pression_5507586_1473685.html
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La joie des Américaines au coup de sifflet final. FRANCK FIFE / AFP Avant même le début du premier match de cette Coupe du monde, la sélectionneuse des Etats-Unis, Jill Ellis, et ses joueuses étaient assaillies de questions sur un éventuel quart de finale entre les Américaines et les Françaises. Inlassablement, elles répétaient « prendre les matchs les uns après les autres », selon la formule consacrée. C’est désormais chose faite. Les Américaines ont éliminé l’Espagne en huitièmes de finale (2-1), lundi 24 juin, à Reims, et retrouveront les Bleues en quart de finale vendredi 28 juin au Parc des Princes (21 heures) pour ce qui constitue une sorte de finale avant l’heure. Mais, pour la première fois depuis le début de ce Mondial, les Américaines ont été mises en danger et ne se sont pas montrées aussi dominatrices qu’attendu face à une très valeureuse équipe espagnole. De quoi laisser quelques motifs d’espoir à l’équipe de France. Il a fallu deux penaltys transformés par Megan Rapinoe, capitaine d’un soir, pour se sortir du piège tendu par la Roja dans la chaleur étouffante du stade Auguste-Delaune. « Ces matchs à élimination directe sont tout à fait différents, plus stressants, ils se jouent sur des détails, a confirmé Megan Rapinoe, élue joueuse du match, après la rencontre. Mais nous avons de l’expérience et nous sommes restées compactes, concentrées et avons su saisir notre chance quand il le fallait. » « Ces difficultés peuvent nous renforcer pour les prochains matchs, a de son côté avancé Jill Ellis en conférence de presse. C’est une bonne chose que les joueuses qui n’avaient jamais disputé un Mondial connaissent un match plus compliqué. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine 2019 : Megan Rapinoe, forte tête et porte-voix Il faut dire que l’opposition est aussi montée crescendo pour la sélection américaine depuis le début de la compétition. Après la victoire record face à la Thaïlande lors du match d’ouverture (13-0), les Américaines ont battu le Chili (3-0) puis la Suède (2-0). Elles affrontaient une équipe d’Espagne décomplexée et qui a joué sans pression après avoir déjà réussi son pari en atteignant les huitièmes de finale. Les Espagnoles disputaient leur deuxième Coupe du monde après celle jouée au Canada en 2015, où elles n’avaient pu se qualifier pour les matchs à élimination directe. Les Américaines encaissent leur premier but Mais la Roja a réalisé d’énormes progrès et ne s’était inclinée que 1-0 lors de leur seule opposition face aux Etats-Unis, en match de préparation, en janvier. Treizième nation au classement de la FIFA, les joueuses de Jorge Vilda avaient prouvé qu’elles pouvaient rivaliser avec les meilleures sélections en livrant une prestation convaincante face à l’Allemagne, en match de poules, malgré une défaite 1 à 0. Elles avaient battu l’Afrique du Sud (3-1) pour leur première rencontre dans la compétition, avant d’arracher un match nul face à la Chine (0-0), synonyme de qualification pour les huitièmes de finale. Pour cette rencontre, Jill Ellis avait décidé de réintégrer dans son onze de départ, au milieu de terrain, Julie Ertz, légèrement blessée lors de la dernière rencontre face à la Suède. Lindsey Horan, qui avait été titulaire lors des trois premiers matchs mais sous la menace d’une suspension en cas de carton jaune, a quant à elle débuté le match sur le banc. Les Américaines n’ont pas traîné pour ouvrir la marque, comme lors de tous leurs matchs depuis le début de la compétition (13e minute face à la Thaïlande, 11e face au Chili, 3e face à la Suède). Cette fois, les Stars and Stripes ont attendu la 5e minute pour obtenir un penalty suite à une faute indiscutable de Corredera sur Alex Morgan. Megan Rapinoe n’a pas tremblé et a transformé son penalty en prenant la gardienne espagnole à contre-pied (7e). Une nouvelle controverse avec le VAR On pensait alors que les Américaines allaient marcher sur leurs adversaires mais les Espagnoles, qui s’étaient déjà procuré une bonne occasion dès la première minute du match, n’ont pas sombré. Au contraire, il ne leur aura fallu attendre que deux minutes et une grossière erreur de la gardienne américaine pour voir Jennifer Hermoso égaliser d’un subtil ballon piqué. Les Américaines, déstabilisées par ce premier but encaissé depuis le début de la compétition, ont ensuite repris le contrôle du match, avec notamment deux occasions de Rapinoe (13e) et Morgan (17e), mais elles se sont heurtées à des Espagnoles très volontaires et surtout prêtes au combat physique. La deuxième mi-temps est repartie sur des bases sensiblement identiques et les Espagnoles, dont on attendait qu’elles fléchissent après leur débauche d’énergie de la première mi-temps, ont réussi à imprimer le même impact dans les duels. Les Américaines ont dominé mais elles ont toujours été à la merci d’un contre espagnol et n’avaient jamais semblé aussi peu sereines depuis le début de la compétition. Elles ont dû s’en remettre à un nouveau penalty, celui-ci controversé, pour ne pas dire inexistant, sifflé puis validé avec l’intermédiaire de la VAR. Megan Rapinoe ne s’est en tout cas pas posé de questions pour transformer son deuxième tir au but de la soirée, celui de la victoire. Au coup de sifflet final, les Américaines sont restées mesurées dans leurs célébrations. Conscientes d’avoir été mise en grande difficulté alors qu’on ne leur trouvait pas de rivales depuis le début de la compétition. Des huées sont même tombées des tribunes du stade Auguste-Delaune. Suivies par des « Allez les Bleues ». Les joueuses de Corinne Diacre, poussives face au Brésil, savent désormais que les Américaines ne sont pas imbattables. Rendez-vous est pris.
Les Etats-Unis ont difficilement battu l’Espagne en huitièmes de finales (2-1), lundi. Elles retrouveront la France en quarts de finale, vendredi à Paris.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/24/coupe-du-monde-feminine-les-americaines-prennent-rendez-vous-avec-les-bleues_5480936_1616938.html
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Les animaux de compagnie consomment des ressources et polluent, comme leurs maîtres. NATHALIE SEROUX/ PLAINPICTURE LA LISTE DE LA MATINALE Qui soupçonnerait la boule de poils endormie sur le tapis de plomber le bilan carbone du foyer ? Chiens et chats se font oublier dans la mobilisation écologique en cours. Pourtant, les animaux de compagnie consomment des ressources et polluent, comme leurs maîtres. La France est particulièrement concernée : championne d’Europe de la possession de compagnons à quatre pattes (42 % des foyers en ont), il faut y nourrir 13,5 millions de chats et 7,3 millions de chiens, selon la Fédération des fabricants d’aliments. Si l’on tient compte des 3,4 millions de petits mammifères, 5,8 millions d’oiseaux et d’une flopée de poissons, la moitié des foyers abrite au moins un animal. Du nombre naît l’impact environnemental. Rien que dans l’Hexagone, 1,2 million de tonnes de produits d’alimentation sont vendues chaque année, et des centaines de milliers de tonnes de déchets générées. Oublierait-on, ingrats, que le chat fait office de bouillotte l’hiver, que le chien pousse à l’activité physique, que tous deux apaisent, brisent la solitude, réduisent rythme cardiaque et consommation d’anxiolytiques ? Certes. Mais un chien, par exemple, consomme en moyenne 164 kg de viande par an (et 95 kg de céréales). Une prise de conscience s’impose. Bonne nouvelle : les pistes sont nombreuses pour réduire leur impact sur la planète. Niveau débutant : acheter autrement Radius Images / Photononstop – Adopter votre animal en refuge. Et veiller à sa stérilisation. Point n’est besoin d’accroître encore la population animale domestique. – Eviter les accessoires neufs. Une fois lavé et débarrassé des odeurs rémanentes, le matériel de seconde main (bac à litière, panier, sac de transport, arbre à chat, gamelle…) chiné chez Emmaüs ou Leboncoin fera l’affaire. Idem pour les jouets, à moins que vous n’optiez pour ceux fabriqués avec des matériaux recyclés et recyclables, ou que vous ne les fabriquiez. Et vive la vieille balle de tennis ! – Privilégier la nourriture déshydratée (croquettes) pour les chiens, moins encombrante dans le transport de marchandises. Les sacs de grande contenance évitent de multiplier les emballages, mais le mieux est d’acheter en vrac, comme proposé dans certaines épiceries bio, animaleries, boutiques spécialisées (Day by Day) et cabinets vétérinaires. « Même pour les chats, qui sont de petits buveurs, les repas humides ne s’imposent plus depuis que la composition des croquettes a évolué pour éviter les problèmes de calculs urinaires », assure le Pr Grandjean, de l’Ecole vétérinaire de Maisons-Alfort. Si toutefois vous tenez aux pâtés et terrines, résistez aux charmes marketés des mini-barquettes et sachets individuels, suremballés, pour revenir aux boîtes de conserve.
Vous voulez réduire votre impact sur la planète ? Chaque mois, « La Matinale » vous propose ses conseils. Aujourd’hui, un sujet resté hors radars : nos animaux domestiques, adorés mais très (trop) polluants.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/03/chiens-et-chats-quatorze-gestes-pour-moins-polluer-en-leur-compagnie_5470590_3244.html
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Jean-Dominique Senard, le président de Renault, lors d’une conférence de presse au siège de Nissan, à Yokohama, au Japon, le 11 mars. BEHROUZ MEHRI / AFP Pendant tout l’après-midi du jeudi 6 juin, la rumeur a couru le monde parisien des affaires : « Jean-Dominique Senard va démissionner, c’est imminent », glissaient à l’oreille de leurs voisins, banquiers et communicants. Pendant ce temps, le président de Renault, répondait, impavide, à ses obligations en participant au conseil d’administration puis à l’assemblée générale de Saint-Gobain, dont il est aussi administrateur référent. Mais, dans sa tête, cela tournait forcément à cent à l’heure… L’échec, la nuit précédente, du projet de fusion entre Renault et Fiat Chrysler Automobiles (FCA) commence à laisser des traces. Alors que le conseil d’administration du groupe au losange avait demandé un report de la décision d’accepter ou non une union à 50-50 avec FCA, John Elkann, le président du groupe italo-américain a subitement retiré son offre estimant que « les conditions politiques en France ne sont pas complètement réunies pour qu’un tel rapprochement puisse être mené à bien ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Renault - Fiat Chrysler : la folle nuit qui a vu sombrer le projet de fusion Les spéculations sur une déstabilisation de M. Senard sont une première manifestation de ce qui menace d’être une crise rampante pour Renault. De fait, les deux tentatives successives pour relancer le groupe français lancées par celui qui est arrivé à la présidence de Renault seulement en janvier, se sont soldées par des revers. D’abord, le projet de resserrer fortement les liens capitalistiques avec son allié de vingt ans Nissan a été rejeté par le groupe japonais en avril. Et maintenant l’idée d’une fusion avec FCA est enterrée. « Nuit des dupes » Résultat, c’est un dirigeant à l’autorité affaiblie, qui présidera sa première assemblée générale mercredi 12 juin. L’épisode de cette « nuit des dupes » qui a abouti au retrait du projet de FCA laisse le sentiment que le pouvoir chez Renault est d’abord dans une sorte de duopole formé par l’Etat français, principal actionnaire de Renault, et les dirigeants de Nissan, épaulés par le gouvernement japonais. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Renault-Fiat Chrysler : des dirigeants fragilisés et toujours en quête d’un avenir Du côté de Bercy, un peu d’agacement s’est fait jour envers M. Senard dans la foulée de la rebuffade italienne : « Il a discuté avec FCA sans mettre Nissan au courant et il est revenu de Tokyo en interprétant de travers la position des Japonais. Cela n’a pas aidé », souligne une source proche du ministère de l’économie. Mais l’Etat ne voudrait surtout pas ajouter une crise majeure de gouvernance à l’enlisement actuel. Dans une interview au Figaro parue vendredi 7 juin, Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, a assuré accorder sa confiance à M. Senard. L’Elysée lui a aussi fait passer le message qu’Emmanuel Macron comptait sur lui dans ces moments compliqués. De quoi rasséréner ce serviteur de l’industrie française meurtri par l’épisode.
Le retrait subit de l’offre italo-américaine a mis en lumière le rôle ambivalent de l’Etat, premier actionnaire du constructeur français.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/07/jean-dominique-senard-affaibli-renault-enlise-le-cout-de-la-fusion-ratee-avec-fiat_5472925_3234.html
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Le jeune couple Holland (Keeley Hawes et Ed Stoppard) et sa maisonnée. Chérie 25/BBC CHÉRIE 25 – SAMEDI 31 AOÛT À 21 H 05 – SÉRIE Les cinq saisons d’Upstairs Downstairs, entre 1971 et 1975, furent un gigantesque succès populaire, tant en Angleterre qu’à l’international. A l’époque, cette saga sur la vie d’une famille aristocrate et de sa domesticité scotcha quelque 300 millions de spectateurs de trente pays différents devant le petit écran. L’on y découvrait les grandeurs et misères de la riche famille Bellamy (sise au 165, Eaton Place, à Londres) et de son personnel de maison, du début du XXe siècle jusqu’à la première guerre mondiale puis la Grande Dépression, soit la période 1903-1930. Les projecteurs y étaient aussi souvent dirigés vers « les gens d’en haut » que ceux « d’en bas », les domestiques, afin d’établir une égalité de traitement entre classes sociales – en plus d’une parité entre rôles masculins et féminins. Quarante ans plus tard, de 2010 à 2012, la BBC a décidé de donner une suite à cette saga : neuf nouveaux épisodes d’Upstairs Downstairs (Maîtres et Valets), diffusés par Chérie 25 chaque samedi à partir du samedi 31 août. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Maîtres et valets Cette suite voit de nouveaux propriétaires s’installer au 165, Eaton Place, déserté depuis six ans : les Holland, un jeune couple de « nouveaux riches », comme le note une cuisinière, lui haut fonctionnaire dans la diplomatie, elle organisant des réceptions pour accompagner la carrière de son mari. « C’est un vrai conte de fées ! », se rengorge la nouvelle propriétaire en investissant sa somptueuse demeure. Des airs de soap dans une époque indécente Première tâche d’envergure pour elle : diriger de grands travaux de décoration et rechercher un chauffeur-homme à tout faire, un majordome ayant une expérience de sommelier, une gouvernante à même de mettre de l’huile dans les rouages, la meilleure cuisinière de la place, une bonne, une fille de cuisine et un garçon d’office-valet de pied. Tandis que son époux n’aura de cesse d’alerter son gouvernement sur les risques de guerre que font courir les pourparlers sans fin ni fermeté, trois ans durant, avec Hitler et son ambassadeur au Royaume-Uni, Joachim von Ribbentrop. Intrigues amoureuses, disputes familiales et trahisons donnent à l’ensemble des airs de soap. L’époque se montre particulièrement sombre et turbulente, pour ne pas dire indécente, lorsque s’ouvre cette suite de Maîtres et Valets : non seulement George V, roi du Royaume-Uni et empereur des Indes, meurt en ce début de 1936, mais son fils, Edouard VIII, décide d’abdiquer à la fin de cette même année pour pouvoir épouser celle qu’il aime, Wallis Simpson, roturière américaine deux fois divorcée. La royauté, le sens du devoir et les mœurs ne sont décidément plus ce qu’ils étaient. Une trop rude concurrence Cette suite d’Upstairs Downstairs a connu un beau succès critique et populaire à ses débuts… avant de se voir peu à peu délaissée pour une autre série lancée elle aussi en 2010. Downton Abbey (2010-2015) met également en scène une famille d’aristocrates et ses serviteurs. Ses épisodes feront le tour du monde. Et une version grand écran, qui se déroulera deux ans après la fin de la série, en 1927, doit même sortir en salle ce 25 septembre. Ecriture pas assez aboutie, moyens insuffisants, ainsi que la disparition, après trois épisodes, d’un des personnages les plus piquants de Maîtres et Valets (Lady Maud Holland, qui aurait pu être le pendant de la fameuse comtesse douairière qu’interprète Maggie Smith dans Downton Abbey), ont eu raison de cette suite de Maîtres et Valets après neuf épisodes. Maîtres et Valets, série d’Heidi Thomas. Avec Keeley Hawes, Ed Stoppard, Claire Foy, Adrian Scarborough (GB, 2010, 9 × 60 min). Trois épisodes le 31 août, puis deux chaque samedi soir.
La suite d’«Upstairs Downstairs », l’autre série d’époque – très « british » – sur la vie de château, est diffusée en France.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/31/maitres-et-valets-ancetre-de-downton-abbey_5504968_3246.html
mlsum-fr-734
Un rétrovirus se répand dans la population des koalas, qui se transmet par contact entre individus mais aussi entre générations. OWEN WILSON Zoologie. Tout le monde aime le koala. Les enfants s’émerveillent devant ce qui ressemble furieusement à un nounours vivant. Les adultes envient sa douce existence, partagée entre dix-neuf heures de sommeil quotidien et trois à cinq heures de dégustation de feuilles d’eucalyptus. Quant aux Australiens de tout âge, après l’avoir copieusement chassé pour accaparer son épaisse fourrure, ils vouent désormais un culte à cet emblème national menacé par le recul de la forêt. Il est une autre catégorie de la population qui adore l’animal. Médecins, généticiens, biologistes moléculaires, ils l’observent même comme un nouveau messie. Car, depuis quelques dizaines d’années, le petit marsupial fait face à une épizootie virale d’un genre particulier. Un vilain rétrovirus se répand en effet dans sa population, qui favorise notamment l’apparition de cancers. En étudiant sa transmission, une équipe de chercheurs américains et australiens a mis en évidence un nouveau type d’immunité innée, au niveau génomique. L’annonce en a été faite, jeudi 10 octobre, dans la revue Cell. Petit rappel Pour en mesurer la portée, un petit rappel s’impose : pour se développer, un rétrovirus intègre l’ADN d’une cellule hôte, qui se charge ainsi de le disséminer – et de nourrir l’infection. De nombreuses cellules sont attaquées. Les cellules germinales, celles qui contribuent à notre hérédité, sont en revanche presque toujours épargnées. Presque… Depuis des millions d’années, nos ovocytes et spermatozoïdes sont restés imperméables aux virus. Mais au fil de l’évolution, quelques épidémies ont laissé des traces, si bien qu’on estime que 8 % de notre patrimoine génétique provient de fragments de virus. Pour le pire et pour le meilleur : ainsi, l’un des gènes nécessaires au développement du placenta des mammifères nous a été légué par une attaque virale. Le rétrovirus KoRV-A, qui frappe les koalas sauvages, est précisément de cette catégorie. Il se transmet par contact entre individus mais aussi entre générations. La plupart des petits naissent ainsi désormais avec le virus dans leur génome. « Ça survient sous nos yeux, ce qui en fait le système idéal pour étudier la réponse à une infection du génome », insiste le coordonnateur de l’étude, William Theurkauf, professeur à l’école de médecine de l’université du Massachusetts. Un moment essentiel, l’épissage Comment les cellules germinales combattent-elles le virus ? Les chercheurs ont décortiqué le processus et mis le doigt sur un moment essentiel, l’« épissage ». Pour être transcrit, un gène produit un premier ARN qui est « épissé », à savoir débarrassé de ses portions inutiles. Le virus, en revanche, pour se répliquer et propager l’infection, produit un ARN complet, non épissé. Dans les cellules germinales, et c’est ce que l’équipe du professeur Theurkauf a mis en évidence, cet ARN du rétrovirus est reconnu et taillé en pièces. L’infection ne parvient alors à se propager, comme chez le koala australien, que si un ARN viral échappe à ce découpage.
Le marsupial australien subit une épidémie de rétrovirus qui affecte sa descendance. L’occasion de découvrir un nouveau type d’immunité.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/13/le-koala-modele-viral-malgre-lui_6015349_1650684.html
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Pendant le match Madagascar-Tunisie, le 11 juillet à Tunis. FETHI BELAID / AFP C’est bien connu en Tunisie, l’équipe nationale a toujours mal commencé les coupes d’Afrique des nations (CAN). Mais les Aigles de Carthage semblent avoir brisé le sort : alors qu’ils n’avaient jamais dépassé le second tour depuis quinze ans, les voilà désormais à l’affiche des demi-finales. Dimanche 14 juillet, au Caire, ils doivent affronter les Lions du Sénégal. Avant même l’issue du match, dans les rues de Tunis, les « unes » dithyrambiques des journaux célèbrent une équipe avec laquelle les Tunisiens se sont réconciliés. Il aura fallu un peu de temps. La Tunisie peut compter cette année sur une bonne carte offensive avec le trio de milieux de terrains Youssef Msakni, Wahbi Khazri et Naïm Sliti. Mais jusqu’aux dernières rencontres, le rendement de l’équipe n’était pas à la hauteur de ses victoires dans les matchs de préparation. « Tout le monde a été surpris » La CAN aura été forte en émotions, confirme le journaliste sportif Mourad Zeghidi, de ses « débuts catastrophiques » jusqu’à l’« embellie face au Ghana ». Ce match, lundi 8 juillet, a marqué un tournant, envoyant les Tunisiens en quarts de finale après une victoire arrachée aux tirs au but. Invité sur un plateau de la télévision nationale, un diseur de bonne aventure a prétendu avoir « figé » le gardien ghanéen. La polémique provoquée par cette étrange affirmation s’est vite éteinte. Tout comme les critiques qui fusaient, depuis le début de la compétition, à propos des choix du nouveau sélectionneur, Alain Giresse Beaucoup de supporters rêvent désormais d’une finale, et pourquoi pas face à l’Algérie, elle aussi qualifiée pour les demies. « Nous sommes comme des frères, et ils ont fait un super parcours, ce serait l’idéal », témoignait Salim dans un café regorgeant de clients, jeudi soir, jour de victoire de la Tunisie contre Madagascar. Lire aussi CAN 2019 : la Tunisie met fin au rêve de Madagascar D’autres se montrent plus réalistes. A Montplaisir, dans le centre-ville de Tunis, Mohamed Ali Jamoussi, opticien, pense qu’il faudra de la chance pour l’emporter encore. « Tout le monde a été surpris du parcours de la Tunisie, je vais regarder le match contre le Sénégal à la maison car je ne sais pas si on va gagner cette fois », déclare ce fan qui suit toutes les compétitions depuis les années 1980. « On n’a pas vraiment une équipe en laquelle on peut croire à 100 %, ajoute Fateh Boukholda, gérant d’une société et originaire de Ben Guerdane, au sud de la Tunisie. Elle reste imprévisible et n’a pas forcément la même performance technique et physique que le Sénégal. » Selon lui, une victoire ne peut être qu’« accidentelle ». « Je pense que cette année, c’est la bonne » De fait, l’équipe nationale devra faire face à la fatigue mais aussi à des joueurs réputés chez les Lions du Sénégal, comme l’attaquant Sadio Mané qui joue à Liverpool et les défenseurs Kalidou Koulibaly (Naples) et Moussa Wagué (FC Barcelone). « Nous n’avons pas des joueurs aussi renommés mais l’équipe nationale a le mérite d’être solide et réaliste et son jeu commence à bien se dessiner depuis le premier tour », nuance Mourad Zeghidi, qui anime quotidiennement une émission consacrée à la CAN sur la chaîne El Hiwar Ettounsi. Dans le passé, les deux sélections se sont rencontrées cinq fois en phase finale de Coupe d’Afrique, avec une victoire chacun et trois matchs nuls. L’espoir est donc permis. Le gouvernement tunisien a affrété quatre avions afin de transporter les supporters. Certains hésitent encore à aller en Egypte avant le résultat de dimanche, mais d’autres sont déjà sur place, comme Hayder Naimi, un Tunisien vivant en France et qui a toujours soutenu l’équipe nationale : « Je pense que cette année c’est la bonne car les Egyptiens nous soutiennent aussi. Ils adorent Ferjani Sassi qui évolue comme milieu de terrain au club du Zamalek [au Caire]. » Pour lui, la CAN permet aussi de dépasser les rivalités entre supporters tunisiens liés aux clubs de football, très suivis en Tunisie. Une nouvelle victoire offrirait une parenthèse bienvenue aux Tunisiens Face aux attentes de leur public, les joueurs de l’équipe nationale gardent leur sang froid et leur humour. Alors qu’en début de compétition, ils subissaient les moqueries de supporters qui leur reprochaient de faire plus attention à leur coiffure qu’à leur jeu, ils ont chanté en rimes dans les vestiaires, après l’avoir emporté face au Ghana : « Kératine, Kératine, manech mrawhin » (« Kératine, Kératine, on ne rentrera pas de sitôt finalement »). Une nouvelle victoire offrirait une parenthèse bienvenue aux Tunisiens, dans un contexte économique sécuritaire tendu, alors qu’un double attentat a frappé Tunis le 27 juin. Jeudi soir, les scènes de liesse dans les rues de la capitale et le bruit tonitruant des klaxons, en ont donné un avant-goût. « Nous avons besoin d’être un peu heureux, ça fait longtemps que l’on ne l’a pas été », témoigne Mohamed Ali Jamoussi. Lilia Blaise (à Tunis) Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 sur WhatsApp
Après des débuts laborieux, l’équipe nationale a réussi à se qualifier pour la demi-finale, jouée dimanche face au Sénégal.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/14/can-2019-en-tunisie-les-supporters-commencent-enfin-a-y-croire_5489306_3212.html
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Tribune. Le 5 juin, Fariba Adelkhah, anthropologue, et Roland Marchal, sociologue, tous deux chercheurs à Sciences Po, ont été arrêtés en Iran sous prétexte d’atteinte à la sécurité de l’Etat. Cette accusation est grotesque. Dût-elle, qu’à Dieu ne plaise, être relayée par des aveux télévisés dont la République islamique est coutumière, elle ne gagnerait pas en crédibilité. Fariba Adelkhah et Roland Marchal n’ont aucune activité politique en Iran ou à l’encontre de l’Iran, ne sont liés à aucun service de renseignement, n’ont d’autre agenda que scientifique. Ils sont des prisonniers scientifiques. Téhéran a pris pour gage, dans l’opacité d’on ne sait quelle négociation diplomatique sur fond de crise régionale, deux chercheurs dont les travaux ont éclairé les réalités nuancées de la République islamique, pour l’une, le jeu asymétrique des pays occidentaux dans cette partie du monde, pour l’autre. En les arrêtant, les gardiens de la Révolution se sont tiré une première balle dans le pied. Ils laissent le champ libre à toutes les outrances que l’on entend au sujet de l’Iran. Comment travailler de concert en sachant que des collègues croupissent dans les geôles de Téhéran ? Fidèles à leur conception particulière de la diplomatie, ils s’en sont tiré une deuxième dans le genou en s’en prenant à la France qui, certes, ne s’est jamais montrée favorable aux intérêts iraniens au Moyen-Orient et vend quantité d’armes à l’Arabie saoudite, mais s’efforce de tempérer les ardeurs du président américain Donald Trump et de sauver l’accord nucléaire de 2015. Etrange manière d’épauler une médiation, à moins qu’il ne s’agisse de la torpiller. Curieuse façon de rompre l’isolement de l’Iran. La suspension de toute forme de coopération universitaire et scientifique avec la République islamique – hormis l’accueil d’étudiants – s’impose d’elle-même. Par solidarité professionnelle avec Fariba Adelkhah et Roland Marchal, mais aussi avec la quinzaine de chercheurs étrangers arrêtés dans les mêmes conditions ces derniers temps. Lire aussi Un second chercheur français détenu en Iran La décence l’exige également. Comment travailler de concert en sachant que des collègues croupissent dans les geôles de Téhéran ? La précaution la plus élémentaire rend aussi inévitable cette mesure. Le ministère des affaires étrangères demande d’ailleurs aux ressortissants français de ne plus se rendre en Iran, et le CNRS y interdit toute mission. Les établissements universitaires qui passeraient outre prendraient un risque juridique insensé. Les familles de leur personnel seraient en droit de se retourner contre eux en cas d’arrestation.
La détention en Iran, qui vient d’être rendue publique, de deux chercheurs français, Fariba Adelkhah et Roland Marchal, arrêtés par les gardiens de la Révolution, impose le gel immédiat de toute coopération universitaire avec ce pays, souligne, dans une tribune au « Monde », Jean-François Bayart, spécialiste de politique internationale et professeur à Genève.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/29/il-faut-suspendre-toute-forme-de-cooperation-universitaire-et-scientifique-avec-l-iran_6017281_3232.html
mlsum-fr-737
Vue ouest du dernier étage de la tour Eiffel, à Paris, le 8 juillet 2019. CAP FRANCE 3 - MERCREDI 18 SEPTEMBRE À 21 H 05 - DOCUMENTAIRE Les 130 ans de la tour Eiffel ne sont qu’un prétexte pour attirer le téléspectateur vers ce numéro spécial Journées du patrimoine de « Des racines et des ailes », magazine qui a la particularité de durer deux heures. Une belle « accroche » (50 minutes) néanmoins qui évite l’écueil de la redite sur un sujet maintes fois traité. A raison : 7 millions de visiteurs annuels, plus de 300 mètres de hauteur, 7 000 tonnes de fer (et non de fonte ou d’acier), le monument emblématique de Paris et de la France ne cesse de susciter l’admiration. Certains sujets parviennent encore à surprendre, comme la reconstitution du chantier de construction à l’aide d’images 3D. Ou le rappel de l’opposition de l’écrivain Guy de Maupassant et de l’architecte Charles Garnier, entre autres, exigeant la destruction de cette tour accusée de faire de l’ombre à l’Ecole militaire – l’historien Pascal Ory le raconte bien. Dans la salle des machines du seul ascenseur encore d’époque, Yann Lenoir explique comment, en faisant avancer un chariot de 16 m par la seule énergie hydraulique, Eiffel conçut un système qui élève la double nacelle de 125 m, ce qui constitue une des plus grandes prouesses du XIXe siècle. Deux chefs étoilés La visite des cuisines est un incontournable. Deux restaurants se partagent la clientèle, le 58 Tour Eiffel (à la carte élaborée par le chef étoilé Thierry Marx) et le Jules-Verne. Dans la cuisine de ce dernier, un autre « étoilé », Frédéric Anton, supervise le dressage de tout petits flans de poireau au caviar, sur lesquels il dépose « 5 ou 6 » mini-croûtons à la pince à épiler… Les contraintes d’espace et de poids, très strictes sur la « dame de fer », sont respectées. Carole Gaessler reprend la main pour élargir le sujet à un contemporain de Gustave Eiffel : Hector Guimard, concepteur des bouches du métro parisien et architecte précurseur de la Belle Epoque : le Castel Béranger et l’Hôtel Guimard, dans le 16e arrondissement, sont juste évoqués au profit du méconnu Hôtel Mezzara. Beaucoup découvriront également l’attraction phare du Musée des arts forains, un manège vélocipédique, ainsi que le magnifique Bouillon Julien, qu’ils quitteront à regret pour une longue (40 minutes) et classique séquence consacrée au cabaret du Moulin Rouge. La tour Eiffel a 130 ans, présenté par Carole Gaessler (120 min). www.france.tv/france-3/des-racines-et-des-ailes/
Le magazine patrimonial nous surprend pour les 130 ans de la dame de fer, grâce à des angles originaux et en élargissant le sujet à la Belle Epoque.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/18/des-racines-et-des-ailes-redecouvrir-la-tour-eiffel-patrimoine-decidement-inepuisable_5512021_3246.html
mlsum-fr-738
Un groupe d’adolescents fait face aux policiers sur Trinity Street, dans le quartier de Carrick Hill, à Belfast. TOBY BINDER Si certains craignent que l’Irlande du Nord replonge dans les luttes intercommunautaires, beaucoup pensent que le Brexit pourrait remettre sur la table l’hypothèse d’une réunification de l’Irlande, un siècle après la séparation de 1921. Il y a ceux qui envisagent le chaos, d’autres un tournant historique, et d’autres encore le statu quo. Nul, en vérité, ne sait ce qu’il adviendra de cette terre encore en convalescence de trois décennies de conflit (1969-1998), précipitée dans l’inconnu par la décision britannique, lors du référendum de 2016, de quitter l’Union européenne (UE). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Irlande du nord : la double frontière du Brexit « C’est compliqué… » Laurence McKeown boit une gorgée de thé et cherche ses mots. Rencontré sur la frontière entre les deux Irlandes, où il vit, l’ancien prisonnier et gréviste de la faim de l’IRA (Armée républicaine irlandaise), devenu un intellectuel influent et un écrivain respecté, a un sourire en coin. Il existe deux tics de langage en Irlande du Nord, et ce dramaturge n’y échappe pas. Le premier consiste à entamer l’exposé de la situation politique par : « C’est compliqué… » Le second est, à propos du Brexit, de commencer ensuite une phrase sur deux par : « Ironiquement… » « Ironiquement, Londres, les brexiters et les unionistes nord-irlandais ont fait davantage avancer la cause d’une Irlande unie que des décennies de conflit… » Laurence McKeown, ancien prisonnier et gréviste de la faim de l’IRA Laurence McKeown se lance : « Ironiquement, Londres, les brexiters et les unionistes nord-irlandais ont fait davantage avancer la cause d’une Irlande unie que des décennies de conflit… » C’est le débat du moment, de Belfast à Dublin. Les unionistes pro-Brexit se sont-ils tiré une balle dans le pied en soutenant les conservateurs britanniques lors du référendum de 2016 sur l’Union européenne ? Ont-ils finalement été « trahis », comme ils le prétendent dorénavant, par le premier ministre, Boris Johnson, lors des dernières négociations avec l’UE ? « Le fait est que c’est la première fois de l’histoire irlando-britannique que les unionistes n’obtiennent pas ce qu’ils veulent de Londres, qui n’est plus en mesure de le leur accorder, pense Laurence McKeown. C’est aussi la première fois que l’Irlande a une position politique si forte, avec l’idée d’une possible réunification qui se répand à travers l’île. » Un garçon joue au football devant le drapeau anglais peint sur le mur , dans le quartier de Shankill à Belfast. Extrait du livre « Wee Muckers – Youth of Belfast », de Toby Binder. TOBY BINDER L’accord négocié par M. Johnson avec l’Union européenne, le 17 octobre, ne prévoit pas, ainsi que le redoutaient les républicains irlandais, une douane terrestre à la nouvelle frontière de l’UE entre les deux territoires d’Irlande, mais un contrôle douanier entre Royaume-Uni et Irlande du Nord, dit contrôle « en mer d’Irlande » – ce que dénonce le Parti unioniste démocratique (Democratic Unionist Party, DUP). Criant à la « trahison », le DUP, qui dispose de dix sièges à Westminster, a refusé, bien qu’ayant toujours soutenu les conservateurs et le Brexit, de voter en faveur du nouvel accord Londres-Bruxelles.
