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mlsum-fr-901
François Bayrou, à Bruxelles, le 17 octobre. ARIS OIKONOMOU / AFP Ce ne sera donc ni Cédric Villani ni Benjamin Griveaux. Alors que les deux candidats macronistes attendaient, depuis plusieurs semaines, de savoir lequel des deux aurait le soutien du MoDem dans la course à la Mairie de Paris, le président du parti centriste François Bayrou s’est dit plutôt favorable à « un plan B ». Pour le maire de Pau, invité de « Questions politiques » sur France Inter (en partenariat avec Le Monde et France Télévisions), dimanche 27 octobre, la situation actuelle avec deux candidats concurrents issus du même camp ne permettra pas à la majorité de s’imposer dans la capitale. « Cette rivalité est pour l’instant stérile. Aucune [personnalité] ne se détache de l’autre et on est plutôt dans une phase de stagnation », a-t-il affirmé. Dans les sondages, Benjamin Griveaux et Cédric Villani sont tous les deux devancés, au premier tour, par la maire sortante Anne Hidalgo. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Paris, Anne Hidalgo prépare activement sa machine électorale pour mars 2020 « Il serait intéressant de réfléchir à un plan B », avance alors l’ancien candidat à la présidentielle qui milite pour « un large rassemblement, allant de l’essentiel de la droite républicaine jusqu’à la majorité des écologistes en passant par le centre ». Pour l’éphémère garde des sceaux, cette alternative pourrait s’appeler Agnès Buzyn ou Jean-Louis Borloo. Le parti présidentiel, La République en marche (LRM), soupçonne d’ailleurs le MoDem d’avoir commandé début octobre un sondage officieux pour tester les noms de l’actuelle ministre de la santé et de l’ancien ministre de l’écologie dans la capitale. « La porte reste ouverte » En tout cas, chez Benjamin Griveaux, on martèle que les propos du maire de Pau n’auront aucune incidence sur la campagne débutée il y a déjà plusieurs mois. « Je ne me laisserai pas détourner par des querelles d’appareil, du chemin que j’ai fixé, de l’horizon qui est le mien. (…) François Bayrou a raison, il faut rassembler, et ce rassemblement, je suis en train de le bâtir », a-t-il indiqué, lundi matin sur LCI, mettant notamment en avant les ralliements des maires du 9e et du 20e arrondissement Delphine Bürkli et Frédérique Calandra, transfuges de la droite et de la gauche parisienne. « Visiblement, François Bayrou reste à convaincre et je m’y emploierai », a promis le député de Paris. L’optimisme régnait pourtant ces derniers jours dans l’équipe de l’ancien porte-parole du gouvernement, pour qui un soutien du MoDem ne serait qu’une question de temps. « Les militants de Bayrou distribuent nos tracts. Ça fait deux ans que l’on fait campagne ensemble » (pour la présidentielle, les législatives et les européennes), rappelait un membre de sa garde rapprochée.
Le chef de file du MoDem estime que la rivalité entre les deux candidats macronistes est « stérile » et appelle à la mise en place d’un « plan B ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/28/municipales-a-paris-francois-bayrou-lache-la-republique-en-marche_6017180_823448.html
mlsum-fr-902
The Cure en concert, le 23 août, à Saint-Cloud pour Rock en Seine. STRINGER / AFP Le Summer Festivals Tour 2019, tournée des festivals d’été européens de The Cure, qui a débuté en Irlande le 8 juin, a trouvé sa conclusion, vendredi 23 août, au festival Rock en Seine. Lequel aura pu mettre le groupe britannique à son programme pour la première fois depuis son édition inaugurale, en 2003, doublant cette venue par l’exclusivité de l’unique concert en France cette année du chanteur et guitariste Robert Smith et ses camarades. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rock en Seine : cinq découvertes sur lesquelles chalouper De quoi attirer, en cette première journée du festival, un public important. Fans anciens (beaucoup) et plus récents convertis sont aux premiers rangs dès la fin d’après-midi, moment où une bonne partie des festivaliers est arrivée sur le site, la partie basse du domaine national de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). Peu d’accessoires de l’imagerie gothique (vêtements noirs, regard sombre et hanté, cheveux hérissés), souvent associée au groupe à ses débuts, mais ici et là des tee-shirts de différentes tournées du groupe fondé en 1976 – premier single en décembre 1978, premier album en mai 1979 –, il y a dans cette tournée comme un air d’anniversaire des 40 ans qui ne dit pas son nom. Lassitude de fin de tournée, coup de fatigue passager, dans ses débuts, le concert de The Cure – commencé à 21 heures pile, il se terminera à 23 h 15, tout aussi pile – met un peu de temps à s’affirmer. Il y a comme une torpeur brumeuse dans le jeu d’ensemble, certes interprété talentueusement, mais dans une application qui tient à distance. Il faudra arriver à Burn, huitième titre, pour que la musique gagne en ampleur, déploiement. Terrain globalement connu De là, l’enchaînement de Fascination Street, Never Enough, Push, In Between Days et Just Like Heaven, va constituer un temps fort du concert, avec plus tard A Forest et ses dérives, Primary, 39 et Disintegration. Des interprétations qui doivent beaucoup au sens de l’ornementation, au stylisme inventif du guitariste Reeves Gabrels, au sein du groupe depuis 2012, qui fut notamment des aventureuses évolutions de David Bowie dans les années 1990 (les albums Outside et Earthling et leurs tournées respectives). Pour cette soirée, tout événementielle qu’elle soit, The Cure n’est pas allé chercher dans les plus rares de ses chansons. Le tour d’horizon est celui d’un terrain globalement connu. Par les fans bien sûr mais aussi par un public plus large. Qui transforme les sept chansons du rappel en triomphe. Celles de l’approche la plus pop du groupe, mélodies vite identifiées, limpides, accrocheuses. Avec un emballement final, pour Close To Me, Why Can’t I Be You ? et Boys Don’t Cry.
Le groupe britannique était, vendredi, pour son seul concert en France cette année, en tête d’affiche du festival organisé au domaine national de Saint-Cloud.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/24/a-rock-en-seine-the-cure-de-la-torpeur-brumeuse-a-l-emballement_5502327_3246.html
mlsum-fr-903
A la Chambre des communes, le 4 septembre. JESSICA TAYLOR / AFP Boris Johnson, déjà la sortie de route ? Mercredi 4 septembre, six semaines à peine après son arrivée à Downing Street, le premier ministre britannique a perdu la maîtrise de sa stratégie sur le Brexit, celle de son calendrier et même celle de son propre camp, en pleine crise interne. La veille, déjà, Boris Johnson avait encaissé coup sur coup la défection d’une vingtaine de tories de premier plan, perdu sa majorité et cédé le contrôle de l’agenda législatif à la Chambre des communes. « Il y aura des bosses sur la route », avait-il prévenu fin août, à propos d’un éventuel « no deal » ou d’une négociation commerciale avec les Etats-Unis. Avait-il prévu d’être aussi secoué, et aussi vite ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : Boris Johnson perd sa majorité après la défection de 21 élus conservateurs La surprise n’est pas totale, mais la claque est quand même retentissante. Mercredi, vers 17 heures, les députés britanniques infligent à M. Johnson son deuxième camouflet législatif en deux jours, votant à une majorité confortable (28 voix) une loi l’obligeant à aller quémander un report de la date du Brexit au 31 janvier 2020. Le but ? Eviter une sortie sans accord le 31 octobre, brutale et très dommageable pour l’économie britannique. Une « loi défaitiste » Aux Communes, Boris Johnson a beau rouler des yeux, dénoncer une « loi défaitiste », jurer qu’il travaille toujours à un accord avec Bruxelles, l’alliance du « non au “no deal” », cet attelage improbable constitué des travaillistes, des libéraux, des indépendantistes écossais et des « rebelles » conservateurs, tient bon. C’en est presque fini du Brexit « do or die » (maintenant ou jamais) promis par le premier ministre pour Halloween. La deuxième défaite de la journée est encore plus cinglante pour le locataire du 10 Downing Street. M. Johnson avait prévenu : si les députés devaient l’obliger à demander un report du Brexit à Bruxelles, il réclamerait immédiatement des élections générales, le 15 octobre, par le biais d’une dissolution du Parlement. Mais cette dernière ne peut advenir qu’avec les deux tiers des voix aux Communes. Or, en fin de soirée mercredi, le compte n’y est pas du tout… M. Johnson avait besoin de 434 voix, il n’en obtient que 298. Les votes travaillistes, indispensables, manquent largement à l’appel. Pris à partie par un Boris Johnson électrique, Jeremy Corbyn explique avoir voulu éviter un « piège ». « C’est un mouvement cynique de la part d’un premier ministre cynique », ajoute le leader travailliste, dans une Chambre des communes survoltée, les yeux braqués sur son premier adversaire politique. « Notre priorité est d’éviter un “no deal”, de finir d’adopter ce texte de loi [anti- “no deal”] », assure encore M. Corbyn.
Les députés ont voté contre l’avis du premier ministre, mercredi, un texte demandant le report de la sortie de l’UE au 31 janvier 2020. Ils ont également rejeté sa proposition d’élections le 15 octobre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/05/brexit-la-strategie-de-boris-johnson-au-parlement-tourne-au-chaos_5506582_3210.html
mlsum-fr-904
Eviter les banalités, écrire lisiblement, répondre uniquement à la question posée, ne pas citer des auteurs à tout-va... Voici quelques conseils distillés par Thomas Schauder. Design Pics / Photononstop / Design Pics / Photononstop Plus que quelques jours avant l’épreuve. Il ne vous reste qu’à réviser vos cours, relire les textes étudiés pendant l’année et revoir la méthodologie. Pour vous y aider, Thomas Schauder, professeur de philosophie, a préparé pour Le Monde ses « dix commandements de l’épreuve de philosophie », à mettre en pratique le lundi 17 juin. I. « Tu prendras ton temps » Au bac, comme dans la vie, la précipitation est mauvaise conseillère. Prenez le temps de bien lire les sujets et de choisir celui qui vous paraît le plus intéressant ou que vous aurez le plus de plaisir à traiter. Ne vous dites pas que de toute façon vous ne prendrez pas la dissertation ou l’explication de texte, et rappelez-vous qu’il n’y a pas de sujet plus facile que les autres. Ensuite, prenez le temps (au minimum 1 h 30) pour faire un brouillon qui aboutira à un plan détaillé. Ne comptez pas sur l’inspiration : votre objectif est de fournir une argumentation progressive et cohérente, cela ne s’improvise pas. Enfin, au lieu de vous relire précipitamment à la fin et de risquer de faire de vilains pâtés sur votre feuille, prenez le temps de réfléchir avant d’écrire. Vous éviterez ainsi les fautes et vos phrases seront probablement mieux formulées. II. « Tu te mettras à la place du correcteur » Nous sommes en juin et il fait chaud. Le correcteur ne vous connaît pas et n’a donc aucune bienveillance particulière envers vous. Après votre copie, il lui en reste probablement plusieurs dizaines d’autres à corriger. Votre objectif est donc de vous assurer ses bonnes grâces. Pour cela, rien de bien sorcier : faites un effort pour écrire lisiblement et proprement, à l’encre bleue ou, idéalement, noire ; aérez votre copie en sautant des lignes (surtout si c’est une feuille à petits carreaux), mais aussi en marquant chaque étape de l’argumentation par un retour à la ligne ou par un changement de paragraphe. N’insultez pas l’intelligence du correcteur en inventant des citations ou des auteurs. Faites attention à l’orthographe, la grammaire et la syntaxe. De la sorte, il sera plus clément avec vous. III. « Tu éviteras les banalités » La philosophie est ennemie de l’évidence, qu’elle remet systématiquement en doute. Elle recherche les problèmes, les paradoxes, les nuances. Par conséquent, il est non seulement mal vu, mais surtout antiphilosophique, de vous appuyer sur des poncifs, des dictons, des lieux communs, à moins que ce ne soit pour les démonter par la suite. Les « de tout temps », « depuis toujours » et autres « depuis l’aube de l’humanité » sont bannis, de même que les « ça dépend des gens », « chacun son avis » et autres manières de se défausser. Préférez les exemples historiques, littéraires ou scientifiques aux exemples tirés du quotidien. Enfin, ne cherchez pas des formules qui « font bien » et qui souvent ressemblent à de mauvais slogans publicitaires. Exprimez-vous simplement mais correctement, en utilisant un vocabulaire précis et approprié. IV. « Tu chercheras les problèmes, pas les solutions » En abordant un texte, posez-vous la question « Pourquoi l’auteur a-t-il écrit ce texte ? », afin de mettre en lumière les problèmes qu’il cherche à résoudre, mais aussi ceux que pose son texte. De la même manière, la question de la dissertation doit être problématisée, c’est-à-dire qu’il faut vous demander : « Pourquoi ne peut-on pas répondre simplement et immédiatement à cette question ? Pourquoi est-ce plus compliqué qu’il n’y paraît ? » La problématique est ainsi une manière de justifier le fait que cette question se pose. Vous conserverez cette attitude intellectuelle tout au long du travail : chaque fois que vous affirmerez quelque chose, vous réfléchirez à un contre-argument ou à un contre-exemple. De la sorte, votre argumentation sera progressive et non un affrontement stérile entre ceux qui pensent « oui » et ceux qui pensent « non ». V. « Tu répondras à la question posée » Eh oui, on attend de vous une réponse, ou alors vous devrez bien justifier qu’y répondre est impossible. Rappelez-vous qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, mais de bonnes ou de mauvaises manières d’y aboutir. Ce sont ces manières, ces cheminements de pensée, en un mot votre méthode, qu’évalue le correcteur, pas le contenu de votre réponse. Bien que ce préjugé ait la peau dure, le correcteur n’a pas d’avis sur la question, donc le fait qu’il soit d’accord ou non avec vous n’a aucune importance. Par contre, si votre réponse doit être claire et précise, elle doit aussi être nuancée et justifiée. Elle est l’aboutissement logique de votre réflexion. VI. « Tu ne commettras pas de catalogue » Le pire, bien sûr, c’est le catalogue d’exemples, surtout s’ils sont décousus ou superficiels. Un exemple sert à illustrer un argument, il n’en a pas la force, car rien ne dit que ce qui est valable dans un cas particulier est valable en règle générale. Chaque argument pourrait être une réponse, en tout cas partielle, à la question posée, alors qu’un exemple permet de montrer que cette réponse est possible réellement et n’est pas seulement une pure spéculation. Dites-vous bien que la quantité ne fait pas la qualité, et c’est pourquoi le catalogue d’auteurs ou de citations est à proscrire. Il ne faut jamais être allusif : si vous citez un auteur, vous devez expliquer pourquoi vous le citez. Vous montrerez ainsi que vous avez étudié sa pensée et que vous l’avez comprise. Inutile donc de multiplier les références : un ou deux auteurs par partie est largement suffisant. VII. « Tu ne réciteras pas ton cours » La probabilité que vous tombiez sur un sujet étudié pendant l’année est infime, donc le risque est grand qu’à vouloir à tout prix « caser » ce qu’on a appris par cœur on déforme le sujet pour qu’il coïncide avec son cours. On tombe ainsi dans le hors-sujet, parce qu’on ne répond pas à la question posée, mais à celle qu’on aurait préférée. Le problème peut se poser aussi avec l’explication de texte si l’auteur a été étudié sur une autre thématique. N’oubliez pas : lisez le texte plusieurs fois, repérez le thème (ce dont il est question), la thèse (ce que l’auteur cherche à démontrer), les enjeux (à quels problèmes il répond et quels problèmes il soulève) et la structure de l’argumentation. De toute façon, la consigne est claire : la connaissance de la doctrine de l’auteur n’est pas requise. VIII. « Tu ne resteras pas en surface » Outre écrire des banalités et ne pas dégager de problématique, « rester en surface » c’est aussi ne pas faire attention aux détails qui se trouvent dans les termes de la question (« peut-on », « doit-on », « tout », « toujours », etc.) ou dans le texte à expliquer. Dans ce cas, ne passez rien sous silence. Si vous ne comprenez pas bien un passage, ne faites pas comme s’il n’existait pas : proposez des interprétations, expliquez quels problèmes de compréhension il pose. Le principe essentiel est qu’il faut toujours dire plus que le texte, puisque « expliquer » signifie « déplier, déployer ». Dire moins, ce serait une note de synthèse, un résumé. Dire autant, c’est paraphraser, le plus souvent maladroitement. La pire explication de texte n’est pas celle qui commet des contresens (il y a d’ailleurs des contresens très bien argumentés), mais celle qui n’est pas entrée en dialogue avec le texte. IX. « Tu ne viendras pas les mains dans les poches » La philosophie, comme toutes les autres disciplines, se révise. Penser que la jugeote suffit est une grossière erreur : toute réflexion prend appui sur des connaissances. Vous devez donc connaître les auteurs, le vocabulaire technique, les notions du programme, des exemples précis, sinon vous ne ferez pas illusion bien longtemps. Si vous pensez ne pas avoir besoin de travailler pour réussir, interrogez-vous sur la cause de ce sentiment. Si c’est par indifférence à l’égard du travail bien fait, c’est dommage, et vous aurez simplement perdu votre temps. Si c’est par peur de l’échec, je vous renvoie vers le dixième commandement. X. « Tu ne partiras pas perdant(e) » Peut-être n’avez-vous pas eu de bons résultats pendant l’année scolaire, mais vous pouvez très bien tomber sur un sujet qui vous passionne et réussir malgré tout. Peut-être vous dites-vous que vous n’y arriverez pas, que vous ne comprenez rien et que ce n’est pas fait pour vous, auquel cas vous pouvez vous accrocher à l’idée que vous serez bientôt libéré de la philosophie et qu’en attendant vous allez faire votre maximum. Dans tous les cas, il est contre-productif et irrationnel de céder au stress, voire à la panique : le baccalauréat est un diplôme, ni plus ni moins. Ce serait démagogique de vous faire la liste des grandes personnalités qui ont réussi dans la vie sans avoir leur bac, mais elles existent. Surtout, le bac sanctionne des compétences scolaires, il ne dit rien de ce que vous êtes en tant que personne. Autrement dit, même si vous le ratiez (ce que je ne vous souhaite pas), cela ne ferait pas de vous un(e) nul(le) ou un(e) idiot(e) ! A vous aussi de le remettre à sa juste place.
L’épreuve de philosophie du bac a lieu lundi 17 juin. Dans cette dernière ligne droite, quelques conseils du professeur Thomas Schauder pour réussir la dissertation ou l’explication de texte.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/12/bac-2019-dix-commandements-pour-decrocher-une-bonne-note-en-philo_5475229_4401467.html
mlsum-fr-905
Dans un contexte de marché de l’emploi en berne, créer son emploi a de quoi séduire. Absence de qualifications requises, indépendance financière, entrée dans une « famille »… telles sont les promesses du marketing multiniveau (MLM), un modèle économique discret qui connaît un certain succès actuellement en France. Aussi appelé marketing de réseau, ce système rémunère ses vendeurs sur leurs propres ventes, mais également sur celles des vendeurs qu’ils ont cooptés au sein du réseau. Dès 2007, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a alerté sur l’emprise exercée par certaines de ces sociétés, occasionnant « des préjudices financiers, des ruptures parfois dramatiques, jusqu’à un épuisement physique et un effondrement moral ». Après une période plus calme, la Miviludes constate, ces trois dernières années, une augmentation des saisines concernant ce secteur. Le point avec Anne Josso, secrétaire générale de la Miviludes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Modere, avatar 2.0 des réunions façon Tupperware Combien de signalements la Miviludes a-t-elle reçus concernant le marketing multiniveau ? Anne Josso : La Miviludes a reçu plus de 250 demandes d’intervention et des témoignages qui sont ainsi parvenus ces trois dernières années. Une centaine d’interrogations ont été reçues entre 2015 et 2019 concernant la société Akeo, quatre-vingts pour Herbalife et une trentaine au sujet de NL International. Une dizaine a été enregistrée concernant Kuvera, MWR Life et WorldVentures en 2018-2019. Dans une moindre mesure, des signalements ont été reçus concernant Modere, Emrys La Carte, Q Sciences. Les derniers signalements reçus depuis le début de l’année mettent en évidence une évolution très inquiétante des acteurs, des cibles et des méthodes du marketing réseau. Ils ciblent de plus en plus les 18-25 ans, toutes classes sociales confondues. Lire aussi : Aux origines du marketing multiniveau La présence forte dans le discours des MLM de références au développement personnel fait-elle partie des éléments qui suscitent la vigilance de la Miviludes ? La vision du monde proposée par la plupart des MLM est binaire : d’un côté, ceux qui travaillent, paient leurs impôts et gagnent leur vie de manière honnête, présentés comme les perdants, et de l’autre, les gagnants, ceux qui appartiennent au réseau. La Miviludes repère dans les nombreux témoignages reçus les techniques de manipulation employées par les mouvements à caractère sectaire et les mécanismes qui jouent dans l’emprise : des propositions séduisantes et au-delà de toute espérance, une demande d’investissement de plus en plus importante, l’intégration dans un groupe fermé, un discours à la fois valorisant et culpabilisant, un changement progressif de vision du monde et une attaque du système de valeur par l’acquisition de nouvelles règles, brouillage des repères et ruptures avec l’environnement habituel… Les proches constatent impuissants les transformations et se heurtent à un mur d’argumentations et de justifications prêtes à l’emploi. Contrairement aux groupes sectaires « classiques », où les ruptures sont volontairement provoquées par le groupe pour mieux contrôler les adeptes, ici les ruptures sont davantage une conséquence des pressions en cascade du « vendeur », qui est contraint de puiser dans son réseau relationnel pour progresser dans le système. Les conséquences sont sensiblement les mêmes. Comment se déroulent concrètement les premiers temps des nouvelles recrues au sein des MLM ? Par des mots-clés tels que « Comment devenir riche en travaillant à la maison ? », les nouvelles recrues – de plus en plus souvent des jeunes – sont guidées dans leur navigation par des algorithmes et entrent en contact avec ces sociétés. Ils visionnent des vidéos elles-mêmes animées par de jeunes gens entrés récemment dans le système et qui répètent un discours préformaté. Ainsi, les nouvelles recrues peuvent facilement s’identifier aux jeunes promoteurs du réseau. Ce procédé crée une forme d’intimité et renforce l’idée d’appartenance à un groupe, et ce, sans aucune violence ni contrainte. Les vidéos très attractives sont scénarisées, avec pour toile de fond des voitures et des endroits de luxe. Ces mises en scène participent de la séduction et servent d’appâts. Sur les réseaux sociaux, pour poster les vidéos, les consignes sont strictes et le cahier des charges est précis quant à l’emplacement des photos, du texte, des carnets de voyage. Pour recruter les autres, « jouer sur l’émotion » fait partie des enseignements. Une technique particulièrement efficace sur les jeunes. Le développement du réseau est fondé sur un système de parrainages, utilisant massivement les réseaux sociaux pour une propagation très rapide de l’information. Les rares avis défavorables font immédiatement l’assaut d’internautes défendant le bien-fondé de ces pratiques, exhibant des « pseudo-preuves », brandissant des captures d’écran de gains financiers faramineux. Puis vient l’étape de la rencontre. Les premières réunions se tiennent dans des restaurants ou des bars, diaporama à l’appui, avec un animateur tiré à quatre épingles. Les diapositives montrent des personnes menant un train de vie de multimillionnaire. Pour un public plus âgé, les diapositives montrent des voyages qui répondent aux goûts et appétences de chacun, allant d’un voyage de luxe organisé à celui pour baroudeur avec sac à dos. Afin de présenter une image de respectabilité de l’entreprise, plusieurs arguments, images à l’appui, sont avancés, tels que des actions humanitaires bénévoles pour nettoyer le littoral. Toutes se défendent également d’appartenir à un système pyramidal. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La lutte contre les sectes dissoute dans celle contre la radicalisation
Dans un entretien au « Monde », la secrétaire générale de la Miviludes, Anne Josso, fait le point sur les dérives sectaires des entreprises de marketing multiniveau ciblant particulièrement les jeunes.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/06/marketing-multiniveau-les-signalements-a-la-miviludes-mettent-en-evidence-une-evolution-tres-inquietante_6018204_3224.html
mlsum-fr-906
« Macbeth Underworld », de Pascal Dusapin au Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles. MATTHIAS BAUS Ouverture de saison sous le signe de la création pour le Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles où Peter de Caluwe propose à une semaine d’intervalle le doublé de deux compositeurs français : un novice, Benjamin Attahir (30 ans), dont Le Silence des ombres constitue le premier véritable opus lyrique, et le vétéran Pascal Dusapin (64 ans), qui livre avec Macbeth Underworld son huitième opéra, après Penthesilea, en 2015, dont le double CD vient de sortir chez Cypres. Lire la critique de « Penthesilea » : Dusapin, du plus profond Un immense arbre mort aux doigts boulus de fantôme expressionniste : la forêt de Birnam n’a jamais relâché sa proie. Le Macbeth d’outre-monde de Pascal Dusapin est au-delà de toute salvation, condamné au châtiment éternel : revivre encore et toujours l’histoire de ses forfaits. Le compositeur s’est entouré de deux shakespeariens : l’écrivain, poète et traducteur Frédéric Boyer et le metteur en scène Thomas Jolly, qui a épousé l’imaginaire du musicien, un noir et blanc zébré de lasers rouges, puisé aux sources cinématographiques de Wells, Polanski et du Château de l’araignée, de Kurosawa. Lire le portrait : Pascal Dusapin prend du champ Mais Dusapin n’a pas fait de Macbeth un homme sans ombre. Plus que les fureurs subites d’un orchestre dont l’opulence s’abreuve parfois à Chostakovitch, ce qui frappe est l’extrême dépouillement de certains passages, comme si, sous le mal absolu, résistait un « fredon » de l’âme. La musique de Dusapin hurle l’horreur et le crime, mais chante aussi la peur et la plainte, l’amour et la soif de vivre. Instruments cosmopolites Libre comme un Wanderer, Dusapin rassemble, dans le havresac de l’écriture, les sons qu’il affectionne. Cet orgue impulsif, bâtisseur de cathédrales sonores, cet archiluth amoureux des musiques de cour élisabéthaines, ces échos de chansons et ballades glanées sur les landes d’Ecosse, sans oublier ces percussions enregistrées à partir d’instruments cosmopolites de sa propre collection. En grand tacticien, le musicien développe une science remarquable de l’écriture instrumentale et de la prosodie, une utilisation virtuose de la grammaire opératique (chœurs, duo d’amour, trio infernal, récitatifs et même danse) : construit en huit tableaux, le drame évoque, sous les reptations de la conscience et les remugles de l’inconscient, les étapes clés du drame shakespearien. Le Shakespeare de Dusapin est porteur d’un songe endetté de nuit, plus oratorio des ténèbres qu’opéra de l’Erèbe Mais cet enchevêtrement entre réminiscences narratives et délires prophétiques (un certain amphigourisme guette) peine à dégager une véritable ligne de force dramaturgique, ce « premier degré » tellurique si magistralement défendu dans Penthesilea. Le Shakespeare de Dusapin est porteur d’un songe endetté de nuit, plus oratorio des ténèbres qu’opéra de l’Erèbe.
Le sombre héros shakespearien hante le huitième opéra du compositeur français, créé à La Monnaie, puis repris en 2020 à Paris et à Rouen.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/27/opera-a-bruxelles-le-macbeth-outrenoir-de-pascal-dusapin_6013243_3246.html
mlsum-fr-907
Le Bandra-kurla Complex, une zone d'affaires au nord du bidonville de Dharavi, est parcouru par une mangrove, à Bombay. GAEL KERBAOL / DIVERGENCES L’information avait fait l’effet d’une bombe au mois d’avril. En informant la Haute Cour de Bombay qu’il donnait son feu vert ultime à la construction du train à grande vitesse entre la capitale économique de l’Inde, située au Maharashtra, et la principale ville de l’Etat voisin du Gujarat, Ahmedabad – dont est originaire le premier ministre Narendra Modi –, le ministère de l’environnement, des forêts et du changement climatique de l’Inde avait annoncé que « treize hectares de mangroves » allaient bientôt disparaître. L’implantation d’une ligne ferroviaire de 508 kilomètres le long du rivage de la mer d’Arabie, en vue de réduire le temps de parcours entre les deux villes à deux heures, contre huit actuellement, allait obliger à déraciner 54 000 palétuviers, ces arbres qui poussent dans l’eau salée et protègent les côtes des aléas météorologiques. Depuis, les autorités ont tenté de calmer le jeu. Interpellé fin juin par un élu du Shiv Sena, parti d’extrême droite local très puissant, le ministre des transports du Maharashtra, Diwakar Raote, a précisé que « cinq arbres ser[aient] plantés pour chaque arbre déraciné ». Autre élément supposé rassurer les défenseurs de l’environnement : la ligne épargnera la nature car elle sera réalisée en hauteur, presque exclusivement sur les piliers d’un viaduc, et sous terre à l’approche de Bombay, ce qui devrait limiter les dégâts sur la flore. « Crime contre la biodiversité » Les écologistes n’ont pas lâché l’affaire pour autant, si bien que, début juillet, la société constituée pour mettre en œuvre le projet, la National High Speed Rail Corporation Ltd (NHSRCL), a décidé de revoir la conception de la grande gare de Thane, à l’entrée nord de Bombay, afin de ménager les arbres. « En déplaçant les parkings extérieurs et les zones d’attente des passagers, nous allons sauver 21 000 palétuviers », a juré son directeur général, Achal Khare. Il a assuré que ses services préparaient par ailleurs 160 000 boutures de nouveaux pieds. Pas de quoi calmer le militant Girish Raut, avocat de l’ONG Save Earth. Contacté par Le Monde, cet empêcheur de tourner en rond, célèbre à Bombay pour ses travaux sur la flore urbaine, prétend que « près de 80 % des mangroves d’origine ont disparu sur le littoral de la ville » en un siècle. « Il ne faut pas croire les chiffres avancés par l’administration. Tous les projets d’infrastructures détruisent les mangroves, assure-t-il. Et, par expérience, on sait très bien que, lorsqu’un projet obtient le feu vert des autorités, les promoteurs font ce qu’ils veulent par la suite. »
Les infrastructures de transport mettent à mal les forêts de bord de mer, qui protègent les côtes et servent de frayère à de nombreuses espèces aquatiques.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/12/en-inde-le-projet-de-ligne-a-grande-vitesse-va-detruire-de-precieuses-mangroves_5498654_3244.html
mlsum-fr-908
Le calendrier se resserre pour le gouvernement qui doit, avant le 23 novembre, publier une ordonnance réformant la copropriété en vertu de la loi évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN), du 23 novembre 2018, qui l’habilitait à légiférer sur ce point dans un délai d’un an. Le régime de la copropriété s’applique à près de dix millions de logements, dans 380 000 immeubles et, parce qu’il s’est considérablement alourdi au fil des réformes depuis sa création en 1965 – en particulier avec la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) du 24 mars 2014 –, il mérite d’être simplifié. La future ordonnance veut notamment améliorer la gouvernance et la prise de décision en assemblée générale pour encourager les copropriétaires à se lancer dans des travaux d’économie d’énergie. Elle ambitionne de revivifier cette mini démocratie directe en luttant, par exemple, contre l’absentéisme à des réunions souvent interminables et conflictuelles. Dès sa publication, la loi doit être ratifiée par les parlementaires dans les trois mois, pour une application à partir du 1er juin 2020. Une seconde ordonnance doit, elle, être publiée dans les deux ans, donc d’ici au 23 novembre 2020. Elle créera un code de la copropriété regroupant tous les textes, pour une meilleure lisibilité d’un droit devenu touffu. Au cours de la discussion, les sénateurs ont déploré le recours aux ordonnances, qui, contrairement à une loi en bonne et due forme, privent les parlementaires d’un débat approfondi sur ce sujet sensible et grand public. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Copropriétaires : pourquoi tant de haine ? Réforme moins ambitieuse Le Conseil national de la transaction et de la gestion immobilières (CNTGI), qui réunit organisations professionnelles et de consommateurs et est présidé par le juriste Hugues Périnet-Marquet, a mené la concertation sur la première ordonnance. Le ministère de la justice, compétent en matière de copropriété, promet un projet d’ordonnance pour la mi-août, voire le début du mois de septembre. Au fil des discussions, de plus en plus techniques, la réforme semble cependant perdre en ambition. Une des pistes est de créer un régime allégé pour les petites copropriétés. Certaines décisions seraient légalement valables même si elles étaient prises au cours de réunions informelles – c’est-à-dire hors assemblée générale dûment convoquée dans des délais et avec ordre du jour stricts –, mais à condition que tous les coproptiétaires soient présents et les approuvent. « Si tout le monde est d’accord, le risque de contestation a posteriori est faible. Je ne vois pas l’intérêt de cette mesure », critique Emile Hagège, de l’Association des responsables de copropriétés (ARC).
L’idée est de faciliter la prise de décision entre copropriétaires pour lancer des travaux. Une ordonnance est attendue sous peu mais, entre représentants des syndics et des consommateurs, les avis divergent.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/08/la-simplification-de-la-copropriete-une-reforme-qui-s-annonce-laborieuse_5497553_3224.html
mlsum-fr-909
Julien Ross et Alexandre Giesbert. LEA PAOLI Dans la quiétude du quartier d’Auteuil, à Paris, impossible de rater cette double porte bleu électrique d’où s’échappe de la musique. C’est l’entrée de Daroco 16, nouveau temple de la cuisine italienne qui a ouvert le 1er septembre. Dans un décor qui parvient à être à la fois chic et chaleureux, on mange d’excellentes pizzas à partir de 11 euros, une côte de veau à la milanaise tendre et généreuse (29 euros), une panna cotta aux figues d’une délicatesse rare (9 euros). C’est fantastique, et a priori, ce nouveau restaurant a toutes les raisons de faire un carton. Mais… n’avait-on pas déjà pas fait une telle prédiction il y a un an ? Retour en arrière. A l’été 2018, au même emplacement, les mêmes entrepreneurs, Julien Ross et Alexandre Giesbert, inauguraient Zebra avec un nouvel investisseur, Romain Glize. Un tout autre concept de restaurant, puisqu’il s’agissait d’une brasserie française tradi, ambiance poireaux-vinaigrette et maquereaux en escabèche. A l’époque, les médias s’étaient enflammés, parlant de « renouveau de la brasserie parisienne », du « grand retour du resto mythique du 16e », de « la brasserie-choc des beaux quartiers ». Il faut dire que Julien Ross et Alexandre Giesbert avaient l’habitude de transformer tout ce qu’ils touchaient en or, à l’instar du premier Daroco, leur trattoria planquée dans une rue tranquille du quartier de la Bourse, à Paris, qui fait toujours salle comble. Daroco, c’est une formule magique : la cuisine italienne est fédératrice, surtout quand elle est mijotée avec de bons produits. Et, concernant Zebra, ils s’étaient donné les moyens de leurs ambitions : pour pimper ce vaste restaurant qui, au fil des années, a déjà vu se succéder les chefs et les concepts, le trio de trentenaires avait investi 1,3 million d’euros qui avaient permis de transformer la brasserie vieillissante en un lieu chic et branché, tout en marbre et velours. Que s’est-il donc passé pour que Zebra soit un échec, au point qu’un an après l’ouverture il faille déjà tout changer ? Quand, en septembre 2017, ils décident de reprendre Zebra, Julien Ross et Alexandre Giesbert, qui se connaissent depuis sept ans (ils se sont rencontrés dans un restaurant du Marais où Julien était en salle et Alexandre en cuisine), ont une idée bien précise en tête : ils ne veulent pas se répéter en refaisant un italien et s’attaquent donc à la brasserie française. « Pour moi, c’était limpide : on voulait des plats simples comme la saucisse-purée ou le tartare de bœuf, mais avec de superproduits », se souvient Alexandre Giesbert. Au lancement du restaurant, à l’été 2018, les nombreux articles ramènent du monde. Et puis, après quelques mois, la fréquentation de ce restaurant assez excentré dans l’Ouest parisien décline. « Attirer les clients la première fois, c’est notre travail, mais les faire revenir, c’est le job du restaurant ! », rappelle l’attachée de presse du Zebra. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec Eataly, Paris frôle-t-elle l’indigestion de pizzas ? Au départ, le trio visait 400 couverts par jour. Il est obligé de revoir ses objectifs à la baisse : ce sera plutôt 200. Et tente de corriger le tir. Il se dit que son offre n’est peut-être pas assez claire. Le décor trop moderne ne colle pas avec l’esprit classique de la cuisine, et puis, surtout, les clients ne comprennent pas les prix pratiqués. Comme les produits de Zebra sont fournis par la crème des producteurs (la viande vient de Terroirs d’avenir, le café de Coutume, le saumon porte le Label rouge…), les prix s’en ressentent. Le ticket moyen tourne autour de 50 euros. Chez Zebra, le plat de saumon atteint 27 euros, alors qu’il plafonne à 17 euros au bistrot d’en face où l’offre est, sur le papier, à peu près identique. Alexandre Giesbert a beau avoir formé ses serveurs à parler de l’origine des produits, les clients restent surtout sensibles à l’argument du prix. « Et puis, souvent, ils s’en foutent de savoir que le poulet a gambadé dans une ferme du Médoc. Certains disaient même : “La chair est dure.” Bah oui, mais il a couru toute sa vie, il est musclé ! » Coup de peinture et plantes vertes Déconcertés mais pas découragés, ils tentent de faire évoluer la carte, de se distinguer en la rendant plus exotique, et tant pis pour leurs idéaux de tradition française. Il y a désormais des condiments thaïlandais dans les moules, une sauce chimichurri avec la côte de bœuf… Ils accèdent aux requêtes des clients qui demandent de baisser la musique, de monter la lumière, de mettre du bordeaux à la carte des vins. « Faire des compromis, c’est un mauvais travers, soupire Alexandre Giesbert. Parce que, à la fin, il n’y a plus de cohérence dans le restaurant. » Et malgré leurs efforts, il n’y a d’ailleurs pas non plus de cohérence dans la fréquentation. Certains services stagnent à trente couverts, d’autres vont jusqu’à cent. « L’irrégularité, c’est ce qu’il y a de pire », estime Alexandre Giesbert. Ça rend les stocks de marchandises difficiles à gérer et engendre beaucoup de pertes, notamment des produits chers et périssables comme les viandes et poissons. La qualité du service s’en ressent, puisque, en cas de grande fréquentation inattendue, l’équipe n’est pas toujours assez nombreuse ni assez préparée. « Le service, ça fonctionne à l’adrénaline. Si les serveurs sont mous parce qu’il n’y a que dix réservations, ils ne sont pas prêts si finalement, quarante personnes débarquent », estime Alexandre Giesbert. A l’été 2019, l’équipe qui comptait initialement une cinquantaine de salariés se trouve réduite à une vingtaine de personnes. Et les comptes sont toujours dans le rouge. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Restaurants Big Mamma, le succès qui agace les chefs Ainsi donc, après une petite année d’ouverture, deux options s’offrent à eux : jeter l’éponge ou tout changer. Avant de se lancer dans la brasserie tradi, ils avaient un temps imaginé de dupliquer Daroco, leur trattoria du centre de Paris qui marche si bien. « Mais on ne trouvait pas ça excitant intellectuellement de se répéter », concède Alexandre Giesbert. N’empêche, Daroco, c’est une formule magique : la cuisine italienne est fédératrice, surtout quand elle est mijotée avec de bons produits. La matière première transalpine de qualité a l’avantage d’être plutôt bon marché, et la pâte à pizza a le bon goût de bien se conserver, donc de ne pas générer trop de pertes (et la pizza, c’est 40 % du chiffre d’affaires de Daroco). Après une étude de marché, les trois entrepreneurs constatent que le 16e arrondissement manque cruellement de bonnes pizzerias. Ils décident donc de rejouer leur trattoria de la rue Vivienne moyennant 150 000 euros de travaux, pour mettre un coup de peinture, des plantes vertes et un four à pizza. « C’est un fait : en France, un bon italien, ça cartonne », affirment-ils. A eux de le prouver.
Pourquoi le Zebra, brasserie tradi du 16e arrondissement parisien qui avait tout pour plaire, a dû céder la place à une trattoria ? Les propriétaires racontent leur échec… et leur nouveau pari : réitérer le succès de Daroco, leur table italienne de la rue Vivienne.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/09/05/et-a-la-fin-c-est-la-pizza-qui-gagne_5506737_4497319.html
mlsum-fr-910
Historien de la Révolution française, Guillaume Mazeau est maître de conférences à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne, chercheur à l’Institut d’histoire du temps présent et membre du collectif Aggiornamento, qui vise à « renouveler l’enseignement de l’histoire et de la géographie ». Il prépare un livre intitulé Histoire, qui doit paraître en janvier 2020 aux éditions Anamosa. Quand et comment les notions de droite et de gauche ont-elles fait leur apparition ? « La droite » et « la gauche » ne structurent qu’assez tardivement la vie politique, sous la IIIe République. Et encore, ces « familles », constituées au rythme des révolutions et crises du XIXe siècle, camouflent des mondes plus complexes. En revanche, c’est bien dès la fin de l’été 1789 que les députés commencent à se rassembler par sensibilité politique de part et d’autre du président de l’Assemblée. La topographie de la salle permet alors de parler de « côté droit » et de « côté gauche ». Ces appellations désignent alors des regroupements très difficiles à délimiter et qui restent instables. En 1793, il est ainsi impossible de compter ceux que l’on nomme les « brissotins » ou les « rolandins », un peu par défaut, parce qu’ils se rassemblent autour du député Jacques Pierre Brissot ou du ministre Jean-Marie Roland de La Platière. Autant dire qu’il est encore plus difficile d’associer à cette première droite républicaine une ligne politique précise. Quels sont les premiers sujets qui ont opposé les deux camps ? En 1789, les questions des privilèges, de la Déclaration des droits de l’homme, mais aussi de la place du roi et de l’exécutif et, surtout, du peuple dans le nouveau régime, opposent d’un côté les « patriotes » et, de l’autre, les « aristocrates », « noirs » ou même « monarchiens », qui, à droite, tentent de préserver l’essentiel de l’Ancien Régime. Certains thèmes ne provoquent pas de fort clivage : la plupart des députés sont d’accord sur le fait qu’il faille limiter la liberté d’expression, réprimer les violences populaires et priver une série d’individus des droits politiques, c’est-à-dire les femmes, les esclaves et les « libres de couleur », les pauvres et, enfin, les domestiques. Les journées d’octobre 1789, pendant lesquelles les femmes insurgées occupent l’Assemblée et amènent le roi à Paris, font l’effet d’un coup de tonnerre : l’exclusion politique de populations entières, la difficulté à répondre à leurs urgences quotidiennes, ainsi que la répression des soulèvements alimentent la radicalisation de la gauche révolutionnaire hors de l’Assemblée. C’est aussi le cas à droite : la fin des privilèges, l’affaiblissement du roi, ainsi que la nationalisation des biens du clergé, le 2 novembre, jettent dans la défiance, voire dans la rébellion, des populations entières, bien au-delà des nostalgiques de la monarchie absolue.
Cette opposition, parce qu’elle exprime des divergences franches sur des questions essentielles de la vie en commun, a structuré la vie politique, analyse, dans un entretien au « Monde », l’historien Guillaume Mazeau.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/27/la-question-sociale-a-ete-le-grand-point-du-clivage-droite-gauche_6013240_3232.html
mlsum-fr-911
La centrale nucléaire de Cruas-Meysse, en Ardèche. A partir du mardi 17 septembre, près de 2,2 millions de Français devraient recevoir un courrier nominatif les invitant à se rendre en pharmacie pour y retirer une boîte de comprimés d’iode, ainsi que des indications sur les réflexes à avoir en cas d’alerte nucléaire. Selon Les Echos, ce sont quelque 646 pharmaciens, 3 077 médecins et plus de 1 000 mairies qui sont mis à contribution. Cette campagne d’information sans précédent est la conséquence directe d’une mesure annoncée en 2016 par Ségolène Royal, alors ministre de l’environnement : l’extension du périmètre des plans particuliers d’intervention (PPI) autour des sites nucléaires en cas d’incidents. Passé de 10 à 20 kilomètres, ces PPI concernent donc aujourd’hui plus de deux millions de personnes, contre 600 000 auparavant. D’après Les Echos, cette extension a pris plus de trois ans à être mise en œuvre parce que la liste des municipalités concernées a été longue à consolider. « Certains élus dont la commune est située au bord du périmètre ont dit non et d’autres, des élus verts notamment, voulaient absolument en être », explique un spécialiste, cité par le journal. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La transition énergétique devrait coûter 33 milliards d’euros sur quinze ans au réseau électrique Un plan d’action actualisé après Fukushima La France compte actuellement 58 réacteurs et 19 centrales nucléaires. En cas d’incident, les PPI prévoient l’information de la population, la mobilisation des hôpitaux, l’organisation d’une éventuelle mise à abri de la population, etc. En 2011, la catastrophe de Fukushima a incité les pouvoirs publics à actualiser le dispositif de réponse. Le nouveau plan, présenté en février 2014, donne notamment aux pouvoirs publics la « capacité d’intervenir au-delà du périmètre des PPI si les effets d’un accident le nécessitaient », d’incorporer des « forces d’action rapides » ou encore de prendre en compte « la nécessaire continuité des activités économiques et sociales ». Une partie de ce plan définit, en particulier, huit « situations types », d’une situation dite « d’incertitude » à des situations d’accident nucléaire avec rejets radioactifs, en passant par des accidents maritimes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nucléaire : soudures, maintenance… EDF accumule les déboires
Depuis la catastrophe de Fukushima, la zone de précaution autour des installations nucléaires a été étendue à 20 kilomètres au lieu de 10. Plus de deux millions de Français devraient recevoir un courrier nominatif.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/17/les-pouvoirs-publics-lancent-une-campagne-d-information-en-cas-d-accident-nucleaire_5511416_3244.html
mlsum-fr-912
Jean-Dominique Senard, président de Renault-Nissan, et Hiroto Saikawa, directeur général de Nissan, le 12 mars, lors d’une conférence de presse à Yokohama, au Japon. BEHROUZ MEHRI / AFP Chronique « Pertes & Profits ». Au Japon, plus qu’ailleurs dans le monde, le consensus, condition de l’harmonie de la société, est une vertu cardinale. Les conflits doivent être évités, résolus avant qu’ils éclatent et surtout ne pas être dévoilés en place publique. L’important est que chaque partie garde le « tatemae », la face. L’affaire Renault-Nissan est aux antipodes de cette philosophie. Les joutes sont continuelles et se tiennent dans l’arène médiatique mondiale, au vu et au su de tous. La belle harmonie de cette alliance unique en son genre est désormais brisée en une mosaïque d’affrontements, où tout le monde à tour de rôle perd la face. Un PDG déchu, Carlos Ghosn, deux directeurs contestés, Hiroto Saikawa et Thierry Bolloré, un président désavoué, Jean-Dominique Senard, un ministre vilipendé, Bruno Le Maire et des chefs d’Etat dans l’embarras, Emmanuel Macron et Shinzo Abe. Belle brochette d’insatisfaits. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Renault-Fiat Chrysler : des dirigeants fragilisés et toujours en quête d’un avenir Si l’affaire a commencé avec la rocambolesque arrestation de Carlos Ghosn à Tokyo en novembre 2018, elle s’est poursuivie avec l’affrontement des deux directeurs, puis la tentative de fusion proposée par Renault et rejetée par Nissan et enfin l’étonnante proposition de mariage entre Renault et Fiat Chrysler à l’insu de son partenaire de vingt ans. Cette dernière a été repoussée in fine par le gouvernement français, premier actionnaire du groupe français, provoquant la colère publique du président de Renault, pourtant nommé sur proposition de ce même gouvernement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Renault - Fiat Chrysler : la folle nuit qui a vu sombrer le projet de fusion Menace de blocage Peut-on encore recoller les morceaux ? Deux étapes cruciales sont attendues la semaine prochaine. Ce mardi 25 juin, se tiendra l’assemblée générale des actionnaires de Nissan. Celle-ci devrait entériner une nouvelle gouvernance destinée à en finir avec les dérives absolutistes de l’ère Ghosn. Il semblerait que la firme ait finalement accepté de nommer le directeur de Renault, Thierry Bolloré, au comité d’audit du futur conseil d’administration. Devant la menace de blocage du processus par Renault, actionnaire de Nissan à 43 %, la firme a plié. Mais elle ne perd pas espoir qu’un jour, le directeur général de Renault soit sorti du jeu. Tout comme le camp français souhaiterait le départ du patron de Nissan. Un apaisement des tensions serait non seulement la seule manière de redonner vie à une alliance qui se délite à vue d’œil, mais aussi de remettre sur la table, mais avec Nissan, un éventuel mariage avec Fiat Chrysler, rêve avoué de Jean-Dominique Senard.
L’alliance Renault-Nissan se délite et les motifs d’affrontement se multiplient depuis l’arrestation de Carlos Ghosn. L’assemblée générale des actionnaires de Nissan et le sommet du G20 à Osaka, qui se tiendront la semaine prochaine, sauront-ils remettre un peu d’harmonie ?, s’interroge Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/20/renault-nissan-comment-recoller-les-morceaux_5478972_3234.html
mlsum-fr-913
Patrick Evra (au premier plan) avait fait l’objet d’une enquête après avoir publié une vidéo sur les réseaux sociaux où il proférait des insultes homophobes. NICOLAS ASFOURI / AFP Les chants homophobes sont de plus en plus décriés dans le monde du ballon rond. Pour la première fois en France, un match a été interrompu pour cette raison. Lors de la 4e journée de Ligue 2, vendredi 16 août, le match entre Nancy et Le Mans, au stade Marcel-Picot, a été interrompu une minute à cause de chants insultants visant la Ligue de football professionnel (LFP). [🎞️VIDEO] ⚽️ @DominosLigue2 🛑 Le match Nancy - Le Mans interrompu à cause de chants homophobes... 🙁🙁 https://t.co/5ywL743DiX #ASNLLMFC — beinsports_FR (@beIN SPORTS) A quelques minutes de la mi-temps, et alors que le speaker du stade avait lancé un avertissement aux supporteurs, des chants insultants adressés à la Ligue nationale de football (« La ligue, on t’encule ») sont sortis des tribunes. L’arbitre de la rencontre, Mehdi Mokhtari, a décidé d’interrompre la partie, qui a cependant repris normalement environ une minute plus tard après que les joueurs de Nancy ont demandé à leurs supporteurs de se calmer. La secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a réagi à l’incident sur Twitter : « Bravo à l’arbitre Mehdi Mokhtari d’avoir interrompu courageusement le match face aux chants homophobes entonnés lors de Nancy-Le Mans comme le permet le règlement. Le foot est un sport passionnant. Il doit le rester pour tous. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’homophobie dans le football : « Il est temps d’en finir avec cette discrimination »
Le match entre Nancy et Le Mans a été arrêté par l’arbitre Mehdi Mokhtari pendant environ une minute.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/16/un-match-de-ligue-2-interrompu-a-cause-de-chants-homophobes_5500135_3242.html
mlsum-fr-914
LUCILLE CLERC Elles sont partout. Perchées, sur l’eau, à même le sol. Ephémères et omniprésentes. Précaires ou luxueuses. Faites d’une simple nappe tendue sous la table de la cuisine ; ou spa intégré et jacuzzi privatif, pour des séjours aussi « insolites » qu’argentés. On les croyait réservées à la fertile imagination des enfants et aux besoins des sans-abri, les voilà qui hébergent des touristes, et qui surgissent même sur l’enseigne d’une agence immobilière parisienne, sans doute pour faire oublier un tant soit peu le prix du mètre carré dans la capitale. Les cabanes sont « tendance ». Pourquoi cette mode au XXIe siècle ? Quelles réalités – ou quels fantasmes – traduit-elle ? Restent-ils au moins le refuge de la simplicité, ces abris dont chacun s’entiche ? Ouverts à tout vent, ils accueillent aussi bien les mots (très) savants. Au détour d’un beau numéro que 303, une revue culturelle des Pays de la Loire, a consacré au sujet, on trouve ainsi cette question : « La cabane est-elle une hétérotopie dans le sens de la définition d’une “utopie située” donnée en 1967 puis en 1984 par le philosophe Michel Foucault (1926-1984), ou plutôt la figure d’une hétérochronie ouvrant une conception plus ouverte de l’architecture ? » Les cabanes interrogent, au moins autant qu’elles attirent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’idée symbolique de la cabane rejoint celle d’un idéal de pureté et de simplicité » Difficiles à saisir, elles s’échappent quand on s’en approche, comme allergiques à toute définition. Dans un ouvrage collectif (épuisé), Cabanes, cabanons et campements, issu de journées scientifiques organisées par la Société d’écologie humaine en novembre 1999 à Perpignan, et publié en 2000, l’écologue Bernard Brun, alors maître de conférences à l’université d’Aix-Marseille, décrivait cet « objet étonnamment versatile ». « Parle-t-on de cabanes, et c’est tout un pouvoir d’évocation, varié à l’infini, qui se trouve enclenché : quoi de commun en effet entre une cabane de berger dans un alpage et une cabane de chasse dans un marais, entre une cabane construite en tôles ondulées, une en roseaux et une en pierre qui durera des siècles ? », interrogeait-il. Jugeant « difficile de ne pas relier le caractère poétique de constructions aussi diverses à l’extrême liberté qui préside à leur construction », Bernard Brun évoquait la « liberté dans le choix des matériaux, des formes et des couleurs, liberté à l’égard des règles contraignantes qui régissent la construction de vraies maisons, mais aussi liberté contrainte par les ressources et les conditions du milieu, ce qui permet à la créativité de produire un résultat qui témoigne d’une étroite adaptation aux situations écologiques locales ».
Edifices uniques ­ – une fois détruites, elles ne peuvent être refaites à l’identique –, réponse à l’urgence écologique, élément constitutif des « zones à défendre », les « petites maisons » interrogent au moins autant qu’elles attirent.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/09/la-cabane-symbole-de-liberte-et-de-resistance_5497910_3232.html
mlsum-fr-915
La loi de lutte contre la cyberhaine est débattue à l’Assemblée nationale à partir du 3 juillet 2019. Siegfried Kuttig/ImageBroker / Photononstop Tribune Parce que pas un jour ne passe sans que la députée Laetitia Avia soit insultée sur les réseaux sociaux « pour le seul fait d’être noire », elle a déclaré ressentir un sentiment de panique bien qu’elle soit « parlementaire » et qu’elle ait « le cuir épais ». Mais de son propre aveu, elle n’ose pas « imaginer ce que cela peut provoquer chez des personnes plus fragiles ». Eux, contrairement à elle, ne sont pas parlementaires et non pas le cuir épais, ce sont les adolescents. Ils représentent les premières victimes de la haine sur Internet qui les conduit parfois jusqu’au suicide. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Haine en ligne : « Poursuivre les seules plates-formes numériques ne nous semble pas de bon augure » Eux, contrairement à elle, côtoient le plus souvent leurs agresseurs qui sont leurs camarades d’école, de collège et de lycée et pas seulement des anonymes qui se servent des réseaux sociaux pour libérer leurs pulsions haineuses, comme dans votre cas. Le cyberharcèlement dans le code pénal Et pourtant, dans sa proposition de loi contre la haine en ligne, elle s’apprête à renoncer à les protéger de la haine qui se manifeste le plus souvent à leur encontre sous la forme du cyberharcèlement ou du revenge porn, deux délits reconnus et punis par le code pénal. Selon elle, ces délits ne peuvent pas entrer dans le périmètre de la future loi. Sa position ne saurait être critiquable si elle s’appuyait sur un fondement juridiquement incontestable et insurmontable. Mais ce n’est pas le cas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Phobie scolaire : comment reprendre le chemin de l’école ? S’agissant du cyberharcèlement, depuis la loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, il figure dans le code pénal, ainsi que le harcèlement à l’école, tous deux en tant que délit de harcèlement moral aggravé. Et depuis la loi du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, le cyberharcèlement « en meute » y a également trouvé sa place. Contrairement à ce qu’elle soutient, l’élargissement de votre proposition au cyberharcèlement qui frappe de jeunes victimes n’est aucunement incompatible avec la directive européenne 2000/31/CE relative à certains aspects juridiques des services de la société de l’information. La protection des mineurs en jeu Comme le rappelle l’avis du Conseil d’Etat du 16 mai 2019, celle-ci autorise les Etats à imposer des obligations spécifiques aux opérateurs de plate-forme en ligne sans méconnaître le principe de la libre circulation des services de la société de l’information, notamment, au nom la protection des mineurs, de la lutte contre l’incitation à la haine pour des raisons de race, de sexe, de religion ou de nationalité et contre les atteintes à la dignité de la personne humaine.
