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mlsum-fr-1101
Annegret Kramp-Karrenbauer, la chef de file de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) en Allemagne, à Munich, le 6 juin 2019. MICHAEL DALDER / REUTERS Il s’en est fallu de plusieurs jours de polémiques, mais au bout du compte, Annegret Kramp-Karrenbauer (« AKK ») en a eu assez. « Etant donné ce que je vois à l’AfD en ce moment, je ne peux imaginer aucune coopération avec ce parti », a déclaré la présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) sur le plateau d’Anne Will, la grande émission de débat politique du dimanche soir à la télévision publique. Dès lundi 24 juin, la direction de la CDU mettait en garde les membres du parti de centre droite contre tout rapprochement avec le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). Au cours d’une réunion à Berlin, les caciques du parti de la chancelière Angela Merkel ont réaffirmé une décision que la CDU avait pourtant déjà adoptée lors de son dernier congrès, en décembre 2018. Une fois de plus, le parti a rejeté « toute coalition ou forme similaire de coopération avec l’AfD ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Allemagne, la présidente de la CDU en pleine tourmente Pour la chef de la CDU, il était temps de remettre un peu d’ordre, alors que des élections régionales dans trois Länder de l’Est sont prévues à l’automne. Des sondages publiés récemment ont placé l’AfD en tête des partis en lice dans le Brandebourg et en Saxe, qui voteront tous les deux le 1er septembre. Aussi, des responsables de la CDU n’hésitent plus à faire des œillades plus ou moins appuyées à l’AfD. « Ouverture et pluralisme » C’est l’ancien président fédéral, Joachim Gauck, qui a ouvert le bal, le 15 juin, appelant les Allemands à faire preuve de plus de « tolérance » envers leurs compatriotes proches de l’extrême droite. « Il ne faut pas assimiler tous les ultraconservateurs à une menace pour la démocratie », avait dit l’ancien président, officiellement sans parti mais proche de la CDU, à l’hebdomadaire Spiegel. Rappelant que la CDU s’était rapprochée du centre en s’éloignant de ses racines conservatrices, il a appelé le parti à ramener au bercail les électeurs pour lesquels « la sécurité et la conformité sociale ont plus d’importance que la liberté, l’ouverture et le pluralisme ». « Gauck ne veut pas faire de toute l’AfD un ennemi », a résumé le quotidien conservateur Frankfurter Allgemeine Zeitung. Lire aussi L’extrême droite allemande échoue à obtenir sa première mairie Les propos de Joachim Gauck n’ont pas manqué de créer une polémique. Mais l’ancien président a pu compter sur le soutien sans faille d’un leader de la CDU qui joue gros en septembre. Michael Kretschmer, le ministre-président de Saxe, s’est empressé de qualifier ces propos d’« évidence même ». Le chef du gouvernement régional saxon est connu pour son ton souvent conciliant envers l’extrême droite, particulièrement bien implantée dans sa région.
Dans les Länder de l’Est, des élus chrétiens-démocrates brisent un tabou en suggérant des rapprochements avec le parti d’extrême droite.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/28/des-elus-cdu-tentes-par-une-alliance-avec-l-afd_5482575_3210.html
mlsum-fr-1102
Thierry Garnier au salon Viva Technology, à Paris, en juin 2017. XAVIER POPY / REA Kingfisher a un problème de tuyauterie. Sur le papier, le groupe qui comprend Castorama et Brico Dépôt en France, B & Q et Screwfix au Royaume-Uni, assure que tout fonctionne. Andy Cosslett, son président, en est en tout cas persuadé : « La stratégie décidée il y a trois ans et demi était courageuse, et c’était la bonne. » Et pourtant, ça fuit. Le chiffre d’affaires stagne, la rentabilité chute et le cours de Bourse a perdu le tiers de sa valeur en deux ans. Ses enseignes de bricolage prennent l’eau, Castorama en tête. Le 20 mars, un projet de fermetures de magasins a été annoncé, parmi lesquels, en France, neuf Castorama et deux Brico Dépôt, tous déficitaires, d’ici à 2020. Une décision concernant 789 salariés. Avec Thierry Garnier, qui prend mercredi 25 septembre la direction du groupe, Kingfisher espère avoir trouvé un bon plombier. Pas un visionnaire, mais un homme qui pourra arrêter les fuites et s’assurer que le système fonctionne. Car la stratégie semble déjà décidée pour lui : « Nous voulons utiliser notre taille », explique M. Cosslett. En clair, le fait d’être un des premiers groupes de bricolage au monde pour faire des économies d’échelle, centraliser les commandes, développer ses marques propres, améliorer la plate-forme informatique et les ventes en ligne… Il s’agit d’enfin réussir la fusion entre B & Q et Castorama, officiellement réalisée en 1998, mais qui n’a jamais vraiment pris. M. Garnier a fait l’essentiel de sa carrière chez Carrefour Cette vision, lancée en 2016, porte un nom : « One Kingfisher. » Elle était portée par Véronique Laury, la directrice générale sortante, à la tête du groupe depuis 2015. Seul problème, mais de taille : « Sa mise en œuvre », reconnaît M. Cosslett. Pour l’instant, les effets positifs de la restructuration ne se font pas sentir. En mars, le groupe a annoncé sans ménagement que la Française était écartée, au milieu de la réalisation de son plan de redressement de cinq ans. Sa mise à la porte était officialisée alors que le nom de son successeur n’était pas encore connu. Il est bien loin le temps où l’ancienne de Leroy Merlin et de Castorama, surnommée à son arrivée « Mme Bricolage » par son équipe de communication, était célébrée pour être l’une des très rares femmes à diriger un groupe du Footsie 100, l’indice phare de la Bourse de Londres. M. Garnier, qui a fait l’essentiel de sa carrière au sein de Carrefour, est donc chargé de lui succéder pour resserrer les boulons. Officiellement, il pourra imposer la stratégie qu’il veut. « Il n’a pas de menottes et il pourra arriver à ses propres conclusions », promet M. Cosslett. De fait, il est attendu pour mettre les mains dans le cambouis : « Améliorer la chaîne de fournisseurs, le système informatique… (…) particulièrement à Castorama, qui est l’enseigne la moins centralisée de notre groupe, où il y a le plus de travail à faire », poursuit M. Cosslett.
Le nouveau patron de Kingfisher, la maison mère de l’enseigne de bricolage et Brico Dépôt en France et B&Q au Royaume-Uni, doit enrayer d’urgence le recul des ventes.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/24/thierry-garnier-le-plombier-au-secours-de-castorama_6012830_3234.html
mlsum-fr-1103
La réalisatrice Mati Diop avec son père Wasis Diop, le 2 août à Dakar, après la projection du film « Atlantique ». SYLVAIN CHERKAOUI POUR « LE MONDE » Il faut beaucoup de ferveur pour dégeler un mausolée stalinien comme le Grand Théâtre de Dakar. Dans le grand hall de marbre, avant la première projection publique au Sénégal d’Atlantique, le premier long-métrage de Mati Diop, la foule tourbillonnait, habillée par les meilleurs stylistes de la ville – représentants de l’Etat, artistes, intellectuels, journalistes, familiers. La haute silhouette de Wasis Diop, père de la réalisatrice et figure majeure de la musique sénégalaise, se détachait. Une caméra légère à la main, il filmait l’heure de gloire de sa fille. Le public vibrait déjà de curiosité, peut-être d’appréhension. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Sénégal, la timide renaissance des salles face aux plates-formes Tout ce qui avait précédé cette avant-première du 2 août – le grand prix reçu à Cannes, la réception, à son arrivée à Dakar, de Mati Diop et de l’équipe du film par le président Macky Sall, qui a décoré la cinéaste et ses collaborateurs de l’Ordre du Lion, le brouhaha sur les réseaux sociaux –, tout contribuait à exacerber les attentes, à multiplier les risques de déception. Atlantique arrivait auréolé de gloire mais aussi avec son étiquette de « film sur l’immigration clandestine ». La réalisatrice a grandi en France, elle ne parle pas la langue des personnages du film, le wolof. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Festival de Cannes 2019 : Mati Diop présente « Atlantique » en compétition Le désir – d’images, d’histoires, de cinéma – l’a emporté et de très loin, sur les réticences. Le grand théâtre de conception chinoise s’est transformé en vraie salle de cinéma, soulevée par des vagues de rire et de stupeur au fil de la découverte du destin d’Ada, la jeune fille qui voit celui qu’elle aime partir en mer, que ses parents veulent marier contre son gré, et qui, en cherchant sa voie, pénètre sur le territoire des revenants. Après la projection, c’était à peine si l’on distinguait un peu d’étonnement dans l’élan d’affection qui montait vers le film. Comment avait-elle fait pour saisir aussi justement le langage, la vie quotidienne d’un quartier de Dakar ? Un casting sauvage à Dakar Avant la projection, Mati Diop était montée sur scène entourée de toute son équipe. Les acteurs, dans leur majorité des débutants recrutés lors d’un long casting sauvage dans les quartiers populaires de Dakar, les deux productrices françaises, Judith Lou Lévy et Eve Robin, le producteur sénégalais Oumar Sall, l’équipe technique. Au milieu de cette petite foule, la réalisatrice a affirmé que la raison d’être d’Atlantique était là, dans cette rencontre entre le film et le public sénégalais. Lire aussi Les Films du Bal entrent dans la danse à Cannes L’avant-première au Grand Théâtre en a été la plus spectaculaire manifestation. Elle n’en était que l’une des étapes. Avec Oumar Sall, Mati Diop a voulu multiplier les rendez-vous, avec les médias, avec le public. Projection et conférence de presse ont précédé la soirée du 2 août. Le lendemain, le film sortait au Canal Olympia, salle ouverte début 2017 par le groupe Bolloré, le jour suivant au Complexe Ousmane Sembène, multiplexe d’un an plus jeune, construit par un entrepreneur sénégalais. A chaque fois, la réalisatrice a présenté elle-même son film. Le 5 août, elle organisait une projection à la faculté des lettres de l’Université Cheikh Anta Diop, suivie d’une discussion à laquelle participaient l’écrivain et universitaire Felwine Sarr, auteur d’Afrotopia (Philippe Rey, 2016) et le philosophe Bado Ndoye.
La réalisatrice a conquis le public dakarois auquel elle a présenté son film, lauréat du Grand Prix à Cannes.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/08/dakar-se-voit-au-miroir-de-l-atlantique-de-mati-diop_5497667_3246.html
mlsum-fr-1104
tivité. Coordonnées GPS : 40° 09’ 14’’ N 76° 43’ 28’’ O L’accident de 1979 A ce jour, Three Mile Island (Pennsylvanie) constitue le seul désastre nucléaire civil des Etats-Unis. En mars 1979, la seconde unité de la centrale, ouverte trois mois plus tôt sur cette petite île de la rivière Susquehanna, subit un dysfonctionnement dans le processus de refroidissement de son réacteur. L’incident, aggravé par des erreurs humaines, provoque sa fonte partielle. Il ne fait aucune victime, mais entraîne l’évacuation de 130 000 personnes. A l’arrêt durant six ans, la centrale reprend sa production, non sans susciter un débat sur les dangers de cette nouvelle énergie. Dans la foulée, plusieurs projets de construction de centrales nucléaires sont abandonnés. Une fermeture prématurée La centrale, qui fournissait de l’énergie à 830 000 foyers, était programmée pour fonctionner jusqu’en 2034. Mais, plus que la pression des militants écologistes, ce sont ses coûts de production – élevés face à un prix du baril de pétrole très bas – qui ont précipité sa fermeture : le dernier réacteur a été arrêté le 20 septembre. Le dirigeant d’Exelon Generation, opérateur privé de la centrale, a déploré que, « à l’heure où sont recherchées des sources d’énergie propre pour lutter contre le changement climatique », l’Etat de Pennsylvanie n’ait pas encouragé le maintien en activité du site. Un chantier de longue haleine Le démantèlement des tours de refroidissement ne débutera qu’en 2074, et ce n’est qu’en 2078 que l’ensemble des produits radioactifs seront évacués. Le tout devrait coûter 1,2 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros). En attendant, 300 des 515 salariés vont rester dans la centrale (ils ne seront plus que cinquante en 2022) afin d’assurer des opérations de maintenance. Les Etats-Unis ne disposent pas de site national d’enfouissement des déchets nucléaires. Pour l’heure, les déchets et matériels radioactifs de Three Mile Island devraient être conservés sur l’île, ce qui inquiète les défenseurs de l’environnement. Une filière en débat Le nucléaire fournit 19 % de l’électricité aux Etats-Unis (contre 72 % en France). Economiquement, l’énergie nucléaire est en concurrence notamment avec la filière du gaz naturel et la technique d’extraction par fracturation hydraulique, meilleur marché. Une seule centrale nucléaire a ouvert dans le pays depuis 2010. Mais, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique, le développement de la filière, défendu par certains candidats à la primaire démocrate, est revenu dans le débat public.
La centrale nucléaire de Pennsylvanie, à l’origine du plus grave accident nucléaire civil aux Etats-Unis, vient de cesser définitivement son activité.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/29/un-lieu-dans-l-actu-three-mile-island_6013541_4500055.html
mlsum-fr-1105
DAVID ADRIEN Parfois, des noms de famille deviennent prénoms. Chantal est, à l’origine, le nom de la baronne Jeanne de Chantal, devenue sainte à la fin du XVIIIe siècle. Mais ce n’est qu’à partir de 1940 que ce prénom se répand. D’origine aristocratique et adoubé par l’Eglise catholique, il acquiert assez vite une connotation « bourgeoise ». Dans les années 1950, le frère de Chantal, c’est Guy. Mais, horreur, voilà qu’un écrivain humoriste – Jacques Chazot – devient célèbre, en 1956, avec le personnage de Marie-Chantal, archétype de la grande bourgeoise trop précieuse, trop pompeuse, trop parisienne. Au mendiant qui lui dit « Merci », elle répond : « Merci qui ? » Marie-Chantal, qui n’avait jamais été beaucoup donné à des bébés, continue, jusqu’aujourd’hui, à vivre comme stéréotype. Stéréotype physique, mais également linguistique. La Marie-Chantal a aussi un accent, et elle vous dit « Merde ! », comme le souligne la linguiste Marie-Anne Paveau. « Chantalismus » Dès lors, la carrière du prénom Chantal est sur le déclin, pour disparaître des choix des parents dans les années 1980. Mais pas partout : Chantal fait partie des prénoms que nous avons réussi à exporter. Si la Grèce redevient monarchie, elle aura peut-être une Marie-Chantal pour reine (la princesse royale, Marie-Chantal Miller, née à Londres d’un père multimilliardaire américain). Petit succès en Allemagne aussi, où l’on relève tellement de bébés Chantal, à partir des années 1990, qu’un terme émerge : « Chantalismus ». Certains Allemands seraient atteints de Chantalismus, une sorte de maladie culturelle consistant à donner des prénoms exotiques ou anglo-américains à leurs enfants (Ayno-Sky, Bellafina, Noemy et Checillia…). En Allemagne, donc, le frère de Chantal, c’est Kevin. La connotation sociale du prénom est entièrement inversée. En passant le Rhin, les associations de ce prénom à l’Eglise (version « catho prout prout »), à Paris, à l’aristocratie (Madame de Sévigné était la petite-fille de Jeanne de Chantal)… et à « Marie-Chantal » ont toutes disparu.
Baptiste Coulmont est professeur de sociologie à l’université Paris-VIII et auteur de « Sociologie des prénoms » (La Découverte, 2014). Cette semaine, il explique pourquoi « Chantal » n’est plus donné en France mais rencontre un vif succès outre-Rhin.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/09/15/le-prenom-des-gens-chantal_5510765_4497916.html
mlsum-fr-1106
« Veep », saison 7. FR-tmdb OCS Go, à la demande, série Julia Louis-Dreyfus, qui interprète Selina Meyer, la vice-présidente de la série Veep, créée par Armando Iannucci en 2012, a reçu six statuettes aux Emmy Awards récompensant son interprétation d’une tonicité et d’une fantaisie aussi débridées que contrôlées. Elle vient d’être nommée pour une éventuelle septième alors que la série, interrompue en raison du cancer que l’actrice a soigné, a repris pour une septième saison, diffusée au printemps. On retrouve l’entourage brinquebalant de Selina, dispersé puis rassemblé presque au complet autour de celle qui finira par atteindre le but escompté : gravir l’échelon qui la mène de vice-présidente à présidente élue. Au prix des coups bas, des compromissions et des retournements de veste les plus incroyables. Se reforme aussi l’extraordinaire duo sur le mode « maître et valet » de Selina et Gary (l’extraordinaire Tony Hale), son assistant personnel qui la suit partout avec un sac en bandoulière d’où il sort à peu près tout ce dont sa vétilleuse patronne pourrait avoir besoin au gré de ses caprices, nombreux et changeants. Virtuosité des dialogues Tandis que Gary se fourvoie un temps dans une tâche où son seuil d’incompétence est vite atteint, il va trouver une concurrente redoutable et inflexible en Marjorie, l’ex-garde du corps et désormais épouse de la fille de Selina, qui s’avère excellente en assistante. Et une cible parfaite pour les plaisanteries lesbophobes auxquelles s’adonne avec délice Selina. La liberté de ton, les blagues mal pensantes, les formules graveleuses à faire rougir les fans de Jean-Marie Bigard sont l’une des caractéristiques les plus réjouissantes de Veep, dont la virtuosité des dialogues reste confondante. Mais la machine tourne un peu à vide, avec un sentiment de réchauffé, non pas en raison du hiatus entre les saisons 6 et 7, mais parce que tout semble avoir été déjà dit. Sans avoir le temps de retrouver une dynamique propre, la saison 7, ratée et bancale, de Veep s’achève dans l’amertume et le cynisme le plus total (avec un procédé de projection dans l’avenir qui fera penser à la stupéfiante conclusion de Six Feet Under), alors que la série aurait décidément dû s’arrêter dès la saison 5.
La série créée par Armando Iannucci en 2012 a repris après un arrêt de plus d’un an. Après une sixième saison décevante, la septième et dernière convainc encore moins.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/23/veep-un-retour-bancal-et-inopportun_5492571_3246.html
mlsum-fr-1107
Carte blanche. Si la plupart des vacanciers ont déserté les plages depuis quelques semaines, l’espace maritime demeure parsemé de grands porte-conteneurs, pétroliers et autres navires de commerce. Ceux-ci sont au cœur des flux marchands sur lesquels repose la mondialisation des échanges. Le sentiment d’une dématérialisation croissante de l’économie ne doit pas faire oublier le travail maritime bien concret qui permet d’acheminer 90 % des marchandises produites et consommées dans le monde. Ce travail se devine depuis le rivage, soit lors de crises spectaculaires – accidents, marées noires –, soit, plus prosaïquement, dans les villes portuaires. C’est pour étudier en actes ce travail méconnu que la sociologue Claire Flécher s’est embarquée sur des navires de commerce transportant des produits soumis à spéculation (blé, pétrole, minerais). Dans ce cadre, la cargaison peut changer de client et de destination en cours de route. La vie à bord s’organise ainsi intégralement autour de l’entretien du flux : la chasse est faite au temps perdu, tant en mer qu’à terre, car ici plus encore que dans d’autres secteurs de l’économie, le temps, c’est de l’argent. En sus d’une analyse fine des effets de ce primat du flux sur les gestes du travail et les enjeux de sécurité, la sociologue s’est attachée à montrer comment ce travail internationalisé demeure enserré dans des cadres nationaux. Des relations structurées par les nationalités Dans son article paru dans Critique internationale (n° 81, 2018), Claire Flécher souligne le paradoxe entre, d’un côté, des collectifs de travail et des donneurs d’ordre multinationaux, des bateaux parcourant le monde, des réglementations pour l’essentiel internationales ; et, de l’autre, des relations à bord structurées par la nationalité des uns et des autres. Sur ces navires appartenant à des armateurs français, son statut de femme, diplômée d’université, française, blanche, la séparait de bien des manières de la majorité des officiers inférieurs est-européens et des marins – travailleurs manuels malgaches, philippins ou indiens. Bien que socialement plus proche des officiers supérieurs, tous français, la sociologue a pu saisir les principes de la division du travail à bord en alternant les rôles de main-d’œuvre d’appoint, de stagiaire ou de simple observatrice. Rémunération, pérennité de l’emploi, durée d’embarquement : tous les éléments du contrat de travail dépendent directement de la nationalité de son titulaire, quelle que soit celle de l’armateur ou du pavillon. Les officiers, tous européens, sont ainsi employés directement par les armateurs, alors que les marins sont embauchés par le biais des agences de recrutement, selon des contrats ajustés au coût de la vie dans le pays d’origine, et sous condition d’une disponibilité permanente. La composition nationale de l’équipage influe ainsi étroitement sur son coût pour l’armateur, et sur la stabilité du collectif de travail. Les marins, issus de pays à plus faible niveau de vie, embarqués pour des durées beaucoup plus longues et sans droit aux congés, voient ainsi défiler plusieurs équipes d’officiers.
La sociologue Claire Flécher s’est embarquée sur des navires de commerce pour étudier l’impact de la mondialisation sur les collectifs de travail que constituent les équipages.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/26/une-sociologue-parmi-les-gars-de-la-marine_6013137_1650684.html
mlsum-fr-1108
Le nombre de victimes du conflit afghan a fortement augmenté en juillet, selon la Manua. Rahmat Gul / AP Le nombre de victimes du conflit afghan a fortement augmenté en juillet, avec plus de 1 500 civils tués ou blessés, rapporte le chef de la Mission d’aide des Nations unies en Afghanistan (Manua), Tadamichi Yamamamoto. Il s’agit du « nombre le plus élevé de tous les mois de l’année en cours et le nombre le plus élevé enregistré en un seul mois depuis mai 2017 », d’après la Manua. La mission onusienne impute, dans un communiqué, cette hausse aux « éléments antigouvernementaux », les talibans et la branche afghane du groupe Etat islamique (AI) - plus de 50 % des victimes civiles en juillet étant dues à des engins explosifs improvisés des insurgés. En début de semaine, la Manua dénonçait le rythme « inacceptable » auquel les civils continuent de mourir et d’être blessés dans le pays. « Les efforts de paix se sont intensifiés ces dernières semaines, tout comme le conflit sur le terrain », a regretté M. Yamamamoto, qui a appelé « toutes les parties à ne pas intensifier les opérations militaires en pensant que cela leur offrira une position plus forte dans les pourparlers de paix ». Négociations de paix en cours Car les négociations entre les Etats-Unis et les talibans afghans ont repris samedi 3 août à Doha, afin d’ouvrir la voie à un retrait des troupes américaines d’Afghanistan après dix-huit ans d’intervention, une promesse de campagne de Donald Trump. Il s’agit du huitième round de tractations entre les insurgés afghans et les Etats-Unis, représentés par l’émissaire américain Zalmay Khalilzad. M. Khalilzad a insisté vendredi sur Twitter pour rappeler que les Etats-Unis ne visaient pas « un accord de retrait [des troupes mais] un accord de paix qui permette le retrait ». L’éventuel accord entre les Etats-Unis et les talibans, préalable à un dialogue interafghan, suscite toutefois des doutes chez les spécialistes. Pour Bruce Hoffman, expert de la lutte contre le terrorisme, « Al-Qaida va poursuivre les combats et miser sur le fait qu’une fois les Etats-Unis partis, ils ne reviendront pas ». Dans ce scénario, « Al-Qaida et les talibans auront les mains libres », a-t-il ajouté.
Mille cinq cents civils ont été blessés ou tués au mois de juillet, des chiffres en nette hausse alors que Washington rouvre les négociations avec les talibans à Doha.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/03/afghanistan-le-conflit-est-de-plus-en-plus-meurtrier_5496266_3210.html
mlsum-fr-1109
A l’heure où ses semblables restaient tapis dans l’ombre pour survivre aux températures records dans la capitale (42,6 °C), l’ingénieur Thibault Laconde s’est lancé, jeudi 25 juillet, dans une drôle d’expédition. Armé de sa caméra infrarouge et d’un thermomètre, le dirigeant de Callendar, une entreprise spécialisée dans l’étude des risques climatiques, s’est rendu dans plusieurs lieux emblématiques de Paris. Objectif de ses pérégrinations caniculaires : rendre visibles les « îlots de chaleur », ce cocktail de choix urbanistiques et architecturaux et de forte densité de population, qui accumulent la chaleur le jour et freinent le refroidissement des villes la nuit, et expliquent les écarts importants de température entre zones urbaines et rurales. Métal brûlant « D’un bâtiment à l’autre, les valeurs peuvent complètement changer », explique-t-il au Monde. Et de citer en guise d’exemple son relevé à la gare Saint-Lazare. Sur le côté gauche de l’image thermique, on aperçoit deux bâtiments mitoyens en plein soleil. L’un en pierre claire, construit dans la première moitié du XIXe siècle, atteint une température d’environ 40 °C, proche de celle de l’air ambiant. L’autre, tout de verre foncé et de métal, construit à la fin des années 1970, dépasse les 55 °C. Le choix de la couleur – claire pour réverbérer les rayons du soleil –, mais aussi des matériaux peu conducteurs en chaleur du bâtiment le plus ancien semblent donc avoir été judicieux pour lutter contre les « îlots de chaleur ». Ce terme, forgé en 1958 par le climatologue Gordon Manley, décrit un phénomène observé 140 ans auparavant par le pharmacien et météorologiste britannique Luke Howard, dans son étude du climat de Londres alors en pleine révolution industrielle. Autre relevé de Thibault Laconde à Paris, autre constat frappant : au milieu d’une place sans ombre, la statue du lion de Belfort en cuivre noir absorbe la chaleur et tranche nettement sur l’image thermique avec son socle en pierre et les bâtiments haussmanniens environnants. « Il faudra dorénavant avoir une réelle réflexion sur les projets choisis lors des concours d’urbanisme, souligne l’ingénieur. Il faut que le projet reste viable dans les 20-30 ans à venir, compte tenu du changement climatique. » Et ce d’autant que les épisodes de forte chaleur devraient être de plus en plus réguliers et intenses. « Les étés sans canicule deviennent assez rares, puisque depuis 2010 seul l’été 2014 n’a pas connu de canicule, détaillait David Salas y Mélia, climatologue, interrogé jeudi par Le Monde. A titre de comparaison, sur 1947-1988 (soit 42 ans), il n’y a eu que neuf canicules. » « Merci les platanes ! » Outre la réflexion à mener sur le bâti en tant que tel, les relevés de Thibault Laconde illustrent l’efficacité de la végétalisation des rues. Sur le trottoir devant l’hôtel de Roquelaure, siège du ministère de la transition écologique, comme sur le bâtiment lui-même, les températures ne dépassent pas 40 °C. « Merci les platanes ! », s’enthousiasme l’ingénieur sur Twitter lors du relevé. Un peu plus de 43°C devant l’hôtel de Roquelaure (siège du @Min_Ecologie) mais une façade qui reste plutôt fraiche.… https://t.co/qKoNzFx0zg — EnergieDevlpmt (@Thibault Laconde) Selon Solène Marry, docteure en urbanisme à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) interrogée fin juin par Le Monde, la place de la végétation est déterminante pour faire baisser les températures en ville : « Par une journée ensoleillée de 26 °C à l’ombre, un toit exposé au soleil peut atteindre une température de 80 °C si sa couleur est foncée, 45 °C si sa couleur est blanche et seulement 29 °C s’il est couvert de végétaux. » Trafic infernal Dernier effet relevé par l’ingénieur, à quelque 300 mètres d’écart : celui du trafic routier. Sur le périphérique parisien, la température au sol atteint entre 50 et 60 °C – contre entre 40 °C et 50 °C sur le boulevard des Maréchaux tout près. Ce dernier, pas beaucoup plus ombragé que le périphérique, est cependant bien moins dense en trafic routier. Sur le périphérique, l'asphalte va chercher dans les 50 à 60°C. Beaucoup plus que sur le boulevard des maréchaux si… https://t.co/MRkoH2XZ9g — EnergieDevlpmt (@Thibault Laconde) « A mon sens, deux effets jouent : d’une part, les véhicules rejettent de l’air chaud par leur pot d’échappement. D’autre part, le frottement des pneumatiques sur le sol est lui aussi source de chaleur », analyse Thibault Laconde. Selon Albert Lévy, urbaniste chercheur au CNRS, cette « chaleur anthropique », liée aux activités humaines comme la circulation et la production, « participe pour 20 % » à la création des îlots de chaleur urbains. Où, en pleine canicule, trouver un maximum de fraîcheur ? Un coup d’œil aux douze relevés parisiens de l’ingénieur et nous voilà sous les arcades du Palais Royal. « Le calme, un gentil 38 °C et un petit air qui agite le tilleul… Et si c’était ça le bonheur ? », s’interroge-t-il sur Twitter. Pause sous les arches du Palais Royal. Le calme, un gentil 38°C et un petit air qui agite le tilleul... Et si c'éta… https://t.co/1dg7Hou1GV — EnergieDevlpmt (@Thibault Laconde) Retrouvez la carte de tous les relevés de l’« expédition canicule » en cliquant ici.
Pour révéler l’incidence des choix d’urbanisme et de matériaux de construction sur la température, Thibault Laconde a partagé son « expédition canicule » sur Twitter.
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/07/26/equipe-d-une-camera-thermique-un-ingenieur-montre-les-differences-de-temperatures-a-paris-pendant-la-canicule_5493892_4832693.html
mlsum-fr-1110
Fidèle à sa réputation de sympathique guerrier, Stan Wawrinka a constamment joué avec le public du court Suzanne-Lenglen, dimanche 2 juin, lors de son huitième de finale face à Stefanos Tsitsipas, à Roland-Garros. REUTERS/Gonzalo Fuentes Le 1er décembre 2017, Stanislas Wawrinka avait convié les médias au Country Club de Genève, son lieu habituel d’entraînement. Cela n’augurait rien de bon, les rumeurs de retraite allaient bon train parmi ses supporteurs affolés. Trois mois et demi plus tôt, le Suisse avait subi une double opération au genou gauche : une arthroscopie, suivie d’une greffe d’os et de cartilage. Mais non, le convalescent avait juste envie de donner de ses nouvelles, et elles se voulaient rassurantes : « Je vais bien, je vais mieux. Je sors d’une période longue et difficile, la plus difficile depuis le début de ma carrière. » Wawrinka avait tiré le rideau sur sa saison 2017 après son élimination au premier tour de Wimbledon et venait de passer huit semaines avec des béquilles. Cinq mois d’arrêt, qui lui avaient fait perdre sa musculature et tous ses réflexes. Il devait tout reprendre de zéro. « Honnêtement, ça a été très dur. Tous les jours, je me battais contre la douleur. C’est à l’entraînement que j’ai souffert le plus. Et sans Pierre Paganini [son préparateur physique, qu’il partage avec Roger Federer], j’aurais arrêté ma carrière. » Not the place I wanted to be 🤒but 2nd surgery went well 😓😅! That's mean I can start my preparation 🕺🏻... 2018 see y… https://t.co/qvKzR07rbY — stanwawrinka (@Stanislas Wawrinka) Après Rafael Nadal, Roger Federer, Novak Djokovic ou Andy Murray, le joueur était, à 32 ans, le dernier des cadors à voir son corps le lâcher. Cruel contrecoup de trois saisons au sommet (victoires à l’Open d’Australie 2014, Roland-Garros 2015 et l’US Open 2016). Et Wawrinka ne tirait rien de positif de ce repos forcé. « On m’avait dit que cela me ferait peut-être du bien de prendre du recul, de prendre le temps de souffler mais ce n’est pas ce que j’ai ressenti. J’étais tellement cassé mentalement que ces mois hors du circuit m’ont obligé à me refaire. » Duel d’anthologie face à Tsitsipas Alors dimanche 2 juin, sa victoire à Roland-Garros au bout du suspense face au jeune impudent Stefanos Tsitsipas (7-6, 5-7, 6-4, 3-6, 8-6), signa officiellement son retour au sommet : 5 h 09 d’un combat de titans et une conclusion du Suisse sur le fil – un passing slicé de revers déposé au millimètre –, à l’image de tout le match, jusque-là le plus beau de la quinzaine. Le court Suzanne-Lenglen venait de voir renaître le guerrier « Stan The Man » (c’est inscrit sur les pochettes de ses raquettes). « C’est pour ce genre d’émotion que je m’entraîne. Jouer dans une atmosphère aussi intense, un match en cinq sets en Grand Chelem, c’est pour ça que je suis revenu après mon opération », résuma le revenant de 34 ans, qui s’était présenté en outsider face au D’Artagnan grec et ses 20 ans. Certains doutaient qu’il puisse un jour s’inviter de nouveau au festin d’un Grand Chelem, et parmi les crédules, peu l’envisageaient dès Roland. Le Suisse, 28e au classement mondial, était arrivé à Paris avec seulement quatre victoires sur terre en quatre tournois. « C’est difficile de dire où je me situe. Sur les terrains d’entraînement, je joue très bien. Je n’ai pas trouvé la solution pour jouer très bien ces dernières semaines, à part Madrid », disait-il les premiers jours. Et dans le même temps d’ajouter : « Comme je me connais, je suis prêt et j’ai envie de gagner ce tournoi. » Depuis le début de la quinzaine, le Suisse semble rajeunir : ses jambes vont bien, comme on a pu le voir face au Chilien Christian Garin (6-1, 6-4, 6-0), puis contre le Bulgare Grigor Dimitrov redevenu tranchant (7-6, 7-6, 7-6). Après une saison 2018 où il n’a pratiquement fait que de la figuration, il lui aura fallu un an pour retrouver son meilleur niveau. Et effacer les dernières séquelles, qui ne se logeaient pas dans son genou mais dans sa tête. Retrouvailles avec Federer « Cela n’a pas été facile de revenir dans le jeu mais, en fin de compte, je savais pourquoi je le faisais, racontait-il samedi 1er juin après sa victoire au deuxième tour contre Dimitrov. J’aime le tennis, j’aime le jeu, j’adore jouer sur un court comme aujourd’hui, avec plein de gens autour, dans un tournoi du Grand Chelem. Quand j’étais enfant, mon rêve était de jouer à Roland-Garros. Quand vous avez mal, vous ne savez pas quel va être le niveau auquel vous allez revenir. Il faut vous concentrer sur vos rêves d’enfant. » Stan Wawrinka et son short passé à la postérité, après sa victoire à Roland-Garros face à Novak Djokovic, en 2015. AFP/Kenzo Tribouillard Depuis le début du tournoi, on n’entendait parler que d’un Suisse : Roger Federer, l’autre revenant, celui qui n’avait plus mis les pieds à Roland depuis quatre ans. Et voilà que les deux hommes se retrouvent ce mardi pour une place en demi-finales. Federer n’a passé « que » sept heures sur le court, contre plus de douze pour son cadet. Et Wawrinka n’a battu que trois fois son aîné en 25 confrontations. Mais les trois fois sur terre battue et la dernière… ici même. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rod Laver : « Federer peut encore gagner un tournoi du Grand Chelem » C’était en 2015, en quarts de finale, déjà. « Je m’en souviens, il m’avait écrabouillé en trois petits sets et portait un short affreux », a plaisanté, dimanche, Federer à propos d’un tissu entre l’imprimé écossais et le pyjama. Le short douteux avait ensuite désarçonné Jo-Wilfried Tsonga en demies, et Novak Djokovic en finale.
Près de deux ans après une opération dont il a mis longtemps à effacer les séquelles, le vainqueur de l’édition 2015 a retrouvé son meilleur niveau. Il affronte son compatriote Federer, mardi, en quarts de finale.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/04/roland-garros-stan-wawrinka-le-retour-du-mutant_5471120_3242.html
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Robert Ménard devant une campagne d’affichage municipale, à Béziers (Hérault), le 11 février 2015. SYLVAIN THOMAS / AFP A cinq mois des municipales, le maire de Béziers Robert Ménard peut se frotter les mains : ils sont encore très nombreux sur la ligne de départ pour prétendre le battre. Un éparpillement des candidatures qui peut faire espérer au maire en place, soutenu par l’extrême droite, de passer dès le premier tour dans cette ville touchée par des inondations après de fortes pluies les 22 et 23 octobre. Ce ne serait pas une première à Béziers. En 2014, Robert Ménard avait certes été élu dans une triangulaire, mais le maire précédent, Raymond Couderc (1995-2014), avait gagné deux fois dès le premier tour. Pourtant, les conditions pour que ce partisan de l’union des droites transforme cette élection en plébiscite ne sont pas forcément toutes réunies. A gauche, le Parti socialiste (PS), affaibli par les très faibles scores obtenus aux élections européennes (2,6 %) et législatives (3,15 %), a très vite fait savoir qu’il était disponible pour participer à une coalition des forces de gauche. Mais rien n’est acté et les Verts sont tentés de faire cavalier seul. La France insoumise (LFI) privilégie la participation à une liste de gauche, écolo et citoyenne, mais serait tenté de partir avec Europe Ecologie-Les Verts (EELV) en laissant le reste de la gauche sur le côté. Bref, le paysage est flou et le risque d’éparpillement des voix réel… Soutien des citoyens Même confusion à droite. Chez Les Républicains (LR), trois noms se disputent l’institution : Antoine About, candidat rejeté par LR, maintient pour l’instant sa candidature ; Gilbert Oulès, qui fut premier adjoint du maire Raymond Couderc et qui a été désigné chef de file pour les municipales par LR, hésite à se lancer. Et Henri Gas, responsable LR de la circonscription, semble attiré par l’offre de rapprochement du maire actuel, Robert Ménard. Au centre, les choses semblent plus claires : depuis le 18 septembre, La République en marche (LRM) soutient Pascal Resplandy. Ce dernier bénéficie également des soutiens d’Agir, du Parti radical et du MoDem. Pascal Resplandy est bien connu à Béziers, notamment dans les milieux économiques : cet expert-comptable est conseiller municipal d’opposition depuis octobre 2014 et conseiller communautaire. Il a fait un tour par LR, a soutenu Alain Juppé à la primaire de la droite en 2016, puis a quitté le parti à l’arrivée de Laurent Wauquiez à cause de la « droitisation » du mouvement. Pour ces municipales, il compte davantage s’appuyer sur son association Béziers en rouge et bleu que sur les partis. Le soutien du parti présidentiel n’est pas forcément décisif dans une ville où Emmanuel Macron n’est arrivé qu’en quatrième position à la présidentielle avec 17,5 %. Il cherche donc avant tout le soutien des citoyens et prévoit dans son programme des mesures qui s’adressent à eux, comme la création de bourses au mérite pour revaloriser l’image de la jeunesse de la ville.
Conscients de la force de frappe de leur adversaire, les candidats à la mairie de Béziers comptent sur le soutien des Bitterois pour espérer le battre.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/04/municipales-a-beziers-tenter-de-battre-le-mediatique-robert-menard_6017976_823448.html
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« La recherche scientifique et technologique prétend aujourd’hui qu’il existe des programmes informatiques capables de bien jouer au go ou de reconnaître l’ensemble des personnes présentes dans un stade de football. De tels programmes peuvent démontrer (empiriquement) qu’ils savent jouer ; peuvent-il le prouver ? Non. » BORIS SEMENIAKO Tribune. Selon mes estimés confrères Michel Raynal et Gérard Roucairol, « les enthousiasmes technologiques (blockchain, machine learning, intelligence artificielle) gagneraient à se confronter avec la réalité des résultats de la recherche en informatique. L’absence de formation et la capacité d’oubli [masquent] les preuves d’impossibilité qui datent des années 1980-1990. Pour les geeks et les hackeurs, la seule existence d’un programme informatique qui prétend résoudre un problème vaut preuve de l’exactitude de la solution » (« Les techniques numériques sont porteuses d’erreurs funestes si elles ne s’appuient pas sur des résultats scientifiques », « Le Monde » du 7 juillet 2019). Je ne connais pas le blockchain ; en revanche, cette dénonciation des « prétentions infondées » de l’intelligence artificielle (IA) me semble reposer sur un malentendu que je souhaite dissiper. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les techniques numériques sont porteuses d’erreurs funestes si elles ne s’appuient pas sur des résultats scientifiques » Prenons le problème qui consiste à reconnaître ma grand-mère, ou à identifier les tumeurs ou fractures à partir de radios, ou à jouer au go. La recherche scientifique et technologique prétend aujourd’hui effectivement et de manière assez convaincante qu’il existe des programmes informatiques capables de bien jouer au go, ou de contribuer à la lecture des radios médicales, ou de reconnaître l’ensemble des personnes présentes dans un stade de football. De tels programmes peuvent démontrer (empiriquement) qu’ils savent jouer ; peuvent-ils le prouver ? Non. Vous savez reconnaître votre grand-mère, mais pouvez-vous le prouver ? Voudrait-on dire que si on ne sait pas prouver ce qu’on sait faire, on ne sait rien faire ? Mais il est plus de choses en apprentissage et en IA qu’il n’en est rêvé en informatique formelle… Le fort beau résultat de Shai ben David et ses coauteurs, cité par le texte de Michel Raynal et Gérard Roucayrol, selon lequel l’« apprenabilité » de certains concepts peut être indécidable, ne dit pas qu’« il est impossible de valider tout concept appris », mais qu’« il existe certains concepts qui mettent en échec l’apprentissage ». L’apprentissage machine souvent efficace Est-ce tragique ? Est-ce grave ? Comme chacun sait, la phrase « Tous les Crétois sont menteurs », dite par le Crétois Epiménide (VIe siècle av. J.-C.), met en échec la logique. Dans un autre registre, celui de l’économie, il ne peut exister de marché efficace en contexte d’information asymétrique, selon George Akerlof, Michael Spence et Joseph Stiglitz. Et pourtant, la logique est souvent utile, et les marchés sont partout. De même, en dépit de l’existence de concepts dont l’apprentissage est indécidable, l’apprentissage machine est souvent efficace. Pour me répéter, il serait funeste de croire que si on n’a pas tout, on n’a rien.
La chercheuse en informatique Michèle Sebag s’oppose, dans une tribune au « Monde », à la mise en garde de ses collègues Michel Raynal et Gérard Roucairol contre « les erreurs funestes » nées des technologies numériques.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/12/il-faut-dissiper-le-malentendu-sur-les-pretentions-infondees-de-l-intelligence-artificielle_5498634_3232.html
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Tribune. Le 15 août 1944, près de 95 000 soldats et 11 000 véhicules ont été débarqués en Provence. Les jours suivants, 350 000 combattants ont participé à ce débarquement − après celui de Normandie de juin 1944 −, dont 235 000 combattants des forces françaises, composées à 90 % de troupes coloniales. Tirailleurs sénégalais et algériens, goumiers et tabors marocains, pieds-noirs, marsouins du Pacifique et des Antilles, tous participent au débarquement en Provence et aux combats de l’été 1944 dans le cadre de l’opération « Dragoon » menée par les troupes américaines et anglaises. L’objectif de cette opération : forcer les troupes de l’Axe à battre en retraite. A l’origine, le débarquement prend le nom de code « Anvil » (enclume, en anglais), avant de prendre celui de « Dragoon » à la demande de Winston Churchill − car celui-ci était contre ce débarquement et s’estimait contraint (dragooned en anglais) de l’accepter. Mais le général de Gaulle le réclame, menaçant, s’il n’est pas entendu, de retirer les divisions françaises du front italien. Un rôle crucial Aujourd’hui, le rôle crucial de ces combattants mérite d’être reconnu et commémoré dans le cadre d’une cérémonie officielle le 15 août. Leur engagement a permis l’ouverture d’un nouveau front contre les armées allemandes, la libération de la Provence en treize jours, l’affirmation de la place de la France dans le conflit auprès des alliés et a contribué à libérer le territoire national en évitant un long calvaire pour la population française. Ce débarquement de Provence fait partie de notre histoire, et la place des Africains et des combattants de tout l’empire colonial et notamment des Antillais dissidents, de toutes origines et de toutes confessions, nous oblige à leur rendre hommage pour le 75e anniversaire de ce moment de mémoire collectif de la nation. Force est de constater que les commémorations prévues ne sont pas à la hauteur de l’enjeu mémoriel. Comment est-il possible de passer sous silence ces combats et cette libération qui ont contribué à faire de la France une nation diverse ? Comment ne pas rendre hommage à ces combattants venus d’Afrique alors que nous allons commémorer en 2020 les indépendances africaines et que s’annonce en France la « saison des cultures africaines » Africa 2020 ? Comment ne pas écrire cette page d’histoire en commun alors que celle-ci résonne pour tous dans une France désormais métissée et diverse ? Il nous apparaît primordial et nécessaire d’organiser un événement à la hauteur de ces enjeux.