Un siècle après la séparation de 1921, le Brexit fait renaître le spectre des violences et rouvre l’horizon d’une réunification des deux Irlandes.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/01/irlande-du-nord-les-troubles-du-brexit_6017696_3210.html
mlsum-fr-739
Evêques réunis à Notre-Dame du sanctuaire, à Lourdes (Hautes-Pyrénées), le 5 novembre. PASCAL PAVANI / AFP Les évêques catholiques diront par un vote, samedi 9 novembre, à Lourdes (Hautes-Pyrénées), s’ils sont prêts à accorder aux victimes de prêtres ou de religieux pédocriminels « une somme versée en reconnaissance de la souffrance » causée par les actes commis, mais aussi par les dysfonctionnements de la hiérarchie ecclésiale dans ces affaires. Cette formulation leur a été proposée jeudi, lors de leur assemblée plénière, par une commission de la Conférence des évêques de France (CEF) mandatée pour réfléchir à ce sujet brûlant. Depuis plusieurs mois, l’appellation de cette réparation a donné lieu à un débat sémantique apparemment byzantin, mais qui reflète en réalité une question de fond : l’Eglise catholique se reconnaît-elle une responsabilité, en tant qu’institution, dans les violences sexuelles commises par des clercs sur des enfants au cours des dernières décennies ? Lire aussi Pédophilie : le pape déçoit les victimes Cette question est au cœur des discussions des évêques français, réunis à huis clos jusqu’à dimanche. Elle se heurte, parmi eux, à des objections. Au contraire, les quatre victimes invitées à leurs travaux font de la reconnaissance de cette responsabilité de l’institution une question de principe. « Indemnisation » Il y a un an, les prélats avaient voté le principe d’un « geste financier ». C’est la traduction, dans les faits, de cette décision de principe dont il est aujourd’hui question. Il y a quelques jours, le secrétaire général de la CEF, Thierry Magnin, avait parlé d’une « allocation de reconnaissance financière » qui « ne sera pas une indemnité » mais plutôt « un forfait ». Ces acrobaties lexicales ont hérissé les victimes invitées à Lourdes. « Un geste financier, c’est condescendant, on ne demande pas la pitié ! Une allocation, c’est pour une prestation sociale. On n’a pas besoin d’être assisté ! », résume par exemple Véronique Garnier, 58 ans, agressée par un prêtre lorsqu’elle était âgée de 13 à 15 ans. « Une allocation, c’est pour une prestation sociale. On n’a pas besoin d’être assisté ! » Comme d’autres, elle plaide depuis des mois pour que l’Eglise verse une « indemnisation », liée pour elle à la reconnaissance d’une responsabilité. « La notion de responsabilité de l’institution est essentielle pour nous », insiste Michel, un prêtre victime, dans son enfance, d’un autre prêtre. Jean-Luc Souveton, prêtre lui aussi agressé dans sa jeunesse, résume : « Il faut une indemnisation, qui marquerait de la part de l’Eglise la reconnaissance de sa responsabilité. Elle a couvert pour étouffer. Derrière cela, il y a la question de savoir si on va aller à la racine de ce qui a permis les abus. Le flou de la communication est révélateur de divergences d’opinion parmi les évêques. »
Réunis à Lourdes, les évêques de France doivent voter samedi sur le principe d’« une somme versée en reconnaissance de la souffrance ». Chaque mot est pesé, face à la demande des victimes.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/08/pedophilie-a-lourdes-l-eglise-debat-de-sa-responsabilite_6018525_3224.html
mlsum-fr-740
À Paris, le 17 octobre. BRUNO LEVY POUR « LE MONDE » Présenté par les Etats-Unis comme une entreprise à risque pour leur sécurité nationale, le géant chinois Huawei doit désormais se passer des services de Google pour ses derniers smartphones et se trouve en mauvaise posture pour imposer ses solutions sur le marché mondial de la 5G. Ken Hu, le dirigeant exécutif de la société, répond aux accusations américaines et présente au Monde les perspectives de développement de la société. Huawei vient de publier des résultats financiers en hausse. Est-ce à dire que les sanctions américaines ne portent pas préjudice à votre activité ? Nous avons su surmonter les difficultés. L’état financier de la société est bon, et nous n’avons jamais interrompu les livraisons à nos clients. Nos résultats financiers sur les neuf premiers mois de 2019 nous donnent satisfaction, avec une hausse de plus de 24 % de nos recettes au niveau mondial, et des revenus qui s’élèvent déjà à 85,7 milliards de ­dollars [76,7 milliards d’euros]. De fait, nous avons la conviction que nos revenus pour l’année entière dépasseront les 100 milliards de ­dollars. Nos ventes en Europe sont restées stables malgré la situation, même s’il est vrai que ­notre marché national [la Chine] est beaucoup plus dynamique qu’avant, notamment pour la vente de smartphones. Lire aussi Huawei poursuit sa croissance malgré les sanctions américaines Cependant, les sanctions qui nous visent ne sont pas sans impact sur la bonne marche de la société. Dans la conception et la fabrication de nos produits, les choix technologiques ont toujours été fondés sur une économie mondialisée et une chaîne d’approvisionnement mondiale, dans laquelle les fournisseurs américains jouent un rôle très important. Nous achetons beaucoup de composants et de pièces aux Etats-Unis. Dorénavant, nous sommes contraints de nous ­tourner davantage vers les fournisseurs européens, japonais et chinois. Cela représente un supplément de coût, car nous devons pour cela investir afin d’évaluer et de valider ces entreprises, leurs technologies et leurs produits. Comprenez-vous les craintes que suscite Huawei, en particulier au niveau de ses relations avec l’Etat chinois ? Si l’on a des craintes seulement parce que l’on nourrit des soupçons, ce n’est favorable ni à l’économie ni au progrès technologique. Il faut observer les faits, chercher les preuves. Nous ne pouvons prédire l’avenir, mais nous pouvons regarder le passé. En trente ans, il n’y a jamais eu de preuve de problèmes de sécurité chez Huawei En trente ans, il n’y a jamais eu de preuve de problèmes de sécurité chez Huawei. Mais je peux répondre d’un point de vue juridique. La loi chinoise impose certaines obligations aux entreprises, mais cette contrainte ne s’étend pas au-delà de la frontière nationale. Pour ce qui est de la protection des données, nous sommes en parfaite conformité avec le cadre de régulation européen, et toutes nos données en Europe ne quitteront jamais l’Europe.
Le patron du géant chinois des télécommunications, Ken Hu, bat en brèche les accusations américaines visant sa société.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/21/les-problemes-auxquels-huawei-fait-face-ne-sont-que-passagers_6016300_3234.html
mlsum-fr-741
Une Bastholm (à droite) et Arild Hermstad (à gauche), du Parti de l’environnement, célèbrent leurs résultats aux élections locales, le 9 septembre à Oslo. HAKON MOSVOLD LARSEN / AFP Difficile de faire plus imagé que le titre de cette analyse publiée sur le site de la télévision publique norvégienne NRK, mardi 10 septembre. « Les Norvégiens font un doigt d’honneur aux partis établis », écrit le journaliste politique Lars Nehru Sand, résumant ainsi la gifle infligée la veille, lors des élections communales et régionales, aux deux formations historiques que sont le Parti travailliste et le Parti conservateur (Hoyre). C’est désormais presque une tradition dans les pays scandinaves. A chaque scrutin, les grands partis reculent, tandis que les petites formations progressent, contribuant à une fragmentation de plus en plus marquée du paysage politique. Les élections norvégiennes ne font pas exception. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des « gilets jaunes » norvégiens contre les péages urbains Pour les travaillistes, la défaite est historique. Ils perdent huit points dans les communes, neuf points dans les comtés. A une certaine époque, pourtant, « travaillistes et conservateurs pouvaient obtenir ensemble environ 70 % des voix », rappelle le quotidien Aftenposten dans son éditorial, le lendemain du vote. Aujourd’hui, ils ne sont qu’à 45 %, incapables de garder leurs électeurs historiques et tout aussi incapables d’en attirer de nouveaux. Travaillistes et conservateurs s’avèrent incapables de garder leurs électeurs historiques Ils ne sont pas les seuls : les trois partenaires des conservateurs au gouvernement – le Parti du progrès (Fremskrittspartiet, FrP), les chrétiens-démocrates et les libéraux – reculent également. Aucun ne parvient à capitaliser sur l’entrée en scène d’un nouveau parti politique : Folkeaksjonen nei til mer bompenger (Action populaire en faveur du non à l’augmentation des péages urbains, FNB). Né en 2014 sur les réseaux sociaux, ce mouvement de protestation réclame la suppression des péages installés à l’entrée des grandes villes, et dont le nombre a fortement augmenté ces dernières années. Il séduit particulièrement les habitants des banlieues et des quartiers périphériques, lassés de payer toujours plus pour financer des projets de développement de transports publics dans les centres-villes. Lundi, le FNB a enregistré son meilleur résultat (22 %) à Alver, une commune nouvellement créée, rassemblant une dizaine de petites localités, en bordure de Bergen, la deuxième ville du pays, où il réalise son second meilleur score (16 %). A Stavanger, troisième ville de Norvège, il arrive en troisième position, devant le Parti du progrès. Avant de faire campagne contre l’immigration, la formation populiste s’est longtemps profilée comme le parti des automobilistes, défendant la construction de routes et autoroutes, financée par l’argent du pétrole. Or, depuis son entrée au gouvernement en 2013, le FrP, dont la responsable, Siv Jensen, occupe les fonctions de ministre des finances, a donné son feu vert à de nombreux projets de péages.
Le double scrutin de lundi a confirmé l’éclatement du paysage politique. Alors que les travaillistes enregistrent une défaite historique, les trois partenaires des conservateurs au gouvernement reculent également.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/11/poussee-du-vote-contestataire-aux-elections-locales-en-norvege_5509138_3210.html
mlsum-fr-742
Benjamin Griveaux a estimé que Cédric Villani avait « toute sa place » dans son équipe. Vincent Isore / IP3 PRESS/MAXPPP Cédric Villani briguera-t-il malgré tout un mandat à la Mairie de Paris ? Le député et candidat malheureux à l’investiture de LRM pour les élections municipales de Paris a annoncé, jeudi 11 juillet, qu’il « ne se prononcera pas sur un soutien » à Benjamin Griveaux, investi par la Commission nationale d’investiture (CNI) du parti, « avant septembre ». « Il donnera rendez-vous en septembre et se laisse l’été pour consulter son entourage et ses amis », a ajouté son entourage, assurant que « tout cela ne remet pas en cause le soutien de M. Villani à l’action du président de la République ». Une position qu’il a réitérée sur le plateau de BFM-TV jeudi soir, assurant sa loyauté et rappelant qu’il doit son entrée en politique à Emmanuel Macron. Mercredi, Benjamin Griveaux a expliqué que sa « mission, maintenant, c’est de rassembler un collectif, une équipe pour faire gagner les Parisiens », assurant Cédric Villani qu’il avait « toute sa place » dans son équipe. Lire aussi Elections municipales à Paris : Benjamin Griveaux choisi pour représenter LRM Une défaite difficile à digérer Au lendemain de cette désignation, les deux hommes ne s’étaient pas encore parlé au téléphone pour évoquer la suite de la campagne et le rôle que pourrait y jouer le médaillé Fields. Le candidat déçu dénonce un « appareil politique [qui] dysfonctionne » et veut « être le garant de l’ADN d’En marche, fondé sur le renouvellement des visages mais aussi des pratiques », a ajouté son entourage. La veille, M. Villani n’avait pas caché sa déception, avant l’annonce officielle de la commission nationale d’investiture (CNI), regrettant sur Twitter que « ce qui était annoncé de longue date [soit] désormais acquis : il est clair que je n’obtiendrai pas d’investiture de l’appareil de LRM ». Un des membres de la CNI, le sénateur Alain Richard, l’avait appelé à « se reprendre ». « J’ai entendu à mon égard des menaces, notamment l’exclusion, je ne m’exprime jamais sous la menace », a clarifié Cédric Villani sur le plateau de BFM-TV jeudi soir. Le mathématicien a proposé une discussion privée à son rival, Benjamin Griveaux. Ce dernier a rapidement réagi : « Je me réjouis qu’il me tende la main et je lui répondrai. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi A la veille des municipales, La République en marche en mal de démocratie interne
Le candidat, qui a perdu l’investiture LRM pour les élections municipales de Paris, a dénoncé un « appareil politique [qui] dysfonctionne ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/11/cedric-villani-ne-soutiendra-pas-benjamin-griveaux-avant-septembre_5488303_823448.html
mlsum-fr-743
Un avion bombardier d’eau, près de Calistoga (Californie), le 29 octobre. STEPHEN LAM / REUTERS A écouter Jérôme Laval, difficile de deviner ce que serait cette nouvelle journée sur le front des incendies dans le nord de la Californie. Mercredi 30 octobre, les avions de reconnaissance étaient partis à l’aube de la base d’Ukiah, située à 200 kilomètres au nord de San Francisco. Le pilote français attendait l’ordre de faire décoller vers l’objectif qui lui serait désigné son Grumman S-2 Tracker, portant le numéro 85, chargé de 4 tonnes de produit retardant, un cocktail chimique qui permet de retarder l’avancée des flammes. Au sol, plus de 4 000 pompiers bataillaient toujours contre la demi-douzaine de feux qui ravagent principalement la région de Sonoma, renommée pour ses vignobles. Le plus important brasier, baptisé Kincade Fire, était contenu, du moins près des zones habitées, mais les vents forts annoncés par la météo laissaient présager de nouveaux départs. Près de 74 000 hectares de végétation sont déjà partis en fumée depuis le 23 octobre et 123 bâtiments ou habitations ont été détruits par les flammes. 185 000 personnes ont dû être évacuées. Mais aucune victime n’est à ce jour à déplorer. Agé de 52 ans, Jérôme Laval combat chaque année les incendies dans cette région depuis 1996. Une expérience suffisante pour constater une aggravation d’année en année. « La saison des feux se rallonge, constate-t-il. Dans le nord de la Californie, elle est passée de quatre mois à six mois et se décale vers l’hiver. Dans le sud de l’Etat, les pompiers sont désormais en alerte toute l’année. » La faute à la sécheresse qui s’amplifie et aux vents de plus en plus récurrents avec le temps. « Il y a une accélération, clairement un autre cycle du climat », conclut-il. Black-out répétés En 2018, le pilote français avait été rappelé en urgence quand s’était déclaré le gigantesque incendie Camp Fire, qui avait détruit la petite ville de Paradise et fait 85 morts. Cette année, la saison avait été plus calme. « Mais cela fait quatre mois sans une goutte de pluie. La végétation a desséché et il y a des vents du nord, de type mistral, avec des rafales à 150 kilomètres à l’heure. Dans ces conditions, à la moindre étincelle, cela part. » Principal accusé, selon les habitants, le distributeur d’électricité Pacific Gaz and Electric Co (PG & E) dont les installations vétustes sont inadaptées à la nouvelle donne climatique et aux bourrasques de plus en plus fortes. « Les lignes à haute tension ne sont pas forcément bien protégées », remarque Jérôme Laval. D’où les coupures préventives opérées par le distributeur, par ailleurs au bord de la faillite. Près de 3 millions d’habitants sont sans électricité et l’activité économique est en partie paralysée. Ces black-out répétés plongent dans le noir une partie de l’Etat, exaspèrent la population et lui rappellent en même temps la fragilité de son mode de vie. A Ukiah, Jérôme Laval enchaîne, six jours sur sept, des vacations de 14 heures où il peut voler jusqu’à sept heures durant sur le numéro 85. « J’ai le sentiment de faire un métier utile. Je sauve des vies et des habitations », explique-t-il. Jusqu’à 25 avions et 50 hélicoptères peuvent être mobilisés. Mais cette impressionnante logistique trouve ses limites. « On se retrouve parfois face à des feux monstrueux, déments, assure-t-il. On touche alors à la limite de ce que l’homme peut contre la nature. »
Près de 74 000 hectares de végétation ont brûlé dans l’ouest des Etats-Unis depuis le 23 octobre. Jérôme Laval, qui combat les feux à bord de son avion depuis plus de 20 ans, témoigne de l’aggravation des conditions climatiques.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/31/incendies-en-californie-on-touche-a-la-limite-de-ce-que-l-homme-peut-contre-la-nature_6017578_3244.html
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Anna Wanda Gogusey Le bec du martin-pêcheur qui dessine la morphologie d’un train, la peau du requin imitée pour des maillots de bain, les ailes de la cigogne copiées par des avions, la peau abandonnée après la mue des cigales comme biomatériau régénérateur de tissus humains lésés : la nature est partout dans nos vies, et pas seulement comme décor. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand l’architecture s’inspire de la nature Théorisé par la scientifique américaine Janine Benyus dans Biomimicry. Innovation Inspired By Nature (William Morrow, 1997, traduit en français en 2002, Editions Rue de l’échiquier), le biomimétisme consiste à s’inspirer de la nature pour développer des applications innovantes. Très en vogue dans les cénacles internationaux, il occupe des centaines de chercheurs et réinterroge les pratiques pédagogiques traditionnelles, largement monodisciplinaires dans l’enseignement supérieur français. En 2017, le Centre européen d’excellence en biomimétisme (Ceebios) recensait ainsi 175 équipes de recherche en France (contre 45 en 2012) mais… zéro formation diplômante. « On va enfin en finir avec cet enseignement en silo, qui isole les biologistes des physiciens, des chimistes et des mathématiciens », se réjouit Laurent Billon L’année 2020 doit marquer un tournant, avec la création de deux masters, l’un à l’université de Pau et des pays de l’Adour, l’autre à l’Ecole nationale supérieure de création industrielle (Ensci) de Paris. « On va enfin en finir avec cet enseignement en silo, qui isole les biologistes des physiciens, des chimistes et des mathématiciens », se réjouit Laurent Billon, coresponsable du futur master en matériaux bio-inspirés de Pau, petite université de 13 000 étudiants. Pour constituer la première promotion, il espère en recruter 15, dans l’idéal 5 biologistes, 5 physiciens et 5 chimistes. « Nous ouvrons un master et non une licence, car cette formation est dédiée aux étudiants ayant déjà un certain éveil scientifique, qui travailleront sur les nouvelles énergies décarbonées, les couleurs sans colorant ou les crèmes solaires issues d’algues marines. » De plus en plus d’enseignants-chercheurs se tournent vers le Ceebios pour savoir comment monter un module ou trouver les bons contacts. « Aujourd’hui, les enseignements en biomimétisme vont de la simple conférence introductive jusqu’à des projets de cours ou de masters », détaille Hugo Bachellier, chargé de mission au sein du réseau, intervenant dans des écoles d’ingénieurs ou de design. Mais le sujet reste encore non abordé dans les écoles de commerce ou de communication par exemple, alors que les fonctions supports auxquelles se destinent une partie des étudiants doivent aussi repenser leur fonctionnement pour s’ancrer dans une dynamique de transition écologique. « Parler de reconnexion au vivant peut paraître ésotérique, car nous manquons d’outils clairs et académiques, poursuit Hugo Bachellier. On s’adresse aux sens, pas obligatoirement à la raison. Or, ce genre d’enseignement est malvenu dans les écoles de commerce. C’est plus facile dans les écoles d’art. »
Deux masters ouvriront en 2020, s’inspirant de l’ingéniosité du vivant avec l’intention de mieux le préserver en retour.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/11/12/des-etudiants-a-l-ecole-de-la-nature_6018820_4401467.html
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Emmanuelle Wargon, secrétaire d'Etat à la transition écologique, répond aux questions de Françoise Fressoz (à gauche) et de Philippe escande (à droite), tous deux éditorialistes au « Monde », jeudi 17 octobre. CAMILLE MILLERAND / ©Camille Millerand/ DIVERGENCE La secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire appelle les Français à se réconcilier avec leur agriculture. Jamais assez. On vit un paradoxe. La génération des dirigeants actuels est probablement celle qui traite le problème du réchauffement climatique le plus sérieusement. C’est en même temps la génération qui est le plus interpellée sur le mode « vous ne faites rien »… Je respecte Greta Thunberg. Je suis très hostile à toutes les critiques personnelles, toutes les moqueries, tout le paternalisme qui peut s’exprimer à son égard. Elle représente quelque chose de très profond. Elle est vraiment la porte-parole d’une génération. En même temps, je la trouve outrancière. Elle est dans une espèce de surenchère : à chaque discours, il faut qu’elle tape plus fort et qu’elle aille plus loin. Elle est aussi dans une forme de souffrance que je trouve inquiétante. A un moment, cette forme d’interpellation va devenir inutile ou stérile, parce que ça ne mène pas à grand-chose. La mobilisation des jeunes. Les jeunes sont en train de se repolitiser par l’écologie. C’est positif car ils militent à la fois dans leur vie privée et dans leur vie professionnelle. Je suis persuadée que ce sont eux qui vont réussir à changer le modèle d’entreprise, et ce faisant le modèle de développement qui consiste aujourd’hui à maximiser la richesse et la valeur ajoutée en laissant au système public la gestion des conséquences de cette production. Aménager le territoire. Pour réussir la transition écologique, il faut réaménager le territoire. Les sources de gaz à effet de serre sont d’abord les transports, ensuite les bâtiments, assez loin devant la production industrielle et énergétique. Les métropoles sont bien armées pour les réduire, les villes moyennes, dont certaines ont vu leur centre s’effriter et se paupériser, le sont beaucoup moins. L’habitat y est dispersé et les transports en commun manquent. S’ajoute à cela le défi de la perte de biodiversité, liée à la réduction des terres naturelles. Il faut donc imaginer de vivre sur le territoire français assez différemment de la façon dont on le fait aujourd’hui. Il faut tout repenser en essayant de coordonner l’action des différents acteurs : les régions sont chargée du développement économique et de l’aménagement du territoire à l’échelle de la région. Les métropoles le font à leur échelle. L’Etat a toujours une part de responsabilité. Le chantier est devant nous. Il est à la fois écologique et social parce qu’un des éléments intéressants du mouvement des « gilets jaunes » c’est la très forte demande de lien social qui s’est manifestée autour des ronds-points, devenus le symbole d’un aménagement urbain qui permet juste de faire correspondre plusieurs routes pour aller d’un point à un autre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grand débat national : fiscalité, dépenses publiques, climat... Quels sont les premiers enseignements ? Le malaise agricole. Il faut prendre très au sérieux la détresse des agriculteurs. Certains se font insulter dans leurs champs à cause des pesticides, qui sont devenus un énorme facteur d’angoisse pour les consommateurs. Il faut ramener de la rationalité, aider les agriculteurs à mener la transformation très profonde qu’on leur demande, réconcilier les Français avec leur agriculture, sinon on court au drame. Ce n’est pas toujours facile. Quand un maire dit : « Pour protéger mes administrés, je prends une mesure de précaution interdisant l’épandage d’engrais à 150 mètres des habitations » et qu’après le gouvernement arrive avec un rapport disant, non, en fait, c’est plutôt entre 5 et 10 mètres, on a l’impression que l’un est plus courageux que l’autre. Or, les 150 mètres ne sont fondés sur rien. Le vrai sujet, c’est la diminution progressive des volumes et des différents types d’engrais utilisés. La taxe carbone. Le sens de l’histoire est de reprendre une évolution à la hausse mais dans des conditions d’acceptabilité qui seront peut-être dégagées par la convention citoyenne qui se tient actuellement. Cette taxe n’a pas été comprise pour deux raisons : ses recettes n’étaient pas totalement affectées à la transition écologique, et ceux qui dépendent complètement de leur voiture ont eu l’impression qu’on leur faisait la morale alors qu’on était incapable de leur fournir des solutions alternatives. On a besoin de multiplier les solutions, qui ne seront peut-être pas au même prix partout, afin de pouvoir y revenir. Par ailleurs, les collectivités locales nous disent : « Vous pourriez nous donner la main, à la fois sur les dépenses et sur les recettes. » Ça fait partie des options. Rien n’est décidé. La prochaine fois qu’on entendra parler de la taxe carbone, ce sera à travers la prise de position de la convention citoyenne. C’est à elle de décider si elle souhaite faire une proposition sur le sujet.
Et si la transition écologique était d’abord un problème d’aménagement du territoire ? Invitée du Club de l’économie, jeudi 17 octobre, la secrétaire d’Etat auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire a également coanimé le grand débat national. Elle livre son expérience.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/18/emmanuelle-wargon-il-faut-prendre-tres-au-serieux-la-detresse-des-agriculteurs_6015997_3234.html
mlsum-fr-746
Corinne Fesseau et son coq, Maurice, devant le tribunal de Rochefort (Charente-Maritime) avant le procès, le 4 juillet. XAVIER LEOTY / AFP Maurice n’a pas fini de faire parler de lui. Le 6 juin, l’affaire opposant Corinne Fesseau, propriétaire d’un coq à Saint-Pierre-d’Oléron (Charente-Maritime), et ses voisins incommodés par le bruit matinal de l’animal, M. et Mme Biron, avait été renvoyée, à la déception des deux parties. Depuis, le gallinacé connaît une notoriété jusqu’outre-Atlantique. Le procès s’est finalement tenu devant le tribunal de Rochefort, jeudi 4 juillet. Tandis que les époux Fesseau franchissent les portes du tribunal, leur avocat, Me Julien Papineau, souligne l’absence des plaignants. Ces derniers, un couple de retraités habitant dans la Haute-Vienne, possèdent une résidence secondaire à côté de la maison de Mme Fesseau, dans laquelle ils viennent occasionnellement. L’avocat du couple Biron, Me Vincent Huberdeau, argue que « ce sont des gens simples, discrets, qui n’ont pas souhaité ce battage et cette publicité, et ne sont pas à l’aise avec ce genre de situations ». « A la campagne, les coqs chantent » Plusieurs personnes ont en revanche fait le déplacement pour soutenir Corinne Fesseau et son coq, devenus le symbole d’une ruralité menacée. C’est le cas de Patricia Vozel, 61 ans, et de sa fille Aurélia, 40 ans, qui ont fait le déplacement avec Pompadour et Jean-René, leurs poule et coq respectifs. « A la campagne, les coqs chantent, c’est aussi pour ça qu’on y vit, raconte la première, propriétaire de 12 coqs et 80 poules et qui craint qu’un jour eux aussi deviennent un problème pour son voisinage. Ma voisine la plus proche n’est pas gênée par le bruit de mes animaux. Mais si elle vient à partir, qui me dit que je ne me retrouverai pas dans la même situation que Corinne ? » Lire aussi Dans l’Oise, un arrêté contre les aboiements pour faire taire les chiens Devant le tribunal, l’avocat des plaignants, Me Huberdeau, assure qu’il est ici question de la problématique du bruit du voisinage, « comme il pourrait être causé par un chien ou de la musique ». « La liberté commence là où s’arrête celle des autres », ajoute-t-il dans son argumentaire, affirmant que ses clients ont toujours vécu en harmonie avec leurs voisins. « C’est une affaire qui doit se résoudre à l’apéro, pas devant vous, Mme la présidente » « Je suis abasourdi », réagit son homologue défendant Corinne Fesseau, Me Papineau. « J’ai l’impression qu’on ne vit pas sur la même planète », ironise-t-il, ajoutant : « Tout le monde rit, mais, derrière, nous avons un sujet sérieux. » Celui d’une société aseptisée, où l’on ne supporte plus ce qui rend la ruralité si typique. Me Huberdeau pose une question centrale dans l’affaire : la zone sur laquelle habitent les deux parties est-elle urbaine ou rurale ? « Si on est en zone rurale ici, on est en zone rurale partout », ironise-t-il. Il demande que les nuisances « cessent ». « On est à la campagne, pour moi il n’y a pas de débat, répond Me Papineau. Les relations de voisinage, c’est “on se connaît, on vit ensemble”. » Il conclut : « C’est une affaire qui doit se résoudre à l’apéro, pas devant vous, Mme la présidente. » Il demande 1 000 euros de dommages et intérêts, qui seront reversés à la caisse des marins péris en mer. Le jugement est attendu le 5 septembre pour, espère l’avocat de M. et Mme Fesseau, mettre fin à ce débat « qui dure depuis trop longtemps ».
Le tribunal de Rochefort examinait jeudi le cas de plaignants incommodés par le chant matinal de l’animal de leur voisine. En filigrane, un symbole d’une ruralité menacée.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/04/au-proces-du-coq-maurice-et-de-sa-proprietaire-tout-le-monde-rit-mais-derriere-nous-avons-un-sujet-serieux_5485450_3224.html
mlsum-fr-747
Jean-Dominique Senard, le président de Renault, et Hiroto Saikawa, le PDG de Nissan, lors d’une conférence de presse au siège du constructeur japonais, le 12 mars 2019. Eugene Hoshiko / AP La civilisation japonaise a une longue tradition de recours aux influences étrangères comme catalyseur des changements internes. Mais quand ceux-ci ne sont pas souhaités, ou mal abordés, ils font systématiquement l’objet d’un rejet. Les premiers à en avoir fait l’amère expérience furent les missionnaires chrétiens qui débarquèrent au Japon au XVIe siècle. Les jésuites, en échange de la conversion des Japonais au catholicisme, offraient des mousquets aux chefs de clan. Les Nippons ne se convertissaient pas pour les vertus du christianisme, mais pour obtenir des armes et, finalement, la mission échoua. Si une poignée de « missionnaires » de Renault a su se faire accepter, il y a vingt ans, chez Nissan pour former une alliance inédite dans l’industrie, c’était sur la base d’intérêts bien compris. En 1999, le constructeur français était riche, mais petit, centré essentiellement sur l’Europe et avait la nécessité vitale de changer de dimension. De son côté, Nissan avait un besoin urgent d’argent frais pour éviter la faillite et d’un électrochoc extérieur pour réveiller une entreprise engluée dans la tradition et la lourdeur administrative. C’est la conscience que chacun avait un besoin crucial de l’autre qui a constitué le ferment du rapprochement entre deux cultures opposées. Dans un premier temps, chacun a puisé dans l’alliance plus qu’il n’en espérait. Renault a parachevé son internationalisation et, grâce à des bases de véhicule et des achats de composants communs avec son partenaire, a renforcé considérablement sa compétitivité. Nissan, une fois renfloué, a su se redéployer sur ses marchés historiques (Japon, Etats-Unis) et en conquérir de nouveaux (Chine). Dans cette première période de l’alliance, la présence de Louis Schweitzer – son architecte – et l’obligation pour Nissan d’échapper à un péril mortel ont joué le rôle de garde-fous pour préserver un équilibre qui restait néanmoins fragile. Le rapport de force s’est inversé Vingt ans plus tard, l’alliance est au bord de l’implosion et la plupart des projets communs sont à l’arrêt. En fait, la défiance s’est installée bien avant que le scandale Carlos Ghosn n’éclate. L’affaire n’a fait qu’envenimer les choses. Le cas de l’ingénierie est le plus parlant. Le fait que Thierry Bolloré, devenu entre-temps directeur général de Renault, demande il y a quelques mois la tête du patron japonais de cette direction, Hideyuki Sakamoto, a été très mal vécu à Tokyo. Dès lors, les projets ont commencé à être développés à l’abri des regards des Français. Ces tensions ont fini par décrédibiliser Renault dans un domaine où les Nippons excellent et qu’ils considèrent comme le saint des saints. « Au Japon, l’entreprise n’est pas seulement un moyen de produire des richesses, c’est à la fois un territoire qu’il faut défendre et une communauté qu’on doit protéger contre l’extérieur. La dimension clanique est fondamentale », explique Serge Airaudi, grand spécialiste de la culture japonaise, qui a accompagné Renault dès les débuts de l’alliance.
Au Japon, c’est le rapport de force qui détermine la légitimité et le droit, pas le fait d’être l’actionnaire principal. A force de l’oublier, le constructeur français a pris le risque de tuer l’alliance, explique Stéphane Lauer, éditorialiste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/17/entre-renault-et-nissan-les-malentendus-se-multiplient_5477507_3232.html
mlsum-fr-748
Le stationnement de ces engins « est de nature à entraver de manière significative le cheminement des piétons (...) », selon la Mairie de Paris. JOEL SAGET / AFP C’est désormais officiel : à Paris, les trottinettes électriques en libre-service n’ont plus le droit de stationner sur les trottoirs, où elles gênaient les piétons. La mesure fait l’objet d’un arrêté publié mardi 30 juillet au Bulletin officiel de la ville de Paris. Ces véhicules étaient jusqu’à présent tolérés aux endroits où ils ne gênaient pas, par exemple entre deux arbres. A présent, leur stationnement est « interdit et considéré comme gênant » sur tous les trottoirs, mais aussi sur les aires piétonnes, et la chaussée de toutes les rues, édicte l’arrêté. Ils doivent donc utiliser uniquement les places de stationnement sur la chaussée, à partager avec les voitures et les motos… L’essor spectaculaire des trottinettes électriques « crée des difficultés en matière de stationnement et génère des conflits d’usage de l’espace public », souligne la Mairie de Paris pour justifier son arrêté. Le stationnement de ces engins « est de nature à entraver de manière significative le cheminement des piétons, occasionnant des risques de chute, notamment pour les personnes en situation de handicap visuel », ajoute le texte. Dans ces conditions, il est nécessaire de restreindre le stationnement des trottinettes « aux seuls endroits adaptés à leurs caractéristiques », conclut la Mairie. La circulation des trottinettes sur les trottoirs devrait également être sous peu interdite au niveau national. La ministre des transports Elisabeth Borne a promis un décret en ce sens, qui devrait entrer en vigueur à la rentrée. Lire aussi La circulation des trottinettes électriques sera interdite sur les trottoirs Calmer la grogne des Parisiens Pour « en finir avec l’anarchie » et calmer la grogne des Parisiens, la maire socialiste Anne Hidalgo avait annoncé, le 6 juin, une série d’actions destinées à encadrer l’essor des trottinettes, dont l’interdiction du stationnement sur les trottoirs qui se traduit avec cet arrêté. Au même Bulletin officiel est publié un règlement qui concrétise un autre engagement, pris dans le même but dès mars, puis adopté par le conseil municipal en avril : la création d’une taxe sur les trottinettes en libre-service. Jusqu’à présent, les opérateurs comme Lime, Bird, etc., étaient totalement libres d’installer leurs véhicules dans l’espace public, sans rien payer. C’est ce qui a conduit à l’arrivée, en quelques mois, d’une douzaine de concurrents, disposant ensemble de plus de 20 000 trottinettes. Lire aussi Paris va taxer les vélos et les trottinettes en libre-service Le règlement publié mardi instaure une barrière financière à l’entrée sur ce marché, sous la forme d’une redevance liée à « l’occupation du domaine public routier de la Ville de Paris par des véhicules ou des engins à deux ou trois roues en libre-service sans stations d’attache en attente de location ». La maire de Paris, Anne Hidalgo, et son équipe ont prévu de prendre plusieurs autres mesures pour faire face à l’essor mal maîtrisé des trottinettes électriques. JOEL SAGET / AFP Redevances et collecte de données Selon ce qui avait été indiqué en mars, le tarif devrait partir de 20 euros par an pour un vélo classique ou électrique, monter à 50 euros pour une trottinette électrique, 60 euros pour un scooter électrique et passer à 120 euros et au-delà pour un scooter traditionnel. Le texte impose également aux opérateurs de partager avec la Mairie de Paris de nombreuses données, « rafraîchies » au minimum « toutes les trois heures », afin que la ville dispose en temps réel d’informations détaillées sur le nombre de véhicules disposés dans l’espace public, leur localisation, etc. Au-delà de ces deux textes, Anne Hidalgo et son équipe ont prévu de prendre plusieurs autres mesures pour faire face à l’essor mal maîtrisé des trottinettes électriques. Les élus comptent en particulier lancer un appel d’offres pour ne retenir, à terme, que deux ou trois opérateurs. Ils attendent pour le faire l’adoption du projet de loi d’orientation des mobilités, actuellement en discussion au Parlement. « Plus il y aura de règles, mieux ce sera, se réjouit Stéphane MacMillan, patron des trottinettes Circ (ex-Flash). Cela fera sortir du jeu les opérateurs qui ne sont pas là pour durer. La régulation fera baisser la spéculation ! » Ces derniers mois, le trop-plein de trottinettes à Paris, les coûts de maintenance de ces véhicules, souvent détériorés, et les menaces de la Mairie de Paris ont déjà bien calmé le jeu. Environ la moitié des douze entreprises privées qui s’étaient jetées dans la bataille ont suspendu provisoirement ou définitivement leur service, dont Bolt. Seuls Lime, Bird, Tier, Voi, Dott et Circ semblent toujours actifs dans les rues de la capitale.