La loi de lutte contre la cyberhaine, portée par la députée LRM Laetitia Avia, est débattue à l’Assemblée à partir du mercredi 3 juillet. Dans une tribune au « Monde », deux spécialistes des violences scolaires regrettent que le cyberharcèlement ne figure pas dans cette loi.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/03/loi-avia-madame-la-deputee-ne-renoncez-pas-a-proteger-les-adolescents-du-cyber-harcelement_5484944_3232.html
mlsum-fr-916
Ce guide a été rédigé par la rédaction de Wirecutter (groupe New York Times) et traduit par Le Monde. Les produits sont sélectionnés de manière indépendante. Le Monde et Wirecutter perçoivent une rémunération lorsqu’un de nos lecteurs procède à leur achat en ligne. En savoir plus Ce test a été réalisé aux États-Unis et a été initialement publié en anglais sur le site Wirecutter. Vous pouvez le lire ici en version originale. MIS À JOUR LE 17 MAI 2019 : Les utilisateurs de produits Nest doivent savoir que Google fusionne Nest dans son propre écosystème de maison connectée, centré sur Google Assistant. La transition est en cours mais nous conseillons d’ores et déjà de préférer les télécommandes compatibles avec Google Assistant si vous souhaitez piloter un ensemble domotique. Si vous recherchez une télécommande universelle facile d’emploi, capable de contrôler jusqu’à huit éléments audio ou vidéo ainsi que certains équipements domestiques connectés, nous recommandons la Logitech Harmony Companion. Les télécommandes Harmony sont les plus simples à installer et leur système intelligent, centré sur les « Activités », simplifie le contrôle de l’ensemble de votre home cinéma. À notre connaissance, aucun autre modèle n’apporte un tel contrôle, une telle connectivité et une compatibilité aussi étendue à ce prix. Le système en deux éléments Harmony Companion de Logitech comporte un élément central, le Hub, et une télécommande. Il permet de contrôler jusqu’à huit appareils audio/vidéo et fonctionne en infrarouge, Wi-Fi et Bluetooth, ce qui assure une souplesse supérieure à la plupart des modèles à prix plus accessibles. Vous pouvez également utiliser une application sur smartphone ou tablette pour gérer le système. La Harmony Companion s’intègre avec Alexa, Google Assistant et plusieurs équipements de maison connectée industriels ou artisanaux afin de contrôler éclairage, verrous, thermostats ou volets électriques. Il lui manque un rétroéclairage et, avec toutes ces fonctions, elle est un peu plus complexe à programmer que d’autres télécommandes Harmony, mais elle reste plus simple que les concurrentes. Si vous souhaitez gérer un home cinéma typique incluant, disons, un téléviseur, un amplificateur audio/vidéo, un enregistreur numérique et un lecteur Blu-Ray, la Logitech Harmony 665 est un excellent choix. Elle peut contrôler jusqu’à dix appareils, son écran en couleur rétroéclairé est facile à lire et la fonction Remote Assistant intégrée permet de résoudre efficacement les problèmes. Si la télécommande ne parvient pas à effectuer la tâche demandée (comme monter le volume du téléviseur), vous pouvez suivre les suggestions du guide Remote Assistant pour trouver rapidement une solution. Cependant, la Harmony 665 ne peut contrôler que des équipements fonctionnant par infrarouges (IR) : elle ne supporte donc pas les objets connectés domotiques ainsi que certains lecteurs multimédias et consoles de jeux, et elle doit rester en vue de l’appareil que vous souhaitez commander. Comme notre modèle favori, la Harmony Elite de Logitech est un système en deux éléments qui utilise le Harmony Hub ; elle offre donc les mêmes avantages. Le modèle Elite, haut de gamme, contrôle jusqu’à 15 périphériques et comporte un écran tactile personnalisable pour une flexibilité accrue. La télécommande est entièrement rétroéclairée et plus réactive, avec un design plus élégant qui donne une sensation plus proche de la télécommande d’un système de contrôle à distance professionnel. Mais tout cela a un coût. C’est le modèle indiqué si vous avez un système home cinéma complexe et évolutif, et que vous voulez la meilleure télécommande. La recherche • Pourquoi nous faire confiance ? • À qui s’adressent ces télécommandes ? • Comment nous les avons sélectionnées et testées • Notre premier choix : la télécommande Harmony Companion de Logitech • Des défauts non rédhibitoires • Une alternative moins chère : la télécommande Harmony 665 de Logitech • Une alternative haut de gamme : la Harmony Elite de Logitech • Pourquoi ne pas utiliser une application ? • La concurrence • Sources • Récapitulatif Pourquoi nous faire confiance ? Cela fait plus de 15 ans que Grant Clauser et Darryl Wilkinson rédigent des articles sur l’électronique grand public et testent des équipements domestiques hi-tech. Grant a été chef de rubrique ou rédacteur en chef pour plusieurs grands titres américains dédiés à l’électronique grand public, parmi lesquels Dealerscope, E-Gear et Electronic House, et il a entre autres écrit pour Sound & Vision, Big picture Big Sound et Consumer Digest. Il a testé des centaines de produits, y compris certaines des premières télécommandes universelles. Il est certifié en calibration vidéo par la fondation Imaging Science et a suivi les cours de programmation Control4 et de conception de home cinéma THX Level II. Darryl a, quant à lui, écrit pour des publications en ligne ou sur papier telles que Home Theater Magazine, Digital TV & Sound et Electronic House, et il est actuellement contributeur indépendant pour Sound & Vision. Avant sa carrière de testeur, il a travaillé durant presque 14 ans pour des boutiques de matériel audio vidéo indépendantes, dans la vente aux particuliers comme aux achats. À qui s’adressent ces télécommandes ? L’un de nos testeurs a pu remplacer cette collection de télécommandes dédiées par une seule Logitech Harmony. DARRYL WILKINSON / WIRECUTTER Si votre équipement vidéo domestique se limite à deux ou trois appareils comme un téléviseur, une box Internet et un lecteur Blu-Ray, vous n’aurez peut-être pas l’utilité d’une télécommande universelle. Les fonctions de base de cet appareil, comme le passage d’une chaîne à une autre ou le changement de volume, sont peut-être déjà intégrées à la télécommande qui accompagne le téléviseur ou la box. Mais si le fait de vous asseoir pour regarder la télévision ou un film vous impose de jongler entre plusieurs télécommandes, de changer d’entrée et d’allumer plusieurs appareils à la fois, la télécommande universelle est faite pour vous. Un home cinéma utilisant un ampli audio/vidéo et plusieurs sources est un candidat tout désigné à l’utilisation d’un tel contrôleur. Une mauvaise télécommande universelle se contente de combiner les fonctions de plusieurs télécommandes, sans rien faire pour les intégrer de manière plus utile. Non seulement une bonne télécommande universelle limite l’encombrement de la table basse et le jonglage entre les télécommandes, mais elle réduit le nombre de pressions nécessaires en combinant plusieurs actions en un seul bouton. Par exemple, plutôt que d’enchaîner plusieurs touches pour démarrer votre téléviseur, votre lecteur Blu-Ray, sélectionner l’entrée HDMI, allumer votre ampli, changer l’entrée et enfin lancer votre film, une bonne télécommande universelle réduira tout cela à une seule commande, « Lire Film », accessible via un seul bouton. Certaines télécommandes appellent cet enchaînement d’actions « macros », tandis que les Harmony les désignent sous le terme « Activités ». Ces fonctions étaient auparavant réservées aux systèmes haut de gamme, programmables par des professionnels, mais de nos jours des modèles relativement abordables (en particulier dans la gamme Harmony de Logitech) peuvent effectuer les mêmes tâches complexes. Bien entendu, la somme de 100 euros peut paraître très élevée pour une « simple » télécommande (c’est, approximativement, le prix d’un lecteur Blu-Ray correct) mais gardez à l’esprit que la télécommande est le contrôleur principal avec lequel vous interagissez lorsque vous utilisez votre home cinéma. Aussi, une bonne télécommande universelle, qui fait le travail de huit mauvaises télécommandes dédiées, est un changement très agréable dans l’utilisation de votre système audio/vidéo. David Katzmaier, de Cnet, présente les choses ainsi : « En une quinzaine d’années à tester des téléviseurs et du matériel de home cinéma, la chose que je conseille toujours d’acheter est “une bonne télécommande universelle”. » MICHAEL HESSION / WIRECUTTER Une télécommande universelle doit être… universelle. Autrement dit, elle doit pouvoir contrôler tous les composants qu’un amateur audio/vidéo ordinaire souhaite lui associer. Un équipement typique comporte cinq ou six appareils, dont un téléviseur (ou un projecteur), un lecteur DVD/Blu-Ray, un enregistreur numérique, un amplificateur pour son surround, et éventuellement un lecteur multimédia tel qu’un Roku ou un Apple TV. Une ou deux consoles de jeux peuvent également être présentes. Une télécommande capable de jongler entre huit périphériques à la fois couvre donc la plupart des installations. La majeure partie des appareils utilisent toujours un contrôle par infrarouges (IR) plutôt que par radio (RF), réseau sans fil (IP) ou Bluetooth. Une télécommande IR suffit donc à la plupart des utilisateurs. Cela dit, si une PlayStation 3 ou 4 de Sony fait partie de votre équipement et que vous voulez la gérer depuis votre télécommande, vos choix sont un peu plus limités. Outre le support d’un nombre adéquat de périphériques, la télécommande doit offrir une répartition claire des boutons ou de l’affichage sur l’écran, ainsi qu’un accès facile aux fonctions les plus importantes (notamment : volume, pause et lecture). Une conception basée sur les Activités, telle que décrite plus haut, est également préférable. Enfin, il faut que la télécommande soit facile à programmer. Si vous avez besoin d’un cours de C ++ pour comprendre son fonctionnement, laissez tomber. De nos jours, choisir la meilleure télécommande universelle se résume grandement à sélectionner le modèle Harmony de Logitech adapté à vos besoins. Si vous cherchez des télécommandes universelles sur Amazon ou d’autres vendeurs en ligne, vous trouverez une belle quantité de télécommandes de rechange, dont le but premier est de remplacer celle que votre chien a mangé, sans faire grand-chose de plus. Philips vendait une série de télécommandes programmables baptisées Pronto, et Sony a proposé deux bonnes télécommandes universelles par le passé, mais toutes sont sorties du marché. L’entreprise Universal Remote Control (plutôt bien nommée) menait la danse sur le marché des télécommandes (avec, notamment, la URC-R40), mais elle se concentre désormais exclusivement sur les systèmes de contrôle d’installations professionnelles. Et puis, il y a Logitech. De nos jours, choisir la meilleure télécommande universelle se résume grandement à sélectionner le modèle Harmony de Logitech adapté à vos besoins. Lors de nos tests, nous avons demandé plusieurs Harmony à différents tarifs, chacune destinée à gérer des systèmes d’un niveau de complexité différent. Nous avons configuré chaque télécommande pour qu’elles contrôlent différents systèmes audiovisuels (et, dans certains cas, des appareils domestiques connectés) dans notre maison test, puis nous avons vécu avec chacune d’entre elles pendant quelque temps pour déterminer à quel point elles étaient intuitives et fiables dans le cadre d’une utilisation quotidienne. Notre premier choix : la télécommande Harmony Companion de Logitech MICHAEL HESSION / WIRECUTTER La Harmony Companion de Logitech peut coordonner les fonctions de huit composants audio/vidéo au maximum. Elle est relativement simple à programmer grâce au logiciel MyHarmony et elle utilise une interface intelligente, basée sur les « Activités », pour simplifier la gestion de l’ensemble du home cinéma. Le système fonctionne avec les appareils infrarouge, Wi-Fi et Bluetooth, y compris un certain nombre de produits domotiques, et l’appli de contrôle gratuite pour iOS et Android fournit une seconde méthode pour tout contrôler. Vous pouvez utiliser des commandes vocales en associant le système aux composants Amazon Alexa et Google Assistant. La Harmony Companion dépasse toutefois peut-être les fonctionnalités utiles à la plupart des utilisateurs, ce qui la rend un peu plus chère qu’une télécommande universelle basique. L’ensemble Harmony Companion est composé de deux éléments : une télécommande manuelle et un contrôleur, le Hub, à placer à proximité des appareils audio/vidéo. Contrairement à la plupart des télécommandes universelles, celle de la Harmony Companion ne comporte pas d’émetteur infrarouge : celui-ci est placé dans le Hub, avec les radios Bluetooth et Wi-Fi. Lorsque vous pressez un bouton de la télécommande, celle-ci émet un signal radio à destination du Hub pour lui indiquer votre action. Ce dernier envoie alors les signaux IR, Bluetooth ou Wi-Fi appropriés pour contrôler les appareils associés. La compatibilité Wi-Fi et Bluetooth est un avantage significatif : elle permet à la Companion de commander des équipements non-IR courants, tels que la Sony PlayStation 4 et le lecteur multimédia Amazon Fire TV, chose impossible avec une télécommande IR ordinaire. Le Hub, qui héberge un émetteur infrarouge ainsi que des antennes Bluetooth et Wi-Fi, est le cœur du système Harmony Companion (et de plusieurs autres modèles de télécommandes universelles Logitech). À gauche, un émetteur infrarouge que vous pouvez laisser en vue des appareils tout en cachant le Hub lui-même. MICHAEL HESSION / WIRECUTTER L’avantage de placer l’émetteur IR dans le Hub, c’est que peu importe où vous pointez la télécommande. En fait, elle n’a même pas besoin d’être dans la même pièce que le Hub, tant que celui-ci est situé de manière à ce que ses signaux IR atteignent les appareils visés. Il peut être placé dans un placard fermé, sur une pile de composants audio/vidéo, ou même dans un autre endroit de la pièce. Le Hub est également fourni avec un émetteur IR filaire, que vous pouvez placer pour atteindre des périphériques situés dans une autre direction. De plus, une prise jack 3,5 mm permet d’ajouter un second émetteur en cas de besoin. Les équipements Wi-Fi peuvent eux se trouver n’importe où, dans les limites de votre réseau sans fil bien sûr. Un des gros avantages de l’ensemble de la gamme Harmony est que ces télécommandes sont très simples à programmer, du moins pour des télécommandes universelles. Personne à ce jour n’a trouvé de méthode vraiment simple pour régler ces appareils, mais les Harmony n’en sont plus très loin, parmi toutes celles que nous avons testées. La programmation initiale de la Harmony Companion passe par le logiciel d’ordinateur (Windows ou Mac) MyHarmony de Logitech, ou par une application smartphone, avec un compte en ligne MyHarmony. Vous pouvez y enregistrer jusqu’à six télécommandes Harmony différentes, au cas où vous auriez plus d’un système audio/vidéo à domicile. Si vous disposez d’un ordinateur, vous pouvez lui connecter le Hub à l’aide du câble Micro-USB fourni, le logiciel MyHarmony vous guidera dans le processus d’installation « en trois étapes ». La première étape est d’ajouter vos appareils audio et vidéo. MyHarmony vous demande le fabricant et la référence de chaque périphérique, afin de chercher les codes de contrôle de la télécommande de chacun d’entre eux dans la base de données gigantesque de Logitech, et ajoute immédiatement les codes trouvés à votre liste d’équipements. Logitech entretient et met à jour continuellement une base de données incroyablement complète de codes de télécommandes, qui couvre actuellement plus de 270 000 appareils. Ce processus est beaucoup plus simple que les méthodes de programmation des télécommandes universelles concurrentes. Celles-ci utilisent généralement un réglage plus traditionnel, où il faut, pour chacun de vos appareils, chercher dans le mode d’emploi un code à quatre chiffres spécifique, puis l’entrer dans la télécommande elle-même. Ensuite, il faut encore allumer ou éteindre chaque périphérique pour vérifier que vous avez entré le bon code ; dans le cas contraire, retour au manuel pour trouver la bonne référence à saisir. Une fois tout votre matériel ajouté, MyHarmony vous guide vers la deuxième étape : créer des Activités, soit sa façon de réaliser plusieurs actions en pressant un seul bouton (par exemple allumer plusieurs appareils et sélectionner l’entrée adéquate). Selon le type de composants dont vous disposez (tels qu’un téléviseur, un lecteur Blu-Ray, un amplificateur et un décodeur satellite), My Harmony suggère un certain nombre d’Activités, par exemple « Regarder la TV » ou « Écouter de la musique ». Il est également possible de créer vos propres Activités. Au fil de la création des Activités, MyHarmony vous pose une série de questions telles que : « Quelle entrée votre amplificateur doit-il utiliser quand vous regardez un film ? » ou « Quel appareil contrôle le volume ? » Le logiciel effectue la totalité du calcul complexe des macros en arrière-plan, vous déchargeant de cette tâche. Une fois que vous avez répondu à toutes les questions nécessaires, vous avez terminé. Vous pouvez assigner votre nouvelle Activité à l’une des trois touches Activités situées en haut de la télécommande. L’étape finale est le chargement de vos réglages nouvellement établis dans le Hub, en cliquant sur le bouton de synchronisation, puis le placement de celui-ci à l’endroit que vous souhaitez. Pour utiliser la télécommande, il ne reste qu’à appuyer sur la touche Activité voulue, et la Harmony va allumer et régler chaque équipement comme il le faut. La télécommande Companion offre une disposition logique des touches et comporte des fonctions importantes telles que Menu, Exit, Guide, ainsi que des boutons colorés. L’agréable texture caoutchoutée sur les faces avant et arrière élimine les empreintes digitales et réduit les risques que la télécommande vous glisse des mains. Celle-ci utilise une pile bouton CR2032 qui, selon Logitech, devrait durer jusqu’à un an. La Harmony Companion (à gauche) est alimentée par une pile-bouton CR2032 qui dure environ un an, tandis que les modèles moins coûteux comme les Harmony 665 et 650 (à droite) utilisent des piles AA standard. MICHAEL HESSION / WIRECUTTER Au-delà de la capacité de la Companion à commander vos appareils audio/vidéo, elle peut également servir de contrôleur basique pour votre maison connectée. Plutôt que de développer son propre système de domotique propriétaire, Logitech a rendu la Harmony Companion compatible avec plusieurs plates-formes et équipements existants. Pour l’instant, cela inclut les éclairages Philips Hue, les thermostats intelligents Nest, les alarmes incendie/détecteurs de monoxyde de carbone Nest Protect, les thermostats Wi-Fi Honeywell, les chauffe-eau Rheem EcoNet, et les hubs domotiques des gammes Caséta de Lutron et SmartThings de Samsung. Elle supporte également le service d’automatisation en ligne IFTTT. Vous pouvez également contrôler votre Harmony Companion par la voix en y reliant un Alexa d’Amazon ou un Google Assistant. Cependant, la Companion ne gère pas certains protocoles courants dans les maisons connectées comme Z-Wave et Zigbee, à moins d’ajouter le Harmony Hub Extender. En somme, la Harmony Companion fournit un moyen de réunir les contrôles de votre système audio/vidéo et d’une installation domotique basique d’une façon simple quoique limitée. Avec les avantages pratiques et le confort apportés par le contrôle de votre éclairage ou même de votre thermostat tout en regardant la télévision, la Companion va au-delà de la simple télécommande audio/vidéo. Des défauts non rédhibitoires Le principal défaut de conception de la Harmony Companion est que les boutons de la télécommande ne sont pas rétroéclairés. Il est vrai que les touches bien surélevées et leur disposition à l’organisation intuitive permettent facilement d’utiliser la télécommande au toucher, mais cela ne vaut que si vous savez ce que chaque bouton peut faire. Par exemple, si vous ne vous souvenez jamais de quelle touche lance l’enregistreur et de laquelle affiche le Guide, vous aurez du mal à utiliser la télécommande dans le noir. Il lui manque également un écran personnalisable. Puisque la télécommande en est dépourvue, les fonctions les moins utilisées, comme changer le mode surround ou le niveau du caisson de basses de votre amplificateur, ne sont pas accessibles. Ce modèle n’offre pas non plus la fonction d’aide, bien pratique, que propose la Harmony 665 (voir plus bas). Cependant, sur smartphone, l’application Harmony offre une fonction Corriger qui permet de modifier directement les réglages inappropriés (allumage et sélection d’entrée d’un appareil par exemple) ; elle est plus rapide, mais moins intuitive que la fonction d’assistance de la Harmony 665, faute de pouvoir fournir des marqueurs visuels. Alternative abordable : la Harmony 665 de Logitech SARAH KOBOS / WIRECUTTER Si vous recherchez une télécommande universelle pour contrôler un ensemble audio/vidéo traditionnel, la Logitech Harmony 665 (soit la nouvelle version de notre ancienne favorite, la Harmony 650) permet de commander jusqu’à 10 appareils avec la même simplicité d’installation que notre premier choix. Elle apporte également le rétroéclairage, un écran LCD personnalisable et une bien pratique fonction d’aide. Cependant, elle ne peut contrôler que les équipements infrarouges, faute de pouvoir communiquer en Wi-Fi ou Bluetooth, et elle doit rester en vue de votre matériel. En outre, elle n’est pas compatible avec certains équipements audio/vidéo, ne fonctionne pas avec les haut-parleurs connectés et n’offre pas le contrôle domotique que vous aurez avec la Harmony Companion. La procédure d’installation initiale de la Harmony 665 est moins souple que celle de la Companion : impossible de programmer la télécommande via une application smartphone. Vous êtes obligé d’utiliser le logiciel d’ordinateur MyHarmony pour ajouter les appareils, programmer les Activités, etc. La Harmony 665 étant un modèle monobloc (sans Hub), vous devrez la brancher directement sur votre ordinateur à l’aide du câble USB fourni à chaque fois que vous voudrez ajouter des équipements ou modifier le fonctionnement du système. La télécommande elle-même est très confortable en main, les touches les plus couramment utilisées (volume, chaîne, lecture, pause, et un pavé directionnel pour naviguer dans les menus et les canaux audio) étant toutes placées de manière à être facilement accessibles par le pouce. Tous les boutons en relief de la Harmony 665 ont des formes distinctes et ils sont suffisamment éloignés les uns des autres pour qu’on puisse naturellement utiliser la télécommande sans détourner le regard du téléviseur. Juste sous les boutons Activités, au sommet de la télécommande, vous trouverez un écran en couleurs avec deux touches de sélection de chaque côté. Celui-ci vous permet de choisir des Activités supplémentaires, au-delà des trois déjà assignées aux boutons Activités ; vous pouvez aussi utiliser l’écran pour accéder à des fonctions particulières sur des appareils qui n’ont pas de touches dédiées sur la Harmony 665, comme le « picture in picture » ou les modes de son surround. De loin la fonction la plus utile de la Harmony 665, celle qui vous évitera de vous arracher les cheveux si le fonctionnement de votre système vous pose un problème, c’est l’aide, à laquelle vous accédez par le bouton « Help » situé au-dessus de l’écran. Si, pour une raison quelconque, votre téléviseur ne s’allume pas, ou si l’amplificateur ne passe pas sur l’entrée correcte lorsque vous sélectionnez une Activité, cette fonction demande à la Harmony 665 d’envoyer une commande infrarouge qui, avec un peu de chance, corrigera la situation. Après ce premier essai, l’écran en couleurs vous demande : « Cela a-t-il résolu le problème ? » Si vous confirmez, l’écran d’assistance disparaît. Dans le cas contraire, la Harmony 665 pose des questions supplémentaires, telles que « L’amplificateur AV est-il éteint ? » Si vous répondez « oui », la télécommande renvoie un ordre afin de rallumer le périphérique et demande à nouveau : « Cela a-t-il résolu le problème ? ». « Oui » vous fait quitter l’aide, « Non » appelle une autre question, et ainsi de suite. Cette fonction d’assistance intégrée, associée à la programmation facile des Activités, rend la Harmony 665 suffisamment simple à utiliser pour la plupart des utilisateurs. La Harmony 665 est limitée aux appareils utilisant des télécommandes infrarouges (IR). Pour beaucoup d’utilisateurs, cela n’est pas un problème : la grande majorité des équipements audio/video passés, présents et (probablement) disposent d’un récepteur infrarouge. Toutefois, certains appareils populaires n’utilisent pas de télécommande IR comme les PlayStation 3 et 4 de Sony, les haut-parleurs sans fil de Sonos, l’éclairage Philips Hue et certains équipements Amazon Fire TV. Si vous possédez l’un de ceux-ci, la Harmony 665 ne vous permettra pas de les contrôler : vous devrez continuer à utiliser deux télécommandes, voire plus. Cela ne sera pas un problème si vous êtes satisfait de la manière dont vous pilotez vos autres appareils. En outre, les télécommandes IR doivent, par nature, rester en vue des appareils : si le signal infrarouge n’arrive pas à déclencher l’allumage d’un seul élément, parce qu’il est caché derrière un canapé par exemple, il sera désynchronisé des autres. Plus une Activité implique de périphériques, plus il y a de risques que cela se produise. En général, la fonction d’assistance devrait pouvoir corriger le problème, mais elle reste imparfaite. Il est également impossible d’utiliser la Harmony 665 si vous avez des appareils enfermés dans un placard, à moins d’utiliser des répéteurs IR ou même d’ajouter un émetteur radio numérique à la télécommande. Cette option vous imposera d’utiliser des piles spéciales AAA au lieu des habituelles AA dans la Harmony 665. Alternative haut de gamme : la Harmony Elite de Logitech MICHAEL HESSION / WIRECUTTER La Harmony Elite est le porte-étendard des télécommandes Logitech Harmony. Comme la Harmony Companion, il s’agit d’un système en deux éléments tournant autour du Hub : elle peut donc contrôler des équipements infrarouge, Wi-Fi et Bluetooth sans avoir besoin de rester dans leur champ de vision. Monter en gamme en choisissant l’Elite vous permet d’obtenir un écran tactile en couleurs entièrement personnalisable et un rétroéclairage complet, ainsi que la possibilité de contrôler plus de périphériques (jusqu’à 15) et d’intégrer encore plus d’éléments domotiques dans votre système. À l’instar de la Companion, elle fonctionne avec Alexa et Google Assistant. La caractéristique qui permet à l’Elite de se distinguer est qu’elle possède un écran tactile. Au lieu d’enfoncer des boutons physiques pour Film, TV ou Musique, par exemple, vous faites défiler la liste des Activités et appuyez sur celle de votre choix. L’écran bascule alors vers des pages personnalisées pour cette Activité, avec des options de contrôle à la richesse satisfaisante. Vous pouvez personnaliser tous les noms d’Activités ou en créer de nouvelles. C’est également le modèle indiqué si vous avez de nombreux équipements : elle peut contrôler jusqu’à 15 appareils (tandis que la Companion est limitée à huit), ce qui en théorie lui permet de remplacer jusqu’à 15 télécommandes. Comme la Harmony Companion, l’Elite vous permet de masquer votre équipement home cinéma dans un placard : elle est livrée avec deux émetteurs IR que vous pouvez placer à l’intérieur du placard. Comme la Companion, la Harmony Elite est basée sur le Harmony Hub. MICHAEL HESSION / WIRECUTTER Comme toutes les télécommandes fonctionnant avec le Harmony Hub, l’Elite vous permet d’utiliser l’application Harmony en plus de la télécommande elle-même. Enfin, l’Elite, comme la Companion et les autres Harmony utilisant le Hub, peut gérer une poignée d’équipements de maison connectée, dont les éclairages Philips Hue et LIFX, les thermostats Nest, les hubs SmartThings et Insteon, les haut-parleurs sans fil Sonos, et même l’application IFTTT. Le Hub se connecte à tous ces éléments par le réseau Wi-Fi. À l’aide d’un haut-parleur Amazon Echo et du canal Alexa pour IFTTT, vous pouvez créer des méthodes de contrôle vocal de n’importe quel système reposant sur le Harmony Hub. Ainsi, nous avons pu allumer et éteindre un home cinéma complexe d’une simple commande verbale. Si vous souhaitez ajouter encore plus d’éléments domotiques, Logitech propose un pont Z-Wave et Zigbee pour une centaine d’euros. L’Elite est un véritable plaisir à utiliser et elle offre la réactivité et la finition d’un système de contrôle installé par un professionnel, mais elle est également beaucoup plus chère que la Companion. Pourquoi ne pas utiliser une application ? Si vous ne voulez pas d’un appareil supplémentaire à tenir à la main, mais appréciez l’idée d’un contrôle à distance universel, une application peut faire l’affaire. Nous apprécions particulièrement l’application Logitech Harmony qui, comme nous l’avons dit, est fournie avec toutes les télécommandes utilisant le Hub. Vous pouvez également acheter le Harmony Hub séparément, sans télécommande, et n’utiliser que l’application. L’application Harmony fonctionne sur un appareil iOS ou Android. Bien qu’intuitive et facile à utiliser, nous ne recommandons vraiment pas de n’avoir qu’elle (ou toute autre application de contrôle à distance) comme centre de contrôle. En effet, un écran tactile vous impose de détourner le regard du téléviseur pour chercher sur votre appareil à quel endroit de l’écran appuyer, ce qui complique la navigation et le réglage du volume. En outre, devoir débloquer votre téléphone et attendre que l’application se reconnecte au système à chaque fois que vous voulez changer de chaîne ou monter le son est vite énervant. Évidemment, vous pouvez désactiver la mise en veille de votre téléphone, mais alors vous allez vider sa batterie tout au long du visionnage d’un film ou d’une émission. Le Pronto Peel est un autre contrôleur à distance basé sur une application, destiné à ceux qui n’ont pas un ensemble audiovisuel trop complexe. Il se compose de deux éléments : un module matériel qui se connecte à votre smartphone ou à votre tablette en Bluetooth et envoie les commandes infrarouges vers votre équipement home cinéma, et une application iOS ou Android que vous utiliserez pour le piloter. Un émetteur IR filaire est également fourni pour que les signaux de commandes puissent atteindre les périphériques difficiles d’accès. Comme le système Harmony, il peut contrôler des appareils dans un placard, pour peu que le module Pronto soit à portée du Bluetooth de votre appareil. Lors de nos tests, l’installation du système Pronto a commencé en douceur. L’application vous guide à travers une série d’étapes simples pour ajouter un téléviseur ou un projecteur, un amplificateur audio/vidéo, un lecteur DVD/Blu-Ray, un lecteur multimédia, un décodeur câble ou satellite, un ensemble home cinéma intégré ou une barre de son. Ensuite, elle vous aide à créer des activités basées sur vos différentes sources. Le processus s’est bien déroulé jusqu’au moment où on a créé une activité pour regarder de la vidéo en streaming : la liste de commandes IR que le Peel a trouvée pour notre amplificateur ne comportait pas toutes les entrées vidéo dont il disposait. Pour faire fonctionner notre lecteur Roku, nous avons donc dû déplacer des câbles HDMI jusqu’à trouver ceux qui correspondaient aux cinq entrées HDMI que le Peel trouvait pour notre ampli (qui en avait en fait dix). Une autre façon de faire aurait été d’enseigner le bon code IR au système Pronto Peel, mais l’étape de création d’activité ne comportait pas l’ajout d’un nouveau code de contrôle : cette solution est donc imparfaite. En outre, le type d’équipements que peut contrôler l’application Peel est aussi plus limité. Par exemple, elle ne peut commander aucune console de jeu. En comparaison, l’application Harmony permet de contrôler la plupart des consoles, ainsi que plusieurs appareils domestiques connectés. Bien que l’application Peel ne soit pas aussi intuitive que celle d’Harmony, nous avons pu lui faire faire tout ce que nous voulions avec un peu d’astuce. Si votre système audio/vidéo ne comporte que des composants ordinaires et que vous souhaitez masquer vos appareils et les contrôler sans vous ruiner, le système Pronto Peel vous conviendra. Cependant, à moins que vous soyez absolument décidé à n’utiliser qu’une application pour votre home cinéma, nous restons convaincus qu’une télécommande Harmony vous apportera plus de satisfaction. La concurrence La télécommande universelle Harmony Express de Logitech incorpore un contrôle vocal Alexa et offre une interface bien plus simple que les Harmony Companion et Elite : elle se contente de dix touches d’action et d’une roue de navigation. Vous pouvez commander verbalement votre système audio/vidéo en pressant le bouton Alexa et en donnant des ordres tels que « Allumer Fire TV », « Ouvrir l’application Netflix » ou « Regarder L’Équipe TV ». Logitech a lancé une nouvelle application d’installation dédiée à la Harmony Express, avec laquelle il est très facile de programmer la télécommande. Nous avons suivi le processus d’installation deux fois, sur deux systèmes différents, et le résultat a toujours été excellent. Vous pouvez relier le système Express à des haut-parleurs Alexa existants pour un contrôle vocal mains libres. L’Express a exécuté sans accroc les commandes de base nécessaires pour gérer l’ensemble d’un système home cinéma (amplificateur Onkyo, TV OLED LG, lecteur Blu-Ray 4K Sony et Apple TV) et une installation de salon plus simple (TV LCD Samsung, Apple TV, Xbox One X et barre de son Polk). Cependant, le choix de boutons limité a compliqué la réalisation de tâches plus avancées, comme changer le mode Surround ou utiliser l’amplificateur audio/Video comme source de streaming. L’absence de bouton microphone générique empêche de réaliser des recherches vocales automatiques sur d’autres plates-formes que le Fire TV (il faut ajouter des Skills Alexa, qui manquent parfois de fiabilité). De plus, ce modèle est entièrement verrouillé au sein de l’écosystème Alexa. Dans l’ensemble, nous pensons donc que la Companion et l’Elite sont de meilleurs choix pour le grand public, mais si vous appréciez l’idée de commander un ensemble audio/vidéo basique à la voix (et d’accéder aux fonctions Alexa d’une touche, plutôt que par les Amazon Echo et Dot qui vous écoutent en permanence), l’Express fonctionne bien et est assez simple pour que tout le monde puisse l’utiliser. L’une de nos anciennes favorites, la Harmony 650 (qui précédait la Harmony 665), est toujours disponible. La répartition de ses touches et son processus d’installation sont identiques à ceux de la Harmony 665, mais le nouveau modèle peut contrôler deux appareils de plus. Si vous avez moins de huit périphériques à piloter et que vous voulez économiser un peu d’argent, la Harmony 650 demeure un bon choix. La Wayne-Dalton Teleport (WDHC-20) dénote parmi les télécommandes universelles actuelles : elle combine télécommande universelle infrarouge et contrôleur Z-Wave. Par rapport à la Harmony Companion, plus polyvalente, la Teleport est limitée : elle ne peut diriger que quatre appareils par infrarouges, sa base de données de codes IR est bien plus réduite, elle n’offre ni Bluetooth, ni Wi-Fi, ni connexion USB, et elle ne contrôle que les appareils domotiques Z-Wave. À moins que vous n’ayez déjà un équipement compatible, ce modèle ne vous intéressera sans doute pas. Universal Remote Control propose une gamme de bonnes télécommandes, mais le seul modèle URC vendu prêt à l’emploi est la SR3, encombrante et difficile à programmer, qui ne contrôle que trois appareils. Il s’agit plus d’une télécommande de rechange que d’une télécommande universelle. RCA propose une télécommande de rechange « universelle » pour quatre appareils, ainsi que des versions pour deux, trois et six périphériques. Les modèles RCA les plus avancés permettent même de programmer des macros afin d’allumer plusieurs appareils d’une seule touche, mais ils restent incapables d’accomplir certaines commandes et connexions complexes que les Harmony maîtrisent. Comme RCA, One For All dispose d’une gamme de plusieurs télécommandes universelles, du moins aux États-Unis, dont la Simple 4. Elles souffrent d’une programmation limitée et ne supportent que trois ou quatre appareils. Le Caavo Control Center + Universal Remote n’est à l’heure ou nous écrivons ces lignes disponible qu’aux Etats-Unis. Il associe une télécommande à main et un boîtier de contrôle avec quatre entrées et une sortie HDMI. La télécommande elle-même offre une esthétique simple et épurée, avec des touches essentielles comme Home, Microphone, Volume, Retour, Menu, etc., mais sans rétroéclairage. Le boîtier transmet les signaux HDMI 4K/HDR10 et ajoute une interface sur l’écran de votre système pour vous permettre de passer facilement d’une source à l’autre, d’activer une recherche vocale de contenu sur plusieurs plates-formes, de réunir les applications de streaming de plusieurs terminaux et de régler des favoris. Cette interface vous guide efficacement tout au long des réglages initiaux ; nous avons installé le Caavo deux fois pour contrôler deux systèmes différents, et il les a tous deux maîtrisés avec fiabilité et sans gros problème. Il fonctionne également avec Alexa et Google Assistant pour le contrôle vocal mains libres, et Caavo a récemment ajouté de nouvelles fonctions comme le pilotage des Sonos, une application de commande à distance pour iOS, et une fonction de contrôle familial, vous permettant de surveiller ce que vos enfants regardent et d’envoyer des messages sur l’écran depuis votre application mobile. Cependant, le système Caavo est bien plus une plate-forme de contrôle qu’une télécommande universelle. Aussi, il ne conviendra pas à tous. Seules des sources HDMI peuvent être connectées au boîtier central, le choix de touches limité de la télécommande peut compliquer la réalisation de tâches plus complexes, et il faut s’abonner au service Caavo (4 $ par mois, 40 $ par an, ou un abonnement perpétuel à 130 $ à l’heure où nous écrivons). En outre, ajouter une interface à vos sources peut ralentir certaines actions, comme les recherches vocales. Mais si vous recherchez un moyen très abordable d’ajouter des sources HDMI compatibles 4K/HDR à votre système, et appréciez de pouvoir contrôler votre équipement via une interface à l’écran plutôt que les seules touches « Activités » d’une télécommande, le système Caavo est simple, fiable et efficace. Neeo a été acheté par le fabricant de domotique sur mesures Control4 en février. Ses télécommandes universelles ne sont donc plus vendues directement aux particuliers. Sources Récapitulatif • Notre premier choix : la télécommande Harmony Companion de Logitech • Alternative abordable : la Harmony 665 de Logitech • Alternative haut de gamme : la Harmony Elite de Logitech • Quelques concurrentes
Comparatif « Wirecutter ». Une télécommande pour les remplacer toutes ? C’est la promesse de ces modèles capables de piloter la TV, le lecteur Blu-Ray, l’amplificateur, la barre de son, la « box », la console de jeu, voire les éclairages connectés. Les fabricants de télécommandes universelles sont peu nombreux et, d’après nos tests, Logitech domine avec sa gamme Harmony. Reste à trouver le meilleur modèle.
https://www.lemonde.fr/guides-d-achat/article/2019/07/27/les-meilleures-telecommandes-universelles_5494089_5306571.html
mlsum-fr-917
Un Rafale en pleine démonstration, le 21 juin, au 53e Salon international de l’aéronautique, au Bourget (Seine-Saint Denis). ERIC PIERMONT / AFP Des pays toujours plus soucieux de leur puissance et de leur sécurité. Des marchands d’armes toujours plus gros. Et des dépenses militaires de nouveau orientées à la hausse. Ainsi se présente le paysage des industries de l’armement terrestre, naval et aérien au moment où le 53e Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget (Seine-Saint-Denis) vient de fermer ses portes. C’est cette vitrine unique au monde que la France et l’Allemagne, rejointes par l’Espagne, ont choisie pour dévoiler la maquette à taille réelle du successeur du Rafale et de l’Eurofighter, pièce maîtresse du Système de combat aérien du futur (SCAF). S’il arrive à son terme en 2040, ce programme à plusieurs dizaines de milliards d’euros signera le plus beau succès de l’industrie européenne de défense, et une étape majeure sur la voie de l’autonomie stratégique du Vieux Continent. Lire aussi Le premier avion de chasse franco-allemand en vedette au Salon du Bourget C’est un fait, les dépenses militaires augmentent dans le monde. En 2018, elles ont progressé de 2,6 % pour atteindre 1 822 milliards de dollars (1 634 milliards d’euros), après + 1,1 % en 2017, vient d’indiquer le Stockholm International Peace Research Institute. Les Etats-Unis, qui dépensent presque autant que les huit suivants (649 milliards de dollars), ne sont pas encore talonnés par la Chine (250 milliards). Mais leur rang de numéro un et deux reflète la volonté des Américains, réaffirmée par Donald Trump, de maintenir leur domination, et l’ambition affichée par Xi Jinping de les rattraper dans trente ans. La R&D, le nerf de la guerre Les champions de la course à la taille restent les Etats-Unis, où deux des principaux fournisseurs du Pentagone ont annoncé leur fusion mi-juin. United Technologies et Raytheon formeront le numéro trois mondial, derrière Boeing et Airbus, en mariant les missiles Patriot et Tomahawk, les réacteurs Pratt & Whitney, les instruments de cockpit et les équipements de contrôle aérien dans un groupe capable d’investir 8 milliards de dollars par an en recherche et développement (R&D) – le nerf de la guerre dans les industries de défense. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Paris et Berlin lancent l’avion de combat du futur La Chine, qui dépense dix fois plus qu’en 1994, est sur le pied de guerre pour réaliser l’objectif de son président : faire de l’Armée populaire de libération, qui accuse d’importants retards technologiques et opérationnels (sous-marins, avions furtifs, moteurs des chasseurs…), une armée « de classe mondiale » en 2050. Avec 10 milliards d’euros de R&D estimés par an, le pays se rapproche à grands pas de l’autonomie exigée par Xi. Et il produit désormais en série des croiseurs, des destroyers, des frégates et des sous-marins qui permettent à sa marine de sortir du périmètre asiatique pour croiser sur tous les océans du globe.
Face aux Etats-Unis et à la Chine, qui dépensent toujours plus pour leur arsenal militaire, l’UE doit viser l’autonomie technologique et industrielle, plaide Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde », dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/24/une-self-defense-europeenne-n-a-jamais-ete-aussi-urgente_5480489_3232.html
mlsum-fr-918
« En choisissant une politique fondée sur un prix universel du carbone, sans aucune exemption, on réalignerait les millions d’intérêts privés sur l’intérêt général, et on redonnerait du sens et de la rationalité à notre ambition collective. » ALEX WILLIAMSON / Ikon Images / Photononstop Tribune. La tension climatique est montée de plusieurs crans ces derniers jours, mais la cause n’a guère progressé. Au contraire, partout dans le monde, les insultes fusent, les actions violentes prennent de l’ampleur, la jeunesse se révolte, et les politiques se perdent dans des tentatives désespérées de démontrer leurs bonnes intentions, pourtant parfois bien réelles. C’est dans le creuset de ces frustrations collectives que les mutations sociétales les plus fulgurantes se produisent parfois. Pour le meilleur et pour le pire. Greta Thunberg a parfaitement raison de mettre en cause notre responsabilité envers les générations futures. La plupart d’entre nous sommes conscients que quelque chose doit être fait. Mais nous n’avons aucune idée de comment il faudrait s’y prendre, tant au niveau individuel qu’au niveau collectif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La politique fiscale sur l’énergie ne joue en rien le rôle d’incitation à la transition qu’elle pourrait avoir » Certains voudraient interdire les vols intérieurs en France, tandis que d’autres en appellent aux banques centrales pour imprimer la monnaie nécessaire au financement de la transition écologique. Certains rêvent du Grand Soir imposant une décroissance généralisée de la consommation par la force, en s’attaquant bien sûr d’abord aux plus riches. D’autres rêvent d’une révolution de velours, où le monde de la finance et les grandes entreprises décideraient unilatéralement de faire passer le bien de l’humanité avant leur intérêt privé. Croyance en cette une utopie verte Mêmes ceux-là ne savent pas trop comment modifier les stratégies entrepreneuriales et les allocations de portefeuille pour faire le bien, laissant le concept de « finance verte » dans une nébuleuse pleine d’ambiguïtés. Enfin, les tenants d’un repli nationaliste et protectionniste agitent l’idée de guerres commerciales dures contre les pays qui se moquent de l’avenir de la planète. Tous en appellent aux gouvernements pour faire quelque chose. Mais quoi ? Dans un monde où les électeurs pensent très majoritairement qu’une transition heureuse est possible, sans réduction du pouvoir d’achat et avec création d’une myriade d’emplois bien rémunérés, comment le politique peut-il construire un consensus démocratique autour d’un projet de remplacement d’une énergie (fossile) qui a fait notre prospérité depuis deux siècles par une énergie (renouvelable) plus coûteuse et bien plus compliquée à utiliser ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Il faut intégrer le coût environnemental au commerce des marchandises » Car le refus de la taxe carbone par plus des deux tiers de la population française cache mal la croyance en cette utopie verte – à moins que ce ne soit plus vulgairement l’expression d’un sentiment d’irresponsabilité individuelle. Or, nous sommes chacun responsable de nos émissions et de celles qui ont été nécessaires pour produire les biens que nous décidons de consommer. Au niveau des négociations internationales, chacun se renvoie la balle, le président américain, Donald Trump, refusant de bouger tant que les Chinois ne seront pas plus ambitieux, et les pays en développement attendant un soutien financier qui a peu de chance de se matérialiser au niveau souhaité.
Face au réchauffement, politiques et citoyens ne semblent plus savoir quoi faire. Pour remplacer l’énergie fossile par une énergie renouvelable plus coûteuse, le prix du carbone doit devenir la base de la redistribution fiscale et des taxes aux frontières, suggère dans une tribune au « Monde » l’économiste Christian Gollier
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/27/une-politique-climatique-fondee-sur-un-prix-universel-du-carbone_6013229_3232.html
mlsum-fr-919
Après 19 h 16 min de trajet depuis New York, le vol expérimental QF7879 de la compagnie Qantas a atterri à Sydney, en Australie, le 20 octobre. DAVID GRAY / AFP C’est un vol expérimental qui ouvre probablement la voie à une réussite commerciale : le plus long – en distance – vol sans escale de l’histoire a atterri dimanche 20 octobre au matin à Sydney en Australie, après plus de dix-neuf heures dans les airs depuis son départ de la côte est des Etats-Unis, à New York. La prouesse est signée de la compagnie Qantas. Le vol expérimental QF7879 a voyagé pendant exactement 19 h 16 min, premier de trois vols au très long cours prévus par la compagnie australienne cette année. Celle-ci, qui va également tester un direct entre Londres et Sydney, envisage de créer des lignes commerciales régulières sur ces longs trajets. A l’arrivée, le PDG de Qantas, Alan Joyce, s’est réjoui d’un « moment vraiment historique », à la fois pour sa compagnie et pour le monde l’aviation dans son ensemble. « C’est le premier des trois vols d’essai après lesquels nous pourrons voir quelles recommandations nous pouvons faire par rapport à la manière pour les pilotes de gérer leur fatigue, et pour les passagers de gérer le décalage horaire, a déclaré M. Joyce après l’atterrissage à Sydney. Après dix-neuf heures dans cet avion je pense qu’on a bien réussi. J’ai l’impression d’avoir effectué un vol beaucoup plus court que ça. » Quatre pilotes, 16 000 km Le Boeing 787-9, parti vendredi soir de l’aéroport John Fitzgerald Kennedy de New York, transportait seulement 49 personnes, essentiellement des employés de Qantas. Le poids en cabine était ainsi réduit, ce qui a permis d’embarquer une quantité suffisante de carburant pour les 16 000 km du trajet. Selon le site spécialisé Flightradar24, l’appareil pesait ainsi 233 t au décollage, dont 101 t de kérosène. Quatre pilotes se sont relayés aux commandes durant le vol. Des chercheurs de deux universités australiennes étaient à bord pour observer la façon dont les passagers ont dormi et se sont alimentés, et surveiller leur niveau de mélatonine, « l’hormone du sommeil ». Le plus long trajet aérien commercial au monde est actuellement une liaison entre New York et Singapour, lancée en 2018 par Singapour Airlines, qui dure 18 h 30 min selon le site de la compagnie.
La compagnie australienne Qantas va aussi tester un direct Londres-Sydney, avec l’objectif de créer des lignes commerciales régulières.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/20/plus-de-dix-neuf-heures-sans-escale-le-plus-long-vol-direct-de-l-histoire-parti-de-new-york-a-atterri-a-sydney_6016206_3234.html
mlsum-fr-920
Tribune. La contribution d’Eric Zemmour à la « convention de la droite », organisée samedi 28 septembre par les proches de Marion Maréchal, constitue un tournant. Il ne s’agit plus des propos d’un polémiste frayant avec l’extrême droite, mais d’un discours s’inscrivant ouvertement dans la veine fasciste, assumé et revendiqué comme tel. On ne s’étonnera pas d’entendre celui qui tente de réhabiliter Pétain, tout en réécrivant une histoire qui s’arrange des faits, citer comme références aussi bien le contre-révolutionnaire Joseph de Maistre (1753-1821) que l’écrivain fasciste Pierre Drieu la Rochelle (1893-1945). Mais la teneur du propos déroulé samedi va au-delà. Il constitue rien moins qu’une vision eschatologique et un appel au combat « contre la colonisation du pays et pour sa libération », ceci dans une France qui serait aujourd’hui une dictature et où la République serait morte. Eric Zemmour qui, depuis plus de quinze ans, a table ouverte dans les médias, qui va sans doute occuper à nouveau un créneau télévisé sur CNews et dont le discours est retransmis en direct sur LCI, ne manque pas de dénoncer le bâillonnement dont lui et les tenants de sa ligne sont les victimes de la part d’un régime « liberticide ». Il n’est certes pas à une contradiction près. Chantre de Maurras (1868-1952), il pleure la mort de la République. Contre-révolutionnaire, il revendique le droit au blasphème accordé par la Révolution. Laquelle se trouve rangée, avec les Lumières et la IIIe République, aux côtés de la révolution de 1917. Ennemi principal de Zemmour : l’islam Zemmour se veut la voix des persécutés, mais des persécutés d’une catégorie bien particulière : la majorité, blanche et catholique, attaquée par les minorités et en butte à l’Etat qui gouverne contre le peuple. Son ennemi principal, la menace absolue, c’est l’islam – pas l’islamisme. L’islam qui mènerait une attaque contre la France et l’aurait submergée, menaçant d’extermination la population française autochtone, et marchant de conserve avec le « libéralisme droit-de-l’hommiste » qui n’y voit que des avantages. « La dénonciation d’ “un corps étranger inassimilable” », en l’occurrence les musulmans, ne fait que reprendre les écrits antisémites de la fin du XIXe siècle, qui ont largement prospéré dans les décennies suivantes » Rangeant sous la même bannière jacobinisme, droits de l’homme, néolibéralisme, communisme, fascisme et nazisme, qu’il semble considérer comme équivalents, il n’en partage pourtant pas moins des points communs avec les trois derniers, à commencer par une posture paranoïaque : l’agresseur est l’agressé, il ne fait que se défendre face à une menace d’extermination que fait peser sur lui « l’autre ».
Le discours du polémiste lors de la « convention de la droite », samedi, s’inscrit dans une ligne fasciste, « assumée et revendiquée », analyse, dans une tribune au « Monde » l’historien, spécialiste de l’antisémitisme.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/02/tal-bruttmann-chez-zemmour-la-lutte-des-races-tient-lieu-de-programme-politique_6013838_3232.html
mlsum-fr-921
Entretien. David Paternotte, professeur en sociologie à l’université libre de Bruxelles, a codirigé l’ouvrage Campagnes antigenre en Europe. Des mobilisations contre l’égalité (Presses universitaires de Lyon, 2018). La « fluidité » du genre et l’« idéologie » – ou la « théorie » – du genre, ce n’est pas du tout la même chose… Que désigne ce dernier terme ? Le terme d’« idéologie » du genre a été inventé par le Vatican dans les années 1990, pour contrer les droits sexuels et reproductifs acquis lors de deux conférences de l’ONU : l’une sur la population et le développement (Le Caire, 1994), l’autre sur les droits des femmes (Pékin, 1995). Pour le Saint-Siège, ces droits déstabilisent un certain ordre sexuel fondé sur la séparation entre hommes et femmes. C’est à ce moment-là qu’apparaît le terme d’« idéologie du genre » ou de « théorie du genre ». Il ne désigne pas seulement les études de genre : il laisse entendre qu’il existerait un plan sous-jacent de prise de pouvoir, de transformation de la société. Deux images illustrent cette dimension de conspiration : celle du sous-marin (qui avance caché) et celle du cheval de Troie (qui paraît inoffensif mais recèle des dangers). Le terme d’« idéologie du genre » permet d’évacuer toutes les subtilités qui existent au sein des études de genre. L’idée générale est qu’il s’agit d’un grand complot dans lequel se retrouvent les féministes, les universitaires, les militant(e)s LGBT et les responsables des politiques de genre des institutions internationales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le genre gagne en fluidité L’ouvrage que vous avez codirigé avec Roman Kuhar, « Campagnes antigenre en Europe », montre que la Manif pour tous, qui a occupé l’espace public en France en 2012-2013, a essaimé dans la plupart des pays européens. Quelles similitudes ou disparités observe-t-on dans ces mouvements ? Les grands éléments fondateurs du discours sont les mêmes partout : déstabilisation de l’ordre sexuel et conspiration. Parmi les autres ressemblances figurent les types d’acteurs (anciennes associations anti-avortement, communautés religieuses, partis ou mouvements populistes), et les formes de mobilisation : les codes couleurs des ballons roses et bleus ainsi que le logo représentant un père, une mère et deux enfants. A quoi s’ajoute une très forte présence sur les réseaux sociaux et sur Internet. Article réservé à nos abonnés Lire aussi David Paternotte : « Les opposants à la “théorie du genre” disposent de relais politiques puissants » Au-delà de ces similitudes, la force des campagnes antigenre est de s’appuyer sur un discours extrêmement plastique. L’« idéologie du genre » sera présentée en Allemagne et en Autriche comme une idéologie totalitaire et une pratique non démocratique, alors qu’en Europe de l’Est, on insistera sur le fait qu’elle constitue une forme d’ingénierie sociale, un avatar du marxisme. Le ministre italien de l’intérieur Matteo Salvini, quant à lui, utilise ce concept pour insister sur les racines chrétiennes de l’Italie – ce qui lui permet d’attaquer les musulmans et les réfugiés.
Le sociologue revient sur la naissance d’une prétendue « idéologie du genre », concept inventé par les opposants à la liberté de disposer de son corps.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/19/david-paternotte-la-destabilisation-de-l-ordre-sexuel-est-un-element-fondateur-du-discours-antigenre_5491023_3232.html
mlsum-fr-922
Logo de la Coupe du monde de rugby au Japon. Le 19 septembre à Tokyo. FRANCK FIFE / AFP Le calendrier japonais fait du lundi 23 septembre un jour férié, pour cause d’équinoxe d’automne. Chaque saison en son temps. Un peu comme pour les Coupes du monde de rugby. D’abord celle en cours au Japon, où le XV de France ne compte pas parmi les favoris, tant s’en faut. Ensuite celle de 2023, qu’il disputera à domicile et sur laquelle il fonde déjà de grands espoirs. Parfois, présent et avenir s’entremêlent tout de même. Le groupe actuel des trente et un Bleus compte ainsi trois champions du monde des moins de 20 ans, tous titrés avec les Bleuets en juin 2018 : Romain Ntamack, Demba Bamba et Pierre-Louis Barassi. Trois jeunes gens auxquels s’ajoutent d’autres à peine moins inexpérimentés. Titulaires et remplaçants compris, seize des vingt-trois Français sur la feuille de match découvraient tout juste la Coupe du monde avant leur victoire inaugurale (23-21) sur l’Argentine, samedi 21 septembre, à Tokyo. Cette édition 2019 au Japon ? « Je pense que ce sera un peu tôt pour nous », répliquait pourtant Romain Ntamack avec prudence, un matin de novembre 2018. Le Toulousain intégrait les Barbarians, alors l’équipe réserve du XV de France. Ambiance détendue lorsque nous l’avions rencontré, sur les installations du Rugby club bassin d’Arcachon. L’esprit « Baa-Baas », semble-t-il. Celui-là même qui fait arriver tout un groupe à l’entraînement avec quarante minutes de retard sur l’horaire prévu. A Tokyo, les Bleus ont bien été exacts au rendez-vous. Et Romain Ntamack, déjà en réussite, à 20 ans et 143 jours, record de précocité pour un Français en Coupe du monde. Chahuté au début contre l’Argentine, l’ouvreur a vite repris pied. Le droit. Deux transformations réussies, quoique excentrées. Et deux pénalités inscrites, sur trois possibles. « Il a montré dans les matchs de préparation que ce rôle de buteur ne lui faisait pas peur, on lui fait confiance », tranchait déjà le sélectionneur, Jacques Brunel, en amont de la rencontre. S’il a un coup de pied efficace, le néo-vingtenaire aime aussi le jeu de mains. Ce jeu dont le Stade toulousain, champion de France en titre, s’est fait une fierté. Presque une éthique. « Faire vivre le ballon un maximum, c’est un peu notre marque de fabrique. On apprend depuis tout petit à faire des passes pour le déplacer, expliquait-il en janvier avant sa première sélection. C’est le rugby que tout le monde aime, un rugby de mouvements et d’initiatives. » Tantôt ouvreur, tantôt centre, le joueur est un enfant de la balle ovale. Fils d’Emile Ntamack, qui a aussi brillé à Toulouse et en équipe de France. « Il me dit de me lâcher sur le terrain, c’est ce que je fais depuis tout petit, pas de raison que ça change. » Encore moins avec, pour demi de mêlée, Antoine Dupont, 22 ans, en club comme en sélection. Parcours différent pour Demba Bamba, d’abord passé par le handball et le judo. Le pilier droit a connu ses débuts avec les Bleus dès novembre 2018, alors qu’il jouait seulement en deuxième division nationale, avec Brive. « Maintenant, quand j’entre sur le terrain, les adversaires cherchent toujours à me déstabiliser, racontait-il trois mois plus tard. Des petites piques par-ci, par-là, des “tu vas pas finir le match”. Ce n’est pas méchant, à la fin on se serre la main. » Le futur Lyonnais a aussi pris part au succès de samedi. D’abord remplaçant, il a apporté au pack la solidité de ses 122 kilos en seconde période. Depuis quelques jours, les Bleus comptent un troisième médaillé d’or avec Pierre-Louis Barassi, autre Lyonnais, jamais appelé jusque-là. La Fédération française en a fait l’annonce le jour de la victoire sur l’Argentine : elle l’a convoqué pour pallier le forfait du centre Wesley Fofana, 31 ans, toujours blessé à une cuisse. Va-et-vient générationnel. Fofana avait déjà annoncé, en janvier, qu’il prendrait sa retraite internationale à l’issue de ce Mondial ; édition dont il n’aura donc disputé aucune minute. Voilà pour les Bleuets de 2018. Car d’autres leur ont déjà succédé en 2019 dans la catégorie des moins de 20 ans, remportant, en juin, un deuxième titre mondial d’affilée. Leur entraîneur, Sébastien Piqueronies, voit une explication : « La cohérence de notre travail en amont, de notre fonctionnement pendant quatre ou cinq ans déjà. » Autre chose : « La confiance entre membres du staff, mais aussi entre staff et joueurs. Lorsque ça grésille un peu, cette confiance permet de transformer les matchs non aboutis en prestations de qualité par la suite, et pas en crise existentielle où tout s’effondre. » Un stoïcisme que les grands de l’équipe de France auront le temps de méditer – parmi lesquels le capitaine Guilhem Guirado et Maxime Médard, champions du monde des moins de 21 ans… en 2006. Encore plusieurs jours d’attente avant les prochains rendez-vous du premier tour : contre les Etats-Unis, le 2 octobre à Fukuoka, puis les Tonga et, surtout, l’Angleterre.