Les commémorations prévues ne sont pas à la hauteur de l’enjeu mémoriel de ces combats qui ont contribué à faire de la France une nation diverse, déplorent dans une tribune au « Monde », vingt-deux personnalités qui interpellent à ce sujet les plus hautes autorités de l’Etat.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/05/75e-anniversaire-du-debarquement-de-provence-il-faut-rendre-hommage-aux-combattants-venus-d-afrique_5485576_3232.html
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nine. Publié le 07 juin 2019 à 10h54 - Mis à jour le 07 juin 2019 à 15h38 Leur petit nom Les Canucks. Les origines de ce terme d’argot sont incertaines, mais il décrivait les Canadiens d’origine néerlandaise ou française au XIXe siècle. Plusieurs équipes du pays portent ce surnom, dont l’équipe professionnelle de hockey sur glace de Vancouver. C’est aussi le nom d’un héros de comics canadien, Captain Canuck. Calendrier 10 juin : Canada - Cameroun 21 heures à Montpellier 15 juin : Canada - Nouvelle-Zélande 21 heures à Grenoble 20 juin : Pays-Bas - Canada 18 heures à Reims Historique en Coupe du monde Septième participation en huit éditions. Leur meilleur résultat : demi-finale, en 2003. Classement FIFA : 5e. L’équipe qui devrait jouer Stephanie Labbé, Allysha Chapman, Kadeisha Buchanan, Shelina Zadorsky, Sophie Schmidt, Desiree Scott, Ashley Lawrence, Jessie Fleming, Janine Beckie, Nichelle Prince, Christine Sinclair. Le sélectionneur Après le départ en janvier 2018 de John Herdman pour aller coacher les garçons, le Canada s’est tourné vers son fidèle adjoint depuis 2015, Kenneth Heiner-Moller. Le premier avait mené les Canadiennes à deux médailles de bronze aux Jeux olympiques en 2012 et 2016. Le second, ex-sélectionneur du Danemark, a la lourde tâche de faire oublier l’élimination en quart de finale lors du précédent Mondial, en 2015, au Canada. Un défi à la hauteur de celui qui avait emmené les Danoises en demi-finale de l’Euro 2013, contre toute attente. Bilan de compétences Pourquoi postulez-vous ? Véritable nation du football féminin, je vis dans l’ombre des Etats-Unis depuis trop longtemps. Depuis 2016, je n’ai plus quitté le top 5 des meilleures équipes au classement FIFA. Cette année, c’est « le moment de briller », comme dit le slogan de la compétition. Désolée les Bleues, vous attendrez votre tour. De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? Hormis la première Coupe du monde féminine de l’histoire en 1991, pour laquelle j’ai laissé ma place qualificative aux Etats-Unis, j’ai toujours participé aux Mondiaux. Je connais bien ce genre de compétitions. Si vous deviez nous donner une qualité ? Je compte dans mes rangs nombre de joueuses évoluant au plus haut niveau dans la prestigieuse ligue nord-américaine, ou en France, à Lyon et à Paris. Ma défense, c’est du costaud. Sur les huit dernières rencontres, je n’ai encaissé qu’un but. Et je peux compter sur mon attaquante star Christine Sinclair. Si vous deviez nous donner un défaut ? Lors des précédentes Coupes du monde, j’ai souvent déçu. Je suis capable du meilleur comme du pire en compétition. La joueuse à suivre CHRISTINE SINCLAIR, en cinq dates : 1983 Les rues de Montréal s’animent autour d’un tout nouveau festival d’humour : Juste pour rire. De l’autre côté du pays, à plus de 4 700 km de là, Christine Sinclair voit le jour le 12 juin à Burnaby, dans la banlieue de Vancouver (Colombie-Britannique). 1999 Le territoire du Nunavut, au nord, fait son entrée dans la Confédération canadienne. La même année Sinclair part au sud, direction Portland. A 15 ans, elle veut assister à des matchs de la Coupe du monde féminine aux Etats-Unis. 12 mars 2000 A seulement 16 ans, elle fait ses débuts avec l’équipe canadienne en Coupe de l’Algarve, un tournoi féminin international très réputé. Elle marque un but dès son deuxième match, en plante 14 de plus cette année-là, notamment en Concacaf (Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes), et décroche le record de réalisations en une saison pour son pays. 2012 Après un match d’anthologie contre les Etats-Unis, les Canadiennes s’inclinent 4-3 en demi-finale des Jeux olympiques de Londres dans ce qui est considéré comme le plus beau match de l’histoire. La déception est immense. Sinclair, capitaine et star de la sélection, remotive les troupes et mène les siennes à la médaille de bronze aux dépens de la France (1-0). C’est la première reconnaissance au niveau mondial pour le Canada. 2019 Cinquième Coupe du monde pour celle qui fêtera son 36e anniversaire en juin en France et qui est plus que jamais la patronne incontestée des Canucks. Toujours aussi technique et puissante, « Sincy » détient le record de sélections et de buts pour le Canada (181 réalisations en 281 apparitions). Elle a l’occasion de devenir la plus grande buteuse de l’histoire du football. La Canadienne n’est plus qu’à trois longueurs de la légende américaine Abby Wambach. Figurez-vous Marinette… ... que les Canadiennes viennent de signer un accord avec leur fédération pour être payées ces deux prochaines années, notamment pendant le Mondial 2019 et les Jeux olympiques 2020. Ce contrat prévoit, entre autres, le même « per diem » pour les joueuses et leurs homologues masculins. Cette indemnité est accordée lors des déplacements avec l’équipe nationale. Le fait est assez rare dans le monde du sport pour être souligné. Plateau télé Et si vous testiez… la poutine ? Ce mets canadien composé de frites, de fromage et de sauce brune ou BBQ, facile à préparer, conviendra parfaitement à un plateau télé à partager entre ami(e)s devant un match.
Surnom, historique, joueuse à suivre... tout ce qu’il faut savoir sur l’équipe du Canada à la Coupe du monde féminine.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/07/coupe-du-monde-feminine-2019-canada-groupe-e_5472904_3242.html
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Manifestation de militants de Greenpeace devant la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), le 29 octobre. BORIS HORVAT/AFP L’opération contre la « déforestation made in France » a été menée à la manière de Greenpeace : promptement. A 6 heures du matin, mardi 29 octobre, une cinquantaine de militants vêtus de tee-shirt à l’effigie d’un orang-outan sont arrivés devant la bioraffinerie Total de La Mède (Bouches-du-Rhône), y ont déployé leur banderole et brandi des panneaux « Agrocarburants : climat en danger ». Ils ont surtout bloqué l’entrée en installant deux conteneurs auxquels quatre personnes se sont enchaînées. Huit heures plus tard, ils étaient évacués. Seize personnes ont été interpellées. Si La Mède reste en ligne de mire de Greenpeace, c’est que les pouvoirs publics ont donné leur feu vert à ce site industriel ouvert en juillet, pour traiter jusqu’à 650 000 tonnes par an, dont 450 000 tonnes d’huiles végétales brutes, à condition qu’elles soient certifiées « durables ». L’organisation conteste d’ailleurs avec d’autres ONG l’autorisation préfectorale devant le tribunal administratif de Marseille. Sous la pression d’une demande mondiale à la hausse à la fois pour le secteur de l’alimentation et pour celui des transports, malgré des années d’alerte sur la destruction massive des forêts, celle-ci se poursuit, en particulier en Malaisie et en Indonésie. Ces deux pays auront fourni à eux seuls 63 millions de tonnes d’huile de palme en 2019 (61,5 millions de tonnes en 2018), soit 87 % des récoltes mondiales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Feux de forêt en Indonésie : le président Joko Widodo reconnaît des « négligences » Dans un rapport intitulé « Total carbure à la déforestation » rendu public mardi 29 octobre, Greenpeace accuse la multinationale de contribuer à l’expansion dévastatrice des plantations et de ne pas être en mesure de certifier l’origine de l’oléagineux qu’elle importe pour La Mède. Face à l’émotion qu’avait suscitée l’ouverture de la bioraffinerie, Total s’est engagé à ne pas faire venir plus de 300 000 tonnes d’huile de palme, ce qui fait déjà bondir les importations françaises. Mais selon Greenpeace, son approvisionnement « est très loin d’être garanti 100 % durable » et sa « provenance est parfois illégale, voire la plupart du temps inconnue ». Vu d’Europe, freiner la déforestation passe par des labels certifiant que les plantations n’ont pas été installées sur des parcelles de forêt primaire fraîchement défrichées. C’est même désormais une exigence de l’UE. Mais, en Indonésie, entre juillet et septembre, les enquêteurs de Greenpeace ont vu des fruits de palmiers plantés illégalement dans le parc national de Tesso Nilo, sur l’île de Sumatra, être chargés sur des motos. Les grappes sont ensuite regroupées dans des camions sans plaque d’immatriculation, avant de rejoindre des moulins travaillant pour des fournisseurs de Total. Là, elles peuvent être mêlées à d’autres récoltes qui, elles, sont bien issues de plantations respectueuses des règles.
Une cinquantaine de militants de l’ONG ont bloqué mardi l’entrée de la bioraffinerie de La Mède. Selon l’organisation, l’industriel ne peut pas contrôler toute sa chaîne d’approvisionnement.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/29/l-huile-de-palme-importee-par-total-n-est-pas-a-100-durable-selon-greenpeace_6017334_3244.html
mlsum-fr-1116
Facebook ne supprime pas ce type de messages, mais limite leur visibilité. STEPHEN LAM / REUTERS Facebook a annoncé mardi 2 juillet qu’il limitait désormais la visibilité des messages « trompeurs » ou « sensationnalistes » liés à la santé. Quand l’algorithme du réseau social détectera un post de ce type, il le fait maintenant remonter moins haut dans les contenus proposés à ses utilisateurs. Une méthode qu’il applique déjà, depuis 2017, au clickbait : ces contenus racoleurs, de faible qualité, conçus de manière à générer un maximum de réactions et de clics. Cette fois, Facebook s’en prend aux « posts contenant des affirmations sur la santé sensationnalistes ou exagérées », en évoquant des « remèdes miracles » par exemple. Facebook vise aussi ceux « qui tentent de vendre des produits et des services se revendiquant de la santé », comme, par exemple, des posts « qui font la promotion d’un médicament ou d’une pilule prétendument capable de vous faire perdre du poids ». Les réseaux sociaux sont envahis de messages vantant les mérites de soi-disant remèdes contre différents maux – si certains sont inoffensifs mais inefficaces, d’autres sont potentiellement très dangereux. Le réseau social dit qu’il les détectera « en identifiant des phrases communément utilisées dans ce type de posts », sans donner plus de détails. Cette annonce a été faite le jour même de la publication, par le Wall Street Journal, d’une enquête sur la présence de ce type de contenus sur les grandes plates-formes. YouTube, interrogé par le quotidien américain, a expliqué qu’il avait lui aussi mis en place un système similaire à celui de Facebook.
Le réseau social vise les posts « trompeurs » ou « sensationnalistes », comme ceux présentant des remèdes miracles par exemple.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/03/facebook-limite-desormais-la-visibilite-des-contenus-trompeurs-lies-a-la-sante_5484877_4408996.html
mlsum-fr-1117
Pascal Canfin au Parlement européen à Bruxelles, le 4 septembre. JOHN THYS / AFP Président de la commission environnement du Parlement européen, le Français Pascal Canfin, élu sur la liste Renaissance (majorité présidentielle), va jouer un rôle clé dans la mise en place du « Green Deal » promis par Ursula von der Leyen, la future présidente de la Commission de Bruxelles. L’ancien directeur général du WWF et ex-ministre de François Hollande se veut très vigilant sur cette action, qui sera portée par Frans Timmermans, le vice-président de la Commission. Entretien à la veille de l’audition par le Parlement européen du social-démocrate néerlandais, mardi 8 octobre. La future Commission von der Leyen affiche le « Green Deal » comme sa principale priorité. Son programme vous semble-t-il crédible alors qu’aucun commissaire « vert » n’a été nommé ? Le gage de la crédibilité n’est pas seulement d’être vert, ou non. Ce qu’il faut, c’est bien mesurer l’addition des engagements pris : une loi sur le climat, la confirmation de la neutralité carbone en 2050 et la hausse des engagements pour 2030 – de 50 à 55 % –, une stratégie sur les pesticides en complément de la politique agricole commune, la banque du climat, le mécanisme d’inclusion carbone aux frontières… Le fait, par exemple, que dans l’organisation de la Commission, l’agriculture soit couplée à la politique globale de transition écologique n’était pas envisageable il y a six mois. Avoir un vice-président exécutif, Frans Timmermans, qui aura sous sa responsabilité l’environnement, le climat, les océans, l’agriculture, les transports, la santé et l’énergie est inédit. Cela en fait l’un des responsables politiques les plus puissants du monde et je crois qu’il a bien compris l’attente de la société européenne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les “mégafeux” sont l’effet et la cause du réchauffement climatique » Aucun bémol ? Si. Lorsqu’on lit les lettres de mission de tous les commissaires qui ne sont pas directement impliqués dans le « Green Deal » (commerce, marché intérieur, budget…), on ne trouve pas la mention de cet engagement. M. Timmermans aura donc les moyens de ses ambitions au plan de l’organisation mais il faudra clarifier les choses concernant les moyens financiers dont il disposera. Il a évoqué le fait que la Commission va proposer des « ajustements » ciblés au sein du budget pluriannuel, pour faire en sorte qu’il reflète mieux les nouveaux engagements. Il serait effectivement contradictoire d’avoir un discours très offensif sur la neutralité carbone ou une PAC [politique agricole commune] plus verte s’il ne se traduisait pas dans le budget européen des sept prochaines années.
Le président de la commission environnement du Parlement européen détaille ses attentes alors que les eurodéputés auditionnent, mardi 8 octobre, Frans Timmermans, le vice-président exécutif de la Commission européenne.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/07/pascal-canfin-m-timmermans-devra-se-battre-pour-que-les-moyens-soient-a-la-hauteur-de-l-ambition-du-green-deal_6014461_3244.html
mlsum-fr-1118
C’est à l’issue de longues batailles que le Nutri-Score a été mis en place par la France en octobre 2017 et par la Belgique en 2018. Facultatif, ce système d’étiquetage permet d’évaluer, à l’aide d’une échelle de couleurs (du vert au rouge) et de lettres allant de A à E, les qualités nutritionnelles des céréales, pizzas, biscuits, plats cuisinés, etc., de les comparer et d’identifier le plus équilibré, le moins gras, le moins sucré et le moins salé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Longtemps réticent, Nestlé adopte le Nutri-Score en Europe continentale Le calcul prend en compte, pour 100 grammes de produit, la densité énergétique (apport calorique en kJ, kilojoule), la teneur en acides gras saturés, en sucres simples et en sel, à limiter, et la teneur en nutriments et aliments à favoriser tels que fibres, protéines, fruits et légumes. Il donne ensuite un score au produit, lui attribuant une lettre et une couleur. Tous les produits transformés peuvent être ainsi étiquetés, à quelques exceptions près (herbes aromatiques, thés, cafés…). Les additifs présents dans les aliments ne sont pas pris en compte Les produits non transformés comme les fruits et légumes frais ou le poisson frais ne sont pas concernés, de même que les boissons alcoolisées. La méthode de calcul a été adaptée pour tenir compte des spécificités de certaines familles d’aliments comme les matières grasses ajoutées (beurre, huile), les fromages ou les boissons, précise le site du Programme national nutrition santé Mangerbouger.fr. En revanche, les additifs présents dans les aliments ne sont pas pris en compte. Les pouvoirs publics se proposent ainsi d’orienter le consommateur « vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle, plus favorables à sa santé ». C’est d’ailleurs ce qu’avait montré une étude publiée en septembre 2018 dans la revue PLoS Medicine. Menés par l’équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm, université Paris-XIII, INRA, CNAM), en association avec le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC-OMS), ces travaux avaient mis en évidence que ceux qui mangent régulièrement des aliments mal notés par le Nutri-Score avaient un risque augmenté de 7 % d’avoir un cancer. Cette probabilité accrue était plus particulièrement observée pour le cancer colorectal, des voies aérodigestives supérieures et de l’estomac, du poumon chez les hommes, du foie et du sein (postménopause) chez les femmes. Ces travaux vont dans le même sens que des études récentes observant le lien entre les aliments ultratransformés (AUT) et les troubles métaboliques, l’obésité, le diabète ou le cancer. Or, une large part des aliments les moins bien notés par le Nutri-Score sont des AUT.
En place en France depuis 2017, ainsi qu’en Belgique et en Suisse, ce système d’étiquetage permet d’évaluer les qualités nutritionnelles de nos aliments, hors produits frais et alcool, à l’aide de lettres (de A à D) et de couleurs (du vert au rouge).
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/26/le-nutri-score-un-systeme-d-etiquetage-facultatif-qui-aide-a-mieux-manger_5481649_3234.html
mlsum-fr-1119
Les « z’hommes » ont vaincu. L’Algérie a battu, jeudi 11 juillet, la Côte d’Ivoire dans un match tendu et équilibré. Les Fennecs filent ainsi en demi-finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), où ils affronteront le Nigeria, dimanche 14 juillet, au Stade international du Caire à 21 heures. Les Guerriers du désert ont légèrement dominé ce quart en s’offrant de nombreuses occasions. Ils ont ouvert le score à la 20e par Sofiane Feghouli. L’Algérie a poussé jusqu’à provoquer un penalty juste après la pause. Mais Baghdad Bounedjah, l’attaquant algérien, a manqué la cible : le cuir a fini par s’envoler dans le majestueux ciel bleu de Suez après avoir caressé la barre transversale. Regrets éternels ? Eh non… Les Ivoiriens n’ont pourtant rien lâché et sont revenus au score à la 62e par Jonathan Kodjia. Au Stade de Suez, un peu moins vide que d’habitude (près de 3 000 supporteurs pour 27 000 places), les deux sélections n’ont pas réussi à se départager. Jusqu’au bout du match, et des prolongations. Il a fallu attendre la cruelle séance des tirs au but (4-3) pour décider du vainqueur. Raïs M’Bolhi, le gardien des Fennecs depuis une décennie, a sauvé son équipe et permet à l’Algérie de continuer sa route vers la victoire finale. Ce qu’espère tout un peuple… « On va gagner », tonne-t-on dans les travées de l’arène. Le temps d’une journée, les Algériens ont nationalisé Suez. Sous une chaleur écrasante, un peu plus d’un millier de supporteurs a pris l’avion d’Alger et a fait flotter le drapeau vert et rouge près du Canal. On n’a entendu que leurs chants (des « One, two, three, viva l’Algérie » à foison), étouffant les tambours des Ivoiriens. Même les Egyptiens ont soutenu les Algériens, alors qu’habituellement, ils ne s’entendent pas trop. « C’était un devoir national d’être là » Impossible pour les Algériens de rater ce quart de finale. Le ministère de la jeunesse et des sports, celui du tourisme et l’agence de voyage étatique (Touring club TVA) ont organisé le déplacement jusqu’en Egypte, facilitant le transport et le visa. Il a fallu juste débourser 35 000 dinars, soit deux fois le smic, et l’équivalent de 160 euros (au marché noir). « C’était un devoir national d’être là », lance Djedid, 23 ans, étudiant. « Nous n’allions pas laisser notre équipe nationale toute seule », ajoute Karim, 30 ans, comédien. « Je n’ai même pas réfléchi, je suis venu à Suez, c’est naturel », enchaîne, Adel, 30 ans. « La grinta des supporteurs algériens dynamite la volonté des Fennecs : quand ils entendent les cris des fans loin du pays, tu as la chair de poule, ça les transporte », ajoute ce fonctionnaire. Pendant plus de deux heures, ces centaines de fans venus d’Alger ou d’Oran ont donné de la voix. Le Stade de Suez n’avait plus rien d’égyptien : les Fennecs ont presque joué à la maison. « Ces joueurs fournissent un beau football, ils méritent qu’on les encourage », précise Djedid. Qui pourrait le contredire ? Le jeu développé par les Fennecs depuis le début de la CAN enthousiasme des millions d’Algériens. Depuis le Mondial 2014, la sélection nationale n’avait plus offert un football technique et séduisant. « Pour moi, c’est du niveau mondial », affirme sans hésiter Adel. « Moi je dirais que ça fait vingt-neuf ans que je n’avais pas vu une équipe algérienne aussi forte, depuis 1990, l’année où on a gagné la CAN : elle a de la technique et surtout du cœur », estime pour sa part Hakim, un employé de 27 ans. Et pour cette jeune fille, maillot sur le dos, panama sur la tête : « On est aussi venu venger nos frères marocains et égyptiens qui ont été éliminés, on représente les Arabes », sourit Aïda, 24 ans. Tous encensent Djamel Belmadi, le sélectionneur, qui a su redonner une âme aux Verts. Lorsqu’on demande à ces supporteurs pourquoi ils sont venus en Egypte pour encourager leur équipe nationale, ils ne comprennent visiblement pas la question. « Parce que nous sommes des Algériens », lance l’un d’eux. « C’est le drapeau, c’est comme ça », souligne Aïda. Supporteur condamné Il y a un lien spécial entre les Fennecs et les supporteurs, quelque chose d’irrationnel qui les porte. Les fans algériens sont amoureux de leur équipe nationale. « Oui c’est de l’amour, c’est l’amour du pays », insiste Adel. « C’est comme ma mère, assure Difallah, 33 ans, on a le pays dans le cœur, on ferait tout pour lui. » « Là où vous trouvez des drapeaux, vous trouverez des Algériens, ils sont même dans des matches où le pays ne joue pas », sourit Karim. Ils ont aussi une pensée pour ce supporteur expulsé puis condamné, il y a deux jours, à Alger, à un an de prison pour avoir brandi une pancarte au Caire sur laquelle on pouvait lire « Yetnahaw Ga3 » (« qu’ils dégagent tous »). Il a été accusé d’avoir porté atteinte à l’unité nationale. Ce message est un des slogans forts que l’on entend chaque vendredi en Algérie, lors des immenses marches contre le pouvoir en place. « C’est malheureux, il a juste dit la vérité, celle de mettre dehors la mafia », souffle Adel. Le hirak, le « mouvement » qui secoue l’Algérie depuis le 22 février, voyage aussi avec les supporteurs. Durant le match, des supporteurs ont timidement fredonné La Casa del Mouroudia. Ecrit en 2018 par Ouled El-Bahdja, le groupe des ultras de l’Union sportive de la médina d’Alger (USMA), le titre évoque la résidence du chef de l’Etat, située sur les hauteurs d’Alger, tout en se référant à la série au succès planétaire La Casa de papel. Cette chanson est un réquisitoire contre l’ancien président Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril. Elle raconte avec lyrisme et désespoir les vingt ans calamiteux de son règne en faisant défiler les quatre mandats tout en anticipant le cinquième. Même si certains veulent oublier le hirak le temps de la CAN, d’autres ne peuvent s’empêcher de dissocier les deux événements. « La révolution a boosté l’équipe nationale, assure même Djedid, l’étudiant. Surtout les joueurs locaux qui connaissent les douleurs profondes qui touchent les Algériens. » « L’Algérie connaît actuellement deux fêtes : celle de la révolution, et celle du football », assure Karim, le comédien. Les supporteurs ont promis de rester au Caire jusqu’à dimanche et de continuer à encourager, comme ils disent, leurs « z’hommes ». Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 sur WhatsApp
Les Fennecs ont battu les Eléphants aux tirs au but (4-3) et filent en demi-finale face au Nigeria.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/07/11/can-2019-l-algerie-se-qualifie-face-a-la-cote-d-ivoire_5488325_1616938.html
mlsum-fr-1120
Mathias Ary Jan, président du Syndicat national des antiquaires (SNA), au Grand Palais à Paris, en 2018. DIDIER PLOWY / SNA Marchand d’art spécialisé dans la peinture du XIXe siècle, Mathias Ary Jan, 48 ans, est le plus jeune président du Syndicat national des antiquaires, qui organise la Biennale des antiquaires (renommée la Biennale Paris) – 75 participants réunis sous la coupole du Grand Palais, du 13 au 17 septembre –, laquelle est devenue annuelle sans pour autant perdre son nom. Un salmigondis qui illustre assez bien les tourments que traverse la profession, secouée notamment par des scandales de faux. Pour rassurer les collectionneurs, il a pris des mesures drastiques. Vous faites une biennale tous les ans, c’est assez original… Mathias Ary Jan : La concurrence des autres salons dans le monde a rendu cela indispensable. Nous avons gardé le mot « biennale », car cette manifestation est si célèbre que c’en est devenu une marque. Je pense toutefois qu’on va pouvoir l’abandonner bientôt, du moins je l’espère. Nous avons ainsi introduit le mot « universelle » qui pourrait s’y substituer, mais il faut procéder pas à pas. Toutefois, c’est un nouveau salon : l’ancien avait des côtés formidables, mais c’est fini. Car il y a trop de salons, tant que même les collectionneurs ne s’y retrouvent plus ! La Biennale avait une image de vitrine : on s’y montrait sous ses meilleurs atours, certains stands pouvaient coûter jusqu’à 800 000 euros et plus, habillés par des décorateurs, mais on n’y vendait pas forcément. C’est une erreur : il faut laisser parler l’objet, et arrêter ce bling-bling qui n’est plus dans l’air du temps. Lire l’enquête (en septembre 2017) : La Biennale Paris à la recherche de son lustre perdu Des côtés formidables, un prestige mondial, et des scandales retentissants ! Les faux, notamment… J’ai mis en place un système que je crois vertueux. Autrefois, les experts qui authentifiaient les œuvres présentées pouvaient être aussi des exposants concurrents – ou amis –, avec tous les conflits d’intérêts ou les complaisances que cela suppose. C’est terminé. Ils sont désormais extérieurs à la Biennale, et anonymes. Moi-même, je ne sais pas qui va juger les tableaux que je présente. Ceux qui sont douteux sont retirés. En 2017, cela a été le cas de 70 objets. En 2018, 32 seulement. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. J’ai fait aussi venir la société Art Loss Register, qui vérifie qu’ils ne sont pas déclarés volés. Nous collaborons également en amont avec l’OCBC [le service de police spécialisé dans les faux et les vols d’œuvres d’art] qui, en l’occurrence, n’a pas un rôle répressif, mais fait montre d’une vraie volonté de conseil. De plus, il est possible de recourir à un laboratoire d’analyse scientifique installé sur place, en cas de doute.
Mathias Ary Jan, marchand d’art et président du Syndicat national des antiquaires, revient sur les tourmentes de la profession, à l’occasion du salon annuel au Grand Palais du 13 au 17 septembre.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/13/biennale-des-antiquaires-a-paris-il-faut-arreter-ce-bling-bling-qui-n-est-plus-dans-l-air-du-temps_5509795_3246.html
mlsum-fr-1121
Les efforts des grandes entreprises du numérique pour détecter les contenus pédopornographiques sont-ils à la hauteur ? Non, conclut une enquête publiée samedi 9 novembre par le New York Times. Si cette industrie a su repérer et signaler 45 millions de contenus l’an dernier, « elle a systématiquement échoué à mettre en place des mesures agressives pour y mettre fin », écrit le quotidien américain, qui évoque « des approches incohérentes, souvent unilaterales et menées en secret ». La quasi-totalité des images repérées par ces entreprises l’ont été grâce à un outil développé en 2009 par Microsoft et le chercheur Hany Farid, PhotoDNA. Utilisé par la plupart des géants du numérique, il est capable de comparer « l’empreinte numérique » de photos mises en ligne à celles présentes dans une énorme base de données d’images pédopornographiques. Ce qui lui permet de détecter automatiquement les images déjà présentes dans cette base, même si elles ont subi des modifications par rapport à l’original. Une méthode efficace, mais pas suffisante, puisqu’elle ne s’appuie que sur une seule base de données – celles présentes dans d’autres listes, mises en place par d’autres organisations, lui échappent. Sans compter que cette méthode est, par nature, incapable de déceler les images inédites mises en ligne. Des images détectées uniquement en cas de partage Autre limite : les images pédopornographiques sont souvent stockées sur des plates-formes d’hébergement comme Google Drive, Dropbox, Microsoft OneDrive ou Azure. Or ces entreprises n’analysent pas par défaut les fichiers hébergés afin de détecter de potentielles images pédopornographiques – elles ne le font que lorsque le document est partagé, explique le New York Times. Ce qu’ont bien compris certains pédophiles, qui, plutôt que de partager les images hébergées sur ces services, diffusent les codes d’accès à leur compte. Quant à Amazon et Apple, ils ne recherchent jamais ces contenus sur leurs plates-formes d’hébergement, écrit le New York Times. Amazon, Microsoft et Dropbox ont répondu qu’ils n’analysaient pas tous les contenus hebergés sur leurs serveurs afin de respecter la vie privée de leurs utilisateurs. Apple a refusé de donner plus de précisions sur la détection des contenus pédopornographiques, arguant que ces informations pourraient avantager les criminels. La problématique de la détection automatique des contenus répréhensibles se heurte en effet à celle de la protection des données personnelles. La question se pose aussi sur les services de messagerie, de plus en plus nombreux à être chiffrés, à l’instar de WhatsApp ou iMessage d’Apple. Les messages transitant par ces logiciels ne sont lisibles que par l’émetteur et leur récepteur du message. Ils sont indéchiffrables pour les autres, y compris par les entreprises possédant la messagerie. Ces mesures se sont développées après les révélations d’Edward Snowden en 2013 sur l’ampleur de la surveillance américaine sur les échanges numériques. Une façon de protéger les utilisateurs, quelles que soient leurs intentions. Le New York Times s’inquiète d’ailleurs de la volonté de Facebook de chiffrer son service Messenger, « la principale source d’imagerie » pédopornographique de la plate-forme, note le journal. Qui souligne d’ailleurs que plus grand réseau social au monde analyse « minutieusement » sa plate-forme pour détecter ce type de contenus, et est à l’origine de « 90 % des images détectées l’an dernier par les entreprises de la tech ». De la pédopornographie sur Bing Le New York Times s’est aussi intéressé aux résultats des moteurs de recherche, et a découvert que Bing, qui appartient à Microsoft, donnait accès à des images pédopornographiques en réponse à certains mots-clés. Certaines étaient même présentes dans la base de données de PhotoDNA. Si les images ne s’affichaient pas directement dans le moteur de recherche, leur adresse apparaissait, permettant d’y accéder facilement. Et ce quelques mois seulement après la publication d’une enquête du site spécialisé TechCrunch révélant ce type de manquement. Même constat sur Yahoo! et DuckDuckGo, et pour cause : ces deux moteurs de recherche se fondent sur la technologie de Bing. « Nous avons trouvé et réglé quelques problèmes dans nos algorithmes de détection des images illégales », a répondu un porte-parole de Microsoft au New York Times. Le journal n’a repéré aucun cas de ce genre sur Google, mais précise que le Centre canadien de protection de l’enfance en a, lui, détecté quelques-uns. « Et que l’entreprise a parfois refusé de les retirer », avant de s’exécuter en réponse aux questions des journalistes. Mais l’un des grands manquements en matière de détection de la pédopornographie concerne les vidéos. Celles-ci ne sont pas détectables par PhotoDNA, et il n’existe pas d’équivalent servant de standard à l’industrie. « Plusieurs plates-formes majeures – comme AOL, Snapchat et Yahoo! – n’analysent même pas les vidéos », affirme le New York Times. Certaines entreprises ont développé, ou travaillent au développement d’une technologie de détection. Comme Google et Facebook, qui ont chacune créé leur propre système, « mais les deux entreprises ne peuvent pas partager leurs informations car les empreintes générées par chacune de ces technologies ne sont pas compatibles ». Et c’est sans compter une autre pratique qui tend à se répandre parmi les pédophiles : la diffusion de vidéos en direct, que les plates-formes peinent à détecter efficacement. Comme l’avait à nouveau montré Facebook, en laissant l’auteur de l’attentat des mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, tuer en direct 51 personnes.
Une enquête du « New York Times » souligne les failles des systèmes de détection utilisés par de grandes entreprises comme Microsoft ou Google.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/11/11/pedopornographie-les-failles-des-geants-du-web-pointes-du-doigt_6018759_4408996.html
mlsum-fr-1122
LETTRE DE BERLIN Il y a généralement de quoi être inquiet quand des dirigeants politiques s’aventurent sur le terrain des historiens, a fortiori quand ils le font avant des élections. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille considérer leur démarche d’un simple haussement d’épaules. Même fortement nourri d’arrière-pensées, l’intérêt pour le passé est toujours le symptôme de quelque chose. Ce qui se joue ces temps-ci en Allemagne autour de la Treuhand en est la parfaite illustration. Créée en 1990, l’année de la réunification, cette agence fut chargée de privatiser les entreprises de l’ex-République démocratique allemande (RDA). Dissoute en 1994, voilà qu’elle intéresse de nouveau plusieurs responsables politiques du pays. C’est le cas de Dietmar Bartsch, président du groupe Die Linke (gauche radicale) au Bundestag. Mi-avril, cet élu de Mecklembourg-Poméranie-Occidentale, l’un des « nouveaux Länder », selon l’expression encore utilisée en Allemagne pour désigner les ex-régions de RDA, a réclamé la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le rôle de la Treuhand. « Beaucoup de plaies sont encore à vif et beaucoup de ces plaies ont été ouvertes par la Treuhand », a-t-il expliqué. Les ratés de la réunification De l’autre côté du spectre politique, d’autres lui ont emboîté le pas. A l’instar de Jürgen Pohl, du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD). « Si on cherche à savoir d’où viennent les inégalités de développement entre l’Est et l’Ouest, il faut commencer par regarder ce qu’a fait la Treuhand », a déclaré, début mai, ce député de Thuringe, autre Land d’ex-RDA. Chargé des sujets relatifs à l’est du pays au sein du groupe AfD du Bundestag, il a promis de convaincre ses collègues de l’AfD de « soutenir la proposition de commission d’enquête faite par Die Linke ». L’intérêt porté à la Treuhand par ces deux députés n’a rien d’étonnant. C’est dans l’ancienne Allemagne de l’Est que Die Linke et l’AfD sont le plus implantés. Bien qu’issues de cultures politiques opposées, ces deux formations courtisent en partie le même électorat populaire qui a le sentiment, trente ans plus tard, de toujours payer les ratés de la réunification. La concomitance de leur démarche, elle non plus, n’a rien de fortuit. La rentrée, en Allemagne, aura en effet un parfum très Est-Ouest. Non seulement parce que sera célébré, le 9 novembre, le 30e anniversaire de la chute du mur de Berlin. Mais aussi parce qu’auront eu lieu, auparavant, trois élections régionales, toutes organisées en ex-RDA : le 1er septembre en Saxe et dans le Brandebourg, puis le 27 octobre en Thuringe. Des scrutins décisifs pour Die Linke, qui compte conserver en Thuringe sa seule présidence d’un Land, mais aussi pour l’AfD, qui a des chances d’être pour la première fois la principale force politique dans deux Assemblées régionales, celles de Saxe et du Brandebourg.
Die Linke et l’AfD réclament une commission d’enquête sur la Treuhand, l’agence chargée de privatiser les entreprises de l’ex-RDA entre 1990 et 1994.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/08/en-allemagne-extreme-gauche-et-extreme-droite-veulent-rouvrir-le-dossier-de-la-reunification_5486662_3210.html
mlsum-fr-1123
Le Nord (ici près de Lille, le 17 juillet) et le Pas-de-Calais sont situés dans des zones fortement touchées par l’aléa « retrait-gonflement des argiles ». DENIS CHARLET / AFP Des murs qui se lézardent, des plafonds qui se fissurent… La sécheresse persistante et les fortes chaleurs à répétition menacent les maisons situées dans des régions argileuses d’une quatrième année noire d’affilée. Le déficit hydrique prolongé entraîne une contraction du sol, puis le retour des pluies dilate de nouveau la terre. « C’est moins la durée de la sécheresse qui est préjudiciable que l’écart entre le tassement et l’expansion », précise Sébastien Jaffrot, au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Ces mouvements de terrains sont lents, imperceptibles, mais ils déforment les maisons. Appelé « retrait-gonflement des argiles », cet aléa a coûté 12 milliards d’euros depuis 1989, l’année où il a été reconnu comme catastrophe naturelle. C’est le deuxième poste d’indemnisation, derrière les inondations. Après des dégâts importants en 2003 et en 2011, les mauvaises années se succèdent sans interruption depuis 2016. En 2018, l’indemnisation des dommages infligés aux maisons par la sécheresse est évaluée entre 750 millions et 880 millions d’euros par la Caisse centrale de réassurance (CCR), pour 2 358 communes déclarées en état de catastrophe naturelle. « Ce sont des désordres qui mettent parfois du temps à se manifester, et il n’est pas toujours évident de déterminer leur cause avec certitude », explique Antoine Quantin, directeur des réassurances et des fonds publics chez CCR. Lire aussi Ces différentes sécheresses qui font que la France est à sec L’année la plus coûteuse reste 2003 Près de 4,5 millions de maisons individuelles, plus vulnérables que des immeubles car construites avec très peu de fondations, sont situées dans des zones classées en aléa fort ou moyen. Ces dernières, qui couvrent 21 % du territoire hexagonal, forment un large croissant partant de l’Ile-de-France jusqu’au grand Sud-Ouest. Le Nord et le Pas-de-Calais sont aussi fortement touchés. Alors qu’on construit toujours plus de maisons individuelles, le plus souvent sans tenir compte de cet aléa, les effets du réchauffement pourraient faire exploser la facture. La CCR estime que si la sécheresse intense de 2011, intervenue pendant le printemps, s’était prolongée tout l’été, son coût aurait atteint jusqu’à 2,6 milliards d’euros, au lieu des 860 millions d’euros enregistrés. L’année la plus coûteuse reste pour l’heure 2003, avec 1,8 milliard d’euros d’indemnisations. Pour limiter les risques, la loi « évolution du logement, de l’aménagement et du numérique » de novembre 2018 rend obligatoire, à partir de 2020, une étude de sol en cas de vente d’un terrain situé dans une zone exposée – la carte a été actualisée au printemps – et précise les techniques constructives à adopter. « Cela devrait réduire le nombre de sinistres, et en cas de dommages dans les dix ans suivant la construction, c’est la garantie décennale de l’entreprise qui s’appliquera, alors qu’aujourd’hui cette responsabilité est mal définie », selon Antoine Quantin. Fondations en béton de 1,20 mètre de profondeur, rigidité de la structure, gestion des eaux pluviales et de la végétation… Tout un abécédaire de la maison individuelle à revoir.
Sur les zones argileuses, le manque d’eau déforme les sols, fragilisant et fissurant les constructions aux faibles fondations.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/23/secheresse-un-risque-de-degradations-pour-4-5-millions-de-maisons_5492450_3244.html
mlsum-fr-1124
Laurent Sciamma au Café de la Gare, à Paris, le 4 novembre. COLLECTION PARTICULIERE « Big up à toutes les femmes ! » Dès les premières minutes du spectacle, le ton est donné. En cette période d’après #metoo, Laurent Sciamma, féministe convaincu, est exalté par la révolution en cours. Dans un stand-up à l’énergie communicative, ce trentenaire enjoué parvient à déclencher les rires pendant plus d’une heure en observant à la loupe les inégalités hommes-femmes et en revenant sur sa jeunesse et sa vie de couple. « J’ai mesuré le taf que c’était d’être une meuf pour être à la hauteur de la liste interminable des injonctions qui lui sont faites » Quel régal de découvrir ce nouvel humoriste sur la scène du Café de la Gare à Paris ! Cadet de deux sœurs (dont la réalisatrice militante Céline Sciamma), ce « bonhomme » (titre de son one-man-show) ne cache pas qu’il a été à bonne école pour s’interroger sur la condition féminine. D’autant que, enfant, Laurent Sciamma préférait jouer aux minipoupées Polly Pocket plutôt que d’aller au judo, et aurait rêvé avoir un journal intime. « Mais un journal intime avec Zinédine Zidane sur la couverture, ça n’existe pas. En tant que mec, ton petit cadenas est métaphorique. » Des hommes qui geignent Les stéréotypes ayant la vie dure, on a souvent demandé à ce féministe s’il était homosexuel. Eh bien non. Sa réflexion sur les déterminismes de genre, il l’a forgée au contact de ses potes et de leur rapport à la virilité, puis de ses dix années passées en couple. « J’ai mesuré le taf que c’était d’être une meuf pour être à la hauteur de la liste interminable des injonctions qui lui sont faites. » Laurent Sciamma excelle à parler du quotidien des femmes et à se moquer des hommes qui geignent sur #metoo – « Comment on va faire pour draguer ? » – en se cherchant de fausses excuses : « Nous, les mecs, on a des pulsions… » Désormais célibataire, l’humoriste est « en manque » de confidences de femmes. Parce que ce qu’il aime, avant tout, c’est côtoyer des personnes qui parlent de leurs émotions. Or, on a trop longtemps dit aux hommes que, « être connecté à ses émotions, c’était un truc de filles ». Utilisant avec autodérision son corps filiforme et ses bras à rallonge, glissant régulièrement l’expression « toi-même tu sais » pour obtenir la complicité du public, alternant expériences vécues et digressions hilarantes (« la parenthèse Roger Cavaillès »), Laurent Sciamma fait œuvre utile en utilisant l’humour pour prôner l’égalité. Engagé et pertinent sans être manichéen, cet anti-bad boy est aussi touchant qu’hilarant.
Le stand-upper déclenche les rires en prônant l’égalité des sexes dans un seul-en-scène qu’il présente au Café de la Gare, à Paris.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/08/laurent-sciamma-un-bonhomme-plein-d-humour-a-l-ecole-des-femmes_6018406_3246.html
mlsum-fr-1125
Ecoquartier des Noes, Val de Reuil - Atelier Philippe Madec - Photographie : Pierre-Yves Brunaud PIERRE-YVES BRUNAUD Entretien. Pionnier de l’architecture durable, Philippe Madec est l’un des initiateurs du « Manifeste pour une frugalité heureuse et créative », déjà signé par 7 000 professionnels, qui engage le monde de la construction et de l’aménagement à sortir « des visions technicistes et productivistes, gaspilleuses en énergie et en ressources de toutes sortes ». Philippe Madec a reçu le prix de l’Equerre d’argent en 2018 pour l’écoquartier qu’il a construit à Val-de-Reuil, dans l’Eure. Il présidait le comité de sélection qui a choisi, le 15 octobre, l’architecte Christophe Hutin, apôtre d’une architecture de la frugalité, pour représenter la France à la Biennale de Venise en 2020. Qu’est-ce qu’une architecture frugale ? L’enjeu, c’est deux fois plus de bien-être avec deux fois moins de ressources. Il faut se montrer économe en énergie, en matériaux, en technicité, en territoire. Nous avons recours à ce que la nature nous apporte et qu’on a pris l’habitude de confier à la technique : l’air, la lumière, la chaleur… Il faut retrouver une relation à la nature et au climat, des matériaux biosourcés en circuit court, une architecture bioclimatique, des systèmes de ventilation naturelle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le bâtiment à l’épreuve du bilan carbone Nous sommes en train de concevoir, pour l’office public de l’habitat Aquitanis à Bordeaux, un immeuble de logements sans aucune ventilation mécanique. Pour réussir cela, il faut mettre des fenêtres dans la salle de bains, les WC, la cuisine… retrouver un confort de vie. On le fait par un travail d’architecte, une attention à l’espace. Une partie des appartements sera même sans système de chauffage. Dans un bâtiment très bien isolé, les apports solaires et ceux de la vie quotidienne – les appareils électriques, l’eau qui chauffe pour le thé, etc. – sont parfaitement suffisants. Construire durable, c’est se passer de la technique et du béton ?