Depuis mardi, leur stationnement est « interdit et considéré comme gênant » sur les trottoirs. Elles devront occuper les places de stationnement, comme les motos.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/30/le-stationnement-des-trottinettes-electriques-officiellement-interdit-sur-les-trottoirs-parisiens_5494930_3224.html
mlsum-fr-749
La police de Hongkong dans un centre commercial dans le district de Sha Tin, Hong Kong, le 14 juillet 2019. TYRONE SIU / REUTERS De violents heurts se sont produits, dimanche 14 juillet au soir, à Hongkong entre la police et des manifestants, à l’issue d’un rassemblement massif contre le gouvernement local soutenu par Pékin. Le mouvement de protestation se poursuit dans le territoire pour la cinquième semaine d’affilée. A plusieurs occasions, au cours de la journée de dimanche, les forces de l’ordre ont utilisé du gaz poivre et des matraques contre de petits groupes de contestataires qui ont répliqué en jetant des bouteilles et d’autres objets. Affrontements dans un centre commercial Les affrontements les plus durs se sont déroulés dans la soirée à l’intérieur d’un centre commercial abritant de nombreuses boutiques de vêtements de luxe, où des centaines de contestataires avaient trouvé refuge après une charge de la police, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP), présents sur place. Une fois entrés dans ce complexe, les policiers se sont trouvés pris sous les jets de projectiles en provenance des niveaux supérieurs. L’un d’eux gisait inconscient et du sang était visible sur le sol. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « A Hongkong, aucun des deux camps ne peut plus reculer » Protégés par leurs boucliers et armés de matraques, les policiers sont alors montés dans les étages, procédant à un grand nombre d’interpellations. Un manifestant qui s’est effondré dans la cohue a reçu des soins sur place. Vers 22 heures, la plupart des contestataires avaient quitté le site. D’autres échauffourées avaient eu lieu plus tôt dans la journée entre les forces de l’ordre et des poignées de manifestants qui s’étaient retranchés dans une rue proche de l’endroit où s’étaient regroupées des dizaines de milliers de personnes pour protester contre les autorités, dans le quartier de Sha Tin. « Nous ne sommes pas encore morts » Hongkong est secoué depuis plus d’un mois par une gigantesque vague de contestation, partie du rejet d’un projet de loi désormais suspendu visant à autoriser les extraditions vers la Chine. Le mouvement a ensuite avancé des exigences plus larges concernant la préservation des acquis démocratiques, notamment la liberté d’expression et l’indépendance de la justice, dont jouit théoriquement jusqu’en 2047 ce territoire rétrocédé en 1997 par Londres à la Chine et auquel a été octroyé un statut de semi-autonomie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face au mouvement de contestation, la Chine perd patience à Hongkong Pékin a mis tout son poids dans la balance pour soutenir la chef de l’exécutif local Carrie Lam. En plus de manifestations pacifiques monstres, le Parlement a été saccagé en juin par des centaines de contestataires radicaux, pour la plupart des jeunes. Dimanche, pour la cinquième semaine consécutive, une immense manifestation a été organisée. « Nous avons manifesté tant de fois mais le gouvernement n’écoute toujours pas, cela oblige chacun à descendre dans la rue », a déclaré à l’AFP l’un des participants, Tony Wong, âgé de 24 ans. Beaucoup considéraient les manifestations comme un combat existentiel contre la mainmise croissante de Pékin sur le territoire. « C’est un moment dangereux. Les Hongkongais peuvent choisir de mourir ou de vivre. Nous sommes sur le fil du rasoir mais nous ne sommes pas encore morts », a observé JoJo So, une manifestante cinquantenaire.
Depuis plus d’un mois, un mouvement de protestation de grande ampleur se mobilise contre l’influence croissante de Pékin sur le territoire à statut spécial.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/14/hongkong-heurts-en-marge-d-une-nouvelle-manifestation-massive_5489371_3210.html
mlsum-fr-750
Salim Khelif à Gennevilliers (Seine-Saint-Denis), le 14 octobre 2019. Mustapha Kessous Il a pris le train de 7h46. Petit-déjeuner à Lille. Descente à l’hôtel des joueurs pour récupérer un billet. « Un petit kebab », comme il dit, puis place à la fête avec les copains et les supporteurs de l’équipe adverse. Salim ne veut perdre aucune seconde de cette journée particulière : ce soir, mardi 15 octobre, à 21 heures, son équipe l’Algérie affronte en amical la Colombie au stade Pierre-Mauroy à Villeneuve-d’Ascq (Nord). Un événement ? Les Fennecs n’avaient plus transpiré sur une pelouse française depuis 2008. « Tous ceux qui ne peuvent pas aller en Algérie vont enfin voir les joueurs. Ça fera un peu moins de jaloux », se réjouit-il. Comment le contredire ? Les 40 000 places disponibles ont été vendus en quarante-huit heures. Ce soir, le stade est à guichets fermés et les champions de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) vont jouer en quelque sorte à domicile. « Ah les Algériens en France, ils sont nombreux [plus de 800 000, selon un décompte de l’Insee] », sourit Salim Khelif. Ce grand quadra, la raie sur le côté, survêtement blanc et vert, pourrait parler des heures en apnée des Guerriers du désert. Il connaît le parcours de chaque joueur, le score de chaque match, le nom des arènes de chaque rencontre… Son modeste appartement, au 14e étage d’une petite tour de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), s’apparente à un musée dédié aux maillots des Fennecs de toutes les époques. « Aucun n’est sorti du magasin, ils ont tous été portés par des joueurs, martèle-t-il. Certains me les ont donnés directement ; les autres, j’ai réussi à les attraper quand ils les jetaient en direction des tribunes à la fin d’un match. » Deux paquets de Pépito A l’écouter, supporter les Verts serait presque un devoir national. Son amour pour la sélection lui vient de la guerre d’Algérie, plus précisément de ce moment où des joueurs comme Mustapha Zitouni, 29 ans, défenseur de Monaco ou Rachid Mekhloufi, 21 ans, l’attaquant chéri de Saint-Etienne, avaient en 1958 quitté leur club pour rejoindre clandestinement la Tunisie afin de former le « Onze de l’indépendance ». L’équipe de football du Front de libération national (FLN) qui avait sensibilisé le monde – et les Français ! – à la révolution. « Ils ont tout donné, tout perdu, tout sacrifié. Encourager notre équipe, c’est avoir une pensée pour eux et pour tous ceux qui sont tombés, explique-t-il. Même si je suis né en France, et que je fais partie de la génération “Nutella-au-chaud”, je ne peux pas me la couler douce sans supporter l’Algérie. » Un jour, il a croisé Mekhloufi sur le parvis de la Défense « et je suis resté discuter avec lui vingt minutes avant de l’embrasser sur le front », se souvient-il. Sur la table de sa cuisine – avec vue sur la tour Eiffel –, deux bouteilles d’Ifri, marque algérienne de boissons gazeuses. « C’est un bout du pays », rigole-t-il en se servant un verre. A côté, un billet froissé du match Algérie-République démocratique du Congo (1-1) qui a eu lieu le 10 octobre à Blida. Il en revient. En réalité, Salim ne manque (quasiment) jamais une rencontre en Algérie. Tout son argent y passe. « Des copains dépensent leurs sous dans de grands voyages, moi à suivre les Fennecs », explique-t-il. C’est sa fierté. Il ne roule pourtant pas sur l’or, gagnant chichement sa vie : agent de sécurité la semaine, entraîneur de foot à Epinay-sur-Seine le week-end (Seine-Saint-Denis), il plafonne à 1 300 euros par mois. Il a commencé à suivre l’équipe nationale à la fin des années 1990 : stage de préparation en France, matches amicaux… Il a fait plusieurs CAN, s’est fait caillasser par les supporteurs égyptiens en 2009 au Caire, a payé un taxi, toujours dans la capitale égyptienne, avec « deux paquets de Pépito »… Ses voyages et ses rencontres avec des stars des Verts sont consignés dans un album photo qu’il garde toujours près de lui. « Je fais des trucs de ouf pour ces joueurs. On est de leur famille, c’est pour cela qu’ils doivent nous respecter », ajoute-t-il. Et il est heureux quand l’un d’eux reconnaît « Salim, le supporteur de Gennevilliers », comme on le surnomme. « Se tenir à carreau » Il dit avoir une relation particulière avec le sélectionneur des Verts, Djamel Belmadi, qu’il a vu débuter en sélection en 2000. Ce dernier, raconte-t-il, lui a offert des places ou des maillots comme celui porté le 6 octobre 2001, lors du match contre la France au Stade de France (4-1). Ce soir-là, Belmadi avait marqué le seul but des Verts. Salim était en tribune lorsque des supporteurs algériens avaient foulé la pelouse, entraînant l’interruption de la rencontre à la 76e minute. « Il y a des gens qui sont venus d’Algérie et on leur a confisqué la fête », regrette-t-il. La rencontre amicale de ce soir face à la Colombie est, pour lui, « un match test ». « Si les supporteurs se tiennent à carreau, et ils doivent bien se tenir, il y aura un Algérie-France en France. Mais si des supporteurs entrent sur la pelouse, ça voudra dire qu’ils ne respectent pas leur nation, qu’ils ne sont pas des Algériens et qu’ils ne verront plus l’Algérie jouer en France », clame Salim. Il espère de tout cœur voir un match entre l’Algérie et la France, en « Algérie bien sûr, assure-t-il. On pourra alors finir la fête qu’on a commencée en 2001 ».
Ce quadra de Gennevilliers sera au stade Pierre-Mauroy, à Lille, mardi 15 octobre, pour voir son équipe affronter la Colombie.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/15/salim-khelif-le-supporteur-des-fennecs-qui-n-a-jamais-rate-un-match-de-l-algerie_6015629_3212.html
mlsum-fr-751
Le président, Emmanuel Macron, a appelé mardi « la Nation tout entière » à « faire bloc » pour combattre « l’hydre islamiste », lors d’un hommage aux quatre fonctionnaires tués jeudi 3 octobre par un de leurs collègues dans l’enceinte de la Préfecture de police (PP) de Paris. Les enquêteurs ont entrepris d’analyser une clé USB retrouvée dans le bureau de Mickaël Harpon, l’auteur de l’attaque qui travaillait à la PP depuis 2003. D’autre part, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, que certains appellent à la démission, a été auditionné mardi matin par la délégation parlementaire, puis dans l’après-midi par la commission des lois de l’Assemblée nationale. Il sera également interrogé jeudi par la commission des lois du Sénat. Emmanuel Macron, le 8 octobre, à la Préfecture de police de Paris, lors de l’hommage rendu aux victimes de Mickaël Harpon, vendredi 4 octobre. LUDOVIC MARIN / AFP Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après l’attaque de la Préfecture de police, Macron poussé à achever sa mue sur les sujets régaliens JM : Est-ce que, comme l’avancent certains membres de LR [Les Républicains], le corps policier émettrait des réserves quant à la confiance qu’il a en son ministre suite aux propos qui ont été les siens immédiatement après l’attaque ? Les syndicats, par exemple, lui ont-ils exprimé des reproches ? A l’heure actuelle, les syndicats de police (qui sont puissants au sein de cette institution) ne demandent pas la tête du ministre de l’intérieur. Globalement, les organisations syndicales sont toujours prudentes avec les appels à la démission. Il faut rappeler qu’il y a eu, en dix ans, une dizaine de ministres de l’intérieur. Les policiers sont fatigués de ces changements permanents qui empêchent de construire dans la durée et d’envisager des réformes en profondeur. Cela n’empêche pas que la prise de parole trop rapide du ministre de l’intérieur, jeudi après-midi, quelques heures après l’attaque à la Préfecture de police, est vue dans les rangs d’un mauvais œil. Un ministre de l’intérieur se doit d’être prudent dans son expression et se doit de respecter le temps de l’enquête. En termes de crédibilité auprès des troupes, Christophe Castaner n’a pas marqué des points. J’ajouterais une dernière chose : le format choisi pour la cérémonie d’hommage à la Préfecture de police de Paris a été assez critiqué en interne. Les fonctionnaires de police étaient sous la pluie, alors que les élus étaient sous une tente. Une mise en scène qui a créé une distance symbolique. Christophe Castaner, mardi 8 octobre, lors de l’hommage aux victimes de l’attaque terroriste du 4 octobre 2019 à la Préfecture de police de Paris. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE » Raymond Q : Les victimes étant des policiers tués dans l’exercice de leurs fonctions, leurs familles seront-elles aidées par l’Etat ? L’attribution de la Légion d’honneur à titre posthume à ces victimes sert-elle aussi à cela ? Effectivement, l’Etat dédommage les familles des victimes d’attentat (pas uniquement les policiers), avec le Fonds de garantie des victimes d’actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI). Les enfants peuvent également être déclarés pupilles de la nation, ce qui leur garantit des aides et des subventions s’ils sont dans le besoin. Cet attentat a fait six orphelins. LR : L’attaque a-t-elle été revendiquée par Daech ? Il n’y a eu, pour l’heure, aucune revendication de cet attentat. Par ailleurs, Mickaël Harpon n’a laissé, à notre connaissance, aucune note ou vidéo pour expliquer son geste. Loretta Groud : Sur quoi peuvent déboucher les auditions de Christophe Castaner ? Des têtes peuvent-elles tomber à la Préfecture de police ? Le personnel est-il inquiet ? Pour l’instant il s’agit surtout d’un exercice d’explication devant la représentation politique. Le ministre de l’intérieur rend des comptes aux députés : c’est le fonctionnement normal de nos institutions. Ensuite, une commission d’enquête va être créée pour poursuivre les investigations et déterminer les raisons qui ont mené à ce que l’on peut considérer comme l’un des plus grands désastres de la lutte antiterroriste en France. Ce sera à elle d’établir les éventuelles failles. Par ailleurs, l’exécutif peut dans les prochaines semaines prendre des décisions fortes. L’avenir de la direction du renseignement de la préfecture de police était déjà menacé par la réforme annoncée de l’ensemble de la PP. Le secrétaire d’Etat, Laurent Nunez, est un fervent partisan de son découpage, pour confier une partie des missions à la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et l’autre au service central du renseignement territorial (SCRT). Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’intérieur, Laurent Nunez (à gauche) et le ministre français de l’intérieur, Christophe Castaner, assistent à une audition devant la commission des lois de l’Assemblée nationale française, à Paris, le 8 octobre. ALAIN JOCARD / AFP Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attentat à la Préfecture de police : face aux députés, Castaner sommé de s’expliquer JMP : A-t-on fait le point sur les procédures d’accès à la Préfecture ? On a parlé au début de couteau en céramique indétectable par les portiques de sécurité. Or, on sait aujourd’hui qu’il s’agissait en fait de deux couteaux métalliques. Effectivement, il ne s’agissait pas de couteaux en céramique destinés à tromper les portiques de sécurité, pour la simple et bonne raison que les employés de la préfecture disposant d’une carte d’accès, comme c’était le cas pour Mickaël Harpon, ne sont pas fouillés à l’entrée. Il est certain que les modalités d’accès au bâtiment vont être réévaluées, ne serait-ce que pour rassurer les personnels. Mais, cela étant dit, il faut rappeler que c’est une préfecture… de police. La présence d’armes à l’intérieur est consubstantielle à sa fonction. Il semble difficile de changer cela. Alain Stéphan : Connaît-on les fonctions exactes de Mickaël Harpon ? Mickaël Harpon était adjoint administratif principal de deuxième classe, affecté à la section informatique de la DRP. Comme tout employé de la DRP, il était habilité secret-défense, une habilitation qui courait jusqu’en 2020. L’étendue de ses missions est encore floue. Deux certitudes : il s’occupait de la maintenance informatique des ordinateurs de la direction, ayant donc accès à leur contenu ; il travaillait en lien avec des agents sur de la surveillance informatique et connaissait donc les procédures et les modes d’action de la DRP. Bernardo : La réforme de la DRP ne semble-t-elle pas compliquée, dans la mesure où la situation de Paris est sensible du point de vue de l’ordre public ? Remettre en cause le maillage de la DRP pourrait avoir les mêmes conséquences désastreuses que la disparition des RG [renseignements généraux]. Vous avez totalement raison. Le fait de démanteler un service doit toujours se faire avec prudence. Il peut y avoir des avantages, si le fonctionnement de ce service n’est pas satisfaisant ou si la remontée d’information est déficiente. Mais il faut aussi mesurer ce que l’on y perd dans l’immédiat, en savoir-faire et en compétence. Pour les non-initiés, la DRP a un fonctionnement unique dans le paysage du renseignement, tel qu’il s’est restructuré après les attentats de 2015. Si l’on fait abstraction du renseignement économique et militaire (qui fournit un gros boulot), le renseignement se divise sur le territoire entre deux grosses entités : la DGSI qui traite schématiquement le « haut du spectre », c’est-à-dire les individus jugés les plus dangereux, et le SCRT (le renseignement territorial) qui fait le reste. Sauf à Paris et en petite couronne. Dans cette zone, gérée par la préfecture de police, c’est la DRP qui a la main, sur l’ensemble du spectre. Elle est censée ensuite transmettre les informations sur le terrorisme à la DGSI, chef de file en la matière. C’est cette spécificité parisienne que certains aimeraient remettre en cause. Le fait que la DRP n’ait pas vu que l’un des siens se radicalisait place évidemment la préfecture dans une mauvaise posture au moment de négocier le maintien de ce service. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attaque à la Préfecture de police : l’organisation du renseignement intérieur en question Portugal : Est-ce que la surdité du tueur en fait un profil particulier ? Au début de l’enquête, les journaux faisaient état d’une frustration professionnelle liée à son handicap. Est-ce normal au sein de la Préfecture de police de ne pas évoluer en vingt ans de carrière ? Il y a beaucoup de spécificités dans ce dossier : l’absence de revendication, les troubles survenus pendant la nuit (sa femme a assuré qu’il avait entendu des voix) et la perception de son handicap dans son environnement professionnel. Il avait effectivement fait des demandes d’évolution. La patronne de la DRP a expliqué dans son rapport que certaines d’entre elles n’avaient pas été satisfaites. Par ailleurs, il semblait plutôt bien intégré dans son service, selon certains témoignages, même s’il y avait des difficultés de communication. Etait-il en proie à une frustration sur le plan professionnel due à son handicap ? C’est possible… Est-ce un élément qui à lui seul peut expliquer ce geste ? Certainement pas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attaque à la Préfecture de police : la radicalisation de Mickaël Harpon n’avait pas été signalée Marc : Une liste précise des « signaux faibles » de radicalisation a-t-elle été mise en place pour que les citoyens inquiets puissent agir ? Vous touchez là un point sensible. Il n’y a pas de définition à proprement parler de la radicalisation. Les services de renseignement s’appuient sur une série de signaux (changement de comportement vis-à-vis des femmes, fréquentation d’une mosquée jugée dangereuse, pratique plus assidue, etc.) pour tenter de cerner le profil. Mais, du point de vue des citoyens, il n’y a pas de « liste ». Rappelons-le encore une fois : la pratique rigoriste d’un culte n’est pas, en soi, un délit. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La France court un danger de “maccarthysme musulmanophobe” »
Où en est-on de l’enquête ? Comment réagissent les forces de l’ordre et les autorités ? Nicolas Chapuis, notre journaliste spécialiste des questions de police, a répondu à vos questions dans un tchat.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/09/attentat-a-la-prefecture-de-police-en-termes-de-credibilite-aupres-des-troupes-castaner-n-a-pas-marque-des-points_6014829_823448.html
mlsum-fr-752
Le président brésilien Jair Bolsonaro dans une cantine de Davos, en Suisse, en janvier. ALAN SANTOS / AFP LETTRE DE RIO DE JANEIRO Dans ses voyages à l’international, il est une chose que Jair Bolsonaro n’oublie jamais d’emporter avec lui dans sa valise. Serait-ce un livre ? Un porte-bonheur ? Une arme à feu ? Rien de tout cela. Il s’agit, tout simplement, de paquets de nouilles instantanées. Le président du Brésil a en effet des goûts alimentaires à la fois simples et terriblement restreints, l’empêchant de toucher à un certain nombre de mets exotiques, en particulier à l’étranger. Cette sensibilité de palais s’est exprimée avec excès – comme souvent – lors d’un voyage au Japon, du 21 au 24 octobre. M. Bolsonaro, en visite à Tokyo pour l’intronisation de l’empereur Naruhito, est alors convié à un « banquet impérial » infiniment raffiné, à base de poissons et de fruits de mer, dressé tout spécialement pour les chefs d’Etat et têtes couronnées venus assister aux cérémonies, tel le prince Charles, Albert de Monaco ou le président allemand Frank-Walter Steinmeier. Faute diplomatique au pays du « sushi-sashimi » Débarqué au festin en frac, le torse bardé de médailles, engoncé dans un costume à queue-de-pie suranné, M. Bolsonaro n’a pas renoncé à ses habitudes, et n’a pas touché au somptueux festin – se contentant des fameuses nouilles, préparées et dégustées à l’hôtel après les festivités. « Je n’aime pas la nourriture à base de poisson, ou alors seulement frit et en ragoût, a cru bon d’expliquer le président aux journalistes, ajoutant, Je n’ai rien mangé. Je pense que j’ai mangé 5 % de ce qu’il y avait sur la table. » Une faute diplomatique, un affront suprême même, au pays du « sushi-sashimi » roi. Bolsonaro, o presidente-miojo, faz apologia do tosco https://t.co/IuTgTl7Lpa https://t.co/6gxIY4euwr — vonivar (@vonivar) Comme toujours, Bolsonaro ne s’est ni caché ni excusé. Au contraire. Visiblement pas peu fier de son geste, le président d’extrême droite a même pris la pose pour une photo diffusée sur les réseaux sociaux, tout sourire, un paquet de pâte à la main. De quoi consterner les gastronomes brésiliens. « En peu de mots, Bolsonaro a exposé ses trois attributs majeurs : l’ignorance, le préjugé et la paresse intellectuelle », s’est indigné Marcos Nogueira, chroniqueur culinaire de la Folha de Sao Paulo, déplorant un chef de l’Etat accusé d’« aduler le roi des bouffons Trump », lui-même connu pour son goût immodéré des hamburgers de fast-food. Les précédents présidents avaient certes leurs petites habitudes, comme le relatait il y a peu l’édition brésilienne du Huffington Post : l’intellectuel Fernando Henrique Cardoso appréciait le bon vin et les plats français raffinés. Le Pernamboucain Lula aimait à trouver à sa table des plats typiquement nordestins, tels les abats ou la queue de bœuf. Dilma Rousseff, de son côté, avait dû renoncer aux pâtes et au riz pour suivre un régime strict qui lui a permis de perdre 15 kg. Enfin, Michel Temer, pendant son « règne » crépusculaire, se contentait de soupes un peu tristes.
Cette posture anti-gastronomique est bien pensée. Elle est faite pour plaire à l’électorat du « Brésil profond » et fait partie d’une stratégie de communication efficace.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/28/les-gouts-simples-du-president-nouille-bolsonaro_6017133_3210.html
mlsum-fr-753
Des miliciens proturcs, à Ras Al-Aïn, dans le nord-est de la Syrie, le 23 octobre. UGUR CAN /REUTERS L’habituel discours formaté du secrétaire général de l’OTAN n’aura trompé personne. Ce ne fut pas seulement une discussion « franche et ouverte », comme l’a indiqué Jens Stoltenberg, au premier jour de la réunion des vingt-neuf ministres de la défense de l’Alliance, à Bruxelles, jeudi 24 octobre. Mais bien un débat profond, virulent, provoqué par le retrait des Etats-Unis de la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) dans le Nord-Est syrien, et l’offensive consécutive de la Turquie contre les Kurdes. Un « débat majeur » s’est ouvert, confirme un diplomate. Il illustre une des plus graves crises vécues par l’OTAN, déjà fortement secouée depuis l’arrivée de Donald Trump au pouvoir. Et ce, à six semaines d’un sommet des chefs d’Etat censé célébrer, au Royaume-Uni, les 70 ans de l’organisation politico-militaire. Les Etats-Unis ont bafoué la règle qu’ils ont eux-mêmes martelée : « On entre ensemble, on sort ensemble » Pour tenter de calmer et rassurer, M. Stoltenberg a affirmé d’emblée que l’organisation allait « continuer à soutenir une coalition internationale contre le terrorisme », notamment en continuant de former l’armée irakienne. Mais le secrétaire général a minimisé le coup de force turc au nom des « préoccupations légitimes du pays pour sa sécurité ». « Pour Stoltenberg, c’est un réflexe de survie, il fait passer la cohésion de l’Alliance avant tout », décode une source otanienne. Cette cohésion est en danger, bien au-delà des habituelles divergences mises sur le compte des saines contradictions démocratiques du monde occidental. Les Etats-Unis viennent, en effet, de bafouer la règle qu’ils ont eux-mêmes martelée, afin de mobiliser, puis de tenir, les coalitions militaires qu’ils dirigent en Afghanistan, ainsi qu’en Irak et en Syrie : « On entre ensemble, on sort ensemble. » Discussion « inhabituelle » La France, notamment, a fait part de ses vives inquiétudes. « L’EI se reforme. Qui va l’empêcher ? Où sont les Américains ? Nous avons besoin d’une discussion stratégique avec nos alliés. Il faut réinventer un business model », a indiqué l’entourage de la ministre Florence Parly. Il est apparu toutefois impossible de réunir la coalition anti-EI réclamée par Paris. Un colloque à trois (France, Allemagne, Royaume-Uni), jeudi soir, n’a pu qu’acter une volonté assez floue d’agir, face au blocage du Conseil de sécurité de l’ONU sur le dossier syrien.
Divisée et affaiblie par le retrait américain de Syrie, l’Alliance atlantique voit ses principes fondamentaux remis en cause.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/25/l-otan-en-crise-face-a-trump-et-erdogan_6016869_3210.html
mlsum-fr-754
Le Mazda CX 30. Mazda Hier encore, le moteur thermique régnait sans rival sur l’imaginaire automobile. Le summum de la noblesse mécanique résonnait à travers les vocalises d’un V8 mais l’on savait aussi, l’oreille aux aguets et la main droite crispée sur le levier de vitesses, faire monter en régime un petit quatre-cylindres. En ces temps, le diesel était au-dessus de tout soupçon. Avec l’approbation implicite des écologistes, ce champion des faibles teneurs en CO 2 prospérait, loué pour son sens de l’économie et son efficience énergétique. Jusqu’à représenter en 2008 les trois quarts des immatriculations de véhicules en France. D’accord, ça polluait, mais tellement moins qu’autrefois. Cela suffisait à clore le débat. Lors du prochain salon de Tokyo, qui se tiendra du 24 octobre au 4 novembre, la marque dévoilera pourtant sa première voiture… 100 % électrique. Plus dure fut la chute. La montée des périls environnementaux et le durcissement de la réglementation, en braquant les projecteurs sur la question des émissions – et pas seulement de dioxyde de carbone – a vite fait de balayer ces certitudes. Le moteur à essence s’est retrouvé en position d’accusé, lesté par le coût des malus et traîné plus bas que terre à cause de la triche organisée autour du niveau de pollution du diesel. Aujourd’hui écarté des centres-villes, demain promis au bannissement pur et simple : son éradication s’impose comme un objectif politique. La loi Mobilités, adoptée en septembre, entérine l’interdiction de vendre, à compter de 2040, les moteurs utilisant de l’énergie fossile. C’est dans cette ambiance crépusculaire, qui voit les constructeurs réserver les budgets de recherche et développement à la grande cause de l’électrification, que le japonais Mazda a dévoilé son inédit moteur essence Skyactiv-X. Un quatre-cylindres de deux litres commercialisé à bord de la Mazda3 et du nouveau CX-30 (facturés, dans cette configuration, respectivement à partir de 30 700 euros et 33 200 euros) avec un surcoût de 2 100 euros au regard de la motorisation standard. Pour la marque japonaise, qui se déclare, dans un accès de mysticisme, engagée dans « une quête visant à développer le moteur à combustion interne idéal », ce lancement prend l’allure d’un manifeste. La technologie mais aussi l’émergence des biocarburants (le constructeur travaille notamment sur la transformation d’algues) pourraient régénérer cette invention bien plus que centenaire. « Les moteurs thermiques sont les moins coûteux. Dans dix ans, ils équiperont encore 85 % des voitures produites dans le monde. Il faut cesser d’hystériser le débat », lance Philippe Geffroy, président de Mazda France. Alors que la plupart des marques automobiles regardent ailleurs lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet, Mazda s’avance fièrement en apôtre du moteur thermique. Il faut le reconnaître, c’est osé. Le Graal du motoriste La marque d’Hiroshima est depuis longtemps réputée pour ses choix à contre-courant qui l’ont amenée, entre autres, à conserver des cylindrées élevées ou à snober le turbocompresseur. La technologie Skyactiv-X se propose de concilier la réactivité d’une mécanique essence avec la souplesse d’un diesel tout en réduisant la consommation moyenne. Le Graal du motoriste, en quelque sorte. Sa grande originalité consiste à associer un allumage classique avec une bougie, chère aux mécaniques essence, et un allumage par compression, caractéristique du diesel. En phase d’admission, un mélange très pauvre est injecté dans la chambre de combustion, puis du carburant est vaporisé autour de la bougie, située au milieu du cylindre, au moment de la compression. Ce « moteur mixte » résoudrait la quadrature du cercle ; performant dans les hauts régimes et souple lors des reprises. Le niveau de consommation de la Mazda3 équipée du bloc Skyactiv-X qui délivre la puissance respectable de 180 ch à 6 000 tours-minute est annoncé à 4,3 litres aux 100 km en cycle mixte (5,4 litres selon le protocole WLTP, plus réaliste, qui sera généralisé en 2020). Pour l’année en cours, ces données permettent, selon les versions (traction ou transmission intégrale, boîte manuelle ou automatique), d’échapper au malus écologique ou, au pire, d’en prendre pour 75 euros. Un tour de force pour un modèle aussi puissant. Lors de notre essai, qui comprenait tous les types de routes, la consommation globale s’est affichée à 6 litres aux 100 km. Dans la glu de la circulation urbaine, celle-ci tournait un peu en dessous de 10 litres alors que, sur route, il fallait diviser ce chiffre de moitié. Sur autoroute, l’ordinateur de bord indiquait une moyenne de 5,3 litres. Ces relevés auraient été plus proches de ceux du constructeur si notre voiture avait été dotée d’une boîte de vitesse manuelle. Du genre flegmatique, la transmission automatique à six rapports qui équipe la Mazda3 privilégie le confort de conduite plutôt que la performance ou l’efficacité énergétique. Conclusion : la technologie Skyactiv-X engendre un gain de consommation bien réel mais insuffisant pour espérer enrayer le lent déclin du moteur thermique. Il faut aussi préciser que la frugalité dont elle fait étalage doit aussi à la présence d’un système de micro-hybridation. Un petit moteur électrique (une batterie de 24 volts récupère l’énergie à la décélération) qui permet de lisser les montées en régime et contribue à contenir la quantité de carburant consommée. Hors électrification, point de salut. Lire aussi Mazda 3, un plaisir zen Bravache, Mazda annonce le prochain lancement d’un gros six-cylindres en ligne en version Skyactiv-X. Encore un acte de foi. Lors du prochain salon de Tokyo, qui se tiendra du 24 octobre au 4 novembre, la marque dévoilera pourtant sa première voiture… 100 % électrique. « Un modèle destiné aux marchés chinois et californien. Chez nous, cela ne déclenche pas l’enthousiasme », avoue-t-on en interne. Ce n’est pas une raison pour oublier d’assurer ses arrières.
