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mlsum-fr-1001
La rivière Segura a débordé à Orihuela, près de Murcie, en Espagne, le 13 septembre. JON NAZCA / REUTERS Certaines zones du sud-est de l’Espagne ont battu ces derniers jours des records en matière de pluviométrie, ce qui a fait déborder des cours d’eau et causé la mort de cinq personnes en deux jours, ont annoncé les autorités, vendredi 13 septembre. Le dernier corps à avoir été retrouvé est celui d’un homme dans la région de Redovan, à une cinquantaine de kilomètres au sud-ouest de la ville d’Alicante, a déclaré sans fournir d’autres détails une porte-parole des secouristes. Certains des 8 000 habitants de la petite ville de Redovan avaient de l’eau jusqu’aux genoux, vendredi, et d’autres s’activaient à vider leurs logements inondés. Plus tôt dans la journée, un homme de 36 ans a été découvert entre les localités de La Jamula et de Salazar, en Andalousie, ont indiqué sur Twitter les services d’urgence de cette région. Un porte-parole a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) qu’une voiture vide avait d’abord été trouvée puis que le cadavre du conducteur avait été localisé par des pompiers en hélicoptère. Un autre homme – « d’âge moyen » selon les services d’urgence – est mort noyé tôt vendredi matin à Almeria dans la même région. Il n’a pu s’extraire d’une automobile prise au piège dans un tunnel « inondé en quelques minutes en raison de la grande quantité d’eau tombée », selon la mairie de cette ville. Un policier a pu sauver deux autres personnes à bord du véhicule mais cet « occupant est resté » coincé, a expliqué le maire, Ramon Fernandez-Pacheco, à la radio Cadena Ser. Jeudi, les autorités avaient déjà annoncé qu’un homme de 61 ans et sa sœur de 51 ans avaient succombé dans leur voiture emportée par les eaux, à Caudete, dans la région de Castille-La Manche. Redovan est l’une des villes touchées par les inondations qui frappent le sud-est de l’Espagne. JOSE JORDAN / AFP Des sauveteurs sur un jet-ski Des images vidéo diffusées par les services d’urgence montrent des sauveteurs se déplaçant à jet-ski sur une autoroute inondée, des flots d’eau brune traversant des rues, ou encore des voitures submergées. Au total, plus de 3 500 personnes ont été évacuées, a déclaré à l’AFP le ministère de l’intérieur espagnol. Au moins 74 routes ont été fermées du fait des inondations, a également fait le savoir le ministre de l’intérieur, Fernando Grande-Marlaska, évoquant devant la presse « une situation dramatique » et indiquant qu’environ 3 000 membres des forces de l’ordre ou militaires sont mobilisés pour les opérations de secours. L’aéroport de la ville de Murcie est resté fermé pour la journée et celui (régional) d’Almeria l’a également été pendant plusieurs heures. Par ailleurs, 22 vols prévus à destination de Palma, sur la très touristique île de Majorque dans l’archipel des Baléares, ont été déviés vers d’autres aéroports espagnols, selon le gestionnaire d’aéroports Aena. L’an dernier, en octobre, des inondations avaient fait 13 morts à Majorque, des habitants ayant été surpris par la montée des eaux d’un torrent à la suite de pluies diluviennes. Enchevêtrement de voitures après des inondations à Los Alcazares, en Espagne, le 13 septembre. SERGIO PEREZ / REUTERS « Situation critique » La circulation des trains a été suspendue sur plusieurs lignes dans les régions de Valence et de Murcie, a annoncé la société nationale d’exploitation des chemins de fer espagnols, Renfe. « La situation reste critique. Je demande s’il vous plaît que personne ne sorte de chez soi », a lancé le président de la région de Murcie, Fernando Lopez Miras, sur la télévision publique. Les écoles sont restées fermées dans toute la région de Murcie et dans plusieurs localités de la province d’Almeria, selon le ministère de l’intérieur. Dans la seule région de Valence, plus de 689 000 élèves ont été dispensés de classe, a déclaré le gouvernement régional.
Des précipitations record dans le sud-est du pays ont également nécessité l’évacuation de plus de 3 500 personnes et la fermeture de routes, d’aéroports et d’écoles.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/14/espagne-cinq-morts-en-deux-jours-dans-des-inondations_5510279_3210.html
mlsum-fr-1002
Sandrine Piau Si j’ai aimé Mélodies avec orchestre de Saint-Saëns, Bordes, Berlioz, Massenet, Dubois, Vierne, Guilmant, Martini. Œuvres orchestrales de Pierné, Duparc, Massenet, Godard. Sandrine Piau (soprano), Le Concert de la loge, Julien Chauvin (violon et direction) Pochette de l’album « Si j’ai aimé », par Sandrine Piau (soprano), Le Concert de la loge, Julien Chauvin (violon et direction). ALPHA / OUTHERE MUSIC S’il est une artiste en son zénith, c’est bien Sandrine Piau, dont le soprano ductile et fruité, la subtile maîtrise du phrasé, l’art prosodique tendent à un point de perfection. Attente, désir, passion, douleur, réminiscences : plus qu’un bouquet de violettes, ce passionnant parcours offre à l’amour quinze pièces qui mêlent aux raretés et premières discographiques quelques œuvres connues (deux extraits des Nuits d’été, de Berlioz). Au sommaire, de rares et belles mélodies de Saint-Saëns (Extase, Papillons), Massenet (Le Poète et le Fantôme, Aimons-nous…), Vierne, Dubois et surtout Charles Bordes, dont la Promenade matinale s’accompagne plus habituellement du piano. Ranimées par les musiciens de Julien Chauvin, quelques pages orchestrales de Duparc, Massenet et Godard distillent leurs parfums subtils ou enivrants. Marie-Aude Roux 1 CD Alpha/Outhere Music. Kaija Saariaho & Jean-Baptiste Barrière Ekstasis Raphaële Kennedy (voix), Aliisa Neige Barrière (violon) et Camilla Hoitenga (flûte) Pochette de l’album « Ekstasis », avec des œuvres de Kaija Saariaho et de Jean-Baptiste Barrière. CYPRÈS Si Jean-Baptiste Barrière et Kaija Saariaho apparaissent rarement l’un sans l’autre à l’occasion d’un concert, leurs musiques ne voisinent pas souvent à l’affiche d’un programme, comme sur ce CD à la conception sophistiquée. Mêmes effectifs (de type solo plus électronique), mêmes interprètes (parmi lesquels la fille du couple, Aliisa Neige Barrière) et même propension à la confidence intimiste dans les trois œuvres de chaque compositeur. Celles de Saariaho (écrites dans les années 1990) témoignent d’une exceptionnelle qualité de déploiement. Tissage arachnéen pour Nocturne, amplification spatialisée pour NoaNoa et révolutions enchanteresses pour Lonh. Plus récentes (2003-2014), celles de Barrière (le virevoltant Crossing the Blind Forest, l’envoûtant Violance et le pénétrant Ekstasis) révèlent un goût pour la projection du geste vocal ou instrumental qui, avant même de visionner le Blu-ray couplé au CD (même programme, avec images), assure que le musicien se double d’un authentique metteur en scène. Pierre Gervasoni 1 CD et 1 Blu-ray Cyprès. Fred Hersch & The WDR Big Band Begin Again Pochette de l’album « Begin Again », de Fred Hersch et The WDR Big Band. PALMETTO RECORDS / BERTUS DISTRIBUTION Pianiste chez qui la manière impressionniste prime souvent, dans les compositions et leur interprétation, le plus souvent dans la forme du solo ou du trio, l’Américain Fred Hersch bénéficie dans cet album des arrangements de Vince Mendoza à la tête du WDR Big Band (cinq saxophonistes jouant à l’occasion de la flûte et de la clarinette, quatre trompettistes, autant de trombonistes, un guitariste et le duo rythmique basse et batterie). De quoi mettre en valeur, avec une attention à ne pas surligner par des effets faciles de brillance, les courbes chantantes, les douceurs romantiques de l’écriture de Hersch. Au rappel régulier d’une inspiration qui trouve ses sources dans la musique classique européenne du XIXe siècle, celui-ci ajoute des citations, discrètes, du jazz afro-cubain (Havana), du blues fondateur (The Big Easy) et quelques envolées au swing détonant (la fin de The Rain Waltz, Forward Motion). Un recueil tout en raffinement et élégance musicale. Sylvain Siclier 1 CD Palmetto Records/Bertus Distribution. Richard Hawley Further Pochette de l’album « Further », de Richard Hawley. MAGIC QUID LIMITED / BMG C’est par la stridence d’une guitare saturée et le déploiement rock de la chanson Off my Mind que débute Further, le nouvel album de Richard Hawley, son huitième depuis 2001. Une direction que relance aussitôt Alone, avant de retrouver avec My Little Treasures et Further ce qui a si souvent enchanté les amateurs du chanteur et guitariste britannique, la ballade parée de cordes, écrin délicieux pour sa voix caressante, menant vers le dépouillement acoustique d’Emilina Says. Puis, un peu comme si l’album avait été avait été conçu pour deux faces de disque vinyle 33-tours, Further reprend son élan rock pour mieux reconduire vers les ambiances rêveuses jusqu’à Doors. Interprète au lyrisme expressif, Richard Hawley a ramassé ici son propos en courtes chansons. Toutes font mouche, en subtil équilibre entre l’emportement rageur et la douceur mélancolique. S. Si. 1 CD Magic Quid Limited/BMG. Bill Callahan Shepherd in a Sheepskin Vest Pochette de l’album « Shepherd in a Sheepskin Vest », de Bill Callahan. DRAG CITY / MODULOR « Cela faisait bien longtemps. Pourquoi ne rentrerais-tu pas à l’intérieur ? », chante dès la première minute le songwriter américain Bill Callahan à un vieil ami venu frapper à sa porte après une longue absence. C’est pourtant lui qui nous revient après six années de hiatus. Désormais quinquagénaire, marié et père de famille, le pilier du rock alternatif qui se faisait autrefois appeler Smog brise le silence avec un double album d’une vingtaine de chansons. Surprise, il a troqué son folk-rock réputé rugueux et nihiliste pour un country-folk arrangé, à la plénitude inédite. Les récents événements heureux qui ont changé sa vie ont manifestement eu une forte incidence sur sa musique. Sa voix grave et posée chante les choses ordinaires de la vie, toujours avec une remarquable économie de moyens et de mots. Qu’il évoque l’inspiration (Writing) ou son mariage (Watch me Get Married), ses douces introspections sont d’une beauté désarmante. Franck Colombani 1 CD Drag City/Modulor. Joanne McIver & Christophe Saunière Canty Pochette de l’album « Canty », de Joanne McIver et Christophe Saunière. BUDA MUSIQUE / SOCADISC Originaire de l’île d’Arran, au sud-ouest de l’Ecosse, la chanteuse et musicienne (flûte, cornemuse) Joanne McIver sait ce qu’elle doit à son grand-père qui lui a mis les chansons du temps jadis à l’oreille. Elle ouvre son enchanteur nouvel album en lui rendant hommage (Malcolm). Viennent ensuite la pathétique histoire d’une femme guettant son amoureux à la fenêtre, qui finalement ne viendra pas (Caite Bheil) ou le poète paysan Robert Burns (1759-1796) qu’elle imagine enfant insomniaque, l’esprit agité de mystères et de fantômes (Wee Rabbie). Accompagnée à la harpe par Christophe Saunière, parfois rejointe par des cordes, un accordéon, une basse (Alain Genty) et des cuivres qui apportent une touche insolite à cet univers celtique, elle égrène d’une voix claire et limpide, en anglais et gaélique, des petites histoires, écrites et composées en s’inspirant de ce que lui racontent ses souvenirs d’enfance. Ou ravive des personnages légendaires, tel Rob Roy MacGregor (1671-1734), le « Robin des bois » écossais qui volait du bétail aux riches pour le donner aux pauvres. Patrick Labesse 1 CD Buda Musique/Socadisc. The Divine Comedy Office Politics Pochette de l’album « Office Politics », de The Divine Comedy. DIVINE COMEDY RECORDS LIMITED / PIAS Depuis près de trente ans, la verve satirique de Neil Hannon, le démiurge de The Divine Comedy, accompagne souvent les élans romantiques de sa pop orchestrale. Délaissant cette fois les arrangements baroques au profit de vieux synthétiseurs, le dandy nord-irlandais a choisi d’exercer ses talents de chroniqueur des travers du monde contemporain en consacrant son douzième album à la vie de bureau et un quotidien aliéné par les machines. A la façon d’un Tati « british » s’amusant de l’absurdité tragi-comique des mutations technologiques, le crooner à la voix de lord illustre son propos en jouant de la robotique musicale (Office Politics, The Synthesiser Service Centre Super Summer Sale) et de la répétition de boucles (electro-glam dans Infernal Machines, funky dans Absolutely Obsolete et The Life and Soul of the Party). Si Queuejumper sautille avec entrain, si la profondeur nostalgique de Norman and Norma s’inscrit dans le meilleur du répertoire « divin », on regrettera que ce disque minutieusement arrangé, mais trop long (seize titres !), cultive sa thématique et ses clins d’œil humoristiques au détriment de la richesse mélodique habituellement chère à Neil Hannon. Stéphane Davet 1 CD Divine Comedy Records Limited/PIAS.
A écouter notamment cette semaine : une soprano à son zénith qui chante l’amour, une voix rock au lyrisme expressif, un album celtique enchanteur…
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/14/selection-albums-sandrine-piaux-richard-hawley-joanne-mciver-christophe-sauniere_5476414_3246.html
mlsum-fr-1003
Le tribunal correctionnel de Paris juge, du lundi 7 au jeudi 31 octobre, six personnalités pour leur rôle dans des contrats d’armement suspects négociés puis conclus il y a… plus de vingt-cinq ans. Dans Ubu roi, publié en 1896, Alfred Jarry, précurseur du théâtre de l’absurde et du mouvement surréaliste, faisait dire à son antihéros : « La liberté, c’est de ne jamais arriver à l’heure. » Il en va de même, semble-t-il, de la justice dans cette histoire sans fin qu’est devenue l’affaire dite « de Karachi ». Ubuesque et surréaliste, cette saga politico-financière, « saucissonnée » en trois procédures distinctes, n’a cessé de l’être depuis sa miraculeuse mise au jour. Et, un quart de siècle après les faits qui en constituent le fondement, l’épilogue de cet interminable feuilleton n’est toujours pas connu. En apparence, pourtant, jamais un dénouement n’a semblé aussi proche, avec l’ouverture de ce procès pour « abus de biens sociaux » et « recel ». Derrière ces incriminations passe-partout, la vente en 1994 par la France, sous l’égide de la direction des constructions navales (DCN, aujourd’hui Naval Group), de trois sous-marins au Pakistan et de trois frégates à l’Arabie saoudite. De mirifiques contrats (près de 4 milliards d’euros au total) suspectés d’avoir donné lieu au versement de rétrocommissions, notamment au bénéfice de la campagne présidentielle du premier ministre Edouard Balladur, en 1995. Lire aussi Comprendre l’affaire de Karachi en 6 épisodes Pendant criminel Sur le banc des prévenus se côtoieront Nicolas Bazire (ex-directeur de la campagne de M. Balladur), Renaud Donnedieu de Vabres (alors conseiller du ministre de la défense, François Léotard), Thierry Gaubert (membre du cabinet de Nicolas Sarkozy, à l’époque ministre du budget), Dominique Castellan (ancien responsable de la DCN), et enfin deux intermédiaires d’origine libanaise, Abdul Rahman El-Assir et Ziad Takieddine. Vont donc être jugés, en 2019, les artisans supposés de malversations commises… vingt-cinq ans plus tôt. A cette première anomalie s’en ajoute une autre : les deux hommes soupçonnés d’avoir été les commanditaires de ces opérations occultes seront absents : les cas de MM. Léotard et Balladur, ministres au moment des faits, ont été disjoints et transférés à la Cour de justice de la République (CJR), qui pourrait les juger de son côté, pour les mêmes faits, le parquet général ayant requis cet été la tenue d’un procès. Au mieux, il se tiendra l’an prochain, mais la lenteur de la CJR étant proverbiale, rien n’est moins sûr. En 2020, M. Léotard aura 78 ans, et M. Balladur 91 ans…
Six hommes comparaissent à partir de lundi devant le tribunal dans une affaire qui concerne le financement de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995. Alors premier ministre, celui-ci sera jugé ultérieurement avec François Léotard par la Cour de justice de la République.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/07/karachi-un-proces-et-deux-grands-absents_6014529_3224.html
mlsum-fr-1004
Parmi les propos assez convenus tenus par les associations d’élus locaux, plus générateurs d’immobilisme que d’innovation, les propositions portées par l’Association des directeurs généraux des communautés de France (ADGCF) sont pour le moins détonantes. Ces hauts fonctionnaires territoriaux, dont les universités d’été se tiennent à Deauville (Calvados) du 3 au 5 juillet, plaident pour « un aggiornamento de l’action publique locale ». Pour nourrir leur réflexion, ils ont disséqué la littérature consacrée aux politiques territoriales – une cinquantaine d’ouvrages répertoriés –, réalisé des entretiens avec des « grands témoins », organisé un cycle de treize séminaires en région puis conduit une enquête auprès de l’ensemble des directeurs généraux d’intercommunalité – 427 ont répondu. Dix-huit mois de travail pour aboutir au document intitulé « Quel monde territorial demain ? » présenté à ces universités d’été. « Il ne s’agit pas pour nous de contester la légitimité démocratique des élus, assure le président de l’ADGCF, Pascal Fortoul. Nous sommes là pour les servir mais nous avons le droit de penser et cela ne nous empêche pas d’avoir une opinion sur la décentralisation. » Leur premier constat peut être largement partagé, y compris par ces élus locaux : « L’uniformisation des politiques publiques ne marche pas. » Mais c’est sur les conclusions, probablement, que porteront les divergences. Surtout quand ces hauts cadres territoriaux, au cœur de la conduite de l’action publique locale, s’interrogent sur les ressources dont disposent les collectivités et se demandent si elles ne sont pas trop « abondantes ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les élus locaux veulent une nouvelle étape de la décentralisation « Blocages institutionnels » « Contrairement au discours récurrent de certains élus locaux complaisamment relayé par les médias, font-ils le constat, la ressource est parfois encore trop abondante pour que les collectivités territoriales basculent pleinement dans une logique coopérative et optent pour des évolutions structurelles. » Pour eux, ce « confort » financier, entretenant une concurrence permanente entre les collectivités pour obtenir plus de ressources fiscales ou de dotations, est à l’origine du « poids des blocages institutionnels, politiques et corporatistes ». Aussi proposent-ils ni plus ni moins que de « déterritorialiser la fiscalité économique » (cotisation foncière des entreprises, cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, imposition forfaitaire des entreprises de réseaux…), soit près de 28 milliards d’euros en 2017. Pour la grande majorité des directeurs généraux de communautés et métropoles, cette territorialisation de la fiscalité économique agit comme un frein à la coopération entre les territoires. Elle « contribue à entretenir une concurrence néfaste et artificielle entre les territoires et à produire des stratégies économiques erronées (…) et rend in fine difficile le passage à une logique de coopération via le déploiement de politiques interterritorialisées ». Pour l’ADGCF, la « vraie » réforme de décentralisation reste encore à faire. Ses responsables ne cachent pas leur déception au vu des annonces de l’exécutif après la crise des « gilets jaunes » et après la présentation de l’avant-projet de loi « proximité et engagement ». « Ce projet de loi est censé répondre à ce que le président de la République a entendu pendant le grand débat, déplore M. Fortoul. En réalité, il n’a pas entendu le peuple, il a entendu les représentants du peuple et, en particulier, les maires ruraux. » Selon eux, l’acte III de la décentralisation annoncé pour le premier semestre 2020 « conduit à un statu quo » : « Des départements sauvés, des régions fusionnées sans réelle montée en puissance, des métropoles de droit commun dont le statut se différencie à peine de celui des communautés urbaines ». « Les petites patries perdurent, concluent-ils, mais elles restent subordonnées au pouvoir central. » « Retour en arrière » Les directeurs généraux dressent un constat paradoxal : « C’est au moment où la société française s’inscrit moins que jamais dans les territoires que prospère le plus l’idéologie territoriale. » Et ils ne cachent pas leur inquiétude quant à la « petite musique » qui s’est installée depuis le grand débat sur le retour à la « proximité ». « C’est une sorte de retour en arrière, alors que le problème n’est pas la proximité mais l’accessibilité », déplore M. Fortoul. Les modes de vie ont changé, les espaces de production, d’habitat, d’échanges ont évolué, les grandes mutations contemporaines bousculent les fondements de l’ordre territorial et la « guerre des territoires » se poursuit comme si de rien n’était. « Jamais depuis l’adoption de la loi NOTRe, la défense catégorielle des territoires n’a été aussi vive et aussi âpre », déplorent-ils. En définitive, concluent-ils, le « dogme de la proximité » n’est-il pas le meilleur alibi au statu quo ? Un propos clairement à rebours de la tonalité ambiante. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Décentralisation : les pistes du gouvernement
Les directeurs généraux de communautés de France vont présenter les résultats d’une enquête lors de leur université d’été, à Deauville, à partir du 3 juillet. Ils proposent notamment de « déterritorialiser la fiscalité économique ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/02/le-pave-dans-la-mare-des-cadres-territoriaux_5484343_823448.html
mlsum-fr-1005
A Rabat en juillet 2012. FADEL SENNA / AFP Chacun donne son avis sur cette affaire qui fait polémique. Une célèbre actrice marocaine et un réalisateur sont soupçonnés d’adultère. Une plainte a été déposée par le mari de la jeune femme. « Le 7 juillet, ma cliente a été placée en garde à vue vers 9 heures du matin, elle a pu rentrer chez elle dix heures plus tard. Pour l’instant, il n’y a pas de poursuites, faute de preuves », nous confie l’avocat de l’actrice, Me Tayeb Adlouni Alami. Le réalisateur a pour sa part subi le même sort. Le 11 juillet, le procureur du roi a décidé de remettre le dossier à la police judiciaire pour « complément d’enquête ». Une décision « bizarre et non fondée », selon l’avocat de la jeune femme, « puisque, selon la loi marocaine, cette infraction ne peut pas être établie par tout mode de preuve. Le Code de la procédure pénale exige le flagrant délit » qui n’a pas été constaté au moment de l’interpellation de l’actrice et du réalisateur. Lire aussi Au Maroc, condamnation à mort pour les trois principaux suspects du double assassinat de touristes Retrouvés au petit matin dans le même appartement à Casablanca, les deux interpellés ont nié toute relation sexuelle, expliquant qu’ils se retrouvaient tard le soir pour travailler et discuter d’un projet artistique. Le mari de la comédienne, un homme d’affaires installé à l’étranger, maintient ses accusations d’infidélité, affirmant pouvoir prouver les faits par des photos et des vidéos. Liberté des personnes adultes Cette affaire a choqué au Maroc et a fait réagir la société civile. Plusieurs organisations féministes s’en sont saisi pour rappeler leur combat pour la dépénalisation de l’adultère et des relations sexuelles hors mariage, alors que la réforme du Code pénal est en discussion au Parlement. Au Maroc, 3 000 personnes ont été poursuivies en 2018 pour adultère, au regard des articles 491 et 492 du Code pénal, et les deux protagonistes risquent un an à deux ans de prison ferme. « Si des affaires comme celle-ci arrivent tout le temps, ce cas particulier déplace le débat dans l’espace public, car cette actrice est une personnalité connue », assure Fouzia Assouli, présidente de la Fondation euro-méditerranéenne des femmes (FEMF) et présidente d’honneur de la Fédération de la ligue démocratique des droits des femmes (FLDDF). « La pénalisation de l’adultère est une violation des libertés individuelles. Il s’agit de relations individuelles entre adultes responsables. La loi n’a pas à interférer sur le plan éthique ou moral. Cette loi est même contraire à la Constitution marocaine de 2011 qui demande le respect de la dignité et de la liberté des personnes », argumente la militante. Même son de cloche au sein de la coalition d’associations Le Printemps de la dignité, qui demande l’abrogation des articles 490 à 493 du Code pénal pénalisant les relations sexuelles hors mariage. « Ces articles jouent principalement contre les femmes », soutient Khadija Rougani, membre de la coalition, déplorant l’absence de données pour appuyer son point de vue. « Malheureusement, nous n’avons pas de chiffres, regrette-t-elle, car les responsables politiques ne nous donnent pas ces informations. » Mais la militante a pu constater sur le terrain une nette discrimination dans l’application des lois. D’autant plus que les femmes ne vont pas toujours au bout de leur plainte et se retirent souvent de la procédure, alors même que l’adultère masculin est encore « vu comme un signe de virilité » dans la société marocaine. Application de la loi déviée par le culturel Khadija Rougani rappelle aussi que la loi pénalise les relations sexuelles, « et non pas deux personnes de sexe opposé qui se retrouvent tard le soir dans un appartement », précise-t-elle. « Dans les articles 490 à 493, les preuves sont limitées au flagrant délit, aux aveux ou écrits et photos qui concernent la relation sexuelle et pas autre chose. Cependant, leur application est souvent déviée à cause des mentalités, insiste la militante. Le premier référentiel des autorités judiciaires n’est pas la loi mais le culturel. » Pour que sa voix soit entendue sur la réforme de la loi, la société civile a alors déposé une liste de recommandations aux parlementaires de la commission justice, législation et droits humains. « Nous avions l’ambition de restructurer le Code et la procédure pénaux pour qu’ils soient en harmonie avec les conventions internationales signées par le Maroc », témoigne Amina Maelainine, députée du Parti justice et développement (islamiste), membre de la commission. « Mais finalement, le gouvernement a décidé de faire une réforme partielle et il n’est pas prévu que soient touchés les articles 490 à 493 », précise-t-elle, dans l’attente des amendements que la commission devrait commencer à examiner à la rentrée. « Certains partis politiques disent nous soutenir mais n’agissent pas. Nous avons organisé beaucoup de rencontres, nous avons présenté un mémorandum à Mohammed Aujjar, le ministre de la justice. Il nous a fait des promesses », liste Fouzia Assouli, la présidente de la FEMF, consciente qu’il sera compliqué de faire bouger les mentalités même si, estime-t-elle, « la société marocaine est prête ». En 2018, l’âge moyen au moment d’un premier mariage était de 31,9 ans pour les hommes contre 25,5 ans pour les femmes, selon l’enquête nationale sur la population et la santé familiale (ENPSF) réalisée par le ministère de la santé. « Les relations sexuelles hors mariage et adultère sont une réalité dominante, que ce soit dans les milieux islamistes ou non. C’est un fait, il faut que les lois prennent en compte cette réalité. Pénaliser une pratique dominante est illogique ! », s’agace la militante. Théa Ollivier (Casablanca, correspondance)
L’interpellation au petit matin d’une actrice avec un réalisateur a soulevé l’indignation des associations féministes alors que le Code pénal est en révision au Parlement.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/24/au-maroc-une-affaire-d-adultere-relance-le-debat-sur-sa-depenalisation_5493004_3212.html
mlsum-fr-1006
Boris Johnson à Cardiff, au Pays de Galles, le 6 juillet. David Mirzoeff / AP Les fuites dans la presse destinées à compromettre l’ambassadeur britannique à Washington, le proeuropéen Kim Darroch, ne pouvaient pas tomber à un moment plus propice pour les partisans du Brexit. Elles mettent en lumière la parenté des idées anti-européennes du président américain Donald Trump avec celles de Boris Johnson, probable prochain premier ministre du Royaume-Uni. Elles soulignent aussi la dégradation des mœurs politiques liées à l’impasse du Brexit et aux tensions qu’elle génère. Dimanche 7 juillet, le Mail on Sunday a publié des extraits de télégrammes diplomatiques confidentiels adressés à Londres par M. Darroch depuis 2017, dans lesquels il qualifie le gouvernement Trump d’« inepte » et « dysfonctionnel ». L’ambassadeur y confirme la réalité des luttes internes à la Maison Blanche et souligne la confusion qui a régné au sein de l’administration américaine après la décision prise in extremis par M. Trump d’annuler une frappe militaire visant l’Iran. « Nous ne pensons pas vraiment que cette administration, écrit M. Darroch, va devenir plus normale, moins dysfonctionnelle, moins imprévisible, moins divisée, moins maladroite, moins inepte diplomatiquement. » Donald Trump a haussé le ton, qualifiant de « dingue » et d’« idiot prétentieux » l’ambassadeur britannique Dès le lendemain de cette publication, le président américain a annoncé sur Twitter que les Etats-Unis « ne traiteraient plus » avec l’ambassadeur britannique. Prétendant « ne pas connaître » M. Darroch, Donald Trump a affirmé qu’il n’était « pas apprécié aux Etats-Unis ». Mardi 9 juillet, le président a encore haussé le ton : qualifiant de « dingue » et d’« idiot prétentieux » l’ambassadeur britannique, il lui a conseillé de « parler à Theresa May » de sa « négociation ratée sur le Brexit ». Au passage, M. Trump étrille la première ministre sur le départ, lui reprochant de ne pas avoir suivi ses conseils et d’avoir créé « le chaos ». Downing Street, tout en qualifiant de « regrettables » ces fuites et en affirmant que leur contenu ne reflète pas « la proximité » des relations entre Londres et Washington, a défendu son ambassadeur. « Sir Kim Darroch continue d’avoir l’entier soutien de la première ministre », a assuré un porte-parole. Mais l’ambassadeur n’a pas assisté, mardi, à l’entrevue entre Liam Fox, ministre britannique du commerce extérieur, et Ivanka, fille et conseillère du président, au cours duquel M. Fox devait tenter de calmer le jeu. Le ministre se trouve à Washington pour tenter de faire avancer la perspective d’un accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, grande promesse des partisans du Brexit destinée à prendre le relais de l’appartenance au marché unique européen. Dépendance à l’égard de Washington La crise diplomatique entre deux pays censés être unis par une « relation particulière » met à nu la dépendance à l’égard de Washington dans laquelle le Brexit risque de placer Londres. « On ne peut pas changer un ambassadeur à la demande d’un pays étranger », a lancé mardi à la BBC William Hague, ancien ministre des affaires étrangères. Ces fuites portent atteinte « non pas aux relations avec les Etats-Unis, veut croire Peter Ricketts, ancien ambassadeur britannique à Paris, mais à la réputation des Britanniques de garder leurs secrets et à l’empressement [des diplomates] à partager des informations efficaces permettant de prendre de bonnes décisions ». De nombreux observateurs relient les fuites diplomatiques au climat politique délétère lié à l’impossibilité de mettre en œuvre le Brexit, trois ans après le référendum qui en a décidé. Une enquête a été ouverte pour tenter d’identifier les auteurs de ces indiscrétions, dont le timing et l’objectif paraissent limpides : accélérer le renvoi d’un ambassadeur défenseur de l’Europe et du multilatéralisme pour le remplacer par une personnalité plus en phase avec Boris Johnson – favori pour remplacer Theresa May le 23 juillet –, mais aussi avec le président américain. Le mandat à Washington de M. Darroch, 65 ans, ancien représentant du Royaume-uni auprès de l’Union européenne, expire en janvier 2020. « La bonne nouvelle pour le merveilleux Royaume-uni est qu’il va bientôt avoir un nouveau premier ministre », a aussi écrit sur Twitter M. Trump, qui qualifie M. Johnson d’« ami » et appelle de ses vœux son arrivée au pouvoir. Mardi soir, lors d’un débat télévisé, M. Johnson a refusé de répondre à la question de savoir s’il maintiendrait en poste M. Darroch à Washington. « J’ai une bonne relation avec la Maison Blanche et je ne suis pas gêné de le dire », a-t-il déclaré. L’affaire, en mettant en cause la diplomatie britannique connue pour son professionnalisme et sa loyauté, ébranle le Foreign Office. « Notre pays vit un moment de fragilité et de turbulence. Il est irresponsable de saper un fondement fondamental et crucial de notre puissance », déclare au Guardian Tom Fletcher, ancien ambassadeur britannique au Liban. En janvier 2017, des fuites avaient forcé Ivan Rogers, ambassadeur britannique auprès de l’UE, à démissionner. Proeuropéen, M. Rogers mettait en garde Mme May sur les risques de sa politique. Déstabilisation de la haute fonction publique Le scandale avec Washington fait aussi écho à la déstabilisation de la haute fonction publique, prise à partie dans la quasi-guerre de religion qu’est devenu le Brexit. Mark Carney, gouverneur de la banque d’Angleterre, a été traité de « saboteur » par des partisans du Brexit en raison de ses mises en garde sur la dégradation de l’économie. Au début du mois de mai, des discussions secrètes du Conseil national de sécurité sur le risque de faire participer la firme chinoise Huawei à la couverture britannique 5G ont fuité dans la presse, obligeant le ministre de la défense, Gavin Williamson, mis en cause, à démissionner. Ce dernier est aujourd’hui l’un des dirigeants de la campagne de M. Johnson pour Downing Street. La fuite du « Mail on Sunday » braque les projecteurs sur le leader d’extrême droite Nigel Farage La déstabilisation de l’ambassadeur Darroch va probablement amener le prochain premier ministre – au vu des sondages, certainement M. Johnson – à lui choisir un remplaçant. Jusqu’à présent circulait le nom de Mark Sedwill, actuel secrétaire général du gouvernement. Mais la fuite du Mail on Sunday, publiée sous la signature d’une journaliste proche d’Arron Banks, financier de la campagne pro-Brexit du leader d’extrême droite Nigel Farage, braque les projecteurs sur ce dernier. Sitôt après son élection, en novembre 2016, Donald Trump avait reçu M. Farage. « Beaucoup de gens aimeraient voir Nigel Farage représenter la Grande-Bretagne comme ambassadeur aux Etats-Unis, avait alors déclaré M. Trump. Il ferait un excellent travail ! » Se disant « très flatté », l’intéressé n’avait pas rejeté la proposition qui visait à remplacer Kim Darroch, nommé ambassadeur à Washington en janvier 2016. Londres avait alors balayé la suggestion présidentielle. Interrogé mardi 8 juillet à la BBC, Nigel Farage a affirmé qu’il n’était « pas la bonne personne » pour être ambassadeur à Washington. Il pense cependant pouvoir « être très utile ». « Suis-je la bonne personne pour aider à construire une meilleure relation en termes de renseignements, de sécurité et de commerce avec une administration où j’ai des amis ? Oui », a-t-il fanfaronné. Pendant sa visite à Londres, le 4 juin, Donald Trump a rencontré Nigel Farage à l’ambassade américaine. Depuis que son Parti du Brexit est arrivé en tête aux Royaume-Uni lors des élections européennes du 23 mai, le premier promoteur du divorce avec l’UE est revenu au centre du jeu politique. Au point que Boris Johnson pourrait avoir à conclure un pacte électoral avec lui en cas d’élections législatives, cet automne, pour éviter une déconfiture du Parti conservateur. Un récent sondage montre à quel point les 160 000 adhérents des tories qui vont désigner leur futur leader et, partant, le premier ministre, sont en phase avec le président américain : 46 % d’entre eux pensent que le danger de réchauffement climatique a été « exagéré » et 56 % que « l’islam menace le mode de vie britannique ». Ils sont même 54 % (contre 43 %) à trouver que le président américain ferait un bon premier ministre, soulignant le risque d’une « trumpisation » du Royaume-Uni sous Boris Johnson.
La confusion du Brexit et le discrédit jeté sur l’ambassadeur britannique à Washington ne font que rapprocher le président américain et le probable prochain premier ministre du Royaume-Uni.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/09/la-crise-diplomatique-entre-washington-et-londres-met-en-lumiere-l-axe-trump-johnson_5487390_3210.html
mlsum-fr-1007
Un site d’extraction de pétrole près de Midland (Texas), le 21 août. Jessica Lutz / REUTERS Matières premières. L’observateur distrait pourrait s’y laisser prendre. Puisque les cours du brut continuent depuis plusieurs semaines d’osciller entre 58 et 65 dollars (entre 52 et 59 euros), c’est que le marché est stable et le pétrole proche d’un prix d’équilibre. Tout va donc pour le mieux au pays de l’or noir… a priori. La réalité est bien plus inquiétante, et porte en elle les germes d’une nouvelle crise. Alors que le monde consomme chaque jour plus de 100 millions de barils, le marché pétrolier, extrêmement volatil, semble plus fragile que jamais. Du côté de l’offre, les perturbations s’accumulent, et les signaux sont contradictoires. D’abord, la production américaine de pétrole de schiste. Grâce à elle, les Américains sont devenus, en 2018, les premiers producteurs mondiaux de brut, avec plus de 12 millions de barils par jour. Mais cette croissance stagne et plusieurs analystes sont en train de revoir à la baisse les perspectives pour les années à venir. Or le pétrole américain est devenu la variable d’ajustement du marché mondial : si les prix montent, le Bassin permien, dans l’ouest du Texas, voit les forages se multiplier. Si les prix baissent ou stagnent, l’activité ralentit. Ensuite, dans le golfe Arabo-Persique, les tensions irano-saoudiennes se sont accrues. L’offensive foudroyante menée contre les installations pétrolières saoudiennes, le 14 septembre, a coûté au royaume wahhabite la moitié de sa production de brut pendant plusieurs semaines. Une douzaine d’attaques sur des tankers ont eu lieu ces derniers mois. Et les sanctions américaines sur le pétrole iranien paralysent les exportations du pays. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pétrole : le marché mondial de l’or noir au bord de la crise Inquiétudes sur l’économie mondiale A cela s’ajoute l’effondrement du Venezuela, toujours embourbé dans une profonde crise politique et économique. Ses exportations ont été divisées par plus de deux du fait du conflit qui met aux prises le président Nicolas Maduro et l’opposition. Les mobilisations sociales en Equateur et en Algérie contribuent aussi à réduire l’offre pétrolière mondiale. Risques géopolitiques, incertitudes sur l’offre, réductions de la production : la somme de toutes ces opérations devrait logiquement conduire à un prix du pétrole en hausse. C’est pourtant l’inverse qui se produit. Depuis des semaines, les inquiétudes qui s’expriment quant à la situation économique mondiale et la guerre commerciale entre Washington et Pékin ont raison de toutes ces tendances haussières. Résultat : les cours du baril jouent au yoyo.
Les fluctuations, dans une bande étroite, des prix du pétrole masquent un risque d’effondrement rapide, tant les risques qui pèsent sur la croissance mondiale sont importants, explique Nabil Wakim, journaliste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/19/l-inquietant-yoyo-des-cours-du-baril_6016146_3234.html
mlsum-fr-1008
Dans son rapport, Patricia Schillinger propose la mise à disposition gratuite de protections menstruelles pour les sans-abri, les détenues, et les plus jeunes (adolescentes et étudiantes). LOIC VENANCE / AFP Jusqu’ici passée sous silence, la question de la précarité menstruelle – soit la difficulté que rencontrent de nombreuses femmes pour se procurer des protections hygiéniques – est inscrite depuis peu à l’agenda politique. Le 28 mai, à l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène menstruelle, la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a confié une mission à Patricia Schillinger, sénatrice La République en marche (LRM) du Haut-Rhin. Objectif : étudier un projet d’expérimentation de la gratuité des protections hygiéniques dans plusieurs « lieux collectifs ». Par manque d’argent, en France, une femme sur dix renoncerait à changer de protections périodiques aussi souvent que nécessaire. Dans son rapport, que Le Monde a pu consulter, remis jeudi 17 octobre à Mme Schiappa, l’élue fait un retour d’expérience des différents acteurs sociaux et associatifs, et suggère des pistes pour lutter contre ce qu’elle n’hésite pas à qualifier de « fléau » et d’« impensé dans les politiques publiques ». La principale proposition de Mme Schillinger est la mise à disposition gratuite de protections menstruelles pour trois catégories de femmes : les sans-abri, les détenues, et les plus jeunes (adolescentes et étudiantes). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Précarité menstruelle : « Quand j’ai mes règles, je dois choisir entre manger ou rester “propre” » Par manque d’argent, en France, une femme sur dix renoncerait à changer de protections périodiques aussi souvent que nécessaire, selon une enquête de l’IFOP pour l’association Dons solidaires datant de mars 2019 ; et 39 % des plus précaires ne disposeraient pas de tampons ou de serviettes en quantité suffisante. Pour faire face à ce problème, elles sont nombreuses à « bricoler » des protections de fortune (papier toilette, journaux etc.) ou à mettre leur santé en danger. Pour d’autres, il s’agit de choisir entre manger ou « rester propre ». Autre conséquence concrète : l’absentéisme scolaire. 12 % des jeunes filles ont déjà manqué les cours car elles n’avaient pas de protections, selon cette même étude. Ne pas se sentir jugée Si la précarité menstruelle recouvre différentes réalités, elle reste systématiquement accolée à un double tabou, celui des règles et celui de la pauvreté. Or, les différentes expérimentations menées sur le terrain (dans les universités de Lille et Caen notamment) montrent que les femmes en situation de précarité sont peu nombreuses à demander d’elles-mêmes des protections. Selon Mme Schillinger, la « clé de la réussite » de telles initiatives repose sur l’accès en libre-service de tampons ou de serviettes. « Il s’agit en effet de ne pas faire peser sur les femmes et jeunes filles un regard, donc un contrôle voire un jugement extérieur sur leur consommation en produits, souligne la sénatrice qui veut à tout prix éviter la stigmatisation de ces femmes. Elles doivent se sentir à l’aise pour sortir de l’isolement. »
La sénatrice LRM Patricia Schillinger remet jeudi un rapport à Marlène Schiappa proposant d’expérimenter la gratuité de serviettes périodiques et de tampons pour les femmes les plus précaires.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/17/des-protections-hygieniques-gratuites-pour-lutter-contre-le-fleau-de-la-precarite-menstruelle_6015885_3224.html
mlsum-fr-1009
A 88 ans, Raoni Metuktire, le célèbre cacique indigène kayapo de l’Amazonie brésilienne, vient d’achever une dernière tournée en Europe où il a rencontré le président français, participé aux journées d’été de La République en marche, et est intervenu à la cinquième édition du festival d’écomobilisation Climax. Vous avez laissé entendre que ce déplacement était votre dernier voyage. Est-ce exact ? Oui, je vais arrêter. J’ai des problèmes de santé. Quand je marche ici, j’ai mal aux genoux, je dois prendre des médicaments. Je suis un peu trop vieux maintenant : mes petits-enfants vont continuer. J’ai des neveux qui sont toujours avec moi, ils vont continuer eux aussi à lutter pour notre peuple. En Occident, on vous perçoit comme le chef de tous les peuples d’Amazonie. Comment vivez-vous cette charge ? Petit, mon père me racontait des histoires entre les peuples indigènes et les Blancs. J’entendais toujours qu’il y avait des guerres entre mes ancêtres et le peuple blanc. J’ai grandi différemment. Aujourd’hui, je pense qu’on devrait faire un travail de paix avec l’homme blanc. Je ne veux plus que les Blancs se battent contre les Indiens, je ne veux plus de conflits. Voilà pourquoi je fais ce travail. Il y a d’autres leaders indigènes brésiliens qui œuvrent de la même manière, comme Davi Kopenawa ou Ailton Krenak. Récemment, vous avez appelé à la destitution du président brésilien Jair Bolsonaro. Pourquoi ? Parce qu’avant d’arriver au pouvoir, Jair Bolsonaro disait que les Indiens n’avaient pas besoin de terres et qu’ils n’avaient pas besoin d’exister en tant qu’Indiens. On a besoin d’un président qui sache parler à tous les peuples, un président de paix. Jair Bolsonaro a dit aussi à la télévision qu’il fallait récupérer l’or de la terre des Indiens, extraire le bois et occuper leurs sols. Nous, on continuera à défendre nos terres. J’aimerais bien que ce soit Bolsonaro en personne qui vienne sur nos terres pour voir ce qu’il se passe ! Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Brésil, le territoire des indiens Yanomami mis en péril par l’explosion de l’orpaillage Dans le nord du Brésil, des groupes d’indigènes prennent les armes pour résister aux chercheurs d’or et aux coupeurs de bois. Est-ce une solution pour protéger vos terres ? Je pense que c’est une solution de prendre les armes [pour se défendre]. Il faut que l’on agisse nous-mêmes en retirant les Blancs de nos territoires et en faisant en sorte qu’ils n’y reviennent pas. C’est légitime. La loi brésilienne d’ailleurs autorise [la légitime défense], elle va dans notre sens. C’est comme si quelqu’un rentrait chez vous !
A 88 ans, le célèbre cacique indigène kayapo de l’Amazonie brésilienne vient de terminer une tournée en Europe lors de laquelle il a rencontré le président français.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/09/le-chef-indien-raoni-je-suis-fatigue-de-toutes-ces-promesses-qui-n-aboutissent-pas_5508032_3244.html
mlsum-fr-1010
Le bonus fiscal est doublé pour les fonds d’investissement de proximité (FIP) consacrés aux PME domiciliées en Corse. Ingram/GraphicObsession Il existe des centaines de fonds d’investissement spécialisés dans les petites et moyennes entreprises (PME) non cotées en Bourse. Après la vogue des fonds fiscaux, tels que les fonds d’investissement de proximité (FIP) et les fonds communs de placement dans l’innovation (FCPI), donnant droit à des réductions d’impôts, de nouveaux placements en PME sont proposés pour différents publics. Bien que leur collecte ait souffert de la disparition de l’impôt sur la fortune (ISF), les FIP et les FCPI gardent quelques atouts pour réduire l’impôt sur le revenu. Souscrire des parts de FIP et de FCPI donne droit à une réduction d’impôt de 18 % du montant placé, plafonné à 24 000 euros pour un couple, dans chacun des deux types de fonds, soit une réduction d’impôt maximum de 8 640 euros pour 48 000 euros répartis à 50/50 entre des FIP et des FCPI. Avantage à la Corse En contrepartie, ces fonds doivent investir au moins 70 % de leurs actifs dans des PME de moins de 250 salariés ayant un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros ou un bilan inférieur à 43 millions d’euros, selon les critères officiels de la Communauté européenne. « Pour être éligibles aux FCPI, les PME innovantes doivent aussi investir 10 % de leurs charges en recherche et développement, ou avoir un label d’entreprise innovante de BPI France », ajoute Eric Gaillat, fondateur de la société de gestion Calao Finance. Même si les performances de ces fonds PME ne font pas d’étincelles, l’avantage fiscal sécurise l’opération avec une satisfaction quasi immédiate. Le bonus fiscal est doublé pour les FIP consacrés aux PME domiciliées en Corse. « On en propose à nos clients, car avec 36 % de réduction d’impôt, le gain fiscal est tout de même deux fois meilleur que pour les FIP et FCPI classiques », assure Arnaud Doria, du cabinet de gestion de patrimoine AD Investissement Conseil, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Même si leurs performances ne font pas d’étincelles, l’aspect fiscal sécurise l’opération avec une satisfaction quasi immédiate. Pour un investissement réalisé en fin d’année, haute saison de la défiscalisation, l’avantage fiscal est récupéré huit à neuf mois plus tard, en déduction du solde d’impôt sur le revenu calculé par le fisc fin août. « Nos fonds Calao Corse Développement y financent des PME prometteuses, comme MyCoach, éditeur de logiciels pour les clubs de football, dont Hugo Lloris, le gardien de but et capitaine de l’équipe de France, est actionnaire et ambassadeur », vante Eric Gaillat. Vatel Capital et Calao Finance proposent encore des FIP Corse cette année. Carottes fiscales Considérées comme des aides d’Etat aux entreprises, les carottes fiscales des FIP et FCPI pourraient néanmoins évoluer en 2020, sous la pression de Bruxelles. « La réduction d’impôt pour les FIP Corse et ultramarins passerait à 30 %, tandis que le taux de réduction des autres FIP et FCPI remonterait à 25 %, mais sur la seule part de leurs participations dans des PME », décrypte Grégoire Sentilhes, fondateur de la société de gestion NextStage. Pour parer à ces incertitudes, NextStage adopte plus de flexibilité dans son nouveau FCPI NextStage Cap 2026, qui pourra investir jusqu’à 90 % en PME. Les contraintes pesant sur la gestion des FIP et FCPI entravent leur gestion. Au point que certains gérants proposent aussi des fonds sans coup de pouce fiscal, estimant pouvoir obtenir de meilleurs résultats, net de tout avantage, en investissant plus librement dans des titres ou des secteurs variés. C’est le cas de quelques fonds professionnels de capital investissement (FPCI), nouveau nom recouvrant les fonds communs de placement à risque (FCPR) et d’autres fonds professionnels, depuis la transposition en France en 2013 de la directive AIFM (alternative investment fund managers). Dans cette catégorie, Calao Finance lance par exemple un FPCI Wagon Rendement 2, qui achète des wagons-citernes à crédit pour les louer aux producteurs de pétrole. « Cette activité se compare à celle de l’américain Burlington Northern Santa Fé, un des principaux actifs du fonds Berkshire Hathaway, de Warren Buffett », estime Eric Gaillat. Fonds professionnel S’agissant d’un fonds professionnel, il est réservé aux investisseurs pouvant y placer 100 000 euros, montant réduit à 30 000 euros pour ceux justifiant d’une « connaissance du capital investissement acquise en qualité d’apporteur direct de fonds propres à des sociétés non cotées ou en qualité de souscripteur soit dans un FCPR ne faisant pas l’objet de publicité et de démarchage, soit dans un fonds professionnel spécialisé, soit dans un fonds professionnel de capital investissement, soit dans une société de capital-risque non cotée », en vertu de l’article 423-49 du règlement de l’Autorité des marchés financiers. Entrepreneur Venture propose de son côté Entrepreneurs & Rendement 4, un FCPR spécialisé dans les prêts aux PME plus accessible, à partir de 1 000 euros la part. Sa particularité est de financer des sociétés par le biais des obligations convertibles bénéficiant d’une garantie de la Banque européenne d’investissement (BEI). En cas de faillite de la société, la BEI rembourse la moitié du prêt, ce qui amortit les chocs. Encore plus abordable, NextStage a créé une société de capital-risque (SCR) fonctionnant comme un fonds fermé, qui a investi jusqu’ici dans une vingtaine de PME, avec une capitalisation de 212 millions d’euros. Les parts de cette SCR s’achètent en Bourse, comme des actions, en passant un ordre avec son code ISIN [son numéro d’identification]. Introduite en Bourse au cours de 100 euros fin 2016, l’action NextStage cotait 99 euros fin septembre, avec une décote d’environ 20 % sur la valeur de ses actifs.
Différents supports d’investissement, tels les FIP, FCPI et FPCI, spécialisés dans le financement des petites et moyennes entreprises non cotées en Bourse, ouvrent droit à un bonus fiscal.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/24/investir-en-fonds-pme-et-reduire-ses-impots_6016694_1657007.html
mlsum-fr-1011
Huawei subit les sanctions de l’administration Trump. ALY SONG / REUTERS Les prochains modèles de smartphone haut de gamme du constructeur chinois Huawei – le Mate 30 et le Mate 30 Pro – ne disposeront pas d’un système d’exploitation Android doté des services de Google lors de leur commercialisation. Les acquéreurs de ce smartphone n’y trouveront donc pas les applications telles que Google Search, Google Maps, Gmail ou encore YouTube. Et ils ne pourront pas non plus avoir accès au Play Store, le magasin officiel des applications Android géré par Google, pour les installer. Google a confirmé ces informations au Monde vendredi 30 août, après de premiers éléments données à l’agence de presse Reuters mercredi, selon lesquelles les « services mobiles de Google » ne pourront être inclus et intégrés sur ces nouveaux appareils. Cette absence programmée de services et applications Google est pour Huawei une des premières conséquences concrètes de la décision prise par les Etats-Unis, en mai, d’inscrire le constructeur chinois sur la liste des entreprises étrangères avec lesquelles les entreprises américaines n’ont pas le droit d’échanger de technologie. L’administration Trump avait alors expliqué avoir de sérieux doutes sur les intentions et les pratiques de Huawei, accusée d’être un danger pour la sécurité du pays. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les ambitions contrecarrées de Huawei Pas de sursis Le Huawei Mate 30 et sa version évoluée, le Mate 30 Pro, sont les prochains appareils très haut de gamme du constructeur chinois, prévus pour concurrencer les Galaxy Note de Samsung. Censés être compatibles 5G, ils devraient être présentés officiellement le 18 septembre à Munich. Mais aucune date de commercialisation n’a encore été annoncée. Et il est désormais certain que le Huawei Mate 30 et le Mate 30 Pro seront les premiers smartphones de Huwaei qui ne pourront faire tourner les services mobiles sous licence de Google – à moins que l’administration Trump ne fasse à nouveau bouger les lignes. S’il devrait rester possible pour les utilisateurs des Mate 30 d’installer manuellement des applications Google en les trouvant directement sur des sites Internet, il s’agira de manœuvres risquées et déconseillées. Google passe en effet exclusivement par le Play Store pour distribuer ses applications mobiles, et en assurer l’intégrité comme ses mises à jour : installer et utiliser des applications comme Gmail ou YouTube en passant par des circuits alternatifs ouvre la porte à de nombreux risques (applications infectées, obsolètes, ou dysfonctionnelles). Pour ses précédents modèles de smartphones, déjà commercialisés avec des services de Google, Huawei avait obtenu plusieurs sursis afin de pouvoir adapter son matériel et proposer des mises à jour de son environnement mobile. La dernière période de sursis, d’une durée de quatre-vingt-dix jours, a été annoncée le 19 août. Mais la sortie des Mate 30, qui sont de tout nouveaux modèles, n’est pas concernée par ce sursis, selon les informations données par Google au Monde. L’entreprise américaine de même que le constructeur chinois ont donc pour obligation de respecter le nouveau cadre imposé par l’administration américaine pour la sortie de ce Mate 30 et du Mate 30 Pro. Lire aussi Google coupe les ponts avec Huawei : ce que ça change pour les utilisateurs Quel système d’exploitation pour les Mate 30 ? En réaction à l’interdiction américaine, Huawei avait présenté au début du mois d’août HarmonyOS, son propre système d’exploitation susceptible de remplacer Android sur ses futurs appareils. Mais HarmonyOS, encore en phase de conception, ne devrait pas non plus équiper les Mate 30. Un dirigeant de Huawei a déclaré à la fin d’août, lors d’un événement professionnel à New York, qu’il n’était pas encore question pour Huawei de sortir un appareil tournant sous HarmonyOS. « Nos nouveaux téléphones seront toujours basés sur Android. (…) Nous voulons maintenir un seul standard, un seul écosystème, une seule technologie » sur les appareils Huawei, a-t-il précisé. Interrogé par l’Agence France-Presse sur le sujet jeudi, un porte-parole de Huawei a laissé toutes les options ouvertes : « Nous continuerons à utiliser Android et son écosystème si le gouvernement américain nous y autorise. Dans le cas contraire, nous continuerons de développer notre propre système d’exploitation. » Lire aussi Les Etats-Unis accordent un nouveau sursis au groupe de télécoms chinois Huawei L’une des possibilités, pour Huawei avec son Mate 30 et son Mate 30 Pro, sera de s’en tenir à ce que font de nombreux constructeurs chinois pour lancer leur smartphone en Chine, où Google n’est pas autorisé : utiliser la version open source d’Android (l’Android Open-Source Project), qui peut être installée sur un appareil sans avoir aucune application Google préintégrée. Selon une étude publiée à la mi-août par le cabinet d’études singapourien Canalys, Huawei, no 2 mondial sur le marché du smartphone, a vu ses ventes reculer de 16 % en Europe sur le deuxième trimestre, dans la foulée de l’annonce de l’interdiction américaine. Mais il avait affiché des résultats encore en croissance pour le premier semestre 2019. Lire aussi Huawei poursuit sa croissance malgré les sanctions américaines
Le constructeur chinois va devoir se passer des services Google pour mobiles, y compris l’accès au Play Store, sur ses prochains modèles haut de gamme, dont la sortie est prévue dans les prochains mois.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/30/huawei-les-services-google-seront-totalement-absents-du-prochain-smartphone-mate-30_5504688_4408996.html
mlsum-fr-1012
« Nous allons disputer tous les sièges en Angleterre, en Ecosse et au pays de Galles. N’en doutez pas, nous sommes prêts », a menacé Nigel Farage. ALBERTO PEZZALI / AP A peine lancée, la campagne pour les élections législatives tourne au casse-tête pour Boris Johnson. Vendredi 1er novembre, l’europhobe Nigel Farage a prévenu le premier ministre britannique que son Parti du Brexit bataillerait « dans chaque circonscription d’Angleterre, d’Ecosse et [du] pays de Galles » à l’occasion des élections anticipées du 12 décembre, à moins que M. Johnson ne retire son accord de divorce avec l’Union européenne et accepte une alliance avec les partis pro-Brexit. Le premier ministre qui compte sur ce scrutin anticipé pour retrouver une majorité, s’est lancé dans la campagne comme celui qui mettra enfin en œuvre la sortie de l’Union européenne (UE), dans l’impasse trois ans et demi après le référendum de 2016. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : l’« accord Johnson » sur les rails, une victoire d’étape pour les partisans de la dérégulation L’appel de Donald Trump Figure du camp du « Leave » en 2016, Nigel Farage a répliqué avec un coup d’éclat, en invitant jeudi Donald Trump dans son émission quotidienne sur la radio LBC. Le président américain ne s’est pas fait prier pour critiquer l’accord de Brexit de Boris Johnson, et a appelé à une alliance Johnson-Farage pour les élections. Une telle alliance serait « impossible à arrêter », a assuré jeudi soir Donald Trump. Galvanisé, M. Farage a demandé au premier ministre de revenir sur l’accord péniblement négocié à Bruxelles en octobre, qui n’est « pas un Brexit », en échange d’un « pacte de non-agression ». Il ne présenterait alors que 150 candidats dans des circonscriptions tenues par le Labour, sièges que les conservateurs n’ont jamais réussi à décrocher. « Des élections législatives constituent une chance de repartir à zéro, a-t-il martelé. Le plus important, c’est une alliance du “Leave” qui gagne une large majorité au Parlement et met en œuvre un Brexit franc. » Cette tentative semble vouée à l’échec, Boris Johnson ayant toujours refusé d’envisager une telle alliance, position encore réaffirmée vendredi matin par plusieurs responsables du Parti conservateur. Mais elle permet au Parti du Brexit de Nigel Farage d’attaquer sur son terrain le chef du gouvernement, qui s’est posé en champion du Brexit depuis son arrivée au pouvoir, à la fin de juillet, mais n’a pas réussi à sortir son pays de l’UE le 31 octobre comme il l’avait promis. Repoussée trois fois, la sortie de l’Union est désormais prévue le 31 janvier. Ces élections, les premières organisées en décembre depuis 1923, s’annoncent imprévisibles et chaque alliance, que ce soit dans le camp des pro-Brexit ou des anti-Brexit, peut radicalement changer la donne après quatre années de crise politique. Lors des élections européennes, à la fin de mai, organisées à contrecœur par le Royaume-Uni, le Parti du Brexit était arrivé en tête, avec 31,6 % des suffrages. Il est aujourd’hui crédité de 11 % des suffrages, selon l’agrégateur de sondages Britain Elects, qui place les conservateurs en tête à 36 %, devant les travaillistes, à 25 %. Mais nombre de commentateurs jugent l’issue du scrutin difficile à prévoir. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’idée d’une réunification se répand » : en Irlande du Nord, les troubles du Brexit
Nigel Farage a annoncé que son Parti du Brexit présenterait des candidats face à ceux du Parti conservateur, à moins que Boris Johnson ne se rapproche de sa ligne dure.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/01/brexit-nigel-farage-propose-a-boris-johnson-de-former-une-alliance-avec-lui-pour-les-legislatives_6017733_3210.html
mlsum-fr-1013
’Afrique. Jean-Jacques Gabas est chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), maître de conférences à Sciences Po Paris et président d’honneur du Groupement pour l’étude de la mondialisation et du développement (Gemdev). Il a enquêté sur les politiques agricoles de la Chine en Afrique et visité les fermes expérimentales chinoises sur ce continent. Jean-Jacques Gabas Gabas Le Chinois Qu Dongyu a été élu, en juin, à la tête de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Quels moyens la Chine a-t-elle déployés pour obtenir ce poste ? La Chine a usé de toute son influence en promettant l’annulation de dettes, le paiement de contributions d’Etats au budget de la FAO, etc. La Chine serait même allée jusqu’à vérifier les votes des Etats en sa faveur. Cependant, s’il est vrai que, depuis 2018, leurs cadres sont arrivés à la FAO en grand nombre, celui-ci reste faible au regard de la puissance chinoise et si on le compare à la présence d’autres pays. Lire aussi Le Chinois Qu Dongyu élu à la tête de la FAO Que penser des discours du nouveau chef de la FAO au sujet de l’Afrique ? A ce stade, il est difficile de se faire une idée sur ses orientations. Il est question de favoriser le secteur agroalimentaire, le secteur privé et la commercialisation des produits à l’international, avec l’exemple cité du géant chinois de la vente sur Internet Alibaba. Mais rien de très précis. Quel est l’objectif poursuivi par Pékin en prenant la tête de la FAO ? La Chine, deuxième économie mondiale, suit la logique de n’importe quelle grande puissance : étendre ses zones d’influence et participer au multilatéralisme. La France a parfois brigué la direction générale de l’Unesco ou la tête du Fonds monétaire international ; les Etats-Unis estiment que la Banque mondiale doit être dirigée par un Américain. Lire aussi La FAO, un test pour la Chine La Chine, elle, a pris la tête de l’Organisation pour le développement industriel, de l’Union internationale des télécommunications, de l’Organisation de l’aviation civile internationale, au sein des Nations unies, ainsi que d’Interpol de 2016 à 2018. Pékin cherche aussi à développer son soft power en Afrique avec une rhétorique de « coopération différente » sur le thème : « Nous, on fait de la coopération Sud-Sud, sans condition, en tant que pays en développement qui s’est montré capable de sortir de la pauvreté. » Les Etats africains sont-ils sensibles à cette rhétorique ? Par leur vote en faveur de la Chine, beaucoup ont adressé un signal à la communauté internationale, sanctionnant ainsi l’histoire de leurs relations avec les pays de l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques], qu’ils estiment asymétriques.