L’équipe de France a intégré dans ses rangs, plus vite que prévu, quelques joueurs vainqueurs du Mondial des moins de 20 ans en 2018.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/23/coupe-du-monde-de-rugby-2019-champions-avec-les-bleuets-les-voila-deja-bleus_6012666_3242.html
mlsum-fr-923
Le peintre Sam Szafran à la Fondation J. Llorens-Artigas à Gallifa (Catalogne, Espagne), en juin 2005. MARTINE FRANCK/MAGNUM PHOTOS Le peintre français Sam Szafran est mort à Malakoff, où il habitait, samedi 14 septembre, à 84 ans. Il était né à Paris le 19 novembre 1934 sous le nom de Samuel Berger, fils aîné de parents émigrés juifs polonais. La quasi totalité de sa famille est exterminée dans les camps nazis, mais lui-même échappe à la rafle du Vél’ d’Hiv et est caché successivement chez un oncle qui le brutalise, chez des agriculteurs du Loiret puis à Espalion (Aveyron) dans une famille de républicains espagnols en exil. A la Libération, la Croix-Rouge le place dans une famille près de Winterthour (Suisse). En 1947, il rejoint sa mère et sa sœur, qui ont comme lui survécu à la Shoah, et émigre avec elles en Australie, à Melbourne, où vit un autre de ses oncles. Il supporte mal cet exil et revient en France en 1951. Il s’inscrit aux cours du soir de dessin de la Ville de Paris tout en s’efforçant de survivre à la misère. Des décennies plus tard, il racontait volontiers sa jeunesse picaresque. Avant son départ australien, nous disait-il en 2013, un cousin de son grand-père, fourreur rue Dauphine, lié d’amitié avec des artistes de Saint-Germain-des-Prés, le conduit, en janvier 1947, au Théâtre du Vieux-Colombier, entendre Antonin Artaud. « J’étais totalement effaré, j’avais 12 ans… C’était cauchemardesque. Plus tard, j’ai beaucoup aimé et admiré Artaud. En ce temps-là, Saint-Germain était comme un village. Les artisans y étaient très nombreux, eux et les artistes se côtoyaient chaque jour. Les frontières sont venues par la suite. C’est ainsi que j’ai fait mon éducation, dans les bistrots. » Lire le portrait (dans « M ») : Sam Szafran, à l'ombre des géants Et dans les ateliers : « J’avais 19 ans et je fonctionnais à l’héroïne. J’étais allé voir le peintre Henri Goetz au Cannet pour le taper pour me payer ma dope. Il m’a proposé de l’accompagner chez Picasso. J’y suis arrivé dans un mauvais moment, en manque. C’était la cour du roi d’Espagne. Il y avait Cocteau, Marais, leur coterie de courtisans. Ce n’était pas mon monde. J’avise des cartons à dessin, je commence à regarder. Picasso vient vers moi : “Vous, au moins, vous essayez de voir les choses”, me dit-il. Et moi, comme un idiot, je ne trouve rien de mieux à lui répondre que : “Un jour, je prendrai votre place.” Il m’a tourné le dos sans un mot. » Précision complémentaire : Sam Szafran a été initié aux stupéfiants par les jazzmen – Chet Baker pour la cocaïne – et les poètes – Michaux pour la mescaline.
Après des débuts dans l’abstrait, l’artiste s’engage dans la figuration, d’une violence sourde, d’objets (séries sur les « Choux », les « Ateliers », les « Escaliers »), souvent traités à l’aquarelle ou au pastel. Il est mort le 14 septembre à l’âge de 84 ans.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/17/le-peintre-sam-szafran-est-mort_5511563_3246.html
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« Depuis peu émergent des acteurs qui tentent de lutter contre cette forme d’évasion sociale, ou de désertion du champ des relations collectives. Parmi ces acteurs, les premiers sont les travailleurs eux-mêmes. » Ingram / Photononstop Tribune. C’est une forme d’aveu qu’a fait Uber dans son prospectus d’entrée en Bourse. Dans un avertissement aux futurs investisseurs, la société prévient que son « modèle d’affaire » est construit sur l’interprétation juridique selon laquelle ses chauffeurs ne sont pas ses employés. Si, écrit Uber, des décisions de justice devaient réfuter cette interprétation, et si donc l’entreprise devait respecter les lois sur les salaires, les horaires de travail, les cotisations de Sécurité sociale et les congés, elle devrait « modifier fondamentalement [son] business model », ce qui aurait un impact négatif sur ses résultats. Le respect du droit social est-il donc un « facteur de risque » pour l’entreprise et ses investisseurs ? Une approche juridique comparative de l’économie de plate-forme dans neuf pays d’Europe et aux Etats-Unis réalisée par le Centre de droit comparé du travail et de la Sécurité sociale (Comptrasec, université de Bordeaux) montre comment les stratégies déployées par certaines plates-formes visent à trouver dans les interstices du droit national le moyen d’échapper à ce « facteur de risque ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi D’ex-livreurs de la plate-forme Take Eat Easy obtiennent des indemnités aux prud’hommes L’argument avancé est connu : les plates-formes ne seraient pas des entreprises comme les autres, mais des services des technologies de l’information, ou des « places de marché ». Elles n’auraient à ce titre aucune responsabilité vis-à-vis de leurs collaborateurs, travailleurs libres et indépendants. Un brouillard juridique A ce jour, aucun des pays examinés dans l’étude citée n’a apporté de réponse claire à cette question. Dans certains pays, le statut des travailleurs de plates-formes fait l’objet d’un début de jurisprudence, mais bien souvent contradictoire. En Espagne, en Italie, aux Etats-Unis, des décisions de justice sont prises allant dans des directions parfois diamétralement opposées pour des cas semblables. Dans d’autres pays, c’est l’argument politique de ne pas entraver ce nouveau moteur de croissance qui l’emporte, favorisant l’adoption de lois pour le moins contestables d’un point de vue juridique. En Belgique, le travail sur plates-formes est dispensé de toute obligation sociale ou fiscale jusqu’à un seuil de 6 000 euros par an : une légalisation du travail au noir ? Au bout du compte, le résultat de ce brouillard juridique se reflète dans les conditions de travail des travailleurs de plates-formes : rémunérations souvent inférieures au salaire minimal, insécurité juridique, irresponsabilité organisée de l’employeur, accès verrouillé aux droits sociaux et à la négociation collective.
Une enquête comparative internationale montre que ce n’est pas le modèle économique des plates-formes qui limite les droits des travailleurs, mais les choix managériaux de certaines d’entre elles, note dans une tribune au « Monde » le chercheur Christophe Degryse.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/02/partout-dans-le-monde-des-acteurs-s-organisent-pour-conformer-l-economie-de-plate-forme-au-droit-social_5484431_3232.html
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Le 20 mars, Jerome Powell, président de la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed), manifestait son inquiétude face à la rechute de l’inflation observée depuis le début de l’année aux Etats-Unis (Photo : Jerome Powell le 1er mai à Washington). Patrick Semansky / AP Tribune. « C’est un défi majeur. C’est un des défis majeurs de notre temps ». Le 20 mars, Jerome Powell, président de la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed), manifestait en ces termes son inquiétude face à la rechute de l’inflation observée depuis le début de l’année aux Etats-Unis. Une anomalie théorique dans un contexte d’affolement des compteurs des chiffres de la croissance et d’un taux de chômage au plus bas depuis 1969. C’est dans ce contexte « mystérieux », pour reprendre les mots de Janet Yellen, prédécesseure de M. Powell, que la Fed a choisi d’organiser à Chicago, les 4 et 5 juin, une conférence consacrée à la revue de sa stratégie de politique monétaire, ouvrant ainsi un débat qui agite les économistes depuis plusieurs années. Revenons en effet en arrière, en décembre 2015. Le soutien apporté depuis 2008 à l’économie américaine, à travers une politique monétaire dite « non conventionnelle », permet au taux de chômage américain de redescendre au seuil fatidique de 5 %, alors considéré par la Fed comme le point d’inflexion du chômage structurel : théoriquement, une fois ce point atteint, une accélération de l’inflation pourrait voir le jour, bien que celle-ci soit alors bien éloignée de sa cible de 2 %. Il n’en fallut pas plus pour que la Fed, dirigée à l’époque par Janet Yellen, débute un cycle de hausse de ses taux directeurs visant à freiner l’activité économique et empêcher ainsi l’accélération prévue de la pression inflationniste. Cette prise de décision témoigne donc du fait que la Fed ne lutte pas directement contre l’inflation, mais contre la possibilité théorique de son arrivée prochaine, en se basant notamment sur une modélisation du niveau de chômage structurel américain. La peur de l’inflation Or, depuis décembre 2015 et après neuf hausses consécutives des taux directeurs, la baisse du taux de chômage américain s’est poursuivie, atteignant son niveau le plus bas depuis cinquante ans à 3,6 %, et ce sans qu’aucune pression inflationniste se manifeste ! Depuis le début de l’année 2019, l’inflation est même repartie à la baisse pour atteindre 1,6 % fin mai. Une hypothèse serait que le niveau de chômage structurel n’aurait en réalité toujours pas été atteint. Mais ce peut être aussi le signe que la Fed est allée trop loin dans son étreinte : c’est d’ailleurs ce que suggèrent les derniers indicateurs, dont l’enquête auprès des directeurs d’achats américains publiée le 23 mai, marquant un plus bas depuis trois ans.
Les 4 et 5 juin à Chicago, la Réserve fédérale américaine organise une conférence ouverte aux économistes critiques de la priorité donnée depuis des décennies à la lutte contre l’inflation, observe dans une tribune au « Monde » l’expert financier Nicolas Goetzmann.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/02/la-fed-ouvre-enfin-un-debat-de-fond-sur-sa-strategie-de-politique-monetaire_5470517_3232.html
mlsum-fr-926
Nouveau rebondissement dans l’affaire Rugy. Après avoir révélé l’organisation de luxueux dîners aux frais de l’Assemblée nationale par son ancien président sans « lien évident avec les fonctions d’alors » et l’occupation par sa directrice de cabinet d’un logement social pendant douze ans alors qu’elle travaillait hors de la capitale, Mediapart a publié jeudi 11 juillet une enquête faisant état de la coûteuse rénovation du logement de fonction du ministre de l’écologie. Selon le site d’information, entre fin 2018 et début 2019, le ministre a fait réaliser plus de 63 000 euros de travaux, payés par le contribuable – parmi lesquels l’installation d’un dressing pour 16 996 euros. « Caractère particulier des lieux » Sur Facebook, le ministre s’est défendu en déclarant que « les services en charge de la gestion des bâtiments du ministère ont fait le constat partagé de la nécessité d’effectuer des travaux de rénovation dans l’appartement de fonction du ministère, qualifié, je cite, de “vétuste” ». Le montant des travaux serait lié « au caractère très particulier des lieux », puisque « l’hôtel de Roquelaure, comme d’autres ministères, est un élément du patrimoine français, construit au début du XVIIIe siècle ». Dans l’entourage de Nicolas Hulot, précédent ministre de l’écologie, on a indiqué à Mediapart que « l’appartement était nickel et surdimensionné, mais triste ». Même son de cloche du côté de l’une des sociétés recalées pour effectuer les travaux : « Ce n’est pas comme si les murs étaient lépreux et qu’il y avait des fissures partout, on aurait pu y habiter encore, avec confort. Les peintures n’étaient pas neuves, mais ce n’était pas à rougir. » Retrouvez notre récit : Le gouvernement embarrassé par les dîners fastueux de François de Rugy à l’Assemblée nationale
Selon « Mediapart », il a effectué, aux frais du contribuable, des « travaux de confort ». Lui se défend en disant que le logement de fonction était « vétuste ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/11/63-000-euros-de-travaux-dont-17-000-pour-un-dressing-la-couteuse-renovation-des-appartements-de-rugy_5488030_823448.html
mlsum-fr-927
« Le débat démocratique autour d’ADP est sain et doit avoir lieu. Mais, à la lumière de nos acquis intellectuels et industriels sur la gestion régulée des services publics, qu’il porte sur les vrais enjeux ! » Martin/JTP / Photononstop Tribune. Vous voulez des champions industriels français ? Nous en avons : ils sont les leaders mondiaux dans la fourniture d’eau ou de services d’assainissement, la gestion des déchets, des infrastructures et des réseaux de transports. Pourquoi ? Parce qu’ils ont su développer des savoirs technologiques en s’appuyant sur des ingénieurs et des ouviers bien formés dans les meilleures écoles et universités françaises. Mais aussi et surtout parce qu’ils maîtrisent depuis longtemps la culture économique des contrats entre une autorité organisatrice, politique et administrative, et un opérateur chargé de fournir des services ou de construire des infrastructures au bénéfice des usagers. Il faut parfois rappeler des évidences, quand elles sont trop oubliées : la délégation de service fait partie du patrimoine de la France, depuis Louis XIV au moins ! Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La privatisation d’ADP n’est ni une philosophie ni une religion » Cet oubli coupable est d’autant plus paradoxal que la France peut se targuer d’avoir un récipiendaire du prix Nobel d’économie, Jean Tirole, précisément parce qu’il a écrit de nombreux livres et articles dans des revues scientifiques internationales pour aider les décideurs à mieux comprendre les problématiques économiques qui se tissent dans la vie quotidienne des contrats de gestion des services publics, quelle que soit la forme juridique qu’ils prennent. Une tradition française avec Jules Dupuit et Maurice Allais Son travail a été pionnier pour éclairer les forces et faiblesses de ces partenariats entre les personnes publiques et privées, et également pointer les champs que les outils de l’analyse économique moderne ne savent pas encore appréhender. Mais il fait partie d’une tradition française qui passe par Jules Dupuit et Maurice Allais et qui perdure. De nombreux économistes, en France, développent des analyses théoriques sur les relations contractuelles et mesurent empiriquement les effets de ces contrats sur l’efficacité économique et le bien-être des citoyens. Que nous disent-ils ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Référendum sur la privatisation du Groupe ADP : « La gestion d’un aéroport ne relève pas d’une logique politique » Ils s’accordent sur la double cause des frictions qui peuvent survenir dans les rapports contractuels entre l’autorité publique et l’entreprise privée à qui elle confie une mission. Elle est double. D’abord, la personne publique doit faire face à un déficit informationnel : l’entreprise partenaire a une meilleure connaissance de ses propres capacités productives et des spécificités techniques de ce qui doit être fait (les économistes parlent d’asymétries d’information). Ensuite, personnes publiques et privées sont confrontées à une forte incertitude : des changements techniques ou des aléas environnementaux peuvent survenir qui bouleversent l’équilibre du contrat. Les économistes ont, depuis longtemps, réfléchi aux incitations, en termes de coûts et de délais, à introduire dans les contrats pour que ces imperfections ne nuisent pas à la performance.
Les adversaires de la concession des aéroports au privé oublient qu’industriels et collectivités publiques maîtrisent depuis longtemps ce type de contrats au bénéfice du consommateur et du citoyen, plaide dans une tribune au « Monde » un collectif d’économistes.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/25/le-debat-sur-adp-ignore-la-tradition-francaise-de-delegation-de-service-public-patrimoine-de-la-france-depuis-louis-xiv-au-moins_5481343_3232.html
mlsum-fr-928
Les manifestants, lors de la mobilisation du 30 juin à Khartoum, demandent le transfert du pouvoir aux civils. La police a ensuite tiré des gaz lacrymogènes dans la foule, selon de nombreux témoins. AFP Au Soudan, plusieurs milliers de manifestants sont sortis dans les rues de la capitale, Khartoum, dimanche 30 juin, pour réclamer le transfert du pouvoir – détenu par les militaires – aux civils, à l’appel de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation. Dans l’après-midi, l’Association des professionnels soudanais (SPA) a appelé, dans un communiqué posté sur Twitter, les manifestants à marcher vers le palais présidentiel : « Nous appelons notre peuple révolutionnaire dans la capitale à se diriger vers le palais républicain (...) pour demander que la justice soit rendue aux martyrs et que le pouvoir soit immédiatement cédé aux civils, sans conditions ». La police a répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes sur les centaines de manifestants qui marchaient en direction du palais présidentiel, tandis que les redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) ont été appelés en renfort. Au moins cinq manifestants ont été tués dans les rassemblements, a annoncé un comité de médecins proche de la contestation. Quatre morts ont été rapportés à Omdourman, ville voisine de Khartoum, et une cinquième victime dans la ville d’Atbara, dans le centre du pays. « Il y a également de nombreux blessés graves touchés par les balles des milices du Conseil militaire », dans les hôpitaux de la capitale et des provinces, selon le comité. Avant le début de la protestation, plusieurs pays ainsi que des ONG ont appelé à la retenue pour éviter une nouvelle répression sanglante après la dispersion brutale le 3 juin du sit-in devant le QG de l’armée dans la capitale soudanaise, qui avait fait des dizaines de morts. L’ampleur des manifestations pourrait être un test pour jauger la capacité des meneurs de la contestation à mobiliser. Mais aussi pour le Conseil militaire de transition, qui tient les rênes du pays depuis la destitution et l’arrestation le 11 avril par l’armée du président Omar Al-Bachir. Dans trois quartiers de Khartoum – Bari, Arkaweit et Al-Mamoura –, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui criaient « Pouvoir civil ! Pouvoir civil ! », selon des témoins. Les forces de sécurité ont également tiré des gaz lacrymogènes dans la ville de Gadaref, dans l’est du pays, ont indiqué d’autres témoins. Brandissant des drapeaux soudanais et faisant le signe de la victoire, hommes et femmes ont envahi les rues du quartier d’Al-Sahafa à Khartoum. De nombreux magasins ont gardé leurs rideaux baissés. « Nous sommes ici pour les martyrs du sit-in. Nous voulons un Etat civil qui garantisse notre liberté. Nous voulons en finir avec la dictature militaire », a déclaré un manifestant, Zeinab, 23 ans. Les manifestants dans les rues de Khartoum, le 30 juin 2019. EBRAHIM HAMID / AFP Les forces paramilitaires déployées dans Khartoum En prévision des rassemblements, les paramilitaires des forces de soutien rapide (RSF) ont été déployés sur plusieurs places de Khartoum, à bord de leurs habituelles camionnettes dotées de mitrailleuses. Les autorités bloquent depuis des semaines l’accès à internet, outil stratégique pour mobiliser les manifestants dès le début du mouvement de contestation inédit au Soudan le 19 décembre 2018. Ce mouvement a été déclenché initialement par le triplement du prix du pain dans un pays pauvre à l’économie exsangue. Les manifestations se sont ensuite transformées en contestation contre le pouvoir du général Al-Bachir, qui dirigeait le pays d’une main de fer depuis près de trois décennies. Epicentre de la contestation, le sit-in devant le QG de l’armée, commencé le 6 avril, a été brutalement dispersé le 3 juin. Au moins 128 personnes ont péri dans la répression qui a duré plusieurs jours, la grande majorité dans la dispersion du sit-in, selon des médecins proches de la contestation. Les autorités ont fait état de 61 morts. Les RSF ont été accusées par les manifestants, des ONG et des experts, d’être à l’origine de cette dispersion. Un comité d’investigation mis sur pied par le Conseil militaire a reconnu que des « officiers et des soldats » étaient impliqués dans la dispersion du sit-in, mais le Conseil militaire a assuré avoir donné l’ordre de mener une opération antidrogue dans un secteur voisin, qui a débordé et mal tourné. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Soudan, « Hemetti », le général sanglant qui voulait être roi Les militaires appelés à la retenue Samedi, les généraux ont averti qu’ils feraient porter à l’ALC « l’entière responsabilité » en cas de « perte humaine » ou de tout « acte de vandalisme » pendant les manifestations. L’Union européenne a appelé les militaires au pouvoir à la retenue. « Il est du devoir du Conseil militaire d’assurer la sécurité de tous et de s’abstenir de tout recours à la violence contre les manifestants ». Pour Amnesty International, « le Conseil militaire ne doit pas laisser le pays glisser vers plus de répression. Le monde observe ». La mobilisation de dimanche « sera une tentative du peuple de montrer que c’est lui qui a le dernier mot », estime Khaled Al-Tijani, rédacteur en chef du journal Elaff. Dernièrement, les protestataires s’étaient contentés de petits rassemblements à Khartoum, parfois dispersés par les forces de sécurité. Malgré le bras de fer, les chefs de la contestation et le Conseil militaire se disent ouverts à une reprise des négociations, à travers une médiation de l’Ethiopie et de l’Union africaine, pour dessiner les grandes lignes de la transition à venir. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Tchad, la peur d’un vent de révolte soudanais
De nombreuses voix avaient appelé à la retenue pour éviter la répression face à la nouvelle mobilisation massive contre les dirigeants militaires dimanche 30 juin.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/30/soudan-grandes-manifestations-a-khartoum-la-police-replique-avec-du-gaz-lacrymogene_5483401_3212.html
mlsum-fr-929
Quelque 600 « gilets jaunes » se retrouvent samedi et dimanche à Montceau-les-Mines pour leur troisième « Assemblée des assemblées ». JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP Présents malgré la chaleur. Quelques milliers de « gilets jaunes » ont bravé la canicule, samedi 29 juin, et ont défilé, surtout à Paris, pour l’acte 33 de leur mobilisation. Dans les rues de la capitale, ils étaient au moins un millier, a constaté une journaliste de l’AFP. Partie de la porte de Clichy, dans le nord de Paris, la manifestation a pris un tour festif avec sous-marin jaune en guise de char et artistes donnant de la voix. Cette manifestation avait pour thème la dénonciation des violences policières. Juché sur le char sous-marin, Alain, 54 ans, ex-militaire, a arraché ses médailles qui n’ont pour lui « plus aucune valeur ». Blessé à la gorge le 1er décembre par un lanceur de balles de défense (LBD), « à 2 millimètres de la carotide », comme en témoigne sa cicatrice, il a fait « neuf heures de voiture » depuis le Haut-Jura pour venir manifester samedi et ne veut « rien lâcher ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Vie et mort de « Mama Zina », l’octogénaire atteinte par une grenade lacrymogène à Marseille La manifestation s’est déroulée dans le calme, les manifestants se ravitaillant en eau dans les supérettes, et pour quelques-uns se rafraichissant avec des pistolets à eau. A Bordeaux, moins de 200 personnes ont manifesté, selon la police, sous un soleil de plomb dans le centre historique de la ville. « C’est lamentable, tout ça pour ça » Un « gilet jaune » découragé a déploré l’essoufflement du mouvement : « c’est lamentable, tout ça pour ça, c’est toujours les mêmes têtes, on n’arrive plus à mobiliser parce que la télé ne parle plus de nous, mais il y a aussi les amendes qu’on prend tous les samedis, faut les débourser les 135 euros... » A Toulouse, ils étaient entre 100 et 200 à manifester et vu les presque 40 degrés de l’air ambiant, beaucoup n’avaient pas revêtu leur gilet. Ils étaient une centaine à Montpellier. Par ailleurs, quelque 600 « gilets jaunes » de toute la France se retrouvent pendant tout le week-end à Montceau-les-Mines pour leur troisième « Assemblée des assemblées » qui devait se pencher sur les suites à donner au mouvement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En déclin, les « gilets jaunes » cherchent à se réinventer « En personnes actives, il nous reste à peu près 10 % de ceux qui étaient là au début du mouvement », estime Eric Morin, 37 ans, venu d’Auriol (Bouches-du-Rhône) pour cette troisième « Assemblée des assemblées ». « Les gens qui sont toujours là sont ceux qui vont rester jusqu’à la fin. » Mais « les gens vont redescendre dans la rue » à la rentrée, assure-t-il, tablant sur « les mouvements sociaux de septembre ». « Les gens attendent la suite » Si personne ne conteste le déclin de la mobilisation dans les manifestations du samedi, attribué par beaucoup à la « répression policière », ils espèrent donner un nouveau souffle au mouvement. « Les gens attendent la suite », affirme Sylvia Fischbach, 35 ans, hôtesse de caisse administrative à Forbach (Moselle). « Manifester tous les samedis, marcher, chanter, j’aime bien. Mais on avait une vie avant le 17 (novembre 2018), on aimerait bien avoir une vie après aussi », poursuit-elle. La prochaine étape pourrait être, selon elle, « d’investir les mairies et les municipales ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, deux profils pour une sortie de crise Une idée partagée par Christophe Prévost, 51 ans. « On va essayer de rassembler un maximum de monde, parler aux déçus de la politique, leur proposer de venir sur une liste citoyenne, pas forcément étiquetée “gilets jaunes” », suggère ce chargé d’affaires dans l’immobilier de Bagnols-sur-Cèze (Gard). Mais attention, cette liste sera « interdite aux figures politiques », lance-t-il devant un groupe de travail sur les « assemblées citoyennes ». Certains désapprouvent. « On a intérêt à ce que tout le monde adopte les règles démocratiques que l’on propose », répond une « gilet jaune » de Lyon.
Les manifestations se sont déroulées dans le calme. En parallèle, quelque 600 « gilets jaunes » se retrouvent ce week-end à Montceau-les-Mines pour débattre de l’avenir du mouvement.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/29/quelques-milliers-de-gilets-jaunes-defilent-malgre-la-chaleur-pour-leur-acte-33_5483251_3224.html
mlsum-fr-930
Dans le classement des cent marques les plus puissantes au monde paru mardi 11 juin dans le Financial Times, ne figurent que deux fabricants d’ordinateurs, tout en bas de la liste : Dell (81e) et HP (93e). Lenovo, lui, n’y figure pas. Et pourtant le chinois est aujourd’hui le premier fabricant mondial de PC. Et ne compte pas rester cantonné à statut. Surfant sur la transformation numérique qui anime l’économie mondiale, la firme ne veut plus se limiter à être un « simple » fabricant de matériel informatique. Elle veut également devenir un fournisseur de conseils et de solutions pour les entreprises. Pour cela, l’entreprise peut s’appuyer sur un catalogue de produits très étendu, allant des PC aux serveurs, des téléphones portables aux casques de réalité virtuelle et augmentée. Une position unique dans le secteur. Symbole de cette transformation, la société propose désormais une offre permettant aux sociétés de lui déléguer entièrement la gestion de leur parc informatique sur un mode d’abonnement (IT as a service). Elle développe également des solutions clé en main de sécurité et a multiplié des partenariats avec des acteurs tels Google, VMware ou Microsoft pour enrichir son offre. La menace Trump Ce virage résulte de la nouvelle stratégie impulsée dans la société, baptisée « Intelligent transformation ». Celle-ci semble bien porter ses fruits puisque la société a réalisé, pour la première fois, un chiffre d’affaires de plus de 50 milliards de dollars (44 milliards d’euros) en 2018, principalement porté par ses ventes de PC, portables et tablettes (38,5 milliards de dollars, en progression de 9,5 %). Dans le domaine du smartphone – issu du rachat de Motorola en 2014 –, le groupe chinois vient de connaître ses deux premiers trimestres bénéficiaires, en recentrant son offre sur des produits de milieu de gamme et en délaissant certains marchés où il n’arrivait pas à trouver sa place. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Lenovo veut imposer Motorola dans le mobile Même si tous les feux sont au vert, une menace pourrait, cependant, gripper cette dynamique en la personne du président Trump, parti en croisade contre les champions de la technologie chinoise. Il n’en est rien pour l’instant, affirme Lionel Rafalowicz, président par intérim de Lenovo France, qui rappelle que l’administration américaine continue de se fournir auprès de la marque. A l’en croire, la société a « une relation forte avec les Etats-Unis », depuis qu’elle a racheté la division « ordinateurs personnels » d’IBM en 2005, puis une partie de sa branche « serveurs » en 2014. Elle y a aussi implanté son deuxième siège social.
Le groupe chinois, numéro un mondial sur le marché du PC, veut développer une offre de services à destination des entreprises.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/21/lenovo-ne-veut-plus-se-limiter-a-etre-un-simple-fabricant-de-materiel-informatique_5479854_3234.html
mlsum-fr-931
Le Centre Pompidou x West Bund Museum à Shanghaï. AKI Installée dans un angle de la salle, la Roue de bicyclette (1913), de Marcel Duchamp, dressée sur son tabouret en bois, accueille, non sans une dose d’humour, les visiteurs de la première exposition du Centre Pompidou x West Bund Museum, à Shanghaï, inauguré mardi 5 novembre en présence d’Emmanuel Macron au cours d’une visite d’Etat de trois jours. Intitulé The Shape of Time (« la forme du temps »), cet accrochage occupe, jusqu’au 9 mai 2021, le premier étage de deux des trois grands cubes de verre blanc et de béton édifiés par l’architecte britannique David Chipperfield pour ce projet, le premier en Chine d’un grand musée étranger. Picasso (Le Guitariste, 1910), Paul Klee (Port et voiliers, 1937), Mondrian (Composition en rouge, bleu et blanc II, 1937), Pierre Soulages (Peinture 131 × 162 cm, 1956), Lee Ufan (East Winds, 1984), Jackson Pollock (Painting, 1948), Zhang Huan (Family Tree, 2000) ou encore Gerhard Richter (Chinon n° 645, 1987) s’exposent et dialoguent dans un parcours aménagé comme le récit – qui n’évite pas toujours le côté compilation – d’une collection, celle du Musée national d’art moderne, à Paris, et d’une vision de l’histoire de l’art aux XXe et XXIe siècles. Cent soixante-quinze œuvres – des tableaux, mais aussi des documents, des sons, des vidéos et des pièces multimédias – ont été prêtées à cette occasion par le Centre Pompidou. Comme une réponse à Duchamp et à sa bicyclette, c’est l’artiste chinois résidant aux Etats-Unis Cai Guo-Qiang qui clôt ce voyage temporel avec son avion fait de bambou et d’osier (Bon voyage, 2004). Lire le focus : Un satellite du Centre Pompidou à Shanghaï Du temps, il en aura fallu au musée parisien pour concrétiser sa volonté de s’implanter en Chine. Projet déjà évoqué sous la présidence de Jacques Chirac, en 2003, mais jamais finalisé, cette installation à Shanghaï a été officiellement scellée en janvier 2018 par Emmanuel Macron, lors de sa première visite dans ce pays. « Les liens culturels sont indispensables pour la compréhension mutuelle de nos deux civilisations toujours en devenir », avait déclaré le président de la République, qui a fait de la « diplomatie des musées » un marqueur fort de sa politique culturelle. Contrairement au Louvre avec les Emirats arabes unis, il ne s’agit pas ici d’un contrat passé entre deux pays. Le Centre Pompidou a noué un partenariat de cinq ans (renouvelable) avec la société publique d’aménagement West Bund, chargée de transformer une ancienne zone aéroportuaire située le long du fleuve Huangpu.
Une nouvelle antenne de l’établissement parisien, qui a prêté 175 de ses œuvres, ouvre ses portes au public, le 8 novembre, à Shanghaï.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/06/le-centre-pompidou-veut-se-faire-un-nom-en-chine_6018207_3246.html
mlsum-fr-932
Le passage d’une tornade dans le nord de la Meurthe-et-Moselle a occasionné des dégâts mais sans faire de blessés, a-t-on appris vendredi 9 août auprès de la préfecture. Les rafales de vent ont atteint jusqu’à 154 km/heure, selon Météo-France. Une #tornade s'est produite sous un violent #orage en Meurthe-et-Moselle, à la frontière du #Luxembourg, vers 18h.… https://t.co/5OZsyH26ZS — lachainemeteo (@La Chaîne Météo) « Une trentaine de maisons ont été détériorées à Longwy et Herserange, deux communes limitrophes, et la toiture d’une école à Longwy a été particulièrement dégradée », a indiqué la préfecture. Samedi matin, la vigilance orange était levée par Météo-France dans tous les départements français. L’alerte a donc été levée sur l’Ain, le Doubs, le Jura, la Loire, la Haute-Loire, le Rhône, et le Territoire-de-Belfort. Vingt-six départements de l’Est et du centre de la France, allant de la Haute-Garonne aux Ardennes, avaient été placés en vigilance orange vendredi en milieu de matinée en raison d’un risque d’orages « violents ». Les pompiers en alerte Les pompiers ont réalisé une soixantaine d’interventions, principalement dans le nord du département aux alentours de 18 heures. « Le phénomène [était] en train de se calmer en évoluant vers un phénomène de pluie classique en début de soirée », selon la préfecture. Dans la Meuse, les sapeurs-pompiers sont intervenus à une centaine de reprises environ, entre 16 h 30 et 21 heures, « essentiellement pour des toitures envolées, quelques inondations d’entreprises ou de maisons », notamment à Verdun et dans deux communes au sud de la ville, Ancemont et Dieue-sur-Meuse, ont-ils indiqué. La tornade a cependant fait sept blessés, dont un grièvement, lors de son passage dans le sud-ouest du Grand-Duché, selon un bilan du gouvernement local. Une cellule de crise y a été mise en place. Selon les prévisions de Météo-France, le temps sera plus calme samedi. Il restera pluvieux en matinée du Massif central à l’Alsace. Quelques averses résisteront sur les contreforts des Alpes à la mi-journée. Le vent sera encore sensible sur le Nord-Ouest avec des rafales entre 60 et 70 km/h, jusqu’à 90 km/h sur le littoral du Pas-de-Calais.
Aucune victime n’est à déplorer après le passage d’une tornade en Meurthe-et-Moselle. Côté luxembourgeois, la tornade a fait sept blessés, dont un grièvement.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/09/passage-d-une-tornade-en-meurthe-et-moselle_5498237_3244.html
mlsum-fr-933
Isabelle Falque-Pierrotin, à Paris, le 22 janvier. La conseillère d’Etat et ancienne présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (2011-2019), va piloter l’Autorité nationale des jeux (ANJ). GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Une étape importante a été franchie dans le contrôle des jeux de hasard et d’argent, ouvrant la voie à la privatisation de la Française des jeux (FDJ) annoncée par le gouvernement pour novembre. Le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, et celui de l’économie, Bruno Le Maire, ont fait adopter en conseil des ministres, mercredi 2 octobre, le projet d’ordonnance qui prévoit notamment la création d’une nouvelle instance de régulation des jeux aux pouvoirs plus étendus que la précédente et le périmètre de l’activité de la FDJ. Au 1er janvier 2020, l’Autorité nationale des jeux (ANJ) remplacera l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) créée en 2010. Bercy a annoncé qu’elle sera pilotée par Isabelle Falque-Pierrotin, conseillère d’Etat et ancienne présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (2011-2019), confirmant une information du quotidien L’Opinion. Elle reprendra les locaux et les 55 fonctionnaires de l’ancienne autorité. Jusqu’à présent, il n’existait de régulateur indépendant que pour les jeux en ligne. L’ANJ, elle, couvrira l’ensemble du secteur, jusqu’à présent sous la tutelle des ministères du budget et-ou de l’agriculture : courses hippiques (PMU), jeux de grattage, loteries, paris sportifs, jeux en ligne (poker…)… Seuls les casinos resteront sous le contrôle du ministère de l’intérieur, le gouvernement soulignant que ses jeux sont particulièrement « addictifs » et donnent lieu, plus que les autres, à du « blanchiment » d’argent sale. Sur les 72 % qu’il détient dans le monopole public, l’Etat en conservera 20 % Cette autorité, composée de neuf membres nommés pour six ans, sera chargée de fixer les prix, d’agréer et de surveiller les opérateurs et d’infliger des sanctions. Un retrait d’agrément, bien sûr, mais aussi une amende pouvant aller jusqu’à 5 % du chiffre d’affaires des opérateurs enfreignant la loi. Dans l’entourage des ministres, on précise qu’elle pourra aussi « prescrire à un opérateur le retrait de toute communication commerciale incitant à jouer de façon excessive ». Il s’agit bien de montrer que la puissance publique ne lâchera pas la bride. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le gouvernement prêt à privatiser la Française des jeux en novembre Le gouvernement affirme que les termes même de la privatisation de la FDJ garantissent un contrôle plus strict qu’en Allemagne ou en Italie, où la dérégulation est allée très loin. Sur les 72 % qu’il détient dans le monopole public, l’Etat en conservera 20 %. Un commissaire du gouvernement siégera au conseil d’administration aux côtés des représentants de l’Etat, et il pourra « s’opposer aux décisions problématiques de l’entreprise ». De plus, « toute montée au capital de plus de 10 % d’un nouvel actionnaire » sera soumise « à l’autorisation préalable de l’Etat ».
L’Autorité nationale des jeux sera dirigée par Isabelle Falque-Pierrotin, ex- présidente de la CNIL, et se substituera à l’Arjel créée en 2010.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/03/l-etat-cree-un-gendarme-des-jeux-aux-pouvoirs-etendus_6014054_3234.html
mlsum-fr-934
L’entrée de l’hôpital Lariboisière, dans le 10e arrondissement de Paris. THOMAS SAMSON / AFP L’enquête judiciaire ouverte après la mort de Micheline M., 55 ans, une patiente découverte après douze heures d’attente sur un brancard, en décembre 2018, dans les couloirs de l’hôpital Lariboisière à Paris, entre en résonance avec la crise qui secoue les services d’urgence. Cette enquête, dont Le Monde a pris connaissance, met au jour une série de dysfonctionnements : la « saturation » des urgences ce jour-là, impliquant « une charge de travail très importante », aurait conduit au non-respect du protocole de prise en charge de la patiente décédée, expliquent aux enquêteurs les personnels hospitaliers. Cette enquête permet de reconstituer minutieusement l’enchaînement des faits qui a conduit à la mort de cette employée de la police municipale, originaire de Martinique. Selon le rapport d’autopsie, les causes du décès de Micheline M. sont « compatibles » avec une méningite. « Cette infection bactérienne, rare et gravissime, est fatale dans 10 % des cas », explique au Monde un médecin. S’agissant de la victime, cette infection a atteint les poumons, provoquant un œdème pulmonaire, corollaire de son étouffement, précise le rapport. La famille de la défunte a déposé plainte, le 14 janvier, pour « homicide involontaire » et « omission de porter secours à personne en danger », et une information judiciaire a été ouverte le 18 mars. Les proches de la défunte se sont constitués partie civile le 16 avril. Mauvaise identité Le 17 décembre 2018, Micheline M., souffrant depuis la veille de douleurs aux mollets et de maux de tête, décide de se rendre au centre médical Stalingrad, non loin de chez elle, dans le 19e arrondissement de Paris. Il est 18 heures quand elle fait un malaise devant l’établissement, sur le point de fermer. S’appuyant à un tabouret, elle réclame, « tremblante », d’être reçue par un médecin, en vain. Alors qu’elle souhaite rentrer se reposer chez elle, un agent de sécurité appelle les pompiers, qui arrivent sur place vers 18 h 20. A ce moment, Micheline M., qui n’avait pas consulté de médecin depuis février 2017, « semble souffrante, mais pas plus que cela », explique aux enquêteurs le pompier qui l’a prise en charge. Arrivé à l’hôpital vers 18 h 50 avec la patiente, le chef d’équipe des pompiers transmet la fiche d’intervention, réalisée sans qu’aucune pièce d’identité ne soit demandée à la victime. De ce premier manquement découle une série d’événements menant à la tragédie. Car l’infirmière chargée d’enregistrer Micheline M. se fiera aux seules informations transmises par les pompiers. « Comme ils ne m’ont pas donné de pièce d’identité, j’en ai déduit qu’il n’y en avait pas », s’est justifiée l’infirmière auprès des enquêteurs, précisant que cette façon de procéder est devenue « un automatisme ».
Micheline M. avait été retrouvée inanimée douze heures après son admission, l’autopsie révèle qu’elle est morte d’une méningite. Une information judiciaire a été ouverte le 18 mars.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/11/patiente-morte-a-l-hopital-lariboisiere-l-enquete-confirme-des-dysfonctionnements-aux-urgences_5474414_3224.html
mlsum-fr-935
Florian Thauvin et Kylian Mbappé au Stade national d’Andorre, le 11 juin 2019. FRANCK FIFE / AFP Après une défaite face à la Turquie (2-0) samedi 8 juin, la France renoue avec la victoire. Mardi 11 juin, des Bleus remaniés ont écrasé l’équipe andorrane 4-0 lors des qualifications pour l’Euro 2020 dans le Stade national de la principauté. Les champions du monde profitent en outre de la défaite de la Turquie en Islande (2-1) pour reprendre la tête du groupe H, à égalité de points avec les Turcs et les Islandais. Le contraste était saisissant entre l’ambiance surchauffée du Konya stadium et la fraîcheur (5°C) du petit stade d’Andorre-la-Vieille, ses trois tribunes de 3 300 places surplombées par des immeubles et les Pyrénées. Les Bleus craignaient de ne pouvoir jouer correctement sur le terrain en synthétique, pourtant homologué par l’Union des associations européennes de football (UEFA) en 2014. Ils se sont finalement bien adaptés et le score a été ouvert dès la 11e minute par Kylian Mbappé. Ce fou de statistiques a inscrit à Andorre le 100e but de sa jeune carrière, toutes compétitions confondues (13 en sélection, 87 en club). Et comme la soirée était belle pour lui, il a offert sur un plateau un centre à son copain Florian Thauvin, auteur d’un joli retourné acrobatique juste avant la pause (45e+1, 3-0). Soir de premières L’ailier de l’OM (10 sélections) a réalisé une de ses prestations les plus abouties sous la tunique tricolore, lui qui n’avait jamais marqué jusqu’alors. Tout proche du doublé sur une passe (55e) et un corner de Mbappé (57e), c’est également Thauvin qui sert Ben Yedder pour le 2-0 (30e) d’une passe en retrait appliquée. Intenable cette saison avec Séville (18 buts en Liga), l’attaquant de poche (1,70m) a donc lui aussi ouvert son compteur international au soir de sa quatrième sélection, mais pour sa première titularisation. Comme il s’agissait d’un soir de grande première, Zouma s’est joint à la fête en marquant son premier but en sélection, de près sur corner (60e). « Le groupe a bien réagi pour finir cette année longue, fatigante, usante. De finir par cette victoire, c’est toujours quelque chose de positif », a savouré Didier Deschamps après la rencontre. Les Bleus peuvent partir sereinement en vacances.
Après une défaite face à la Turquie (2-0), la France s’est ressaisie en s’imposant facilement face à Andorre.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/11/eliminatoires-de-l-euro-2020-la-france-ecrase-l-andorre-4-0_5474887_3242.html
mlsum-fr-936
Fendi. Domenico Stinellis/AP Le point final de la fashion week couture a lieu dans un décor de carte postale. A Rome, Fendi a signé jeudi 4 juillet un défilé spectaculaire qui a subtilement rendu hommage à Karl Lagerfeld, qui fut le directeur artistique de la maison pendant plus d’un demi-siècle. La directrice artistique Silvia Venturini Fendi a littéralement grandi auprès du couturier qu’elle a rencontré quand elle avait 4 ans. La gamine fascinée observait alors l’homme qui dessinait dans son atelier et qu’elle prenait pour un magicien. Elle a ensuite travaillé de longues années à ses côtés. Cette collection en son honneur est pleine de pudeur et de souvenirs personnels. Entre Colisée et Forum Le show a lieu sur le mont Palatin, la plus ancienne des sept collines de Rome, celle qui a vu naître la ville. C’est Karl Lagerfeld qui avait choisi ce lieu. C’est lui aussi qui avait offert à Silvia Venturini Fendi, peu avant sa disparition, un livre sur la Sécession viennoise qui a servi d’inspiration à la collection. Celle-ci renvoie aussi aux marbres qui dessinent des figures immortelles sur le sol des églises de Rome ou à la silhouette de bourgeoise décadente de Silvana Mangano dans Violence et Passion de Luchino Visconti (1974). Fendi. Fendi A la tombée du jour, entre le Colisée et le Forum arrivent des filles aux perruques coupe au bol. Elles montent les escaliers qui mènent au temple de Vénus dans des tenues en mosaïques de matières (fourrures recyclées, cachemire à poils longs et soies) qui imitent les textures des marbres les plus spectaculaires. Les volumes qui fusionnent Art nouveau à l’autrichienne et silhouettes du début des années 1970 ont une légèreté étonnante. Princesses romaines, divas aussi éternelles que la ville, elles incarnent la modernité chère à Karl Lagerfeld avec, en plus, la sensibilité de Silvia Venturini Fendi qui a signé seule sa collection. La plus réussie de la saison.
Avec ses mosaïques de matières et ses volumes à la légèreté étonnante, le vestiaire Fendi version Silvia Venturini Fendi sans Karl Lagerfeld, présenté à Rome jeudi 4 juillet, est moderne et sensible à la fois.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/07/05/fendi-l-hommage-romain-a-karl-lagerfeld_5485647_4497319.html
mlsum-fr-937
Une partie des migrants recueillis à bord du navire « Ocean-Viking » en Méditerranée, le vendredi 23 août. ANNE CHAON / AFP Après plus de dix jours d’attente, un accord européen de répartition a permis, vendredi 23 août, le débarquement à Malte des 356 personnes secourues à bord de l’Ocean-Viking, au grand soulagement des ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontière (MSF) qui commençaient à manquer de vivres. L’opération de transfèrement, qui a pris deux heures trente, des migrants par groupe de 15 sur des vedettes militaires s’est terminée dans la nuit. Le navire humanitaire est reparti vers Marseille, son port d’attache. Comme l’avait précédemment annoncé le premier ministre maltais Joseph Muscat, le transbordement a été effectué en pleine mer, hors des eaux territoriales maltaises. Les rescapés seront répartis entre « la France, l’Allemagne, l’Irlande, le Luxembourg, le Portugal et la Roumanie », a précisé M. Muscat sur Twitter, en soulignant qu’« aucun » ne restera sur l’île. Le ministre de l’intérieur français, Christophe Castaner, avait annoncé plus tôt vendredi qu’un accord européen avait été conclu pour l’accueil de ces personnes, recueillies il y a douze jours à bord de l’Ocean-Viking en Méditerranée. Lire aussi Malgré les obstacles, les ONG de secours résistent en Méditerranée « La France maintient sa solidarité : 150 seront accueillis dans les prochains jours sur notre territoire », a précisé le ministre. Mercredi 21 août, la France s’était également engagée à permettre à 40 migrants recueillis à bord d’un autre navire humanitaire, l’Open-Arms, de venir effectuer une demande d’asile en France après avoir accosté sur l’île italienne de Lampedusa. #OceanViking : les 356 personnes à bord, sauvées en mer Méditerranée la semaine dernière, vont pouvoir débarquer à… https://t.co/a2wkvWxjZh — CCastaner (@Christophe Castaner) « C’est une bonne nouvelle ! », a salué le coordinateur des opérations de sauvetages de l’Ocean-Viking, Nicholas Romaniuk, cité par l’Agence France-Presse (AFP). « Great job ! Bravo ! », « Merci Malte », « Merci SOS », « Merci à tous ». Les personnes recueillies sur l’Ocean-Viking ont salué la nouvelle, par des applaudissements, des youyous et des cris de joie. « Merci mama ! » : ils ont aussi remercié l’équipe médicale, embrassant et soulevant l’infirmière de MSF, Mary Jo, qui a pris soin d’eux depuis leur arrivée à bord. Quatre jours de réserves de nourriture Les personnes secourues au large des eaux libyennes sont arrivées à bord, le 12 août, fortement déshydratées après avoir passé parfois quatre jours en mer à bord de canot en caoutchouc, sans eau, vivres ou ombre. Parmi elles se trouvent quatre femmes et cinq enfants, de 1 à 6 ans, ainsi qu’une centaine de mineurs de moins de 18 ans, dont 80 % voyagent seuls, parfois âgés de 13 ou 15 ans. Arrivée du navire « Ocean-Viking » auprès d’une embarcation de migrants en Méditerrannée, le 12 août. Hannah Wallace Bowman / AP La plupart de ces personnes, dont les deux tiers viennent du Soudan, ont fui la Libye pour échapper à un large éventail de mauvais traitements, de détentions arbitraires et parfois de tortures et sont arrivées en mauvaise santé et pour certains à la limite de la malnutrition, selon l’équipe médicale du navire des ONG SOS Méditerranée et MSF. L’annonce des six pays européens participant à l’accord intervient quelques heures après que l’équipe médicale du navire a fait part d’inquiétudes quant aux réserves de nourriture à bord. « Il nous reste quatre jours de stocks de nourriture en comptant aujourd’hui », a déclaré à l’AFP, vendredi matin, une porte-parole de MSF. « Après ça, il faudra bricoler avec ce qu’il nous reste des précédentes missions. » Le bateau, parti le 4 août de Marseille et dont c’est la première mission pour SOS Méditerranée, s’était vu refuser au dernier moment à l’aller de se ravitailler en eau et carburant dans les eaux maltaises ainsi qu’il l’avait demandé. Le navire de 69 mètres, battant pavillon norvégien, économisait depuis son dernier sauvetage le carburant et faisait pratiquement du surplace, se laissant dériver le jour dans le canal de Sicile. Mesures sécuritaires anti-migrants L’Ocean-Viking était le dernier navire humanitaire encore présent en Méditerranée pour secourir des migrants, jusqu’à jeudi, quand le Mare-Jonio, opéré par le collectif italien de gauche Mediterranea, a pris la mer en direction de la Libye, selon un tweet de l’ONG. Le Mare-Jonio, mis sous séquestre en mai en vertu de la législation anti-migrants du ministre de l’intérieur italien (Ligue, extrême droite) Matteo Salvini, puis libéré en août, se dirige vers la zone de secours devant les côtes libyennes. Le gouvernement de M. Salvini et du Mouvement 5 étoiles est tombé mardi avec la démission du premier ministre, Giuseppe Conte, et ne fait qu’expédier les affaires courantes, le temps pour le président Sergio Mattarella de former éventuellement un nouvel exécutif. Des négociations sont en cours entre le M5S et la principale force de gauche, le Parti démocrate (PD) qui, parmi les conditions pour un accord, réclame la révocation des mesures sécuritaires (interdiction de débarquement et amendes contre les navires humanitaires déposant des migrants en Italie) adoptés sous Salvini.
La France devrait accueillir 150 personnes parmi les migrants recueillis sur le navire humanitaire, en attente depuis douze jours au large de Malte.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/23/accord-europeen-pour-repartir-les-356-migrants-du-navire-humanitaire-ocean-viking_5502036_3224.html
mlsum-fr-938
Le morceau de Plexiglas ne paye pas de mine. Un simple parallélépipède rectangle transparent, rien de bien spectaculaire, orné d’une modeste inscription. Pourtant, la moustache blanche de Peter Gölitz frissonne lorsqu’il exhibe le trophée reçu par la rédaction d’Angewandte Chemie en 2007 : « C’est le prix de la langue allemande, une récompense remise chaque année à un auteur ou une institution qui a fait rayonner l’allemand, sourit-il. Je crois que cette distinction est une de mes plus grandes fiertés. » A 67 ans, l’homme pourrait pourtant en afficher quelques autres. A commencer par une longévité hors du commun à la tête d’une grande revue scientifique internationale. Pendant trente-sept ans, de 1980 à 2017, il a présidé aux destinées de la publication-phare de la Société des chimistes allemands (société savante qui rassemble universitaires et industriels), en a fait une actrice majeure de la discipline, a été célébré par tout ce que la communauté compte d’associations, de comités, de sociétés savantes. Mais ce prix-là est spécial, confesse-t-il : « Il témoigne de notre singularité, de notre histoire, et des efforts que nous continuons, chaque jour, à réaliser. » Dire que, dans le monde de l’édition scientifique, l’anglais règne en maître relève de l’euphémisme. Des milliers de publications survivent, et même parfois se créent, dans les idiomes les plus variés. Mais elles visent un public de niche et assurément leur portée est limitée. En vérité, la domination de la langue de Shakespeare et Newton sur les grandes revues mondiales ne souffre presque aucune exception. En grattant soigneusement affleurent les Publications mathématiques de l’IHES (Institut des hautes études scientifiques, à Bures-sur-Yvette), une des trois références internationales de la discipline, témoin de la puissance encore vive qu’y tient l’école française. Du côté des sciences humaines ou des arts, on voit s’imposer des figures tutélaires comme la Revue des Annales ou Les Cahiers du cinéma. Mais difficile de déceler des champions éditoriaux qui ne soient ni britanniques ni américains. Premier numéro de l’édition internationale, en 1962. Et il y a Angewandte Chemie. Créée en 1887 pour rendre compte des nouveautés de la « chimie appliquée » (la traduction de son titre) allemande, la publication s’est peu à peu éloignée de la seule analyse des nouveaux brevets germaniques et autres informations industrielles nationales pour aborder tous les confluents de la discipline, arpenter ses nouveaux territoires théoriques comme expérimentaux, jouer à saute-frontière aux quatre coins du monde. Pour étendre son influence, la revue a lancé, dès 1962, une édition internationale (ACIE), en anglais comme il se doit, qui concentre aujourd’hui l’essentiel de ses lecteurs. Il n’empêche : explorer Angewandte Chemie, c’est plonger au cœur de la science allemande et de la discipline qui symbolise le génie national : la chimie.
Sous l’empire des revues (3/6). Actrice centrale de la recherche, l’édition scientifique traverse aujourd’hui des turbulences. Dans ce volet, un voyage dans l’histoire tumultueuse de la chimie germanique.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/30/angewandte-chemie-pour-l-honneur-de-la-science-allemande_5494810_4415198.html
mlsum-fr-939
« Père au foyer », répond Eric Coppolani au président de la cour d’assises qui lui demande de décliner sa profession. « Condamné à tort » à trente ans de réclusion criminelle, ajoute-t-il un peu plus tard devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône qui a débuté, mercredi 19 juin, l’examen d’un des épisodes sanglants des rivalités entre clans corses. Ce papa gâteau de 44 ans, passionné de cuisine, est, aux yeux de l’accusation, un affidé du Petit Bar, une puissante bande criminelle de Corse-du-Sud. Il serait l’homme cagoulé qui, le 18 octobre 2010 dans une rue proche du front de mer à Ajaccio, aurait bondi du coffre de toit d’une Megane pour marcher tranquillement vers Antoine Nivaggioni, et abattre avec une kalachnikov celui qui fut l’une des figures du nationalisme insulaire. Comme il le fait depuis son incarcération le 20 mars 2014, au premier jour de son procès en appel, il clame son innocence depuis le box vitré : « Je suis dans un aquarium et on me fait passer pour je ne sais pas quoi. » Lire aussi Procès du Petit Bar : Coppolani condamné à trente ans de réclusion Ce procès a la singularité de reposer en grande partie sur les accusations de Patrick Giovannoni, le premier repenti français à avoir bénéficié, en février 2015, de la protection réservée aux collaborateurs de justice. A peine désignés par le sort, les jurés ont d’emblée entendu le nom de cet ancien agent de sécurité, obscure petite main qui a reconnu rendre des services au Petit Bar, notamment en gérant son stock d’armes. Véhicule « ventouse » En janvier 2015, Patrick Giovannoni avait fait le choix de changer de camp. Deux mois plus tard, dans le bureau du juge d’instruction marseillais Christophe Perruaux, il racontait ce qu’il savait de l’assassinat d’Antoine Nivaggioni, auquel il reconnaissait avoir prêté son concours. Rapportant une conversation qu’il avait eue avec Eric Coppolani, Patrick Giovannoni déclarait : « Il m’a dit que c’est lui qui avait tiré en premier avec la kalach. » Des propos qu’il avait confirmés lors du procès de première instance en février 2018, à l’issue duquel il avait été condamné à cinq ans de prison avec sursis pour complicité d’assassinat. Cet homme, dont la vie publique est désormais orchestrée par le service interministériel d’assistance technique de la police nationale, a toujours maintenu qu’à la demande de Jacques Santoni, chef présumé de la bande du Petit Bar, il avait positionné un véhicule « ventouse » face à l’entrée du domicile de l’amie chez laquelle se rendait M. Nivaggioni. Et qu’il l’avait déplacé pour céder la place à la Megane des tueurs. « C’est un simplet qui volait et jamais je n’irais me confier à lui », avait protesté Eric Coppolani auprès d’un expert psychiatre.