Alors que d’autres se vouent à l’électrification, le constructeur japonais commercialise un moteur essence inédit, le Skyactiv-X, alliant la réactivité d’une mécanique essence avec la souplesse d’un diesel.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/15/mazda-ou-la-croisade-pour-le-moteur-a-essence_6015599_4497319.html
mlsum-fr-755
Elia Suleiman au Festival de Cannes, le 25 mai 2019. LOÏC VENANCE/AFP Il va être difficile pour le cinéma palestinien de surpasser ce qu’Elia Suleiman lui a apporté – et continue de lui apporter – en trente années de carrière et quatre longs-métrages. Ce sentiment de l’exil intérieur et de la dépossession de soi. Cet art soigné de la mèche lente burlesque. Cette rage étouffant sous le joug de l’immobilisme politique, insensiblement transformée, sinon en consentement, du moins en lassitude empoisonnée. Cet humour des faibles, subtil et désespéré, comme dérobé à l’adversaire qui, l’ayant remisé dans les cartons de la diaspora, s’est oublié lui-même sous l’effet de la fermentation nationaliste. Cette manière, en un mot comme en cent, d’inventer une forme expressive parfaitement ajustée aux personnages contraints de vivre à côté de leur vie. Rendez-vous au Monde Festival : Le film « It Must Be Heaven » de Elia Suleiman en avant première au Monde Festival Elia Suleiman, né le 28 juillet 1960 à Nazareth, doublement minoritaire comme Arabe en terre d’Israël, comme chrétien en terre palestinienne, a tôt compris que, seules, les ailes de l’esprit le sauveraient du désastre. Il s’envole pour Londres en 1977, pour New York en 1981, avant un retour à Jérusalem dans les années 1990. Entre-temps, il a fait la rencontre de sa vie : le cinéma. La preuve, après quelques courts-métrages notables, par quatre longs-métrages où il s’invente, création supérieurement parlante, comme personnage à court de mots. Chronique d’une disparition (1996) est le journal dépressionnaire d’un cinéaste palestinien multipliant Nanni Moretti par Buster Keaton : voici le film par lequel le cinéma palestinien s’exempte de la propagande et porte le fer politique là où il fait le plus mal. Intervention divine (2002) en conserve l’humour, mais durcit le propos en se mettant, fantasmatiquement, au diapason de l’Intifada – un film explosif pour tout le monde, à hauteur de la haine réciproque et de l’autodestruction générale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Festival de Cannes 2019 : « It Must Be Heaven », l’humaine comédie de Suleiman Le temps qu’il reste (2009) est un retour distancié mais néanmoins vibrant sur sa famille et sur le destin palestinien, tombeau délicat et intime des espérances d’un peuple détruit de l’intérieur à force d’être dénié. Le Monde Festival présente en avant-première son dernier film, It Must Be Heaven (en salle le 4 décembre), qui était en sélection au dernier festival de Cannes. Dans ce « paradis », énoncé dans un titre de comédie musicale hollywoodienne, le héros aux cheveux blanchis promène en vérité son spleen infernal dans l’indifférence d’un vaste monde lui-même en voie de « palestinisation ». Au rythme où vont les choses, gageons que le prochain film d’Elia Suleiman sera spatial, cultivant en orbite la déchirure et la nostalgie de notre foyer à tous, la terre. Revivez les conférences et spectacles du Monde Festival 2019 sur le thème « Imagine » ! La rédaction du Monde a organisé, du 4 au 7 octobre à Paris, un festival de débats, spectacles et rencontres avec une centaine de personnalités. Revivez les moments forts du Monde Festival Paris 2019 Portfolio : ils ont imaginé le monde de demain au Monde Festival Retrouvez les vidéos intégrales des débats du Monde Festival 2019
Depuis trente ans, le réalisateur confronte son personnage muet à la marche bancale du monde, en mêlant spleen et burlesque. Il présentera son film « It Must Be Heaven » le 7 octobre, dans le cadre du Monde Festival.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/09/24/le-paradis-palestinien-selon-elia-suleiman_6012798_4415198.html
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Entretien. Christophe Deltombe est avocat au barreau de Paris depuis 1972. Engagé pour la justice sociale, ses combats l’ont amené à devenir notamment président d’Emmaüs France de 2007 à 2013 et, depuis 2018, à diriger La Cimade, association de solidarité créée en 1939. Il déplore notamment une obsession de la lutte contre l’immigration de la part des Etats européens, qui les conduits à jeter une ombre sur le travail des ONG. Migrants fouillés par des policiers italiens à leur débarquement sur le port de Pozzallo, en Sicile, le 7 juin. ANTONIO PARRINELLO / REUTERS Un rapport d’Amnesty International du 5 juin appelle les autorités françaises à mettre fin « au harcèlement et aux agressions » des défenseurs des migrants à Calais et à Grande-Synthe, qui se plaignent de « violences physiques et verbales » de la part des forces de l’ordre. Partagez-vous cette prise de position ? Nous la partageons totalement. Chaque jour, des personnes sont intimidées, poursuivies, éventuellement condamnées dans divers endroits de France : dans le Calaisis bien sûr, mais également à la frontière franco-italienne, à Paris, Nantes, Saint-Etienne, etc. Pourtant, ces acteurs associatifs viennent en aide à des personnes exilées en situation de très grande vulnérabilité, voire de danger, du fait de politiques migratoires et de pratiques administratives et policières toujours plus répressives. En décembre 2018, le Défenseur des droits concluait un rapport d’observation en notant que « les pouvoirs publics ont préféré mettre en œuvre une politique essentiellement fondée sur la police des étrangers reflétant une forme de criminalisation des migrations ». Aujourd’hui, cette criminalisation touche aussi, de plus en plus, leurs soutiens. Comme si, en plus de maintenir ces personnes dans des conditions indignes, les autorités souhaitaient également casser les initiatives de solidarités avec elles. A propos des migrants en Méditerranée, vous dénoncez, comme d’autres associations, une politique « criminelle » au niveau européen. Quel est le degré d’implication du gouvernement français dans cette politique ? Lors de sa campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron avait déclaré que ce qui se passait en Libye pouvait être qualifié de crimes contre l’humanité. Fuir ce pays est donc un acte de survie. Des ONG se sont mobilisées pour mener des opérations de recherche et de sauvetage, et ainsi éviter des dizaines de milliers de morts. On dénombre néanmoins 17 000 personnes noyées depuis 2014 ! Jamais un tel drame n’aurait eu lieu si, au lieu de criminaliser les personnes exilées et leurs sauveteurs, l’Europe, fidèle à ses valeurs, avait mis tout en œuvre pour donner la priorité à la protection et au respect du droit international. L’Italie a fermé ses ports et refuse les débarquements de personnes secourues en mer. La France, pour sa part, est pleinement engagée dans cette politique européenne de refoulement vers la Libye. Elle équipe les gardes-côtes libyens.
La criminalisation des migrants s’étend à leurs soutiens – acteurs associatifs et ONG –, constate Christophe Deltombe, le président de l’association de solidarité La Cimade.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/20/christophe-deltombe-le-discours-sur-la-question-migratoire-devient-de-plus-en-plus-hysterique_5478794_3232.html
mlsum-fr-757
mpopulaire. Manifestation de « gilets jaunes » contre la hausse du prix de l’essence devant une station-service à Antibes (Alpes-Maritimes), le 17 novembre 2018. ERIC GAILLARD / REUTERS C’est finalement à eux, les citoyens, qu’il reviendra, d’ici à la fin juin, de plancher sur le climat. Et peut-être bien, qui sait, de se prononcer sur un sujet devenu presque tabou en France, celui de l’avenir de la taxe carbone. Dans quelques jours, en effet, la convention citoyenne pour le climat – et les 150 Français tirés au sort qui la composent – commencera à réfléchir sur les meilleurs moyens d’effectuer la transition, y compris sur la fiscalité écologique. Les consultations vont durer six mois, à l’issue desquels, ces Français « devront faire des choix pour proposer un paquet de mesures cohérent », a prévenu le ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, François de Rugy. Ils pourront « discuter de tous les leviers d’action, des dosages entre les différents leviers. Y compris la taxe carbone », a-t-il avancé… La France a multiplié les échecs Inédit à cette échelle, le choix de cette méthode révèle le degré d’embarras du gouvernement qui, bousculé depuis novembre 2018 par la crise des « gilets jaunes », cherche désormais la caution populaire pour faire adopter ses réformes les plus sensibles. On se souvient que la taxe carbone avait contribué à l’émergence du mouvement des « gilets jaunes ». Et que, pour endiguer la colère de la rue, le gouvernement avait consenti à geler sa hausse, prévue en 2019, de 44,60 euros à 55 euros la tonne de CO 2 . Cette taxe, qui augmente progressivement depuis son adoption en 2014, aurait dû voir sa trajectoire s’accélérer cette même année, en vue de remplir l’objectif de neutralité carbone de 2050. Un nouveau rythme qui tombait mal, puisque ce renchérissement venait s’ajouter au rattrapage de la fiscalité diesel et à la flambée des cours mondiaux du pétrole brut. Et ce, alors que les Français commençaient à montrer de sérieux signes de ras-le-bol fiscal. Ce dernier rejet est sans doute l’un des plus forts qu’ait connus l’histoire de la fiscalité « verte » française, pourtant déjà mise à rude épreuve. Dans ce domaine, en effet, la France a multiplié les échecs. A commencer par celui – cuisant – de l’écotaxe. Inspirée du principe pollueur-payeur, celle-ci visait à taxer les poids lourds qui traversent le pays, en vue de financer le fret et le transport fluvial. Quinze ans de tergiversations n’ont pourtant abouti qu’à sept reports, deux suspensions, une révolte des « bonnets rouges » bretons en 2013, puis, en 2016, à un enterrement de cette taxe. Une volte-face qui, selon la Cour des comptes, a coûté plus de 1,2 milliard d’euros à l’Etat.
Considéré comme l’un des instruments les plus performants pour lutter contre le dérèglement climatique, cet impôt « vert », plébiscité par la plupart des économistes, est impopulaire.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/02/taxe-carbone-sortir-de-l-impasse_5470488_3234.html
mlsum-fr-758
Le président français, Emmanuel Macron, le 22 août à l’Elysée. Michel Spingler / AP Le président de la République, Emmanuel Macron, s’apprête à recevoir, vendredi 23 août, des représentants de la société civile pour une journée de « dialogue » à l’Elysée. Organisée de 10 heures à 18 heures, elle prévoit une série de rencontres pour discuter de sujets comme l’égalité hommes-femmes, la lutte contre les inégalités ou la protection du climat, qui sont les principaux thèmes mis en avant par la France pour le G7, qui s’ouvre le lendemain à Biarritz. M. Macron entend avec ce rendez-vous « recueillir les recommandations » des acteurs associatifs et « concrétiser le lancement d’un certain nombre d’initiatives ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Biarritz, le difficile G7 d’Emmanuel Macron La journée débutera par une rencontre avec les représentants du Conseil consultatif du G7 pour l’égalité entre les femmes et les hommes, présidé par les deux Prix Nobel de la paix 2018, Nadia Murad, jeune Irakienne de la minorité des Yézidis, et Denis Mukwege, gynécologue de la République démocratique du Congo. Suivra un déjeuner avec des responsables d’ONG autour des droits de l’homme, de la démocratie et de la protection de l’environnement. Devraient notamment être représentés Human Rights Watch, Reporters sans frontières, Amnesty International, Care, Coordination Sud, WWF et la Fondation européenne pour le climat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le contre-sommet du G7 fédère autour de la lutte contre le système capitaliste L’après-midi, Emmanuel Macron et plusieurs ministres débattront avec une centaine de dirigeants de groupes et d’entreprises comme Danone, Veolia, CMA-CGM, Renault ou Hermès. Sera alors annoncée la création « de coalitions d’entreprises qui s’engagent pour une croissance inclusive et pour la réduction de leur impact environnemental dans le domaine de l’industrie textile, du transport maritime et des technologies de réfrigération ». Boycottage d’ONG D’après France-Info, les ONG du Réseau action climat (RAC) ne participeront pas au rendez-vous de ce vendredi à l’Elysée. La veille, elles avaient annoncé boycotter le G7, estimant d’être laissées « à l’écart » du sommet. Le RAC, qui fédère 32 associations nationales et locales, dont Greenpeace, la LPO, Oxfam France ou le Secours catholique, avait dénoncé la décision de la présidence française de « limiter le nombre d’accréditations » des acteurs associatifs. « Le gouvernement ne daigne accorder qu’un quota de 25 accréditations pour les ONG, contre près d’une centaine les années précédentes », précise le RAC, qui regrette « une atteinte à la liberté d’expression de la société civile ». « La porte reste ouverte » et « notre volonté d’associer pleinement la société civile reste entière », a assuré la présidence, qui a fait savoir que le centre de presse serait ouvert à davantage d’ONG, comme elles le demandaient. Les associations membres du RAC décideront ce vendredi si elles participeront finalement au sommet ou pas.
Cette journée de « dialogue » vise à recueillir les recommandations des acteurs associatifs avant la tenue du sommet. Certaines ONG ont annoncé qu’elles n’y participeront pas.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/23/a-la-veille-de-l-ouverture-du-g7-macron-recoit-la-societe-civile-a-l-elysee_5501823_823448.html
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Leonardo Jardim, le 9 août à Monaco. VALERY HACHE / AFP L’AS Monaco ne veut plus jouer à se faire peur. Sauvé à l’ultime journée de la saison dernière, terminée au 17e rang, le club du Rocher a entamé le nouvel exercice sur les mêmes bases, avec une défaite inaugurale, sévère et inquiétante, 3-0 à domicile contre Lyon, vendredi 9 août. De quoi raviver quelques fantômes, et remuer le couteau dans la plaie d’un mercato encore trop timoré. Deux ans après son titre de champion de France, conquis avec les Fabinho, Lemar et autres Mbappé, l’ASM continue de payer le prix d’une politique de recrutement devenue hasardeuse à tous les niveaux, entre mauvaises pioches auprès des jeunes (Pietro Pellegri, Willem Geubbels), inspirations sans lendemain auprès de bons joueurs de Ligue 1 (Aholou, Grandsir), et tentative plus ou moins réussie de relance de glorieux anciens (Fabregas, Naldo). En quête de joueurs aguerris Pour en finir avec ses démons de la saison passée, Monaco compte désormais employer les grands moyens. L’arrivée sur la Côte d’Azur de l’international français et ex du FC Séville, Wissam Ben Yedder, acheté 40 millions d’euros, en témoigne. D’autres joueurs de son calibre sont également ciblés tels que Blaise Matuidi (Juventus de Turin), Tiémoué Bakayoko (Chelsea, champion de France 2017 avec l’ASM) ou encore le goléador de l’Inter Milan, Mauro Icardi, si le Colombien Falcao venait à quitter le Rocher. Avec Ben Yedder, et après Lecomte, Aguilar, Gelson Martins et Onyekuru, Monaco a déjà investi 108 millions d’euros dans son mercato. A peine de quoi rassurer Jardim, qui sait que ses recrues ne sont pas toujours prêtes à démarrer la saison. « Ceux qui nous ont rejoints doivent être aptes. C’est pour ça que sur les trois matches à venir, on aura des difficultés. La gestion sera très importante, pour éviter les blessures. » Pour Ben Yedder, Jardim donne rendez-vous après la trêve, début septembre. « Il ne s’est pas entraîné les jours avant de venir, concentré sur son transfert. (…) Mais j’attends beaucoup de lui après la trêve. » « Il manque encore des joueurs offensifs », selon Jardim. « Je pense que des attaquants vont arriver. Au milieu aussi. Mais le club sait tout ça. » Le club n’a plus de temps à perdre et va devoir trouver des joueurs rapidement opérationnels, comme nous explique Mathieu Faure, journaliste à Nice-Matin qui suit activement l’AS Monaco : « Il faut des joueurs aguerris et efficaces tout de suite. Ils ne veulent plus expérimenter, ils n’ont plus le temps de laisser aux joueurs un ou deux ans pour grandir, là ils doivent redevenir compétitifs immédiatement. » « Campos a laissé un vide » Une vraie rupture dans la politique du club, instaurée par Luis Campos, jusqu’à son départ vers Lille en juin 2016, après quelques différends avec Leonardo Jardim. Un départ qui a fait énormément de mal aux Monégasques selon Jérôme Rothen, ancien ailier de l’ASM, devenu consultant pour RMC : « Luis Campos a laissé un vide, on voit toute la qualité de son travail à Lille même si ça a mis un peu de temps car la première année était chaotique », affirme Rothen. « Il faut être investi, avoir un bon réseau, aussi l’œil pour être un bon recruteur sur de la jeunesse. Tout ça, Luis Campos il l’a, et quand il est parti de Monaco, il n’a pas été remplacé ou du moins par certaines personnes qui n’avaient pas les épaules. » Le costume était visiblement trop grand pour Michael Emenalo, arrivé de Chelsea, qui a été discrètement remercié cette semaine. Autre changement, la concurrence sur les marchés des jeunes talents a explosé, et de nombreux clubs du continent européen s’accaparent aujourd’hui cette politique de trading : « Monaco, c’était intéressant il y a quatre ans sur le trading mais maintenant tous les grands clubs le font », nous explique Edouard Cissé, ancien joueur devenu consultant. Pour permettre le bon développement de ces jeunes talents, il faut aussi les entourer de joueurs un peu plus expérimentés et performants, ce que n’a pas réussi à faire le club monégasque la saison dernière. Cette année, l’objectif donné à Leonardo Jardim est simple : retrouver rapidement les sommets de la Ligue 1. Le premier match, perdu face au Lyon de Sylvinho (0-3), n’a rassuré personne. Le deuxième, samedi, face au promu messin, qui a tenu en échec Strasbourg (1-1) en ouverture, doit permettre à l’ASM de lancer sa saison. Sous peine de terminer son mercato dans la panique.
Après une dernière saison chaotique, l’ASM se déplace à Metz, samedi 17 août, avec l’obligation de gagner pour faire oublier sa défaite inaugurale contre Lyon (0-3).
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/17/ligue-1-l-as-monaco-deja-sous-pression_5500228_3242.html
mlsum-fr-760
Le constat a de quoi alerter trente ans après la chute du mur de Berlin. Dans les pays concernés en premier chef par l’effondrement, le 9 novembre 1989, du symbole de la division du continent européen pendant la guerre froide, l’inquiétude le dispute à la défiance et à la frustration, d’après une vaste enquête d’opinion menée par l’institut britannique YouGov, pour le compte des Fondations Open Society. Le sondage a été réalisé du 21 août au 13 septembre, auprès de plus de 12 500 personnes dans sept pays de l’ancien bloc communiste : la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slovaquie, la Roumanie, la Bulgarie, ainsi que l’Allemagne – celle-ci étant prise dans son ensemble en raison de la réunification survenue moins d’un an après l’ouverture du Mur. D’après cette enquête rendue publique lundi 4 novembre, une majorité de personnes considère que la démocratie est en danger dans les sept pays étudiés. Cette crainte est perceptible non seulement en Hongrie (58 %) et en Pologne (51 %), les deux Etats sous le coup de procédures pour violation de l’Etat de droit au sein de l’UE, mais aussi en Slovaquie (61 %), en Roumanie (58 %), et même en Allemagne (52 %). Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La révolution de 1989 à Berlin n’est pas un échec, elle pourrait même être le début de l’histoire » Idées illibérales A l’exception de l’Allemagne, plus de six personnes sur dix considèrent que l’Etat de droit est en effet menacé par le développement des idées illibérales brandies en particulier par le premier ministre hongrois, Viktor Orban, ou par la majorité au pouvoir en Pologne. D’ailleurs, une proportion plus ou moins forte de sondés considère que les élections ne sont ni libres ni impartiales dans leur Etat : 76 % sont de cet avis en Bulgarie, 52 % en Hongrie, contre 19 % en Allemagne. De même, dans six des sept pays étudiés, la majorité des habitants estime que la liberté d’expression est en danger : 67 % des Bulgares, 58 % des Slovaques, 57 % des Polonais, 56 % des Hongrois et 51 % des Roumains partagent ce point de vue. En Hongrie, Bulgarie, Roumanie, Slovaquie et Pologne, une majorité de sondés pensent même que, s’ils critiquaient le gouvernement de leur pays, ils en subiraient des conséquences négatives, les plus jeunes se montrant les plus inquiets à cet égard. Un grand nombre de personnes interrogées a un point de vue pessimiste sur le monde actuel : moins d’une personne sur quatre âgée de plus de 40 ans juge que celui-ci est plus sûr aujourd’hui qu’il y a trente ans. Le bilan est ambivalent au sujet du passage à l’économie de marché, après la chute des régimes communistes. Si une majorité des sondés considèrent, surtout en Pologne et en Hongrie, que la transition a été bénéfique pour leur pays, le constat est plus sévère sur le plan personnel. En Hongrie, Roumanie et Bulgarie, plus de 30 % des personnes interrogées estiment que la transition économique ne leur a pas été favorable.
Selon une vaste étude menée pour les Fondations Open Society, le désenchantement prévaut dans sept pays de l’ex-bloc soviétique. Une forme de mobilisation citoyenne dynamique émerge cependant au sein des générations les plus jeunes.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/04/pour-une-majorite-d-europeens-de-l-est-la-democratie-est-en-danger_6017946_3210.html
mlsum-fr-761
Tribune. Les livres de Thomas Piketty sont toujours monumentaux. Certains le sont plus que d’autres. Les Hauts Revenus en France au XXe siècle (Grasset, 2001) couvrait plus de deux siècles d’inégalités de revenus et de patrimoines, ainsi que les changements sociaux et politiques en France. Son best-seller international, Le Capital au XXIe siècle (Seuil, 2013), a élargi cette approche aux principaux pays occidentaux (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne). Ce nouvel ouvrage couvre le monde entier et présente un panorama historique sur la façon dont la propriété des actifs (y compris des personnes) fut traitée et justifiée dans différentes sociétés historiques, de la Chine, du Japon et de l’Inde aux colonies américaines sous domination européenne et aux sociétés féodales et capitalistes en Europe. Il suffit de mentionner l’étendue géographique et temporelle du livre pour donner un aperçu de son ambition. « Son approche est caractérisée par le retour méthodologique de l’économie à ses fonctions originelles et essentielles » Avant de passer à l’examen de l’ouvrage, il convient de mentionner l’importance de l’approche globale de Thomas Piketty, présente dans ces trois livres. Son approche est caractérisée par le retour méthodologique de l’économie à ses fonctions originelles et essentielles : être une science qui éclaire les intérêts et explique les comportements des individus et classes sociales dans leur vie quotidienne (matérielle). Cette méthodologie rejette le paradigme dominant depuis un demi-siècle, qui a ignoré avec toujours plus de vigueur le rôle des classes et des individus hétérogènes dans le processus de production, pour considérer toutes les personnes comme des agents abstraits, maximisant leurs revenus sous certaines contraintes. Ce paradigme dominant a vidé l’économie de presque tout son contenu social, et présente une vision de la société aussi abstraite qu’erronée. « Turbo-Annales » La réintroduction de la vie réelle dans l’économie par M. Piketty et quelques autres (ce n’est pas un hasard si ce sont principalement ceux qui s’intéressent aux inégalités) est bien plus qu’un simple retour aux sources de la politique économique et de l’économie. Et ce parce que nous avons aujourd’hui beaucoup plus d’informations (les « data ») que ce dont disposaient les économistes il y a un siècle, sur nos sociétés contemporaines comme sur celles du passé. Cette combinaison de la méthodologie originale de l’économie politique et du big data est ce que j’appelle le « turbo-Annales », où les sujets de l’économie politique classique et ceux des auteurs liés à l’école des Annales peuvent désormais être étudiés de manière empirique, voire économétrique : une chose que ces auteurs ne pouvaient pas faire à l’époque, du fait de la rareté des données et de l’indisponibilité des méthodologies modernes. C’est dans ce contexte, je crois, qu’il convient de considérer Capital et Idéologie (Seuil, 1 232 pages, 25 euros, à paraître le 12 septembre).
Dans une tribune au « Monde », l’économiste Branko Milanovic, spécialiste des inégalités, salue « Capital et Idéologie », un ouvrage qui pourrait « transformer le regard des politologues sur leur propre domaine ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/04/le-nouveau-livre-de-thomas-piketty-une-utilisation-audacieuse-et-novatrice-des-donnees_5506378_3232.html
mlsum-fr-762
Tribune. Agnès Buzyn a dévoilé son plan pour sauver les urgences du péril actuel, avec la réaffectation de crédits de 750 millions d’euros sur trois ans. Pas de nouveaux crédits, aucun investissement dans la santé des Français alors qu’il s’agit d’une préoccupation phare des citoyens. Avec le gouvernement Macron, l’habitude est prise de sortir de la crise en renforçant le pouvoir en place, l’austérité et l’aggravation des problèmes de fond sous prétexte de « refondation », de « solutions » et « d’innovation ». Les termes changent mais l’hôpital reste la variable d’ajustement dans cette course effrénée de réduction des dépenses publiques, au détriment de ce qui fait sens. Les soignants travaillent toujours plus pour toujours moins, dans des locaux à l’image de cette dégradation ambiante. C’est une crise environnementale : des ressources sont détruites, des citoyens voient leur état de santé s’aggraver, et parfois, meurent d’un manque d’accès à ces biens communs Là encore, ce plan du ministère de la santé suit cette règle : pas de moyens humains nouveaux mais de nouvelles organisations pour mieux adapter les individus à cette pénurie systémique. Comme l’écrit la philosophe Barbara Stiegler, « il faut s’adapter » est devenu le « nouvel impératif politique » du moment. Et c’est précisément cette logique d’adaptation – « les solutions » de Mme Buzyn et de ses conseillers – qui est problématique car le cadre général de cette politique ne peut être remis en cause. A défaut, ce plan propose des mesures symptomatiques de court terme (financement sur trois ans), limitées et inadéquates. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hugo Huon, l’infirmier de nuit au chevet des urgences en grève Les urgences sont le point de cristallisation de la situation des hôpitaux et des dispositifs accessibles tant en amont qu’en aval de l’hôpital public, mais la crise est généralisée. Il s’agit de penser tout ensemble. C’est une crise environnementale : des ressources sont détruites (personnels soignants, structures de soin), des citoyens voient leur état de santé s’aggraver, et parfois, meurent d’un manque d’accès à ces biens communs. Usagers et professionnels, chacun est sommé de s’adapter à l’orchestration de ces pénuries multiples, à une situation toujours plus dégradée, à une attractivité toujours plus basse des métiers du soin. Or ce sont des métiers à vocation où aider et prendre soin de notre prochain est la motivation première et le sens de notre travail. Redonner du sens aux soins La crise de la santé est une crise de sens, une crise sociale et une crise politique. Le seul moyen de s’en sortir est de redonner du sens aux soins, d’arrêter cette compression du temps qui oblige à après l’augmentation infinie de la productivité. D’arrêter de faire du mauvais travail qui rend honteux et indignes les professionnels de terrain. D’arrêter de mal accueillir les citoyens souffrants, car cela génère pour eux de la perte de confiance en autrui et dans la société. D’arrêter de résumer les problématiques politiques à des problèmes financiers et économiques.
Trois infirmiers et un psychiatre du collectif Inter-Urgences déplorent, dans une tribune, que le plan gouvernemental ne cherche qu’à « mieux adapter les individus à une pénurie systémique ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/12/ce-plan-propose-des-mesures-de-court-terme-limitees-et-inadequates_5509400_3232.html
mlsum-fr-763
Histoire. Oubliez Bambi, Pikachu et Pat’Patrouille. En Biélorussie, le comble du mignon, ce sont les chars d’assaut. C’est du moins l’impression qui se dégageait dimanche 14 septembre dans le parc Viktoria de la capitale, Minsk, où l’éditeur du jeu vidéo World of Tanks organisait la « Wargaming Fest », sa fête annuelle des véhicules blindés. Le temps d’un après-midi, il n’y avait que le ciel pour être gris. Sur un coin de la pelouse, des bambins soulevés par leurs parents escaladent une voiture blindée planquée d’un drapeau rose fluo. Des parodies de panneaux de signalisation alertent sur les dangers liés aux tanks mal garés. Dans les allées, les sourires paradent. Des adolescents posent tout triomphant devant des affiches de modèles d’époque, quand d’autres passants promènent un char d’assaut gonflable comme s’il s’agissait d’une barbe à papa. La Biélorussie est la plus vieille dictature d’Europe, et ici, les blindés paraissent « kawaii », pardon, « каваий ». A la Wargaming Fest, les participants se promènent avec un tank gonflable, comme s’il s’agissait d’un héros de dessin animé. William Audureau / Le Monde « On aime leur force, leur design, leur histoire… c’est un tout », explique Anton, venu avec ses amis Natallya et Anatoli. « On est venu avec mon fils, parce qu’on joue à World of Tanks depuis 6 ans. Et puis c’est une société biélorusse », se félicite Pavel, 44 ans, programmeur accompagné de sa progéniture. Dizanis, 27 ans, joue « cinq à six fois par semaine », raconte-t-il fièrement. Son attachement aux tanks ? « Ici, et dans tous les pays alentours, la seconde guerre mondiale reste omniprésente. » Un héritage de 1941-1944 Pour comprendre cette fascination biélorusse pour les blindés, il faut en effet remonter le temps de soixante-quinze ans. Et pour cela, faire un détour de quelques dizaines de mètres au Musée d’histoire de la Grande guerre nationale de Biélorussie, qui jouxte l’entrée du parc Viktoria. Dans un cadre majestueux, véhicules, armes, photographies et reconstitutions d’époque rejouent la seconde guerre mondiale, mais vue côté soviétique. Ici, le conflit est connu sous le nom de « Grande guerre patriotique », une appellation héritée de Staline. Dans les allées, les guides sont en costume de soldats, tandis que des préadolescents se font prendre en photo par leur mère avec une réplique d’arme de guerre à la main. Pour l’ancienne Ruthénie blanche, intégrée à l’URSS en 1922 et située en plein passage des tanks allemands en route pour Moscou, le conflit fut pourtant un massacre sans pareil : 209 villes détruites sur 270, dont Minsk ; 700 villages brûlés ; la forte minorité juive exterminée, et un quart de sa population d’ensemble tuée. Rapporté à sa population de dix millions d’âmes, la République socialiste soviétique de Biélorussie fut le pays le plus touché par la seconde guerre mondiale. Il lui faudra trois décennies pour se reconstruire. L’entrée du Musée d’histoire de la Grande guerre nationale, et son petit train multicolore pour enfants. W.A. Cette guerre est pour la Biélorussie une plaie béante, au creux de laquelle bat le pouls de son identité nationale. « Je crois qu’il n’y a pas eu la moindre famille en Biélorussie qui n’ait été touchée par la guerre », avance Ilya Yanovich, du studio de jeu vidéo minskois Weappy. Le conflit joue désormais un rôle majeur dans l’imaginaire collectif. « Le travail très minutieux des autorités soviétiques a permis de sélectionner cet événement, et surtout la victoire, comme fondement de la grande fierté nationale », explique Anna Zadora, enseignante-chercheuse à l’université de Strasbourg, spécialiste de la Biélorussie. A l’image du gigantisme du dôme du musée, qui célèbre en grande pompe la victoire finale des forces soviétiques contre l’Allemagne nazie. « Les soldats étaient fiers d’être l’épicentre du combat contre le Mal », ânonne Tatyana Troynihiy, guide du musée, qui évoque à plusieurs reprises « l’héroïsme des soldats ». « C’est une approche très binaire, très digeste. Il y a le noir et le blanc, le mal et le bien », observe Anna Zadora, à propos de l’historiographie biélorusse. On cherchera en vain des mentions de la responsabilité soviétique dans le déclenchement du conflit, ou la moindre mention de la collaboration biélorusse avec l’occupant nazi. Diorama de la prise de Minsk, en juin 1941, au Musée d’histoire de la Grande guerre nationale. W.A. Les chars d’assaut, symboles de la victoire A la place, un objet est devenu le totem de la fierté nationale : le char d’assaut. La première bataille remportée par les forces soviétiques sur les forces allemandes – qui a eu lieu à Koursk – « était une bataille de tanks », souligne Ilya Yanovich. « Selon des historiens, les Russes ont réussi à défendre leurs villes grâce à leurs chars, et leur artillerie était proche de la perfection », se félicite la guide du musée, Tatyana Troynihiy, reprenant à son compte plusieurs décennies de propagande soviétique. Soixante-dix ans plus tard, ceux-ci sont restés centraux dans l’imaginaire biélorusse, bien aidés par le travail de mémoire des officiels soviétique. Depuis l’armistice, le char d’assaut est partout, dans les parades le 9 mai, jour de commémoration de l’entrée dans Berlin, sur les places de villages, dans les livres d’histoire. Dans la boutique de souvenirs, Irina pose fièrement avec une reconstitution en poste du T34/45, un char soviétique qu’a conduit son grand-père. W.A. « Le tank soviétique est le symbole de la force, de la résistance, décrypte Anna Zadora. Il a une place importante dans les défilés militaires, il montre que l’industrie militaire continue à travailler, et c’est aussi une démonstration de force envers l’Occident, bien sûr. » C’était vrai durant la guerre froide, et ça l’est encore aujourd’hui. Récemment, trois films russes ont encore mis en avant cet héritage, Tanks for Staline (2018), Indestructible (2018) et T-34 (2019). La Biélorussie a fait sienne cette tankophilie, dès son indépendance, en 1991, en organisant chaque second week-end de septembre sa journée des chars d’assauts. Une manière de « souligner les liens fraternels avec les autres pays soviétiques », explique Anna Zadora, alors que Biélorussie et Russie sont liées par l’Etat de l’Union, une union supranationale. Fétichisme vidéoludique Cet événement a fusionné il y a deux ans avec la Wargaming Fest, dans un mariage de raison, entre commémoration et velléités commerciales, sans que jamais l’historiographie soviétique ne soit remise en question. « Il y a un discours dominant qui a été martelé pendant des générations, on ne peut pas y échapper », excuse Anna Zadora. La société Wargaming, aujourd’hui plus grand éditeur de jeu vidéo du pays, et fierté des joueurs biélorusses, a su surfer sur cette tankophilie. Cela lui a pris un certain temps. Ses premières productions, cantonnées à un succès confidentiel, lorgnaient davantage du côté de la science-fiction. Jusqu’à ce qu’un de ses employés suggère à Victor Kislyi, le fondateur de l’entreprise, de créer un jeu consacré aux chars d’assauts. Bingo. Et quel succès. World of Tanks compte en 2019 plus de 150 millions de joueurs inscrits, et l’entreprise vingt bureaux dans le monde, pour 4 500 salariés. Elle a même un avion de la compagnie biélorusse Belavia à ses couleurs. Si la France est son cinquième plus grand marché en Europe, le cœur de sa clientèle se situe surtout dans la sphère soviétique, essentiellement en Russie, en Pologne, en Ukraine et en Biélorussie. Ilya et Dizanis posent devant un stand à la Wargaming Fest. Depuis bientôt dix ans, l’entreprise modélise méticuleusement les plus célèbres chars d’assauts historiques. Pour chacun, elle consacre une équipe d’une demi-douzaine d’artistes, techniciens et archivistes pour les reproduire, tantôt sur la base de plans, de photos ou encore de visites aux musées. Tous sont accueillis avec ferveur par la communauté. Réappropriation « Je ne connais pas une seule personne ici qui n’ait pas entendu parler de nos jeux », se félicite Maksim Grachev, l’organisateur de la Wargaming Fest. « Ce qui est impressionnant, c’est que ce message est accepté par les nouvelles générations », relève Anna Zadora. Et de noter qu’à son tour « le jeu vidéo permet par ses mécanismes de s’approprier cette fierté ». Jusqu’à faire du char d’assaut un objet de pop culture, presque un doudou transitionnel, que les joueurs s’approprient et se réapproprient avec de plus en plus de légèreté. Au sein du plus grand des trois bureaux minskois de Wargaming, une tour moderne de seize étages, une salle est entièrement consacrée aux cadeaux envoyés par les fans de World of Tanks. On y trouve des reproductions toutes plus étonnantes les unes que les autres : des blindés en bois, en tricot, en forme de pantoufles, multicolores, sous les traits d’un éléphant, avec des ailes de chauve-souris. Ou encore, fièrement dessinés sur un cartable, surmontés d’une inscription en russe : « Les tanks n’ont pas peur de l’école ».