Selon l’économiste Jean-Jacques Gabas, le durcissement du régime de Pékin, qui a pris, en juin, la tête de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, est risqué pour l’Afrique.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/13/le-vote-des-etats-africains-pour-la-chine-a-la-fao-est-un-signal-adresse-a-la-communaute-internationale_5510001_3212.html
mlsum-fr-1014
Santorin est l’une des plus belles îles des Cyclades, dans la mer Égée. TPG / Photononstop La Grèce fait partie des pays qui plaisent le plus aux Français. Parmi leurs destinations préférées, les îles des Cyclades, bien sûr, en particulier Paros, Naxos, Milo, Syros, et Kéa, à seulement une heure de ferry d’Athènes. « Dans le Péloponnèse, ce sont Porto Heli, Nauplie et Kalamata qui ont le vent en poupe », complète Katerina Mitsotaki, représentante du réseau Barnes en Grèce. Quatre très grandes îles sont également à la mode : la Crète, tout au sud, Evia, au nord d’Athènes, Rhodes dans le Dodécanèse et Corfou dans la mer Ionienne, c’est-à-dire complètement à l’Ouest. L’acheteur étranger peut y trouver de belles maisons à 2 500 euros le m² avec un grand terrain. Dans les îles saroniques, à l’Est, Spetses et Egine suscitent aussi un vif intérêt. Dans les îles Sporades, ce sont Skiathos, Skópelos et Alonissos qui séduisent le plus les étrangers. En Crète, l’acheteur étranger peut trouver de belles maisons à 2 500 euros le m² avec un grand terrain. Le port vénitien de Réthymnon datant du XVIème siècle. David Tomlinson/robertharding / Photononstop En Grèce, on peut trouver facilement une belle maison avec vue sur la mer, mais ne rêvez pas : celles qui donnent directement sur la plage sont d’autant plus rares et inaccessibles que les constructions sur le littoral sont désormais très encadrées. « A Tinos ou à Kéa, en s’éloignant du rivage, on trouve de jolies petites maisons dans les villages à partir de 2 000-2 500 euros par m². Je conseille de voyager avant d’acheter car chaque île a ses particularités. Par exemple, il faut savoir que certaines sont peu desservies l’hiver », poursuit Mme Mitsotaki. L’économie grecque va mieux Après dix ans de cure d’austérité, le marché immobilier retrouve des couleurs. Il revient de loin : en une décennie, les prix de l’immobilier se seraient effondrés de 46 % selon la banque de Grèce. Heureusement, l’économie grecque va mieux : le pays est sorti du troisième mémorandum imposé par l’Union européenne en août, la croissance du PIB devrait atteindre 2 % cette année et le taux de chômage commence à reculer, même s’il demeure le plus élevé de la zone euro (18,2 %). Pour acheter une jolie maison de vacances de deux-trois pièces sur une île « moyenne » des Cyclades, il faut disposer d’un budget compris entre 200 000 et 400 000 euros. A Paros, le village de Lefkes. Dermot Conlan/Tetra Images / Photononstop Lors de la crise des dettes souveraines, les prix de l’immobilier ont chuté partout, sauf à Mikonos et à Tinos, au nord des Cyclades, où il faut compter entre 6 000 et 7 000 euros par m² pour devenir propriétaire, avec des pointes au dessus de 10 000 euros, et à Paros, où les prix oscillent autour de 3 000 euros, mais peuvent monter à 7 000 euros pour les biens les plus luxueux. Pour acheter une jolie maison de vacances de deux-trois pièces (soit entre 80 et 100 m²) sur une île « moyenne » des Cyclades, il faut disposer d’un budget compris entre 200 000 et 400 000 euros. A Athènes, il est encore possible d’acheter un studio pour le louer à partir de 30 000 euros, voire 20 000 euros. « L’offre hôtelière étant insuffisante, l’investissement sera rentable si le logement est bien situé », souffle Georgia Kouvela-Piquet, avocat aux Barreaux de Paris et d’Athènes. A Athènes, il est encore possible d’acheter un studio pour le louer à partir de 30 000 euros, voire 20 000 euros. Coucher de soleil sur Athènes avec l’Acropole illuminé. Ingram / Photononstop Durcissement des règles Depuis la crise de 2010, la pression fiscale s’est nettement accrue en Grèce. Les revenus provenant de la location d’un bien immobilier sont taxés à 15 % jusqu’à 12 000 euros, à 35 % entre 12 000 euros et 35 000 euros, et à 45 % au-delà. Comme la tranche supérieure (45 %) de l’impôt sur les revenus est atteinte dès 40 000 euros, certains acheteurs étrangers préfèrent créer une société pour y loger leurs biens immobiliers en Grèce. Considérés comme des bénéfices, les loyers sont alors taxés à « seulement » 29 % avec le régime le plus favorable pour les hauts revenus. Les règles concernant la location de courte durée ont aussi été durcies : il faut désormais s’immatriculer et la durée de location ne doit pas excéder 90 jours par an (60 jours sur les îles de moins de 10 000 habitants). Il est cependant possible de louer plus longtemps à condition que la somme des loyers perçus ne dépasse pas 12 000 euros par an. Si c’est le cas, les loyers sont alors imposés comme les autres revenus, c’est-à-dire taxés selon un barème progressif allant de 15 % jusqu’à 45 %. A Mikonos (photo) et à Tinos, au nord des Cyclades, où il faut compter entre 6 000 et 7 000 euros par m² pour devenir propriétaire, avec des pointes au dessus de 10 000 euros. Tibor Bognar / Photononstop Par ailleurs, les droits de mutation sont de 3 %, avec une TVA à 24 % dans le neuf. « Toute personne physique possédant un logement en Grèce doit aussi acquitter chaque année une taxe foncière », ajoute Constantin Karagounis, avocat aux barreaux d’Athènes et de Paris et secrétaire général de la Chambre de Commerce et de l’Industrie France Grèce (CCIFG). Cette taxe est de 0,10 % pour un bien d’une valeur supérieure à 200 000 euros, de 0,15 % lorsque cette valeur dépasse 300 000 euros, et elle augmente de 0,10 % par tranche de 100 000 euros jusqu’à 1,10 % pour un bien de 2 millions d’euros. Au delà de ce montant, la taxe est de 1,15 %. S’il n’y a pas actuellement d’impôt sur les plus-values immobilière en Grèce, celle ci devrait entrer en vigueur en 2020. Le projet de loi prévoit un taux de 15 % à la charge du vendeur, avec un abattement de 25 000 euros si le bien est détenu depuis plus de 5 ans. Ceux qui acquis leur bien avant 1995 devraient être exonérés. La plage de Navagio, sur l’île de Zakinthos. Ingram / Photononstop La Grèce est le seul pays de l’Union européenne qui ne dispose toujours pas de cadastre, sauf à Athènes, et dans une partie de sa région. C’est pourquoi il faut être très vigilant, notamment en vérifiant bien que les métrages annoncés correspondent à la réalité. Ce qui implique de faire appel à un avocat et à un ingénieur civil, voire à un topographe. En effet, certains Grecs ont longtemps eu la fâcheuse habitude de construire des logements plus grands que la surface prévue dans leur permis de construire et il n’est pas de la responsabilité du notaire de procéder à ces vérifications en Grèce, contrairement à la France. Une régularisation au niveau national a bien eu lieu en 2011, mais la prudence reste de mise. « Cela dit, il existe quand même un registre des biens que l’avocat peut consulter », précise Mme Mitsotaki. L’île de Corfou. Vue sur le rivage albanais baigné par les rayons du soleil après l'orage. Stephco / Photononstop Les montants varient selon les régions, mais pour une acquisition de 200 000 euros, il faut compter en moyenne 3 % de droits de mutation, 2 000 euros de frais d’enregistrement au bureau des hypothèques, 3 000 euros pour le notaire, 500 euros pour les frais d’enregistrement au cadastre et environ 4 000 euros de frais d’avocats. Un dernier détail : en Grèce, la commission de l’agence immobilière est versée à la fois par le vendeur et l’acquéreur. Elle tourne généralement autour de 2 % du montant de la vente pour chacun. L’addition de toutes ces dépenses pèse lourd. Si elle continue de séduire les Français, la Grèce est incontestablement devenue un pays plus difficile d’accès pour la clientèle étrangère.
Faute de cadastre, faire appel à un avocat est indispensable dans ce pays. L’alourdissement de la fiscalité est un frein pour les acquéreurs étrangers.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/08/20/acheter-a-l-etranger-beaucoup-d-opportunites-a-saisir-en-grece_5500898_1657007.html
mlsum-fr-1015
Le président sortant de la Banque centrale européenne, l’Italien Mario Draghi, à Francfort, le 24 octobre. MICHAEL PROBST / AP « J’ai fait mon boulot ; aux Etats de la zone euro de faire le leur. » Voilà, en substance, la teneur du dernier message que Mario Draghi a laissé en quittant ses fonctions. Jeudi 24 octobre, le président sortant de la Banque centrale européenne (BCE) a tenu son ultime conférence de presse, avant de terminer officiellement son mandat, le 31 octobre. Se gardant de tout triomphalisme, et affichant son habituel sourire en coin et son air de chien battu, l’Italien cède ce poste sur un constat aigre-doux, après huit ans, 185 discours et 77 conférences de presse. S’il se félicite que le pire de la tempête de la zone euro soit passé, il constate que la monnaie unique est loin d’être un projet achevé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Mario Draghi, général désabusé par un combat sans gloire et sans fin » Il demande en particulier aux Etats de relayer la BCE, en pratiquant la relance budgétaire. En ligne de mire : l’Allemagne. « Avec [l’aide] de la politique budgétaire, la politique monétaire pourrait ­atteindre plus rapidement son ­objectif et avoir moins d’effets ­secondaires. Si vous voulez voir les taux d’intérêt remonter, il faut agir sur les budgets. » Cela fait des années que M. Draghi multiplie les appels en ce sens, de façon toujours plus directe. Jusqu’à présent, sa supplique n’a rencontré aucun écho. Ce qui n’altère en rien ses convictions. Il insiste notamment sur un point : une relance budgétaire pays par pays, chacun de son côté, n’aurait guère d’impact. Pour être vraiment utile, il est nécessaire que celle-ci rééquilibre l’ensemble du bloc économique. Il s’agit du fameux budget de la zone euro, en faveur duquel milite Emmanuel Macron, et dont il n’existe pour l’instant qu’un embryon sans grande utilité. « Il faut un outil budgétaire centralisé et contracyclique [c’est-à-dire qui soit utilisé en cas de ralentissement] », résume Mario Draghi. « Une banque centrale crédible » Cette dernière sortie ne devrait pas contribuer à améliorer sa cote de popularité outre-Rhin, où il fait l’objet de vives critiques. A la mi-septembre, le tabloïd Bild l’a caricaturé en « comte Draghila », affublé de longues canines, et buvant le sang des épargnants en imposant des taux d’intérêt négatifs. Déjà, en prenant son poste, en novembre 2011, l’Italien avait reçu du même quotidien un casque à pointe, pour lui rappeler d’être vigilant contre l’inflation. Huit ans plus tard, il s’en amuse et annonce qu’il a l’intention d’emporter ce cadeau avec lui. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mario Draghi, « sauveur de l’euro » au bilan contrasté à la BCE Bien qu’il ait refusé de dresser la liste de ses fiertés et de ses regrets, M. Draghi a tout de même tiré un bilan de son mandat. « Nous sommes dans une bonne période pour la zone euro comparé à la situation d’il y a trois ou quatre ans », a-t-il déclaré. Son action, déterminante, a permis d’éteindre l’incendie qui se propageait au plus fort de la crise de la monnaie unique.
Lors de sa dernière intervention, le président sortant de la Banque centrale européenne a une nouvelle fois plaidé en faveur d’un vrai budget de la zone euro.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/25/pour-ses-adieux-mario-draghi-demande-aux-etats-d-utiliser-la-relance-budgetaire_6016866_3234.html
mlsum-fr-1016
Chronique. Ce sont deux vieilles stars mondiales, perclues de rhumatismes qui pourraient bientôt se présenter devant monsieur le maire. Xerox, le roi de la photocopie, vient officiellement de demander en mariage Hewlett-Packard, l’inventeur de la Silicon Valley. Feront-elles une union heureuse ? Elles auront en tout cas beaucoup de vieux souvenirs à se raconter. Des victoires éclatantes et des rendez-vous ratés. Xerox a inventé l’imprimante et la photocopieuse. Elle a révolutionné la vie de bureau dans les années d’après guerre. On disait « to Xerox » au lieu de « photocopier ». Sa part de marché avoisinait les 100 %. Les autorités anti-concurrence de Washington ont dû intenter une longue action antitrust pour laisser de la place à la concurrence. Les Japonais sont arrivés, puis le numérique. La firme s’est réinventée un destin, celui de la « document company », spécialiste du passage du numérique au papier. Elle avait constaté qu’à l’âge de l’ordinateur, on n’avait jamais imprimé autant. Alors elle a creusé son sillon dans ces océans de papiers qu’étaient devenues les entreprises modernes. Mais la conjonction d’Internet et du téléphone mobile, ajoutée à la mauvaise conscience écologique, a fini par endiguer ce flot. Que faire quand sa raison d’être s’évapore progressivement ? On restructure et on rachète la concurrence. Hewlett-Packard est finalement victime de cette même malédiction de la fin du papier. Concurrencé de partout sur son métier de fabricant d’ordinateurs, le groupe californien, autrefois deuxième groupe mondial du secteur derrière IBM, a cru voir son salut dans les imprimantes pour particuliers. Avec un modèle économique en béton, le même que celui des rasoirs Gillette. Préservation de sa vache à lait On vend à prix coûtant le support de base et on se rattrape sur les consommables, en l’occurrence les cartouches d’encre qui représentent près des deux tiers des profits de la firme. Aujourd’hui, le marché baisse et les fournisseurs chinois de cartouches détruisent cette belle architecture. La société a annoncé la suppression de 16 % de ses effectifs d’ici deux ans. Trois fois plus grosse que Xerox, HP renâcle à se laisser passer la bague au doigt. Mais ses actionnaires pourraient l’y pousser. Lire aussi HP veut supprimer jusqu’à 9 000 emplois dans les trois prochaines années Il aurait pu en être autrement. En 1970, Xerox, au faîte de sa gloire, implante un extraordinaire laboratoire de recherche sur le campus de l’université de Stanford, au cœur de la Silicon Valley. En dix ans ses chercheurs sortiront l’imprimante laser, mais aussi les interfaces graphiques pour petits ordinateurs, la souris, le réseau local Ethernet, c’est-à-dire toutes les briques de base qui feront la révolution de l’informatique personnelle. Xerox n’en comprend pas le potentiel. En novembre 1979, un certain Steve Jobs pousse la porte du labo et est ébahi par ce qu’il découvre. Ce seront les briques de base du Macintosh, mais aussi celle du Windows de Microsoft.
Le roi de la photocopie a demandé en mariage l’inventeur de la Silicon Valley. Tous les deux sont victimes de la malédiction de la fin du papier, raconte Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/08/xerox-le-roi-de-la-photocopie-vient-de-demander-en-mariage-hewlett-packard-l-inventeur-de-la-silicon-valley_6018469_3234.html
mlsum-fr-1017
Le terminal gazier de Yemen LNG, à Balhaf, au sud-est du pays, en juin 2010, quelques mois après sa mise en service. MOHAMMED HUWAIS / AFP Les pressions se multiplient depuis plusieurs mois pour que Total relance son usine de liquéfaction de gaz Yemen LNG, et verse à l’Etat yéménite les taxes qui lui manquent tant depuis la mise à l’arrêt du site, au printemps 2015, dès le début de la guerre. Riyad et Abou Dhabi, qui mènent une guerre contre la rébellion houthiste, tout en tenant l’économie du pays sous perfusion, pressent le groupe français en ce sens ; Washington et Paris, soutiens des monarchies du Golfe, font de même. Le gouvernement yéménite n’est pas en reste, tout comme les rebelles, maîtres de la capitale, Sanaa, qui y font placarder des affiches demandant la relance des exportations de gaz. Mais l’usine ne redémarre pas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un site de Total utilisé comme prison au Yémen La diplomatie française, en particulier, pousse depuis plusieurs mois à une réouverture rapide du site. Officiellement pour permettre au Yémen de retrouver un équilibre économique. « C’est un élément-clé pour le redémarrage du pays », note un bon connaisseur du dossier. « Le jour où l’usine repart, cela veut dire que le Yémen est dans une bien meilleure situation qu’aujourd’hui. » Chez Total, on estime cependant que le niveau de violence dans le pays rend un tel projet encore bien trop risqué. « On nous dit : redémarrez, ce sera sûr. Mais nous ne relancerons l’activité que quand la sécurité sera effectivement assurée. C’est un dialogue qui peut durer longtemps. » Un projet de 4,3 milliards d’euros Lorsqu’il tournait, le site représentait autour de 45 % des recettes fiscales du Yémen. Au lancement du projet, en 2009, l’objectif était de doter le pays d’une infrastructure importante pour exporter son gaz au niveau international. Yemen LNG, un projet de 4,8 milliards de dollars (4,3 milliards d’euros), est le point d’arrivée du gaz produit dans le champ de Marib par la compagnie nationale yéménite Safer, selon un contrat conclu pour vingt ans avec Total, qui opère l’usine. Lire aussi Yémen : gouvernement et séparatistes signent un accord de partage du pouvoir dans le Sud Le gaz est ensuite liquéfié sur le site : il est refroidi à − 163 degrés pour être transporté par bateau, particulièrement en Corée du Sud et au Japon. Le consortium Yemen LNG est dirigé par Total, qui en détient 39,6 %, aux côtés d’acteurs coréens et yéménites. S’il reprenait la production, le groupe serait par ailleurs bien en peine de savoir à qui verser les taxes dues aux autorités, tant la situation dans le pays est complexe. Paris cependant, en coulisses, entend limiter l’exposition financière de la France, qui a garanti des prêts liés au projet. Si Yemen LNG était dans l’impossibilité de redémarrer, le consortium pourrait faire défaut et l’Etat français devrait alors régler une partie de la facture. Interrogée par Le Monde, la direction du Trésor reconnaît que le sujet est épineux mais souligne que des renégociations de dettes peuvent encore avoir lieu.
L’Etat a soutenu le projet d’usine de liquéfaction de gaz Yemen LNG par des garanties de crédit à hauteur de 216 millions d’euros.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/07/yemen-pourquoi-la-france-fait-pression-pour-le-redemarrage-du-site-gazier-de-total_6018343_3210.html
mlsum-fr-1018
Yoann Richomme devance Gildas Mahé (Breizh Cola-Equithé) et Anthony Marchand (Groupe Royer-Secours Populaire). Une heure et 10 minutes séparent Richomme de Mahé après 14 jours de course. JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP Yoann Richomme (HelloWork-Groupe Le Télégramme) a remporté, mercredi 26 juin, la 50e édition de La Solitaire Urgo Le Figaro. Cette victoire inscrit d’emblée ce marin de 35 ans dans une nouvelle page de l’histoire hauturière tant il aura survolé cette course disputée en quatre étapes, et tant sa maîtrise aura été éblouissante – il s’est adjugé la première étape et il a fini second sur la deuxième étape.a L’ultime étape, dont l’arrivée a été jugée aux alentours de 12 heures (Baie de Morlaix-Dieppe), a été remportée par Eric Péron (première victoire en Figaro) suivi à trente-huit secondes par Armel Le Cléac’h. Trois minutes plus tard Corentin Douguet s’adjugeait la troisième place. Richomme, lui, termine quatrième. Le podium général est complété par Gildas Mahé (Breizh Cola-Equithé) et Anthony Marchand (Groupe Royer-Secours Populaire). Ce dernier prive dans la dernière étape le Normand Alexis Loison de la troisième marche. Une heure et dix minutes séparent Richomme de Mahé après quatorze jours de course. Intelligence subtile Concernant Richomme, les suiveurs de ce sport ne s’en émouvront pas nécessairement sachant qu’ils avaient couché dans leurs favoris ce coureur au physique puissant et à l’intelligence subtile. Chez Richomme les mots ont une valeur précise. Il en a besoin car ce sont des outils. C’est souvent par les mots que commence la solidité d’une stratégie ou la construction d’une option météo. On dira que cela vient certainement de sa formation rigoureuse d’architecte naval dispensée à Southampton, là même où Marc Van Peteghem et Vincent Lauriot-Prévost, les « pères » du nouveau Figaro (le bateau est désormais équipé de foils, ces « plans porteurs » permettant de réduire la surface mouillée, donc de gagner en vitesse), ont aussi fait leurs études dans le Hampshire, il y a plus de trente-cinq ans. Richomme donne l’impression de rendre intelligible les choses compliquées. Mais aussi sur le ponton sait, par politesse, abréger une conversation : « Je ne vais pas donner d’explications maintenant car je vais ennuyer tout le monde », dira t-il avec un sourire malicieux au terme de la première étape remarquablement courue. Gagner Le Figaro – qu’il avait déjà remporté en 2016 – c’est comme traduire en persan un texte en vieux français sur un parchemin ridé après en avoir fait une première traduction en grec ancien. Le tout dans un inconfort terrible et ceci sans compter la privation de sommeil. Autant dire que cet homme mérite tous les éloges. Les derniers deviennent les premiers Il faut aussi croire que Richomme déchiffre la Manche, de même que l’Atlantique, comme un rébus. En novembre 2018, il avait remporté la Route du Rhum en Class40 (12,19 m) dans un temps record : seize jours et trois heures. Le plus saisissant sur cette cinquantième édition de la Solitaire, ce sont les écarts qui se sont créés dès la première étape. Gildas Mahé, piégé avec l’ensemble de la flotte dans une route ouest vers Kinsale, accusait un retard de… neuf heures. « Comme j’avais pris la décision de rester avec la meute, je suis resté avec la meute pour ne pas prendre de risque et résultat, j’ai pris une bâche avec la meute ! » Autant dire qu’un podium était dès lors inenvisageable pour le Brestois. Puis les deux étapes suivantes ont totalement modifié la donne. Et comme dans les Ecritures, les derniers se sont retrouvés les premiers à la faveur des étapes « deux » et « trois » qui ont modifié la physionomie de la course, notamment l’étape « trois », celle où bon nombre de favoris se sont trouvés piégés dans les courants des îles anglo-normandes. Mahé est alors revenu dans le coup, arrachant cette place sur le podium, à la fois inespérée au regard de la première étape loupée et totalement méritée, du moins jugée à l’aune de son métier et de son talent. Cette course, probablement l’une des plus difficiles au monde, et sur un nouveau bateau, donne parfois l’impression que les marins savent sans avoir besoin d’apprendre, le tout en apprenant tous les jours. Ce sera la morale de cette cinquantième édition sensationnelle dont le vainqueur est un architecte naval et barbu qui, il y a deux mois, a remplacé au pied levé Charles Caudrelier, skipper attitré de HelloWork-Groupe Le Télégramme appelé comme co-skipper de l’Ultim Gitana, ce trimaran qui « vole ».
Déjà vainqueur en 2016, le marin de 35 ans, architecte naval de formation, s’est imposé au classement général au terme de la quatrième et dernière étape, mercredi à Dieppe.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/26/voile-yoann-richomme-remporte-la-solitaire_5481780_3242.html
mlsum-fr-1019
Fin juin : la température flirte avec les 36 oC à Paris, pendant plusieurs jours. Sur la quasi-totalité des sites Internet de France fleurissent alors des publicités promettant un climatiseur exceptionnel à un prix cassé. On trouve ces publicités sur Facebook, dans les recherches Google, ou encore affichées de manière automatisée sur des services comme Outbrain ou Taboola, sur les sites de la plupart des médias, dont Le Monde. Les photos montrent un petit cube d’un bleu rafraîchissant ; le texte vous promet un prix imbattable sur le « climatiseur que les Français s’arrachent » et qui « bat tous les records de vente ». LE MONDE Un clic plus loin, on découvre, épaté, que ce petit bijou, alternativement appelé « Airfreeze », « Fresh Air », « Cooler pure air » ou autres, est « équipé des dernières technologies issues de la recherche climatique », et que « la plupart des climatiseurs déjà existants sur le marché sont dix fois plus gros et jusqu’à huit fois plus chers, pour une performance moins bonne ». Pourquoi se priver ? Des clients ayant cédé aux sirènes des réclames et commandé ces cubes n’ont pas pu constater par eux-mêmes son inefficacité Bien sûr, la réalité est moins rose. Le « climatiseur » n’en est pas un : l’UFC-Que choisir, qui a testé un modèle similaire en 2018, note qu’il ne rafraîchit que très modérément, que son « flux d’air s’estompe dès 70 cm », qu’il fuit, et que contrairement aux promesses des publicités, il est particulièrement bruyant. Le prix, lui non plus, n’est pas franchement exceptionnel : on peut le trouver à un peu plus de 5 euros sur le site d’import de produits chinois Aliexpress, soit 10 % du prix affiché sur les publicités. Pire, une partie des clients ayant cédé aux sirènes des réclames et commandé ces cubes n’ont pas pu constater par eux-mêmes son inefficacité : comme l’attestent des centaines de messages publiés en ligne par des mécontents, les commandes sur ce type de sites arrivent très tardivement, quand l’appareil est effectivement livré. D’où proviennent ces publicités et ces dizaines de sites différents, tous très semblables ? Qui en est à l’origine ? Le Monde a pu remonter la piste de deux réseaux internationaux distincts, spécialisés dans l’import de produits chinois et le « dropshipping » – vente de produits expédiés directement par le fournisseur au client, et qui ont massivement ciblé la France et d’autres pays avec des publicités mensongères ces derniers mois.
Des réseaux de sites vendant des produits de faible qualité, à l’aide de publicités douteuses, tirent parti des grandes plates-formes du Web.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/22/derriere-l-arnaque-au-climatiseur-miracle-les-reseaux-mondialises-du-dropshipping_5491938_4408996.html
mlsum-fr-1020
Rose Reilly en 1975 au club féminin de l'AC Milan Wipédia/Archives du club Le 18 novembre 1972, l’équipe féminine de football d’Ecosse joue son premier match officiel. Son adversaire n’est autre que l’« Auld Ennemy », l’Angleterre, rivale sportive inégalée. Le football féminin écossais, interdit en 1921 par la fédération, n’en est alors qu’à ses balbutiements. Ce premier match international disputé par les Écossaises se joue au Stade de Ravenscraig, à Greenock, qui éblouit des joueuses habituées à évoluer sur des terrains municipaux, avec les badauds pour seul public. Le jour J, l’Écosse s’incline 3-2 face à la « perfide Albion ». Mais, de ce match, au cours duquel elles avaient ouvert le score et même donné une frayeur aux Anglaises, en menant 2-1, les Ecossaises ont surtout retenu une chose : le but inscrit par Rose Reilly, qui leur a permis un moment d’y croire. L’attaquante avait trouvé directement la cage en tirant un corner. Rose Reilly n’est pas « n’importe qui » dans cette équipe. La joueuse, qui évolue dans le club écossais de Westthorn, a une histoire singulière. Qui illustre toute la difficulté pour les femmes de pratiquer le football. Cheveux coupés très court pour se mêler aux garçons La jeune femme a toujours joué au football. Mais elle a dû user de subterfuges pour vivre sa passion. A l’âge de sept ans, elle s’est ainsi coupé les cheveux très courts, sur les conseils de son entraîneur, pour pouvoir se mêler aux garçons de son club local. Son talent est tel qu’un recruteur des Celtic Glasgow, impressionné par les sept buts que la jeune Rose a inscrits lors d’un match, veut absolument l’approcher pour lui faire une proposition. Il se rétracte quand il comprend que Rose est une petite fille. « Je pensais que si j’étais assez bonne, je pouvais jouer pour le Celtic », regrettait-elle des années après. Lire aussi Le guide de la Coupe du monde féminine 2019 Ses parents n’acceptent pas sa passion pour le football. Ils tentent de la convaincre de se tourner vers l’athlétisme, discipline dans laquelle elle excelle adolescente. A l’école, elle est repérée par le professeur de sport des garçons et s’entraîne avec eux. Rapidement, Rose doit faire un choix. Elle ne peut se résoudre à arrêter le football. Ses parents, n’y voyant aucun avenir, ne la soutiennent pas. Leur réticence n’est que le reflet de la mentalité de l’époque. Reilly n’abandonne pas. Après avoir gagné la première Coupe d’Ecosse féminine en 1971 avec le club de Stewarton Thistle, elle s’envole pour Reims en 1974 afin d’embrasser une carrière professionnelle. Après six mois au sein du club champenois, avec qui elle rafle la première place du podium de Division 1, elle part pour l’Italie et l’AC Milan, ce qui lui vaudra une exclusion de la fédération écossaise. Peu importe pour Rose : « C’était tant pis pour eux. J’étais passée à autre chose. Je n’avais pas la grosse tête, mais je suis pragmatique et réaliste. Je me suis juste dit “qu’est-ce qu’ils sont fermés d’esprit” », confiait-elle au Guardian en 2017. Écossaise et internationale italienne En 1980, la footballeuse accomplira l’exploit de jouer pour deux clubs en même temps. Le samedi à Lecce, avant de s’envoler pour Reims, avec qui elle joue le dimanche. Cette année-là, elle remporte deux Championnats : en France et en Italie. Elle restera vingt ans en Italie, son pays d’adoption, et jouera pour huit clubs différents. Rose finira même par devenir une joueuse internationale italienne. En 1984, elle remporte avec l’Italie le Mundialito féminine, un embryon de compétition mondiale pour les joueuses, au cours duquel elle marque un but décisif lors de la finale face à l’Allemagne (3-1). Article réservé à nos abonnés Lire aussi En 1968, à Reims, des pionnières qui avaient « juste envie de jouer au foot » En 2007, elle rentre au Hall of Fame des sportifs écossais. Une reconnaissance officielle pour celle qui n’a jamais été soutenue par sa famille ou par sa nation sportive originelle. Quand elle se souvient du premier choc Écosse-Angleterre, disputé par des équipes féminines, Rose se confie, nostalgique, au micro de la FIFA en juin 2019 : « C’était un match fantastique, une belle vitrine pour le football féminin ». Alors que c’est la première fois que l’Écosse se qualifie pour une phase finale d’un Mondial féminin, Reilly ne sera pas à Nice dimanche 9 juin, pour assister au match de son pays natal contre l’Angleterre. Celle qui fut autrefois bannie par sa fédération a confié à la FIFA à quelques jours du Mondial : « J’espère seulement que les filles auront un quart de la passion que j’avais et que j’ai encore pour ce sport. Je pense qu’elles vont nous rendre fière. » Sarah-Lou Bakouche
La première rencontre entre les équipes féminines d’Écosse et d’Angleterre, qui s’affrontent dimanche, remonte à 1972. Rose Reilly avait marqué ce match. Son histoire croise celle du football dans son pays.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/09/coupe-du-monde-feminine-la-folle-histoire-de-l-ecossaise-rose-reilly_5473881_3242.html
mlsum-fr-1021
Jake Gyllenhaal et Jena Malone dans « Donnie Darko » (2001), de Richard Kelly. DONNIE DARKO © 2001 PANDORA INC. TOUS DROITS RÉSERVÉS / CARLOTTA FILMS Dix-huit ans après le rendez-vous manqué de sa sortie, Donnie Darko revient sur les écrans en grande pompe (une version restaurée ), bardé d’une étiquette « culte » qui le rhabille en chef-d’œuvre maudit et définitif du film d’adolescents (teen movie). Ce retour offre avant tout l’occasion de se pencher sur le cas du malheureux Richard Kelly, cinéaste précoce et prometteur, qui livrait ce premier long-métrage à l’âge de 26 ans et s’engouffrait sans le savoir dans une impressionnante spirale de revers et de malentendus. Froidement accueilli lors de sa présentation à Sundance, Donnie Darko eut la malchance de sortir aux Etats-Unis un mois après le 11 septembre 2001, ce qui rendit inexploitable son récit s’ouvrant sur la chute d’un réacteur d’avion. Le succès phénoménal du film en DVD a néanmoins relancé le jeune réalisateur à la tête d’une production à 17 millions de dollars, Southland Tales (2006), satire prophétique du cirque médiatico-politique américain, tellement chahutée lors de son passage à Cannes qu’elle resta sur les étagères du studio Universal. Son troisième et dernier film en date, The Box (2009), hommage au cinéma des années 1970 d’après une nouvelle fantastique de Richard Matheson, s’est, en dépit d’une tournure plus commerciale, soldé une nouvelle fois par un échec au box-office. Vertigineuse est la vitesse avec laquelle Richard Kelly est ainsi passé du statut de jeune espoir miraculé d’Hollywood à un silence qui perdure désormais depuis dix ans. Un mauvais sort semble avoir plané sur la carrière du cinéaste, dont on retrouve l’ombre portée au cœur même de Donnie Darko, fable étrange et fantastique sur la conscience apocalyptique d’un adolescent, admirablement combinée avec le panorama social, tirant vers la satire, d’une petite ville huppée du Midwest, à la veille de l’élection de George Bush, aux derniers feux du reaganisme triomphant. Un ami imaginaire Donnie Darko (Jake Gyllenhaal, alors âgé de 19 ans), adolescent sombre et tourmenté, mène une existence instable entre un lycée pétri de fausses valeurs, une famille aisée mais quelque peu apathique et ses séances chez la psychanalyste. Un soir, guidé hors de chez lui par Frank, son ami imaginaire (une silhouette glissée dans un effrayant costume de lapin carnassier), le garçon échappe de justesse à la chute d’un réacteur sur le toit de sa maison. Convaincu par ses visions que la fin du monde approche, Donnie recueille les signes annonciateurs du chaos qui fourmillent autour de lui, se lance dans des actes de délinquance et noue une histoire d’amour avec la petite nouvelle de sa classe, Gretchen (Jena Malone). Donnie Darko apparaît aujourd’hui comme une synthèse tardive (égarée au début du XXIe siècle) du cinéma américain des années 1990, décennie marquée par un retour de paranoïa, entre des récits centrés sur le motif du complot et des images pétries de faux-semblants. S’il touche juste en ce qui concerne l’adolescence, c’est parce que Kelly considère celle-ci comme une forme de psychose, c’est-à-dire comme un point de rupture entre soi et le monde, donnant lieu à toute une série de dérèglements. Son jeune héros, qui semble constamment flotter entre veille et sommeil (de très beaux passages musicaux sur les titres d’Echo and The Bunnymen ou Tears for Fears), atteint précisément l’âge d’interpréter le monde autour de lui, de lui trouver à tout prix une cohérence qu’il n’a pas forcément, quitte à verser dans le délire. Visions et cauchemars Donnie s’invente l’herméneute d’une réalité trop banale qu’il soupçonne sillonnée de schémas secrets et de significations cryptées. Paranoïa et schizophrénie se combinent en lui comme le pressentiment que quelque chose ne tourne pas rond, dans cette Amérique policée et craintive, où les écoles peuvent ouvrir leurs portes aux charlatans (le gourou de l’auto-perfectionnement joué par Patrick Swayze) et où les parents perdent contact avec leurs enfants. Mais l’adolescence, c’est surtout la conscience aiguë d’une mort anticipée : une sorte de voyage dans le temps qui prend, chez Donnie, la forme d’un compte à rebours eschatologique. Multipliant les plans ralentis, accélérés ou défilant à l’envers, le film fait du temps une matière infiniment malléable, réversible, creusée de galeries insoupçonnables. Le plus beau étant qu’il épouse complètement la subjectivité délirante de son personnage, se rendant perméable à ses visions et cauchemars, foisonnant comme lui de pistes d’interprétations sans jamais en boucler aucune. Le montage original du film ressort en même temps qu’une version « director’s cut » plus longue de vingt et une minutes, dispensable tant elle porte atteinte au mystère et, par moments, à la beauté plastique de ce film inoubliable. Film américain (2001) de Richard Kelly. Avec Jake Gyllenhaal, Jena Malone, Drew Barrymore, Mary McDonnell, Patrick Swayze (1 h 53). www.carlottavod.com/donnie-darko-detail
Le premier long-métrage de Richard Kelly, qu’il a réalisé à l’âge de 26 ans, sorti en 2001, revient en salle dans une version restaurée.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/01/reprise-donnie-darko-fable-fantastique-sur-la-conscience-apocalyptique-d-un-adolescent_5495507_3246.html
mlsum-fr-1022
Pour certains, c’est peut-être le signe avant-coureur d’une nouvelle tempête financière. Pour d’autres, il s’agit de simples opérations techniques. Vendredi 20 septembre, pour la quatrième fois cette semaine, la Réserve fédérale américaine (Fed) a injecté 75 milliards de dollars (68 milliards d’euros) sur les marchés monétaires, par des opérations appelées « repo », après être déjà intervenue mardi (53 milliards), mercredi et jeudi (75 milliards dans les deux cas). Mercredi, le président de l’institution, Jerome Powell, a minimisé ces « problèmes », assurant qu’ils n’avaient « aucune implication pour l’économie ». Mais les interrogations demeurent. Qu’appelle-t-on le « repo » ? Le repo, contraction de l’expression sale and repurchase agreement ( « pension livrée », en français), est un instrument-clé des marchés monétaires. Chaque jour, les institutions financières (principalement les banques) interviennent sur ces marchés pour trouver des liquidités à court terme, le plus souvent sur vingt-quatre heures. Elles empruntent ces sommes à d’autres banques, en leur cédant en échange, comme garantie, des titres financiers très sûrs, comme des bons du Trésor. Le jour suivant, elles remboursent la somme empruntée avec intérêt et récupèrent leurs titres. Ces repo sont, en quelque sorte, l’huile permettant au moteur du système financier de bien fonctionner. Elles permettent aux établissements financiers (et, par leur intermédiaire, aux entreprises) de répondre sans problème à leurs besoins ponctuels de dollars – par exemple, pour faire face à un décalage de quelques heures entre des entrées et sorties de cash. Aux Etats-Unis, ces opérations se financent à un taux proche des taux directeurs de la Fed, qui évoluent entre 1,75 % et 2 %. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi la Réserve fédérale américaine baisse encore ses taux Pourquoi les taux de repo se sont-ils emballés ? En début de semaine, les taux de repo se sont brutalement tendus, grimpant jusqu’à 10 %. Motif : une pénurie de cash s’est subitement manifestée sur les marchés monétaires, obligeant la Fed à y intervenir pour la première fois depuis dix ans. A trois reprises, elle a mis à disposition des banques d’importantes liquidités, remboursées le jour suivant, contre la prise en garantie de titres. Et elle a mené une nouvelle opération de ce type vendredi. Mais pourquoi les dollars ont-ils soudain manqué ? Plusieurs phénomènes se sont cumulés. D’abord, les entreprises américaines devaient payer leurs impôts le 15 septembre – le volume de dollars à disposition sur les marchés monétaires autour de cette date était donc moins important. Au même moment, le Trésor américain a émis pour près de 80 milliards de dollars de titres de dette publique. Pour les acheter, les banques ont augmenté leur demande de cash, accentuant au passage la pénurie.
La Réserve fédérale américaine est intervenue vendredi, pour la quatrième fois de la semaine, à hauteur de 75 milliards de dollars.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/20/pourquoi-la-fed-injecte-des-liquidites-sur-les-marches-monetaires_6012374_3234.html
mlsum-fr-1023
Des manifestants antigouvernementaux entourés par l’armée, le 23 octobre à Jal el-Dib. Hassan Ammar / AP Le jour décline sur le centre de Beyrouth, et l’arrivée de la pluie est accueillie dans des éclats de rire, mercredi 23 octobre, par les Libanais qui ont pris le pavé pour dénoncer l’incurie et la corruption de la classe politique. Autour de la place des Martyrs, sous les rares arbres, les auvents fraîchement montés et le porche de la mosquée Mohamed Al-Amine, on s’invente un abri. Des plaisanteries, des discussions impromptues fusent entre inconnus, le temps de la courte averse. Qui sait les espoirs que fondent les dirigeants politiques sur la mauvaise météo prévue ces prochains jours, pour clairsemer la foule ? Car rien n’y fait. La mobilisation ne faiblit pas. Des universités ont rouvert leurs portes, mais les étudiants restent dans la rue. « Je n’y retournerai pas, pas en ce moment historique », dit Miled, 23 ans. L’intervention de l’armée, mercredi, pour tenter de dégager des routes bloquées, en dehors de Beyrouth, n’a pas découragé les protestataires, ni permis de lever la plupart des barrages. Les annonces de réformes faites par le premier ministre, Saad Hariri, lundi, restent raillées comme de fausses promesses. « On va continuer à descendre dans la rue, pour maintenir la pression », prévient Myriam, une enseignante. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le soulèvement au Liban gagne les fiefs chiites Des volontaires offrent des bouteilles d’eau, des biscuits. Un manifestant glisse un billet à une vieille mendiante au bouquet de roses. Des vendeurs de café font tinter leurs tasses. Des loueurs de narguilé ont pris racine. « On doit poursuivre le blocage : la grève, la mobilisation populaire, les barrages sur les routes », renchérit Diane Hojeiri, 27 ans. La rue a déjà réussi à imposer son tempo, en immobilisant le pays. Jeudi matin, de nombreux axes restaient bloqués dans le pays par des barrages improvisés. « Moment de grande unité » Ce n’est pas seulement « la confiance qui est brisée », comme le dit Mohamed, tout juste diplômé. C’est une vanne qui s’est ouverte : la parole, si longtemps tue, les frustrations et les désirs de changement étouffés, et qui désormais débordent. « Je t’aime, mon peuple », a écrit une manifestante sur une pancarte. « Pour la première fois, je sens qu’on met fin à l’héritage de la guerre (1975-1990), fait de divisions », se réjouit Ghada, une étudiante. Des tags de couleur au nom de la « liberté » ou de la « révolution » recouvrent désormais des murs du centre-ville. Des jeunes escaladent une échelle pour parvenir au sommet de « l’œuf », un lieu abandonné, aussi emblématique de la guerre que des errements de la reconstruction post-conflit. C’est tout l’espace public que l’on se réapproprie.
Une semaine après le début de la contestation, des dizaines de milliers de manifestants continuent de se mobiliser pour obtenir le « changement ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/24/au-liban-pour-la-premiere-fois-on-met-fin-a-l-heritage-de-la-guerre_6016746_3210.html
mlsum-fr-1024
Le Canadien Benoît Piffero, ballon en main, mardi 8 octobre à Kobe, lors du match contre l’Afrique du Sud. FILIPPO MONTEFORTE / AFP Pas sûr qu’il aurait choisi cet hôtel de Fukuoka, un palace où le prix du cappuccino peut faire peur. Pas sûr non plus qu’il aurait séjourné un bon mois au Japon. En temps normal, Benoît Piffero travaille comme « responsable commercial d’une agence d’intérim » et joue dans le club amateur de Blagnac, en troisième division française. Des journées pleines, du lundi matin au vendredi après-midi. Sauf en période de Coupe du monde. Comme d’autres participants des Tonga, d’Uruguay ou de Namibie, le talonneur remplaçant du Canada n’est pas professionnel. Mais il participe à son deuxième Mondial, après avoir posé un congé sans solde. « Je n’en fais pas une affaire d’argent, parce que je serais même prêt à payer pour venir jouer. » Comme pour cette entrée en seconde période, mardi 8 octobre, face à l’une des meilleures, l’Afrique du Sud, largement victorieuse (66-7) à Kobe. Le voyage au Japon prendra bientôt fin. Encore un dernier match avant l’élimination dès le premier tour, dans cinq jours, contre la Namibie. « Dernier match le dimanche 13 octobre et atterrissage en France le mardi 15 octobre en début d’après-midi. Dès le jeudi ou le vendredi, il faudra que je sois au boulot. » Enchaîner travail et entraînements Retourner au travail, mais aussi dans son club. Cette saison, le joueur tirera la majorité de ses revenus de son travail à l’agence, mais percevra aussi un salaire de semi-professionnel avec Blagnac. Au cumul, « environ 3 000 euros net par mois », estime le jeune père de deux enfants. Avant le Mondial, certains se sont fait du mouron pour lui. « Ils me disaient que j’allais finir lessivé. Mais lessivé de quoi ? On ne fait que du rugby, au maximum deux entraînements par jour. Le reste du temps, on peut boire des cafés, on a deux physios à notre disposition. » Bref, « ce n’est pas la même vie » qu’à Blagnac, où il s’agit d’enchaîner journées de travail et trois entraînements hebdomadaires, et autant de séances de préparation physique. « En France, je m’estime déjà heureux : j’ai un boulot dans un bureau, je ne suis pas en train de manier la pelle depuis le matin, comme ça peut être le cas de certains. Ça, c’est dur. » « Entre 15 et 20 joueurs tongiens ont refusé de venir en équipe nationale car ils ne peuvent pas se le permettre financièrement. » Le sélectionneur des Tonga En sélection, Benoît Piffero est en concurrence avec deux néoprofessionnels : Eric Howard (New Orleans) et Andrew Quattrin (Toronto). « Courir, ce n’est pas un problème. Le plus dur, c’est dans l’impact physique. » Né à Montréal, le trentenaire a grandi en France, formé au club de Clermont puis de Montpellier. « Physiquement, les deux sont meilleurs que moi à la musculation. Mais j’essaie de compenser par ma technique de la mêlée. » Difficile de quantifier, dans ce Mondial, le nombre exact de participants amateurs ou semi-pros. « Entre 15 et 20 joueurs tongiens ont refusé de venir en équipe nationale car ils ne peuvent pas se le permettre financièrement », explique le sélectionneur des Tonga, Toutai Kefu, cité dans L’Equipe. Reste encore la place pour des exceptions. Siua Maile, 22 ans, est couvreur de profession. Si le joueur se retrouve au Japon, c’est après avoir répondu… à un appel à candidatures lancé en urgence sur Facebook par l’équipe des Tonga pour trouver un talonneur opérationnel − le royaume ayant à peine plus de 100 000 habitants, les bras sont précieux. Grant Doorey explique au Monde se faire peu d’illusions. Il sera « de plus en plus dur », selon l’entraîneur adjoint des Tonga, d’observer ce genre d’histoire. « Entre un pro et un amateur, a différence se voit surtout dans l’habitude à faire face à la pression », estime-t-il après la courte défaite des siens contre la France (23-21), dimanche 6 octobre à Kumamoto. Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : groupe B comme balèze La professionnalisation s’accroît L’Uruguay illustre bien cette tendance à la professionnalisation. Le groupe actuel, qui a surpris les Fidji (30-27) en début de tournoi, compte dix-huit professionnels (pas son capitaine, Juan Manuel Gaminara, consultant financier), contre quatre en 2015, selon l’agence Reuters. « En Uruguay, le nombre d’entraînements variait, mais ce pouvait être trois fois par semaine, par exemple », explique Santiago Arata, 23 ans, passé professionnel cette année à Houston, aux Etats-Unis. Le demi de mêlée uruguayen Santiago Arata, passé professionnel cette année, le 29 septembre 2019 à Kumagaya. CHARLY TRIBALLEAU / AFP Auparavant, le demi de mêlée avait encore un statut semi-amateur : « Quand je jouais en Uruguay, je m’entraînais toute l’année avec l’équipe nationale. La fédération me versait de l’argent pour que j’aie de quoi vivre tout en continuant mes études. » Le joueur l’explique au Monde dans une petite salle quasi déserte d’un palace de Kumamoto. Ce mardi 8 octobre au soir, pas d’autre confrère que le journaliste employé pour le « rugby news service », le canal officiel de la Coupe du monde. Le talonneur Benoît Piffero, lui, a surtout hâte de partager ses repas avec femme et enfants. Son petit dernier fêtera ses deux ans le 13 octobre, jour de Canada-Namibie. « J’ai déjà son cadeau : une paire de chaussures avec Winnie l’Ourson. » Et sûrement pas mal histoires à lui raconter. Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : le classement des différents groupes
Comme le Canadien Benoît Piffero, qui affrontait l’Afrique du Sud mardi, certains participants prouvent qu’une alternative au modèle professionnel est encore possible.