Deux anciens membres de la bande criminelle corse sont jugés en appel depuis mercredi 19 juin, sur la base d’accusations de Patrick Giovannoni.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/06/20/un-repenti-temoin-sans-visage-attendu-au-proces-du-petit-bar_5478985_1653578.html
mlsum-fr-940
Tribune. En France, selon l’article 16-10 du code civil, seuls médecins et juges peuvent autoriser un test génétique à des fins médicales ou de recherche de paternité. En dehors de ce cadre restrictif, tout Français achetant un test génétique aux fins de connaître ses origines est théoriquement passible d’une amende de 3 750 euros. Pourtant, lors de l’examen en commission du projet de loi bioéthique, plusieurs députés, notamment Bruno Fuchs (UDI, Haut-Rhin), Jean-François Eliaou (LRM, Hérault) et Monique Limon (LRM, Isère), ont souligné l’incohérence de maintenir une telle interdiction alors que de nombreux Français ont déjà eu recours à des tests ADN personnels à visée généalogique. Ces tests sont commercialisés en toute illégalité et en toute impunité par des sociétés étrangères. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tests génétiques en accès libre : « Ne cédons pas à une “évidence technologique” » Par la voix d’Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, le gouvernement a confirmé son souhait de demeurer le dernier pays européen, avec la Pologne, à maintenir l’interdiction de tels tests. Cette position, soutenue par le corapporteur sur la loi bioéthique, Philippe Berta (MoDem, Gard), serait justifiée par le peu de fiabilité de ces tests, assimilés à des instruments « récréatifs », ainsi qu’aux risques supposés liés aux vérités génétiques révélées par ces examens. Une pratique déjà répandue Comme le signalait Jean-François Delfraissy, président du Comité consultatif national d’éthique lors de son audition par la commission parlementaire, une telle position, si elle devait être maintenue, est étonnante puisqu’elle ignore une pratique largement répandue sur le territoire et ne prend pas en compte les avancées technologiques ayant permis de démocratiser l’accès à de tels tests. A l’heure où les députés examinent le projet de loi et de nombreux amendements visant à légaliser la pratique de ces tests, il convient d’apporter les explications qui permettront de déconstruire les préjugés vis-à-vis de ces tests. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grâce à mon test ADN, j’ai appris que j’étais 100 % moi Non, ces tests ne sont pas « récréatifs ». Ils sont la seule réponse à la quête d’identité de millions de nos contemporains cherchant à connaître leurs origines, qu’elles soient historiques ou biologiques. La connaissance de ses origines est un droit, reconnu notamment par les conventions de New York de 1989, relative aux droits de l’enfant, et de La Haye, de 1993, sur la protection des enfants et la coopération en matière d’adoption internationale. Dans le cadre du Conseil de l’Europe, une convention pour la protection des droits de l’homme et de la dignité de l’être humain au regard des applications de la biologie et de la médecine a été adoptée à Strasbourg le 19 novembre 1996 et signée par la France le 4 avril 1997 à Oviedo en Espagne.
Dans une tribune au « Monde », Nathalie Jovanovic-Floricourt , spécialiste des tests ADN à visée généalogique, souligne qu’ils ne sont nullement « récréatifs » et ne peuvent être confondus avec les tests de pronostic médical.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/15/les-tests-adn-a-visee-genealogique-relevent-du-droit-de-chacun-a-connaitre-ses-origines_6015535_3232.html
mlsum-fr-941
« La qualité principale de l’or est celle que le dollar perd : l’indépendance » John Smith/Fancy / Photononstop Tribune. Commerce mondial, réserves bancaires, dette mondiale, justice extraterritoriale… Le dollar dirige la planète financière. La monnaie de Washington offre un marché profond, une valeur stable, une liquidité et une certaine sécurité liée à l’indépendance de la Banque centrale américaine. Mais cette neutralité du dollar est menacée par la politique de guerre commerciale du président Trump, et la guerre des monnaies qui s’ensuit provoque des dévaluations. Les privilèges attachés au dollar ne sont plus durables. L’expansion de l’économie réclamant cependant une monnaie globale, un nouvel ordre monétaire surgira de cette crise et trois candidats à la succession illustrent cette renaissance : un panier de devises, des monnaies virtuelles et l’or. La qualité principale de l’or est celle que le dollar perd : l’indépendance. Si certaines banques centrales remplacent le dollar par l’or dans leurs réserves, c’est parce que l’or n’est la dette de personne et que son taux d’intérêt, qui existe bien, est déterminé non par un pays, mais par la différence des prix entre le marché comptant et le marché à terme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec le libra, Facebook veut bousculer les monnaies Libre de dettes, certes, mais face aux marchés financiers dollarisés, la profondeur du marché de l’or et sa liquidité sont aujourd’hui insuffisantes. Ils réclameraient que le prix de l’or ou sa production, voire les deux, soient multipliés. De combien ? En divisant les valeurs de la monnaie papier et des produits financiers mondiaux par les quantités d’or thésaurisées, certains calculent une valeur de l’once d’or oscillant entre 10 000 et 25 000 dollars, soit de 7 à 17 fois plus qu’aujourd’hui. L’or et l’enjeu de la transition environnementale Le spectre est large, mais il reste étroit face à la réalité d’autres éléments plus spéculatifs liés à un tel bouleversement. Un prix plus élevé, pour mieux assurer la profondeur de marché, la stabilité, la liquidité et la sécurité financière, réserverait l’or aux banques centrales et détruirait la demande d’or de l’industrie bijoutière et de l’investissement privé. Par ailleurs, la question environnementale musèle de plus en plus l’accroissement de la production minière. Pour l’or aussi la transition environnementale a un effet inflationniste ! Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’économie mondiale est sur le point d’être transformée avec la cryptomonnaie de Facebook » La fin du dollar, l’apparition d’un nouvel ordre financier mondial métallique sont, comme chaque grand chambardement, projetés par chacun, mais sans le désirer vraiment de peur de perdre le confort du dollar. Si l’or peut jouer le rôle temporaire de relais entre un ordre mondial dollarisé et une future monnaie à imaginer, ce monde futur est encore flou. Panier monétaire régi et garanti par des banques centrales, mais quelle indépendance auraient ces monnaies ? Monnaies virtuelles sans règles écrites de fonctionnement ni de cautions garantissant la stabilité de leurs valeurs ? Le graphique du prix du bitcoin convainc du danger de l’outil ?
Didier Julienne, expert du négoce et de l’industrie minière, plaide, dans une tribune au « Monde », pour un nouvel ordre monétaire mêlant panier de devises, monnaies virtuelles et… or.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/12/l-or-relique-civilisee-d-une-economie-devenue-barbare_5509654_3232.html
mlsum-fr-942
Aline Zalko pour M Le magazine du Monde Cent trente ans tout rond qu’elle dresse sa tête métallique au bout du Champ-de-Mars à Paris. Près de trois millions de personnes lui ont consacré un hashtag. La grande « dame de fer », superstar du tourisme ? La tour Eiffel est surtout un alibi malencontreux pour des clichés comme on n’en fait (presque) plus sur les cartes postales – oui, ces trucs en carton glacé de la préhistoire numérique qu’on s’envoyait par La Poste avec un timbre pas toujours autocollant. Ampoules qui clignotent Eu égard à ses 130 ans et aux cérémonies afférentes, la tour Eiffel est immortalisée de nuit, nimbée de lumières multicolores. Las Vegas, Disneyland et Ibiza à côté, c’est de l’éclairage d’amateurs. Madame la maire sentira sans doute passer la facture. En attendant, cela occupe les internautes fans d’ampoules qui clignotent car c’est photogénique, on peut pas dire. Le #toureiffel sert d’abord de fond à selfie. Sur beaucoup d’images, la tour Eiffel est le machin flou à l’arrière-plan derrière un humain qui prend la pose comme dans sa salle de bains ou devant un miroir d’ascenseur. C’était bien la peine de sortir pour faire ça. À moins que la génération Instagram n’ait déjà génétiquement mutée et ne puisse s’empêcher de prendre ces poses à la moindre apparition d’un objectif ? Ces rois de l’approximation architecturale et géographique confondent sans doute la « Joconde » et la « Vénus de Milo », mais tant que c’est dans le même guide, ça ne compte pas hein. Le selfie « pouet pouet » est également populaire. Ceux qui font semblant (effet optique aidant) de mettre la main sur le haut du monument sont les mêmes qui posent en « soutenant » la tour de Pise ou en se « piquant » le doigt sur le sommet d’une pyramide. De bons comiques 2.0 qui font passer les blagues Carambar pour du Pierre Desproges. Il ne faudrait pas oublier les rois du selfie « Disney mis en scène par Barbara Cartland ». Chez eux, bisous, ballons, champagne et fleurs servent d’accessoires à des mises en scène dont seules les rom-com américaines n’auraient pas honte. Le plus drôle est que cette catégorie regroupe sans distinction aucune les fans de premier degré sirupeux et ceux qui se veulent ironiques sur la question. Mais qu’ils en prennent bien conscience : dans un fil Instagram, ces images font le même effet. Oups ! Enfin, mention spéciale aux décalés, ceux qui n’hésitent pas à hashtaguer toureiffel l’Arc de triomphe ou tout autre monument parisien. Ces rois de l’approximation architecturale et géographique confondent sans doute la « Joconde » et la « Vénus de Milo », mais tant que c’est dans le même guide, ça ne compte pas hein. Pendant ce temps, imperturbable, la « dame de fer » continue de faire admirer ses volumes contondants et égratigne, métaphoriquement parlant, le sillon interfessier de tous ceux qui persistent à dire qu’ils viennent « sur » Paris et non « à » Paris.
Les accros des réseaux sociaux ne cessent de mettre en scène leur vie à coups de hashtags et de selfies, lançant la tendance (ou pas). Cette semaine, en compagnie d’une grande dame.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/06/toureiffel-ou-la-reine-des-selfies_5472360_4500055.html
mlsum-fr-943
A l’intérieur d’un entrepôt Momox, en banlieue de Berlin, en 2011. GERHARD WESTRICH / LAIF-REA Un tournis pour les amateurs de livres d’occasion. En face de l’ancien aéroport de Leipzig (Allemagne), deux hangars de 10 000 mètres carrés au total abritent une partie des stocks de l’entreprise allemande Momox. Dans des bibliothèques alignées à perte de vue, dix millions de tomes déjà lus et portant chacun un numéro de code sont rangés dans d’ingénieux petits cartons longilignes. On y déniche aussi bien un bel ouvrage sur Sigmund Freud dans les Cahiers de L’Herne qu’un manuel sur la purée de pomme de terre, dans la langue de Schiller… Plus de 600 employés travaillent dans ce temple du livre d’occasion. Les ouvrages des vendeurs arrivent par petits colis ou sous enveloppe. Ils sont scannés, leur état est vérifié. Les livres comportant une dédicace personnelle sont refusés comme ceux trop vieux, écornés, ou abusivement annotés. Ces rebuts sont renvoyés contre paiement à l’envoyeur ou destinés à être recyclés. L’une des jeunes femmes, à son poste, raconte qu’elle trouve parfois des billets de banque oubliés en marque-page. Son bonheur culmine quand elle tombe sur des lettres d’amour. « C’est plus intéressant que les ouvrages eux-mêmes ! », tranche-t-elle. A l’autre bout de la chaîne, les achats. Un incessant ballet de caisses bleues en plastique sur un tapis roulant apporte des livres à des employés qui pèsent et emballent chaque colis avant de l’envoyer à son destinataire. Ces occasions ont été achetées directement par des clients de Momox ou sur des plates-formes comme Amazon, Rakuten, eBay ou la Fnac (qui prélèvent entre 20 % et 30 % sur le prix de la vente). Lire le décryptage : Des livres par-dessus le marché Une jolie culbute Petite start-up née il y a quinze ans en Allemagne, Momox s’est internationalisée et reste principalement détenue par les fonds Acton GmbH, Verdane Capital X et CW Beteiligungs GmbH. Le groupe a affiché, en 2018, selon son PDG, Heiner Kroke, « 200 millions de chiffre d’affaires ». « Un cinquième est réalisé en France », précise-t-il, en qualifiant l’Hexagone de « marché très porteur, en croissance de 30 % ». Le concept de Momox repose sur sa simplicité d’utilisation. Le vendeur envoie sans frais de port à la société les œuvres dont il veut se débarrasser et qu’il aura préalablement scannées sur l’application. En retour, Momox le paie dans la semaine par un virement bancaire. La somme proposée peut parfois être dérisoire. A titre d’exemple, Plaisir et nécessité (Stock), ouvrage de l’ex-ministre de la culture Françoise Nyssen, vendu 20,50 euros en librairie est repris à 1,02 euro.
Amazon, Momox, RecycLivre… sur Internet, les plates-formes de revente de livres de seconde main connaissent un succès croissant, dans un secteur pourtant sujet à la déprime. Mais auteurs et éditeurs n’en profitent pas.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/30/les-livres-d-occasion-tourmentent-le-marche-de-l-edition_5504311_3234.html
mlsum-fr-944
Le rappeur Nemir à Perpignan. Dorian Burget Cela fait six ans que Nemir fait patienter son monde. Le chanteur de Perpignan a d’abord publié des duos avec les rappeurs du collectif L’Entourage, auquel appartient Nekfeu. En 2013, il rappe aux côtés de Deen Burbigo sur le titre Ailleurs. Les critiques sont unanimes et lui promettent un avenir dans le rap. Lui est persuadé de sortir « un album dans la foulée », mais seuls des duos suivront, dont Mon Crew avec S.Pri Noir ou Princesse et Elle pleut avec Nekfeu où – surprise – il chante, apportant beaucoup de tendresse à des morceaux tout en technique. Depuis le 6 septembre, on peut enfin entendre sa voix feutrée sur tout un disque. Attablé à la terrasse d’un café parisien, Nemir porte la barbe naissante, les cheveux blonds et longs. « Je me connaissais mal, reconnaît-il pour expliquer ce retard. Je ne me savais pas si compliqué, si exigeant, si feignant aussi. Je me suis découvert très peureux d’affronter la critique des autres. » Pendant six ans, Nemir s’est enfermé avec son compositeur Enzo et son pote rappeur Gros Mo, effaçant ce qu’il avait enregistré la veille, passant d’une obsession à l’autre, perfectionnant sa voix « en l’abîmant ». Le résultat est là : un album tout en finesse où le chant fragile et émouvant s’essaie sur une guitare gitane, une rumba, du jazz. Le résultat est là : un album tout en finesse où le chant fragile et émouvant s’essaie sur une guitare gitane, une rumba, du jazz. Comme pour mieux se protéger, Nemir s’est entouré des copains de ses débuts : Alpha Wann pour le jovial Sur ma vie, S.Pri Noir pour Rock n’Roll, Nekfeu sur le très funk DPLT (Depuis le temps). « Quand je suis arrivé à Paris en 2011, se souvient-il, ce sont les premières personnes que j’ai rencontrées. On se croisait sur les scènes en freestyle. Ils débarquaient en équipe, personne n’avait encore de carrière. Ils rappaient bien aussi, moi aussi. Inviter L’Entourage sur mon album, c’est la reconnaissance de toute une période de ma vie. » La musique pour toutes les occasions Nemir, qui a choisi son nom de famille comme pseudonyme d’artiste et comme titre de son premier album, a grandi dans le quartier Saint-Jacques, à Perpignan, entre la communauté gitane, dont il parle la langue et ses parents algérien et marocain. Enfant unique, il se rappelle avoir toujours aimé monter sur scène : « J’aime être au centre de tout. Je crois que je pourrais me passer de rap mais pas d’être sur scène. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nekfeu, vagabondages d’un rappeur inspiré Dans sa famille marocaine, originaire de Meknès, on joue de la musique pour toutes les occasions : retour au pays, circoncision, mariage… Les cousins, l’oncle, batteur, jouent dans des groupes gnawa qui passent à la télé. Sa mère chante avec ses sœurs et cultive une passion secrète pour la chanteuse algérienne Cheikha Rimitti : « Elle faisait des réunions avec ses copines à la maison. Elles attendaient que les maris partent et elles regardaient les cassettes vidéo de Rimitti. Elles avaient une certaine excitation à regarder ça entre elles, et j’ai grandi dans l’intimité de cet univers féminin. »
Le chanteur qui accompagne Nekfeu et les rappeurs de L’Entourage sur leurs tubes publie enfin son premier album. Une réussite.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/06/rap-nemir-a-pleine-voix_5507460_3246.html
mlsum-fr-945
La Peau nue appartient à la collection de onze parfums lancée par Celine sous la direction d’Hedi Slimane. Hedi Slimane C’est peu de dire qu’elle était attendue. Le 2 novembre, la première boutique de haute parfumerie de la maison Celine ouvre ses portes en face de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, au 390 de la rue Saint-Honoré, à Paris. Le lieu a été imaginé pour accueillir les neuf fragrances de la collection – deux autres sortiront l’année prochaine –, dévoilée à l’occasion, ainsi que des objets tels des étuis à parfum, à peigne, à briquet… La patte d’Hedi Slimane, directeur artistique de Celine depuis presque deux ans, est partout : dans le design et la scénographie, dans la composition des parfums, dans la conception de leurs flacons, dans le choix de leurs noms (Reptile évoque l’affection du créateur pour les rockstars, Nightclubbing, son amour du monde de la nuit ; Black Tie – qu’il a pensé pour lui-même –, son goût de la silhouette affûtée qu’il réinvente depuis les années 2000…). Il a imaginé des parfums de peau, élégants et volontairement hors modes, tous élaborés autour d’une note poudrée. Un style plus haut de gamme Dès son arrivée chez Celine, Hedi Slimane a fait savoir qu’il prendrait les choses en main de façon globale : en plus de l’homme, la femme et la couture, il avait envie d’imaginer un « vestiaire olfactif ». Avec l’idée de compléter ce qu’il appelle sa « vision holistique de la maison ». Le goût d’Hedi Slimane pour le parfum ne date pas d’hier. C’est lorsqu’il était directeur artistique de la mode homme chez Dior qu’ont été lancés en 2004 les premiers jus de la collection privée Christian Dior (Bois d’argent, Cologne blanche et Eau noire), puis l’année suivante le très remarqué Dior Homme. Chez IFF, la maison de composition qui a signé la fragrance, on se souvient de la grande implication du couturier. La campagne Pacollection pour Paco Rabanne. Stef Mitchell Spectaculaire chez Celine, cette réappropriation des parfums par le directeur artistique s’opère également chez Gucci, Paco Rabanne ou Loewe. Une nouveauté tant, depuis des années, les départements mode et beauté de ces marques sont indépendants les uns des autres. Le plus souvent, en effet, la parfumerie est gérée par des équipes marketing ou de création différentes, voire par des sociétés extérieures spécialisées dans les licences, comme Coty, L’Oréal Paris ou Puig. Le groupe catalan est propriétaire de la marque Paco Rabanne, en plus de Jean Paul Gaultier ou de Nina Ricci notamment. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Julien Dossena : « Je garde toujours en tête que j’habille des femmes réelles » Récemment, Julien Dossena, directeur artistique de Paco Rabanne, a lancé six fragrances Pacollection, se décidant à imprimer au parfum un style plus haut de gamme et cohérent avec ses créations. Il a supervisé la composition des senteurs, pensé la communication, axée sur la diversité et la fluidité des genres, et imaginé des flacons souples métallisés, réellement innovants. On est loin du lingot de 1 Million ou des inspirations péplum d’Invictus et Olympéa. Chez Loewe, Jonathan Anderson est à l’origine de la nouvelle identité visuelle et olfactive des parfums, qui en avaient grand besoin. La tradition du « couturier-parfumeur » Ce décloisonnement correspond à un retour à la tradition du « couturier-parfumeur », initiée au début du XXe siècle. Cette figure est née avec Les Parfums de Rosine, lancés en 1911 par Paul Poiret, « qui commet cependant l’erreur marketing de ne pas capitaliser sur la notoriété de son nom de couturier et l’image qui y est associée », écrivent les auteurs du Grand Livre du parfum (Edition Nez). Suivent Gabrielle Chanel en 1921 avec le N° 5, puis Jean Patou, Jeanne Lanvin, Elsa Schiaparelli et, après la seconde guerre mondiale Christian Dior, Pierre Balmain, Hubert de Givenchy et Yves Saint Laurent, qui va jusqu’à poser nu pour promouvoir son premier parfum masculin, en 1971. Dans les années 1990, Tom Ford initie chez Gucci et Yves Saint Laurent des projets parfumés pensés comme le prolongement de sa mode, mais ce sera après son départ de deux marques européennes et la création de son label que ce passionné de parfum met en œuvre sa vision globale. Ses fragrances ont beau être gérées par le groupe Estée Lauder, il garde la main sur la création, développant « une marque très forte, au sommet du lien créateur-parfums », estime Eric Briones, cofondateur de la Paris School of Luxury. La cohérence du message La toute fin du XXe siècle et le début du XXIe marquent un tournant. Les ventes de prêt-à-porter patinent et le parfum, machine à cash des maisons de mode, « inonde l’ensemble de la planète, devenant un produit de masse », constate Yohan Cervi, spécialiste de l’histoire de la parfumerie moderne, rédacteur pour la revue Nez et le site auparfum.com. Il y a donc eu ces dernières années plusieurs exemples de dichotomie entre la mode d’un directeur artistique et le parfum lancé sous le même label. Les jus et les campagnes n’étant souvent que la traduction racoleuse du message d’un créateur. Ainsi d’une mode qualifiée de rock’n’roll, on fera un parfum « rebelle » avec tous les clichés : odeur entêtante, courte robe de cuir et talons très hauts sur le bitume. Pas vraiment subtil… Certaines marques ont néanmoins toujours porté un très grand soin à la cohérence du message. Ainsi de Chanel qui est l’une des rares maisons à avoir toujours conservé son département beauté en interne. « Nous n’avons pas de lien contractuel avec la mode, confie Olivier Polge, le nez de la maison, mais j’assiste à tous les défilés, je me nourris de la mode. Je montrais tous mes parfums à Karl Lagerfeld, qui n’a cependant jamais préempté ce secteur, car il avait un grand respect des métiers de chacun, et je vais continuer avec Virginie Viard. Coco Chanel a construit ce pont entre la mode et la beauté qui a donné naissance à l’identité des parfums Chanel et que nous devons perpétuer. Nous restons une maison de couture avant tout. » Le recours aux vêtements L’explosion des réseaux sociaux oblige les marques à revoir leur copie. Une odeur étant par définition invisible, elles ont recours au vêtement pour présenter leurs parfums. La stratégie est d’autant plus maligne qu’Instagram a rendu accessible la mode via les messages et photos des couturiers : « Avec les réseaux, les gens ont acquis une forte culture mode, et connaissent la personnalité des directeurs artistiques. Or, dans le secteur de la beauté, la désirabilité vient d’abord de l’incarnation », constate Eric Briones. Alessandro Michele, chez Gucci, compte 612 000 abonnés sur Instagram ; Jonathan Anderson, chez Loewe, 334 000. Les parfums lancés par ces derniers gagnent en crédibilité et les campagnes de publicité sortent peu à peu des clichés dans lesquels elles étaient engluées depuis des années : les mannequins ne sont pas seulement habillés par les marques, l’image, les scénarios, tout rappelle la mode et profite de la signature de ces nouveaux designers multicartes. « Parce qu’il est accessible, le parfum a toujours été un produit d’appel vers le luxe, il sert la mode et non l’inverse. » Pierre Bisseuil, directeur de recherche chez Peclers Avec son univers décalé très personnel, Alessandro Michele a repris en main les parfums de la maison Gucci (jus, packaging, communication), lançant successivement Gucci Bloom en 2018, la collection Alchemist’s Garden en 2019 et, cet été, Mémoire d’une odeur, pour lesquels il convoque ses goûts et ses souvenirs. Histoire d’être cohérent jusqu’au bout, il s’est aussi impliqué dans un gros succès de la maison, Gucci Guilty, en créant une nouvelle campagne de communication. Notons que cette réinvention des parfums a été initiée au moment de l’arrivée de Gucci Parfums chez Coty. « Le groupe soigne en général plutôt bien ses marques venant de la couture. On a aussi l’exemple de Chloé, dont les créations parfumées ont toujours conservé l’esprit de la mode, même en étant gérées de façon indépendante », estime Yohan Cervi. La campagne Gucci Bloom. Gucci Beauty Outre les réseaux sociaux, un autre phénomène a changé la donne : la montée en gamme du secteur de la parfumerie. « Les consommateurs ne voulant plus sentir comme tout le monde, les parfums de niche et luxueux sont de plus en plus puissants. Pour répondre à cette « luxification » du marché, quoi de mieux qu’un créateur de mode ? », commente Eric Briones. Il ne faudrait pas se tromper de bénéficiaire. Si le parfum profite aujourd’hui d’un supplément d’âme et d’émotions apporté par les designers, c’est pour mieux servir… la couture. « Parce qu’il est accessible, le parfum a toujours été un produit d’appel vers le luxe, il sert la mode et non l’inverse », juge Pierre Bisseuil, directeur de recherche chez Peclers, qui voit dans ces nouvelles connexions une dynamique pour stimuler la machine économique plutôt qu’un réel désir de retisser les liens. Lire aussi Les maisons de parfums se tournent vers des écuries de nez
Les départements mode et beauté des maisons de luxe ont longtemps été indépendants les uns des autres. Mais à l’image d’Hedi Slimane, qui a conçu une collection de jus pour Celine, les directeurs artistiques s’impliquent davantage dans la conception des fragrances.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/11/04/les-directeurs-artistiques-se-reapproprient-les-parfums_6017990_4497319.html
mlsum-fr-946
ologique. Daniel Cueff, maire du village breton de Langouët, le 17 juin. CAMILLE MICHEL POUR « LE MONDE » La pièce est foisonnante. Sur les murs de bois, des affiches exposent en grand format divers projets dont on trouve les détails dans les piles de livres, schémas, plans d’urbanisme et autres documents administratifs qui jonchent la table de réunion. Ferme en permaculture, serres photovoltaïques, habitats légers, préservation des terres agricoles, voies piétonnes… A en croire les murs de son bureau, Daniel Cueff ne manque pas d’inspiration pour faire de son village une commune écologique. Vingt ans que cet homme de 64 ans est à la tête de la mairie de Langouët (Ille-et-Vilaine) et de ses 600 habitants. Il ne lui a pas fallu plus de quelques années pour transformer ce petit territoire rural, situé à 20 kilomètres au nord de Rennes, en laboratoire à ciel ouvert de l’écologie sociale. « Anticipation de l’avenir » Ce jour-là, l’édile prépare la présentation de son dernier projet : l’installation d’un panneau solaire destiné à fournir de l’électricité verte à une partie des habitants. Les bâtiments publics de Langouët produisent déjà tous leur électricité. La nouvelle installation photovoltaïque, gérée par une association regroupant la mairie et les futurs consommateurs, sera un nouveau pas vers l’entière autonomie énergétique de ce petit village breton, que le maire souhaite atteindre d’ici à dix ans. Les bâtiments publics de Langouët produisent déjà toute leur électricité. CAMILLE MICHEL POUR « LE MONDE » « C’est une anticipation de l’avenir », explique Daniel Cueff, estimant nécessaire de produire localement ce qui est consommé localement. « L’autonomie n’est pas une politique d’autarcie, insiste cependant le maire. Nous devons juste prendre notre part aux évolutions d’un monde dont les modes de consommation et de production ne pourront pas durer. » Lui se dit convaincu que les solutions environnementales ne peuvent venir que des territoires, dont chacun aura à « s’adapter différemment », en fonction de ses caractéristiques propres, à un changement climatique qu’il juge « inéluctable ». « Le climat nous imposera des changements, mais nous ne devons pas seulement avoir une politique de réaction, précise-t-il. Je souhaite que l’urgence climatique nous permette aussi de trouver des solutions au mieux vivre-ensemble. » Daniel Cueff dans son jardin en permaculture. CAMILLE MICHEL POUR « LE MONDE » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gaël Musquet, « hacker citoyen » et vigie du changement climatique Convaincre par l’expérience La politique ne fait pourtant pas partie de l’horizon de Daniel Cueff lorsqu’il s’installe à Langouët « un peu par hasard » en 1990. Un « concours de circonstances » le porte à la tête de la mairie en 1999, à la faveur d’une élection partielle. Cet écologiste convaincu – mais non encarté –, qui a fait ses armes contre le projet de centrale nucléaire à Plogoff (Finistère) à la fin des années 1970, arrive en terrain miné. Il raconte :
Comment vit-on lorsqu’on ne veut pas hypothéquer l’avenir des générations futures ? Dans le village breton de Langouët, un élu fait tout pour en faire un territoire 100 % écologique.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/06/19/daniel-cueff-le-maire-breton-qui-invente-le-village-de-l-apres-petrole_5478334_4415198.html
mlsum-fr-947
Un cordon de soldats entoure la zone où s’est écrasé un avion de l’armée pakistanaise à Rawalpindi, près d’Islamabad, le 30 juillet. AAMIR QURESHI / AFP Au moins dix-sept personnes ont été tuées mardi 30 juillet lorsqu’un petit avion de l’armée pakistanaise s’est écrasé dans une zone résidentielle de Rawalpindi, ville proche de la capitale Islamabad, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) un responsable des secours. « Nous avons reçu dix-sept corps dont douze civils et cinq membres d’équipage. Douze personnes ont été blessées », a déclaré le porte-parole des secours, Farooq Butt. L’accident s’est produit en pleine nuit dans une banlieue de la ville de Rawalpindi, qui abrite aussi le siège de la puissante armée pakistanaise. La zone a rapidement été bouclée par les forces de l’ordre, tandis que des dizaines d’ambulances avaient rejoint le site. L’armée a précisé dans un communiqué qu’il s’agissait d’un avion de formation qui se trouvait en « mission de formation de routine » au moment de l’accident, et confirmé que cinq membres d’équipage se trouvaient à bord, parmi lesquels deux pilotes. Les blessés ont été évacués vers les hôpitaux et l’incendie a été éteint. Selon un journaliste de l’AFP présent sur place, des morceaux de la carcasse fumante de l’avion étaient visibles sur un toit effondré. Une foule d’habitants s’était rassemblée sur place, certains en larmes. L’un d’entre eux, un vieil homme à barbe blanche, Kala Khan, le torse nu couvert de bandages, criait « Oh mon fils, oh mon fils », tandis que d’autres habitants tentaient de le réconforter pour la perte de son fils dans l’accident. L’avion « était déjà en feu dans l’air » « Je dormais lorsque j’ai été réveillé par le bruit d’une énorme explosion. Je suis sorti de ma maison et j’ai vu de hautes flammes. Nous avons couru jusqu’au site, les gens hurlaient », relate à l’AFP Mohammad Sadiq, un quinquagénaire vivant dans la zone. « Nous les villageois avons tenté de les aider mais les flammes étaient trop hautes et le feu trop intense, donc nous n’avons rien pu faire. Parmi les morts, il y a sept membres d’une même famille et la plupart ont péri brûlés », a-t-il ajouté. « J’étais réveillé lorsque l’avion est passé au-dessus de ma chambre et il était déjà en feu dans l’air. Le bruit était terrifiant », a pour sa part affirmé un autre villageois, Ghulam Khan. « Il est ensuite tombé sur une maison où vivait une famille », a-t-il ajouté. Le dernier accident aérien d’ampleur au Pakistan remonte à décembre 2016, lorsqu’un avion de ligne de la compagnie nationale PIA effectuant un vol intérieur s’était écrasé dans le nord montagneux du pays, tuant 47 personnes. Le crash le plus meurtrier ces dernières années au Pakistan remonte à 2010 : un Airbus 321 de la compagnie privée Airblue, ralliant Karachi à Islamabad, s’était écrasé dans les collines peu avant l’atterrissage dans la capitale, tuant les 152 personnes à bord.
L’appareil s’est écrasé dans une zone habitée et a provoqué la mort de douze civils et cinq membres d’équipage.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/30/pakistan-dix-sept-morts-dans-la-chute-d-un-avion-de-l-armee_5494778_3210.html
mlsum-fr-948
« Les ouvriers dockers CGT du golfe de Fos ne chargeront aucune arme, aucune munition pour quelque guerre que ce soit. » C’est par ces mots, publiés dans un communiqué le 28 mai, que les syndicalistes cégétistes du port de Marseille-Fos, « fidèles à [leur] histoire et [leurs] valeurs de paix », ont fait connaître leur position alors que des « bruits » couraient sur le fait qu’« un chargement d’armes pour l’Arabie saoudite allait y être effectué pour continuer les crimes de guerre au Yémen ». Un peu plus tôt dans la journée, le site d’investigation Disclose avait affirmé que « des munitions pour les canons Caesar français devraient y être chargées » à bord d’un navire saoudien avec pour « destination finale : le port de Djedda, en Arabie saoudite ». Le lendemain, les dockers avaient finalement accepté de transporter les caisses à bord du cargo après avoir reçu l’assurance qu’il s’agissait de matériel civil. « Nous n’avons chargé aucune munition, avait alors déclaré à l’AFP un responsable de la CGT des dockers. On s’est renseigné, ce n’est pas le cas. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi A l’Assemblée, des élus s’invitent dans le débat miné sur les ventes d’armes à l’Arabie saoudite Paris est régulièrement mis en cause par des ONG pour ses ventes d’armement à Ryad, susceptible selon elles d’être utilisé contre les civils au Yémen. Quelques semaines auparavant, un événement similaire s’était produit au Havre. Disclose, déjà, avait assuré que « huit canons de type Caesar » devaient y être transbordés le 8 mai sur un autre bateau du même armateur saoudien toujours à destination de Djedda. Associations et élus s’étaient rapidement mis en mouvement et, devant la polémique, le navire n’y avait finalement pas fait escale. Restés en retrait publiquement, les dockers CGT avaient également joué un rôle en coulisses, selon Jean-Paul Lecoq, député PCF de Seine-Maritime. « Les dockers avaient déclaré à leur employeur qu’ils assumeraient leurs responsabilités si la question leur était posée au moment du chargement. Le navire n’étant pas rentré, la question ne s’est pas posée », explique-t-il. Une menace qui, conjuguée à l’action citoyenne, aura sans doute pesé – les dockers CGT disposant encore d’un rapport de force non négligeable. « S’ils rentrent en action, ça ne passe pas inaperçu », confirme Michel Pigenet, professeur émérite d’histoire à Paris-I. Mis à part quelques exceptions, ce syndicat est en situation de quasi-monopole sur les quais français. Une situation héritée de leur histoire. A la fin du XIXe siècle, alors que les ports de l’Hexagone sont déjà en forte concurrence et que le dumping social fait rage, naissent les premières luttes de dockers. La Fédération nationale des ports, docks et fleuves de France et d’Algérie voit ainsi le jour en 1901 avant d’adhérer dans la foulée à la CGT. « Plus que dans d’autres professions, l’unité organique est indispensable, indique M. Pigenet. Les ports sont ouverts sur l’extérieur, un extérieur de concurrence que l’on peut essayer de contrôler par la solidarité. »
Au Havre et à Marseille, les ouvriers cégétistes du port ont pris position, dans un communiqué publié le 28 mai, contre le transport d’armes à bord d’un navire saoudien.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/08/les-dockers-de-la-cgt-font-de-la-resistance_5473512_823448.html
mlsum-fr-949
Mark Sanford, candidat à l’investiture des républicains pour la présidentielle, à Columbia (Caroline du Sud), le 16 septembre 2019, à côté d’une effigie de Donald Trump. Sean Rayford/Getty Images/AFP Donald Trump leur a déjà trouvé un surnom moqueur : les « Three Stooges », (« les trois corniauds »), référence à un trio d’acteurs américains de vaudeville en vogue au milieu du XXe siècle. C’est dire tout le respect qu’il leur porte. Les trois hommes ainsi brocardés, Mark Sanford, Joe Walsh et Bill Weld, n’ont pourtant rien de trois comiques : ils sont respectivement anciens élus de Caroline du Sud et de l’Illinois et ancien gouverneur du Massachusetts. Et, si la dimension kamikaze de leur mission n’a échappé à personne, eux la prennent très au sérieux. L’un après l’autre, ces dernières semaines, ils ont entrepris d’affronter le président des États-Unis, déjà en campagne pour un second mandat, dans la course à l’investiture républicaine pour l’élection de 2020. « La situation est devenue insupportable, a justifié Bill Weld. Je me suis dit que je devais faire quelque chose pour être sûr qu’il ne soit pas réélu. » Unis dans l’adversité, les trois challengeurs ont expliqué leur hasardeux pari dans une tribune au vitriol, publiée le 13 septembre dans le Washington Post. Opposés à sa rhétorique clivante Déterminés à redéfinir la nature et les valeurs d’un Parti républicain désormais incarné par Donald Trump, ils estiment que leur mouvement « a pris une mauvaise tournure, mené par un égocentrique maniaque qui a abandonné les principes fondateurs du Grand Old Party (GOP) ». Ils lui reprochent ses attaques contre la vérité, contre la presse, sa rhétorique clivante, ses sympathies pour « les terroristes et les dictateurs » et, surtout, sa politique budgétaire à mille lieues des convictions républicaines. Avec un déficit équivalant à 1 000 milliards de dollars, les Etats-Unis se sont, plaident-ils en chœur, détournés de la rigueur qu’ils défendent. Réputés pour leur conservatisme fiscal et leur peu de goût pour un Etat fort, les trois candidats affichent néanmoins des différences. Bill Weld, 74 ans, qui avait rejoint le Parti libertarien en 2016 avant de revenir au bercail en début d’année, apparaît plus modéré que la moyenne des républicains sur les questions de société, comme l’avortement ou l’usage du cannabis. Il avait même appelé à voter Hillary Clinton en 2016. Un contentieux à régler Aux antipodes, Joe Walsh, 57 ans, avait apporté un soutien sans faille à Donald Trump et s’était illustré, auparavant, pour ses attaques contre l’authenticité de la nationalité américaine de Barack Obama et, partant, son éligibilité. Un procès en délégitimation attisé par Donald Trump lui-même. Désormais passé dans le camp des (très rares) critiques républicains du président, il admet aujourd’hui « avoir eu tort ». « Le Parti républicain est devenu un culte. » « Il faut faire passer le message que ce président est inapte. »
Ils sont trois et ont un ennemi commun. Candidats à la présidentielle de 2020, leurs chances de battre le sortant lors de primaires sont quasi nulles. Mais ils espèrent que leurs critiques porteront.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/30/trump-et-le-gang-des-outsiders-republicains_6013573_4500055.html
mlsum-fr-950
Nouveau départ pour la Société protectrice des animaux (SPA). Après des années de crise et valse des dirigeants, la principale association française de protection animale dispose désormais à sa tête d’une équipe plus solide, et bénéficiant de l’appui des adhérents. Samedi 22 juin, l’assemblée générale a en effet accordé son soutien à Jacques-Charles Fombonne, qui était jusqu’à présent son président par intérim. L’ancien général de gendarmerie avait été coopté au conseil d’administration au printemps 2018, puis en avait pris la présidence quelques jours plus tard, à la suite de la démission inattendue de la précédente présidente, Natacha Harry. Lire son portrait : Jacques-Charles Fombonne, le gendarme de la SPA Un an après avoir ainsi été parachuté à la présidence d’une association qu’il ne connaissait pratiquement pas, Jacques-Charles Fombonne bénéficie à présent d’une légitimité claire. Samedi, la liste qu’il conduisait a recueilli 61 % des suffrages, lors d’une élection à laquelle ont participé 3 565 personnes. Cette liste a obtenu 6 élus sur 9 au conseil d’administration. Une « très belle victoire », s’est immédiatement réjoui l’ex-gendarme. Revanche Les trois listes concurrentes envoient chacune un représentant au conseil : Céline Ravenet, Thierry Bedossa et Isabelle Hallot. Ancienne directrice du refuge d’Hermeray (Yvelines), Céline Ravenet avait été licenciée pour faute grave par la direction de la SPA en mai 2018, pour avoir fait tuer des chiens jugés dangereux sans avoir respecté le protocole prévu. A ses yeux, cependant, cette éviction était surtout liée à son conflit avec la présidente Natacha Harry, qui n’aurait pas supporté que Céline Ravenet ait connu son heure de gloire médiatique en orchestrant l’adoption par Emmanuel et Brigitte Macron d’un labrador croisé griffon noir, Nemo. C’est ce qu’elle relate dans son récent livre N’abandonnez jamais ! (L’Archipel, 218 pages, 17 euros, mai 2019). En entrant au conseil, Céline Ravenet estime aujourd’hui tenir sa revanche. « Avec elle, le conseil de la SPA ne devrait donc plus être une chambre d’enregistrement, il y aura une opposition déterminée », se réjouit Henri Barbe, l’un des adhérents les plus critiques à l’égard de la gestion passée. « Pillage » Sans « révolutionner » la SPA, Jacques-Charles Fombonne entend continuer à remettre de l’ordre dans cette association qui emploie 660 salariés et 4 000 bénévoles. Depuis mars, il peut s’appuyer sur un nouveau directeur général, Guillaume Sanchez, le précédent ayant été licencié pour faute. Lire aussi Les projets de la SPA pour les chats tenus en échec en Ile-de-France L’équipe désormais aux commandes aimerait que la plus ancienne structure française de protection des animaux ne soit plus associée à des polémiques et des scandales, mais aux adoptions, à la lutte contre la maltraitance animale et contre la tauromachie. Le passé risque cependant à tout moment de se rappeler au bon souvenir de l’association, tant d’actions en justice et d’enquêtes diverses sont en cours. Dès le 4 juillet, la cour d’appel de Paris doit se pencher à nouveau sur le « pillage de la SPA » dénoncé par certains adhérents, dont Henri Barbe.
Les opposants internes n’ont pas réussi à écarter l’ancien général, parachuté à la présidence de l’association en juillet 2018.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/24/jacques-charles-fombonne-elu-a-la-tete-de-la-spa_5480777_3224.html
mlsum-fr-951
Pomme, héliotrope, cresson de fontaine, crâne de bœuf, orange douce, faisan ; mais aussi crible d’osier, bitume, soufre, érable à sucre ; ou encore pignon doux, lave, lapin, silex… Etrange liste ! Plus étrange encore quand tous ces objets, plantes, pierres, se donnent à voir en cercle, s’égrainant un à un sous la nef du CAPC, le fameux musée d’art contemporain de Bordeaux. C’est l’artiste écossaise Ruth Ewan qui les a rassemblés là, encyclopédie très précise, qui lui a demandé, ainsi qu’aux équipes de la ville, des mois de recherche. Mais quel sens a donc ce jardin sur estrade ? Il s’agit de la mise en œuvre du calendrier révolutionnaire qui, en France, a remplacé le rythme grégorien de 1793 à 1805. Nivôse, vendémiaire, pluviôse et bien sûr germinal… on connaît les noms de ces mois nouveaux, venus remplacer ceux de l’ancien temps. Mais l’on sait moins que, juste après la prise de la Bastille, un comité de poètes, scientifiques, philosophes s’est réuni pour lier chaque jour à un élément de la nature. Une ode au monde agricole qui nourrirait les hommes de demain. Minéral, animal, végétal, tous les règnes sont représentés dans cet almanach truffé d’une poésie paysanne et païenne, imaginé sous l’égide de l’auteur Fabre d’Eglantine : « Il pleut, il pleut bergère », c’est lui ; d’où le titre de l’exposition, It Rains, It Rains. Disposés en un immense cercle, selon mois et saisons, ces objets semblent l’incarnation d’un autre temps. « A mes yeux, c’est un exemple fascinant de ce que peut engendrer une collaboration entre artistes, scientifiques et Etat », s’émerveille l’artiste. Des écomusées de la région, qui ont prêté ici des chefs-d’œuvre de l’artisanat agricole, à l’université qui s’est défait de quelques belles pierres, toutes les institutions locales se sont prêtées au jeu. Défaut de mémoire La ville de Bordeaux ne pouvait trouver projet plus adapté pour la saison culturelle qu’elle lance cet été : intitulée « Liberté ! », elle s’enracine dans la philosophie des Lumières. Le flamboyant esprit XVIIIe est d’ailleurs au cœur d’une des expositions les plus magistrales, « La Passion de la liberté, des Lumières au romantisme », proposée par le Musée des beaux-arts. Il accueille pour l’occasion le Louvre, hôte de marque né lui aussi de la Révolution. L’institution parisienne prête en effet, le temps d’un été, une cinquantaine de chefs-d’œuvre dans le cadre d’un partenariat qui la lie sur trois ans à la ville, et qui verra naître l’an prochain une saison britannique. Une ombre au tableau, cependant… Liberté ! ? Avec un tel titre, et une volonté affirmée de s’inscrire dans l’héritage des encyclopédistes Montesquieu ou Diderot, on pourra s’étonner que Bordeaux ne saisisse pas l’occasion de se questionner sur son histoire de l’esclavage. Certes, le Musée d’Aquitaine s’est doté depuis 2009 de plusieurs salles consacrées au commerce triangulaire, qui a enrichi nombre d’habitants au XVIIIe siècle. Mais cette saison semblait l’occasion parfaite pour fouiller davantage cette mémoire. Cet été, le temple protestant des Chartrons s’ouvre à Gonzalo Borondo, street-artist version baroque, qui le métamorphose en une noire forêt labyrinthique en recyclant tous les objets abandonnés qu’il a trouvés sur place. D’autant plus que la ville ne se prive pas de revisiter tout son patrimoine, même le plus oublié. Il faut ainsi aller tout au fond du bâtiment du Crous, hébergé dans un ancien couvent de capucins proche de la gare, pour découvrir l’installation de Zilvinas Kempinas. Cette chapelle néogothique n’avait jusqu’à présent jamais accueilli d’exposition. L’artiste lituanien la fait tomber dans le décor de science-fiction : au cœur de la nef, il a imaginé un long tunnel constitué de bandes magnétiques, son matériau de prédilection, tendues d’un bout à l’autre pour créer un tunnel cinétique. Principe minimal pour rendu maximal : sous la lumière changeante des ogives, le vertige est garanti. « Tout mon travail tourne autour des notions d’équilibre, d’énergie, de juste proportion, et ce site est parfait à cet égard, se réjouit le plasticien installé à New York et invité dans le cadre de la carte blanche à José-Manuel Gonçalves, partenaire fidèle de la Ville. « Camper à Bordeaux et refaire le monde » Autre bijou caché dans le dédale des rues du centre-ville, le temple protestant des Chartrons. Bâti à une encablure du CAPC, il était fermé depuis trente ans, réduit à n’être plus qu’un entrepôt de débris. Cet été, il s’ouvre à Gonzalo Borondo, street-artist version baroque, qui le métamorphose en une noire forêt labyrinthique en recyclant tous les objets abandonnés qu’il a trouvés sur place. « Avec mon équipe, j’ai passé ici quatre mois, parce que nous voulions vraiment utiliser l’âme de cet espace, raconte-t-il. J’ai déjà travaillé sur de très grands sites, mais celui-ci m’offre une occasion exceptionnelle de créer une expérience immersive. » A la suite d’une résidence dans la région aux côtés des experts de l’Office national des forêts, le jeune Espagnol s’est pris de passion pour la forêt des Landes. Des pins charbonneux envahissent la nef, jusqu’à la voûte où éclate un orage. Le gazon pousse au pied de l’orgue, qui, réparé, produit un souffle magnétique, tandis qu’un « arbre Frankenstein », constitué de tous les débris de bois dénichés in situ, domine l’autel. L’élégant hôtel de Ragueneau, qui abritait un centre d’archives municipales, le collectif Yes We Camp en fait une « république nomade » sous glycine. C’est ainsi que l’art profite du moindre interstice pour s’installer dans la ville. Jean-Pierre Raynaud ? Cette figure majeure de la création française fête ses 80 ans en s’installant dans un salon de l’opéra, mais aussi dans l’église Saint-Rémy, et ses fameux pots de fleurs trouvent un abri tout naturel au jardin botanique. Quant à l’élégant hôtel de Ragueneau, qui abritait un centre d’archives municipales, le collectif Yes We Camp en fait une « république nomade » sous glycine. Marche observatoire vers l’océan, déambulations sur chantiers, rencontres entre riverains et artistes… L’objectif de cette « ambassade » est simple : il s’agit de « camper à Bordeaux et refaire le monde ». Claire Andriès, chargée de l’action culturelle de la Ville, est plus pragmatique : « En rouvrant ces espaces longtemps fermés, nous ouvrons aussi le débat et demandons au public : et maintenant, on fait quoi ? C’est aussi à vous de décider. » Notre sélection Événements L’Echappée belle, par le GroupeF. Un spectacle pyrotechniquetel un poème visuel pour marquer le début de la saison culturelle. Jusqu’au 22 juin, quais de Bordeaux Eté métropolitain. Plusieurs centaines d’événements artistiques dans des lieux remarquables de l’agglomération. Dix semaines durant, musiques, performances, lectures, peintures… télescopent de toute part le quotidien des métropolitains. Jusqu’au 31 août, communes de Bordeaux Métropole Les Cabanes Folies, par Alimentation générale. Voyage gustatif le long des quais, autour de grands chefs. Jusqu’au 23 juin, quais de Bordeaux Les Entretiens liberté !, par Jérôme Clément. Cinq grands entretiens autour de cinq grands thèmes, menés par l’ancien patron d’Arte et du Centre national de la cinématographie : les libertés publiques, les femmes et le genre, les artistes, les sciences, l’économie. Le 21 juin, à 18 heures ; le 22 juin, à 14 h 30 et 17 heures ; le 23 juin à 11 heures et 15 heures, Station Ausone, 8, rue de la Vieille-Tour. Expositions La Passion de la liberté. Des lumières au romantisme. Une exposition conçue dans le cadre d’un partenariat avec le Musée du Louvre. Jusqu’au 13 octobre, Musée des beaux-arts, 20 cours d’Albret. Memphis-Plastic Field. L’exposition met en exergue l’esprit irrévérencieux du collectif en réunissant plus de 150 œuvres iconiques conçues entre 1981 à 1987. Du 22 juin au 5 janvier 2020, de 11 heures à 18 heures. Musée des arts décoratifs et du design, 39, rue Bouffard. Life’s a Beach, Martin Parr. Exposition du célèbre photographe britannique Du 23 juin au 24 septembre, grilles du Jardin public, cours de Verdun. Anarchy in the UK, Yan Morvan. Des photos issues d’une plongée intense dans le mouvement « punk ». Du 26 juin au 18 août, hôtel de Ragueneau, 71 rue du Loup. Spectacles vivants La Reprise. Histoire(s) du théâtre (I), de Milo Rau. Reconstituant un meurtre homophobe qui a secoué la ville de Liège en 2012, Milo Rau interroge dans ce spectacle la violence du monde et, face à elle, le rôle du théâtre. Les 3 et 4 juillet, à 19 h 30. Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, 3, place Pierre-Renaudel. Horizon, Raphaëlle Boitel. Une création acrobatique et aérienne au Grand Théâtre par la chorégraphe et circassienne. Les 12 et 13 juillet, à 20 heures. Grand Théâtre, place de la Comédie. Que chacun enchante sa prison, œuvres de l’artiste plasticien Jean-Pierre Raynaud. Du 12 juillet au 1er septembre au Grand Théâtre. Du 12 juillet au 22 septembre à l’Espace Saint-Rémi, 4 rue Jouannet ; au Jardin public, cours de Verdun, et au CAPC, 7, rue Ferrère. Ex Anima, Bartabas. Théâtre équestre Zingaro. Un spectacle magnifique de Bartabas, présenté comme le dernier sous cette forme. Du 17 août au 14 septembre, les mardis, mercredis, vendredis, samedis et dimanches à 21 heures, sauf les dimanches 1er septembre et 8 septembre à 19 h 30. Place des Quinconces. Réservations et informations sur le site Libertebordeaux2019.fr Cet article a été réalisé en partenariat avec la Bordeaux-Métropole.
Dans les musées, mais aussi sur le fleuve, dans les temples, les anciens couvents, les jardins publics ou à la base navale… Cette année, l’art profite du moindre interstice pour rayonner dans la ville girondine.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/20/a-bordeaux-le-patrimoine-se-fait-residence-d-artistes_5478837_3246.html
mlsum-fr-952
Le poète américain Walt Whitman, vers 1848-1850. Library of Congress/Mary Evans Picture Library/Photononstop « Vie et aventures de Jack Engle » (Life and Adventures of Jack Engle), de Walt Whitman, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Thierry Beauchamp, Le Castor astral, 184 p., 18 €. « Je vous salue, à l’aube d’une grande carrière, qui pourtant a dû, certainement, être précédée d’un long prélude, pour démarrer avec tant de force », écrivait le philosophe Ralph Waldo Emerson (1803-1882) à Walt Whitman (1819-1892) dans une célèbre lettre ­datée de 1855, quelque temps après la publication, à compte d’auteur, de Feuilles d’herbe. De Walt Whitman, l’un des pères fondateurs de la poésie américaine, c’est justement cette œuvre que la postérité a retenue. Un recueil-somme que le poète devait, après sa première parution, enrichir et amender toute sa vie. Le « mythe » Whitman s’est construit autour de Feuilles d’herbe, révolutionnaire tant sur le plan du contenu – proto-libertaire, avec son insistance sur la sexualité – que sur celui de l’écriture – c’est là qu’a émergé le vers libre whitmanien inspiré du verset. Mais on oublie souvent que la production du barde barbu avait commencé bien avant. Whitman a été journaliste et s’est essayé à des styles littéraires différents : des nouvelles, un roman sur les méfaits de l’alcoolisme, autant d’œuvres mineures motivées par le besoin de gagner sa vie comme par le souci de trouver sa voie littéraire. C’est l’une de ces œuvres qui, ­retrouvée en 2016 aux Etats-Unis par un chercheur texan, paraît aujourd’hui en français : Vie et aventures de Jack Engle. Cette curiosité constitue l’un de ces « préludes » dont parlait Emerson, où l’écrivain tâtonne pour trouver une forme adéquate dans les conventions des genres préexistants. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Walt Whitman, feuilletoniste à suivre Inez, danseuse exotique Ici, le genre en question n’est autre que le roman-feuilleton, situé dans les rues de New York. Whitman en reprend la construction – rebondissements et coups de théâtre – et les poncifs, du jeune héros candide cherchant inlassablement ses origines obscures aux personnages secondaires truculents, en passant par l’ingrédient indispensable de ­l’intrigue amoureuse, avec la jolie Inez, danseuse exotique aux « jambes et pieds magnifiques ». Ce texte est paru anonymement, par épisodes, dans le SundayDispatch au printemps de 1852. Le « je » du narrateur y est un mélange étrange, entre fiction conventionnelle de Bildungs­roman et autobiographie fallacieuse – autant de masques annonçant les questionnements sur l’identité du célèbre poème Chant de moi-même. Et, entre deux intrigues, le narrateur glisse une ou deux allusions à la misère des « classes laborieuses ».