L’architecte et urbaniste est l’un des pionniers de la construction écologique en France, et l’un des initiateurs du « Manifeste pour une frugalité heureuse et créative ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/03/philippe-madec-il-faut-se-desintoxiquer-de-la-technique-et-de-la-monoculture-du-beton_6017885_3234.html
mlsum-fr-1126
L’arbitre tente de calmer les joueurs de Lille et Valence au stade Pierre-Mauroy à Villeneuve-d'Ascq. DENIS CHARLET / AFP Dominateur, Lille a arraché le match nul dans le temps additionnel face à Valence grâce à Jonathan Ikoné (1-1) mercredi 23 octobre, lors de la troisième journée de Ligue des champions. Le Losc, qui a fait preuve d’une énorme volonté, a surclassé la formation espagnole mais a encore une fois manqué cruellement d’efficacité. Les Nordistes ont plus couru que leurs adversaires, eu la possession de balle (55 %), effectué la bagatelle de 25 tirs contre seulement 6 aux Valenciens… Mais ils n’ont pas réussi à l’emporter. Et c’est sur leur dernier tir, un missile d’Ikoné sous la barre, qu’ils ont évité une troisième défaite en trois rencontres de Ligue des champions cette saison. Le Russe Denis Cheryshev avait auparavant surpris les Lillois à la conclusion d’un contre (62e). Avec un point au compteur à mi-course, il faudrait désormais un miracle aux Dogues pour se qualifier pour les huitièmes de finale de la compétition. Mais la troisième place, qui permet d’être reversé en 16e de finale de Ligue Europa, reste accessible, sous réserve de faire un bon résultat à Valence (4 points) dans deux semaines. La domination des Dogues, l’attentisme des Espagnols Sous pression après la victoire inattendue de Chelsea sur la pelouse de l’Ajax Amsterdam (1-0) un peu plus tôt dans la soirée, Valence, qui a terminé à dix après l’exclusion de Mouctar Diakhaby à la 84e minute, a réalisé une prestation très terne et ne méritait pas de l’emporter. Christophe Galtier, l’entraîneur lillois, avait tenté un pari en alignant pour la première fois une défense centrale à trois. Et il a failli être payant alors que ses joueurs restaient sur deux mauvaises prestations. « Secoués » par leur entraîneur selon les dires du milieu Benjamin André après le revers inquiétant à Toulouse samedi, les joueurs lillois affichent d’entrée une détermination de tous les instants et imposent un pressing qui a gêné les Espagnols. Avec douze tirs à la mi-temps, le Losc domine clairement les débats face à une équipe de Valence attentiste. L’entraîneur espagnol procède d’ailleurs à un changement tactique à la pause en remplaçant Kondogbia par Carlos Soler, un joueur plus offensif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ligue des champions : à Lille, Victor Osimhen, le parcours du combattant d’un jeune attaquant Lille poursuit sa domination à la reprise, à l’image d’André, dans tous les bons coups : il place d’abord une tête de peu à côté sur corner (49e), puis écrase une tentative sur un centre en retrait de Celik (60e), avant de buter sur Cilessen sur une belle frappe en pivot, qu’il transmet ensuite à Rémy qui tire à côté en position idéale (74e). Ikoné tente aussi sa chance peu après son entrée à l’heure de jeu : il décoche un missile de 25 mètres que Cilessen repousse comme il peut (67e). L’international arrache finalement une égalisation méritée à la dernière minute d’une frappe puissante sous la barre (1-1, 90e+5).
Les Dogues, menés 1-0 à la fin du temps réglementaire, ont égalisé grâce à Jonathan Ikoné à la 95e minute. Lille se retrouve quasiment éliminé de la Ligue des champions.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/23/ligue-des-champions-lille-arrache-le-nul-face-a-valence-1-1_6016673_3242.html
mlsum-fr-1127
LETTRE DE SINGAPOUR Capture du site E-Pay, qui met en scène un acteur d’origine chinoise déguisé en Indien. THEDRUM.COM Singapour, multiculturelle et fière de l’être, présente néanmoins quelques failles dans le récit national officiellement célébré : « Fait de beaucoup, nous sommes un. Une nation qui accueille une large gamme de cultures, d’ethnies et de religions. La diversité est notre force », affirme le site Internet de la très prospère cité-Etat de l’Asie du Sud-Est. En dépit d’une réputation justifiée d’harmonie intercommunautaire et de sécurité depuis les émeutes « interraciales » de 1964, au temps où la ville faisait encore partie de la Malaisie, la réalité de ce modèle ethnique remarquablement inclusif est sans doute un peu plus problématique qu’il n’y parait. C’est ce que vient de prouver la récente diffusion d’une publicité dont l’humour a été diversement apprécié : fin juillet, des photos vantant les mérites d’une nouvelle application pour le site d’achat en ligne E-Pay représentaient un acteur d’origine chinoise grimé en Indien. Pour se faire, Dennis Chew s’était passé la figure au cirage. Suscitant aussitôt l’émotion chez des représentants de la minorité indienne. Rappel le « black face » Les réactions indignées on fait penser aux récentes répercussions d’incidents de « black face » aux Etats-Unis, pratique hérité de la culture esclavagiste consistant pour des Blancs à se faire passer pour des Noirs, de manière caricaturale. Résultat, à Singapour, c’est désormais le terme de « brown face » (figure brunie), qui est utilisé. Les équilibres ethniques de la ville-pays sont aussi complexes que délicats : plus de 73 % de Chinois composent la majorité d’une population de 5,6 millions d’habitants, dont 13 % sont par ailleurs Malais et 9 % Indiens. A cette mosaïque ethnique fait pendant une pluralité de croyances qui vient renforcer le caractère multiple de l’« unicité dans la diversité » prônée par le système : 33 % de bouddhistes, 19 % de chrétiens, 14 % de musulmans, 11 % de taoïstes et 5 % d’hindous. « Je ne vois pas ce qu’il y a de drôle dans l’image d’un Chinois imitant un Indien de cette façon », a réagi la journaliste singapourienne indienne Ruby Thiagarajan dans un long article publié sur New Naratif, un site d’informations dédiée à la « promotion de la démocratie et de la liberté d’expression en Asie du Sud-Est ». « J’imagine, s’est-elle demandé, que, peut-être, quand des gens voient un Chinois au visage peint en brun, ils voient aussitôt la caricature d’un Indien avec son drôle d’accent. » Sous-entendu, ça les fait rigoler.
L’émotion suscitée par les images d’un Chinois grimé en Indien pour les besoins d’une publicité interroge sur la force de l’idéal inclusif de la cité-Etat.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/11/a-singapour-une-brown-face-met-a-mal-le-modele-multiculturel_5508864_3210.html
mlsum-fr-1128
Le dispositif de végétalisation temporaire de la place Pey-Berland à Bordeaux, expérimenté durant l’été par la municipalité, est jugé moins efficaces pour se rafraîchir que... l’intérieur de la cathédrale Saint-André. LM/Claire Mayer Mardi 23 juillet, à 16 heures, le mercure indique 42,6 degrés à Bordeaux, un record jamais égalé dans la ville depuis l’épisode de canicule qui avait frappé la France en 2003. Dans le centre-ville, les rues sont désertes, le calme est inhabituel pour un jour de juillet, où les touristes affluent habituellement. Pour remédier à cette chaleur étouffante, nombreux sont ceux qui viennent trouver refuge dans la cathédrale Saint-André, sur la place Pey-Berland. A quelques mètres, une ombrière inaugurée il y a quelques jours par la municipalité : une cinquantaine d’arbres en pot – lauriers, hibiscus et oliviers – ont été disséminés devant l’hôtel de ville, agrémentés de toiles. Selon le texte explicatif, « la ville a mis en place une végétalisation éphémère et un jeu de voiles permettant de créer une ombrière de repos et de respiration en cœur de ville ». Mais, à cette heure caniculaire, l’ombre est inexistante et les badauds absents. Il s’inquiète de l’état de ces arbres agonisants en plein soleil. Optimiste, il salue la démarche, avant de conclure que « ça a été fait à la va-vite ». Un avis partagé par Sébastien, serveur au Café français. « C’est toujours mieux que ce qu’il y avait, puisqu’il n’y avait rien. Mais je ne vois pas de zones d’ombre », ironise-t-il. Car si l’ombrière crée une zone végétale sur la place, son coût – 90 000 euros – laisse pantois. Pour l’équipe municipale, l’opération, qui doit durer tout l’été, est une expérimentation, dans le cadre de la réorganisation de la ville en matière de changement climatique. Le maire, Nicolas Florian (Les Républicains). « J’ai demandé une étude au cabinet d’architecte qui a conçu la place pour voir comment on peut désormais enraciner les arbres », précise l’élu, pour qui l’enjeu de la végétalisation est double : « L’ombre et, surtout, la capacité qu’ont les arbres à maintenir un peu de fraîcheur. Pour l’ombre, il faut attendre qu’ils poussent un peu, on ne peut pas planter des arbres de 4 mètres. » Ville de pierres
Avec un mercure à plus de 42 °C mercredi, les Bordelais ont pu éprouver un dispositif de végétalisation temporaire de la place Pey-Berland… sans grand succès.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/24/tout-juste-inauguree-l-ombriere-de-la-ville-de-bordeaux-ne-convainc-pas-de-son-effet-fraicheur_5493093_3244.html
mlsum-fr-1129
Un ouvrier pousse un chariot avec des pneus de sport automobile, dans l’usine Michelin à Clermont-Ferrand, le 10 juillet 2013. REGIS DUVIGNAU / REUTERS Chez Michelin, la compétition est une belle vitrine, mais l’arrière-boutique n’est pas reluisante. Dans l’atelier de Clermont-Ferrand, qui fabrique les pneus qui brillent sur les circuits, les machines accusent leur âge ; on en trouve sur lesquelles est inscrite la date de mise en service : 1921, année de l’ouverture de la grande usine clermontoise de Cataroux. Le parc de machines est « obsolète » et « de moins en moins adapté au besoin produit », constate un document interne de la direction, daté de septembre 2019, que Le Monde s’est procuré. Si les 560 salariés du C2 – le nom de leur atelier dans le jargon de Bibendum – ont un savoir-faire reconnu, leur absence de « culture de productivité » est notoire. Résultat, les coûts de production sont sans commune mesure avec les standards de Michelin. Un cas isolé parmi les quinze sites industriels français du groupe ? En réalité, non. Le numéro deux mondial du pneu est en fait confronté à une crise de compétitivité en France. Une méthode inédite L’évolution des marchés du pneumatique et la pression concurrentielle « ne permettent pas d’envisager le maintien, à terme, d’un tissu industriel aussi dense en Europe de l’Ouest », tranche ce diagnostic qui a été présenté aux syndicats début septembre. Dans l’Hexagone, outre l’atelier de Clermont-Cataroux, trois autres usines ont de réels problèmes de compétitivité : celles de Cholet (Maine-et-Loire, pneus tourisme et camionnette), de la Roche-sur-Yon (Vendée, poids lourds) et d’Avallon (Yonne, rechapage poids lourds). Selon la direction, il n’y a toutefois pas de projet de fermeture pour ces quatre sites, qui représentent environ 2 000 emplois sur les 23 000 que compte le groupe en France. Au moment de sa prise de fonction en mai, Florent Menegaux, président de la gérance de Michelin, avait laissé entendre que des restructurations n’étaient pas à exclure. « Notre empreinte industrielle doit évoluer pour accompagner l’évolution des marchés », avait-il expliqué au Monde, ajoutant : « Il n’y a aucun site pérenne, à l’Est comme à l’Ouest. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Florent Menegaux, le nouveau patron de Michelin sort de l’ombre Pour son premier grand dossier industriel et social, M. Menegaux a choisi une méthode inédite. En échange d’un accord de confidentialité, la direction a donné aux syndicats des éléments stratégiques sur l’évolution des marchés et sur les performances techniques et économiques de chaque usine. « Des sites plus fragiles que d’autres »
Dans un document présenté aux syndicats, le fabricant de pneumatiques constate une nette dégradation de la compétitivité pour quatre de ses usines en France.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/16/michelin-confronte-a-des-problemes-de-productivite-lance-une-phase-de-dialogue-social_5511137_3234.html
mlsum-fr-1130
Le président guinéen Alpha Condé à l’ONU, à New York, le 25 septembre 2019. Carlo Allegri / REUTERS Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui regroupe des partis d’opposition, des syndicats et des membres de la société civile en Guinée, a appelé lundi 7 octobre à manifester à partir du 14 octobre contre l’ambition prêtée au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat. Ce dernier, dont le deuxième mandat s’achève en octobre 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats en Afrique – deux au maximum en Guinée. Lire aussi En Guinée, le président Alpha Condé entretient le suspense sur un troisième mandat Début septembre, il a chargé son premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, de conduire des consultations sur une possible révision de la Constitution, qui ont été boycottées par les principaux partis d’opposition. Le président Condé a accrédité encore plus l’idée d’une candidature à sa propre succession en appelant fin septembre les Guinéens à se « préparer » à un référendum et à des élections législatives. « Coup d’Etat constitutionnel » Dans une déclaration publiée lundi à l’issue d’une réunion extraordinaire de ses membres, le FNDC s’est « réjoui de n’avoir pas pris part à la mascarade déguisée sous le label de consultations, qui n’était qu’une nouvelle manœuvre dilatoire destinée à servir d’alibi pour légitimer le processus de coup d’Etat constitutionnel entrepris par le pouvoir guinéen ». Dans ce texte, il « lance un appel à la mobilisation de tous les Guinéens », à partir du 14 octobre, à travers des « manifestations républicaines ». Lire aussi Législatives en Guinée : le chef de la Commission électorale propose le 28 décembre L’opposition met en garde contre de nouvelles violences, alors qu’une centaine de manifestants ont été, selon elle, tués par les forces de l’ordre depuis l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé en décembre 2010. Les autorités font, pour leur part, état d’une douzaine de policiers ou militaires tués lors de manifestations au cours de cette période. Le FNDC recommande aux compagnies minières, banques, usines, stations-service et aux autres entreprises publiques et privées de « suspendre toute activité durant les manifestations, en vue d’éviter tout incident dommageable ». « Dans un contexte de débat politique acharné en Guinée, il est plus important que jamais de protéger le droit de manifester pacifiquement », a déclaré la directrice pour l’Afrique de l’Ouest de Human Rights Watch, Corinne Dufka, citée dans un communiqué du 3 octobre. Selon l’ONG, les autorités guinéennes ont interdit « de fait » une vingtaine de manifestations depuis plus d’un an, utilisant « des gaz lacrymogènes contre les personnes qui défiaient l’interdiction » et arrêtant « des dizaines de manifestants ».
L’actuelle Constitution limite à deux le nombre de quinquennats consécutifs. Mais le chef de l’Etat a souvent contesté la pertinence d’une telle disposition.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/08/en-guinee-l-opposition-appelle-a-la-mobilisation-contre-un-troisieme-mandat-d-alpha-conde_6014640_3212.html
mlsum-fr-1131
Thomas Rebaud est le fondateur de Meero, la start-up française qui vient de lever 205 millions d’euros. MEERO Pertes et profits. Elles s’appellent OpenClassrooms, PayFit, Back Market ou ManoMano et il va falloir apprendre à prononcer leur nom en bon français. Selon les experts, elles sont les meilleurs espoirs de la French Tech, ces jeunes pousses hexagonales qui commencent à donner de belles branches et peuvent prétendre à devenir des licornes, ces start-up valorisées plus d’un milliard de dollars (893 millions d’euros), qui prospèrent par centaines aux Etats-Unis ou en Chine, et dont rêvent l’Europe et la France. Témoin, la spectaculaire opération de la société parisienne Meero, qui vient de récolter d’un coup plus de 200 millions d’euros auprès d’investisseurs (230 millions de dollars), un record en France pour une entreprise créée en 2016. En trois ans seulement, ce fournisseur de photos professionnelles a levé 300 millions de dollars, embauché 600 personnes et s’est installé à New York, Tokyo, Bengalore ou Shanghaï. De quoi donner de l’espoir à tout un secteur, après la levée de fonds de Doctolib, la plate-forme de prise de rendez-vous médicaux, qui a trouvé en ce début d’année près de 150 millions d’euros pour accélérer son déploiement international. Selon le label French Tech, au premier trimestre 2019, près de 1,2 milliard de dollars ont été investis dans les jeunes pousses françaises. Dans le seul secteur de la finance, la récolte du premier semestre aurait déjà atteint le montant de l’ensemble de l’année 2018. Une économie à maturité L’argent afflue et même les investisseurs français mettent la main au portefeuille. Il faut dire que l’argent n’a jamais été aussi peu cher et que les fonds d’investissement en regorgent. Ce qui les pousse à prendre des risques pour espérer trouver du rendement à leur capital. De plus, l’économie des plates-formes Internet arrive à maturité et trouve à s’exprimer dans de nombreux secteurs verticaux et non préemptés par les GAFA. C’est le cas de Meero. Son succès étonnant repose sur cette combinaison d’une plate-forme réunissant plus de 50 000 photographes dans le monde à un moment où la photo et la vidéo deviennent le mode de communication et de publicité favori sur Internet, comme en témoigne le succès d’Instagram. La société a su également créer des barrières à l’entrée en investissant dans l’intelligence artificielle pour la retouche express des photos, et déployer rapidement son modèle à l’échelle mondiale. Une recette à démultiplier.
La levée de fonds de 205 millions d’euros réalisée par la start-up Meero souligne spectaculairement la bonne santé du secteur en ce début 2019, observe Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/19/l-argent-afflue-dans-la-french-tech_5478418_3234.html
mlsum-fr-1132
Le Marais. Terrasse de café rue Dupetit Thouars, à Paris. Daniel Thierry / Photononstop / Daniel Thierry / Photononstop Fever L’appli a été baptisée Fever, comme celle très certainement du samedi soir. « La ville est vivante, sors et joue le jeu », susurre Fever à l’oreille de ses Travolta-utilisateurs, à l’affût d’« un truc cool », de sorties exclusives ou secrètes sur Paris. Après s’être « défini » à l’aide de trois hashtags, tels que #afterwork, #lgbtq + et #solidaire –, une palette de suggestions s’affichent avec laquelle il ne reste plus qu’à composer ses virées : une Zombi Run France, course de survie au milieu de morts-vivants organisée le 19 octobre à l’Ile de loisirs de Jablines-Annet (Seine-et-Marne), une séance de Fury Room à Paris pour tout casser, et se délester de ses colères et stress, ou encore une dégustation de tapas pour « poser ses fesses à Barcelone sans quitter Paris ». Une fois son programme arrêté, la réservation s’opère en un ou deux clics. Appli gratuite, sur iOS et Android, feverup.com/paris. Aussi disponible pour Londres, New York et Madrid. Toot Sweet « Là maintenant ? » Toot Sweet, à prononcer « Tout’d’suite », obtempère illico presto pour satisfaire ceux qui sont à la recherche d’une suggestion de sortie ou en quête de découvertes à faire sur Paris et proche banlieue. En fonction de ses envies (food, apéro, expériences, clubs, bien-être…) et/ou de sa localisation, les suggestions viennent au-devant des dénicheurs de bons plans. En un clin d’œil, l’expo gratuite ou la terrasse ensoleillée est débusquée, le resto et la conférence qui valent le détour, le concert qui défrise, le film à voir ou encore le pot à boire. Il ne reste plus qu’à suivre le guide. Un guide qui aime aussi régaler : sur présentation d’un justificatif de paiement à prendre en photo, l’utilisateur peut tenter sa chance à la machine à sous virtuelle et être remboursé de sa sortie. Bingo. Appli gratuite, sur iOS et Android, tootsweet.app Yams Parce que les grands ne sont pas les seuls à apprécier les activités et spots incontournables, parce que c’est si simple de se simplifier la vie en tant que parents, Yams, pour « Y’en a marre du square », « trouve en un éclair l’idée de sortie qui sauvera votre samedi après-midi ». En fonction de l’âge des enfants, des envies du moment (expo, spectacle, ciné, balade, atelier…), ou encore du calendrier, Yams déniche, en temps réel, les sorties à Paris et en Ile-de-France à faire en famille, en intérieur ou en extérieur et même gratuites. Que faire samedi 12 octobre par exemple ? Quitter Paris pour Chantilly et son potager des princes, jardin remarquable et parc animalier, ou prêter l’oreille aux contes de l’Institut du monde arabe, à la rencontre des djinns, des princes et des goules ? Le square reste, bien sûr, une solide option. Appli gratuite, sur iOS et Android, yenamarredusquare.com/app/
Marre de la routine ? Pour décrocher des sorties inspirées, pour les grands comme les petits, détour par trois applis à avoir sous l’index.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/10/14/trois-applis-pour-inspirer-ses-sorties_6015466_4497916.html
mlsum-fr-1133
umérique. Publié le 13 juillet 2019 à 14h01 - Mis à jour le 14 juillet 2019 à 11h31 « Akira », radiographie d’un manga culte 2019 : une date hautement symbolique, celle à laquelle se déroulent les événements dans la monumentale œuvre d’anticipation Akira, de Katsuhiro Otomo ; celle, également, qu’a choisie la revue Rockyrama pour consacrer un hors-série entier au manga culte, sous la forme d’un mook richement documenté et superbement illustré. L’influence du méconnu manga Soshite, Dare mo Inaku Natta, l’ombre de Moebius, la question de la drogue et de la violence dans la société japonaise… A travers une vingtaine d’articles, l’ouvrage éclaire de manière oblique et stimulante le plus emblématique seinen (manga pour adultes) des années 1980. Un régal. W. A. « Akira », de Ludovic Gottigny, Romain Dubois et Malik-Djamel Amazigh Houha, hors-série Rockyrama (Ynnis Editions, 14,90 euros). « Broad Band », l’histoire de l’informatique au féminin Dans le grand récit de la Silicon Valley, les héros et les légendes sont les génies masculins. Or les femmes ont été à l’avant-garde de l’informatique, jusqu’au terme même d’« ordinateur » (computer, en anglais) qui a été emprunté aux ordinatrices qui exécutaient des calculs mathématiques compliqués bien avant les machines, dès le XIXe siècle. La journaliste et essayiste américaine Claire L. Evans a enquêté pendant deux ans sur l’implication des femmes dans ce milieu, depuis Ada Lovelace, qui a publié le premier programme en 1843, à la cyberféministe Sadie Plant, figure des années 1990, en passant par les « Eniac Six », pionnières de la programmation. Un ouvrage plutôt pédagogique une fois la barrière de l’anglais surmontée. P. C. « Broad Band : The Untold Story of the Women Who Made the Internet », de Claire L. Evans, (Penguin, en anglais, 20 euros). « Frank Miller », portrait d’un auteur controversé Dans cette version augmentée et mise à jour d’une biographie sortie en 2011, le journaliste spécialiste de la BD américaine, Jean-Marc Lainé, s’attelle à l’un des auteurs les plus brillants et controversés du comics des quarante dernières années. Le scénariste et dessinateur Frank Miller s’est rendu célèbre dès les années 1980 pour ses réinterprétations sombres, matures et sans concession des récits de superhéros. Son image est désormais associée à Daredevil, mais aussi irrémédiablement liée à celle du Dark Knight, un Batman vieillissant et désabusé. Auteurs et fans louent autant le génie – à qui l’on doit également Sin City ou 300 – qu’ils déplorent ses saillies conservatrices et islamophobes. Une biographie dense mais fluide sur un personnage ambivalent. P. C. « Frank Miller : une biographie », de Jean-Marc Lainé (Fantask, 25 euros). « Gaming the Iron Curtain », une histoire du jeu vidéo communiste Trente ans après la sortie de Tetris, l’universitaire tchèque Jaroslav Svelch lève le voile sur l’un des plus grands angles morts de l’histoire du jeu vidéo : son versant communiste. A travers l’exemple de la Tchécoslovaquie des années 1980, cet ouvrage anglophone, aussi pointu que remarquablement sourcé, montre que les pixels avaient droit de cité dans le bloc de l’Est. Mais aussi qu’ils ont été au cœur de la stratégie quotidienne des jeunes citoyens pour surmonter les interdictions, outrepasser les frontières, et même exprimer leur exaspération politique. Une rencontre stimulante entre l’histoire du quotidien à la Michel de Certeau et la sociologie des techniques. W. A. « Gaming the Iron Curtain : How Teenagers and Amateurs in Communist Czechoslovakia Claimed the Medium of Computer Games », de Jaroslav Svelch (MIT Press, 400 pages, en anglais, 38 euros). « Je suis providence », biographie monumentale d’H. P. Lovecraft Longtemps restée non traduite, cette monumentale – 1 200 pages – biographie de Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) fait référence sur la vie du créateur du mythe de Cthulhu. Extrêmement détaillée et basée sur des documents inédits, notamment sur l’abondante correspondance du controversé maître de l’horreur, elle donne une vision complète de la vie de l’auteur. Une lecture éclairante mais à conseiller aux purs passionnés des Grands Anciens – plus proche de la thèse de doctorat que du roman d’été –, le livre de S. T. Joshi ne se lit pas d’une traite sur la plage. D. L. « Je suis providence, vie et œuvre », de H.P. Lovecraft, S. T. Joshi (ActuSF, deux tomes, 2 × 28 euros). « Jump », dans les coulisses des mangas stars De Hokuto no Ken à One Piece en passant par Dragon Ball, Saint Seiya ou Captain Tsubasa, il suffit d’égrener les titres de ses séries emblématiques pour saisir toute la puissance du Weekly Shonen Jump, le légendaire magazine de prépublication de mangas à destination des jeunes garçons. A l’occasion de ses 50 ans, son ancien rédacteur en chef, de 1986 à 1993, Hiroki Goto, livre ses mémoires d’éditeur. Il raconte notamment comment son équipe a amené le magazine à dépasser un tirage de 6 millions d’exemplaires, éclaire sur une économie secrète qui a rayonné dans le monde entier, offre petits détails et grandes anecdotes sur les séries qui selon lui ont jalonné le magazine. Trois cents pages bien chapitrées qui se picorent ou se dévorent d’une traite agréablement. P. C. « Jump, l’âge d’or du manga », de Hiroki Goto, traduit par Julie Seta et supervisé par Grégoire Hellot (Kurokawa, 336 pages, 18,90 euros). « L’ascension de The Witcher… », exégèse d’une trilogie culte Une monographie pour faire le tour de la nouvelle série phare du jeu vidéo, signée du journaliste et youtubeur spécialisé Benoît Reiner, alias Exserv. Ici, très peu de coulisses de développement, mais un panorama un peu fourre-tout et parfois très descriptif des livres et des jeux consacrés au Sorceleur. A défaut d’une direction claire, l’ouvrage réserve de belles pages à l’univers et au bestiaire de l’écrivain Andrzej Sapkowski, grâce à des parallèles éclairants, avec ses nombreuses sources d’inspiration, comme Le Seigneur des anneaux et la littérature fantastique anglo-saxonne. W. A. « L’ascension de The Witcher : un nouveau roi du RPG », de Benoît « Exserv » Reiner, (Third Editions, 252 pages, 24,90 euros). « L’histoire de The Witcher », aux sources du fantastique polonais Une plongée historique méticuleuse, riche en entretiens exclusifs, dans la série de livres Le Sorceleur, et les jeux vidéo qui en ont été tirés (encore eux). Le journaliste spécialisé Raphaël Lucas consacre la première partie de son ouvrage, la plus passionnante, à l’émergence en Pologne de l’heroic fantasy et de l’informatique, ouvrant ainsi la voie à une fascinante contre-histoire de la pop culture des années 1980 et 1990, loin des canons américains et japonais. La seconde partie, moins ambitieuse et plus confinée, raconte le développement compliqué des trois jeux de CD Projekt, entre désaccords internes, organisation chaotique et épuisement des équipes. Un indispensable pour remettre le succès de The Witcher III dans son contexte historique. W. A. Lire aussi : la Pologne, jeune géant du jeu vidéo L’histoire de The Witcher, Raphaël Lucas, Pix’n Love, 240 pages, 24,90 €. « Raconteurs d’histoires », portrait des scénaristes de jeu vidéo Les jeux vidéo narratifs sont les plus plébiscités des joueurs. Mais sait-on vraiment comment naissent les scénarios vidéoludiques ? A travers de nombreux entretiens avec des professionnels, et autant de renvois vers des références comme Life is Strange, NieR : Automata ou encore Red Dead Redemption, le chercheur en sciences politiques Pierre-William Fregonese dresse un panorama fin et complet du métier de scénariste de jeu vidéo. On y découvre ainsi ses parcours hétéroclites, ses méthodes souvent pragmatiques, ainsi que ses problématiques et ses spécificités, comme la narration environnementale – comme le souligne l’auteur, « il n’y a rien de plus fort qu’un endroit inaccessible ou une porte fermée ». Une lecture parfois un peu académique, mais très renseignée et stimulante, qui permet de mieux apprécier ses œuvres préférées. « Raconteurs d’histoires. Les mille visages du scénariste de jeu vidéo », Pierre-William Fregonese (Pix’n Love, 164 pages, 16,90 euros). « Zucked », aux racines des maux de Facebook Un modèle économique enfermé dans un cercle vicieux, une plate-forme utilisée trop facilement par de mauvais acteurs, une direction qui n’écoute aucune critique…, le plus grand réseau social va droit à la catastrophe. Le constat serait classique de la part d’un militant anti-Facebook ; il est un peu plus étonnant de la part de Roger McNamee, qui compta parmi les premiers investisseurs de la société de Mark Zuckerberg. Retraçant l’histoire de son rapport avec Facebook et son fondateur, le financier américain détaille avec précision – et parfois un brin de paternalisme – les décisions qui ont amené Facebook au centre de toutes les critiques aujourd’hui. Et fournit aussi quelques pistes de solutions. D. L. Lire aussi Comment 2018 est devenue une année noire pour Facebook « Zucked, Waking Up to the Facebook Catastrophre », de Roger McNamee (HarperCollins, en anglais, 16 euros). Et aussi… Dans un format mook léger et illustré, les éditions Ynnis consacrent deux sorties à l’animation : les très complets Hommage aux studios Pixar, vers le génie et au-delà, de Gersende Bollut et Nicolas Thys, et Hommage à Isao Takahata, de Stéphanie Chaptal. Les éditions Pix’n Love proposent, de leur côté, une biographie intitulée Akira Toriyama et Dragon Ball, l’homme derrière le manga, signée de l’un des auteurs de cet article. Enfin, signalons la sortie récente, au format poche, du très malin Game of Thrones, une métaphysique des meurtres, de la philosophe Marianne Chaillon, qui couvre les cinq premières saisons (de toute façon, comme chacun sait, la saison 8 n’a pas vraiment existé).
Les plages ayant le désagréable désavantage d’être peu dotées en prises USB et HDMI, la rédaction de Pixels a sélectionné des livres qui permettent de se plonger malgré tout dans le numérique.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/07/13/pionnieres-de-la-tech-shonen-jump-zuckerberg-the-witcher-dix-livres-geeks-recommandes-pour-cet-ete_5489065_4408996.html
mlsum-fr-1134
B. J. Habibie, en mars 2016, à Djakarta. Garry Lotulung / REUTERS L’ancien président indonésien Bacharuddin Jusuf Habibie, mort mercredi 11 septembre à Djakarta, à l’âge de 83 ans, aura joué un rôle crucial dans la démocratisation de son pays. En 1998, après la chute du dictateur Suharto, il avait remplacé le vieux tyran et aussitôt pris des mesures révolutionnaires dans cet archipel contrôlé par les militaires depuis trente-deux ans. Car si Habibie avait été associé durant des années au destin de Suharto, le mouvement populaire qui avait acculé ce dernier à la démission avait fait rapidement comprendre au nouveau chef de l’Etat que le vent avait tourné. A l’époque vice-président depuis seulement deux mois, Habibie s’était retrouvé, le 21 mai 1998, propulsé au sommet et contraint de faire face à une situation explosive, chaotique et lourde de dangers pour la cohésion de cet archipel qui est le plus grand pays musulman du monde. Présentant des excuses publiques pour les nombreuses violations des droits de l’homme dont s’était rendu coupable le précédent régime, le président Habibie avait proposé un « programme en huit points » qui allait mener son pays sur le chemin de la réforme. Avec la promesse de « construire une société plus juste, plus ouverte et plus démocratique ». Elections libres Habibie ordonna alors la libération des prisonniers politiques, supprima la censure imposée aux médias et prépara l’Indonésie à des élections libres. Il leva aussi l’interdiction de l’apprentissage du mandarin pour les Indonésiens d’origine chinoise. Ces derniers avaient payé un lourd tribu lors des massacres de masses perpétrés en 1965 sous prétexte d’éradiquer le communisme dans l’archipel. Plus de 78 % d’Est-Timorais se prononcèrent le 30 août 1999 en faveur de l’indépendance. Mais Jusuf Habibie restera aussi et surtout dans l’histoire comme celui qui osa prendre le risque d’organiser au Timor-oriental, l’ancienne colonie portugaise envahie par l’Indonésie en 1975, un référendum sur l’autodétermination. Plus de 78 % d’Est-Timorais se prononcèrent le 30 août 1999 en faveur de l’indépendance. Le résultat déclencha de terribles violences fomentées par les partisans de l’annexion à l’Indonésie, appuyées par les soldats de Djakarta. Mille cinq cents personnes furent tuées et 500 000 autres déplacées. Sans Habibie, le Timor-oriental, devenu indépendant depuis 2002, n’aurait jamais accédé à la liberté après le long cauchemar de l’occupation indonésienne (on avance un bilan de 100 000 à 200 000 morts entre 1975 et 1999). A l’occasion du 20e anniversaire de l’organisation du référendum, le 30 août, le gouvernement est-timorais a inauguré en grande pompe le « pont B.J. Habibie » qui enjambe une rivière de Dili, capitale du pays. Mais l’incapacité à contrôler l’armée et les milices pro-indonésiennes responsables des tueries démontra cependant la faiblesse de la position du président face à des militaires restés tout-puissants.
Il a succédé au dictateur Suharto après sa chute en 1998. Pendant son mandat d’un peu plus d’un an, il a mis en place une politique de démocratisation et permis au Timor-Oriental de gagner son indépendance. Il est mort le 11 septembre, à l’âge de 83 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/09/12/l-ancien-president-indonesien-b-j-jusuf-habibie-est-mort_5509592_3382.html
mlsum-fr-1135
L’entraîneur de l’AC Milan, Gennaro Gattuso, participe à un match de football du Groupe F en Europa League opposant l’Olympiakos et l’AC Milan au stade Georgios Karaïskakis, dans le port du Pirée, près d’Athènes. PETROS GIANNAKOURIS / AP Après une longue procédure, le club du Milan AC, dont les comptes sont dans le rouge depuis des années, a fini par accepter le principe d’une exclusion de la prochaine Ligue Europa dans un accord avec l’UEFA validé vendredi 28 juin par le Tribunal arbitral du sport (TAS). Le club, 5e du championnat d’Italie, était qualifié pour la phase de poules de la Ligue Europa (C3). Sous réserve de confirmation par l’UEFA, il y sera finalement remplacé par l’AS Rome, qui sera soulagée de s’épargner une entrée au 2e tour préliminaire. Et toujours dans ce jeu de dominos, c’est le Torino, 7e de la dernière Serie A, qui devrait prendre la place de la Roma. Au 2e tour préliminaire, le « Toro » affronterait à la fin de juillet les Hongrois de Debrecen ou les Albanais de Kukësi. Lire aussi Le supplice chinois du Milan AC Milan a donc fini par être rattrapé par ses violations récurrentes des règles du fair-play financier : le club lombard avait en effet déjà été exclu des compétitions européennes par l’UEFA à l’issue de la saison 2017-2018, mais le club avait fait appel devant le TAS et avait pu participer à la C3. Le TAS avait ensuite jugé la sanction disproportionnée et avait renvoyé le dossier devant la chambre d’instruction du fair-play financier. Celle-ci avait adressé au club de nouvelles sanctions, l’obligeant à atteindre l’équilibre financier à l’issue de la saison 2020-2021. Jugeant cet objectif inatteignable, les dirigeants milanais avaient de nouveau fait appel devant le TAS, en avril. « Pas d’autres choix » Au bout du compte, Milan et l’UEFA n’ont pas attendu la décision du TAS et ont trouvé un accord. Et c’est cette entente qui a été validée ce vendredi par le tribunal de Lausanne. Aux termes de cet accord, Milan accepte son exclusion de la C3 comme « conséquence de la violation de l’obligation d’équilibre financier sur les périodes 2015-2016-2017 et 2016-2017-2018 », explique le TAS. En avril, les instances du fair-play financier avaient en effet de nouveau épinglé le club rossonero pour sa situation financière à la fin de l’exercice 2017-2018 et l’accord de vendredi couvre deux saisons. « Même s’il regrette que ses fans ne puissent pas voir leur équipe participer aux compétitions européennes la saison prochaine, le club accepte et respecte le fair-play financier. Le club reconnaît qu’il n’a pas d’autre choix que d’accepter les sanctions pour se mettre sur le chemin d’un retour au plein respect des règles », a écrit le Milan dans un communiqué. La direction du club ajoute qu’elle reste « totalement engagée à ramener le Milan là où il mérite d’être, au sommet du football européen ». Pertes considérables L’entraîneur de l’AC Milan, Gennaro Gattuso, participe à un match de football du Groupe F en Europa League opposant l’Olympiakos et l’AC Milan au stade Georgios Karaïskakis, dans le port du Pirée, près d’Athènes. PETROS GIANNAKOURIS / AP Vendu par Silvio Berlusconi en avril 2017 au mystérieux homme d’affaires chinois Li Yonghong, qui a ensuite été contraint de céder la propriété du club au fonds américain Elliott, le Milan accumule depuis des années des pertes considérables. Selon un décompte effectué le 10 juin par le Corriere dello Sport, les pertes du club s’élevaient ainsi à plus de 410 millions d’euros sur les cinq dernières saisons. Le fair-play financier, de son côté, autorise un résultat négatif de 30 millions sur trois ans. En fin de saison dernière, conclue par le départ de l’entraîneur Gennaro Gattuso et du directeur sportif Leonardo, le nouveau directeur général du club, Ivan Gazidis, avait d’ailleurs reconnu que le club allait devoir réduire ses dépenses et se tourner vers un modèle économique différent, axé sur la valorisation de jeunes joueurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les clubs de football sont la plus belle machine à ruiner les investisseurs » Cette nouvelle politique et la nécessité de mettre un peu d’ordre dans les comptes expliquent ainsi la possibilité de voir le jeune gardien Gianluigi Donnarumma, évalué à au moins 60 millions d’euros, quitter le club. Les médias sportifs italiens évoquent ainsi depuis jeudi un éventuel transfert au Paris-SG. La sanction, rendue publique vendredi à l’issue d’une longue procédure, résulte d’un accord entre le club lombard et l’UEFA. Un accord validé par le Tribunal administratif du sport. Dans l’attente de cette décision, et vu ses importantes dettes, le club lombard avait d’ores et déjà annoncé son intention de réduire ses dépenses.
Le Tribunal arbitral du sport a décidé d’exclure le club, pourtant qualifié pour la Ligue Europa, pour non-respect des règles du fair-play financier.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/28/football-l-ac-milan-exclu-des-competitions-europeennes-pour-la-saison-2019-2020_5482824_3242.html
mlsum-fr-1136
Chronique. Le monde hospitalier est en ébullition. Au lendemain des annonces de la ministre de la santé, le collectif Inter Urgences, à l’origine constitué de personnels soignants paramédicaux, a réuni le 10 septembre son assemblée générale, à laquelle de nombreux médecins ont participé. Selon le collectif, 249 services d’urgence étaient en grève, soit la moitié des services d’urgence publics. L’été et la rentrée ont également vu la publication de plusieurs tribunes et reportages attirant l’attention sur la gravité et le caractère structurel de la crise. Deux ouvrages publiés récemment par des chercheurs en sciences sociales permettent de rendre compte des enjeux et d’envisager des solutions pour bâtir l’hôpital – et le système de soins – du XXIe siècle. L’activité dans le secteur public hospitalier a augmenté de 11 %, mais l’emploi de 4 % seulement Le premier, intitulé La Casse du siècle. A propos des réformes de l’hôpital public (Raisons d’agir, 192 p., 8 €), de Pierre-André Juven, Frédéric Pierru et Fanny Vincent, met en évidence les limites de la thèse répétée ad nauseam par un certain nombre d’experts et de responsables administratifs et politiques selon laquelle « les difficultés de l’hôpital public ne viendraient pas d’un manque de moyens financiers, matériels et humains, mais d’un problème d’organisation et d’efficience », comme le résument les auteurs. La froide analyse des chiffres dit tout autre chose : les capacités d’hospitalisation ont été drastiquement réduites depuis une décennie ; en vingt ans, le nombre de passages aux urgences a doublé, passant de 10 à 21 millions ; entre 2005 et 2009, l’activité dans le secteur public hospitalier a augmenté de 11 %, mais l’emploi de 4 % seulement. Conséquences : les soignants sont à bout ; les paramédicaux finissent par adopter des dispositifs à la limite de la légalité, qui allongent démesurément leur temps de travail (la journée de 12 heures, par exemple, étudiée par Fanny Vincent) en partie pour échapper à la dégradation de celui-ci ; la maltraitance supportée par les soignants rejaillit sur les patients eux-mêmes. Les conditions d’exercice du travail des personnels médicaux et paramédicaux de l’hôpital public se sont considérablement dégradées depuis des années, comme le montrent les enquêtes « Conditions de travail » du ministère du travail. Les personnels de la fonction publique hospitalière sont ainsi presque 40 % à déclarer « devoir faire trop vite, toujours ou souvent, une opération qui demanderait davantage de soin », contre une moyenne de 27 % pour l’ensemble des salariés.
Des chercheurs en sciences sociales ont apporté leur pierre à l’édifice pour que l’on ne se trompe pas de diagnostic sur l’hôpital public, détaille la sociologue dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/14/dominique-meda-la-question-des-urgences-ne-peut-etre-resolue-sans-que-soit-traitee-celle-de-la-capacite-de-la-medecine-de-ville_5510309_3232.html
mlsum-fr-1137
COLCANOPA Durant trois jours en février, quelques milliers de Niçois ont été les cobayes d’une expérience unique en France : leurs visages captés par la vidéosurveillance ont été analysés en temps réel par un logiciel de reconnaissance faciale. Lire aussi Nice va tester la reconnaissance faciale sur la voie publique Comme demandé à l’époque par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), compétente en matière de vidéosurveillance, un rapport tirant le bilan de cette expérience, dont Le Monde a obtenu copie, a été rédigé par la mairie de Nice et transmis à la CNIL. La mairie très satisfaite Le dispositif conçu par la ville de Nice était relativement simple : les images de vidéosurveillance de l’une des entrées du carnaval passaient à la moulinette d’un logiciel développé par l’entreprise israélienne AnyVision. Le but : en évaluer la pertinence et la fiabilité. Deux grandes situations ont été mises en place. Sur les files d’attente, d’abord, où le logiciel devait détecter la présence d’un volontaire ayant préalablement fourni une photographie de son visage. Cela a fonctionné, affirme la mairie, y compris avec une photographie vieille de plusieurs décennies. Sur la foule en mouvement, ensuite, où le logiciel était chargé de reconnaître une personne recherchée, là encore volontaire. Carton plein pour le logiciel, selon la mairie, qui a passé ce test avec succès, même lorsque la personne était en mouvement ou camouflée par une casquette ou des lunettes de soleil. Le logiciel, affirme le rapport, est même parvenu à distinguer deux jumeaux monozygotes (il n’a pas détecté celui qui n’était pas recherché). L'entrée de la zone d'expérimentation de reconnaissance faciale. Mairie de Nice Un dispositif d’information avait été mis en place à l’entrée de la zone vidéosurveillée et seules les personnes ayant accepté de participer à l’expérience (un peu plus de 5 000 personnes) ont été passées au tamis du logiciel. « Aucune plainte quelconque [sic] de la part des usagers », n’a été recensée, écrit la mairie. Du côté des agents de la police municipale, c’est, semble-t-il, l’unanimité. « La reconnaissance faciale est perçue par les agents ayant participé à l’expérimentation comme un outil fiable et pertinent », écrit la municipalité, qui reproduit à l’appui de sa démonstration plusieurs rapports rédigés par ses agents, tous positifs. La CNIL tique et demande des précisions Le rapport est pourtant avare de détails, notamment techniques, sur le mode de fonctionnement exact du logiciel. A-t-il détecté par erreur des personnes qui n’étaient pas recherchées, ce qu’on appelle un « faux positif », l’un des principaux défauts de cette technologie ? A-t-il manqué dans la foule une personne pourtant recherchée ? Qu’a-t-il été fait des données biométriques (captation du visage des 5 000 participants) à l’issue de l’expérience ? Sollicitée, la mairie de Nice nous a assuré qu’« aucun faux positif n’était remonté », que « l’ensemble des scénarios déployés avait permis d’obtenir une détection et une reconnaissance des personnes d’intérêt dans 100 % des cas » et que la durée de conservation des données avait été communiquée à la CNIL dans un précédent document. Ce rapport est en tout cas loin d’avoir contenté la CNIL, à qui il a été présenté début juillet. Le texte, trop imprécis et manquant d’éléments techniques, n’a pas permis d’avoir « une vision objective de cette expérimentation et un avis sur son efficacité », fait-on ainsi savoir. L’autorité administrative a donc demandé, par un courrier du 16 juillet, de nombreux compléments d’informations, en particulier des éléments chiffrés sur l’efficacité du dispositif technique ou sur les conséquences concrètes d’un possible biais (lié au genre, à la couleur de peau…) du logiciel. La CNIL expliquait, mardi, ne pas avoir reçu de réponse de la mairie de Nice. Cette dernière nous a fait savoir, mercredi après-midi, que ce courrier était « en cours d’instruction » par ses services et que l’expérience avait été trop courte pour répondre à certaines questions de la CNIL. Si la loi ne permet pas en l’état à la mairie d’aller plus loin que son test de février, elle ne donne pas non plus à la commission de pouvoir coercitif lorsqu’il s’agit d’une simple expérimentation. Les relations entre l’autorité administrative et la ville dirigée par Christian Estrosi étaient déjà fraîches : le maire s’était vanté d’avoir obtenu une autorisation de la CNIL pour cette expérimentation, avant d’être publiquement démenti par l’institution. Le gendarme de la vie privée avait aussi déploré « l’urgence dans laquelle ses services ont été sollicités » – moins d’un mois avant l’expérimentation prévue – et des « circonstances n’étant pas de nature à favoriser un travail d’analyse approfondie du dispositif projeté ». Un cadre juridique insatisfaisant La mairie de Nice et la CNIL sont, cependant, d’accord sur un point : la France doit rénover son cadre juridique et se poser sérieusement la question des nouvelles technologies de vidéosurveillance. La mairie azuréenne regrette ainsi dans son rapport « l’absence de loi encadrant l’expérimentation de nouvelles technologies en conditions réelles », ce qui l’a contrainte, assure-t-elle, à se limiter : elle aurait aimé tester cette technologie sur toute l’emprise du carnaval, et non seulement à l’une de ses entrées. La mairie veut même voir plus loin et assure que les « résultats de cette expérimentation vont être utilisés dans le cadre d’une réflexion visant à aboutir à la rédaction d’un projet/proposition de loi ». De son côté, la CNIL réclame depuis plusieurs mois que le législateur se penche sur les nouvelles utilisations sécuritaires de la vidéosurveillance afin de compléter le cadre légal existant et de le doter de garde-fous. L’offre – de la part des industriels – et la demande – venant des services de sécurité et des municipalités – existent et les Jeux olympiques de 2024, organisés en France, sont dans toutes les têtes. Ces derniers représenteront un enjeu en matière de sécurité et pourraient être l’occasion pour les pouvoirs publics de légiférer sur la reconnaissance faciale. En juin, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, justement venu prendre connaissance des résultats de l’expérience niçoise, avait jugé important « d’ouvrir le débat » sur le sujet. Dans son rapport, la mairie de Nice a en tout cas arrêté sa position : il faudrait que les Jeux olympiques puissent « accueillir une technologie mature » de reconnaissance faciale.