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2019/10/09/coupe-du-monde-2019-de-rugby-des-amateurs-ou-semi-pros-se-font-encore-une-place_6014781_1616937.html
mlsum-fr-1025
Le dossier du procès de Claude Chossat à la cour d’appel d’Aix-en-Provence, le 28 octobre. GERARD JULIEN / AFP Paroles de flic, lundi 4 novembre, à la cour d’assises des Bouches-du-Rhône, à Aix-en-Provence. A la barre : Bruno Boudet. Ancien commandant de police à la direction centrale de la police judiciaire, chargé de la criminalité organisée, aujourd’hui à la retraite. Costume sombre, lunettes rectangulaires, visage un peu rond, sourire sympathique. A Bastia, Ajaccio, Marseille ou Paris, il n’y a pas un autre policier qui connaît l’accusé, Claude Chossat, mieux que lui. Le 17 décembre 2009, dans les locaux de la brigade criminelle de Marseille, rue de l’Evêché, c’est à lui que Chossat, poursuivi pour « assassinat en bande organisée » après le meurtre de Richard Casanova, le 23 avril 2008 à Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), a choisi de se confier. C’est lui, Bruno Boudet, qui à cette époque a demandé le placement en garde à vue de Chossat pour le meurtre d’un autre voyou, Jean-Claude Tasso, tué à Aix-en-Provence en 2008. Courant octobre 2008, l’ADN de Chossat a été mis au jour sur un étui de balles retrouvé sur le lieu de cet assassinat. Extrait de la prison d’Ajaccio, où il était en détention provisoire dans une affaire d’abus de biens sociaux, Chossat ne sait rien de cela. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Claude Chossat, le second couteau corse qui en savait trop Pendant les deux premiers jours de la garde à vue, Boudet s’installe dans un coin du bureau où des enquêteurs se succèdent pour interroger Chossat. Boudet, lui, observe. Ne dit rien. Il est de tous les interrogatoires mais reste muet. « J’étais là pour me faire une idée. A ce moment-là, Chossat ne nous est pas complètement inconnu – on l’a repéré aux côtés de Francis Mariani [l’un des parrains de La Brise de mer] – mais on ne sait rien du rôle qui est le sien », explique Bruno Boudet. « Il m’annonce qu’il a des choses à nous raconter » Après deux jours de garde à vue, Chossat devine qu’il va lui être difficile d’échapper aux charges que les policiers ont contre lui. Son ADN le confond et, cette fois, il encourt une mise en examen pour assassinat avec une lourde condamnation derrière. Alors, il se tourne vers Boudet. Il a compris que c’était lui, le chef. « Il dit qu’il est prêt à faire une déposition, sur d’autres affaires », indique Bruno Boudet. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au troisième jour du procès de Claude Chossat, son statut de « repenti » fait débat Pendant une trentaine de minutes, les deux hommes s’enferment dans un bureau. « A ce moment, il m’annonce qu’il a des choses à nous raconter sur l’assassinat de Richard Casanova », assure Boudet à la cour. Il ne met qu’une condition : rester à la maison d’arrêt d’Ajaccio, car il veut être à proximité de sa famille. « Je lui ai expliqué que cela ne relevait pas de ma compétence, se souvient l’ex-policier. Que je devais en parler avec le juge. »
Au procès de l’assassinat de Richard Casanova, en avril 2008, le policier qui avait recueilli les confessions de l’accusé témoignait, lundi, devant la cour d’assises des Bouches-du-Rhône.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/04/au-proces-de-claude-chossat-un-flic-a-la-barre_6018019_3224.html
mlsum-fr-1026
Jonathan Ive, lors d’une conférence des développeurs Apple à San Jose (Californie), le 3 juin 2019. Jeff Chiu / AP Le nom de Jony Ive restera à jamais associé à l’esthétique de l’iMac, comme de l’iPhone. Le designer historique d’Apple va pourtant quitter l’entreprise cette année pour monter son propre cabinet, a annoncé jeudi 27 juin Apple. « Jony est une figure singulière dans le monde du design et son rôle dans la renaissance d’Apple est gigantesque, depuis le révolutionnaire iMac en 1998 à l’iPhone » en 2007 ou encore le nouveau siège du groupe en Californie, a rappelé Tim Cook, patron d’Apple, à propos du Britannique de 52 ans, anobli par la reine d’Angleterre il y a quelques années. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jony Ive : aux origines de la « révolution » Apple « Apple continuera à bénéficier des talents de Jony en travaillant directement avec lui sur des projets exclusifs », a ajouté M. Cook, cité dans un communiqué, se disant « impatient » de continuer à travailler avec lui via sa nouvelle entreprise. Un départ qui coïncide avec une ère de changement pour Apple Après la traversée du désert connue par Apple dans les années 1990, sir Jonathan Ive est celui qui a su mettre en musique les exigences nées de l’imagination féconde du mythique patron-fondateur Steve Jobs, en concevant l’iMac, l’ordinateur de bureau à la coque arrondie et translucide, qui signera le début de la renaissance du groupe avant d’autres produits à succès, comme l’iPhone. Pour beaucoup, M. Ive – devenu au fil du temps l’un des plus célèbres designers industriels au monde – est l’artisan du succès des produits d’Apple, réputés pour leur design soigné, épuré, voire minimaliste, comme l’affectionnait Steve Jobs qui voulait que les produits électroniques soient esthétiquement attrayants. Son départ comme employé du groupe coïncide avec un moment historique pour Apple, qui souhaite miser désormais davantage sur les services. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Apple mise sur l’extension de la taille de ses écrans d’iPhone
La marque à la pomme poursuivra sa collaboration avec le designer britannique, en devenant un client de sa nouvelle entreprise.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/28/jony-ive-le-designer-de-l-iphone-quitte-apple-pour-fonder-son-propre-cabinet-de-creation_5482393_3234.html
mlsum-fr-1027
Agnès Buzyn, Elisabeth Borne et Didier Guillaume, le 11 octobre, à Rouen. LOU BENOIST / AFP Quinze jours après l’incendie de l’usine chimique Lubrizol à Rouen et de sa voisine, l’entreprise Normandie Logistique, les pouvoirs publics ont donné un gage de transparence en instaurant, vendredi 11 octobre, un « comité pour la transparence et le dialogue ». Trois ministres avaient fait le déplacement à la préfecture de Seine-Maritime, Elisabeth Borne pour la transition écologique et solidaire, Agnès Buzyn pour la santé et Didier Guillaume pour l’agriculture. Réunissant élus, industriels, associations, organisations professionnelles et syndicales, acteurs économiques, services de santé et représentants du monde agricole, ce comité « a vocation à associer l’ensemble des acteurs du territoire afin d’assurer un suivi, dans la durée, des conséquences de la catastrophe industrielle et de partager toutes les informations », a assuré Mme Borne. Trois mille agriculteurs touchés, selon M. Guillaume Victimes des retombées polluantes des fumées dégagées par l’incendie, trois mille agriculteurs, selon Didier Guillaume, sont toujours empêchés d’écouler leurs productions, avec les mises sous séquestre visant 216 communes de Normandie et des Hauts-de-France. Ils ont obtenu, vendredi matin, l’assurance d’être indemnisés par Lubrizol, en direction duquel le principe du « pollueur-payeur » a été plusieurs fois mentionné. « Nous serons prêts dans les tout prochains jours », a assuré le ministre, évoquant un préjudice global de « 40 millions à 50 millions d’euros et 700 000 litres de lait jetés chaque jour ». Pressé d’avancer des éléments chiffrés, le PDG de Lubrizol France, Frédéric Henry, n’a pas confirmé ce montant. Et a filé sans répondre à la presse. « Nous participerons financièrement aux actions en cours et à venir. Pour aider à réparer les conséquences de l’incendie », s’est-il contenté d’expliquer, au grand dam du député PCF de la Seine-Maritime, Hubert Wulfranc : « On attendait des chiffres, d’autant que vous avez les capacités financières. Nous sommes révoltés. » Outre le volet pécuniaire, la question de la date de levée des restrictions agricoles est revenue en boucle dans les prises de parole. « Déjà quinze jours. Sur le terrain, c’est long, très long », a regretté Laurence Sellos, présidente de la chambre d’agriculture de Seine-Maritime. « Nous voulons une date », a renchéri le député PCF Sébastien Jumel. « La levée des interdictions n’est pas de notre ressort », a pris soin de préciser le directeur général de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation (Anses), Roger Genet. L’avis de l’Agence, attendu d’ici « mardi ou mercredi », sera cependant décisif. Les premiers résultats montrent, notamment en matière de recherche de dioxines, « des niveaux inférieurs » aux standards, mais des confirmations sont nécessaires. Sans attendre cette expertise, le ministre de l’agriculture a pourtant précisé, à l’issue de la réunion, que « les séquestres sur le lait pourraient être levés dès cet après-midi par le préfet, car tous les prélèvements sur le lait sont négatifs ». Jacky Bonnemains, président de l’association écologiste Robins des bois, a dénoncé en écho « une pression » du gouvernement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendie à Rouen : Normandie Logistique n’a « jamais indiqué clairement » les quantités de produits qu’elle stockait « Evaluation du risque à moyen et long terme » Concernant les effets à court terme sur la santé publique, Mme Buzyn a évoqué « un impact réel, mais modéré » : « Il y a eu 246 passages aux urgences et neuf personnes hospitalisées, toutes sont sorties. Et aucun cas grave n’a été rapporté. » La ministre a, de plus, « demandé une évaluation du risque à moyen et long terme », qui lui sera rendue « dans les prochaines semaines ». « En fonction du risque, nous mettrons en place la surveillance la plus appropriée », a assuré la ministre. Lire aussi La quantité de produits partis en fumée lors de l’incendie à Rouen revue à la hausse Une autre inconnue, et non des moindres, alimente les inquiétudes et les débats : la nature des produits ayant brûlé chez Normandie Logistique. Mis sous pression par les autorités depuis plusieurs jours et sommé de s’expliquer face au comité, son dirigeant, Christian Boulocher, n’est toujours pas en mesure de fournir une liste précise. « Je sais ce qui pèse sur l’entreprise et sur moi. Nous finalisons les calculs définitifs et cette liste sera remise aujourd’hui », a-t-il promis vendredi, estimant que sa société n’était « pas préparée » face à un tel événement. Dans le cas contraire, des sanctions pourraient s’appliquer à l’entreprise. « Le code de l’environnement l’y oblige », avait prévenu Patrick Berg, le directeur de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL) Normandie, dès mercredi, devant la presse.
L’instance, instaurée en présence des ministres de l’écologie, de la santé et de l’agriculture, s’engage à suivre dans la durée les conséquences de la catastrophe de l’usine Lubrizol.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/11/incendie-de-rouen-l-etat-met-en-place-un-comite-pour-la-transparence-et-le-dialogue_6015200_3244.html
mlsum-fr-1028
Scène de liesse à Antananarivo, après la victoire des Zébus malgaches face aux Léopards congolais, dimanche 7 juillet 2019 à Alexandrie. RIJASOLO / AFP Une bouffée de bonheur au cœur de l’hiver… A la « une » des journaux malgaches, c’est la joie ce lundi matin. Le premier quotidien de l’île en nombre d’exemplaires vendus, Midi Madagasikara, salue la performance « héroïque » de la sélection de Nicolas Dupuis. Cet homme est quasiment devenu une vedette nationale depuis que l’équipe malgache franchit une à une les différentes étapes de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). La compétition, qui se déroule jusqu’au 19 juillet en Egypte, voit en effet les « petits poucets », comme est surnommée cette équipe qui n’avait jamais brillé à l’international auparavant, gagner tous ses matchs et éliminer des équipes plus chevronnées. Dimanche, elle a battu en huitièmes de finale l’équipe de la République démocratique du Congo (RDC) aux tirs au but (4-2), après un match (2-2). La voilà donc en route pour les quarts de finale. POV Dans L’Express de Madagascar, le célèbre journaliste dessinateur Pov légende son dessin ainsi : « Meurtrie continuellement par les tristes nouvelles de kidnappings, banditismes, meurtres, pauvreté extrême, insalubrité, épidémies, corruption, clivages ethniques, économique, politique, etc., c’est incroyable de constater que la nation est capable d’une telle communion, fédérée par cette merveilleuse équipe de foot. » L’ensemble de la presse locale partage son approche. L’arrivée des Zébus en quarts de finale fait écrire à L’express de Madagascar que « les Barea s’imposent au bout du suspense ». Et l’article revient ensuite avec force détails sur l’ascenseur émotionnel qu’ont été ces huitièmes de finale pour les Malgaches. Les joueurs n’ont pas manqué d’énergie précise le quotidien, récompensés par un premier but d’Amada dès la 9e minute, qui se réjouit que « la superbe épopée du petit poucet malgache continue ». Concert de klaxons et de vuvuzelas Les Nouvelles, un autre quotidien, écrivent plus vindicatifs que « les Barea encornent les Léopards ». Une manière de rendre hommage aux Congolais eux aussi très en forme, malgré leur défaite. Mais, comme l’explique le journal, « les petits poucets » font finalement leur trou dans la CAN. Et font trembler les plus grands ! Aux abords de la place de l’Indépendance, dans la capitale malgache, plongée dans un silence de plomb après l’interminable séance de tirs au but, la nuit de dimanche à lundi a été chaude. La joie a explosé telle une grenade dégoupillée dès le coup de sifflet final. Très vite, le quartier d’Analakely, centre névralgique de la ville, s’est rempli de supporteurs de tous âges et tous milieux. Peu importe la nuit, peu importe le froid de l’hiver austral et le peu d’éclairage public, la ville a crépité au son des pétards bon marché et s’est illuminée des fumigènes. Lire aussi CAN 2019 : les cinq footballeurs clés du succès de Madagascar Durant plusieurs heures, les cortèges de drapeaux blanc, rouge et vert ont dévalé les rues, dans un sens ou dans l’autre, dans une atmosphère bon enfant. Au milieu du concert de klaxons et de vuvuzelas, on a même pu reconnaître la profusion du répertoire de chansons traditionnelles malgaches. La place du 13 mai et ses abords sont un lieu chargé d’histoire pour les Malgaches depuis la fin de la colonisation. En l’espace d’un an, ce quartier a été le témoin du pire comme du meilleur. C’est là que, le 21 avril 2018, des manifestations contre le régime Rajaonarimampianina ont fait au moins un mort et six blessés. Pendant des mois, son accès est resté restreint. Mais ce 7 juillet, le football a montré que cette place pouvait aussi être un endroit de pure communion et de pure célébration. Un lieu de bonheur. Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 sur WhatsApp
Pour leur première participation à une Coupe d’Afrique des nations, les Zébus malgaches s’offrent une place en quarts de finale.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/08/can-2019-apres-la-victoire-de-madagascar-scenes-de-liesse-a-antananarivo_5486878_3212.html
mlsum-fr-1029
ingham. Il est autour de trois heures du matin, ce 25 juin 2018, quand le téléphone sonne. « Des appels en pleine nuit concernant le Bataclan, ça affole forcément, raconte Jules Frutos, à l’époque cogérant de la salle de concerts parisienne. J’y vais. Il y a déjà un attroupement. Des gens prennent des photos. » Tous fixent la porte de secours, par laquelle une partie des spectateurs a fui l’attaque terroriste du 13 novembre 2015. Une madone au regard triste y est apparue, bombée au pochoir. L’auteur n’a pas laissé de signature, mais elle est évidente. On sait que Banksy est à Paris. Depuis quelques jours, la star du street art a laissé une dizaine de traces sur les murs de la capitale. Ses fans et les journalistes le pistent, mais ignorent toujours son visage, et même son mode opératoire. Cette fois, il y a des images. Une caméra de surveillance pointe sur l’issue de secours du Bataclan. Quand on lui demande s’il a regardé la vidéo et ce qu’il y a vu, Jules Frutos élude : « Je ne peux pas en parler. D’un côté, il y a l’artiste. De l’autre, le remue-ménage. Ça n’apporte rien. » La madone peinte sur l’issue de secours du Bataclan en hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, à Paris. SEBASTIAN KUNIGKEIT / DPA PICTURE-ALLIANCE / AFP Il est encore autour de trois heures du matin, le 26 janvier 2019, quand l’alarme du Bataclan se déclenche. Cette fois, on sait ce que la caméra a filmé. Des hommes cagoulés ont découpé la porte de derrière à la meuleuse, et embarqué le Banksy. Pour porter plainte, il a fallu se creuser la tête sur le statut juridique de ce graffiti même pas signé. Avait-on volé une œuvre d’art ou un vulgaire morceau de porte ? L’enquête a été banalement ouverte pour « vol avec dégradation en bande organisée ». « Elle est en cours », se contente d’indiquer le parquet. L’œuvre « La Petite Fille au ballon rouge », à Londres, 2004. STEVE LAZARIDES Ainsi se construit, depuis plus de quinze ans, la légende Banksy. La nuit est Banksy. La rumeur est Banksy. Banksy, c’est l’homme des punchlines corrosives et des images efficaces aérosolées, comme cette fillette au ballon en forme de cœur peinte en 2002 sur le pont de Waterloo, à Londres, et déclinée depuis en estampes, mugs et tee-shirts. L’artiste, qui se joue de toutes les autorités – policière, politique ou financière –, est surtout un petit génie de l’autopromotion et de la manipulation. Théories fumeuses En 2015, il ouvre un parc d’attractions dystopique baptisé Dismaland à Weston-super-Mare (Royaume-Uni), une sinistre ville balnéaire près de Bristol. Deux ans plus tard, il installe l’Hôtel Walled Off à Bethléem, au pied du mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie. En 2018, le voilà qui sabote en direct une vente d’une de ses œuvres chez Sotheby’s. Un dessin reprenant la fillette au ballon venait à peine d’être adjugé pour un million d’euros qu’un mécanisme caché dans le cadre l’a broyé en fines lamelles.
Depuis plus de quinze ans, le mystère autour de l’identité de la star des street-artistes entretient sa légende et fait grimper sa cote. Une piste mène à Bristol, sur les traces d’un certain Robin Gunningham.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/12/a-la-poursuite-de-banksy-le-fantome-du-street-art_5488667_4500055.html
mlsum-fr-1030
La joie de la joueuse argentine Sole Jaimes après le match nul deson pays face au Japon. GONZALO FUENTES / REUTERS C’était hier Argentine-Japon : 0-0. Le Japon, tenu en échec par l’Argentine 0-0 lundi 10 juin, a manqué son entrée dans le Mondial féminin de football et l’occasion de rejoindre l’Angleterre en tête du groupe D. Les Japonaises, titrées en 2011 et finalistes en 2015, ont buté à Paris sur une sélection argentine très regroupée en défense. Les joueuses nippones ont manqué de folie et de réalisme (8 frappes et seulement 3 cadrées) pour inquiéter un bloc argentin prêt à tous les sacrifices physiques. L’Albiceleste obtient, elle, le premier point de son histoire en Coupe du monde. Une performance pour une nation classée seulement 37e à la FIFA. En deux participations, l’Argentine s’était inclinée six fois en autant de matchs. Les joueuses ont fêté ça comme il se doit. En zone mixte, elles ont entonné plusieurs chants, distribué des bises, avant de répondre aux questions. « C’est un rêve, nous sommes très satisfaites, a jubilé Florencia Bonsegundo, attaquante à Huelva (Espagne). Nous étions pourtant conscientes de la différence qu’il y avait entre le Japon (7e au classement FIFA) et nous. » Canada-Cameroun : 1-0. Le Canada, 5e nation mondiale, s’est imposé (1-0) à Montpellier face au Cameroun, sur un but de la joueuse de l’Olympique lyonnais, Kadeisha Buchanan à la 45e minute. Elue meilleure jeune du Mondial 2015, Buchanan, 23 ans, en est désormais à 4 buts en sélection dont 3 de la tête. Le Canada, demi-finaliste en 2003 et quart de finaliste à domicile en 2015, affrontera la Nouvelle-Zélande lors du prochain match du groupe E. Le Cameroun, qui dispute seulement sa deuxième Coupe du monde, sera opposé aux championnes d’Europe néerlandaises. C’est aujourd’hui Nouvelle-Zélande - Pays-Bas (Groupe E, 15 heures). La Nouvelle-Zélande, qui participe à sa cinquième Coupe du monde (mais sans avoir jamais réussi à passer le premier tour), affronte les Pays-Bas, qui ne disputent que leur deuxième Mondial. Mais les Bataves, 8e du classement FIFA, ont créé la surprise en remportant l’Euro 2017 et entendent bien montrer que leur sacre continental n’était pas le fruit du hasard. En 2015, les Oranje avaient battu les Néo-Zélandaises sur le fil en phase de poules (1-0). Chili-Suède (Groupe F, 18 heures). Le match des outsiders du groupe F, dont la première place est promise aux Américaines. Le Chili, 39e nation au classement FIFA, affronte la Suède, neuvième. Les Scandinaves, qui ont disputé toutes les éditions de la Coupe du monde, partiront largement favorites face à des Chiliennes, novices en la matière. Mais celles-ci pourront s’appuyer sur leur gardienne Christiane Endler, qui évolue au PSG depuis 2017. Etats-Unis - Thaïlande (Groupe F, 21 heures). Les Américaines, tenantes du trophée et favorites à leur propre succession, font leur entrée dans la compétition. Elles affrontent les Thaïlandaises qui prennent part à leur deuxième Coupe du monde après 2015. Les Chaba Kaew (leur surnom, du nom d’un éléphant dans un film d’animation thaïlandais, qui porte une fleur à son oreille gauche), 34e du classement FIFA et qui n’ont remporté qu’un match en Coupe du monde (face à la Côte d’Ivoire), auront fort à faire pour tenter de déstabiliser la première nation au classement FIFA. Lire aussi Le guide de la Coupe du monde féminine 2019 C’est dit Hope Solo, en 2016. Tony Gutierrez / AP « Dans tous les tournois que j’ai disputés – des Jeux olympiques à la Coupe du monde –, je savais qu’il allait se passer des choses totalement imprévisibles. […] il faut donc s’attendre à l’inattendu. Etre prêt à gérer n’importe quelle situation. » Quand Hope Solo parle, on l’écoute. Double championne olympique (2008 et 2012), championne du monde (2015) et véritable icône du football féminin, la gardienne américaine livre ses derniers conseils avant l’entrée en lice de ses compatriotes. Le plus important ? « Il est tout à fait normal d’être nerveuses » avant l’entrée en lice dans la compétition, aussi favorites les Américaines soient-elles, et c’est même plutôt bon signe : « Cela prouve que vous vous souciez de cette compétition. » Il faut juste apprendre à gérer ses émotions. C’est vu Sur la pelouse du Parc des Princes, les défenseuses Agustina Barroso et Aldana Cometti après le match nul de leur équipe, l’Argentine, contre le Japon (0-0), le 10 juin. AFP/Kenzo Tribouillard Il y a des matchs nuls qui équivalent à des victoires. Les défenseuses Agustina Barroso et Aldana Cometti célèbrent le 0-0 de l’Argentine face au Japon et, surtout, le premier point de l’Albiceleste dans son histoire en Coupe du monde. L’exploit est d’autant plus retentissant qu’entre 2015 et 2017, la sélection n’existait tout simplement plus. C’est bonus Audimat. Après le score historique réalisé par les Bleues vendredi face à la Corée du Sud (9,8 millions de téléspectateurs, 44,3 % de parts de marché), un nouveau record pour un match féminin a été établi dimanche au Royaume-Uni lors d’Angleterre-Écosse, avec 37,8 % de parts d’audience, et un pic à 6,1 millions de téléspectateurs. The @Lionesses victory over Scotland in their opening game of the #FIFAWWC yesterday attracted a peak audience of 6… https://t.co/dxstQzvDTB — JoCurrie (@Jo Currie) Soutien. Tout y est : crochet, petit pont et célébration bien travaillée. Les joueuses de rugby de la Nouvelle-Zélande ont adressé un message de soutien à leurs homologues footballeuses pour leur entrée en lice dans la compétition. Une vidéo garantie sans haka. Cross-code love as the @BlackFerns (the NZ women’s rugby team) wish the #FootballFerns good luck ahead of their… https://t.co/Px6BTeiaeN — FIFAWWC_NZL (@Brendan Bradford, FIFA)
Alors que l’Argentine a obtenu le premier point de son histoire en Coupe du monde, les tenantes du titre américaines font leur début, mardi, face à la Thaïlande.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/11/la-gazette-de-la-coupe-du-monde-feminine-les-usa-entrent-en-lice-l-exploit-de-l-argentine-et-record-d-audience_5474444_1616938.html
mlsum-fr-1031
Si la crise des « gilets jaunes » s’est calmée, les premières flammèches d’un autre incendie apparaissent ici et là dans le pays. De Tonnerre (Yonne) à Saint-Antonin-Noble-Val (Tarn-et-Garonne), de Quimperlé (Finistère) à Villeneuve-les-Corbières (Aude), de nombreux conseils municipaux votent, depuis le début de l’été, des motions pour dénoncer la réorganisation du réseau des finances publiques, dont le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a présenté les grandes lignes en juin. De quoi s’agit-il ? Dans le but de rapprocher le service public des usagers et de faire des économies, M. Darmanin propose aux collectivités locales de changer radicalement l’organisation des trésoreries. Entre 2007 et 2017, rappelle-t-il régulièrement, 1 200 centres des impôts ont été supprimés sur l’ensemble du territoire. Et le système est aujourd’hui « à bout de souffle ». Il faut donc « arrêter le jeu de massacre ». Son idée : rassembler certains agents des impôts pour gérer les tâches administratives quand d’autres iront sur le terrain répondre aux questions des contribuables. L’Association des comptables publics (ACP), qui représente deux comptables sur trois, assure que cela se traduira par « la suppression de quelque mille trésoreries, remplacées par des agents mobiles, se déplaçant sur rendez-vous ». Ce que l’entourage du ministre conteste : « Ce n’est pas exact. Tout dépendra du résultat de la concertation que nous menons avec les élus et les syndicats. Nous proposons de remettre des agents au contact de la population, à raison de 30 % de lieux de services publics en plus, notamment dans les communes les plus rurales. » Gérald Darmanin promet que, d’ici à la fin du quinquennat, les services des impôts seront présents dans 2 600 communes, contre 1 900 aujourd’hui. Les agents seront « installés dans des “maisons France services”, dans des trésoreries, dans des mairies ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La vraie-fausse annonce des maisons France service Mouvement de fond inédit Ce « Darmanopoly », dénonce la CGT, en pointe dans le combat contre le chamboule-tout des perceptions, n’annonce rien de bon : « Pas la peine de lancer les dés, à tous les coups vous perdez. » C’est bien ce que pensent les municipalités qui votent des motions. L’ACP, étonnée par ce mouvement de fond inédit, en a recensé « une cinquantaine, émanant d’une quarantaine de départements différents ». Mais, précise, Alain Paccianus, premier vice-président de l’association, ce décompte « n’est pas exhaustif ». D’autres formes de mobilisation sont apparues et de nombreuses délibérations ne sont pas remontées jusqu’à l’ACP. En Corrèze, par exemple, département qui passerait de 22 à 5 trésoreries, selon la CGT, « 197 des 280 communes ont déjà voté une motion ou vont la finaliser ce mois-ci, soit plus de 70 % ».
Face à cette réforme menée par Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, des mairies dénoncent un abandon de l’Etat.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/11/bronca-contre-la-reorganisation-des-tresoreries_5509065_823448.html
mlsum-fr-1032
Des policiers devant la mosquée Sunna à Brest (Finistère), le 27 juin. FRED TANNEAU / AFP Rachid Eljay, l’imam de la mosquée Sunna de Brest, et un fidèle de ce lieu de culte ont été blessés par balles jeudi 27 juin, peu après 16 heures, par un homme qui s’est apparemment suicidé peu après. Selon des témoins de la scène, Karl Foyer, le tireur, est arrivé devant la mosquée à bord d’une Clio. Il en est descendu, s’est approché des deux hommes qui sortaient du lieu de culte, prétextant vouloir prendre une photo, puis a tiré sur eux six fois, les blessant aux jambes et à l’abdomen. Les deux hommes ont été hospitalisés. Leurs jours ne sont pas en danger. 🚨 Coups de feu devant la mosquée de #Brest Jeudi 27 juin, peu après 16h, des coups de feu ont été tirés devant la… https://t.co/hnKhzIYEX3 — Prefet29 (@Préfet du Finistère) Trois heures plus tard, les policiers ont retrouvé la voiture abandonnée, puis l’auteur des tirs, mort d’une balle dans la tête. A peu près en même temps qu’avait lieu la fusillade, la reproduction numérique d’une lettre manuscrite accompagnée de la carte d’identité de Karl Foyer, 21 ans, était adressée par e-mail à une soixantaine d’adresses, notamment liées à des médias. L’auteur de cette missive, qui se présente sous cette identité, y affirmait, avec une orthographe approximative, avoir été intercepté le 18 avril par trois hommes qui lui avaient ordonné « d’égorger l’imam de Brest Rachid Eljay » entre le 15 et le 30 juin, faute de quoi ils le tueraient lui, ainsi que ses proches. Jeudi soir, des sources proches de l’enquête ont confirmé au Monde que le tireur était bien Karl Foyer, un inconnu des services de police. Il était en possession d’un pistolet 9 mm. Ces sources ont souligné que la lettre manifeste un esprit déséquilibré. Compte tenu de ces éléments, le parquet antiterroriste ne s’est pas saisi de l’affaire. Menaces et perquisitions Rachid Eljay, 39 ans, est un prédicateur très écouté sur Internet, où ses vidéos sont regardées par plusieurs dizaines de milliers de personnes, parfois davantage. Sous le nom de Rachid Abou Houdeyfa (qu’il a abandonné depuis), il avait défrayé la chronique en 2015 pour avoir affirmé devant des enfants que ceux qui écoutent de la musique (proscrite par certains tenants d’un islam très rigoriste) risquaient d’être transformés en singe ou en porc. Ces propos ont été entendus dans une vidéo diffusée dans le contexte des attentats de cette année-là, attentats condamnés par l’imam. Initialement d’inspiration salafiste, cet autodidacte prône aussi la participation électorale des musulmans et donc l’acceptation du jeu démocratique – une hérésie pour les djihadistes. Ceci, associé à sa large audience, lui a valu d’être désigné comme une cible par l’organisation Etat islamique, dans le même temps où, en France, après ses propos sur la musique, il était dénoncé comme fondamentaliste. Son domicile et la mosquée ont été perquisitionnés dans le cadre de l’état d’urgence – sans suite. Depuis, Rachid Eljay a, semble-t-il, fait du chemin. Il a suivi à Rennes, en 2016 et 2017, un diplôme universitaire « Religions, droits et vie sociale », l’un de ces cursus mis en place après les attentats de 2015 dans certaines universités à la demande des pouvoirs publics, pour former des acteurs religieux au cadre juridique et social français. Sa barbe a raccourci, ses cheveux ont poussé. A deux reprises, des menaces plus précises l’ont contraint à quitter son domicile pour se mettre à l’abri, indique l’un de ses proches. Mais elles s’étaient ensuite calmées et il avait pu reprendre une vie normale. A l’automne, il avait rejoint la plate-forme Les Musulmans, créée à l’initiative du militant et ex-directeur du Collectif contre l’islamophobie en France, Marwan Muhammad, dans le but de fédérer des mosquées et des associations musulmanes. Il est l’un des coordinateurs de l’association des imams de ce regroupement. Cette plate-forme a dénoncé, jeudi soir, « une tentative de meurtre » qui « atteint un niveau de gravité sans précédent ». Le site affirme qu’elle s’inscrit « dans une série d’attaques constantes de personnalités politiques et médiatiques contre l’imam Rachid Eljay, devenu en quelques années la cible privilégiée de leur haine et de leur islamophobie » et qui pourtant « n’a cessé d’œuvrer à l’éducation, à la responsabilisation, à la paix entre tous dans ses prêches à la mosquée de Brest et ses vidéos sur Internet ». « S’il y a des menaces réelles contre certains imams, comme cela semble être le cas, nous demandons qu’ils soient protégés », déclare Marwan Muhammad, selon qui un regain d’activité de cellules antimusulmanes liées à l’extrême droite aurait été détecté ces derniers mois. « Nous exigeons des pouvoirs publics qu’ils prennent de toute urgence toutes les mesures nécessaires pour protéger les lieux de cultes musulmans et assurer la sécurité des imams et des personnalités musulmanes visés par des discours racistes et des menaces. Il est temps que l’Etat prenne toutes ses responsabilités face au risque terroriste islamophobe qui vise les citoyens de confession musulmane », proclame la plate-forme. Le Conseil des mosquées du Rhône a, pour sa part, dénoncé vendredi « l’absence de réaction de la classe politique et le silence méprisant des médias ». Les responsables musulmans expriment « leur préoccupation commune face à la recrudescence des actes antimusulmans qui démontre qu’un seuil critique a été franchi ». En fin d’après-midi, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a fait savoir, sur Twitter, avoir « demandé aux préfets de renforcer la surveillance des lieux de culte du pays ».
L’imam Rachid Eljay était visé par l’Etat islamique, mais également critiqué en France pour ses positions conservatrices, notamment en 2015 au moment des attentats. L’auteur des coups de feu s’est suicidé peu après l’attaque.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/27/des-tirs-devant-une-mosquee-de-brest-font-deux-blesses_5482352_3224.html
mlsum-fr-1033
Finnegan Oldfield dans « Le Poulain » (2018), de Mathieu Sapin. BAC FILMS CANAL+ - MARDI 13 AOÛT 21 HEURES - FILM Dessinateur et reporter, Mathieu Sapin connaît bien la politique française pour avoir couvert l’arrivée de François Hollande à l’Elysée en 2012 dans Campagne présidentielle, puis rendu compte de son mandat dans Le Château (éd. Dargaud). Passant des cases de la bande dessinée aux plans de cinéma, Mathieu Sapin fait aujourd’hui de cette expérience la matière de son premier long-métrage. L’intérêt du Poulain réside dans ce qu’il révèle du regard de son auteur sur ce milieu. En suivant l’ascension d’un néophyte en politique, le réalisateur s’est débarrassé de ce qui l’encombrait – les thèmes de campagne (immigration, Europe…), les débats d’idées, les propositions politiques – pour s’intéresser à la mise en mouvement d’un vaudeville nourri par l’appétit de pouvoir et les pulsions érotiques des personnages. C’est un parti périlleux, qui suppose une maîtrise de la mécanique comique, dont Mathieu Sapin ne fait pas toujours montre. D’autant qu’il manque au Poulain les fondations réalistes qui ont permis à Quai d’Orsay (inspiré d’un ministre des affaires étrangères ayant réellement existé), de Bertrand Tavernier, ou à la série Baron noir (sur le Parti socialiste) d’emporter la conviction. Trahisons et compromis C’est à des « démocrates » de fiction que le héros Arnaud Jaurès apporte son concours. Passant des mains moites d’un petit apparatchik libidineux (Philippe Katerine, qui perpétue la tradition des seconds rôles spectaculaires du cinéma français) aux griffes manucurées d’Agnès Karadzic (Alexandra Lamy), la directrice de commu­nication d’une candidate à la primaire, Arnaud (Finnegan Oldfield) se voit enseigner le b.a.-ba du mensonge institutionnel, avant de passer au niveau supérieur : trahisons et compromis. Un apprentissage de la bassesse qui provoque un peu de déprime. Dans le rôle d’un candidat célibataire obsédé par le regard maternel, Gilles Cohen fait une création plus inattendue, qui pourrait faire pencher le film du côté de la fantaisie. Mais Mathieu Sapin veut faire croire à la justesse de cette peinture, comme en témoigne la présence, dans un second rôle, de Gaspard Gantzer, vrai conseiller à la communication de François Hollande de 2014 à 2017. Cette intrusion réaliste parachève la sensation de désenchantement absolu qui flotte sur Le Poulain. Le Poulain, de Mathieu Sapin. Avec Alexandra Lamy, Finnegan Oldfield, Gilles Cohen (Fr., 2017, 1 h 37). Sur le Web : www.bacfilms.com/distribution/fr/films/we-need-your-vote
Après deux BD sur l’ascension politique de François Hollande, qu’il a suivie, Mathieu Sapin porte le thème à l’écran.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/13/le-poulain-un-regard-desenchante-sur-l-univers-de-la-politique_5499101_3246.html
mlsum-fr-1034
Brian Leung lors de la manifestation dans le batiment du conseil législatif, le 1er juillet, à Hong Kong. RITCHIE B. TONGO / EPA-EFE Lors de la brève prise du Parlement de Hongkong, le 1er juillet au soir, par des jeunes manifestants masqués protestant contre une loi permettant l’extradition vers la Chine, un seul d’entre eux s’est exprimé à visage découvert devant les caméras du monde entier pour expliquer son geste. Il s’agit d’un étudiant en sciences politiques de 25 ans, Brian Leung. Il a accepté de s’entretenir avec Le Monde par messagerie cryptée, car il préfère rester discret sur l’endroit où il se trouve. « Mes avocats me conseillent de ne pas dire où je suis à ce stade », explique-t-il, en raison des poursuites auxquelles il pourrait être exposé. L’entrée en force dans le Conseil législatif (LegCo), dans la soirée du 22e anniversaire de la rétrocession de l’ancienne colonie britannique à la Chine, puis son occupation pendant trois heures par des centaines de jeunes masqués et casqués, est un accès de rage qui a pris de court une société extrêmement respectueuse de l’ordre public, où la désobéissance civile ne venait jusqu’alors qu’en dernier recours et de manière non violente. Lire aussi Scènes de chaos inédites à Hongkong C’est le 16 juin au matin que Brian Leung atterrit à Hongkong, en provenance de Washington, où il vient de terminer son master. Il est loin d’imaginer le rôle essentiel qu’il aura deux semaines plus tard. Il a juste le temps de rentrer chez lui, d’enfiler un pantalon et un tee-shirt noirs avant de rejoindre la grande manifestation prévue ce jour-là. Elle mobilisera 2 millions de Hongkongais. Avant ses études aux Etats-Unis en 2017, Brian Leung a obtenu une licence en droit et sciences politiques à la prestigieuse université de Hongkong et effectué dans ce cadre un échange d’un semestre avec Sciences Po Paris en 2016. Le magazine étudiant dont il est rédacteur en chef à l’époque a été dénoncé en 2015 par le chef de l’exécutif, Leung Chun-ying. Sa première surprise en arrivant sur le terrain en juin vient de ces « nouveaux jeunes » qui sont la cheville ouvrière de la contestation. Brian Leung et ses amis, tous des participants du « mouvement des parapluies » de 2014, le gigantesque sit-in de soixante-dix-neuf jours au cœur de Hongkong pour exiger de Pékin l’instauration du suffrage universel, font déjà figure d’anciens. « Leur façon de faire, le langage de signes qu’ils ont inventé pour communiquer à distance, leur rapidité et leur flexibilité, leur recours à une coordination en ligne et cryptée… C’est tellement nouveau et tellement plus au point que de notre temps ! », affirme Brian Leung. « Dans la culture cantonaise, une génération dure trois ans », rappelle Agnes Chow, cofondatrice du parti politique Demosisto, particulièrement virulent contre la Chine.
L’étudiant, qui s’est fait remarquer lors de la brève prise du Parlement, le 1er juillet, défend l’action radicale face à Pékin.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/15/a-hongkong-personne-n-a-vu-venir-cette-explosion-d-energie-politique_5489511_3210.html
mlsum-fr-1035
Le futur premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis à Athènes le 7 juillet 2019. LOUISA GOULIAMAKI / AFP Editorial du « Monde ». A plusieurs reprises ces dernières années, les Grecs se sont dangereusement approchés du bord de l’abîme. Les élections législatives, qui se sont tenues dimanche 7 juillet, sont, de ce point de vue, doublement rassurantes : elles marquent une maturité bienvenue de la vie politique grecque, parallèlement à l’amélioration de la situation économique, et s’inscrivent résolument dans le cadre de l’Union européenne (UE). Non seulement la Grèce se normalise, mais, après avoir été le précurseur de la crise en Europe, elle pourrait peut-être montrer la voie de la restructuration du paysage politique. La très nette victoire du parti de centre-droit Nouvelle Démocratie (ND), conduite par l’ancien ministre Kyriakos Mitsotakis, 51 ans, est d’abord une garantie de stabilité politique, puisque, avec près de 40 % des suffrages et la majorité absolue au Parlement, le premier ministre n’a pas besoin de négocier d’alliances. Elle s’accompagne surtout de la forte marginalisation du parti néonazi Aube dorée, qui n’a pas pu franchir le seuil des 3 % et se voit donc chassé du Parlement. C’est une très bonne nouvelle. A gauche, la défaite du premier ministre sortant Alexis Tsipras était attendue : il paie ses promesses non tenues et surtout les douloureuses années d’austérité infligées par la profondeur de la crise grecque. Mais, avec 31,5 % des suffrages pour son parti, Syriza, passé de mouvement populiste d’extrême gauche à principal parti d’opposition, cette défaite est loin d’être une déroute. Une campagne modérée et dépassionnée M. Tsipras sauve les meubles et, à 44 ans, peut mettre à profit cette période dans l’opposition pour construire un vrai parti de gauche moderne, structuré et solidement implanté, à partir de ce qui n’était à l’origine qu’un mouvement populiste radical. Syriza s’est assagi, a appris les nécessités de la gestion et du compromis, et occupe désormais l’espace du parti socialiste Pasok, dont l’héritier, Kinal, n’a obtenu que 8 % des voix. Outre ce recentrage des forces politiques et un retour au bipartisme qui contrastent avec la fragmentation des Parlements de nombreux pays de l’UE où les mouvements populistes restent forts, c’est le caractère relativement modéré et dépassionné de cette campagne électorale qui a frappé. Les sujets de polémique ne manquaient pas, mais M. Mitsotakis s’est abstenu de les exploiter de manière virulente et a réussi à maîtriser les extrémistes de son parti : la question macédonienne et la gestion des migrants ont sans doute pesé dans la défaite de M. Tsipras, mais elles n’ont pas été déterminantes. Le futur premier ministre a promis de se mettre au travail immédiatement. Il n’a, en effet, pas de temps à perdre. Sortie depuis un an de son troisième plan de renflouement financier, la Grèce reste sous surveillance et n’est pas encore complètement remise sur les rails ; le taux de chômage demeure trop élevé, à 18 %, et si la croissance a repris, elle n’est que de 1,3 % ; M. Mitsotakis s’est engagé à la faire passer à 3 %. Il lui faut aussi gagner la confiance de ses partenaires de la zone euro, qui n’ont pas que des bons souvenirs de la fiabilité de ses prédécesseurs de Nouvelle Démocratie. Enfin, Kyriakos Mitsotakis, héritier d’une dynastie politique, doit se méfier d’un effet pervers de cette normalité retrouvée de la Grèce : le taux de participation à ces élections législatives, historiquement bas (58 %), traduit un désenchantement de la population qu’il va devoir remobiliser s’il veut tenir ses promesses. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Grèce, les privatisations inachevées, cadeau empoisonné pour le prochain gouvernement Le Monde
Editorial. Les législatives du 7 juillet ont été remportées par le parti de centre-droit Nouvelle Démocratie. Ces élections ont aussi été marquées par un recentrage des forces politiques et un retour au bipartisme.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/08/la-grece-un-pays-normal_5486848_3232.html
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Ce guide a été rédigé par la rédaction de Wirecutter (groupe New York Times) et traduit par Le Monde. Les produits sont sélectionnés de manière indépendante. Le Monde et Wirecutter perçoivent une rémunération lorsqu’un de nos lecteurs procède à leur achat en ligne. En savoir plus Ce test a été réalisé aux États-Unis et a été initialement publié en anglais sur le site Wirecutter. Vous pouvez le lire en version originale ici. Après avoir testé plus de 20 nouvelles cartes microSD, nous avons élu la MicroSDXC pour Nintendo Switch de SanDisk (128 Go) meilleure carte pour la plupart des téléphones, tablettes et Nintendo Switch, même si plusieurs autres modèles sont également très performants. Attention toutefois aux contrefaçons qui circulent. La carte Switch est rapide, fiable et conçue par un fabricant réputé. Ornée d’une icône de champignon qu’on ne présente plus, elle fonctionne sur l’ensemble des supports acceptant les cartes microSDXC, pas seulement sur la Switch. La plupart des cartes 128 Go que nous avons testées sont suffisamment rapides mais plus chères et plus difficiles à se procurer, ou bien se sont avérées plus lentes que la carte Switch au cours de l’un ou de plusieurs de nos tests. La Switch a obtenu de bons résultats sur l’ensemble de ces évaluations et, du moins pour l’instant, elle est facile à trouver sans être contraint à se frayer un chemin parmi tout un tas de revendeurs non officiels spécialisés dans la contrefaçon. Notre deuxième choix La Evo Select de Samsung (128 Go) Une bonne solution de repli Peu chère, fiable et presque toujours disponible dans le commerce, la Evo Select est un bon choix pour la plupart des utilisations, bien qu’elle soit plus lente en écriture aléatoire que la plupart de ses concurrents. Acheter sur Amazon* *Au moment de la publication, le prix était de 34,75 € Si la carte Switch de SanDisk est trop chère ou non disponible chez des vendeurs officiels, ou s’il vous faut une carte figurant sur la liste des produits compatibles avec la GoPro, optez pour la Evo Select (128 Go) de Samsung. Il s’agit d’une version de l’Evo Plus de Samsung exclusivement proposée par Amazon qui présente l’avantage d’être presque toujours disponible. Ses vitesses d’écriture aléatoire ne sont pas aussi bonnes que celles de la carte Switch, ce qui la rend moins intéressante pour l’utilisation d’applications ou de systèmes d’exploitation, mais ses vitesses séquentielles sont très satisfaisantes ; c’est donc un produit tout indiqué pour le stockage de fichiers numériques et les enregistrements, tout en étant généralement quelques euros moins cher que la carte Switch. Nous avons constaté que les cartes en capacité microSD 128 Go présentaient le meilleur rapport capacité prix à l’heure actuelle. Cela dit, si vous n’avez pas besoin d’autant d’espace ou si vous voulez simplement économiser quelques euros, nous vous recommandons les cartes suivantes : la carte MicroSDXC pour Nintendo Switch (64 Go) de SanDisk, qui se trouve parmi les plus rapides que nous ayons testées dans chaque benchmark, et la Evo Select ou les Canvas React, Canvas Go et Canvas Select de Kingston dont la capacité de 64 Go s’avère également tout à fait convenable. Tout ce que nous recommandons Le guide complet À qui s’adressent les cartes microSD ? Comment éviter les contrefaçons ? Notre méthode de sélection Notre carte microSD préférée : la carte MicroSDXC pour Nintendo Switch (128 Go) de SanDisk Des défauts non rédhibitoires Notre deuxième choix : la Evo Select de Samsung (128 Go) Notre choix petit budget : la carte MicroSDXC pour Nintendo Switch (64 Go) de SanDisk Résultats des tests et méthodes d’évaluation La concurrence Notes Sources À qui s’adressent les cartes microSD ? Les cartes microSD sont utilisées comme espace de stockage de données et fichiers supplémentaire dans certains smartphones, tablettes et ordinateurs portables ; comme espace de stockage principal vidéo et photo pour les caméras d’action comme la GoPro et comme espace de stockage des jeux téléchargés dans les consoles portables comme la Nintendo Switch. Certains petits ordinateurs, particulièrement les nano-ordinateurs comme le Raspberry Pi, s’en servent comme espace de stockage principal pour leurs systèmes d’exploitation et programmes. Assurez-vous que votre appareil dispose d’une fente où insérer une carte microSD. S’il a quelques années, vérifiez qu’il soit compatible avec microSDXC (carte SD à capacité étendue) ; autrement il vous faudra vous procurer une carte de 32 Go ou moins. Si votre appareil dispose d’une fente assez grande pour accueillir une carte SD, vous pouvez soit vous procurer une carte SD, soit acheter une carte microSD (la Evo Select de Samsung par exemple) et un adaptateur. Si autrefois les cartes SD traditionnelles étaient plus rapides que les microSD, ce n’est plus vraiment le cas. Soyez prudent lorsque vous achetez des cartes microSD en ligne. Amazon regorge de revendeurs qui proposent des contrefaçons de cartes mémoire (article en anglais). Pour certains modèles SanDisk, nous n’avons pu trouver que des revendeurs proposant de possibles faux ou qui envoyaient de vieilles cartes à la place des modèles présentés sur les pages produit (avis d’un client en anglais). Pour éviter de vous faire avoir, n’achetez jamais de cartes à des vendeurs tiers sur les grandes enseignes en ligne. Cherchez la mention « Vendu et expédié par Amazon.com » ou procurez-vous directement le produit chez un vendeur reconnu comme Boulanger ou Grosbill. Si vous achetez votre carte sur Amazon ou sur un autre site qui propose différents types d’emballage, assurez-vous de sélectionner l’emballage d’origine (et non l’emballage « sans frustration » d’Amazon, par exemple). Vous pouvez même songer à acheter ce produit dans une grande surface en personne. Certes les prix y sont quasiment toujours plus élevés mais on a plus de chances de s’y procurer le bon produit. Pour éviter de vous faire avoir, n’achetez jamais de cartes à des revendeurs sur les sites de grandes enseignes en ligne. Certains clients Amazon ont signalé (commentaires en anglais) la réception de fausses cartes directement via Amazon. Si vous pensez que la carte que vous avez commandée est une fausse (soyez à l’affût d’emballages étranges et testez la carte avec CrystalDiskMark pour vérifier ses vitesses), contactez le service client d’Amazon afin de procéder à un échange. Notre méthode de sélection WIRECUTTER / KYLE FITZGERALD Voici les critères auxquels il faut prêter attention lors de l’achat d’une carte microSD, quelle que soit l’utilisation que vous comptez en faire : • La disponibilité : étant donné que les cartes microSD sont souvent contrefaites et que les fausses n’offrent pas la capacité indiquée lors de l’achat, qu’elles sont bien plus lentes et n’ont pas de garantie, il est essentiel que la carte soit disponible chez des vendeurs directs comme Amazon et Boulanger. N’achetez jamais de cartes de revendeurs tiers même s’ils proposent le produit via un site reconnu. • La vitesse séquentielle : les lectures séquentielles permettent d’établir la vitesse à laquelle de grosses tranches de données peuvent être lues à partir de la carte. C’est important à savoir lorsqu’on souhaite regarder un film, charger un niveau de jeu vidéo ou copier des données depuis la carte vers un ordinateur. Les vitesses séquentielles sont importantes pour l’enregistrement de vidéos et la prise de photos haute résolution, ainsi que pour la copie de fichiers numériques vers la carte. • La vitesse aléatoire : une carte microSD utilisée pour les systèmes d’exploitation, les applications ou les jeux doit être rapide dans la lecture et l’écriture de petites tranches de données à des endroits aléatoires. Cet aspect est particulièrement important dans les cartes utilisées pour faire fonctionner des systèmes d’exploitation ou des programmes (sur un Raspberry Pi ou l’un des rares téléphones Android qui vous laissent utiliser des applications via microSD) ou pour charger des niveaux de jeu (comme sur la Nintendo Switch). • Les classes de vitesse : la SD Card Association (qui regroupe les fabricants de cartes SD) utilise trois systèmes de classe de vitesse dont les critères se recoupent (article en anglais). Toutes les cartes que nous avons testées étaient au moins de classe 10 ou U1. Ces deux désignations indiquent que la carte concernée est capable d’écrire des données séquentielles à au moins 10 Mo/seconde, soit la vitesse minimum pour l’enregistrement d’une vidéo 1080p. Beaucoup des cartes que nous avons testées pour ce guide sont classées U3 ou V30 ; tous deux garantissent une vitesse d’écriture séquentielle minimum de 30 Mo/seconde, ce qui est suffisant pour une vidéo en 4K. À moins que votre appareil ne requière spécifiquement une classe de vitesse inférieure (comme les classes 2, 4 ou 6), vous devriez chercher une carte classée U1 ou U3. Les cartes microSD V60 et V90, qui sont suffisamment rapides pour enregistrer de la vidéo en 8K, sont chères et fonctionnent sur des appareils relativement rares supportant la norme UHS-II bus ; nous n’en avons donc testé aucune. • La capacité de stockage : vous pouvez vous procurer une bonne carte microSD 128 Go aux alentours de 30 euros ; la plupart d’entre elles sont moins chères au gigaoctet que leurs équivalents 32 Go, 64 Go et 256 Go. Vérifiez que votre appareil est compatible avec les cartes SXDC (à capacité étendue) avant de vous en procurer une. Si ce n’est pas le cas, restez sur du 32 GB. • Le mode bus UHS-I : le mode bus (article en anglais) est un standard qui indique la façon dont fonctionnent différentes générations de cartes SD. Optez pour une carte bus UHS-I, à moins que l’appareil que vous utilisez n’indique une compatibilité UHS-II. Vous ne profiterez pas de la pleine puissance du UHS-II si l’appareil et la carte ne sont pas tous les deux compatibles, car il faut une rangée de connecteurs supplémentaire pour atteindre la vitesse supérieure. Tous les produits sélectionnés sont UHS-I ; nous n’avons pas testé de carte UHS-II parce que rares sont les appareils à en avoir besoin et que les cartes UHS-II sont très chères. • La garantie : plus la garantie est durable, mieux c’est. Bien que nous n’ayons pas éliminé de carte au motif d’une garantie plus courte que les autres, nous avons particulièrement prêté attention à celles qui proposaient une garantie de 10 ans ou à vie. Pour réduire les risques de problèmes, se procurer une carte fiable chez un fabricant réputé comme Samsung, SanDisk ou Kingston est une bonne idée. • La classification de performance applicative : les classifications A1 et A2 garantissent des niveaux de performance minimum pour faire fonctionner des applications, mais comme désormais les téléphones et les tablettes capables de lancer des applications à partir de cartes microSD se font rares, la classification A n’est plus si pertinente. Notre carte microSD préférée : la MicroSDXC pour Nintendo Switch (128 Go de SanDisk) WIRECUTTER / KYLE FITZGERALD La MicroSDXC pour Nintendo Switch (128 Go) de SanDisk est la meilleure carte microSD pour téléphones, tablettes et Nintendo Switch. Elle est rapide, proposée à un prix raisonnable et vendue directement sur Amazon ; vous parviendrez donc sûrement à obtenir un produit authentique. Aucune des cartes que nous avons testées de maintenant un niveau de performances constants dans tous les tests, mais la Switch a obtenu de bons, voire d’excellents résultats dans chacun. Par ailleurs elle n’a jamais corrompu des données, contrairement à beaucoup de ses concurrentes évaluées par nos soins. SanDisk est l’un des fabricants de stockage flash les plus réputés et c’est également l’un des rares à faire encore sa propre mémoire plutôt que de la sous-traiter à une autre entreprise. Nous avons testé deux variantes de la carte Switch, la SDSQXAO-128G-GNCZN 128 Go ainsi que la SDSQXBO-064G-ANCZA 64 Go. La version 64 Go a donné des résultats presque identiques à la Extreme 64 Go de SanDisk (nous n’avons pas testé la Extreme 128 Go) mais cette dernière fait souvent l’objet de contrefaçons. La carte Switch est, pour l’instant, directement disponible sur Amazon, ce qui permet de la recommander sans risque. D’un point de vue esthétique, sa teinte rouge élégante rehaussée d’un champignon Mario n’est pas pour nous déplaire. La carte Nintendo Switch est une carte de classe U3 et V30, ce qui signifie que ses vitesses séquentielles restent au-dessus de 30 Mo/seconde, soit une vitesse suffisante pour enregistrer une vidéo en 4K. Lors de nos tests, elle a largement surpassé ces chiffres, avec des vitesses d’écriture séquentielle de 83 Mo/seconde sur un ordinateur et de 54 Mo/seconde sur un téléphone Samsung Galaxy S9 (voir les résultats de nos tests ci-dessous). Bien qu’elles soient petites et faciles à perdre, les cartes microSD sont résistantes et ne craignent pas les chutes ou les accrocs. SanDisk offre une garantie à vie et assure que ses cartes survivent à l’eau salée, aux aimants, aux rayons X ainsi qu’aux températures extrêmes mais pas au feu ni à l’ingestion par un enfant ou un animal domestique. Samsung s’inscrit dans la même démarche avec ses propres cartes. Des défauts non rédhibitoires Les vitesses aléatoires indiquent la vitesse à laquelle de petites tranches de données réparties à différents endroits de la carte peuvent être lues et écrites. À 9,1 Mo/seconde, les lectures aléatoires A1 de la Switch se sont montrées en dessous de la moyenne offerte par les cartes que nous avons testées. La plus rapide affichait 13,73 Mo/seconde, la plus lente 9 Mo/seconde et la moyenne se trouvait à 10,5 Mo/seconde. En revanche, au test d’écriture aléatoire, notre carte préférée a fait meilleure figure avec 2,4 Mo/seconde, contre 3,9 pour les plus performantes cartes testées, et 1,4 Mo/seconde pour les moins bonnes, et une moyenne de 2,7. Aucun de ces résultats n’est mauvais. Nous n’avons pas testé les cartes que nous savions lentes et, pour la plupart des utilisations, ce sont les vitesses séquentielles qui priment. Cela dit, si vous comptez faire tourner un système d’exploitation à partir de la carte (comme sur un Raspberry Pi), une carte Canvas de Kingston (dotée de vitesses aléatoires bien plus élevées) pourrait vous intéresser. La carte MicroSDXC pour Nintendo Switch de SanDisk est passée par plusieurs versions ; une version noire (la SDSQXBO-128G-ANCZA, 128 Go, et la SDSQXBO-064G-ANCZA, 64 Go), ainsi que le modèle proposé exclusivement sur Amazon, rouge avec un champignon (SDSQXAO-128G-GNCZN, version 128 Go), ou blanche avec le symbole de la Triforce (SDSQXAT-064G-GNCZN, version 64 Go). SanDisk nous a indiqué que ces versions étaient désormais identiques et offraient des performances presque aussi bonnes que les cartes Extreme de SanDisk. Les cartes microSD sont souvent mises à jour assez discrètement ; il n’y a donc aucune garantie que ce soit encore le cas longtemps. Contrairement à la Extreme de SanDisk, la Switch n’apparaît pas sur la liste des cartes microSD recommandées par GoPro (en anglais). Si vous achetez une carte destinée à une utilisation sur GoPro, pensez à la Evo Select 128 Go de Samsung qui, elle, y figure. La Switch devrait être suffisamment rapide pour fonctionner sur la GoPro mais pour être à l’abri des pépins il est plus indiqué d’utiliser une carte figurant sur la liste de compatibilité. La MicroSDXC pour Nintendo Switch étant de plus en plus prisée, il est aussi possible que les magasins en vente directe aient du mal à en garder en stock et qu’elle tombe à son tour dans la nasse des revendeurs tiers et fasse l’objet de contrefaçons, comme c’est le cas pour beaucoup d’autres cartes microSD. Notre deuxième choix : la Evo Select de Samsung (128 Go) WIRECUTTER / KYLE FITZGERALD Notre deuxième choix La Evo Select de Samsung (128 Go) Une bonne solution de repli Peu chère, fiable et presque toujours disponible dans le commerce, la Evo Select est un bon choix pour la plupart des utilisations, bien qu’elle soit plus lente en écriture aléatoire que la plupart de ses concurrents. Acheter sur Amazon* *Au moment de la publication, le prix était de 34,75 € Si vous achetez une carte pour une GoPro ou que la carte Switch de SanDisk n’est plus disponible, trop chère ou non proposée sur un site en vente directe, la Evo Select (128 Go) de Samsung est une bonne alternative. Ses vitesses d’écriture aléatoire A1 ne sont pas aussi rapides que celles de la carte Switch ; ce produit n’est donc pas idéal pour faire fonctionner des applications, mais il dispose de vitesses séquentielles rapides, il est fiable, peu onéreux et toujours disponible directement sur Amazon (et non seulement chez des revendeurs tiers) ; vous devriez donc pouvoir éviter les contrefaçons. La Evo Select est une carte de classe 10 et U3. Dans les tests séquentiels de CrystalDiskMark, la Evo Select 128 Go affichait à peu près la même vitesse que la carte Switch ; ces deux produits se trouvent parmi les plus rapides que nous ayons testés. Ses performances moyennes sont un peu moins élevées mais de peu (avec une différence d’un tiers de mégaoctet par seconde dans les deux tests). Vous n’y verrez donc que du feu. En A1, la Evo Select s’est montrée 10 Mo/seconde plus lente que la carte Switch en écritures séquentielles et environ 2 Mo/seconde plus rapide en lectures aléatoires, mais elle était 1 Mo/seconde plus lente en écritures aléatoires. Elle a présenté les écritures aléatoires les plus lentes de toutes les cartes évaluées, sauf pour sa version 64 Go. Vous ne verrez probablement pas de différence, même si la copie de fichiers sur la carte peut vous paraître un peu plus lente. La Evo Select est une version des cartes microSD Evo Plus de Samsung exclusivement proposée par Amazon. Au cours des nombreuses années où elle a été notre produit préféré, jamais elle n’a été en rupture de stock. Il s’agit également d’une des bonnes cartes microSD parmi les moins chères que l’on puisse s’offrir, bien que les Switch soient généralement vendues seulement quelques euros de plus. Contrairement à la Nintendo Switch ou à la Evo Select 64 Go, la Evo Select 128 Go fait partie de la liste des cartes microSD recommandées par GoPro. Elle propose une garantie de 10 ans, ce qui est une durée standard pour une carte microSD. Notre choix petit budget : la carte MicroSDXC pour Nintendo Switch (64 Go) de SanDisk WIRECUTTER / KYLE FITZGERALD Si vous n’avez pas besoin d’une capacité de 128 Go ou que vous souhaitez économiser quelques deniers, la carte MicroSDXC 64 Go pour Nintendo Switch de SanDisk est un très bon choix parmi une poignée d’options intéressantes. Si la Switch 64 Go coûte quelques euros de plus que la Evo Select 64 Go de Samsung et que les Canvas React, Canvas Go et Canvas Select de Kingston, elle s’en est mieux sortie en termes de benchmark A1 pour les smartphones, avec des vitesses d’écriture séquentielle bien plus élevées. Cela dit, vous ne verrez probablement aucune différence dans l’utilisation quotidienne ; procurez-vous donc le produit le moins cher et le plus disponible directement chez le marchand (et non via un vendeur tiers). Résultats des tests et méthodes d’évaluation WIRECUTTER / KYLE FITZGERALD Nous avons effectué des tests sur 30 cartes microSD neuves ou remises à jour depuis nos derniers tests, en 2017. Nous avons évalué les versions 64 Go et 128 Go de la Evo Select de Samsung ; la carte MicroSDXC pour Nintendo Switch de SanDisk, les Ultra, Ultra Plus et Extreme Pro de SanDisk ; les Canvas Select, Canvas Go et Canvas React de Kingston et les modèles 64 Go des Extreme et Extreme Plus de SanDisk, ainsi que la 633x de Lexar. Nous avons utilisé un media reader haut débit USB 3.0 de Kingston câblé sur un port USB 3.0 de PC et avons lancé CrystalDiskMark, un programme de benchmark conçu pour tester les vitesses séquentielles et aléatoires sur du stockage SSD. Nous avons réalisé chaque test trois fois et fait la moyenne de ces résultats. Entre chaque test, nous avons reformaté chaque carte en utilisant le programme recommandé par la SD Card Association afin de stabiliser les performances. Nous avons également testé les vitesses séquentielles et aléatoires de chaque carte sur un Galaxy X9 de Samsung en utilisant A1 SD Bench. (Vous pouvez en savoir plus sur le fonctionnement du benchmark sur le site A1 : dev). Chaque carte testée affichait des performances constantes d’une utilisation à l’autre mais qui variait en fonction des appareils. Les vitesses séquentielles et les vitesses d’écriture aléatoire étaient plus élevées avec CrystalDiskMark sur l’ordinateur qu’avec l’A1 sur le Galaxy S9, tandis que le benchmark A1 a montré des lectures aléatoires bien plus elevées1. Comme il est moins courant de lancer des applications ou de charger des données de jeux depuis microSD sur un ordinateur, nous avons prêté plus d’attention aux résultats aléatoires A1 qu’à ceux du CrystalDiskMark. À l’inverse, le PC de bureau a pu utiliser les cartes à un niveau plus proche de leurs limites de vitesse séquentielle ; le téléphone Galaxy les a ralenties et nous nous sommes donc concentrés davantage sur le CrystalDiskMark que sur le A1 pour les vitesses séquentielles. Vitesse séquentielle (carte 128 Go sur CrystalDiskMark) La vitesse de lecture séquentielle indique la rapidité à laquelle des blocs de données peuvent être lus à partir de la carte mémoire : quand vous regardez un film stocké sur une carte, que vous chargez un niveau de jeu ou que vous copiez des photos ou vidéos depuis une carte vers votre ordinateur par exemple. Les écritures séquentielles sont importantes lorsqu’on met de grosses tranches de données sur la carte : enregistrement d’une vidéo, prise de photographies ou téléchargement d’un film ou d’un jeu vers votre appareil. Dans notre test CrystalDiskMark, toutes les cartes disposaient de vitesses situées autour de 90-95 Mo/seconde, soit environ la limite du bus UHS-I. Les écritures séquentielles étaient un peu plus variées. La plupart des cartes ont présenté de bons résultats, entre 70 et 85 Mo/seconde. Vitesse séquentielle (carte 64 Go sur CrystalDiskMark) Puisque les cartes microSD sont désormais largement utilisées pour stocker des fichiers numériques, les vitesses séquentielles ont davantage d’importance mais il convient de ne pas négliger pour autant la vitesse d’accès aléatoire. Les applications sauvegardent souvent les données sur de petites tranches éparpillées dans l’appareil de stockage ; une carte microSD utilisée pour les systèmes d’exploitation, les applications ou les jeux doit donc pouvoir lire et écrire rapidement de petites tranches de données (souvent autour de 4 Ko) dans des endroits aléatoires. La plupart des appareils Android ne permettent plus de lancer des applications depuis une carte mémoire mais si votre système d’exploitation et vos programmes se trouvent sur la carte (comme sur un Raspberry Pi) ou si vous jouez à un jeu téléchargé dessus (comme sur la Nintendo Switch), il est important que vos vitesses d’écriture et de lecture aléatoires ne soient pas un frein. Vitesse aléatoire (carte 128 Go en A1 pour du 4k) Parmi les cartes 128 Go, la performance de lecture aléatoire en A1 s’étalait de 9 à 11 Mo/seconde. Les écritures aléatoires étaient, quant à elles, plus lentes (comme c’est toujours le cas), entre 1,5 Mo et 2,6 Mo. Les cartes Canvas de Kingston ont dominé le benchmark tant au niveau des vitesses d’écriture que des vitesses de lecture aléatoire ; ce sont de bons choix si l’on souhaite utiliser des applications mais leur vitesse séquentielle, aspect important dans la lecture et l’écriture de fichiers numériques, était plus lente que celle des cartes Switch et Evo Select. Vitesse aléatoire (carte 64 Go en A1 pour du 4k) Lors de nos tests de vitesse aléatoire sur smartphone, les cartes 64 Go se sont avérées plus rapides que leurs versions 128 Go. Les Nintendo Switch 64 Go, Extreme de SanDisk et Extreme Pro se sont particulièrement distinguées, tandis que la Evo de Samsung proposait parmi les meilleures lectures aléatoires mais aussi les pires scores d’écriture aléatoire. Tous ces modèles sont toutefois suffisamment rapides ; nous n’avons vu aucun client se plaindre des performances sauf en regardant leurs avis. Les résultats aléatoires de CrystalDiskMark sont un peu différents ; les cartes Evo Select se placent en milieu de classement plutôt qu’en tout dernier, et le trio de cartes Canvas de Kingston — les Canvas Go, Canvas React et Canvas Select — se retrouve en première position. Si vous achetez une carte en vue d’une utilisation sur Raspberry Pi ou pour une activité nécessitant beaucoup d’écritures aléatoires, il s’agit de très bonnes options. La concurrence La plupart des cartes que nous avons testées fonctionnent relativement bien mais sans atteindre le niveau de celles de notre sélection en termes de coût, de vitesse et de disponibilité ; mieux vaut donc ne pas se tourner vers ces modèles en tout premier choix. Les cartes Canvas React, Go de Canvas et Select de Canvas de Kingston sont quasiment identiques en termes de prix et de performances, bien qu’elles proposent des classes de vitesse différentes. La React est en effet classée U3 et V30 et a une classification A1 ; la Go est V30 et U3 ; quant à la Select, elle ne marche qu’avec U1. Elles ont pourtant obtenu des résultats similaires dans nos tests comparatifs. Comparées à la carte Switch et à la Select d’Evo, elles affichent des vitesses d’écriture aléatoire étonnamment élevées sur CrystalDiskMark mais des vitesses de lecture aléatoires plus faibles. Elles font figure d’alternatives convenables si nos produits préférés ne sont plus en stock, mais nous recommandons de vous tourner vers les cartes Switch de Nintendo et Select d’Evo lorsque c’est possible. Les cartes 64 Go et 128 Go Ultras de SanDisk ont montré des vitesses d’écriture séquentielle bien plus réduites que nos produits préférés et des vitesses aléatoires plus faibles de façon générale, mais on en trouve facilement des modèles non contrefaits sur Amazon. Elles jouissent de nombreux excellents commentaires mais pour à peine quelques euros de plus, les cartes Evo Select, Canvas de Kingston et Nintendo Switch sont plus rapides. Les cartes Extreme Pro UHS-1 de SanDisk (64 Go et 128 Go) ont obtenu de bons résultats sans pour autant se montrer clairement meilleures que la carte MicroSDXC pour Nintendo Switch. Elles coûtent également bien plus cher et sont difficiles à dénicher : toutes les fiches que nous avons trouvées sur Amazon provenaient de revendeurs tiers — dont certains envoyaient des cartes différentes de celles présentées — et même SanDisk n’a pas réussi à nous dire où se procurer une vraie carte. Les cartes 128 GB de SanDisk que nous avons testées (Extreme, Extreme Plus, Extreme Pro, ainsi que la carte Switch Extreme Nintendo probablement rebrandée) ont atteint des vitesses de lecture séquentielle dépassant 175 Mo/seconde et d’écriture d’environ 100 Mo/seconde lors de tests sur le lecteur MobileMate USB 3.0 de SanDisk au lieu du lecteur Kingston que nous avons utilisé pour nos autres tests. Si vous passez l’essentiel de vos journées à transférer de gros fichiers entre une carte microSD et un ordinateur (si vous faites de la location de GoPros dans une station de ski par exemple), vous procurer le lecteur MobileMate peut valoir la peine, mais nous n’avons constaté l’augmentation de la vitesse que sur les versions 128 Go des cartes Extreme et nous ne recommandons pas la plupart d’entre elles. Nous avons testé les cartes Extreme Plus 64 Go et Extreme de SanDisk ; toutes deux se sont montrées quasiment aussi performantes que la Switch mais elles sont difficiles à trouver chez des vendeurs réputés et sont de toute façon trop coûteuses. Les cartes 64 Go et Ultra Plus 128 Go de SanDisk sont plus chères que les cartes Ultra, plus difficiles à trouver, très exposées à la contrefaçon et pas plus rapides. La 633x 64 Go de Lexar affiche les pires vitesses séquentielles sur CrystalDiskMark mais possède les vitesses aléatoires parmi les meilleures dans les deux tests. Lexar est une marque illustre à l’avenir pourtant incertain ; sa maison mère, Micron, a vendu la marque en 2017 et le nouveau propriétaire, Longsys, n’a repris la production que mi-2018 (en anglais). Lexar ne jouit donc pas encore du palmarès de Samsung, SanDisk ou Kingston. Pour le moment, nous lui préférons donc les cartes commercialisées par ces derniers. Notes 1. L’ordinateur sur lequel nous avons effectué le test, un PC datant de 2011 avec un jeu de puces USB 3.0 d’Asmedia, est le troisième PC que nous ayons utilisé ; en effet, l’ordinateur portable Omen de HP datant de 2018 et le Yoga 2 Pro de Lenovo de 2014 ont ralenti notre lecteur de cartes USB 3.0 à environ 88 Mo/seconde en lectures séquentielles. De même, nos résultats A1 sur un Galaxy S9 de Samsung ont présenté des lectures séquentielles bien plus faibles mais des écritures aléatoires bien plus élevées que sur le Galaxy S7 Edge il y a deux ans (test réalisé précédemment par le même auteur, NdT). Revenir au texte. Sources 1. Beware : Amazon Still Sells Counterfeit Memory Cards, Petapixel, 31 mai 2018 2. How to check and spot fake microSD card, Happy Bison, 10 avril 2015 3. SD Cards that work with GoPro Cameras, GoPro 4. SD Standard for Video Recording, SD Association
Comparatif « Wirecutter ». Désormais ultra-rapides et généreuses en volume de stockage, les cartes mémoire microSD permettent d’enregistrer plus d’informations dans les smartphones, les GoPro et les consoles. Nous avons étudié de nombreux modèles de marque Sandisk, Samsung, Lexar et Kingston. Nos choix sont à découvrir ci-dessous.