Un roman-feuilleton primesautier a précédé de peu le célèbre recueil du poète américain (1819-1892). Oublié aux Etats-Unis jusqu’en 2016, le voici traduit en français.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/07/11/vie-et-aventures-de-jack-engle-walt-whitman-avant-feuilles-d-herbe_5488226_5473203.html
mlsum-fr-953
L’ambassadeur Kim Darroch, en octobre 2017, à Washington, aux Etats-Unis. ALEX WONG / AFP L’affaire est inédite : un des personnages les plus importants de la diplomatie britannique, l’ambassadeur à Washington, contraint à déposer sa démission après que ses analyses négatives sur l’administration américaine ont fuité dans la presse. Mercredi 10 juillet, Kim Dorroch a estimé qu’il ne pouvait plus remplir son rôle après la publication dans le Daily Mail de câbles diplomatiques britanniques où il décrit le président américain, Donald Trump, comme « inepte », « instable » et « incompétent ». « Depuis la fuite de documents officiels provenant de cette ambassade, il y a eu beaucoup de spéculations sur mon poste et la durée de mon mandat d’ambassadeur. Je veux mettre fin à cette spéculation », a-t-il expliqué dans une lettre adressée au chef des services diplomatiques britanniques, Simon McDonald : « Dans ces circonstances, la voie responsable à suivre est de permettre la nomination d’un nouvel ambassadeur. » Après les fuites, Donald Trump avait assuré qu’il n’aurait plus « aucun contact » avec M. Darroch. Pas de soutien de la part de Boris Johnson La première ministre conservatrice sortante Theresa May, qui a reçu les foudres de Donald Trump après avoir apporté son soutien à Kim Darroch, a déploré la décision du diplomate. « C’est très regrettable qu’il ait jugé nécessaire de quitter son poste d’ambassadeur à Washington », a-t-elle déclaré mercredi lors de la séance hebdomadaire de questions au Parlement. « Un bon gouvernement dépend de la capacité des fonctionnaires à donner des conseils francs et complets. Je veux que tous nos fonctionnaires aient la confiance nécessaire pour le faire », a-t-elle poursuivi. « Je regrette moi aussi la démission de Kim Darroch, a abondé Jeremy Corbyn, chef de l’opposition travailliste, appelant le Parlement à s’unir derrière lui. Je pense qu’il a rendu un service honorable et de qualité, qu’il convient de remercier. » Mais l’ex-chef de la diplomatie britannique, Boris Johnson, donné gagnant de la course pour remplacer Theresa May, a, lui, évité de lui apporter son soutien lors d’un débat télévisé mardi soir face à son concurrent, le ministre des affaires étrangères Jeremy Hunt. Londres a ouvert une enquête pour trouver le ou les responsables ayant permis la publication par le Daily Mail des rapports confidentiels transmis par Kim Darroch. Le diplomate à la longue carrière avait aussi décrit l’administration américaine comme « unique dans son dysfonctionnement ».
Au cœur de la crise diplomatique entre Washington et Londres après la fuite de câbles secrets, dans lesquels il décrit en termes peu amènes le président américain, Kim Darroch a renoncé à ses fonctions.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/10/l-ambassadeur-britannique-aux-etats-unis-demissionne-apres-ses-propos-sur-trump_5487727_3210.html
mlsum-fr-954
L’Epée en concert, le 21 septembre, au festival Levitation à Angers. EMILIE MAUGER Un aller-retour Perpignan-Venise, samedi 7 septembre, pour recevoir au nom de son époux, Roman Polanski, le Lion d’argent récompensant le film J’accuse, a été la seule coupure qu’Emmanuelle Seigner s’est autorisée lors de ses semaines d’entraînement au maniement de L’Epée. Pas de film d’époque en perspective, mais la tournée du groupe − L’Epée – que l’actrice-chanteuse a formé avec les Catalans des Limiñanas et le guitariste américain Anton Newcombe, figures cultes du néopsychédélisme. Lire la critique de l’album : Emmanuelle Seigner devient « Diabolique » Après la sortie, le 6 septembre, de leur premier album, Diabolique, il fallait scéniquement donner chair au projet. Longues répétitions, donc, à Cabestany (commune des Pyrénées-Orientales, 9 800 habitants, dont trois fabricants de guitares fuzz), repère de Lionel (épaisse barbe noire et guitare) et Marie (crinière rouge et batterie) Limiñana, puis une résidence et un filage dans la salle du Médiator, à Perpignan, avant que L’Epée dégaine assez logiquement son premier concert, samedi 21 septembre, à Angers, en clôture du festival Levitation. Dans la salle du Quai, au pied du château des ducs d’Anjou, l’évènement célèbre depuis sept ans les déclinaisons du rock psyché. Fantasmes musicaux En coulisses, quelques heures avant cette première, Emmanuelle Seigner s’angoisse plus que ses camarades. Sa voix résistera-t-elle face au mur des guitares ? Se souviendra-t-elle des nouveaux textes que Lionel Limiñana lui demande de réciter ? Si elle a moins de métier que ces rockeurs professionnels, l’interprète au cinéma de La Vénus à la fourrure a déjà eu l’occasion d’assumer ses fantasmes musicaux. Lire la critique de « La Vénus à la fourrure » : Une jubilatoire partie de cache-cache, avec Roman Polanski à la baguette Dans la foulée du film Backstage, dans lequel l’actrice jouait une star de la chanson quelque peu perturbée, le duo français Ultra Orange lui avait façonné un album anglophone aux accents velvetiens, Ultra Orange & Emmanuelle (2007). Une discographie prolongée ensuite avec Keren Ann (Dingue, en 2010) et l’Américain Adam Schlesinger (Distant Lover, en 2014). Son aura sensuelle lui avait aussi valu un duo avec Brett Anderson, du groupe Suede, et un autre avec Iggy Pop. Pas un hasard non plus si Julian Schnabel, qui l’avait déjà dirigée dans Le Scaphandre et le Papillon (2006), lui proposa le rôle délétère de Caroline dans l’adaptation scénique du Berlin de Lou Reed, pour laquelle le peintre-réalisateur concevait décors et vidéos. A la recherche de nouveaux partenaires, la comédienne avait craqué pour une chanson des Limiñanas, insérée dans la BO d’un épisode de Gossip Girl. Elle avait ensuite découvert les disques et l’improbable destin de ce duo perpignanais, devenu le chouchou de l’internationale garage-rock.
Le groupe, formé par l’actrice-chanteuse Emmanuelle Seigner, les Catalans des Limiñanas et le guitariste Anton Newcombe, défend en tournée son album « Diabolique ».
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/23/musiques-premiers-coups-de-l-epee-sur-la-scene-du-festival-levitation-a-angers_6012738_3246.html
mlsum-fr-955
Michel Lussault, géographe et directeur de l’Ecole urbaine de Lyon, revient sur les apports et les limites de cette définition aujourd’hui. En amont de la conférence « Libertés, égalité, viabilité : la ville-monde face aux défis du siècle », qui se déroule le 28 juin à Paris (entrée libre sur inscription), Le Monde Cities propose une série de cinq articles sur les villes mondes. En 1991, la sociologue et économiste Saskia Sassen popularisait le terme de « global city » (ville-monde), qu’elle décrivait comme le lieu où se concentrent les pouvoirs centraux des entreprises et les services indispensables au fonctionnement de l’économie mondialisée. Définition qui s’appliquait alors, selon elle, à trois villes : New York, Tokyo et Londres. Le géographe Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon, revient sur les apports et les limites de cette définition aujourd’hui. La définition que donnait en 1991 Saskia Sassen des villes-mondes vous semble-t-elle toujours pertinente ? L’approche de Saskia Sassen est intéressante dans l’histoire de la pensée urbaine car elle révèle le changement de régime de l’urbanisation mondiale qui se dessinait alors. Si l’urbanisation s’est fortement développée des années 1950 aux années 1970-1980, elle était surtout appréhendée en termes démographique et paysager : les villes croissaient, s’étalaient… Mais dans les années 1980-1990, marquées par l’avènement du néolibéralisme, on prend conscience de l’importance des flux et des connexions qui se concentrent dans certains pôles urbains. Les plus grands centres urbains se révèlent être des « hubs », des attracteurs de flux matériels et immatériels, où se concentrent pouvoirs économiques et de commandement. L’urbanisation entre alors dans l’ère de la métropolisation. Saskia Sassen fixe les termes de ce nouveau paradigme. Elle sera surtout critiquée pour n’appliquer son concept qu’à seules trois grosses unités urbaines, New York, Tokyo et Londres. Restriction qu’elle finira par abandonner face au régime d’urbanisation contemporaine qui s’impose au début des années 2000 et qui voit se développer un peu partout dans le monde des pôles urbains mondialisés. Des pôles que j’appelle « hyperscalaires », c’est-à-dire qui jouent sur toutes les échelles en même temps. C’est à partir des villes que la mondialisation se développe et dans les villes que la mondialisation se cristallise. Les villes-mondes ne sont pas forcément des mégapoles ? Non. On a tendance à se concentrer sur les métropoles de plus de 5 millions d’habitants. Mais on a tort : il y a tout un maillage de villes entre 500 000 et 1,5 million d’habitants qui constituent des éléments essentiels de la mondialisation : elles concentrent des ressources et sont des attracteurs de populations, de flux, de travail, de créativité, d’innovations sociales et culturelles. Lausanne, par exemple, est une petite ville, qu’on peut même qualifier de provinciale, mais c’est aussi une ville qui se « métropolise » par son ancrage au monde : elle accueille le siège du comité olympique, compte deux très grandes universités (l’Ecole polytechnique et l’université de Lausanne), détient un important potentiel touristique… Les villes-mondes doivent-elles leur expansion aux seules forces économiques ? Non. La culture, le tourisme, l’événementiel et l’innovation technologique sont aussi des vecteurs de mondialisation. Toute ville mondialisée, ou qui aspire à l’être, travaille sur un ou plusieurs grands projets architecturaux, urbains, culturels : grands musées, marinas, tours de grande hauteur, palais des sports ou stades spectaculaires… Pour devenir une ville mondiale, il faut le signaler au monde, et pour le signaler au monde, il n’y a rien de mieux qu’un grand projet architectural. Le Guggenheim à Bilbao en est un des exemples les plus emblématiques. De même, toutes les villes-mondes essaient de développer des événements sportifs ou culturels, cherchant à devenir un pôle vers qui les regards et les touristes convergent. Quand la Chine veut signifier au monde que ses villes ne sont plus simplement des agrégats de population informes, elle organise en 2008 les Jeux olympiques à Pékin, en 2010 l’Exposition universelle à Shanghai et les Championnats mondiaux universitaires (quatrième grand événement sportif planétaire) à Shenzhen. Les villes sont aujourd’hui en compétition pour organiser de grands événements. Les universités sont elles-mêmes devenues des attracteurs mondiaux : elles permettent à une ville de montrer qu’elle est connectée aux flux mondiaux de la créativité technologique et de l’innovation scientifique. En témoigne l’importance que prennent les classements d’universités. Les villes-mondes peuvent-elles échapper à l’accroissement des inégalités sociospatiales, qui semblent inhérentes à l’explosion urbaine ? Principaux pôles de production et d’accumulation de la richesse, marchés du travail majeurs, partout dans le monde, les villes attirent, inéluctablement, les riches, les classes moyennes comme les plus pauvres, tous ceux qui sont à la recherche d’un revenu. Les villes sont ainsi de plus en plus cosmopolites et socialement diversifiées, mais aussi de plus en plus ségréguées. Les villes ont-elles suffisamment conscience de ce défi ? Elles n’avaient pas conscience jusqu’à la crise de 2008. Il régnait alors une sorte de consensus mondial autour de la théorie du ruissellement, selon laquelle le dynamisme économique finit par bénéficier à tout le monde. Cela se vérifie dans une certaine mesure, car les plus pauvres tendent à devenir un peu moins pauvres. Néanmoins la crise financière de 2008 a eu un impact immédiat sur les sociétés urbaines. Et les gouvernements locaux ont pris conscience des problèmes posés par ces inégalités urbaines. Ce n’est pas un hasard si en 2011 se développe le mouvement des « indignés » en Espagne, puis le mouvement Occupy, dans le monde entier. Cette prise de conscience double de celle, de plus en plus nette, des enjeux environnementaux. Sur fond de critiques du modèle de croissance dominant, on voit des réseaux de gouvernements urbains, tels le C40 ou l’European Metropolitan Authorities, se structurer pour lutter contre les inégalités sociales et environnementales. Sur ce plan, le défi est considérable : les villes représentent 70 % des émissions de gaz à effet de serre. Que font-elles ? Les villes sont aussi un terrain d’expérimentations, portées par les habitants ou par les acteurs économiques et les pouvoirs publics. De nouvelles manières de concevoir les espaces et de faire évoluer les fonctionnements sont testées. Par exemple, les démarches pour retrouver des sols naturels, afin de développer la biodiversité tout en luttant contre les « îlots de chaleur ». Ou toutes les tentatives pour inventer des formes d’économie circulaire plus économes en énergie et en matériaux. Ou encore les mobilisations autour des pollutions de l’eau et de l’air. A chaque fois, ces expérimentations nécessitent des travaux de recherche (car on connaît trop peu de choses) : la science de l’urbain anthropocène est en construction dans les villes. Disparités croissantes des richesses, perte de cohérence territoriale, pollution, dépendance automobile… ces externalités négatives n’appellent-elles pas à repenser en profondeur le modèle de développement urbain ? Ces externalités sont en fait des éléments intrinsèques au système urbain qui sont en train d’être remis en cause. Incontestablement, l’urbanisation est à un moment charnière. Je ne crois pas du tout à la désurbanisation. Mais de nouveaux imaginaires urbains commencent à dessiner d’autres manières de considérer la production, le partage des richesses, la gestion des inégalités sociales, l’environnement… Et ces nouvelles politiques en gestation passent par un retour du local comme espace d’expérience. Regardez les métropoles américaines qui ont décidé d’appliquer l’accord de Paris sur le climat en dépit du retrait des Etats-Unis décidé par Donald Trump. Cela remet en question l’absolue primauté de l’Etat comme échelle géopolitique de référence. Au côté des Etats mériterait d’être créée, à l’ONU ou en parallèle de l’ONU, une organisation mondiale des territoires urbains. Les ensembles urbains contemporains sont devenus de fait des acteurs géopolitiques mais de droit, malheureusement, on ne leur reconnaît pas ce statut. Ce n’est pas un hasard si se constituent des réseaux comme le C40, qui réunit de grands territoires urbains qui cherchent à se constituer un rôle géopolitique. La métropolisation des villes ne refrène-t-elle pas ce retour du local ? La relation entre le global et le local n’est pas antinomique mais dialogique. La plupart des grandes contestations globales passent par le local dans les villes, comme en témoigne la mobilisation des jeunes sur le climat impulsée par Greta Thunberg. De même, la plupart des enjeux locaux finissent par se globaliser. Nous assistons tout à la fois à standardisation des grands centres urbains et à une différenciation locale qui est toute aussi importante. Quand on les regarde de haut, on les traverse rapidement, toutes les métropoles mondiales tendent vers l’uniformisation : partout les mêmes architectures, les mêmes hôtels, la même cuisine, les mêmes boutiques… Mais quand on regarde à l’échelle de la vie quotidienne, on s’aperçoit que derrière cette uniformisation, les spécificités, les singularités sont très présentes. Une mégapole africaine n’est pas une mégapole chinoise, une mégapole européenne n’est pas une mégapole américaine. Le rôle des « villes-mondes » sera au cœur de la conférence « Libertés, égalité, viabilité : la ville-monde face aux défis du siècle », organisée par Le Monde Cities vendredi 28 juin à Ground Control Paris 12e à l’occasion de la remise des prix Le Monde Cities 2019 de l’innovation urbaine. Accès libre sur inscription. Programme de la conférence 9 heures Ouverture de la conférence. 9 h 10 Introduction par Carlo Ratti, architecte et ingénieur, directeur du Senseable City Lab, au MIT, fondateur de l’agence Carlo Ratti Associati. 9 h 20 Table ronde : « La ville connectée est-elle compatible avec la protection des libertés individuelles ? », avec Carlo Ratti, du MIT, Ross Douglas, directeur général d’Autonomy Paris, Christian Buchel, directeur clients et territoires d’Enedis, et Nathalie Chiche, fondatrice et présidente de Data Expert et personnalité qualifiée du Comité T3P. 9 h 45 Remise du prix Mobilité. avec Ross Douglas, directeur général d’Autonomy Paris 9 h 50 Echappée autour du diaporama-Twitter « Un jour, une ZUP » avec Renaud Epstein, maître de conférences en science politique 10 heures « Les villes-mondes au défi des inégalités », par Dominique Alba, directrice générale de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) 10 h 10 Table ronde : « Comment réduire les ségrégations sociospatiales ? », avec Dominique Alba de l’APUR, Sonia Lavadinho de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et de BFluid, et Robin Rivaton, auteur de La ville pour tous (Editions de l’Observatoire, avril 2019). 10 h 30 Remise du prix Participation citoyenne, avec David Marquet, directeur général adjoint de Linkcity. Remise du prix Urbanisme, avec l’urbaniste et architecte Jeff Raven 10 h 45 Pause. 11 heures Echappée, avec Léa Massaré di Duca et le projet Wide Open, tour du monde des écosystèmes d’innovation positive. 11 h 10 « Les villes-mondes face à l’urgence climatique », avec Cécile Maisonneuve, présidente de La Fabrique de la cité. 11 h 20 Table ronde : « Comment bâtir ou rebâtir des villes résilientes ? », avec Cécile Maisonneuve, présidente de La Fabrique de la cité, Nicolas Gilsoul, architecte et paysagiste, grand prix de Rome, et Carlos Moreno, directeur scientifique de la chaire entrepreneuriat, territoires et innovation à l’université Paris-I-Panthéon-Sorbonne. 11 h 45 Remise du prix Energie, avec John Rossant, président fondateur de NewCities Fondation Remise du prix Habitat, avec Jean Hornain, directeur général de Citeo. 12 h 15 Conclusion par Kjetil Thorsen, architecte et codirecteur de l’agence Snohetta. 12 h 25 Annonce du Grand Prix par Sophie-Noëlle Nemo, directrice en charge de la Transition énergétique de Poste Immo Cette conférence est conçue et organisée par Le Monde, avec le soutien du groupe La Poste, d’Enedis, de Saint-Gobain, de Citeo et de Linkcity. Accès libre : sur inscription, toutes les informations.
Hier concentrés dans quelques mégapoles, les effets de la mondialisation redessinent aujourd’hui des centaines de villes. Et font des métropoles de nouveaux acteurs, majeurs, des politiques sociales, environnementales ou culturelles.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/10/michel-lussault-les-villes-mondes-deviennent-des-acteurs-geopolitiques_5474271_3234.html
mlsum-fr-956
Le ministère de la justice américain a lancé une vaste enquête pour savoir si les colosses de la Silicon Valley ont eu recours à des pratiques anticoncurrentielles. REED SAXON / ALAN DIAZ / JEFF CHIU / AP Les géants des réseaux sociaux, des moteurs de recherche et du commerce en ligne sont-ils devenus trop puissants ? Les Etats-Unis ont officiellement lancé, mardi 23 juillet, une vaste enquête pour déterminer comment les plus grandes entreprises de la Silicon Valley sont parvenues à devenir aussi incontournables. Déjà mises à l’index sur les questions du respect de la vie privée et des données personnelles, elles se voient aussi de plus en plus reprochées d’être devenues quasi monopolistiques, au détriment de leurs utilisateurs. Le ministère de la justice américain ne nomme pas les entreprises visées par sa procédure, mais il semble cibler les sociétés comme Google, Facebook, Twitter ou Amazon, dominantes sur leurs marchés respectifs. Même si elle vend principalement des smartphones et d’autres appareils électroniques, Apple pourrait aussi être dans la ligne de mire avec l’App Store, sa boutique en ligne. Des pratiques anticoncurrentielles ? Les autorités veulent également déterminer si ces entreprises ont eu recours à des pratiques « ayant réduit la concurrence, empêché l’innovation ou affecté les consommateurs ». Elus et régulateurs américains de la concurrence fourbissent depuis plusieurs mois déjà leurs armes contre les géants de la tech. Google, par exemple, est régulièrement soupçonné de favoriser, dans les résultats de son moteur de recherche, ses propres services au détriment de ceux de ses rivaux. La commission judiciaire de la Chambre des représentants a déjà lancé, en juin, une enquête à propos de « la concurrence sur le marché numérique », affirmant qu’un « petit nombre de plates-formes dominantes et non régulées » avaient « un pouvoir extraordinaire dans le commerce, la communication et l’information en ligne ». L’agence chargée de la protection des consommateurs (la Federal Trade Commission) mène aussi des investigations. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Antitrust : la pression monte d’un cran sur Google, Apple, Facebook et Amazon Craintes des internautes Elijah Nouvelage / REUTERS Les autorités américaines expliquent, dans un communiqué, vouloir : « prendre en compte les craintes répandues des consommateurs, des entreprises et des entrepreneurs » qui ont « émis des inquiétudes concernant les services de recherche, les réseaux sociaux et les plates-formes de commerce en ligne ». « Sans la discipline d’une compétition significative, les plates-formes numériques peuvent employer des moyens qui ne répondent pas aux demandes des consommateurs », a commenté Makan Delrahim, chargé des questions antitrust au ministère de la justice, dans le document. Les Etats-Unis ne sont pas le seul pays à reprocher leurs pratiques aux mastodontes d’Internet. Accusant Alphabet, la maison mère de Google, d’enfreindre les règles de la concurrence, la Commission européenne lui a déjà infligé trois lourdes amendes ; et elle a récemment annoncé l’ouverture d’une « enquête approfondie » sur Amazon, société qu’elle soupçonne d’utiliser à son avantage les données issues des détaillants indépendants qui ont recours à son site. Amendes salées Les régulateurs américains ont, eux, non seulement le pouvoir d’imposer des amendes salées en cas de non-respect des règles de la concurrence, mais aussi celui d’ordonner des remèdes « structurels » afin de garantir plus de compétition sur le marché, y compris des scissions d’entreprises. Apple et Twitter n’ont pas souhaité commenter l’annonce du lancement de l’enquête du ministère de la justice. Google, de son côté, a renvoyé à l’audition de son directeur des politiques économiques, Adam Cohen, devant le Congrès la semaine dernière. Il avait alors assuré que le moteur de recherche avait « aidé à faire baisser les prix et à augmenter les choix pour les consommateurs et les commerçants aux Etats-Unis et dans le monde entier ». Les sociétés concernées pourront en tout cas répondre de ces accusations à l’occasion de la publication de leurs résultats trimestriels ; ce sera le cas mercredi pour Facebook et jeudi pour Amazon et Alphabet.
Le ministère de la justice mènera des investigations sur les pratiques anticoncurrentielles et quasi monopolistiques de certaines multinationales, qu’il n’a pas nommées.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/23/ouverture-d-une-enquete-antitrust-sur-les-societes-high-tech_5492664_3234.html
mlsum-fr-957
Sylvie Goulard, le 12 septembre 2019 à Genval, en Belgique. KENZO TRIBOUILLARD / AFP Dans l’entourage du président français, on s’inquiète. Sylvie Goulard, à laquelle la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prévu de confier le très important portefeuille du marché intérieur, de l’industrie et de la défense, passera-t-elle le cap des auditions parlementaires ? Les attaques contre l’éphémère ministre des armées d’Emmanuel Macron, qui doit répondre trois heures durant, mercredi 2 octobre, aux questions des eurodéputés, sont en tout cas montées d’un cran au Parlement européen. Que ce soit chez les conservateurs du PPE, les sociaux-démocrates du S&D ou chez les Verts, elles se sont intensifiées. « A ce stade il n’y a pas d’accord entre les groupes politiques pour dézinguer Sylvie Goulard, il n’y a pas de fatwa », veut croire un député français du groupe libéral Renew, dont Renaissance (la liste de la majorité présidentielle pour les élections européennes) est la principale formation. Mais, poursuit ce proche de l’Elysée, « pour qu’elle obtienne deux tiers des voix, il faut que, en plus de Renew, les socialistes, les conservateurs et les Verts la soutiennent ». Si, à l’issue de son audition, Sylvie Goulard n’obtient pas deux tiers des voix au sein des commissions parlementaires concernées par sa nomination, elle devra répondre à des questions écrites supplémentaires, avant une éventuelle seconde audition. Lire pour comprendre le contexte : Petit jeu de massacre entre amis au Parlement européen Les calculettes sont sorties, l’affaire n’est pas pliée et, chez les macronistes, on tente d’en minimiser la portée. « Il y aura des commissaires qui n’auront pas les deux tiers des voix du premier coup. Car la majorité de von der Leyen est faible », veut-on se rassurer dans le camp des libéraux français. La présidente de la Commission a en effet passé le cap du Parlement européen avec une très courte avance, de neuf voix, le 16 juillet. Aux prises avec la justice Et, même si l’ancienne ministre de la défense d’Angela Merkel a cherché à bâtir une équipe très équilibrée, entre les formations politiques, les zones géographiques et le genre, elle n’est pas parvenue à éteindre les rancœurs. Notamment au sein du PPE, dont elle est pourtant issue, comme des sociaux-démocrates, qui ont mal digéré de ne pas placer à la présidence de la Commission leur tête de liste aux élections européennes. Et dans cette histoire, la France d’Emmanuel Macron, qui s’est battue contre ce système du Spitzenkandidat, a particulièrement agacé… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Manfred Weber à propos d’Emmanuel Macron : « Je n’aime pas cette nouvelle manière de faire de la politique » Cela étant, les conservateurs et les sociaux-démocrates ont également besoin des voix des libéraux pour que leurs commissaires passent l’étape parlementaire. Dans ce contexte, personne n’a, en théorie, intérêt à attaquer les candidats des autres. Mais la commission des affaires juridiques de l’Assemblée législative, lundi 30 septembre, est venue briser ce fragile équilibre. Chargée de se prononcer sur les éventuels conflits d’intérêts, elle a invalidé les nominations du Hongrois Laszlo Trocsanyi et de la Roumaine Rovana Plumb, respectivement pressentis pour les portefeuilles de l’élargissement et des transports.
La Française, pressentie pour gérer le marché intérieur, l’industrie et la défense, fait face à des critiques croissantes des eurodéputés.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/02/audition-a-bruxelles-de-sylvie-goulard-les-couteaux-sont-sortis_6013928_3210.html
mlsum-fr-958
Le président Emmanuel Macron lors de l’inauguration du « Monument aux morts pour la France en operations exterieures » de l’artiste Stéphane Vigny, le 11 novembre. JOHANNA GERON / AFP Le maréchal des logis Damien Noblet a sauté sur une mine en avril 2016 au Mali. « Il m’avait écrit qu’il ne sentait pas cette mission, se souvient sa sœur Céline. Il avait demandé à sa compagne de ne pas faire assister leur petit garçon à l’hommage qui serait rendu au cas où il serait tué. On ne pourra jamais aller sur ces lieux, on s’imagine beaucoup de choses. » Elle est lointaine, aujourd’hui, la mort de ceux qui combattent au nom de la France. Presque abstraite. Aux enfants d’une école bretonne, Dominique Jacq a voulu expliquer que « la guerre n’était pas un jeu vidéo ». Son fils adjudant-chef, Fabien, est lui aussi mort au Mali, fin 2016. « Le soldat est un taiseux, il n’évoque jamais l’éventualité de l’issue fatale, rappelle-t-il. Je connaissais mon fils de 28 ans mais pas le soldat qu’il était depuis huit ans. Pour moi, le Mali reste un point sur une carte. J’aurais besoin de toucher ce sable où son sang a coulé, pour toucher Fabien. » Ces soldats et leurs familles ont désormais un monument sur lequel s’appuyer, celui des « Morts pour la France en opérations extérieures ». Le président de la République l’a inauguré lundi 11 novembre dans le jardin Eugénie-Djendi, dans le 15e arrondissement de Paris. Il a marché le long de ses murs, gravés de 549 noms, qui entourent une sculpture de bronze représentant un groupe de six militaires porteurs d’un cercueil invisible. Le 8 novembre, Emmanuel Macron avait également rendu hommage aux agents de la DGSE tués en service commandé, à la caserne Mortier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi 11-Novembre : un monument pour les soldats morts en opérations extérieures « Maintenant les soldats des opérations extérieures existent » Les premiers monuments aux morts sont apparus en 1920. En 1962, à la fin de la guerre d’Algérie, la France a cessé de graver le nom de ses soldats sur les pierres du souvenir. Avec le nouveau mémorial national, il s’agit « pour la nation de faire bloc autour de la génération des opex et d’installer cette quatrième génération du feu au plus haut niveau », dans un monde d’anciens combattants qui ne lui a pas accordé facilement sa reconnaissance, explique l’Elysée. « Il a fallu faire notre place, admettait lundi avant la cérémonie le général André Soubirou, qui a commandé les forces françaises à Sarajevo en 1994. Les anciens combattants nous disaient que nous n’étions pas nombreux. Ou que nous faisions la guerre sous les cocotiers. Maintenant les soldats des opérations extérieures existent. Et cela fait chaud au cœur pour les familles que leurs morts soient reconnus ici. » « Je sais les conséquences opérationnelles, humaines, familiales des décisions d’intervention et des ordres d’engagement que je suis amené à prendre » Emmanuel Macron Ces 549 morts désormais inscrits dans la mémoire combattante, sont, selon le président, les « fils et les filles qui depuis un demi-siècle accomplissent leur devoir jusqu’au sacrifice suprême, constituent une cohorte héroïque qui s’inscrit dans une longue histoire et plonge ses racines aux sources de la République ». Devant plusieurs centaines de familles, Emmanuel Macron a une nouvelle fois assumé son rôle de chef des armées : « Je sais les conséquences opérationnelles, humaines, familiales des décisions d’intervention et des ordres d’engagement que je suis amené à prendre », a-t-il indiqué, assurant vivre « avec cette part de tragique que renferme en puissance chacune de ces décisions ». Des opérations sont en cours, certaines décidées par ses prédécesseurs, et pour Emmanuel Macron, ce monument « parle aussi des combats d’aujourd’hui, de la France, de sa place dans le monde. Il parle de la nation tout entière ». En évoquant ainsi le « tragique », et ces tués qui ont choisi « d’être les délégués de tout un peuple pour sa défense », le chef de l’Etat a parfaitement épousé les réflexions développées par son état-major. « Chaque année je vais rajouter le nom de ces soldats qui acceptent de se sacrifier. C’est un monument pour dire aux gens : vous êtes en guerre aujourd’hui », avait expliqué le 21 octobre le général François Lecointre, dans un colloque organisé par l’Association nationale des participants aux opérations extérieures (Anopex), qui a réuni familles et soldats à l’Ecole militaire. « Nous cultivons dans les armées une relation très singulière à l’histoire, bâtie par nos prédécesseurs et particulièrement ceux morts pour la France, mais cette idée que notre pays se construit à travers des guerres disparaît un peu », souligne le chef d’état-major des armées. Le général assure que « la communauté militaire a un devoir d’inspiration, celui de réintroduire une vision du tragique dans notre société post-soixante-huitarde ». L’absence de « confrontation au tragique » – autrement dit la paix qui prévaut en Europe – risque selon lui « de faire de nous des sociétés non seulement ramollies, mais qui disparaîtront à terme si on n’arrive pas à les réarmer, les reviriliser en acceptant ce tragique ». A vingt ans, personne ne s’engage pour mourir Les soldats vivants, eux, l’abordent simplement en pensant à leurs « frères d’armes ». « Pour moi, la mort, dit le lieutenant-colonel Hugues Chauvet, ce sont cinq soldats français comme il y en a des milliers d’autres, bien préparés, conscients des risques, mais pas de tous les risques ». Un jour de janvier 2012, sur la base avancée de Gwan en Afghanistan, cinq de ses camarades ont perdu la vie et quatorze autres ont été blessés, sous les tirs d’un soldat afghan instruit par les Français qui partageait leur vie. « Ce jour-là on a fait la séance de sport, on n’est pas tous rentrés, a témoigné Hugues Chauvet devant l’Anopex, le 21 octobre. On perd peut-être une part d’illusion avec la mort d’un camarade. Celle de se croire invincible, de pouvoir faire face, de ne pas craindre. » Lire aussi En Isère, Sarkozy rend hommage aux soldats français tués en Afghanistan A vingt ans, personne ne s’engage pour mourir, rappellent-ils tous. « Dans les forces spéciales tout est planifié, les objectifs, chaque minute, la liste des cas non conformes qui peuvent survenir. Celui-là, non. » Norbert Tafzi, ancien commandant du commando Trépel, illustre unité des commandos marine, évoque la mort du second-maître Jonathan Lefort, une nuit de décembre 2010 en Afghanistan. Le détachement a été réengagé sans répit, trois jours plus tard. « Le sentiment de la vengeance, il est presque légitime. J’ai réuni tout le monde, on a parlé. J’ai veillé à ce que chacun ait seulement en tête les gestes techniques pour remplir la mission ». Une définition stricte Les « morts pour la France » ne correspondent pas au total des soldats français tués, car cette notion recouvre un certain type d’engagement et de mission. Par ailleurs, une « opex », sous l’autorité du chef d’état-major des armées, est aussi légalement définie – ce cadre strict permet de comprendre que la liste commence non en 1963 mais en 1969, avec les morts de l’opération « Limousin » au Tchad. Ainsi, même si en 2011 le général Bernard Thorette, chargé du projet de monument, avait identifié 616 personnes, ces définitions techniques expliquent que le mémorial compte finalement moins de noms : 547 hommes et 2 femmes, dont la mort fut directement imputable à l’engagement dans une opération. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La première pierre du monument aux morts en opérations extérieures sera posée fin février L’Office national des anciens combattants et victimes de guerre dénombre 738 pupilles de moins de 20 ans aidés par l’Etat en 2018, et 82 adoptions d’enfants devenus orphelins en raison des opérations extérieures. Depuis 1993, date de sa création, la carte nationale du combattant a été attribuée à 176 000 d’entre eux au titre des « opex ».
Le président de la République, Emmanuel Macron, a inauguré, lundi à Paris, un monument dédié aux soldats morts pour la France en « opex » depuis 1969.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/11/11-novembre-les-soldats-morts-en-operations-exterieures-entrent-dans-la-memoire-collective_6018794_823448.html
mlsum-fr-959
Brad Pitt tient le rôle principal dans « Ad Astra », de James Gray, un film qu’il a aussi produit. TWENTIETH CENTURY FOX FRANCE L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR Avouons-le, on fut étonné en apprenant que James Gray – styliste néo-classique fiévreux, auteur de films noirs palpitants, propagateur de tragédie grecque dans le septième art et, pour ces quelques raisons au moins, l’un des plus grands cinéastes américains actuels – s’était lancé dans la réalisation d’un « space opera ». C’est mercredi 18 septembre, en France, que tous ceux qui tombèrent pareillement des nues à cette nouvelle sont invités à y remonter pour juger sur pièce. On sait combien la catégorie du film spatial est souple. Elle conjoint la pure fantaisie et l’adaptation au milieu interstellaire de genres dûment répertoriés (la guerre pour Star Wars, l’horreur pour Alien) à des chefs-d’œuvre méditatifs de haute volée tels 2001 : l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick ou Solaris (1972) d’Andreï Tarkovski. C’est manifestement à ces derniers que Gray ambitionne de raccrocher la fusée Ad Astra, film produit et interprété, autrement dit rendu possible, par Brad Pitt, lequel, après Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, aurait toutes les raisons de se féliciter de son année cinématographique. L’acteur y interprète, dans un futur qui se veut proche, Roy McBride, astronaute missionné dans le plus grand secret pour voyager jusqu’à Neptune et y découvrir la cause de l’émission d’ondes électromagnétiques surpuissantes qui mettent en danger la vie sur Terre. La principale raison de ce choix tient à l’hypothèse émise par l’état-major que le propre père de Roy pourrait avoir un lien avec ce phénomène. Lui-même astronaute réputé, Clifford McBride (Tommy Lee Jones) était pourtant tenu pour mort depuis trente ans, après qu’il avait disparu aux alentours de Neptune lors d’une mission de reconnaissance à la recherche de formes de vie intelligentes aux confins du système solaire. Mais la réception d’un récent message de Clifford a changé la donne. Magnifiques scènes d’action Eloigné de son père depuis l’adolescence, lui portant le sentiment qu’un fils peut cultiver à l’égard d’un géniteur ayant toujours fait passer son ambition professionnelle avant sa famille, Roy est devenu lui-même un être froid, raisonné, le pouls bloqué à 80 y compris en période de fin du monde, peu enclin à laisser parler ses sentiments, incapable de nouer des relations affectives viables. Sa mission vers Neptune sacrifie à quelques magnifiques scènes d’action inhérentes au genre – telles une course-poursuite en rover avec des pirates lunaires ou la découverte en chemin d’un vaisseau en détresse peuplé de singes enragés. Elle emporte aussi avec elle la possibilité, toujours appréciée des spectateurs, d’une pure et simple manipulation au plus haut niveau du commandement après celui du cinéaste.
James Gray envoie Brad Pitt en mission vers Neptune, un voyage qui le conduit sur les traces d’un père astronaute supposé mort.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/17/cinema-ad-astra-une-odyssee-astrale-et-dipienne_5511184_3246.html
mlsum-fr-960
Les trois tours de la Cour de justice de l’Union européenne, au Luxembourg. Celle du fond, noire et dorée, sera inaugurée le 19 septembre 2019. Union européenne Dans le quartier dit « de l’Europe » qui s’agrège depuis quelques décennies sur le plateau du Kirchberg, face à la vieille ville de Luxembourg, les tours de la Cour de justice de l’Union européenne sont plutôt discrètes. Mais lorsqu’on s’en approche, ces trois lames faussement parallèles, qui fendent le ciel de concert, semblent mener la danse, mettre en tension le désordre urbain qui les entoure. Au départ, en 2008, elles étaient deux, belles jumelles dorées conçues par Dominique Perrault dans le cadre d’un vaste projet d’agrandissement de cette institution créée en 1952, au lendemain de la naissance de la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Elles signalaient la présence, à leur pied, du palais, sombre pavé étale aux reflets mordorés. La troisième, qui doit être inaugurée le 19 septembre par le grand-duc du Luxembourg et le président de la Cour de justice européenne, confère à l’ensemble une puissance iconique nouvelle. Rendez-vous au Monde Festival : Quels rêves pour la ville de demain ? Légèrement désaxée par rapport à ses aînées, plus haute, plus épaisse mais tout aussi gracile (elle est divisée en deux blocs siamois de hauteurs différentes, un noir et un doré), cette nouvelle stèle parachève un projet architectural hors norme, qui intègre l’ensemble des bâtiments dans lesquels la Cour de justice s’est développée : le premier palais conçu en 1973 par les Belges François Jamagne et Michel Van der Elst et le Luxembourgeois Jean-Paul Conzemius, dont la structure brune, en acier corten, évoque l’idée du charbon et de l’acier, et trois bâtiments en granit rose signés Paul Fritsch et Bohdan Paczowski, qui se sont greffés sur ses contreforts dans la foulée, entre 1978 et 1993, au gré des élargissements ultérieurs de ce qui s’appelait encore la Communauté européenne. Le tour de force de Dominique Perrault aura non seulement consisté à fondre ces éléments dans un tout plus vaste et plus cohérent, mais aussi à transformer leur hétérogénéité radicale en une majesté accueillante. Un climat presque enchanteur Démontée, désamiantée, restaurée et reconstruite, la structure de l’ancien palais a été enveloppée d’un « anneau » rectangulaire de verre, et reliée aux annexes en granit rose par une longue galerie souterraine, recouverte d’un plafond de verre qui découvre le ciel. « Epine dorsale du projet », comme la qualifie Perrault, cette rue intérieure ouvre sur toutes sortes d’« adresses » – cafétérias, kiosques à journaux, bibliothèques, salles de formation et portes de parkings… – et conduit aux tours.
Au Luxembourg, la Cour de justice de l’Union européenne est enfin achevée. Le résultat, splendide, est le fruit d’un dialogue de 25 ans entre l’architecte français Dominique Perrault et le Grand-Duché.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/09/architecture-tours-de-force-pour-la-justice-europeenne_5508076_3246.html
mlsum-fr-961
La proposition de loi contre la haine sur Internet a été adoptée à l’Assemblée nationale en première lecture, mardi 9 juillet, par 434 voix pour, 33 contre et 69 abstentions. Ce texte, lorsqu’il sera définitivement adopté (après au minimum un passage au Sénat), pourrait avoir des conséquences très concrètes pour tous les internautes. N’importe qui pourra effectivement porter à la connaissance d’un réseau social public ou d’un moteur de recherche un contenu haineux que la plate-forme devra supprimer dans les vingt-quatre heures. Quels contenus pourront être signalés ? On ne pourra pas signaler n’importe quel message. Le texte définit une liste précise de contenus interdits par divers articles de la loi française pour lesquels ce délai de vingt-quatre heures s’appliquera. Il s’agit : des messages incitant à commettre des actes terroristes ; des messages faisant l’apologie du terrorisme, des crimes de guerre ou des crimes contre l’humanité ; des messages injurieux, incitant à haïr, à discriminer ou à commettre des violences sur des personnes en fonction de leur sexe, de leur orientation sexuelle, de leur identité de genre, de leur handicap, de leur ethnie, de leur nationalité, de leur « race » ou de leur religion ; des messages constitutifs de harcèlement sexuel ; des messages relevant du proxénétisme ou de la traite des êtres humains ; des contenus pédopornographiques ; des messages violents, pornographiques, portant gravement atteinte à la dignité humaine ou incitant des mineurs à se livrer à des jeux les mettant physiquement en danger susceptibles d’être vus par des mineurs. Ainsi, les insultes visant les personnes noires ou juives tombent sous le coup de la loi. Ce qui n’est pas le cas d’insultes simples (« casse-toi, pauvre con ») ou d’appels à la violence contre, comme l’auraient souhaité certains députés, les agriculteurs. Cela ne signifie pas que ces contenus sont légaux ou qu’ils sont nécessairement acceptés par les réseaux sociaux, mais simplement que le dispositif de la nouvelle loi ne s’y applique pas. Par ailleurs, il faut que le message signalé soit « manifestement illicite », c’est-à-dire qu’il n’y ait aucun doute possible sur son caractère illégal. Le gouvernement et la majorité assument parfaitement de ne pas viser tous les messages problématiques ou illégaux, mais simplement les pires. Certains députés craignent tout de même un risque de surcensure, car il est très difficile de distinguer ce qui est manifestement illicite ou non. Même pour un juge : la Cour de cassation a par exemple estimé que dire « l’homosexualité est une abomination » n’était pas une incitation directe à la violence en raison de son orientation sexuelle… Quels services en ligne seront concernés ? La loi ne mentionne pas nommément les services en ligne qui devront retirer ces contenus sous vingt-quatre heures, mais dégage deux catégories : les sites qui permettent à leurs utilisateurs de poster des messages publiquement à destination d’autres utilisateurs (les réseaux sociaux), et les moteurs de recherche (Google, Bing, Qwant…). Un décret précisera les critères de taille (nombre de connexions, nombre d’utilisateurs…) nécessaires pour rentrer dans le champ de la loi. L’idée est de soumettre à ce dispositif les principaux réseaux sociaux (YouTube, Instagram, Twitter et Facebook). Le débat ne semble pas être tranché pour certains autres, comme TikTok ou Snapchat. De même, le gouvernement pourrait rédiger le décret de manière à intégrer les espaces discussions de certains sites Internet, comme jeuxvideo.com, souvent pointés du doigt pour des problèmes de haine en ligne. Qui peut signaler ? N’importe quel internaute trouvant un contenu « manifestement illicite » pourra le signaler. Il lui suffira de fournir son nom, son prénom et son adresse e-mail (sauf si le réseau social sur lequel il est inscrit dispose de ces informations, auquel cas il ne doit rien fournir de plus) et les raisons pour lesquelles il demande le retrait de ce contenu. Signaler des contenus de mauvaise foi, en sachant qu’ils ne sont pas manifestement illicites, sera passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende. Il est très probable que certains réseaux sociaux intègrent ce dispositif de signalement à ceux qui existent déjà et qui permettent de leur notifier des contenus contraires à leurs règles internes (bouton « Signaler ce tweet » par exemple). De fait, le signalement que prévoit la loi est, sur la forme, très proche de ce que tous les réseaux sociaux ont mis en place ces dernières années. Les mineurs pourront mandater une association spécialisée pour signaler à leur place les contenus. Que se passe-t-il une fois qu’un contenu est signalé ? D’abord, le fameux délai de vingt-quatre heures s’enclenche. La plate-forme doit accuser réception de ce signalement. Ensuite, si le message ou le contenu est manifestement illicite, il est supprimé ou, dans le cas des moteurs de recherche, déréférencé. Un message indiquant qu’il a été supprimé doit apparaître à sa place. Une fois sa décision prise, le réseau social doit avertir l’internaute qui a notifié ainsi que l’auteur du contenu (quand il le peut) de sa décision et des raisons qui y ont présidé. Il doit aussi leur fournir un moyen de « faire appel » de cette décision, quelle qu’elle soit. La plate-forme numérique doit ensuite informer la personne qui a signalé le contenu des options judiciaires qui s’offrent éventuellement à elle et sur les moyens de se faire accompagner (par une association par exemple). Le réseau social doit également informer la personne qui a écrit le message des éventuels recours judiciaires ou internes dont elle dispose, mais aussi des risques judiciaires à poster des contenus haineux. Lire aussi Loi contre la cyberhaine : la députée Laetitia Avia et Twitter affichent un objectif commun En cas de suppression, il doit conserver le message supprimé pour les futures enquêtes judiciaires. Il doit également informer « promptement les autorités publiques compétentes de toute activité » haineuse signalée par ses utilisateurs, sans que l’on sache très bien si la justice sera saisie de tous les contenus signalés et supprimés. Enfin, les plates-formes doivent empêcher la rediffusion du contenu. Les députés ont adopté un amendement en ce sens tard dans la nuit et sans grand débat : ses conséquences, notamment s’il va déboucher sur une liste de contenus « précensurés », ne sont pas claires à ce stade. A quoi s’expose le réseau social ? D’abord, s’il refuse à tort de supprimer un contenu, ou s’il le fait trop tard, il est possible de se retourner contre lui. Il s’agit d’un délit pénal et d’une procédure judiciaire classique. Le représentant du réseau social ou du moteur de recherche encourt une peine d’un an d’emprisonnement et de 250 000 euros d’amende (qui pourra être portée à 1,25 million d’euros dans le cas d’une personne morale). Les associations spécialisées dans la lutte contre les contenus haineux pourront se porter partie civile lors de ce procès. Outre ce volet pénal, le réseau social s’expose à des sanctions administratives, infligées par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Elles sont plus lourdes, jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial, mais sont plus difficiles à mobiliser. Pour cela, il faut que le CSA vérifie si le réseau social ou le moteur de recherche s’est conformé à un certain nombre d’obligations. Les obligations des plates-formes numériques Le CSA ne va pas sanctionner un réseau social dès que ce dernier ne supprime pas, à tort, un contenu. Il va plutôt s’assurer que réseaux sociaux et moteurs de recherche respectent de grands principes et obligations généraux. Certaines obligations, évoquées plus tôt, concernent les informations données aux utilisateurs qui signalent des contenus ou sont les auteurs des contenus signalés. Réseaux sociaux et moteurs de recherche devront aussi proposer un dispositif de signalement « directement accessible et uniforme » : cela pourra être inséré dans les formulaires de signalement de contenus qui existent déjà chez tous les réseaux sociaux. Ils devront aussi mettre en œuvre des procédures, des moyens humains et/ou technologiques pour traiter correctement les demandes : à la fois pour se conformer au délai de vingt-quatre heures pour les contenus haineux mais aussi pour éviter tout retrait abusif. A noter que s’ils encourent une amende jusqu’à 1,25 million d’euros, voire de la prison, pour ne pas avoir supprimé un contenu, ils n’encourent rien sur le front pénal pour avoir supprimé à tort. Les réseaux devront expliquer clairement ce que les utilisateurs risquent à publier des contenus haineux, la manière dont ils modèrent les contenus, les moyens dont ils disposent et les outils qu’ils utilisent pour cela. Le CSA décidera de ce qui, dans cette liste, est rendu public ou non. Les plates-formes numériques devront aussi communiquer les résultats obtenus dans la lutte contre les contenus haineux et s’adresser directement aux mineurs de moins de 15 ans, au moment où ces derniers créeront un compte, pour les sensibiliser aux risques de poster des contenus haineux. Elles devront également désigner un représentant légal physique et formuler « en termes précis, aisément compréhensibles, objectifs et non discriminatoires » les règles qui définissent ce que les utilisateurs ont le droit, ou non, de poster sur leurs réseaux. Enfin, elles devront coopérer entre elles pour mieux lutter contre les contenus haineux, sans que cette coopération soit précisément définie par la loi. Le rôle du CSA Le Conseil supérieur de l’audiovisuel disposera d’un rôle central dans le contrôle de la liberté d’expression sur Internet. Il formulera des recommandations, des bonnes pratiques et des lignes directrices aux réseaux sociaux et moteurs de recherche pour qu’ils se conforment bien aux règles, notamment de suppression sous vingt-quatre heures des contenus haineux, et il ira chercher toute information nécessaire pour pouvoir le contrôler. Il publiera un bilan de son action chaque année. Il pourra surtout activer une importante procédure de sanction, pouvant aller jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires mondial de l’entreprise sanctionnée. Pour cela, le CSA se posera plusieurs questions : l’entreprise a-t-elle bien suivi mes recommandations concernant ses diverses obligations, a-t-elle suffisamment bien respecté l’obligation de retrait, a-t-elle supprimé trop de contenus à tort ? Après une mise en demeure, et si cette dernière reste sans effet, la sanction de 4 % pourra intervenir. Un maigre volet judiciaire La proposition de loi a également fait rentrer dans le droit quelques éléments liés au traitement judiciaire des contenus haineux en ligne. Trop peu, selon ses opposants. Elle permet la création par exemple d’un parquet spécialisé : toutes les plaintes visant les contenus haineux seront traitées, en première intention, par ce parquet spécialisé, doté de moyens plus importants et de magistrats spécialement formés. Il sera désigné après entrée en vigueur de la loi par le ministère de la justice. Ce parquet procédera aux premiers actes d’enquête, notamment les réquisitions aux réseaux sociaux, afin d’identifier l’auteur des propos. Ensuite, deux solutions. Soit il s’agit d’actes isolés, simples, et la procédure sera redirigée vers les parquets du domicile de l’auteur présumé. Soit il s’agit d’actes groupés, menés depuis plusieurs points du territoire, ou d’actes complexes et graves, et le parquet spécialisé conservera l’enquête. Le parquet spécialisé pourra également traiter les injures non publiques (envoyées par e-mail, message privé Twitter, message WhatsApp…) lorsqu’une plainte contre ces faits aura été déposée en ligne (un mécanisme qui sera disponible au premier semestre 2020). La loi prévoit aussi que désormais les juges puissent interdire à des individus condamnés ou sous contrôle judiciaire de communiquer électroniquement avec leur victime. Bloquer les contenus déjà jugés Si un contenu haineux a été jugé par la justice comme étant illégal, alors l’autorité administrative (par exemple la police) pourra demander à l’hébergeur de supprimer et/ou de déréférencer ce contenu, voire aux fournisseurs d’accès à Internet de bloquer tout un site Internet, sans passer de nouveau par la case justice. Cette disposition est clairement inspirée par la décision de blocage prise à l’endroit du site Démocratie participative, qui est rapidement revenu en ligne sous une autre adresse que celle qui avait été bloquée. Enfin, un « observatoire de la haine en ligne » regroupant entreprises du numérique, associations et chercheurs pour observer le phénomène des messages haineux sur Internet, sera créé. Chaque année, le gouvernement présentera un rapport sur la manière dont fonctionne cette nouvelle loi.
De nouvelles obligations vont peser sur les réseaux sociaux, chargés de faire disparaître certains contenus haineux, sous peine d’importantes sanctions.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/05/haine-en-ligne-que-contient-la-proposition-de-loi-dont-l-assemblee-vient-de-terminer-l-examen_5485769_4408996.html
mlsum-fr-962
Le futur écoquartier Flaubert se trouve à moins de 500 m de sites Seveso, dont l’usine Lubrizol, qui a pris feu le 26 septembre. BENOÎT DECOUT / REA Depuis le grenier de sa maison, sur les hauteurs de Rouen, Stéphane Martot a une vue imprenable sur la boucle de la Seine, le port autonome de Rouen et Lubrizol. Quand de premières explosions ont retenti vers 5 h 30 du matin, jeudi 26 septembre, elles ne l’ont pas empêché de replonger dans les bras de Morphée. « La veille, on avait manifesté pour les retraites, raconte ce travailleur social de 47 ans. Je me suis dit dans mon demi-sommeil : ils sont quand même gonflés les copains dockers de tirer des pétards en pleine nuit ! Et puis je me suis rendormi. » Ce n’est que deux heures plus tard, quand les sirènes d’alerte se sont mises à hurler, que Stéphane Martot a compris. Il s’est précipité dans son grenier, a ouvert le Velux et a filmé puis posté sur les réseaux sociaux : l’usine chimique en feu et l’immense panache noir qui se répand au-dessus de la ville. « C’était Mad Max sous mes fenêtres. Alors qu’on nous disait toujours que c’était un délire d’écolo ! », témoigne Stéphane Martot, également secrétaire des Verts à Rouen, conseiller municipal et à la Métropole. Trois semaines après l’accident, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, considère que « les Rouennais peuvent reprendre une vie normale ». Jeudi 17 octobre, ils étaient encore près de 800, à la Halle aux Toiles, venus partager leurs craintes et leur colère jusque tard dans la soirée, lors d’une réunion publique organisée par un large collectif de syndicats et d’associations. Avec un mot d’ordre : « Pas de retour à la normale sans que la vérité soit faite ! » De nombreuses questions hantent toujours les Normands. Elles s’accumulent, même, au fur et à mesure des révélations. Quelle est la dangerosité des 9 500 tonnes (et non des 5 253 tonnes initialement communiquées) de produits partis en fumée et quelle seront les conséquences sur leur santé à long terme, certaines substances chimiques étant potentiellement cancérogènes ou des perturbateurs endocriniens ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Depuis l’incendie de Lubrizol à Rouen, le préfet Pierre-André Durand « seul face à tous » « Outils datés » Comment un feu d’une telle ampleur a-t-il pu se déclarer sur un site Seveso seuil haut, six ans après un premier incident (une fuite de mercaptan s’était fait ressentir jusqu’en région parisienne) et deux ans après une inspection des installations classées estimant le risque d’un incendie à « au maximum une fois tous les 10 000 ans ». Comment Lubrizol a-t-il pu stocker plus de 4 000 tonnes de produits potentiellement dangereux chez son voisin Normandie Logistique, pourtant non classé Seveso, et dont les entrepôts ont également été ravagés par les flammes ? L’enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris pour mise en danger d’autrui devra tenter de lever toutes les zones d’ombre, à commencer par l’origine de l’incendie, toujours indéterminée.
Alerte tardive, manque d’exercice de simulation et de consignes de sécurité : les Rouennais n’étaient pas préparés aux risques liés au site Seveso qui a brûlé le 26 septembre.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/19/lubrizol-il-y-a-un-sentiment-de-trahison-dans-la-population_6016161_3244.html
mlsum-fr-963
Des soutiens séparatistes de l’indépendance du sud du Yemen ont saisi un tank dans dans une caserne d’Aden, samedi 10 août. NABIL HASAN / AFP Le Yémen, déjà ravagé par plus de cinq ans de guerre entre des forces progouvernementales luttant contre les rebelles houthistes, s’est enfoncé davantage dans le chaos ces derniers jours alors que des affrontements ont éclaté entre différentes unités du camp antirebelles à Aden, dans le sud du pays. Lire aussi : Les rebelles houthistes renforcent leur arsenal Ces affrontements, qui ont fait 40 morts et 260 blessés depuis jeudi, selon un bilan du Bureau des affaires humanitaires des Nations unies communiqué dimanche 11 août, opposent des partisans de l’indépendance du sud du Yémen aux unités du gouvernement yéménite. Ils mettent aussi à mal l’unité de la coalition militaire menée par les Saoudiens qui intervient depuis 2015 contre les houthistes. En effet, le gouvernement yéménite a accusé les Emirats arabes unis – un des partenaires clés de la coalition – de soutenir les séparatistes alors que Riyad continue d’appuyer le président Abd Rabbo Mansour Hadi. Dimanche, la coalition menée par l’Arabie saoudite au Yémen a annoncé avoir frappé une position posant « une menace » à un important site du gouvernement yéménite, au lendemain de la prise par des séparatistes du palais présidentiel à d’Aden, dans le sud du pays – une prise surtout symbolique puisque le chef de l’Etat yéménite vit en Arabie Saoudite. Trois casernes ont également été réquisitionnées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’ONU cherche à préserver le Yémen des tensions régionales La coalition a appelé les séparatistes du Conseil de transition, qui luttent pour que le sud du Yémen soit indépendant, à « se retirer complètement des positions prises par la force » sous peine de nouvelles frappes. « Ceci a été la première opération et elle sera suivie d’une autre si cette déclaration de la coalition n’est pas respectée », a mis en garde la coalition conduite par les Saoudiens qui soutient le gouvernement yéménite. La situation au Yémen a été au centre d’un entretien, dimanche à La Mecque, entre le roi saoudien Salmane et le président Hadi, a annoncé l’agence officielle saoudienne SPA. La rencontre s’est déroulée en présence du ministre saoudien de l’intérieur et du chef des renseignements. De son côté, le Conseil de transition du sud (STC, séparatistes) a annoncé dimanche par la voix de son vice-président, Hani ben Breik, être disposé au dialogue, mais pas « sous la menace ». Trente-huit morts dans des combats en janvier Le Yémen du Sud était un Etat indépendant jusqu’en 1990. Dans le Sud, le ressentiment est fort contre leurs compatriotes du Nord, accusés d’avoir imposé par la force l’unification du pays. A cette hostilité Nord-Sud s’ajoute donc désormais le conflit au sein de la coalition hétéroclite formée au départ pour défendre le gouvernement. Ce n’est pas la première fois que les séparatistes du Conseil de transition du Sud (STC) s’opposent aux unités loyales au président Hadi. En janvier déjà, des combats avaient fait au moins 38 morts ; la situation ne s’était apaisée qu’après une intervention concertée saoudo-émiratie. Les affrontements à Aden rendent encore un peu plus inextricable la situation d’un pays où des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils, ont déjà trouvé la mort à la suite de la guerre civile, selon diverses organisations humanitaires.