Pour la mairie de Nice, le test de la reconnaissance faciale mené en février est très satisfaisant. Mais le gendarme de la vie privée dit manquer de détails pour un véritable diagnostic.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/28/reconnaissance-faciale-la-cnil-tique-sur-le-bilan-de-l-experience-nicoise_5503769_4408996.html
mlsum-fr-1138
Doumbia Tirangué, directrice des maternelles à Gonzagueville, l’une des premières écoles ivoiriennes à bénéficier des salles en plastique recyclé, accueille les premiers inscrits, le 9 septembre 2019. Youenn Gourlay Officiellement en Côte d’Ivoire, la rentrée des classes a lieu lundi 9 septembre pour tous les élèves. Mais Doumbia Tirangué, directrice des maternelles de l’école publique de Gonzagueville, en périphérie d’Abidjan, ne se fait pas d’illusions. « Ici, les parents s’occupent d’abord des plus grands – lycéens, collégiens, primaires – avant d’acheter les fournitures pour les plus petits et de les inscrire en maternelle. Nous ne serons au complet qu’à la fin du mois », estime-t-elle, fataliste. Vingt noms seulement sont notés sur son cahier. Derniers inscrits peut-être, mais les tout-petits seront les premiers de « Gonzague » à faire leur rentrée dans une école aussi moderne qu’originale : les trois salles de classe pour les petites, moyennes et grandes sections sont construites en briques de plastique recyclé. Le matériau gris est décrit comme résistant aux aléas climatiques, plus facile d’utilisation que les parpaings traditionnels, les fines briques s’emboîtant comme des Lego, ce qui permettrait aux écoles d’être plus solides et bâties en un petit mois seulement. Lire aussi En Côte d’Ivoire, le FPI refuse de participer à la nouvelle commission électorale Cette technologie a été inventée par Oscar Mendez et Cristina Gamez. Le couple colombien a créé son entreprise sociale, Conceptos Plasticos, en 2014 pour faire connaître et vendre ces briques constituées à 100 % des plastiques récupérés dans les zones polluées du pays sud-américain. Désireux d’exporter leur savoir-faire pour la première fois, l’architecte et l’ingénieure de Bogota vont s’installer en Côte d’Ivoire à la mi-septembre pour s’ouvrir au marché ouest-africain. Surpopulation scolaire Si la Colombie utilise essentiellement ces briques pour les habitations, la Côte d’Ivoire compte d’abord s’en servir pour ses écoles. « Il y a un manque criant de salles de classe dans le pays, souligne Sophie Chavanel, responsable de la communication au bureau Unicef d’Abidjan, à l’origine du partenariat avec l’entreprise colombienne. Selon le gouvernement, d’ici à 2021, le pays aura besoin de 15 000 salles supplémentaires et d’ici à 2025, ce sont 30 000 salles qu’il faudrait construire pour que tous les enfants aillent à l’école. » L’objectif des deux partenaires est d’inaugurer un peu plus de 500 salles de classe de ce type pour environ 25 000 élèves d’ici à la fin 2020. « Le plastique, explique Sophie Chavanel, on ne peut jamais s’en débarrasser, alors, autant l’utiliser pour ses propriétés principales. » Alors que certains villages ivoiriens du nord-ouest n’ont tout simplement pas d’équipement scolaire, d’autres n’ont pas les bons matériaux. Avec le temps, les salles faites de bambous, de bâches et de terre ne sont pas assez solides, s’abîment vite puis s’écroulent durant la saison des pluies. Les briques en plastique, elles, sont conçues pour durer et seraient plus en phase avec les réalités du pays. « A cause de la brise de mer ici, nous avons des difficultés, rappelle Setienissio Soro, ancien directeur d’école venu inscrire sa fille Gwénalou. Quand les gens mettent les poteaux en fer, ça rouille, les bâtiments en ciment tombent, il y a des fissures, ça nous fatigue. » Ce n’est pas un hasard si ce quartier côtier est, avec trois autres villes ivoiriennes (Divo, Toumodi et Sakassou), l’un des premiers ciblés par le projet. L’école fait face à une surpopulation scolaire liée à la croissance démographique de la capitale économique. « Après la crise des années 2000, les Ivoiriens ont quitté les quartiers précaires, les coins dangereux et ceux menacés par les inondations, puis ils sont venus ici, à l’écart, où il y avait de l’espace pour construire », rappelle Doumbia Tiranguié. A tel point que, en 2018, plus de 200 élèves de maternelle s’agglutinaient dans chacune des trois sombres et étouffantes salles de classe, grandes d’à peine 12 m2. La situation était si invivable que les cours étaient très souvent donnés dehors, dans la cour de récréation. Pour l’heure, les écoles sont construites à l’aide de briques importées de Colombie. Une usine de transformation du plastique est en construction dans le centre industriel de Yopougon à Abidjan, et sera sur pied « d’ici à la fin de l’année », assure l’Unicef. Une fois le matériau produit sur place, le coût d’une salle pour 50 élèves devrait tomber à 10 000 euros en utilisant 5 tonnes de déchets recyclés, contre 15 000 euros avec les matériaux habituels. Opérationnelle, l’usine emploiera 30 ouvriers et, indirectement, des centaines de collectrices. Faire grandir l’économie circulaire Depuis déjà plusieurs années, de nombreuses femmes, parfois équipées de simples sacs-poubelles, font le tour d’Abidjan pour collecter toutes sortes de plastiques et de déchets. Namizata Cissé, 30 ans, ramasse « récipients, sachets, bouteilles » six jours par semaine depuis huit ans dans le quartier particulièrement propre d’Abobo-Baoulé. Là-bas, elle travaille auprès de dizaines d’autres femmes, équipée d’immenses sacs rassemblant les plastiques par catégories. Après la collecte et le tri, elle vend ses ballots 150 francs CFA le kilo (0,23 euro) à des intermédiaires, majoritairement des hommes, chargés de les acheminer jusqu’aux usines et entreprises qui les réutilisent ou les recyclent. Lire aussi En Côte d’Ivoire, les obsèques marathon de DJ Arafat virent au spectacle macabre Mais ce travail très précaire ne rapporte qu’entre « 40 000 et 50 000 francs CFA par mois » (entre 60 et 75 euros) à Mme Cissé, soit un peu moins du salaire minimum ivoirien établi à 60 000 francs CFA. « Avec mes trois enfants, ça ne me suffit pas », confie-t-elle. A l’usine, ces femmes seront donc formées au lavage et au déchiquetage des plastiques afin de supprimer les intermédiaires et de mieux gagner leur vie. A Bogota, le salaire des collectrices est ainsi passé de 5-10 dollars par jour à 20-25 dollars. Pour commencer, 1 000 collectrices ivoiriennes dont Namizata Cissé bénéficieront de cette formation, l’idée étant, à terme, de faire grandir cette économie circulaire du plastique dans tout le pays. Et des points de collecte seront créés pour centraliser les déchets. A Bogota, 15 000 personnes y prennent part aujourd’hui. Namizata Cissé est collectrice de déchets plastique à Abidjan : elle trie et revend ses ballots à des intermédiaires qui les acheminent dans les usines de transformation. Youenn Gourlay Cette pratique innovante vise aussi à assainir un peu le pays. Rien qu’à Abidjan, 288 tonnes de déchets s’accumulent chaque mois selon l’Unicef. Une pollution qui menace notamment la santé des enfants de moins de 5 ans. « Les sachets, les bouteilles bloquent les caniveaux, créent des espaces d’eaux stagnantes, attirent les moustiques et entraînent des cas de paludisme, s’alarme Sophie Chavanel. Certains enfants boivent ces eaux et développent des diarrhées. » Lire aussi En Tanzanie, la seconde vie du plastique En fin de journée à Gonzagueville, Janette Adjoua Kona vient à son tour inscrire sa petite-fille. « Je me pose des questions : c’est joli et ça semble costaud, mais est-ce que ça peut résister aux flammes ? », s’interroge-t-elle. Les agents de l’Unicef sur le terrain assurent que des tests indépendants ont montré que le matériau ne pouvait en aucun cas mettre en danger la santé des enfants. Pas de risque d’incendie ou de propagation de gaz toxiques. Mais la grand-mère d’ajouter : « C’est sûr qu’on ne pourra pas vivre sans le plastique, sans les sachets, sans les seaux, c’est trop important pour nous au quotidien. Et trouver une solution pour le réutiliser, c’est génial, mais il ne faut pas que ça nous crée d’autres problèmes. »
L’Afrique fait sa rentrée (1). Plus de 500 salles de classe en briques reconstituées devraient être construites dans le pays d’ici à fin 2020.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/09/en-cote-d-ivoire-des-ecoles-en-plastique-recycle_5508175_3212.html
mlsum-fr-1139
A Maputo, début septembre, les affiches commencent à fleurir pour les élections générales du 15 octobre 2019. Siphiwe Sibeko / REUTERS Le chef d’une mission d’observation des élections générales prévues le 15 octobre au Mozambique a été tué, lundi 7 octobre, par des inconnus, dernière en date d’une longue série de violences qui ont affecté la campagne électorale depuis un mois. Directeur d’une ONG, Anastacio Matavele a essuyé plusieurs coups de feu alors qu’il quittait, à bord de son véhicule, un atelier de formation à Xai-Xai, la capitale de la province de Gaza (sud), a rapporté Sala da Paz, un forum de la société civile chargé de l’observation des élections. Lire aussi Le président mozambicain en visite à Moscou pour renforcer les liens avec la Russie « Il a été immédiatement conduit à l’hôpital où son décès a été constaté », a ajouté Sala da Paz. Lors de leur fuite, les trois agresseurs présumés ont été impliqués dans un accident de la route au cours duquel l’un d’entre eux est mort, un autre a été grièvement blessé et le dernier arrêté, a indiqué l’ONG. Selon des témoins cités par Sala da Paz, les trois hommes « sont des membres connus d’une unité de la police antiémeute ». Depuis un mois, la campagne électorale pour les scrutins présidentiel, législatifs et provinciaux du 15 octobre est émaillée de multiples incidents violents visant pour l’essentiel des candidats ou des partisans de l’opposition. Nombreuses irrégularités Au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, le Front de libération du Mozambique (Frelimo) du président sortant Filipe Nyusi est donné une nouvelle fois favori du scrutin. Mais il s’y présente affaibli par la crise économique, un scandale de corruption lié à sa dette et une insurrection islamiste meurtrière dans l’extrême-nord du pays. L’ex-rébellion devenue le principal parti d’opposition du pays, la Résistance nationale du Mozambique (Renamo) a signé en août un accord censé mettre un point final à leur conflit de près de quarante ans. Mais elle accuse le régime de préparer une fraude électorale à grande échelle. Bastion du Frelimo, la province de Gaza, où l’observateur a été tué lundi, concentre les critiques de l’opposition, qui y a dénoncé de nombreuses irrégularités dans le recensement des électeurs notamment. Des dissidents de la Renamo opposés à l’accord de paix d’août ont par ailleurs revendiqué plusieurs attaques ces dernières semaines. Ils exigent un report des élections.
Un scrutin général doit se dérouler le 15 octobre pour élire un président, des députés et des gouverneurs de provinces.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/07/mozambique-le-chef-d-une-mission-d-observation-des-elections-tue_6014578_3212.html
mlsum-fr-1140
On dénombre plus de 140 vignobles dans la région de Niagara. C’est au moment où la neige transforme le paysage, après au moins une semaine de température sous la barre des -8 degrés, que sont récoltés les raisins qui servent à concocter le Vin de glace. Plus de 60 producteurs se livrent à l’exercice, dont l’incontournable Inniskillin, pionnier et Lauréat de nombreux prix. Avis aux intéressés : plusieurs événements sont organisés au cours de l’année. L’hiver, il est même possible de participer aux récoltes ! Janvier est le meilleur mois pour s’offrir une virée sous cette thématique. Pendant deux week-ends, le festival des Vins de glace, qui se déroule dans le charmant village de Niagara-on-the-Lake, propose de goûter le fruit des efforts des vignerons de la région. Des expériences inédites sont également proposées, dont le White on Ice Dinner, repas extérieur inspiré du Vin de glace préparé par des chefs renommés. Du 10 au 12 janvier, le Winter WineFest se déroule pour sa part à Jordan, dans la Twenty Valley, secteur de Niagara qui produit le plus de vin. Visiter des vignobles sous la neige permet de découvrir la viticulture sous un tout autre angle. Parmi les lieux à ne pas manquer, mentionnons Peller Estates, qui vient d’agrandir son 10 Below Icewine Lounge, pièce maintenue à -10°C, où l’on peut déguster des Vins de glace… dans un décor de glace. C’est aussi la température idéale pour récolter les raisins destinés à leur fabrication ! Peu importe le moment de l’année, Peller Estates propose différentes visites guidées. The Winery Restaurant, qui s’inspire des repas de la ferme à la table, est l’endroit idéal où conclure la visite de ce vignoble dont la réputation n’est plus à faire. Et les chutes ? Bien sûr, on ne va pas dans la région sans aller voir les célèbres chutes, qui se trouvent à une trentaine de minutes de Niagara-on-the-Lake. Les admirer alors que les touristes se font rares permet de savourer pleinement leur majesté. La glace et la neige qui s’accrochent aux arbres confèrent au paysage un aspect encore plus grandiose. Au début de l’année, les chutes se figent parfois, emprisonnées par le froid. Un spectacle unique auxquels seuls les chanceux auront droit. De la mi-novembre à la mi-janvier, Winter Festival of Lights illumine par ailleurs le secteur le plus touristique de Niagara Falls, ainsi que le Parc Niagara et les îles Dufferin. Magique ! Peu importe le moment où vous visitez la région, il faut absolument prendre part à l’excursion Journey Behind the Falls, pour en savoir plus sur ces chutes iconiques. L’expérience ultime ? Les survoler en hélicoptère, alors que la région porte son manteau blanc. Carnet de route Y aller Air Canada propose des vols directs Paris-Toronto toute l’année. Niagara Falls est ensuite à 1h30 de voiture. Se loger Prince of Wales Hotel, 6 Picton St, Niagara-on-the-Lake. Régulièrement sur les listes des meilleurs hôtels au Canada, Prince of Wales se trouve au cœur du charmant village de Niagara-on-the-Lake. Sheraton on the Falls, 5875 Falls Ave, Niagara Falls. Pour une vue sur les célèbres chutes ! Déjeuner, dîner The HobNob, 09 Queen St, Niagara-on-the-Lake. Pour un repas romantique dans un décor élégant ! Un menu de dégustation inspiré des saveurs de saison est proposé. Treadwell, 114 Queen St, Niagara-on-the-Lake. Le meilleur de la région dans l’assiette ! The Restaurant at Pearl Morissette, 3953 Jordan Rd, Jordan Station, Considéré comme l’une des meilleure table de l’Ontario, le restaurant se combine bien avec une visite au vignoble. pearlmorissette.com/therestaurant Planifiez votre voyage en Ontario au Canada avec Les Maisons du Voyage ou Voyamar.
On connaît Niagara grâce aux spectaculaires chutes du même nom, mais la région est également réputée pour ses vins, particulièrement les Vins de glace, maintes fois primés. S’y rendre pendant l’hiver permet non seulement de mieux profiter des lieux, mais aussi de prendre part à une foule d’événements hors du commun.
https://voyage-canada.lemonde.fr/ontario-ottawa/des-vignes-sous-la-neige/?utm_source=inflow_desvignessouslaneige_ontario
mlsum-fr-1141
Imran Khan, le 27 juin à Islamabad. AP Un an après son arrivée au pouvoir, le premier ministre du Pakistan, Imran Khan, tente de renouer avec les Etats-Unis, où il est arrivé samedi 20 juillet, pour une visite officielle de trois jours. L’ancienne star nationale de cricket va vivre des heures cruciales, avec en point d’orgue son premier tête-à-tête avec Donald Trump, lundi 22 juillet, dans le bureau ovale de la Maison Blanche. Une rencontre destinée à « retisser les liens » entre les deux pays « en vue d’apporter la paix, la stabilité et la prospérité dans une région qui vit depuis trop longtemps dans le conflit », indique Washington, qui laisse entendre que les aides financières américaines au Pakistan, gelées avec fracas en janvier 2018, pourraient partiellement reprendre. Du point de vue pakistanais, l’heure est venue de tourner la page et de jeter les bases d’une relation nouvelle, les deux partis qui gouvernaient à Islamabad depuis des lustres, la Ligue musulmane du Pakistan (LMP) du clan Sharif et le Parti du peuple pakistanais (PPP) de la dynastie Bhutto, ayant été balayés par les urnes en juillet 2018. « Nous avons un nouveau gouvernement, un nouveau mandat, une nouvelle façon de penser », a déclaré le ministre des affaires étrangères pakistanais, Shah Mehmood Qureshi, dès son arrivée sur le sol américain, vendredi 19 juillet. Le chef de la diplomatie insiste sur le fait que les tensions de ces dernières années entre les pouvoirs civil et militaire ont laissé place à « une meilleure compréhension ». Régulièrement accusé par ses adversaires politiques d’être la marionnette de l’armée, M. Khan a d’ailleurs fait venir dans sa délégation trois hommes en uniforme, ce qu’aucun chef de l’exécutif n’avait fait avant lui : le lieutenant général Faiz Hameed, directeur général du renseignement militaire, le général Asif Ghafoor, porte-parole des forces armées, et le chef d’état-major, le général Qamar Javed Bajwa, qu’il a fait entrer en juin au Conseil national de développement, l’agence gouvernementale chargée de définir les grands axes de la politique pakistanaise. Qu’un militaire siège au sein de cette instance est inédit. L’éditorial du « Monde » en juillet 2018 : Elections au Pakistan : l’ombre des militaires Le général Bawa doit être lui aussi reçu en personne à la Maison Blanche pour une réunion de travail, ainsi qu’au Pentagone. « Les problèmes économiques du Pakistan s’étant durcis et ayant désormais un impact sur la sécurité nationale, il est naturel que le gouvernement civil et la hiérarchie militaire rassemblent leurs forces », estime le politologue Hasan Askari Rizvi, professeur émérite à l’université de Lahore. Dans cette nouvelle configuration, ajoute celui-ci, « le président américain et le premier ministre pakistanais ne parviendront sans doute pas à surmonter tous leurs différends mais ils devraient trouver un terrain d’entente pour œuvrer dans certains domaines précis relevant ou de la diplomatie ou des affaires militaires ».
Le premier ministre pakistanais espère l’assouplissement des pressions économiques sur un Pakistan isolé diplomatiquement et en proie à l’une des plus graves crises monétaires de son histoire.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/21/sortir-le-pakistan-de-son-isolement-objectif-du-premier-ministre-imran-khan-en-visite-aux-etats-unis_5491822_3210.html
mlsum-fr-1142
Sorti par la porte, le mot entre par la fenêtre. En juillet 2018, les députés ont voté à l’unanimité le retrait du terme « race » de la Constitution. Cette décision pourrait donner l’impression qu’un consensus existe contre l’usage de ce mot, mais l’année écoulée montre qu’il n’en est rien : le terme de race fait un retour remarqué – et controversé – dans les milieux universitaires. Il y a encore peu, la recherche se refusait à parler de « race ». Après la seconde guerre mondiale, les efforts consentis par l’Unesco afin de démontrer l’invalidité scientifique de ce terme faisaient référence. Portés par l’anthropologue Claude Lévi-Strauss et l’écrivain Michel Leiris, les travaux scientifiques apportaient un démenti aux thèses racistes : ils insistaient sur le fait que les circonstances socioculturelles distinguent plus les hommes que les prétendues différences dictées par la nature. Plutôt que de parler de race, il convenait donc d’étudier l’ethnie. La race est une fiction mais ses conséquences sur le monde social sont bel et bien réelles », Juliette Galonnier, sociologue Ce consensus a tenu bon pendant des décennies, tout particulièrement dans la France de l’universalisme républicain. Mais aujourd’hui, le terme de race refait surface, porté par une nouvelle génération de chercheurs. Souvent inspirés par la recherche américaine, ils défendent, non pas l’idée que l’humanité est composée de populations séparées par des caractéristiques biologiques distinctes, mais la nécessité d’étudier de plus près les discriminations. « C’est un thème qui revient car, même si deux à trois générations nous séparent des grandes vagues d’immigration venues d’Afrique des années 1950 aux années 1970, la discrimination existe toujours pour les enfants et petits-enfants de ces immigrés nés en France, explique Juliette Galonnier, sociologue, postdoctorante à l’Institut national d’études démographiques (INED). Ce ne sont donc pas seulement les personnes étrangères qui sont stigmatisées. Ce qui est en jeu, c’est la race. La race est une fiction mais ses conséquences sur le monde social sont bel et bien réelles. » « Processus de catégorisation » En France, les chercheurs qui souhaitent travailler sur les discriminations se heurtent cependant à un interdit : il est impossible de collecter des statistiques ethniques. Pour contourner cet écueil, les chercheurs ont fait preuve d’inventivité : dans l’enquête sur les discriminations « Trajectoires et origines » (TeO), l’INED et l’Insee, plutôt que de poser des questions sur l’appartenance ethno-raciale, ont demandé le pays de naissance des parents et grands-parents.
Il y a un an, les députés votaient le retrait de ce mot de la Constitution. Or, des universitaires veulent l’utiliser pour étudier les discriminations.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/12/le-retour-controverse-de-la-race-dans-les-sciences-sociales_5488430_3232.html
mlsum-fr-1143
Chronique. Le débat est ancien, mais il a resurgi à la faveur de la crise des « gilets jaunes ». A l’automne 2018, alors que la flambée des prix à la pompe, couplée à la hausse des taxes environnementales, déclenchait la première crise sociale du mandat d’Emmanuel Macron, le rôle à attribuer à la fiscalité « verte » est brusquement passé du rang de débat d’experts à celui d’enjeu quotidien pour les Français. Comment les impôts peuvent-ils inciter à la transition écologique tout en restant acceptables socialement ? Et de quelle manière éviter que les plus modestes en soient les premiers contributeurs ? En théorie, la fiscalité écologique est d’abord censée faire évoluer les comportements, pas rapporter de l’argent. En encourageant les ménages à consommer différemment – passer d’un véhicule thermique à un modèle électrique, adopter un mode de chauffage plus « vert » –, les taxes sont vouées à disparaître à terme, en même temps que les comportements sur lesquels elles sont fondées. Or le budget 2019 comportait une hausse importante de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (Ticpe), prélèvement composé de la contribution climat énergie – l’ancienne « taxe carbone » – et de l’alignement progressif de la fiscalité du diesel sur celle de l’essence. Et seulement 20 % des recettes étaient réellement fléchées vers la transition écologique (aide au développement d’énergies renouvelables), le reste allant aux collectivités territoriales pour financer l’apprentissage ou le RSA, ainsi que, pour près de la moitié des recettes, au budget général de l’Etat. Logique, selon les responsables budgétaires, puisque c’est aussi l’Etat qui finance certaines des politiques publiques en faveur de l’environnement, du développement de l’agriculture bio à la recherche sur le logement durable. Avant même les rassemblements massifs sur les ronds-points et les violences sur les Champs-Elysées, cette situation avait généré une incompréhension dans l’opinion. Et un reproche à l’encontre de l’exécutif, accusé de financer les mesures-phares du début de quinquennat (suppression de l’ISF ou de la taxe d’habitation) en augmentant les taxes vertes. Le rappel à l’ordre de Gérald Darmanin Un an et 17 milliards d’euros de mesures « gilets jaunes » plus tard, la question de l’affectation et du rôle de la fiscalité verte est toujours d’actualité. Le 25 septembre était présentée à Bercy une étude de l’inspection générale des finances censée poser les bases d’un « budget vert » de l’Etat – l’un des engagements pris par le chef de l’Etat en décembre 2017 lors du sommet sur le climat, le One Planet Summit, à Paris. En fait, le rapport de Bercy consiste surtout à recenser et évaluer les recettes et dépenses publiques selon leur degré d’impact sur l’environnement.
La fiscalité écologique est d’abord censée faire évoluer les comportements. Mais elle doit aussi rapporter des recettes, rappelle la journaliste du « Monde » Audrey Tonnelier dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/03/d-un-point-de-vue-budgetaire-une-fiscalite-verte-trop-incitative-peut-finir-par-poser-probleme_6014026_3232.html
mlsum-fr-1144
« Mario Kart » porte mal son nom : le plombier n’est pas jouable, sauf à payer 22 euros. Les bonheurs du modèle free2play… (Nintendo) C’est une sorte de nouvelle carapace. Elle est jaune, comme les lingots qu’elle génère – un million de dollars de revenus le jour de son lancement, selon le cabinet d’analyse Sensor Tower. Et plus impitoyable encore que la bleue, qui harcèle le premier de la course : celle-ci enquiquine tous les joueurs, sans exception, et ce même en dehors des courses. Cette étrange carapace, ce sont les « IAP », les achats intégrés à l’application. Depuis la sortie de Mario Kart Tour sur iOS et Android mercredi 25 septembre, ils sont la véritable « star » des nouvelles aventures automobiles du plombier. Pass mensuel à 5 euros pour débloquer les défis quotidiens et les courses dans la catégorie la plus rapide ; pack contenant Mario, rubis et ticket d’étoiles pour 22 euros ; ou 7 euros le paquet de 10 rubis pour avoir le droit de débloquer deux personnages ou karts au hasard… Les circuits de Nintendo ont été transformés en un gigantesque casino, où le joueur est noyé de sollicitations l’incitant à faire chauffer la Carte bleue. Achetez 10 tirs : 45 rubis. Vous n’avez pas 45 rubis ? Sortez la Carte bleue. (Nintendo) Un modèle économique qui change l’expérience Il serait évidemment injuste de faire reproche à Nintendo de se convertir au modèle économique le plus populaire sur mobile, fût-il décrié : celui du « free-to-play » et du « jeu-service ». Candy Crush Saga, Clash of Clans ou encore Fortnite reposent sur un équilibre similaire entre divertissement, économie de l’attention, gratifications visuelles permanentes et subtil marketing de la frustration. La logique y est la même : divertir, flatter de bruits de monnaie trébuchante, susciter l’accoutumance à la récompense, jusqu’à laisser le joueur seul avec la tentation de sortir la Carte bleue à la première frustration. Et pourtant, quelle ironie ! Pendant longtemps, Nintendo s’est présenté comme le dernier héraut du jeu vidéo dit premium – comprenez : que l’on achète une bonne fois pour toutes, et dont on profite en paix. Las. Le lancement mi-septembre d’Apple Arcade, un système d’abonnement payant permettant d’accéder à des productions « haut de gamme », est l’aveu de la mort du modèle du premium appliqué au mobile. Comme Animal Crossing et Fire Emblem avant lui, Mario Kart épouse le modèle tant honni. Il est possible de progresser dans le jeu en jouant, mais le contenu se débloque en monnaie virtuelle, qui s’achète contre de la vraie monnaie. (Nintendo) Ce passage d’un système de monétisation à un autre n’a rien d’anodin pour le joueur. En contrepartie de la possibilité de pouvoir jouer gratuitement, toute l’expérience s’apparente à un système de conditionnement psychologique. Arrière-goût différent Fatalement, ce Mario Kart Tour a dès lors un arrière-goût très différent des autres. Pas mauvais, non, mais à la fois trop sucré et amer. Trop sucré, comme cette façon de jouer de nos sentiments, avec toutes ses reprises de circuits des versions GameCube, DS ou encore 3DS, qui titillent éhontément la fibre de la nostalgie. Amer, comme l’impression de ne jamais pouvoir calmement en profiter sans avoir à zigzaguer entre des dizaines de promotions pour telle ou telle offre, carapaces jaunes omniprésentes, qui ne lâchent jamais le joueur, même la ligne franchie. Tout d’abord, faire rester le joueur. Le maniement – à un seul doigt, et donc un peu approximatif – consiste uniquement à faire déraper son pilote dans un sens ou dans l’autre. Ni sortie de route possible, ni mur dans la face, Mario Kart Tour ne veut pas perdre son joueur. C’est donc de loin l’épisode le plus facile et le plus lent. « Mario Kart Tour » sait que c’est en vous faisant revenir chaque jour qu’il augmentera les chances que vous passiez à la caisse Le casting, lui, est limité à quelques personnages tirés au hasard, souvent Toad, Bowser et Peach. Les courses se débloquent en amassant des étoiles, mais aussi à date fixe. Quant aux personnages, il faut mériter (ou payer) le simple droit de tirer des pochettes-surprises. Et à chaque pause, le jeu vous abreuve de nouveaux deniers virtuels – rubis, étoiles, coupons, comme un vendeur de bonbons offre des oursons aux passants pour mieux les faire céder à la tentation. Comme tout jeu mobile qui a bien appris sa leçon, Mario Kart Tour sait que c’est en vous faisant revenir chaque jour qu’il augmentera les chances que vous passiez à la caisse. Il offre donc, à la manière de Fortnite, des défis hebdomadaires, des courses ajoutées plus tard, ou un système de classement glissé sur une semaine, pour que vous ne l’oubliiez pas. Le joueur est en permanence un client, qu’il faut fidéliser, parce qu’il n’a jamais assez payé. « Vlan. +29 ». Tout est quantifié, converti, monétisé en permanence. Un système vite fatigant. (Nintendo) Il reste bien sûr le plaisir de retrouver l’expérience Mario Kart au creux de la main, des univers familiers, des courses vivantes, fussent-elles limitées dans le choix et pas toujours d’une grande précision dans le contrôle. Mais on ne peut s’empêcher de vouloir revenir à Mario Kart 8 Switch, autrement plus jouable, plus complet, et tout simplement plus « premium ». L’ironie est qu’il s’agit d’un des buts de Nintendo : ramener les joueurs sur sa console star. Là où les carapaces jaunes n’ont pas droit de cité. En bref On a aimé : L’essentiel de l’expérience Mario Kart Des tracés qui rappellent des souvenirs Le système de ligue et le contenu qui change On n’a pas aimé : Le marketing de la frustration Un fort sentiment de recyclé Les contrôles peu précis C’est plutôt pour vous si… Mario Kart, c’est toute votre vie Vous n’avez pas de Switch Vous n’avez aucun souci avec les jeux pousse-à-la-dépense Ce n’est pas pour vous si… Vous venez de Mario Kart 8 Deluxe Quoi, Mario Kart sans nouveau circuit ? Dans un jeu de course, vous aimez bien piloter, un peu La note de Pixels : Payez 8 saphirs vermillon pour voir la note. Vous n’avez pas assez de saphirs vermillon. Achetez 10+2 saphirs vermillon pour seulement 6,99 euros (Offre spéciale jusqu’au 1/10).
Nintendo met son célèbre jeu de course à la disposition de n’importe quel possesseur de téléphone. Non sans quelques concessions.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/27/mario-kart-tour-sur-mobile-derapage-semi-controle_6013380_4408996.html
mlsum-fr-1145
Un enfant malnutri accueilli dans un centre de l’Unicef, dans le sud-ouest de la Somalie, en mars 2017. TONY KARUMBA / AFP Dénutris ou en surpoids : un enfant de moins de 5 ans sur trois ne reçoit pas l’alimentation dont il a besoin pour bien grandir, s’alarme l’Unicef dans un rapport de grande ampleur publié mardi 15 octobre. « De nombreux pays pensaient avoir relégué la malnutrition au rang des problèmes du passé, mais ils découvrent qu’ils ont un nouveau problème très important », souligne Victor Aguayo, chef du programme nutrition de l’Unicef, interrogé par l’AFP. Sur les 676 millions d’enfants de moins de 5 ans vivant dans le monde en 2018, environ 227 millions (soit un tiers) étaient sous-nutris ou en surpoids, et 340 millions (soit la moitié) souffraient de carences alimentaires, calcule l’agence de l’ONU pour la protection des enfants. Sur fond de mondialisation des habitudes alimentaires, de pauvreté persistante et de changement climatique, un nombre croissant de pays cumulent ces différents visages de la malnutrition, compromettant leur développement futur, analyse l’Unicef, qui évoque un « triple fardeau ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un décès sur cinq dans le monde dû à une mauvaise alimentation « La façon dont nous comprenons et répondons à la malnutrition doit changer : il ne s’agit pas seulement de donner aux enfants assez à manger, il s’agit avant tout de leur donner la bonne alimentation », souligne Henrietta Fore, directrice de l’Unicef, dans un communiqué de presse accompagnant le premier bilan de cette importance sur le sujet publié par l’organisme depuis vingt ans. La sous-nutrition, problème majeur La sous-nutrition reste au premier plan, affectant environ quatre fois plus de jeunes enfants que le surpoids. Si le nombre d’enfants ne recevant pas suffisamment de nourriture au regard de leurs besoins nutritionnels a beaucoup baissé (– 40 % entre 1990 et 2005), cela reste un problème majeur pour de nombreux pays, principalement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Ainsi, 149 millions d’enfants dans le monde sont trop petits pour leur âge (retard de croissance en raison d’une malnutrition chronique) et 50 millions, trop maigres par rapport à leur taille (émaciation, liée à une malnutrition aiguë ou à un problème d’absorption des nutriments). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour la troisième année d’affilée, la faim progresse dans le monde L’Unicef met également l’accent sur les 340 millions d’enfants souffrant de « faim cachée », car ils reçoivent un nombre de calories suffisantes mais manquent de minéraux et de vitamines indispensables à leur développement (fer, iode, vitamine A et C en particulier, du fait du manque de fruits et légumes et de produits d’origine animale). Or, ces carences peuvent avoir de sévères conséquences physiques (système immunitaire déficient, problèmes de vue ou d’audition) et intellectuelles. Ce phénomène commence dès le plus jeune âge, avec trop peu d’allaitement maternel et une diversification alimentaire menée avec des aliments inappropriés, note l’Unicef. Fast-food et pauvreté Il est amplifié par « l’accessibilité croissante de nourriture riche en calories mais pauvre en nutriments », de type fast-food, nouilles instantanées, etc. Enfin, le surpoids et l’obésité connaissent un développement rapide, avec 40 millions de jeunes enfants touchés, y compris dans les pays pauvres. Alors que ce problème était quasiment inconnu dans les pays à faible revenu en 1990 (seuls 3 % des pays de cette catégorie comptaient plus de 10 % de jeunes enfants en surpoids), les trois quarts d’entre eux doivent désormais y faire face. « Par le passé, on pensait que (…) le surpoids et l’obésité étaient la malnutrition des riches, mais ce n’est plus le cas », observe Victor Aguayo, médecin en santé publique. « Les différentes formes de malnutrition coexistent de plus en plus dans le même pays (…) et souvent dans le même foyer » (avec une mère en surpoids et un enfant dénutri par exemple) voire « chez un même individu à différents âges de sa vie », la malnutrition dans l’enfance constituant un facteur de risque de surpoids et d’obésité à l’âge adulte, ajoute-t-il. Cette situation est étroitement liée à la pauvreté : elle touche davantage les pays pauvres et les populations précaires des pays riches, souligne aussi l’Unicef. Pour améliorer cet état de fait, l’organisme encourage les gouvernements à promouvoir et rendre accessible économiquement les aliments nécessaires à un régime équilibré. Il appelle aussi à davantage réglementer la promotion du lait infantile en poudre et la publicité des boissons sucrées, et à mettre en place un étiquetage nutritionnel des aliments « facilement compréhensible », pour aider les consommateurs à faire des choix meilleurs pour la santé de leurs enfants et la leur. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Nutri-Score et Yuka bousculent l’agroalimentaire
Dans un rapport de grande ampleur, l’agence de l’ONU affirme que 227 millions d’enfants de moins de 5 ans à travers le monde sont sous-nutris ou en surpoids, conséquence de multiples facteurs.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/15/un-enfant-sur-trois-est-mal-nourri-selon-l-unicef_6015523_3224.html
mlsum-fr-1146
Frédérique Baulieu et Patrick Maisonneuve, avocats de la défense. ERWAN FAGES La différence entre un colloque sur la souffrance au travail et un procès pour harcèlement moral pourrait s’illustrer ainsi : dans le premier cas, la parole est un témoignage, dans le second, elle peut constituer une charge. Dans un colloque, on la recueille. Dans un procès, on la soumet au débat contradictoire, donc à l’attrition du doute. Le caractère exceptionnel de l’affaire France Télécom, jugée depuis le 6 mai, qui associe pour la première fois le délit de harcèlement moral à une stratégie d’entreprise, brouille parfois cette distinction. La durée des débats – deux mois et demi – a ainsi permis l’audition de psychiatres et de sociologues renommés pour leur expertise sur la souffrance au travail. Mais les sept anciens dirigeants de l’entreprise seront jugés sur des charges. Parmi celles-ci, figurent les trente-neuf personnes, dont dix-neuf se sont donné la mort, qui ont été retenues par l’instruction comme victimes d’une stratégie d’entreprise « visant à déstabiliser les salariés et agents, à créer un climat professionnel anxiogène, ayant eu pour objet et pour effet une dégradation de leurs conditions de travail susceptible de porter atteinte à leurs droits et à leur dignité ». La situation de chacun de ces agents donne donc lieu à examen devant le tribunal : éléments biographiques, parcours professionnel, audition de proches ou de collègues de travail ou lecture de leurs dépositions sur procès-verbal. A chaque fois, les prévenus et leurs avocats sont placés face à un dilemme : comment réagir à la souffrance qui s’exprime, comment se défendre sans blesser dans ce déséquilibre d’émotion qui place les plus hauts anciens dirigeants de France Télécom face à la détresse d’une veuve, au chagrin d’un frère ou au témoignage rageur d’anciens agents ? Mardi 4 juin, au lendemain d’une journée d’audience où ils avaient hésité entre le silence et un repli jargonneux qui avait suscité l’exaspération de la présidente, Cécile Louis-Loyant, les prévenus sont apparus plus offensifs. « Comme si l’audience ne servait à rien » Le tribunal examinait la situation de Bernard P., un technicien réseau de 51 ans qui s’est suicidé la veille de son anniversaire, le 4 septembre 2008, en se jetant d’un viaduc. Victime d’un accident du travail qui avait entraîné une opération de la hanche, Bernard P. vivait mal une diminution physique qui l’empêchait de se livrer à sa passion de l’escalade et à poursuivre son activité de technicien de terrain. Plusieurs de ses proches y voyaient la raison principale de son mal-être. D’autres mettaient en cause son changement d’affectation et les réorganisations multiples de son service, en laissant entendre que l’entreprise s’en servait comme un moyen de le pousser dehors.
Les avocats des prévenus se sont montrés plus offensifs en mettant en cause la partialité de l’instruction, mardi 4 juin, lors de l’examen de nouveaux cas de suicides d’agents de l’entreprise.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/05/proces-france-telecom-comment-defendre-les-prevenus-sans-blesser-les-victimes_5471522_3224.html
mlsum-fr-1147
La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, à Mexico, le 30 mai 2019. Carlos Jasso/REUTERS Tribune. La désignation de Christine Lagarde à la présidence de la Banque centrale européenne (BCE) a surpris certains et suscité de nombreuses interrogations : son expérience passée l’a-t-elle correctement préparée à cette fonction stratégique ? Il convient de se demander si, toute choses égales par ailleurs, ces questions auraient émergé en cas de nomination d’un homme… En tant que première femme à occuper ce poste, Christine Lagarde est une exception : depuis 1970, moins de 1 % de tous les mandats à la tête des banques centrales ont été effectués par des femmes. Mais cette nomination était-elle si peu probable ? Je m’appuierai pour répondre à cette question sur une étude académique dans laquelle nous avons collecté et analysé des centaines de données relatives aux parcours et mandats des présidents de banques centrales (« Do Central Bank Governors Matter ? Macroeconomic Policy, Regulation and the Financial Sector », Ariell Reshef and Prachi Mishra, Journal of Money, Banking and Credit, Vol. 51, Nos. 2-3), en retenant uniquement les données sur les banques centrales des économies développées pour l’année 2011. Le parcours de Christine Lagarde est connu : avocate durant près de vingt-cinq ans, elle n’a pas travaillé dans le secteur bancaire ou financier, et sa formation initiale n’est pas celle d’une économiste. Son prédécesseur, Mario Draghi, avait été notamment professeur en économie, cadre chez Goldman Sachs, président de la Banque d’Italie. En 2011, près de 75 % des présidents de banques centrales de pays développés étaient économistes de formation, 56 % avaient été chercheurs en économie ; seuls 7 % avaient un diplôme de droit (les parcours pouvant inclure des doubles formations ou des postes dans plusieurs secteurs, les sommes peuvent dépasser 100 %). Certains outils et concepts de la « science » économique font-ils défaut à Mme Lagarde ? Les ternes performances des macroéconomistes quant à l’anticipation et à la gestion de la crise de 2007-2008 tendent à relativiser l’idée qu’il est nécessaire d’avoir de tels spécialistes aux postes en question. Mais, d’un autre côté, les travaux académiques de Ben Bernanke, qui ont contribué à une meilleure compréhension de la grande dépression des années 1930, lui ont certainement été utiles à la tête de la Fed. Une culture de prudence macrofinancière A sa suite, Janet Yellen – première femme à occuper ce poste – s’est également appuyée sur une réelle expérience scientifique et de nombreuses années passées dans le système des banques de réserves fédérales. Environ 62 % des présidents de banques centrales ont d’ailleurs eu une fonction au sein de ce type d’institution. L’expérience de Mme Lagarde au Fonds monétaire international (FMI) pendant une période agitée, si importante soit-elle, est de nature différente, puisque le FMI ne conduit pas de politique monétaire.