https://www.lemonde.fr/guides-d-achat/article/2019/11/03/les-meilleures-cartes-microsd_6017855_5306571.html
mlsum-fr-1037
e cinéma. A 44 ans, Cécile de France, qui a tourné avec Cédric Klapisch, Xavier Giannoli, Clint Eastwood ou les frères Dardenne, est à l’affiche d’Un monde plus grand. Dans ce film réalisé par Fabienne Berthaud, l’actrice belge incarne le rôle de Corine Sombrun, musicienne devenue chamane. Je ne serais pas arrivée là si… … Si je n’avais pas découvert, à 6 ans, en récitant une poésie devant ma classe, la merveilleuse jouissance de subjuguer un auditoire. C’était la première fois que la maîtresse m’avait confié l’exercice. La première fois que la petite fille un peu lunaire que j’étais se présentait, bien droite devant ses camarades, pour dire un texte appris par cœur. Mais attention ! J’avais pris l’affaire très au sérieux. J’avais travaillé mon texte avec maman et imaginé une vraie mise en scène, avec des gestes et une petite chorégraphie, comme pour un spectacle. Et là… Il s’est passé un truc incroyable dont je me souviendrai toute ma vie. J’ai vu les regards stupéfaits, puis éblouis, des autres enfants. J’ai senti leur émotion qui m’a gonflée d’énergie. Tout le monde a applaudi. La maîtresse a dit : « Bravo Cécile, tu as bien préparé. » J’en ai été bouleversée. La semaine suivante, quand elle a demandé : « Qui veut venir réciter sa poésie ? », la classe entière a crié : « Cécile ! » C’était trop de bonheur. J’ai décidé que je ferais ça toute ma vie. Ce fut donc le déclic fondateur ? Une fulgurance. Une vocation. Avec la certitude d’avoir désormais un rôle au sein d’un groupe. Vous savez, dans un village des Schtroumpfs, il y a le Schtroumpf grognon, le Schtroumpf gourmand, le Schroumpf farceur. Eh bien moi, dans le village des enfants, j’étais devenue celle qui procurait des émotions et du plaisir. Et c’était merveilleusement valorisant pour la petite fille timide du café Le Vieux Clocher. Le petit café alternatif que tenaient vos parents à Namur ? Oui. Avec un grand drapeau noir à l’entrée ! Le rendez-vous des anars, gauchos, anticapitalistes, antimatérialistes, anticlergé, antibourgeois. Et le QG d’une bande de rêveurs et d’artistes qui voulaient refaire le monde, dont Rémy Belvaux ou Benoît Poelvoorde. Mes parents avaient le même âge que leurs clients, 22 et 23 ans quand j’en avais 6. Alors vous imaginez comme c’était joyeux, libertaire, et peu conventionnel ! On habitait au-dessus du café, mais j’y passais tout mon temps. Je faisais mes devoirs avec les clients, je dessinais sur les cartons de bière, je me postais à la vitrine avec un gros livre que je faisais semblant de lire pour épater les passants. Et puis j’y préparais mes récitations de poésie avec ma mère. Une vraie collaboration artistique. « Au 2e couplet, je crois que tu pourrais sauter. Ou alors faire un grand geste… » C’était une complicité géniale. On jubilait toutes les deux, convaincues que le résultat serait magique et que je ferais carton plein.
Je ne serais pas arrivée là si… « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Cette semaine, l’actrice évoque son éducation à contre-courant et sa passion pour le cinéma.
https://www.lemonde.fr/cinema/article/2019/11/10/cecile-de-france-tout-plutot-que-le-regret-et-la-frustration_6018663_3476.html
mlsum-fr-1038
Le président chinois, Xi Jinping (gauche), et le président américain, Donald Trump (droite), lors d’une rencontre à Pékin, en novembre 2018. THOMAS PETER / REUTERS La guerre commerciale généralisée a été évitée. Donald Trump et Xi Jinping ont convenu, samedi 29 juin, de relancer les négociations commerciales, en marge du G20, à Osaka, qui s’est tenu à l’ombre de l’affrontement économique des deux pays. « Nous avons eu une très bonne rencontre avec le président Xi, je dirais même excellente », a déclaré M. Trump, évoquant un communiqué à venir de la part des Etats-Unis comme de la Chine. Selon l’agence de presse officielle chinoise Xinhua, les négociations, qui avaient été brutalement interrompues en mai, vont reprendre. Le président américain a confirmé qu’il n’alourdirait pas les taxes douanières sur les importations chinoises pour le moment et que les négociations avec Pékin pour un grand accord commercial allaient reprendre. « Nous n’allons pas ajouter » de tarifs douaniers, ni en supprimer, « au moins pour le moment », a fait savoir Donald Trump. Cette menace d’imposer de nouvelles taxes à l’importation aurait frappé la totalité des plus de 500 milliards de dollars de biens chinois achetés chaque année par les Etats-Unis. Le contentieux commercial entre Pékin et Washington a en effet déjà coûté des milliards de dollars aux entreprises des deux pays, perturbant le secteur manufacturier et les chaînes de production, et provoquant des turbulences sur les marchés. Les deux hommes répètent ainsi le scénario du dernier G20, en Argentine, à la fin de 2018. Ils avaient alors suspendu les hostilités pour quelques mois, afin de reprendre les négociations commerciales approfondies… lesquelles avaient cependant tourné court. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trump en position de force face à Xi au G20 Comme pour répliquer à ce sommet dans le sommet sino-américain, l’UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) se sont mis d’accord sur un traité de libre-échange, fruit de vingt ans de négociations difficiles. Trump propose à Kim de lui « serrer la main » Avant sa rencontre avec Xi Jinping, la journée avait démarré sur les chapeaux de roues pour Donald Trump qui, au lendemain de plaisanteries remarquées avec Vladimir Poutine, a continué à afficher sa complicité avec des dirigeants critiqués pour la situation des droits de l’homme dans leur pays. Dans un tweet presque désinvolte, Donald Trump a évoqué une possible rencontre avec le leader nord-coréen, Kim Jong-un, dans la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées. Interrogé plus tard sur le sujet, le président des Etats-Unis s’est même dit prêt à faire un pas sur le sol nord-coréen. « Je serais très à l’aise de le faire, cela ne me poserait aucun problème », a-t-il répondu. Cette annonce survient quatre mois après le sommet de Hanoï entre les deux hommes, qui s’était achevé sur un échec en l’absence d’avancées sur la dénucléarisation coréenne. Les négociations sont depuis au point mort. Si elle se confirme, cette poignée de main entre un président américain et un dirigeant nord-coréen serait une première dans ce lieu chargé en symboles, qui est probablement la frontière la plus militarisée au monde. Jugeant la proposition « très intéressante », le pouvoir nord-coréen a souligné qu’il n’avait pas reçu d’invitation officielle mais a laissé entendre que la rencontre pourrait avoir lieu. Dans la foulée de ce tweet, M. Trump a rencontré le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman. Il a loué son « travail extraordinaire », ignorant les questions répétées sur l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Le doute grandit sur la pertinence de ce rassemblement initialement créé pour apporter une réponse unie aux crises en tout genre, inauguré en 2008 en pleine crise financière mondiale. Le G20 se voulait « un forum de coopération, mais on peut se demander à présent si nous n’avons pas atteint le moment où il a cessé de servir cet objectif », a commenté Thomas Bernes, du Centre d’innovation pour la gouvernance internationale, un groupe de réflexion canadien.
En marge du G20, la Chine et les Etats-Unis ont accepté de reprendre leurs négociations commerciales. Washington a accepté de lever sa menace d’imposer de nouvelles taxes à l’importation.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/29/au-g20-trump-et-xi-declarent-une-treve-dans-l-escalade-commerciale_5483067_3210.html
mlsum-fr-1039
La plus longue étape du Tour était VRAIMENT la plus longue : à une moyenne de 38 km/h entre Belfort et Chalon-sur-Saône, les coureurs cassent le plafond des six heures de selle, et Dylan Groenewegen s’impose pour 17 centimètres devant Caleb Ewan, sur les bords de Saône. Les amis Stéphane Rossetto et Yoann Offredo ont encore passé la journée devant, en vain. Un jour au boulot. MARCO BERTORELLO / AFP Le 4 x 4, cauchemar de tout patron de Grand Tour cycliste : quatre coureurs s’échappent après quatre kilomètres, comptent jusqu’à quatre minutes d’avance, et sont repris par le peloton quatre kilomètres avant l’arrivée. Vendredi, entre Belfort et Chalon-sur-Saône, la 7e étape du Tour de France a vécu une forme de 4 x 4, à ceci près que les échappés sont partis au kilomètre zéro, ont été repris douze bornes avant la fin, et qu’ils étaient deux : les Français Yoann Offredo (Wanty-Gobert) et Stéphane Rossetto (Cofidis), spécialistes de ces aventures vouées à l’échec. Lire aussi Tour de France 2019 : le classement par étape Stéphane Rossetto, néophyte de 32 ans sur le Tour, avait déjà tenté le coup impossible lors de la première étape, ce qui lui avait quand même valu le prix de la combativité. Ce lot de consolation a été attribué vendredi à Yoann Offredo, 32 ans, qui avait lui aussi déjà tenté sa chance depuis le début du Tour – il l’avait tentée un paquet de fois l’an passé, pour sa première participation –, et qui ne cache pas « une certaine frustration. Mais bon, je commence à m’y faire. J’en parlais avec Nicolas Roche [un confrère de l’équipe Sunweb] dans les derniers kilomètres, il me disait que maintenant c’était devenu compliqué. Ce n’est plus le cyclisme comme avant, où on laissait 20 ou 30 minutes aux échappés. » « Moi c’est ce que j’aime, c’est le vélo à l’ancienne, râle de son côté Stéphane Rossetto. Mon manager, Cédric Vasseur, a été maillot jaune comme ça [en 1997], il avait gagné une étape avec un quart d’heure d’avance. » Serait-il possible de refaire une Cédric Vasseur aujourd’hui ? « Sincèrement, non. » Voilà belle lurette que le peloton ne laisse plus le moindre espoir aux échappés matinaux dans les étapes de plaine, devenues la chasse gardée des sprinteurs. Les baroudeurs, espèce en voie d’extinction – sinon déjà éteinte –, se battent pour des miettes. Entre 2005 et 2009, 12 étapes de plaine ont été remportées par un coureur issue de l’échappée. Entre 2010 et 2014, 6. Entre 2015 et 2019, une seule – gloire à Edvald Boasson Hagen, vainqueur à Salon-de-Provence en 2017. « Putain, c’est pas le Tour du Poitou-Charentes ! » « Ça manque de panache, rouspète Stéphane Rossetto. Les gars font des stages de trois semaines à la Sierra Nevada j’sais pas quoi, mais qu’est-ce qu’ils font au Tour ? Je revois Christian Prudhomme [directeur de la course] qui nous dit, au briefing d’avant-Tour : “Les gars, faites-vous plaisir, montrez que c’est le beau vélo, profitez-en, on est une année impaire. Pas de Coupe du monde, pas de JO, alors l’audience est maximum.” Et les gars en profitent pas. Ils sont dans la gestion. Dans la vie, faut se battre, faut y aller, faut profiter. C’est le Tour de France putain, c’est pas le Tour du Poitou-Charentes ou du Limousin. Y a toutes les télés du monde, et y a personne qui attaque. Les gars, y a que leur mère qui savent qu’ils sont au Tour de France. » Peut-être l’immense majorité du peloton a-t-elle intégré qu’il n’y avait plus rien à tirer de telles échappées, et qu’il valait mieux garder ses forces pour aider son leader en montagne ou dans la préparation des sprints. On peut le déplorer, mais c’est le vélo moderne. Dans ces conditions, n’y a-t-il pas une forme d’absurdité à tenter le coup systématiquement ? « Ce que je trouve absurde, c’est ce genre de question, s’agace Yoann Offredo. Qu’est-ce que vous voulez que je réponde ? A ce moment-là on reste dans le peloton et on ne fait rien ? Moi je n’ai pas les capacités d’un Alaphilippe, d’un Pinot ou d’un Bardet. » « J’essaie de jouer dans ma cour, je ne gagnerai jamais en haut d’un col à la pédale, poursuit Rossetto. Il y en a qui vont arriver à Paris, ils auront fait quoi ? “Ouais j’ai fait le Tour de France.” Moi c’est pas ça que je veux dans le vélo. Moi, faut que ça flingue, que j’aie des histoires à raconter le soir. “Qu’est-ce que t’as fait aujourd’hui ? Bah j’ai fait six heures dans un peloton.” Putain, la tristesse. » Un char, une seringue, un couple de jeunes mariés et deux échappés : il y a beaucoup trop de choses sur cette photo. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tour de France 2019 : Romain Bardet face à ses limites Le Tour du comptoir : Belfort Après chaque étape, Le Monde vous envoie une carte postale depuis le comptoir d’un établissement de la ville de départ. Où le Lion possède bien une langue. On apprend aux journalistes à les fuir autant que possible, mais la terrasse des Marronniers était trop aguicheuse, au soleil de la place d’Armes, avec vue sur la mairie et la cathédrale. Rien à voir avec le plus beau métier du monde : le café s’appelle ainsi en référence aux arbres qui ont disparu de la place : « Il a fallu les abattre parce qu’ils étaient en train de crever, mais les gens n’étaient pas contents, il y en a qui se sont enchaînés aux troncs. » Sophie Jobard, la patronne, a repris l’affaire il y a un an après avoir été longtemps serveuse en Suisse, à Porrentruy (bonjour Thibaut Pinot et Marc Madiot). Elle a tout de suite aimé l’emplacement et le parquet de la salle du fond. « Par contre, les WC sont assez atypiques. J’appelle ça “le train fantôme”. Ah ça vaut des points ! Faut vraiment que je les refasse. Là, ça va, il fait jour, c’est pas trop lugubre. Mais les gosses y vont pas tout seul, ils ont peur. » La fameux parquet (par ailleurs, on a vu « le train fantôme » : ce n’est pas si terrible). « Je suis allé regarder le plus vieux bottin disponible à Belfort, poursuit la joviale Sophie Jobard. Eh bien en 1909, y avait déjà un café ici, et il s’appelait déjà Les Marronniers. » Un bon marronnier pour un journaliste du coin : le Lion de Belfort, qui aurait été un joli surnom pour un cycliste, genre Gorille de Rostock ou Requin de Messine, si seulement un natif du coin avait daigné faire sur le Tour. Lucho, Belfortain depuis toujours : « Vous savez que Bartholdi a oublié de lui sculpter une langue ? - C’EST FAUX ! » Manifestement, à l’autre bout de la terrasse, on n’est pas d’accord. - Ah bah j’ai toujours entendu ça moi, reprend Lucho. -Oui, oui, c’est ça, ricane l’autre client, un homme d’un âge honorable accompagné d’un demi. Soi-disant que c’est pour ça qu’il se serait suicidé, etc. Mais c’est faux. Il y a eu des travaux, on a regardé à l’intérieur, et il a bien une langue ». Lucho décide d’éviter l’incident diplomatique. « Ah bon, bah il a une langue alors. » Il nous fait un clin d’œil. Sophie Jobard et Lucho. « Vous savez comment on surnomme Belfort ? », poursuit notre vénérable client, manifestement un gars du coin lui aussi. Non. « La cité des trois sièges ». Pourquoi ? « Parce que le territoire a deux députés et un sénateur. » Ah. « Non c’est pas vrai. » En réalité, c’est vrai, le territoire compte deux députés et un sénateur, mais ce n’est pas vrai, le surnom ne vient pas de là. « Non, c’est parce que la ville a subi trois sièges. D’ailleurs il y a le monument des trois sièges juste derrière, place de la République, avec les statues des militaires qui ont défendu la ville. On l’appelle le monument des trois menteurs. Parce que Denfert, il est en tôle, Legrand, il est petit, et... euh... Denfert, euh... » Lucho tente de lancer une nouvelle conversation, sans que la précédente ne soit close. La situation devient chaotique : « Et sinon vous saviez que Jean-Pierre Chevènement est d’ici ? - Attendez, Denfert il est en tôle, Legrand il est petit, et le troisième… - Il avait un appartement HLM qu’il ne payait pas. - C’est qui le troisième déjà... - Un peu comme de Rugy en fait. - Ah voilà ! Lecourbe ! - C’était sorti dans Le Canard enchaîné. - Denfert, il est en tôle, Legrand, il est petit, et Lecourbe, il est droit ! » Les trois menteurs. Le Lion et sa langue (non-visible sur la photo).
Depuis quelques années, chaque échappée en plaine est vouée à l’échec et relève de la performance artistique. Nouvelle démonstration entre Belfort et Chalon-sur-Saône, avec Yoann Offredo et Stéphane Rossetto.
https://www.lemonde.fr/blog-du-tour-de-france/article/2019/07/12/tour-de-france-2019-l-echappee-un-art-devenu-vain_5488823_5326505.html
mlsum-fr-1040
La police sécurise le secteur après une attaque au couteau près de Smith Square dans le quartier de Westminster à Londres, le 15 août. TOLGA AKMEN / AFP LETTRE DE LONDRES Un coup d’œil par hasard ces derniers jours sur l’application de voisinage Nextdoor, où l’on s’échange les adresses de serruriers ou les conseils sur les écoles publiques du coin. Et puis ce message, datant de la veille, le 24 octobre : « Je viens d’apprendre que deux personnes ont été victimes d’une attaque au couteau ce matin à Kingsbury [nord-ouest de Londres]. J’espère qu’ils sont OK. Prenez soin de vous. » Une seule réaction d’abonné sur l’application : un laconique « Les temps sont durs ». On vérifie : le journal local confirme l’information. L’incident semble avoir eu lieu vers 10 heures, pas loin de la station de métro Kingsbury, mais l’article en ligne ne donne pas davantage de précisions. Il faisait un temps britannique ce matin-là, frais et pluvieux, dans cette banlieue typique de la classe moyenne, dont une forte proportion de familles d’origine indo-pakistanaise. A quelques rues de là, plus à l’ouest, dans un autre quartier résidentiel d’apparence paisible, un homme de 21 ans a été poignardé mi-juillet dans un jardin public. Deux adolescents du coin, 16 et 18 ans, ont été arrêtés dans la foulée. Les agressions au couteau n’ont malheureusement rien de nouveau au Royaume-Uni. Mais ce fléau dure et s’aggrave, malgré les multiples initiatives publiques des dix dernières années. Les médias parlent désormais d’épidémie. Les chiffres sont inquiétants, tout comme l’âge des victimes et des criminels : pour l’essentiel, des garçons, adolescents ou de jeunes adultes. Dans un récent rapport (juillet 2019), l’Office national des statistiques comptabilise 47 000 agressions au couteau en Angleterre et au Pays de Galles dont 14 800 pour la seule agglomération de Londres sur les douze mois s’étant achevés en mars, au plus haut depuis que les chiffres sont collectés, en 2011. Sur cette période, 285 homicides ont été perpétrés avec des couteaux (ou des tessons de bouteille), soit 39 % du total des homicides en Angleterre et Pays de Galles. Banalisation de ces crimes Au-delà des chiffres, le plus choquant est la banalisation de ces crimes : les drames ont souvent lieu devant des fast-foods, des arrêts de bus ou des jardins publics. Le public semble s’y être habitué. Les médias locaux en parlent, mais les nationaux très peu : ceux-là, ils sont focalisés sur le Brexit. Le 24 septembre, deux hommes ont été poignardés à mort en l’espace de deux heures dans l’ouest de Londres. Tashan Daniel, un jeune sportif de 20 ans, a été agressé sur le quai du métro, à la station Hillingdon, alors qu’il se rendait à l’Emirates Stadium pour voir un match de football d’Arsenal. A Acton, un homme de 22 ans est mort lui aussi après avoir été attaqué par un groupe de jeunes dans une rue commerçante. « L’un deux tenait un grand couteau comme ceux qu’on voit dans les films de Rambo », raconte un témoin de l’agression à l’Evening Standard. Ces deux drames portaient alors à 111 les enquêtes pour meurtre sur Londres depuis le début de l’année.
Le fléau dure depuis des années et s’aggrave au point que les médias parlent d’épidémie. Les chiffres sont inquiétants, comme l’âge des victimes et des agresseurs, des hommes jeunes, voire des adolescents.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/30/les-agressions-au-couteau-triste-quotidien-londonien_6017502_3210.html
mlsum-fr-1041
Un hypermarché E.Leclerc à Caudry, dans le Nord, le 21 juillet. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS A vouloir poursuivre coûte que coûte sa politique des prix les plus bas de la grande distribution, au nom de la défense du pouvoir d’achat, Leclerc a de nouveau trébuché. Dans un communiqué publié dimanche 21 juillet, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et sa secrétaire d’Etat, Agnès Pannier-Runacher, ont annoncé l’assignation en justice de plusieurs entités du groupe pour leur réclamer une amende record de 117,3 millions d’euros, confirmant une information du Figaro. Pour justifier sa décision à l’encontre du numéro un français de la grande distribution, Bercy s’appuie sur une enquête approfondie de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). Au début de 2018, elle avait été saisie par divers fournisseurs de Leclerc. Ils accusaient sa centrale d’achat française Galec et deux autres sises en Belgique, Eurelec et Scabel, qui regroupent les commandes des super- et hypermarchés, d’user de moyens illégaux pour faire baisser les prix, notamment de menaces – et de mises à exécution – de déréférencement dans les rayons. Lire aussi Bercy assigne en justice la centrale d’achat de Leclerc « C’est une enquête très construite menée par plus de vingt agents : 5 000 messages et 8 000 pages de documents ont été saisis lors des perquisitions, qui ont eu lieu en février 2018, détaille Mme Pannier-Runacher. L’amende est élevée, car de nombreux ­éléments indiquent une volonté délibérée de contourner la loi française pour imposer aux four­nisseurs des baisses de prix sans contrepartie. » Elle représente, ­selon elle, « trois fois le montant de l’indu perçu par Leclerc », qui était de 39 millions. Une somme qui n’inclut pas les remboursements d’indus et sans comparaison avec les quelques millions réclamés jusqu’à présent. Elle envoie un signal fort : agriculteurs et industriels de l’agroalimentaire jugent en effet les amendes trop indolores pour faire cesser ces mauvaises pratiques. Pour sa défense, le géant de la distribution rappelle que les négociations visées ne concernent ni les PME ni le monde agricole. « On ne peut interdire aux entreprises d’acheter au niveau européen, indique au Monde le PDG Michel-Edouard Leclerc, en rappelant que ces contrats concernent des achats fermes auprès « des douze plus grandes multinationales », comme Nestlé, Mondelez, Procter & Gamble ou Unilever. Lundi après-midi, Leclerc a annoncé dans un communiqué sa volonté de saisir la Cour de justice de l’Union européenne afin de faire cesser « l’acharnement des pouvoirs publics français ». « Un cadeau fait à des multinationales » Pour le président des centres E. Leclerc, le gouvernement « cherche des boucs émissaires dans un baroud médiatique » et « à rendre responsable E. Leclerc de l’échec de la loi Egalim » sur l’alimentation entrée en vigueur en janvier. « Et à augmenter les prix chez Leclerc », déplore le dirigeant, qui considère cette assignation comme « un cadeau fait à des multinationales ». A Bercy, on réplique en pointant les délocalisations croissantes des négociations commerciales vers la Belgique. « On est passé de quatre groupes industriels en 2017 à 14 en 2018 et à 27 cette année », note la secrétaire d’Etat. Le gouvernement ne veut pas en rester là pour traquer ces pratiques commerciales abusives. « Nous portons une attention toute particulière aux centrales d’achat, et pas seulement celles de Leclerc. D’autres enquêtes sont en cours », souligne Mme Pannier-Runacher. C’est toute la philosophie de la loi Egalim qui est en jeu : trouver un équilibre économique entre monde agricole, industrie agroalimentaire et grande distribution, notamment pour permettre une augmentation du revenu de certains agriculteurs. E. Leclerc avait été la moins ­conciliante des grandes enseignes lors des débats précédant cette loi. Ce n’est pas la première fois qu’il est dans la ligne de mire de Bercy. En juin 2018, il l’avait assigné devant le tribunal de commerce de Paris, réclamant 25 millions d’amende et 83 millions de remboursement d’indus, soit 108 millions. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Guerre des prix : comment la grande distribution contourne les nouvelles règles Après trois ans d’enquête (2015-2017), la DGCCRF avait découvert que le groupe imposait des remises de prix de 10 % à une vingtaine de ses fournisseurs en plus de ce que prévoyaient leurs contrats, sans contrepartie commerciale (publicité, mise en avant de produits en magasin…). Ces remises additionnelles étaient imposées aux fabricants de grandes marques alimentaires vendues chez Lidl, un concurrent dont E. Leclerc redoute les petits prix. La justice doit encore se prononcer sur cette affaire. En 2015, les juges avaient déjà sanctionné l’enseigne. La cour d’appel l’avait alors condamnée à rembourser 61,3 millions à 48 fournisseurs (Bonduelle, Ferrero, Jacquet…) pour des sommes indûment perçues lors de remises de fin d’année. Des demandes de ristourne qui, pour la justice, créaient « un déséquilibre significatif » entre les fabricants et l’enseigne, au profit de cette dernière. Le remboursement de ces sommes était assorti d’une amende de 2 millions d’euros.
Le numéro un français de la grande distribution est accusé de contourner la loi et d’imposer des baisses de tarifs à ses fournisseurs.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/22/bercy-reclame-une-amende-record-de-117-millions-d-euros-a-e-leclerc_5491984_3234.html
mlsum-fr-1042
Pierre et Paul-Henri retournent des lignes de compost dans la ferme de Zsambock, en Hongrie. MARINE MILLER POUR LE MONDE Des solutions pour la planète. Pieds nus dans la terre, une fourche à la main, Pierre Delaunay, fraîchement diplômé de CentraleSupélec, se fait une fierté de retourner la ligne de compost qui lui a été assignée. Ce grand gaillard aux joues roses ne compte pas ses efforts pour soulever ces masses brunes et odorantes qui viendront fertiliser les cultures de fruits et légumes bio de la ferme de Zsámbok (Hongrie). Ce qui ne l’empêche pas, de temps à autre, de papoter avec son « camarade » de compost, Paul-Henri François, bientôt diplômé de Centrale Nantes. « Quand je pense qu’un de mes copains de l’école vient d’être recruté à Goldman Sachs, à New York, à 120 K [120 000 euros] par an, je me sens vraiment en décalage », plaisante Pierre, qui vient travailler gratuitement tous les mercredis sous les ordres de Kati, la responsable de la ferme. Lire aussi Le réchauffement climatique timidement enseigné dans les écoles d’ingénieurs Etre ou ne pas être à l’intérieur du « système » – comprendre : les entreprises de l’économie de marché –, la question agite, chaque année, un peu plus de ces jeunes diplômés ingénieurs. Ceux qui ont choisi de ne pas « y aller » préparent « l’après ». Ils expérimentent de nouvelles façons de faire et de se servir de leur diplôme d’ingénieur. Ils ont en commun une conscience aiguë de la crise climatique et une analyse commune de la situation actuelle. « Tant qu’on ne sortira pas de l’imaginaire de la croissance, on continuera d’aller vers la catastrophe », résume Corentin Gaillard, 23 ans, étudiant de Centrale Nantes, plongé dans les théories de la décroissance depuis plusieurs mois, et qui vient à Zsámbok toutes les semaines. « Tant qu’on ne sortira pas de l’imaginaire de la croissance, on continuera d’aller vers la catastrophe » Il faut s’imaginer Zsámbok : seulement 50 kilomètres séparent ce village rural de 2 000 habitants de la capitale hongroise, Budapest. Une heure et demie de bus pour rejoindre ce qui ressemble à une carte postale bucolique d’une époque que l’on n’a pas connue. Ici, les habitants sont nombreux à ne posséder qu’un vélo pour se déplacer. Les Carpates, au loin, donnent un peu de relief à cet horizon bien plat. C’est dans ce village que, depuis 2012, Matthew Hayes, ingénieur agronome anglais engagé dans la décroissance, a décidé de mettre en pratique les techniques de l’agroécologie et de la biodynamie. Ses fruits et légumes bio sont vendus sur les marchés de Budapest, et environ 40 % de sa production sont distribués sous forme de paniers aux habitants.
A Cargonomia, laboratoire et centre de recherche et d’expérimentation « décroissant » basé à Budapest, les étudiants français affluent en stage.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/11/03/ces-jeunes-ingenieurs-qui-choisissent-la-decroissance_6017843_4401467.html
mlsum-fr-1043
Reza Akhlaghirad incarne Reza, un ancien professeur qui élève des poissons rouges. ARP CINÉ+ CLUB - MARDI 6 AOÛT À 23 HEURES - FILM C’est un film d’après l’été, lorsque les jours raccourcissent jusqu’à ce qu’on doute de l’existence du soleil. Un homme intègre suit son héros, Reza, jusqu’au fond de l’hiver. Tourné sans l’aval des autorités, puis interdit, le septième long-métrage de Mohammad Rasoulof ne laisse entrer que peu de lumière, que ce soit à l’image ou dans la vie de son protagoniste. Comment le pourrait-il ? Avec une admirable obstination et une espèce de colère froide, au mépris des risques qu’il encourt, le cinéaste continue de mettre en scène le système qui ­régit son pays, l’Iran. Si Un homme intègre est avant tout une œuvre politique proche du désespoir, sa noirceur est aussi celle d’un genre cinématographique. Comme les personnages de Wilder ou de Duvivier, Reza est pris dans un piège dont chacun de ses mouvements resserre les mailles. Mais à la différence de ces antihéros occidentaux prisonniers de leurs désirs et de leurs pulsions, cet homme solitaire et intègre n’obéit qu’à une règle : refuser le mal. Mohammad Rasoulof a de plus intégré certaines ­règles usuelles du cinéma iranien qui font d’Un homme intègre une variante inédite du film noir. Conspirations criminelles et explosions de violence abondent, mais restent hors champ, perceptibles uniquement par leurs causes et leurs effets, exacerbant encore la sensation d’enfermement. Rarement la combinaison des contraintes d’un système de censure et de l’ingéniosité d’un ­cinéaste pour les contourner aura produit des effets aussi puissants. Hiérarchie sociale rigide Quelque part en Iran, loin au nord de Téhéran, Reza (Reza Akhlaghirad) élève des poissons rouges dans les bassins qui entourent sa maison. Ancien professeur, chassé de l’enseignement pour avoir dit ce qu’il ne fallait pas au mauvais moment, il vit avec sa femme, Hadis (Soudabeh Beizaee), principale du collège de leur petite ville, et leur petit garçon. Les longues scènes d’exposition posent la rigueur morale de Reza, comme celle où il refuse de soudoyer le directeur de la banque locale pour obtenir une rallonge de crédit. Reza est comme ces fermiers des westerns qui résistent aux barons du Far West. Mais aucun justicier ne viendra à son secours. A chaque fois qu’il décide de livrer bataille, le terrain, le moment lui sont défavorables. Lire le focus : Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof condamné à un an de prison Mohammad Rasoulof décrit Reza (à qui son interprète prête une colère constante qui gomme les nuances du personnage) et ­Hadis comme un couple aimant, sensuel, ce qui n’est pas facile si l’on respecte les règles du jeu du ­cinéma iranien. Le jeune homme aime à siroter l’alcool de pastèque qu’il fabrique à l’insu des gardiens de la révolution locaux en se baignant dans une source d’eau chaude, ouvrant alors le film sur une dimension intime, assez mystérieuse. A ce désir de vivre s’oppose un système qui n’est pas tant fait pour la préservation de l’ordre religieux que pour celle d’une hiérarchie sociale rigide. Insensiblement d’abord, puis avec une énergie de plus en plus évidente, Rasoulof accélère le rythme de son film pour amener Reza au bord d’un choix aussi inévitable que cruel : restera-t-il un homme intègre, affrontera-t-il ses ennemis sur leur terrain ? Dans la forme, la réponse qu’apporte le scénario de Rasoulof est d’une ­habileté étourdissante. Sur le fond, elle n’incite guère à l’optimisme. Un homme intègre, de Mohammad Rasoulof, avec Reza Akhlaghirad, Soudabeh Beizaee (117 min). Sur le Web : www.mycanal.fr/cinema/un-homme-integre
Le cinéaste Mohammad Rasoulof contourne la censure et met en scène la corruption en Iran. D’une ­habileté et d’une efficacité étourdissantes.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/06/un-homme-integre-en-iran-la-morale-a-l-epreuve_5497139_3246.html
mlsum-fr-1044
Les termes sont lourds dans la bouche d’un ministre de l’intérieur. Christophe Castaner a estimé, lundi 7 octobre sur France Inter, que l’attentat à la Préfecture de police est révélateur d’un « dysfonctionnement d’Etat », mais pas d’un « scandale d’Etat » selon lui. Depuis un an, M. Castaner semble vivre comme en apnée. Il n’a jamais connu d’état de grâce depuis qu’il a été nommé Place Beauvau, en octobre 2018. Un jour acculé par les critiques contre sa stratégie de maintien de l’ordre lors des manifestations de « gilets jaunes ». Un autre vilipendé en raison de la mort de Steve Maia Caniço lors de la Fête de la musique, à Nantes, consécutive à une intervention policière. Il collectionne même les appels à la démission. Jamais, cependant, la pression n’a semblé aussi forte que depuis jeudi 3 octobre et l’attaque perpétrée au sein de la « PP » par un de ses agents, Mickaël Harpon, qui a poignardé à mort quatre de ses collègues, avant d’être abattu. Parce que le drame touche au cœur la « maison » police, d’abord. Parce qu’il inquiète, aussi, sur les conséquences potentielles qu’a pu entraîner la présence comme employé au sein de la direction du renseignement de la Préfecture de police d’un individu qui présentait, depuis 2015, des signes de radicalisation islamiste. La chose, néanmoins, a rapidement été entendue au sommet de l’Etat : pas question de lâcher le ministre, qui a accompagné Emmanuel Macron dans son ascension présidentielle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attaque au couteau : le spectre d’un radicalisé de l’intérieur ébranle la Préfecture de police « Polémiques politiciennes » Dimanche, l’exécutif et la majorité ont donc fait bloc derrière le soldat « Casta ». Une fois encore. L’opposition réclame sa démission ? « J’ai toute confiance en Christophe Castaner, réplique le premier ministre, Edouard Philippe, dans un entretien au Journal du dimanche. Ne comptez pas sur moi pour répondre à des polémiques politiciennes. » Même son de cloche du côté de L’Elysée. « Le ministre de l’intérieur a le soutien du président de la République », assure-t-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron. Les deux hommes, d’ailleurs, ajoute l’Elysée, se sont entretenus durant le week-end. Soutien unanime également chez les députés La République en marche (LRM). Plusieurs d’entre eux estiment que ce serait « une faute » de le pousser vers la sortie, « sous la pression ». Seul un parlementaire macroniste ose formuler un propos critique, sous couvert d’anonymat : « Castaner doit tirer les leçons de son fonctionnement. Il n’a pas assez de recul sur les événements. »
L’opposition appelle à la démission du ministre de l’intérieur, qui garde pour l’instant le soutien de l’exécutif et des députés La République en marche.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/07/apres-l-attentat-a-la-prefecture-de-police-christophe-castaner-sous-le-feu-des-critiques_6014514_823448.html
mlsum-fr-1045
L’entraîneur du Stade brestois, Olivier Dall’Oglio, après la victoire en match amical face à Nantes le 26 juillet (1-0). LOIC VENANCE / AFP « Je sais que la Bretagne est une terre de football. C’est aussi ce qui m’a attiré. » Quelques mois après avoir été limogé d’un club, le Dijon FCO, qu’il avait porté à bout de bras pendant six saisons, Olivier Dall’Oglio ne boude pas son plaisir : l’entraîneur a retrouvé un banc, et un défi à sa mesure. Nommé à la tête de l’équipe première du Stade brestois, qui retrouve l’élite après six ans passés en Ligue 2, le technicien de 55 ans aura la même mission que tous les clubs promus, chaque saison, en Ligue 1 : jouer le maintien. Arrivé à la fin mai à la place de Jean-Marc Furlan, le coach qui a offert la montée à Brest avant d’aller tenter le même pari du côté d’Auxerre, Dall’Oglio revient sur les traces de sa carrière de footballeur. Passé par le Stade rennais entre 1993 et 1996, où il a connu les deux premières divisions françaises, le joueur avait dû reconsidérer sa situation, à cause d’une blessure aux ligaments croisés. Après Alès, Troyes, Nîmes et Dijon, le voici de retour en Bretagne. « Quand je suis arrivé, j’ai expliqué aux joueurs ma manière de travailler, qui est dans la continuité de celle de Jean-Marc Furlan : je leur ai dit de prendre du plaisir. Et j’ai rajouté ma touche tactique. (…) Cela fait des années qu’on n’a pas été en Ligue 1, on va y aller en toute humilité, mais c’est sûr qu’on vise le maintien », avance-t-il. Le Stade brestois avait déjà repassé une tête dans l’élite, de 2010 à 2013, avant de retomber à l’échelon inférieur, où il végétait avant l’arrivée de Jean-Marc Furlan, en mai 2016. Trois saisons plus tard, le petit promu revient donc dans la cour des grands. Un nouveau challenge pour Dall’Oglio : « Contrairement à Dijon, ce club a déjà une histoire. Maintenant il va falloir la faire grandir. » Qu'est ce que c'est bon d'être en @Ligue1Conforama 🤩 📸 Gauthier Le Roux https://t.co/0gv6mIHTzA — SB29 (@Stade Brestois 29) L’expérience dijonnaise à l’appui Pour cela, Dall’Oglio pourra compter sur son expérience en Bourgogne. Elu meilleur entraîneur de Ligue 2 par France Football en 2014, il obtient la montée en Ligue 1 en 2016, quatre ans après le premier passage éclair – une seule saison mais sous la houlette d’un autre entraineur, Patrice Carteron – du club dans l’élite. Et empoche dans la foulée le trophée UNFP du meilleur entraîneur de Ligue 2. En Ligue 1, Dijon obtient le maintien deux saisons de suite avec notamment une très belle onzième place la deuxième année. Dall’Oglio y est comme chez lui, jusqu’à la sortie de route en 2018. Dijon commence pourtant le championnat sur les chapeaux de roues, trois succès en trois matchs, huis buts inscrits et zéro concédé, et s’offre même le luxe du podium derrière l’ogre du PSG pendant quelques journées. « Ces résultats étaient en trompe-l’œil, on avait été en difficulté sur nos matchs amicaux et, à l’inverse, on a eu de la chance en début de championnat, raconte Dall’Oglio. Nice et Montpellier, qu’on a battus, n’étaient pas à leur place. Ils sont allés chercher les championnats européens, pas le bas de tableau comme nous. » Cela ne dure pas. A la trêve, les Bourguignons sont déjà en position de barragistes. Une place qui ne pardonne pas : le 31 décembre, Dall’Oglio est limogé. Sous la houlette d’Antoine Kombouaré, Dijon finira 18e et se sauvera in extremis, à l’issue d’un barrage remporté contre le RC Lens. « On était un petit club de Ligue 1 qui s’est trompé dans le recrutement, avoue l’entraîneur. On a fait deux ou trois erreurs sur des joueurs qui devaient être cadres et ne l’ont pas été. Quand ça se passe mal, on fait sauter l’entraîneur, c’est comme ça. Je suis juste déçu de ne pas avoir fini le travail. » L’équipe qui perd confiance, la pression des médias, les hauts et les bas…, Dall’Oglio a connu tout ça. « Vous savez, c’est aussi ça le football : un jour ça rentre, l’autre ça tape la barre et ça ressort. » Une très bonne préparation à Brest Jusqu’à présent, avec Brest, ça rentre. En quatre matchs amicaux, les Bretons ont remporté autant de succès, face à Lorient, Nancy, Rennes et Guingamp. « C’est très encourageant, reconnaît l’entraîneur. Ce ne sont que des matchs de préparation, mais ils prouvent qu’on peut rivaliser avec des clubs de Ligue 1. L’équipe a montré un bon état d’esprit, de l’envie et de la solidarité. » ⏱C'est fini à Inzinzac-Lochrist ! Quatrième victoire en quatre matches pour le @SB29 qui dispose du @FCNantes sur l… https://t.co/kI7cmeXCdq — SB29 (@Stade Brestois 29) Pendant l’été, Dall’Oglio a misé sur un recentrage défensif : « Le point fort de Brest est l’attaque. Quand je suis arrivé, je me suis attelé à construire défensivement. Sur les premières semaines, on a fait un gros travail athlétique et tactique dans ce secteur. » Les résultats des matchs amicaux semblent lui donner raison : six buts inscrits contre deux encaissés. Brest pourra aussi compter sur un « recrutement très intéressant », avec l’arrivée de Samuel Grandsir, notamment (prêté par Monaco), et de jeunes joueurs « capables de titiller la Ligue 1 ». A la tête de l’un des plus petits budgets de la Ligue 1 avec 30 millions d’euros, le coach sait que ses ressources seront à trouver ailleurs. « Je suis confiant sur ce que j’ai vu en préparation, tout le monde regarde dans la même direction, celle du maintien, affirme Dall’Oglio. Pour l’avoir vécu, je sais que c’est difficile, il faut un gros mental, mais Brest en a les moyens. Et on aura tout un public pour nous soutenir. » Le stade Francis-Le Blé aura l’occasion de se montrer à la hauteur des attentes de son nouveau coach, dès la première journée, samedi 10 août, avec la réception du Toulouse FC.