Les combats entre partisans de l’indépendance du sud du pays et soutiens du gouvernement mettent à jour les divisions au sein de la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/11/la-coalition-au-yemen-frappe-les-separatistes-apres-la-prise-du-palais-presidentiel-a-aden_5498481_3210.html
mlsum-fr-964
Une sculpture gonflable symbolise l’intervention des chars contre les manifestants pro-démocratie sur la place de Tiananmen, à Taipei, le 1er juin. CHIANG YING-YING / AP Ancien leader étudiant du mouvement de Tiananmen, aujourd’hui en exil à San Francisco, Feng Congde vit un jour des étudiants de Chine lui demander pourquoi, en 1989, lui et les autres animateurs de la contestation avaient si cruellement tué des soldats de l’armée populaire. Il les orienta sur son site, 64memo.com, qui archive depuis des années des témoignages et des documents écrits, visuels ou sonores, sur le printemps de Pékin. Quand ils le recontactèrent peu après, ils avaient découvert que les choses s’étaient passées autrement. « Ils étaient furieux que la propagande leur ait menti. Nous sommes engagés dans une bataille de la mémoire avec le régime chinois, c’est une bataille qu’ils ont lancée, qu’ils mènent en Chine et étendent désormais au reste du monde », a-t-il expliqué le 19 mai à Taipei, lors d’une grande conférence académique. Les organisateurs avaient choisi la capitale taïwanaise afin de réunir pour la première fois une quinzaine de participants et témoins directs des événements – dont une grande partie des anciens dirigeants étudiants en exil à travers le monde – aux côtés des principaux historiens et chercheurs sur le sujet, ainsi que des intellectuels ou militants chinois en exil. Ils furent au terme de la conférence reçus par la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen, un geste politique inédit. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trente ans après Tiananmen : en Chine, « l’hiver du militantisme » Impossible d’accéder aux archives Trente ans après, la bataille de la mémoire dont parle Feng Congde est loin d’être gagnée. « Les nouveaux travaux de recherche sur Tiananmen sont rares. Il est difficile, voire impossible, d’avoir accès à des archives en Chine sur le sujet », explique l’expert en politique hongkongais Joseph Cheng, l’un des co-organisateurs de la conférence. M. Cheng anime, avec l’ancien leader étudiant Wang Dan, la New School for Democracy, une plate-forme Internet de cours d’histoire et de politique sur la démocratie. « Les anciens leaders étudiants restent des figures symboliques importantes. Si un jour le verdict officiel sur Tiananmen est renversé et que la Chine s’ouvre aux réformes, ils seront là. Hors de Chine, leur rôle est secondaire. Et les financements étrangers se sont évaporés. » L’ex-leader étudiant Zhou Fengsuo, cadre dans la finance aux Etats-Unis, se félicite que, sur la vingtaine de figures phares du mouvement, seules deux ont renié leur passé afin de faire des affaires en Chine. « On a peut-être tous des opinions différentes, mais nos objectifs sont restés les mêmes. Et beaucoup d’entre nous s’impliquent encore dans le combat pour la démocratie », explique-t-il au Monde.
Entre frustration et activisme, les anciens et les historiens du mouvement démocratique se sont réunis lors d’une conférence historique à Taipei.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/01/trente-ans-apres-tiananmen-la-bataille-de-la-memoire-fait-rage_5470200_3210.html
mlsum-fr-965
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, devant le 10 Downing Street à Londres, le 28 octobre. HENRY NICHOLLS / REUTERS C’était il y a six mois, le 10 avril. Très tard dans la nuit, depuis Bruxelles, Donald Tusk, le président du Conseil européen, concluait un sommet spécial Brexit en confirmant que l’Union européenne (UE) accordait un décalage du Brexit au 31 octobre 2019. Il terminait par ces mots, à l’adresse des Britanniques : « S’il vous plaît, ne gaspillez pas ce laps de temps ! » Lundi 28 octobre au matin, les Européens ont, de nouveau, repoussé l’échéance, à la demande du gouvernement Johnson. Le nouveau « Brexit do or die » (« coûte que coûte ») devrait avoir lieu le 31 janvier 2020, dans trois mois. Lire aussi L’Europe accepte un report du Brexit au plus tard au 31 janvier 2020 Il s’agit d’un décalage « flexible » : le Royaume-Uni pourra sortir de l’UE plus tôt s’il est prêt, et si le gouvernement Johnson parvient à faire définitivement adopter à Westminster la loi d’application dans le droit national de son accord avec Bruxelles. D’un Tweet, lundi, Donald Tusk a confirmé l’information. Mais cette fois de manière très laconique : « Les Vingt-Sept ont accepté la demande britannique d’un report du Brexit flexible au 31 janvier 2020. La décision doit être formalisée par procédure écrite » – sans nécessité d’un sommet européen spécial. Lassitude, de la part de l’ex-premier ministre polonais, qui a longtemps espéré qu’au Royaume-Uni, les opposants au Brexit parviendraient à faire dérailler un divorce avec l’UE ? Probablement. Les Européens craignent trop une absence d’accord pour avoir osé signer la fin de la partie et refusé un nouveau report du Brexit à Londres, même si les Français, ces dernières semaines, ont multiplié les déclarations martiales. Mais les dirigeants de l’UE, y compris à Berlin, n’en peuvent plus des atermoiements britanniques. Ils espèrent que, cette fois, le gouvernement Johnson emploiera utilement le temps qu’ils lui ont accordé. Pour une ratification définitive du Brexit au Parlement ou une élection générale, peu importe. Les critiques se cristallisent L’élection générale paraît la plus probable. Mais rien n’est simple au pays du Brexit et le cheminement politique et procédurier pour y parvenir se révélait pour le moins tortueux, lundi soir. Boris Johnson a perdu sa majorité parlementaire dès septembre. L’accord de divorce qu’il a conclu avec les Européens, mi-octobre, lui a aliéné le soutien des dix élus à la Chambre des communes du DUP, le parti unioniste nord-irlandais, qui l’accusent de les avoir « trahis » en prévoyant d’établir un contrôle douanier entre l’île d’Irlande et le Royaume-Uni.
Après l’annonce du report du Brexit au 31 janvier 2020 et un nouvel échec aux Communes, le premier ministre britannique cherche à obtenir à nouveau l’accord du Parlement pour des élections, le 12 décembre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/29/brexit-la-man-uvre-de-boris-johnson-pour-obtenir-des-elections-generales-avant-noel_6017268_3210.html
mlsum-fr-966
I. Une affaire de générations Les plus jeunes ressentent un sentiment d’urgence accru depuis que leur avenir est directement en jeu Hongkong La jeunesse refuse d’être happée par la Chine 10 morts (9 suicides) · Plusieurs milliers de blessés « La plupart de nos conversations sont lugubres… », admet le jeune designer Arthur (un nom d’emprunt), 24 ans. « On se demande où partir si on quittait Hongkong, et à quoi bon avoir des enfants… », renchérit Sean, copain d’enfance qu’il a retrouvé par hasard au cours d’une manifestation. Depuis juin, les jeunes Hongkongais se mobilisent. D’abord contre un texte de loi d’extradition, vers la Chine notamment, mais il a été retiré depuis, et c’est le projet de société proposé par la Chine communiste qui nourrit la révolte de la jeunesse. Elle réclame le choix de ses dirigeants au suffrage universel et des enquêtes sur les violences policières. L’un des graffitis favoris des débuts du mouvement fut une harangue à l’attention des générations précédentes : « C’est vous qui nous avez appris que les révoltes pacifiques n’obtiennent rien ». D’où la tentation de passer de la désobéissance civile à la désobéissance incivile. Certains estiment qu’ils n’ont plus rien à perdre et les affrontements sont réguliers avec les forces de l’ordre, accusées de réprimer abusivement, à coups de matraque et de gaz lacrymogène. , admet le jeune designer Arthur (un nom d’emprunt), 24 ans., renchérit Sean, copain d’enfance qu’il a retrouvé par hasard au cours d’une manifestation. Depuis juin, les jeunes Hongkongais se mobilisent. D’abord contre un texte de loi d’extradition, vers la Chine notamment, mais il a été retiré depuis, et c’est le projet de société proposé par la Chine communiste qui nourrit la révolte de la jeunesse. Elle réclame le choix de ses dirigeants au suffrage universel et des enquêtes sur les violences policières. L’un des graffitis favoris des débuts du mouvement fut une harangue à l’attention des générations précédentes :. D’où la tentation de passer de la désobéissance civile à la désobéissance incivile. Certains estiment qu’ils n’ont plus rien à perdre et les affrontements sont réguliers avec les forces de l’ordre, accusées de réprimer abusivement, à coups de matraque et de gaz lacrymogène. Irak La nouvelle génération veut la « chute du régime » 270 morts · ~ 10 000 blessés er octobre, à Bagdad, puis dans toutes les villes du sud chiite du pays, des centaines de jeunes hommes sont descendus manifester contre le gouvernement irakien. La répression le mois précédent de manifestations de diplômés sans emploi avait échauffé les esprits parmi une population composée à 65 % de moins de 30 ans, dont 17 % sont au chômage. Mais c’est la mise à l’écart d’un général des forces spéciales considéré comme un « héros » de la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et comme un homme intègre, une figure rare dans le 12e pays le plus corrompu au monde, selon Transparency International, qui a mis le feu aux poudres. Depuis 2011, l’Irak a connu plusieurs vagues de contestation pour réclamer des réformes dans ce riche pays pétrolier, dont la déliquescence des infrastructures et des services publics doit autant à la succession de guerres qu’à la corruption et à l’incurie de la classe politique. Mais le mouvement en cours est inédit par sa physionomie et son ampleur. Née d’une mobilisation organique de jeunes hommes issus de quartiers désœuvrés chiites et de diplômés chômeurs, sans affiliation politique, cette contestation exprime un rejet radical de l’ensemble de la classe politique et de toute récupération partisane. Ils réclament la « chute du régime » : la fin de la domination des partis politiques qui se partagent depuis 2003 les postes à la faveur du système de répartition par quotas confessionnels. La répression du mouvement, qui a fait 157 morts la première semaine d’octobre, et plus d’une centaine encore depuis le 25 octobre, a suscité un large mouvement de solidarité parmi la population. Le 1octobre, à Bagdad, puis dans toutes les villes du sud chiite du pays, des centaines de jeunes hommes sont descendus manifester contre le gouvernement irakien. La répression le mois précédent de manifestations de diplômés sans emploi avait échauffé les esprits parmi une population composée à 65 % de moins de 30 ans, dont 17 % sont au chômage. Mais c’est la mise à l’écart d’un général des forces spéciales considéré comme un « héros » de la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI) et comme un homme intègre, une figure rare dans le 12pays le plus corrompu au monde, selon Transparency International, qui a mis le feu aux poudres.Depuis 2011, l’Irak a connu plusieurs vagues de contestation pour réclamer des réformes dans ce riche pays pétrolier, dont la déliquescence des infrastructures et des services publics doit autant à la succession de guerres qu’à la corruption et à l’incurie de la classe politique. Mais le mouvement en cours est inédit par sa physionomie et son ampleur. Née d’une mobilisation organique de jeunes hommes issus de quartiers désœuvrés chiites et de diplômés chômeurs, sans affiliation politique, cette contestation exprime un rejet radical de l’ensemble de la classe politique et de toute récupération partisane. Ils réclament la « chute du régime » : la fin de la domination des partis politiques qui se partagent depuis 2003 les postes à la faveur du système de répartition par quotas confessionnels.La répression du mouvement, qui a fait 157 morts la première semaine d’octobre, et plus d’une centaine encore depuis le 25 octobre, a suscité un large mouvement de solidarité parmi la population. II. Les causes profondes du malaise Depuis des années, de nombreux facteurs d’incertitudes convergent : le ralentissement global de l’économie, l’accroissement vertigineux des inégalités et la crise de la démocratie représentative Equateur La rue face au plan du FMI 8 morts · 1 340 blessés Au terme de douze jours d’une mobilisation qui a paralysé le pays, les contestataires équatoriens ont obtenu gain de cause dimanche 13 octobre. Le président, Lenin Moreno, a accepté de retirer le « décret 883 » qui supprimait les subventions publiques aux carburants dans le cadre d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) en échange d’un chèque de 4,2 milliards de dollars (3,8 milliards d’euros). Son adoption avait provoqué une hausse du prix du diesel à la pompe de plus de 100 %. Inadmissible, notamment pour les Indiens qui vivent en milieu rural, utilisent les transports en commun pour leurs déplacements et le transport routier pour vendre leurs produits. Des actes de vandalisme inédits ont marqué les manifestations. L’intermédiation de groupes indigènes, très influents dans le pays, a permis de faire plier le gouvernement. Mais le coût de la « victoire » est élevé : huit morts, 1 340 blessés, et des pertes économiques estimées à au moins 1,5 milliard de dollars par le patronat équatorien. Soudan La Révolution du prix du pain 246 morts · 1 353 blessés Ce n’étaient pas de simples manifestations du pain, comme en témoignent les slogans entendus à Atbara, où avait commencé la contestation : « Liberté, paix, justice, et chute du régime ». La colère est venue se greffer à un programme déjà établi. Avant que les premiers manifestants ne descendent dans la rue, les membres de l’Association des professionnels soudanais – forme de syndicat parallèle –, avaient défini leurs objectifs, envisagés la suite et médité aussi les leçons des « printemps arabes ». Ils savaient aussi que tout recours à la violence serait une erreur. Des groupes de femmes, sur Facebook, forts de centaines de milliers de membres, ont fait circuler les photos des agents des services de sécurité déchaînés contre les manifestants. Une fois identifiés par des voisins, ceux-ci recevaient des messages, signalant que leur adresse était connue… Une forme d’intimidation subtile, qui a sapé la détermination du bras armé de la répression. L’état de l’économie a constitué un facteur central dans la mobilisation de contestataires de tous les âges, de tous les sexes, et issus d’abord des classes moyennes, urbaines, avant d’être rejoints par d’autres milieux. D’autres types de revendications sont apparus ensuite, portant sur les libertés individuelles. Une augmentation du prix du pain fut le point de départ d’un changement radical. Pendant des mois courant 2019, les Soudanais sont descendus dans les rues, bravant les violences de l’appareil sécuritaire qu’avait mis en place le régime d’Omar Al-Bachir pour éviter d’être renversé. Il l’a pourtant été, le 11 avril, quand le pouvoir s’est retourné comme un gant.Ce n’étaient pas de simples manifestations du pain, comme en témoignent les slogans entendus à Atbara, où avait commencé la contestation :. La colère est venue se greffer à un programme déjà établi. Avant que les premiers manifestants ne descendent dans la rue, les membres de l’Association des professionnels soudanais – forme de syndicat parallèle –, avaient défini leurs objectifs, envisagés la suite et médité aussi les leçons des « printemps arabes ». Ils savaient aussi que tout recours à la violence serait une erreur. Des groupes de femmes, sur Facebook, forts de centaines de milliers de membres, ont fait circuler les photos des agents des services de sécurité déchaînés contre les manifestants. Une fois identifiés par des voisins, ceux-ci recevaient des messages, signalant que leur adresse était connue… Une forme d’intimidation subtile, qui a sapé la détermination du bras armé de la répression.L’état de l’économie a constitué un facteur central dans la mobilisation de contestataires de tous les âges, de tous les sexes, et issus d’abord des classes moyennes, urbaines, avant d’être rejoints par d’autres milieux. D’autres types de revendications sont apparus ensuite, portant sur les libertés individuelles. III. L'effet papillon Différentes mesures touchant directement au coût de la vie, et d’apparence souvent dérisoire, ont provoqué de véritables ondes de choc, libérant une colère populaire contre les élites politiques Liban La taxe WhatsApp fait exploser la colère populaire Le ministre des télécommunications libanais, Mohamed Choucair, restera dans l’histoire du pays du Cèdre comme l’homme par qui la « révolte d’octobre 2019 » est advenue. Son projet de prélever une taxe de 6 dollars mensuels (environ 5,40 euros) sur les appels passés par WhatsApp est l’étincelle qui a fait exploser la colère populaire. Comme un barrage qui craquerait sous la pression du courant, des décennies de frustrations et de ressentiments vis-à-vis de la classe dirigeante ont éclaté à l’annonce de ce nouvel impôt. Car au Liban, plus qu’ailleurs, WhatsApp permet de s’affranchir des tarifs imposés par les compagnies de téléphonie locales, deux fois plus élevés que ceux pratiqués dans les pays environnants. Le réseau est d’autant plus apprécié que la population libanaise est éparpillée dans le monde entier. Plus largement, dans un pays confisqué par les promoteurs et les spéculateurs immobiliers, où les espaces publics se sont réduits comme peau de chagrin et où la parole sur les réseaux sociaux est de plus en plus contrôlée, WhatsApp apparaît comme un îlot de liberté. Ironie de l’histoire, à la manière de l’arroseur arrosé, WhatsApp est passé de cible du gouvernement à outil de mobilisation numéro un des mutins. Le ministre des télécommunications libanais, Mohamed Choucair, restera dans l’histoire du pays du Cèdre comme l’homme par qui la « révolte d’octobre 2019 » est advenue. Son projet de prélever une taxe de 6 dollars mensuels (environ 5,40 euros) sur les appels passés par WhatsApp est l’étincelle qui a fait exploser la colère populaire. Comme un barrage qui craquerait sous la pression du courant, des décennies de frustrations et de ressentiments vis-à-vis de la classe dirigeante ont éclaté à l’annonce de ce nouvel impôt. Car au Liban, plus qu’ailleurs, WhatsApp permet de s’affranchir des tarifs imposés par les compagnies de téléphonie locales, deux fois plus élevés que ceux pratiqués dans les pays environnants. Le réseau est d’autant plus apprécié que la population libanaise est éparpillée dans le monde entier. Plus largement, dans un pays confisqué par les promoteurs et les spéculateurs immobiliers, où les espaces publics se sont réduits comme peau de chagrin et où la parole sur les réseaux sociaux est de plus en plus contrôlée, WhatsApp apparaît comme un îlot de liberté. Ironie de l’histoire, à la manière de l’arroseur arrosé, WhatsApp est passé de cible du gouvernement à outil de mobilisation numéro un des mutins. Chili La hausse du prix du ticket de métro déclenche la plus forte mobilisation depuis Pinochet 20 morts · 1 305 blessés Rien n’y fait. Jour après jour, les manifestations se poursuivent à Santiago, la capitale, et dans d’autres villes du pays. Le gouvernement de Sebastian Piñera a beau annoncer réformes, remaniement et dialogue avec les partis d’opposition, la colère sociale ne faiblit pas. La contestation, qui a éclaté le 18 octobre, lorsque les étudiants ont protesté contre la hausse – annulée depuis – du prix du ticket de métro à Santiago, s’est étendue à d’autres revendications. Selon une étude codirigée par le centre de recherches sociales Desoc, 85 % des Chiliens soutiennent le mouvement. Le phénomène s’explique notamment par le peu d’avancées obtenues à la suite de mouvements antérieurs, et par la répression brutale systématique de ceux-ci : la mobilisation pour la gratuité de l’université en 2011, par exemple, ou encore celle pour une réforme du système des retraites – gérées au Chili par des fonds de pensions privés – en 2016. M. Piñera fait partie des dix plus grandes fortunes du Chili, avec un patrimoine estimé à 2,8 milliards de dollars. Vendredi 25 octobre, plus de 1,2 million de personnes se sont rassemblées à Santiago, du jamais-vu depuis une manifestation en 1988 pour dire non au maintien au pouvoir du général Augusto Pinochet. IV. Une mobilisation organique Les mouvements de contestations d’aujourd’hui partagent avec les mobilisations de ces dix dernières années l’absence de porte-parole et le refus de toute récupération partisane France Les « gilets jaunes », la révolte des rond-points 11 morts · 4 439 blessés Ne s’appuyant sur aucune organisation politique ou syndicale, la fronde des « gilets jaunes » est partie d’un ras-le-bol partagé par nombre de Français de la petite classe moyenne des hausses de taxes sur le carburant, alors que le diesel atteignait quasi le prix de l’essence. Une pétition en ligne et un appel largement diffusé sur Facebook ont contribué à l’éclosion du mouvement, le 17 novembre 2018, à la fois par des manifestations dans les grandes villes et par des occupations de péages et de ronds-points partout en France. Annoncée par le gouvernement le 1er décembre, après le saccage de l’Arc de triomphe, l’annulation des taxes surviendra trop tard, les revendications ayant évolué rapidement vers des questions plus globales de justice sociale et fiscale, et une profonde critique du fonctionnement de la démocratie représentative. De nouvelles mesures économiques, annoncées à la mi-décembre, n’éteindront pas la contestation. La réponse policière et judiciaire, de plus en plus ferme, et le vote de la loi dite « anticasseurs » destinée à empêcher les dégradations mais jugée « liberticide » par nombre de parlementaires, y compris au sein de la majorité, auront cependant raison de la mobilisation, aujourd’hui très faible dans la rue. Reste à savoir si elle pourrait se ranimer lors de la journée de grève du 5 décembre.
Face à des régimes politiques vieillissants et à la montée des inégalités, les populations de nombreux pays descendent dans la rue pour réclamer du changement et demander des comptes à des élites qu’elles ne comprennent plus.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/11/08/du-declencheur-local-a-la-revolte-globale-la-convergence-des-luttes-dans-le-monde_6018514_4355770.html
mlsum-fr-967
« Dix mille pas et plus ». Faire bouger les enfants devrait tourner à l’obsession, tant les indicateurs de sédentarité virent au rouge : perte de 25 % des capacités physiques des collégiens depuis quarante ans, augmentation du surpoids… En France, en 2017, ce sont 18 % des adolescents en classe de troisième qui sont en surcharge pondérale, dont plus d’un quart sont obèses, révélait récemment une enquête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du ministère de la santé. Ces pourcentages sont en constante hausse depuis les enquêtes de 2001 et 2009. A l’heure du retour en classe, peut-on compter sur l’école pour assurer une part des soixante minutes quotidiennes d’activité physique recommandées aux 5-17 ans par l’Organisation mondiale de la santé ? Officiellement, le temps d’éducation physique et sportive (EPS) – discipline obligatoire – est de trois heures par semaine en élémentaire et au collège (sauf en sixième, quatre heures), et deux au lycée. Des volumes qui, sur le papier, placent la France en tête des pays européens, constatait le rapport Eurydice de 2013. Sur le terrain, c’est moins glorieux. Pour l’école primaire, où l’EPS est, sauf exception, enseignée par les professeurs des écoles (contrairement aux collèges et lycées, qui ont des enseignants spécialisés), un rapport de deux députés en 2016 qualifiait même la situation d’« inquiétante », avec un horaire hebdomadaire effectif de deux heures et quart. L’hétérogénéité des pratiques et de l’accès aux installations sportives sur le territoire, est souvent soulignée. « Chaque enseignant organise le temps d’EPS et d’activités artistiques dans sa classe. Pour beaucoup, la priorité va aux maths et au français. En cas de retard sur le programme, ils rognent sur les temps de sport et d’arts », regrette Nicolas Muller, professeur des écoles et directeur d’établissement dans l’Oise. « Classe olympique » « Il y a un manque de valorisation de l’EPS en primaire, c’est la cinquième roue du carrosse », abonde Jean-Marc Rigal, fondateur du site Actibloom, qui diffuse des vidéos pédagogiques pour accompagner l’éducation sportive des plus jeunes. La situation tient en partie au manque de formation à l’EPS des professeurs des écoles, et à leur faible suivi (formation continue, contrôles) dans cette discipline. Parallèlement, à l’échelle d’une classe, d’une école, de nombreuses initiatives favorisent l’activité physique et la culture sportive des élèves, au-delà des seules heures d’EPS. Ainsi, les CM1-CM2 de Nicolas Muller sont une « classe olympique », un dispositif qui utilise les thématiques olympiques et sportives comme support des apprentissages. « Quand je les fais courir, ils se chronomètrent, convertissent leur vitesse en kilomètres/heure, et se comparent à des athlètes comme Usain Bolt », cite l’enseignant, également coordinateur de l’association Classes sportives dans l’Oise.
En primaire, trois heures par semaine devraient être consacrées à l’éducation physique et sportive. Sur le terrain, c’est plus compliqué à cause notamment du manque d’infrastructures et de formation des professeurs.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/09/sport-a-l-ecole-peut-mieux-faire_5508055_1650684.html
mlsum-fr-968
La maison du directeur de la saline de Chaux (son nom à l’époque), entourée des deux « bernes », les grands bâtiments où l’eau saumâtre était chauffée afin d’en récupérer le sel. L. JEDWAB/« LE MONDE » Œuvre phare de l’architecte visionnaire Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806), la saline royale d’Arc-et-Senans, dans le Doubs, a été conçue à la fin du règne de Louis XV et construite entre 1775 et 1779, sous le règne de Louis XVI, pour produire du sel à une large échelle. Audacieuse (mais elle finira par se révéler assez peu rentable), l’idée était d’amener l’eau saumurée extraite à Salins-les-Bains, dans le Jura voisin, au moyen d’un « saumoduc » d’une vingtaine de kilomètres. Les opérations d’évaporation seront réalisées par des ouvriers logés sur place grâce à des poêles abrités dans de grands bâtiments allongés et symétriques, les bernes. L’emplacement avait été choisi en raison de la proximité de la forêt de Chaux, ressource en chênes alors inépuisable pour le bois de chauffage. Le caractère unique de cet ensemble architectural monumental est sa parfaite symétrie en demi-cercle de 370 mètres de diamètre, à la fois harmonieuse, symbolique et fonctionnelle. Et la totale adéquation à sa destination : la production industrielle, l’organisation du travail hiérarchisée et un certain... contrôle social. Remise et écuries de la maison du directeur. L. JEDWAB/« LE MONDE » Influencé par l’architecture classique palladienne, Ledoux construira pour ses riches commanditaires des hôtels particuliers et des châteaux (dont celui de Bénouville, en Normandie, qui abrite aujourd’hui l’Institut européen des jardins et paysages), avant de concevoir, à Paris, les détestées barrières d’octroi de l’enceinte des fermiers généraux, entre 1785 et... 1789. De la cinquantaine érigée alors, ne subsistent plus que la barrière de Chartres (l’actuelle rotonde du parc Monceau), la rotonde de La Villette, les deux pavillons de la barrière du Trône (sur l’actuelle place de la Nation) et les deux pavillons de la barrière d’Enfer (sur l’actuelle place Denfert-Rochereau). Ledoux sera également inquiété pendant la Terreur en raison de sa proximité avec de nombreux émigrés contre-révolutionnaires. Cela ne l’empêchera pas, par la suite, de dessiner des projets d’architecture utopiste qui inspirèrent ses successeurs modernes, des constructivistes russes à Jean Nouvel, en passant par Le Corbusier ou... Albert Speer. Le portique d’entrée de la saline, elle-même entièrement ceinturée de murs, précède une grotte artificielle qui rappelle les origines souterraines de la saumure. Le bâtiment des gardes (l’entrée et la sortie étaient étroitement surveillées...) abrite aujourd’hui un hôtel. L. JEDWAB/« LE MONDE » Après une histoire souvent peu glorieuse : cessation d’activité en 1895, destruction... à la dynamite, en 1926, des colonnes de la maison du directeur, transformation en centre de rassemblement pour les républicains espagnols réfugiés, puis en camp d’internement pour les Tziganes, la saline renaît dans les années 1970. Classée au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco en 1982, elle accueille aujourd’hui dans ses bâtiments historiques restaurés un musée du sel et des expositions thématiques (dont, actuellement, « Le Monde de Jules Verne »). Elle est également centre culturel de rencontre et héberge en résidence le chef catalan Jordi Savall et son Concert des nations. Depuis 1991, elle abrite, à l’initiative du directeur de l’époque, Richard Edwards, le Musée Claude-Nicolas-Ledoux, qui présente dans une belle muséographie les maquettes des réalisations et des incroyables projets non aboutis de l’« architecte des Lumières ».
Le 19e festival des jardins de la saline royale d’Arc-et-Senans, « Flower Power », est le contrepoint végétal d’une exposition sur le festival de Woodstock de 1969.
https://www.lemonde.fr/cotecourscotesjardins/article/2019/06/15/la-saline-royale-d-arc-et-senans-en-ses-jardins_5476720_5004225.html
mlsum-fr-969
Joe Biden en campagne à Manchester, dans le New Hampshire, le 7 septembre. GRETCHEN ERTL / REUTERS Promettre la fin d’un cauchemar plutôt que d’alimenter les rêves, telle est la ligne que s’est fixée l’ancien vice-président Joe Biden dans sa quête de l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2020. Il devait à nouveau la marteler lors du troisième débat organisé à Houston (Texas), jeudi 12 septembre, entre ceux qui entendent défier le président sortant, Donald Trump. Depuis son entrée en scène, en avril, cette stratégie a plutôt réussi à l’ancien sénateur du Delaware. En dépit de prestations jugées tout juste passables lors des deux premiers débats et d’une campagne ronronnante, il continue de distancer les autres candidats en termes d’intentions de vote. Ce qui n’a aucune valeur prédictive puisque les caucus de l’Iowa, première étape de ce processus de sélection, n’interviendront pas avant le 3 février 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Etats-Unis : Joe Biden s’impose au centre lors du deuxième débat de la primaire démocrate Il devance deux autres septuagénaires, le sénateur du Vermont Bernie Sanders et sa collègue du Massachusetts Elizabeth Warren. Par son énergie et par un programme à la fois ambitieux et détaillé, cette dernière a effacé un démarrage de campagne laborieux marqué par le retour d’une controverse ancienne sur la réalité des origines en partie indiennes qu’elle revendique. Les autres candidats ont nettement décroché. Gaffeur invétéré Joe Biden, pourtant, accumule les accrocs. Dernier en date, le 3 septembre, il a ainsi assuré qu’il avait regretté, « dès son commencement », son vote favorable en 2002 pour une intervention militaire contre l’Irak, qui s’était matérialisée par l’invasion de 2003. Il avait pourtant fallu attendre 2005 et le début d’un enlisement meurtrier pour que le sénateur reconnaisse « une erreur ». L’ancien vice-président a longtemps été précédé d’une réputation de gaffeur invétéré. Ses bourdes peuvent être anodines, comme lorsqu’il vante la beauté du Vermont au cours d’un déplacement dans le New Hampshire voisin, en août, ou lorsqu’il conclut une intervention dans l’Iowa par la formule énigmatique : « Nous préférons la science à la fiction et la vérité aux faits. » Elles peuvent être aussi plus embarrassantes. Le même mois, il a ainsi assuré avoir reçu dans son bureau de vice-président des rescapés de la fusillade de Parkland, en Floride, en 2018, alors qu’il avait quitté les lieux au terme de son mandat plus d’un an avant. Le Washington Post s’est concentré sur un récit émouvant souvent répété lors de ses discours : le refus d’un soldat d’être décoré par ses soins, parce que celui-ci n’avait pas été à même de sauver un homme de son détachement, au cours d’une embuscade meurtrière en Afghanistan. Les journalistes du quotidien ont recoupé les éléments factuels de cette histoire pour en conclure que le vice-président avait mélangé les lieux, les dates et les unités concernés.
L’ancien vice-président de Barack Obama devance toujours ses rivaux avec un programme modéré et un mot d’ordre : mettre fin à la présidence Trump.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/12/malgre-ses-bourdes-joe-biden-reste-le-favori-democrate_5509368_3210.html
mlsum-fr-970
Des rebelles houthistes à Sanaa, la capitale du Yémen, le 21 septembre. Khaled Abdullah / REUTERS Entre des rumeurs de cessez-le-feu imminent avec l’Arabie saoudite, la mise en avant, à des fins de propagande, de coups d’éclat militaires majeurs datant du mois d’août et l’annonce de libérations unilatérales de prisonniers, les rebelles houthistes multiplient, depuis la fin du mois de septembre, des initiatives spectaculaires. Selon le Comité international de la Croix rouge, les houthistes ont libéré, lundi 30 septembre, 290 prisonniers en vertu d’un accord négocié sous l’égide de l’Organisation des Nations unies pour une désescalade dans le pays. Cet activisme intervient après que ce groupe, bénéficiant du soutien de l’Iran et autrefois marginal dans l’équation régionale, s’est retrouvé projeté au cœur des enjeux mondiaux le 14 septembre, après une frappe sur des sites pétroliers saoudiens. Cinq ans après la prise de la capitale yéménite, Sanaa, par les houthistes, qui a déclenché l’opération emmenée par l’Arabie saoudite début 2015, la guerre semble entrer dans une phase nouvelle. La frappe qui a alors fait trébucher les marchés, et que les houthistes ont revendiquée, a porté la région au bord du gouffre, tandis que l’Iran et ses adversaires sont en plein bras de fer sur la question nucléaire. Les rebelles houthistes confortés Le territoire contrôlé par les houthistes abrite la majorité de la population du Yémen. Cinq ans après leur arrivée à Sanaa, les rebelles ont su résister aux offensives de la coalition dirigée par Riyad, régulièrement dénoncée pour les morts civiles et la destruction des infrastructures, et ont même renforcé leur mainmise. Le blocus imposé par l’Arabie saoudite favorise une économie de guerre et de contrebande qui enrichit leurs dirigeants et rend la population plus dépendante du pouvoir. La situation de conflit évacue les revendications des habitants en matière de gouvernance. Dans ce domaine, les houthistes sont parvenus à noyauter les institutions existantes ou à créer les leurs, détenant la réalité du pouvoir. L’influence iranienne n’a, par ailleurs, eu de cesse de se consolider. La livraison de nouveaux armements comme les drones ou les missiles, qui permettent aux houthistes de menacer à peu de frais la puissante Riyad, va de pair avec l’importation progressive de l’idéologie de la République islamique dans les rangs de cette rébellion née au cœur de l’islam zaydite du nord du Yémen, pourtant très éloigné, à l’origine, du chiisme iranien. Une coalition divisée Le perfectionnement des armements que Riyad acquiert à grand prix auprès de ses soutiens occidentaux n’aura pas suffi à venir à bout des houthistes. Les bombardements n’ont débouché sur aucune victoire majeure dans le nord du pays. Dans le sud, le front antihouthiste se disloque. Les Emirats arabes unis, autre poids lourd de la coalition, ne partagent pas les objectifs stratégiques de Riyad dans le pays.
A la faveur du conflit, les rebelles houthistes, qui multiplient les initiatives spectaculaires depuis fin septembre, construisent un Etat parallèle avec le soutien de l’Iran.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/01/au-yemen-un-tournant-dans-la-guerre_6013787_3210.html
mlsum-fr-971
Un ver de terre (Lumbricus terrestris) dans un jardin de Bouxieres-aux-dames ( Meurthe-et-Moselle). Stephane Vitzthum / Biosphoto/AFP Pour les physiciens, cosigner des articles scientifiques avec des dizaines, des centaines, voire des milliers de collègues, n’est que routine. Après tout, les expériences qu’ils mènent, avec leurs nombreux et gigantesques instruments, impliquent un grand nombre de personnes. La pratique est autrement plus rare dans le monde de la biologie. Et pourtant. Un article paru le 25 octobre dans la revue Science réunit les paraphes de 141 biologistes de 35 pays sur le thème… des vers de terre. « Une grande partie de la communauté mondiale des spécialistes y est représentée », confirme Jérôme Mathieu de l’Institut d’écologie et des sciences de l’environnement de Paris, vingtième signataire. Collemboles, acariens ou lombrics ne suscitent pas autant de vocations que les dauphins ou les pandas Les organismes du sol, dont font partie les célèbres vers de terre, sont un composant essentiel des écosystèmes terrestres. Pourtant, leur diversité, leur distribution et les menaces qui pèsent sur eux demeurent méconnues. D’abord parce que peu de scientifiques les étudient : collemboles, acariens ou lombrics ne suscitent pas autant de vocations que les dauphins ou les pandas. Ce n’est pourtant pas le travail qui manque, la diversité souterraine étant de 100 à 1 000 fois plus importante qu’en surface. Les scientifiques en savent en fait si peu sur ce bestiaire que « peu de spécialistes sont capables d’identifier correctement les espèces, dont la majorité reste à découvrir », dit Jérôme Mathieu. Un inconvénient de taille lorsqu’il s’agit de savoir comment celles-ci sont distribuées à travers le monde, mission première de la biogéographie dont relève l’article paru dans Science. La présente méta-analyse a été menée sous la houlette du Centre allemand de recherche en biologie intégrative de Leipzig. Les auteurs ont réuni un grand nombre de données indépendamment récoltées par des chercheurs à travers 6 928 sites répartis dans 57 pays, ce qui explique le nombre important de signatures. « C’est la première fois qu’un travail d’une telle ampleur géographique est publié sur ce groupe d’organismes », assure Thibaud Decaëns, un des auteurs (Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de l’université de Montpellier). « Ingénieur du sol » Certaines variables climatiques telles que les précipitations annuelles et dans une moindre mesure la température se sont révélées de bons indicateurs de la diversité, de l’abondance et de la biomasse des vers de terre dans une région donnée. « Cela signifie que les changements climatiques en cours sont susceptibles d’avoir des conséquences très importantes sur les communautés de vers de terre », commente Thibaud Decaëns. Or ces « ingénieurs du sol » rendent de nombreux et cruciaux services aux humains, notamment en fertilisant les terres, en régulant leur porosité ou encore en les stabilisant sous nos pieds, ce qui empêche les glissements de terrain.
Les « ingénieurs du sol » rendent une foule de services à l’homme et à la nature. Ils font pour la première fois l’objet d’une vaste analyse à l’échelle du globe, qui met aussi en lumière leur fragilité.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/11/03/l-empire-des-vers-de-terre_6017868_1650684.html
mlsum-fr-972
Travailler et partager son quotidien avec une majorité d’hommes : Irène*, diplômée de l’Ecole navale, sait ce que c’est. « A 23 ans, je suis partie sur un bateau, j’étais la seule fille à bord, avec des marins sous mes ordres. En tant qu’officier, nos galons envoient un message clair, et tout se passe bien avec les sous-officiers. Mais en tant que femme, on vous en demandera toujours plus. Ce sera mieux quand on sera plus nombreuses », témoignait la trentenaire, ingénieure et officière de marine, lors d’une conférence au dernier Salon du Bourget, en juin 2019. Face à elle, des lycéennes et étudiantes venues de Picardie buvaient ses paroles. La petite délégation avait été amenée par Elles bougent, une association qui tente de renforcer la mixité dans les métiers de l’ingénierie. Armée de l’air, Aéroports de Paris... De stand en stand, des « marraines » de l’association racontaient à ces jeunes femmes comment, en tant qu’ingénieures, elles ont fait leur place dans l’aéronautique, le spatial ou le génie civil. Parfois difficilement. Malgré une progression de 45 % ces dix dernières années, les étudiantes sont toujours minoritaires dans les formations d’ingénieurs. En 2017, elles représentaient 28 % des effectifs dans les quelque 201 écoles accréditées en France. Un pourcentage qui tombe « plutôt à 20 % si on retire les formations en chimie, biologie, agronomie ou écologie, où se concentrent la majorité des filles », précise une connaisseuse du sujet. Une intériorisation des codes masculins Comment ces étudiantes vivent-elles au quotidien leurs études dans un environnement majoritairement masculin ? « Le fait d’être une fille en école d’ingénieurs n’a jamais vraiment été un sujet pour moi », élude, détendue, Laura, étudiante à l’université de technologie de Compiègne (Oise). Valère, à Polytech Nancy, confirme : « Cela se passe bien, et si c’est nécessaire, j’ai un caractère qui me permet de m’imposer. » Qu’elles aient intégré une école après deux ans de prépa ou directement après le bac, les étudiantes interrogées confient s’être rapidement acclimatées à cet environnement masculin, dont elles ont en partie adopté les codes. « Quand il y a des remarques, j’ai appris à les faire taire. D’ailleurs, les réflexions des élèves, comparées à celles entendues sur les chantiers, me font bien rigoler », témoigne Lucie, fraîchement diplômée des Hautes Etudes d’ingénieur (HEI).
Les remarques sexistes ou sexuelles, sous couvert d’humour, sont de moins en moins tolérées dans un milieu où les filles sont plus nombreuses qu’il y a dix ans.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/09/25/on-nous-dit-que-si-on-est-la-c-est-a-cause-de-quotas-en-ecole-d-ingenieurs-la-lassitude-des-etudiantes_6013051_4401467.html
mlsum-fr-973
Pour aider les flottes à prendre la route de la transition énergétique, les loueurs de véhicules multiplient les prestations de conseil et d’analyse des parcs automobiles de leurs clients. « Depuis 2013, nous conseillons nos clients avec notre solution Alpha Electric, qui permet de prendre en compte les usages de leurs flottes », explique Stéphane Crasnier, PDG d’Alphabet France. Ce loueur longue durée procède en effet à l’analyse d’un parc automobile grâce à l’apport d’un outil GPS embarqué à bord des véhicules des clients intéressés. Celui-ci permet, à partir des remontées de données, de déterminer et d’identifier les véhicules susceptibles de passer du thermique à l’électrique. Le loueur LeasePlan propose, de son côté, une offre complète de location longue durée intégrant des solutions de bornes de recharge adaptées aux besoins des collaborateurs : à domicile, avec remboursement automatique pour le conducteur ; au bureau, en intégrant le pilotage énergétique et une carte de recharge pour le réseau public. « Nos équipes commerciales sont formées sur l’expertise qu’attendent nos clients, indique Jérôme Conrad, président de LeasePlan France. Des missions d’accompagnement consulting sont également proposées, pour atteindre des résultats durables en termes de réduction d’empreinte carbone, mais également de coûts. » Un véhicule thermique en complément Selon Ferréol Mayoly, directeur général d’Arval France, un autre loueur, « au-delà de l’analyse des parcours réalisés par les véhicules d’une flotte, il est aussi nécessaire de prendre en compte la situation du collaborateur, selon qu’il intervient comme technicien, manageur ou commercial de l’entreprise. Un modèle hybride ne s’utilise pas comme une voiture 100 % électrique. De plus, une entreprise qui met à disposition une véritable offre électrique doit installer des bornes de recharge sur son site mais aussi, éventuellement, au domicile de son collaborateur ». Ce loueur propose à ses clients, dans le cadre d’un contrat de location, de tester un véhicule électrique pendant trois à six mois et de le restituer sans pénalité si la solution ne convient pas. De même, Arval complète son offre avec la possibilité de bénéficier, en complément, d’un véhicule thermique pendant une durée déterminée, afin de répondre à des besoins ponctuels de déplacements plus longs, notamment le week-end ou durant les vacances. Une formule que développe également le loueur ALD Automotive avec son offre ALD Switch, qui accorde aux collaborateurs d’une entreprise un véhicule électrique accompagné d’une mise à disposition, durant soixante jours par an, d’un véhicule thermique. ALD Automotive vient par ailleurs de mettre sur pied une cellule de Business Intelligence, pour accompagner l’arrivée des véhicules électriques et hybrides dans les flottes, et tenir compte également de l’introduction de la connectivité et de la demande de mise en place de bornes de recharge électrique dans le parc de ses clients.
Tous les loueurs longue durée en charge du financement et de la gestion des véhicules d’entreprises ont développé, pour leurs clients, des solutions d’aide au passage du thermique vers l’électrique.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/24/flottes-d-entreprise-un-passage-a-l-electrique-a-la-carte_6016752_3234.html
mlsum-fr-974
Serena Williams serre la main d’Elina Svitolina après sa victoire face à l’Ukrainienne en demi-finale de l’US Open, le 5 septembre. ROBERT DEUTSCH / « USA TODAY Sports » Serena Williams, 8e mondiale, s’est qualifiée jeudi 5 septembre pour sa dixième finale de l’US Open en battant l’Ukrainienne Elina Svitolina (5e) 6-3, 6-1 en 1 h 10. Elle affrontera samedi la prodige Bianca Andreescu, 15e mondiale à 19 ans. La Canadienne a éliminé la Belge Belinda Bencic (12e) sur le score de 7-6 (7/3), 7-5. « Il y a eu des jeux longs en début de partie et je sais de quoi elle est capable, elle n’a pas fait deux demi-finales d’affilée en Grand Chelem par hasard… Alors je voulais m’accrocher pour ne pas démarrer trop lentement », a commenté Serena Williams, qui aura 38 ans le 26 septembre. Après les deux premiers jeux, la cadette des sœurs Williams a dominé de plus en plus nettement son adversaire, faisant les points (34 coups gagnants) mais aussi les fautes (20 fautes directes). Elle a même gratifié le public d’un service-volée, qu’elle a gagné. « Ça, vous ne le reverrez pas ! Je me suis demandé ce que je faisais là… moi, c’est la ligne de fond de court ! », a-t-elle commenté. Pluie de records battus et à battre Avec cette victoire, l’Américaine égale le record de victoires à Flushing Meadows (101) détenu par sa compatriote Chris Evert. « Les records, je n’y pense pas. Je viens et je fais ce que je peux sur le court. Mais faire partie d’un club, quel qu’il soit, aux côtés de Chrissie, c’est super ! », a-t-elle réagi. Samedi en finale, face à Bianca Andreescu, Serena Williams aura l’occasion de devenir seule détentrice du plus grand nombre de victoires à l’US Open, en remportant son 7e trophée à Flushing Meadows. Elle détiendrait alors 24 titres du Grand Chelem, égalant le record de l’Australienne Margaret Court.
La joueuse américaine a l’occasion de battre le record du plus grand nombre de victoires dans ce tournoi, si elle remporte un septième trophée face à Bianca Andreescu.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/06/us-open-serena-williams-qualifiee-pour-sa-dixieme-finale_5506977_3242.html
mlsum-fr-975
Dory, attachant petit chirurgien bleu à la mémoire de poisson rouge, tente de retrouver sa famille. PIXAR ANIMATION STUDIOS/THE WALT DISNEY COMPAN/ AP M6 LUNDI 22 JUILLET 21.05 FILM D’ANIMATION Le Monde de Dory se présente comme un dérivé du Monde de Nemo (2003), auquel il reprend son personnage charmant du « chirurgien bleu » à la mémoire de poisson rouge. On retrouve donc Dory en petit alevin à peine sorti du frai, couvée par deux parents qui tentent par tous les moyens d’encadrer ses troubles de mémoire. Mais aucune précaution n’y fait et, un beau jour, le courant marin l’entraîne vers le large, loin des siens. Livrée à elle-même, Dory grandit avec le seul objectif qui tienne dans sa caboche : rejoindre ses parents. Pour cela, elle s’attache à toutes les créatures de passage, pour arriver dans un grand parc aquatique, où les animaux vont lui prêter main-forte. On entrevoit immédiatement la perspective potentielle d’un personnage dont la mémoire s’efface instantanément, incapable de rien retenir : celle d’un récit loufoque, où rien ne serait jamais acquis. Malheureusement, Andrew Stanton prend le parti moins risqué d’une veine familialiste, où le délire mnémonique de Dory est contenu par l’obsession du retour au foyer parental. Une fois la chose admise, rien n’empêche de goûter au plaisir du film, car si le génie du studio Pixar s’est temporairement éclipsé, c’est pour mieux laisser place, cette fois, au savoir-faire. Mention spéciale à Gérard, l’otarie frappadingue Mené tambour battant, Le Monde de Dory doit beaucoup au décor du parc aquatique où se situe le récit, dédale d’aquariums, de bassins, de tuyauterie conçu comme un parcours d’obstacles. De plus, sous la gangue familiale, il n’est pas interdit de considérer l’ensemble comme une variante picaresque du récit d’initiation à la Pixar : si Dory n’a aucune mémoire, elle se découvre une formidable aptitude au présent, en développant sa capacité d’action instantanée, ainsi qu’un goût pour le compagnonnage. D’ailleurs, l’intérêt du film tient avant tout au bestiaire qu’il met en scène – poulpe, requin-marteau, béluga, baleine, poisson-clown, plongeon huard, coquille Saint-Jacques – à travers une variété de textures numériques et une précision dans le rendu extraordinaire. On ne résiste pas à décerner, parmi eux, une mention spéciale à l’otarie Gérard, trouvaille la plus frappadingue, pourtant trop isolée, d’un film qui manque souvent de fantaisie. Le Monde de Dory, d’Andrew Stanton et d’Angus MacLane (EU, 2016, 97 min).
Un alevin à la mémoire de poisson rouge, des personnages loufoques et un rythme trépidant : ces aventures subaquatiques de Pixar, dans la lignée du « Monde de Nemo », se regardent sans déplaisir.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/22/le-monde-de-dory-plongee-picaresque-dans-les-eaux-troubles-de-la-memoire_5492206_3246.html
mlsum-fr-976
« Je n’ai pas peur des futures élections, j’ai peur d’être blessée ou même tuée. » Jess Phillips, députée, a posté ce Tweet le 25 septembre, juste après un débat très brutal à la Chambre des communes, le premier entre l’opposition et le chef du gouvernement britannique, Boris Johnson, après que ce dernier a été humilié par un arrêt de la Cour suprême ayant jugé illégale sa suspension du Parlement. L’élue travailliste de 37 ans fait partie de ces femmes politiques britanniques particulièrement attaquées sur les réseaux sociaux. Comme Yvette Cooper, Paula Sherriff (Labour) ou Anna Soubry (ex-tory devenue indépendante), elle reçoit quantité de messages haineux, dont des menaces de mort. Mais depuis ces échanges acrimonieux avec le premier ministre à Westminster, son angoisse et celle de ses collègues ont encore augmenté. « Allez crever dans le fossé, c’est ce qui arrive à ceux qui ne font pas le Brexit » : c’est le type de courriel que Jess Phillips a reçu ces derniers jours, utilisant la même expression que celle utilisée par Boris Johnson, au début du mois. Le 26 septembre, un homme a été arrêté par la police après lui avoir hurlé « fascistes » et avoir essayé de briser les vitres de sa permanence, à Birmingham. Lire aussi Brexit : le droit ou le chaos Tout aussi perturbante, cette longue suite de Tweet postée le même jour par Ellie Cooper, fille d’Yvette Cooper et d’Ed Balls, deux poids lourds de la gauche britannique : « J’ai peur quand je vois les e-mails que [reçoit ma mère], l’accusant d’être une menteuse et une traîtresse. J’ai eu peur quand notre maison a été équipée avec des alarmes, des verrous spéciaux et des dispositifs pour vérifier les courriers. J’ai peur parce que le 16 juin 2016 [jour de la mort de Jo Cox, députée travailliste assassinée par un néonazi, une semaine avant le référendum sur le Brexit], deux enfants ont dit au revoir à leur maman avant qu’elle ne parte pour sa permanence et ils ne l’ont jamais revue. J’ai peur tous les jours que la même chose arrive à ma mère. » Un débat « toxique » Depuis le référendum sur le Brexit, la politique britannique a largement perdu sa réputation de stabilité et ses manières policées. Et ces derniers jours, elle a franchi un palier dans la violence verbale, la rhétorique agressive de Boris Johnson faisant polémique. Du moins, dans le camp des « Remainers », partisans de l’Europe, et des plus modérés des élus conservateurs. Mais au congrès annuel des tories, qui s’est ouvert dimanche 29 septembre à Manchester, la garde rapprochée du premier ministre s’est plutôt employée à justifier le vocabulaire de son chef. « Je pense que tout le monde devrait se calmer », a déclaré Boris Johnson dimanche sur la BBC, tout en se présentant comme « un modèle de retenue ». Au lieu de s’excuser, il a même remis le couvert dans les colonnes du Sunday Telegraph, qualifiant d’« abject acte de capitulation » la loi parlementaire l’obligeant à décaler la date du Brexit en cas d’absence d’accord avec Bruxelles.
La brutalité du débat, alors que la situation au Parlement paraît bloquée, entraîne une multiplication des messages haineux visant particulièrement les élus proeuropéens.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/30/brexit-la-montee-de-la-violence-verbale-inquiete-les-responsables-politiques_6013545_3210.html
mlsum-fr-977
La préparation du far. E.v.B./Le Monde Il semblerait que le batch cooking ne soit plus le sujet de conversation cuisine favori des adultes qui se sont reproduits. Ces derniers temps, leur obsession n’est plus de cuisiner en avance tous les repas de la semaine mais plutôt de préparer des gâteaux sans sucre blanc. Les aliments martyrs ont toujours existé. Pendant trente ans, on a considéré que le gras était mauvais pour la santé. Dans les années 2000, il a été peu à peu réhabilité, et la défiance s’est déplacée sur les édulcorants de synthèse, les protéines animales, le gluten… En 2019, la bête noire, c’est clairement le sucre blanc, qui n’a en effet aucun intérêt nutritif et peut provoquer de l’hypertension ou du diabète. On a donc essayé de cuisiner avec des alternatives naturelles (pas d’aspartame ici !). C’est justement l’objet du dernier livre de recettes de Trish Deseine, Un soupçon de sucre (La Martinière, 224 p., 24,90 €), qui ose « dédiaboliser » le sucre et invite à retrouver du plaisir aux fourneaux. On tente deux valeurs sûres : une mousse au chocolat au sirop d’érable ; et un gâteau au chocolat avec du sucre blond (partiellement raffiné) et du sucre muscovado (complet, non raffiné, avec une forte teneur en mélasse). Par goût du risque, on se lance aussi dans un far aux pruneaux au sucre de coco (issu de la fleur de cocotier). Premier constat : les magasins bio prônent vraiment la diversité en matière de sucre… mais ça coûte cher d’être ouvert d’esprit. Plus de 7 euros les 250 ml de sirop d’érable, 3,75 euros pour 200 grammes de sucre coco… Le sucre blond est moins onéreux (3,50 euros le kilo), mais quand même, à la fin, nos provisions pour les trois préparations représentent un plus gros budget qu’un paris-brest pour huit personnes de Pierre Hermé – clairement, on a des regrets. Surtout lorsqu’on essaie d’ouvrir l’emballage de ces sucres vertueux, et que l’on finit par massacrer aux ciseaux la jolie ficelle qui suturait le sucre blond. Un far marronnasse Bonne nouvelle ! A cuisinier, c’est très facile. On peut utiliser les mêmes quantités de sucre de coco que de sucre blanc. Les sucres moins raffinés, comme le sucre blond et surtout le muscovado, gardent le goût et la couleur de la mélasse : ils ont des notes de réglisse, vanille et caramel. Plus fort en goût, ils peuvent donc être utilisés en plus petite quantité (compter à peu près 70 grammes de muscovado pour 100 grammes de sucre blanc). En même temps, comme le gâteau au chocolat de Trish Deseine est une bombe calorique, avec 200 grammes de beurre et autant de chocolat, on n’est plus vraiment à 30 grammes de sucre près. Visuellement, ces sucres peuvent changer la donne : le far n’est plus jaune doré mais marronnasse, et avec les pruneaux qui flottent au milieu, le résultat ne flatte pas la rétine. En plus, on perd de vue les graines de vanille qu’on avait pourtant laborieusement extraites de leur gousse. L’inconvénient du far marron, c’est aussi qu’il est plus difficile de savoir quand il est cuit. Evidemment, pour les recettes au chocolat, le problème ne se pose pas. Le far et le gâteau au chocolat. E.v.B./"Le Monde" Au goût, le sucre de coco ne sent pas la noix de coco mais donne plutôt une touche de caramel, et ça va très bien avec la vanille qui parfume tout le gâteau. Le sirop d’érable est discret dans la mousse au chocolat, il ne masque pas l’acidité légère et agréable apportée par la crème fleurette. Dans le gâteau au chocolat, on ne sent carrément pas de différence. Les sucres moins raffinés comportent un peu plus de nutriments que le sucre blanc, mais d’un point de vue calorique, c’est équivalent. Alors, est-ce que ça a vraiment un intérêt de se détourner du sucre blanc ? D’un point de vue santé, difficile à dire. Mais ouvrir le champ des possibles quand on cuisine, c’est indéniablement un plaisir.