Wargaming, l’éditeur du jeu vidéo en ligne « World of Tanks », a réuni des dizaines de milliers de personnes à une fête des véhicules blindés, à Minsk. En creux, le rapport singulier des anciennes républiques soviétiques à l’Histoire.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/17/jeux-video-aux-origines-de-la-passion-bielorusse-pour-les-tanks_5511596_4408996.html
mlsum-fr-764
A Douala, en mai 2019, Bless Awah Chi, 17 ans, fabrique sans l’avoir appris des engins qu’il motorise avec les moyens du bord. Josiane Kouagheu Une pelleteuse petit modèle jaune pétard suivie d’un petit camion benne bleu azur. Puis un char, coincé entre un avion et un jet privé. A New Bell, quartier populaire de Douala, la capitale économique du Cameroun, ces véhicules de contre-plaqué et de carton, alimentés de batteries et de petits moteurs, attirent une foule autour d’un timide jeune garçon concentré sur la manipulation de son tableau de bord. « Voilà le genre de jeune dont le Cameroun a besoin », lance un homme qui immortalise la scène. « Tu mérites de travailler dans une grande entreprise chez les Blancs. Tu es fort ! », sourit Chantal, chemise de soie et lunettes de soleil sur le nez. Les badauds le félicitent. Des automobilistes et des motards s’arrêtent pour observer Bless Awah Chi, tout juste 17 ans. Il y a quatre mois, cet ingénieur en herbe a quitté précipitamment Bamenda, la capitale régionale du Nord-Ouest, l’une des deux régions anglophones du Cameroun. Depuis 2016, la crise sociopolitique que traverse cette partie du pays s’est transformée en un conflit armé entre des séparatistes qui réclament l’indépendance et les forces de défense et de sécurité camerounaises. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU, le conflit a entraîné le déplacement interne de 530 000 personnes et « plus de 600 000 enfants sont privés d’éducation », souligne Mark Lowcock, le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires, lors d’une réunion informelle inédite du Conseil de sécurité sur le Cameroun. D’après le Fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef), plus de 80 % des écoles ont fermé à cause des attaques et de l’interdiction d’éducation imposée par des groupes armés. « Au moins 74 écoles ont été détruites, tandis que, dans les autres, les élèves, les enseignants et le personnel scolaire étaient exposés à la violence, aux enlèvements et à l’intimidation », regrettait Toby Fricker, le porte-parole de l’Unicef, lors d’un point de presse le 21 juin à Genève. Boîte de sardine et bambou Bless Awah Chi fait partie de ces enfants. Depuis deux ans, il a déserté la classe, à cause de journées « villes mortes » imposées par les séparatistes, des coups de feu et des kidnappings à répétition. Et, en mars, il a décidé de partir vivre chez son oncle. « J’ai mis mes appareils dans des cartons, mes vêtements dans un sac et suis monté dans un bus pour Douala. Je n’en pouvais plus », raconte-t-il au bord des larmes. Si parler de la crise lui « brise le cœur », son visage s’illumine lorsqu’il évoque ses engins. « Où est-ce que tu as appris à fabriquer ces voitures ? », lui demande soudain un petit garçon aux joues rondes et au sourire édenté. « Nulle part. Je pense que c’est un don de Dieu », répond modestement Bless. Tout commence durant les congés de Noël, alors qu’il n’était encore qu’un enfant. A l’époque, il rêve d’avoir les mêmes jouets que ses petits voisins. Mais ses parents, démunis, ne peuvent les lui offrir. Le petit Bless décide donc de les fabriquer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Cameroun, Ebodjé, l’écovillage qui protège ses tortues marines Avec une boîte de sardine vide et des baguettes en bois, il construit sa première voiture, qu’il fait rouler à l’aide d’une ficelle. « J’ai commencé à observer les vrais véhicules qui roulaient et me suis mis à créer les miens après l’école, durant les week-ends, les congés et les grandes vacances », se souvient-il. Les boîtes de sardine étant difficiles à manipuler ? Il passe au bambou, puis au contre-plaqué et au carton. Ses voitures et camions miniaturisés plaisent à ses petits camarades. Encouragé, il pousse les recherches avec son frère aîné, qui le console quand il échoue. Au fil des années, il s’améliore, modifie, remodèle, peint, jusqu’au jour où il entend voler un appareil dans le ciel. Son frère lui explique qu’il s’agit d’un avion et lui montre des photos sur ordinateur. Bless se met au travail et, au bout de quelques jours, il en a fait un en carton, suivi d’un jet et d’un hélicoptère. A Douala, en mai 2019, Bless Awah Chi et son char entièrement fabriqué par ses soins. Josiane Kouagheu Ses appareils aux couleurs pétantes et estampillés « Chi Style » séduisent, mais le jeune ingénieur en herbe veut aller plus loin et les faire « rouler ou voler » pour de vrai. Bless Awah Chi écume alors les poubelles et dépouille les vieux appareils électroniques de leur moteur et de leur batterie : radio, jouets, téléphone, tout y passe… Son frère aîné fait le tour des ateliers où il récupère ce qu’il peut. « J’ai commencé à les incorporer, à les tester et ça marchait, raconte Bless, le regard rivé sur un véhicule tout-terrain commandé depuis un tableau de bord général qui fonctionne avec une batterie de moto et auquel tous ses appareils sont reliés. Devant la petite foule, il passe d’ailleurs à plusieurs reprises aux démonstrations. « Ce que Bless fait est extraordinaire. Même des enseignants de mécanique ne font pas la moitié de ce qu’il accomplit. C’est pourquoi je l’ai toujours encouragé, en lui fournissant tout le matériel nécessaire », explique Derick Awah Nkeng, son frère aîné, réfugié comme lui à Douala. « Eradiquer la pauvreté » Chez l’oncle qui les accueille, la famille est passée de quatre à une douzaine de personnes. Des bouches supplémentaires à nourrir. « Il y a des jours où manger est vraiment difficile. Mais je me bats pour qu’ils aient au moins un repas, même si c’est du gari [pâte de manioc] », confie Eric Muluh, commerçant. « Bless est trop talentueux. Je souhaite vraiment que des âmes de bonne volonté m’aident pour que je puisse le nourrir, l’envoyer à l’école et, plus tard, l’accompagner dans la poursuite de ses études à l’étranger », ajoute-t-il. Au bord de la route, le jeune ingénieur fait rouler ses appareils. Dans sa tête, les projets se bousculent. Il veut « simplifier » la vie aux Camerounais. Alors, il s’est mis à la fabrication de robots : ceux qui pillent du mil, une pelleteuse avec robot incorporé… Il pense à fabriquer engins qui pourront remplacer les hommes sur les chantiers de construction, dans les menuiseries. Bless Chi n’a d’ailleurs qu’un seul rêve : achever ses études et intégrer une grande entreprise européenne ou américaine où il pourra mieux se perfectionner pour, enfin rentrer construire une usine au Cameroun. Son vœu le plus cher est d’arriver à venir en aide à ses parents et à sa famille restés à Bamenda, qui se terrent chez eux lors des journées « ville morte » ou pour éviter les balles perdues. Dans une rue de Douala, en mai 2019, Bless Awah Chi fait une petite démonstration des engins qu’il fabrique de toute pièce. Josiane Kouagheu « C’est très dur là-bas. On vit la peur au ventre. Il faut la paix. C’est essentiel pour tout le Cameroun », implore l’adolescent. Au milieu de ses appareils, il vient d’arrêter l’avancée du char. Place au 4x4 miniature. C’est son « grand » souhait : remplacer dans « tous les coins d’Afrique » les véhicules de guerre par des engins « pour développer et éradiquer la pauvreté ».
Bless Awah Chi, 17 ans, a fui les violences à Bamenda pour se réfugier à Douala. L’adolescent aux doigts d’or y fabrique de toute pièce des engins originaux.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/18/l-apprenti-ingenieur-qui-reve-de-creer-voitures-camions-et-avions-100-camerounais_5490915_3212.html
mlsum-fr-765
Manifestation à Khartoum le 13 juillet 2019. EBRAHIM HAMID / AFP Quelques jours après la fin du blocage d’Internet, mardi 9 juillet, les Soudanais revivent la terreur semée lors de l’évacuation meurtrière du sit-in de manifestants à Khartoum en regardant les images, devenues virales, de la répression. Le 3 juin, 136 personnes ont été tuées lors du raid brutal mené sur le campement de manifestants installé depuis avril devant le siège de l’armée, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités, elles, parlent de 71 morts. Lire aussi Soudan : des milliers de personnes réclament justice pour les manifestants tués Des dizaines de protestataires, qui occupaient cet endroit devenu le poumon de la révolution pour demander le transfert du pouvoir aux civils, ont été tués par balles et frappés par des hommes armés qui ont évacué le sit-in dans le sang, provoquant un tollé international. Immédiatement après le drame, les autorités avaient imposé le blocage total de l’internet mobile dans le pays, jetant un voile sur les violences perpétrées. « Aucune pitié, religion ou humanité » Avec le retour du réseau mardi, les images que de nombreux Soudanais n’avaient encore jamais vues, sont devenues virales. Largement partagées sur les réseaux sociaux, elles ont provoqué le choc et la colère au sein de la population. « Les images de meurtres et de coups brutaux m’ont mis très en colère, déclare Hussein Hashim, 19 ans, étudiant à l’université du quartier d’Al-Deen à Khartoum. Leurs auteurs n’ont aucune pitié, religion ou humanité. » « Ces vidéos ont pour but de nous effrayer, dit pour sa part son ami Samuol, accusant les autorités de les diffuser. Mais ces scènes horribles nous donneront encore plus de raisons de nous battre pour que justice soit rendue pour les martyrs. » Une photo en particulier a suscité la fureur de la population. Elle montre des hommes en tenue militaire et bottes, posant leurs pieds sur le visage d’un manifestant étendu sur le sol. Des dizaines de vidéos ont été mises en ligne ces derniers jours. Une d’entre elles montre un groupe d’hommes armés, en tenue militaire, cernant une adolescente en train de crier alors qu’un d’entre eux la tient par le cou. De nombreuses images montrent des hommes armés frappant des manifestants avec des bâtons. L’AFP n’a pas pu vérifier leur authenticité, la plupart d’entre elles ayant été diffusées sur les réseaux sociaux par des comptes affichant des pseudonymes. L’Internet mobile a été rétabli après des poursuites engagées contre les fournisseurs de réseau par un avocat basé à Khartoum, Abdelaziz Hassan. « L’objectif du blocage était de dissimuler des informations et des preuves sur ce qui s’est passé lors du massacre », a-t-il déclaré à l’AFP. Des dizaines de personnes avaient déjà été tuées dans la répression des manifestations lancées le 19 décembre 2018, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Le mouvement avait pris une tournure politique en réclamant la chute du président Omar Al-Bachir, destitué et arrêté le 11 avril par l’armée après trois décennies au pouvoir. Sur une page Facebook, créée pour rassembler les images du « massacre » du 3 juin, Hassan Mora, une internaute, écrit : « Les responsables de ce crime doivent rendre des comptes. » « Sans responsabilité, punition et vengeance, cette révolution spectaculaire ne réussira pas », a renchéri Alaa Khairawi. « Nous continuerons » Les manifestants et des ONG accusent les redoutées Forces de soutien rapide (RSF) d’avoir mené le raid. Mais le chef de ces groupes paramilitaires, Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemeidti », également numéro deux du Conseil militaire de transition, au pouvoir, a rejeté ces allégations. « Ces photos sont des montages », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement la semaine dernière, accusant des services de renseignement étrangers de filmer et de diffuser les images. « Il y a des gens qui ont filmé 59 vidéos en une journée, comment est-ce possible ? Ils ont des idées derrière la tête, c’est sûr. » Lire aussi Comment militaires et opposants se sont mis d’accord sur la transition politique au Soudan Le Conseil militaire de transition a ordonné l’ouverture d’une enquête sur les violences du 3 juin, mais les conclusions n’ont pas encore été rendues publiques. Montrant une vidéo dans laquelle un groupe d’hommes en treillis frappent des manifestants, un chauffeur interrogé par l’AFP assure que « ces vidéos ne sont pas des montages, certaines ont même été tournées par les hommes armés », affirme-t-il. « Après avoir vu ces images, j’ai envie de venger les victimes », ajoute-t-il sans donner son nom. « J’étais heureuse du retour d’Internet. Mais maintenant, je me sens en colère et humiliée », dit une jeune femme qui souhaite elle aussi rester anonyme. « Ils veulent intimider les femmes, mais nous n’aurons pas peur et nous continuerons à manifester », lance-t-elle. Samedi 13 juillet, de jour comme de nuit, ils étaient à nouveau des milliers dans les rues des grandes villes du pays pour faire mentir la peur et réclamer vérité et justice pour les victimes de la répression.
Depuis le retour du réseau, les images, photos ou films, des violences perpétrées par les forces de l’ordre soudanaises sont devenues virales.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/15/avec-le-retablissement-d-internet-les-soudanais-revivent-la-terreur-de-la-repression_5489662_3212.html
mlsum-fr-766
Le gouvernement français a fermement condamné, mercredi 16 octobre, l’enlèvement d’un opposant iranien, Rouhollah Zam, annoncé lundi par les gardiens de la révolution iraniens. Ces derniers ont affirmé que ce « contre-révolutionnaire », qui vivait en exil en France, était « dirigé par le renseignement français ». M. Zam participait activement à la contestation du régime de Téhéran par l’intermédiaire d’Amadnews, une plate-forme diffusée sur la messagerie cryptée Telegram. Les autorités iraniennes ont déclaré qu’il s’agissait d’une « opération élaborée et professionnelle ». « Nous suivons ce dossier avec vigilance », a assuré la porte-parole du ministère des affaires étrangères français. Si la France prend la peine de s’exprimer, sans fournir pour autant de détails, c’est que M. Zam est loin d’être un inconnu sur le territoire français. Les services de sécurité s’inquiètent de son sort depuis deux ans déjà. Installé à Montauban (Tarn-et-Garonne), avec sa femme et ses enfants, ce fils d’un clerc chiite bénéficiait du statut de réfugié sous protection asilaire. Dans le même temps, il poursuivait ses efforts, surtout par l’intermédiaire des réseaux sociaux, pour alimenter la contestation en Iran. Parmi ses griefs, Téhéran lui prête un rôle actif dans la mobilisation contre le régime iranien lors de l’hiver 2017-2018. Arguant du fait qu’il incitait à la violence, les autorités iraniennes avaient dans un premier temps obtenu de Telegram la fermeture d’Amadnews, qui comptait près de 1,4 million d’abonnés. Pour éviter ce type de mesure, l’opposant avait créé sur la messagerie un nouveau groupe qui n’appelait plus qu’à « des manifestations pacifiques ». Lire aussi Un second chercheur français détenu en Iran Cible évidente De source diplomatique, la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) connaissait bien M. Zam. Son activité, perçue comme une provocation par Téhéran, en avait fait une cible évidente. L’intéressé et sa famille ont ainsi été menacés de mort directement, à plusieurs reprises, notamment au téléphone. Une protection policière rapprochée et permanente, assurée par les hommes du service de protection de la personne (SDLP), avait été mise en place autour de lui depuis deux ans. Une voiture blindée avait même été jugée nécessaire pour ses déplacements. Les avertissements de la DGSI sur les risques qu’il encourait à poursuivre son travail militant ne semblent pas avoir réduit l’intensité des dénonciations contre son pays d’origine. L’inquiétude de la DGSI est montée d’un cran ces deux dernières années, quand plusieurs services partenaires étrangers, dont le Mossad, ont averti Paris qu’un « contrat » avait été ouvert par le régime de Téhéran contre la personne de M. Zam. Pour le gouvernement français, la possibilité d’un assassinat commis sur son sol par un service secret étranger relevait d’une hypothèse d’autant plus probable que, par le passé, des opposants iraniens ont déjà subi un tel sort. Une menace qui constitue désormais une ligne rouge pour les autorités françaises.
Les services français avaient dissuadé Rouhollah Zam de se rendre en Irak où il a été enlevé et transféré en Iran.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/18/enlevement-d-un-opposant-iranien-protege-par-la-france_6015999_3210.html
mlsum-fr-767
Le navire humanitaire « Open-Arms » à son arrivée sur l’île italienne de Lampedusa, mardi 20 août. SALVATORE CAVALLI / AP La France va envoyer en Italie une délégation de l’Office de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) pour étudier les situations de « la quarantaine » de migrants du navire humanitaire Open-Arms qu’elle s’est engagée à accueillir, a fait savoir, mercredi 21 août, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. Les migrants recueillis en Méditerranée par le navire espagnol ont débarqué dans la nuit de mardi à mercredi sur l’île italienne de Lampedusa, en application d’une décision de justice prise compte tenu des fortes tensions à bord après des jours de surplace à quelques encablures de la côte. Ils étaient initialement 147 à bord à l’arrivée du navire humanitaire près de Lampedusa, jeudi. Ils n’étaient plus que 80 après l’évacuation vers l’île de plusieurs personnes ayant sauté à l’eau mardi et de plusieurs dizaines de mineurs ou de malades ces derniers jours. Tous ont rejoint d’autres migrants dans le centre d’accueil situé au cœur de l’île de Lampedusa, conçu pour accueillir moins de cent personnes. Certains ont dormi dehors, par une chaleur étouffante, a rapporté à l’Agence France-Presse une source au sein de ce centre. Une « quarantaine » de personnes en France Paris s’est engagé à accueillir « une quarantaine de personnes qui pourront demander l’asile en France », a rappelé Sibeth Ndiaye lors du compte rendu du conseil des ministres et « a envoyé sur place, ou va le faire, dans les tout prochains moments une délégation de l’Ofpra qui permettra d’examiner les situations ». En tout état de cause, a-t-elle ajouté, « ces situations nous rappellent avec acuité l’importance d’avoir un mécanisme de gestion des questions migratoires qui se fasse à l’échelle européenne, parce que, sans cela, ces situations se répéteront et ne sont évidemment pas acceptables pour les migrants » qui tentent des traversées de la Méditerranée. Après l’arrivée à terre des rescapés de l’Open-Arms, l’Ocean-Viking, dernier bateau humanitaire présent en Méditerranée, attendait toujours mercredi la désignation d’un port où débarquer les 356 personnes qu’il a recueillies à son bord.
La France s’est engagée à accueillir une partie des migrants recueillis en Méditerranée par le navire humanitaire, qui a pu accoster en Italie après dix-neuf jours d’attente.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/21/navire-open-arms-une-delegation-francaise-aupres-d-une-quarantaine-de-migrants-a-lampedusa_5501366_3224.html
mlsum-fr-768
Extrait de la couverture du tome IV du « Bateau de Thésée ». © 2019 Toshiya Higashimoto - Kodansha Ltd. Toute sa vie, Shin n’aura été vu que comme un fils de meurtrier. Pas n’importe lequel, celui de Bungo Sano, policier de la campagne d’Hokkaido condamné à mort à la fin des années 1980 pour un crime de masse : l’empoisonnement de 21 personnes, dont de nombreux enfants de l’école primaire de son village. Un père qu’il n’aura finalement pas connu puisque le garçon n’était pas encore né quand son géniteur a rejoint le couloir de la mort. Mais une présence spectrale qui aura démoli sa famille et l’aura obligé à tout faire pour se mettre à l’abri de l’opprobre. Ficelé dans une identité quasi clandestine, le jeune homme tente de mener une vie normale. Il approche aujourd’hui la trentaine, presque l’âge de son père, quand tout a basculé. A la naissance de son enfant, Shin décide alors de rencontrer Bungo Sano, qui continue de clamer son innocence en prison. « Je voudrais savoir quel genre de policier et de père il était », confie-t-il à sa mère avant de partir. Un rebondissement fantastique va exaucer son souhait : alors qu’il se rend dans le village du drame, nimbé dans le brouillard, le héros se retrouve projeté dans le passé, juste avant les meurtres. Il retrouve sa famille d’avant sa naissance et doit gagner la confiance des Sano qui le prennent pour un étranger. Extrait du tome IV du « Bateau de Thésée ». © 2019 Toshiya Higashimoto - Kodansha Ltd. En côtoyant un cocon familial encore douillet et joyeux, Shin prend la mesure de ce qu’il n’a jamais connu et décide de changer le cours du destin en intervenant dans l’enquête policière. Et de connaître enfin la vérité : son père est-il un meurtrier ou accusé à tort ? Et va devenir lui-même suspect en se comportant de façon étrange auprès des autres villageois. Si le ressort narratif du voyage dans le temps n’apporte rien de nouveau, Le Bateau de Thésee reste une série profonde et bien orchestrée parce qu’elle respecte un certain équilibre entre un bon scénario de thriller et le portrait intime d’une famille brisée. La progression la plus importante du héros n’intervient pas tant dans son combat pour aider son père mais dans le fait qu’il découvre, en vivant avec sa famille qui ne s’est pas encore morcelée, l’influence de ses origines sur sa personne adulte, pourtant privée de ces liens familiaux ordinaires quand il était enfant. La construction de l’identité du personnage et sa relation avec son père s’élaborent au gré des obstacles et de sa façon de les gérer en tant qu’homme. C’est alors que le titre du manga prend tout son sens : le bateau de Thésée, concept philosophique sur la notion d’identité, est un navire dont toutes les pièces sont remplacées progressivement à l’identique. Mais sans pièces d’origine, reste-t-il le même ? Extrait du tome IV du « Bateau de Thésée ». © 2019 Toshiya Higashimoto - Kodansha Ltd. Cette réflexion sur les liens familiaux et la définition des êtres, dont le quatrième tome vient de paraître en France, est servie par un dessin réaliste et expressif. Le mangaka Toshiya Higashimoto, peu connu jusqu’alors en France, a décidé de reproduire les décors mystérieux de son île natale, Hokkaido. Il offre également une galerie de personnages avec du caractère et des visages bien trempés qui plaira aux lecteurs de Naoki Urasawa ou des œuvres adultes d’Osamu Tezuka. Le Bateau de Thésée, de Toshiya Higashimoto, traduction de Ryoko Akiyama, éditions Vega, 224 p., 8 euros.
Sous son vernis de manga à suspense, cette série aborde la question de l’identité et des liens familiaux.
https://www.lemonde.fr/les-enfants-akira/article/2019/09/23/manga-le-bateau-de-thesee-un-thriller-au-c-ur-d-une-famille-decomposee_6012690_5191101.html
mlsum-fr-769
Le projet de loi énergie et climat, dont la première lecture devait s’achever vendredi 28 juin à l’Assemblée nationale, est une occasion manquée de plus d’accélérer sur la rénovation des logements. Il s’agit de traiter les 7,2 millions d’habitations les plus énergivores qui portent l’étiquette F et G, soit les deux derniers échelons du diagnostic de performance énergétique. Alors que ce texte ne devait être qu’une petite loi, muette sur le sujet des passoires thermiques, les députés et notamment ceux de la majorité LRM ont saisi l’occasion pour introduire d’audacieuses mesures afin de contraindre les propriétaires occupants ou bailleurs à mener des travaux et sortir leur bien du statut de passoire thermique. Les sommes sont significatives : il faut compter de 12 000 à 18 000 euros pour hisser la performance au niveau D et 20 000 à 30 000 euros pour atteindre le niveau C, selon un chiffrage du rapport de juillet 2018 du conseil général de l’environnement et du développement durable et d’inspection générale des finances. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La lutte contre les « passoires thermiques » divise la majorité comme le gouvernement Mais le gouvernement a mis le holà. Fini l’idée de demander aux propriétaires vendant leur bien de consigner 5 % du prix au profit de l’acheteur afin qu’il consacre cette somme à y réaliser des travaux d’isolation. Une disposition aux conséquences majeures pour le marché immobilier et à vrai dire improvisée « sans étude d’impact », comme l’a souligné dans hémicycle le député LR du Vaucluse Julien Aubert. Pour pallier l’absence d’étude d’impact, l’amendement adopté en commission des affaires économiques prévoyait une période d’expérimentation de deux ans. « Cette mesure était anxiogène et surtout, deux ans est un délai trop court avec des risques de bloquer le marché immobilier », concède Marjolaine Meynier Millefert, députée LRM qui avait pourtant soutenu l’idée. La mesure avait d’ailleurs fait vivement réagir les bailleurs, qui y voyaient « une taxe de plus », soupirait Christian Demerson, le président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour l’Institut Montaigne, la politique énergétique de la France n’est pas assez « volontariste » A la place, les propriétaires occupants ou les bailleurs vont devoir engager des travaux dans un certain délai. Mais le gouvernement a savamment repoussé les échéances et propose un schéma en plusieurs étapes. Dans un premier temps, à compter du 1er janvier 2022, un propriétaire de « passoire thermique » devrait faire dresser un audit complet indiquant les travaux à mener et leur chiffrage. Après 2028, travaux obligatoires pour les « passoires thermiques » Pour les ventes et locations conclues après le premier janvier 2023, acquéreur et locataire seront informés dès l’annonce mais aussi dans leur contrat de la consommation d’énergie du logement et des dépenses annuelles d’énergie. Les augmentations de loyers lors d’un nouveau bail seraient conditionnées à une performance énergétique supérieure aux catégories F et G. A compter de 2028, les propriétaires devront faire réaliser les travaux sous peine d’une sanction encore à définir. Mais le projet de texte multiplie les exceptions. Seraient exonérés les immeubles qui, « en raison de contraintes architecturales ou patrimoniales ne peuvent être ainsi rénovés », tout comme les « bâtiments où le coût des travaux est manifestement disproportionné par rapport à la valeur du bien ». Et l’échéance est portée en 2033 pour les logements situés dans des copropriétés en difficultés sous plan de sauvegarde ou sous administrateur provisoire… « C’est un compromis ambitieux et qui a été voté à unanimité moins une voix, les parlementaires ont joué leur rôle », assure M. Meynier Millefert. En revanche, pour Manuel Domergue, de la Fondation Abbé-Pierre, « les exceptions à l’obligation de mise aux normes sont si nombreuses et les échéances si lointaines au-delà de la mandature, que le gouvernement a une nouvelle fois perdu une occasion d’accélérer sur ce dossier sensible tant pour le climat que pour les occupants modestes ». La discussion du projet de loi énergie-climat devrait se poursuivre au Sénat à la mi-juillet.
Dans le cadre de la loi énergie-climat, l’exécutif s’est opposé à la volonté de certains députés d’accélérer la rénovation des logements les plus consommateurs d’énergie.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/28/face-au-probleme-des-passoires-thermiques-le-gouvernement-etire-le-calendrier-jusqu-en-2028_5482918_3224.html
mlsum-fr-770
Une manifestation devant l’ambassade de France à Brasilia, le 25 août. SERGIO LIMA / AFP La crise diplomatique s’envenime. Deux jours après avoir accusé Emmanuel Macron de réfléchir selon une « mentalité colonialiste » à propos des incendies en Amazonie, le président brésilien, Jair Bolsonaro, a participé à une violente campagne de dénigrement du président français sur les réseaux sociaux. En première ligne dans les pressions exercées sur M. Bolsonaro pour la lutte contre les incendies en Amazonie, le président français a été copieusement insulté dimanche 25 août sur Twitter au Brésil, y compris par un ministre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les incendies en Amazonie provoquent une crise diplomatique entre la France et le Brésil « Macron n’est pas à la hauteur de ce débat. C’est juste un crétin opportuniste qui cherche le soutien du lobby agricole français », a ainsi écrit le ministre de l’éducation, Abraham Weintraub, en référence à l’opposition du président français à l’accord de libre-échange Union européenne-Mercosur. Le terme employé en portugais, calhorda, très loin des usages diplomatiques, n’a pas d’équivalent en français mais se trouve à la croisée de « tricheur », « crétin » et « connard ». « La France est un pays d’extrêmes. Elle a produit des hommes comme Descartes ou Pasteur, mais aussi des collaborateurs de la Waffen-SS » pendant la seconde guerre mondiale, dit aussi M. Weintraub dans ce même message. Au milieu d’une rafale de tweets, le ministre poursuit : « Ils ont choisi un président sans caractère » et « il faut attaquer ce crétin de Macron ». Olavo de Carvalho, écrivain et « gourou » de Jair Bolsonaro, exilé aux Etats-Unis, a de son côté forgé sur Twitter le nom de « Macrocon ». « Macron est un idiot » Par ailleurs, sur son compte officiel Facebook, Jair Bolsonaro, a publié un commentaire offensant à l’égard de l’épouse d’Emmanuel Macron, Brigitte Macron. Le président brésilien a publié, vendredi, une vidéo montrant des avions luttant contre les incendies en Amazonie et, en réaction, un internaute a posté une photo qui se moquait du physique de Mme Macron en le comparant à celui de Michelle Bolsonaro, accompagnée de cette phrase : « Vous comprenez maintenant pourquoi Macron persécute Bolsonaro ? » Ce à quoi Jair Bolsonaro a répondu par un autre commentaire : « N’humilie pas le type. MDR [mort de rire]. » Des propos qu’Emmanuel Macron a jugés « tristes » et « extrêmement irrespectueux ». « Comme j’ai beaucoup d’amitié et de respect pour le peuple brésilien, j’espère très rapidement qu’ils auront un président qui se comporte à la hauteur », a-t-il ajouté. De son côté, le fils du président, Eduardo Bolsonaro, un député et possible prochain ambassadeur du Brésil à Washington, avait retweeté vendredi une vidéo de violentes manifestations de « gilets jaunes » en France avec le texte : « Macron est un idiot. » Le chef de l’Etat français a estimé lundi qu’il y avait « sans doute eu trois malentendus » avec le dirigeant brésilien : la question de la reforestation et le fait qu’il ne lui ait « pas dit la vérité » sur le respect de l’accord de Paris, le rendez-vous urgent de Jair Bolsonaro chez le coiffeur qui l’a fait annuler à la fin juillet un entretien avec le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, et les « insultes » des derniers jours. L’Amazonie a jeté de l’huile sur le feu d’une relation franco-brésilienne qui s’est tendue après l’arrivée au pouvoir à Brasilia du président d’extrême droite. Jair Bolsonaro avait infligé un affront diplomatique à la fin de juillet au ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, en visite à Brasilia, en annulant leur rencontre. Il avait publié sur Facebook une vidéo en direct dans laquelle on le voyait se faire couper les cheveux à l’heure prévue du rendez-vous, qui avait été annulé « pour des questions d’agenda ».