Remercié par Dijon l’an dernier, l’entraîneur a un nouveau défi de taille à relever : décrocher le maintien avec le Stade brestois, de retour en L1 après six saisons en L2.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/10/ligue-1-avec-dall-oglio-a-brest-du-nouveau_5498329_3242.html
mlsum-fr-1046
Kenki Fukuoka, dans ses oeuvres face aux Ecossais. Le joueur japonais sera désigné homme du match, à l’issue de la rencontre, dimanche 13 octobre. WILLIAM WEST / AFP C’est dans une atmosphère chargée d’émotion qu’une séduisante équipe nippone a balayé les doutes qui pouvaient encore planer sur la qualité de son effectif. Les Brave Blossoms ont battu le XV d’Ecosse 28 à 21, dimanche 13 octobre, à Yokohama (sud de Tokyo), et se qualifient ainsi pour les quarts de finale de la Coupe du monde. Une première historique pour le Japon, point d’orgue d’un parcours sans faute en phase de poule avec quatre victoires en autant de matches. La belle soirée a permis au Japon d’oublier un temps le drame qui l’a frappé la veille. Le typhon Hagibis, présenté comme le plus puissant depuis 1958, a provoqué de graves inondations, d’importants dégâts et surtout fait au moins 26 morts dans le centre et l’est de l’Archipel. Le typhon avait même failli causer l’annulation du match – ce qui a donné lieu à de vives tensions dans les jours précédant la rencontre entre les deux adversaires – comme il a provoqué celles des matchs France-Angleterre et Nouvelle-Zélande-Italie, samedi, et Canada-Namibie dimanche. Une minute de silence a été observée en hommage aux victimes d’Hagibis, qui a fait au moins 26 morts. « Ça aurait été dommage que le match n’ait pas lieu, explique une femme vêtue d’une réplique du maillot japonais de 1932, année du premier match international de l’équipe nationale. J’avais préparé un teru-teru bozu avec le visage de Michael Leitch, et ça a marché ». Le teru-teru bozu (« brille, brille, moine ») est un talisman de tissu blanc, de la forme d’un fantôme, autrefois utilisé par les agriculteurs et aujourd’hui par les enfants pour avoir du beau temps lors d’événements importants. « Un élan décisif au rugby au Japon » Dans la douceur d’une soirée de Yokohama, les deux équipes, qui jouaient leur qualification, ont dominé chacune une période. Passé un premier essai écossais à la sixième minute par l’ouvreur Finn Russell, les Japonais ont su imposer leur jeu, enchaînant les séquences, jouant beaucoup sur leur gauche avec l’insaisissable ailier Kenki Fukuoka, qui finit par glisser une passe acrobatique à l’autre ailier Kotaro Matsushima pour le premier essai nippon (17e minute), son cinquième dans cette Coupe du monde. Huit minutes plus tard, toujours au terme d’une longue séquence de jeu, le pilier gauche Keita Inagaki aplatissait entre les poteaux. Kenki Fukuoka, désigné joueur du match, a ensuite enchaîné deux essais au terme d’exploits personnels, une récupération de balle acrobatique en fin de première période et un ballon arraché en début de deuxième pour aller marquer entre les poteaux. Le Japon s’assurait ainsi le point du bonus offensif. Les Ecossais réagissaient alors, élargissant leur jeu, au pied notamment, retrouvant du piquant et de l’inspiration avec un Finn Russell des grands soirs. Ils marquaient deux essais, par Willem Nel et Zander Ferguson, et dominaient globalement un deuxième acte âpre et tendu jusqu’à la dernière minute, sans toutefois pouvoir inverser le score. A la sirène, le public nippon explosait de joie. Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : passions nippones Les Brave Blossoms saluent leur public, après leur victoire contre l’Ecosse (28-21), dimanche 13 octobre. ODD ANDERSEN / AFP « Exceptionnel, historique », répétait en boucle un supporter de toujours, ancien joueur et qui attendait ce moment « depuis la première Coupe du monde ». « Je suis tellement excitée que je ne vais pas dormir ! », a réagi une fan en larmes. « Omedeto » (Félicitations) et « Nippon, nippon », scandaient des supporters dans ce stade qu’ils ne voulaient plus quitter. Les tribunes, quasiment tout en rouge et blanc, ont mis du temps à se vider. Les Brave Blossoms ont fait leur tour de terrain, saluant un public entier, passionné, envoûté par un match d’une intensité et d’une qualité rares. « Il y avait tout, du jeu, de la défense, des coups de pied », se réjouit un fan qui est certain que cette victoire « donnera un élan décisif au rugby au Japon ». « Nous avons gagné le droit d’être considérés comme une équipe de l’élite mondiale » - Jamie Joseph, entraîneur du Japon Pour expliquer le succès japonais, le capitaine de l’équipe Michael Leitch a invoqué « la conviction » qui « donne confiance ». L’entraîneur Jamie Joseph soulignait, lui, le travail effectué, notamment avec la participation de l’équipe japonaise des Sunwolves au Super Rugby – compétition internationale disputée entre des franchises argentines, australiennes, sud-africaines, japonaises et néo-zélandaises. Du côté de l’Ecosse, éliminée du Mondial, l’entraîneur Greg Townsend a fait part de sa « déception » et évoqué « les leçons à tirer pour les tournois futurs », tout en félicitant l’équipe nippone, « un groupe très uni, qui connaît ses forces, joue très vite et a confiance ». Les Brave Blossoms n’ont donc pas raté l’occasion d’accéder, pour la première fois de leur histoire, aux quarts de finale d’une Coupe du monde de rugby, une compétition à laquelle il participe depuis ses débuts en 1987. « Nous avons gagné le droit d’être considérés comme une équipe de l’élite mondiale », martelait avant la rencontre Jamie Joseph. Oublié les revers passés, dont cette historique raclée 145 à 17 en 1995 contre la Nouvelle-Zélande. Oubliée aussi la déception de 2015 quand, en Angleterre, malgré trois victoires en poule, les joueurs japonais avaient dû rentrer au pays, devancés par l’Ecosse. Le 20 octobre, ils affronteront l’Afrique du Sud, une autre affaire, au parfum de revanche puisque les Brave Blossoms avait battu les Springboks en 2015. « Nous jouerons pour gagner », assure le capitaine Michael Leitch. Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : le calendrier des 48 matchs de la compétition
Les Brave Blossoms ont battu le XV écossais 28 à 21 et affronteront l’Afrique du Sud en quarts de finale dimanche 20 octobre. Du baume au cœur pour un pays endeuillé par le passage du typhon Hagibis.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/13/coupe-du-monde-de-rugby-2019-le-japon-file-en-quarts-tout-un-pays-vit-un-exploit-historique_6015350_3242.html
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Tribune. Après la crise des subprimes et son cortège de faillites personnelles et collectives, un dénommé Nakimoto (dont personne ne connaît l’identité réelle) a proposé en 2008 un système monétaire numérique censé ne reposer sur aucune autorité centrale. Dans l’esprit de son inventeur, une telle autorité dominante est supposée non fiable et suspecte de manipulations frauduleuses. Le nouveau système monétaire numérique devait reposer sur l’égalité des droits et des devoirs de tous les ordinateurs interconnectés par Internet agissant pour les utilisateurs désireux d’échanger de la monnaie. C’est ainsi qu’est née la monnaie numérique bitcoin, dont l’engouement planétaire n’est plus à démontrer. Pour l’achat et la vente de bitcoins, chacun des ordinateurs concernés doit respecter un même jeu de règles comportementales et de protocoles de communication. Se forme alors une sorte de phalanstère numérique qui abrite les transactions monétaires pour leur garantir transparence, traçabilité, irrévocabilité et égalité de traitement. Tous les logiciels qui assurent ces fonctions forment un système dit de blockchain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Il est opportun d’ouvrir un débat approfondi sur la “blockchain” » Ce système prétend assurer à ses utilisateurs la sécurité de leurs opérations, les prémunir contre la falsification des messages entre ordinateurs ou celle des identités de ces ordinateurs, et interdire des malversations telles que le « double paiement ». On a cru ainsi mettre en œuvre une forme d’égalitarisme souverain libéré de toute forme centralisée de contrôle et capable de produire des actes notariés sans notaire, sans tiers de certification, sans institution arbitrale, sans intermédiaire, en un mot sans chef ni responsable. Un acte de foi plus qu’une réalité scientifique Hélas, ces promesses relèvent plus de l’acte de foi que de la réalité scientifique et technologique. Car pour gérer la monnaie il convient de disposer d’un livre de comptes qui retrace à chaque instant toutes les transactions effectuées et les identités des parties concernées. L’ensemble de ces transactions est totalement ordonné par ordre chronologique d’où le terme « blockchain » (chaîne de blocs), chaque bloc correspondant à l’enregistrement d’une ou plusieurs transactions effectuées. Cependant, l’exigence d’un tel égalitarisme impose que chaque intervenant dispose de son propre livre de comptes. En outre, chaque transaction exige un consensus entre les différentes parties prenantes afin d’autoriser ladite transaction et de faire en sorte que chacune de ces parties mette à jour son propre livre de comptes.
Les enthousiasmes technologiques (blockchain, machine learning, intelligence artificielle) gagneraient à se confronter avec la réalité des résultats de la recherche en informatique, observent, dans une tribune au « Monde », les chercheurs Michel Raynal et Gérard Roucairol.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/07/les-techniques-numeriques-sont-porteuses-d-erreurs-funestes-si-elles-ne-s-appuient-pas-sur-des-resultats-scientifiques_5486463_3232.html
mlsum-fr-1048
Chronique. De passage à Paris en novembre 2013, le biologiste, géographe et essayiste Jared Diamond glissait au Monde, au détour d’une conversation sur la durabilité de la civilisation thermo-industrielle, cette évidence : « Vous autres, en France, devez être tellement fiers de votre programme électronucléaire ! » Il fallut déployer une certaine énergie pour convaincre l’auteur d’Effondrement (Gallimard, 2006) qu’en réalité le programme électronucléaire français n’était pas une source consensuelle de fierté nationale, mais plutôt un abcès de fixation et, en somme, la mère de toutes les discordes tricolores sur la question environnementale. A chaque grande décision politique sur l’avenir énergétique de la France, chaque camp célèbre sa victoire ou, au contraire, écrase ses larmes. Ces jours-ci, ce sont les tenants de l’énergie nucléaire qui se lamentent. Fin août, Le Monde a révélé que le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) abandonnait en catimini le projet de réacteur expérimental de quatrième génération Astrid, mettant ainsi un point final à la recherche sur le développement de réacteurs à neutrons rapides. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nucléaire : la France abandonne la quatrième génération de réacteurs Après Rapsodie (fermé en 1983), Superphénix (fermé en 1997) et Phénix (fermé en 2010), ses trois prédécesseurs, Astrid incarnait un rêve de physicien et d’énergéticien, celui de la « fermeture du cycle du combustible ». Les réacteurs à neutrons rapides – ou surgénérateurs – sont non seulement capables de « brûler » l’uranium non fissile (qui représente la plus grande part de l’uranium naturel) mais aussi une part des déchets produits par les réacteurs nucléaires actuellement en service. Se passer de l’étape d’enrichissement de l’uranium et augmenter d’un facteur 100 la quantité de combustible utilisable pour la production énergétique, tout en gérant le problème majeur lié à l’énergie nucléaire, celui des déchets : on comprend pourquoi le développement des réacteurs à neutrons rapides est une sorte d’horizon pour toute la filière. Solution irréaliste Il nourrit aussi les rêves de certains climatologues, qui y voient la panacée contre le réchauffement. En décembre 2015, quatre chercheurs de renom, James Hansen (NASA), Ken Caldeira (Carnegie Institution), Tom Wigley (université d’Adélaïde) et Kerry Emanuel (Massachusetts Institute of Technology), avaient ainsi tenu une conférence de presse en marge de la COP21, plaidant pour le déploiement, à marche forcée, de cette technologie. « En tenant compte du développement des pays les plus pauvres ainsi que de l’augmentation de la demande due à la démographie », expliquaient-ils, il faudrait construire « 115 réacteurs par an d’ici à 2050 pour décarboner entièrement la production mondiale d’électricité ».
Si l’atome a peu de chances de s’avérer déterminant, à l’avenir, dans la lutte contre le réchauffement, son développement n’a pas eu que des inconvénients, explique, dans sa chronique, Stéphane Foucart, journaliste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/14/la-decision-francaise-d-abandonner-le-reacteur-nucleaire-astrid-est-critiquable_5510461_3232.html
mlsum-fr-1049
Va-t-on trouver une formule pour mettre fin à l’entre-soi social qui domine dans nos grandes écoles les plus élitistes ? Les directeurs des Ecoles normales supérieures, de Polytechnique, ou encore de HEC, de l’ESCP et de l’Essec, missionnés par le gouvernement, préconisent tous de donner un coup de pouce aux candidats boursiers aux concours d’entrée de leurs prestigieux établissements. Ils ont remis leurs rapports, lundi 14 octobre, à la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, ainsi qu’à Florence Parly, ministre des armées, tutelle de Polytechnique. Le gouvernement avait demandé, au lendemain du grand débat intervenu après la crise des « gilets jaunes », d’apporter des solutions pour « améliorer la diversité sociale » dans ces établissements très sélectifs. Les chiffres sont connus. Quand l’enseignement supérieur compte 38 % de boursiers sur critères sociaux, ils ne sont que 13 % en écoles de commerce, 11 % à Polytechnique, ou encore 19 % à l’ENS Paris. Certains indicateurs sont encore plus sévères : Polytechnique ne réunissait en 2018 que 7 % d’enfants d’agriculteurs, d’artisans, d’ouvriers et d’employés. « Il est temps d’avoir, dans nos grandes écoles, une représentation plus ressemblante de notre société, dans sa diversité géographique et sociale », défendait Frédérique Vidal, au lancement du chantier, le 4 juin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Frédérique Vidal : « Il faut réfléchir à de nouvelles voies d’entrée dans les grandes écoles » A l’arrivée, dans la large panoplie de mesures avancées par les huit directeurs – allant d’un meilleur accompagnement des jeunes au lycée au renforcement des voies d’admissions parallèles, en passant par une diversité accrue dans les classes préparatoires aux grandes écoles –, celle d’un bonus pour les boursiers à l’entrée est la plus inédite. Comité de pilotage « L’action la plus audacieuse serait d’attribuer des points de bonification pour des étudiants issus de milieux défavorisés lors de la phase d’admissibilité du concours », détaillent ainsi les directeurs des ENS de Paris, Lyon, Rennes, et Paris-Saclay. « Le nombre de points pourrait être basé, par exemple, sur le statut de boursier de l’enseignement supérieur, ce qui permettrait de le moduler en attribuant un nombre de points plus élevé pour les niveaux de bourses plus élevés », précisent-ils. Un dispositif qui doit permettre de maintenir les « mêmes critères » et les « mêmes exigences » à l’entrée, car le jury d’admission – dernier juge de paix après les épreuves orales – n’aurait pas connaissance des candidats qui auraient bénéficié de ces points spéciaux.
Les directeurs des Ecoles normales supérieures, de Polytechnique, d’HEC, de l’ESCP et de l’Essec font leurs propositions au gouvernement en matière d’ouverture sociale.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/14/mixite-sociale-dans-les-grandes-ecoles-vers-des-bonus-aux-concours-pour-les-boursiers_6015404_3224.html
mlsum-fr-1050
Damien Kuypers pour M Le magazine du Monde On s’est longtemps demandé ce qu’elle faisait là. Quels sentiments pouvait-elle éprouver à se présenter le plus souvent en gorgone, paraissant assumer la part d’antipathie qu’elle provoquait chez de nombreux téléspectateurs ? Y prendre du plaisir peut-être ? Se mettre à l’épreuve comme elle le fait dans ses livres ? Ecrivaine, elle a déjà essuyé les reproches d’arrogance, de narcissisme, d’impudeur. Son œuvre, commencée en 1990 avec Vu du ciel et très vite rapprochée du genre de l’autofiction, lui a valu beaucoup d’ennemis. Pourquoi s’en faire d’autres ? « La seule chose qui ait du charme, c’est de prendre des risques », fanfaronnait-elle déjà en 1999 dans Elle au cours d’un entretien croisé avec Michel Houellebecq. Elle venait de faire paraître L’Inceste où elle révélait que son père avait abusé d’elle. Elle ajoutait, bravache et incroyablement orgueilleuse : « Il y a plein de gens qui ne me parlent plus. Je le regrette. Mais tant pis pour eux. » « Je n’ai pas un langage professionnel de journaliste qui pourrait me protéger. » Un face-à-face d’une rare tension avec François Fillon lors d’un débat télévisé de la dernière campagne présidentielle, en mars 2017, avait montré au grand public qu’elle n’avait pas froid aux yeux. Elle avait révélé sa force : une capacité à dire crûment sa détestation du candidat des Républicains ; et sa faiblesse : une émotivité à fleur de peau qui l’avait ensuite privée de repartie. En lui proposant d’intégrer la longue cohorte de ses polémistes, Laurent Ruquier, l’animateur et producteur d’« On n’est pas couché », l’interminable messe des samedis soir de France 2, jouait sur les deux tableaux : sa sensibilité et sa hargne. L’extirpant d’une certaine confidentialité où son œuvre, quoique très commentée, l’avait cantonnée, il l’a exposée à un public d’autant plus avide de clash que l’heure tardive de diffusion de l’émission le portait à l’endormissement. En deux saisons, d’abord aux côtés de Yann Moix puis de Charles Consigny, elle n’a pas démérité. Autant que ses prédécesseurs, elle a provoqué son lot de polémiques d’un soir ou d’une semaine. La part non écrite de son contrat. Jusqu’à ce que, l’autre soir, elle s’emberlificote dans une comparaison casse-gueule entre la Shoah et l’esclavage, qu’elle a depuis regrettée. Il était temps que ça s’arrête. Et d’ailleurs, ça s’arrête… Laurent Ruquier, ce faux débonnaire qui entre deux fous rires sait lire les courbes d’audience, a annoncé vouloir se passer dorénavant d’un duo de polémistes permanents. Les dents dures en CDI, c’est fini. Place aux contrats courts. Critiques caustiques et langues de vipère se succéderont chaque semaine. Des invités, paraît-il, refusaient de comparaître devant ce tribunal dont ils sortaient le plus souvent en charpie ; le public, dit-on, se lasse des têtes à clash. La formule du débat fourre-tout et de l’invective a désormais sa case sur de nombreuses chaînes sans qu’il soit nécessaire de se coucher à pas d’heure. Devenue une sorte de harpie du samedi soir, Christine Angot se défendait de jouer un rôle. « Je n’ai pas un langage professionnel de journaliste qui pourrait me protéger », analysait-elle, dans Paris Match en 2018, mettant sur le compte de l’inexpérience une forme de maladresse dans son expression. Admettons… Eloignée du petit écran, elle va pouvoir de nouveau choisir ses mots.
Chaque semaine, Philippe Ridet croque une personnalité qui fait l’actualité. Comme l’écrivaine qui, désormais éloignée du petit écran, va pouvoir de nouveau choisir ses mots.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/15/elle-est-comme-ca-christine-angot_5476735_4500055.html
mlsum-fr-1051
Nicholas Hoult dans « Tolkien », de Dome Karukoski. TWENTIETH CENTURY FOX L’avis du « Monde » – On peut éviter Il n’y a guère d’individu qui ait façonné aussi profondément l’imaginaire d’une civilisation que John Ronald Reuel (J. R. R.) Tolkien, pour le meilleur et pour le pire. Stephen King et George Lucas, les auteurs d’Avengers et ceux de Game of Thrones ont cultivé leurs jardins fantastiques à l’ombre de la trilogie du Seigneur des anneaux. Ce rappel pour donner la mesure de l’échec de ce récit des jeunes années de Tolkien (1892-1973), de son enfance orpheline à Birmingham à ses débuts d’auteur de fiction, en passant par les collèges d’Oxford et les tranchées de la Somme. Doté d’un budget conséquent, peuplé de visages sympathiques (le joli Nicolas Hoult incarne l’écrivain, Lily Collins son premier et dernier amour, Colm Meaney et Derek Jacobi représentent la génération victorienne), Tolkien est dépourvu de toute imagination. Un soupçon homéopathique d’humour Le réalisateur finlandais Dome Karukoski s’est strictement tenu aux règles du film britannique en costume : beaucoup de rituels (le thé, les pérambulations dans les jardins d’Oxford, le départ au et le retour du front), beaucoup de bienséance et de grands sentiments et un soupçon homéopathique d’humour. L’épanouissement du talent de Tolkien est chroniqué soit comme une série d’événements qui ne demandent qu’à être transposés en Terre du milieu (brûlé par la fièvre, le lieutenant Tolkien est investi d’une mission périlleuse dans les tranchées, il ne l’accomplit que grâce à la constance de son ordonnance, un garçon simple et fort nommé Sam), soit comme une série de micro-révélations quasi-mystiques. Rien qui n’éclaire vraiment la connaissance de l’œuvre ou de l’homme. Film britannique de Dome Karukoski. Avec Nicolas Hoult, Lily Collins, Colm Meaney, Derek Jacobi (1 h 52). www.foxsearchlight.com/tolkien et www.facebook.com/TolkienFilm
Ce récit des jeunes années de l’auteur du « Seigneur des anneaux » sacrifie à toutes les conventions du film en costume britannique.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/19/tolkien-mise-a-plat-d-un-genie-proteiforme_5478263_3246.html
mlsum-fr-1052
Le journal niçois a un tirage de 120 000 exemplaires par jour. VALERY HACHE / AFP L’épreuve de force touche à sa fin. Deux semaines après un vote des salariés qui lui était pourtant défavorable, Xavier Niel (également actionnaire à titre individuel du Monde) a les mains libres pour racheter le quotidien local Nice-Matin, qui s’écoule à 120 000 exemplaires, de Nice à Toulon. « Jean-Marc Pastorino [le PDG de Nice-Matin] nous a dit qu’il avait reçu lundi matin [29 juillet] un coup de fil d’Iskandar Safa l’informant qu’il ne pouvait maintenir son offre alors que l’entreprise était divisée », explique Romain Maksymowycz, délégué du Syndicat national des journalistes (SNJ). Il est vrai que Xavier Niel disposait d’un coup d’avance sur le milliardaire franco-libanais, par ailleurs propriétaire de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Le fondateur de Free est en passe de devenir le premier actionnaire du groupe de presse azuréen, grâce à la reprise des 34 % de l’actionnaire belge Nethys. Un rachat qui lui donne, en février 2020, le droit de reprendre les 66 % du capital détenus par la coopérative des salariés. S’opposer à cette opération aurait impliqué de dénoncer ce pacte d’actionnaires en justice. « Un contentieux semble s’annoncer préjudiciable aux salariés et au titre lui-même. Il faut ajouter une dimension politique et des propos exécrables que je rejette. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas poursuivre », a justifié Iskandar Safa, dans un courrier adressé à la coopérative, rappelant qu’il avait commencé à travailler sur un plan avec les salariés actionnaires « il y a plus de huit mois ». Promesse d’investissement de 50 millions d’euros La nouvelle devrait apaiser les inquiétudes. « Nous étions en position d’attente. C’était très tendu dans l’entreprise », explique Romain Maksymowycz. Le 12 juillet, si 94 % des journalistes avaient voté pour Xavier Niel, 60 % des 456 salariés de la coopérative, où la CGT du Livre est très représentée, s’étaient exprimés en faveur d’Iskandar Safa, sous l’influence de son PDG, Jean-Marc Pastorino, ancien ouvrier de l’imprimerie. Nice-Matin pourrait rapidement sortir de sa procédure de sauvegarde. Une réunion entre le président du conseil de surveillance, Jean-François Roubaud, Jean-Marc Pastorino, Anthony Maarek, qui représente NJJ, la holding de Xavier Niel, et l’administrateur judiciaire a eu lieu lundi 29 juillet. Dans un courrier du 12 juillet, M. Niel a promis d’investir 50 millions d’euros dans le quotidien, une somme qui comprend 12 millions d’apurement de passif et 10 millions d’euros destinés aux salariés et actionnaires du groupe. Ces derniers avaient investi leur treizième mois il y a cinq ans pour créer cette coopérative et reprendre leur journal à la barre du tribunal de commerce. A l’époque, ils avaient évincé d’autres repreneurs comme le groupe de presse belge Rossel associé à… Iskandar Safa. Les municipales de 2020 en toile de fond M. Niel propose aussi aux journalistes de mettre en place une société des rédacteurs qui pourra approuver à 50 % la nomination d’un directeur de la rédaction et valider l’arrivée d’un nouvel actionnaire. « Xavier Niel nous a promis l’indépendance éditoriale. Il n’y a pas d’autre voie possible. La rédaction sera extrêmement vigilante sur ce point », explique Denis Carreaux, le directeur des rédactions de Nice-Matin, Var-Matin et Corse-Matin. L’affrontement autour de Nice-Matin a pour toile de fond les municipales de 2020 et la présidentielle de 2022. En privé, Xavier Niel, réputé proche de M. Macron, justifie son intérêt dans le quotidien local par sa volonté de barrer la route au propriétaire du très droitier Valeurs actuelles. Or ce dernier entretient « une relation entre la cordialité et l’amitié » avec Eric Ciotti, selon les dires de son avocate à Mediapart. Le député Les Républicains des Alpes-Maritimes rêve de ravir la municipalité de Nice à Christian Estrosi, du même camp, mais décrit comme « Macron compatible ». Autant M. Niel que M. Safa ont officiellement démenti tout intérêt politique dans l’affaire.
Les salariés du journal étaient profondément divisés sur le rachat du quotidien régional par le propriétaire de « Valeurs actuelles ». Son retrait laisse la voie libre à Xavier Niel.
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2019/07/29/le-milliardaire-franco-libanais-iskandar-safa-retire-son-offre-de-reprise-de-nice-matin_5494713_3236.html
mlsum-fr-1053
Adbou Diallo, en 2018 sous le maillot de Dortmund. VALERY HACHE / AFP Le défenseur international Espoirs français Abdou Diallo a signé mardi un contrat de 5 ans avec le Paris SG, a indiqué le club de la capitale sur son site Internet. « C’est un grand honneur de m’engager dans un club aussi prestigieux », s’est félicité le joueur, cité dans le communiqué du champion de France. « Rejoindre aujourd’hui le club de la capitale est un pas supplémentaire important dans ma carrière », a-t-il estimé. La transaction est évaluée à 32 millions d’euros (et deux millions de bonus éventuels) par le magazine allemand Kicker. La saison passée, le capitaine des Espoirs français s’est affirmé comme titulaire indiscutable en défense centrale avec Dortmund (28 matches de Bundesliga, 7 de Ligue des Champions). Sa venue à Paris ne faisait plus mystère depuis que son nom n’était pas apparu dans la liste des 26 joueurs du Borussia Dortmund qui se sont envolés lundi pour les Etats-Unis, où le club de la Ruhr disputera une série de matches amicaux. Avec l’arrivée du transfuge de 23 ans, l’entraîneur parisien Thomas Tuchel, ex-coach de Dortmund, dispose désormais de cinq joueurs capables de jouer en défense centrale avec les Brésiliens Thiago Silva et Marquinhos, l’Allemand Thilo Kehrer et le Français Presnel Kimpembe. Diallo est la 5e recrue estivale du PSG après Pablo Sarabia (ex-Séville FC, acheté entre 18 et 20 M EUR selon la presse), Ander Herrera (ex-Manchester United, libre), et deux joueurs de complément, Mitchel Bakker, 19 ans, défenseur néerlandais arrivé libre de l’Ajax Amsterdam et Marcin Bulka, portier polonais de 19 ans, arrivé libre en provenance de Chelsea, qui sera troisième gardien.
Le défenseur tricolore, passé par Monaco et révélé à Dortmund, a été transféré au PSG pour 32 millions d’euros.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/16/ligue-1-l-international-espoirs-abdou-diallo-rejoint-le-psg_5490064_3242.html
mlsum-fr-1054
Feuille blanche pour Caroline Garcia. La joueuse de tennis française n’a pas inscrit le moindre jeu face à la numéro un mondiale Ashleigh Barty, qui a permis à l’Australie d’égaliser à une victoire partout face à la France en finale de la Fed Cup, samedi 9 novembre à Perth, en Australie. Barty s’est imposée 6-0, 6-0 en seulement 56 min aux dépens de la numéro deux française dans le deuxième simple. Dans le premier match, la numéro un française, Kristina Mladenovic, avait, elle, sèchement battu la numéro deux australienne, Ajla Tomljanovic, 6-1, 6-1 en 1 h 11 min. La finale se poursuit dimanche avec les deux derniers simples, suivis du double. Lire aussi Tennis : opération rachat pour les Bleues en finale de la Fed Cup Extrêmement solide, en particulier au service dans la première manche, où elle a passé près de 80 % de premières balles et frappé six aces, Barty n’a laissé aucune chance à Garcia. La Française, elle, n’a réalisé que trois points gagnants pour seize fautes directes (quinze points gagnants et neuf fautes directes pour la numéro un mondiale). « C’est sûr que se prendre un score aussi sévère en finale de Fed Cup, ça blesse », admettait la numéro deux française. « Malgré ce premier match, j’ai peut-être la chance, si le capitaine me choisit demain (dimanche), de revenir sur le court et de montrer un autre visage. » Le poids de l’enjeu Tomljanovic, d’origine croate mais rendue éligible moins d’un mois avant la finale par la Fédération internationale de tennis (ITF), jouait elle son premier match pour son pays d’adoption, à 26 ans, et a complètement croulé sous le poids de l’enjeu. « Je n’avais jamais ressenti ça. C’est un sentiment difficile à expliquer, je l’ai senti dès la cérémonie [qui a précédé les matchs], vous jouez pour quelque chose de beaucoup plus grand que le reste de l’année, c’est très particulier. » Un succès français, le troisième après 1997 et 2003, viendrait, dès la première campagne de Julien Benneteau dans le rôle de capitaine, parachever la saison des retrouvailles entre Garcia et ses coéquipières, Mladenovic en particulier, après deux ans de brouille. Les Bleues restent toutefois sur trois défaites en finale, en 2004, 2005 et 2016. « Un partout le premier jour, on est là où on voulait être, même si on espère toujours être à 2-0 », a jugé « coach » Benneteau, à l’issue de la première journée. « Je n’ai aucun regret sur les choix que j’ai faits aujourd’hui [samedi]. Maintenant, il faut réfléchir au plan qu’on va mettre en place pour demain [dimanche]. On va tout faire pour gagner deux matches. » L’Australie, troisième nation la plus décorée avec sept titres, court, elle, après son premier trophée en Fed Cup depuis quarante-cinq ans (1974). Les joueuses d’Alicia Molik ont hissé leur pays en finale pour la première fois depuis vingt-six ans. Cette finale sur la côte occidentale australienne est la dernière avant que la Fed Cup, à l’instar de la Coupe Davis depuis cette année, remise ses rencontres à domicile ou à l’extérieur et ses trois week-ends de compétition au long de l’année pour se concentrer autour d’une phase finale d’une semaine réunissant douze équipes dès 2020, au printemps à Budapest.
La numéro un mondiale, Ashleigh Barty, a eu besoin de moins d’une heure pour permettre à l’Australie de revenir à hauteur des joueuses Françaises.
https://www.lemonde.fr/tennis/article/2019/11/09/l-australie-egalise-face-a-la-france-en-finale-de-la-fed-cup_6018584_1616659.html
mlsum-fr-1055
SEVERIN MILLET Voilà plus d’un mois que Servier se débat devant le tribunal correctionnel de Paris. Depuis le 1er octobre, par la voix de ses représentants et de ses avocats, le laboratoire s’échine à convaincre qu’il ne pouvait pas savoir que le Mediator était dangereux ; promet qu’il n’a trompé personne en taisant, lors de sa mise sur le marché en 1976, les propriétés amaigrissantes de son médicament officiellement anti-diabète, car celles-ci étaient insignifiantes ; jure que le Mediator n’avait rien à voir avec les fenfluramines en dépit d’une parenté chimique manifeste, et qu’il n’y avait donc pas lieu de s’alarmer lorsque ces médicaments coupe-faim furent retirés du marché en 1997 en raison de leur toxicité mortelle. Le Mediator, lui, restera commercialisé jusqu’en 2009, causant les dégâts que l’on sait. Et s’il a pu se maintenir aussi longtemps, ce n’est pas dû seulement à l’acharnement du laboratoire qui le fabriquait, mais aussi, selon l’accusation, à « l’inertie », aux « dysfonctionnements », aux « négligences parfois fort suspectes » de l’autorité publique chargée de contrôler ce qui garnit les rayons de nos pharmacies : l’Agence nationale de la sécurité du médicament – l’ANSM, qui s’appelait l’Afssaps avant que le scandale n’entraîne sa réforme –, à laquelle sera consacré, à partir du mardi 12 novembre, le deuxième chapitre du procès. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Médicaments : "L'institution qu'était l'Afssaps est finie", selon Dominique Maraninchi « Il a été établi que l’ANSM n’avait pas, à compter des premières alertes de 1995 et jusqu’en 2009, accompli les diligences normales compte tenu de la nature de sa mission, de ses compétences, du pouvoir et des moyens dont elle disposait », peut-on lire dans l’ordonnance qui renvoie l’agence devant le tribunal, aux côtés du laboratoire. Face à face Servier et ANSM ont beau se trouver côte à côte sur les bancs des prévenus, ils sont en réalité face à face. Les avocats du laboratoire et ceux de l’agence ne cessent de se contrecarrer depuis l’ouverture des débats, chacun s’évertuant à souligner la responsabilité de l’autre dans l’affaire. Une distinction est d’ores et déjà établie : contrairement au laboratoire, l’agence doit répondre d’une faute non intentionnelle. Alors que Servier est jugé pour « tromperie », « escroquerie », « trafic d’influence » et « homicides involontaires par violations manifestement délibérées », l’ANSM l’est uniquement pour « homicides involontaires par négligence », ce que l’on pourra considérer comme déjà bien assez infamant pour une autorité censée, précisément, faire en sorte que les citoyens prenant des médicaments n’en meurent pas.
Accusée d’avoir failli à sa mission, l’autorité publique chargée de garantir la sécurité des médicaments est jugée pour « homicides involontaires ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/12/au-proces-du-mediator-les-negligences-de-l-ansm-a-la-barre_6018817_3224.html
mlsum-fr-1056
Tribune. « Pour ma part, j’ai toujours fait pour le mieux pour les élèves, les enseignants, les parents, j’ai essayé de me rendre disponible au maximum pour chacun, toujours répondu positivement à un service qu’on me demandait. » Cette phrase que Christine Renon, directrice d’école maternelle à Pantin (Seine-Saint-Denis), a écrite à la veille de son suicide en septembre dernier met en lumière l’état d’esprit d’une majorité écrasante de directrices et directeurs d’école. S’efforcer d’être disponible pour les autres alors qu’on est seul responsable aux yeux de tous de ce qui peut survenir dans l’école que l’on dirige. Cette responsabilité nous est rappelée à chaque instant, car pour toute question, tout problème, tout dysfonctionnement, c’est vers la directrice ou le directeur que l’on se tourne. Etant directeur à Paris, c’est-à-dire dans une académie où les directeurs sont « déchargés de classe » dans les établissements de plus de quatre classes, je bénéficie de conditions de travail spécifiques. Dans les autres académies, il faut avoir plus de treize classes en maternelle et quatorze classes en élémentaire pour se consacrer à temps plein à la direction. J’ai choisi de quitter la classe pour assurer la fonction de directeur et ne le regrette pas. Je considère comme légitime d’être le premier interlocuteur de l’ensemble des partenaires de l’école : les élèves, les enseignants, les agents de service, les parents d’élèves, les services sociaux et médicaux, l’administration nationale et municipale. Cette place centrale dans la vie d’un établissement permet d’avoir une vue d’ensemble que je n’avais pas lorsque j’étais uniquement devant des élèves. Gestion du temps Ne plus être contraint par l’emploi du temps de la classe donne une certaine liberté dans la gestion du temps : temps pour échanger avec les élèves lorsqu’ils se retrouvent dans mon bureau afin de les amener à réparer positivement leurs erreurs ; temps pour échanger avec les parents d’élèves lorsque surgit un désaccord et éviter toute rupture entre la famille et l’école qui, en fin de compte, serait préjudiciable à leur enfant ; temps pour échanger avec les enseignants, les services sociaux et médicaux, pour trouver des solutions au mal-être ou aux difficultés scolaires de nos élèves ; temps à consacrer au personnel pour organiser leur service et faire en sorte que les agents se sentent considérés ; temps pour construire du lien avec les animateurs du centre de loisirs afin de favoriser l’harmonie du parcours des élèves pendant la journée et la semaine scolaires.
Alors que des annonces sont attendues prochainement pour améliorer les conditions de travail des directeurs d’école, Laurent Klein, directeur d’une école élémentaire, raconte dans une tribune au « Monde » les « mille et une tâches » de son quotidien.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/05/la-charge-mentale-permanente-des-directeurs-d-ecole_6018051_3224.html
mlsum-fr-1057
Le refus de coopérer opposé par la Maison Blanche à la mise en accusation de Donald Trump par la Chambre des représentants du Congrès a montré de premières limites, vendredi 11 octobre. L’ancienne ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine, Marie Yovanovitch a en effet été longuement entendue par trois commissions en dépit du verrou formalisé par le conseiller juridique du président des Etats-Unis, Pat Cipollone, dans une lettre adressée aux présidents et à la speaker (présidente) démocrates de la Chambre. Tout est en effet parti d’une conversation téléphonique entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le 25 juillet. Elle a provoqué ultérieurement, en août, le signalement d’un lanceur d’alerte tout d’abord bloqué par le département de la justice. Un compte rendu de cette conversation et la teneur du signalement ont été rendus publics le 25 et le 26 septembre. Lire aussi Le Congrès américain pourra avoir accès à des documents financiers de Trump Au cours de cette conversation, Donald Trump a demandé à son interlocuteur, qui sollicitait une aide militaire, d’enquêter sur une hypothétique collusion entre l’Ukraine et le camp démocrate lors de la présidentielle de 2016. Il lui a également suggéré de s’intéresser aux affaires du fils de l’un de ses adversaires politiques, l’ancien vice-président démocrate Joe Biden, membre du conseil d’administration d’une société gazière ukrainienne de 2014 à 2019. La victime « d’affirmations non fondées » Limogée en mai, Marie Yovanovitch n’a pas été en mesure de livrer des informations relatives à la conversation du 25 juillet. En revanche, le récit de son éviction n’a pu qu’alimenter les soupçons des démocrates vis-à-vis de l’avocat personnel du président et de ses associés dont deux sont actuellement l’objet de poursuites et emprisonnés pour infractions aux lois relatives au financement électoral. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Etats-Unis : deux associés de Rudy Giuliani, l’avocat de Trump, arrêtés pour financement illégal de campagne électorale Dans sa déclaration préliminaire, l’ancienne ambassadrice a assuré avoir été victime d’une « campagne concertée », sur la base « d’affirmations non fondées et fausses venant de personnes aux motifs clairement discutables ». Elle a dénoncé un climat, « une alliance malheureuse entre des Ukrainiens qui continuent d’opérer dans un système corrompu et des Américains soit n’ont pas compris que ce système l’était soit qui ont choisi de fermer les yeux pour leur propre bénéfice ». Tout en assurant n’avoir eu que « peu de contacts » avec l’avocat personnel du président, elle a estimé que « des personnes désignées par la presse comme des contacts de [Rudy] Giuliani », comme les deux personnes arrêtées mercredi, ont pu considérer que leurs projets financiers étaient contrecarrés par la politique anticorruption des Etats-Unis qu’elle défendait. Fort de ses liens avec Donald Trump, l’ancien maire de New York est considéré comme l’un des artisans de ce limogeage brutal.
L’ex-ambassadrice à Kiev a témoigné vendredi devant les représentants. Elle aurait tenté de s’opposer à la diplomatie parallèle de l’avocat du président, avant d’être évincée.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/12/le-role-de-rudy-giuliani-en-ukraine-au-c-ur-de-la-mise-en-accusation-de-donald-trump_6015225_3210.html
mlsum-fr-1058
Depuis 7 heures, mardi 5 novembre, les Norvégiens peuvent consulter, en toute légalité, une partie des registres de l’Office des impôts et se renseigner sur la fortune de leurs voisins ou les revenus touchés par leurs collègues en 2018. Choquant ? Dans le royaume scandinave, on défend le principe de transparence, pilier de la société. Chaque année, les médias s’en donnent à cœur joie, en publiant des classements sur leur site Internet. Mardi, le journal Dagsavisen révélait que l’homme d’affaires et philanthrope Trond Mohn, 76 ans, était le contribuable à avoir touché le plus d’argent en 2018, mais que l’entrepreneur Kjell Inge Rokke, 61 ans, restait l’homme le plus fortuné du pays. Au niveau politique, le chef du Parti travailliste norvégien, Jonas Gahr Store, n’est plus le député le plus riche du Storting (le Parlement). Il a été dépassé par un élu du Parti du progrès, Sivert Bjornstad, qui occupe les fonctions de porte-parole de sa formation sur les questions de politique budgétaire. Dans le domaine du sport, la skieuse Therese Johaug, suspendue treize mois après un contrôle positif, semble remise de ses déboires, avec une fortune en hausse de 12 millions de couronnes (1,2 million d’euros) en 2018, tandis que celle du manageur de Manchester United, Ole Gunnar Solskjær, recule de 2 millions de couronnes… Suspension de l’anonymat Pour ceux que les stars n’intéressent pas, mais qui ne peuvent s’empêcher de s’interroger sur la fortune de leur patron ou les revenus d’un ancien conjoint, rien de plus facile : il suffit de se connecter au site du fisc et d’y entrer son numéro d’identification personnel. Seules limites : avoir plus de 16 ans et ne pas effectuer plus de 500 recherches par mois. Jusqu’en 2014, les clics restaient anonymes. Ce n’est plus le cas : les personnes visées par une recherche en sont désormais informées. Cette restriction a été mise en place après de nombreux abus qui avaient soulevé un débat de société, il y a un peu moins de dix ans. Des applications avaient alors fait leur apparition, proposant de consulter les revenus de ses amis sur Facebook ou géolocalisant les plus grosses fortunes d’un quartier spécifique. Dans les écoles, les enfants des parents les moins aisés pouvaient être la cible de moqueries. Lire aussi Le modèle nordique fait toujours autant rêver l’Europe La suspension de l’anonymat a eu un effet immédiat : alors que 16,5 millions de recherches avaient été effectuées par 898 000 personnes entre octobre 2013 et octobre 2014, seulement la moitié se sont connectées l’an dernier, pour un total de 1,6 million de recherches. La polémique, cependant, a ressurgi en début d’année après l’enlèvement de l’épouse d’un des hommes les plus riches de Norvège, toujours disparue et dont le mari a reçu une demande de rançon. Toutefois, les syndicats de journalistes mettent en garde contre de nouvelles restrictions qui pourraient limiter le principe de la transparence.
Le fisc norvégien permet aux habitants d’obtenir des informations sur la situation de chacun des 4,2 millions de contribuables.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/06/en-norvege-il-est-possible-de-connaitre-la-fortune-d-un-voisin-ou-les-revenus-d-un-collegue_6018216_3234.html
mlsum-fr-1059
« Comme l’aurait sans doute déploré Coluche, non seulement nous avons toujours des bénévoles aux Restos du cœur, mais il y en a aussi.. dans les écoles, ainsi que des volontaires en service civique,... dans les hôpitaux, les préfectures, les agences Pôle Emploi » Photo: Une bénévole du Resto du coeur à Nantes. Alain Le Bot / Photononstop Tribune. Formulée la veille d’Halloween, la déclaration de Gabriel Attal, secrétaire d’Etat à l’éducation nationale, sur « les coûts évités par l’Etat grâce aux associations » en a, à juste titre, épouvanté plus d’un. « Si l’Etat gérait ce que font les 70 000 bénévoles des restos du cœur, si c’était des permanents payés au SMIC par l’Etat, cela coûterait 200 millions d’euros par an », a affirmé mercredi 30 octobre M. Attal lors de son audition par la commission culturelle de l’Assemblée Nationale. « Ce sont des bénévoles, c’est une économie », a-t-il ajouté, soulignant qu’à ce titre les associations étaient « une chance et pas seulement un coût pour l’Etat ». Il y a, en soi, une certaine violence à mettre ainsi en équivalence les valeurs civiques (l’attention aux autres, le sentiment d’injustice, le militantisme) qui poussent certaines personnes à s’engager aux Restos du cœur (ou ailleurs), et la valeur monétaire des économies réalisées par l’Etat grâce à ces engagements. Mais cette violence symbolique ne prend-elle pas une signification bien particulière, finalement politique, quand cette équivalence est ainsi formulée depuis les sommets de l’Etat ? Car le problème principal posé par cette déclaration est sans doute, non pas ce qui est dit à proprement parler, mais qui dit cela… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les associations, relais sociaux indispensables Que le bénévolat ne soit pas seulement de l’engagement et de la citoyenneté mais aussi du travail, du travail invisible et gratuit qui fait bel et bien fonctionner nos associations mais aussi nos services publics (et, de façon croissante depuis le développement d’internet, nos entreprises également), ce n’est pas la sociologue du travail que je suis qui le contredirait. Que certaines associations ou certains statisticiens puissent vouloir valoriser monétairement le travail bénévole pour rendre visible son poids social et sa valeur économique, comme les féministes l’ont fait il y a plus de 40 ans avec le travail domestique, cela se comprend aussi aisément. Des statuts hybrides entre bénévolat et salariat Mais qu’un représentant du gouvernement puisse, selon ses propres termes, « défendre assos et bénévoles » au moyen de cet argument est pour le moins perturbant. Car il manque un chaînon au raisonnement : l’Etat, en effet, ne fait pas qu’utiliser le travail des bénévoles des Restos du cœur comme de tant d’autres associations, il le suscite… Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les territoires, nouvel espace de conquête des associations » Depuis des années, les pouvoirs publics développent de véritables politiques du bénévolat en soutenant le développement de cette pratique dans tel ou tel secteur, en le valorisant par différents dispositifs (valorisation des acquis de l’expérience, compte d’engagement citoyen…), en l’intégrant dans la mise en œuvre des politiques publiques (dispositif réussite éducative, réforme des rythmes scolaires…), en créant de nouveaux statuts hybrides entre bénévolat et salariat comme les différents types de volontariats devenus en 2010 service civique, lui-même étendu en 2015 aux services publics.
Reprenant les déclarations de Gabriel Attal sur « les coûts évités par l’Etat grâce aux associations », la sociologue Maud Simonet dénonce, dans une tribune au « Monde », le recours croissant au bénévolat pour assurer à moindre frais les tâches de service public
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/10/l-etat-developpe-dans-le-secteur-public-un-travail-invisible-et-gratuit_6018661_3232.html
mlsum-fr-1060
Yvan Attal et son molosse libidineux, Stupide. STUDIO CANAL L’AVIS DU « MONDE » - POURQUOI PAS Du temps a passé depuis Ma femme est une actrice (2001) et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (2003), les deux longs-métrages où le réalisateur et scénariste Yvan Attal s’amusait à brouiller les pistes entre la fiction et la réalité, en mettant en scène un couple dont il partageait l’interprétation avec Charlotte Gainsbourg, sa compagne dans la vie. Dans le troisième volet, Mon chien Stupide, il était donc logique de retrouver des époux dont la biographie consigne une vingtaine d’années en commun et quatre enfants devenus grands. La comédie est désormais moins légère, le rythme qui la mène demeure en revanche alerte, un brin fébrile. Pour mettre en scène ce passage de l’existence où la progéniture s’apprête à quitter les parents, Yvan Attal est parti du roman éponyme de l’écrivain américain John Fante (paru en 1985, deux ans après la mort de l’auteur) que lui avait déjà proposé d’adapter il y a vingt ans le producteur Claude Berri. Le réalisateur avait refusé, se jugeant alors peu enclin à comprendre l’univers du livre et l’état d’esprit de son héros que la vie de famille avait fini par transformer en vieux con. L’expérience personnelle (une vie partagée avec la même femme depuis vingt-huit ans et la naissance de trois enfants dont l’un, Ben Attal, joue dans Mon chien Stupide) a depuis fait son œuvre. Jubilation poussée à l’excès Et Yvan Attal, deux décennies plus tard, s’est surpris à totalement s’identifier au personnage « aigri, usé, envahi par ses gosses » décrit par John Fante. Le film demeure fidèle, à quelques détails près, au caractère des protagonistes, à l’esprit et au ton férocement humoristique du livre. La mise en scène et le jeu des acteurs ajoutent cependant une jubilation poussée à l’excès qui en alourdit le trait comique, en même temps qu’il asphyxie la part plus sombre du propos. Car rien ne tourne rond dans Mon chien Stupide. Henri (Yvan Attal), écrivain en panne d’inspiration depuis son unique grand succès en librairie, vingt-cinq ans auparavant, vit dans la nostalgie de tout ce qu’il aurait pu réaliser s’il n’avait pas été père (« A mesure que vos fils grandissent, vous rapetissez », se lamente-t-il). Sa femme, Cécile (Charlotte Gainsbourg), tente de tenir le coup à grand renfort d’antidépresseurs et d’alcool. Tandis que les quatre enfants (trois garçons et une fille), presque adultes, continuent d’occuper la grande maison familiale comme bon leur semble, et plus précisément pour se restaurer et réclamer leur argent de poche.
L’acteur-réalisateur met en scène Charlotte Gainsbourg et un de leurs enfants dans cette comédie familiale féroce, transposition à l’écran du livre de John Fante. Mais le résultat manque de mordant.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/30/mon-chien-stupide-un-film-d-yvan-attal-un-peu-trop-cabot_6017399_3246.html
mlsum-fr-1061
CHARLOTTE MOLAS POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » « Les femmes préfèrent le rosé, le champagne, les vins doux… » « Ce vin devrait vous plaire, madame, il est léger, facile à boire. » Autant de clichés qui ont la vie dure, alors même qu’ils exaspèrent la grande majorité des professionnelles, viticultrices, œnologues ou sommelières… Évidemment, nul déterminisme génétique ne permet de classer les vins selon un codage XX ou XY. Aucune étude scientifique n’est venue corroborer les idées reçues sur les goûts des femmes en matière de vin. De nombreux travaux se sont certes intéressés aux rapports des hommes et des femmes au sucré, au salé ou encore au gras. Des études aux conclusions souvent réductrices Une étude, souvent reprise dans les médias, avance ainsi que les hommes sont plus attirés par le « gras-salé » et les femmes par le « gras-sucré ». Publiée en 2014 dans la revue British Journal of Nutrition, elle a été conduite par Caroline Méjean (INRA) et Aurélie Lampuré (alors doctorante), dans le cadre de l’étude NutriNet-Santé sur un panel de 37 181 adultes. De quoi conforter l’image des hommes tendance saucisson et des femmes tendance tiramisu. Une photographie forcément réductrice, car les caractéristiques socioculturelles influent aussi sur les goûts, ainsi que le précisent ces études. S’agissant du vin, rien ne permet d’en déduire que les femmes s’accompliraient au sauternes capiteux ou à l’élégant champagne blanc de blanc, quand les hommes s’éclateraient au madiran giboyeux ou au bandol aux tanins affirmés. D’autant que les attitudes de consommation ne permettent pas non plus de tirer des conclusions genrées. « On sort des schémas sur les femmes qui consommeraient des vins différents, même si des nuances entre les femmes et les hommes peuvent apparaître. Mais on ne peut plus dire : les femmes achètent et les hommes consomment », avance Marie Mascré, cofondatrice de l’agence de marketing spécialisée Sowine. Le rôle de l’héritage culturel En effet, le baromètre annuel réalisé par Sowine et le panéliste Dynata, auprès d’un échantillon de 1 000 personnes âgées de 18 à 65 ans, en avril 2019, montre de grandes similitudes dans les comportements de consommation et d’achats. Il n’existe quasiment aucune distinction entre les femmes et les hommes quant à la consommation de blanc. 30 % des femmes se disent « grandes consommatrices de vins » contre 43 % des hommes. Baromètre Sowine/Dynata Idem pour le rosé, pourtant taxé souvent de vin féminin : 18 % des femmes disent en être grandes consommatrices, soit une à plusieurs fois par semaine, un pourcentage équivalent chez les hommes. La différence se fait plus sensible sur le vin rouge : 16 % des femmes affirment en consommer une à plusieurs fois par semaine contre 30 % des hommes. Et sur le goût général pour le vin : 30 % des femmes se disent « grandes consommatrices de vins » contre 43 % des hommes. Mais, là encore, difficile de ne pas y voir un héritage culturel.
Les femmes sont-elles attirées par certains vins en particulier ? Le marketing aimerait exploiter le filon, mais la science ne peut rien affirmer. Restent les préjugés et les habitudes…
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/25/le-vin-est-il-genre_6016935_4497319.html
mlsum-fr-1062
Alex Lawther, Jessica Barden et Naomi Ackie dans la série de Charlie Covell, « The End of the F***ing World ». NETFLIX NETFLIX - À LA DEMANDE - SÉRIE Une deuxième saison pour The End of the F***ing World, la série créée par Charlie Covell qui nous avait enchanté, il y a deux ans, et qu’on aurait bien vu rester à l’état de minisérie ? Comme souvent dans le cas d’un petit miracle au raffinement fragile et fissurable, la chose paraissait aussi inutile que périlleuse. Certes, la fin de la saison 1 restait « ouverte », avec la mort présumée d’un des deux personnages principaux ; mais sa couleur crépusculaire, sur un bord de mer désolé comme perdu au bout du monde, donnait un caractère métaphysique à ce qui pouvait idéalement tenir lieu de conclusion au road movie, qu’animaient deux adolescents pris dans la tourmente criminelle. Lire la critique de la saison 1 : « The End of the F***ing World », la dérive de deux ados face au monde Mais il a été décidé, au prix de quelques contorsions de scénario, certes habilement ménagées, de donner un prolongement, sous forme de huit nouveaux épisodes courts, à La Fin du putain de monde, pour écrire en toutes lettres ce que veut dire le titre original de la série, censuré par les usages anglo-saxons pudibonds. Il est impossible de parler de cette saison 2 sans révéler, ainsi qu’il est très vite fait à l’écran, que le personnage tenu pour mort a survécu et que le couple formé en saison 1 va reprendre la route d’une existence passablement désorientée, accompagné d’un tiers personnage qui les traque au nom d’une revanche. Vague à l’âme et errance corporelle En rien « britannique » d’aspect, la série accuse cette fois encore une esthétique nord-américaine : drugstores isolés, diners et cafés perdus dans la forêt (avec une allusion esthétique et gustative à Twin Peaks, de David Lynch, que les amateurs ne manqueront pas de goûter) sont à nouveau au rendez-vous. Les personnages sont plus lunaires que jamais mais leur malaise s’apparente davantage à de la dépression de jeune adulte qu’au malaise adolescent. Les deux jeunes comédiens jouent assez finement leur vague à l’âme et leur errance corporelle, légèrement plus mûrs d’aspect – deux ans ont passé, il est vrai, depuis le tournage de la saison 1. On aurait pu se passer de cette suite, même si elle fait beaucoup mieux qu’éviter le pire et permet de retrouver les attachants protagonistes de cette histoire. En revanche, on osera affirmer qu’une saison 3 serait pour le coup superfétatoire et malvenue. The End of the F***ing World, saison 2, série créée par Charlie Covell. Avec Alex Lawther, Jessica Barden, Naomi Ackie (R.-U., 2017, 8 × 20 min). www.netflix.com/fr/title/80175722
La série de Charlie Covell connaît une saison 2 qui ne s’imposait pas, mais qui lui permet de retrouver sa grâce lunaire originelle.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/09/la-serie-the-end-of-the-f-ing-world-n-etait-pas-encore-parvenue-a-sa-fin_6018627_3246.html
mlsum-fr-1063
John Bercow, le « speaker », devant la Chambre des communes, le 24 septembre. TOLGA AKMEN / AFP Haro sur le Bercow ! Après le « supersaturday » raté, lundi 21 octobre aurait pu être le moment d’un vote décisif sur l’accord conclu entre le premier ministre britannique, Boris Johnson, et les Européens cinq jours plus tôt. Las : John Bercow, le « speaker » (président) de la Chambre des communes, en a décidé autrement, frustrant encore un peu plus le gouvernement, toujours déterminé à réaliser le Brexit le 31 octobre. Le « no » du speaker n’était pas vraiment une surprise : les commentateurs politiques l’annonçaient depuis la veille. Mais les députés conservateurs, contrariés, samedi, par un amendement surprise ayant obligé le chef du gouvernement à réclamer un report du Brexit à Bruxelles – et à ajourner son vote de principe sur son accord –, ont multiplié les critiques contre sa supposée partialité. Lire aussi Brexit : en finir avec un mauvais feuilleton 15 h 30, lundi. A Westminster, cela fait une heure que les députés débattent de questions de défense. Un sujet certes important, mais la salle des Communes est à moitié vide et les médias ne suivent que d’un œil : tout le monde attend la « déclaration » de John Bercow, à propos du vote convoité par Boris Johnson. « J’ai réfléchi (…) il y a deux sujets, un de substance, un autre lié aux circonstances », commence John Bercow, en prenant tout son temps. Cravate toujours aussi colorée (motif scrabble, cette fois), voix assurée, il s’explique. « Il est clair que la motion [du gouvernement, réclamant un vote de principe sur l’accord de divorce] est en substance la même » que celle de samedi. Course contre la montre Les circonstances ? « Ce sont les mêmes également (…). La motion ne sera donc pas débattue [et votée] aujourd’hui, car ce serait répétitif et désordonné », ajoute le speaker. M. Bercow a les règles pour lui : il rappelle que sa décision est conforme à une convention remontant au XVIIe siècle (1604, précisément), inscrite dans l’Erskine May, la bible des usages à Westminster. « Une motion ou un amendement identiques, en substance, à une question déjà tranchée durant une session [parlementaire], ne devraient pas être reproposés durant cette même session. » Il avait tranché dans le même sens le 18 mars, quand il avait refusé un troisième vote de principe à l’ancienne première ministre Theresa May sur son accord de retrait, au motif qu’il portait exactement sur le même texte que le deuxième vote. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Royaume-Uni : John Bercow, speaker tonitruant de la Chambre, s’est imposé en arbitre du Brexit Mais à dix jours du 31 octobre, c’est dans une course contre la montre que s’est engagé le gouvernement, qui doit désormais avoir fait ratifier son accord en un temps record s’il veut tenir sa promesse d’un Brexit pour Halloween. La décision de John Bercow lui fait perdre au moins 24 heures. « Nous sommes déçus que le speaker nous ait refusé l’opportunité de réaliser la volonté populaire [le résultat du référendum de 2016]. Les citoyens veulent voir le Brexit réalisé », a réagi un porte-parole de Downing Street lundi.