Pour la chronique « Cuisinez-moi », la journaliste Elvire von Bardeleben a essayé de cuisiner avec des alternatives naturelles au sucre blanc. Sirop d’érable, sucre blond, de coco, muscovado… ouvrent le champ des possibles culinaires.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/24/j-ai-teste-la-patisserie-sans-sucre-blanc-mais-avec-plaisir_6016760_4497319.html
mlsum-fr-978
Sols artificiels, faible végétalisation, pollution atmosphérique… en cette période de canicule exceptionnelle, les habitants des villes souffrent davantage que ceux des campagnes. Pour Solène Marry, docteure en urbanisme à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), l’organisation et l’aménagement des villes contribuent à cette accentuation de la chaleur. Mais des solutions, parfois ancestrales, existent pour contrer ce phénomène. En quoi l’urbanisme des villes et la manière dont elles ont été organisées depuis plusieurs décennies accentuent l’effet de chaleur ? Il faut en premier lieu rappeler que le réchauffement climatique est lié aux activités humaines, comme le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) l’a démontré. Mais l’organisation et l’aménagement des territoires contribuent en effet aussi à l’accentuation de la surchauffe. Plus le tissu urbain est organisé, comme dans la plupart des villes nord-américaines qui ont des rues très rectilignes et un plan en damier, plus la chaleur est piégée. A l’inverse, plus le tissu est sinueux, comme dans de nombreux cœurs de villes historiques, plus la chaleur s’évacue facilement. C’est ce qu’ont mis en lumière les travaux de recherche menés notamment par les équipes françaises et américaines de l’Unité mixte internationale MSE (CNRS-MIT) et du Centre interdisciplinaire des nanosciences de Marseille (CNRS-Aix-Marseille université). Sur une cinquantaine de villes étudiées à travers le monde, il a ainsi été démontré que les effets des îlots de chaleur variaient nettement selon le tissu urbain. Les matériaux utilisés ont-ils également des conséquences ? Le choix des matériaux de construction et des infrastructures urbaines, la place de la végétation et de l’eau sont déterminants, tant l’imperméabilité des revêtements et la capacité d’absorption vis-à-vis du rayonnement solaire des matériaux vont accentuer le réchauffement de la zone urbaine. La couleur sombre qui est utilisée pour l’asphalte, par exemple, accentue la chaleur. Les pratiques et savoirs ancestraux des villages de certaines latitudes, comme en Grèce, entièrement blancs et aux ruelles sinueuses, sont riches d’enseignements à ce titre. Les matériaux et leur couleur peuvent jouer sur l’albédo, qui représente, sur une échelle de 0 à 1, le pouvoir de réflexion des rayons du soleil dans l’espace – plus le taux s’approche de 1, plus la surface est peu réfléchissante, accumule des rayons de soleil et donc de la chaleur. C’est là où les collectivités ont un rôle à jouer en imposant, par exemple, dans leurs appels d’offres, des critères environnementaux exigeants. Certaines intègrent déjà les enjeux climatiques dans leurs documents de planification urbaine. De quel ordre peuvent être les écarts de température créés par les îlots de chaleur ? L’écart peut varier de 2 °C à 12 °C entre une ville et les zones rurales environnantes. Par une journée ensoleillée de 26 degrés Celsius (à l’ombre), un toit exposé au soleil peut atteindre une température de 80 °C si sa couleur est foncée, 45 °C si sa couleur est blanche et seulement 29 °C s’il est couvert de végétaux. Mais au-delà de dix mètres, la contribution au rafraîchissement urbain se réduit fortement. Il faut donc mettre ou remettre de la nature en ville mais de manière intelligente, adaptée à chaque contexte urbain. Car en cas de canicule, le manque de rafraîchissement nocturne en ville est un réel enjeu de confort, voire de santé pour les populations sensibles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Lyon, on apprivoise la pluie pour mieux récupérer l’eau Certaines villes ont-elles commencé à agir ? Avec 127 mètres carrés d’espaces verts par habitant, Grande-Synthe (Nord) s’est imposée comme la ville la plus nature de France et démontre qu’il est possible de densifier une ville en combinant habitat collectif (63 % de logements sociaux) et espaces verts. En 1972, 100 000 arbres ont été plantés dans cette zone de polders, qui est aujourd’hui une forêt de 48 hectares. Parmi d’autres exemples de solutions, Québec, mais aussi Paris, végétalisent les cours d’écoles. Dans les secteurs les plus denses, les différentes surfaces (toitures, façades, voiries, places de stationnement, voies de tramway), peuvent être des opportunités à la végétalisation, mais il faut aussi se questionner sur la renaturation des sols et donc permettre de réintégrer des surfaces perméables. Dans le secteur de la Part-Dieu, à Lyon, par exemple, a été mis en place un projet de récupération des eaux pour permettre notamment d’humidifier la chaussée, ce qui a un fort impact sur la température de surface. Une notion émergente est aussi celle de réversibilité : par exemple, la possibilité pour un bâtiment, un îlot urbain ou un équipement de changer radicalement de fonction le moment venu. Résilience et réversibilité sont donc aujourd’hui deux stratégies en matière de politique et d’ingénierie urbaines permettant d’apporter des réponses concrètes à l’urgence climatique et sociale.
Solène Marry, docteure en urbanisme, explique au pourquoi il fait plus chaud en ville qu’à la campagne, et comment les espaces urbains peuvent s’adapter.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/26/canicule-les-pratiques-et-savoirs-ancestraux-des-villages-de-grece-sont-riches-d-enseignements_5481744_3244.html
mlsum-fr-979
Manifestation d’éleveurs anti-loups, à Lyon, en 2017. ROBERT PRATTA / REUTERS L’affrontement entre pro et anti-loups se déplace des pâturages vers le terrain judiciaire. L’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas) et l’association pour la défense des grands prédateurs Ferus ont annoncé, lundi 29 juillet, le dépôt d’une requête devant le Conseil d’Etat contre un arrêté du 26 juillet relatif aux abattages de loups. Ce texte, signé des ministres de la transition écologique et de l’agriculture, officialise les mesures annoncées au mois de mai par les deux ministères. A savoir un relèvement du plafond de « prélèvements » autorisés. Alors qu’il était en 2018 de 10 % de la population de canidés, avec une majoration possible de 2 % si ce quota était atteint avant la fin de l’année, le seuil a été porté à 17 %, avec toujours un complément possible de 2 %. Rapporté à un effectif d’environ 530 loups présents sur le territoire national, selon l’évaluation établie début juin par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), le plafond de 17 % correspond donc à l’abattage de 90 prédateurs. Avec les 2 % supplémentaires, le total grimpe même à 100. « Début de prise de conscience » Le Cercle 12, un groupement de quelque 170 éleveurs ovins de l’Aveyron, salue une « avancée ». Selon son décompte, 51 loups ont déjà été tués depuis le début de l’année – contre 19 à la même période en 2018. Si bien, écrit-il, qu’il « reste 39 loups » à éliminer pour atteindre le quota annuel, sans compter le complément possible. La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement Auvergne-Rhône-Alpes, chargée du suivi du loup en France, fait pour sa part état de 48 loups « détruits » au 24 juillet – presque autant que les 51 abattus sur l’ensemble de l’année 2018 –, auxquels s’ajoutent 16 carnivores morts de « cause accidentelle, naturelle ou indéterminée ». Le groupement d’éleveurs se félicite aussi d’autres dispositions prévues par l’arrêté. Celui-ci facilite en effet les tirs de prélèvement dans les communes où les prédations sont récurrentes et importantes, ainsi que dans les zones considérées comme difficilement protégeables. Et ces tirs sont autorisés à partir du 1er juillet, et non plus du 1er septembre comme par le passé. « C’est un début de prise de conscience du danger que représente le loup, non seulement pour le pastoralisme mais aussi pour les autres activités humaines comme le tourisme, commente Mélanie Brunet, coprésidente du Cercle 12 en même temps que de la Fédération nationale de défense du pastoralisme. Notre but n’est pas de mettre des loups à notre tableau de chasse, mais de protéger nos troupeaux. » A ses yeux, la baisse sensible du nombre de bêtes victimes du prédateur – 3 060, dont 90 % d’ovins, sur les six premiers mois de l’année, contre 3 778 en 2018 sur la même période et 3 453 en 2017 – prouve « l’intérêt de la régulation » du canidé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans le Var, les attaques de loups cristallisent le sentiment d’abandon du monde rural Espèce protégée La directrice de l’Aspas, Madline Reynaud, condamne en revanche un arrêté qui constitue « une trahison honteuse » des engagements de la France en faveur de la biodiversité, le loup étant une espèce protégée par la convention de Berne de 1979 et par la directive européenne habitat-faune-flore de 1992. Cela, accuse-t-elle, sous la pression « des lobbys agricoles qui refusent la cohabitation » avec le prédateur. Selon elle, ces mesures « sont dangereuses pour la survie du loup en France », où les tirs de prélèvement sont « de six à dix fois plus élevés que chez nos voisins européens ». Revenu naturellement en France en 1992 depuis l’Italie – sans avoir été réintroduit donc –, Canis lupus a certes vu sa population fortement progresser, puisqu’elle n’était que de 430 individus au sortir de l’hiver 2017-2018, et qu’elle a passé cette année le cap de 500, présents principalement dans l’arc alpin et en Provence. Selon l’ONCFS, cet effectif lui permet d’atteindre le seuil de viabilité démographique, c’est-à-dire la capacité à moyen terme (100 ans) à « résister au risque d’extinction par aléas de survie et de fécondité ». Mais il en va différemment pour la viabilité génétique, autrement dit l’aptitude à « s’adapter à des conditions d’environnement changeantes à l’échelle des temps évolutifs ». Selon une expertise scientifique internationale menée sur ce sujet en 2017, cette viabilité sur le très long terme nécessite la présence d’« environ 2 500 individus sexuellement matures ». Le loup est encore très loin d’avoir atteint cet effectif dans l’Hexagone.
Des associations de défense de la faune sauvage vont déposer un recours contre un arrêté relevant le plafond des prélèvements autorisés.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/29/jusqu-a-100-loups-pourront-etre-abattus-en-france-en-2019_5494701_3244.html
mlsum-fr-980
Aux championnats de cyclisme des Caraïbes, à La Havane (Cuba), le 3 novembre 2019. ALEXANDRE MENEGHINI / REUTERS Pionnier dans l’externalisation de sa lutte contre le dopage, le cyclisme va-t-il rentrer dans le rang ? L’annonce, le mois dernier, par l’Union cycliste internationale (UCI), qu’elle allait « étudier l’opportunité d’une collaboration future » avec la jeune International Testing Agency (ITA, autorité de contrôle internationale dans sa traduction française), n’a pas manqué d’étonner. Créée en 2008, la fondation antidopage pour le cyclisme (CADF), dont l’indépendance a été renforcée cinq ans plus tard, a construit depuis l’un des programmes de contrôle les plus sérieux du mouvement sportif – même si son efficacité est difficile à évaluer. Elu en 2017 à la présidence de l’UCI, le Français David Lappartient s’était engagé à renforcer son indépendance et à lui confier la gestion des sanctions – un élément crucial qui suit la découverte d’un cas positif. Deux ans plus tard, il semble acter le démantèlement de cette structure à compter de 2021. « Nous en sommes au début du processus et nous devons en évaluer tous les aspects, temporise David Lappartient. Je continue de dire que la CADF fait du bon travail. Mais il faut se remettre en question : la plupart des réseaux de dopage qui tombent sont omnisports. Est-il cohérent de s’occuper uniquement du vélo ? Echanger au sein de l’ITA, au sein d’un pôle d’investigation plus étoffé, pourrait être efficace pour tous. » David Lappartient évoque des « lignes rouges » dans un futur accord avec l’ITA, telle que la garantie que « chaque employé de la CADF s’y voie proposer un poste » – sa directrice Francesca Rossi rejoindra dès le 1er janvier 2020 l’Agence française de lutte contre le dopage – ou que « notre argent [environ 7 millions d’euros par an] continue de servir la lutte antidopage dans le vélo ». « Il a réclamé plus de contrôle dans nos activités » L’annonce de l’UCI n’a pas surpris au sein de la CADF, où les tensions avec le voisin – ses bureaux jouxtent ceux de la Fédération internationale – allaient croissant ces derniers mois. « Depuis que David Lappartient est arrivé à la présidence, il a réclamé plus de contrôle dans nos activités, déplore le Norvégien Rune Andersen, président du directoire de la CADF. Il m’a plusieurs fois réclamé le pouvoir sur telle ou telle chose, et j’ai toujours dit non. Je pense que cela l’a surpris, et il en était mécontent. Depuis, cette petite musique de l’ITA s’est fait entendre de plus en plus fort, comme une menace voilée. » Selon Rune Andersen, le désaccord a atteint un point de non-retour au moment de l’affaire Aderlass, démantèlement par la police d’un réseau de dopage organisé en Europe centrale impliquant notamment des cyclistes. « Ils [l’UCI] voulaient des informations sur les coureurs impliqués. Ils étaient comme des fous, car on ne pouvait pas leur donner ces informations communiquées par les autorités. » Enquête : Le cyclisme touché par une nouvelle affaire de dopage sanguin David Lappartient s’étonne d’avoir appris dans Le Monde et la presse italienne, au printemps, les noms des coureurs clients de ce réseau, depuis suspendus. « Je n’ai jamais eu et ne voudrai jamais avoir accès aux contrôles. Je n’ai jamais interféré. Mais que je m’intéresse à ce que fait la CADF n’est pas illogique : c’est une fondation de droit suisse créée par l’UCI. C’est l’UCI qui est signataire du code mondial antidopage. Si j’en arrive à apprendre dans la presse ce qui se passe, c’est un problème. La CADF avait oublié qu’elle avait un client qui s’appelle l’UCI. » David Lappartient, président de l’UCI, lors des championnats du monde de cyclisme à Innsbruck, en septembre 2018. REINHARD EISENBAUER / AFP Pas de changement pour la gestion des résultats des contrôles Le Breton se défend de vouloir, par ce geste, reprendre le contrôle du programme antidopage du cyclisme et souligne l’indépendance de l’ITA. Le directeur général de cette agence, Benjamin Cohen, s’étonne aussi que l’on puisse concevoir ce transfert comme un pas en arrière : « Dire que la CADF serait plus indépendante de l’ITA, c’est la première fois que j’entendrais ça. La CADF est quand même basée au siège de l’UCI ! » Dans les deux cas, la Fédération internationale gardera la maîtrise de la deuxième phase des contrôles antidopage : la gestion des résultats – « ce qui reste un énorme problème », estime Rune Andersen. Le Norvégien met en doute les capacités de l’ITA, opérationnelle depuis dix-huit mois, à gérer un programme de cette ampleur. « Les élus du conseil d’administration de la CADF perdraient leur mandat dans cette affaire. Est-ce vraiment une réaction objective de leur part ? », lui oppose Benjamin Cohen. Le CIO en ligne de mire ? Hors des deux parties, le milieu de la lutte antidopage s’interroge sur les motivations de David Lappartient. « On espère qu’il l’a fait pour de bonnes raisons, sinon c’est très dommageable », dit un salarié de l’Agence mondiale antidopage (AMA). Plusieurs observateurs extérieurs confient hors micro qu’il s’agit pour le Français de se faire bien voir du président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, énergique promoteur de l’ITA. « C’est une accusation facile, répond le maire du village de Sarzeau (Morbihan). Je prends mes décisions en toute connaissance de cause et dans l’intérêt des institutions que je représente. Si j’avais voulu plaire à Thomas Bach, on aurait rejoint l’ITA dès sa création. » Quant à devenir le quatrième membre français du CIO, David Lappartient assure « ne pas être en campagne. Bien sûr, si un jour le mouvement olympique estime que je peux le servir, je serai honoré pour le sport que je représente. » Certains de ses interlocuteurs assurent que, en privé, le Breton fait moins mystère de ses ambitions.
L’UCI devrait fermer dans un an sa fondation antidopage. Pour une meilleure efficacité, en s’appuyant sur la nouvelle autorité de contrôle internationale (ITA), assure son président. D’autres avancent des raisons moins avouables.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/11/08/dopage-l-intrigant-virage-strategique-de-l-union-cycliste-internationale_6018545_3242.html
mlsum-fr-981
de dans le dialogue avec les habitants et la création de véritables lieux de vie, sans faire nécessairement oublier le passé du site. La France compterait entre 300 000 et 400 000 friches industrielles, soit approximativement plus de 150 000 hectares*. Ces terrains laissés à l’abandon, suite à l’arrêt d’activités industrielles, sont autant d’espaces à fort potentiel pour bâtir la ville de demain. Les avantages de ce type d’opération sont en effet nombreux. Leur réhabilitation contribue à lutter contre l’étalement urbain. L’impact sur l’environnement est positif, car le site passe nécessairement par une phase de dépollution. La reconversion des friches permet aussi d’économiser des ressources : les matériaux récupérés sur les bâtiments détruits, notamment le béton, sont réutilisés pour les nouvelles constructions. Et d’autres matériaux, comme le métal, sont recyclés auprès de filières dédiées. « Mais avant d’être un défi technique, la reconversion des friches industrielles répond surtout à un enjeu social. Elle vise à donner une seconde vie à un site dont la précédente histoire s’est bien souvent mal terminée », explique Benoît Gérardin, directeur régional de Linkcity Nord-Est. Ne pas faire table rase du passé Comment construire un nouveau quartier de vie sur ces friches industrielles ? « Un premier principe est d’établir un dialogue avec la population locale, comme d’anciens salariés, des riverains ou des associations de quartier », poursuit le responsable. C’est le cas du projet La Maillerie, situé au cœur de la métropole lilloise, qui vise à réhabiliter l’ancien centre logistique des 3 Suisses. « Nous avons créé un micro-musée présentant d’anciennes collections des 3 Suisses. Cela a suscité des discussions et entamé le dialogue. Les échanges avec les habitants nous ont permis de construire le projet qui ne fait pas table rase du passé ». Par exemple, une partie des anciens bâtis a été conservée et intégrée au nouveau design des bâtiments. Autre grand principe : créé un quartier « vivant » grâce à une programmation variée (lire également notre article sur « Le retour de la vie de quartier »). Le futur quartier Les Mathurins à Bagneux (92), ancien site de la Direction Générale de l’Armement, comptera ainsi : 1 700 logements en accession, mais aussi 12 000 m² de commerces et locaux alternatifs. Le programme comprend également des équipements publics dont deux groupes scolaires ainsi qu’un parc de deux hectares. « Il faut créer un lieu de vie, avec une ambiance aussi animée et chaleureuse que possible. Réhabiliter une friche, c’est raconter une nouvelle histoire. Redonner une âme, si possible pétillante, à un site qui en était dépossédé », conclut Benoît Gérardin. * Source Ademe – 2017
Reconstruire la ville de demain sur d’anciens sites industriels. Tel est le principe de la reconversion des friches industrielles. Une réhabilitation qui favorise le renouvellement urbain, la réutilisation et le recyclage des matériaux, tout en dépolluant un site. Selon Linkcity, le succès de ce type d’opération réside dans le dialogue avec les habitants et la création de véritables lieux de vie, sans faire nécessairement oublier le passé du site.
https://www.lemonde.fr/construire-autrement-la-ville-de-demain/article/2019/06/20/la-seconde-vie-des-friches-industrielles_5479117_5478633.html
mlsum-fr-982
Dominic Thiem a dû batailler cinq sets contre Novak Djokovic, samedi 8 juin, en demi-finales. MARTIN BUREAU / AFP Cette fois, il n’a pas annoncé qu’il « avait un plan » pour le battre. Finaliste malheureux en 2018 contre Rafael Nadal à Roland-Garros, Dominic Thiem retrouve ce dimanche 9 juin l’Espagnol, ses onze titres sur la terre battue parisienne et ses 92 victoires en 94 matchs. L’Autrichien est moins péremptoire que l’an passé, mais il croit encore en ses chances : « Je l’ai battu à Barcelone cette année [fin avril], donc je vais essayer de m’en inspirer. J’aborde [cette finale] dans un état d’esprit positif, a-t-il dit samedi après sa victoire en cinq sets contre le numéro un mondial, Novak Djokovic (6-2, 3-6, 7-5, 5-7, 7-5). Je me sens bien physiquement, je n’ai pas puisé tant que ça dans mes matchs précédents, je suis prêt à donner tout ce qu’il me reste d’énergie en finale. Non, je ne serai pas fatigué. » Dominic Thiem aurait pourtant des raisons de l’être. Il s’apprête à jouer son quatrième jour d’affilée quand son adversaire, lui, n’aura joué « que » mardi et vendredi. La faute à la pluie, qui a décalé son quart de finale de mercredi à jeudi, et à la tempête Miguel, qui ne lui a pas permis de terminer sa demie, vendredi, face à Djokovic alors qu’il menait 6-2, 3-6, 3-1. Certains n’ont pas tardé à suspecter le Serbe, saoulé par le vent et saoulé tout court, d’avoir fait pression. Le no 4 mondial, lui, a donné une autre version : « Non, je n’étais pas dégoûté qu’on arrête le match. Les conditions étaient très, très dures, je n’avais jamais joué dans un tel vent, ils annonçaient de la pluie donc pour moi c’était une sage décision. Ce n’est pas la première fois que ça arrive en tennis [d’être désavantagé par la météo et la programmation] et ce ne sera pas la dernière, donc tout va bien. » Quatre fois vainqueur de Nadal Il ferait presque de la peine, Dominic Thiem. L’Autrichien est depuis le début annoncé comme l’un des grands favoris de Roland-Garros, derrière Djokovic et Nadal, pourtant il n’a pas toujours les honneurs réservés à son rang. Pour sa conférence de presse d’avant-tournoi, seule une dizaine de journalistes avaient fait le déplacement. Les rangs se sont un peu grossis au fil du tournoi. L’Autrichien n’a pas l’air de s’en formaliser. Le joueur, doux comme un agneau dans la vie, convoque le loup sur le court, où, au contraire, il vocifère. Son pedigree mériterait pourtant un peu plus de considération. Face aux trois mastodontes qui le précèdent au classement, Thiem possède un bilan que beaucoup de ses pairs lui envient : 3 victoires et 6 défaites contre Djokovic, 4-8 contre Nadal, 4-2 contre Federer, qu’il a battu en finale d’Indian Wells, en mars, son premier titre en Masters 1 000, puis à nouveau à Madrid, en mai. Battre Nadal sur sa surface chérie, l’exploit est considérable. Lui l’a déjà fait quatre fois, la dernière en demi-finale à Barcelone, fin avril (6-4, 6-4). Mais battre le meilleur terrien de l’histoire sur le court Philippe-Chatrier, « c’est le défi ultime de notre sport », admet Thiem. Depuis 2005, deux hommes seulement y sont parvenus : Djokovic (2015) et le Suédois Robin Soderlin (2009). A Roland-Garros, l’Autrichien s’y est déjà essayé trois fois. Trois matchs, trois petits sets à chaque fois, la dernière l’an passé donc. « J’étais dévasté pendant deux, trois jours après cette défaite, racontait-il à Monte-Carlo, en avril. Mais je me suis dit que je n’étais pas le premier à perdre contre Nadal à Roland-Garros, donc que la défaite n’était pas si terrible. Et j’ai rapidement retrouvé toute ma motivation pour revenir en finale. » Rafael Nadal et Dominic Thiem, à l’issue de la finale en 2018 à Roland-Garros; CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Décisions radicales Chaque année, le rendez-vous de la porte d’Auteuil est la priorité de sa saison. Mais jusqu’à l’année dernière, il se refusait à y viser la victoire. Une posture qui avait le don d’agacer Roger Federer. « Ça m’agace d’entendre Thiem dire “Mon but c’est d’atteindre les quarts ou les demi-finales” », confiait le Suisse récemment au New York Times. Nous, les top joueurs, nous ne sommes là que pour gagner Roland, Wimbledon et les autres, non ? Dire que ton objectif c’est les quarts, c’est un peu une mentalité de loser. » Ces dernières semaines l’Autrichien force sa nature et répète qu’il est temps pour lui de franchir la dernière marche. Pour ça, il a pris quelques décisions radicales. A commencer par se séparer de celui qui était son mentor depuis ses 9 ans, Günter Bresnik. L’ancien entraîneur de Boris Becker et Henri Lecomte l’avait connu alors qu’il était encore gamin, à l’époque où le père de Thiem travaillait au sein de son académie, à Vienne. Le coach aux méthodes quasi militaires en fit sa créature. C’est lui qui forgea le joueur aux frappes surpuissantes qui lui vaut son surnom de « Dominator », hérité de son compatriote Thomas Muster (« Musterminator »), qui souleva la coupe des Mousquetaires en 1995. Lui aussi qui lui demanda, à 12 ans, d’opter pour le revers à une main. Il a fallu deux ans pour que son joueur s’adapte au geste et retrouve son niveau d’avant. En février, Thiem a intégré dans son clan l’ancien joueur chilien Nicolas Massu, 9e mondial en 2004. « Dominic fait une saison incroyable, pas seulement sur terre mais aussi sur dur, se félicitait ce dernier après la qualification de son poulain en finale. Contre Rafa, il sait que pour avoir une chance de l’emporter, il va devoir être concentré du premier au dernier point. Mais quand vous venez de battre comme aujourd’hui [hier samedi] le no 1 mondial et que vous affrontez le meilleur joueur de l’histoire sur terre, c’est signe que vous jouez votre meilleur tennis. Donc je pense qu’il a une chance. » « La route est très longue pour espérer gagner un Grand Chelem, vous êtes sous pression pendant deux semaines. C’est ce que j’ai retenu de l’an dernier, racontait Thiem samedi 1er juin, après son huitième de finale face à l’Uurguayen Pablo Cuevas. Le truc, c’est que nous, les jeunes joueurs, pour y parvenir, on doit battre en chemin deux de ces monstres qui ont gagné au moins 15 Grands Chelems. Rien que pour ça le défi est immense… » S’il devenait le premier à détrôner le roi Nadal ce dimanche en finale, Dominic Thiem gagnerait à coup sûr un peu d’estime.
L’Autrichien, qui affronte dimanche pour la deuxième année d’affilée l’Espagnol en finale, gagnerait définitivement le respect de ses pairs s’il venait à créer l’exploit.
https://www.lemonde.fr/tennis/article/2019/06/09/roland-garros-dominic-thiem-face-a-la-montagne-nadal_5473882_1616659.html
mlsum-fr-983
AUREL Défendre le glyphosate n’est pas une petite entreprise. Seize millions de dollars (14,4 millions d’euros) de contrat, un emboîtement d’une demi-douzaine de firmes de relations publiques, plus de soixante consultants à plein temps, près de 1 500 personnes fichées dans sept pays et 7 millions de dollars destinés au recrutement de « tierces parties » – des personnalités non affiliées à Monsanto qui portent la parole de la firme dans le débat public ou l’arène scientifique. Les éléments-clés du rapport publié, jeudi 5 septembre, par le cabinet d’avocats Sidley Austin sur l’affaire du « fichier Monsanto » donnent la mesure de l’ampleur des opérations d’influence conduites en Europe par l’agrochimiste américain, désormais propriété de Bayer. L’entreprise allemande avait recruté Sidley Austin en mai, après la révélation, par Le Monde et France 2, de l’existence d’un fichier de 200 personnalités françaises élaboré par la société de lobbying FleishmanHillard pour le compte de Monsanto. Constitué dès l’automne 2016, ce fichier de responsables politiques, journalistes, scientifiques, militants ou syndicalistes, était utilisé dans le cadre de la « campagne de renouvellement du glyphosate ». Réautorisation européenne qui sera obtenue en 2017. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Fichier Monsanto » : des dizaines de personnalités classées illégalement selon leur position sur le glyphosate Bayer a offert à Sidley Austin l’accès à 2,4 millions de documents sauvegardés sur les serveurs de Monsanto, afin de conduire son enquête. En revanche, le cabinet d’avocats n’a « pas eu accès aux employés, aux documents ou au système d’information de Fleishman [Hillard] ». Il a dû se contenter d’adresser des demandes de documents à la société de lobbying et explique dans son rapport en avoir reçu « certains ». Le cabinet suggère en creux que FleishmanHillard n’aurait pas coopéré de bonne grâce avec les rapporteurs. Notamment, Sidley Austin explique avoir découvert, dans les correspondances entre Monsanto et FleishmanHillard, des fichiers de plus de 250 personnalités du monde médical et scientifique (dont 90 Français), que FleishmanHillard avait omis de transmettre en première instance. « Nous avons répondu à toutes les demandes d’informations que nous avons reçues dans le cadre de cette enquête et avons pleinement coopéré avec le cabinet Sidley Austin, répond FleishmanHillard dans une déclaration transmise au Monde, notamment lors de nos échanges téléphoniques. » Au total, Sidley Austin dit avoir passé en revue 25 000 documents liés à la « campagne de renouvellement » et avoir identifié 1 208 personnalités inscrites dans des fichiers de « parties prenantes », et 1 475 personnes fichées au total. Outre la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, l’Espagne et le Royaume-Uni sont concernés, ainsi que des institutions de l’Union européenne. Au cours de l’été, Sidley Austin a notifié aux personnes fichées leur présence dans les fichiers constitués par FleishmanHillard et détenus par Monsanto, et leur a proposé de leur adresser les informations les concernant inscrites dans les fichiers mis au jour.
Un rapport commandé par Bayer dévoile l’ampleur de la campagne menée pour obtenir le renouvellement de l’autorisation du glyphosate dans l’Union
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/07/pres-de-1-500-personnes-ont-ete-fichees-par-monsanto-en-europe_5507493_3244.html
mlsum-fr-984
« Fabrications », de Merce Cunningham. Bernard Prudhomme Simplicité d’un maître, humilité d’un grand modeste: Merce Cunningham s’est affirmé par le travail, l’artisanat du studio au quotidien. Dix ans après sa mort, le chorégraphe américain (1919-2009), dont on fête le centenaire de la naissance, fait l’objet d’un « Portrait » avec rien moins que neuf événements, projections de films, week-end d’immersion, et dix pièces majeures interprétées par cinq compagnies dont le Ballet de l’Opéra national de Paris. Programmé pour la première fois en 1972 par le Festival d’automne, Merce Cunningham, épaulé par le compositeur John Cage (1912-1992), a peu à peu affirmé l’emprise de sa gestuelle complexe, abstraite – terme qu’il rejetait, arguant que « le corps est concret » −, follement multidirectionnelle. Inspiré par les animaux, qu’il dessinait, par la vidéo dans les années 1970, puis par les nouvelles technologies dont le logiciel LifeForms découvert à 80 ans, il a peaufiné des partitions toujours plus savantes. « La danse n’est jamais aussi intéressante que lorsque chaque pouce d’espace est comme pris au piège du mouvement », disait-il. Lire aussi Merce Cunningham, danseur et chorégraphe américain Ce Portrait est dédié à Bénédicte Pesle (1927-2018), l’agent qui a accompagné Cunningham pendant tout son parcours. Lors de la première présentation au TEP, en 1964 à Paris, de la compagnie, sur l’invitation des chorégraphes Françoise et Dominique Dupuy, la troupe reçut des tomates. Dans les coulisses, le chorégraphe demanda à Bénédicte Pesle ce qu’il fallait faire. Elle répondit : « On continue, let’s prepare the next one ! » Ce qui devint leur mot d’ordre. Survol au-dessus de soixante ans de création. John Cage, supporteur n°1 Merce Cunningham, qui a commencé très jeune à apprendre la danse et les claquettes, rencontre le compositeur John Cage en 1938. Il étudie à la Cornish School de Seattle. Cage y accompagne les cours de danse au piano. Engagé de 1939 à 1945 comme interprète auprès de la chorégraphe Martha Graham, à New York, Cunningham retrouve Cage et collabore avec lui pour la première fois en 1944 pour un « concert » qui noue leur complicité. Ensemble, ils vont élaborer une œuvre chorégraphique et musicale des plus audacieuses. « John a toujours été un supporteur très enthousiaste de Merce, commente Laura Kuhn, du John Cage Trust, qui pilote l’opération La Fabrique John Cage & Merce Cunningham, les 28 et 29 septembre, au Centre national de la danse de Pantin. Il disait même que lorsqu’il le voyait sur scène, il lui semblait reconnaître Vaslav Nijinski ! De 1947 à 1950, Merce ne dansera que sur du Cage. Ensuite, ils inviteront des musiciens comme David Tudor et bien sûr Takehisa Kosugi. Ils ont œuvré cinquante ans ensemble. » « Une expérience totale » Avec Cage, dès les années 1950, Cunningham pose l’un des principes-clés de son art : la séparation de la danse et de la musique. Le vieux couple inusable toujours en train de se mirer l’un dans l’autre prend de la distance. Fini les yeux dans les yeux, adieu la fusion collé-serré ! Les deux partenaires déclarent leur indépendance. Après avoir décidé ensemble de la durée du spectacle, le chorégraphe et le compositeur cherchent chacun dans son coin. Le premier répète en silence avec sa troupe, tandis que le second fourbit sa partition. Aucun échange entre eux avant le jour de la première où chacun plonge le résultat de ses recherches dans la même Cocotte-Minute. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Merce Cunningham, jouvence de la danse Choc esthétique et émotionnel imprévisible, c’est toujours la première fois chez Cunningham-Cage. D’où parfois la sensation d’univers parallèles cohabitant sur le plateau mais aussi, soudain, d’embrasements harmonieux. Cette règle du jeu est la même avec le peintre ou le décorateur. « On ne connaissait pas à l’avance la musique, les décors, les costumes, se souvient le chorégraphe Ashley Chen, interprète chez Cunningham de 1999 à fin 2003, collaborateur de la Fondation Cunningham, aujourd’hui à la tête de la compagnie Kashyl. C’était une expérience totale où tout se passait au même moment dans le même espace. » Certains danseurs confient parfois ne pas écouter la partition sonore, souvent touffue et accidentée, pendant la performance tant elle ne les accompagne jamais en studio et tant aussi la complexité chorégraphique les mobilise entièrement. Ecouter et regarder la musique Deux spectacles en un. Chaque pièce de Cunningham se joue avec la musique live, compositeurs et instrumentistes installés dans la fosse d’orchestre, sur le côté du plateau ou carrément dessus comme, par exemple, Nearly 90 (2009), maousse gâteau d’anniversaire du chorégraphe, qui profitait de la présence de Sonic Youth. Véritable concert dansé, immersif le plus souvent, chaque spectacle, en général de courte durée, attaque de tous les côtés. On peut choisir de regarder et écouter la musique – avec ces tables de mixage et multiples accessoires – et/ou d’observer la chorégraphie. Souvenir palpitant d’Un jour ou deux, créé en 1973 à l’Opéra national de Paris, et repris en 2012 : l’exécution de la partition de Cage pour boîtes en carton, clarinette, violoncelle et piano était un régal spectaculaire. Tout aussi envoûtant, Inlets (1977) glisse sur les glouglous subaquatiques de gros coquillages remplis d’eau que trois manipulateurs basculent, et c’est encore du Cage. Mais la liste des musiciens-partenaires de Cunningham est plus longue que le bras. Citons : Brian Eno, Radiohead, Sigur Ros, Mikel Rouse, Gavin Bryars… Chanter avec son corps Le silence, qui n’en est jamais vraiment un, a impulsé le fameux concert intitulé 4’ 33” composé par John Cage, durant lequel un pianiste reste assis pendant quatre minutes et trente-trois secondes face à son instrument. Ce silence devient le matelas pneumatique de la danse de Cunningham, qui crée ses pièces sans aucun support sonore. Il lui permet de trouver sa musicalité propre sans s’accrocher à des notes préécrites. L’apparition sur scène d’un interprète cunninghamien plonge illico le spectateur dans la fibre musculaire spécifique du geste et son haché si particulier. « Pour quelqu’un venant du classique comme moi, danser pour la première fois en silence chez Merce a été un choc, se souvient Petter Jacobsson, directeur du Ballet de Lorraine, étudiant en 1995 au studio de Cunningham, à New York. Mais on réalise vite que le rythme intime du mouvement est encore plus clair sans musique. On chante avec son corps et on est incroyablement libre. Car Merce laissait chacun s’emparer à sa façon de ce qu’il proposait. » Equipes de rêve Une scène belle comme une page blanche sur laquelle vont s’incruster les danseurs en justaucorps – plus que parfait pour dessiner les moindres détails articulaires du mouvement – sur fond de toiles peintes et de projections de lumière. Les interprètes deviennent les taches de couleur ou les coups de pinceau d’un tableau vivant dont toutes les composantes ont autant d’importance les unes que les autres. Au coude-à-coude d’abord avec le plasticien Robert Rauschenberg (1925-2008), Cunningham va rassembler des équipes de rêve avec par exemple Andy Warhol qui lui confie les coussins argentés gonflés à l’hélium de son installation Silver Clouds pour le planant RainForest (1968), Jasper Johns sous influence Marcel Duchamp dans Walkaround Time (1968), mais encore Frank Stella, Roy Lichtenstein ou Ernesto Neto. Parmi les chefs-d’œuvre, Summerspace (1958), dont les costumes avaient été réalisés à la bombe et au pochoir par Rauschenberg, fait miroiter des dessins multicolores et pointillistes beaux comme un aveuglement solaire. Sounddance (1975), sur une musique électro de David Tudor, l’une de ses pièces les plus suggestives, surgit telle une tornade au centre d’un sublime rideau doré conçu par Mark Lancaster. Guidé par le hasard Le plus épatant paramètre d’invention de Cunningham, celui qui sans doute lui a ouvert en grand les vannes de l’imagination, est le hasard. Pour échapper à sa subjectivité et son fonctionnement, dont on sait qu’il piège chacun dans une grille d’habitudes, Cunningham joue certains moments de la création aux dés – il en possédait de très beaux – ou en feuilletant le Yi Jing, livre chinois de divination. A partir des années 1950, il aime ainsi travailler sa danse au corps à travers des procédés aléatoires. Il tire au sort le déroulé des pas, les entrées et les sorties des danseurs ainsi que le placement dans l’espace. Rarement présentée, créée en 1987, reconstruite par le Ballet de Lorraine, Fabrications compile 64 enchaînements variables chaque soir ainsi que le nombre d’interprètes selon le résultat du « pile ou face ». En 2003, au Théâtre de la Ville, à Paris, Cunningham fera entrer le public dans sa cuisine. En compagnie de Gérard Violette, directeur du lieu de 1968 à 2008, et d’autres personnalités, il choisit en direct les musiques, les décors, les costumes et le plan-lumière : l’ordre de la chorégraphie avait été tiré dans l’après-midi pour laisser aux performeurs le temps d’articuler l’affaire. Ce jeu extrême, cet inconfort excitant lui évitaient, disait-il, « d’être dans la répétition de sa propre pensée ». « Pas question de faire le beau » Danser du Cunningham, dont la base est classique avec une utilisation huilée de la colonne vertébrale et du torse, est un féroce exercice. Son écriture conflictuelle déclenche à la seconde des mouvements de tous les membres qui filent à l’opposé. « C’est lui qui montrait les pas, et nous les apprenions, se souvient Thomas Caley, danseur chez Cunningham de 1993 à 2000, coordinateur de recherche au Ballet de Lorraine. Au travail, il était très professionnel, direct et droit, jamais émotionnel, d’une énergie infatigable, et jamais blasé. Avec lui, j’ai appris à déconstruire mon corps. Il nous faisait prendre des risques en permanence. Parfois, ce qu’il proposait était carrément impossible. » « Mais ça ne le gênait pas quand on tombait sur scène, poursuit Ashley Chen. “C’est pas mal mais tu feras mieux demain”, nous disait-il. C’était l’enfer d’apprendre ses enchaînements. J’ai mis un an à véritablement comprendre ce qu’il désirait. Plus que le beau geste final, on cherche chez Merce à organiser son propre corps pour réussir la tâche qu’il nous a demandé : un équilibre tordu, un saut impossible. Sa gestuelle est un incroyable travail de coordination, qui exige une concentration telle qu’on est obligé d’être sans fioritures. Pas question de faire le beau, on n’a pas le temps. Et cette sincérité rend très juste. » Cet article est extrait d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Festival d’automne, à Paris.
De sa complicité avec John Cage à ses diverses collaborations avant-gardistes, l’Américain aura toujours laissé une large place à l’imprévisible, affirmant une gestuelle à la fois autonome et complexe.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/28/festival-d-automne-merce-cunningham-libre-corps-a-la-creativite_6013421_3246.html
mlsum-fr-985
Le président Donald Trump, le 21 août à la Maison Blanche à Washington. Alex Brandon / AP Analyse. La présidentielle américaine a beau être fixée au 3 novembre 2020, dans plus d’un an, la campagne a d’ores et déjà commencé et fait de premiers dégâts. Le 20 août, Donald Trump a créé le malaise en déclarant, en marge de la réception du président de Roumanie, dans le Bureau Ovale de la Maison Blanche, que « pour [lui], tout juif qui vote pour un démocrate montre soit un manque total de connaissances, soit une grande déloyauté ». Il a précisé son point de vue le lendemain devant la presse en répétant que de tels électeurs seraient « déloyaux envers le peuple juif et très déloyaux envers Israël ». « Seules les personnes faibles peuvent dire autre chose », a-t-il ajouté. Les propos présidentiels survenaient après la polémique créée par le refus de l’Etat hébreu, à l’invitation du président des Etats-Unis, d’autoriser la venue de deux représentantes du Congrès particulièrement critiques de la politique israélienne, Ilhan Omar (Minnesota), ancienne réfugiée née en Somalie, et Rashida Tlaib (Michigan). Donald Trump les accuse régulièrement d’antisémitisme, assurant qu’elles sont « le visage » du Parti démocrate sur ce dossier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Critiquée, l’élue américaine Rashida Tlaib renonce à se rendre en Cisjordanie Les affirmations du président en disent long sur sa conception étroitement transactionnelle et clanique de la politique. « Aucun président [américain] n’a fait ce que j’ai fait » pour Israël, a assuré Donald Trump le 21 août, citant le déplacement à Jérusalem de l’ambassade américaine, la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur le plateau syrien du Golan en violant des résolutions des Nations unies, ou encore sa posture agressive vis-à-vis de l’Iran. Les autorités israéliennes définissant leur pays depuis 2018 comme l’Etat juif, leurs coreligionnaires américains devraient donc mécaniquement concrétiser leur reconnaissance présumée envers le président des Etats-Unis par un bulletin de vote en sa faveur. Recroquevillement identitaire Ce faisant, le président des Etats-Unis a recours à un cliché persistant de l’antisémitisme qu’il prétend dénoncer : l’accusation selon laquelle un juif de la diaspora n’est somme toute que l’agent infiltré d’un pays autre que celui dont il possède la nationalité. En la matière, Donald Trump est un multirécidiviste. En avril, devant la Republican Jewish Coalition, un groupe de pression conservateur, il avait présenté le chef du gouvernement israélien Benyamin Nétanyahou comme « [leur] premier ministre ». Mais le président des Etats-Unis ne réduit pas seulement les juifs américains, très majoritairement démocrates mais naturellement aussi divers dans leurs convictions et dans leurs préoccupations que les autres groupes confessionnels, à leur lien à Israël. Il les subordonne au virage nationaliste pris par ce pays et à une politique radicale qui réduit à néant les dernières chances de compromis avec les Palestiniens. Ce qui inquiète de plus en plus les démocrates. Cette dérive israélienne se double en outre d’un recroquevillement identitaire qui crée le trouble au sein de la communauté juive américaine.
Le président des Etats-Unis a suscité le malaise après ses propos sur la « déloyauté » des juifs américains « envers le peuple juif et très déloyaux envers Israël ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/29/l-utilisation-perilleuse-d-israel-par-donald-trump_5503995_3232.html
mlsum-fr-986
ELIOT BLONDET / AFP Quelque 4 300 militaires, 196 véhicules, 237 chevaux, 69 avions et 39 hélicoptères se sont mobilisés pour le traditionnel défilé du 14-Juillet 2019. Emmanuel Macron, qui y assistait pour la troisième fois depuis son élection en mai 2017, a descendu à 10 heures la célèbre avenue parisienne des Champs-Elysées à bord d’un véhicule de commandement, avant de rejoindre la tribune présidentielle place de la Concorde. Il a été hué et sifflé par des manifestants habillés en jaune ou arborant des ballons jaunes. Des « gilets jaunes » le 14 juillet à Paris. PHILIPPE LOPEZ / AFP En ouverture du défilé, robots et drones employés dans les armées se sont exhibés place de la Concorde avant de laisser la place au clou du spectacle : une démonstration futuriste de Flyboard Air, une plate-forme volante propulsée par des réacteurs à jet d’air. Son inventeur, le champion du monde de jet-ski français, Franky Zapata, a piloté lui-même son engin, fusil en main, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Alimentée en kérosène, cette machine volante est dotée de cinq mini turboréacteurs qui lui permettent de décoller et d’évoluer jusqu’à 190 km/h, avec une autonomie d’une dizaine de minutes. 🇫🇷 #14Juillet L'arrivée du Flyboard pour ouvrir le défilé https://t.co/RXfHQAO2ay — 20hFrance2 (@Le 20Heures France2) Accroître l’autonomie stratégique de l’Europe Ce défilé français du 14-Juillet était aussi placé sous le signe de la coopération militaire européenne, un des grands chevaux de bataille d’Emmanuel Macron qui préside les festivités en présence de plusieurs dirigeants européens, dont Angela Merkel. Face au Brexit et au relâchement des liens transatlantiques sous l’ère Trump, le président français en a fait de l’Europe de la défense l’un de ses thèmes de prédilection, jugeant crucial pour le Vieux Continent d’accroître son autonomie stratégique, en complément de l’OTAN. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Défilé du 14-Juillet : quelle expérience la France a-t-elle de la victoire ? « Jamais, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’Europe n’a été aussi nécessaire. La construction d’une Europe de la défense, en lien avec l’Alliance atlantique dont nous fêtons les 70 ans, est pour la France une priorité » et « constitue le fil rouge de ce défilé », a expliqué le président Macron. Theresa May absente Outre la chancelière allemande, objet d’inquiétudes après avoir été prise ces dernières semaines de crises de tremblement, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker et le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, figuraient parmi les 11 invités européens du président français. Ils ont été conviés à déjeuner à l’Elysée à l’issue de la traditionnelle parade militaire organisée pour la fête nationale. Des chefs d’Etat et de gouvernement européens, lors du défilé du 14 juillet, sur les Champs-Elysées. LUDOVIC MARIN / AFP La première ministre britannique démissionnaire Theresa May était finalement représentée par le vice-premier ministre David Lidington. Les neuf pays participant aux côtés de la France à l’initiative européenne d’intervention (IEI) – née il y a un an sous l’impulsion du président Macron, avec pour objectif de développer une « culture stratégique partagée » – étaient représentés au sein du défilé : Belgique, Royaume-Uni, Allemagne, Danemark, Pays-Bas, Estonie, Espagne, Portugal et Finlande, tous représentés à Paris par leur chef d’Etat, de gouvernement ou leur ministre de la défense. L’ensemble du gouvernement a également assisté au défilé. Avant l’arrivée du président, le ministre de la transition écologique François de Rugy, en proie à une polémique à rebondissements sur des dîners fastueux et des travaux, s’est entretenu tout sourire avec Brigitte Macron. Le défilé s’est achevé sur un émouvant tableau composé de blessés des armées françaises, actuellement engagées sur de multiples théâtres, du Moyen-Orient au Sahel. Trois pensionnaires des Invalides en fauteuil roulant ont défilé place de la Concorde aux côtés de trois militaires récemment blessés en opérations, rejoints par des sportifs blessés de guerre, sous les applaudissements nourris de la foule. Le président français et la chancelière allemande ont quitté la tribune pour échanger avec eux. Le couple Macron s’est ensuite entretenu avec les familles des militaires morts ou blessés au combat.
Cent ans après le « défilé de la Victoire » de 1919 ouvert par la marche des mutilés et des « gueules cassées », un hommage particulier a été rendu aux militaires blessés.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/14/un-defile-francais-du-14-juillet-place-sous-le-signe-de-la-cooperation-militaire-europeenne_5489267_3224.html
mlsum-fr-987
ctions ». Alexandre Jollien est un philosophe et écrivain né à Savièse, en Suisse, en 1975. Après des études de lettres et de philosophie à l’université de Fribourg, il publie, en 1999, son premier livre, Eloge de la faiblesse (réédité chez Marabout, 2014), où il raconte comment la philosophie l’a aidé à vivre avec le handicap dont il souffre depuis la naissance. Avec Le Métier d’homme (Seuil, 2002) (préfacé par Michel Onfray), puis en 2010, Le Philosophe nu, il continue d’explorer les voies intérieures qui mènent à une plus grande liberté. En 2013, il part vivre trois ans en Corée du Sud pour approfondir sa recherche spirituelle, qu’il raconte dans Vivre sans pourquoi (Seuil, 2015). Depuis 2018, il publie une fois par mois une chronique dans « Le Monde des livres ». Dans votre parcours, c’est d’abord la philosophie qui vous a conduit à écrire votre premier livre « Eloge de la faiblesse ». A quel moment avez-vous découvert la méditation ? Je suis entré en philosophie un peu comme on rentrerait dans les ordres. Un jour, paumé, je suis tombé nez à nez avec une citation de Socrate qui, en substance, invitait à vivre meilleur plutôt qu’à vivre mieux. J’ai quitté la librairie où j’étais avec un projet, une vocation quasiment : il fallait sauver ma peau, donner du sens à mon existence de handicapé. Pourtant, même après des années d’études, la lecture des grands textes n’a pas réussi à déraciner mon mal-être, mon insatisfaction coriace. J’ai donc été tenté de m’intéresser aux traditions d’Orient. J’ai essayé des retraites pour me donner les moyens de tordre le cou aux mille et un tiraillements qui me minaient. Ne voulant pas tourner le dos à la foi de mon enfance, je me suis inscrit à des sessions consacrées au zen et aux évangiles. J’ai aimé dans le zen la voie du silence, de l’apophatisme, cette ascèse rigoureuse qui, loin de tout concept, nous ramène au fond du fond. J’ai connu pour la première fois en l’espace d’un instant une paix profonde, inédite. Aujourd’hui, philosophie et méditation sont comme une respiration, deux mouvements essentiels de la vie. Entre les deux, je ne saurais choisir tant elles se nourrissent. Vous êtes parti en Corée du Sud avec femme et enfants pour vous initier à la méditation zen. La méditation peut-elle s’apparenter à une fuite, à un refuge ? J’ai foncé en Corée du Sud comme on accourt à l’hôpital pour se soigner. Il fallait trouver un remède à mes tourments. Je n’entrevoyais pas la possibilité de me débrouiller avec mon paquet de traumatismes et mes névroses, sans l’appui d’un maître, d’un guide expérimenté, d’un devancier qui me forme, me rééduque. Avec le recul, je me dis que je me suis mis en quête d’une sorte d’orthopédie mentale. Autant dire que, hanté par l’espoir d’un mieux, j’ai dégringolé de haut. Cet atterrissage forcé a été des plus salvateurs, des plus libérateurs.
A méditer ! (4/6). Pour le philosophe Alexandre Jollien, la méditation ne doit pas être envisagée comme « une sorte d’orthopédie mentale », une « recette miracle pour se réconcilier avec ses imperfections ».
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/01/alexandre-jollien-mediter-c-est-se-delester-de-cette-insatiable-quete-d-un-gain_5495459_4415198.html
mlsum-fr-988
Frédéric Gervoson, PDG d’Andros, en avril 2017. PASCAL PAVANI / AFP Après les endives, la farine, les yaourts, le jambon, c’est un autre produit prisé des consommateurs qui est dans le viseur de l’Autorité de la concurrence : la compote. Selon nos informations, les industriels, ciblés par une enquête pour « soupçon de cartel », devraient venir plaider leur cause rue de l’Echelle, mercredi 10 juillet. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Autorité de la concurrence enquête sur un cartel du jambon Parmi les entreprises dans le collimateur, les deux plus grands acteurs de ce marché, Andros et Materne, mais aussi Charles & Alice, Conserves France (St Mamet), Valade et Delis (groupe Lactalis). Le groupe néerlandais Coroos aurait, quant à lui, demandé à bénéficier de la procédure de clémence. L’Autorité de la concurrence avait officialisé l’ouverture de l’enquête en septembre 2015. Dans un communiqué publié alors, elle indiquait laconiquement avoir « procédé le 22 septembre à des opérations de visite et saisie inopinées auprès d’entreprises suspectées d’avoir mis en œuvre des pratiques anticoncurrentielles dans le secteur des fruits transformés en coupelles et en gourdes ». Elle précisait que ces opérations ne « préjugeaient bien évidemment pas de la culpabilité des entreprises concernées ». Sans plus de précisions et sans donner les noms des sociétés prises la main dans le pot de compote. Comme souvent, dans ce type d’affaires, tout commence par une dénonciation. Dans le cas de la compote, c’est Coroos qui aurait joué ce jeu, l’entreprise souhaitant bénéficier, en échange, de la clémence du gendarme de la concurrence. Le groupe néerlandais se serait inquiété d’une enquête menée par les autorités européennes de la concurrence sur une entente touchant le secteur de la conserve de légumes. Hausse du prix de la matière première Sur le marché de la compote, les soupçons portent sur des réunions qui se seraient tenues entre la mi-2010 et la fin 2013 et au cours desquelles les concurrents auraient échangé des informations sur leurs pratiques tarifaires. C’était une période sensible, avec une hausse du prix de la matière première, en particulier de la pomme, difficile à répercuter auprès de la grande distribution. Les membres de l’Autorité de la concurrence devront soupeser l’enjeu réel de ces réunions. Au-delà de l’échange d’informations, les industriels se sont-ils concertés pour se partager des marchés ou pour coordonner des hausses de tarifs ? Les discussions ont-elles porté uniquement sur le secteur de la grande distribution ou ont-elles également concerné la restauration hors foyer (commerciale et collective) ? Les réponses à ces questions, dépendantes de preuves formelles, auront une influence décisive sur le verdict.