Le chercheur compare le profil de la future présidente de la Banque centrale européenne avec celui de ses collègues à la tête des institutions monétaires des pays développés.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/12/ariell-reshef-christine-lagarde-une-exception-de-genre-et-de-parcours_5488617_3232.html
mlsum-fr-1148
La situation devient assurément inquiétante. Les pouvoirs publics ont toujours recherché les sources des journalistes : Bernard Squarcini, alors patron du contre-espionnage, a été condamné à 8 000 euros d’amende le 8 avril 2014 pour avoir fouillé les factures détaillées du Monde ; l’ancien procureur de Nanterre, Philippe Courroye, est toujours mis en cause dans deux procédures à Lille pour la même raison. Mais la pression est montée d’un cran cette année, avec la convocation à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) des journalistes du site Disclose, pour leurs révélations sur les ventes d’armes françaises à l’Arabie saoudite, puis d’une enquêtrice de l’émission « Quotidien » ; et enfin d’une journaliste et du directeur de la publication du Monde – en pure perte : la loi et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme protègent le secret des sources, « pierre angulaire de la liberté de la presse ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Armes françaises au Yémen : trois journalistes entendus par la DGSI Ces convocations ne visent ainsi qu’à intimider les journalistes – et à effrayer leurs sources. Ainsi l’Association de la presse judiciaire (APJ) s’est rapprochée des avocats du cabinet Spinosi et Sureau et du Syndicat national des journalistes (SNJ) pour poser, le 25 juin, les bases des droits des journalistes devant la police. Le secret des sources ne se négocie pas, mais tous les rédacteurs ne sont pas nécessairement équipés devant la police. « La justice ne me reproche rien mais elle s’intéresse à moi car elle pense que je détiens des informations. Je suis tenu de me rendre à la convocation et de répondre, sous serment, aux questions » Le Monde publie une version synthétique de ce Guide de défense du journaliste – une version complète est disponible sur les sites Pressejudiciaire.fr et Snj.fr. Tous les professionnels, journaliste salarié en contrat permanent ou à la pige, dans une rédaction ou indépendant, bénéficient de garanties dès que lors que leur activité est pratiquée à titre régulier et rétribué. Au-delà, ces simples conseils peuvent être d’une certaine utilité à tout citoyen. Le Guide de défense du journaliste Comment dois-je réagir si je suis convoqué comme témoin ? La justice ne me reproche rien mais elle s’intéresse à moi car elle pense que je détiens des informations, que les enquêteurs souhaitent obtenir. Je suis tenu de me rendre à la convocation et de répondre, sous serment, aux questions. En revanche, je suis libre d’opposer le secret des sources dès que je suis interrogé sur les informations que j’ai publiées.
De récentes affaires et convocations de journalistes par la police et la justice ont relancé le débat sur la menace qui pèse sur la presse et le secret des sources. « Le Monde » publie des extraits du « Guide de défense du journaliste », publié, avec l’aide de Me Patrice Spinosi, par l’Association de la presse judiciaire (APJ) et le Syndicat national des journalistes (SNJ).
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/02/le-guide-de-defense-du-journaliste-comment-reagir-lorsqu-on-est-convoque-par-la-police_5484112_3232.html
mlsum-fr-1149
Laurence Ferrari, par Damien Cuypers. Damien Cuypers pour M Le magazine du Monde S’agit-il d’un nouveau positionnement éditorial, de l’expérimentation d’une nouvelle case dans la grille des programmes de CNews, la chaîne de télévision d’information continue où toutes les opinions se valent du moment qu’il se trouve quelqu’un pour les partager ? En recadrant successivement, et avec autorité, Julien Odoul, l’élu du Rassemblement national au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté qui a jeté l’opprobre sur une mère voilée qui accompagnait une sortie scolaire dans l’enceinte de l’exécutif régional, puis Nadine Morano, députée européenne Les Républicains, qui le soutenait, Laurence Ferrari s’est offert une visibilité et peut-être un nouveau rôle. Par la même occasion, elle redonne un vernis de pluralité au média qui l’emploie, au même titre que le polémiste Eric Zemmour, dont l’embauche a déclenché un début de campagne de boycott de la part d’annonceurs et de certaines personnalités. « Est-ce que vous êtes fier de vous ? », a demandé la journaliste savoyarde aux allures d’héroïne hitchcockienne (Kim Novak ? Eva Marie Saint ?), à deux reprises au moins, à son invité d’extrême droite. « Ce n’est pas possible de faire la comparaison entre la tuerie de la Préfecture de police de Paris et cet incident au conseil régional de Bourgogne », a recadré ensuite l’ancienne présentatrice du « 20 heures » de TF1 qui recevait Nadine Morano. Le conseiller régional tout comme l’eurodéputée ne semblaient pas outre mesure affectés par la leçon qui leur était donnée, trop contents d’occuper l’antenne. Un peu plus tard sur la même chaîne, Zemmour pouvait affirmer dans l’une de ses interventions quotidiennes que tout le monde est libre de choisir sa sexualité, une façon de dire que les homos sont autant responsables de leur orientation sexuelle qu’un futur bachelier du choix de ses options après la réforme Blanquer. « L’objectivité, c’est cinq minutes pour Hitler, cinq minutes pour les juifs », déclarait déjà Jean-Luc Godard pour dénoncer le culte de la répartition du temps de parole dans les médias. Un partout, la balle au centre ? C’est toute la difficulté de son rôle : s’indigner de propos indignes tout en invitant leurs auteurs à les justifier et donc à les réitérer… Admiratrice de Christiane Taubira et de Christine Ockrent, Laurence Ferrari était probablement sincère et réellement choquée, comme beaucoup de Français (et peut-être quelques téléspectateurs de CNews), que des élus, au nom de la laïcité, demandent à une femme voilée de sortir de l’Hémicycle plutôt que de s’émouvoir devant les larmes d’un enfant. C’est toute la difficulté de son rôle : s’indigner de propos indignes tout en invitant leurs auteurs à les justifier et donc à les réitérer…
Chronique. Chaque semaine, Philippe Ridet croque une personnalité qui fait l’actualité. Cette semaine, la journaliste de CNews, qui a recadré successivement les élus Julien Odoul et Nadine Morano sur le plateau de son émission « Punchline ».
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/26/elle-est-comme-ca-laurence-ferrari_6017044_4500055.html
mlsum-fr-1150
Donald Trump avec, en arrière-plan, son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, à Washington, en mai 2019. CARLOS BARRIA / REUTERS Donald Trump a tenté de se donner le meilleur rôle possible en annonçant brusquement, samedi 7 septembre, l’annulation d’un projet de réunion sans précédent resté confidentiel. Il s’agissait de réunir autour de lui, dans la villégiature présidentielle de Camp David (Maryland) associée à des négociations historiques, des émissaires des talibans et les responsables de Kaboul. La raison avancée pour cette annulation, répétée en boucle par le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, au cours d’un marathon d’émissions politiques dominicales, le lendemain, n’a cependant guère convaincu. La poursuite des violences reprochée aux talibans, illustrée, jeudi 5 septembre, par un attentat qui avait provoqué notamment la mort d’un soldat américain, n’avait pas empêché auparavant les discussions entre leurs émissaires et le négociateur américain, Zalmay Khalilzad, à Doha, au Qatar. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Afghanistan : récit du pari diplomatique raté de Donald Trump La brusque volte-face de Donald Trump a été expliquée par l’absence de progrès sur des points essentiels pour Washington, dont l’acceptation par les talibans du maintien de forces américaines sur le terrain et de l’ouverture de négociations avec les autorités de Kaboul, dont ils contestent la légitimité. Une déconvenue aurait été rendue encore plus cuisante par un détail symbolique. Ce sommet à Camp David serait intervenu quelques jours seulement avant les commémorations des attentats du 11-Septembre, perpétrés par l’organisation Al-Qaida, qui bénéficiait, à cette période, de la protection des talibans alors au pouvoir à Kaboul. La représentante du Wyoming, Liz Cheney, fille de l’ancien vice-président Dick Cheney et numéro trois du Parti républicain à la Chambre des représentants, a donné une idée de l’état d’esprit de l’aile « faucon » du Grand Old Party dans un message publié sur son compte Twitter, dimanche matin. « C’est à Camp David que les dirigeants américains se sont rencontrés pour planifier notre réponse après (…) le 11 septembre [2001]. Aucun membre des talibans ne devrait y mettre les pieds. Jamais », a-t-elle asséné, tout en se félicitant de cette annulation, à l’unisson du Wall Street Journal, qui a dénoncé des négociations assimilables à une reddition américaine. Lire notre analyse : Trump rompt les négociations de paix engagées en Afghanistan avec les talibans Partisan de longue date d’un retrait américain, Donald Trump ne cesse de rencontrer des obstacles depuis son arrivée à la Maison Blanche, en janvier 2017. En juillet de la même année, il a laissé libre cours à son exaspération au cours d’une réunion mouvementée au Pentagone, selon de nombreux récits convergents. Il a accepté de mauvaise grâce l’envoi de renforts, le mois suivant, sans que ces derniers ne produisent de résultats probants.
Une partie des conseillers de Donald Trump, dont John Bolton, réclament le maintien d’une « force antiterroriste », rejetée par les talibans.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/09/etats-unis-desaccords-sur-le-dossier-afghan-au-sein-du-parti-republicain_5508206_3210.html
mlsum-fr-1151
Sit-in de protestation à l’aéroport de Hongkong, le 9 août. VINCENT THIAN / AP Entretien. Kevin Rudd, ancien premier ministre travailliste d’Australie, est le président de l’Asia Policy Institute, un think tank de New York destiné à favoriser les relations des Etats-Unis avec l’Asie. Il analyse les stratégies chinoises et américaines, alors que les tensions sont vives entre les deux géants. Trente ans après Tiananmen, la révolte de Hongkong va-t-elle finir par être réprimée par Pékin ? Je serais très surpris que les autorités de Pékin prennent ce risque. Une intervention militaire ou de police à Hongkong me semble très improbable : il y aurait une résistance féroce et elle coûterait beaucoup plus à la réputation de la Chine qu’elle ne rapporterait. Dans la hiérarchie des priorités de Pékin, Hongkong fait partie de la deuxième priorité, l’unité nationale, mais une intervention abîmerait la légitimité du parti, qui est la priorité première, et mettrait en danger l’économie – la troisième priorité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Chine dénonce une situation instable et très grave à Hongkong A Tiananmen, ce risque a été pris. C’était beaucoup plus tôt et il s’agissait d’une affaire intérieure. Hongkong reste toujours un monde différent. Ce n’est pas Shanghaï, Donggang ou Wuhan. Certains craignent que le chaos à Hongkong se propage. Mais les Chinois du continent, même les dissidents, savent qu’une action similaire ne marchera pas. De surcroît, une intervention détruirait tout espoir d’unification pacifique avec Taïwan car le système « un pays deux systèmes » serait complètement mort. Comment cela va-t-il finir ? Mon diagnostic part du principe que le mouvement ne devient pas considérablement plus violent, menaçant pour l’administration de Hongkong et ne progresse pas en taille. Le scénario le plus vraisemblable est que Pékin, par sa non-réaction, va laisser le mouvement décliner. Certains formulent l’hypothèse d’une intervention de l’armée populaire la semaine du 12 août. Je ne vois rien de tel. Une intervention aurait des conséquences inconnues au niveau international et provoquerait l’isolement de la Chine. La révolte intervient dans un climat très tendu avec les Etats-Unis. Après la guerre commerciale, la guerre technologique et monétaire. Et après, la guerre tout court ? Il est facile de prédire un enchaînement négatif qui déboucherait, après la guerre monétaire, sur une guerre financière plus large. C’est là que la situation devient particulièrement grave, à cause de l’interpénétration des marchés financiers. Si cette tendance continue, cela équivaut à un découplage des économies, précondition d’une guerre froide. Tout cela est possible, mais je ne pense pas qu’il y ait unanimité dans l’administration américaine pour estimer que c’est le but à atteindre.
L’ancien premier ministre australien Kevin Rudd s’inquiète des divisions au sein de la Maison Blanche sur l’attitude à adopter face à Pékin.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/10/chine-une-intervention-militaire-ou-policiere-a-hongkong-semble-tres-improbable_5498352_3210.html
mlsum-fr-1152
Comme le faisaient récemment remarquer les 800 créateurs (réalisateurs, scénaristes, producteurs…) signataires d’une tribune parue dans Le Monde le 3 juillet, « la France est le seul pays qui pense avoir trop de cinéma d’auteur ». Et pas n’importe qui en France, puisque c’est Catherine Deneuve qui a relancé ce débat. Entre l’accroissement du nombre de longs métrages produits chaque année, la stagnation des investissements, la hausse de la fréquentation, le vieillissement du public de l’art et essai et l’espoir de voir la jeunesse revenir au cinéma par le biais des plateformes, comment se dessine la création cinématographique de demain ? Pour esquisser un avenir riche en promesses comme en périls, deux cinéastes, Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu, Bande de filles) et Eric Toledano (Intouchables et bientôt Hors normes), une productrice, Judith Lou Levy (Atlantique, de Mati Diop, Zombi Child, de Bertrand Bonnello), un économiste du cinéma, Alain Le Diberder et une députée, naguère productrice, Frédérique Dumas. Intervenants Productrice et femme politique, Frédérique Dumas a dirigé Noé Productions (No Man’s Land, de Danis Tanovic, entre autres) et Orange Studio. Après avoir été la collaboratrice de François Léotard puis François Bayrou, elle a été élue députée des Hauts de Seine en 2012 sous l’étiquette LRM. Elle a quitté cette formation en 2018. Elle siège à la commission des affaires culturelles de l’Assemblée nationale. Après avoir été directeur des programmes d’Arte de 2012 à 2017, Alain Le Diberder a fondé Buzz2buzz, cabinet d’architecte en nouveaux médias. Auparavant cet économiste avait exercé dans les cabinets ministériels ou dans les chaînes publiques ou privées. Parcours qui lui a permis de publicier le 24 septembre La Nouvelle économie de l’audiovisuel, aux Editions La Dédouverte. Les Films du bal, la société de production fondée par Judith Lou Lévy et Eve Robin a fait une entrée remarquée sur la scène des longs métrages lors du 72e Festival de Cannes, présentant Zombi Child, de Bertrand Bonnello, à la Quinzaine des réalisateurs et Atlantique en compétition. Le film de Mati Diop a remporté le Grand Prix, attiré l’attention de Netflix et des sélectionneurs d’autres festivals, comme Toronto ou New York. Réalisatrice de La Famille Wolberg ou de Tirez la langue Mademoiselle, scénariste du Madame Hyde de Serge Bozon, Axelle Ropert est aussi polémiste, comme l’a montré sa récente tribune dans les colonnes du Monde, en défense du cinéma d’auteur français. Avec Olivier Nakache, Eric Toledano n’est pas seulement l’auteur de l’un des plus grands succès de l’histoire récente du cinéma français, Intouchables, mais aussi l’inventeur d’une nouvelle manière comique française qui se veut toujours plus proche de la réalité. Hors normes, leur nouveau long métrage (sortie le 23 octobre), met en scène le combat de deux travailleurs sociaux (Vincent Cassel et Redha Kateb) pour la survie d’un centre d’accueil pour jeunes autistes.
Comment se dessine la création cinématographique de demain ? « Le Monde » organise dans le cadre du Monde Festival un débat sur l’avenir du film français avec les réalisateurs Axelle Ropert et Eric Toledano, la productrice Judith Lou Levy, l’économiste du cinéma Alain Le Diberder et la députée Frédérique Dumas. La conférence se tiendra samedi 5 octobre 2019 de 12 heures à 13 h 30, au Théâtre des Bouffes du Nord.
https://festival.lemonde.fr/programmation/trop-de-films-en-france/
mlsum-fr-1153
Un manifestant anti-Brexit devant le Parlement à Londres, le 17 octobre. KIRSTY WIGGLESWORTH / AP C’est un vote capital à l’issue très incertaine, et cela à douze jours seulement de la date prévue de sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE). Les députés britanniques se réunissent, samedi 19 octobre, pour décider du sort de l’accord conclu in extremis, jeudi 17 octobre, entre le gouvernement de Boris Johnson et les Vingt-Sept. Arraché à l’issue de négociations laborieuses, l’accord est censé régler les conditions du divorce après 46 ans de vie commune, permettant une sortie en douceur assortie d’une période de transition courant au moins jusqu’à la fin 2020. Mais son succès est suspendu à l’approbation du Parlement britannique, qui a déjà fait preuve d’intransigeance par le passé. Les députés ont rejeté par trois fois le précédent accord de sortie conclu entre l’ancienne première ministre, Theresa May, et les vingt-sept autres membres de l’UE. Convoquée pour la première fois un samedi depuis la guerre des Malouines il y a 37 ans, la Chambre des communes ouvrira à 9 h 30 (10 h 30 en France), pour des débats qui pourraient durer toute la journée. Boris Johnson joue gros Boris Johnson a déployé tous ses efforts ces derniers jours pour convaincre les députés de soutenir son accord, enchaînant coups de téléphones et interventions à la télévision. Arguant qu’il n’y avait « pas de meilleure issue » que son accord pour quitter l’UE le 31 octobre, le premier ministre a invité les élus à imaginer un monde où l’obstacle du Brexit, qui paralyse la vie politique britannique depuis trois ans, aura « été dépassé ». « Je pense que la nation poussera un grand soupir de soulagement », a-t-il ajouté. Si l’accord est approuvé, il devra encore être validé par le Parlement européen. En cas de rejet, samedi, Boris Johnson a toujours dit qu’il préférait une sortie sans accord à un nouveau délai, le Brexit ayant déjà été repoussé deux fois. Mais une loi votée par le Parlement l’oblige à demander un report de trois mois à l’UE. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : « Si Boris Johnson n’arrive pas à faire le plein des voix des brexiters, son accord est mort » La perspective d’un Brexit sans accord est redoutée des milieux économiques, car il pourrait entraîner, selon les prévisions du gouvernement lui-même, des pénuries de denrées alimentaires, d’essence ou encore de médicaments. Boris Johnson, sans majorité à Westminster, a besoin de 320 voix pour valider son accord. Les formations d’opposition ont déjà annoncé qu’elles s’y opposaient : le parti centriste libéral démocrate (19 voix) et les nationalistes écossais SNP (35 voix) sont anti-Brexit, le parti travailliste (242 voix) estime que le nouvel accord fragilise les droits des travailleurs, les Verts (1 voix) qu’il ne respecte pas l’environnement… Surtout, ça coince auprès des unionistes nord-irlandais du DUP (10 voix), pourtant alliés de Boris Johnson à la Chambre des communes, pour qui le texte octroie un statut différent à l’Irlande du Nord et isole la province britannique du reste du pays. La société britannique divisée Le gouvernement espère convaincre certains travaillistes et des indépendants, notamment les députés exclus du Parti conservateur parce qu’ils s’opposaient à un « no deal ». Si le Parlement est divisé, la société britannique l’est aussi, plus de trois ans après le référendum de juin 2016 qui a décidé à 52 % du départ du Royaume-Uni du bloc européen. Alors que les débats battront leur plein pour régler les conditions du divorce, une manifestation anti-Brexit est prévue devant Westminster pour pousser à la tenue d’un second référendum. La décision des députés sera aussi scrutée outre-Manche. Plusieurs dirigeants européens les ont enjoints d’approuver l’accord pour pouvoir passer à la phase suivante des négociations, celle qui déterminera la relation future entre l’UE et le Royaume-Uni. Pas de « nouveaux délais » pour Macron Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a averti qu’un rejet du texte engendrerait une « situation très compliquée », tandis que le président français, Emmanuel Macron, s’est prononcé contre de « nouveaux délais ». L’accord de Boris Johnson est censé résoudre la quadrature du cercle de la frontière irlandaise, sur laquelle avait buté le processus jusqu’à présent. L’objectif est d’éviter le retour d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord britannique et la république d’Irlande, membre de l’UE, pour préserver la paix sur l’île. Pour cela, il maintient sur le papier l’Irlande du Nord dans le territoire douanier britannique mais prévoit un régime spécial pour les marchandises arrivant dans la province, selon que celles-ci sont destinées à y rester ou à passer dans le marché unique européen.
La Chambre des communes se réunit exceptionnellement samedi pour se prononcer sur le nouvel accord de divorce conclu entre Londres et Bruxelles.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/19/brexit-journee-et-vote-historiques-au-parlement-britannique_6016127_3210.html
mlsum-fr-1154
Lors d’une visite d’Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, sur le site Léa Nature de Périgny (Charente-Maritime), en août 2016. ROMAIN PERROCHEAU / AFP De la cire de blé noir. Un extrait aqueux de citronnier, un autre de ginkgo biloba. Du lait d’amande. Sur les paillasses du laboratoire de Léa Nature, fabricant de produits cosmétiques naturels et bio installé à Périgny, près de La Rochelle, en Charente-Maritime, les bidons de matières premières naturelles s’empilent. Ici, rien n’est issu de la pétrochimie. L’équipe d’Anne Le Provost, chef de projet de la formulation cosmétique de Léa Nature, y a élaboré 150 nouveaux gels, laits, shampooings et autres lotions en 2019, contre 90, en 2018. Les lancements s’enchaînent sous ses marques SO’BIO étic, Floressance ou I Love Bio. Parmi eux, figurent « un shampooing sans dérivé d’huile de palme, une gamme de soins à l’aloe vera et un gel douche sans sulfates », énumère Valérie Marcadet, directrice de l’innovation, lors de la visite de l’entreprise à laquelle Le Monde a été invité. A l’heure où les Français plébiscitent les produits cosmétiques naturels pour leur innocuité, le groupe fondé par Charles Kloboukoff, en 1993, multiplie les investissements. Fin septembre, le fabricant, numéro un de la cosmétique bio vendue en grandes surfaces, a signé le rachat de Boho Green, marque de maquillage créée en 2012 à Lyon. « En 2025, Léa Nature devrait peser 1 milliard d’euros » Cette acquisition a été signée quelques mois après la mise en service d’une nouvelle usine à Périgny, qui a nécessité 22 millions d’euros d’investissement. Situé face au siège social de l’entreprise, sur une ancienne friche industrielle, ce site, largement robotisé, devrait atteindre, à terme, 45 millions d’unités par an. Le projet d’en doubler la taille est prévu pour 2022. Car M. Kloboukoff veut « jouer des coudes » pour « garder une longueur d’avance » sur les « as du marketing » des grands industriels de la cosmétique, dont L’Oréal et Unilever, qui, cette année, ont opportunément investi les rayons de la cosmétique au naturel. Chez Léa Nature, les ventes des gammes certifiées bio ont bondi de 26 % cette année en grandes surfaces et contribueront à la forte croissance du groupe (progression de 15 % à 20 % par an). Elles demeureront toutefois minoritaires, l’entreprise réalisant la majeure partie de ses ventes avec ses produits alimentaires, fabriqués notamment sous la marque Jardin Bio. Jusqu’où ira le groupe aux 469 millions de chiffre d’affaires prévus en 2019 ? « En 2025, Léa Nature devrait peser 1 milliard d’euros », assure le PDG.
Le pionnier des produits bio vendus en hypermarchés vise 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2025. Le fabricant étend son usine de produits cosmétiques à Périgny, près de La Rochelle.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/28/les-cosmetiques-bio-propulsent-le-groupe-lea-nature_6017161_3234.html
mlsum-fr-1155
La maison de l’Amassada, refuge des opposants au projet de transformateur électrique, en août 2015, à Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron). DR « On ne va pas non plus y laisser la peau ! » Par ses mots désabusés, Jean Capel, le maire du petit village aveyronnais de Saint-Victor-et-Melvieu, a commenté, mardi 8 octobre au soir, l’évacuation par les gendarmes mobiles de la zone occupée par des opposants à la construction d’un supertransformateur électrique. « Si les bulldozers arrivent demain et commencent les travaux, que peut-on y faire ? », demande encore l’édile, un peu écœuré de voir cette lutte déjà ancienne – à l’origine, le projet de Réseau de transport d’électricité (RTE) devait aboutir en 2009 –, s’achever ainsi. L’assaut contre les quatre à cinq maisons et cabanes en bois, dont la jolie Amassada, lieu de vie collectif des occupants, a débuté à 5 h 30, mardi matin. Les quelques dizaines de personnes – une centaine selon les opposants, cinquante à soixante selon les forces de l’ordre – qui avaient rejoint la petite dizaine d’habitants permanents, avaient érigé des barricades sur la route départementale et les chemins voisins pour barrer l’accès au terrain, obstacles auxquels ils ont mis le feu face aux forces de l’ordre. Des tirs de grenade lacrymogènes ont repoussé les militants afin que les deux véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), dépêchés sur place, fassent place nette. Il a fallu encore éloigner les opposants de la « zone à défendre », cette ZAD aveyronnaise, puis, une fois le jour levé, évacuer encore la vingtaine de militants réfugiés sur les toits des cabanes. « Après la phase d’évacuation terminée, vers 11 heures du matin, il a fallu sécuriser les lieux puis déconstruire les installations montées sur ce terrain. RTE a ensuite élevé un grillage autour de la parcelle [le terrain sur lequel doit être construit le transformateur fait 4,8 hectares], avec éclairage nocturne et gardiennage », a expliqué au Monde, Pierre Bressolles, le directeur de cabinet de la préfète de l’Aveyron. Les deux gardés à vue, qui avaient été interpellés le matin, ont été libérés à 18 heures. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans le sud de l’Aveyron, un projet de transformateur fait monter la tension « Green business » Les occupants, soutenus par l’équipe municipale de Saint-Victor-et-Melvieu, s’opposent au projet de ce nouveau « superéchangeur » qui doit permettre de relier le réseau actuel, « saturé », selon RTE, à la ligne à très haute tension de 400 000 volts qui passe par là. Il existe pourtant déjà un transformateur sur le territoire de ce petit village d’à peine 400 habitants. La puissance de ce transformateur, permettant l’interconnexion entre les lignes à haute tension (63 000 volts) et celle à très haute tension de 225 000 volts, avait déjà été multipliée par trois ou quatre, il y a deux ans, dénonce le maire, inquiet des effets de toutes ces installations sur la santé de ses habitants.
Mardi 8 octobre, tôt dans la matinée, les gendarmes mobiles ont détruit le campement de l’Amassada, à Saint-Victor-et-Melvieu, où s’étaient réfugiés des dizaines de manifestants.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/09/evacuation-de-la-zad-aveyronnaise-des-opposants-a-un-super-transformateur_6014730_3244.html
mlsum-fr-1156
M Le magazine du Monde Il se produit quelque chose d’assez étonnant depuis quelques années. Pendant que des domiciles de particuliers se déguisent en hôtels sur Airbnb, des hôtels chics se déguisent, eux, en appartements… L’Hôtel The Hoxton, à Paris, est caractéristique de cette tendance. Pour briguer une clientèle professionnelle à 70 %, il loue des salles de séminaire qui ressemblent à des salles à manger familiales. Mais l’essentiel se joue dans le lobby, au bar, dans le patio et dans le salon du restaurant, dont les sièges sont toute la journée occupés par des gens en rendez-vous. Maintenant que WeWork et les usines à coworking sont connotés « imposture » plutôt que « coolitude », la French Tech s’est emparée de ce lobby d’hôtel au cœur du Silicon Sentier. Des gens qui ont des bureaux fermés à Paris viennent tenir leurs réunions dans ces espaces partagés. Sur les tables basses, The Guardian plutôt que Le Parisien, le programme de la Philharmonie ou le guide du marketing culinaire. Rassemblés autour, des trentenaires venus de fonds d’investissement, des responsables numériques de ministères ou de grandes entreprises auxquels se mêlent, le week-end, quelques touristes japonaises et des enfants en pyjama licorne. « Le Wi-Fi est gratuit, il n’y a rien de plus triste qu’un hôtel vide », dit la gérante pour expliquer que les parties communes se trouvent transformées en salles de réunion dès le petit déjeuner par ces jeunes venus parler stratégie, investissement et recrutement. Leurs signes distinctifs Plutôt pull en « V » et montre à aiguilles que capuche créative… On peut s’habiller en vieux quand on est jeune. Ils ont parfois rendez-vous avec des quinquas en baskets sous la veste, on doit parfois s’habiller jeune quand on est vieux. Diplômés d’école de commerce, ils travaillent plutôt côté marketing et finances que création ou développement, ont l’optimisme de ceux qui baignent dans le suremploi. Certains ont travaillé à Londres dans les fusions-acquisitions avant de rentrer dans des fonds d’investissement. La réalité du taux de survie des start-up n’entame pas leur confiance en l’avenir. Ils commandent un américain, un double expresso, ou un white foam. Tout sauf « un café s’il vous plaît ». En attendant leurs consommations, ils ouvrent leurs ordinateurs sur des slides, des business plans, des graphiques légendés « continuum de financement ». Ils viennent chercher des fonds ou des gens, laissant entendre aux uns qu’ils ont déjà les autres et inversement. Lors de leur rendez-vous, ils précisent toujours qu’aujourd’hui est atypique parce qu’ils sont « en période de levée ». Ils font passer des entretiens d’embauche à des jeunes qui répondent invariablement qu’ils ont « envie d’avoir un impact ». Ils n’hésitent pas à voir s’il n’y aurait pas des n + 1 à débaucher au passage. « Ton CMO [chief marketing officer], il est bon ? Il s’appelle comment ? » Lire aussi Le hall des hôtels, nouveau lieu de vie Plutôt que de dire que leur start-up précédente a pris un bouillon, ils préfèrent assurer qu’ils ne sentaient pas vraiment le business model. Ils font confiance aux fonds d’investissement pour arroser toutes leurs idées, qu’ils pitchent en s’appuyant sur leur sens aigu de l’observation (« je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec tous ces caissons de scooter »). A la fin du rendez-vous, seule la moitié de la table fait ses affaires. Ils n’attendent pas que leur interlocuteur ait franchi la porte pour débriefer le rendez-vous, un autre est sur le point d’arriver. Leur façon de parler « Attends, on avait bien rendez-vous à 11 heures ? Oui, mais j’avais un rendez-vous avant. » « Mon implication, je n’ai pas envie qu’elle ne soit que capitalistique, car ce n’est pas la partie qui m’excite le plus. » « On critique les Etats-Unis en disant que les Américains n’ont pas de couverture médicale payée, mais leurs salaires sont trois fois supérieurs aux nôtres. » « Par rapport à Amazon, c’est quoi votre plus ? » « C’est un peu un gitan de la stratégie. » « C’est notre futur CMO avec un background d’agence. » « Si on la faisait travailler, ça permettrait de féminiser l’équipe. » « Ça va favoriser l’idéation. » « T’as un algo de matching ? » « Dans les disques de couleurs des tests de personnalité, je suis vert introverti follower. » « Je travaillais avec des équipes marketing qui avaient un langage différent du mien. Y a eu deux ou trois réunions où on s’est mal compris. » « Le PDF, ça ne marche que sur une génération : les gens de 70 ans contents de s’être mis au numérique. » « J’ai beaucoup de respect pour le papier. » « Là je suis un peu entre deux jobs. » Leurs poncifs Ils vont être le Uber de… ou le Airbnb de… Ils vont changer le monde parce que leur entreprise a des valeurs, notamment d’impact et d’humanité. Ils rêvent secrètement de la revendre. Leurs questions existentielles Quand dire la réalité de la situation (à l’agence, à celui qu’on va embaucher, aux investisseurs) ? Leur Graal L’Hôtel des Grands Boulevards pas très loin, autre haut lieu des start-up, où le téléphone ne passe pas. On est sûr de ne pas être dérangé. Lire aussi Pour The Hoxton, le tribunal est devenu bureau
Notre chroniqueuse Guillemette Faure est allée à la rencontre des jeunes loups qui donnent leurs rendez-vous d’affaires dans cette antenne hôtelière branchée du Sentier.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/06/avec-les-start-upeurs-a-l-hotel-the-hoxton-paris_6018270_4500055.html
mlsum-fr-1157
L’opposant russe Alexeï Navalny, le 23 août à Moscou, à sa sortie de prison. Dmitry Serebryakov / AP Derrière le sourire se mêlent détermination et scepticisme. Un mois après son arrestation pour avoir appelé à une manifestation interdite, Alexeï Navalny a affiché sa joie de retrouver la liberté. Le 23 juillet, le chef de file de l’opposition au Kremlin de Vladimir Poutine avait été incarcéré, condamné dès le lendemain à trente jours de prison pour « infractions aux règles d’organisation des manifestations ». Le 23 août, il a été libéré, mais a vite prédit de nouvelles manifestations et arrestations. « Mensonges et fraude ne suffisent plus aux autorités. Il ne leur suffit plus d’exclure des candidats d’une élection. Ils veulent délibérément arrêter des dizaines de personnes et en frapper des centaines », a déclaré Alexeï Navalny à sa sortie de prison. Lire aussi L’opposant russe Navalny libéré après trente jours de détention Prudent pour éviter sans doute une nouvelle arrestation, l’avocat anticorruption et anti-Kremlin s’est gardé d’appeler personnellement à manifester ce samedi 31 août. Mais son équipe et une partie de l’opposition prévoient une nouvelle marche, non autorisée par la mairie, pour relancer la contestation provoquée cet été par le rejet de candidats libéraux à l’élection de l’assemblée de Moscou, le 8 septembre. Un scrutin local devenu affaire nationale. Aux slogans exigeant des « élections libres » contre les exclusions de candidatures pour cause de prétendues infractions lors de la collecte des signatures de soutien se sont ajoutées d’autres revendications, notamment la libération des manifestants. Les premiers rassemblements, en juillet, se sont conclus par des violences policières, avec jusqu’à 1 400 arrestations en un seul jour et, au total, plus de 3 000. La plupart des personnes ont été relâchées au bout de quelques heures. Mais plusieurs meneurs ont passé le reste de l’été derrière les barreaux, condamnés à des peines administratives. Parmi eux : Alexeï Navalny et plusieurs de ses proches, dont l’économiste Vladimir Milov. Vraies-fausses libérations Si tous deux ont été libérés au terme de leur condamnation, d’autres figures de l’opposition doivent rester plus longtemps en prison. C’est le cas de Dmitri Goudkov, dont la peine de trente jours de réclusion a été prolongée de dix jours. Quant à Ilia Iachine, il avait été initialement condamné le 27 juillet à dix jours mais il a, depuis, cumulé quatre autres arrestations, après chaque sortie de prison. « Voilà les amis, c’est comme ça », a-t-il ironisé lors d’une de ces vraies-fausses libérations, avant de remonter dans le fourgon cellulaire. C’est pour protester contre ces incarcérations que Lioubov Sobol, l’une des juristes d’Alexeï Navalny devenue l’égérie de la contestation, appelle à manifester ce samedi. Contrairement aux autres leaders du mouvement, tous des hommes, elle sait qu’elle ne peut être incarcérée. Car Lioubov Sobol a une fille de 5 ans et la loi russe interdit, dans des affaires administratives, d’arrêter une mère d’un enfant de moins de 14 ans. Lioubov Sobol, une des juristes d’Alexeï Navalny, interpelée par des policiers, le 3 août à Moscou. Dmitry Serebryakov / AP « Aujourd’hui, au total, au moins six personnes sont toujours en prison avec des peines administratives, certaines depuis un mois. D’autres plus récemment, pour quelques jours, après avoir participé à des actions individuelles », a confié au Monde Alla Frolova, l’une des coordinatrices d’OVD-Info. L’ONG, qui aide les manifestants arrêtés face aux méandres de la justice, est une source fiable pour comptabiliser les arrestations. La loi russe sur les rassemblements publics sans autorisation préalable permet des actions individuelles, à condition que les protestataires et leurs pancartes soient séparés entre eux de 50 mètres. Mais, ces derniers jours, des policiers sont intervenus lorsque les rebelles s’échangeaient les pancartes, considérant ce passage de relais comme une violation des règles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Lioubov Sobol, l’intransigeante avocate de l’opposition russe « Troubles massifs » Les dernières incarcérations administratives sont ainsi intervenues lorsque des étudiants ont individuellement manifesté en soutien à l’un des leurs, Egor Joukov, 21 ans, visage à lui seul de la contestation. Il est l’une des quinze personnes accusées d’avoir « organisé et mené des émeutes de masse » lors de la manifestation du 27 juillet. Lui est poursuivi au pénal. En détention préventive depuis près d’un mois, Egor Joukov encourt jusqu’à huit ans de prison, tout comme les quatorze autres personnes dans ces enquêtes criminelles. Ils sont a priori loin des profils visés par la loi sur les « troubles massifs », émeutiers brûlant des voitures ou personnes armées et agressives. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Moscou se prépare à un nouveau face-à-face entre l’opposition et la police « Ils sont accusés de troubles massifs ou de violences contre la police alors qu’ils manifestaient pacifiquement », s’inquiète Alla Frolova. Le cas d’Egor Joukov est devenu d’autant plus emblématique que l’étudiant en sciences politiques, dont le blog compte plus de 110 000 abonnés, avait lui-même essayé d’être candidat au scrutin du 8 septembre. Désormais loin des manifestations, il doit apparaître devant le juge le 27 septembre. Lors d’une des premières audiences, où ses amis ont bruyamment exprimé leur soutien, Egor Joukov s’est écrié : « Je ne sais pas si je serai libre, mais la Russie le sera forcément. »
Après un été de protestation et plus de 3 000 arrestations, au moins 6 personnes sont toujours en prison avec des peines administratives et 15 sont poursuivies au pénal.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/30/la-repression-judiciaire-face-a-la-contestation-politique-a-moscou_5504502_3210.html
mlsum-fr-1158
A Biarritz, dans le sud-ouest de la France, en mai 2017. FRANCK FIFE / AFP C’est le dernier des Mohicans sur la niche de la location de bateaux entre particuliers, un marché de la plaisance qui a connu un vif essor ces quatre dernières années. Après le rachat de SamBoat par le plus grand loueur mondial, Dream Yacht Charter, en novembre 2018, Click&Boat est la dernière PME indépendante d’envergure. Et elle entend le rester – du moins pour l’instant – dans un environnement de la plaisance en pleine « digitalisation ». Afin de croître, Click&Boat a décidé d’élargir son offre de location. Après avoir intégré les loueurs professionnels sur sa plate-forme, la société devait annoncer, jeudi 25 juillet, le rachat d’Océans Evasion, une agence de location de voiliers et de catamarans à travers le monde, créée en 1995 et dont le siège se trouve à Lorient. La start-up met également la main sur l’agence Océans Voyages, qui fait partie du même groupe et propose notamment des offres en avion, des hôtels, des transferts… « En juin 2018, nous avons bouclé une levée de fonds de quatre millions d’euros. C’était notamment pour nous permettre de nous renforcer par acquisition. Avec Océans Evasion, nous acquérons un savoir-faire pour les croisières haut de gamme, avec ou sans équipage, et une vision innovante du tourisme nautique », commente Edouard Gorioux, le cofondateur de Click&Boat, en 2013, avec Jérémy Bismuth. Il veut transformer sa plate-forme en un lieu incontournable de la plaisance, « où il sera possible, en quelques clics, de programmer l’intégralité de ses vacances en mer : billet d’avion, nuits d’hôtel et location de bateau ». La jeune société mise sur les Etats-Unis A l’équilibre, la start-up emploie 115 personnes installées à Boulogne-Billancourt, à Marseille, à Miami et, désormais, à Lorient. Elle vise, pour 2019, un volume d’affaires d’une cinquantaine de millions d’euros, soit un chiffre d’affaires, non public et donc approximatif, de cinq à dix millions d’euros. « Depuis 2015, nous connaissons une croissance annuelle de 100 %, assure M. Gorioux. Notre objectif est toujours de devenir le leadeur mondial de la location de bateaux. Aujourd’hui, nous proposons nos services dans une cinquantaine de pays, avec près de 30 000 embarcations ouvertes à la location sur notre plate-forme. Certaines zones, comme la Méditerranée, sont actuellement plus attractives que d’autres, mais nous nous déployons sur de nouvelles destinations. Avec Océans Evasion, nous serons ainsi présents en Polynésie française, aux Seychelles ou en Thaïlande. »
En rachetant Océans Evasion, la start-up née en 2013 élargit son offre aux billets d’avion et aux nuits d’hôtel.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/24/nautisme-le-loueur-de-bateaux-click-boat-se-diversifie_5492929_3234.html
mlsum-fr-1159
Le pape François lors d’une assemblée générale au Vatican, le 23 octobre. REMO CASILLI / REUTERS Il sera peut-être bientôt possible de rencontrer, dans le bassin amazonien, des prêtres catholiques mariés célébrant des messes selon un rite nouveau, qui intégrera des éléments de la tradition et même de la théologie des peuples autochtones. C’est en tout cas ce qu’ont demandé les évêques catholiques réunis à Rome, au dernier jour d’un synode (une assemblée convoquée par le pape) sur l’Amazonie, samedi 26 octobre. En revanche, pour que des femmes puissent accéder au diaconat (qui est le premier degré du sacrement de l’ordre, le deuxième étant la prêtrise et le troisième l’épiscopat), comme l’ont réclamé de nombreux Amazoniens lors des consultations préparatoires, il faudra sans doute encore attendre longtemps : les évêques se sont limités à renvoyer aux travaux d’une commission ad hoc qui, jusqu’à présent, est restée paralysée par ses divisions. En attendant, ils proposent de créer une fonction officielle – un « ministère » – de « la femme leader de la communauté », une reconnaissance institutionnelle du fait que plus de la moitié des communautés catholiques amazoniennes sont prises en charge par les femmes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au deuxième jour du synode, l’Eglise amazonienne bouscule le Vatican Les quelque 180 évêques et religieux, majoritairement issus des neufs pays d’Amérique du Sud concernés par l’Amazonie, qui avaient le droit de vote à ce synode (aucune des 35 femmes participantes ne l’avait) ont adopté, article par article, un document final qui comporte ces propositions, après trois semaines de délibérations à huis clos. Il revient maintenant au pape François de décider de leur faire droit, ou non, à l’occasion d’une exhortation apostolique que le pontife argentin espère publier d’ici à la fin de l’année. L’Amazonie, un désert clérical Si elles sont retenues par le chef de l’Eglise catholique, ces orientations ouvriront une brèche dans la tradition millénaire du célibat des prêtres, généralisé dans l’Eglise latine après la réforme grégorienne du XIe siècle. Certains courants conservateurs redoutent qu’elles fassent tache d’huile. L’article de la résolution finale propose « d’ordonner prêtres des hommes mariés idoines et reconnus par la communauté, qui ont un diaconat permanent fécond et reçoivent une formation adéquate au presbytérat, pouvant avoir une famille légalement constituée et stable ». Il ajoute que « certains », au cours du synode, « se sont prononcés en faveur d’une approche universelle du sujet ». Ce qui peut vouloir dire que la faculté d’ordonner des hommes mariés pourrait être utilisée par d’autres zones géographiques en carence de prêtres. Du reste, le Vatican avait pris soin d’avertir, au début du synode, que même consacré à un territoire particulier, « chaque synode concerne toujours l’Eglise universelle ». Or on sait déjà qu’une partie de l’Eglise allemande, par exemple, réfléchit à la question. C’est sur cet article que le vote a été le plus serré. A quels besoins répondait ce synode ? En Amazonie, les distances sont grandes entre les communautés autochtones et les moyens de circulation bien souvent réduits à la navigation en pirogue. Parallèlement, le nombre de prêtres autochtones est quasi nul et celui des prêtres itinérants est insuffisant. Les communautés les plus reculées ne reçoivent donc parfois la visite d’un prêtre que deux à trois fois par an, voire moins. C’est peu quand on considère que l’Eglise catholique réserve aux hommes ordonnés certains des actes essentiels de sa vie de foi, comme l’eucharistie et l’absolution des péchés. C’est peu aussi au regard de la concurrence des Eglises évangéliques qui, elles, établissent plus facilement des ministres du culte parmi les autochtones. D’où l’idée, défendue par de nombreux prêtres et évêques qui exercent dans la zone, d’autoriser, au moins ponctuellement, l’ordination d’hommes mariés, à condition qu’ils soient déjà diacres. En réalité, il existe déjà des prêtres mariés dans l’Eglise catholique. C’est le cas, traditionnellement, des prêtres des Eglises de rite oriental (maronites, chaldéens, melkites…). Il y a aussi, dans l’Eglise latine, d’anciens ministres du culte anglicans qui ont rejoint Rome et ont obtenu une dispense, bien que mariés, pour être prêtres. Mais ordonner des hommes mariés hors de cette situation particulière serait une nouveauté. Différence de traitement entre hommes et femmes En revanche, la petite ouverture en direction des femmes décevra probablement celles qui, religieuses ou laïques, constituent les cadres de bien des communautés. Une religieuse colombienne, sœur Alba Teresa Cediel Castillo, a ainsi témoigné de son activité : « Quand un prêtre ne peut être là, nous baptisons. S’il faut un mariage, nous sommes là. Et souvent nous avons dû écouter en confession un malade, parfois proche de la mort. Nous n’avons pas donné l’absolution [qui est un sacrement réservé aux prêtres] mais dans le fond de notre cœur, nous croyons que Dieu agit. » L’organisation catholique attache tous les « pouvoirs » sacramentels à l’ordination, et donc aux hommes, et ne donne aux femmes aucun rôle en la matière. Rien ne changera donc substantiellement tant que la commission vaticane sur le diaconat est au point mort. Le document synodal demande en attendant plus d’équité dans la répartition des ministères entre hommes et femmes, afin que les femmes puissent participer aux instances de gouvernement de l’Eglise. Lire aussi Le pape François entrouvre la porte de l’Eglise aux femmes La portion congrue réservée aux femmes dans l’Eglise a d’ailleurs fait l’objet d’une initiative inhabituelle au synode, auquel participaient à titres divers (dont des expertes) trente-cinq femmes. Alors que les supérieurs d’ordre religieux masculins, bien que non-évêques, avaient le droit de vote, les dix supérieures d’ordres féminins ne l’avaient pas. Elles ont donc écrit au pape François pour se plaindre de cette différence de traitement et demander à pouvoir voter. En vain. « Péché écologique » Le texte affirme en outre « rejeter une évangélisation de type colonial », exprime son engagement aux côtés des communautés qui luttent pour que leurs « droits fondamentaux soient garantis », propose de « définir le péché écologique » et de créer un organisme épiscopal qui couvre la région. L’ordination d’hommes mariés et l’institution d’un rite amazonien étaient redoutées par des courants conservateurs de l’Eglise, qui sonnent l’alarme contre elles depuis des semaines. Durant le synode, ils n’ont cessé de s’insurger contre la place faite à la culture indigène, certains accusant même le pape d’être tombé dans « l’idolâtrie ». Ils ont critiqué une cérémonie religieuse initiale qui a mêlé prières catholiques, rituels autochtones et objets traditionnels amazoniens. Des statuettes en bois apportées d’Amérique du Sud, qui étaient exposées dans une église voisine du Vatican, ont même été dérobées en fin de semaine dernière et jetées dans le Tibre. Une vidéo diffusée en ligne a montré les pilleurs jetant à l’eau, du pont Saint-Ange, les cinq sculptures. L’une d’elles représente une femme enceinte, qui, avait précisé le Vatican, n’était en rien une référence à la vierge Marie, mais une représentation de la fécondité de la Terre Mère, la Pachamama. Vendredi, le pape François a « demandé pardon » pour ce vol, en tant qu’évêque de Rome. Les statuettes ont finalement été repêchées par les carabinieri.