Le président des Communes a refusé de débattre et de voter la motion réclamant un vote de principe sur l’accord de divorce, lundi, car « ce serait répétitif et désordonné ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/22/pourquoi-les-brexiters-n-aiment-pas-john-bercow-le-speaker-de-la-chambre-des-communes_6016392_3210.html
mlsum-fr-1064
Des visiteurs photographient « La Joconde », le chef-d’œuvre de Léonard de Vinci, au musée du Louvre à Paris, le 23 octobre. THIBAULT CAMUS / AP La Joconde trône à nouveau dans sa vitrine, réinstallée depuis quelques semaines dans la salle des Etats rénovée, au premier étage du célèbre musée du Louvre. Son sourire énigmatique draine un tel public que Jean-Luc Martinez, le président-directeur du musée, a renoncé à faire figurer la toile dans l’exposition Léonard de Vinci, qui a ouvert ses portes jeudi 24 octobre. Au total, « 30 000 visiteurs en moyenne viennent voir La Joconde » quotidiennement, explique M. Martinez. Pour l’exposition organisée jusqu’au 24 février 2020, à l’occasion du 500e anniversaire de la mort du maître florentin (1452-1519), il ne s’attend « qu’à » 5 000 personnes par jour. Au cœur de l’été, quand l’icône du Louvre était provisoirement accrochée salle Médicis, il fallait compter au minimum une heure, parmi un flot ininterrompu de touristes, avant de l’atteindre. Cela reste vrai. En plusieurs langues, des panneaux préviennent : « Chacun a envie de rencontrer La Joconde. Merci de faciliter la visite en restant un bref moment. » Deux gardiens postés devant la plus célèbre toile du musée, peinte sur un panneau de bois de peuplier, font de grands moulinets avec leurs bras pour que les visiteurs ne s’attardent pas trop longtemps devant ce qui constitue bien souvent le clou de leur visite à Paris. « Go ! Go ! Move on ! [Allez, allez, avancez !] », leur intiment-ils. En moyenne, les spectateurs passent cinquante secondes face à cette œuvre. Le temps de prendre plusieurs selfies. Une minorité ­conserve son téléphone dans la poche. A la sortie de l’exposition De Vinci, le public a dorénavant la possibilité de scruter plus en détail le portrait de la Joconde, grâce à un casque virtuel. Si le Louvre, indétrônable numéro un des musées de l’Hexagone en matière de fréquentation, se félicite d’avoir atteint 10,2 millions de visiteurs en 2018 (+ 25 % par rapport à 2017), faut-il vraiment s’en réjouir ? Tout est fait pour attirer un public toujours plus nombreux, quitte à inviter les chanteurs américains Beyoncé et Jay-Z à créer leur parcours d’œuvres choisies. « Ce n’est ni du marketing ni une opération financière », tempère Jean-Luc Martinez. Il n’empêche : la politique du chiffre, devenue l’alpha et l’oméga de beaucoup de musées pour doper leurs ressources propres, peut nuire aux visiteurs, et même aux œuvres. « Le tourisme est un phénomène sociétal du XXIe siècle », assure M. Martinez. Un fléau ? « Non, c’est une chance ! » rétorque-t-il. Désormais, il n’est pas de tourisme sans musée, sans selfie devant une œuvre phare. « Pour moi, la question reste celle de la qualité de l’expérience du visiteur », affirme le patron du Louvre.
Billets préréservés, multiplication des points d’entrée, recours à la mécanique des fluides... les musées s’adaptent à des affluences record.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/29/les-musees-face-au-defi-de-la-surfrequentation_6017256_3234.html
mlsum-fr-1065
Muriel Pénicaud et Edouard Philippe annoncent une transformation du système d’indemnisation des demandeurs d’emploi, à Matignon le 18 juin. LUCAS BARIOULET / AFP Même si son incidence reste difficile à apprécier à ce stade, la réforme de l’assurance-chômage risque fort de pénaliser un plus grand nombre de demandeurs d’emplois que ce qui avait été évoqué au départ par l’exécutif. C’est l’un des enseignements d’un « document de travail » de l’Unédic, révélé en intégralité par l’agence spécialisée AEF et que Le Monde s’est procuré. D’après cette note d’une vingtaine de pages, plus d’un million de personnes pourraient être touchées, alors que le ministère du travail avait évoqué un ordre de grandeur de 600 000 à 700 000. La plus grande prudence s’impose au sujet de ces données. Comme le mentionne l’Unédic, il ne s’agit pas « d’une analyse complète ni d’un chiffrage consolidé des impacts », car beaucoup d’incertitudes règnent encore sur la portée exacte des mesures. Celles-ci doivent faire l’objet d’un décret en Conseil d’Etat, dont le contenu n’est pas encore connu. L’étude en question se propose de livrer des « premiers repères » sur la réforme, en se fondant sur le dossier de presse communiqué aux journalistes, le 18 juin, lorsque le chef du gouvernement, Edouard Philippe, et la ministre du travail, Muriel Pénicaud, ont présenté, à grands traits, une série de dispositions pour transformer le système d’indemnisation des demandeurs d’emploi. Celles-ci modifient le calcul de la somme octroyée aux personnes et durcissent les conditions d’entrée dans le dispositif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chômage : un recul généralisé malgré de fortes disparités territoriales Deux raisons, au moins, sont invoquées : comme le chômage tend à reculer, le régime peut se montrer moins généreux. Le but est également de corriger des règles qui, aux yeux du pouvoir en place, conduisent des dizaines de milliers d’individus à refuser une activité stable – contribuant, ainsi, à les enfermer dans la précarité. Une situation qui, au passage, coûte cher à l’assurance-chômage car celle-ci leur verse un « revenu de remplacement ». La réforme a d’ailleurs comme autre ambition de réaliser des économies à hauteur de 3,4 milliards d’euros, entre novembre 2019 et fin 2021. Refonte des droits rechargeables Parmi les mesures dévoilées le 18 juin, celle susceptible de toucher le plus grand nombre a trait aux modalités de calcul de la prestation (désormais basées sur un salaire mensuel moyen). Elle aura comme conséquence d’amoindrir « l’allocation journalière » pour celles et ceux qui auront « travaillé de manière discontinue ». Pour l’heure, « il est délicat (…) d’estimer la population concernée », souligne l’Unédic, mais environ « 1,2 million de personnes seraient affectées, à des niveaux variables » (de quelques euros par mois à nettement plus). Leurs ressources étant amputées, elles pourraient être éligibles à diverses « prestations sociales » (prime d’activité, RSA, aides au logement). Autre effet indirect : « La baisse du montant de l’allocation entraînera une diminution du financement des points de retraite complémentaire », est-il indiqué dans la note.
Une note de l’Unédic indique que plus d’un million de demandeurs d’emploi pourraient voir leurs droits à indemnisation réduits, soit un effectif plus important que celui évoqué par le gouvernement.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/04/la-reforme-de-l-assurance-chomage-pourrait-avoir-un-impact-plus-massif-qu-annonce_5485424_823448.html
mlsum-fr-1066
A Nantes, près de l’endroit où le corps de Steve a été retrouvé, le 30 juillet 2019. LOIC VENANCE / AFP Ils ont l’impression que jeudi soir le quai des Antilles, ce haut lieu nocturne nantais peuplé de bars, n’a pas vraiment le cœur à la fête. Après avoir stationné leur voiture à deux pas du quai Wilson, où Steve Maia Caniço a perdu la vie à la suite d’une intervention policière controversée, dans la nuit du 21 au 22 juin, Antoine, Amélie, Marco, et Kaïs, respectivement 17, 19, 21 et 15 ans, ont « beaucoup parlé de lui ». D’autant que l’endroit où ils ont décidé de se retrouver est très exactement situé entre le lieu où Steve a chuté dans l’eau et le lieu où son corps a été retrouvé, sous la grue jaune, à quelques centaines de mètres de là, trois jours plus tôt. Comme beaucoup de Nantais, ils ne pouvaient plus longer la Loire « sans penser à Steve », depuis sa disparition. « C’est étrange, quand on y pense. On ne le connaissait pas, et pourtant il nous touche », souffle Aurélie. Un temps, la jeune femme, férue d’équitation, a imaginé intégrer la police, en qualité de cavalière. « Mais j’ai aujourd’hui renoncé à cette idée », explique, sans colère, cette Nantaise au visage doux, veste en jean sur le dos et baskets aux pieds : « La mort de Steve m’a choquée. On ne peut pas s’empêcher de se dire que cela aurait pu être nous. Avant, j’étais la première à défendre les forces de l’ordre, mais maintenant je ne sais plus quoi penser. J’ai l’impression que la police va de plus en plus loin, pour rien. » Les quatre copains ne parlent pas de politique et ne sont pas des habitués des manifestations « dures » de ces dernières années à Nantes, dont certaines se sont terminées par des heurts sur fond de slogans antipolice : « Entre Notre-Dame-des-Landes, la loi travail et les “gilets jaunes”, on voit bien que les policiers s’en prennent plein la gueule. Et les casseurs, j’étais la première à dire qu’ils allaient trop loin. (…) Avec ce qui est arrivé à Steve, j’ai vraiment l’impression que quelque chose s’est cassé. L’image que j’avais de la police a changé. » Pour autant, ni elle ni ses amis n’iront gonfler les rangs de la manifestation à laquelle appellent plusieurs collectifs samedi, au cours de laquelle un vif sentiment antipolicier pourrait s’exprimer. Pour tout dire, ils n’y ont même pas songé un seul instant. « La police va devoir se poser des questions » LOIC VENANCE / AFP Un peu plus loin, dans un autre bar situé sur le même quai, Loïs et Baptiste, eux, annoncent haut et fort qu’ils seront dans la rue, « bien sûr ». Le second, âgé de 39 ans et cadre dans une société d’informatique, n’avait pas foulé le bitume nantais pour protester depuis longtemps, mais la détermination du premier a fini par l’emporter. Baptiste explique : « Avant, moi, je n’avais rien contre la police. A mes yeux, ils faisaient leur job et on était parfois bien contents de les trouver. Mais toutes ces vidéos qui montrent certains comportements violents me posent problème. Et je ne veux même pas penser à toutes les scènes qui n’ont pas été filmées. » Loïs, lui, ne compte plus les manifestations à Nantes. Les scènes « marquantes » non plus. Les yeux clairs de ce grand jeune homme tatoué, coiffé d’une casquette, se font presque noirs quand il décide de « balancer tout ce qu’il a sur le cœur ». « Il y a déjà eu tellement de drames avant Steve… », soupire ce mécanicien, qui se présente comme issu du milieu ouvrier. « Quand c’était dans les quartiers, tout ça, pour les gens, ce n’était pas grave. Mais il va falloir enlever les œillères. Là, il y a un problème de fond. La police va devoir se poser des questions. Elle engrange un stock de haine qu’elle n’imagine pas. » « Généalogie de la violence d’Etat » Cette « généalogie de la violence d’Etat, qui accompagne un durcissement politique avec des mesures de plus en plus injustes sur un plan économique » intéresse et interroge Pierre, de l’Assemblée des blessé.e.s – un collectif qui recense le nombre de victimes de tirs de Flash-Ball et de lanceur de balles de défense (LBD) – depuis de longues années. Le comportement de la police sur le quai Wilson cette nuit-là suscite chez lui de la colère, mais ne le « surprend pas ». Ce Nantais de 28 ans, blessé à l’œil – dont il a perdu l’usage – par un tir de LBD lors d’une manifestation lycéenne en 2007, estime que « depuis douze ans, la répression s’est considérablement accrue » et s’est même « enracinée », à Nantes. Avec d’autres, il recense les « très nombreuses victimes de violences policières » et cherche à entrer en contact avec elles, pour « construire des solidarités » et « travailler à une prise de conscience collective », laquelle commence doucement à porter ses fruits, selon lui. « Aujourd’hui, dit-il, une génération entière de Nantais est touchée. Tout le monde ici connaît, de près ou de loin, quelqu’un qui a été victime de violence policière. On en est là. » Samuel Raymond, le président de l’association Freeform, qui défend les projets culturels et artistiques, notamment dans le champ des musiques électroniques, est lui aussi inquiet : « Ce soir de Fête de la musique, à Nantes, les policiers n’ont pas eu affaire à une bataille rangée. Pourtant, parce qu’il a été décidé que le son devait s’arrêter immédiatement, on n’a pas hésité à faire usage de la force, et ce, même si l’on risquait potentiellement de tuer. La Fête de la musique, c’était un espace de décompression, de spontanéité, de liberté depuis trente ans. Je me demande aujourd’hui si, pour que force reste à la loi, désormais, tout se justifiera. Faudra-t-il s’inquiéter, demain, parce qu’on aura joué deux ou trois morceaux dans un bar, ou qu’on aura fumé un pétard lors d’un concert de reggae ? Est-ce que c’est cela qui se joue aujourd’hui ? » Aux côtés de Média’son, la Coordination nationale des sons (CNS), Technopol, Le Socle et Nuits parallèles, l’association qu’il préside a cosigné une tribune jeudi 1er août. Ces acteurs des musiques électroniques solidaires y expriment, d’une même voix, leur « indignation devant un usage excessif de la force » au cours de la nuit du 21 au 22 juin, à Nantes, et répètent ne pas pouvoir accepter « qu’on puisse mourir pour avoir voulu danser quelques minutes après le couvre-feu ».
Choqués par l’attitude des policiers lors de la Fête de la musique, beaucoup de jeunes Nantais disent désormais regarder la police « autrement ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/02/mort-de-steve-maia-canico-a-nantes-la-police-engrange-un-stock-de-haine-qu-elle-n-imagine-pas_5496029_3224.html
mlsum-fr-1067
Editorial du « Monde ». Comme on pouvait le craindre, le spectacle offert par les Mondiaux d’athlétisme, qui ont débuté le 27 septembre et se déroulent jusqu’au 6 octobre à Doha (Qatar), est celui d’un naufrage. Il y a d’abord les conditions climatiques. Les compétitions avaient été décalées pour éviter les brûlures de l’été. Mais, avec une chaleur étouffante et surtout de forts taux d’humidité (jusqu’à 60 % et 70 %), les épreuves s’enchaînent au détriment de la santé des athlètes, y compris de nuit, quand le thermomètre ne redescend pas en deçà de 45 °C. Le jour de l’ouverture, le marathon féminin a donné lieu à 28 abandons. Huit stades ont été construits dans des conditions socialement indignes en vue de la Coupe du monde de football organisée en 2022 dans ce pays du golfe Persique. Nul n’a semblé se soucier du sort des travailleurs dépourvus de toute protection sociale qui ont bâti ces infrastructures parfois au prix de leur vie. Le bilan humain est lourd : un mort par jour sur les chantiers. Selon Amnesty International, des centaines de tâcherons attendent toujours d’être payés depuis des mois et sont parfois expulsés s’ils demandent à l’être. Soupçons de dopage Si ces deux derniers soirs le stade Khalifa a fait le plein, la plupart des compétitions ont été disputées devant des tribunes quasiment vides. Des spectateurs ont été recrutés dans la main-d’œuvre est-africaine locale, d’autres ont été rémunérés pour garnir les travées d’un stade équipé de trois milles bouches d’aération pour faire baisser la température. Cette assistance famélique a accentué le caractère crépusculaire de ces Mondiaux d’athlétisme. Comme pour ternir un peu plus encore l’image du sport, des soupçons de dopage ont resurgi à l’occasion des progressions exceptionnelles de certains athlètes et de l’annonce de la suspension d’Alberto Salazar, entraîneur star des courses de fond. L’Américain, qui tenait son sponsor, Nike, au courant de ses expérimentations, a fait appel. La France est loin d’être immunisée : Morhad Amdouni, sacré champion d’Europe du 10 000 mètres il y a un an, et qui a renoncé au marathon de Doha, est soupçonné d’avoir acheté de l’EPO et des hormones de croissance en 2017. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mondiaux d’athlétisme : la chute du coach Alberto Salazar, créateur controversé de champions En toile de fond, les soupçons sur l’attribution de la compétition par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) sont lourds, au point que le Parquet national financier a ouvert une information judiciaire, en 2016, pour « corruption » et « blanchiment aggravé ». Comme pour les Mondiaux d’athlétisme de 2017 (Londres) et 2021 (Eugene, Oregon), comme pour les Jeux olympiques de Rio 2016 et Tokyo 2020, l’enquête porte sur des versements d’argent à une société du fils de l’ancien président de l’IAAF, le Sénégalais Lamine Diack. On comprend le dépit du décathlonien Kevin Mayer, quand il dit à propos de ces championnats de Doha : « On voit tous que c’est une catastrophe. » Tous, sauf Sebastian Coe, président de l’IAAF, censé incarner une nouvelle génération de dirigeants après le départ de Lamine Diack. Le Britannique, contre toute évidence, assure que ces Mondiaux sont un succès. Lui qui fut athlète de haut niveau devrait s’apercevoir que, lorsque les intérêts financiers et diplomatiques priment, ce sont les sportifs qui sont sacrifiés. Les prochains seront les footballeurs, confrontés lors de la Coupe du monde 2022 à l’absurdité de l’organisation de cette compétition gigantesque dans un micro-Etat richissime. Là aussi, une enquête pour corruption est en cours. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’équipe de France de football ne doit pas aller au Qatar en 2022 » Le Monde
Chaleur insoutenable, tribunes vides… Le spectacle offert par les championnats organisés au Qatar, qui se terminent dimanche, montrent que lorsque les intérêts financiers et diplomatiques priment, ce sont les sportifs qui sont sacrifiés.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/05/aux-mondiaux-d-athletisme-de-doha-le-naufrage-du-sport_6014343_3232.html
mlsum-fr-1068
Un homme prend en photo les manifestants portant des masques et tenant des parapluies en signe de protestation, dimanche 6 octobre à Hongkong. Vincent Thian / AP Deux jours après l’interdiction du port du masque en manifestation, des dizaines de milliers de Hongkongais ont, une nouvelle fois, bravé la décision des autorités, dimanche 6 octobre, avant d’être réprimés par des tirs de gaz lacrymogène. Visages masqués, ils sont descendus dans les rues de la ville, après une soirée de violences et d’actes de dégradation ciblés notamment contre MTR. Accusée de faire le jeu de Pékin, cette société gérant le métro de Hongkong a dû fermer la majorité de ses stations. La police a utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants et de nouvelles échauffourées ont opposé des policiers à des protestataires qui tentaient d’ériger des barricades de fortune. Un chauffeur de taxi a été battu jusqu’au sang dans le quartier de Sham Shui Po après avoir heurté deux manifestantes avec sa voiture. Elles ont été soignées par des secouristes bénévoles avant l’arrivée de la police, selon un photographe de l’AFP. Une troisième femme coincée entre le taxi et un magasin a été dégagée par la foule. Des manifestants ont saccagé la voiture. Des bureaux gouvernementaux voisins avaient été saccagés auparavant. Dans toute la ville, de nombreuses banques chinoises ont également été vandalisées. Dans la soirée, dimanche, un drapeau d’avertissement a été hissé sur le toit d’une caserne de l’Armée populaire de libération qui avait été visée par des rayons laser des manifestants, selon la chaîne hongkongaise RTHK. De son côté, la justice de l’ancienne colonie britannique a rejeté un recours déposé par des élus prodémocratie du Conseil législatif (LegCo), le parlement local, contre la décision du gouvernement d’interdire aux manifestants de dissimuler leurs visages, en invoquant une loi d’urgence. C’est cette mesure annoncée vendredi par la chef de l’exécutif, Carrie Lam, qui, cette fois, a mis le feu aux poudres. Au moment où la Haute Cour de Hongkong déboutait dimanche les élus de l’opposition de leur recours contre la décision de Mme Lam, deux nouvelles manifestations non autorisées ont commencé sous une pluie battante. L’une dans les quartiers du centre de l’île de Hongkong. La deuxième de l’autre côté de la baie sur la presqu’île de Kowloon. Ruée sur les magasins ouverts Hongkong traverse depuis quatre mois sa pire crise politique, avec des manifestations quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et la mainmise grandissante du gouvernement chinois sur les affaires de sa région semi-autonome et exiger aussi des réformes démocratiques. Alors que les métros n’avaient pas circulé samedi, MTR a fait savoir que 45 stations étaient ouvertes dimanche, mais que 48 resteraient fermées dans les quartiers particulièrement affectés par la contestation, notamment les secteurs touristiques du centre. La ville de 7,5 millions d’habitants est extrêmement dépendante de son métro, l’un des plus performants au monde, qui transporte en temps normal quatre millions de passagers par jour. D’où le casse-tête dimanche pour les usagers, qui prenaient d’assaut les bus et les taxis. Chose également rarissime dans une agglomération droguée au shopping, plusieurs chaînes de supermarchés et centres commerciaux étaient fermées, poussant des habitants à se ruer sur les rares magasins ouverts afin de faire des réserves. Samedi, des milliers de manifestants avaient encore pris part à des actions non autorisées et à des flashmobs dans divers quartiers de la ville. Dérive autoritaire La loi d’urgence invoquée vendredi par Carrie Lam date de 1922, une époque où Hongkong était une colonie britannique, n’avait plus été utilisée depuis 1967. Elle autorise l’exécutif à prendre « n’importe quelle mesure », sans accord du corps législatif, dans l’éventualité d’une situation d’urgence ou d’un danger pour la population. Mme Lam l’a utilisée pour interdire le port du masque par les manifestants, qui s’en servent pour dissimuler leur identité et se prémunir de poursuites judiciaires mais aussi se protéger des lacrymogènes. Mais l’interdiction a été sans effet sur les protestataires. La mesure d’interdiction a été saluée par Pékin, mais, au-delà de la question du masque, l’opposition et les manifestants y voient les prémisses d’une dérive autoritaire. « Je crois que c’est une des questions de constitutionnalité les plus importantes de l’histoire de Hongkong », a déclaré dimanche aux journalistes le député Dennis Kwok, avant la décision de la Haute Cour. « Si cette loi d’urgence est validée, l’avenir de Hongkong sera très sombre. » Lire aussi Pour enrayer la contestation, Hongkong interdit le port du masque La contestation avait démarré en juin contre un projet de loi qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale. Le texte a été abandonné début septembre, trop tard aux yeux de manifestants qui avaient entre-temps considérablement élargi leurs revendications. Les pires échauffourées ont eu lieu mardi, alors que la Chine populaire fêtait son 70e anniversaire. Pour la première fois, un policier a tiré à balles réelles sur un étudiant de 18 ans, le blessant grièvement. Un adolescent de 14 ans a également été blessé par balle vendredi soir par un policier en civil qui était entouré par un groupe de manifestants jetant des cocktails Molotov. De son côté, Mme Lam a défendu les pouvoirs d’urgence, tout en affirmant que cela ne signifiait pas que l’état d’urgence était décrété. « Nous ne pouvons laisser les émeutiers détruire davantage notre Hongkong chérie », a-t-elle déclaré samedi dans une vidéo enregistrée, le visage de marbre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Hongkong, la révolte à l’œuvre
Les manifestants sont descendus dimanche dans les rues de la ville, dont la plupart des stations de métro avaient été fermées, deux jours après des actes de vandalisme généralisés.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/06/des-milliers-de-hongkongais-bravent-l-interdit-en-manifestant-masques_6014416_3210.html
mlsum-fr-1069
Pour alléger le budget des ménages, un mécanisme d’avance a été mis en place pour certains dispositifs considérés comme « récurrents ». Philippe Turpin / GraphicObsession Dans la mesure où le taux du prélèvement à la source n’intègre pas les crédits et les réductions d’impôt auxquels vous pouvez prétendre, il est supérieur à votre taux réel d’imposition. Résultat : l’impôt prélevé au fil de l’eau sur vos salaires, pensions de retraite… risque d’être supérieur à l’impôt finalement dû. La différence vous est en principe remboursée en une seule fois, l’année suivante, dans le courant de l’été. Soit à partir du mois de juillet 2020 pour les dépenses et investissements réalisés en 2019 donnant droit à une réduction ou à un crédit d’impôt. Toutefois, pour alléger le budget des ménages, un mécanisme d’avance a été mis en place pour certains dispositifs considérés comme « récurrents ». Il concerne les crédits et réductions d’impôt suivants : dons, services à la personne, frais de garde des jeunes enfants, cotisations syndicales, hébergement en Ehpad, investissements locatifs Pinel, Duflot, Scellier, Censi-Bouvard et dans les DOM. Il consiste à vous verser en janvier de chaque année, directement sur votre compte bancaire, une avance représentant 60 % des crédits et des réductions d’impôt dont vous avez bénéficié. Mais attention, le montant de l’avance qui vous sera versé en janvier 2020 sera calculé sur le montant des réductions et crédits d’impôt dont vous avez bénéficié en 2018 (les seuls dont Bercy a connaissance pour l’instant). Les 40 % restant vous seront versés dans le courant de l’été 2020 sur la base des dépenses réellement engagées en 2019. Si vos dépenses ont diminué en 2019, il se peut donc que vous ayez à rembourser au cours de l’été 2020 tout ou partie de l’avance versée en janvier prochain. C’est pour vous éviter ce désagrément que vous avez la possibilité de renoncer à son versement ou de demander une avance moins élevée. Pour cela, il suffit de vous connecter à votre espace particulier sur impots.gouv.fr, rubrique « Gérer mon prélèvement à la source », menu « Gérer vos avances de réductions et crédits d’impôt ». Ce service est accessible jusqu’au 5 décembre inclus. Seul regret : si vous avez engagé pour la première fois, en 2019, des dépenses et/ou des investissements vous ouvrant droit à un avantage « récurrent » ou si vos dépenses ont augmenté en 2019, vous n’avez pas la possibilité de demander à profiter de l’avance dès janvier prochain ou de demander une avance plus élevée ! Vous devrez patienter jusqu’à l’été 2020 pour obtenir le remboursement de votre crédit ou de votre réduction d’impôt. Ce n’est qu’à partir de janvier 2021 que l’avance sera automatiquement mise en place…
Le dispositif « d’avance » est intéressant si vous bénéficiez de crédits et réductions d’impôt pour dons, services à la personne, frais de garde des jeunes enfants, cotisations syndicales, hébergement en EHPAD, ou encore des investissements locatifs
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/23/reduction-et-credits-d-impot-vous-pouvez-desormais-moduler-le-montant-de-votre-avance_6016528_1657007.html
mlsum-fr-1070
A Paris, une station de voitures électriques Autolib’. CHRISTOPHE LEHENAFF/ PHOTONONSTOP Le 21 juin 2018, le syndicat Vélib’ Autolib’ Métropole annonçait, à la stupeur générale, qu’il résiliait le contrat le liant au groupe Bolloré pour l’exploitation d’Autolib’, le service d’auto-partage lancé en région parisienne. Victimes collatérales de cette décision : les 254 salariés d’Autolib’. Apprenant du jour au lendemain que son poste d’« ambassadeur du service d’auto-partage » allait disparaître, Edouard (son prénom a été modifié) se souvient encore du choc ressenti lors de la nouvelle : « Vous imaginez, on a appris l’arrêt d’Autolib’ dans la presse ! » Après avoir « passé l’été le plus pourri de [sa] vie », Edouard regarde aujourd’hui l’avenir avec plus de confiance : il a retrouvé un travail. Sans attendre la mise en œuvre du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) négocié pendant l’été 2018 entre les syndicats et la direction, le jeune homme a demandé un départ anticipé et retrouvé un nouveau poste dans la foulée, dès la rentrée de la même année, dans une société de transports. « J’étais dans le flou total, alors j’ai préféré ne pas attendre pour chercher du travail », explique-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Paris : de nouveaux services d’autopartage viennent à la rescousse d’Anne Hidalgo A l’instar d’Edouard, la majorité des ex-salariés d’Autolib’ ont choisi de quitter le navire sans attendre le congé de reclassement. Echaudés par l’arrêt brutal du service, 135 d’entre eux ont fait le choix d’un départ anticipé, indique Samir Mohamdi, le secrétaire FO de la délégation unique du personnel d’Autolib’. « Les indemnités de départ étaient avantageuses, donc beaucoup ont préféré partir, explique M. Mohamdi. De plus, pour les postes non qualifiés, il fallait souvent changer de région. Le jeu n’en valait pas la chandelle : des postes de cariste, par exemple, on peut en trouver à Paris. » Difficile retour à l’emploi Sur les 254 salariés, une centaine ont aujourd’hui retrouvé un emploi ailleurs ; vingt-quatre se sont lancés dans la création d’entreprise, et une trentaine ont entrepris une formation pour se reconvertir. Finalement, seuls une dizaine de salariés ont été reclassés dans le groupe. Alors que le congé de reclassement des employés d’Autolib’ se termine à la fin juin, Samir Mohamdi estime à 70 le nombre de ceux qui restent sans travail, en plus de la vingtaine de personnes qui n’ont retrouvé qu’un emploi précaire, contrat à durée déterminée (CDD) ou autre. « C’est surtout difficile pour les anciens ambassadeurs et les chefs d’équipe », s’inquiète le délégué syndical FO, qui se dit déçu du cabinet chargé du reclassement, Alixio : « Alors qu’on nous avait promis un cabinet expérimenté, on s’est retrouvés en face de gens qui étaient eux-mêmes en CDD ! »
En juin 2018, les 254 personnes qui travaillaient pour la société d’auto-partage apprenaient l’arrêt quasi immédiat de leur activité. Seules une dizaine ont été reclassées dans le groupe ; 70 n’ont pas retrouvé de travail.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/06/19/autolib-bilan-du-reclassement-des-salaries-un-an-apres-le-clap-de-fin_5478181_1698637.html
mlsum-fr-1071
Tribune. Monsieur le Président, En tant qu’associations du monde entier engagées dans la lutte contre les pandémies, nous voulons vous remercier pour l’organisation, à Lyon, les 9 et 10 octobre prochains, de la Conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Mais si peu de vos concitoyens et concitoyennes, de vos collègues politiques mêmes, savent ce que signifie ce fonds. Pour nous, il fait toute la différence. Nous vous remercions pour votre engagement personnel et vous appelons à faire de cette conférence un succès. Le 24 septembre, vous l’avez rappelé haut et fort à la tribune des Nations unies, « les résultats sont là » : 32 millions de vies sauvées grâce au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. A sa création en 2001, personne ne pensait que ce fonds aurait un tel impact ! Qu’il aboutirait à ce que plus de 60 % des personnes vivant avec le VIH dans le monde bénéficient désormais d’une trithérapie, et que 5 millions de personnes atteintes de tuberculose soient mises sous traitement. Que, dans de nombreux pays, il stopperait la transmission du VIH des mères à leurs enfants au moment de l’accouchement et permettrait à 6 millions de femmes enceintes d’être traitées préventivement contre le paludisme. Qu’il créerait des programmes permettant aux centres de santé pour des populations souvent stigmatisées et criminalisées, comme les travailleuses du sexe ou les prisonniers et prisonnières, d’avoir accès aux outils de diagnostic et traitement du VIH et de la tuberculose. Cela, c’est en grande partie à la France que nous le devons. La France, fer de lance de la réponse scientifique sur les pandémies, comme en témoignent les prix Nobel reçus en 1907 pour les découvertes sur le paludisme et en 2008 sur le VIH, la découverte du vaccin contre la tuberculose en 1921, et plus récemment le développement du traitement préventif à la demande (la PrEP) pour le VIH. La France, aussi à l’origine de la création d’outils multilatéraux comme le Fonds de solidarité thérapeutique international, ou encore Unitaid pour l’achat groupé de médicaments. La France, qui a su également entraîner d’autres pays dans l’aventure du Fonds mondial, comme elle l’a fait également avec la taxe de solidarité sur les billets d’avion – et qui sait, demain, une taxe internationale sur les transactions financières.
Avant la conférence de reconstitution du Fonds mondial de lutte contre ces trois maladies, les 9 et 10 octobre à Lyon, 200 ONG appellent à une augmentation de 450 millions d’euros par an de la contribution française.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/01/monsieur-le-president-la-france-doit-etre-au-rendez-vous-dans-la-lutte-contre-le-sida-la-tuberculose-et-le-paludisme_6013779_1650684.html
mlsum-fr-1072
« 100 millions de vues », d’Itamar Rose, est une plongée fascinante dans les rouages de la plate-forme Internet de vidéos, YouTube. AVNER SHAHAF ARTE - MERCREDI 4 SEPTEMBRE À 22 H 25 - DOCUMENTAIRE Imaginez un Candide version 2.0 parti à la découverte du monde de YouTube. Car c’est bien au héros voltairien, aussi sympathiquement naïf mais in fine déterminé, que fait penser le film d’Itamar Rose, 100 millions de vues, plongée fascinante dans les rouages de cette plate-forme Internet de vidéos lancée le 23 avril 2005, devenue depuis une véritable machine à cash. Tout part d’un constat : réalisateur, avec son ami Yossi Atia, de vidéos satirico-politiques qui interrogent la société israélienne, l’Israélien Itamar Rose s’étonne de ne pas réussir à enflammer YouTube, alors que ses vidéos sont pourtant présentées au Centre Pompidou à Paris et à la Tate Modern de Londres – entre autres. Il décide alors de réaliser une comédie dans laquelle il montrerait comment quelqu’un s’y prendrait s’il voulait réaliser des millions de clics. Et voilà Itamar Rose parti sur les routes du succès, avec, en prime, femme et enfant – une manière de souligner « qu’il n’y a plus de frontière entre privé et public » et de rappeler comment, après le succès de la vidéo d’un enfant sortant shooté de chez le dentiste, des parents se sont mis à filmer les pires moments de la vie de leur progéniture. Normes et censures Pour commencer son voyage initiatique, Itamar rend visite à Paul Vasquez, dont la vidéo « Double Rainbow » (« double arc-en-ciel ») a atteint plus de 44 millions de vues entre 2010 et 2017. Ce dernier, au passage, ne semble pas surpris par ce succès, persuadé d’y voir la main – et surtout l’œil – de Dieu. Itamar Rose interroge ensuite des agents de « stars YouTube », pour tenter de percer le secret du succès, et partage ses sincères doutes sur la valeur du Grumpy Cat, célèbre chatte grincheuse du Web, estimée à 90 millions de dollars avant sa mort, mi-mai, ou sur les raisons profondes pour lesquelles une femme faisant un câlin à un cheval peut glaner 120 millions de clics. Caméra en bandoulière, Itamar Rose nous embarque dans le monde des influenceurs et de la dictature des « like ». De plus en plus dubitatif face à ce monde supposément libre et merveilleux, Candide s’interroge sur ce qu’est devenue la mission première de YouTube, à savoir « donner à chacun une voix [et] montrer le monde à tous », selon ses fondateurs, Chad Hurley, Steve Chen et Jawed Karim. Or, force est de constater que les différences ne sont désormais acceptées que si elles sont… aux normes. Tout ce qui est controversé est censuré, en particulier dans les domaines politique, religieux ou relatif aux LGBT. A titre d’exemple, et alors même que la vidéo qu’il a tournée avec sa femme et une chèvre – parodie de la femme et de son cheval – faisait près de 4 millions de vues, YouTube signifiait à Itamar Rose que l’une de ses vidéos à caractère politique serait désormais réservée aux plus de 18 ans, l’empêchant, de facto, de devenir virale. « Il serait dès lors naïf de penser, comme on nous le répète et comme on a tendance à le croire, que l’on peut tout trouver sur Internet », commente simplement Itamar Rose. A titre d’information, en 2018, les réseaux sociaux, parmi lesquels YouTube, ont supplanté la presse écrite au palmarès des sources d’information aux Etats-Unis. Cynique et désenchanté, notre héros voltairien des temps modernes ? Lucide, sans doute, et surtout sans a priori : c’est d’ailleurs, aussi, ce qui rend son documentaire particulièrement puissant. 100 millions de vues, documentaire d’Itamar Rose (Israël, 2018, 53 min). www.arte.tv
Dans ce documentaire, l’artiste satiriste Itamar Rose tente de percer les secrets du succès de la plate-forme vidéo. Edifiant.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/04/100-millions-de-vues-candide-dans-le-monde-pas-si-merveilleux-de-youtube_5506408_3246.html
mlsum-fr-1073
Jusqu’à l’an dernier il était possible de retrouver un utilisateur de Facebook à partir de son numéro de téléphone. NICOLAS SIX / « LE MONDE » Un chercheur en sécurité informatique a découvert des bases de données contenant des centaines de millions de numéros de téléphone appartenant à des utilisateurs de Facebook, a rapporté le site spécialisé TechCrunch, mercredi 4 septembre. Ces fichiers étaient stockés en ligne sur un serveur, non lié à Facebook, qui ne disposait d’aucune protection. Ils étaient donc accessibles et lisibles par n’importe qui, à condition d’en trouver l’emplacement sur Internet. TechCrunch a pu constater que ces bases de données contenaient 419 millions d’entrées, chacune liée à un numéro de téléphone et au numéro de profil que Facebook attribue à chacun de ses utilisateurs. Interrogées sur le sujet, les équipes de Facebook ont précisé au site Business Insider que les fichiers en question contenaient beaucoup de doublons, et estimé que le nombre d’utilisateurs concerné était moitié moindre que le chiffre avancé par TechCrunch. Si la plupart des entrées contenaient un numéro de téléphone et le numéro d’identification du compte sur Facebook, certaines affichaient également d’autres données, comme le nom d’utilisateur, le genre ou le pays. « Ces données sont anciennes » Le réseau social a également assuré n’avoir « trouvé aucune preuve que des comptes Facebook aient été compromis » à la suite de la publication de cette base de données. L’entreprise pense que ces informations ont été récoltées à l’époque où il était possible, pour n’importe quel utilisateur, d’entrer un numéro de téléphone dans le moteur de recherche de Facebook et de découvrir à quel compte il était relié. Une fonctionnalité que l’entreprise a désactivée l’an dernier. « Ces données sont anciennes et semblent avoir été obtenues avant que nous ne fassions [ces] changements », a expliqué Facebook. Ces fichiers ont été initialement découverts par le chercheur en sécurité informatique Sanyam Jain, qui en a informé TechCrunch. Le site d’information a ensuite contacté l’hébergeur chez qui les fichiers étaient stockés, lequel les a mis hors ligne dans la foulée. L’identité de la personne ayant réuni et mis en ligne ces données est inconnue, tout comme ses intentions. On ne sait pas non plus si ces données ont été exploitées, dupliquées, vendues, ni à quelles fins.
Ces numéros d’utilisateurs se trouvaient dans des fichiers stockés sans protection sur un serveur n’appartenant pas à Facebook. Ils sont désormais hors ligne.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/05/des-centaines-de-millions-de-numeros-de-telephone-d-utilisateurs-de-facebook-etaient-librement-accessibles_5506753_4408996.html
mlsum-fr-1074
En juillet 2014, une centaine de personnes appartenant à la communauté rom s’installent sur un terrain privé, à Montpellier (Hérault). Les propriétaires de ce terrain, au nombre de sept, portent plainte et alertent le maire, sans que cela ne change rien. Le 20 octobre 2015, l’une des propriétaires, Sarah G., saisit en référé le tribunal de grande instance (TGI) de Montpellier, afin qu’il ordonne l’expulsion du campement. Elle affirme que l’occupation de son terrain constitue un « trouble manifestement illicite » au regard de son « droit de propriété ». Elle explique qu’elle ne peut plus la louer à des sociétés, ce qui la prive de revenus, et que son fils, à la tête d’une entreprise de dépollution, ne peut l’utiliser, comme il le voudrait, pour y installer une activité de démantèlement de bateaux. Lire aussi Le droit à la vie familiale peut faire obstacle à la démolition Bateaux ou caravanes Les personnes assignées, soutenues par plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l’homme, répondent que le tribunal doit opérer un contrôle de proportionnalité, ainsi que l’a jugé la Cour européenne des droits de l’homme dans son arrêt Winterstein contre France, du 17 octobre 2013, à propos des gens du voyage, et ainsi que la Cour de cassation l’a admis le 17 décembre 2015 (N° 14-22095). Elles affirment que le trouble manifestement illicite créé par l’occupation du terrain doit être examiné au regard d’autres droits, notamment celui au « domicile », composante du « droit au respect de la vie privée et familiale », garanti par l’article 8 de la convention européenne des droits de l’homme. Elles expliquent qu’il y aurait un trouble manifestement illicite à les expulser, et à les refaire changer de campement, alors que, depuis 2014, les enfants sont « scolarisés et suivis par des travailleurs sociaux ». Le président du TGI, qui rend son ordonnance le 22 décembre 2015, considère qu’« il y a lieu de s’interroger sur la réalité de l’atteinte au droit de propriété de Mme G., propriétaire indivise d’un 7e d’un terrain, qui a le vague projet de faire installer par son fils des bateaux et bennes en lieu et place de caravanes ». En effet, « si elle a saisi, dès septembre 2014, les services de la préfecture, pour solliciter une intervention, elle n’a saisi utilement la présente juridiction qu’en octobre 2015, soit plus d’un an après ». Epidémie et pollution En revanche, affirme-t-il, « une expulsion serait en l’état gravement préjudiciable » aux occupants, et ce, d’autant plus qu’« aucune autre solution d’accueil n’existe pour eux, dans l’immédiat ». Il estime que « la stabilité de leur installation ainsi que les liens créés sur place (…) permettent de considérer que cet habitat précaire constitue pour eux un domicile, au sens de la jurisprudence de l’arrêt Winterstein ». Il conclut que « les troubles occasionnés par l’expulsion » seraient « sans commune mesure avec celui allégué par Mme S. », à laquelle il refuse de donner satisfaction. En novembre 2016, les propriétaires, qui sont en fait au nombre de six, agissent cette fois de concert, en invoquant deux faits nouveaux : l’apparition d’un cas de shigellose (maladie infectieuse d’origine bactérienne), qui ferait courir un risque sanitaire à l’ensemble du campement, et un risque de pollution des sols. Responsabilité Ils joignent un courrier du service communal d’hygiène et de santé de la ville de Montpellier, qui, relevant « des dépôts divers (électroménager, ferraille, carcasses de voitures) entraînant un risque de pollution du milieu », les somme de prendre des mesures « afin de mettre un terme à cette situation d’occupation illégale » ; le courrier leur rappelle qu’ils sont « civilement responsables » du risque de pollution ainsi que des « troubles anormaux de voisinage » ou des « troubles à l’ordre public » dont se plaignent les riverains. Le président du tribunal de grande instance de Montpellier, qui statue en référé le 12 janvier 2017, leur donne cette fois satisfaction, mais pour d’autres motifs que ceux qu’ils invoquent. En effet, il juge à nouveau que « les arguments avancés par les requérants quant au caractère inviolable et sacré de la propriété privée ne sont guère suffisants eu égard au développement juridique interne, européen et international, de nouveaux droits venus en concurrence avec le droit de propriété, le législateur ayant, depuis 1789, pris en compte des valeurs nouvelles, droit au logement, droit au respect de la vie privée et familiale, intérêt supérieur de l’enfant ». En conséquence, conclut-il, « affirmer que l’on est propriétaire n’est plus suffisant pour obtenir une décision d’expulsion ». Lire aussi Les squatteurs du 69, rue de Sèvres condamnés à payer 90 000 euros Trouble pour… les occupants Néanmoins, ajoute-t-il, « il ne peut être durablement toléré, alors que la préfecture de l’Hérault et la mairie de Montpellier sont désormais parfaitement informées de la situation du camp concerné, que la population considérée ne puisse bénéficier que de conditions de vie à la limite du tolérable, dans une précarité extrême et dans des conditions sanitaires favorables aux épidémies et ce, alors que 55 enfants sont présents ». Pour le président du TGI, « il existe un trouble manifestement illicite (…) à laisser perdurer une telle situation de précarité et de risques sanitaires (…). Il y a donc lieu de faire cesser le trouble manifestement illicite ainsi constaté ». Son ordonnance conclut : « En conséquence, au nom du respect de cette population qui a par ailleurs démontré depuis 2014 (…) des efforts notables d’insertion professionnelle, de scolarisation des enfants et de retour à l’emploi, au regard de l’intérêt supérieur de l’enfant consacré par la Convention de New York et de la santé de toute la population présente sur ce camp, il y a lieu de faire droit à la demande d’expulsion. » Il leur accorde jusqu’au 1er août 2017, pour quitter les lieux. Trouble pour… les propriétaires Trois occupants font appel, en référé. La cour d’appel de Montpellier, qui statue le 19 octobre 2017, les déboute en ces termes : « Le droit de propriété a un caractère absolu, conduisant à ce que toute occupation sans droit ni titre du bien d’autrui soit considérée comme un trouble manifestement illicite permettant aux propriétaires d’obtenir en référé (…) l’expulsion des occupants, sans qu’il soit imposé auxdits propriétaires de démontrer l’existence d’un préjudice autre que celui résidant dans l’occupation sans droit ni titre du bien d’autrui, et sans que puisse leur être opposée la légitimité du but poursuivi d’atteindre l’objectif de valeur constitutionnelle de disposer d’un logement décent. » La cour précise que les propriétaires « justifient de préjudices » : l’impossibilité de donner à bail leur parcelle, et l’injonction qui leur a été faite par la ville. Concluant que « le trouble manifestement illicite invoqué est caractérisé », elle confirme l’ordonnance, tout en lui substituant ses propres motifs. Expulsion Les trois occupants se pourvoient en cassation, avec le soutien de plusieurs associations (fondation Abbé-Pierre, Ligue des droits de l’homme, Collectif national des droits de l’homme Romeurope, Gisti…), dont l’intervention n’est toutefois pas jugée recevable. Ils soutiennent que le juge des référés, saisi d’une demande d’expulsion, doit exercer un « contrôle de proportionnalité ». La Cour de cassation, qui statue le 4 juillet (N° 18-17.119), rejette leur pourvoi. Elle juge que « l’expulsion étant la seule mesure de nature à permettre au propriétaire de recouvrer la plénitude de son droit sur le bien occupé illicitement, l’ingérence qui en résulte dans le droit au respect du domicile de l’occupant, protégé par l’article 8 de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, ne saurait être disproportionnée eu égard à la gravité de l’atteinte portée au droit de propriété ». Elle ajoute que, compte tenu du caractère « absolu » du droit de propriété, la cour d’appel « n’était pas tenue de procéder à une recherche inopérante », à savoir, « procéder à ce contrôle de proportionnalité », comme l’explique Me Manuela Grévy, avocate des trois occupants. L’avocate estime que « la Cour de cassation, avec cet arrêt, confirme un revirement de jurisprudence, amorcé le 17 mai 2018 (N°16-15.792) ». Ses clients n’excluent pas de porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme.
SOS CONSO. La haute juridiction considère que l’occupation sans titre d’un terrain constitue un « trouble manifestement illicite », auquel l’expulsion doit mettre fin.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/09/11/la-cour-de-cassation-affirme-le-caractere-absolu-du-droit-de-propriete_5508899_1657007.html
mlsum-fr-1075
A bord de l’« Ocean Viking », mercredi 20 août. ANNE CHAON / AFP Cela fait douze jours qu’ils attendent. Douze longs jours que l’ONG SOS Méditerranée a demandé aux autorités italiennes et maltaises l’autorisation de débarquer dans l’un de leurs ports les 85 personnes qu’elle avait recueillies sur l’Ocean-Viking le 9 août. Trois jours après, et autant d’opérations de secours menées au large de la Libye, 271 rescapés les ont rejoints à bord. Mercredi 21 août au soir, aucun port n’avait encore donné son accord pour les accueillir. L’Elysée a cependant fait savoir que la France accueillera « un nombre important de migrants » une fois le bateau débarqué dans « le port le plus proche », à Malte ou en Italie. La veille, un autre navire humanitaire, l’Open-Arms, recevait l’autorisation de la justice italienne de débarquer à Lampedusa (Italie), après dix-neuf jours d’attente et de nombreuses tractations européennes, contre l’avis du ministre de l’intérieur italien, Matteo Salvini. La nouvelle, qui a commencé à se répandre à bord de l’Ocean-Viking, devrait apaiser les nombreuses tensions que la promiscuité et l’incertitude ont fait naître. Lire aussi Malgré les obstacles, les ONG de secours résistent en Méditerranée Le point sur la situation avec Louise Guillaumat, chargée de recherche et d’analyse à SOS Méditerranée, et Stefanie, responsable de l’équipe médicale de Médecins sans frontières (MSF), toutes deux actuellement à bord de l’Ocean-Viking. Quel est le profil des 356 personnes à bord ? L. G. : La grande majorité sont des jeunes hommes, entre 15 et 25 ans. Il y a 103 mineurs, dont 92 non accompagnés. Ils arrivent principalement du Soudan, un pays en guerre, après avoir passé des mois à traverser le continent africain. Beaucoup d’entre eux ont passé des semaines, voire plusieurs mois, en rétention en Libye, à subir des sévices – coups de couteau, brûlures, chocs électriques, viols –, dont les équipes médicales trouvent encore les traces sur leur corps. Lire aussi La guerre civile au Soudan du Sud aurait fait 380 000 morts selon une étude Comment se passe une journée à bord de l’Ocean-Viking ? L. G. : La journée s’articule autour du cycle du soleil. Comme les gens dorment sur le pont, ils sont réveillés par les éléments naturels : le soleil dans le meilleur des cas, la houle et le vent quand le temps est mauvais. La journée est ensuite rythmée par les deux repas. Nous tâchons d’en distribuer au moins un chaud par jour. Les autres fois, ce sont des rations d’urgence, c’est-à-dire des barres de céréales protéinées. Une ou deux fois par semaine, quand les capacités en eau le permettent, nous organisons des douches et des lessives. Le reste de la journée est comblé par des activités que nous organisons. Certains jouent à des jeux de société, qu’ils ont pour la plupart fabriqués eux-mêmes avec des cartons et des bouchons de bouteille. On distribue aussi à certains moments de la journée des instruments de musique. Nous prenons aussi beaucoup de temps pour discuter, individuellement ou en petits groupes, avec eux. Cela fait douze jours que certains sont à bord, donc les tensions, les angoisses et les questionnements montent. Nous tentons de les rassurer et de leur expliquer ce qu’il se passe en dehors du bateau. Ici, on est coupés du monde. Quid de la situation médicale des personnes à bord ? Pouvez-vous décrire concrètement la journée des médecins de MSF à bord ? S. : Nous sommes sur le bateau depuis maintenant treize jours. Au départ, nous nous concentrions sur les urgences. Aujourd’hui, nous faisons du suivi d’infections de la peau et de maladies chroniques. Pendant la journée, notre équipe médicale se rend aussi très disponible à la discussion. Cela fait partie des premiers secours psychologiques, pour prévenir des situations de stress post-traumatique. Les rescapés sont en effet traumatisés par leurs expériences en Libye – celles qu’ils ont vécues et celles qu’on a fait subir à leurs proches sous leurs yeux. Leurs troubles – l’anxiété, l’hypervigilance et l’hypersensibilité – reviennent particulièrement en ce moment, en mer, parce que les rescapés font face à une situation sur laquelle ils n’ont aucun contrôle et qui ne leur offre aucune perspective. Ils ont peur, ils sont désespérés, leur état psychologique se détériore. Des tensions éclosent entre eux. L’« Ocean-Viking » est actuellement entre Malte et l’Italie. Avez-vous eu des retours sur les tractations en cours ? L. G. : Depuis le bateau, nous avons peu d’échos des discussions politiques. Nous savons qu’il y a des discussions en cours au niveau européen. Nous avons fait la demande, selon le droit maritime, au centre de coordination de sauvetage maltais et italien. En principe, nous aurions dû obtenir une réponse en quelques heures, voire en quelques jours, puisqu’un bateau de sauvetage comme le nôtre est censé pouvoir accueillir un grand nombre de personnes, dans des conditions relativement précaires, mais pour des durées courtes. Douze jours après notre demande, nous n’avons eu aucune réponse positive, et c’est inacceptable. Depuis le navire, cette attente semble une éternité pour les équipes et les rescapés, mais nous avons bon espoir qu’une solution soit trouvée. Comment se sentent vos équipes face à cette situation ? S. : L’équipe médicale travaille jour et nuit pour les rescapés. Tout le monde est très fatigué. D’autant que la tension générée par l’attente est en train d’augmenter et que nos équipes n’ont pas la capacité de répondre aux besoins psychologiques de tous. Nous ressentons donc aussi de la frustration. L. G. : Il faut souligner que les membres de l’équipe à bord (neuf marins qui font fonctionner le navire, neuf personnes de MSF et treize de SOS Méditerranée) sont tous des professionnels. La gestion de la fatigue est donc également pensée : nous essayons de ne pas dépasser six semaines d’affilée en mission, puis de nous reposer ensuite trois semaines avant de repartir de nouveau en mer.