Les plus grands acteurs de ce marché vont devoir s’expliquer, mercredi, sur des réunions sur les pratiques tarifaires qui se seraient tenues entre la mi-2010 et la fin de 2013.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/09/concurrence-soupcons-de-cartel-dans-la-compote_5487104_3234.html
mlsum-fr-989
Des militants d’Extinction Rebellion, à Londres, le 15 septembre. NIKLAS HALLE'N / AFP Et si on arrêtait tout ? « On ne peut pas se contenter de répéter que nous sommes conscients des enjeux tout en continuant sur le même système. En annulant la Fashion Week de Stockholm, nous avons voulu répondre à la fois aux activistes du climat qui nous alertent depuis des années et à la génération Z, qui réclame des changements radicaux », affirme Jennie Rosen, la PDG du Swedish Fashion Council. Depuis que le Conseil de la mode suédois a pris cette décision en juillet, une nouvelle petite musique résonne aux oreilles du milieu de la mode à un volume de plus en plus élevé. Faut-il en finir avec les fashion weeks ? Ces semaines marathons, dont les principales sont organisées à New York, Londres, Milan et Paris, attirent des professionnels venus voir des dizaines de défilés à la suite. Des invités qui débarquent en avion, circulent en voiture et taxi pour rejoindre un lieu différent toutes les heures, des décors quelquefois immenses et écologiquement discutables, des dépenses d’eau et d’électricité, et potentiellement divers déchets pour des shows qui durent en moyenne de sept à douze minutes chacun… « Nous devons déclarer l’état d’urgence, dit tout de go Bel Jacobs, qui coordonne, au sein du mouvement international Extinction Rebellion, le groupe #boycottfashion réclamant l’annulation pure et simple de la Fashion Week londonienne. L’industrie de la mode a une empreinte écologique désastreuse. Il faut faire tomber ce symbole pour envoyer un signal. Nous ne réclamons pas ça pour le plaisir. Mais, honnêtement, quand on peut empêcher un réchauffement climatique de 2 °C pour les années qui viennent, est-ce vraiment beaucoup demander ? » Durant la Semaine de la mode de Londres, du 13 au 17 septembre, les membres lanceurs d’alerte ont multiplié les pancartes, les chansons, les die-in (des manifestations dont les participants simulent la mort). Car, malgré de « sympathiques discussions » avec le British Fashion Council (BFC), l’organisateur de la Fashion Week de Londres, les activistes n’ont pas gagné la bataille. « Je suis sensible à leurs arguments, mais la Fashion Week est aussi un lieu d’échanges où l’industrie peut collectivement réfléchir à comment devenir plus durable, sans compter l’exposition qu’elle offre aux créateurs et les emplois que l’événement garantit », rétorque Caroline Rush. La directrice générale du BFC se refuse à la suppression mais fait un geste : elle vient d’annoncer le lancement d’un Institut de la mode positive, destiné à aider les marques dans leur transition verte. Une pression grandissante Dans ce débat inflammable, celles-ci commencent à s’interroger : défiler est-il encore nécessaire ? Si Gucci ne veut pas renoncer à sa parade milanaise, la maison a néanmoins annoncé le 12 septembre qu’elle compenserait financièrement toutes les émissions de CO 2 qu’elle ne peut pas éliminer, afin de parvenir chaque année à la neutralité carbone. « Nous devons repenser notre rapport au consumérisme et ce système de fashion week est à bout », juge de son côté Matthew Dainty, le cofondateur de la griffe anglaise masculine Cottweiler, qui a remplacé son défilé de juin par un « show digital », une vidéo où l’on pouvait découvrir la collection. « Contrairement à une présentation physique, nous n’avons pas reçu d’aide financière de sponsors pour cette vidéo. Au final, cela nous a coûté le même prix. Mais nous avons pu nous adresser à un public plus large que les initiés qui assistent aux fashion weeks et renouveler notre façon de communiquer grâce à cette nouvelle forme numérique. » Pour Pascal Morand, le président exécutif de la Fédération de la haute couture et de la mode qui met sur pied la Fashion Week parisienne, supprimer les défilés pour des présentations digitales paraît invraisemblable : « Non seulement le streaming n’est pas écologiquement neutre, mais l’événement physique bénéficie d’une unité de lieu, d’un esprit de communauté et d’une valeur ajoutée émotionnelle incomparables. Et puis, si nous savons reproduire la 3D statique sur l’écran, la 3D dynamique n’est pas au point pour rendre grâce au mouvement d’un vêtement. » Consciente de la pression grandissante sur ces sujets, la Fédération prend les devants : mise en circulation de transports 100 % électrique, développement d’un lexique du développement durable pour les professionnels attendu en novembre, mesure de la performance écologique de la Fashion Week parisienne dès 2020… « Nous devons nous repenser », convient Pascal Morand. Pour autant, le rythme frénétique et polluant de la mode ne semble pas ralentir. Du 23 septembre au 1er octobre, Paris attend quelque 5 000 participants pour des présentations, dîners, fêtes… Et pas moins de 75 défilés inscrits au calendrier officiel. Lire aussi Des univers parallèles à la Paris Fashion Week
De New York à Londres, de Milan à Paris, des milliers d’invités se déplacent en avion et circulent en voiture pour assister à des shows d’une dizaine de minutes voire moins.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/09/25/faut-il-en-finir-avec-les-fashion-weeks_6012986_4497319.html
mlsum-fr-990
A La Rochelle, en 2014. XAVIER LEOTY / AFP Ils ne manifesteront pas ensemble. Mais tous manifesteront. En effet, les trois syndicats Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Confédération paysanne et Coordination rurale rejettent l’accord CETA négocié entre l’Union européenne (UE) et le Canada. Une unanimité suffisamment rare pour être soulignée. La Coordination rurale a demandé à ses partisans d’aller à la rencontre des députés devant l’Assemblée nationale, mercredi 17 juillet, jour où les élus examineront l’accord de libre-échange. « Pourquoi les agriculteurs européens devraient-ils continuer de fournir des efforts imposés par l’UE, alors qu’elle les sacrifie délibérément ? », s’interroge le syndicat. Evoquant les 65 000 tonnes de viande bovine canadienne que le CETA pourrait faire entrer en Europe, il estime que les dirigeants français « renient les objectifs de transition écologique annoncés lors des Etats généraux de l’alimentation ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Faut-il ratifier ou non le CETA ? L’heure du choix pour les députés « Aucunement compatible avec (... ) l’article 44 de la loi Egalim » Sans attendre, la FNSEA, associée aux Jeunes Agriculteurs (JA), a déjà alerté, mardi 9 juillet, les députés, lors de l’examen de l’accord en commission. Les deux syndicats leur ont également adressé un courrier daté du jeudi 11 juillet pour les mettre en garde « des dangers qui pèsent sur les filières agricoles françaises avec l’importation dans l’UE, à droits de douane nuls, de 65 000 tonnes de viande bovine, de 80 000 tonnes de viande porcine, mais aussi de contingents importants de sucre et d’éthanol ». La FNSEA et les JA s’interrogent : « Comment le modèle familial français, avec une moyenne de 60 bovins par exploitation, pourrait-il lutter face à des feedlots [parcs d’engraissements] canadiens qui comptabilisent, pour 60 % d’entre eux, plus de 30 000 bovins avec les économies d’échelle qui en découlent ? » Ils mettent également en exergue le fait que « le Canada autorise la culture d’OGM, les rations à base de farines animales et d’antibiotiques activateurs de croissance ainsi que l’utilisation, en routine, de 46 substances phytosanitaires interdites en Europe » et que « ni le CETA, ni la réglementation européenne, ni les règles de l’Organisation mondiale du commerce ne permettent à l’UE d’empêcher les importations de produits ne correspondant pas à nos normes ». Les deux organisations affirment que « la ratification du CETA n’est aucunement compatible avec l’application effective de l’article 44 de la loi Egalim, qui interdit de vendre des produits ne respectant pas nos règles de production ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi CETA : le « veto climatique » n’en est pas vraiment un « Cheval de Troie des Etats-Unis » « Nous nous opposons aux accords commerciaux comme le CETA, car il y a un risque d’industrialisation des pratiques agricoles européennes. De plus, [celui-ci] peut jouer le rôle de cheval de Troie des Etats-Unis », explique Nicolas Girod, de la Confédération paysanne, syndicat membre du collectif Stop CETA, qui a appelé à la mobilisation, mardi 16 juillet, devant l’Assemblée nationale. Ce collectif regroupe près de 70 membres, dont l’association de consommateurs Foodwatch, qui estime que le CETA comme l’accord entre l’UE et les pays d’Amérique latine du Mercosur « présentent les mêmes dangers pour les droits sociaux, les agriculteurs, [l’]alimentation, [la] santé et l’environnement et font la part belle aux multinationales ». Emmanuel Besnier, lui, patron de Lactalis, premier groupe laitier mondial, juge les accords du CETA et du Mercosur « plutôt favorables ». « C’est une opportunité d’exportation, à condition que la France soit compétitive au niveau mondial, même si nous nous développons de plus en plus localement », déclare M. Besnier.
Selon les organisations syndicales, le modèle familial français n’est pas en mesure de lutter avec les grosses exploitations canadiennes.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/16/ceta-les-agriculteurs-francais-unis-dans-leur-refus-du-traite_5489859_3234.html
mlsum-fr-991
Le court-métrage « Machini », de Frank Mukunday et Tétshim, évoque les ravages écologiques et sanitaires provoqués par l’extraction minière en RDC. Frank Mukunday et Tétshim Rien n’entame la modestie de Frank Mukunday et Tétshim. Ni l’ovation reçue, vendredi 25 octobre, lors de la projection de leur film, Machini, à la Biennale de Lubumbashi, en République démocratique du Congo (RDC). Ni la tournée internationale de ce petit bijou d’animation, programmé à partir de cet automne dans les plus grands festivals. Cela fait quatre ans que le duo congolais planche sur ce court-métrage évoquant les ravages écologiques et sanitaires provoqués par l’extraction minière dans leur pays. Un sujet qu’ils connaissent par cœur : la famille de Tétshim vit dans un quartier rongé par les acides, tandis que Franck Mukunday a grandi près de la déchèterie de la Gécamines, la société administrant les mines depuis l’époque coloniale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Rabat, la première Biennale d’art contemporain entièrement féminine Faute de formation disponible à Lubumbashi, les duettistes ont appris seuls les rudiments de l’animation, grâce aux tutoriels disponibles sur YouTube. Malgré le manque de moyens, ils se sont accrochés. Jusqu’à ce qu’une bonne fée, la productrice Rosa Spaliviero, leur décroche une bourse pour travailler dans un studio professionnel d’animation à Bruxelles. Discrets sur leur parcours du combattant, Franck Mukunday et Tétshim lâchent pudiquement : « On n’a pas vu le temps passer ! » Une aventure profondément humaine « Soyez patients » : ce conseil donné aux nouveaux arrivants dès l’aéroport de Lubumbashi, tous les artistes congolais en ont fait un mantra. En l’absence d’infrastructures, d’école d’art digne de ce nom, de musée ou de galerie, ils œuvrent sans baisser les bras. C’est à leur endurance autant qu’à leur formidable créativité que la Biennale de Lubumbashi rend hommage jusqu’au 24 novembre. Cet événement est original à plus d’un titre. D’abord parce qu’il a été initié non par une collectivité, mais par un artiste, Sammy Baloji, résolu à aider ses confrères à sortir de leur isolement. Convié aujourd’hui à toutes les grands-messes internationales, de la Biennale de Venise à la Documenta de Cassel, le jeune Lushois confie avoir grandi « sans cadre culturel, dans un environnement déraciné, déconnecté ». Aux Rencontres de Bamako, où le photographe expose en 2007, il se confronte pour la première fois à « un espace d’interaction, d’inspiration et de critique » dont il s’inspire pour cofonder en 2008 l’association Picha (« image », en swahili) et organiser la Biennale de Lubumbashi. Un tour de force en l’absence de tout soutien public local. Pour la première édition, l’association décroche 90 000 dollars (environ 81 000 euros) de l’Institut français et d’un mécène local, l’entrepreneur belge George Forrest, et réunit une quinzaine d’amis artistes, principalement photographes et cinéastes. Pas simple pour autant d’installer la manifestation dans un pays hautement bureaucratique et corrompu. Lorsqu’en 2010 Picha demande l’appui – purement symbolique – du maire de Lubumbashi, ce dernier réclame en retour de l’argent pour retaper les toilettes de l’hôtel de ville… En 2015, à la suite de frictions internes, l’association tangue mais ne flanche pas, grâce à l’énergie collective. Car l’aventure de Picha n’est pas seulement artistique, elle est profondément humaine. L’association a su rallier des personnalités dévouées, tels Gabriele Salmi, qui a mis à contribution son expérience dans l’ONG Alba pour tisser des liens avec les écoles les plus défavorisées, ou Lucrezia Cippitelli, chargée des ateliers permettant aux jeunes Congolais de se former au contact de leurs pairs. « Seul, on n’était pas audible, souligne l’artiste Sinzo Aanza. Il fallait la passion et l’entêtement de Sammy et de tous les autres pour se faire entendre. » Solidaires, tous les artistes ici réunis s’entraident et vantent les talents les uns des autres. Minerais et ressources naturelles Des talents, cette sixième édition organisée par la commissaire d’exposition Sandrine Colard en regorge. A commencer par l’époustouflant performeur lushois Dorine Mokha, qui, le 24 octobre, a tenu pendant une heure son auditoire en racontant avec l’insolence des griots une histoire en accéléré de la RDC. En filigrane, la question de la captation des richesses du sous-sol congolais par les Belges, les chefs d’Etat kleptomanes et les multinationales. Cette thématique infuse aussi le long et minutieux dessin au stylo-bille du Kinois Mega Mingiedi, qui revisite l’histoire de l’extraction des minerais. La question des ressources naturelles est au cœur du travail mené par le Suisse Uriel Orlow avec une coopérative de femmes de Lumata, au sud de Lubumbashi. De leur collaboration est née dans l’arrière-cour de Picha une plantation d’Artemisia afra, une plante locale dont les vertus curatives contre la malaria sont bien connues mais que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) néglige au profit des produits issus des laboratoires occidentaux. « Avec Picha, on a le sentiment d’être utile, sourit l’artiste. Ce n’est pas une exposition de plus, mais un outil qui fait bouger les lignes. » Lire aussi En Afrique, le mécénat culturel avance à pas feutrés Pour en mesurer l’impact, il faut voir les jeunes élèves recopier avec application les cartels explicatifs, écouter, au musée de Lubumbashi, les commentaires de leurs aînés devant le « Recaptioning Project » conçu par Sandrine Colard. Le dispositif, d’une implacable sobriété, fait dialoguer les documents de la propagande coloniale avec des photos issues d’albums privés congolais et des extraits d’interviews menées avec ceux qui ont vécu de plein fouet la violence belge. Rappeler aux Lushois ce terrifiant passé qui a façonné à la fois leur psyché et l’urbanisme de la ville, leur redonner la parole avec le cabinet des confidences populaires de l’artiste marocain Younès Baba-Ali ou leur réapprendre les bienfaits des plantes vernaculaires. Tel est le pari – réussi – de cette Biennale dont le souffle collégial devrait servir d’exemple à toute l’Afrique.
Malgré l’absence de soutien des autorités, la sixième édition de la biennale d’art contemporain regorge de talents à découvrir jusqu’au 24 novembre.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/29/a-lubumbashi-le-parcours-du-combattant-des-artistes-congolais_6017314_3212.html
mlsum-fr-992
Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, au palais Miraflores, à Caracas, le 26 juin. HO / AFP Le capitaine de corvette vénézuélien Rafael Acosta Arevalo est mort samedi. Il était incarcéré depuis le vendredi 21 juin, accusé d’avoir participé à une tentative de coup d’Etat contre le président Nicolas Maduro. L’opposition et les Etats-Unis affirment qu’il a été torturé et assassiné. Le gouvernement vénézuélien dément et annonce l’ouverture d’une enquête. Des voix exigent qu’elle soit menée par l’ONU. Mercredi, le gouvernement chaviste a annoncé publiquement avoir déjoué une tentative de coup d’Etat. Le 21, cinq personnes avaient été arrêtées par les services de contre-espionnage militaire (DGCIM). Aux dires des autorités, le putsch prévu pour les 23 et 24 juin prévoyait d’assassiner Nicolas Maduro. Rafael Acosta se serait, selon le ministère de la défense, évanoui vendredi pendant sa première audience, il a été immédiatement transféré à l’hôpital militaire de Caracas où il est décédé « malgré les soins médicaux reçus », précise le communiqué officiel. Le ministre de la défense, Vladimir Padrino, a présenté à la famille du défunt « ses sincères condoléances, au nom des forces armées ». « Brutalement et sauvagement torturé » Selon l’opposition et les avocats de M. Acosta, celui-ci a été amené vendredi devant le tribunal en fauteuil roulant et présentait de graves signes de torture. En affirmant que le militaire avait été « brutalement et sauvagement torturé », Juan Guaido, le président de l’Assemblée nationale autoproclamé président par intérim en janvier, a rappelé le cas de Fernando Alban, un opposant « suicidé » en captivité en octobre 2018. « La torture est un mode de répression et une politique d’Etat au Venezuela », affirme l’organisation des droits de l’homme Provea, en soulignant que « sur les 100 cas de torture comptabilisés en 2018, 75 ont été le fait de la DGCIM ». Reprenant la version de l’opposition, le département d’Etat américain a condamné « l’assassinat et la torture » du capitaine de corvette « mort alors qu’il était détenu par les voyous de Maduro et leurs conseillers cubains ». Le communiqué de Washington appelle « toutes les démocraties du monde à faire pression pour que les agresseurs soient amenés à rendre des comptes ». Pour Bruxelles, « la mort de Rafael Acosta (…) est une nouvelle et cruelle illustration de la nature arbitraire du système judiciaire au Venezuela » L’Union européenne a exigé, pour sa part, « une enquête complète et indépendante pour que les responsables soient jugés ». Pour Bruxelles, « la mort de Rafael Acosta, alors qu’il était sous la garde des forces de sécurité vénézuéliennes, est une nouvelle et cruelle illustration de la nature arbitraire du système judiciaire au Venezuela et de l’absence de droits et de garanties pour les détenus ».
Pour les Etats-Unis et l’opposition à Nicolas Maduro, le capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo a été assassiné après avoir été torturé.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/01/l-onu-sollicitee-apres-la-mort-en-detention-d-un-militaire-venezuelien_5483738_3210.html
mlsum-fr-993
Des enseignants appellent à « protéger le système éducatif » et à « bloquer Blanquer » pour protester contre la réforme du lycée, à Paris le 17 juin. STR / AFP Les enseignants opposés à la loi Blanquer parviendront-ils à gripper la machine des examens de fin d’année ? Après un appel à la grève de la surveillance des épreuves le 17 juin, certains enseignants ont organisé, ces derniers jours, une « grève des notes ». Il s’agit de retenir les notes du baccalauréat au-delà du délai officiel, de manière à créer un retard dans l’organisation des jurys, et éventuellement dans l’annonce des résultats, qui leur permette de se faire entendre. En ligne de mire : les réformes du bac et du lycée, à laquelle une frange des enseignants sont toujours fortement opposées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les dernières réformes de l’éducation montrent que l’Etat veut détruire lui-même ce qu’il a bâti » Quelque 100 000 copies (sur 4 millions) n’auraient pas été « rendues », selon le collectif Bloquons Blanquer, qui tient un décompte sur les réseaux sociaux. C’est à peine 2,5 % du total mais cela pourrait être lourd de conséquences pour les lycéens concernés. Ce chiffre également évoqué par le SNES-FSU, syndicat d’enseignants fer de lance de l’opposition contre la réforme du lycée, n’est pas confirmé par le ministère de l’éducation. Parmi les académies les plus touchées, les enseignants mobilisés citent Paris, Créteil, Versailles, mais aussi Toulouse et Dijon. Quand aux disciplines, ils évoquent la philosophie, les sciences économiques et sociales et l’histoire-géographie. Devant les retards qui se profilent, certaines académies ont repoussé le dernier délai pour rendre les notes au mercredi 3 juillet après-midi, alors que la limite avait initialement été fixée au 2 juillet à midi. Une première. Les jurys d’harmonisation des notes – qui permettent de statuer sur chaque élève et remonter une moyenne pour obtenir le bac ou une mention – doivent néanmoins se tenir le 4 juillet, pour des résultats annoncés le 5. Différentes options Dans ce contexte, les listes de candidats reçus au baccalauréat seront-elles affichées en retard ? Après avoir admis mercredi matin sur RMC qu’il y avait un « petit risque » que certains élèves n’aient pas leurs résultats le 5 juillet, le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a finalement assuré dans la soirée que « tous » les candidats au baccalauréat auraient leurs résultats vendredi comme prévu. « Pour le cas où il y aurait encore quelques notes manquantes, la solution c’est de donner la note de contrôle continue à titre provisoire vendredi », a expliqué le ministre sur BFM-TV. « Si en début de semaine » les copies sont rendues et que la note du bac « est meilleure, c’est cette note qui sera retenue ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Il faut imaginer les correcteurs du bac heureux » « En fonction du volume de copies concernées, nous verrons si nous pouvons pallier le problème, glissait-on dans la journée rue de Grenelle, où l’on se veut plutôt rassurant. L’un des scénarios est de rendre les résultats à certains élèves dont nous avons déjà toutes les notes, ou bien de décaler les résultats pour tout le monde. En tout état de cause, les copies seront corrigées et les notes rendues, même si cela doit prendre trois jours de plus. » Selon les remontées dont disposait le ministère dans la soirée du 2 juillet, les grévistes n’ont pas tous choisi la même option : certains n’auraient pas corrigé du tout (dans ce scénario, l’éducation nationale a prévu des « correcteurs suppléants » mercredi, voire jeudi, pour les remplacer) ; d’autres ont corrigé mais souhaitent retarder les rentrées de notes, d’autres encore souhaitent ne pas rendre les copies à temps pour les jurys d’harmonisation. Or, selon le choix fait par le correcteur, les conséquences ne sont pas les mêmes. Tous les grévistes ont été contactés par leur rectorat, les 1er ou 2 juillet, et rappelés à leurs obligations, a déclaré le ministère, qui a précisé, mardi, que « les enseignants qui ne corrigent pas leurs copies s’exposent à une retenue sur salaire », jusqu’à quinze jours, soit la moitié d’une paie mensuelle. « On retarde, on ne boycotte pas » Tous les professeurs ayant pratiqué la rétention de notes perdront-ils jusqu’à quinze jours de salaire ? En aparté, le ministère apporte quelques nuances : « L’enseignant qui n’a pas corrigé ses copies est considéré comme gréviste les jours de correction », donc entre le moment où il récupère ses copies et la date limite de rendu, soit une quinzaine de jours. En revanche, pour les correcteurs qui ont fait leur travail, mais rendent les copies en retard, la retenue sur salaire correspond au nombre de jours de retard – à partir du 2 juillet, donc, dans le cas présent. Selon le juriste Bernard Toulemonde, un dispositif de sanctions existe également lorsqu’un enseignant refuse de corriger ou de remettre ses notes à un examen, car cela fait partie de ses « obligations de services ». « Des sanctions comme un blâme ou parfois une dégradation d’échelon », précise-t-il. Lire aussi : A Saint-Denis, les enseignants étaient en grève pour le premier jour des épreuves Du côté des enseignants, on cherche à se prémunir des conséquences. « On nous a prévenus en assemblée générale qu’il ne fallait pas parler de rétention de notes mais de grève », glisse un correcteur de philosophie de l’académie de Strasbourg. « Nous en avons beaucoup parlé avec nos syndicats, et nous ne voulons pas nous exposer à une faute professionnelle. Nous avons quasiment tous corrigé nos copies », avance Jérémy, enseignant d’histoire-géographie en Seine-Saint-Denis, syndiqué au SNES-FSU. Lui s’est déclaré en grève à compter du 2 juillet, et voulait également le faire les 3 et 4, jour de convocation des jurys. Nadia, professeure d’anglais et d’option cinéma en Seine-et-Marne, évoque des assemblées générales de grévistes où il est question de retenir les copies « jusqu’au vendredi 5 juillet, voire jusqu’au lundi 8 ». Elle réfute l’idée que la rétention des copies « prendrait en otage » les candidats. « On retarde, on ne boycotte pas », précise la jeune femme, non syndiquée. Jérémy a la responsabilité de 70 copies, Nadia de 29. L’un comme l’autre ne voient pas comment il sera possible de « délibérer en temps et en heure » sur le sort de « leurs » candidats.
Certains correcteurs, opposés à la réforme de l’examen et du lycée, souhaitent retenir les notes jusqu’à retarder les résultats. Le ministre de l’Education évoque des notes « provisoires ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/03/notes-du-baccalaureat-les-enseignants-opposes-a-la-loi-blanquer-tentent-un-dernier-coup_5484565_3224.html
mlsum-fr-994
L’Adrian-Darya-1, le 18 août à Gibraltar. Marcos Moreno / AP Washington avait bataillé pour que Gibraltar force l’Adrian-Darya-1 à rester à quai. L’administration américaine affirmait que ces pétroliers « financent les activités néfastes du régime et propagent le terrorisme » et que ce navire, en particulier, faisait route vers la Syrie, qui fait l’objet de sanctions économiques. Depuis vingt-quatre heures, ce navire vogue au large des côtes libanaises et syriennes. Il erre en Méditerranée depuis qu’il a quitté Gibraltar le 18 août, après six semaines d’immobilisation. Le flou le plus total règne sur sa destination et le sort de sa cargaison. Lundi, il était dans les eaux internationales, à environ 80 kilomètres au large de Tripoli, dans le nord du Liban, selon le site de suivi TankerTrackers. La veille, le navire, qui transporte 2,1 millions de barils de brut d’une valeur de 126 millions d’euros, se trouvait plus au nord, au large du port syrien de Tartous, selon le site de suivi MarineTraffic. Fin août, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo avait directement visé la ville de Tartous sur Twitter, assurant avoir « des informations fiables » montrant que le pétrolier se dirigeait vers elle. Transfert de cargaison en mer Pour des experts, le scénario le plus plausible reste un transfert de la cargaison sur des pétroliers plus petits, pour une opération dite « ship-to-ship ». Selon TankerTrackers, le navire doit décharger une partie de sa cargaison s’il souhaite traverser le canal de Suez et rentrer en Iran. Deux scénarios sont envisageables, estime Samir Madani, cofondateur de TankerTrackers. Le premier est un transfert de cargaison vers le navire Sandro, détenu par un riche homme d’affaires syrien ; dans ce cas, « le pétrole ira probablement en Syrie », alors que le régime syrien, soutenu par l’Iran, fait l’objet de sanctions économiques américaines. Mais si le pétrole est déchargé sur d’autres navires iraniens, deuxième hypothèse, il finira probablement en Iran, d’après M. Madani. Tensions entre les Etats-Unis et l’Iran Ces dernières semaines, la Grèce, la Turquie et le Liban avaient annoncé ne pas avoir reçu de demande d’ancrage du navire alors qu’il se rapprochait de la Méditerranée orientale. Adrian-Darya-1, alors nommé Grace-1, avait été saisi le 4 juillet au large de Gibraltar, soupçonné de transporter du pétrole vers la Syrie en violation de sanctions européennes contre ce pays. Selon les autorités britanniques de Gibraltar, il a été libéré car Téhéran s’était engagé à ne pas envoyer sa cargaison en Syrie. Le Trésor américain a sanctionné vendredi le pétrolier et son capitaine. L’Iran a affirmé avoir vendu le pétrole à bord de l’Adrian-Darya-1, sans dévoiler l’identité de l’acheteur, assurant ne pas pouvoir être « transparent » concernant la destination de son pétrole alors que Washington essaye « d’intimider » les acheteurs potentiels. Cette affaire a cristallisé les tensions entre Téhéran et Washington, qui montent depuis le retrait américain unilatéral en 2018 d’un accord conclu en 2015 pour encadrer le nucléaire iranien, et le rétablissement de sanctions draconiennes contre Téhéran.
Le navire « Adrian-Darya-1 » a été saisi et immobilisé plus d’un mois à Gibraltar, les Etats-Unis l’accusant de transporter du pétrole vers la Syrie.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/02/le-petrolier-iranien-sous-sanctions-americaines-erre-au-large-des-cotes-libano-syriennes_5505517_3210.html
mlsum-fr-995
« Ce sont les Allemands de l’Est qui en mars 1990, lors des premières élections libres de RDA, choisirent à plus de 40 % la disparition de leur pays. » Photo : mur de Berlin. Philippe Turpin / Photononstop Tribune. Lorsque le mur est tombé, j’avais 14 ans. Avec mon père, un Allemand de l’Ouest, et ma mère, une Française, nous avons pleuré devant les scènes d’Allemands de l’Est libérés d’un pays qu’ils n’avaient pas choisi. La RDA continua d’exister pendant presque un an puis disparut avec la Réunification. Traiter ce processus d’« Annexion », comme je l’ai plusieurs fois entendu en France, c’est faire insulte aux Allemands de l’Est qui ont délibérément choisi d’enterrer leur pays. C’est les infantiliser au lieu de leur rendre leur rôle et leur responsabilité dans l’Histoire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des blocs de béton aux visites virtuelles, Berlin capitalise sur le tourisme du Mur Ce sont les Allemands de l’Est qui en mars 1990, lors des premières élections libres de RDA choisirent à plus de 40 % la disparition de leur pays. La plupart des leaders de la révolution de 1989 déconseillaient une réunification précipitée et prônaient de d’abord réformer la RDA. Mais la population, privée de libertés et de confort matériel pendant quarante ans, aspirait clairement au modèle occidental. Et au Deutsche Mark. Ils commencèrent à s’exiler en masse vers la RFA. Sans la perspective d’une réunification rapide, la RDA se serait vidée de ses habitants. Ce rejet radical donne la mesure de la souffrance endurée sous une dictature qui enfermait ses citoyens dans une bulle idéologique où il était interdit de penser, de parler, d’écrire, de créer librement, de critiquer, de voyager, de choisir ses lectures et sa musique. Certes, l’Etat garantissait un emploi, mais beaucoup étaient non productifs et maintenus artificiellement au prix de subventions de sorte que l’économie était au bord de l’implosion lorsque le Mur est tombé. L’Etat communiste exerçait une terreur psychologique Le tout-puissant parti communiste SED mentait à ses citoyens et trahissait son idéal de société sans classes. La discrimination régnait dans l’accès aux études, aux biens de consommation, aux logements et aux hôpitaux. Il valait mieux être membre du parti et paysan ou ouvrier plutôt que pasteur ou intellectuel. Mais surtout l’Etat communiste exerçait une terreur psychologique avec un appareil d’espionnage tentaculaire, la Stasi, qui recrutait des centaines de milliers d’informateurs au sein même de la société. Combien de familles, d’amitiés, de vies furent brisées ? Combien d’innocents jetés en prison ? Combien de jeunes tués au pied du Mur pour avoir voulu fuir à l’Ouest ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trente ans après la chute du mur de Berlin, une économie est-allemande encore convalescente Minimiser cette violence, réécrire l’histoire, rendre hommage à des dictateurs comme Fidel Castro ou faire l’apologie du communisme sans jamais avoir quitté sa bulle de confort occidental, c’est offenser gravement les victimes des dictatures communistes, à commencer par nos concitoyens d’Europe de l’Est.
Certains en France estiment que l’Allemagne de l’Est a été annexée par la RFA après la chute du Mur. L’auteure franco-allemande Géraldine Schwarz estime dans une tribune au « Monde » qu’une telle lecture des événements oublie le vent de liberté qui a alors soufflé.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/08/n-insultons-pas-les-allemands-de-l-est-qui-ont-deliberement-choisi-d-enterrer-leur-pays_6018511_3232.html
mlsum-fr-996
Il y aurait des millions de cartes Vitale utilisées de manière frauduleuse en France, selon l’interprétation faite par plusieurs médias des travaux sur la fraude sociale réalisés par deux parlementaires. Ces dernières – une députée et une sénatrice – s’interrogent effectivement sur la gestion des fichiers de la Sécurité sociale, mais le débat s’est rapidement concentré sur des informations incomplètes, voire erronées. Ce qu’on a lu et entendu sur les cartes Vitale : La députée La République en marche (LRM) Carole Grandjean et la sénatrice UDI Nathalie Goulet ont dévoilé lors d’une conférence de presse, mardi 3 septembre, un « point d’étape » de leurs travaux sur la fraude sociale en France. Un événement qui précède la publication de leur rapport prévu à la fin de l’année 2019 (l’intégralité de leur intervention est disponible en ligne ici). Elles y ont notamment dénoncé des incohérences dans certains registres de l’Etat. Cette intervention a donné lieu à de nombreux articles de presse. Certains mettent l’accent sur les mesures proposées par les deux parlementaires. « Fraude sociale : comment débusquer les “assurés fantômes” », annonce ainsi le quotidien Les Echos. Mais d’autres sont plus alarmistes : « Il existe des millions de zombies dans les fichiers de la Sécurité sociale ! », dénonce le magistrat Charles Prats dans Le Figaro, pour un coût qui se chiffrerait, selon lui, en dizaines de milliards d’euros. « Fraude sociale : 67 millions de Français, 84 millions de cartes Vitale », renchérit L’Est éclair. DU VRAI ET DU FAUX 1. Des éléments « curieux » dans certains fichiers Au cours de leur conférence de presse du 3 septembre, les deux élues ont indiqué avoir découvert que les registres officiels comportent des informations qu’elles trouvent « curieuses ». Notamment dans le répertoire national d’identification des personnes physiques (RNIPP), un instrument de vérification de l’état civil des personnes résidant en France. Chaque citoyen figurant au fichier se voit attribuer un numéro d’inscription au répertoire (NIR) à treize chiffres, plus communément appelé numéro de Sécurité sociale. Or le RNIPP référence 110 millions de personnes, dont 84,2 millions sont « réputées en vie », alors que le pays ne compte officiellement qu’environ 67 millions d’habitants, selon l’Insee. Ces chiffres cités par les parlementaires sont fondés sur des réponses écrites de la direction de l’Insee. Inquiètes de possibles dérives liées à ces incohérences dans des registres officiels, elles ont donc demandé un « audit extérieur » de l’Insee, du RNIPP et du système national de gestion des identités. 2. Ces « curiosités » ne sont pas automatiquement des fraudes Toute la nuance dans cette affaire est que ces incohérences ne renseignent pas, à elles seules, sur l’ampleur de la fraude sociale en France. Ce que Nathalie Goulet a reconnu au cours de sa conférence de presse : « Cela ne veut pas dire que les gens réputés morts, réputés vivants ou réputés fantômes ou réputés sans nom patronymique perçoivent des prestations, mais vous m’accorderez qu’il faut qu’on fasse la lumière sur ces chiffres. » Mais « il est important de préciser que l’attribution du NIR [le numéro de Sécurité sociale] est uniquement un prérequis qui ne permet pas à lui seul de bénéficier de prestations sociales », ont réagi les organismes de Sécurité sociale et l’Insee dans un communiqué commun publié le 4 septembre. La finalité de ce fichier est en effet de « certifier l’état civil des personnes nées en France ou qui y résident à un moment de leur vie », et non d’établir une liste des ayants droit à des prestations sociales, ajoute le texte. Seule la transmission d’un acte d’état civil officiel permet d’indiquer dans le fichier qu’une personne est décédée. Selon l’Insee, le fait que des personnes très âgées, « décédées à l’étranger [ou] pour lesquelles l’Insee n’a reçu aucun acte officiel » y figurent n’est pas une anomalie en soi. Tout comme le fait que « le nombre de personnes inscrites dans ce répertoire excède largement la population résidant en France ». Interrogée à ce sujet, la députée LRM Carole Grandjean estime tout de même qu’il « faut faire le ménage dans ces chiffres. Au fond, cela répond aussi à un besoin de simplification ». 3. Il n’y a pas « 84 millions de cartes Vitale valides » en France La députée reconnaît ne pas être en mesure de fournir une estimation précise de la fraude sociale en France à ce stade. « Chiffrer, cela va être très compliqué », autant les sommes que le nombre de personnes impliquées. Contrairement aux articles les plus alarmistes, la parlementaire ne se risque pas à évoquer des millions de cartes Vitale de trop en circulation : « Ça me paraîtrait énorme. » De fait, il n’y a pas 84 millions de cartes Vitale valides, mais 59,4 millions, selon l’Assurance-maladie. Ce chiffre est logiquement inférieur à la population française, puisque les enfants sont rattachés à la carte de leurs parents jusqu’à l’âge de 16 ans (12 ans sur demande). Depuis la création du dispositif, pas moins de 42 millions de cartes Vitale ont été désactivées du fait des recoupements de fichiers et des contrôles et ne confèrent plus aucun droit social. S’il est certain que des cartes Vitale sont indûment en circulation, les travaux parlementaires mentionnés ne permettent pas de dire, comme l’ont fait certains médias, dont Europe 1, qu’il y a aujourd’hui « 84 millions de personnes éligibles aux prestations sociales » ou que des millions de personnes de nationalité étrangère qui n’habitent plus en France en profiteraient massivement. Le montant réel de la fraude aux numéros de Sécurité sociale fait quant à lui débat. L’estimation la plus précise à ce jour se trouve dans un rapport sénatorial de juin 2019, qui la chiffre autour de 200 à 800 millions d’euros pour les seules personnes nées à l’étranger, sur la base de calculs de la Caisse nationale d’assurance vieillesse. L’Assurance-maladie a précisé jeudi qu’elle « présentera (it) son bilan 2018 en matière de lutte contre la fraude » prochainement.
Des articles alarmistes ont affirmé ces derniers jours qu’il existe des millions de cartes Vitale frauduleuses, qui coûteraient des milliards à la Sécurité sociale. C’est très exagéré.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/05/y-a-t-il-vraiment-84-millions-de-cartes-vitale-actives-en-france_5506868_4355770.html
mlsum-fr-997
inquiète. Peut-être est-ce leur manière de maintenir un lien avec le continent : Brits love cycling. Les Britanniques aiment passionnément le vélo. Plus en tout cas que de ce côté-ci de la Manche, où l’on regarde encore avec dédain ces types en lycra, forcément dopés. Sans doute a-t-elle la tête ailleurs, mais la Grande-Bretagne accueillait cette semaine dans le Yorkshire les championnats du monde de cyclisme et a fait les choses en grand : rideaux de pluie, rangées d’anoraks le long des routes, et modèle de pub à l’arrivée en gare de Harrogate, épicentre des Mondiaux. Lire aussi Le cyclisme fait sa crise d’adolescence Feignons de trouver normal que, dans cette ville de la taille de La Rochelle, on ait rempli trois fois l’antique Royall Hall pour… des discussions sur le cyclisme. Trente-cinq livres (40 euros) pour boire les paroles des anciens coureurs Bradley Wiggins et David Millar, du commentateur de télévision Ned Boulting ou des journalistes du Cycling Podcast. Cet automne, « Une soirée avec Bradley Wiggins » fait 13 dates dans le pays. L’an passé, Ned Boulting a rempli 21 salles avec un spectacle humoristique sur le cyclisme − et les gens payaient. « Il y a un marché !, se marre ce dernier. Ici, ils sont accros. Après les championnats du monde, les écrans s’éteignent. Alors ils se retrouvent dans ces grands théâtres, comme une société secrète, avec ce sentiment qu’ils font partie des élus parce qu’ils ont réussi à décrypter le code d’un des sports les plus incompréhensibles ; et que donc, ils n’ont rien de mieux à faire que de venir dans un théâtre de Newcastle un mardi soir. » Le zèle des néoconvertis Chaque automne, le magazine sur papier glacé Rouleur organise sur trois jours, dans le cœur de Londres, un festival autour de la culture cycliste, mélange de conférences données par des célébrités du sport et d’exposition de vélos dernier cri et de maillots d’époque. Le billet d’entrée pour la soirée inaugurale coûte 90 livres : ils se vendent sans mal, et l’événement a attiré 3 500 visiteurs en 2018. « Ici, le cyclisme se pratique en groupe, le dimanche, sans enjeu, pour fuir la vie de bureau… et parfois de famille. » Brian Cookson, ex-patron de la fédération britannique Les amateurs britanniques de cyclisme ont le zèle des néoconvertis et le pouvoir d’achat qui convient. Cycling is the new golf, dit-on ici depuis dix ans : le réseautage se fait pour certains en casque et cuissard, lors de sorties dans la campagne sur des vélos haut de gamme. Deux choses au moins séparent le cyclisme en Grande-Bretagne du cyclisme en France : c’est un sport à la mode et haut de gamme. Une troisième chose : les Britanniques gagnent le Tour de France. De façon symbolique, c’est une banque pour hauts revenus, la HSBC, qui finance les programmes de développement de British Cycling, la fédération britannique. « Il y a ce côté technologique qui les attire, comme il y a 40 ans avec la hi-fi : ils parlent des dernières roues, du dernier pédalier, s’amuse Brian Cookson, ancien patron de la fédération britannique puis de l’Union cycliste internationale. Il y a une explosion des cyclosportives : ici, le cyclisme se pratique en groupe, le dimanche, sans enjeu sportif, pour fuir la vie de bureau… et parfois de famille. » Symptômes d’un sport auquel beaucoup se sont mis à 40 ou 50 ans, et non dès l’enfance, lorsque l’esprit de compétition domine. En 2007, tout Londres était sur le pas de la porte pour saluer le départ du Tour de France. JOEL SAGET / AFP Une pratique ancienne et populaire dans le Nord Lorsque, en 2007, tout Londres était sur le pas de la porte pour saluer le départ du Tour de France, la révolution était naissante. Sept ans plus tard, pour le Grand départ dans le Yorkshire, elle était achevée. Les Britanniques, qui, il y a 20 ans, regardaient le cyclisme comme les Français le cricket, n’ont plus besoin de se voir expliquer les règles les plus basiques. La culture cycliste s’est développée notamment par l’édition − les livres de vélo se vendent le mieux derrière le football. Ned Boulting en a écrit trois : « Le marché a explosé très vite car les gens voulaient absorber l’histoire de ce sport qu’ils commençaient à suivre. Ils n’ont pas grandi en sachant qui était Jacques Anquetil, ils avaient besoin de s’immerger dans cette culture. » La marque de vêtements de luxe Rapha, créée en 2004, est un élément incontournable de cette culture, qui multiplie les références au passé et exploite l’aspect « lifestyle ». Cette partie visible, incarnée par des personnages comme Bradley Wiggins ou le couturier Paul Smith, ne doit pas faire oublier la pratique plus ancienne et populaire dans le Nord, notamment le Yorkshire. Là, la culture des clubs et de la compétition est plus développée. C’est le vélo de Barry Hoban et Tom Simpson, premiers champions des années 1960, obligés de traverser le Channel pour réussir. Pas ou peu d’équipes locales Les courses n’existaient pas, les équipes non plus. Et c’est toujours le problème. Malgré les médailles olympiques, les maillots jaunes, les titres de champion du monde, la Grande-Bretagne ne compte aucune course majeure et une seule équipe – qui, certes, gagne le Tour de France chaque année. Fondées respectivement en 2013 et 2015, les formations Madison-Genesis et Team Wiggins-Le Col, seuls débouchés locaux pour les jeunes britanniques voulant grandir sur route, s’arrêteront à l’issue de la saison. Dave Brailsford, le manager le l’équipe Ineos, ex-Sky. OLI SCARFF / AFP Les courses amateurs manquent. L’économie de la pratique et de la culture cycliste est plus dynamique que celle de la compétition, inexistante. « Le moment est difficile, admet Brian Cookson. Dans tous les pays, il devient difficile d’organiser des courses sur route, et le retour sur investissement pour des équipes au niveau national est faible. Le Brexit pousse beaucoup d’entreprises à mettre leurs investissements sur pause, et la disparition des magasins de cycle, à cause d’internet, fait aussi du tort aux petits clubs. » Des stars en disgrâce Certains en Grande-Bretagne considèrent que la fédération n’a pas suffisamment tiré profit de l’engouement autour du sport et des subventions qui accompagnaient les médailles olympiques. « C’est le problème, s’alarme Simon Mottram, fondateur de Rapha. Les Anglais vont rouler à Gérone, dans les Alpes, à Majorque, mais n’ont rien sur le pas de leur porte ! Les courses ont disparu au moment où les gens se mettaient au vélo. British Cycling n’a pas exploité ce boom. La réalité, c’est que cette révolution a tenu à quelques individus : Dave Brailsford (manager des pistards britanniques puis du Team Sky), Wiggins, Cavendish et Gary Verity. » « Quand on tombe amoureux du cyclisme, on l’est d’un sport, plus que d’une nation. » Ned Boulting, commentateur télé Hormis Mark Cavendish, tous sont tombés en disgrâce dans leur pays, même si Bradley Wiggins reconstruit patiemment son image. Brailsford et son coureur sont soupçonnés d’avoir franchi la ligne jaune du dopage dans leur quête du Tour de France. Gary Verity, président de l’office du tourisme du Yorkshire, à l’origine de la venue du Tour et des championnats du monde, a été poussé dehors cette année par les révélations sur son train de vie et des soupçons de détournement de fonds, qui font l’objet d’une enquête. Lire aussi Dave Brailsford, roi déchu du cyclisme britannique Les affluences du week-end, dans le Yorkshire, diront si ces déconvenues ont douché l’enthousiasme. Ned Boulting « pense que non ». « Quand on tombe amoureux du cyclisme, on l’est d’un sport, plus que d’une nation ou d’une équipe. D’ailleurs, les Britanniques en ont marre de la domination d’Ineos, tout autant que les Français, assure le commentateur humoriste. S’ils se sont passionnés pour le Tour de France cette année, c’est qu’ils aimeraient terriblement qu’un Français puisse l’emporter à nouveau. » Et ceci, promet-il, n’est pas une vanne de son spectacle.
En Angleterre, où se déroulent les Mondiaux de cyclisme, on consomme le vélo sous toutes ses formes. Mais avec les scandales et sans fondations solides, l’avenir inquiète.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/28/le-velo-une-passion-so-british_6013468_3242.html
mlsum-fr-998
Des Boliviens manifestent pour un recomptage des voix à La Paz, le 22 octobre. JORGE BERNAL / AFP Les méthodes de dépouillement de l’élection présidentielle ont précipité les Boliviens dans les rues. Devant l’imminence de l’annonce officielle d’une victoire au premier tour du chef de l’Etat sortant, Evo Morales, un revirement inexpliqué et critiqué par la communauté internationale alors qu’un second tour se profilait dans un premier temps, un appel à la grève générale a été lancé, mardi 22 octobre, dans tout le pays. Ce mouvement, amorcé par l’influent Comité Pro-Santa Cruz, une organisation de la société civile établie à Santa Cruz, capitale économique du pays et bastion de l’opposition, a commencé mercredi à minuit heure locale (6 heures du matin à Paris). En réponse, un groupe de syndicats ouvriers et paysans proches du pouvoir, la Conalcam, a enjoint à ses militants de défendre les résultats officiels et appelé à un rassemblement mercredi à La Paz qui devrait être une démonstration de force en soutien à M. Morales. Par ailleurs, alors qu’il ne s’était pas exprimé publiquement depuis dimanche soir, le chef de l’Etat doit prendre la parole lors d’une conférence de presse prévue à 7 heures (13 heures à Paris). Sans attendre, de nouveaux affrontements entre des manifestants et les forces de l’ordre ont éclaté, mardi soir, à La Paz, devant l’hôtel où se trouve l’autorité électorale chargée du dépouillement. Des centaines de personnes ont lancé des pierres sur la police, qui a répondu avec des gaz lacrymogènes. Lundi à Sucre, la capitale constitutionnelle, et à Potosi (sud-ouest) la foule a mis le feu au tribunal électoral départemental. Un troisième tribunal électoral a été incendié dans la nuit à Cobija, dans le nord du pays. Un écart suspect entre le président et son rival Manifestation à La Paz, en Bolivie, le 22 octobre. UESLEI MARCELINO / REUTERS Aux origines de la colère, les annonces variables du Tribunal suprême électoral bolivien (TSE). Dimanche soir, la présidente du TSE, Maria Eugenia Choque, avait annoncé qu’Evo Morales, âgé de 59 ans, était en tête du premier tour de la présidentielle, avec 45,28 % des voix, suivi par le centriste Carlos Mesa, 66 ans, avec 38,16 %, sur la base de près de 84 % des bulletins dépouillés. Ces résultats semblaient ouvrir la voie à un second tour inédit. Mais, à la reprise du comptage lundi, l’écart s’est creusé. Mardi à 17 heures (heure de Paris), la page web du TSE donnait 46,4 % des voix à Evo Morales, contre 37,07 % à Carlos Mesa, après le dépouillement de 95,63 % des bulletins. Soit une avance de 9,33 points de pourcentage pour le président sortant, au pouvoir depuis 2006 et toujours élu au premier tour. Or, en Bolivie, pour s’imposer dès le premier tour, le candidat qui arrive en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40 % des suffrages avec 10 points de pourcentage d’écart sur le deuxième. Signe supplémentaire du malaise entourant le dépouillement, le vice-président du TSE a annoncé sa démission mardi, et critiqué le système de décompte. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Bolivie de Morales, une économie de marché mêlée d’Etat-providence « Profonde inquiétude » internationale Manifestation antigouvernementale à La Paz, le 22 octobre. Jorge Saenz / AP Cette situation a été dénoncée dès lundi par les observateurs de l’Organisation des Etats américains (OEA), qui ont fait part de leur « profonde inquiétude et surprise face au changement radical et difficile à justifier concernant la tendance des résultats préliminaires ». « Nous n’allons pas reconnaître ces résultats qui font partie d’une fraude réalisée de manière honteuse et qui est en train de placer la société bolivienne dans une situation de tension inutile », a dénoncé, lundi à Santa Cruz, Carlos Mesa, qui exige un second tour. Lundi matin, dans le hall de l’hôtel où s’est réuni le TSE, il avait appelé à la « mobilisation citoyenne jusqu’à ce que le résultat final soit connu ». Les Etats-Unis ont rejeté « la tentative du TSE de corrompre la démocratie bolivienne en retardant le dépouillement et en prenant des décisions qui nuisent à la crédibilité des élections ». De son côté, l’Union européenne a fait part mardi de « graves préoccupations », tandis que l’Espagne a appelé à la « transparence » et au « respect des processus ». En réponse, le gouvernement bolivien a demandé aux observateurs internationaux de l’OEA de vérifier « un à un » les procès-verbaux des élections, au plus vite. La Bolivie « demande que soit établie, au plus vite, une commission pour mener un audit de tout le processus de décompte officiel des votes des élections du 20 octobre », a affirmé le ministre des affaires étrangères, Diego Pary Rodriguez, en conférence de presse.
Le président Evo Morales, qui pourrait finalement être réélu dès le premier tour, doit s’exprimer dans la matinée.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/22/appel-a-la-greve-generale-en-bolivie-apres-des-soupcons-de-fraude-electorale_6016508_3210.html
mlsum-fr-999
Yan Lan, la patronne de Lazard « Grande Chine », à Paris, le 10 octobre 2017. LES CRESPI / PASCO A 5 ans, Yan Lan passait ses vacances chez Deng Xiaoping, l’un des principaux dirigeants chinois. Près de soixante ans plus tard, elle siège au conseil de Lazard. Sa mission : développer les activités de la banque d’affaires dans la « Grande Chine », Hongkong et Taïwan compris. Evidemment, comparée à celle d’un Français né comme elle en 1957, la vie de Yan Lan est extraordinaire. Son autobiographie Chez les Yan (Allary, 2017) en témoigne. Mais elle n’est pas exceptionnelle pour autant. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La banquière chinoise qui exorcise la terreur rouge Yan Lan incarne cette aristocratie communiste chinoise que les soubresauts de l’histoire n’ont pas épargnée mais qui, in fine, parvient à remonter la pente et à retrouver la place qui était la sienne. Une élite à la fois mondialisée et patriote. L’indispensable trait d’union entre les maîtres de la place Tiananmen et ceux de Wall Street. Une contradiction ? Pas du tout. Encore aujourd’hui, Yan Lan se souvient d’une rencontre, en 1979, entre Deng Xiaoping et le patron de l’Encyclopedia Britannica, organisée par son père, Yan Mingfu, ancien interprète de russe de Mao. « Selon moi, l’économie de marché pourrait fonctionner dans un pays socialiste », explique Deng Xiaoping. Cette phrase allait changer le monde. Quarante ans plus tard, attablée dans un restaurant japonais à l’est de Pékin, Yan Lan est inquiète. Deng Xiaoping a trop bien réussi. « C’est le piège de Thucydide. Les Etats-Unis s’effraient de la montée en puissance de la Chine et se lancent dans une guerre froide économique. On en a pour plus de dix ans. Et la Chine est divisée entre les partisans d’une ouverture accrue et les autres, qui prônent au contraire le repli sur soi. Mais face aux insultes de Trump, la Chine ne peut pas se permettre de perdre la face. La situation est très dangereuse », explique-t-elle. En début d’entretien, Yan Lan avait précisé ne vouloir parler que de son livre et du passé. Fort heureusement, le sushi incite aux confidences. Et sa nomination toute récente comme vice-présidente de la banque d’investissement qui s’ajoute à ses fonctions de PDG de Lazard Grande Chine, ne figure pas dans la version française de son autobiographie. Il faut donc bien évoquer le présent. Elève brillante Manifestement, la banque qui doit sa fortune aux fusions et acquisitions internationales ne lui tient pas rigueur du climat des affaires en Chine. Si les investissements directs chinois aux Etats-Unis ont diminué de 90 % en 2018 par rapport à l’année précédente, ceux effectués en Europe ont progressé de 36 %. Or, grâce à sa mère, interprète, qui, au début des années 1960 lui rapporte un « beau livre » en français, qui lui ouvre les portes d’« un monde lointain et étrange », Yan Lan possède aujourd’hui la nationalité française. Plutôt un atout en Chine à une époque où il ne fait pas forcément bon d’être Américain. Mais le temps béni où ses parents voyagent et rapportent des livres étrangers à leur fille prend rapidement fin.
Fille d’un diginitaire du parti, victime de la révolution culturelle, la patronne de Lazard « Grande Chine » reste fidèle à son histoire et à son pays d’origine.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/03/yan-lan-banquiere-francaise-chinoise-de-c-ur_5496247_3234.html
mlsum-fr-1000
Draken et Mikey, les chefs du clan du Tokyo Manji-kai, affrontent des rivaux sous les yeux de Takemichi, au centre. TOKYO REVENGERS © Ken Wakui /Kodansha Ltd. Avec les mangas qui l’ont popularisé, Ken Wakui parle d’un milieu qu’il a fréquenté pendant près d’une décennie : celui de la pègre et des voyous tokyoïtes. Ado, il était un furyo, le nom donné aux jeunes délinquants et aux gangs rendus célèbres dans des mangas comme Racaille Blues (1988) ou GTO (1997). « Au lycée, j’ai été renvoyé un mois après la rentrée pour mon mauvais comportement. Du coup j’ai commencé à travailler comme “host” [l’équivalent masculin des hôtesses] dans un bar pour femmes dans le secteur de Shinjuku à Tokyo », explique t-il par e-mail au Monde. Avant de devenir mangaka, l’artiste a baigné dans le mizu shobai, qui désigne l’univers des métiers de la nuit éclairé par les néons des bars à hôtes et hôtesses du quartier Kabukicho. Le quartier des plaisirs a d’ailleurs servi d’écrin à la série qui l’a propulsé, Shinjuku Swan (2005), une série pour lecteurs adultes (seinen) de 38 tomes adaptée au cinéma, narrant les aventures d’un « scout », sorte de recruteur, de rabatteur de travailleuses du sexe, un boulot qu’a endossé le mangaka avant que la ville de Tokyo ne le criminalise. Aujourd’hui, Ken Wakui porte un regard critique sur ses anciennes activités même s’il y conserve des amitiés, quand ses anciens camarades ne sont pas morts ou incarcérés. Ce milieu reste sa principale source d’inspiration, y compris dans Tokyo Revengers, un shonen (manga pour lecteurs adolescents) dont le troisième tome vient de paraître en France et qui mêle chronique de gang et intrigue fantastique. Un voyage dans le temps avantageux Dans cette série, la première œuvre de l’auteur publiée en VF, le lecteur fait connaissance avec Takemichi, le héros, qui vivote dans un appartement miteux payé par un petit boulot et se lamente d’être puceau à 26 ans. Ce dernier apprend par le journal télévisé qu’Hinata, son unique amour d’adolescent, est morte, victime collatérale d’un règlement de comptes d’un gang important, le Tokyo Manji-kai, dont le nom fait référence aux svastikas bouddhistes (manji en japonais) qu’ils arborent. Alors qu’un jour il manque de se faire écraser, il est transporté douze ans en arrière, se retrouvant collégien du début des années 2000 à traîner avec ses petites frappes d’amis et à flirter avec Hinata. Voulant saisir sa chance de modifier les événements pour changer un funeste destin, Takemichi va sympathiser avec le Manji-kai. Si Ken Wakui a choisi de recourir au voyage dans le temps dans Tokyo Revengers, ce n’est pas pour ses ressorts fantastiques, contrairement à Sekisei Inko (2013), une de ses précédentes BD inédites en France. « Quand on m’a commandé Tokyo Revengers, j’avais pour instruction de livrer une histoire de voyous. Simplement, moi je ne suis pas capable de dessiner les loubards d’aujourd’hui parce que je ne connais que les furyo de mon époque. Donc, j’ai décidé de déplacer mon récit dans le temps », reconnaît l’auteur. Dans son manga, Ken Wakui met en scène la fascination et la crainte de son héros pour ses glorieux aînés du clan. TOKYO REVENGERS © Ken Wakui /Kodansha Ltd. Ce dernier brosse donc un tableau des Bosozoku, les clans de motards, assez nostalgique : « Je voulais parler d’une époque où les furyo avaient du style », confie-t-il. Dans une interview au magazine Atom, il précise : « Les furyo à l’ancienne étaient des voyous par principe et non pour l’argent, comme c’est souvent le cas aujourd’hui. » L’ancien furyo révérait d’ailleurs un principe : celui de ne pas s’en prendre aux gens extérieurs, aux civils. « Appartenir à une bande, du moins à mon époque, c’était surtout du folklore, du paraître. Si on en venait aux mains, c’était contre d’autres furyo, pas des citoyens lambda, avec lesquels on restait au contraire polis et respectueux », défend le mangaka, toujours dans Atom. Une ligne de conduite loyale, classique de ce registre de manga, que le dessinateur prête aux membres de son Tokyo Manji-kai. Nœud gordien Sans faire dans la dentelle, l’auteur confère toutefois une certaine noblesse d’esprit et un grand sens moral aux chefs du gang, Mikey et Draken, deux beaux gosses charismatiques à la tête d’un casting alternant ados ordinaires et tronches cabossées. « Leur code d’honneur n’est pas dépassé, Mikey est classe », assure son créateur. C’est d’ailleurs à ce niveau que se loge le nœud gordien de l’histoire et enjeu du troisième tome, après lequel on a du mal à reposer cette BD : à mesure que Takemichi va tenter de sauver Hinata, et donc revenir à plusieurs reprises dans le passé, il va tisser des liens de plus en plus forts avec le gang. Ce qui rendra d’autant plus difficile son questionnement intérieur et sa mission de sauvetage. Tout en respectant ses codes et revendiquant un fort réalisme, Ken Wakui parvient « à sortir du cadre » comme il le dit, éviter les récits de « Yankees » réchauffés. Mieux, avec ses personnages attachants et son suspense rythmé, il arrive à séduire un plus large public que les amateurs de bagarres rangées. Sans larguer les amoureux de la criminalité romantisée. L’intrigue de « Tokyo Revengers » est ponctuée de bagarres entre furyo. TOKYO REVENGERS © Ken Wakui /Kodansha Ltd. Tokyo Revengers, de Ken Wakui, traduction d’Aurélien Estager, éditions Glénat, 192 p., 6,90 euros.
En mêlant les récits romantiques de mauvais garçons japonais à des astuces fantastiques éculées, le mangaka Ken Wakui offre un manga plutôt rafraîchissant.
https://www.lemonde.fr/les-enfants-akira/article/2019/08/31/tokyo-revengers-un-manga-de-voyous-ecrit-par-un-ancien-voyou_5504916_5191101.html