L’assemblée des évêques catholiques sur l’Amazonie a transmis, samedi, ses propositions au pape François, parmi lesquelles figure également le diaconat féminin.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/26/les-eveques-catholiques-demandent-l-ordination-d-hommes-maries-deja-diacres_6017056_3224.html
mlsum-fr-1160
De gauche à droite, Joel Noguera, Victoria Almeida et Diego Gentile. Paname distribution L’avis du « Monde » - A voir Carlos Sorin est de ces cinéastes dont un titre résume l’œuvre. Sorti en 2002, Historias minimas – des histoires toutes petites – jetait des gens ordinaires au destin ordinaire sur les routes de Patagonie. Depuis, le cinéaste argentin s’est installé dans ce registre et dans cette région immense. Joel est de cette veine, qui racontera donc une histoire minuscule, circonscrite dans le temps (contrairement à ce que pourrait laisser penser son titre français, le film n’a rien d’une chronique) et dans l’espace. Sorin raconte ce qui advient à un couple – un ingénieur forestier, une professeure de piano – qui vit dans une petite ville quelque part du côté d’Ushuhaia lorsque son vœu le plus cher est exaucé. L’irruption d’un petit garçon adopté dans la vie de Cecilia (Victoria Almeida) et Diego (Diego Gentile) est traitée avec minutie et détachement, jusqu’à ce que le processus d’assimilation de l’enfant déraille, d’abord insensiblement. Sans abandonner tout à fait sa retenue, son empathie raisonnée, Carlos Sorin laisse alors la colère et la cruauté imprégner son film, qui devient ainsi le meilleur qu’ait donné le réalisateur depuis longtemps. Pourtant, Cecilia et Diego sont des gens de bonne volonté. Lorsque les services sociaux les avertissent qu’un garçon candidat à l’adoption est arrivé à l’orphelinat voisin, ils surmontent leurs réticences. Joel (Joel Noguera) a 9 ans, trois de plus que l’âge qu’ils souhaitaient pour l’enfant. Sorin décrit un processus administratif à la fois sommaire et tatillon qui propulse rapidement le trio nouvellement constitué vers sa nouvelle vie. Rumeurs et de récriminations Tirant le jeu de ses acteurs vers un réalisme quasi documentaire, le cinéaste observe d’un peu loin les maladresses des parents, les réticences de l’enfant – taiseux, hirsute, dont on sait qu’il vient de loin (de la région de Buenos Aires, d’un milieu instable, pauvre). Mais les péripéties attendues – crises d’autorité, rébellion, révélations – n’arrivent pas. Ces premiers jours de cohabitation sont mis en scène comme un apprentissage, un peu fastidieux mais efficace. La crise viendra de l’extérieur, de la ville dans laquelle le couple est récemment arrivé, de l’école dans laquelle Joel est scolarisé. Plus vieux que ses condisciples, le garçon suscite des réticences dans l’équipe pédagogique et bientôt chez les parents d’élèves. Sorin se refuse à filmer les enfants entre eux, ce n’est pas son propos. Ce qui lui importe, c’est de mesurer les effets de l’onde née des chocs qui se produisent dans la cour de récréation. Cecilia est la dernière à être atteinte par ce phénomène, fait de rumeurs et de récriminations. A partir de ce moment, l’actrice Victoria Almeida donne à son personnage une dimension tragique qui éloigne le film du simple réalisme. Les parents de l’école élémentaire, les instituteurs sont de braves gens qui ne veulent de mal à personne. La jeune mère cherche le moyen de les amadouer, de domestiquer l’énergie qu’ils mettent à rejeter son fils tout neuf, trouvant une seule alliée en la personne d’une autre mère d’élève qu’incarne la réalisatrice Anna Katz. L’une des plus belles séquences du film montre Cecilia faisant le tour de la petite ville dans l’espoir de convaincre les parents qui veulent l’exclusion de Joel que son fils a aussi le droit d’aller à l’école. La solution la plus raisonnable, la plus efficace, aurait été d’aligner quelques confrontations, de susciter un beau moment de rhétorique. Ce que font Carlos Sorin et Victoria Almeida est tout autre, et infiniment plus poignant. Ce n’est pas tout à fait assez pour emporter le film dans un mouvement plus ample que celui sur lequel il a commencé. Pour montrer les failles qui se dessinent dans le couple, et – plus important – la mutation inquiétante d’une communauté sans histoire, le cinéaste n’infléchit pas sa manière minutieuse et tranquille, laissant à sa formidable actrice et aux spectateurs le soin de charger le film de leurs sentiments. Film argentin de Carlos Sorin, avec Victoria Almeida, Diego Gentile, Joel Noguera, Anna Katz (1 h 40). Sur le web : www.paname-distribution.com, www.facebook.com/panamedistribution/
Le cinéaste argentin Carlos Sorin évoque, sur un mode quasi documentaire, la transformation d’un couple avec l’arrivée d’un enfant adopté.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/10/joel-une-enfance-en-patagonie-le-garcon-qui-n-avait-pas-le-droit-d-aller-a-l-ecoler_5487551_3246.html
mlsum-fr-1161
Le 11 juillet 2019, à Suez, en Egypte, l’entraîneur franco-algérien Djamel Belmadi fête avec son équipe sa qualification pour les demi-finales de la Coupe d’Afrique des nations. GIUSEPPE CACACE / AFP Tribune. A la faveur du parcours spectaculaire de l’équipe nationale d’Algérie, qui accueille pas moins de 14 binationaux, la question de la double nationalité se retrouve posée, à la fois en France et en Algérie. Dans les deux pays, il s’agit d’un sujet crispant. La double nationalité est généralement perçue comme un facteur de troubles, posant un risque de double allégeance. Depuis le début du XXe siècle, la France accepte qu’un Français puisse posséder plusieurs nationalités sans que cela entraîne aucune conséquence sur la citoyenneté. A cela, une raison essentielle : la souveraineté. En effet, selon l’universalisme républicain, un Français qui conserve sa nationalité d’origine, ou bien un étranger qui devient Français par naturalisation, ne peut être autre chose… qu’un Français, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs que n’importe quel autre Français. « Cinquième colonne » Pourtant, depuis très longtemps, la double nationalité est l’objet de nombreuses suspicions. Elle indispose, car elle renvoie au mythe de la « cinquième colonne ». L’idée est toujours la même : autour de nous, des individus menaceraient, par leur altérité de papier, l’identité nationale, voire entretiendraient de funestes intelligences avec l’ennemi. Ce sont ces vieux fantasmes qui nourrissent les projets de l’extrême droite : substituer le droit du sang au droit du sol, et interdire la double nationalité, conçus comme deux chevaux de Troie dans le corps de la Nation. Ainsi, Jean-Marie Le Pen fustigeait dès 1989 le principe de la double nationalité. En 2007, il réclamait sa proscription, dans son programme pour l’élection présidentielle. Depuis, sa fille Marine reprend régulièrement cette antienne à son compte, se montrant la digne héritière de ce « nationalisme fermé », selon la formule de Michel Winock, qui puise ses racines dans la longue histoire de l’extrême droite française. Celle-ci, au nom d’une prétendue « essence » nationale, a toujours voulu réduire la Nation à un territoire identitaire clos, hérissé de barrières – ou de murs –, réduit à la portion congrue d’une population débarrassée de tous ses « intrus » : hier juifs et « métèques », aujourd’hui immigrés et musulmans. Pour braconner sur ces terres électorales, une partie de la droite s’est engouffrée dans la brèche. A l’instar d’un Claude Goasguen par exemple, ancien député de Paris, qui en 2011 préconisait la création d’un « registre des binationaux » afin de les enregistrer, puis, dans un second temps, de les sommer de « choisir » une seule nationalité. La gauche n’est pas en reste, hélas. Dans un contexte particulier marqué par les tragiques attentats de 2015, François Hollande proposa, au grand désarroi d’une large partie de son camp, de déchoir de leur nationalité française des individus nés Français et impliqués dans des actes de terrorisme, coupant ainsi la citoyenneté en deux morceaux distincts et séparant, du moins en principe, des Français à 100 % et d’autres qui pourraient ne plus l’être. Depuis, François Hollande a regretté son erreur, qui n’en constitua pas moins l’un des symptômes d’une certaine banalisation des idées du Front national, dont le rejet de la double nationalité reste l’un des marqueurs les plus constants. Traîtres et renégats Côté algérien, les choses sont plus simples. Les binationaux, comme du reste tous ceux qui ont quitté le pays pour une raison ou pour une autre, sont la plupart du temps considérés comme des traîtres, des renégats que le régime algérien s’est méthodiquement appliqué à mettre à l’écart. En 2005, au moment d’une timide réforme visant à ouvrir le Code de la nationalité, le président Abdelaziz Bouteflika déclarait que les binationaux devaient être traités comme des étrangers en Algérie. Le point d’orgue de ce pensum d’Etat, nationaliste et exclusif, fut sans doute la révision constitutionnelle de 2016, dont l’article 87 interdit aux binationaux d’accéder à la haute fonction publique. Cette défiance à leur égard, et plus particulièrement vis-à-vis des Algériens détenteurs de la nationalité française, est largement partagée, sinon promue, par les courants les plus conservateurs de la société algérienne, islamistes en tête. Cette suspicion est pourtant à géométrie variable, dans la mesure où de nombreux responsables politiques algériens sont eux-mêmes détenteurs du passeport européen… Elle s’exprime également dans le domaine économique ou bien dans celui du ballon rond, où la double nationalité est devenue ces dernières années le symbole d’un conflit idéologique profond, et une ligne de démarcation entre deux visions de l’Algérie : l’une repliée sur elle-même, essentialisant l’identité algérienne et tenant du même nationalisme fermé que de l’autre côté de la Méditerranée ; l’autre ouverte, reconnaissant la diversité de la société algérienne et l’apport de la diaspora dans le développement du pays et son rayonnement. Lors de l’élimination des Verts au premier tour de la CAN en 2017, l’équipe nationale algérienne fut la cible d’attaques xénophobes pourfendant les joueurs binationaux, qualifiés de traîtres ou de « Français ». Il en va autrement aujourd’hui, d’abord parce que les Verts gagnent. S’ils avaient été éliminés au premier tour, il y a fort à parier que l’équipe aurait été largement conspuée, sur le même mode qu’en 2017. D’autant qu’un fort sentiment anti-français s’est exprimé au début du soulèvement populaire qui a surgi le 22 février. Pourtant, si cette équipe composée de 14 binationaux (franco-algériens), dont l’entraîneur Djamel Belmadi, suscite un tel engouement, une telle fierté des deux côtés de la Méditerranée, c’est sans doute aussi parce qu’elle symbolise le rêve d’une Algérie plurielle, réconciliée avec elle-même et ouverte sur sa diaspora, et sur le monde. Un rêve qui retentit chaque vendredi dans la foule qui défile en Algérie. Un rêve contre lequel, de peur d’être englouties, se dressent toutes les forces réactionnaires du pays. Un rêve que les insupportables violences perpétrées en France par une poignée de voyous viennent aussi salir. Devant l’Arc de triomphe, le 14 juillet 2019, à Paris, un supporteur fête la qualification de l’Algérie à la finale de la Coupe d’Afrique des nations. ABDULMONAM EASSA / AFP Au fond, l’équipe algérienne de 2019 nous rappelle, à nous Français, à nous Algériens, à nous Franco-Algériens, et à tous ceux qui ont plusieurs nationalités, que la diversité n’est pas une tare, mais une richesse collective. Que la double nationalité n’a jamais été une menace, mais une opportunité. Que le fait d’appartenir, par la grâce de l’imaginaire autant que par le fait du passeport, à deux pays, à deux nations, à deux familles, ne signifie pas qu’il faille retrancher l’une à l’autre, mais au contraire les additionner pour faire résonner en soi et pour les autres la belle altérité. Karim Amellal est écrivain, enseignant à Sciences Po et directeur de Civic Fab. Dernier livre paru : Dernières heures avant l’aurore (L’Aube, 2019). Karim Amellal
Les Fennecs comptent pas moins de 14 footballeurs franco-algériens. Une pluralité qui « n’est pas une tare », rappelle l’écrivain Karim Amellal.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/16/can-2019-l-equipe-algerienne-binationale-nous-rappelle-a-tous-que-la-diversite-est-une-richesse-collective_5489967_3212.html
mlsum-fr-1162
Un hélicoptère survole les lieux du naufrage, au large des Sables-d’Olonne (Vendée), le 7 juin. REGIS DUVIGNAU / REUTERS Trois sauveteurs de la Société nationale du sauvetage en mer (SNSM) ont péri, vendredi 7 juin, lors d’une opération de secours au large des Sables-d’Olonne (Vendée). Issus du milieu de la mer, les deux quinquagénaires et un de leurs compagnons, âgé de 37 ans, étaient membres d’un équipage de sept sauveteurs bénévoles de la station locale ; leurs quatre collègues sont parvenus à regagner la terre ferme à la nage où ils ont été pris en charge par les pompiers du SDIS 85. Vendredi, en fin de matinée, les sept sauveteurs avaient embarqué sur le SNS 061 Jack Morisseau, un canot tout temps (CTT). Dépêché par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Etel chargé de la zone, ce navire de 17 mètres avait appareillé pour tenter d’aider le Carrera – un bateau de pêche de 11,50 mètres qui venait de déclencher sa balise de détresse – à regagner son port d’attache des Sables-d’Olonne. Mais le Jack Morisseau s’est retourné à environ 1,5 km de la côte alors que sévissait sur la zone un vent de sud-ouest de 41 nœuds (75 km/h) soulevant une mer forte avec des vagues de 2,50 mètres à 4 mètres. Dans ces conditions météorologique très dégradées, liées à la tempête Miguel qui balaie le littoral français depuis la nuit de jeudi à vendredi, le département de la Vendée était placé en alerte orange. Piégés « à l’intérieur du canot » Selon la préfecture maritime, les victimes ont été piégées « à l’intérieur du canot », qui n’était pas autoredressable. Le patron du chalutier – dont plusieurs sources ont indiqué qu’il n’était pas seul à bord – est, lui, porté disparu. Trois hélicoptères de la gendarmerie, les pompiers et la marine ont survolé et quadrillé la zone pour tenter de repérer les victimes mais ces moyens aéromaritimes n’ont permis que de localiser des débris en surface et un canot de survie vide. Le Carrera restait vendredi soir introuvable. Les autorités préfectorales ont déclenché le Plan Novi nombreuses victimes et le Plan blanc. Le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, s’est rendu sur place. Dans l’hémicycle silencieux de l’Assemblée nationale, la ministre chargée des transports, Elizabeth Borne, a exprimé ses condoléances et sa compassion aux familles des sauveteurs et du pêcheur disparus. « Les CTT sont insubmersibles mais pas tous autoredressables, explique Marc Sauvagnac, directeur général de la SNSM. C’est pour notre association le drame le plus important depuis celui de l’Aber Wrach dans le Finistère en août 1986 qui avait coûté la vie à un équipage de cinq hommes engagés pour porter secours à un voilier en difficulté. » M. Sauvagnac indique que le Jack Morisseau était le « bateau de réserve » de la station. Construit en 1986, il a été remplacé en 2016 par un autre navire, qui nécessitait une opération de maintenance vendredi. Selon lui, le Jack Morisseau était néanmoins « parfaitement opérationnel pour le sauvetage ». Tragique disparition « Cette disparition tragique provoque une immense émotion dans la famille des sauveteurs en mer », a déploré Xavier de la Gorce, président de la SNSM, dans un communiqué. Le parquet des Sables-d’Olonne a ouvert une enquête en recherche des causes de la mort. Née en 1967 de la fusion de la Société centrale de sauvetage des naufragés (SCSN), proche de l’Etat, et de l’institution de sauvetage des Hospitaliers sauveteurs bretons, la SNSM est une association reconnue d’utilité publique. Elle assure gratuitement des opérations de sauvetage en mer grâce au concours d’environ 8 000 bénévoles formés au secourisme. Destinés aux secours hauturiers, les CTT – au nombre de 41 pour tout le pays – sont les plus grandes unités de la gamme des navires de la SNSM, qui compte aussi 180 vedettes de sauvetage, trente-deux bateaux semi-rigides, ainsi que des canots pneumatiques et des jet-skis. Plus de 3 000 sauveteurs embarqués bénévoles interviennent en cas de détresse ou d’incident en mer jusqu’à 20 milles nautiques de la côte à partir des 187 stations de sauvetage permanents et des trente et une saisonnières de l’association. Coordonnée par les Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross), la SNSM dépend largement de la générosité publique. Elle est financée à 80 % par des ressources privées issues de dons de 100 000 particuliers et d’entreprises mécènes. Les subventions annuelles qui lui sont allouées par l’Etat ont cependant triplé depuis 2013, passant de 2 millions d’euros à 6 millions d’euros par an.
Les conditions météorologiques très dégradées liées à la tempête qui balaie le littoral vendéen ont fait chavirer une embarcation de la Société nationale de sauvetage en mer.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/07/tempete-miguel-immense-emotion-chez-les-sauveteurs-en-mer-apres-la-mort-de-trois-marins-de-la-snsm_5473326_3244.html
mlsum-fr-1163
Depuis sa sortie en 2015, Windows 10 a plusieurs fois été critiqué pour sa façon de collecter les données de ses utilisateurs. « Est-ce que Microsoft collecte plus de données qu’il n’en a besoin ? » Voici la question que le gendarme néérlandais des données personnelles, l’Autoriteit Persoonsgegeven, a transmise à son équivalent irlandais, la Data Protection Commission, a-t-on appris mardi 27 août. Ceci alors que le siège européen de Microsoft est installé à Dublin, et doit donc rendre des comptes à cet équivalent de la CNIL en Irlande. Microsoft a été critiqué à plusieurs reprises en Europe pour l’étendue des données d’utilisateurs collectées par Windows 10, son système d’exploitation lancé en 2015. En 2017, l’autorité néerlandaise avait estimé que l’entreprise américaine violait la loi en récupérant par défaut plus d’informations que nécessaire : par exemple, les adresses de chaque site visité avec le navigateur Edge, ou des données sur l’utilisation de chaque application installée. Microsoft s’est toujours défendu en assurant que la collecte de ces données ne servait qu’à son système de « télémétrie », censé diagnostiquer les problèmes techniques liés à ses produits afin de les améliorer. L’autorité néerlandaise lui avait aussi reproché d’utiliser des données d’utilisateurs de Windows 10 afin de leur proposer des publicités ciblées, le tout sans leur consentement éclairé. « De nouvelles collectes potentiellement illégales » Après ces reproches, Microsoft avait effectué des modifications de son système d’exploitation. Mais c’est en analysant celles-ci que le gendarme néerlandais de la vie privée a découvert « de nouvelles collectes de données potentiellement illégales », explique-t-elle dans un communiqué. « Microsoft a le droit de collecter des données personnelles si l’utilisateur y a consenti comme il faut. Nous avons découvert que Microsoft collecte des données liées au diagnostic et d’autres qui ne le sont pas. Nous voudrions savoir s’il est nécessaire de collecter celles qui ne sont pas liées au diagnostic et si les utilisateurs sont bien informés de cette situation. » Microsoft a annoncé dans les colonnes du site spécialisé TechCrunch son intention de coopérer avec l’autorité irlandaise. « Ces dernières années, en collaboration avec l’autorité de protection des données néerlandaise, nous avons mis en place de nouvelles options concernant la vie privée pour offrir des choix clairs et des outils simples pour les utilisateurs de Windows 10, individuels ou petites entreprises. Nous apprécions cette opportunité d’améliorer encore davantage les outils et les choix que nous offrons à nos utilisateurs. » La mise en place l’an dernier du RGPD, le règlement européen sur les données personnelles, a modifié le cadre juridique applicable à ces questions : un manquement au règlement peut coûter jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires d’une entreprise.
Le gendarme néerlandais des données personnelles a fait part de ses réserves concernant l’ampleur, et l’utilité, des données collectées par le système d’exploitation de Microsoft.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/28/windows-10-nouvelles-inquietudes-sur-la-collecte-de-donnees-personnelles_5503758_4408996.html
mlsum-fr-1164
Le président Emmanuel Macron sous l’Arc de triomphe, le 11 novembre à Paris. LUDOVIC MARIN / AFP Chronique. Et si la vision qui a permis à Emmanuel Macron de se faire élire président de la République en 2017, à la barbe du vieux système, était en train de se démoder ? Pour les fidèles du chef de l’Etat, les sondages de mi-mandat constituent un avertissement. Selon un sondage réalisé par l’institut Elabe et publié le 30 octobre, à peine un tiers des Français estiment que la politique engagée depuis deux ans et demi a permis d’améliorer la situation et 11 % seulement croient que le président de la République a transformé le pays en profondeur. Pourtant, entre mai 2017 et aujourd’hui, le taux de chômage est passé de 9,6 % à 8,5 % ; des réformes que l’on disait impossibles, comme celles du prélèvement à la source, ont abouti. La croissance résiste mieux dans l’Hexagone que dans le reste de l’Union européenne. Des causes profondes Un socle existe qui permet de plaider le verre à moitié vide. C’est ce que fait le gouvernement lorsqu’il assure qu’un changement d’ampleur est engagé, que les résultats ne sont pas encore suffisamment probants, qu’il faut persévérer. Les mêmes, cependant, constatent que la réforme systémique des retraites, présentée par Emmanuel Macron comme « la protection du XXIe siècle », ne passe décidément pas dans l’opinion. Même les plus convaincus ne parviennent pas à la défendre. Un gigantesque scepticisme entoure aujourd’hui le pari de 2017 qui consistait, sur le plan économique, à « libérer » la croissance, et sur le plan social, à nettoyer le système de protection sociale de son corporatisme. Bien sûr, l’usure du pouvoir joue mais des causes plus profondes sont à l’œuvre. En deux ans et demi, deux évolutions notables se sont produites engendrant un fort impact dans l’opinion : 17 milliards d’euros de mesures ont été annoncés pour tenter de solder le mouvement des « gilets jaunes ». Ils ont remis au premier plan la question du pouvoir d’achat qui supplante celle de l’endettement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour Emmanuel Macron, un mi-mandat sur le fil des colères sociales Simultanément, l’urgence écologique s’est imposée comme une préoccupation majeure, en raison de la multiplication d’épisodes caniculaires et du cri d’alarme des rapports du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les jeunes particulièrement s’inquiètent et se mobilisent en pressant leurs aînés d’agir vite. L’angoisse monte autour de la dette écologique. Elle est en train de supplanter celle qui existait autour de la dette publique. Elaboré en 2005 à la demande de Thierry Breton, alors ministre de l’économie de Jacques Chirac, le rapport sur la dette publique de la commission Pébereau a marqué pendant plus d’une décennie les dirigeants politiques français, de droite comme de gauche. « La dette publique est depuis vingt-cinq ans une échappatoire qui permet de reporter sans cesse l’adaptation de nos administrations publiques », fustigeait le rapport avant d’appeler à de profondes réformes destinées à « accélérer la croissance économique », « sortir du chômage de masse » et « assurer la solidarité de sa population, en dépit du vieillissement ».
L’urgence écologique s’est imposée comme une préoccupation majeure et est en train de supplanter celle qui existait autour de la dette publique, explique, dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/12/emmanuel-macron-est-ideologiquement-mal-arme-pour-repondre-a-l-angoisse-autour-de-la-dette-ecologique_6018807_3232.html
mlsum-fr-1165
auvais). La NES Mini et son insolent succès ont trois ans, et depuis, tout le monde lui a emboîté le pas. PlayStation, Neo Geo, Commodore 64, Atari 2600 : chacun – et pas les moins opportunistes – y est allé de sa miniconsole ou de son mini-ordinateur, reproduction fidèle (du moins visuellement) des machines d’époque, embarquant des dizaines de jeux ayant plus ou moins bien vieilli. Bizarrement, Sega jusqu’ici traînait un peu des pieds, préférant confier aux bons soins du constructeur AtGames la réalisation de Mega Drive à la qualité limite et incapables de faire tourner les jeux correctement. Après avoir longuement tergiversé, Sega a finalement préféré assurer lui-même la conception de cette Mega Drive Mini qui fait enfin honneur à la console d’origine. Disponible vendredi 4 octobre et vendue 80 euros, la Mega Drive Mini embarque deux manettes, un câble HDMI et un câble USB (il faudra lui adjoindre un chargeur type téléphone portable pour la brancher sur le secteur). Elle fait aussi tourner, et c’est le plus important, 42 jeux. La machine Rien à dire : c’est la reproduction parfaite de la 16 bits sortie en Europe en 1990… en deux fois plus petite. L’interrupteur « power », pour allumer la console est toujours là, le bouton « reset » qui permet de la redémarrer (et, désormais, d’accéder au menu) aussi, tout comme la petite diode rouge qui s’allume lorsque la machine est lancée. La Mega Drive Mini, reproduction impeccable de la console d’origine, fait 55% de la taille de sa grande soeur. Sega Même la trappe qui permettait d’insérer des jeux s’ouvre, alors qu’elle est désormais parfaitement inutile, les 42 jeux de la Mega Drive Mini étant directement enregistrés dans sa mémoire. Même chose pour le contrôleur de volume, dont le potard peut être monté et baissé à l’envi sans que cela serve pour autant à quoi que ce soit. Les plus observateurs repéreront même une trappe sous la console : elle est là pour pouvoir y brancher un mini Mega CD purement esthétique, l’accessoire étant, à l’image d’un mini 32X, disponible à l’achat au Japon. Les autres pourront toujours y cacher des allumettes ou une cigarette roulée. Street of Rage 2, réputé le meilleur de la série. On aurait tout de même aimé pouvoir rejouer aux autres. Sega Les manettes La seule différence, outre la taille, est bien sûr la connectique : derrière, la prise péritel a cédé le pas à une prise HDMI, tandis qu’à l’avant, ce sont de traditionnels ports USB qui remplacent les plus ésotériques ports d’origine. Ce qui signifie, comme l’a testé Gamekult, qu’on peut y brancher d’autres manettes que celles vendues avec la console, à l’image du Retro-Bit Genesis RetroPad. A l’inverse, les reproductions de manettes Mega Drive vendues avec la console sont compatibles Windows. Les manettes d’ailleurs : que valent-elles ? A peu près ce que valaient les manettes d’origine. On retrouve vraiment les sensations qu’on pouvait avoir avec, en main, ces grosses manettes arrondies à trois boutons, révolutionnaires à leur sortie et pour tout dire assez ringardes deux ans plus tard, quand arrivent la Super Nintendo et ses impeccables pads pleins de boutons colorés et de gâchettes. La croix donne l’impression d’être un peu dure, les boutons font chacun la taille d’une petite crêpière, et le tout n’est pas spécialement réactif, au point qu’il faut parfois s’y reprendre à deux fois pour que le jeu enregistre une pression sur un bouton. Rien de scandaleux : pour être tout à fait franc, c’est tout à fait comme ça qu’on se rappelle jouer à la Mega Drive à l’époque. On pourrait même, à vrai dire, considérer que cette précision dans la reproduction des sensations (un peu frustrantes) d’époque est une qualité. Moins connue que « Castle of Illusion », sa suite « World of Illusion » propose pourtant une expérience à deux joueurs tout à fait moderne. Sega L’émulation Avant les jeux, il y a d’abord et surtout l’émulateur, celui qui les fait fonctionner, et honnêtement, il n’y a rien à dire. Après une dizaine d’heures d’essai sur la plupart des titres, nous n’avons constaté aucune différence entre les jeux ici reproduits et les originaux, qui tournent, pour le meilleur et pour le pire, exactement comme à l’époque. A noter qu’il est possible d’étirer l’image en 16:9 (au lieu du 4:3 d’époque), ou d’appliquer un entrelacement de l’image simulant le rendu d’un téléviseur cathodique. Du côté des menus, celui, général, qui accueille le joueur, est tout à fait réussi, présentant de façon efficace les jaquettes des 42 titres, que l’on peut classer par ordre alphabétique, ordre de sortie ou encore par nombre de joueurs. Le petit truc en plus est que, selon la langue dans laquelle on configure la console, sont présentées les jaquettes européennes, américaines ou japonaises. Très chic. Autre bonne idée : celle d’appeler le menu de sauvegarde et des options depuis la manette, et pas simplement en appuyant sur le bouton « reset » de la console comme sur la NES Mini par exemple. Problème : quand, après être resté appuyé cinq interminables secondes sur « start », le menu apparaît, c’est accompagné d’un son assez strident et d’un look franchement vilain. Mais on pinaille. Un fond d’écran vient égayer les bords de votre moniteur si vous décidez de jouer en format 4:3. Sega Les jeux : de grands classiques et de grands absents Déjà, un bon point : la Mega Drive Mini embarque 42 titres, soit très précisément le double de sa concurrente Super Nintendo Mini. Après, il faut bien convenir qu’il n’y a pas, chez ses vieux titres Sega, le même parfum d’évidence ici que chez Nintendo. Le rouleau compresseur de l’histoire est passé par là, et il faut bien convenir que les Secret of Mana, Donkey Kong Country et Super Mario World de la Super Nintendo ont bien mieux résisté aux ravages du temps que La Légende de Thor, Vectorman ou même Sonic. La Mega Drive Mini embarque tout de même une grosse dizaine de jeux qu’à l’époque on pouvait qualifier de « géniaux » sans rire. Outre les trois déjà cités, on y trouve de très bons titres, comme Dynamite Headdy, Gunstar Heroes, Landstalker ou Light Crusader, des choses un peu vieillissantes mais toujours passionnantes, comme Comix Zone, ToeJam & Earl ou Ecco the Dolphin, et pas mal de titres pas toujours indispensables mais qui arracheront forcément une larme aux nostalgiques, d’Alex Kidd in the Enchanted Castle à Wonder Boy in Monster World, en passant par Altered Beast, Columns, Eternal Champions, Golden Axe, Kid Chameleon, Dr. Robotnik’s Mean Bean Machine, Space Harrier II et on en passe. Dommage en revanche que certains manquent à l’appel : on comprend mal pourquoi Sega propose les deux premiers Sonic (et même Sonic Spinball) mais pas Sonic 3 & Knuckles, ni son cousin Ristar. Street of Rage II est certes le meilleur de la série, mais pourquoi ne pas proposer toute la trilogie ? Pourquoi le premier Shining Force ou le quatrième Phantasy Star, plutôt que l’intégralité des épisodes Mega Drive ? Pourquoi Shinobi III mais pas The Return of Shinobi, pourtant présent sur la version japonaise de la console (tout comme Musha Aleste et Rent a Hero, tandis que les Chinois ont droit aux chouettes Alien Soldier et Sword of Vermilion) ? Et où est Soleil, qui reste le meilleur jeu clone de Zelda à ce jour ? « La Légende de Thor », l’un des meilleurs jeu d’action et de rôle de la Mega Drive. Sega Des jeux jamais réédités chez Sega On est en revanche agréablement surpris de retrouver pour la première fois sur une compilation de ce genre des titres dont les licences n’appartiennent pas à Sega, et dont la présence sur la Mega Drive Mini est probablement le fruit de négociations musclées : c’est le cas des jeux Disney Castle of Illusion (avec Mickey) et sa suite World of Illusion (avec Donald) ou encore du premier Earthworm Jim. Les jeux Capcom sont aussi à l’honneur, comme le classique du jeu de combat Street Fighter II’ (excellente version malheureusement quasi injouable avec la manette de base), Ghouls’n Ghosts (la suite de Ghosts’n Goblins), Strider, et surtout Mega Man : The Wily Wars, une compilation des trois premiers Mega Man passés à la moulinette 16 bits, et dont, soyons tout à fait francs, on n’avait jamais entendu parler. L’éditeur Konami passe aussi une tête, avec Probotector, mais on retiendra surtout Castlevania : The New Generation, aussi bon qu’il est méconnu – et ce n’est pas peu dire. Enfin, Sega nous gratifie aussi de titres franchement rares, à l’image d’Alisia Dragoon (auquel personne n’a joué, à part quelques menteurs), ou en tout cas inédits sur les compilations de ce genre, comme Monster World IV, Road Rash II, Super Fantasy Zone et Thunder Force III. Vous en voulez encore ? Nous pas nécessairement, et pourtant Sega s’est mis en tête de proposer en bonus deux nouveaux jeux Mega Drive développés pour l’occasion. Même si, ne nous emballons pas, il ne s’agit pas de perdreaux de l’année puisque l’on parle ici de portage des versions arcades de Darius et de Tetris. Avec « Castlevania : The New Generation », « Mega Man : The Wily Wars » fait partie des curiosités bienvenues. Sega En bref On a aimé : une console extrêmement fidèle à l’originale ; compléter sa collection de miniconsoles qui font vraiment très bien en vitrine ; découvrir Castlevania et la compilation Mega Man, auxquels on n’avait jamais joué, pour être tout à fait honnête ; rejouer aux classiques Sonic et Sonic 2, Light Crusader, Castle of Illusion, Landstalker, ToeJam & Earl, Comix Zone, Dynamite Headdy ou encore Gunstar Heroes dont on ne se lasse pas. On n’a pas aimé : une bonne partie des autres jeux, qui ont quand même souvent mal vieilli, et qu’on a déjà pour moitié dans d’autres compilations ; des séries bizarrement et systématiquement incomplètes ; le menu assez vilain, mais alors vraiment, vraiment, on pinaille. C’est plutôt pour vous si… vous faites la collection de toutes les versions possibles et imaginables de ToeJam & Earl et que vous avez signé cet article. Ce n’est pas pour vous si… vous n’étiez pas né en 1990 et vous n’avez aucune nostalgie pour l’époque ; vous étiez né mais vous étiez team Super Mario et Zelda ; vous étiez né mais vous avez déjà la moitié de ces jeux grâce à l’une des innombrables compilations Mega Drive sorties ces dix dernières années, alors ça suffit maintenant. La note de Pixels : 12 super jeux/42 (dont la moitié que vous possédez déjà)
Sega se lance enfin dans la bataille des miniconsoles, avec une Mega Drive Mini très fidèle à l’originale qui rappelle beaucoup de souvenirs (y compris quelques mauvais).