Dans un entretien au « Monde », deux membres de l’équipage du bateau humanitaire racontent le quotidien des 356 migrants sauvés et des équipes à bord.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/21/sur-l-ocean-viking-l-attente-d-une-solution-europeenne-semble-une-eternite_5501431_3224.html
mlsum-fr-1076
Benyamin Nétanyahou au siège de campagne du Likoud, après les résultats des premiers sondages, à Tel Aviv, le 18 septembre. MENAHEM KAHANA / AFP La nuit a été difficile pour le premier ministre Benyamin Nétanyahou. Aucune majorité ne se dessinait ni pour son parti, le Likoud, ni pour le bloc qu’il forme avec ses alliés de droite, mercredi 18 septembre, au lendemain des élections législatives israéliennes. Selon les médias israéliens, mercredi matin, le Likoud de M. Nétanyahou obtiendrait le même nombre de sièges (32 sur les 120 de la Knesset, le Parlement israélien) que le parti Bleu-blanc de l’ex-chef d’état major Benny Gantz, son principal rival, alors que 92 % des bulletins sont dépouillés. En reportant les sièges de leurs alliés stratégiques ou potentiels, les deux partis obtiendraient environ 55 ou 56 sièges, et resteraient donc incapables d’atteindre le nombre magique de 61 sièges pour obtenir une majorité. Ce calcul place toutefois les partis arabes israéliens du côté de M. Gantz qui a fait part de son ouverture après les résultats des premiers sondages. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Israël : Benyamin Nétanyahou, un premier ministre cerné par ses ex-alliés « Nous agirons pour former un large gouvernement d’union qui exprimera la volonté du peuple (…) Nous avons entamé les négociations et je parlerai avec tout le monde », a-t-il déclaré à ses partisans réunis à Tel-Aviv. « Ce soir commence l’entreprise de réparation de la société israélienne », a souligné M. Gantz, ancien chef d’état-major de l’armée reconverti à la politique. « L’unité et la réconciliation sont devant nous », a-t-il ajouté. Benny Gantz, le 18 septembre à Tel Aviv. GALI TIBBON / AFP « Un gouvernement sioniste fort » De son coté, M. Nétanyahou est resté extrêmement offensif. « Dans les prochains jours, nous entamerons des négociations en vue de l’établissement d’un gouvernement sioniste fort », a-t-il déclaré lors d’un discours en pleine nuit à Tel-Aviv également. « Nous allons négocier avec le plus grand nombre de partenaires pour éviter la formation d’un gouvernement antisioniste dangereux (…) il n’y aura pas et il ne peut pas y avoir de gouvernement qui s’appuie sur des partis arabes antisionistes, des partis qui nient l’existence même d’Israël en tant qu’Etat juif et démocratique », a-t-il ajouté. Le premier ministre cherche à se maintenir au pouvoir après dix ans d’exercice sans interruption, et alors qu’il demeure sous la menace d’une inculpation pour des accusations de corruption d’ici à la fin de l’année. Le parti pour l’instant « non-aligné » d’Avigdor Lieberman – ancien allié de M. Nétanyahou –, crédité de 8 ou 9 sièges, pourrait faire pencher la balance dans d’éventuels pourparlers. Le leader de la formation nationaliste laïque Israel Beiteinou a déjà plaidé plus tôt en soirée pour un gouvernement « d’union nationale », mais sans les partis juifs ultra-orthodoxes. Sa position de « faiseur de roi » résonne comme une redite des législatives d’avril, au terme desquelles M. Nétanyahou avait échoué à former une coalition de gouvernement, précipitant ce retour aux urnes. « Tactique de la violence » Ce n’était pourtant pas faute d’efforts. Toute la journée, au terme d’une campagne sans enjeu sinon la survie politique de M. Nétanyahou, tous les partis avaient surjoué l’hystérie comme jamais auparavant. Israël ne connaît pas le silence électoral, la sérénité du vote. M. Nétanyahou, de loin le candidat le plus actif malgré son âge, 69 ans, a publié au moins une vidéo par heure sur « Facebook Live », mardi ; il a multiplié les interviews à la radio, en dépit de la loi qui les interdit le jour du scrutin. Tous ses rivaux ont adopté sa tactique dite de la violence (gevalt en yiddish) : ils imploraient leurs électeurs de se rendre aux urnes, afin de prévenir une défaite qu’ils prétendaient tous quasi certaine, au bluff, le Likoud allant jusqu’à brandir de faux sondages. Un léger mieux dans le taux de participation dès 10 heures du matin (2 %, cela compte dans un vote serré) a alimenté cette frénésie, chaque camp l’interprétant comme un afflux massif de l’électorat de ses rivaux dans les bureaux de vote. A 20 heures, la participation s’élevait à 63,7 %, soit 2,4 points de plus qu’en avril et 1,3 de plus qu’en 2015. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, l’électorat arabe peine à se mobiliser contre Nétanyahou On a vu quatre candidats harceler les baigneurs de Tel-Aviv, sur les plages, pour qu’ils se rendent aux urnes en ce jour chômé. L’ultranationaliste Ayelet Shaked les mettait en garde, haut perchée dans une cabine de maître-nageur : « Nous sommes en guerre. » On a vu M. Nétanyahou, debout sur une caisse, dans la gare de bus centrale de Jérusalem, mégaphone en main, affirmer que l’Autorité palestinienne abreuvait de textos les Arabes d’Israël pour les enjoindre à se rendre aux urnes. Peur du vote arabe En 2015, le premier ministre avait choqué en lançant ce cri d’alarme, dans une vidéo sur Facebook : « Les Arabes votent en masse. » Aujourd’hui, son parti a agité la peur du vote arabe sur tous les tons, toute la journée. Cela en devient presque normal. Le Likoud a envoyé des messages vocaux aux électeurs (« La participation est très haute dans les secteurs arabes ») ; quelques-uns de ses militants ont posé des caméras de surveillance à la sortie de bureaux de vote arabes dès lundi soir. Le bureau directeur du parti a convoqué une réunion d’urgence mardi en milieu de journée pour discuter de la menace. Ces appels visent aussi bien à décourager les électeurs arabes. Tout comme le déploiement, annoncé dès avant le scrutin par le ministre de la sécurité publique Gilad Erdan (Likoud) d’un nombre record de 19 000 policiers autour des bureaux de votes. Selon les premiers sondages de sortie des urnes, les deux mouvements de gauche, dont le Parti travailliste, qui a présidé à la naissance de l’Etat d’Israël en 1948 et à ses premières décennies, échappaient à la disparition pure et simple en se maintenant au-dessus du seuil d’entrée à la Knesset (3,25 %). Les héritiers du rabbin Meir Kahane, suprémacistes et xénophobes, demeuraient quant à eux à la porte. Il reviendra dans quelques jours au président Reuven Rivlin de consulter les nouveaux parlementaires, durant une semaine, pour désigner celui qu’il considère le plus à même de former une coalition de gouvernement. Il a déjà prévenu : il n’y aura pas de troisième scrutin. Lire aussi le reportage : A Arad, au cœur des fractures israéliennes
Alors que 92 % des bulletins sont dépouillés, le chef du gouvernement comme son principal rival Benny Gantz ne semblent pas en capacité de former une majorité.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/17/legislatives-en-israel-benyamin-netanyahou-et-benny-gantz-au-coude-a-coude_5511626_3210.html
mlsum-fr-1077
Amani Al-Ali caricature aussi bien le régime d’Assad que les groupes djihadistes présents dans la province d’Idlib. Amani Al-Ali Habituée au bruit des bombardements et aux affrontements armés qui secouent sa ville d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, Amani Al-Ali prend les armes à sa façon. Depuis trois ans, cette trentenaire passe ses journées à caricaturer le régime du président Bachar Al-Assad et les groupes djihadistes présents dans sa région. En partageant sur Facebook ses dessins, souvent teintés de noir et de rouge, couleurs de l’obscurantisme et du sang, Amani Al-Ali commence à se faire un nom. « Je mène la guerre sur deux fronts, les forces armées, qui nous terrorisent, et la société, arriérée. Les femmes ne sont pas censées être indépendantes. » Amani Al-Ali « Je dessine ce qui se passe autour de moi : le pouvoir qui ordonne de bombarder ma ville, les groupes terroristes qui prétendent partager notre religion alors qu’ils ne cherchent qu’à extorquer de l’argent », explique la jeune femme, contactée par téléphone. L’un de ses dessins montre ainsi un homme barbu et entièrement vêtu de noir dont les conseils en religion sont transformés en billets par une broyeuse. Dernières zones du pays encore tenues par l’opposition, Idlib et sa province sont passées, en 2017, sous le contrôle total de l’organisation djihadiste Hayat Tahrir Al-Cham, ex-branche syrienne d’Al-Qaida. Depuis, les millions de civils qui vivent encore dans la région voient se succéder les offensives djihadistes et les frappes des forces progouvernementales syriennes et russes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rania Abouzeid : « De nombreux civils syriens sont pris en étau dans la province d’Idlib » Depuis le 30 avril, ces dernières ont intensifié leurs bombardements, en vue de reprendre l’intégralité du territoire syrien. Des opérations menées en violation du cessez-le-feu instauré en septembre 2018 entre la Russie et la Turquie. Le gouvernement syrien aurait même eu recours à l’arme chimique, le 19 mai, lors d’une attaque dans le nord de la Syrie, non loin d’Idlib, selon le département d’État américain. Des cours en cachette Amani Al-Ali a décidé, il y a trois ans, de traduire ce quotidien éprouvant en images. Elle a commencé à prendre des cours de dessin en cachette, dans une école maternelle. Le début, pour elle, d’une autre lutte, plus personnelle. « J’ai passé un accord avec un professeur de dessin pour que nos leçons restent secrètes. Mes parents croyaient que j’étais bénévole auprès d’enfants », explique-t-elle. Trois mois plus tard, elle leur a révélé la vérité. Son père ne lui a pas adressé la parole pendant plusieurs mois. L'un des nombreux dessins réalisés par la dessinatrice syrienne. Amani Al-Ali « Mes parents ont peur du regard de la société. L’idée de la fille indépendante qui apprend à dessiner par elle-même les effraie. » Et de poursuivre : « Je mène la guerre sur deux fronts, les forces armées, qui nous terrorisent, et la société, arriérée. Les femmes ne sont pas censées être indépendantes ; moi, je n’ai pas peur de l’être et de dire ce que je pense. » A 35 ans, elle est l’une des seules femmes de sa région encore célibataire. « Dans notre société, les filles se marient dès l’âge de 20 ans. Je suis très contente d’être seule, de pouvoir dessiner sans que personne ne m’impose d’arrêter », confie-t-elle. La dessinatrice, qui a réalisé près de 200 caricatures sur le régime syrien, est menacée de mort par les partisans de Bachar Al-Assad sur Facebook. Malgré son courage, Amani Al-Ali craint parfois pour sa vie, à cause de ses dessins. « La peur m’empêche de sortir de chez moi. Lorsque je le fais, mon frère ou mon père m’accompagne, raconte-t-elle. Il m’arrive de faire seule de petits trajets, mais je reste très prudente. Je préviens systématiquement mes parents pour qu’ils sachent où je vais. » Près de 2 500 personnes suivent son travail sur Facebook, également diffusé par Horrya Press, un site d’information en ligne fondé en 2015 par des journalistes et des militants syriens opposés au président Assad. Ces derniers connaissent un problème de financement et ne peuvent plus payer la jeune femme. Elle continue cependant de travailler, bénévolement, avec eux. Une exposition en préparation La dessinatrice, qui a réalisé près de 200 caricatures sur le régime syrien, est menacée de mort par les partisans de Bachar Al-Assad sur Facebook. Ce qui ne la freine pas dans sa création. Elle a publié trois de ses caricatures dans un journal aux Pays-Bas. D’Idlib, elle est également parvenue à exposer ses dessins en Angleterre, lors d’une rétrospective sur la révolution syrienne. Depuis quatre mois, la jeune femme prépare une exposition en Turquie, qui s’articulera autour de la relation hommes-femmes en Syrie. Amani Al-Ali espère quitter son pays bientôt. « Je ne sais pas quand je sortirai, mais je suis certaine de le faire. Ce n’est pas une vie, ici. Je compte demander asile à la France, je sais que les Français aiment bien les artistes », plaisante-t-elle. Plus tard, elle réalisera son autobiographie en bande dessinée : « Malgré les bombardements sur ma ville et les réticences de mes proches, j’ai continué à faire ce que j’aimais. Mon histoire mérite d’être racontée. »
Depuis sa ville d’Idlib, dans une région contrôlée par les djihadistes, cette Syrienne de 35 ans traduit son expérience de la guerre en dessins.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/01/amani-al-ali-la-liberte-au-bout-du-crayon_5470180_4500055.html
mlsum-fr-1078
Neuf mois après le début du mouvement des « gilets jaunes », et alors que le gouvernement veut resserrer le budget, ce sont des révélations qui passent mal. Depuis mercredi 10 juillet, François de Rugy est au cœur de plusieurs affaires révélées par Mediapart, concernant des dépenses à l’Assemblée nationale et au ministère de la transition écologique, un logement social qu’il occupe en Loire-Atlantique ou encore l’utilisation de son indemnité parlementaire pour payer sa cotisation au parti Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Quelques jours après, le 16 juillet, il a annoncé sa démission. Le point sur les affaires touchant le ministre de la transition écologique. Des cotisations à EELV payées grâce à l’indemnité parlementaire Il s’agit de la dernière révélation en date, publiée au moment où le ministre de la transition écologique annonçait parallèlement sa démission, mardi 16 juillet. Mediapart a révélé que François de Rugy, alors député de Loire-Atlantique, a utilisé en 2013 et 2014 une indemnité parlementaire pour payer une partie de sa cotisation à son parti politique d’alors, Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Il aurait pour cela utilisé 9 200 euros de son indemnité représentative de frais de mandat (IRFM), censée couvrir les frais relatifs à la fonction de député. Cette utilisation était déconseillée par la déontologue de l’Assemblée nationale, Noëlle Lenoir, qui affirmait dans un rapport en 2013 que « le paiement d’une cotisation à un parti politique n’est pas un frais lié au mandat ». Les règles de l’institution ne l’interdisait pas formellement à l’époque des faits évoqués par Mediapart, mais cette disposition a été changée avec une réforme en 2015, plus restrictive. Enfin, Mediapart affirme que le député a ensuite, en 2015, déduit ce don à EELV de ses impôts – y compris le montant versé grâce à l’IRFM, et ce alors que les revenus issus de cette dernière sont défiscalisés. Lire aussi Comprendre l’affaire des frais de mandat qui a fait démissionner François de Rugy Les luxueux dîners au frais de l’Assemblée nationale D’après l’enquête publiée par le site d’information mercredi 10 juillet, François de Rugy a organisé, entre octobre 2017 et juin 2018, au moins une dizaine de dîners lorsqu’il était président de l’Assemblée nationale, sans lien apparent avec ses fonctions. Sur la table des salons de l’hôtel de Lassay, résidence de la présidence, ont été servis des homards géants, du champagne et des vins de la cave de l’Assemblée – du Château Cheval-Blanc 2001 estimé à 550 euros la bouteille ou du Château d’Yquem 1999, estimé à 265 euros. Les convives, eux, appartenaient au cercle familial et au cercle amical des époux de Rugy. A Mediapart, M. de Rugy avait également indiqué qu’il s’agissait de « dîners informels liés à l’exercice de [ses] fonctions avec des personnalités issues de la société civile » pour « répondre à l’exigence de représentation liée à [sa] fonction ». La polémique autour de ces dîners luxueux fait des vagues au sein même du parti présidentiel. Sous couvert d’anonymat, un cadre de La République en marche (LRM) déplore « l’effet dévastateur » des révélations de Mediapart dans l’opinion publique. Retrouvez notre récit : Le gouvernement embarrassé par les dîners fastueux de François de Rugy à l’Assemblée nationale La coûteuse rénovation de son logement de fonction Jeudi 11 juillet au matin, le site d’information a également révélé que le ministre avait fait réaliser plus de 63 000 euros de travaux, payés par le contribuable, dans les appartements privés du ministère de l’écologie. Parmi ces travaux figurait l’installation d’un dressing à près de 17 000 euros. Sur Facebook, M. de Rugy s’était défendu en indiquant que « les services en charge de la gestion des bâtiments du ministère ont fait le constat partagé de la nécessité d’effectuer des travaux de rénovation dans l’appartement de fonction du ministère, qualifié, je cite, de “vétuste” ». Le montant des travaux serait lié « au caractère très particulier des lieux », puisque « l’hôtel de Roquelaure, comme d’autres ministères, est un élément du patrimoine français, construit au début du XVIIIe siècle ». Le logement social occupé par sa directrice de cabinet, absente de Paris pendant douze ans ERIC FEFERBERG / AFP Mercredi 10 juillet, c’était au tour de Nicole Klein d’être touchée à son tour par des révélations de Mediapart. La haut fonctionnaire, qui dirigeait le cabinet de François de Rugy depuis octobre 2018, est locataire d’un logement social à Paris depuis 2001, a affirmé le site d’information. « Entre 2006 et 2018, elle a continué à profiter de ce bien, alors qu’elle travaillait hors de la capitale, privant ainsi d’une possibilité de logement l’un des quelque 200 000 demandeurs de logements sociaux à Paris, qui patientent de très nombreuses années avant d’obtenir un appartement », a relevé Mediapart. Mercredi soir, Mme Klein a annoncé à Ouest-France son départ « à la demande du ministre », indiquant que ce n’était pas son souhait. « C’est François de Rugy qui souhaite expressément que je parte », a-t-elle expliqué au quotidien régional. Dans l’entourage du ministre, on a alors confirmé que M. de Rugy avait mis fin aux fonctions de sa collaboratrice, tout en saluant « l’engagement et la droiture au service de l’Etat dont elle a fait preuve au cours sa longue carrière de haut fonctionnaire ». Lire aussi François de Rugy limoge sa directrice de cabinet après des révélations sur son logement social Le logement social loué par François de Rugy Jeudi 11 juillet, Mediapart a poursuivi ses révélations en accusant François de Rugy de bénéficier lui-même un logement social. Selon le site d’informations, celui qui était alors ministre d’Etat loue depuis juillet 2016 un appartement dans la commune d’Orvault, en Loire-Atlantique, pour 531 euros par mois, alors que ses revenus seraient bien au-dessus du plafond défini pour ce type de logement. De plus, il ne s’agit pas de sa résidence principale ce qui contrevient aux règles des logements à vocation sociale. Son bailleur a affirmé que « le dossier rempli par François de Rugy était conforme lors de son entrée dans le logement ». Le ministre s’était défendu de ce qu’il considère comme « une nouvelle attaque de Mediapart ». Il s’agit de l’appartement « où j’accueille mes enfants lorsque j’en ai la garde le week-end : un deux pièces de 48 mètres carré, loué au prix de 622 euros par mois (appartement et parking), un montant conforme aux prix du marché. Je l’ai loué cet appartement à la suite d’une séparation intervenue en juillet 2016 », écrit-il sur sa page Facebook. Lire aussi François de Rugy accusé à son tour de louer un logement social
Depuis le 10 juillet, « Mediapart » a dévoilé plusieurs affaires impliquant le désormais ex-ministre de la transition écologique.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/11/ce-qu-il-faut-retenir-sur-les-revelations-concernant-francois-de-rugy_5488158_823448.html
mlsum-fr-1079
Michel Serres, philosophe et historien des sciences, lors d'un entretien au « Monde », le 2 septembre 2016. Anna Moreau / Le Monde Tribune. La faconde, l’enthousiasme étaient manifestes dès que le visage de cet esprit espiègle apparaissait. Joie de la pensée, bienveillance du propos, percussion des arguments. Michel Serres se plaisait à répéter que « l’humanité est essentiellement faite de braves gens ». Phrase banale, pouvant sembler naïve, mais dont le jaillissement venait d’un coup ébranler notre rapport parfois cynique à la politique. En réalité, ce philosophe atypique était à la fois optimiste et effrayé : optimiste par tempérament, peut-être aussi par éthique, mais effrayé par la violence humaine que rien ne semble pouvoir endiguer. Certains pensent que la violence, loin de ne provenir que du détournement de la connaissance scientifique vers des technologies militaires, serait inhérente à la vision du monde qui caractérise la science moderne : nous n’aurions fait pousser l’arbre gigantesque de la connaissance scientifique qu’à la seule fin d’y tailler des gourdins. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Michel Serres, une forme française d’universalité D’autres jugent, au contraire, que la science n’est pas spontanément thanatique, qu’elle demeure même, d’une certaine façon, innocente : a-t-elle jamais dit un mot à l’homme de ce qu’il doit faire ? C’est donc lui qui demeure le seul responsable. C’est lui, et personne d’autre, qui a passionnément voulu l’épée, le mousqueton, le canon, la bombe. Un nouveau rapport qui s’invente jour après jour Michel Serres considérait, pour sa part, que les bombes, pour la première fois atomiques, lâchées en août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki avaient changé la donne au point de « couper l’histoire en deux ». A ses yeux dessillés, ces deux tragédies étaient le symbole ineffaçable d’une authentique disruption conceptuelle que la philosophie se devait de penser « à bras-le-corps ». Pourquoi ? Parce que, d’un coup, presque d’un flash, la condition humaine s’en était trouvée irrémédiablement aggravée : l’homme de l’ère nucléaire diffère de celui qui l’a précédé en ce qu’il doit lucidement réenvisager la possibilité de l’apocalypse à laquelle la foi dans le progrès l’avait rendu aveugle. Et, brutalement, cet homme-là se trouve empêché de saisir ce qui forme le ressort le plus intime de la technique, d’autant plus que, désormais, par l’extension de celle-ci à d’autres territoires, « c’est un nouveau rapport au corps humain, à la nature et à l’existence qui s’instaure et s’invente jour après jour ». Courageusement, inlassablement, Michel Serres a tenté de penser ces nouveaux enjeux à leur juste hauteur. Entre les sciences et la philosophie, académiquement séparées, il a su créer une sorte d’atmosphère fluide soutenant l’ondulation des diverses sources de connaissances et a tenté de produire entre elles des interférences aussi lumineuses que possibles.
Visant l’unité de la pensée et du savoir, Michel Serres n’a cessé de travailler sur ce qui réunit les sciences et la philosophie, académiquement séparées, de même que le corps et l’esprit, souligne, dans une tribune au « Monde », Etienne Klein, physicien et philosophe.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/04/etienne-klein-michel-serres-a-impulse-une-vertigineuse-science-des-passerelles_5471130_3232.html
mlsum-fr-1080
e Verdi. Pretty Yende à l’Opéra Garnier, à Paris, le 28 août. CHARLOTTE YONGA POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » « Quel bonheur ! Quelle gratitude ! » Nuque renversée vers les lustres et dorures du foyer de l’Opéra Garnier, à Paris, Pretty Yende écarquille les yeux : « Qu’une jeune femme d’Afrique du Sud qui, il y a vingt ans encore, n’avait jamais entendu parler d’opéra se retrouve dans ce palais pour incarner la plus parisienne des héroïnes lyriques, quel honneur ! » À 34 ans, la chanteuse endosse le costume de Violetta, l’héroïne de La Traviata, de Verdi, cette partition dont les amateurs guettent les prises de rôle et qui signe souvent, pour les sopranos, leur entrée dans le grand monde. Avant elle, les Afro-Américaines Karen Slack ou Angel Blue ont incarné cette courtisane transie d’amour, mais elle est la toute première interprète noire à lui donner corps sur le plateau de Garnier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pretty Yende, la pépite du bel canto Pourtant, elle a déjà refusé à cinq reprises la proposition par des scènes internationales de chanter La Traviata. « Je ne voulais le faire ni trop tôt, sans y être préparée, ni trop tard et être paralysée de peur. » La jeune femme en connaissait la partition exigeante et le jeu théâtral riche requis pour cette Violetta. La Traviata marque un baptême dans le grand répertoire pour celle qui, jusqu’alors, a été une fidèle du bel canto, les œuvres italiennes du XVIIIe siècle. « C’est Mirella Freni, ma professeure à l’académie de la Scala de Milan, qui m’a poussée vers le bel canto, à cause de ma voix, qui était très verte, raconte Pretty Yende. Et cela a été une véritable initiation, cela m’a techniquement construite. » Adoubée à New York Depuis ses débuts, il y a dix ans, elle s’est mise au service de Bellini (Elvira dans Les Puritains) et de Donizetti (Norina dans Don Pasquale, Adina dans L’Élixir d’amour et, surtout, le rôle-titre de Lucia di Lammermoor avec lequel elle a triomphé à Paris, Berlin et New York). Mais c’est à Rossini – « mon type de mec ! », dit-elle en souriant – que va sa préférence. Le compositeur avec lequel elle a véritablement commencé sa carrière de diva. « La tradition du chant et le maillage des chorales ont poussé l’Afrique du Sud vers l’excellence lyrique. » Naomi André, professeure et auteure En 2013, le Metropolitan Opera de New York l’appelle pour remplacer au pied levé la Géorgienne Nino Machaidze : la voilà propulsée en Adèle dans Le Comte Ory. « J’ai dû apprendre le rôle en une semaine. Je connaissais l’aria, mais j’étais tellement sûre de ne pas pouvoir y arriver que j’ai attendu le soir de la première pour signer le contrat. »
Elle a excellé dans le bel canto avant d’accéder au rang de diva grâce à Rossini. À 34 ans, la soprano va incarner la très parisienne héroïne de « La Traviata », de Verdi.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/13/pretty-yende-une-diva-noire-a-l-opera-garnier_5510038_4500055.html
mlsum-fr-1081
Le site de la compagnie General Electric à Belfort, le 19 octobre. VINCENT KESSLER / REUTERS Ils ont dit oui, à une large majorité, au nouveau plan social qui prévoit 485 suppressions d’emplois dans l’entité gaz, au lieu de 792. Mais sans enthousiasme, et sans se faire d’illusions. Rares sont ceux qui, parmi le millier de salariés présents, ont accepté de s’exprimer à l’issue du vote à main levée organisé, lundi 21 octobre, dans le hall du bâtiment T05 du site belfortain de General Electric (GE). « Certes, 307 postes sont “sauvés”, mais on ne peut pas applaudir », commente Quentin, chargé d’affaires, la cinquantaine passée. Le feu vert des salariés, qui lance la phase légale de consultations-négociations pour une durée de deux mois, « ce n’est pas pour le meilleur, c’est pour le moins mauvais. Je remercie la CFE-CGC et SUD de s’être décarcassés pour aboutir à ce résultat », même si « je ne blâme pas la CGT, qui est dans sa logique ». Celle-ci a refusé de participer au vote, après avoir quitté l’intersyndicale avec fracas, samedi, lors de la manifestation de soutien aux salariés organisée dans les rues de la ville. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chez General Electric à Belfort, l’ambiance est « étouffante et délétère » « Aucune confiance dans les dirigeants de GE » D’après la nouvelle version du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), les effectifs de l’entité gaz vont passer de 1 760 personnes au 1er avril 2019 à 1 400 avant la fin du premier trimestre 2020, uniquement sur la base de départs volontaires, puis à 1 275 à partir du dernier trimestre, avec, si nécessaire, des départs contraints. Ces chiffres ont été directement négociés avec Lawrence « Larry » Culp, le PDG de GE, par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, qui a salué « un plan social significativement amélioré », avec « des avancées majeures ». Parmi elles figure « l’engagement de GE d’engager des discussions afin de construire un nouveau projet industriel pour le site de Belfort en vue de le conforter comme centre d’excellence pour les turbines à gaz 50 Hz, détaille Bercy. Un certain nombre de décisions ont un effet immédiat : le rapatriement de la production de certaines turbines des Etats-Unis et la nomination d’un directeur général de haut niveau pour le site belfortain, ainsi que de responsables dans les activités commerciales et d’ingénierie ». Il y a aussi la promesse de créer 200 emplois dans le domaine aéronautique, mais à l’horizon 2023. En contrepartie, le site doit réaliser 12 millions d’euros d’économies par an et les salariés doivent renoncer à plusieurs de leurs acquis (suppression de onze jours de RTT, suspension durant trois ans des versements et abondements sur les plans d’épargne entreprise et les plans collectifs d’épargne pour la retraite…).
Les salariés ont approuvé à une large majorité, lundi, la nouvelle version du plan social avec 485 suppressions d’emplois, au lieu de 792, et le renoncement à plusieurs acquis sociaux.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/22/a-belfort-un-compromis-enfin-trouve-chez-general-electric_6016405_3234.html
mlsum-fr-1082
Dans la première partie de l’Eneide, pendant latin de l’Iliade et de l’Odyssée du très grec Homère, Virgile raconte les errances d’Enée, fils du Troyen Anchise et de la déesse Vénus, à travers la Méditerranée, pour fonder une nouvelle Troie (en fait, Rome) après sa destruction par les armées hellènes. Une tempête particulièrement violente drosse son navire sur la côte d’une île inconnue. Aux premiers habitants rencontrés à qui il demande son chemin, le naufragé explique : « Italiam quaero. » Littéralement : « Je cherche l’Italie. » Yannick Haenel, écrivain sensible et cultivé, relève ce passage dans un livre où il raconte son séjour à Florence pendant trois ans. Un livre justement intitulé Je cherche l’Italie (Gallimard, 2015), qui, entre admiration pour La Madone des ombres de San Marco, de Fra Angelico, et description affligée des « bunga bunga » de Silvio Belusconi, décrit la perplexité de l’auteur face à un pays doté d’une culture éblouissante mais percuté avec violence par une ruine tant économique que politique. Des séries, des films, des livres « Je cherche l’Italie », donc. La proposition est alléchante. Au moment où, cinq cents ans après sa mort, Léonard de Vinci est fêté au Louvre (du 24 octobre 2019 au 24 février 2020), où les séries comme Gomorra, Suburra ou Il Miracolo agrémentent nos soirées télévisuelles, où L’Amie prodigieuse d’Elena Ferrante truste les rayonnages des librairies, où la cuisine italienne enchante de plus en plus nos palais, cela semble aller de soi. Sans parler des romans d’Italo Svevo sur Trieste. Ou des polars du grand Andrea Camilleri sur la Sicile. Et de quelques films indépassables comme Le Guépard, de Luchino Visconti (1963), Nous nous sommes tant aimés, d’Ettore Scola (1974), Le Conformiste, de Bernardo Bertolucci (1970), ou le dernier né de Marco Bellocchio, Le Traître (sorti en mai). C’est un pays sur les côtes duquel se noient les migrants, mais où le parmesan est fabriqué par des sikhs venus du Pendjab, où l’industrie traverse une crise profonde mais dont le design envahit le monde entier Certes, il y a bien des ombres au tableau, qui se nomment entre autres Matteo Salvini, leader apprenti sorcier d’un parti d’extrême droite renvoyant à un passé noir et peu sympathique, sans oublier Cosa Nostra ou ’Ndrangheta, noms siciliens et calabrais d’une mafia organisée, puissante, qui n’a plus grand-chose à voir avec l’époque du Parrain. La rédaction du Monde a donc décidé de reprendre à son compte la phrase d’Enée et, en partenariat avec les 22e Rendez-vous de l’histoire de Blois (du 9 au 13 octobre), est partie à la recherche d’une Italie paradoxale sur les côtes de laquelle se noient les migrants, où le parmesan est désormais fabriqué par des sikhs venus du Pendjab, où l’industrie traverse une crise profonde mais dont le design envahit le monde entier, où les champions cyclistes sont des justes et les footballeurs, des héros, où le populisme 2.0 d’un Salvini n’éclipsera jamais l’aura romantique d’un Garibaldi.
La rédaction du « Monde » est partie sur les traces de ce pays doté d’une culture éblouissante mais percuté par une ruine économique et politique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/26/hors-serie-le-monde-de-garibaldi-a-salvini-a-la-recherche-d-une-italie-paradoxale_6013084_3232.html
mlsum-fr-1083
Le 2 avril 2014, Sylvia Pinel est nommée ministre du Logement et de l’Égalité des territoires en remplacement de Cécile Duflot. La loi Pinel prend le relais de la loi Duflot le 1er janvier 2015. Daniel Thierry / Photononstop Question à un expert. Dispositif Pinel : doit-on prendre un engagement initial de six ou de neuf ans ? Le Pinel, cet investissement immobilier qui permet de réduire ses impôts, impose de louer son bien. La détermination de la durée optimale d’engagement dépend de plusieurs facteurs. Lorsque la situation du contribuable laisse présager un risque de non-respect de l’engagement au-delà de la sixième année, on privilégiera le plus court. Le risque de perte de l’avantage fiscal est alors limité à la réduction d’impôt de 12 %, au lieu de 18 % en cas d’engagement sur neuf ans. A l’inverse, il est préférable de privilégier l’engagement de neuf ans en cas de risque de non-respect du formalisme pointilleux de la prorogation. Il permet de réduire le risque de perte de l’avantage fiscal à 3 %. Ce prolongement doit être sollicité au moment de la déclaration de revenus. Autre hypothèse, celle de la mise en location du bien l’année suivant celle de l’obtention de la réduction. Dans le cas de la vente en l’état futur d’achèvement (VEFA), il y a un « trou » d’une année entre la dernière année d’obtention de la réduction et le bénéfice de la première année de réduction au titre de la prorogation. L’investisseur doit réaliser un effort plus important pendant cette année charnière (l’année sept en cas d’engagement de six ans, l’année dix pour neuf ans).
Lorsqu’un investisseur achète un logement neuf dans le cadre du dispositif de défiscalisation Pinel, il doit obligatoirement le louer. Mais quelle durée doit-il privilégier ?
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/06/23/dispositif-pinel-faut-il-s-engager-sur-six-ou-neuf-ans_5480254_1657007.html
mlsum-fr-1084
« Le cimetière sera de moins en moins le lieu du travail de deuil individuel auquel il s’était destiné depuis la fin du XIXe siècle » (cimetière du Père-Lachaise, à Paris). Karl Johaentges/Look / Photononstop Tribune. La France vit une véritable révolution des mœurs funéraires qui devrait remettre en cause assez fondamentalement la place et les fonctions des cimetières dans les années à venir. Malgré les marronniers de la Toussaint qui vont voir fleurir des articles sur les ventes de chrysanthèmes et le déplacement de la France entière dans les cimetières le 1er novembre, la réalité est tout autre. Le dernier sondage du Crédoc pour la Chambre syndicale nationale d’art funéraire montre que seuls 34 % des Français de plus de 40 ans déclarent s’y rendre ce jour-là, que 38 % ne pénètrent dans un cimetière qu’au plus une fois dans l’année et que 18 % affirment même ne jamais s’y rendre. Le taux de crémation est passé de 1 % à 40 % en à peine plus d’une génération, ce qui n’est pas neutre vis-à-vis du souvenir : on n’a pas le même rapport avec une sépulture sous une pierre tombale dans un cimetière ceint de hauts murs et avec des cendres dispersées, ou pire, trônant sur la cheminée du salon. Les contrats d’obsèques se généralisent : dans plus du quart des décès, il existe un contrat par lequel le futur défunt a réglé plus ou moins dans le détail ses propres obsèques. Dès que vous avez atteint l’âge de 50 ans, votre boîte aux lettres est envahie de publicités qui concourent à une injonction sociale nouvelle de s’occuper de ses propres obsèques. Ceci représente un véritable retournement anthropologique : ce n’est plus aux vivants de s’occuper des funérailles mais au futur mort. De moins en moins de sens Les rites religieux, qui ont présidé aux obsèques depuis des siècles, ont de moins en moins de sens pour des Français, dont 40 % se déclarent athées ou non croyants et dont le taux de pratiquants n’est plus que de 5 à 10 % (selon un sondage Ipsos pour les Services funéraires-Ville de Paris publié en octobre 2018). Or, aucun rite civil n’est normalisé pour cette population désacralisée. Enfin, si l’espérance de vie continue d’augmenter à un rythme impressionnant de trois mois par an depuis cinquante ans, l’espérance de vie en bonne santé stagne. On meurt donc de plus en plus vieux et de plus en plus désocialisé et dépendant. Les enfants sont eux-mêmes entrés dans la vieillesse lorsqu’ils s’occupent des obsèques de leurs parents. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cimetières écolos, enterrement le dimanche : Paris lance son big bang funéraire Ces facteurs conjugués font que le cimetière sera de moins en moins le lieu du travail de deuil individuel auquel il s’était destiné depuis la fin du XIXe siècle, lorsque les sépultures individuelles se sont répandues pour perpétuer le souvenir de nos défunts. Ces derniers « reposent » idéalement sous une pierre tombale moussue dans le cimetière familial au pied d’une vénérable église de village ou dans un cimetière emblématique comme le cimetière marin de Sète, celui de Loyasse à Lyon ou encore du Père-Lachaise, à Paris.
Alors que le taux de crémation des défunts atteint désormais 40 %, nos cimetières doivent évoluer pour répondre aux besoins nouveaux et rester un élément-clé de notre identité, explique, dans une tribune au « Monde », François Michaud-Nérard, ancien directeur général de la société d’économie mixte des services funéraires de Paris.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/31/le-cimetiere-francais-doit-se-reinventer-pour-ne-pas-mourir_6017552_3232.html
mlsum-fr-1085
Les locataires ont découvert la présence de caméras miniaturisées à l’intérieur de leur maison Ingram / GraphicObsession Le 30 septembre 2015, M. et Mme L emménagent dans une maison meublée, qu’ils ont louée à M. et Mme B, bailleurs, par l’intermédiaire d’une agence immobilière, Léonard Immo Conseil, moyennant la somme de 3 900 euros par mois. La maison étant pourvue d’une alarme sonore qui se déclenche en cas d’intrusion, l’agence communique aux locataires les codes nécessaires pour l’activer, ainsi que les coordonnées de la société de télésurveillance, Scutum, qui l’a installée. Le 21 novembre 2016, les locataires envoient à l’agence immobilière une lettre recommandée dans laquelle ils se plaignent d’avoir découvert la présence de caméras miniaturisées à l’intérieur de leur maison – il s’agit de détecteurs de mouvements, munis d’appareils photo qui permettent de visionner les lieux, à distance, sur un smartphone et, notamment, de s’assurer qu’il n’y a personne, lorsque l’alarme s’est déclenchée par erreur. Les L affirment que ces caméras sont dirigées, entre autres, vers le canapé de leur salon, le lit d’une chambre, et la salle de bain. Ils joignent un procès-verbal d’huissier, établi le 17 novembre 2016, en présence d’un technicien de Scutum ; l’huissier décrit les caméras et précise qu’elles n’étaient « pas visibles pour des néophytes ». Espionnage ? L’agence immobilière contacte immédiatement les bailleurs, qui confirment qu’il est possible de visionner à distance l’intérieur de la maison. Ils précisent qu’il faut pour cela activer certains codes de connexion, qui sont en leur possession, et qu’ils lui communiquent. De son côté, la société Scutum précise à l’agence qu’il faut réinitialiser ces codes, pour permettre aux locataires d’être les seuls à mettre en route les caméras. Ce qui est fait le 22 novembre 2016. Les locataires constatent alors que l’on peut tout voir chez eux à distance. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand le loft vit au rythme de la discothèque Les L demandent à la société de télésurveillance si les codes ont été activés à leur insu, depuis qu’ils sont entrés dans les lieux, ce qui signifierait qu’ils ont été espionnés par leurs propriétaires. Scutum répond que, depuis le 1er janvier 2016, ils n’ont été activés que par eux-mêmes, mais qu’elle ne peut pas garantir qu’ils n’ont pas été activés du 30 septembre 2015 au 31 décembre 2015. Jouissance paisible du logement Au mois d’avril 2017, les L cessent de régler leurs loyers, après avoir fait déconnecter l’installation. En mai 2017, les bailleurs leur font délivrer un commandement de payer visant la clause résolutoire du bail. En juin 2017, M. et Mme L assignent les B. Ils expliquent que les bailleurs étaient censés leur assurer « la jouissance paisible du logement », en vertu du code civil (article 1719) et de la loi du 6 juillet 1989 (article 6), et qu’ils ont manqué à cette obligation, en violant leur vie privée. Ils leur réclament des dommages et intérêts.
Les bailleurs auraient dû prévenir leurs locataires, dès l’entrée dans les lieux de ceux-ci, de la présence de détecteurs de mouvements équipés de caméras, permettant de visionner à distance leur salon, leur chambre ou leur salle de bain.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/11/02/quand-des-locataires-decouvrent-des-cameras-dans-leur-maison_6017780_1657007.html
mlsum-fr-1086
Toute la journée de mardi 9 juillet, le Super U de L’Arbresle, une commune proche de Lyon, a été au centre d’une polémique. Fortement critiqués par plusieurs personnalités et défenseurs des animaux pour un safari de chasse réalisé quelques années auparavant, les gérants du supermarché – qui fait partie du système de coopérative U Les Commerçants – ont fini par donner leur démission. Sur les nombreux clichés qui ont circulé en ligne, le couple pose, tout sourire, près des dépouilles d’un léopard, d’un zébu, d’un lion ou encore d’une antilope qu’ils viennent d’abattre. Face à la propagation très rapide de messages critiques sur Facebook et Twitter, sur un ton parfois très virulent, la coopérative a rapidement pris ses distances avec le couple. « Si ces images relèvent d’activités personnelles en dehors de la sphère professionnelle, la coopérative tient néanmoins à se désolidariser fermement de ces pratiques qui vont à l’encontre des valeurs que nous défendons et de nos engagements », a écrit l’enseigne dans un tweet. En fin de journée du 9 juillet, c’est par le même canal que l’on apprenait que les gérants avaient donné leur démission. D’où viennent les photos et qui les a diffusées ? Plusieurs des photos du couple mis en cause étaient – et sont encore – disponibles sur Internet. Passionnés de chasse, les gérants de ce commerce se retrouvent sur ces photographies prises lors de safaris effectués en Tanzanie et en Afrique du Sud en 2014 et 2015. Ces photos ont été reprises et diffusées ces derniers jours dans des posts Facebook de militants de la défense des animaux, sans que l’on sache précisément pourquoi ils les ont identifiées des années après leur publication. On en retrouve la trace sur Facebook par exemple le 4 juillet dernier. Un autre profil Facebook qui se présente avec un logo du Parti animaliste a posté ces photos le 6 juillet, appelant au boycott de Super U et dénonçant : « Quand tu es propriétaire du Super U de L’Arbresle (69) et qu’avec le pognon de tes clients tu participes activement à la sixième extinction de masse. » Ces photos et ces mises en cause ont été ensuite reprises dans la presse locale, notamment Le Progrès. Que répondent les mis en cause ? Contacté par Le Monde mercredi 10 juillet, le couple mis en cause a simplement transmis les coordonnées de leur avocat, maître Alain Jakubowicz – connu, entre autres, pour avoir défendu Nordahl Lelandais et présidé la Licra entre 2010 et 2017. Ce dernier explique au Monde vouloir « siffler la fin de la récréation » dans cette affaire. « Ces gens n’ont rien fait, à part s’adonner à une passion. Ce sont des honnêtes gens qui n’ont commis aucun crime aucun délit », déclare-t-il, avant d’ajouter : « Il y a des appels au boycott, leur famille est menacée. Faut voir ce qu’ils vivent. C’est du délire. C’est très symptomatique de l’air du temps. » Concernant d’éventuelles procédures judiciaires en cours, Alain Jakubowicz met en garde : « Je vais déposer plainte contre les messages les plus violents. (…) Quiconque qui désormais publiera la moindre ligne de menaces fera l’objet de poursuites immédiates. » L’avocat précise enfin : « Ces photos ne sont pas belles, je le reconnais, et elles peuvent poser un vrai problème. On a le droit de ne pas les aimer, on a le droit de ne pas aimer la chasse. Mais je ne vois pas en quoi ça donne droit à ce qu’il se passe en ce moment. Cette pratique est parfaitement réglementée », assure-t-il. Avaient-ils le droit de tuer ces animaux ? Certains animaux exhibés sur les photos du couple diffusées sur Internet (en particulier le lion) sont bien considérés comme des espèces menacées en Afrique, selon le Fonds international de la protection des animaux. Mais si la pratique de « chasse aux trophées » de ces grands animaux d’Afrique choque, elle reste aujourd’hui légale et encadrée dans une vingtaine de pays africains – dont la Tanzanie et l’Afrique du Sud, comme l’expliquait encore le magazine Géo en janvier 2019. En juillet 2015, la mort du lion Cecil, abattu au Zimbabwe, avait mis la lumière sur le phénomène et provoqué un intense débat international sur la pratique. Les faits avaient conduit au harcèlement en ligne du tueur du lion, un dentiste américain. Celui-ci n’avait cependant pas été poursuivi dans le pays, car il avait chassé avec un permis en règle. Selon ses défenseurs, ce tourisme lié à la chasse aux animaux sauvages a également un impact économique positif non négligeable pour les pays concernés et les organisations qui gèrent les animaux sauvages dans ces régions. Les chasseurs doivent ainsi s’acquitter d’une taxe « antibraconnage », en fonction des animaux qu’ils tuent lors de leur safari. Sur le site de Pierré Van Tonder, l’organisateur d’un safari de chasse auquel le couple a participé, selon nos recherches, il est écrit que cette taxe est de 7 150 dollars, soit près de 6 400 euros, pour un léopard. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Derrière Cecil le lion, l’épineuse question de la chasse au trophée Quelles ont été les réactions ? Cette médiatisation a conduit des célébrités et des associations défendant les animaux à prendre le relais de ces messages. « Bravo la famille (…) du Super U de L’Arbresle, ça valait le coup de le tuer pour cette photo. Je conseille à tout le monde de [partager sur Twitter] cette photo puisqu’ils veulent être célèbres et passez au magasin les prendre en photo #SuperU », a par exemple écrit sur Twitter l’animateur Julien Courbet, le 9 juillet. Son message est aujourd’hui supprimé, mais il avait été partagé plus de 17 000 fois en fin de journée mardi. « La chasse aux trophées est un fléau et concerne aussi la France », a écrit également le journaliste Hugo Clément sur son profil Facebook, diffusant les photos du couple dans un message également publié mardi et ayant généré plus de 50 000 réactions. De même, des associations ont dénoncé les agissements du couple dans des messages partagés des dizaines de milliers de fois. 30 Millions d’amis a critiqué les « horreurs de la chasse aux trophées » et Anymal a déploré des dirigeants « 100 % pourris ». Sur les réseaux sociaux, en réaction à ces messages, beaucoup d’internautes ont exprimé leur colère face à cette tuerie d’animaux sauvages et certains messages se sont faits plus menaçants avec des insultes et des appels à la violence contre le couple. A l’inverse, des internautes ont tenté de défendre les gérants en dénonçant un « procès public » à partir d’actes réalisés « dans la vie privée » et en demandant aux internautes d’être « cléments » ou encore de ne pas boycotter Super U en raison des autres employés travaillant pour l’enseigne. Comment ont réagi les enseignes U ? La coopérative Système U s’est vite désolidarisée des actions des gérants de son magasin à L’Arbresle. Mais le groupe Système U n’étant pas organisé selon un système pyramidal, les gérants d’hypermarché ou de supermarché sont indépendants et propriétaires de leur magasin. « C’est plus compliqué pour un groupe comme le nôtre, car le gérant ne peut pas être licencié, même s’il nuit à l’image de la coopérative », explique au Monde un porte-parole de Système U. Mais les propriétaires, sous pression, ont fini par démissionner. « Ils revendent le magasin. Il faut trouver quelqu’un, mais Monsieur (…) nous a confirmé qu’il démissionnait de la coopérative. On va prendre un directeur pour assurer la transition », a poursuivi ce porte-parole de l’enseigne, alors que le magasin concerné a fermé temporairement ses portes le 10 juillet. Dans les locaux, le personnel est ébranlé, assure enfin ce porte-parole des magasins U au Monde. « Ça nous a un peu explosé au visage. Du point de vue du droit, ce n’est pas illégal, il n’y a pas braconnage. Mais il y a le droit et la morale », selon lui.
Des photos d’un couple posant près d’un lion ou d’un buffle tués ont circulé en ligne, provoquant indignation, insultes et menaces. Face à la pression ils ont démissionné.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/10/safari-de-chasse-5-questions-pour-comprendre-la-demission-des-dirigeants-du-super-u-de-l-arbresle_5487853_4408996.html
mlsum-fr-1087
Manifestation des employés de la RATP, devant le siège social de la Régie, à Paris, vendredi 13 septembre. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Comme les cheminots, les agents de la RATP sont en majorité des salariés à statut. Cela signifie que, bien qu’étant salariés de droit privé (les litiges avec leur employeur relèvent, par exemple, de la compétence du conseil de prud’hommes), ils bénéficient de conditions – en général des avantages – dérogatoires du droit commun. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Derrière la grève à la RATP, la réforme des retraites et un malaise face à l’avenir de l’entreprise C’est un décret de 1959 – Michel Debré était premier ministre et Charles de Gaulle chef de l’Etat –, qui prévoit l’existence d’un statut du personnel propre à la Régie autonome des transports parisiens (RATP,) laquelle n’est pas une société, mais un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC). En tête de l’organigramme du groupe RATP (63 000 collaborateurs dans douze pays), l’EPIC RATP emploie 46 000 salariés, dont 43 000 bénéficient du statut. Ces derniers travaillent tous dans le périmètre de l’activité historique de la RATP, à savoir les transports en commun de Paris et de la petite couronne. Licenciement économique interdit Les principaux éléments de ce cadre sont précisés dans un document de près de 120 pages, qui mentionne, notamment, les conditions de recrutement et de cessation de fonctions, la rémunération, les congés de toute nature, un certain nombre de droits sociaux et de droits syndicaux, les garanties disciplinaires, etc. En réalité, un grand nombre d’éléments du dispositif social relèvent d’accords internes à la RATP. C’est le cas, par exemple, des avantages liés au comité d’entreprise (CE), très généreux. Comme la SNCF, la RATP ne peut embaucher un futur agent au statut dès lors que le candidat a plus de 35 ans. Lire aussi Grève à la RATP très suivie, première fronde contre la réforme des retraites Aux yeux des salariés, l’intérêt numéro un, c’est le fameux régime spécial de retraite, dont la remise en cause potentielle a déclenché le mouvement de grève massif du vendredi 13 septembre. Il permet à certains salariés de partir à la retraite bien plus tôt que dans le secteur privé : 57 ans si l’on travaille à la maintenance, 52 ans à un poste de conduite. Il faut, toutefois, pouvoir justifier de vingt-sept années de service à la RATP et, surtout, cet âge de départ reste très théorique, car une décote s’applique si l’on ne justifie pas de quarante et-un ans de cotisation. Il y a d’autres atouts. Le dispositif social interdit le licenciement économique de ses bénéficiaires, et un agent ne peut être révoqué que pour faute. Très apprécié aussi des salariés, le système d’assurance-santé est particulièrement avantageux si on le compare à la sécurité sociale traditionnelle (salaires maintenus en cas d’arrêts de travail longs, récupération des jours de congé lors desquels on est malade…). Dans ce cadre, les agents, ainsi que leurs conjoints et leurs enfants, ont accès à des centres de santé dispensant des consultations et des soins gratuits. Une fois à la retraite, ils continuent d’en profiter.
Le régime spécial de retraite est l’intérêt numéro un du statut des salariés de la régie parisienne, mais il n’est pas le seul avantage. La libéralisation du secteur ne devrait pas le remettre en cause.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/13/en-dehors-des-retraites-le-statut-special-des-agents-de-la-ratp-n-est-pas-menace_5509855_3234.html
mlsum-fr-1088
Le favori : l’Australie L’Australien Nic White s’envole vers un essai, le 10 août 2019. TREVOR COLLENS / AP Son objectif officiel : remporter la Coupe du monde. Son objectif officieux : remporter la Coupe du monde, en infligeant une grosse raclée à son plus grand rival au passage, la Nouvelle-Zélande, comme lors du match de Championship le 10 août dernier (47-26). Son historique : deux titres (1991, 1999) et deux finales (2003 et 2015) en huit participations. Le joueur à suivre : David Pocock, parce que ce sera sa dernière. A 31 ans et après 77 sélections, le flanker vient d’annoncer qu’il arrêterait sa carrière internationale au retour du Mondial. Briseur d’attaque et très bon porteur de balles, Pocock est à la hauteur d’un troisième-ligne aile tel que le Néo-Zélandais Richie McCaw. Et s’il est défaillant sur un match, son remplaçant, Michael Hooper, fera tout autant l’affaire. L’anecdote : Israel Folau ne sera pas à la Coupe du monde. L’arrière aux 73 sélections et 37 essais a été limogé par sa fédération pour avoir tenu des propos homophobes sur son compte Twitter en avril, une récidive le concernant. Depuis, Folau est en guerre contre sa fédération pour licenciement abusif, demandant sa réintégration en sélection et une compensation de dix millions de dollars australiens (un peu plus de six millions d’euros). Une médiation entre les deux parties aura lieu le 13 décembre prochain. Le surnom : « les Wallabies ». Les journalistes anglais ont bien failli les appeler les « Rabbits », lors de leur première tournée au Royaume-Uni en 1908. Mais à force de protestation des joueurs et de la Fédération (pas question de porter le nom d’un animal importé par les Anglais), le surnom est devenu les Wallabies, en référence à un petit marsupial cousin du kangourou et très répandu en Australie. L’animal figure sur le maillot et tient dans ses pattes un ballon de rugby. Une posture qui aurait été un peu plus complexe si cela avait été un lapin… Le haïku champêtre qui lui irait bien : Sur les champs étales Qui luisent de pluie Des lièvres détalent. Julien Vocance (1878-1954) L’outsider : le pays de Galles Alun Wyn Jones manque le ballon en touche, à Twickenham, le 11 août, face à l’Angleterre. DAVID KLEIN / REUTERS Son objectif officiel : être champion du monde pour la première fois et confirmer les récents bons résultats : les hommes de Warren Gatland ont cumulé 14 victoires consécutives entre mars 2018 et août 2019, Grand Chelem et dernier Tournoi des six nations à la clé. Ils ont même été numéro un mondial en août devant les All Blacks (ça aura duré très exactement deux semaines). Son objectif officieux : battre enfin les trois géants sudistes lors d’un Mondial (Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud). Depuis 1987, lorsque les Gallois ont pris le meilleur sur les Wallabies en petite finale (22-21), ce n’est plus arrivé. Son historique : les Gallois ont fini troisièmes en 1987, mais ils n’ont jamais atteint une seule finale en huit éditions. Le joueur à suivre : Alun Wyn Jones. A 33 ans, il est devenu le joueur le plus capé du pays de Galles en battant le record des 134 sélections détenu par Gethin Jenkins. Le capitaine a conquis trois Grands Chelems, tout comme Gareth Edwards et JPR Williams, et a été élu meilleur joueur du dernier Tournoi des six nations. L’anecdote : le pays de Galles et l’Australie, c’est une longue histoire. En 1987, c’est contre les Wallabies que les Gallois avaient remporté leur seule et unique médaille de bronze à un Mondial. Vingt-quatre ans plus tard, l’Australie prenait sa revanche en les laissant au pied du podium pour une pénalité (21-18). Et ça, ce ne sont que leurs rencontres en petite finale : en 1991, l’Australie avait écrasé le pays de Galles en poules (38 à 3), en 1999, c’était en quarts (24 à 9). Le surnom : tous les amateurs de rugby savent que le XV du poireau fait référence aux Gallois. Mais combien savent d’où vient ce sobriquet ? Selon la légende, il faut remonter cinq cent ans après Jésus-Christ. David de Ménevie, le saint patron du pays de Galles, lors d’une bataille qui se serait déroulée non loin d’un champ de poireaux, aurait demandé à ses soldats de porter le légume sur leur casque pour se différencier des ennemis… ce qui aurait conduit au succès des siens. Depuis, le poireau est devenu un emblème national. Mais comme ce surnom n’est pas des plus flatteurs, l’équipe galloise est aussi connue sous le nom des Red Dragons, ce qui fait un tantinet plus peur. Le haïku végétal qui lui irait bien : Neige du matin Les poireaux sont des repères Dans le jardin Bashô (1644-1694) Le trouble-fête : la Géorgie Heureux comme Mamuka Gorgodze après avoir battu les Tonguiens lors du Mondial 2015. PAUL CHILDS / REUTERS Son objectif officiel : se qualifier pour la première fois de son histoire en quarts de finale. Son objectif officieux : poser de sérieux soucis aux grandes nations du groupe que sont l’Australie et le pays de Galles. Son historique : en quatre participations, la Géorgie n’est jamais sortie des poules. Le joueur à suivre : Guram Gogichashvili. A peine 20 ans, et déjà considéré comme un des futurs meilleurs piliers du monde : puissant en mêlée, disponible, adroit dans le jeu courant. Recruté par le Racing 92, il a bousculé la hiérarchie de son poste, surpassant son compatriote Vasil Kakovin et le Tricolore Eddy Ben Arous. L’anecdote : il revient, il revient, Gorgodze, l’ancien capitaine géorgien. Voilà ce qu’on appelle un plot twist. Le vétéran Mamuka Gorgodze (35 ans, 71 sélections et meilleur marqueur d’essais de son pays avec 26 réalisations) est sorti de sa retraite internationale (prise en 2017) pour jouer sa quatrième Coupe du monde. Le surnom : « les Lelos ». La Géorgie doit son surnom à un vieux sport traditionnel qui porte ce nom dans les villages de ce pays montagneux. Il est considéré en Géorgie comme une variante locale du rugby moderne, le sport le plus populaire du pays. Le haïku montagnard qui lui irait bien : Sur la montagne La lune éclaire aussi – Le voleur de fleurs. Kobayashi Issa (1763-1828) Les deux grosses côtes Comme on se retrouve ! Les deux équipes étaient déjà dans la même poule en 2015, les Fidjiens ayant balayé l’Uruguay 47 à 15. ADRIAN DENNIS / AFP Les Fidji Son objectif officiel : ne pas concéder de défaites face à la Géorgie et l’Uruguay. Son objectif officieux : impossible n’est pas fidjien ! Son historique : deux quarts de finale joués en 1987 et 2007 en huit participations. Le joueur à suivre : Josua Tuisova. Il a 25 ans mais un palmarès qui en dit long : triple champion d’Europe avec le RCT (2013, 2014, 2015), champion de France en 2014 et champion olympique de rugby à 7 en 2016. Auteur de sept essais en Top 14 cette saison, il est considéré comme un des meilleurs ailiers du monde. L’anecdote : vingt-quatre heures, un nom en trop et un rappel in extremis. On aura eu droit à notre petit feuilleton fidjien pré-Coupe du monde. Le sélectionneur John McKee avait donné une liste de 32 joueurs alors que World Rugby en exige 31. Le pilier Lee-Roy Atalifo, qui faisait partie de la sélection initiale, a donc été le dernier Fidjien recalé, avant d’être rappelé, à peine vingt-quatre heures plus tard, en raison de la blessure de son coéquipier Kalivati Tawake. Le surnom : les joueurs sont surnommés « les Flying Fijians » (Fidjiens volants), surnom qu’ils héritent du rugby à VII où leur équipe est réputée pour être très rapide et très adroite. Leur emblème ? Un palmier. Logique. Le haïku pacifique qui leur irait bien : Collines de palmiers Ce furent des jours avec un ciel en force Rouge à l’aube. Yokoi Yayu (1701-1783) A gauche, il est à la ramasse. A droite en promenade de santé. Et au centre, prêt à tacler au pied. Tout porte à croire que l’Uruguay s’est trompé de sport. Le 20 septembre 2015 à Cardiff. REBECCA NADEN / REUTERS L’Uruguay Objectif officiel : encaisser moins de points qu’au dernier Mondial en phase de poules (226). C’est le pays qui en a le plus encaissé. Objectif officieux : ne pas se couvrir de ridicule et gagner au moins un match. Son historique : ce sera la quatrième Coupe du monde de l’Uruguay, qui n’a encore jamais passé les poules. Le joueur à suivre : Manuel Leindekar. Il fait partie de ces happy few qui sont professionnels, car le rugby est amateur en Uruguay. A 22 ans, sa progression est remarquable : arrivé en 2017 dans l’équipe réserve d’Oyonnax (« Oyo Elite »), il est passé titulaire cette saison et a joué 14 rencontres (Pro D 2). Pour sa première Coupe du monde, le deuxième-ligne pourra faire parler son puissant gabarit (2,03 m pour 115 kg). L’anecdote : l’Uruguay, c’est plein de records. Mais de ceux qui placent l’équipe à des années-lumière du reste du groupe : depuis leur présence en Coupe du monde en 1999, les Sud-Américains n’ont jamais planté un seul drop entre les poteaux. En 2003, ils avaient subi une déroute (111-13) face à l’Angleterre. En 2015, ils avaient encaissé 56 points en moyenne par match. Ils tenteront de limiter la casse au Japon. Le surnom : « Los Teros », en référence à un oiseau d’Amérique du Sud, le vanneau téro, qui est leur symbole. Le haïku ailé qui lui irait bien : Blanc noir blanc noir blanc… Code inscrit sur l’horizon. Envol de vanneaux. Paul Bergèse (1939-) Calendrier du groupe D Seules les deux meilleures équipes du groupe D accéderont aux quarts de finale. Samedi 21 septembre : Australie-Fidji, à Sapporo (6 h 45, heure française) Lundi 23 septembre : Pays de Galles-Géorgie, à Toyota (12 h 15) Mercredi 25 septembre : Fidji-Uruguay, à Kamaishi (7 h 15) Dimanche 29 septembre : Géorgie-Uruguay, à Kumagaya (7 h 15) et Australie-Pays de Galles, à Tokyo (9 h 45) Jeudi 3 octobre : Géorgie-Fidji à Higashiōsaka (7 h 15) Samedi 5 octobre : Australie-Uruguay à Ōita (7 h 15) Mercredi 9 octobre : Pays de Galles-Fidji à Ōita (11 h 45) Vendredi 11 octobre : Australie-Géorgie à Shizuoka (12 h 15) Dimanche 13 octobre : Pays de Galles-Uruguay à Kumamoto (10 h 15)
Objectifs, historique, joueur à suivre… tout ce qu’il faut savoir sur le groupe de l’Australie, du pays de Galles, de la Géorgie, des Fidji et de l’Uruguay.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/20/coupe-du-monde-de-rugby-2019-groupe-d-comme-delicat_6012362_3242.html
mlsum-fr-1089
L’écrivain Morgan Sportès, à Paris, en 2014. Frédéric Stucin/Pasco « Si je t’oublie », de Morgan Sportès, Fayard, 320 p., 20 €. L’appartement de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), où Morgan Sportès nous reçoit, paraît juste un peu plus petit qu’on ne l’avait imaginé à la lecture, l’arpentant dans toutes ses pièces au long des 300 pages de Si je t’oublie. Rythmé par les réminiscences d’une vie de couple instable, cet étrange et ­fascinant journal de deuil de la femme aimée superpose en effet le quotidien de l’auteur au récit très ­réaliste et parfois halluciné des derniers jours d’Aude. L’empreinte de celle-ci est demeurée omniprésente dans ce lieu où il s’est installé après en avoir hérité, ayant épousé Aude sur son lit de mort, en 2013 : un mariage qui aura sans doute été pour elle une manière de continuer à veiller sur lui et, peut-être, de s’assurer une présence « Aude-là ». « Dans cet appartement fabuleux au dernier étage d’une rue calme, le silence est total dès lors que je débranche tout, dit Morgan Sportès. Un silence propice au recueillement, à cette espèce d’état nécessaire à la méditation comme à l’écriture. Ce n’est plus vous qui écrivez, alors vous n’êtes plus maître du langage. C’est le langage qui se met à parler à travers vous. » L’artisan d’art compare volontiers son travail à celui d’un maître birman fabriquant une boîte à bétel avec sa structure d’osier, la terre glaise puis la laque qu’il faut graver avant de peindre : de ces objets imbibés de mémoire qu’Aude collectionnait, organisant l’espace de l’appartement comme un opéra silencieux aux correspondances à jamais mys­térieuses. C’est aussi en cela que l’appartement est « fabuleux », bien sûr : Aude y reste partout chez elle, où le temps s’abolit (de même que, dans le texte, les millésimes des dates mentionnées sont systématiquement barrés, ainsi de 2013, année mortelle). Les passés ­familiaux Ce n’est pas seulement parce que l’écrivain cigale s’est (enfin) installé dans les meubles de la fourmi collectionneuse que Si je t’oublie est une douloureuse ­histoire d’héritages. Les passés ­familiaux « du fils du juif né en ­Algérie et de la fille d’un ancien ­engagé volontaire dans la Wafen SS » les ont entravés dès leur rencontre, en 1967 : Aude était la fille d’un écrivain français ayant déserté l’armée allemande à peine l’avait-il intégrée, en route vers le front de l’Est, et qui fut condamné à son retour en France, en 1950, à cinq ans de prison (ce que Sportès a raconté, par le biais de la fiction, dans L’Aveu de toi à moi, Fayard, 2010). Quant à lui, il exprime son rapport à l’histoire coloniale d’une phrase sans fioritures : « Je remercie les Algériens de nous avoir foutus dehors ! Je serais resté con ma vie durant, sinon. »
C’est à son propre sujet que l’auteur de « L’Appât » se fait détective dans « Si je t’oublie ». Il y explore son héritage autant que ses rapports difficiles avec sa femme, Aude, morte en 2013, et à laquelle ce livre rend hommage.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/29/morgan-sportes-enqueteur-a-charge-innocente-par-la-litterature_6013505_3260.html
mlsum-fr-1090
COLCANOPA C’est une rentrée mouvementée pour Iliad. Mis en difficulté par des pertes ininterrompues d’abonnés depuis plus d’un an et demi, la maison mère de Free (dont le fondateur, Xavier Niel, est actionnaire du Monde à titre individuel) tente laborieusement de remonter la pente. Après un premier wagon de mesures en juin 2018, le groupe a démarré au printemps un vaste plan de relance baptisé « Odyssée 2024 », dont les effets commencent timidement à porter leurs fruits en France. L’épopée d’Iliad peine cependant à convaincre les marchés boursiers. Le cours de l’action – en baisse de plus de 34 % depuis le début de l’année – est tombé cette semaine à son plus bas niveau depuis 2011, à 74,20 euros le mardi 10 septembre. Alors que ses rivaux, Orange, SFR et Bouygues Telecom, enregistrent tous une hausse de leurs abonnés ces six derniers mois, l’hémorragie se poursuit chez Free. Depuis le début de l’année, 31 000 clients box et 127 000 abonnés mobile ont quitté les rangs de l’opérateur dans l’Hexagone pour rejoindre la concurrence. Une situation inédite pour le groupe de télécommunications depuis le lancement tonitruant de Free Mobile en 2012. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La relance de Free peine à convaincre les marchés « Ils perdent certes des abonnés en France mais ils sont néanmoins en croissance. La sanction des marchés a été sévère. Elle s’explique en partie par la déception des investisseurs : Free a pendant longtemps été le premier de la classe, celui qui garantissait systématiquement de très bonnes performances comparé aux autres acteurs du secteur », tempère Alexandre Iatrides chez Oddo. Malgré une baisse des recrutements, le groupe tire son épingle du jeu en France, où il affiche au premier semestre un chiffre d’affaires en hausse de 1,5 %, à 2,4 milliards d’euros. Un léger rebond attribué aux mesures mises en place pour enrayer la crise. Augmenter la rentabilité Sur le mobile, l’opérateur, qui avait fait, il y a sept ans, une entrée fracassante sur le marché en cassant les prix avec une offre à 2 euros, cherche désormais à monter en gamme pour augmenter ses revenus. Pour cela, il a remanié en profondeur son éventail d’offres commerciales et a levé le pied sur les offres dégriffées. Résultat : le revenu moyen par abonné sur le mobile, un indicateur très scruté du marché, a grimpé de 12 % en un an, passant de 9 à 10,1 euros. « Les pertes d’abonnés se sont essentiellement concentrées sur l’offre à 2 euros, dont la valeur ajoutée est très faible », précisait Thomas Reynaud, directeur général d’Iliad, lors de la présentation des résultats du groupe le 3 septembre.