Le président Jair Bolsonaro, son fils et l’un de ses ministres ont ajouté leurs voix à celles des milliers de Brésiliens qui attaquent le président français et son épouse sur les réseaux sociaux.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/26/cretin-opportuniste-macrocon-idiot-le-president-francais-insulte-en-ligne-par-des-responsables-bresiliens_5502898_3210.html
mlsum-fr-771
Pour les Européens du XXIe siècle, parler de kilogrammes de riz, de litres de bière ou d’hectares de terrain est une évidence partagée. Pourtant, nous avons longtemps peiné à unifier ces mesures sur le territoire français, et plus encore avec nos voisins. Avant la mise en place du système métrique à la toute fin du XVIIIe siècle, on utilisait ce qu’on avait sous la main, le bras, le pied ou encore le pouce… Le système international d’unités (SI), qui comprend le mètre, le kilogramme, la seconde, etc., élaboré à partir de la Révolution française, est ensuite perfectionné au long des XIXe et XXe siècles. Désormais, chacune de ces unités de mesure est définie en fonction de constantes et non plus à partir d’un objet physique – ce qui était encore le cas jusqu’au mois de mai pour le kilogramme, qui était défini comme la masse d’un artefact de platine et d’iridium conservé depuis le XIXe siècle à Sèvres (Hauts-de-Seine). Lire aussi La définition mondiale du kilogramme a changé 1. Avant le mètre, le litre ou les degrés centigrades, chaque royaume, duché, comté, principauté avait son propre système Sans remonter aux origines de l’humanité, la plupart des sociétés organisées ont eu rapidement besoin de se mettre d’accord sur la façon de mesurer des volumes ou des poids – pour vendre des liquides ou des aliments – ou déterminer la taille des champs. La division du pouvoir politique a cependant entraîné des divergences de définition des unités de mesure. Ainsi, avant 1799, le « pied, utilisé partout, était une mine inépuisable de confusion » pour mesurer une distance ou une longueur, écrit Jacques Blamont, de l’Académie des sciences. Un pied mesurait en effet 32,48 cm à Paris, 30,48 à Londres, 38,03 à Bologne (Italie), 29,68 dans le sud de la Suède… Il en va de même pour les unités de volume : si le nom est le même partout dans le royaume, la définition variait. Au début du XVIIIe siècle, à Paris, la pinte est un tiers plus petite qu’à Saint-Denis, pourtant distant de quelques kilomètres seulement : mieux valait donc aller boire une bière à 6 000 toises de Paris (environ 11,5 km). Cette multitude de valeurs pour une même unité de mesure s’éteint lentement à partir de l’adoption du système métrique en France le 10 décembre 1799. Dix ans plus tôt, les cahiers de doléances remis par les représentants du tiers état réclamaient déjà un système unifié à l’échelle du royaume. 2. Pour établir la longueur d’un mètre, les scientifiques ont crapahuté entre Dunkerque et Barcelone En 1791, l’Assemblée constituante décrète qu’il est « nécessaire de fixer une unité de mesure naturelle et invariable » qu’elle compte étendre « aux nations étrangères » : pour ce faire, cette unité ne doit « renfermer rien d’arbitraire, ni de particulier à la situation d’aucun peuple ». Pour commencer, il faut mesurer le « quart du méridien terrestre » et le mètre sera le dix-millionième de cette distance ; Jean-Baptiste Joseph Delambre (1749-1822) et Pierre-François-André Méchain (1744-1804) se partagent la mesure de la distance Barcelone-Dunkerque, l’un partant du Sud, l’autre du Nord, ils doivent se retrouver à Rodez (Aveyron). On apprendra, deux siècles plus tard, que Méchain a commis quelques erreurs dans ses mesures, essentiellement à cause du degré de précision des instruments de l’époque. Le mètre ferait 0,2 millimètre de moins aujourd’hui s’il avait eu des instruments précis, soit 99,98 cm. Peu importe, au fond, puisque tout le monde s’accorde aujourd’hui sur l’utilisation de cette unité de mesure, ou presque. Dans un premier temps, des mètres étalons ont été installés un peu partout en France et dans la capitale, ainsi qu’en Europe lors des guerres révolutionnaires. Comme le reste des unités universelles, depuis 1983, il est défini non plus avec un étalon mais avec une constante (la distance parcourue par la lumière en 1/299 792 458e de seconde). 3. Fahrenheit, la température du cheval et le froid polaire à Dantzig En 1724, l’Allemand Gabriel Fahrenheit développe un thermomètre à mercure (plus facile à étalonner que celui à alcool), le premier à mesurer de manière efficace la température. Dans la foulée, il met au point sa propre échelle de températures, la plus ancienne encore utilisée. Le physicien définit le point froid et le point chaud en fonction de ce qu’il a sous la main : son zéro sera la température la plus basse mesurée à Dantzig – sa ville natale, désormais polonaise sous le nom de Gdańsk – lors de l’hiver 1708-1709, soit - 18 °C, qui est aussi la température de solidification d’un mélange égal d’eau et de sel ; son point haut sera au départ la température du sang d’un cheval, soit 38 °C. Dans cette échelle de mesure, l’eau bout donc à 212 °F et se transforme en glace à 32 °F. Néanmoins, à sa création en 1724, cette échelle a l’incroyable mérite d’être reproductible avant d’être améliorée par le Suédois Anders Celsius. A l’exception des Etats-Unis et de quelques autres pays (les îles Caïmans ou le Liberia, par exemple), le monde entier utilise des degrés centigrades. Pour cette échelle de mesure, Celsius choisit en 1742 comme repères la température à laquelle l’eau se transforme en glace et celle à laquelle l’eau douce bout au niveau de la mer : voilà nos 0 °C et 100 °C. L’intérêt de ce choix réside dans le fait que ces mesures sont faciles à réaliser pour étalonner un thermomètre. Près de trois siècles plus tard, c’est toujours l’état de l’eau qui permet de définir l’échelle des températures. Ce graphique représente la plage de – 60 °C à 110 °C pour les degrés Centigrades et la même amplitude de – 70 °F à 230 °F pour les degrés Fahrenheit. Code original de conversion par Julian Burgress 4. Comment se fait-il que les Etats-Unis soient la seule grande nation à ne pas être passée au système métrique ? Si les Etats-Unis ont montré, au XVIIIe siècle, un certain empressement à quitter l’empire britannique, ils n’ont pas fait preuve d’un enthousiasme équivalent pour quitter le système impérial britannique de poids et mesures. A l’époque, plusieurs systèmes (néerlandais, britannique ou locaux) cohabitent selon les régions des Etats-Unis. Thomas Jefferson, alors ministre des affaires étrangères, demande en 1793 que la France envoie un étalon de kilogramme. La Convention envoie en 1794 le naturaliste Joseph Dombey avec un kilogramme en cuivre, qui doit servir d’étalon pour le nouveau système de mesure dans tout le nouveau pays. Mais le bateau est pris dans une tempête, il est dérouté vers les Caraïbes et probablement attaqué par des pirates. Joseph Dombey est tué. Près de deux cents ans après, en 1975, une nouvelle loi tente à nouveau d’imposer le système métrique aux Etats-Unis : elle dispose que ce système de poids et mesures est le système privilégié dans le commerce et les exportations. Jusqu’en 1982 et sa suppression par Ronald Reagan, la loi crée même un organisme chargé d’accompagner la conversion du système impérial vers le système métrique, l’United States Metric Board (USMB). Devant l’opposition républicaine, et du fait du manque de moyens mis en œuvre pour l’adoption du système métrique par la suite – seules les administrations fédérales étaient tenues de l’utiliser, escomptant que les entreprises s’y mettraient ensuite –, le résultat se fait encore attendre. Pourtant, en 2004, une nouvelle loi a cherché à l’imposer dans l’administration fédérale, avec le succès que l’on connaît. Si les scientifiques américains utilisent majoritairement le système métrique dans leurs recherches, certaines agences fédérales emploient toutefois les unités impériales ; c’est le cas, par exemple, des degrés Fahrenheit encore utilisés à l’Institut géologique américain (USGS). 5. La NASA a perdu des millions de dollars à cause d’une erreur de conversion Le 23 septembre 1999, la NASA perd un satellite, Mars Climate Observer, qui devait étudier le climat de la Planète rouge. Au moment de la mise en orbite, la sonde est détruite en entrant dans l’atmosphère martienne. La poussée des propulseurs destinée à adapter la trajectoire était communiquée en système impérial (livre-force par seconde), alors que la sonde réclamait des mesures en système métrique (à savoir en newton par seconde), soit un rapport de 4,5 entre les deux grandeurs. Toutes les microcorrections de trajectoires précédentes n’ont fait que rapprocher la sonde de sa destruction et d’une perte de 125 millions de dollars (environ 140 millions d’euros de 2018). Le système impérial de poids et mesures a aussi failli coûter la vie à 69 passagers du vol d’Air Canada entre Ottawa (Ontario) et Edmonton (Alberta) le 23 juillet 1983. Comme le rappelle le New York Times, le Canada était passé au système métrique depuis à peine plus de dix ans : les pilotes calculent qu’ils ont besoin de 22 tonnes de carburant (à raison de 0,803 kg/litre, il faut environ 16 tonnes en plus des 6,1 tonnes qu’ils ont encore dans les réservoirs), mais les équipes de ravitaillement font le calcul en livre par litre et ne remplissent l’avion qu’avec 11 350 litres de kérosène (9,1 tonnes), soit un total de 15 tonnes sur les 22 tonnes nécessaires. Le Boeing 767 a fini son trajet en planant jusqu’à une piste d’aviation désaffectée de la Royal Canadian Air Force à Gimli (Manitoba). Les études donnent des chiffres différents mais vont toutes dans le même sens : être l’un des seuls pays à ne pas utiliser le système métrique coûte cher (les Britanniques ont calculé que les deux systèmes leur coûtaient 5 milliards de livres chaque année, soit 5,53 milliards d’euros), du fait du double étiquetage et de la nécessité d’avoir deux jeux de machines pour tout mesurer. Cet état de fait est aussi coûteux pour le système éducatif américain puisque les élèves doivent apprendre les deux systèmes, et qu’il est plus compliqué de calculer avec le système impérial de poids et mesures (dont les unités sont parfois divisées en 12, en 4 ou en 3).
La naissance d’un système unifié et universel de poids et de mesures a été un long chemin semé d’unités variables, de références et d’aléas de l’histoire.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/08/04/du-pied-au-metre-de-la-livre-au-kilogramme-cinq-choses-surprenantes-a-savoir-sur-le-systeme-metrique_5496483_4355770.html
mlsum-fr-772
A Abidjan, durant la saison sèche, en fin d’après-midi, le jardin de la Fondation Donwahi se transforme en petit festival de plein air le temps de la Sunday, le rendez-vous festif du dimanche. Black Charles Le quartier semble être l’endroit idéal pour une partie de cache-cache. Aux Deux-Plateaux, les lieux branchés se dissimulent derrière de grandes portes noires sécurisées et mal indiquées ou dans des petites rues. Toujours à l’écart des sempiternels embouteillages qui enfument la grande rue des Jardins, principal axe pour remonter le quartier le plus huppé de la commune abidjanaise de Cocody. Certains dimanches heureusement, on peut lâcher la carte, et se laisser guider par la musique ivoirienne. Durant la saison sèche, en fin d’après-midi et parfois jusqu’à deux heures du matin, le jardin de la Fondation Donwahi pour l’art contemporain se transforme en petit festival de plein air le temps de la Sunday, le rendez-vous festif du dimanche. Des tapis au sol, quelques tables en bois et des coussins en wax pour le décor, des musiques afro-house, soul, raps africain et afro-américain pour l’ambiance. Le tout agrémenté de petits stands valorisant la culture ivoirienne : studio photo d’extérieur avec des objets d’antiquaires africains proposés par Lafalaise Dion, ou le body painting de Saraï d’Hologne, rappelant le kaolin sur le corps des danseuses traditionnelles. Depuis quelques mois, la Sunday a attiré plus de 2 000 personnes chaque week-end dans une ambiance jeune et survoltée. Une véritable réussite. « On n’aurait pas pu espérer mieux, c’est dans la lignée de ce que je veux faire depuis que je suis revenu en Côte d’Ivoire il y a trois ans, confesse Aziz Doumbia, co-organisateur de l’événement. On doit tout à Illa Ginette Donwahi, créatrice de la Fondation, qui, même si elle ne fait pas partie de notre génération, avait la même vision que nous. » Ce musée d’art contemporain met en avant depuis 2008 des artistes du monde entier et valorise l’art africain. « Dépasser les habits traditionnels » Aziz Doumbia est en train de réussir son pari de faire d’Abidjan « un lieu cool ». Tout a commencé à deux pas de la fameuse rue des Jardins, dans les prémices de son futur concept store à succès nommé Dozo. « Quand je suis rentré, il y avait de plus en plus de bonnes marques avec un univers bien pensé, de bons choix de matières, mais c’était compliqué pour elles de gérer le produit et la communication, retrace l’Ivoirien. J’ai donc commencé à travailler pour eux. Dozo, c’est la continuité. » Du nom des chasseurs traditionnels et protecteurs des villages du nord ivoirien grâce à leurs fétiches divins, Dozo est aujourd’hui le lieu de référence de la jeune génération. Une « nouvelle vague » qui a bien souvent vécu entre la France, l’Amérique et la Côte d’Ivoire, qu’Aziz qualifie de « privilégiée » et à qui incombe selon lui la « responsabilité » de donner un nouveau souffle à la culture locale. Le décor cosy du Lof, restaurant qui revisite les plats classiques ivoiriens. Crédit Florence Yao Florence Yao A l’intérieur de la petite boutique sur deux étages, à peine visible depuis la rue, des créateurs ivoiriens et africains exposent leurs vêtements, accessoires et autres produits locaux. Dès l’entrée, des tablettes de chocolat MonChoco, fabriquées avec du cacao ivoirien, attirent l’œil et les papilles. La chocolatière ivoiro-libanaise Dana Mroueh qui concasse les fèves de la matière première à l’aide d’un vélo, professe un message très politique : montrer que l’on peut aussi transformer l’or brun sur place plutôt que dans les usines d’Europe ou d’Amérique. Au pied d’un portant ou s’alignent quelques bombers en wax, sont exposées trois paires de sandales agrémentées de bijoux tribaux de la créatrice ivoiro-américaine Loza Maleombho connue pour avoir travaillé pour Beyoncé et Kelly Rowland. Parce que « c’est nécessaire d’avoir des marques locales, jeunes et de dépasser les habits traditionnels », juge Aziz. Imalk, devant ses tableaux à messages, qu’il décline aussi en tee-shirts et sacs en toile. Youenn Gourlay D’autres créateurs ont leur atelier juste à côté, bien souvent à domicile. C’est le cas de Rebecca Zoro, une jeune Ivoirienne qui a même installé son showroom, « absolument pas indiqué mais connu des fidèles », dans son salon. La créatrice de Yhebe Design s’inspire pour chaque saison d’une des soixante ethnies de son pays. « Là, c’est une collection particulière puisque c’est la mienne, explique la jeune Gouro, une ethnie de l’ouest ivoirien. J’essaie de faire connaître ma culture à travers la mode, chaque ethnie a ses masques, ses pagnes, ses danses, mais peu d’Ivoiriens les connaissent vraiment. » A 32 ans, la couturière a trouvé son public chez elle, aux Deux-Plateaux. « Un quartier central, aisé, commerçant, où se croisent les influences ». Mais aussi grâce aux défilés et aux commandes Internet à l’international. Vendues entre 45 euros et 250 euros – une moyenne aux Deux-Plateaux –, ses créations ne sont pas à la portée de tous. « On est fatigués d’être dans la norme, on veut s’exprimer, casser les codes et dire qui on est », justifie-t-elle. A quelques rues aussi, la marque D.Taylor de la Française d’origine ivoirienne Donia Diallo met en avant, elle, le pagne tissé, plus passe-partout et plus moderne. « J’ai baigné dans la culture occidentale mais je me sens plus proche de la culture d’ici. J’avais besoin que les gens puissent s’identifier à mes vêtements et se dire que l’Afrique, c’est moderne, chic, ça se porte et c’est accessible », développe-t-elle. « Image positive » En remontant le quartier, le Lof vient d’ouvrir. Le restaurant chic et cosy décoré de matériaux locaux affiche ses ambitions : « Le “manger bien”, le “manger local” et le soutien aux agriculteurs ivoiriens », résume Florence Yao, la fondatrice. Un défi dans un pays qui aime manger lourd et gras. Un peu plus haut, le concept d’Imalk, aka Malik Coulibaly, cartonne. Celui qui faisait des goodies publicitaires a créé sa marque et sa signature : des tee-shirts et sacs en toile aux messages et clins d’œil ivoiriens – « C’est gâté », « Qui a mis l’eau dans coco ? » – et des tableaux graphiques représentant les villes du pays. « Je voulais valoriser la culture de la rue, les expressions, le quotidien, les taxis, la nourriture : passer des messages autrement », détaille-t-il. La Française d’origine ivoirienne Donia Diallo qui a créé la marque D.Taylor à Abidjan. Donia Diallo Enfin O’Plérou Grebet, 22 ans, s’inscrit dans la même veine. Aussi timide et réservé dans la vie que populaire sur Instagram, le jeune Bété, ethnie de l’Ouest ivoirien, développe des « zouzoukwa », des émojis, chez lui dans le quartier, pour raconter le quotidien des Africains : bananes plantain, pagne baoulé, fêtes, tout y passe. « Je suis allé sur une banque d’images et quand on tape “Afrique”, on voit soit des enfants malades, la savane, des animaux… Rien que je voie au quotidien, observe-t-il. C’est caricatural et pas représentatif, on veut montrer une image positive. » Un leitmotiv pour cette nouvelle génération.
Quartiers d’Afrique (9/13). Dans ce grand quartier de Cocody, créateurs et influenceurs veulent revaloriser les cultures ivoiriennes par la mode, la restauration et la fête.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/23/a-abidjan-le-made-in-cote-d-ivoire-offert-sur-deux-plateaux_5492607_3212.html
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Les candidats au bac 2019 planchent sur les épreuves d’histoire-géo mardi 18 juin à partir de 8 heures. Nous publions ici, au format PDF et dès que le ministère de l’éducation nationale les a rendus publics, les sujets parmi lesquels ils ont pu choisir. Les sujets de la série S Première partie : composition d’histoire Le candidat traite l’un des deux sujets suivants : Sujet 1 – La Chine et le monde depuis 1949 Sujet 2 – La gouvernance européenne depuis le traité de Maastricht Deuxième partie : réalisation d’un croquis de géographie Une inégale intégration des territoires dans la mondialisation. Document : Fond de carte destiné à la réalisation du croquis (à rendre avec la copie) Les sujets des séries L et ES Première partie : composition d’histoire Le candidat traite l’un des deux sujets suivants : Sujet 1 – Le Proche et Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Sujet 2 – En vous appuyant sur les exemples étudiés au cours de l’année, vous traiterez le sujet suivant : médias et opinion publique dans les grandes crises politiques en France depuis l’Affaire Dreyfus. Deuxième partie : étude critique de documents Sujet : les opérations de maintien de la paix dans le monde, reflet de l’organisation géopolitique du monde ? Consigne : Que montrent ces deux cartes de l’organisation géopolitique du monde ? Quelles sont leurs limites pour en rendre compte ? Document 1 – Principaux Etats contributeurs au budget des missions de maintien de la paix de l’ONU (2017) Document 2 – Principaux Etats contributeurs en nombre de soldats aux missions de maintien de la paix de l’ONU (2017) Les sujets des bacs technologiques STMG HG by Anonymous 9cg4aGsx7J on Scribd STHR HG by Anonymous 9cg4aGsx7J on Scribd
Les sujets de l’épreuve d’histoire-géo des bacs L, ES et S, et technologiques ont été rendus publics par le ministère mardi matin.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/18/bac-2019-histoire-geo-decouvrez-les-sujets-officiels-au-format-pdf_5477795_4401467.html
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Manifestation devant le capitole de Sacramento, en Californie, pour réclamer des protections et des garanties en faveur des travailleurs « ubérisés », le 28 août. Rich Pedroncelli / AP La Californie a ratifié, mercredi 18 septembre, une loi qui doit contraindre les géants de la réservation de voitures à requalifier les chauffeurs de VTC en salariés, afin qu’ils soient mieux protégés. Approuvé par le Sénat californien le 10 septembre, le texte doit rentrer en application au 1er janvier 2020. Cette décision va porter un coup dur aux porte-drapeaux de la gig economy, l’économie des employés indépendants qui travaillent aujourd’hui sans protection ni garanties. « Cette loi va aider à résoudre le problème de statut des travailleurs considérés comme des sous-traitants et non comme des salariés, ce qui les empêche de bénéficier des protections sociales de base, comme le salaire minimum ou l’assurance-maladie », s’est félicité Gavin Newsom, gouverneur démocrate, lors de la signature de la loi. « L’étape suivante c’est de faciliter la formation de syndicats qui pourront négocier ensemble de meilleures conditions de travail (…) tout en préservant la flexibilité et l’innovation », a ajouté le gouverneur de cet Etat progressiste, où sont installés les sièges de nombreux géants des technologies. « Un énorme merci à tous les travailleurs, membres de syndicats et activistes qui ont passé des heures à se mobiliser pour obtenir cette victoire historique », a écrit sur Twitter une fédération californienne de syndicats. Lorena Gonzalez, la parlementaire qui a rédigé la loi, a salué sa ratification comme une « victoire massive » pour les travailleurs. Modèle économique remis en question Les deux leaders américains des VTC – Uber et Lyft – s’opposent à tout changement de statut de leurs conducteurs, qui leur coûterait plus cher en charges sociales. « Nous pensons que la Californie passe à côté d’une réelle opportunité de montrer la voie au reste du pays », a réagi un porte-parole d’Uber. L’entreprise défend depuis des mois « un nouveau cadre de travail progressiste, qui aurait, pour la première fois, accordé aux travailleurs indépendants des garanties de salaire minimum, l’accès aux protections sociales et le droit de s’organiser entre eux », a-t-il ajouté. Lyft juge également que la reclassification des chauffeurs serait néfaste aussi bien pour eux que pour les clients du service. Cette requalification « pourrait avoir comme conséquence que Lyft traite ses employés comme le font les autres entreprises », explique un porte-parole. « Les utilisateurs pourraient devoir payer plus et attendre plus longtemps, et certaines zones pourraient ne plus être desservies du tout. Ce serait particulièrement dévastateur (…) dans des zones mal desservies par les transports publics ou moins densément peuplées », a-t-il détaillé. La nouvelle loi vient menacer les modèles économiques de ces deux groupes, qui voient le nombre des courses bondir, tout comme celui des utilisateurs, tandis que leurs pertes s’accumulent. Uber a enregistré au deuxième trimestre une perte record de plus de 5 milliards de dollars. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Uber touché au cœur de son modèle économique » Lors de l’adoption du projet de loi par le Sénat californien la semaine dernière, Uber avait averti que le nouveau texte n’entraînerait pas une requalification automatique de ses conducteurs en employés. Il faudra passer un test « pour déterminer si un travailleur est qualifié d’indépendant ou d’employé » aux yeux de la loi, a défendu Tony West, le directeur juridique d’Uber. Vers un vote populaire Uber et Lyft affirment avoir mis de côté 30 millions de dollars chacun pour organiser un vote populaire, comme l’autorise la loi californienne, afin de remplacer cette loi par les compromis de droits sociaux qu’ils ont présentés au gouverneur. « Nous sommes prêts à soumettre cette question aux citoyens pour préserver la liberté et l’accès que les conducteurs et les passagers désirent », a déclaré Lyft. Les chauffeurs, eux, sont divisés, entre ceux qui voudraient bénéficier de la même sécurité que les salariés et ceux qui souhaitent travailler aux horaires de leur choix sans les contraintes d’un emploi à plein temps. « Si on devient des employés, ils vont perdre beaucoup de conducteurs », estime Vondre Adams, chauffeur Uber à San Francisco depuis six mois. « Uber, ce n’est pas une carrière. Mais je gagne 200 à 300 dollars par jour, j’ai l’argent tout de suite. Je n’ai pas envie d’être payé à l’heure, et de ne plus pouvoir faire d’heures supplémentaires », explique à l’Agence France-presse ce conducteur, qui bénéficie par ailleurs de la couverture santé de sa femme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A San Francisco, les chauffeurs Uber manifestent : « A chaque course, je consolide leur richesse à mes dépens »
Le texte vise à requalifier les travailleurs indépendants de l’économie « ubérisée » en salariés, afin qu’ils soient mieux protégés et qu’ils puissent disposer d’un salaire minimal.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/19/la-californie-ratifie-la-loi-faisant-des-chauffeurs-uber-et-lyft-des-salaries_5512268_3210.html
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Association qui « veut peser sur le fonctionnement des institutions » pour le député LRM Gilles Le Gendre, « sorte de parquet privé » pour le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrrand… Le « nouveau monde » macroniste ne porte pas, ou plus, Anticor dans son cœur. En filigrane, l’accusation d’une action politisée : M. Ferrand, mis en examen dans l’affaire des Mutuelles de Bretagne, ne se prive pas de rappeler que l’avocat de l’association, Jérôme Karsenti, fut candidat sur la liste (PS-Place publique) Envie d’Europe de Raphaël Glucksmann, aux élections européennes en mai. Un argument repris par Aurore Bergé auprès du Monde. Si la députée LRM reconnaît le rôle de « lanceur d’alerte précieux en démocratie » d’Anticor, elle questionne les engagements de « certains membres éminents » : « D’où parlent-ils ? En tant qu’opposants politiques ou en tant qu’association ? » « A chaque fois, on est le cabinet noir », répond, lassé, Jean-Christophe Picard, qui préside Anticor depuis 2015. Me Karsenti, lui, fustige une « mise en cause scandaleuse » de ses engagements citoyens, distincts de son activité d’avocat de l’association. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Affaire Ferrand : le vice-président d’Anticor, également magistrat, est visé par une enquête administrative Agrément du ministère de la justice Anticor est née en 2002, de l’initiative du juge Eric Halphen, qui soutiendra Emmanuel Macron en 2017, et a été candidat En marche ! aux législatives. Sa cofondatrice, Séverine Tessier, membre du Parti socialiste puis d’Europe Ecologie-Les Verts, vient quant à elle de la politique locale. « Nous sommes tout sauf anti-élus. Anticor a été créée par des élus pour réhabiliter la démocratie », renchérit M. Picard. Jérôme Karsenti insiste sur la pluralité politique des membres du conseil d’administration : « Aujourd’hui, à Anticor, on a des gens proches du Parti radical de gauche comme du Rassemblement national ou de Nicolas Dupont-Aignan. Personne n’a d’intérêts convergents. » Forte de 3 000 membres, répartis dans 73 groupes locaux, Anticor dispose, depuis 2015, d’une arme essentielle : un agrément du ministère de la justice, qui lui permet d’agir en tant que partie civile dans les affaires de corruption. Cette autorisation lui permet non seulement de signaler des faits potentiellement délictueux au parquet, mais aussi de relancer des affaires enterrées, comme dans le cas de l’affaire Ferrand. Classée sans suite par le parquet de Brest, l’affaire des Mutuelles de Bretagne a fait l’objet d’une plainte d’Anticor auprès du Parquet national financier, avec constitution de partie civile, qui a permis la désignation d’un juge d’instruction.
Fondée en 2002, Anticor s’attache à relancer les procédures judiciaires pour lutter contre la corruption, sans regarder la couleur politique des personnes visées.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/18/anticor-une-association-accusee-de-politisation_5511892_3224.html
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Martine Vassal (à gauche), la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence et du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, le 29 novembre, à Marseille. BORIS HORVAT / AFP Martine Vassal ne sait pas encore si son parti, Les Républicains (LR), l’investira pour les municipales 2020 à Marseille, mais elle dévoile déjà le nom d’une de ses huit têtes de liste. La présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence et du conseil départemental des Bouches-du-Rhône a annoncé, mercredi 30 octobre, que le général de gendarmerie deuxième section – c’est-à-dire en retraite –, David Galtier, 61 ans, mènerait ses troupes dans le 7e secteur de la ville, dans un combat direct avec le leader local du Rassemblement national (RN), Stéphane Ravier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Municipales : à Marseille, le faux départ en campagne de Martine Vassal chez Les Républicains Le symbole est clair et s’inscrit dans le prolongement de la nomination, à la mi-octobre, de la députée Valérie Boyer, parlementaire LR très marquée à droite, comme « porte-parole nationale de la campagne ». Mme Vassal, qui doit composer avec la candidature du sénateur LR Bruno Gilles et sera reçue le 13 novembre avec son rival par Christian Jacob, fait de la sécurité le premier des quatre axes prioritaires de son programme municipal. Et choisit donc un spécialiste du domaine (quarante ans d’expérience) pour affronter le sénateur Ravier sur ses terres et une partie de ses thématiques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chez Les Républicains, les chantiers du nouveau président, Christian Jacob Un homme de terrain qui a grandi dans les quartiers nord « Ce thème primordial de la sécurité ne doit pas être utilisé à mauvais escient par ceux qui flirtent avec des idées dangereuses », assure le nouveau candidat, qui se dit « viscéralement opposé aux extrêmes » et « pour la défense d’un ordre républicain ». Né à Marseille, grandi dans les quartiers nord, qu’il assure « bien connaître », David Galtier a commandé, de 2013 à 2017, la gendarmerie en zone de défense et de sécurité Sud. A ce titre, il est intervenu dans la gestion de l’attentat islamiste de Nice, le 14 juillet 2016, ou le crash d’un avion de la Germanwings, en 2015. Il y a quelques mois, Martine Vassal l’a sollicité pour piloter un de ses comités d’experts. De cette réflexion, la candidate et sa tête de liste ont déjà tiré plusieurs propositions : une augmentation de 120 à 150 policiers municipaux par an, jusqu’à atteindre 1 500 fonctionnaires (contre 450 aujourd’hui) ; la mise en place de postes de police municipale dans chacun des secteurs marseillais ; l’installation accrue de solutions techniques de surveillance, comme les caméras urbaines ou les radars sonores. « Les Marseillais ressentent un sentiment d’insécurité et le disent », estime le général Galtier, qui raconte, pour preuve, que ses « propres filles ne sentent pas très à l’aise sur le Vieux-Port ». Le 7e secteur de Marseille, qui compte plus de 150 000 habitants, est un enjeu important car c’est celui qui envoie le plus d’élus au conseil municipal. En 2014, il a été remporté par Stéphane Ravier, à la faveur d’une triangulaire. Devenu sénateur, il a cédé son siège de maire à sa nièce, Sandrine D’Angio, en 2017, pour cause de cumul des mandats. Mais c’est bien lui qui sera candidat pour le RN en mars 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Municipales à Marseille : Stéphane Ravier se lance contre « les assistés qui fument la chicha »
Dans le 7e secteur, Martine Vassal a choisi comme tête de liste un spécialiste de la sécurité pour défier le leader local du RN, Stéphane Ravier.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/30/a-marseille-un-general-de-gendarmerie-a-l-assaut-du-rassemblement-national_6017481_823448.html
mlsum-fr-777
Sous les arches du Pont-Neuf qui relie les deux rives de Toulouse, une brise légère survole les eaux de la Garonne. Du Val d’Aran (dans les Pyrénées catalanes) jusqu’à l’estuaire de la Gironde, l’eau serpente encore abondamment, mais le niveau du fleuve est sous haute surveillance. « Il y a deux fois moins d’eau que d’habitude à cette époque. Ce n’est pas vraiment préoccupant, mais nous devons être très vigilants », affirme Bernard Leroy, ingénieur et responsable des questions d’étiage – niveau des basses eaux d’un cours d’eau en moyenne annuelle – au sein du Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (Smeag). C’est à cet organisme de service public, en concertation avec l’Etat, l’agence de l’eau du bassin Adour-Garonne et les gestionnaires de retenues d’eau, qu’a été confiée la mission, depuis vingt-sept ans, de scruter les caprices du fleuve. En cette période, c’est évidemment la canicule et ses effets qui mobilisent l’équipe de quinze personnes, qui travaillent également avec le monde associatif, les fédérations de pêcheurs et les communes. « Sur les 50 dernières années, il n’y a eu que cinq ou six cas où la Garonne est entrée en étiage aussi tôt, dès le 8 juillet », précise M. Leroy. Lire aussi Ces différentes sécheresses qui font que la France est à sec Pour réguler les débits du fleuve un peu « sauvage », selon le qualificatif de l’ingénieur, et éviter les conflits d’usage entre habitants, agriculteurs ou industriels, le Smeag procède à des « lâchers d’eau » en provenance de quatre barrages situés en Ariège. Grâce à une convention passée avec EDF, le syndicat injecte actuellement 10 m3/s et dispose de 50 millions de mètres cubes de réserves. Il en coûte cependant 60 000 euros par jour au syndicat, financés pour moitié par l’agence Adour-Garonne, pour 40 % par une redevance acquittée par les divers usagers et pour 10 % par les collectivités. Grâce à ces soutiens à l’étiage, en Occitanie, peu de restrictions d’eau ont été ordonnées par les préfectures. Peu de neige, nappes phréatiques basses Si les fortes chaleurs actuelles ont un effet direct sur l’évaporation de l’eau, et donc la baisse du niveau du fleuve, d’autres raisons sont apportées. « Il n’y a pas eu beaucoup de neige cet hiver dans les Pyrénées et les nappes phréatiques sont peu chargées, les niveaux sont très moyens en raison du manque de précipitations », précise Jean-Michel Cardon, le directeur de l’organisme. La situation n’est pas alarmante en Occitanie, mais d’autres conséquences apparaissent en Gironde, là où la Garonne rejoint la Dordogne pour former l’estuaire. Avec les remontées d’eau, au contact des marées, se forment des bouchons vaseux dus à une concentration de particules fines dans l’eau, qui prolifèrent avec la chaleur.
Le fleuve a atteint son niveau bas plus tôt que d’habitude. Le syndicat mixte qui gère la Garonne procède à des « lâchers d’eau » en provenance de barrages hydroélectriques.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/26/la-garonne-un-fleuve-sauvage-place-sous-surveillance-climatique-et-economique_5493884_3244.html
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Gary Woodland, dimanche 16 juin, sur le parcours de Pebble Beach. WARREN LITTLE / AFP Considéré comme l’un des plus gros « cogneurs » du circuit professionnel de golf, l’Américain Gary Woodland a remporté dimanche 16 juin son premier titre du Grand Chelem en s’adjugeant l’US Open grâce à son sang-froid et à des approches d’une diabolique précision. Il a passé tout le 4e tour avec sur les talons le no 1 mondial, Brooks Koepka, et le no 4 mondial, Justin Rose. Mais ni le premier, pourtant vainqueur des deux dernières éditions de l’US Open, ni le second, sacré en 2013, n’ont réussi à lui faire perdre le fil. Koepka, qui a remporté le mois dernier le Championnat PGA, son quatrième titre en huit tournois majeurs, a pourtant commencé le quatrième tour avec quatre birdies sur les cinq premiers trous. Il est même revenu à un coup de Woodland, à trois reprises, mais il ne l’a pas fait douter. « Je me suis jamais dit que j’allais gagner ce tournoi, même quand j’étais sur le green du dernier trou, mais j’étais venu pour le gagner », a-t-il avancé, pour expliquer sa sérénité. Koepka a salué la victoire de Woodland : « J’ai bien joué, je ne pouvais pas mieux faire. Gary a tout simplement mieux joué pendant quatre jours, il mérite ce titre. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Masters Augusta de golf : Tiger Woods, le « Tigre » du green se relève L’une des armoires à glace du circuit Un coup, réussi sur le trou 17, un par 3, résume l’incroyable semaine de Woodland qui a pris les commandes lors du 2e tour vendredi. Après un « tee-shot », ou premier coup, inhabituellement trop court, le 25e mondial se retrouve en fâcheuse posture. Il est en bordure du green, très excentré et loin du drapeau. Au même moment, sur le trou 18, Koepka qui accuse alors deux coups de retard, peut réussir un birdie et réduire son retard à un coup, voire à néant s’il rentre son putt et si Woodland boucle le 17 avec un bogey. Mais le leader ne craque pas : il réussit une approche parfaite et sauve le par, tandis que Koepka rate de très peu le putt pour le birdie. Woodland a fini sa journée en beauté avec un long putt de 15 mètres sur le 18e et dernier trou qui lui a offert, à 35 ans, le quatrième titre de sa carrière, de loin le plus important. « C’est vraiment spécial de gagner ce tournoi, surtout ici à Pebble Beach », a-t-il avoué, après avoir signé sa dernière carte de 69 (– 2) pour un total de 271 (– 13), soit trois coups de mieux que Koepka (274, – 10). Woodland, dont le meilleur résultat dans un tournoi du Grand Chelem était jusque-là sa 6e place dans le Championnat PGA 2018, a fini sa semaine avec seulement quatre bogeys, record de l’épreuve égalé. A l’origine, il n’était pas destiné à faire carrière dans le golf, qu’il pratiquait comme loisir, mais dans le basket, comme meneur à l’adresse déroutante à trois points. Mais il n’a été recruté que par une université du Kansas qui évoluait dans la 2e division du Championnat universitaire (NCAA) et ses entraîneurs lui ont vite fait comprendre qu’il était trop petit, trop lent et trop fluet. Difficile à croire, car Woodland est désormais l’une des armoires à glace du circuit, qui propulse allègrement ses « drives » à plus de 250 mètres.