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/05/plus-petite-plus-legere-prechargee-avec-42-jeux-on-a-teste-la-mega-drive-mini_6014360_4408996.html
mlsum-fr-1166
Toni Morrison à Paris, le 3 novembre 2010. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS Toni Morrison est morte dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 août, à l’âge de 88 ans, avec un sentiment de révolte inentamé. L’écrivaine américaine s’est éteinte au Montefiore Medical Center de New York, a précisé son éditeur, Alfred A. Knopf, à l’agence Associated Press. Ni le succès international, ni le prix Nobel de littérature en 1993 – elle fut la première Afro-Américaine à le recevoir –, ni les divers doctorats honoris causa et autres distinctions ne sont parvenus à altérer ses passions et son allure de guerrière. Certes, elle a vu un Afro-Américain accéder à la présidence des Etats-Unis. Mais huit ans plus tard, elle a assisté à l’élection de Donald Trump et au retour du racisme décomplexé. Silhouette imposante, port de tête altier, tout en elle était impérial et impérieux. Petite-fille d’anciens esclaves, elle savait d’où elle venait. Et elle n’a jamais craint de choquer. Par exemple, en qualifiant, en octobre 1998, Bill Clinton, de « premier président noir des Etats-Unis ». « Il présente toutes les caractéristiques des citoyens noirs, précisait-elle. Un foyer monoparental, une origine très modeste, une enfance dans la classe ouvrière, une grande connaissance du saxophone et un amour de la junk food digne d’un garçon de l’Arkansas. » Une carrière d’enseignante Plus récemment, en 2015, alors qu’elle faisait à Londres la promotion de son dernier livre, God Help the Child (en français Délivrances, aux éditions Christian Bourgois, comme la quasi-totalité de ses livres), elle déclarait au quotidien The Telegraph, à propos de plusieurs bavures policières qui venaient d’avoir lieu aux Etats-Unis : « Je veux voir un flic tirer sur un adolescent blanc et sans défense. Je veux voir un homme blanc incarcéré pour avoir violé une femme noire. Alors ­seulement, si vous me demandez : “En a-t-on fini avec les distinctions raciales ?”, je vous répondrai oui. » Chloe Wofford naît le 18 février 1931, à Lorain (Ohio) dans une famille de quatre enfants. Elle passe son enfance dans le ghetto de cette petite ville sidérurgique proche de Cleveland. Son père est ouvrier soudeur et n’aime guère les Blancs. Sa mère est plus confiante en l’avenir. Sa grand-mère lui parle de tout le folklore des Noirs du Sud, des rites et des divinités. C’est en se convertissant au catholicisme que Chloe prend comme nom de baptême Anthony, que ses amis abrègent en Toni. Son grand-père est un fervent lecteur de la Bible, et, très vite, elle apprend à lire et à écrire. Boursière, Chloe Anthony Wofford fait de brillantes études, soutient une thèse sur le thème du suicide chez Faulkner et Virginia Woolf, et commence une carrière d’enseignante. En 1958, elle épouse Harold Morrison. Ils ont deux enfants et divorcent en 1964, mais elle gardera Morrison comme nom de plume. Elle enseigne l’anglais à l’université d’Etat de New York et travaille comme éditrice chez Random House, où elle publiera notamment une anthologie d’écrivains noirs, The Black Book (1973). Tout commence en 1970 Plus tard, de 1989 à 2006, elle enseignera la littérature à l’université de Princeton (New Jersey), longtemps interdite aux Noirs. En 1989, elle était déjà une écrivaine reconnue. Mais à l’époque où elle est encore professeure à New York, elle ne pense pas à écrire. « J’étais mariée à un architecte, j’avais deux enfants. Vous connaissez beaucoup d’écrivains qui ont des enfants ? », dira-t-elle souvent quand on lui demandera pourquoi elle a commencé à publier si tard, en 1970. C’est donc en 1970 que tout commence, avec le premier de ses onze romans, L’Œil le plus bleu, qui n’a aucun succès et est diversement apprécié par la communauté noire. Une gamine de 11 ans, Pecola Breedlove, rêve d’avoir des yeux bleus et finit aveugle, folle et persuadée d’avoir un regard couleur cobalt, grâce à l’opération d’un charlatan noir. « Je m’étais inspirée d’une camarade de mon enfance, explique Toni Morrison au Monde en 2004. A 11 ans, elle ne croyait plus en Dieu, parce qu’elle l’avait supplié pendant deux ans, tous les jours, de lui donner des yeux bleus de petite Blanche. J’avais 32 ans, le silence des femmes noires me semblait assourdissant, jusqu’à l’intérieur de la communauté intellectuelle et militante noire. » Suivront Sula (1973), Le Chant de Salomon (1977), Tar Baby (1981). Aux Etats-Unis, elle est déjà célèbre quand elle publie Beloved, en 1987, qui obtient un prix Pulitzer. Mais en France, c’est à partir de là qu’elle est vraiment connue, que l’on suivra toutes ses publications futures et que l’on republie ses anciens livres – les rares traductions étaient épuisées. Radicalité de ses analyses et de ses observations Beloved, l’histoire tragique de Sethe, obsédée par le destin de sa fille, qu’elle a égorgée pour qu’elle échappe à sa condition d’esclave, a été inspirée à Toni Morrison par un article de journal intitulé « Visite à une esclave qui a tué son enfant », d’après un fait divers de 1855 sur une esclave du Kentucky. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Toni Morrison regarde autrui en face Il faut s’arrêter un moment sur son essai de 1992, Playing in the Dark, tiré de ses conférences à Harvard, où l’on retrouve la radicalité de ses analyses et de ses observations : « Je parle de la construction de la blancheur en littérature. Comment la littérature devient “nationale”, comment Melville ou Twain avaient l’idée du Blanc qu’ils étaient en imaginant le Noir : son langage, étrange, différent, presque étranger ; la façon d’associer les Noirs avec certains traits : la violence, la sexualité, la colère ou bien, si c’est un bon Noir, la servilité, l’amour. Ce qui n’a rien à voir avec la réalité, mais qui est la façon dont les Blancs imaginent les Noirs. Par exemple, je l’étudie dans Benito Cereno, de Melville, où le Blanc ne peut pas imaginer que le Noir puisse faire quelque chose d’intelligent. Chez Hemingway (dans En avoir ou pas, Le Jardin d’Eden), Saul Bellow, Flannery O’Connor, Willa Cather, Carson McCullers, Faulkner… ils contemplent des corps noirs afin de réfléchir sur eux-mêmes, sur leur propre moralité, leur propre violence, leur propre capacité d’aimer, d’avoir peur, etc. » Toni Morrison avec Barack Obama, en mai 2012, lorsqu’il lui a décerné la médaille de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine. KEVIN LAMARQUE / REUTERS Toujours en 1992, Toni Morrison publie un nouveau roman, Jazz, avec succès. L’année suivante, elle obtient le prix Nobel. Et en 1994, quand sort Paradise, elle a une très mauvaise surprise. Le dernier volet de la trilogie commencée avec Beloved, est plus que fraîchement accueilli par la critique. C’est pourtant son œuvre la plus aboutie et la plus libre. Ceci expliquant peut-être cela. Quand le livre a été publié en français, en 1998, sa colère n’était pas retombée. « Aujourd’hui, être moderne, c’est un crime ! », disait-elle au Monde. On l’accusait notamment de « ne pas respecter ce qui fonde tout roman véritable, l’unicité de la voix narrative ». « Sans parler de ceux qui me collent l’étiquette “réalisme magique”, évoquant une proximité avec Garcia Marquez, qui n’a aucun sens. “Réalisme magique”, c’est ce qu’on dit quand on ne sait pas quoi dire, pour “littérature non blanche”. » « Le roman, c’est le lieu même de la liberté » Finalement, elle en riait, avant de reprendre son réquisitoire : « Il y a aussi, chez les critiques, cette manie de dire presque systématiquement “le précédent livre était meilleur”, à laquelle s’ajoute la mode actuelle de juger la personne plutôt que son texte, de délivrer des vérités définitives sur ce que doit être “un vrai roman”. Or, le roman, c’est le lieu même de la liberté. » « Le sujet commun de la trilogie Beloved, Jazz, Paradise, expliquait-elle, c’est l’amour. Amour d’une mère pour son enfant dans Beloved, amour romantique dans Jazz, et ici un amour d’ordre spirituel. Je voulais réfléchir sur la différence entre le crime et le péché, entre la culpabilité et le sens de la faute. C’est une démarche morale, plus théologique que judiciaire, bien que ce ne soit pas, à mes yeux, un roman religieux. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les 100 romans qui ont le plus enthousiasmé « Le Monde » depuis 1944 C’est l’histoire, au milieu des années 1970, d’un petit groupe de femmes aux destins contrariés qui ont fini par se rassembler dans une ancienne institution religieuse qu’on désigne comme le Couvent, aux environs de Ruby, une bourgade de l’Oklahoma. Ces femmes vivent seules, en dehors de la communauté de Ruby et sans hommes. Leur simple existence est comme une insulte. Elles doivent disparaître. « Je ne donne pas d’indications raciales sur ce groupe de femmes. Dans ce pays, c’est mal accepté, commentait Toni Morrison. Aux Etats-Unis, la littérature écrite par des Africains-Américains est critiquée d’abord d’un point de vue sociologique ou bien elle est vue comme exotique… Serai-je autorisée, enfin, à écrire sur des Noirs sans avoir à dire qu’ils sont Noirs, comme les Blancs écrivent sur les Blancs ? Serai-je débarrassée, enfin, de ces comparaisons insensées entre plusieurs livres sans aucun rapport entre eux, sauf d’avoir un auteur noir qu’on rassemble dans une même recension pour conclure : “Celui-ci est le meilleur, parce qu’il propose la vision la plus réaliste des Noirs américains.” Que pensez-vous qu’il arriverait si je proposais à des journaux un article se terminant par : “John Updike est un meilleur écrivain que John Cheever parce qu’il propose une vision plus réaliste des Blancs américains” ? Les rédacteurs en chef s’étrangleraient. » Regard de l’autre Elle voulait appeler ce roman War. Son éditeur a jugé que ce n’était pas assez vendeur. Pourtant War convenait mieux à cette combattante somptueuse d’une cause qui ne connaît pas de victoire définitive. Pour son onzième roman God Help the Child (2015), le seul situé à l’époque actuelle, les Français ont préféré le titre de Délivrances. Ce qui est bien le sujet du livre. Comment se délivre-t-on du regard de l’autre ? Comment sort-on de la prison des souvenirs et des traumatismes ? Dès sa naissance, Lula Ann Bridewell est jugée beaucoup trop noire par ses parents à la peau plus claire. Jeune femme, elle se fait appeler Bride et croit avoir réussi. Mais se remet-on d’une enfance dévastée ? Comment se remet-on d’avoir été une enfant noire dans le ghetto de Lorain ? Comment se remet-on d’être une femme noire dans une société qui n’en a pas fini avec la question raciale ? Toutes ces questions, Toni Morrison n’a cessé de les poser, dans sa vie et dans son œuvre. Et même le prix Nobel « pour son art romanesque (…) qui dresse un tableau vivant d’une face essentielle de la réalité américaine » n’a pas apaisé ses interrogations. Dates 18 février 1931 Naissance à Lorain (Ohio) 1970 Premier roman, L’Œil le plus bleu 1987 Beloved, prix Pulitzer 1993 Prix Nobel de littérature 2015 Délivrances Dans la nuit du 5 au 6 août 2019 Mort à l’âge de 88 ans
Première Afro-Américaine à recevoir le Nobel de littérature en 1993, elle proposait dans « Beloved », prix Pulitzer 1988, une plongée dans l’univers des Noirs aux Etats-Unis au XIXe siècle.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/08/06/l-ecrivaine-americaine-toni-morrison-prix-nobel-de-litterature-est-morte_5497118_3382.html
mlsum-fr-1167
« Ce qui se dit en circo, j’en ai rien à foutre. » Les mots de Bruno Bonnell, député La République en marche (LRM) du Rhône dans M Le magazine du Monde en mars 2018, étaient venus symboliser le rapport assumé de certains élus macronistes à leur territoire d’élection. Leurs têtes d’affiche revendiquaient d’embrasser pleinement leur mission constitutionnelle de « député de la nation ». Ils juraient de ne pas ressembler aux parlementaires d’hier à qui ils reprochaient d’avoir trop mélangé intérêts locaux et nationaux à la faveur du cumul des mandats, prohibé depuis. « Je ne suis pas là pour faire l’assistante sociale. Pour les places en crèche ou les logements, allez voir ailleurs ! » lançait encore M. Bonnell. Deux ans plus tard, le discours n’est plus exactement le même. « Il nous a fallu deux ans pour apprendre notre métier. De politiques théoriciens appliquant un programme, on est devenus des praticiens et on se rend compte que les territoires ont une importance vivace », reconnaît aujourd’hui le même Bruno Bonnell. « La vie de député, c’est toujours un pied à Paris et un pied en circonscription, on a probablement plus musclé une jambe que l’autre la première année de mandat », abonde le député de Charente, Thomas Mesnier. « Quand on s’est lancés, on a été embarqués au Palais-Bourbon où l’activité a été débordante. Mais les “gilets jaunes” ont fait que beaucoup ont dû se réancrer, le grand débat national aussi y a contribué », ajoute-t-il. « Cette crise a permis de comprendre qu’il y avait une nécessité à être là (sur le terrain), y compris dans les moments difficiles, pour porter la contradiction et continuer à expliquer notre politique », ajoute sa collègue de l’Essonne, Marie Guévenoux. « Il faut des barons » Depuis quelques mois, la perspective des élections locales a accentué l’attention des députés pour leur territoire. « A partir de septembre on va entrer en campagne permanente jusqu’à 2022 », observe un « marcheur ». Dans leur viseur : les élections municipales, en mars 2020, puis les départementales et les régionales prévues en 2021. Dans la stratégie de conquête électorale d’En marche !, les députés sont apparus comme un maillon essentiel pour LRM, jeune parti qui dispose de peu de relais territoriaux. « Le seul ancrage local ce sont les députés », résume Bruno Bonnell. « Aujourd’hui, le poids politique local d’En marche ! c’est moi, raconte l’un d’eux. C’est moi que les élus du département qui veulent nous rejoindre consultent. »
Alors qu’ils voulaient rompre avec les baronnies locales bâties par leurs prédécesseurs, les élus de la majorité s’ancrent en circonscription.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/19/quand-les-deputes-lrm-redecouvrent-la-vie-locale_5500668_823448.html
mlsum-fr-1168
Le domaine Biondi-Santi et ses vignes au premier plan. Alex Brookshaw Il y a des domaines qu’on visite comme on irait en pèlerinage. Quand on aime le vin, on ne peut pas rester de marbre en passant les portes du Château d’Yquem, dans le Sauternais, ou en s’arrêtant au pied de la petite croix du domaine de la Romanée-Conti, en Bourgogne. C’est dans cet état d’esprit mélangé, un peu timide, un peu euphorique, qu’on se trouvait en ce petit matin de printemps, en remontant la longue allée arborée qui marque l’entrée du vignoble le plus mythique de Toscane, le domaine Biondi-Santi, sur la commune de Montalcino. Ici, rien de clinquant ou de spectaculaire. C’est dans cette belle bâtisse du XVIIe siècle couverte de vigne vierge, posée sur une petite colline, au milieu d’une nature qui semble dessinée par un peintre du Cinquecento, que la dynastie des Biondi-Santi a donné naissance, au XIXe siècle, au brunello, considéré dans le monde entier comme la plus pure expression du cépage sangiovese. Par conséquent, si la petite ville de Montalcino, naguère pauvre et isolée, est apparue sur la carte mondiale des vins comme un des lieux les plus remarquables, si des centaines de milliers de touristes s’y pressent chaque été sous un soleil de plomb, entre caves de dégustation et agences immobilières, c’est bien à l’invention originale de cette famille emblématique qu’elle le doit. Une vente traumatisante Fin 2016, le groupe financier français EPI, appartenant à la famille Descours (propriétaire notamment du chausseur de luxe J. M. Weston, mais aussi des champagnes Piper-Heidsieck et Charles Heidsieck), s’est porté acquéreur de ce lieu mythique, planté d’un peu plus de 25 hectares de vignes, pour un montant non communiqué, mais estimé par la profession à une centaine de millions d’euros. Imagine-t-on Petrus ou la Romanée-Conti passer en des mains étrangères ? Et pourquoi pas vendre Ferrari à des Allemands ? Dans le tout petit monde de Montalcino, on savait bien que le domaine était à vendre, que la mort de Franco Biondi-Santi en 2013 avait laissé un vide, et on confiait même, sous le couvert de l’anonymat, que la qualité était en baisse, après des années de sous-investissement. Mais tout de même, des Français… Imagine-t-on Petrus ou la Romanée-Conti passer en des mains étrangères ? Et pourquoi pas vendre Ferrari à des Allemands ? A Montalcino, cette transaction n’est pas une première : les acheteurs étrangers se sont multipliés ces dernières années, attirés par les paysages toscans et l’immense potentiel commercial de ce vignoble à la fortune somme toute récente. Le très dynamique domaine Cupano, pour ne citer que lui, appartient à un Français, Lionel Cousin. Mais Biondi-Santi, c’est autre chose. A Montalcino, cette vente a été vécue comme un traumatisme.
Propriétaire depuis fin 2016 du domaine le plus prestigieux de Toscane, le groupe EPI, détenu par la famille Descours (Piper-Heidsieck et Charles Heidsieck), entend bien lui rendre, pas à pas, son lustre et son rayonnement inégalés.
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2019/06/22/des-francais-dans-les-vignes-toscanes-de-biondi-santi_5480127_4497540.html
mlsum-fr-1169
Vendu 29 euros le 7 novembre à La Poste, ce bloc de timbre et le livret qui l’accompagne, sont déjà proposés à 120 euros sur les sites spécialisés de vente en ligne. DR/La Poste Le 73e Salon philatélique d’automne, organisé à Paris, à l’Espace Champerret, a fermé ses portes le samedi 9 novembre, à 17 heures. Les organisateurs, en l’occurrence la CNEP (La Chambre syndicale française des négociants et Experts en philatélie), présidée par François Farcigny, se sont montrés satisfaits de l’affluence durant les trois jours de la manifestation. Le Salon philatélique d’automne, à l’Espace Champerret, à Paris. DR/Pierre Jullien Le livre de 60 pages, La Cérès. Histoire du premier timbre-poste français, retraçant l’histoire du premier timbre français dans lequel était inséré un bloc de timbres exclusif, composé de 25 « Cérès » (0,20 euro x 3, 0,40 euro x 6 et 1 euro x 16) pour une valeur faciale totale de 19 euros, daté, numéroté (prix de vente : 29 euros), tiré à 6 000 exemplaires, a tenu toutes ses promesses, déclenchant l’ire du président de la Fédération française des associations philatéliques (FFAP), Claude Désarménien, et la déception de François Farcigny, le président de la CNEP… Les collectionneurs attendent leur tour pour acheter timbres, carnets, prêts à poster, souvenirs philatéliques. DR/Pierre Jullien La cause ? Le livre et son feuillet de timbres étaient épuisés dès le jeudi 7 novembre à 16 heures. Des collectionneurs qui attendaient leur tour pour l’acheter, certains venus de province, en étaient pour leurs frais. Reproche principalement formulé à l’encontre de La Poste : ne pas avoir contingenté les ventes. Résultats, certains acheteurs sont repartis avec plusieurs dizaines d’exemplaires, voire plus, en début de matinée du 7, le bloc étant déjà négocié sur eBay, le dimanche 10 novembre jusqu’à 120 euros… Pas mal pour une mise de départ de 29 euros. Sur Delcampe, une paire coin daté du 20 centimes bleu et du 1 frtanc rouge provenant du bloc était à 14 euros lundi 11 novembre, et un bloc de quatre (avec tête-bêche) du 1 franc rouge à 69 euros. Les amateurs de petits tirages pouvaient se rattraper avec d’autres produits… Pourquoi se cantonner aux objets de collection de la France métropolitaine, si difficile parfois à décrocher ? Timbre d’Andorre, retable de la Santa Creu de Canillo. Création: Alex Tena. Mise en page: Stéphanie Ghinéa. Impression numérique. Tirage: 70 000 exemplaires. DR/La Poste Andorre, par exemple, propose un timbre « lunaire » à 1,05 euro, tiré à 70 000 exemplaires, en feuilles de 50… Mais des feuilles numérotées. Ce qui donne un total de 1 400 feuilles seulement. Petit tirage pour cette « Marianne » surchargée « SPM » utilisable au départ de Saint-Pierre et Miquelon. DR/Pierre Jullien Et du côté de Saint-Pierre-et-Miquelon, mieux encore : les « Marianne » d’usage courant surchargées « SPM » ont été tirées à 10 000 ou 15 000 exemplaires, en feuilles de cent… Il vous reste à calculer le nombre – réduit – de feuilles en vente. La « Marianne » rouge au tarif « lettre prioritaire » – à 1,05 euro – était d’ailleurs épuisée dimanche, en vente à l’unité 5 ou 6 euros sur les sites Internet eBay ou sur Delcampe. prêt à poster « Le Bounty au cinéma ». DR/La Poste/Polynésie française Autres petits tirages disponibles sur place, les services philatéliques des collectivités d’outre-mer ayant fait le déplacement, les prêts à poster, de Nouvelle-Calédonie ou de Polynésie française, inférieurs à 1 000 exemplaires, pour de bons sujets thématiques : « Le Bounty au cinéma » ou encore les « 150 ans de l’arrivée des premiers Chinois en Polynésie française », en Polynésie et surtout, la carte de Nouvelle-Calédonie éditée spécialement pour le Salon, un « Hommage à Notre-Dame de Paris » évoquant sa rosace, avec la reprise du timbre pré-imprimé dessiné par André Lavergne sur la « Cheminée de la mine Pilou »… Prêt à poster édité par la Nouvelle-Calédonie. Petit tirage. Thème: Notre-Dame de Paris. Timbre dessiné par André Lavergne. DR/La Poste Nouvelle-Calédonie Il y avait, enfin, le feuillet souvenir diffusé par le territoire des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), composé de deux timbres, intitulé « Postes du bout du monde 2 », dessiné par Aurélie Baras, sur place pour le dédicacer, reprenant les logos des Eparses et de la Terre Adélie, accompagné d’une carte en deux volets. Bloc-feuillet créé par Aurélie Baras : 13 500 exemplaires, dont 1000 « emballés » dans une carte comportant deux volets avec un code-barres différent du reste du tirage. DR/TAAF/Baras Tirage : 13 500 exemplaires, dont 1 000 exemplaires vendus sur place bénéficiant d’une petite variante, un code-barres sur la carte (pas sur le bloc) différent des 12 500 autres exemplaires diffusés ensuite par correspondance, sous blister, par le service philatélique de La Poste. Un tirage stimulant dont le directeur de la philatélie des TAAF, Marc Boukebza, ne s’est pas plaint. Prêts à poster hors-commerce utilisés par Phil@poste pour l’envoi de ses catalogues de produits ou ses feuilles d’informations philatéliques. Gratuit!... Les clients inscrits sur les fichiers de La Poste sont susceptibles de les recevoir. DR/La Poste Il est aussi possible de se procurer, gratuitement, des « objets » de collection : direction le stand de La Poste, qui fait la promotion de ses diverses offres – catalogue de Phil@poste de septembre-novembre 2019 ; mensuel « Premium » ; Collectionnez les timbres/abonnez-vous ; Patrimoine de France en timbres ; catalogue « Tip Top fêtes » – sous forme de prêts à poster hors-commerce. Pourquoi se priver de les ramasser ? Entier postal hors-commerce (document fourni par Jean Grillot). DR/La Poste/FFAP Pour 5 euros d’achats, le stand du Gaphil offrait un prêt à poster automobile hors-commerce édité pour la Fête du timbre 2019. Et enfin, ne pas oublier de passer par le stand des organisateurs, la CNEP, où il y a toujours quelques bricoles à glaner…
Les « bonnes affaires » étaient possibles, au Salon philatélique d’automne, organisé à Paris du 7 au 9 novembre.
https://www.lemonde.fr/mondephilatelique/article/2019/11/10/le-bloc-feuillet-ceres-vaut-deja-120-euros_6018688_5470897.html
mlsum-fr-1170
« L’incendie de l’usine Lubrizol, le 26 septembre, n’est pas qu’un risque « traditionnel » d’incendie ; il s’agit d’un risque éthique dans sa dimension de développement durable.» LOU BENOIST / AFP Tribune. L’actualité récente témoigne de l’élargissement de la nature et de l’ampleur des risques, qui fait aujourd’hui de sa gestion une variable stratégique de la réflexion des entreprises. Les cyber-attaques subies par Airbus ces derniers mois appartiennent à la catégorie des risques nouveaux ; le cyber-risque est d’ailleurs le premier cité par les entreprises dans le baromètre des risques de l’assureur Allianz. L’incendie de l’usine Lubrizol, le jeudi 26 septembre, n’est pas qu’un risque « traditionnel » d’incendie ; il s’agit d’un risque éthique dans sa dimension de développement durable. La plainte déposée le 26 septembre par la Fédération Internationale pour les droits humains contre BNP Paribas et ses anciens dirigeants, pour complicité de torture, crimes contre l’humanité, génocide, blanchiment et recel au Soudan, est un risque éthique dans sa dimension de gouvernance : respect par l’entreprise des engagements pris, transparence et ouverture aux besoins de l’environnement dans laquelle elle opère, prise en compte des parties prenantes, les actionnaires et tous les groupes ou individus qui peuvent affecter ou être affectés par la réalisation de ses objectifs. Les entreprises doivent faire face à des risques potentiels plus difficiles à cerner car ils sortent du champ de compétences des experts. Depuis trente ans, ces facteurs les ont conduites à mettre en place une démarche globale de gestion des risques, nommée « Enterprise-Risk-Management » (ERM) par les Anglo-Saxons ; ils ont contribué à la création d’une fonction dédiée à la gestion des risques. Anxiété collective L’élargissement du domaine de la gestion des risques s’est amorcé dans les années 1990 avec l’apparition de nouveaux risques issus des changements technologiques. Il s’est poursuivi avec la multiplication de qualificatifs venus en préciser la nature : éthique, environnemental, social, de gouvernance, de réputation, etc. Est ensuite apparue l’idée d’une perception du risque différente selon les individus ou les niveaux dans l’entreprise. Cette perception est en effet fortement liée aux caractéristiques individuelles de l’acteur, sa personnalité, son histoire, ses préjugés, son exposition au risque… L’élargissement du domaine de la gestion des risques s’est amorcé dans les années 1990 avec l’apparition de nouveaux risques issus des changements technologiques Cette subjectivité intervient aussi dans la relation de l’entreprise avec les acteurs de la société civile. Par exemple, l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en septembre 2001 a généré en France un état d’anxiété collective, accentué par la vigilance nouvelle des acteurs de la société civile qui ont pris conscience de ces vulnérabilités ; les populations habitant à proximité d’installations classées Seveso ont une perception accrue du risque.
Caroline Aubry, enseignante en gestion du risque, décrit dans une tribune au « Monde » les facteurs qui ont placé cette discipline au cœur de la stratégie des entreprises.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/18/incendie-de-rouen-l-actualite-temoigne-de-l-elargissement-de-la-nature-et-de-l-ampleur-des-risques_6016029_3232.html
mlsum-fr-1171
L’ancien maire de New York Michael Bloomberg, ici en février 2019. John Locher / AP Le milliardaire Michael Bloomberg envisagerait de se lancer dans la présidentielle américaine, selon des informations publiées par des médias américains, jeudi 7 novembre, ouvrant la perspective d’un duel avec l’autre septuagénaire centriste Joe Biden pour décrocher l’investiture démocrate. D’après le New York Times, M. Bloomberg rassemblerait des signatures afin de déposer sa candidature à temps avant la date butoir de ce vendredi à la primaire de l’Alabama. Si elle ne sera organisée que le 3 mars, l’Etat figure parmi les premiers à clore les dossiers. L’ancien maire de New York « est prêt à dépenser ce qu’il faudra pour battre Donald Trump » en novembre 2020, a affirmé vendredi le site politique Axios en citant des sources proches de la huitième fortune mondiale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux Etats-Unis, l’anticapitalisme fait carton plein chez les jeunes démocrates Les informations, d’abord révélées mercredi soir sur une candidature Bloomberg, sont à prendre avec prudence, le milliardaire ayant déjà plusieurs fois par le passé laissé entendre qu’il pourrait viser la Maison Blanche, avant de renoncer. Mais le fait même qu’elles circulent représente une mauvaise nouvelle pour le centriste Joe Biden. « Il faut (…) nous assurer que Trump sera battu, mais Mike craint de plus en plus que le groupe actuel de candidats ne soit pas en bonne position pour y arriver », a affirmé Howard Wolfson, conseiller de M. Bloomberg. « Le petit Michael échouera », a rapidement commenté Donald Trump en faisant référence à la taille du milliardaire – environ 1,70 mètre –, tout en affirmant qu’il adorerait le défier dans les urnes. « Je pense qu’il va, en fait, nuire à Biden », qui occupe le même créneau modéré, a auguré le président américain. Fortune de 52 milliards de dollars Huitième fortune du monde avec plus de 52 milliards de dollars, selon les chiffres actualisés du magazine Forbes, M. Bloomberg pourrait prendre sa décision « bientôt » et financerait seul sa campagne. Agé de 77 ans, il avait annoncé en mars qu’il renonçait à se présenter notamment pour ne pas saper les chances de Joe Biden, 76 ans, comptant parmi les favoris des primaires démocrates. Son revirement apparaîtrait donc comme un signal clair sur le fait qu’il doute sérieusement des chances de l’ex-vice-président de Barack Obama. Entré en campagne en tête des sondages en avril, M. Biden reste en tête mais a vu son avance largement entamée par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren. Elle est suivie dans les sondages par le sénateur indépendant Bernie Sanders puis, en quatrième place, par le centriste Pete Buttigieg qui pourrait aussi voir ses chances perturbées par une entrée en lice de M. Bloomberg. Maire de New York pendant douze ans, Michael Bloomberg a fait fortune grâce à l’agence d’informations financières qui porte son nom. Très actif dans la lutte contre le changement climatique, il a dépensé des millions pour soutenir des candidats démocrates lors d’élections locales. Mais alors qu’il s’est, par le passé, revendiqué indépendant et républicain, ce modéré pourrait avoir du mal à rallier les suffrages des électeurs progressistes. Elizabeth Warren a d’ailleurs accueilli son arrivée dans la course en le renvoyant sur sa « calculatrice pour les milliardaires », qui évalue combien les grandes fortunes paieraient d’impôts sous sa présidence. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elizabeth Warren face à l’Amérique
L’ancien maire de New York serait en train de rassembler des signatures pour une candidature aux primaires démocrates américaines, qui bousculerait la campagne de Joe Biden.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/08/le-petit-michael-echouera-commente-trump-apres-des-informations-sur-une-possible-candidature-de-bloomberg_6018546_3210.html
mlsum-fr-1172
Seuls 4 % des pères français profitent du congé parental. GEMMA FERRANDO / WESTEND61 / PHOTONONSTOP Ma vie en boîte. Ce dimanche, les enfants fêteront les pères, en leur offrant poèmes et menus cadeaux. Et pourtant, cette année comme les précédentes, les papas auront été moins présents que les mamans auprès d’eux. Pour des raisons culturelles, certes, mais aussi professionnelles. Car, la perte financière liée au congé parental reste très importante en France. Il n’est en effet rémunéré qu’à hauteur d’un tiers du smic. Ce qui, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), explique que seuls 4 % des pères français en profitent. En Suède et en Islande, où il est indemnisé à hauteur de 80 % du salaire, près d’un père sur deux le sollicite. A égalité avec les mères. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Congé parental : où sont les hommes ? La directive européenne « relative à l’équilibre vie professionnelle/vie privée » avait suscité de gros espoirs. Elle prévoyait un congé parental de deux mois pour chaque parent, rémunéré à hauteur des congés maladie. Mais le texte, finalement voté par le Parlement européen le 4 avril, laisse chaque Etat membre fixer le niveau « adéquat » d’indemnisation. Un sérieux bémol, dû en grande partie à l’opposition de la France, le président de la République Emmanuel Macron redoutant que « cette belle idée finisse par coûter très cher ». La directive adoptée selon les termes initiaux aurait pu produire un surcoût de 1,6 milliard d’euros, estime le gouvernement. Effets positifs à moyen terme Un calcul court-termiste, peut-on penser, qui ne prend pas en compte les effets positifs à moyen terme sur l’économie d’une telle mesure. Les conditions de rémunérations prévues initialement auraient en effet favorisé une plus grande participation des femmes sur le marché du travail, expliquent Catherine Collombet, conseillère scientifique au Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) et sous-directrice à la Caisse nationale des allocations familiales, et Antoine Math, chercheur à l’Institut de recherches économiques et sociales, dans une étude de l’IRES publiée en octobre 2018 (« Europe. Congés parentaux, de paternité et d’aidants : vers une nouvelle directive ? »). « Les coûts supplémentaires pour le congé parental [auraient été] contrebalancés par les gains provenant d’une part des recettes fiscales supplémentaires, d’autre part des dépenses moindres de prestations de chômage (et secondairement des dépenses de santé) », estiment les chercheurs. A défaut de mieux rémunérer les congés parentaux, certains acteurs – tel le Laboratoire de l’égalité – se battent pour allonger le congé paternité et le porter à quatre semaines (indemnisées à 100 %), contre onze jours actuellement (dix-huit pour les jumeaux). « Cette action peut faire évoluer l’égalité entre les hommes et les femmes, en France », estime Olga Trostiansky, présidente du Laboratoire de l’égalité. Un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) publié le 11 septembre 2018, préconisait d’ailleurs une telle disposition (voir lien PDF).
Pour favoriser une meilleure répartition des tâches, il faudrait revaloriser le congé parental ou allonger le congé paternité, explique la journaliste du « Monde » Annie Kahn.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/06/12/pour-une-fete-des-peres-bien-meritee_5474979_1698637.html
mlsum-fr-1173
« Une forêt en libre évolution fait ce que fait la vie : elle lutte spontanément contre le réchauffement climatique. Elle stocke le carbone. Elle travaille à l’épuration de l’eau et de l’air, à la formation de sols, à l’épanouissement d’une biodiversité riche. » Sime / Photononstop Tribune. En mai 2019, l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) rendait son rapport sur l’état de la biodiversité : « La nature et ses contributions à la vie des peuples se dégradent partout dans le monde. » Mais le sentiment d’impuissance domine : comment créer une courroie de transmission entre nos mains et le monde ? Nous avons besoin d’idées dotées de mains puissantes. Ici, je veux explorer une idée de ce type. C’est l’idée concrète de protection radicale de « foyers de libre évolution » par l’outil économique et juridique de l’acquisition foncière. Il s’agit de l’initiative « Vercors vie sauvage », portée par l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas). Celle-ci a le projet d’acheter une forêt de 500 hectares dans les gorges de la Lyonne. Pour en faire quoi ? Pour la laisser tranquille. La restituer aux hêtres, aux prairies fleuries, aux cerfs, aux écureuils, aux mésanges, aux lichens… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Alessandro Pignocchi : « A peine arrivé à Notre-Dame-des-Landes, j’ai été fasciné par ce qui s’y jouait » La laisser en libre évolution, c’est-à-dire permettre au milieu de se développer selon ses lois intimes, sans l’exploiter ou l’aménager. Laisser les dynamiques écologiques faire leur travail têtu et serein de résilience et de vivification. Une forêt en libre évolution fait ce que fait la vie : elle lutte spontanément contre le réchauffement climatique. Elle stocke le carbone. Elle travaille à l’épuration de l’eau et de l’air, à la formation de sols, à l’épanouissement d’une biodiversité riche. Une initiative d’une diabolique simplicité L’idée à l’origine de cette initiative est d’une diabolique simplicité. Son originalité revient à nouer ensemble trois concepts : la libre évolution (comme style de gestion du milieu), l’acquisition foncière par une association d’intérêt général à but non lucratif (c’est le moyen pour pérenniser la protection) et le financement participatif (comme mobilisation citoyenne pour concourir ensemble à la propriété). Mais pourquoi la libre évolution est-elle pertinente aujourd’hui ? En tant qu’individus humains, notre longévité est dérisoire au regard de celle d’une forêt ancienne. Or, la « grande vie » des écosystèmes, des poumons forestiers, des cycles du carbone, est la condition de la petite vie des individus. L’enjeu est de protéger la grande vie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Eloge de l’arbre La spécificité de cette grande vie, c’est qu’elle vit à la dimension des siècles. Il faut donc protéger à la mesure des siècles. Voilà l’ambition folle de ces foyers de libre évolution : faire advenir les forêts anciennes de demain. Mais comment protéger à ces échelles de temps ? Qu’est-ce qui, dans nos institutions, a une telle pérennité ? La drôlerie de cette affaire, c’est que la forme la plus fiable de l’éternité qu’on connaisse en Occident libéral, c’est la propriété privée…
Dans une tribune au « Monde », le philosophe Baptiste Morizot défend les iniatives d’acquisition collective de territoires pour permettre leur « réensauvagement ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/19/baptiste-morizot-si-la-propriete-privee-permet-d-exploiter-pourquoi-ne-permettrait-elle-pas-de-proteger_5491224_3232.html
mlsum-fr-1174
Lors du vernissage du salon Paréidolie, à Marseille, le 30 août. Jean- Christophe lett L’année 2018 avait été l’exception : Art-O-Rama, le salon d’art contemporain de Marseille, et Paréidolie, son pendant consacré au dessin, s’étaient retrouvés ensemble au J1, ce hangar tourné vers la mer du quai de la Joliette, qui a depuis entamé une spectaculaire mutation. Les deux salons ont donc regagné leurs pénates : la Friche de la Belle-de-Mai pour le premier, le château de Servières pour le second. Au-delà de l’aubaine de pouvoir investir le J1, Art-O-Rama s’y était déplacé pour des raisons pratiques, son bâtiment nécessitant des travaux de réhabilitation. La climatisation généralisée et les circulations améliorées entre espaces intérieurs et extérieurs rendent le retour à la Friche moins difficile, et en termes de fréquentation le salon (où l’entrée est à 5 euros) table sur 7 500 visiteurs, comme la dernière édition. Avec une particularité historique de ce salon axé sur les jeunes galeries dynamiques : après les trois jours, celui-ci se transforme en exposition pendant quinze jours, avec des médiateurs à la place des galeristes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Arts : trois musées de Marseille à la moulinette d’Erwin Wurm Autre spécificité de ce rendez-vous : les galeries dessinent leur espace, avec un prix unique (de 2 500 euros) pour 15 mètres linéaires de cloison. Une marge de manœuvre créative qui offre d’emblée des espaces moins formatés, avec des stands circulaires, en zigzag, recto verso ou tout en longueur, comme celui de la galerie Praz Delavallade (Paris, Los Angeles), qui a divisé la paroi en quatre aplats de couleurs pour quatre solo shows très contrastés, entre le travail photographique sur les stéréotypes de la jeune américaine Genevieve Gaignard, les lumineux jeux d’abstraction de Julien Nédélec ou encore les toiles de Soufiane Ababri, avec des hommes érotisés à la manière dont les femmes l’ont été dans la peinture orientaliste. Un format intimiste « Ce salon est une très agréable transition avant la rentrée, avec un bel esprit, des interactions et contacts intéressants, et la plage ! », commente un peu plus loin Emma Astner, de la galerie Koppe Astner (Glasgow). Avec 32 galeries cette année, pour les trois quarts étrangères, Art-O-Rama consolide sa réputation de foire détendue, conviviale et abordable (on n’a pas trouvé plus cher que 40 000 euros, pour des peintures des années 1980 de la Hollandaise Jacqueline de Jong chez Dürst Britt & Mayhew, de La Haye, qui a transformé son stand en scène de crime). Côté « château » – en réalité une ancienne usine en ville –, Paréidolie se présente comme un format intimiste (et néanmoins dense) de 15 galeries françaises et étrangères, choisies pour présenter un panel très large des pratiques du dessin contemporain, plus deux cartes blanches à des structures du territoire et un artiste invité, cette année le jeune et très conceptuel Gilles Pourtier, qui questionne le statut des images numériques par le dessin.
Les deux salons, qui durent tout le dernier week-end d’août, annoncent la rentrée du monde de l’art contemporain en douceur.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/31/a-marseille-art-o-rama-et-pareidolie-prolongent-l-ete_5504908_3246.html
mlsum-fr-1175
jeudi 29 août 2019, à la gare ferroviaire de Séoul, en Corée du Sud, les passants regardent les dernières informations au journal télévisé concernant l’ex-présidente Park Geun-hye. Ahn Young-joon / AP La Cour suprême sud-coréenne a cassé, jeudi 29 août, la condamnation de l’ex-présidente Park Geun-hye et de l’héritier de l’empire Samsung Lee Jae-yong dans un retentissant scandale de corruption, et ordonné qu’ils soient rejugés. Arrivée au pouvoir en 2013, Mme Park avait été destituée en 2017 dans la foulée de cette affaire qui lui avait valu d’être condamnée en appel à vingt-cinq années de prison, notamment pour corruption et abus de pouvoir. Elle avait été reconnue coupable en avril 2018 d’avoir reçu ou demandé plus de 20 millions de dollars (18 millions d’euros) de conglomérats sud-coréens, d’avoir partagé des documents classés secrets, d’avoir mis sur une « liste noire » des artistes critiques de sa politique ou encore d’avoir limogé des responsables qui s’opposaient à ses abus de pouvoir. La Cour suprême a cependant estimé jeudi qu’une décision séparée aurait dû être rendue dans le volet corruption de cette tentaculaire affaire. « Nous renvoyons l’affaire devant la Haute Cour de Séoul », a déclaré le président de la Cour Kim Myeong-su. Des médias sud-coréens relèvent que cette décision pourrait ne pas être une bonne nouvelle pour l’ancienne présidente, qui pourrait, in fine, écoper d’une peine plus longue si elle était reconnue coupable dans deux procès distincts. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une chance de changement en Corée du Sud Accointances troubles Première femme élue présidente en Corée du Sud, Mme Park, 67 ans, avait été arrêtée en mars 2017 pour toute une série d’accusations qui avaient mis en lumière les accointances troubles entre le pouvoir politique et les grands conglomérats familiaux sud-coréens, et notamment Samsung. Dans une des ramifications de cette affaire, le vice-président de Samsung Electronics et fils du président du groupe Samsung, Lee Jae-yong, héritier du conglomérat, avait été condamné en première instance à cinq ans de prison, avant que sa sanction ne soit ramenée en appel à une peine d’emprisonnement avec sursis. La cour d’appel a cependant cassé cette décision jeudi et ordonné également un nouveau procès pour celui qui est de facto le patron du premier fabricant mondial de smartphones et de puces mémoire. Ce jugement est un revers pour le groupe qui est de loin le plus grand de tous les conglomérats familiaux qui dominent la 11e économie mondiale. En première instance, M. Lee avait été reconnu coupable de plusieurs infractions, notamment corruption, abus de bien sociaux ou encore parjure devant la représentation nationale. L’affaire tournait autour des paiements faits par Samsung à la confidente de l’ombre de Mme Park, Choi Soon-sil, dont le parquet soutenait qu’ils visaient à acheter des faveurs politiques. La chute de la présidente conservatrice, consécutive à des manifestations monstres dans tout le pays, avait permis l’alternance et l’élection de Moon Jae-in (centre gauche), qui a contribué en 2018 au spectaculaire rapprochement entre les deux Corées.
La Cour suprême sud-coréenne a ordonné jeudi que soient rejugés Mme Park et Lee Jae-yong, tous deux impliqués dans un retentissant scandale de corruption.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/29/coree-du-sud-l-ancienne-presidente-park-geun-hye-et-l-heritier-de-samsung-seront-rejuges_5504076_3210.html
mlsum-fr-1176
La ministre de la santé, Agnès Buzyn, lors du lancement de la « mission nationale de refondation » des urgences, à Paris, le 14 juin. MARTIN BUREAU / AFP Après les mots de compassion, le carnet de chèques. Huit jours après avoir reconnu la « détresse » des soignants travaillant dans les services d’accueil des urgences (SAU), Agnès Buzyn a annoncé, vendredi 14 juin, à l’occasion du lancement officiel de la « mission nationale de refondation » des urgences, qu’elle débloquait 70 millions d’euros pour financer des « premières mesures de soutien » en faveur de ces personnels. Objectif pour la ministre de la santé, qui détaillait des dispositions déjà ébauchées le 6 juin : stopper avant l’été – une période habituellement critique dans ces services – un mouvement de grève qui s’étend de jour en jour. Plus de cent sites sont désormais concernés. Pour reconnaître « les efforts et les risques de chacun », Agnès Buzyn a annoncé que les 30 000 personnels paramédicaux des SAU bénéficieraient, dès juillet, d’une « prime forfaitaire de risque » revalorisée à 118 euros brut, soit 100 euros net par mois, une bonification déjà touchée en partie ou en totalité par certains agents. Elle a aussi précisé que les professionnels qui s’engageraient dans un protocole de coopération, en réalisant de nouvelles tâches, toucheraient une « prime de coopération » de 100 euros brut. Autre promesse chiffrée : 15 millions d’euros de crédits exceptionnels vont être accordés aux hôpitaux les plus en « tension », afin qu’ils renforcent leurs effectifs pendant l’été. « On est loin du compte » Ces annonces sont accueillies fraîchement par le Collectif inter-urgences, la structure représentant les personnels en grève et qui doit décider en assemblée générale d’ici à mardi de la poursuite ou non du mouvement. « Il est à parier d’ores et déjà qu’aucune des revendications soulevées ne trouve satisfaction dans la communication du gouvernement », a fait valoir le collectif dans un communiqué publié vendredi après-midi. Dans ce texte, les grévistes, qui demandent une augmentation de salaire de 300 euros net, regrettent notamment les nombreuses « incertitudes » liées à la prime de coopération, qui ne bénéficiera pas aux aides-soignants. Christophe Prudhomme, représentant de la CGT et porte-parole de l’Association des médecins urgentistes, reconnaît « un premier effort » de la part de la ministre, mais assure qu’« on est loin du compte ». Selon lui, les 15 millions d’euros d’urgence ne représentent par exemple qu’un demi-agent supplémentaire par SAU. « Le gouvernement court après le mouvement, mais il arrive trop tard. La grève est enkystée, et la colère gagne les médecins », assure-t-il, estimant par ailleurs qu’il « faudra qu’il lâche beaucoup plus s’il veut que le mouvement cesse ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hôpital public : la cote d’alerte A l’Assistance-publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui représente 10 % de l’hôpital public en France et d’où le mouvement est parti en mars, la direction, qui avait déjà proposé de généraliser le taux maximum de l’« indemnité pour travaux dangereux », soit une prime mensuelle de 65 euros net, a fait de nouvelles propositions en termes d’effectifs. Embolie des services Jeudi, lors d’une réunion au siège, il a été proposé d’attribuer 109 emplois supplémentaires aux dix-sept SAU adultes du groupe hospitalier. Si la question des huit services d’urgences pédiatriques ne sera abordée que le 21 juin, la direction assure déjà qu’au moins trente-cinq emplois supplémentaires seront proposés. Soit au total, dès la fin de la grève, 144 postes en plus dans les vingt-cinq SAU de l’AP-HP. « On va avoir une discussion service par service pour ajuster les choses », explique-t-on au siège, où l’on rappelle l’engagement pour les années à venir d’augmenter le nombre de personnels proportionnellement à l’activité. « On salue l’effort, mais ça reste insuffisant », commente Hugo Huon, infirmier aux urgences de Lariboisière et membre du Collectif inter-urgences, en opposant à ces propositions la demande des grévistes de 265 embauches pour les seuls services adultes. Après que quelques équipes paramédicales (Lariboisière et Saint-Antoine, à Paris ; hôpital Saint-André, à Bordeaux) ont en partie obtenu des arrêts de travail de façon simultanée ces derniers jours, le collectif propose désormais de « comptabiliser quotidiennement le nombre de patients hospitalisés stagnant sur des brancards et les décès indus ». Une méthode spectaculaire utilisée en 2018 par le syndicat de médecins SAMU-Urgences de France pour médiatiser l’embolie des services. Lire aussi Détresse aux urgences Agnès Buzyn a annoncé qu’elle réunirait, mardi 18 juin, au ministère, « l’ensemble des professionnels et acteurs concernés », afin de se préparer aux fortes tensions que devraient connaître au cours de l’été – cette année encore – les services d’urgences en France.
Une large part de ce montant sera consacrée à une prime de risque versée « à tous les professionnels des services d’urgence », hors médecins. Ces annonces ont laissé les personnels concernés mitigés.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/14/urgences-le-gouvernement-debloque-70-millions-d-euros-pour-des-mesures-immediates_5476242_3224.html
mlsum-fr-1177
Elena Schwarz dirige « Les Mille endormis », le 3 juillet, à Aix-en-Provence. BORIS HORVAT / AFP Le 1er février 2017, le public des Victoires de la musique classique découvrait sur France 3 une belle jeune femme élégante, chignon de danseuse, baguette à la main : la chef d’orchestre Elena Schwarz, en direct de l’Auditorium de la Maison de la radio, à Paris, partageait avec le maestro Mikko Franck, dont elle sera l’assistante jusqu’en juin 2018, la direction de l’Orchestre philharmonique de Radio France. « Chacun doit trouver une traduction physique entre l’idée musicale et son expression » La Suisse-Australienne vit aujourd’hui entre Lugano, Paris, et la Californie où elle a intégré le prestigieux Los Angeles Philharmonic Fellowship créé par Gustavo Dudamel auprès de la célèbre phalange symphonique américaine. C’est d’ailleurs en plein décalage horaire que la maestra est arrivée à Aix-en-Provence pour assurer la première répétition des Mille Endormis. « Je ne trace pas de frontière entre le répertoire et la musique d’aujourd’hui, affirme celle qui a travaillé sur les conseils de Peter Eotvos et de Matthias Pintscher. L’échange avec un compositeur vous oblige à repenser votre travail. Cela nourrit votre façon d’aborder aussi le grand répertoire. » Pianiste et violoncelliste de formation C’est en allant écouter, adolescente, les répétitions d’Alain Lombard, alors chef principal de l’Orchestre de la Suisse italienne, que la jeune Elena, pianiste et violoncelliste de formation, attrape le virus de la direction. « J’ai eu la chance de croiser des professeurs qui ont su me guider tout en respectant ma liberté, explique l’ancienne étudiante des master class de Bernard Haitink au Festival de Lucerne et de Neeme Järvi au Festival de Gstaad. Mais c’est seul ou presque que l’on travaille sa gestique. Pour un chef, pas de technique comme pour un instrumentiste, chacun doit trouver une traduction physique entre l’idée musicale et son expression. » Travailler en Europe et aux Etats-Unis tout en ayant un pied en Australie, où vit toujours sa mère, a très tôt donné à Elena Schwarz une vision globale du monde musical. De même sur le plan du répertoire : « J’aimerais dans l’idéal garder un équilibre entre trois pôles, la musique symphonique, l’opéra, et la musique contemporaine. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Festival d’Aix-en-Provence : « Les Mille Endormis » offre une voix au conflit israélo-palestinien A 33 ans, cette ancienne de l’Académie européenne, lauréate du célèbre Concours Jorma Panula (Finlande) en 2015, incarne cet irrésistible courant ascendant qui porte de plus en plus souvent des chefs en haut des podiums. Homme, femme ? Peu importe : « La seule manière de bien diriger est d’être en parfait accord avec son tempérament », affirme Elena Schwarz avec son délicieux accent.