Le cours de l’action de la maison mère de Free, qui perd encore des abonnés, a reculé de plus de 34 % depuis janvier.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/14/iliad-serieusement-chahute-sur-les-marches_5510391_3234.html
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Une navette autonome Navya, lors de son lancement à la Défense, en juillet 2017. JACQUES DEMARTHON / AFP L’expérience – présentée comme une première mondiale dans un environnement aussi complexe – avait vu le jour le lundi 3 juillet 2017. Deux ans après, l’établissement public Paris-la Défense jette l’éponge et met fin, par un sévère constat d’échec, à son expérimentation de transport en minibus électrique et autonome sur le parvis. « Au terme de l’expérimentation, le bilan global n’est pas satisfaisant, écrit le communiqué diffusé, vendredi 12 juillet, par l’établissement. D’une part, la technologie n’a pas su s’adapter aux mutations de l’environnement urbain. D’autre part, l’objectif de passage en “full autonome” n’a pas abouti. Enfin, la vitesse de circulation de la navette n’a pas réussi à progresser et donc à rendre le service attractif. » Financée par Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports dans la région capitale, qui a dépensé plus de 300 000 euros dans l’affaire, l’expérimentation avait pourtant connu un départ prometteur, les six premiers mois de son existence. Plus de 30 000 voyageurs avaient emprunté le minibus de la marque française Navya, mis en œuvre par l’opérateur de transport public Keolis (filiale de la SNCF). L’engin pouvait transporter 15 personnes, et était en théorie capable de se frayer un chemin dans le flux des 500 000 personnes (piétons, vélos, véhicules techniques) qui empruntent chaque jour le plus vaste espace piétonnier d’Europe. Un modèle fragile Les indices de satisfaction étaient même excellents : 97 % d’usagers satisfaits, 88 % de personnes prêtes à retenter l’expérience. Mais, rapidement, les choses se sont gâtées. A la rentrée 2017, contrairement à la promesse initiale, il s’est révélé impossible de faire fonctionner la navette sans un opérateur de secours à son bord. Puis, en décembre 2017, un des véhicules a connu un problème technique qui a entraîné une immobilisation des trois minibus pendant six mois. L’expérimentation a été relancée en juin 2018 avec une navette en moins. Las ! Le service ne s’est guère amélioré, perturbé par des contraintes techniques et l’aspect constamment mouvant de cette fourmilière humaine qu’est le parvis de la Défense. « L’exploitation du service a été complexe, en raison de difficultés liées à la connexion (effet de canyon urbain du fait de la hauteur des tours) et la forte mutabilité de l’environnement urbain au gré des événements (marché de Noël, foodtrucks, travaux…) », détaille le communiqué de Paris-la Défense. C’est un revers pour l’entreprise lyonnaise Navya en particulier, et, plus généralement, pour les navettes autonomes destinées à la desserte du dernier kilomètre (l’autre grand constructeur de ces engins étant aussi une entreprise hexagonale, le toulousain EasyMile). Navya, qui a pour actionnaires minoritaires Keolis et l’équipementier automobile Valeo, connaît plus de succès avec d’autres expérimentations (dont la desserte du quartier de la Confluence, à Lyon). Mais l’échec de la Défense souligne la fragilité du modèle des « navettes autonomes », qui, jusqu’ici, n’ont jamais démontré une capacité à offrir un service de transport à la fois fiable, confortable, régulier et plus rapide que la vitesse d’un piéton.
Deux ans après son lancement, l’expérimentation est interrompue. Un échec pour le constructeur français de ces véhicules électriques.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/15/les-navettes-autonomes-navya-lentes-et-inadaptees-ejectees-de-la-defense_5489652_3234.html
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Des Boeing 737 MAX immobilisés au sol à Seattle (Etat de Washington, nord-ouest des Etats-Unis), le 1er juillet. LINDSEY WASSON / REUTERS Le 737 MAX de Boeing a-t-il encore un avenir ? Chez les compagnies aériennes, comme parmi la chaîne de fournisseurs de l’avion, on en est réduit à prier pour que l’appareil soit de retour dans les airs. Le moyen-courrier américain est immobilisé au sol depuis le 13 mars après deux crashs en moins de six mois, qui ont causé la mort de 346 passagers et membres d’équipage. Il pourrait le rester pendant au moins un an, selon le cabinet de conseil Archery Strategy Consulting (ASC). De son côté, Boeing ne se risque plus à fixer un agenda précis de reprise des vols de son best-seller, commandé à plus de 5 000 exemplaires. Tout juste se borne-t-il, dans un communiqué publié vendredi 19 juillet, à espérer que « la remise en service du 737 MAX aux Etats-Unis et dans d’autres pays [soit] validée par les autorités compétentes à partir du début du quatrième trimestre 2019 ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Boeing 737 MAX risque de rester cloué au sol pendant un an Il faut dire que, depuis que les autorités de régulation du secteur aérien, l’Agence fédérale américaine de l’aviation (FAA) et l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA), ont décidé de passer le MAX au scanner, elles ne cessent de mettre au jour des problèmes techniques. Ainsi, début juillet, l’EASA a mis le doigt sur une défaillance du pilote automatique. « Maintenant que l’on cherche, on trouve ! », s’exclame le patron d’un fournisseur de premier rang du moyen-courrier de Boeing. Cette accumulation d’ennuis ruine la réputation du MAX. « L’avion est en train de s’abîmer en termes de confiance », constate Laurent Magnin, PDG de la compagnie française XL Airways et l’un des meilleurs connaisseurs du transport aérien. Il se refuse toutefois à envisager un retrait définitif de l’appareil. « Arrêter 5 000 avions fabriqués ou livrés, ce serait du jamais-vu ! » En revanche, la mauvaise publicité autour du MAX est telle que M. Magnin n’écarte pas l’idée que l’avion soit contraint de « changer de nom » pour reprendre ses vols commerciaux et ne pas effrayer les passagers. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Boeing doit redresser son image après la découverte d’un nouveau défaut sur son 737 Max » Air France gêné dans sa stratégie Certaines compagnies clientes de l’avion ont déjà franchi le pas. Photos à l’appui, le site Internet spécialisé Air Journal a révélé que le transporteur irlandais à bas coûts Ryanair avait déjà commencé à débaptiser ses MAX qui prennent la poussière sur les parkings de l’usine de Boeing à Renton (Etat de Washington, nord-ouest des Etats-Unis). Les futurs passagers ne voleront donc plus sur des MAX, mais sur des 737-8200.
Les déboires du moyen-courrier de l’avionneur américain, immobilisé depuis quatre mois, s’accumulent. Une mauvaise publicité qui inquiète compagnies et passagers.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/20/le-max-devra-t-il-changer-de-nom-pour-repartir-en-vol_5491408_3234.html
mlsum-fr-1093
Entre les algues et les coquillages attachés aux rochers battus par les flots de l’île de Madère (Portugal), de minuscules particules de plastique s’incrustent et donnent l’impression de les couvrir de lichen blanc ou bleu clair. Une nouvelle pollution océanique, baptisée du nom évocateur de « plasticroûte », qui témoigne du fait que ce matériau, très résistant aux dégradations, contamine désormais tous les paysages. C’est cette croûte qu’a découverte l’équipe madérienne du laboratoire de recherches portugais MARE (Marine and Environmental Sciences Centre) en arpentant les rivages de l’île, en 2016. Intrigués, les scientifiques ont scruté l’évolution du phénomène dans le temps, pour en constater la pérennité et publier leur découverte dans la revue scientifique Science of the Total Environment, le 8 juin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les écosystèmes marins à la merci des activités humaines Une pollution favorisée par les conditions locales « C’est une petite couche de plastique incrustée dans le rocher (…), très difficile à enlever en la grattant manuellement », décrit Joao Canning Clode, l’un des chercheurs ayant participé à l’étude. Pire : les analyses montrent que la plasticroûte revêt 10 % de la surface des zones touchées d’une couche d’une épaisseur moyenne de 0,77 mm. Le phénomène n’a pour l’instant été observé que dans une petite baie de l’île, aux eaux chargées de plastique, et seuls les éperons rocheux recouverts par la marée sont touchés par les dépôts de polyéthylène (un plastique couramment utilisé dans les emballages et la construction). En 2014 déjà, des « roches » de plastique avaient été repérées sur les plages d’Hawaï, rappellent les auteurs. Mais ces « plastiglomérats » étaient formés lors de réactions thermiques, par exemple des feux de camp, liant plastiques fondus et sédiments naturels. Rien de tel cette fois-ci, puisque ce seraient les collisions répétées de larges morceaux de plastique sur la roche volcanique noire, réchauffée par le soleil, qui façonneraient ces revêtements d’un nouveau type. Un phénomène qui n’est « pas étonnant », selon Diane Beaumenay-Joannet, chargée des déchets océaniques à la Surfrider Foundation. « Le plastique ne disparaît pas, donc, s’il est dans l’environnement, il va se retrouver sous une forme ou une autre quelque part », explique-t-elle au Monde. Rappelant que le plastique « se fragmente sous l’effet des vagues et des rayons ultraviolets », elle soutient que seule une action au niveau de la production sera efficace. En 2016, une étude de la Fondation Ellen MacArthur estimait que 8 millions de tonnes de plastique étaient déversées chaque année dans les océans.
Des particules de polyéthylène s’agglomèrent sur les rochers de l’île portugaise, formant une pollution très résistante et qui pourrait être dangereuse pour la faune locale.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/11/un-nouveau-type-de-pollution-plastique-decouvert-sur-les-littoraux-de-madere_5487920_3244.html
mlsum-fr-1094
Des partisans de Kaïs Saïed, le 15 septembre à Tunis. ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS C’est dans l’« amphi 14 », comme l’appellent les étudiants, que Kaïs Saïed a formé des générations de juristes. Au sein de la faculté des sciences juridiques de Tunis, située près de la cité olympique, dans la capitale, tous les étudiants connaissent ce professeur « compétent » et « gentil », qui vient prendre son café et fumer sa cigarette à la buvette, raconte Soukeina Jomni, 37 ans. L’ex-étudiante, devenue avocate dans un cabinet à Tunis, n’a pas voté pour le candidat Kaïs Saïed, arrivé en tête du scrutin présidentiel du 15 septembre, avec 18,4 % des suffrages exprimés – selon les résultats définitifs publiés mardi 17 septembre par l’instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) –, mais elle se souvient encore de cet enseignant qui l’avait familiarisée avec le droit constitutionnel dans les années 2000 : « Personne ne séchait ses cours et sa façon de parler était exactement la même que maintenant dans ses allocutions de campagne », décrit-elle celui dont le phrasé lui a valu le surnom de « Robocop ». Le complexe universitaire, ensemble de bâtiments modestes aéré d’un petit jardin où les étudiants font leur pause, abrite une faculté de droit d’élite. En trente ans d’existence, l’établissement a vu défiler de prestigieux doyens, dont beaucoup sont devenus des figures de la vie publique tunisienne. En ces lendemains d’élection, c’est le professeur assistant Kaïs Saïed qui occupe les esprits. « C’est le prof avec lequel tous les étudiants peuvent parler, déclare Hiba Ben Salah, 27 ans, qui vient de terminer la faculté. Dès que l’on a un souci, il nous aide directement. » « Il ne se mouillait pas » Sahar, elle, est en première année. Elle ne cache pas ses doigts teintés de henné et de l’encre électorale de dimanche. Elle se dit fière d’avoir voté pour Kaïs Saïed, même si elle ne l’a jamais eu comme professeur : il est parti à la retraite juste avant son arrivée. « Je le vois toujours à la télévision et j’aime ses interventions », indique-t-elle. D’autres se souviennent d’examens dans des amphithéâtres de 500 personnes où personne ne bronchait quand Kaïs Saïed faisait la surveillance. « Il se tenait debout, immobile, pendant tout l’examen. Il n’y a que ses yeux qui bougeaient, et si l’un d’entre nous avait le malheur de tricher, il en prenait pour son grade », rigole Soukeina Jomni. Kaïs Saïed, le 17 septembre, à Tunis. Mosa'ab Elshamy / AP A la faculté, beaucoup de ses soutiens analysent son succès au premier tour. « Beaucoup de nos politiques pensent à tort que les jeunes ne s’intéressent pas à la politique, dit Wiem Mhirsi, 24 ans, étudiante en troisième année. En fait, c’est le contraire, nous sommes politisés, nous sommes ceux qui veulent le plus changer les choses et, pour nous, Kaïs Saïed est porteur de changement. » Dans le portrait globalement flatteur d’un homme mêlant la prestance à l’humour se glisse toutefois une nuance. « On s’est aperçus plus tard qu’il racontait les mêmes blagues aux nouveaux étudiants chaque année », rappelle Yacine Kcibi, 30 ans, qui fut son étudiant en en 2009.
Arrivé en tête du premier tour du scrutin présidentiel avec 18,4 % des voix, le juriste constitutionnaliste incarne les espoirs d’une jeunesse en quête de renouveau.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/18/en-tunisie-kais-saied-le-candidat-des-jeunes-qui-veulent-le-changement_5511896_3212.html
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CRÉEZ VOS SOUVENIRS, ÉCRIVEZ VOS MÉMOIRES Et si, le temps d’un séjour, on délaissait la cohue d’Instagram pour les joies secrètes de l’écriture ? Riche d’un beau passé littéraire, l’Europe se prête aisément à l’expérience. À Paris, c’est même naturel : Sartre et Beauvoir ont déserté les Deux Magots, mais la tradition demeure de s’installer en terrasse, pendant quelques heures, pour noircir la page. On s’y soumet avec bonheur, et on consigne nos souvenirs de voyage dans le café qui nous inspire. Du Marais historique à Belleville bohème, des vieux zincs du Quartier latin aux adresses hipsters du canal Saint-Martin, le choix ne manque pas. Vous avez choisi un hôtel Le Méridien à Londres ? Quelques pubs reçoivent aussi volontiers les scribouillards : dans SoHo, le Pillars of Hercules tutoie le romancier Ian McEwan, tandis que le French House se souvient de la poétesse Sylvia Plath. Et du côté de Munich, on part en balade depuis son hôtel Le Méridien et l’on pousse les portes de quelques singulières bibliothèques. On prend alors le temps, entre deux mots, d’admirer les boiseries somptueuses de la Juristische Bibliothek, ou le vénérable escalier de la Bayerische Staatsbibliothek. La tournée des libraires Mais qui dit écrire dit lire. Et les adresses ne manquent pas pour dénicher le roman inspirant… À Londres, on file chercher la bonne occasion chez les revendeurs de livres de Charing Cross Road. À Paris, direction les bords de Seine, autour de Notre-Dame, pour visiter les boîtes vertes des bouquinistes. On pense aussi à dénicher le parfait carnet auquel confier ses pensées de voyage, ou la carte postale que l’on s’écrira à soi-même... À Nice enfin, on préfère le dialogue : on rend visite aux Parleuses ou à L’Indocile, deux cafés-librairies généreux en bons conseils. Lectures et événements Et si c’est la compagnie des auteurs qui vous tente, ne ratez pas, en novembre, le festival Literaturfest de Munich, avec sa foule de grands noms des lettres. Plus intimiste, à Paris, la Maison de la Poésie propose toute l’année des rendez-vous avec les meilleurs écrivains francophones. Enfin, à Nice, les Jeudis littéraires reçoivent un invité par mois. Mais, dans chaque ville, c’est peut-être simplement au bar du Méridien que l’on écrira ses plus beaux souvenirs, un cocktail à la main et du soleil plein la tête… PRÉFÉREZ L’AUBE AU CRÉPUSCULE La ville appartient à ceux qui se lèvent tôt. Parce que c’est avant l’arrivée des foules que l’on profite des rues. Avant l’heure de pointe que l’on entend le calme. Alors, un petit effort. On quitte son doux lit à l’aube (si, si !), on passe les portes de son hôtel Le Méridien, et on se faufile, de quartier en quartier, à la poursuite du soleil levant. À Londres, on prend de la hauteur : rendez-vous sur les collines du parc de Hampstead Heath pour tutoyer le ciel et sa lumière toute neuve. Les amateurs de shopping peuvent aussi visiter le Bermondsey Antiques Market, un charmant marché aux puces qui démarre au chant du coq. À Paris, les flancs de la colline Montmartre offrent une vue superbe sur la ville qui s’éveille. Avec, en bonus, un doux silence qui plane autour du Sacré-Cœur. Du côté de Munich, on s’abrite sous la gloriette blanche du romantique Monopteros, érigé en 1838 ; on peut aussi se diriger vers la Maximilianstrasse pour admirer ses façades en toute quiétude. À Nice, enfin, on se tourne vers la mer : depuis la partie ouest de la promenade des Anglais, c’est le Levant tout entier qui se laisse admirer, sur la mer qui scintille. Énergie matinale Si les plus motivés veulent chausser leurs baskets pour un décrassage matinal, on les y encourage. Les rives de la Tamise et de la Seine offrent de superbes occasions de courir tôt le matin, en profitant des reflets du soleil sur l’eau. À Munich, les sportifs locaux fréquentent volontiers les allées arborées de l’Englischer Garten, l’un des plus grands parcs d’Europe avec ses 375 hectares. Et à Nice, c’est la mer encore qui accueille les lèves-tôt après une nuit reposante à l’hôtel Le Méridien. On suit la plage sur toute sa longueur jusqu’à la colline du Château, ou on opte pour le splendide Sentier du littoral. Et on n’hésite pas à s’offrir un jus vitaminé pour se récompenser. Mais s’il faut ensuite faire une sieste pour tenir la journée, on se l’accorde… car il serait dommage de manquer les rendez-vous Au Soleil du Méridien, riches en gourmandises et en bonne humeur. FLÂNEZ SANS BUT « Errer est humain, flâner est parisien », disait Victor Hugo. On se met donc à l’heure parisienne : on éteint son smartphone, on fait confiance au hasard, on quitte son hôtel Le Méridien et on se lance dans les rues à la recherche de l’inconnu. Londres regorge de quartiers propices : Portobello bien sûr, mais aussi Muswell Hill et ses vues superbes, ou Little Venice pour la verdure. Avec ses boutiques branchées et ses marchés tout en couleurs, Shoreditch est une autre excellente option. À Munich, on se concentre sur le cœur historique : à partir de Marienplatz, on parcourt les ruelles (dont certains sont réservées aux piétons) jusqu’à tomber sur la rivière Isar, sur l’Englischer Garten… ou autre chose ? À Nice, on démarre, au choix, sur le port ou sur la place Masséna, et on explore le vieux centre en se laissant guider par les couleurs de la plus belle cité de Provence. À Paris, enfin, on ouvre l’œil : la ville regorge d’allées pittoresques et de parcs secrets, que ce soit sur la rive gauche, dans le Marais ou près des berges du Canal. Et quand on est enfin perdus, on résiste aux sirènes de la géolocalisation : c’est justement le moment de s’asseoir dans un café, de sortir son plus beau sourire, et de demander aux locaux ce qu’il y a à voir dans le coin. On pourrait bien vous parler d’une petite exposition confidentielle, ou d’un restaurant à tomber par terre. Le plaisir de la découverte, même à quelques pas de votre hôtel Le Méridien. Guettez les couleurs S’il faut une autre bonne raison de partir au hasard, la voici en deux mots : art urbain. Car si les villes faisaient autrefois la guerre aux graffitis, elles accueillent aujourd’hui volontiers l’expression libre sur leurs murs. Et on s’en réjouit. Que ce soit à Belleville (Paris), Camden (Londres) ou Schlachthof (Munich), c’est souvent au hasard des ruelles que l’on découvre ces fresques colorées, oniriques ou engagées, exécutées par de grands noms comme par des inconnus. Et en fin de journée, peut-être que votre sens de l’orientation musclé par la flânerie saura vous ramener sans carte au Méridien… Un nouveau voyage vous y attendra, au gré de vos envies de convivialité et de soleil. CULTIVEZ LA SPONTANÉITÉ Un voyage réussi est un voyage qui nous ressemble. Que Mona Lisa nous pardonne, mais à quoi bon faire la queue au Louvre si l’on ne jure que par l’art contemporain ? Alors on s’autorise, si c’est l’humeur du jour, à manquer la tour Eiffel à Paris, la National Gallery à Londres, le musée Matisse à Nice ou le Rathaus à Munich. Et on se concentre sur nos véritables envies. À contre-courant s’il le faut. En piochant tout en bas, ou tout à fait à côté, de la liste des « incontournables » martelée par les grands guides. Parce qu’une galerie ou un musée secret, trouvés au coin d’une rue à quelques encablures de son hôtel Le Méridien, peuvent s’avérer bien plus enrichissants que les grandes institutions. En voyage comme à la maison On se laisse aussi guider par ses propres passions, son propre bien-être : si on a l’habitude chez soi de faire une heure de fitness ou de yoga par semaine, pourquoi ne pas garder ce rythme en voyage ? Si l’on est féru de cuisine et de bons produits, on file admirer les étalages des marchés du coin. Ou alors, on franchit le pas, on s’inscrit à un cours sur un sujet qui nous chatouille depuis longtemps. La clé étant, bien sûr, de goûter chaque moment et de prendre son temps. Bref, de s’offrir de vraies vacances avec les hôtels Le Méridien. Quitte à bouleverser les horaires… Les grandes villes européennes tournant sur 24 heures, on peut sans inquiétude décaler le lever ou les repas pour saisir l’opportunité quand elle se présente. Vivez local Dans cette quête de fraîcheur et de naturel, il peut être intéressant de consulter les sites utilisés par les locaux, ceux qui donnent l’agenda des jours qui vous concernent : le magazine Time Out, notamment, regorge de bons conseils sur Londres, Paris et Munich. Une application peut aussi s’avérer utile : par exemple, Spotted By Locals rassemble les conseils des résidents sur les meilleurs endroits à visiter dans votre quartier, tandis que Nearify recense les événements à proximité. Mais c’est peut-être aussi au Méridien, à l’occasion d’une rencontre sur la terrasse ou d’un échange avec le personnel, que l’on vous donnera les meilleurs conseils ? VOYAGEZ EN TRAIN C’est le moyen de transport préféré des amoureux du voyage. Celui qui vous emporte à travers un paysage toujours changeant. Qui sait prendre son temps, ou filer comme le vent, selon les besoins. Et celui dont la légende chatouille l’imaginaire : qui n’a pas rêvé de monter un jour à bord de l’Orient Express pour revivre la splendeur d’une époque révolue ? Et si les trains modernes n’ont plus de nappes blanches au wagon-restaurant, ils n’en présentent pas moins de nombreux avantages… Ils circulent rapidement, vous épargnent de longues attentes, et vous emmènent jusqu’au cœur des villes, au plus proche de votre hôtel Le Méridien. Alors, puisque l’Europe regorge de lignes à grande vitesse, on se réserve un siège côté fenêtre, et on regarde défiler le pays… Profitez des lignes locales À Nice, on passe les portes de son hôtel Le Méridien pour prendre place à bord du Train des Pignes, une ligne historique qui relie la Cité des Anges à Digne-les-Bains à travers un paysage somptueux. Montagnes, chutes d’eau, champs de lavande et de châtaigniers : c’est toute la Provence qui se déroule sous nos yeux. De quoi donner envie de descendre dans l’un ou l’autre village, pour siroter un verre à l’ombre des platanes… Entre mai et octobre, le service est assuré par un train à vapeur sur certains tronçons. Du côté de Paris, Londres et Munich, on profite des nombreux trains régionaux pour s’évader de la ville, pour quelques heures, à la rencontre des rivières et des forêts alentour. Une bouffée d’air frais, avec la certitude de retrouver le confort de son hôtel Le Méridien en fin de journée. Paris, capitale des gares transformées Pour retrouver le décor d’une gare sans quitter la ville, on profite de la passion parisienne pour la transformation d’anciennes gares en lieux de vie. On pense au musée d’Orsay, bien sûr… et on ne se prive pas d’aller y admirer quelques chefs-d’œuvre, si le cœur nous en dit. Mais si l’on est d’humeur plus festive, on se dirige vers la Recyclerie, dans le 18e arrondissement, pour profiter d’une ambiance décontractée avec vue sur les rails désaffectés de la Petite Ceinture. Ou on opte pour la Gare, dans le 19e, une salle de concerts pointue en jazz et en bons moments. Et si c’est l’atmosphère Belle Époque qui nous attire, direction le restaurant Le Train Bleu pour prendre place sous les dorures et les boiseries inspirées de la célèbre ligne.
Cet automne, les hôtels Le Méridien osent l’hédonisme. Au Soleil, le concept lancé en 2018, offre une atmosphère intensément méditerranéenne. Créez vos souvenirs, écrivez vos mémoires, flânez sans but, cultivez la spontanéité.
https://le-meridien-au-soleil.lemonde.fr/?utm_source=INFLOW-ALIAS
mlsum-fr-1096
Julien Green, en janvier 1930. George Hoyningen-Huene/Conde Nast via Getty Images Journal intégral. 1919-1940, de Julien Green, édition établie par Guillaume Fau, Alexandre de Vitry et Tristan de Lafond, Robert Laffont, « Bouquins », 1 332 p., 32 €. « Cette histoire, c’est l’autre roman de la rentrée ­littéraire », s’amuse Guillaume Fau. Le responsable du fonds Julien Green de la Bibliothèque nationale de France (BNF), où il est conservateur en chef au département des manuscrits, ne croit pas si bien dire. Tant de fantasmes ont ­accompagné la sortie du premier tome – les années 1929 à 1940 – du Journal intégral de l’auteur de Moïra (Plon, 1950), « à 60 % inédit », et la découverte de son ­contenu intensément sexuel, que l’on a vite été plongé dans une étonnante fiction. Rêveries érotiques Ainsi donc, le grand écrivain ­catholique Julien Green (1900-1998) a passé sa jeunesse à courir les pissotières, multipliant les aventures homosexuelles, partageant ses amants avec l’homme de sa vie, l’écrivain et journaliste Robert de Saint Jean (1901-1987). Ainsi, son journal, dont il publia dix-sept volumes entre 1938 et 1996, était tronqué, privé des descriptions précises de rêveries érotiques et de dragues, de corps et d’actes qui, en réalité, remplissaient ses carnets. Pourtant, tout était connu depuis toujours. Tout avait été dit et redit par Julien Green, à de multiples reprises, dans son journal ou son autobiographie Beaucoup, en les découvrant dans ce volume, qui les rétablit toutes, ont cru assister à une révélation. Plus précisément : à la ­révélation de turpitudes, déclenchant illico son avalanche de ­qualificatifs réflexes. C’était donc un hypocrite, ce Green, un tartuffe des backrooms – avant l’heure. Tel est le grand récit fictif et passablement puéril qui est alors né : celui d’une divulgation émoustillante et scandaleuse (mais pourquoi, au fait ?) de la sexualité cachée d’un homme. Pourtant, tout était connu ­depuis toujours. A l’exception peut-être de la nature exacte de sa relation avec Robert de Saint Jean, qu’il prétendait platonique, rien n’est surprenant ; tout avait été dit et redit, à de multiples reprises, dans son journal, son autobiographie ou des entretiens. Qu’étions-nous supposés comprendre quand Julien Green écrivait en 1995, dans son journal publié, que, jeune homme, il « menai[t] une vie d’aventures » et de « débauches » – dont la nature homosexuelle était elle-même depuis longtemps publique ? Que restait-il à imaginer lorsqu’il notait, en 1968, par exemple, toujours dans un tome publié, que « les neuf dixièmes de ce journal sont occupés par des descriptions de plaisirs charnels » ? Il ne restait qu’à lire, qu’à voir comment il s’y prenait pour transformer tout cela en art. C’est ce qui nous est offert. Et le résultat est éblouissant.
Histoire d’un livre. Après quinze années d’infructueuses tentatives, Guillaume Fau, le responsable du fonds Julien Green de la Bibliothèque nationale de France, a finalement pu publier son éblouissant « Journal intégral ».
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/11/01/journal-integral-de-julien-green-amour-mystique-et-contingences_6017658_3260.html
mlsum-fr-1097
Un portrait du premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, s’affiche sur l’écran d’un usager à Addis-Abeba, le 11 octobre. MAHEDER HAILESELASSIE / REUTERS Tribune. Quand Abiy Ahmed, le premier ministre éthiopien, s’est vu décerner le prix Nobel de la paix, vendredi 11 octobre, « pour ses efforts en vue d’arriver à la paix et en faveur de la coopération internationale » avec l’Erythrée voisine, une forme d’incompréhension s’est fait jour au sein des experts de la région. La décision du comité a notamment été comparée à celle, dix ans plus tôt, de récompenser Barack Obama. Les deux hommes, en particulier, ont reçu leur prix quelques mois après leur entrée en fonction, ce qui semble contradictoire avec un point d’achèvement, en l’occurrence dans les efforts en faveur de la paix. Cette comparaison trouve vite ses limites. Barack Obama, dirigeant élu démocratiquement, était encore loin de ses prochaines échéances électorales. Abiy Ahmed a été élu, en interne, à la tête de la coalition au pouvoir en Ethiopie, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF). Surtout, contrairement au président américain, le prix lui a été décerné en raison de ses « actions concrètes et décisives dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationale ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un prix Nobel pour Abiy Ahmed, le faiseur de paix éthiopien Le comité s’attendait à s’exposer à des critiques. Ses membres avaient anticipé qu’on leur reprocherait d’avoir agi de façon précipitée. Ils ne se doutaient pas, par ailleurs, qu’une dizaine de jours plus tard, le nouveau récipiendaire tiendrait des propos fort peu pacifiques à l’encontre du voisin égyptien au sujet de la future mise en eau du barrage éthiopien de la Renaissance, laquelle exacerbe la vieille dispute entre les deux pays sur la gestion des eaux du Nil. Abiy Ahmed a affirmé devant le Parlement éthiopien que son pays « pouvait être en état de marche pour une guerre » contre l’Egypte, avec « des millions » de soldats, avant d’ajouter que cette perspective serait « une erreur pour toutes les parties ». Pas un blanc-seing Cela n’est pas en contradiction avec un prix Nobel visant principalement à reconnaître des efforts fournis en faveur de la paix et à formuler un encouragement à poursuivre. Cette récompense, en effet, n’est pas un blanc-seing mais un geste à l’égard d’un dirigeant parvenu aux manettes d’un pays au bord du précipice. Les commentateurs les plus critiques ont préféré souligner ses manquements, plutôt que d’observer les ambitions et les projets en cours. Ce biais cognitif s’observe hélas assez fréquemment chez les spécialistes que nous sommes, même si ce travers de l’esprit critique n’enlève rien à la validité des inquiétudes formulées. Il a été relevé qu’Abiy Ahmed avait reçu un prix Nobel pour une paix encore introuvable. C’est à notre avis oublier l’essence de la pensée d’Alfred Nobel (1833-1896), qui appartenait au courant idéaliste, laquelle met en avant la résolution des disputes et conflits par des voies légales, notamment l’arbitrage. Abyi Ahmed s’inscrit dans cette lignée. Ce n’est donc pas l’attribution du Nobel de la paix qui doit être discutée, mais la philosophie même de ce prix. Lire aussi Les réactions au prix Nobel de la paix décerné à Abiy Ahmed, entre fierté et prudence L’Ethiopie avait été accusée par l’Erythrée de ne pas respecter le droit international dans le cadre du règlement du litige frontalier entre les deux Etats, qui avait été l’un des facteurs déclenchant de leur guerre, de 1998 à 2000. Après la fin du conflit ouvert, une commission d’arbitrage international avait rendu une décision concernant le tracé de leur longue frontière, qui n’avait pas été appliquée. Pendant deux décennies, une situation de « ni guerre ni paix » a prévalu, justifiant notamment en Erythrée le maintien d’un service national illimité, de graves restrictions à la liberté de circulation et d’expression ainsi que des arrestations et des disparitions arbitraires. On note que les frontières terrestres ont été de nouveau fermées, un an après la phase de détente entre l’Ethiopie et l’Erythrée, et que les négociations sont au point mort. Cela est dû en grande partie à l’intransigeance du président érythréen, Issayas Afeworki. Le prix n’a pas été partagé entre les deux dirigeants et le président érythréen s’est même dispensé de féliciter son homologue. Il n’empêche : ce prix Nobel a été attribué pour récompenser une forme de courage politique. La paix n’est pas encore conclue de façon complète, mais elle demeure un objectif réaliste. Tentative d’assassinat Les critiques soulignent également ce qu’ils estiment être une certaine forme de cécité du comité Nobel sur la situation intérieure en Ethiopie, même si ses membres ont précisé être « conscients que beaucoup de travail reste encore à faire ». Au cours de ses cent premiers jours au pouvoir, Abiy Ahmed a levé l’état d’urgence, libéré des prisonniers politiques, légalisé des partis d’opposition, mis fin à la censure des médias. Des responsables ont été arrêtés pour corruption et violations des droits humains. Il a aussi introduit des réformes économiques et nommé le premier gouvernement paritaire du continent. Une femme est présidente pour la première fois dans l’histoire du pays. Ces réformes sont-elles symboliques, superficielles ? Le premier ministre est-il accaparé par son image internationale aux dépens des conflits internes ? Abiy Ahmed, pour l’heure, semble user de son charisme pour avancer réconciliation et réformes, mais la situation intérieure de l’Ethiopie demeure inquiétante. De plus, des réformes si rapides et radicales créent de nouvelles tensions. Fin juin, le premier ministre a déclaré que le gouvernement avait échappé à un coup d’Etat. La refonte de l’appareil sécuritaire explique en partie la recrudescence des conflits ethniques dans le pays. Abiy Ahmed a survécu à au moins une tentative d’assassinat. Les tensions ethniques et fédérales engendrées en partie par les nouvelles libertés et par un passage à vide sécuritaire ont créé une nouvelle forme d’instabilité jugée dangereuse. Des millions de personnes ont été déplacées. La crainte d’une fragmentation du pays par la violence est fondée. Les partisans du premier ministre espèrent que l’aura du prix Nobel de la paix lui donnera un atout supplémentaire pour mener à bien ses réformes et maîtriser la situation à l’intérieur. Les craintes, à l’inverse, sont qu’à force de se concentrer sur le charisme et ses capacités personnelles, le chef de l’Etat s’isole et soit tenté par une dérive autocratique. Il est trop tôt pour désespérer, mais il est temps de reconnaître que le comité du prix Nobel a su reconnaître l’espoir qu’Abiy Ahmed a fait naître en Afrique. La véritable question est de savoir s’il sera capable de répondre aux attentes qu’il suscite. « A bout de souffle » Le principal reproche que nous pourrions adresser à cette distinction est que, par certains côtés, elle s’inscrit dans la continuité de pratiques récentes des grandes puissances à l’égard de l’Ethiopie. Meles Zenawi, l’homme qui avait façonné l’Ethiopie récente de 1991 à 2012, a instauré un système dominé par son parti, le Front de libération du peuple tigréen (TPLF), ancré dans une minorité ethnique, ce qui a conduit le pays au bord de la guerre civile en décimant l’opposition politique et la société civile. Pour une partie des chercheurs, le système politique en place était « à bout de souffle ». Or malgré cela, la communauté internationale a soutenu le pouvoir éthiopien dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, voyant dans ce pays pivot de la Corne de l’Afrique une puissance régionale essentielle dans ce combat, d’où le manque de réactions face au non-respect par l’Ethiopie du droit international dans son conflit avec l’Erythrée. Comme Meles Zenawi, Abiy Ahmed est fortement soutenu à l’extérieur, dans une ferveur sans doute disproportionnée. Quant au prix Nobel, il s’expose à être décerné au mauvais moment, sept mois seulement avant des élections qui, si elles ont lieu, menacent de plonger le pays dans des troubles accrus. Mais au fond, la remise du Nobel est une forme de rappel que la paix et la démocratie vont de pair et qu’il est peu souhaitable de chercher à les dissocier. Les critiques, enfin, ont peut-être sous-estimé le pouvoir symbolique de ce prix. L’arrivée d’Abiy Ahmed avait déjà suscité un élan d’espoir dans les opinions publiques des pays voisins. Il a d’ailleurs souligné que ce Nobel était décerné à lui-même et à l’ensemble du continent africain. L’institution norvégienne a pour principe d’attribuer le Nobel de la paix pour récompenser un combat « en faveur » de la paix ou « en soutien » à un parcours qui est en train de se dessiner vers celle-ci. Le comité a confié à Abiy Ahmed un drôle de défi, une sorte de récompense qui l’oblige à présent à de nouveaux résultats. Sonia Le Gouriellec est maîtresse de conférences en science politique à l’Université catholique de Lille. Sonia Le Gouriellec
Pour la chercheuse Sonia Le Gouriellec, le prix Nobel de la paix remis au premier ministre Abiy Ahmed est « une récompense qui l’oblige à de nouveaux résultats » alors que les manifestations de la semaine ont fait 67 morts.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/26/le-comite-du-prix-nobel-a-su-reconnaitre-l-espoir-qu-abiy-ahmed-a-fait-naitre-en-afrique_6016999_3212.html
mlsum-fr-1098
Un dépliant a été distribué aux enfants pour expliquer de manière ludique les enjeux de la manifestation du samedi 10 août. VIVEK PRAKASH / AFP Plusieurs centaines de familles sont descendues dans les rues de Hongkong, samedi 10 août au matin, pour manifester leur soutien au mouvement prodémocratie. Le territoire à statut spécial connaît depuis deux mois des manifestations d’une ampleur inédite contre l’influence grandissante de la Chine sur les affaires de la région, rétrocédée à Pékin par le Royaume-Uni en 1997. L’ambiance bon enfant de ce rassemblement contrastait avec les affrontements de plus en plus violents qui ont marqué les récentes manifestations prodémocratie à Hongkong. Sur un petit dépliant multicolore distribué dans les rangs des familles qui manifestaient, un abécédaire explique le mouvement de protestation de manière ludique aux enfants : A pour « Angry » (colère), D comme « demonstration » (manifestation) ou encore P comme « protestation » (contestation). Faye Lai, employée dans un théâtre, avec sa nièce de 3 ans en poussette, déclare manifester dans l’espoir que ce rassemblement aide les plus jeunes à comprendre la crise qui secoue Hongkong : « Nous devons expliquer aux enfants la situation dans laquelle se trouve actuellement Hongkong et leur apprendre à quoi ressemble une bonne société. L’avenir appartient aux enfants. L’avenir de Hongkong leur appartient. Nous luttons pour les droits dont les enfants devraient jouir », a-t-elle déclaré à l’Agence France-Presse. Le mouvement des « cheveux d’argent » Née du rejet d’un projet de loi controversé de l’exécutif hongkongais pro-Pékin qui voulait autoriser les extraditions vers la Chine, la mobilisation a depuis considérablement élargi ses revendications, avec en ligne de mire le pouvoir central chinois. Cette mobilisation de familles qui se veut un rassemblement pour « l’avenir de nos enfants », avait été autorisée par les autorités contrairement à plusieurs autres prévues par les protestataires qui prévoient d’intensifier leurs manifestations au cours du week-end, y compris la poursuite d’un sit-in de trois jours à l’aéroport international commencé vendredi et rassemblant des milliers de personnes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Chine dénonce une situation instable et très grave à Hongkong « A ce stade, nous nous devons de participer à tous les événements, surtout ceux qui ont à cœur les générations futures, pas seulement les manifestations et les marches », a estimé Roger Cheng, un employé de bureau âgé de 50 ans. « Comme aujourd’hui, c’est à la prochaine génération de comprendre l’importance d’un avenir. » Des personnes âgées avaient organisé samedi un rassemblement, baptisé « cheveux d’argent », et délivré des pétitions au quartier général de la police et au bureau de la chef de l’exécutif de Hongkong Carrie Lam, pour marquer leur soutien au mouvement.
La mobilisation de samedi matin est la seule du week-end autorisée par les autorités, qui font face depuis sept semaines à une forte mobilisation contre l’influence de la Chine sur la région.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/10/hongkong-des-centaines-de-familles-marchent-pour-le-mouvement-prodemocratie_5498356_3210.html
mlsum-fr-1099
Le périphérique parisien le 4 décembre 2016. PHILIPPE LOPEZ / AFP Que faire des quelque 170 portiques écotaxe installés au-dessus des routes françaises en 2013 et jamais mis en service à la suite de la crise des « bonnets rouges » ? Certains ont été vandalisés, incendiés, démontés. A Paris, les quatre portiques du périphérique sont intacts, et la mairie a son idée pour les réemployer : elle veut les utiliser pour mieux gérer la circulation sur le boulevard de 35 kilomètres qui entoure la capitale. La Ville de Paris s’apprête donc à les racheter à l’Etat, leur propriétaire actuel, qui n’en a plus l’usage. « Le principe est acquis », indique Christophe Najdovski, l’adjoint d’Anne Hidalgo chargé des transports. La procédure d’achat, actuellement en cours, devrait aboutir d’ici à la fin de l’année. Le prix ne devrait pas dépasser quelques dizaines de milliers d’euros. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les idées se multiplient pour transformer le périphérique parisien Caméras spécifiques Les portiques concernés avaient été posés durant l’été 2013 par la société Ecomouv’, dans le cadre d’un plan visant à diminuer les transports routiers jugés polluants. Comme dans le reste de la France, ces installations devaient permettre d’identifier les poids lourds en circulation et de vérifier qu’ils avaient bien acquitté la fameuse écotaxe, dont la création avait été votée en 2009 à l’unanimité par la gauche et la droite. A Paris, quatre sites avaient été retenus, correspondant à quatre quarts de la boucle du périphérique : porte de Clignancourt, porte de Bagnolet, porte de Vanves et porte Maillot. Chaque portique avait été équipé d’une série de capteurs et de caméras, et d’une balise micro-ondes. La mise en service devait intervenir au 1er octobre 2013. Mais l’opposition violente d’une partie des agriculteurs et des routiers, notamment des « bonnets rouges » en Bretagne, a conduit à l’ajournement puis à l’abandon du projet, définitivement enterré par l’Assemblée nationale en novembre 2016. « Comptage plus précis » Depuis, la question du réemploi des portiques était posée. A Paris, les fonctionnaires chargés de surveiller le périphérique ont vite vu l’intérêt de les récupérer. Près de 200 caméras classiques sont déjà placées le long du boulevard. Mais les portiques écotaxe sont équipés de caméras spécifiques, qui permettent de lire les plaques d’immatriculation. « Nous pourrons ainsi obtenir un comptage plus précis, plus fin, des véhicules, en distinguant les voitures, les bus, les camions et les deux-roues, se réjouit déjà un responsable de la voirie. Cela pourrait nous aider à mieux gérer le trafic sur ce boulevard très engorgé. » A moyen terme, les portiques pourraient remplir un deuxième rôle. Dans le cadre des réflexions en cours sur l’avenir du périphérique, la Mairie de Paris envisage de réserver une voie du périphérique aux véhicules propres, aux transports en commun, au covoiturage, aux taxis et aux véhicules de secours. Une façon de donner un avantage aux véhicules jugés vertueux ou prioritaires. Une expérience en ce sens pourrait être tentée dès 2020, a indiqué mardi 11 juin Jean-Louis Missika, l’un des adjoints d’Anne Hidalgo, en marge du conseil de Paris. « Les portiques installés pour le contrôle de l’écotaxe pourraient être réutilisés pour assurer le respect de cette voie réservée », avancent, parmi d’autres, les élus parisiens du parti Les Républicains.
Les quatre équipements, jamais utilisés, doivent permettre de mieux compter les véhicules sur le boulevard. Puis peut-être d’assurer le respect de la future voie réservée aux voitures propres.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/13/la-ville-de-paris-va-acheter-les-portiques-ecotaxe-du-peripherique_5475905_823448.html
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Diego Maradona salue les 30 000 supporteurs venus l’acclamer, le 8 septembre, au stade du Gimnasia de La Plata. AGUSTIN MARCARIAN / REUTERS Depuis son opération du genou, subie fin juillet, il a du mal à marcher. Alors, la voiturette de golf l’attend à la sortie du tunnel et l’emmène lentement jusqu’au centre du stade Juan Carmelo Zerillo, plus connu sous le nom d’« El Bosque ». Ce dimanche 8 septembre, Diego Maradona, 58 ans, porte le jogging et le sweat à capuche de son nouveau club, Gimnasia y Esgrima La Plata, et une casquette blanche à visière plate flanquée du numéro 10. Dans les tribunes, il y a, pour assister à l’arrivée du nouvel entraîneur, 30 000 supporteurs du Lobo – le « loup », surnom du Gimnasia. Euphoriques, ils entonnent les chants classiques en l’honneur de leur nouvel entraîneur, « Olé, olé, olé, olé, Diego, Diego », puis « celui qui ne saute pas est un Anglais », une référence au doublé de Maradona contre l’Angleterre en quart de finale du Mondial 1986, quatre ans après la guerre des Malouines, qui avait coûté la vie à 649 soldats argentins. #MaradonaEnTNTSports | "Olé, olé, Diego" 🔟 Diego #MaradonaEnGimnasia https://t.co/1Sw7z3bBTi — TNTSportsLA (@TNT Sports LA) « En étant témoin de ce que provoque ce totem vivant qu’est Maradona, j’ai compris pourquoi on a tant de fois dit de lui qu’il est le plus terrestre des dieux. L’événement pourrait se résumer à cette anecdote : les joueurs du Gimnasia ont été surpris de voir que plusieurs des centaines de photographes présents ne pouvaient pas faire leur travail parce qu’ils pleuraient à la vue de cette nouvelle résurrection de Maradona », relate l’écrivain Daniel Krupa, présent au stade, et auteur de Gelp ! (Club Hem Editores, 2013), une nouvelle sur son club de cœur. « Maradona est un faiseur de miracles, alors pourquoi pas ? » L’Argentine, le « dieu du football » s’en était éloigné depuis son éviction de la sélection nationale, en 2010, suite à la déroute de l’Albiceleste en quart de finale de la Coupe du monde en Afrique du Sud, face à l’Allemagne (4-0). Une expérience de courte durée, après des années marquées par de graves problèmes d’addictions et de santé – victime d’un malaise cardiaque, il a frôlé la mort en 2004 –, qui ont prolongé une fin de carrière déjà entrecoupée par les suspensions liées à la cocaïne et autres produits dopants. Pour prolonger son parcours d’entraîneur et chercher sa nouvelle place dans un football qui ne ressemble guère à celui de son époque, Maradona avait choisi l’exil. Pour lui, il s’agissait surtout, comme d’autres anciennes gloires du ballon rond, de continuer à vendre son image dans le monde. Après des piges dans des clubs de seconde zone à Dubaï, aux Emirats arabes unis, en Biélorussie et au Mexique, El Diez fait donc son grand retour au pays, à La Plata, capitale de la province de Buenos Aires. Dans un club, Gimnasia, considéré comme « le doyen de l’Amérique » du fait de ses cent trente-deux ans d’existence, actuellement dernier du championnat argentin, au bord de la relégation en deuxième division, et qui joue dimanche 15 septembre contre le Racing Club de Avellaneda. « C’est un club passionnel, populaire, qui va faire du bien à Diego », juge son ancien coéquipier en sélection, Pedro Troglio, très lié au Gimnasia, qu’il entraînait jusqu’au mois de février. « Avec lui, les supporteurs vont retrouver de l’espoir. Peu importe ce qu’il se passe, ils vont être heureux de l’avoir. Et puis, Maradona est un faiseur de miracles, alors pourquoi pas ? » Diego le péroniste Lors de sa conférence de presse de présentation, Diego Maradona, émotif, a très peu évoqué le Gimnasia, hormis pour reconnaître qu’il connaissait à peine l’effectif du club. Il a, en revanche, aisément fait revivre ses souvenirs de joueur et de sélectionneur, conquérant une assistance venue davantage pour cela que pour l’interroger sur ses concepts tactiques et son projet de jeu à la tête du Lobo. « Personne en Argentine ne s’attend à ce que Maradona fasse mieux que les entraîneurs habituels du football local. En revanche, il a déjà vendu deux mille maillots et fait venir quatre mille nouveaux abonnés à lui tout seul. Dans l’Argentine d’aujourd’hui, où tout est incertain, les supporteurs achètent avant tout une illusion », analyse Diego Murzi, sociologue et vice-président de l’ONG Sauvons le football. Diego Maradona sort de la gueule du loup, emblème du Gimnasia La Plata, le 8 septembre. Marcos Brindicci / AP Ce retour de l’un des grands héros argentins du XXe siècle est bercé d’une dimension spirituelle, qui va bien au-delà du sportif. En surgissant une énième fois et en remémorant son glorieux passé, Maradona entretient son propre mythe. « Il a survécu à la misère, aux blessures, à la drogue, aux scandales, et même presque à la mort, poursuit M. Murzi. Tout cela alimente son statut d’idole populaire. Cette résurrection, qui pourrait être la dernière, intervient qui plus est dans un contexte politique particulier : le probable retour du péronisme au pouvoir et la fin du cycle de Mauricio Macri [le président argentin de centre droit], l’un des grands ennemis de Maradona. » A son arrivée à Gimnasia, le « gamin en or » a été chaleureusement salué par Giselle Fernandez, la sœur de l’ancienne présidente péroniste Cristina Fernandez de Kirchner (2007-2015). Native de La Plata et colistière d’Alberto Fernandez, grand favori de l’élection présidentielle qui aura lieu en octobre, « CFK » est issue d’une famille de supporteurs du Lobo. Une manière de rappeler qu’en Argentine plus qu’ailleurs, football et politique sont intimement liés. Surtout quand il s’agit de Diego Armando Maradona.
Après un long exil à l’étranger, Diego Armando Maradona fait son retour en Argentine pour diriger le club de Gimnasia La Plata, avec qui il débute dimanche face au Racing club de Avellaneda.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/14/en-argentine-l-icone-maradona-brille-toujours_5510353_3242.html