Devançant le n° 1 mondial, Brooks Koepka, et le n° 4, Justin Rose, sur le circuit de Pebble Beach, l’Américain décroche ainsi son premier titre du Grand Chelem.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/17/us-open-de-golf-l-americain-gary-woodland-sacre-tout-en-finesse_5477155_3242.html
mlsum-fr-779
Emma Lavigne. Manuel Braun Le suspense n’avait que trop duré : voilà sept mois que le palais de Tokyo, à Paris, se trouvait sans direction. Mercredi 24 juillet, en conseil des ministres, la nomination d’Emma Lavigne à la tête du centre d’art contemporain devrait être confirmée par décret présidentiel. La directrice du Centre-Pompidou Metz remplacera donc Jean de Loisy, parti présider au destin de l’école nationale des Beaux-arts de Paris. Elle arrivera à la tête d’une institution de stature internationale, mais fragilisée : et par la vacance du pouvoir qui a laissé des équipes ultra-compétentes sans capitaine ; et par son modèle même. Vers quel cap mener ce vaisseau surdimensionné de 10 000 m2, en période de disette budgétaire et de méfiance grandissante à l’égard des mécènes ? Faut-il le réserver aux jeunes artistes, privilégier les cartes blanches spectaculaires comme celle offerte l’hiver dernier à Tomas Saraceno, ou les expositions thématiques ? Faut-il passer à la vitesse supérieure, ou au contraire la jouer modeste en fermant certains espaces plutôt que de les remplir à coups de partenariats plus ou moins fondés ? Après une sélection marathon qui l’a vu finalement préférée à Simon Castets et au duo formé par Gaël Charbaud et Dorothée Dupuis, Emma Lavigne a gardé pour l’instant son projet secret. Mais son parcours livre quelques indices sur l’identité qu’elle donnera à ce centre d’art hors du commun, qui célébrera en 2020 ses vingt ans. Née en 1968 à Versailles, cette historienne de l’art a révélé ses talents de commissaire d’exposition à la Cité de la Musique de Paris, dont elle devient conservatrice en 2000, après des débuts à l’Icom (International Council of Museums) et à la Caisse des Monuments nationaux. C’est là qu’elle met au point l’une de ses marques de fabrique : des expositions qui font fi de la frontière des genres et des chronologies trop sages. Ses hommages à Jimi Hendrix, Pink Floyd ou John Lennon, tout comme l’exposition Electric Body, mêlent sons, images et sensations. Un désir de synesthésie qu’elle confirme avec Warhol Underground en 2008 à Montréal, puis au Centre Pompidou, qui la recrute la même année. Après avoir participé à Elles, l’accrochage des collections dévolu aux artistes femmes, elle y compose avec Christine Macel, en 2011, Danser sa vie, une traversée du XXe siècle au gré des nombreux dialogues entre plasticiens et chorégraphes. Une obsession qu’elle confirme cet été encore avec Opéra monde, la quête d’un art total, au centre Pompidou-Metz, dont elle a pris la tête en 2015, succédant à Laurent Le Bon.
La directrice du Centre Pompidou Metz devrait remplacer Jean de Loisy après une vacance de sept mois à la tête de l’institution.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/22/emma-lavigne-prend-la-tete-du-palais-de-tokyo_5492254_3246.html
mlsum-fr-780
Yannick Jadot, tête de liste d’EELV, le 25 juillet à Saint-Brieuc. LOIC VENANCE / AFP Trois mois après les élections européennes du 26 mai, le brouillard se dissipe et révèle le nouveau paysage de la gauche française. Ses principales forces réunissent leurs militants lors de leurs universités d’été respectives entre le 22 et 25 août, à Toulouse (LFI et EELV), La Rochelle (PS) et Aix-en-Provence (PCF), dans les Bouches-du-Rhône. Au cœur de cet espace en mutation se trouve, pour la première fois, Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Forts du résultat de la liste emmenée par Yannick Jadot (13,48 % des suffrages), les écologistes se sentent pousser des ailes : et si c’était (enfin) leur tour ? En privé, M. Jadot le fait comprendre : en 2022, ce sera lui l’outsider qui créera la surprise. Mais, en attendant, les Verts devront veiller à ne pas renouer avec leurs vieux démons. A savoir, la désunion et les règlements de comptes internes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi David Cormand : « Il s’agit désormais d’établir dans la justice une société de sobriété » Avant l’été, tout semblait pourtant bien parti. EELV avait commencé un travail de rassemblement de toutes les chapelles écologistes, avec notamment les mouvements d’Antoine Waechter et de Delphine Batho. De son côté, le secrétaire national David Cormand devait passer la main au congrès de novembre, laissant une formation en bonne santé financière et en ordre de marche. Il avait même prévu sa succession avec Julien Bayou et Sandra Regol, les deux porte-parole actuels. Pas de division Mais cette option n’a pas les faveurs de Yannick Jadot. En juillet, ce dernier a réuni toutes les tendances du parti pour faire passer un message : pas de division et une formation construite comme une écurie présidentielle, pour préparer sa candidature, avec un patron (ou une patronne) sur la même ligne que lui. Comprendre : moins à gauche que le binôme Bayou-Regol initialement pressenti. Reste, d’ici au congrès, à convaincre les adhérents des Verts qui ne détestent rien de plus qu’une ligne imposée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jadot veut mettre les Verts en ordre de marche L’unité du parti n’est pas qu’anecdotique : en mars, les élections municipales nécessiteront que toutes les forces écologistes soient mobilisées. Leurs ambitions sont, en effet, élevées. Au moins quatre grandes villes sont dans leur viseur : Paris, Nantes, Rennes et Toulouse. Dans la plupart d’entre elles, ils sont pourtant en alliance de longue date avec le Parti socialiste. Qui n’entend pas se laisser dépouiller sans rien dire. Et qui juge Les Verts un peu trop sûrs d’eux et dominateurs. « Sans être désobligeants, EELV a fait un peu plus de 13 %. Pas 35 % ou 45 %, rappelle le premier secrétaire du PS, Olivier Faure. On ne peut pas bâtir une stratégie majoritaire sans le faire avec d’autres. Surtout aux municipales, un scrutin où les alliances sont nécessaires pour gagner. »
A quelques jours de leur université d’été respective, chaque parti – PS, Verts et LFI – affûte ses armes pour mieux peser sur l’avenir incertain de la gauche. Chacun avec sa stratégie.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/21/a-gauche-un-nouveau-paysage-se-dessine_5501176_823448.html
mlsum-fr-781
Tribune. Deux des aspects du projet de loi relatif à la bioéthique les plus discutés concernent l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux femmes seules et aux couples de femmes et l’accès aux origines des personnes issues d’un don de gamètes. Plusieurs voix se sont élevées pour signaler le risque de pénurie de gamètes. Si les dons de gamètes risquent peut-être de manquer, c’est notamment parce que le projet de loi n’envisage pas de changer le processus de recrutement des donneurs de sperme et des donneuses d’ovocytes et d’encadrer ce que l’on appelle le don dirigé de gamètes. Certaines femmes sollicitent, hors parcours médicalisé, un homme qui accepte de donner son sperme sans être père. Selon une enquête que nous avons menée en France en 2012 auprès de 409 mères lesbiennes, 14 % avaient ainsi eu recours à un donneur connu. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Bioéthique : « Gare à la pénurie de gamètes » Une étude en cours menée auprès de 18 couples lesbiens qui ont eu recours à un donneur connu montre que les deux tiers souhaitaient permettre à leur enfant de connaître son géniteur, voire de le côtoyer. Quant aux donneurs également interrogés, ils mettent en avant leur souhait d’aider des amies. Quelques-uns ont précisé qu’ils n’auraient pas donné à des inconnues ou si le don avait été anonyme. Sans que l’on puisse en estimer le nombre exact, de nombreux hommes sont disposés à aider des femmes proches à devenir mères. Cela sécuriserait aussi l’établissement de la filiation Cependant, le don de sperme hors parcours médical comporte des risques pour la santé des femmes. Le donneur peut en effet être porteur d’une pathologie transmissible. Encadrer le don dirigé de sperme permettrait de réduire les risques sanitaires pour la femme qui porterait l’enfant et pour l’enfant lui-même. Cela sécuriserait aussi l’établissement de la filiation. En France, contrairement au Québec par exemple qui valide la possibilité de ce type de don, cet homme qui a accepté de donner son sperme sans reconnaître l’enfant peut changer d’avis et revendiquer sa paternité tant que l’adoption de l’enfant par la conjointe de la mère qui a accouché n’a pas été prononcée. Cela empêcherait l’établissement de la double filiation maternelle, alors même que les mères sont à l’origine du projet d’enfant. Et le donneur lui-même n’est pas protégé, tant que l’adoption intraconjugale n’a pas été prononcée. En effet, les mères ou même l’enfant, jusqu’à ses 28 ans, peuvent le poursuivre pour faire établir sa paternité. Encadrer le don dirigé de gamètes donnerait un cadre juridique et médical à ces pratiques qui, autrement, n’ont de choix que celui d’arrangements fragiles. Dans le système actuel de PMA, lorsqu’il donne son sperme, le donneur renonce à ses droits parentaux. Qu’il ne soit plus anonyme ou qu’il donne pour un ou une ami(e) ne changerait rien : il resterait un donneur et pas un père.
Cela permettrait de réduire les risques sanitaires pour la femme qui porterait l’enfant et pour l’enfant lui-même et favoriserait une procréation médicalement assistée plus inclusive, expliquent dans une tribune au « Monde » les deux universitaires.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/19/jerome-courduries-martine-gross-pma-encadrons-le-don-dirige-de-gametes_5500605_3232.html
mlsum-fr-782
role. « C’était une voix grave et douce, une voix de jeune homme blond ou de jeune fille brune, d’un timbre frais et pénétrant, résonnant comme un chant de cigale altérée à travers la brume poudreuse d’Egypte… », raconte Gérard de Nerval (Voyage en Orient, 1851). Mystérieuse, envoûtante voix parlée. Elle nous convie à un vertigineux voyage dans le temps. Un double voyage, à court et très long terme. A l’âge des biberons, d’abord : pourquoi la voix humaine est-elle vitale pour le nourrisson ? A l’âge des cavernes, ensuite : quand et comment est apparue, chez un de nos lointains ancêtres, cette voix articulée, « alchimie entre la raison et l’émotion », comme la définit Jean Abitbol, chirurgien phoniatre et médecin ORL, dans Voix de femme (Odile Jacob, 256 p., 21,90 €) ? « Au commencement était le Verbe », écrivait Jean l’évangéliste. Le verbe, au vrai, ne fut pas au commencement de tout. Mais il fut au commencement du genre humain, ce qui n’est pas rien. Aujourd’hui encore, il se tient au tout début de chaque vie humaine. Un miracle sans cesse rejoué, puisque la voix de la mère se grave dans la matière molle d’un cerveau à partir du sixième mois de vie utérine. Ce sceau indélébile servira d’empreinte à l’enfant – du latin infans, « celui qui ne parle pas » – pour apprendre sa langue maternelle. Nombreux sont les animaux qui vocalisent, mais seul parle l’homme. Ou presque : certains perroquets, perruches et mainates jactent toutefois. La faune des fameuses Fables (1668) aussi, où La Fontaine fait même articuler les poissons. Pensée symbolique Que serions-nous sans la parole ? Question absurde, en vérité, tant elle se fonde sur le langage pour être pensée et formulée. Tant le verbe a engendré notre espèce, tant il a coévolué avec notre cerveau. Que serions-nous sans mythes fondateurs, sans épopées à raconter au coin du feu ? Sans chants et sans prières, matière spirituelle à souder les tribus humaines ? Sans la chaleur, sans la caresse des mots chuchotés, matière affective à irriguer nos âmes ? Sans un langage élaboré, matière intellectuelle à coordonner nos activités sociales ? « L’animal humain est d’abord un animal technique et social », souligne le neuroscientifique Alain Prochiantz, professeur au Collège de France. Etre chétif, l’homme ne pouvait guère compter sur ses moyens physiques pour combattre ou pour fuir. Pour survivre et prospérer, il a donc misé sur ses ressources cognitives et sociales, dopées par le langage. Nommer les choses – objets, sentiments et concepts – a stimulé son imagination, vivifié son inventivité, éveillé sa fibre artistique. Le langage a permis la pensée symbolique.
Pour le nourrisson, elle est aussi vitale que les aliments qu’il ingère. Et pour l’humanité, elle fut une formidable source de progrès. Retour sur la prodigieuse évolution de la parole.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/09/l-epopee-de-la-voix-humaine_5508287_1650684.html
mlsum-fr-783
Lors d’un hommage, après que le corps de Steve Maia Caniço a été retrouvé dans la Loire, à Nantes, le 30 juillet. LOIC VENANCE/AFP « La tristesse, l’amertume et la colère. » Ce mardi 30 juillet, Alexane Lamy, 24 ans, livreuse, fait face à la Loire tumultueuse, près de la grue Titan jaune, l’un des emblèmes de la ville de Nantes. A quelques pas de l’endroit où a été découvert, la veille, vers 17 h 30, le corps de Steve Maia Caniço, son ami de 24 ans disparu au cours de la nuit de la Fête de la musique, il y a presque six semaines. « C’est important d’être là pour se recueillir, lâche-t-elle, aux côtés d’autres camarades, visage fermé empreint de gravité. C’est la première fois que l’on vient en sachant qu’il était là… » Le 21 juin, une soirée techno était organisée quai Wilson, site dépourvu de garde-corps. Vers 4 heures du matin, heure convenue pour le démontage des sound-system, les forces de l’ordre sont apparues. Le climat s’est embrasé. Selon la préfecture de Loire-Atlantique, « les policiers ont essuyé des jets de bouteilles de verre et de pierres ». En retour, une pluie de grenades lacrymogènes a envahi la nuit nantaise, et des grenades de désencerclement ont été tirées. L’usage de lanceur de balles de défense a été établi. « Il y avait des gens qui couraient dans tous les sens pour échapper aux lacrymos, affirme Aliyah, amie de Steve. J’ai vu des gens tomber à l’eau qui criaient pour que les bateaux des secours viennent les chercher. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mort de Steve Maia Caniço : cinq semaines d’enquête laborieuse Un disparu a rapidement été signalé : Steve Maia Caniço, qui ne savait pas nager. « C’est bien le corps de Steve qui a été retrouvé », a officialisé, mardi matin, Cécile de Oliveira, avocate de la famille qui s’est constituée partie civile. Tout en se refusant expressément à confirmer l’identité du défunt, Pierre Sennès, procureur de la République de Nantes, a indiqué, dans une formulation pour le moins alambiquée, que « l’information judiciaire en recherche des causes de la disparition » de Steve Maia Caniço venait d’être « clôturée ». Cette information judiciaire, indique-t-il, « a donné lieu à des investigations précises, complètes et approfondies quant aux circonstances » de cette disparition. Et l’analyse de ce dossier l’a conduit « à ouvrir immédiatement une information judiciaire contre X du chef d’homicide involontaire ». Ce nouveau cadre procédural doit permettre aux deux juges qui vont être saisis « de poursuivre les investigations en les autorisant notamment à rechercher d’éventuelles responsabilités pénales ». « C’est très dur pour la famille mais retrouver le corps est essentiel afin de pouvoir organiser des obsèques et entamer un travail de deuil, énonce Cécile de Oliveira. C’est aussi fondamental pour l’enquête et la qualification juridique retenue. »
Une information judiciaire contre X pour homicide involontaire a été ouverte après l’identification du corps du jeune homme, mardi 30 juillet.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/31/a-nantes-la-tristesse-et-la-colere-apres-la-decouverte-du-corps-de-steve-maia-canico-dans-la-loire_5495236_3224.html
mlsum-fr-784
Alexandra Alévêque (à droite) dans les rues d’Aarhus , la ville « la plus heureuse » du Danemark. TSVP FRANCE 5 - MERCREDI 28 AOÛT À 20 H 50 - DOCUMENTAIRE « C’est quand le bonheur ? », demande frénétiquement le chanteur Cali dans sa chanson. Et si la bonne question à se poser était : « C’est où ? » Depuis 2013, en effet, les Nations unies fournissent chaque année un classement des Etats les plus heureux du monde. Or, selon ce « World Happiness Report », la cité danoise d’Aarhus a décroché la palme dans la catégorie ville (en 2015) et la Finlande arrive cette année en tête devant le même Danemark (la France est 24e) dans la catégorie pays. Une prédominance scandinave qui ne cesse d’intriguer. Dès 1955, Le Monde s’interrogeait déjà devant « une ville vieille de dix siècles et qui est peut-être en avance de cent ans » – c’est dire. Aujourd’hui, France 5 recycle le sujet en intégrant Aarhus – prononcer « Or-hous » – dans sa série « Drôles de villes pour une rencontre » et fait mine de s’étonner : « Ils vivent dans un pays où il fait froid neuf mois sur douze, où la nuit tombe à 15 heures et où la pression fiscale est la plus élevée du monde, et ils se disent “heu-reux !” » La nuit n’y tombe en réalité à 15 h 37 qu’au solstice d’hiver et la pression fiscale la plus importante se trouve… en France (le Danemark est deuxième). Des détails non essentiels… un tel sujet traité au premier degré aurait été des plus ennuyeux. C’est donc la journaliste Alexandra Alévêque, par ailleurs sœur cadette de l’humoriste Christophe Alévêque, qui s’y colle… avec l’humour qu’on lui connaît et qui correspond bien au sujet. Selon le principe de l’émission, « Alex » emménage donc pour quinze jours dans une famille d’Aarhus. Comme c’est le cas statistiquement un jour sur deux, il pleut lors de son arrivée. La maison d’Anders et de Diete, le couple d’hôtes, n’a rien d’extraordinaire, même si Alex s’extasie devant un très imposant trophée de tête d’élan accroché au mur. « Jeux, sourire et amour » La mère de famille est institutrice, ce qui permet d’aborder les spécificités éducatives du pays. Elle enseigne dans une école libre sous contrat, dont la devise est « Jeux, sourire et amour » et ses petits élèves autoévaluent chaque matin leur bonheur sur une échelle de 1 à 10. Les deux petites filles, prénommées Sourire et Eté, chantent mal et jouent faux, mais dans la joie. Anders est, lui, entrepreneur indépendant et a remis au goût du jour la technique viking des constructions en bois brûlé. Lorsque au dîner la journaliste demande : « Pourquoi dit-on que vous êtes le pays le plus heureux du monde ? », la petite famille reste coite. En écoutant bien, « Alex » met le doigt sur des éléments moins superficiels, comme la confiance donnée très tôt aux enfants Sur le port, à vélo, au centre-ville, le fait de n’interroger les intervenants que sur leur bonheur supposé devient, au fil des minutes, un peu pesant. Le « style » d’Alexandra Alévêque peut, en effet, séduire par sa gaîté et son culot – ou fatiguer. Pourtant, en écoutant bien, « Alex » met le doigt sur des éléments moins superficiels, comme la confiance donnée très tôt aux enfants, le taux d’imposition, la garantie de l’emploi, la sécurité financière (le salaire et le hobby d’Erik, éboueur et fier de l’être, sont à découvrir en fin de documentaire). A part cela : « [En France], vous avez aussi la santé gratuite ? L’école gratuite ? Et vous recevez de l’argent pour étudier ?, demande Anders. Alors c’est peut-être vous le pays le plus heureux. » Drôles de villes pour une rencontre : Aarhus (Danemark), documentaire de Christophe Castagne (Fr., 2019, 52 min). www.france.tv/france-5/droles-de-villes-pour-une-rencontre et www.francetelevisions.fr/et-vous/notre-tele/a-ne-pas-manquer/droles-de-villes-pour-une-rencontre-928
La deuxième ville du pays serait celle où l’on vit le plus heureux. Alexandra Alévêque, « Alex », a enquêté. Attention : second degré.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/28/droles-de-villes-pour-une-rencontre-aarhus-danemark-etre-eboueur-la-cle-du-bonheur_5503842_3246.html
mlsum-fr-785
« Le Prince » (Il principe), de Nicolas Machiavel, lu par Yannick Lopez, FV Editions, 1CD, 9,95 €. Statue de Nicolas Machiavel, issue de la série des « Grands Florentins » de Lorenzo Bartolini (1777-1850), en façade de la galerie des Offices, à Florence. wikimedia commons MACHIAVEL, MAÎTRE EN REALPOLITIK Une odeur de soufre plane dans les manuels de philosophie. Taxer un homme, une femme politique de machiavélisme, c’est en faire illico un calculateur froid, prêt à tout pour gravir les échelons du pouvoir et se tailler une jolie carrière. La fin justifierait les moyens… Pourtant notre diabolique Florentin peut nous offrir bien plus que du cynisme. Ne nous prêterait-il pas une pierre de touche pour mettre à l’épreuve, jauger les intentions, les manigances et la moralité de ceux qui s’évertuent à nous gouverner ? Prêter l’oreille au Prince lu par Yannick Lopez, c’est, en tout cas, acquérir une grille de lecture bien capable de nous rendre plus lucides, moins dociles envers toute forme d’aliénation, de domination et, appelons un chat un chat, d’abus de pouvoir. Machiavel n’y va pas par quatre chemins : « Bien des gens ont imaginé des républiques et des principautés telles qu’on n’en a jamais vu ni connu. Mais à quoi servent ces imaginations ? Il y a si loin de la manière dont on vit à celle dont on devrait vivre qu’en n’étudiant que cette dernière on apprend plutôt à se ruiner qu’à se conserver, et celui qui veut en tout et partout se montrer homme de bien ne peut manquer de périr au milieu de tant de méchants. » Fausses dents Au moins savons-nous à quoi, à qui nous avons affaire. Quel progrès, quel gain de congédier l’hypocrisie de tous ceux qui nous sourient de leurs fausses dents pour mieux nous bouffer tout crus ! Quoi de plus libérateur que de regarder les animaux politiques en face, droit dans les yeux, sans illusion ? L’obsession de Machiavel se situe, en un certain sens, par-delà bien et mal. C’est la fondation et la conservation d’un état stable qui le préoccupe. A ses yeux, l’homme est méchant. Lâché dans la nature, il agirait en brute égoïste, violente et cruelle. La loi doit se faire respecter pour le sauver de la barbarie. Constituant un véritable précis de realpolitik, ce texte martèle depuis le XVIe siècle que le souverain devra à tout prix s’attacher l’amitié de son peuple et fonder son pouvoir sur la loi (ce qui le distingue du tyran) ainsi que sur une armée solidement dévouée à son chef. Tout bon prince, assure-t-il, ne doit pas hésiter, si nécessaire, à s’écarter du bien sans écorner son image de marque. Tout l’art est là ! Bien sûr, affirme le fin stratège, le must, c’est d’être craint et aimé par ses sujets. Mais, ajoute-t-il, s’il faut choisir, c’est la crainte qu’il préférera inspirer. Renard et lion, rusé et fort, saisissant la fortune par les cheveux, il n’hésitera pas, au besoin, à simuler, conscient que toute autorité est jugée selon ses résultats.
Pour le philosophe, prêter l’oreille au « Prince », c’est acquérir une grille de lecture susceptible de nous faire gagner en lucidité, de nous rendre moins dociles.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/15/le-prince-de-machiavel-la-chronique-livre-audio-d-alexandre-jollien_5476734_3260.html
mlsum-fr-786
Dans un supermarché Auchan, à Shanghaï, en décembre 2017. FRED DUFOUR / AFP Pour certains cadres de l’entreprise, la vente de 80 % de Carrefour Chine à Suning, un grand acteur du commerce en ligne, fin juin, reste difficile à avaler. « Un partenariat stratégique, oui, mais là, c’est une retraite pure et simple », raconte un cadre, déçu. Après vingt-trois ans dans le pays, le groupe de distribution, pionnier dans l’empire du Milieu, n’a pas su se réinventer, ratant le train de l’e-commerce et de la montée en gamme de la consommation en Chine. Lire aussi Carrefour se désengage de Chine Mais l’enseigne française n’est pas la seule à souffrir sur un marché en pleine restructuration : elle rejoint une longue liste d’acteurs étrangers qui ont quitté le navire, comme Tesco et même Amazon. Metro se préparerait à vendre, alors que la plupart des entreprises qui restent, comme Walmart et Auchan, ont dû nouer des partenariats. La faute à un pays où les habitudes de consommation changent vite, et où la concurrence est féroce. Lire la tribune : Comment Alibaba va tuer Amazon Les étrangers font les frais d’un marché en plein chambardement dans lequel le commerce en ligne a pris une place exceptionnelle. Au premier trimestre 2019, les Chinois ont effectué 18,6 % de leurs achats de biens physiques en ligne, en augmentation de 1,6 % sur un an, d’après le Bureau des statistiques de Chine, alors que la part des achats dans les hypermarchés se trouve aujourd’hui à 20,2 %, soit 3,4 % de moins qu’en 2014, d’après le cabinet d’analyse Kantar. En France, le commerce en ligne ne représente que 7 % des achats, et environ 6 % aux Etats-Unis. Le tournant pour les acteurs traditionnels de la distribution a eu lieu vers 2010, dernière bonne année pour Carrefour en Chine. Concentration sans précédent Dans ce contexte, les professionnels de la vente physique ont dû se réinventer à toute allure. Encore fallait-il avoir les moyens de changer de braquet. « Quand vous transformez un modèle, il faut faire des investissements, explique un cadre de Carrefour qui a préféré garder l’anonymat. Ceux qui prennent des parts de marché en ce moment, en Chine, dépensent énormément. Ici, il faut aller vite et prendre des risques. Et ça, chez nous, en Europe, c’est terminé… On ne va pas vite et on ne prend plus de risques. Ça ne peut pas fonctionner. » Le groupe, en difficulté, a décidé de concentrer ses efforts sur la France et le Vieux Continent. La vente de Carrefour Chine lui a rapporté 1,4 milliard d’euros, dont 620 millions d’euros de cash et le reste en reprise de dette par Suning.
Carrefour, Tesco et même Amazon ont quitté le pays, faute d’avoir su s’adapter au changement rapide des habitudes de consommation des Chinois.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/08/distribution-en-chine-les-etrangers-font-les-frais-d-un-marche-en-plein-chambardement_5497641_3234.html
mlsum-fr-787
La Cour suprême américaine a accepté vendredi d’examiner la légalité d’un décret du président Donald Trump qui supprime le programme Deferred Action for Childhood Arrival (DACA) qui protège de l’expulsion les jeunes immigrés entrés clandestinement dans le pays quand ils étaient enfants. Environ 1,8 million de personnes, surnommées dreamers (rêveurs), bénéficient ou répondent aux critères du dispositif DACA, créé en 2012 par le président Barack Obama. Il leur permet de vivre et d’étudier aux Etats-Unis. La Cour qui compte désormais cinq juges conservateurs sur neuf, entendra à partir de l’automne, à une date qui reste à déterminer, les arguments du gouvernement et des défenseurs du programme DACA. Les juges auront ensuite jusqu’à juin 2020 pour rendre leur décision, alors que le pays sera en pleine campagne électorale pour la présidentielle. M. Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale une priorité de son mandat, estime que ce programme ne fait qu’encourager à essayer d’entrer clandestinement dans le pays. Le président avait signé en septembre 2017 un décret mettant fin au DACA, qui a été bloqué par plusieurs tribunaux. Chantage de Donald Trump En novembre 2018, le ministère de la justice avait saisi la Cour suprême, estimant que M. Obama a mis en place ce programme « sans mandat ni même une autorisation du Congrès ou de la justice » et qu’il peut donc être supprimé « à n’importe quel moment ». La fin du DACA pourrait entraîner l’expulsion de centaines de milliers de personnes, en majorité originaires d’Amérique latine, ayant grandi aux Etats-Unis après être entrés clandestinement sur le territoire avec leurs parents, parfois il y a plusieurs décennies. Beaucoup de ces dreamers ont désormais des familles et des emplois et sont intégrés dans la société. Ils sont près de 700 000 inscrits au programme et 1,1 million supplémentaire sont admissibles mais non enregistrés. L’hiver dernier, le programme avait été au cœur d’un bras de fer entre le président républicain et les parlementaires démocrates, qui avait conduit à la fermeture partielle des services fédéraux (« shutdown »), le plus long de l’histoire des Etats-Unis. Le milliardaire avait proposé un sursis pour les dreamers en échange du financement d’un mur anti-clandestins à la frontière avec le Mexique et de mesures pour limiter l’immigration légale, alors que les démocrates demandaient une voie vers une naturalisation pour ces jeunes. Lors des deux débats pour l’investiture démocrate cette semaine à Miami, plusieurs candidats ont promis une solution pour les dreamers s’ils étaient élus.
Donald Trump a signé un décret en septembre 2017 pour mettre fin à ce programme qui, selon lui, encourage les gens à entrer illégalement aux Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/28/la-cour-supreme-americaine-se-saisit-du-dossier-des-dreamers_5482933_3210.html
mlsum-fr-788
« ChaplinOpéras », de Benedict Mason. Walter Vorjohann En dehors du face-à-face entre Matthias Pintscher et Mark Andre régi par des œuvres strictement instrumentales, les concerts de la 48e édition du Festival d’automne promettent de donner à voir autant, sinon plus, qu’à entendre. C’est le lot habituel des œuvres de Benedict Mason, en particulier des ChaplinOperas (1989), qui constituent le principal hit de son catalogue. De la musique de film qui fait en sorte que le spectacle ne se situe pas uniquement sur l’écran. De Chaplin à Stravinsky Si le bad boy de la musique contemporaine anglaise convoque un ensemble d’instrumentistes et de chanteurs pour accompagner en direct trois courts-métrages réalisés par Charlie Chaplin en 1917 – Easy Street, The Immigrant, The Adventurer –, il ne se contente pas de souligner certains effets comiques par des bruits échantillonnés, mais il remodèle aussi l’histoire (son « livret » d’opéra) en y intégrant des répliques inattendues. Ainsi, le dernier volet du triptyque s’appuie-t-il sur une lettre adressée par Stravinsky à Chaplin, en 1937, soit vingt ans après la sortie du film. Maître du montage postmoderne (dont Drawing Tunes and Fuguing Photos sera également programmé en fin de festival), Benedict Mason a étudié le cinéma avant de passer à la composition. Ceci explique cela. Pour The String Quartet’s Guide to Sex and Anxiety, Calixto Bieito associe deux quatuors. D’une part, le nec plus ultra des cordes classiques, pour interpréter des partitions de Ligeti et de Beethoven, et, d’autre part, quatre acteurs, pour restituer principalement le texte The Age of Anxiety, de W.H. Auden. Parmi les références du metteur en scène espagnol, encore des films : d’Andreï Tarkovski, de Béla Tarr et de Luis Buñuel. Souvent investie par le Festival d’automne, l’église Saint-Eustache, à Paris, accueillera Disparitions, une performance d’Antonin-Tri Hoang pour petit ensemble, dispositif électronique et lumières. Dans ce lieu apparenté, selon le musicien, au « squelette d’un instrument géant, paléontologique », une instrumentiste s’avancera au milieu du public sans que ce dernier sache si elle va jouer ou non. Un mode de fonctionnement qu’il dit répéter d’œuvre en œuvre, en se mettant à la place d’un spectateur dans une salle de cinéma. « Qu’est-ce que je vois ? », se demande-t-il alors. La question a dû également trotter dans la tête de Claude Vivier, dont le portrait, amorcé en 2018, se poursuit, entre autres, avec son Journal, au caractère hallucinatoire. Cet article est extrait d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Festival d’automne à Paris.
Directement ou non, le 7e art sert de toile de fond à la plupart des œuvres musicales au programme de cette 48e édition.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/11/au-festival-d-automne-des-compositeurs-font-leur-cinema_6015072_3246.html
mlsum-fr-789
Une colline près de Los Angeles, vendredi 11 octobre, après une nuit de flamme. DAVID MCNEW / AFP La Californie n’en a pas terminé de ses incendies. En dépit de mesures de prévention d’ampleur inédite, plusieurs feux importants se sont déclarés, vendredi 11 octobre, autour de Los Angeles, forçant des dizaines de milliers d’habitants à être évacués. Un feu de quelque 1 600 hectares, baptisé Saddleridge Fire, s’est déclaré dans un quartier du nord de la métropole, jeudi soir. Il s’est rapidement propagé pendant la nuit, alimenté par des vents chauds, caractéristiques de cet Etat, et un sol sec. Environ 25 maisons ont été détruites ou endommagées dans cette zone résidentielle où les autorités ont émis des ordres d’évacuation. Un homme d’une cinquantaine d’années est mort en raison des incendies. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Californie, on coupe le courant pour prévenir les incendies Alors que l’incendie Camp Fire avait fait plus de 80 morts il y a un an, les autorités ont déployé 250 policiers pour faire appliquer les ordres d’évacuation, qui concernent 23 000 habitations et environ 100 000 personnes. « Il faut que les gens partent tant qu’ils le peuvent », a affirmé le chef de la police de Los Angeles, Michel Moore, lors d’un point de presse avant le lever du jour. « Quand on vous demande de partir, ça veut dire qu’il faut partir. » Des centres d’hébergement d’urgence ont été mis en place pour accueillir les habitants évacués. Les pompiers de Los Angeles mobilisent environ 450 d’entre eux pour combattre ces feux qualifiés d’« urgence majeure » par les autorités. Coupures d’électricité pour éviter les feux Ces conditions dangereuses devaient durer au moins jusqu’en fin de journée vendredi, ont prévenu les services météorologiques américains (NWS). Les bourrasques, pouvant atteindre plus de 100 km/h, sont susceptibles d’endommager arbres et lignes électriques, ont-ils précisé. Les télévisions locales ont diffusé des images impressionnantes de flammes léchant les habitations ou menaçant plusieurs routes, qui ont été coupées à la circulation. Les pompiers californiens combattent les flammes du Saddleridge Fire, près de Los Angeles, dans la nuit de jeudi 10 à vendredi 11 octobre. DAVID MCNEW / AFP A un peu plus d’une centaine de kilomètres à l’est de Los Angeles, un autre feu s’était déclenché. Un hélicoptère et plus de 200 pompiers combattaient les flammes, ayant détruit au moins 74 bâtiments, ont indiqué les pompiers locaux sur leur site Internet. Aucune victime n’a, pour le moment, été déplorée. « La lumière qui nous entourait était d’un orange si vif, c’était comme s’il se trouvait dans notre jardin », a raconté un habitant de la zone sur la chaîne locale KTLA 5. Jeudi soir, des coupures préventives d’électricité, décidées la veille par l’opérateur américain PG&E en raison de prévisions météorologiques propices aux feux de forêt, avaient privé de courant des centaines de milliers de clients près de San Francisco et dans le nord de la Californie. Dans la nuit de jeudi à vendredi, l’opérateur a annoncé avoir restauré l’électricité pour la moitié des clients affectés, mais plus de 300 000 personnes restaient touchées par ces coupures.
Le feu, qui a déjà ravagé 1 600 hectares près de Los Angeles, mobilise un millier de pompiers.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/11/en-californie-des-milliers-d-habitants-evacues-apres-le-declenchement-d-un-incendie_6015190_3210.html
mlsum-fr-790
Le premier ministre Edouard Philippe (gauche) et le président du MoDem François Bayrou, le 30 mars à Aubervilliers (93). STEPHANE DE SAKUTIN / AFP C’est le paradoxe de cette rentrée en Macronie : alors que le chef de l’Etat poursuit sa remontée dans les sondages, en tirant essentiellement profit du G7 à Biarritz, fin août, considéré comme un « succès diplomatique », sa formation, elle, voit les nuages s’accumuler avant sa première université d’été, baptisée « le campus des territoires », qui doit se tenir samedi 7 et dimanche 8 septembre, à Bordeaux. « La séquence est compliquée », reconnaît un dirigeant de La République en marche (LRM), anticipant un rendez-vous « animé ». La faute, surtout, à la préparation des élections municipales, qui suscite de nombreuses tensions au sein de la majorité. Le cas le plus épineux reste celui de Paris. La candidature dissidente de Cédric Villani face au candidat « officiel », Benjamin Griveaux, sème la division en interne, en poussant les uns et les autres à choisir leur camp. Mais le « pataquès parisien », dixit un élu LRM, n’est pas le seul sujet susceptible d’instaurer une ambiance électrique lors de ce grand rassemblement, qui doit réunir près de 3 000 personnes, dont la plupart des membres du gouvernement, des parlementaires, et des cadres du parti. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Bordeaux, la majorité continue de se diviser La crainte de voir des dissidences se multiplier dans d’autres villes, en suivant la « jurisprudence Villani », est un autre motif d’inquiétude. Car la grogne monte ailleurs contre les choix de la commission d’investiture nationale (CNI). A Lille, la députée du Nord Valérie Petit, qui n’a pas obtenu l’investiture, a ainsi annoncé son refus de soutenir la candidate désignée. Des risques de concurrence interne existent également à Montpellier, Besançon, Metz ou Annecy. Dans d’autres villes, comme Tours, Angers, Niort, Orléans ou Dijon, la fronde vient de la base : les militants s’opposent à la tentation du parti de soutenir des maires sortants macron-compatible. Un collectif des « marcheurs libres », qui tente de fédérer les adhérents mécontents « des décisions verticales dénuées de tout sens » du siège, a même vu le jour le 29 août, à Courbevoie (Hauts-de-Seine). Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Il y a un vrai risque que cela ouvre une jurisprudence Villani » : LRM craint d’autres dissidences La stratégie au « cas par cas » de la CNI, qui consiste à investir des purs macronistes ou à s’allier avec un sortant bien implanté, suscite parfois de l’incompréhension. Et de la frustration. « Les municipales, c’est la première grosse zone de turbulences que l’on doit affronter car il y a un problème de cohérence dans nos choix, analyse un poids lourd de la majorité. Un coup, on soutient un candidat de gauche, une autre fois un de droite, ou un pur En marche !… A force de faire de la dentelle, cela devient illisible et incompréhensible. »
Les élections municipales seront au cœur des débats de l’université d’été du parti, organisée ce week-end à Bordeaux.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/06/rentree-sous-tensions-pour-la-republique-en-marche_5507113_823448.html
mlsum-fr-791
A Abidjan (Côte d’Ivoire), le 19 septembre 2018. ISSOUF SANOGO / AFP Tribune. Rentrée scolaire. A Dakar, pour Sokhna, L’Aventure ambiguë, de Cheikh Hamidou Kane, est frappé d’un « 10-18 ». A Niamey, L’Enfant noir, de Camara Laye, alourdit de Plon le sac de Makéda. A Abidjan, on s’éclaire au Seuil avec Les Soleils des indépendances, d’Ahmadou Kourouma, et on achète à Hachette Le Vieux Nègre et la Médaille, de Ferdinand Oyono. Douala, N’Djamena, Lomé, Ouagadougou, partout, au sud francophone du Sahara, les classiques de la littérature éveillent, édifient, enseignent en étant frappés du sceau de maisons d’édition concentrées le long de la Seine. Une vision esthétique, politique, philosophique, historique du monde s’est ainsi constituée sur plusieurs générations. Peu de gens relèvent la charge symbolique d’un tel anachronisme. Ces œuvres sont à la fois causes et conséquences de la colonisation. Elles ont « naturellement » été portées par les maisons d’édition d’une métropole héritière d’une longue tradition littéraire écrite. « Le mouton broute où on l’attache », disent les Malinkés. Cela n’a pas empêché leurs auteurs de réinventer une voie artistique, une langue, un regard qui, tout le monde le reconnaît, ont apporté un souffle nouveau aux canons littéraires de la langue française. La primauté n’est pas le seul critère qui les a élevées au rang de « classiques ». La « colo » terminée, le cacao de Côte d’Ivoire appartient aux Ivoiriens, l’uranium du Ténéré est nigérien, le manganèse du Fouta est guinéen. Mais, Le Devoir de violence, Les Bouts de bois de Dieu, La Carte d’identité sont encore de droit colonial. Oui, « colonial », dans le corpus francophone, il n’existe pas d’autres adjectifs qualificatifs pour désigner cet état de fait. La lutte n’est donc pas achevée. Rendre l’indépendance à ces œuvres qui continuent de façonner les connaissances et les imaginaires africains est un devoir, une responsabilité historique. La seule question c’est : comment ? Nouveau lectorat Une clause de type impérial qui existe encore dans la plupart des contrats d’édition français (signés par des Africains ou pas) veut que l’écrivain cède ses droits sur toute la planète, de Saint-Germain-des-Prés aux îles Vanuatu. Il n’y a de négociation territoriale qu’en cas de traduction ou de réédition. Nous ne remettons pas en cause cette pratique. Après tout, chacun fait ce qu’il veut chez lui. Nous appelons donc à la fondation d’un fonds africain pour racheter aux éditeurs français les droits africains de ces œuvres afin de les rendre à leurs ayants droit.
Un collectif de personnalités, le Front de libération des classiques africains, défend l’idée, dans une tribune au « Monde », que les œuvres majeures de l’Afrique francophone ne soient plus seulement éditées à Saint-Germain-des-Prés
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/04/il-faut-rendre-son-independance-a-la-litterature-africaine_6017973_3232.html
mlsum-fr-792
Tribune. Le traité de Versailles a instauré une paix de vainqueurs. Le caractère inégal de ce traité – dans les responsabilités imputées à l’Allemagne et les punitions qu’il lui a infligées – a été largement documenté et débattu par les historiens, de même que les conséquences déstabilisatrices du traité pour la République de Weimar et l’exploitation du Diktat par le nazisme. Mais la négociation du traité de Versailles s’est aussi accompagnée de la création de la Société des nations (SDN, dont le pacte fut annexé au traité), première organisation de sécurité collective de l’histoire. Affaiblie d’emblée par la défection des Etats-Unis, la SDN n’a su éviter ni les coups de force des années 1930, ni la marche vers la seconde guerre mondiale. Mais avec elle, l’idée que la sécurité des Etats doit être gérée collectivement, et que les agressions armées doivent faire l’objet d’une réponse concertée, s’est imposée. On retrouve cette doctrine dans la charte de l’ONU sur un mode renforcé (le chapitre VII qui, potentiellement, fait de l’ONU une « SDN avec des dents »). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Laurence Badel : « La grave erreur du traité de Versailles a été de vouloir imposer un modèle libéral à l’Europe » Quel que soit le jugement que l’on porte aujourd’hui sur l’ONU, celle-ci a su agréger les Etats du monde à mesure des grandes transformations des relations internationales (la décolonisation, la fin de la guerre froide) et se démultiplier (de 51 Etats à 193 aujourd’hui). Le caractère multifonctionnel du multilatéralisme onusien aujourd’hui est tel – développement, maintien de la paix, protection de l’environnement, humanitaire, etc. – que l’organisation septuagénaire a désormais peu à voir avec ce qu’elle était en 1945. Certes, des blocages demeurent, à commencer par la composition du Conseil de sécurité (inchangée depuis l’élargissement de 11 à 15 membres en 1965) et suscite la frustration croissante de puissances émergentes (Inde, Brésil notamment) et des pays africains. L’ONU est loin d’être à la hauteur de certaines des crises actuelles. Mais la responsabilité est à rechercher du côté des grandes puissances L’ONU souffre aussi du décalage entre l’ampleur des fonctions planétaires que les Etats lui assignent (les 17 « objectifs de développement durable » à atteindre d’ici à 2030) et la maigreur des moyens qu’ils continuent de lui accorder. De fait, les ressources financières cumulées des organisations internationales (toutes institutions onusiennes et de Bretton Woods confondues ainsi que l’Organisation mondiale du commerce) pèsent moins de 3 % des dépenses militaires des Etats dans le monde. Enfin, l’ONU est loin d’être à la hauteur de certaines des pires crises actuelles du monde. Mais la responsabilité est alors à rechercher du côté des grandes puissances (la douzaine de veto russes au Conseil de sécurité sur la guerre en Syrie en étant l’exemple actuel le plus significatif).
Le multilatéralisme, né à Versailles il y a cent ans avec la Société des nations et aujourd’hui incarné par l’ONU, reste enraciné dans le système international, que le président américain soit ou non réélu en 2020, estime le politiste Franck Petiteville dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/26/le-multilateralisme-survivra-a-trump_5481501_3232.html
mlsum-fr-793
Les Bleus (ici à Villeurbanne le 17 août) ont remporté, samedi, leur premier match de préparation sur le sol chinois. ROMAIN LAFABREGUE / AFP Le long voyage n’aura pas trop pesé dans les jambes. Samedi 24 août, les basketteurs français ont remporté leur première victoire sur le sol chinois face à la Nouvelle-Zélande, 95 à 81, samedi au tournoi de préparation de Shenyang, à huit jours du début du Mondial. Il reste deux matchs amicaux dimanche (9 h 30) face à l’Italie et mardi (13 h 30) contre la Serbie aux Bleus pour peaufiner leurs réglages et au sélectionneur Vincent Collet pour choisir sa liste définitive des douze. Ce match contre les modestes « Tall Blacks », pour lequel Evan Fournier et Andrew Albicy ont été laissés au repos, ne lui a peut-être pas apporté de réponse définitive sur l’identité des deux hommes qui prendront l’avion pour l’Europe avant le premier match du Mondial contre l’Allemagne, dimanche prochain à Shenzhen. L’Italie et la Serbie au menu de la préparation Au poste de meneur, Théo Maledon, qui se remet d’une blessure à une épaule, n’a pas été utilisé et Elie Okobo n’a pas été très convaincant. Chez les ailiers forts, ni Amath M’Baye ni Louis Labeyrie n’ont fait la différence. Parmi les joueurs en balance, c’est l’arrière Paul Lacombe qui a livré le match le plus complet. Comme souvent ces dernières semaines, les Français ont fait l’écart au retour des vestiaires (11-0 pour commencer le 3e quart-temps) en imposant leur supériorité physique à l’intérieur avec Vincent Poirier et Rudy Gobert et en soignant leur jeu de passes. En première période, trop laxistes sur les shooteurs à trois points néo-zélandais, ils avaient eu jusqu’à huit points de retard. C’est Nando De Colo (16 points en première mi-temps) qui leur avait permis de rester au contact à la pause (42-43). Les deux derniers matchs de préparation permettront d’en savoir plus sur le vrai niveau de l’équipe. L’Italie vient de récupérer deux joueurs majeurs, Danilo Gallinari et Luigi Datome qui, avec Marco Belinelli, peuvent lui permettre de créer des surprises au Mondial. Les Serbes sont les premiers outsiders pour le titre derrière les Américains avec leurs joueurs de NBA Nikola Jokic et Bogdan Bogdanovic.
Les basketteurs tricolores se sont bien acclimatés à la Chine. Samedi 24 août, à Shenyang, ils ont battu la Nouvelle-Zélande lors du tournoi de préparation au Mondial 2019 (95-81).
https://www.lemonde.fr/basket/article/2019/08/24/mondial-de-basket-les-bleus-dominent-les-neo-zelandais-en-preparation_5502533_1616663.html
mlsum-fr-794
Une proche d’une victime d’Ebola enterrée le 16 mai, à Butembo, au nord-est de la République démocratique du Congo. JOHN WESSELS / AFP Le commandant Liso ne se cache plus. Il reste néanmoins prudent. Lorsque ce chef de milice descend de sa colline, tapissée de forêt dense, pour s’aventurer en ville, ce n’est jamais seul. Une cinquantaine de ses miliciens, chaussés de bottes en caoutchouc et vêtus d’uniformes disparates, sécurisent le périmètre, plutôt bien armés. D’autres s’infiltrent, en civil, mais ne dupent personne avec leurs yeux rougis par le cannabis et leurs fétiches protecteurs mal dissimulés. Talkie-walkie à la ceinture, polo de marque de contrefaçon, jeans et basket, Jean-Marie Liso, 33 ans, fait son entrée dans un village désolé du Nord-Kivu, à une quarantaine de kilomètres de Butembo. Cette fois, il n’ordonne pas à ses hommes de tirer sur les soldats de l’armée congolaise ou de piller les villageois. « La guerre est finie, pour le moment », assure ce rebelle qui a loué ses services de mercenaire, cette dernière décennie, afin de sécuriser la zone, ou de la déstabiliser, pour le compte du plus offrant. Depuis son évasion de prison permise par une prise de ses miliciens, en novembre 2018, il a défié les forces gouvernementales et les institutions qui ont argué de la présence d’Ebola pour mieux priver cet électorat – acquis à l’opposition – de vote à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018. Cela a été perçu comme une injustice par la population, traumatisée par des massacres de civils commis dans la région depuis cinq ans et par le virus. Celui-ci est suspecté d’être la dernière invention du régime abhorré du président Joseph Kabila pour les tuer, comme le répètent toujours quelques responsables politiques locaux. Dixième épidémie de fièvre hémorragique L’élection de Félix Tshisekedi à la tête de la République démocratique du Congo (RDC) a certes calmé un peu les esprits dans ces collines reculées du nord-est du pays, plus proches de Kampala, la capitale ougandaise, que de Kinshasa. Même Liso, le rebelle, a fini par signer un accord de cessation des hostilités avec l’armée congolaise. Sa milice au nom pompeux, Union des patriotes pour la libération du Congo (UPLC), n’a pas déposé les armes, loin de là. Dans l’attente que ses centaines de miliciens revendiqués intègrent les forces officielles, Jean-Marie Liso pense avoir trouvé un filon vertueux et, espère-t-il, lucratif. « On sécurise la lutte contre Ebola. On facilite l’accès d’équipes médicales aux villages les plus reculés et on neutralise des petits groupes armés hostiles, dit le chef de guerre. On le fait bénévolement pour l’instant. Mais j’ai proposé un budget au ministère de la santé pour que mes hommes soient payés. Normal non ? La lutte contre Ebola bénéficie de dizaines de millions de dollars, des centaines de 4 × 4 et tout. » A ses côtés, un colonel de l’armée congolaise, avec qui il collabore pleinement, et ses miliciens enivrés de liqueurs frelatées acquiescent.
Les équipes médicales ne parviennent pas à endiguer l’épidémie qui a fait près de 1500 morts. Elles sont confrontées à la défiance de la population et à la cupidité des milices armées.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/03/en-rdc-la-difficile-riposte-contre-le-virus-ebola_5484623_3244.html
mlsum-fr-795
« Depuis deux ans, partout dans le monde, on assiste à une fulgurante accélération de la création de start-up dans le domaine quantique, le plus souvent issues des laboratoires académiques » Ipopba/Panther Media / GraphicObsession Tribune. Le gouvernement français s’est donné pour ambition de faire de la France une « Deeptech Nation », et a mobilisé des moyens financiers importants pour soutenir les « innovations de rupture ». La forte dynamique entrepreneuriale à l’œuvre dans notre pays, la présence d’un écosystème d’investisseurs de plus en plus structuré et performant, l’excellence de notre recherche scientifique reconnue mondialement et une volonté politique forte sont autant d’atouts pour faire de cette ambition une réalité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attractivité internationale : la France résiste mieux que ses voisins Il est dans ce monde de la Deeptech une discipline qui amène une rupture fondamentale : l’informatique quantique. Evoqué comme le futur de l’informatique, l’ordinateur quantique est une machine au fonctionnement complexe qui vise à utiliser les propriétés de la mécanique quantique (principes de « superposition d’états » et « d’intrication ») pour calculer d’une façon différente et plus efficace. Elle représente une science radicalement nouvelle dont il faut inventer toute la chaîne de valeur. La « seconde révolution quantique » aura probablement encore plus d’impact que la première vague des technologies directement issues de la théorie quantique (nanoélectronique, photonique, IRM, lasers…) et qui sont à la base d’une grande partie de notre infrastructure économique (Internet, télécoms, finance…), de la défense nationale et des systèmes de renseignement. Un outil stratégique de souveraineté des Etats A ce titre, elles constituent un outil stratégique de sécurité et de souveraineté des Etats. Porteuses de forts enjeux sociétaux (climatologie, médecine, etc.), ce sont des technologies « critiques » axées sur la recherche fondamentale autant que sur la recherche industrielle et pour lesquelles les premières applications de marché sont annoncées à horizon de cinq à dix ans. Tous les secteurs d’activité seront touchés, et particulièrement la santé, la chimie, la finance, l’industrie, ou encore la protection des données. Depuis deux ans, partout dans le monde, on assiste à une fulgurante accélération de la création de start-up dans le domaine quantique, le plus souvent issues des laboratoires académiques. Les stratégies industrielles s’affirment. Dans cette course technologique mondiale, la position de la France est contrastée : elle arrive au neuvième rang mondial (selon l’étude « Assessment of the Future Economic Impact of Quantum Information Science », publiée en 2017 par l’IDA), derrière l’Allemagne et le Royaume Uni.
Paul-François Fournier, directeur de Bpifrance, plaide dans une tribune au « Monde » pour un soutien public au développement de la recherche et de nouvelles entreprises dans le secteur stratégique des « technologies » issues de la physique quantique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/24/la-france-a-tous-les-atouts-pour-devenir-un-leader-economique-et-intellectuel-dans-le-domaine-des-technologies-quantiques_5480879_3232.html
mlsum-fr-796
90 % des 43 installations sportives des JO 2020 au Japon - dont huit nouvelles - sont terminées, selon les organisateurs. KAZUHIRO NOGI / AFP Plus qu’un an avant l’ouverture des Jeux olympiques (JO) de Tokyo. Le 24 juillet 2020, la cérémonie d’ouverture dans le tout nouveau Stade national lancera l’événement de 15 jours qui verra près de 10 000 sportifs concourir dans 339 épreuves de 33 sports. Une bonne partie des compétitions se déroulera hors de Tokyo, jusqu’au département de Fukushima, à plus de 200 km au nord-est, zone sinistrée par le séisme, le tsunami et la catastrophe nucléaire de 2011, afin de témoigner de sa reconstruction, thème sous-jacent de ces JO. Pour marquer l’étape calendaire, le comité organisateur a présenté, mercredi 24 juillet lors d’une « One year to go ceremony », les médailles qui seront remises aux athlètes : 5 000 seront réalisées à partir du recyclage de téléphones portables, dont les composants incluent de l’or et de l’argent. Une horloge affichant le compte à rebours a par ailleurs été dévoilée devant la gare de Tokyo. Le tout sur fond de satisfecit sur la préparation : 90 % des 43 installations sportives - dont huit nouvelles - sont terminées. Le président du comité international olympique (CIO), Thomas Bach a plusieurs fois salué les préparatifs de Tokyo, qualifiés de « meilleurs » de l’histoire. La vente des billets suscite un réel engouement : 3,2 millions ont été déjà écoulés par tirage au sort ; 9 millions seront finalement octroyés, dont 20 à 30 % aux partenaires. Un nouveau tirage au sort est prévu entre le 8 et le 22 août. De même, 200 000 personnes se sont portées candidates pour les 80 000 postes de bénévoles. Un résultat qui peut surprendre, les bénévoles n’étant ni logés ni défrayés, comme ce fut le cas en 2018 lors des jeux d’hiver de Pyeongchang (Coreé du Sud). Horaires décalés, brumisateurs et revêtement routier absorbant la chaleur Mais des questions restent en suspens à commencer par celles du coût final de l’événement. Le budget annoncé en décembre s’établit à 1 350 milliards de yens (11,2 milliards d’euros), près du double des 700 milliards (5,8 milliards d’euros) avancés dans le projet de candidature. Il pourrait encore croître, sous la pression notamment des coûts pour la sécurité, de quoi mécontenter le contribuable tokyoïte, qui sera le premier à en assumer la charge. La question est balayée par la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike, qui voit dans ces dépenses « un accélérateur » de projets. Les Tokyoïtes s’inquiètent par ailleurs pour les transports pendant les deux semaines de compétitions. Déjà saturés, ils promettent de devenir insupportables et le gouvernement encourage déjà les entreprises à recourir au télétravail ou à des horaires aménagés. Autre question non résolue, celle de l’extrême chaleur, difficilement supportable et potentiellement dangereuse pour la santé. Mardi 23 juillet, les autorités tokyoïtes ont recommandé de ne pas se livrer à des pratiques sportives pour éviter les coups de chaleur. La température atteignait 28 degrés et l’humidité 84 %. A l’été 2018, le thermomètre avait dépassé les 40 degrés. Lire aussi La chaleur, drame du quotidien au Japon et enjeu des JO de Tokyo Pour réduire les risques, les organisateurs ont modifié les horaires des marathons, qui partiront à 6 heures du matin ou du 50 km marche, prévu pour partir à 5 h 30. L’installation de brumisateurs est envisagée, de même que le recours à un revêtement routier absorbant plus la chaleur, en cours d’installation sur 136 km de rues de la capitale. Image ternie Insuffisant pourtant, estime Joan Coates. Dans une interview accordée le 22 juillet à l’agence Kyodo, le président de la commission de coordination du CIO a rappelé au sujet des transports l’importance de « garantir le temps nécessaire pour aller du village olympique aux sites des épreuves » et, sur la chaleur, de « mesurer l’incidence des mesures mises en œuvre ». M. Coates a également appelé les organisateurs à réfléchir à la suite à donner à des jeux dont l’image reste ternie par les soupçons de corruption ayant poussé à la démission le président du comité olympique japonais, Tsunekazu Takeda. Figure de l’olympisme nippon, M. Takeda a été mis en examen en décembre 2018 par la justice française pour « corruption active ». Il est soupçonné d’avoir autorisé en 2013 le paiement de 1,8 million d’euros de pots-de-vin pour l’obtention des Jeux par Tokyo. Il a été remplacé le 27 juin par l’ancien judoka Yasuhiro Yamashita. Les événements organisés à un an des épreuves ont également été l’occasion pour les opposants aux Jeux olympiques de se mobiliser à Tokyo. Une coalition réunissant l’association nippone, Hangorin no kai, contre les jeux de Tokyo, NOlympics LA hostile à ceux de Los Angeles en 2028 ou encore le collectif français Non aux JO 2024 à Paris, a organisé différents événements, notamment une manifestation le 24 juillet dans le quartier de Shinjuku. Jules Boykoff, ancien membre de l’équipe olympique américaine de football et auteur de Celebration capitalism and Olympic Games (Routledge, 2014, non traduit), a déploré que les JO se traduisent par des dépenses excessives payées par les contribuables, des expropriations et déplacements des plus démunis, une « militarisation de la police » au travers du renforcement des mesures de sécurité, « sur lesquelles on ne revient pas une fois l’événement passé », de la corruption et un recours abusif au « greenwashing » pour donner un verni écologique aux jeux.
La dérive du coût final de l’événement suscite des inquiétudes. Tout comme les questions des transports et de la chaleur.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/24/tokyo-a-365-jours-de-ses-jeux-olympiques_5492767_3242.html
mlsum-fr-797
Beny Steinmetz comparaît devant le tribunal israélien Rishon Lezion, près de Tel-Aviv, dans le cadre d’une enquête internationale sur le blanchiment d’argent, le 14 août 2017. JACK GUEZ / AFP La république de Guinée, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, devait être l’eldorado du milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz. En 2008, la firme Beny Steinmetz Group Resources (BSGR) y avait acquis, dans des conditions troubles, des permis miniers sur la plus importante réserve de fer inexploitée au monde : le projet Simandou. Mais après six ans d’instruction et plusieurs dizaines de commissions rogatoires en Israël et aux Etats-Unis, la justice suisse a annoncé, lundi 12 août, le dépôt de l’acte d’accusation et officialisé sa décision de renvoyer Beny Steinmetz, 63 ans, et deux autres coaccusés, dont le Français Frédéric Cilins, devant le tribunal correctionnel de Genève. Pour la première fois de son histoire, la Suisse s’apprête à juger un responsable présumé d’un réseau de corruption internationale. Beny Steinmetz, magnat du diamant qui a un temps résidé à Genève, est notamment accusé de « corruption d’agent public » et de « faux dans les titres » pour dissimuler auprès des banques et des autorités le versement de commissions illégales. L’enquête suisse porte sur les conditions d’obtention des permis miniers sur les blocs 1 et 2 de Simandou, qui renferme plusieurs dizaines ou, plus probablement, plusieurs centaines de milliards de dollars de fer, toujours inexploité à ce jour. Selon le ministère public, « les sommes versées à titre de pot-de-vin s’élèvent, selon l’acte d’accusation, à environ 10 millions de dollars », soit près de 9 millions d’euros. La première dame, principale bénéficiaire Cette montagne verdoyante est située dans la partie forestière enclavée du sud de la Guinée, dirigée de 1984 à sa mort, en décembre 2008, par l’autocrate Lansana Conté. BSGR s’installe dans le pays en 2005, crée une filiale, BSGR Guinea, et charge le Français Fréderic Cilins de le représenter et de faciliter les accès aux responsables guinéens. Les permis convoités sur Simandou sont alors détenus par le géant anglo-australien Rio Tinto, sollicité dans les années 1990 par le gouvernement guinéen, désireux de valoriser son potentiel minier. BSGR n’en a cure et veut mettre la main sur les blocs 1 et 2 de Simandou. Contacté, l’avocat de M. Cilins à Genève, Jean-Marc Carnicé, assure que son client « conteste catégoriquement toutes les charges » et qu’il plaidera l’acquittement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rio Tinto : les dollars troubles de Simandou Cette même année 2005, une société offshore est établie aux îles Vierges britanniques par le cabinet Mossack Fonseca, comme l’ont démontré les « Panama Papers ». Elle s’appelle Pentler Holdings et est détenue par une autre société, Onyx, une filiale de BSGR administrée depuis Genève et dont la directrice n’est autre que celle du groupe de Steinmetz, Sandra Merloni-Horemans. Cette dernière est, elle aussi, aujourd’hui renvoyée devant le tribunal correctionnel de Genève. Sollicitée, son avocate Corinne Corminboeuf Harari n’a pu être jointe.
Selon l’acte d’accusation, environ 10 millions de dollars de pots-de-vin auraient été versés dans le cadre de l’acquisition de permis miniers en Guinée.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/12/le-milliardaire-franco-israelien-beny-steinmetz-sera-juge-en-suisse-pour-corruption_5498829_3212.html
mlsum-fr-798
tomobile. Le siège historique de Bugatti, dans le Bas-Rhin, est habituellement fermé au public. Graeme Fordham Alors que le salon de l’automobile de Francfort s’est ouvert, le 12 septembre, dans une ambiance délétère, il existe, en France, un lieu où la passion automobile n’a pas perdu de sa ferveur. La petite ville de Molsheim, dans le Bas-Rhin (9 500 habitants), berceau de la fameuse Type 35 aux 2 000 victoires, a ainsi fêté durant le week-end des 7 et 8 septembre les 110 ans de son constructeur local, Bugatti. Sur le rond-point marquant l’entrée de la commune, les passionnés de la marque au fer à cheval ont remplacé les « gilets jaunes » qui, longtemps, ont occupé les lieux. Moins chanceux que les 700 heureux élus ayant pu se procurer un billet d’entrée pour les portes ouvertes de l’usine, ils guettent, sous la pluie, l’hypothétique passage d’un bolide. Lire aussi Bugatti est mort, vive Bugatti C’est que depuis le retour de la marque en Alsace, en 2005, après cinquante ans d’absence, le parc Bugatti de Molsheim attise toutes les curiosités. C’est là qu’est assemblée la Chiron Super Sport 300+, ainsi nommée pour avoir atteint la vitesse de 304,773 mp/h (490,484 km/h). Un endroit habituellement fermé au commun des mortels. Les lieux marient tradition et modernité, avec un « château » et ses dépendances du XIXe siècle pour accueillir les richissimes clients et un atelier presque neuf pour y produire les « supersportives ». Le bâtiment de verre et d’acier ressemble plus à un showroom qu’à une chaîne de montage. Vingt-cinq monteurs (pour un total de 120 employés sur le site) y assurent un travail d’orfèvre : le modèle en cours, ce sont 1 800 pièces au total, assemblées à la main. Relance épique Faire entrer cet artisanat de luxe dans un modèle économique viable représentait un vrai pari pour le groupe Volkswagen, propriétaire de la marque depuis 1998. Yannick Bucher, chargé de l’audit qualité de chacune des voitures sortant de l’atelier de Molsheim, se souvient : « Pour moi qui travaillais auparavant chez un équipementier automobile, c’était relever un sacré challenge que de produire en série une voiture dépassant de loin tout ce qui se faisait à l’époque. Mais c’était aussi une aventure de devoir tout mettre en place sans être assuré du succès. » Cette relance épique de Bugatti participe au mythe et à ses légendes. Parmi celles-ci, on raconte que le fondateur, Ettore, recevait ses clients au château non pas en signe de déférence, mais pour juger de leurs bonnes manières et déterminer s’ils étaient dignes de posséder l’engin. Depuis, les modèles ont bien changé, mais ce respect pour une voiture considérée comme une œuvre d’art reste perceptible.
Les 7 et 8 septembre, le constructeur de bolides de luxe, détenu par Volkswagen, fêtait ses 110 ans à Molsheim, son siège historique. L’occasion, pour les visiteurs, de découvrir l’atelier où sont produits les nouveaux modèles de la marque automobile.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/13/en-alsace-bugatti-fait-rouler-ses-mecaniques_5510019_4500055.html
mlsum-fr-799
A Los Angeles, en avril. MARK RALSTON / AFP Pertes & profits. Dans l’adversité, ne jamais marquer de pause. Malmené par la Bourse, confronté à des difficultés de production et de distribution, le trublion de l’industrie automobile mondiale Tesla trace son sillon. Producteur de panneaux solaires, de batteries et, bien sûr, de voitures électriques, Elon Musk s’imagine comme le Ford du XXIe siècle, réinventant les codes du business en renouant avec le rêve de l’intégration verticale : de la génération d’électricité aux services en tous genres autour de la voiture. Dernière brique en date, l’annonce, sur son blog, mercredi 28 août, que la société allait proposer à ses clients des contrats d’assurance. Comme il l’indique lui-même, son intention est de proposer des contrats entre 20 % et 30 % moins chers à ses seuls clients. Il estime bien les connaître, récolter suffisamment de données sur l’usage de leurs véhicules pour affirmer que, grâce à la sûreté de ses engins, ils ont moins d’accidents que la moyenne et devraient donc payer moins cher. Il est vrai que ses acheteurs se plaignent régulièrement de tarifs prohibitifs. La Tesla Model S serait ainsi l’une des voitures les plus chères à assurer dans sa catégorie. Non pas que les conducteurs soient des risque-tout pied au plancher, mais parce que les frais de réparations d’un tel véhicule seraient particulièrement élevés. Lire aussi Tesla a perdu plus d’argent que prévu au deuxième trimestre La tentation de faire le tri Pour l’instant, l’expérimentation sera modestement réservée à la Californie, seul Etat où la firme dispose d’une licence de courtier en assurance. Mais l’intention affichée est bien de s’étendre à tout le pays. De même, l’entreprise s’est alliée à un spécialiste, Markel, filiale de la State National Insurance Company. Mais, selon le Financial Times, elle n’exclut pas de devenir assureur de plein droit. Une différence majeure. Nombre de constructeurs passent des accords avec des assureurs, mais ils ne se risquent pas à basculer dans ce métier de financier à haut risque et extrêmement régulé. Même si le développement de l’électronique embarquée dans les automobiles, la connectivité et les voitures autonomes sont en train de changer la donne. Historiquement, l’assurance s’est construite sur l’idée de la mutualisation des risques. Plus ces derniers sont nombreux, plus le nombre d’adhérents doit être grand pour que les conducteurs prudents financent ceux qui le sont moins ou qui ont eu moins de chance. La tentation est désormais grande de faire le tri grâce à la masse de données recueillies, et donc la connaissance de ses conducteurs. Mais tous les professionnels savent qu’aller trop loin dans ces pratiques aboutit à tuer le concept même d’assurance.
La firme californienne, qui estime bien connaître ses clients et récolter suffisamment de données sur l’usage de leurs véhicules, a annoncé qu’elle allait leur proposer des contrats d’assurance avec des prix compétitifs, explique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/02/tesla-elon-musk-s-imagine-comme-le-ford-du-xxie-siecle_5505377_3234.html
mlsum-fr-800
Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, à Denver (Colorado), le 8 octobre. Thomas Peipert / AP Après le retour de la baisse des taux, celui des rachats d’actifs bancaires. Bien sûr, Jerome Powell, le président de la banque centrale américaine, a assuré qu’il ne s’agissait nullement de soutenir à bout de bras le système financier bancaire comme l’avait fait la Fed entre 2008 et 2014 pour pallier les effets de la terrible crise financière. Il n’empêche : il va falloir injecter des liquidités dans le système financier depuis que s’est déclenchée, de manière totalement imprévue, la crise dite des « repo » (repurchase rate) mi-septembre. Lundi 16 septembre, les banques se sont trouvées à court de dollars pour passer la nuit. On a invoqué mille raisons techniques : les entreprises venaient de payer leurs impôts, le Trésor avait émis des obligations asséchant le marché. La Fed a assuré la liquidité du marché en proposant aux banques 75 milliards de dollars (68 milliards d’euros) le lendemain, mais cela n’a pas suffi. Elle a dû recommencer les jours suivants et assurer des financements à plus long terme à la fin de la semaine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi la Fed a injecté plus de 270 milliards de dollars sur les marchés monétaires en une semaine Parmi les interrogations, beaucoup ont estimé que la Fed, qui avait financé les banques sans limitation jusqu’en 2014, en avait peut-être trop fait depuis un an en réduisant la voilure : la taille de son bilan (c’est-à-dire les titres qu’elle a achetés aux banques) s’est divisée par deux entre 2014 et aujourd’hui, passant de 2 800 milliards de dollars à 1 400 milliards environ. Aujourd’hui, la banque fait machine arrière pour éviter toute crise de liquidités. « Mes collègues et moi-même allons annoncer prochainement des mesures pour augmenter l’offre de réserves » financières pour les banques, a déclaré M. Powell lors d’un discours prononcé mardi 8 octobre, à Denver (Colorado). « Actuellement, l’emploi et l’inflation se présentent sous un jour favorable » De même le président a-t-il conforté les opérateurs financiers qui estiment que la Fed baissera, pour la troisième fois consécutive depuis juillet, ses taux directeurs à l’occasion de sa prochaine réunion des 29 et 30 octobre – ils sont actuellement compris entre 1,75 % et 2 %. Certes, M. Powell ne cède pas aux discours alarmistes qui prévalent sur toute la planète à propos du ralentissement économique et de la récession qui s’annoncerait. « Actuellement, l’emploi et l’inflation se présentent sous un jour favorable », a expliqué M. Powell, qui se réjouit que les salaires bas progressent plus que les autres, et prévoit « une croissance durable de l’activité économique ».
Jerome Powell, président de la banque centrale américaine, a annoncé la reprise des rachats d’actifs bancaires pour assurer le financement des banques.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/09/prudente-la-fed-agit-comme-si-l-economie-se-retournait_6014790_3234.html