A 33 ans, l’ancienne assistante de Mikko Franck au « Philhar » de Radio France, dirigera la première mondiale des « Mille endormis », d’Adam Maor, à Aix-en-Provence.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/10/elena-schwarz-c-est-seul-ou-presque-qu-un-chef-travaille-sa-gestique_5487588_3246.html
mlsum-fr-1178
Le débat sur les baisses de charges pour les hauts salaires redevient politique. Alors que Matignon et Bercy finalisent les arbitrages pour le budget 2020, deux députés de La République en marche (LRM), Sacha Houlié et Pierre Person, issus de l’aile gauche de la majorité – le second est également numéro deux du parti présidentiel – ont envoyé mardi 2 juillet au ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, des propositions d’évaluation des politiques de baisses de cotisations patronales sur les salaires. Baptisée « Soutenir les hommes et leurs entreprises », cette note reprend largement les conclusions du Conseil d’analyse économique (CAE), un think tank rattaché à Matignon. Dans une étude publiée en janvier, le CAE avait conclu à l’inefficacité des baisses de charges patronales issues du pacte de responsabilité – mis en place sous François Hollande – pour les salaires supérieurs à 1,6 smic. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Conseil d’analyse économique prône des baisses de charges plus sélectives Au-delà de 1,6 smic, le dispositif de baisse de cotisations coûte quelque 4 milliards d’euros par an aux finances publiques, mais les chercheurs du CAE n’avaient identifié ni impact sur l’emploi ni, plus ennuyeux, sur la hausse des exportations ou la compétitivité. C’est pourtant l’argument traditionnellement utilisé par le patronat – industrie en tête – pour justifier l’intérêt de ces baisses du coût du travail. Fin de non-recevoir « Nous confirmons les hypothèses premières du CAE relatives à l’importance – sur l’emploi comme sur la compétitivité des entreprises – des baisses de cotisations sur les salaires inférieurs ou égaux à 1,6 smic (…). En revanche, nous estimons que la pertinence des exonérations de cotisations supérieures à 1,6 smic – et a fortiori à 2,5 smic – n’a pu, ni être infirmée, ni être confirmée. (…) L’hypothèse émise par le CAE [qui] remet en cause l’incidence des baisses de cotisations supérieures à 1,6 smic demeure valable », conclut le rapport Houlié-Person. Les deux députés, qui ne sont pas membres de la commission des finances, se sont autosaisis pour mener leurs auditions auprès d’une vingtaine d’interlocuteurs, économistes, syndicalistes et représentants du patronat. Le procédé leur a d’ailleurs valu une fin de non-recevoir de la part de Louis Gallois, président du conseil de surveillance PSA Peugeot-Citroën, et Pierre-André de Chalendar, PDG de Saint-Gobain, tous deux à la tête de la Fabrique de l’industrie, un groupe de réflexion du secteur. Dans une deuxième note publiée le 25 juin, le CAE plaidait pour supprimer la contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S), un impôt qui pèse sur le chiffre d’affaires des entreprises. Pour pallier la perte de recettes pour l’Etat (3,8 milliards d’euros), la note proposait de mettre un terme aux fameux allègements de cotisations dont bénéficient les employeurs sur les salaires élevés, entre 1,6 et 3,5 smic. C’est également ce que suggère le rapport Houlié-Person, au nom de « l’intelligibilité de la politique publique de l’Etat en faveur de la compétitivité et de l’emploi. En effet, il revient à ne pas donner d’une main ce que l’Etat collecte de l’autre ».
Sacha Houlié et Pierre Person proposent de revenir en partie sur les allègements de charges et espèrent peser avant le début du débat budgétaire à l’Assemblée.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/03/deux-deputes-lrm-contestent-la-politique-de-baisse-de-charges-sur-les-hauts-salaires_5484777_823448.html
mlsum-fr-1179
Des chars chinois, à Pékin, le 5 juin 1989, au lendemain du massacre de la place Tiananmen. Jeff Widener / AP Tribune. Il y a trente ans, le monde assistait effaré à un massacre nocturne au cœur de la capitale chinoise. Pékin, qui avait donné aux médias internationaux l’image radicalement nouvelle d’un grand mouvement bon enfant sur la place Tiananmen, devenait soudain le lieu où des chars fonçaient sur une foule désarmée. Le carnaval d’une jeunesse avide de liberté et de justice sociale, soutenue par toute une population qui n’avait pas hésité à sortir dans les rues pour bloquer pacifiquement les camions militaires après la déclaration de la loi martiale, se transformait en cauchemar de fer et de sang. S’ensuivit une période de terreur politique pendant laquelle des personnes recherchées réussirent à s’enfuir, d’autres connurent la prison, alors que chacun devait renouveler son allégeance au régime et affirmer son rejet de « l’émeute contre-révolutionnaire ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trente ans après Tiananmen : en Chine, « l’hiver du militantisme » Plus qu’un tournant, le 4 juin 1989 apparaît aujourd’hui comme un point de rupture, dans le temps mais aussi dans l’espace. Historiquement, le massacre a mis fin à la période optimiste et résolument tournée vers l’avenir des années 1980, alors que le souvenir de la catastrophique Révolution culturelle poussait le pays vers la réforme et l’ouverture. Après le 4 juin, le pays s’est brusquement tourné vers son passé, s’est rempli de nostalgie. Politiquement, l’élimination de la frange « libérale » a signé la fin des espoirs de réforme politique et le début de l’obsession de « la stabilité avant tout », selon l’expression de Deng Xiaoping. Des manifestants entourent un convoi militaire, le 20 mai 1989, dans une banlieue de la Pékin, pour les empêcher de gagner la place Tiananmen, tenue par des étudiants. STRINGER / REUTERS Le choc du massacre, auquel de nombreux militaires et membres du Parti étaient opposés, a contraint le régime à tenter de retrouver une nouvelle légitimité par le nationalisme d’une part, et par l’ouverture accélérée à l’économie de marché et au consumérisme d’autre part. Le massacre de l’idéal couplé à l’appel à l’enrichissement personnel a engendré le cynisme et décuplé la corruption déjà dénoncée par le mouvement de 1989. La fracture historique s’est doublée d’une fracture géographique quand l’effondrement du communisme en Europe de l’Est à la fin de l’année, puis dans le bastion soviétique deux ans plus tard, a transformé la Chine en une anomalie, l’a coupée du reste du monde. Même si le massacre de Pékin suscitait la sympathie occidentale, sa signification était perdue, car cet évènement ne trouvait pas sa place dans le nouvel optimisme concernant la mort du communisme, la victoire totale de la démocratie, voire la « fin de l’histoire » (Francis Fukuyama). Lorsqu’on observe le monde d’aujourd’hui, on voit bien à quel point cet optimisme oublieux des malheurs de la Chine était illusoire.
Spécialiste de la Chine contemporaine, l’historien considère, dans une tribune au « Monde », que, « tant que le PCC refusera de reconnaître ce massacre, celui-ci restera le socle réel mais caché de son pouvoir ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/04/michel-bonnin-le-massacre-de-tiananmen-un-non-evenement-fondateur_5471099_3232.html
mlsum-fr-1180
Xi Jinping et Narendra Modi, le 11 octobre à Mamallapuram. AP Narendra Modi vêtu d’un dhoti traditionnel du Tamil Nadu et Xi Jinping, chemise blanche sans cravate ni veste, buvant une noix de coco à la paille devant les temples taillés dans la roche de Mamallapuram, classés au patrimoine mondial de l’Unesco, près de Chennai, dans le sud de l’Inde. L’image, à la « une » de tous les sites indiens, est censée symboliser le réchauffement des relations entre les deux géants asiatiques, qui représentent à eux seuls 40 % de l’humanité, à la fois rivaux et partenaires. Les deux dirigeants ont également posé main dans la main devant la « boule de beurre de Krishna », un gigantesque rocher sphérique de granit en équilibre sur le site de Mamallapuram, qui défie les lois de la gravité. Le premier ministre indien qui a accueilli le président chinois dans le sud de l’Inde pour un sommet informel, vendredi 11 et samedi 12 octobre, n’aime rien tant que les images. Il a d’ailleurs profité du sommet pour soigner son image d’homme simple, en ramassant des déchets, tout seul à l’aube, sur une plage de Mamallapuram, samedi 12 octobre, au nom de sa guerre déclarée contre le plastique. L’entourage du leader indien avait prévenu qu’il ne fallait rien attendre de sa rencontre avec le numéro un chinois en termes de contrats commerciaux. L’enjeu est encore d’apprendre à se connaître – en évitant les sujets qui fâchent, comme aujourd’hui le Cachemire. Pékin soutient Islamabad Narendra Modi et Xi Jinping s’étaient déjà retrouvés en avril 2018, au bord du lac de la ville de Wuhan, en Chine. Il s’agissait de renouer le dialogue, après les incidents survenus sur le plateau de Doklam en 2017. Pendant soixante-treize jours, sur ces terres himalayennes, au croisement du Tibet (Chine) du Sikkim (Inde) et du Bhoutan, les armées indienne et chinoise s’étaient fait face, faisant redouter une guerre comme à l’automne 1962 entre les deux puissances asiatiques qui partagent 3 500 kilomètres de frontière. New Delhi reprochait à son rival la construction d’une route militaire chinoise sur le Doklam, la Chine soutenant qu’elle était sur son territoire. Le premier ministre indien, Narendra Modi, sur une plage de Mamallapuram, le 12 octobre. AP Malgré l’image décontractée affichée par les deux leaders à Mamallapuram, les sujets de friction entre les deux puissances sont encore nombreux. A commencer, bien sûr, par le Jammu-et-Cachemire, la partie indienne du Cachemire historique que Modi a mis en coupe réglée depuis le 5 août, en révoquant son autonomie, et séparé du Ladakh, un territoire dont la frontière avec la Chine est toujours contestée. Dans ce conflit qui oppose Islamabad à New Delhi depuis soixante-dix ans, Pékin soutient avec constance son « ami à l’épreuve du temps » pakistanais, qu’il a notamment aidé à acquérir l’arme nucléaire. Deux jours avant sa visite en Inde, Xi Jinping avait d’ailleurs reçu, avec tous les honneurs, lors d’une visite d’Etat, le premier ministre pakistanais, Imran Khan. Dans une déclaration, à l’issue de leur rencontre, la Chine avait affirmé qu’elle suivait de près la situation actuelle au Jammu-et-Cachemire et qu’elle soutiendrait le Pakistan dans les dossiers liés à ses « intérêts fondamentaux », évoquant les « droits légitimes » du Pakistan sur le Cachemire. Islamabad occupe la partie nord-ouest de l’ex-Etat princier. La Chine en occupe une autre, l’Aksai Chin.
Les dirigeants chinois et indiens se sont rencontrés à Mahabalipuram après des jours de tension autour de la région disputée du Cachemire et sur les investissements des « nouvelles routes de la soie ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/12/en-pleines-tensions-sur-le-cachemire-narendra-modi-et-xi-jinping-se-rencontrent-pour-un-sommet-informel_6015260_3210.html
mlsum-fr-1181
Le défenseur de Liverpool Virgil van Dijk célèbre sa victoire à l’issue de la finale de la Ligue de champions. CARL RECINE / REUTERS Liverpool au sommet de l’Europe… et de l’ennui. Les Reds de Mohamed Salah, buteur sur penalty après 1 min 48 s, ont étouffé Tottenham (2-0) lors d’une finale 100 % anglaise et 0 % flamboyante, samedi 1er juin, en Ligue des champions, décrochant, à Madrid, leur sixième couronne continentale. Alors que le spectacle avait été époustouflant au tour précédent, la finale la plus apathique de la décennie s’est décantée après 23 s de jeu, sur un penalty concédé du bras par le Français Moussa Sissoko, et transformé par l’Egyptien Salah dans la torpeur du stade Metropolitano. Puis, au bout de la purge, une frappe croisée du Belge Divock Origi, à la 87e minute, a plié ce match somnolent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ligue des Champions : à Liverpool, le football en héritage Qu’importe l’ennui, la revanche est belle pour Salah, héros malheureux de la finale perdue l’année précédente par Liverpool face au Real Madrid (1-3). Ce maigre avantage a suffi au bonheur de son entraîneur, Jürgen Klopp, enfin titré en C1 à sa troisième tentative. Au coup de sifflet final, alors que le « kop » de Liverpool entonnait le fameux You’ll Never Walk Alone, le bouillant Klopp a enlacé calmement les gens de son staff avant de communier avec ses joueurs, casquette vissée sur la tête. Triste finale On ne retiendra ni le score ni le scénario, digne des plus cyniques prestations de l’Atlético Madrid, habitué aux scores étriqués dans son antre du Metropolitano. On ne retiendra que le vainqueur, qui a fait parler son expérience de la C1 pour s’installer à la troisième marche du palmarès de l’épreuve reine européenne derrière le Real Madrid (treize sacres) et l’AC Milan (sept trophées). Madrid, c’était un mauvais souvenir pour les « Reds » l’an passé – battus 1-3. Cette rencontre restera comme un bon souvenir, un peu moins pour Tottenham, qui vivait sa première finale de Ligue des champions et n’a vraiment poussé que dans le dernier quart d’heure. Les deux équipes avaient-elles laissé tout leur influx lors de demi-finales à couper le souffle ? Comme lors de la précédente finale anglo-anglaise de la C1, entre Manchester United et Chelsea (1-1 a.p., 6 t.a.b. à 5) en 2008, on s’est ennuyé ferme sous les températures caniculaires du stade Metropolitano. Tout avait pourtant commencé par un coup de froid, dès la première action : débordement de Sadio Mané, centre détourné de l’épaule, puis du bras par Sissoko et penalty sifflé après seulement 23 s de jeu – le plus rapide dans l’histoire des finales de C1. L’opportunité était belle et Mohamed Salah, sorti sur blessure après trente minutes l’an dernier face au Real, a transformé en force face à Hugo Lloris (2e) pour glacer les supporteurs des « Spurs » placés derrière la cage. ⚽ #TOTLIV (0-1) 💫 📺 #RMCSport1 @BFMTV 2’ : ET C’EST TRANSFORMÉ PAR SALAH !!! Lloris est battu ! 1-0 pour Liverpoo… https://t.co/okEpAmzcHv — RMCsport (@RMC Sport) Mais ce cinquième but de l’Egyptien dans cette C1, qui aurait dû enflammer la rencontre, a au contraire assommé tout le monde. Les Reds, pour ne pas se découvrir, ont allongé le jeu et outre l’intenable Salah (21e, 22e, 39e), seuls les latéraux Trent Alexander-Arnold, d’une frappe trop croisée (17e), et Andy Robertson, d’un tir claqué par Lloris (38e), ont instillé quelques frissons dans la torpeur ambiante. Origi délivre Liverpool De son côté, Tottenham s’est enferré à passer par l’axe mais ses approximations techniques l’ont empêché d’avoir des situations franchement brûlantes, exceptés deux tirs trop enlevés de Sissoko (10e) et Christian Eriksen (45e + 1) et un contre mal négocié par Son Heung-min (20e). Quant au pari Harry Kane, titulaire alors qu’il n’avait plus joué depuis une blessure à une cheville en avril, il a fait long feu : aucune occasion en première période, et un timide centre en début de seconde. La seconde période a été légèrement plus emballante, lorsque Tottenham, rescapé de tant de situations désespérées cette saison, a tenté de provoquer à nouveau le destin. Mais le petit lob de Dele Alli n’a pas surpris (73e) et le gardien brésilien Alisson Becker a été vigilant devant Lucas Moura (79e), ou encore sur le coup franc enroulé d’Eriksen. En 2018, les bourdes du gardien Loris Karius avaient plombé Liverpool. Cette fois, le portier des Reds avait la main ferme. Et même si celles d’Hugo Lloris, capitaine et gardien adverse, n’ont pas beaucoup tremblé, le Français s’est incliné en fin de match sur le tir croisé d’Origi, l’un des héros des demi-finales. L’ennui était fini, la nuit pouvait commencer. ⚽ #TOTLIV (0-2) 💫 📺 #RMCSport1 @BFMTV 87’ : LE BUT D’ORIGI !! Contre le cours du jeu, Liverpool enfonce le clou !… https://t.co/azLPA0DJlV — RMCsport (@RMC Sport)
Mohamed Salah et Divock Origi ont permis à Liverpool de remporter son sixième trophée en C1 au terme d’une finale décevante.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/01/liverpool-remporte-la-ligue-des-champions-face-a-tottenham_5470333_1616938.html
mlsum-fr-1182
La bactérie « Veillonella » mange l’acide lactique produit lors d’exercices physiques intenses (d’ailleurs à l’origine de crampes) et le transforme en propionate, acide gras à chaîne courte. « C’est cette conversion qui permet d’améliorer les performances », explique Alexsandar Kostic, l’un des auteurs de l’étude. Doug Lindstrand/Alaska Stock/Design Pics / Photononstop « Dix mille pas et plus ». Le microbiote intestinal était à l’honneur, jeudi 27 juin, lors de la journée mondiale qui lui est consacrée. Cet organe, composé d’une multitude de micro-organismes, est doté de facultés nutritives, métaboliques et immunitaires, ce qui en fait un véritable allié de notre corps. Mais les liens entre les déséquilibres du microbiote et certaines maladies telles que l’obésité, le diabète, le cancer ou des maladies inflammatoires sont aussi souvent pointés. Même si on est loin de comprendre comment ces microbes s’organisent. Influencée par la génétique, l’alimentation, les traitements médicamenteux et l’environnement, la composition de notre flore intestinale évolue durant les premières années de la vie. Puis elle reste relativement stable. Mais l’hygiène de vie – ou d’autres éléments extérieurs – peut ensuite la faire varier, positivement ou négativement. Gavées de cette bactérie « Veillonella atypica », des souris ont vu leurs capacités de temps de course augmentées de 13 % par rapport à celles qui avaient reçu un probiotique « basique ». C’est le cas avec la pratique sportive, comme viennent de le montrer des chercheurs du Centre Joslin Diabetes (affilié à l’école médicale d’Harvard), qui ont étudié des échantillons fécaux de quinze coureurs du marathon de Boston de 2015, une semaine avant la course, et une semaine après l’événement. Ils ont montré, dans une étude publiée le 24 juin dans Nature Medicine, que la bactérie Veillonella était plus abondante après la course. Comment cela fonctionne-t-il ? Veillonella mange l’acide lactique produit lors d’exercices physiques intenses (d’ailleurs à l’origine de crampes) et le transforme en propionate, acide gras à chaîne courte. « C’est cette conversion qui permet d’améliorer les performances », explique Alexsandar Kostic, l’un des auteurs de l’étude, également membre de la start-up Fitbiomics qui travaille à la fabrication de probiotiques pour les athlètes. Gavées de cette bactérie Veillonella atypica, des souris ont vu leurs capacités de temps de course augmentées de 13 % par rapport à celles qui avaient reçu un probiotique « basique », Lactobacilus bulgaricus. Un bémol : « Le mécanisme par lequel ce lactate, présent dans le sang, va passer dans la lumière de l’intestin et est potentiellement transformé en propionate est complexe, et mériterait d’être étudié », explique la professeure Karine Clément (Inserm, Sorbonne université, AP-HP). Les effets positifs du propionate sur le métabolisme sont connus depuis des années. « Les acides gras à chaîne courte reviennent sur le devant de la scène. La question est de savoir comment faire, lorsqu’ils sont administrés, pour qu’ils agissent au bon endroit », explique Karine Clément.
La présence de la bactérie « Veillonella atypica » dans la flore intestinale semble liée à une amélioration de la capacité de temps de course.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/03/le-microbiote-qui-booste-les-marathoniens_5484895_1650684.html
mlsum-fr-1183
Des tubes de collection de preuves ADN en Allemagne, le 17 janvier 2018. DPA / PHOTONONSTOP Tribune. Le projet de loi relatif à la bioéthique soumis au Parlement avait fait le choix de ne pas légiférer sur les tests génétiques vendus directement aux consommateurs. Des amendements déposés par des députés de la majorité proposent de revenir sur cette décision, pour autoriser les tests délivrant des indications d’origines géographiques ainsi que des calculs de distance génétique entre individus, improprement qualifiés de « tests génétiques généalogiques ». En France, le recours aux tests génétiques vendus directement au consommateur est interdit. Notre pays réserve, en effet, un statut exceptionnel à l’information génétique. Les tests ne peuvent être réalisés qu’à des fins médicales, scientifiques, ou dans le cadre d’enquêtes judiciaires, et requièrent dans toutes ces situations l’intermédiation par un professionnel dont les compétences sont validées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean François Delfraissy : « En matière de tests génétiques, interdire peut être contre-productif » Les raisons qui ont présidé à ces choix ont à voir avec les effets collectifs de cette information biologique très particulière. L’ADN est très stable dans le temps. On naît et on meurt peu ou prou avec le même ADN. Il est par ailleurs largement partagé entre personnes d’une même lignée biologique et entre membres d’une même population. L’ADN est ainsi un outil fort efficace pour qui cherche à tracer, sélectionner, discriminer ou assigner des individus à une identité prédéfinie. Les tests concernés par les amendements consistent à examiner un grand nombre de points sur le génome d’une personne et à comparer l’information ainsi obtenue avec celle des bases de données. Ces dernières comprennent les génomes des autres clients et ceux de personnes vivant partout dans le monde, collectés par les entreprises. Deux usages sont alors possibles. Le premier consiste à comparer l’ADN fourni par le client (qui peut ne pas être le sien) avec celui de tous les autres clients, pour identifier d’éventuels apparentés biologiques. L’analyse équivaut à un test de paternité étendu. Le second usage est très différent. Cette fois, l’ADN de l’individu est comparé, en utilisant des calculs statistiques, aux ADN d’un ensemble de personnes regroupées par ethnies ou zones géographiques. L’analyse délivrée fournit des indications de proximité génétique avec ces groupes. Leur qualité est dépendante des bases de données, des critères mobilisés pour catégoriser, qualifier et délimiter les groupes de comparaison et dépend aussi des algorithmes utilisés. Lire aussi Loi de bioéthique : les articles concernant la PMA modifiés à la marge en commission Ces précisions techniques sont importantes. Autoriser l’accès direct des consommateurs à ces tests, c’est remettre en cause un principe fondamental de l’encadrement législatif de la génétique en France : la médiation par des professionnels qualifiés. Ne cédons pas à la tentation de modifier précipitamment ce cadre, au nom d’une prétendue évidence technologique, soutenue par l’enthousiasme sincère de généalogistes mais aussi par des intérêts commerciaux bien compris.
Permettre l’accès direct à ces tests remettrait en cause un principe fondamental de l’encadrement législatif de la génétique en France : la médiation par des professionnels qualifiés, estime un collectif de chercheurs dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/15/tests-genetiques-en-acces-libre-ne-cedons-pas-a-une-evidence-technologique_6015528_3232.html
mlsum-fr-1184
Les cartes bancaires proposées aux 12-17 ans sont souvent gratuites. Silvestre Garcia Ortega/GO Premium / Photononstop « Maman, j’ai besoin de 10 euros pour acheter des fournitures scolaires » ; « Papa, tu peux me donner de l’argent pour aller au McDo avec mes copains demain midi ? » Que les parents qui ne sont pas assaillis par leurs enfants tentant de leur extirper quelques pièces ou billets lèvent le doigt. La solution : équiper son ado d’une carte bancaire. « Cela devient vraiment utile à partir de 16 ans. Avant, il s’agit surtout de les familiariser avec l’usage d’une carte », indique Maxime Chipoy, responsable de Meilleurebanque.com. Reste à choisir dans quelle banque ouvrir un compte. La solution de facilité est de s’adresser à votre banque de réseau. Bonne nouvelle : la carte proposée aux 12-17 ans est souvent gratuite. C’est le cas, par exemple, chez BNP Paribas, Société générale et à La Banque postale, tandis que chez LCL, la carte dédiée aux 12-17 ans est facturée 12 euros par an. Il s’agit d’une carte Visa ou Mastercard, utilisable en France et à l’étranger, pour payer en ligne, sans contact ou avec le code et permettant de retirer de l’argent. Lire aussi Les prix des cartes bancaires font le grand écart Bref, votre ado a droit à une véritable carte bancaire, mais elle est à autorisation systématique : le jeune ne peut pas dépenser plus qu’il n’a sur son compte. Et les parents ont bien entendu le contrôle du compte, dont ils sont légalement responsables. « Les parents peuvent modifier le plafond de dépenses ou de retrait de leur enfant. C’est l’occasion d’une discussion en famille sur la gestion du budget, notamment grâce à la classification des dépenses par thème », précise Laurent Monet, responsable marketing de la banque de détail de BNP Paribas. Ainsi, vous pouvez vérifier chaque mois combien votre enfant a dépensé en restauration, cosmétique ou shopping. Dans les banques de réseau, le mineur peut aussi détenir un Livret A et un Livret Jeunes (12-25 ans). « Pour des raisons de sécurité, le mineur ne peut pas réaliser seul de virement vers ou en provenance de son livret », précise Laurent Monet chez BNP Paribas. Seule banque en ligne à développer une offre destinée aux enfants mineurs dont les parents sont clients, Boursorama propose une appli pour les 12-17 ans. Au menu, des fonctionnalités dédiées, comme la touche « Vite ! J’ai besoin d’argent ». « L’enfant peut envoyer via son appli Kador une demande d’argent à son parent, qui n’a plus qu’à accepter le virement prérempli », précise Aurore Gaspar, directrice générale adjointe de Boursorama.
Dès 12 ans, les jeunes peuvent obtenir une carte bancaire à autorisation systématique. Les réseaux bancaires et les néobanques se disputent ces mini-clients à grand renfort d’innovation.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/06/07/quelle-carte-bancaire-pour-votre-ado_5472630_1657007.html
mlsum-fr-1185
Une unité de production de biométhane, à Sormiou, près de Marseille. BORIS HORVAT / AFP Le gaz « vert » produit à partir de la méthanisation de ressources organiques a de l’avenir ; encore faut-il résoudre l’équation économique pour qu’il prenne une place importante dans la transition énergétique. C’est la conclusion du rapport du groupe de travail sur « le verdissement du gaz » coprésidé par Olivier Appert, membre de l’Académie des technologies, et Philippe Mauguin, PDG de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), qui a été réalisé sous l’égide du comité de prospective de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Article réservé à nos abonnés Lire aussi La filière du gaz renouvelable fait face à des vents contraires Le gaz naturel extrait de gisements terrestres ou marins représente 20 % de l’énergie finale consommée en France et aussi 20 % de ses émissions de gaz à effet de serre. La loi de transition énergétique de 2015 prévoyait que 10 % du gaz utilisé en 2030 devra être produit à partir de différents déchets (agricoles, ménagers, etc.). L’objectif a été ramené à 7 % dans la Programmation pluriannuelle de l’énergie publiée en janvier. Le rapport de la CRE juge cette cible de 10 % « ambitieuse » car elle conduirait à multiplier la production annuelle « par un facteur 30 ». « Elle paraît néanmoins accessible, ajoute-t-il, compte tenu de la dynamique engagée et du nombre de projets en cours. » On ne compte que 700 unités de méthanisation en France, contre 10 000 en Allemagne On ne compte que 700 unités de méthanisation en France, contre 10 000 en Allemagne, où la première filière mondiale repose notamment sur des cultures allouées. Le biogaz présente de nombreux avantages, en plus de sa contribution à la lutte contre le réchauffement climatique et à l’indépendance énergétique, qui justifient l’aide des pouvoirs publics à travers les tarifs de rachat du gaz vert : développement des territoires ruraux, traitement des déchets au profit des agriculteurs dans le cadre d’une économie circulaire, agro-écologie… Le gisement de biomasse (effluents d’élevage, résidus agricoles, déchets agroalimentaires) permet aussi d’« anticiper un développement réel de la filière », ajoute le document. Réduction des aides
Le gouvernement a fixé un objectif de 7 % de biométhane injecté dans le réseau en 2030 et souhaite une baisse de ses coûts de production.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/10/biomethane-ce-gaz-vert-doit-encore-prouver-sa-rentabilite_5487644_3234.html
mlsum-fr-1186
La centrale nucléaire de Bushehr, en Iran, le 3 avril 2007. BEHROUZ MEHRI / AFP Les Européens sont décidés à jouer leur va-tout pour sauver l’accord sur le nucléaire avec l’Iran, mais l’impossibilité de contourner les sanctions américaines leur laisse peu de chances de répondre aux attentes de Téhéran, ont averti leurs ministres des affaires étrangères de l’Union réunis lundi 15 juillet à Bruxelles. « L’accord n’est pas encore mort » et l’Union européenne veut donner à Téhéran la possibilité de revenir sur sa décision de rompre ses engagements, a affirmé le chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, à son arrivée pour une réunion avec ses homologues de l’Union. « L’Iran a pris de mauvaises décisions en réaction à la mauvaise décision des Etats-Unis de se retirer de l’accord et d’imposer des sanctions dont la portée extraterritoriale touche de front les avantages économiques que le pays pouvait retirer de l’accord », a déploré le Français Jean-Yves Le Drian. « Nous souhaitons que l’Iran revienne dans l’accord » et respecte ses engagements, a-t-il insisté. Les Européens déplorent la décision de Téhéran de produire désormais de l’uranium enrichi à au moins 4,5 %, un niveau prohibé par l’accord. Ils veulent croire que cette décision est réversible. Mais Téhéran attend des Européens des « mesures pratiques, efficaces et responsables » pour sauver l’accord. Il est « irréaliste » d’attendre que l’Iran « revienne aux conditions qui prévalaient avant le 8 mai 2019 » sans que les Européens fassent « la preuve de leur volonté politique et de leur capacité » à permettre que l’Iran « bénéficie en pratique » de l’accord, a averti de son côté le porte-parole iranien des affaires étrangères, Abbas Moussavi, dans un communiqué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Iran s’installe dans une logique de tension, risquée mais calculée Effondrement de l’économie iranienne « Si les Européens et les Américains ne veulent pas agir conformément à leurs engagements, nous aussi, en réduisant nos engagements, nous contrebalancerons cela et reviendrons à la situation d’il y a quatre ans », a aussi averti le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique Behrouz Kamalvandi, cité par l’agence officielle IRNA. Les Européens espèrent convaincre les Iraniens de leur volonté de les aider avec l’utilisation de l’Instex, un mécanisme de troc créé pour contourner les sanctions américaines en évitant d’utiliser le dollar. Les achats iraniens en Europe seront compensés par des achats européens pour un montant équivalent en Iran. Dix pays de l’UE se sont engagés à utiliser cet instrument et des pays « non membres de l’UE » vont également rejoindre cette initiative, a annoncé Helga Schmid, l’ajointe de la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini. Mais deux grands pays de l’UE, l’Italie et la Pologne, manquent pour crédibiliser cet instrument, a déploré un diplomate européen de haut rang. La situation est complexe : l’extraterritorialité des sanctions américaines a abouti au retrait d’Iran de nombreuses entreprises européennes. Le commerce s’est effondré. L’Iran ne peut plus non plus exporter son pétrole, et est ainsi privée de l’essentiel de ses revenus. Les exportations de pétrole sont tombées de 1,5 million de barils par jour à 700 000 barils par jour, ce qui est insuffisant pour maintenir une économie viable, souligne-t-on une source européenne citée par l’Agence France Presse. Désaccord avec Washington « Nous ne reconnaissons pas l’extraterritorialité » des lois américaines imposée par Washington, a tempêté l’Espagnol Josep Borrell, désigné pour remplacer l’Italienne Federica Mogherini à la tête de la diplomatie européenne si sa nomination est approuvée par le Parlement européen. L’Espagne a officialisé lundi sa participation à l’Instex, et espère « que cet instrument va permettre des échanges commerciaux », a souligné M. Borrell. Toutefois, a-t-il averti, il faut « éviter la politique du moins pour moins, parce que c’est la voie vers la rupture définitive de l’accord ». « Si l’Iran arrive à posséder l’arme nucléaire, d’autres pays de la région vont l’acquérir et la situation va devenir très dangereuse », a pour sa part averti Jeremy Hunt. « L’Iran n’est pas encore en mesure de développer une arme nucléaire et nous voulons que le Moyen-Orient reste sans armes nucléaires. » Le Britannique a ainsi pris acte des divergences avec Washington : « Nous considérons les Etats-Unis comme notre allié, mais des amis peuvent parfois être en désaccord et l’Iran est une de nos rares occasions de désaccord », a regretté M. Hunt. Il est candidat à la succession de Theresa May à la tête du parti conservateur britannique et au poste de premier ministre. Il est opposé à Boris Johnson, très proche du président américain Donald Trump. Des restrictions américaines à une visite de Javad Zarif à New York critiquées par l’ONU Le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, qui doit participer mercredi 17 juillet à une réunion des Nations unies (ONU) sur le développement durable, s’est vu accorder un visa d’entrée aux Etats-Unis, assorti de limites sur sa capacité à se déplacer, affirme le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo. Au cours de son séjour, l’homme politique iranien, que Wahington a récemment menacé de sanctions, peut se rendre au siège de l’ONU, situé dans l’est de Manhattan, mais il doit rester dans un périmètre restreint autour de ce lieu, qui inclut, à quelques rues de là, l’immeuble abritant la mission iranienne auprès de l’ONU. « Les diplomates américains ne se promènent pas autour de Téhéran, nous ne voyons donc aucune raison à ce que les diplomates iraniens puissent se déplacer librement à New York », a justifié Mike Pompeo au quotidien Washington Post. Selon lui, le chef de la diplomatie iranienne utilise les libertés d’accueil octroyées par les Etats-Unis afin « de diffuser une propagande malveillante ». « Jouer avec le feu » Au courant des « mesures restrictives imposées (…) au personnel de la mission permanente de l’Iran », l’ONU « est en contact étroit avec les missions [diplomatiques] permanentes des Etats-Unis et de l’Iran à ce sujet et a transmis ses préoccupations au pays hôte », a affirmé le porte-parole adjoint de l’ONU, Farhan Haq. Dans un entretien avec la chaîne NBC, M. Zarif a, lui, accusé les Etats-Unis de « jouer avec le feu », tout en assurant une nouvelle fois que son pays ne souhaitait pas se doter de l’arme nucléaire. « Si nous avions voulu développer des armes nucléaires, nous aurions été capables de le faire il y a longtemps », a-t-il ajouté. Visiteur régulier de New York où il participe à des tables rondes et rencontre des médias américains, Mohammad Javad Zarif doit intervenir mercredi à une réunion de l’ONU sur les objectifs de développement durable 2030 organisée par le Conseil économique et social de l’organisation. Le fait que les Etats-Unis n’aient pas imposé de sanctions à son encontre, comme annoncé récemment, est interprété comme le signe d’une volonté de l’administration de Donald Trump de garder un canal de communication possible avec l’Iran. Mohammad Javad Zarif a indiqué récemment au quotidien New York Times que d’éventuelles sanctions ne l’affecteraient pas, ne possédant pas de biens aux Etats-Unis. Lire aussi Nucléaire iranien : Paris, Londres et Berlin appellent à « arrêter l’escalade des tensions »
L’UE veut donner à l’Iran la possibilité de revenir sur la décision de rompre des engagements pris en 2015.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/15/nucleaire-iranien-teheran-previent-qu-il-pourrait-revenir-a-la-situation-d-avant-2015_5489722_3210.html
mlsum-fr-1187
Au siège de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture des Nations unies, à Rome (Italie), en 2014. AFP / VINCENZO PINTO C’est un enjeu crucial dans la stratégie de conquête des organismes onusiens. L’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) renouvellera, le 23 juin, son directeur général, au terme d’une âpre compétition qui voit concourir les candidats de quatre pays : la Chine, la France, la Géorgie et l’Inde. Une campagne d’autant plus tendue que, trois semaines avant le scrutin – dans lequel chaque Etat membre dispose d’une voix –, la candidate française Catherine Geslain-Lanéelle s’est vue bousculée par la révélation, le 3 juin, par le Guardian, d’un mémo du gouvernement américain ­détaillant une série de garanties qu’elle apporterait aux Etats-Unis. « Elle [la candidate française] défendra un projet mondial incluant les intérêts américains. » (mémo de l’administration américaine) Mme Geslain-Lanéelle – qui fait partie des favoris et pourrait devenir la première femme à diriger la FAO – s’est rendue à Washington courant mai et, selon un responsable au fait des discussions, aurait expressément demandé aux Américains d’abandonner leur soutien au candidat géorgien, David Kirvalidze, à son profit. Selon le mémo cité par le quotidien britannique, elle s’est engagée à « ne pas défendre les positions européennes sur la question des biotechnologies et des OGM ». Mouvement d’humeur des Américains « Elle défendra un projet mondial incluant les intérêts américains », précise le mémo, cité par le Guardian, qui ajoute que la délégation américaine s’est aussi inquiétée de la volonté européenne « d’interdire le glyphosate et de réduire l’usage des herbicides ». Selon le document, Mme Geslain-Lanéelle se serait ­engagée à nommer un directeur adjoint américain. Rencontrée par Le Monde, l’intéressée n’a pas souhaité faire de commentaire. La fuite dans la presse européenne de ce mémo interne divulguant ses échanges avec le département d’Etat est un mouvement d’humeur des Américains, qui n’auraient pas apprécié « la campagne de dénigrement de ­Paris, qui laisse entendre que soutenir le Géorgien, c’est assurer la victoire du Chinois ». Présenté comme un partisan du libre-échange et promoteur d’une ­réforme structurelle de la FAO, qui rencontre des problèmes de budget, David Kirvalidze se targue par ailleurs d’avoir « le soutien d’un grand nombre de pays en voie de développement », selon Brett Bruen, l’un de ses conseillers. Mécontentement européen Côté français, on exclut tout faux pas de l’ancienne directrice de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). « Je ne m’en suis jamais caché : je ne souhaite pas devenir directrice générale de la FAO pour défendre les intérêts d’un Etat quel qu’il soit, ou d’un groupe d’Etats, dit-elle au Monde. Je n’ai pas pour ambition d’accaparer la FAO au profit d’intérêts particuliers. »
Catherine Geslain-Lanéelle se serait engagée à défendre les intérêts des Etats-Unis pour s’assurer de leur soutien à la tête de l’organisation onusienne pour l’agriculture et l’alimentation.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/07/guerre-diplomatique-pour-la-presidence-de-la-fao_5473025_3244.html
mlsum-fr-1188
Bastien étudie sur le campus de Clignancourt, au nord de Paris. C’est l’un des sites de Sorbonne Université Vincent Bourdon « J’ai habité toute ma vie à Athis-Mons, dans l’Essonne, une ville qu’on dit cité-dortoir au sud de Paris. Après mon bac S, je me suis inscrit à la rentrée 2018 en licence de géographie à Sorbonne Université. Mon campus se situe porte de Clignancourt, dans le 18e arrondissement de Paris, à une heure trente de transport en commun depuis mon domicile. Soit trois heures de transport par jour. Pendant un an, chaque matin, j’ai pris un bus jusqu’à la gare de Juvisy, puis le RER C jusqu’à Saint-Michel, puis la ligne 4 du métro. Comme mes parents, je suis devenu “navetteur”. J’avais la possibilité d’étudier plus près, à Paris-I, sur le site Pierre-Mendès-France, à quarante-cinq minutes de chez moi. Ou encore aux Grands Moulins de l’université Paris-VII, dans le 13e arrondissement. Mais j’ai choisi Sorbonne Université pour sa renommée, sa bonne place dans les classements et l’accueil que j’ai pu avoir lors des portes ouvertes. La question des transports est une problématique familiale. Mon père, qui est acheteur informatique, travaille à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, à une heure quinze de transport depuis notre domicile. Ma mère, infirmière, travaille au Kremlin-Bicêtre, dans le Val-de-Marne. Elle conduit au minimum une heure trente par jour. J’ai rarement vu mon père rentrer avant 20 h 30. Les grèves, les perturbations sont des sujets de discussion récurrents chez nous. « A cause des transports, j’ai refusé des soirées, et il était tentant de sécher les journées où je n’avais que deux heures de cours. Habiter en banlieue limite aussi les offres de job en fin de journée. » La question d’avoir une chambre dans Paris ne s’est même pas posée. Je ne rentrais pas dans les critères pour accéder à une bourse ou à un logement du Crous, et mes parents ne pouvaient pas me financer un studio. Ce temps de transport a affecté ma vie étudiante. J’ai refusé de me rendre à de nombreuses soirées parce que le dernier RER C passe à 23 heures à cause des travaux de maintenance. Il était tentant de sécher les journées où je n’avais que deux heures de cours et de les récupérer ensuite par des amis parisiens. Habiter en banlieue limite les offres de job en fin de journée, car les employeurs savent que les banlieusards ne souhaitent pas rentrer tard à cause des trajets de retour. Grâce aux cours de géographie, j’ai compris que tout cela faisait partie des discriminations sociospatiales. L’étudiant qui habite à Paris peut se déplacer à vélo, en Noctilien toute la nuit. Nous, les navetteurs, on est toujours en train de calculer notre temps de trajet de retour grâce aux applications, aux alertes, etc. Beaucoup de Parisiennes et Parisiens ignorent totalement le fonctionnement du RER et ses contraintes. Les incidents dans les transports peuvent nous faire rater le début de certains cours même si, étant inscrit en géographie, mes profs se montraient compréhensifs : les navetteurs constituent l’un des sujets largement abordés en géographie urbaine. Avec l’arrivée du Grand Paris Express, j’ai espoir que l’étudiant de demain pourra se déplacer plus facilement, surtout de banlieue à banlieue, mais aussi la nuit. Car, on ne va pas se mentir, un étudiant, ça fait souvent la fête, et quand il n’y a pas de service en dehors de ceux intra-muros les vendredis ou samedis soir, là encore il y a une discrimination. Cet été, j’ai réussi à décrocher un CDD au service relation client grandes lignes de la SNCF, ce qui m’a permis de voir l’envers du décor des transports de masse. Et, depuis cette rentrée, j’ai eu l’opportunité de louer une chambre chez la mère d’un ami qui habite dans le 18e arrondissement et j’ai réussi à me faire embaucher comme bibliothécaire à l’université pour payer ce loyer. Je suis désormais à dix minutes en Vélib’de la fac. »
Bastien, 19 ans, étudiant en licence de géographie à Sorbonne Université, a été « navetteur ». Il raconte son année universitaire faite de compromis et de vie sociale restreinte.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/09/30/de-l-essonne-a-la-sorbonne-trois-heures-dans-les-transports-chaque-jour_6013638_4401467.html
mlsum-fr-1189
C’est une petite musique bien connue des économistes en période de baisse des taux d’intérêt qui s’invite dans le débat budgétaire français. Faut-il laisser filer la dette publique sous prétexte que l’argent ne coûte quasiment plus rien, et en profiter pour investir davantage dans des réformes susceptibles de doper la croissance ou d’enrayer le réchauffement climatique ? Lundi 1er juillet, le taux d’intérêt des obligations d’Etat à dix ans, déjà négatifs depuis la mi-juin, a touché un nouveau record à la baisse. Techniquement, cela signifie que les investisseurs, qui cherchent à tout prix des placements sûrs, sont prêts à perdre de l’argent en prêtant à la France. Or, si le déficit public doit atteindre 3,1 % cette année, il est censé descendre à 2,1 % en 2020, loin du plafond des 3 % fixé par les règles européennes. Il n’en fallait pas plus pour que plusieurs économistes relancent le débat sur l’utilité de s’endetter. Lire aussi La dette de la France devrait frôler les 100 % du PIB en 2019 « Les taux vont rester durablement bas. A mes yeux, il est donc crucial que les gouvernements ajustent leur politique budgétaire à ce nouveau contexte », a déclaré Olivier Blanchard, l’ancien chef économiste du Fonds monétaire international (FMI), interviewé le 21 juin par Le Monde. Mardi 2 juillet, dans Les Echos, il a enfoncé le clou : « Si dépenser 1 % ou 2 % de plus de PIB permet de satisfaire certaines des demandes raisonnables des “gilets jaunes” et de calmer le jeu, je pense que ça en vaut la chandelle. » « Les taux peuvent remonter » Une position encore plus souple que celle des économistes qui ont participé à la campagne d’Emmanuel Macron. « Ralentir le rythme de réduction de la dette paraît rationnel compte tenu de la faiblesse des taux d’intérêt. Mais je plaide pour de l’investissement sur la transition écologique et la recherche plutôt que pour des dépenses courantes », explique Philippe Martin, patron du Conseil d’analyse économique (CAE), qui a participé au programme du candidat Macron en 2017. Jean Pisani-Ferry, autre conseiller du chef de l’Etat pendant la campagne présidentielle, indiquait dans sa dernière chronique dans Le Monde, le 1er juillet, qu’« il ne faut pas s’interdire de financer une partie du coût de la transition [écologique] par l’endettement ». Et appelait à formaliser une initiative en ce sens au niveau européen. « [Après les “gilets jaunes”], on a fait de la politique de la demande. Maintenant, il faut trouver les moyens de réinvestir dans la politique de l’offre et financer des réformes structurelles, comme l’assurance-chômage, les retraites ou la transition énergétique, quitte à ce que la dette augmente un peu », abonde l’économiste Philippe Aghion, qui conseilla aussi le candidat Macron.
Alors que les taux d’intérêt sont très bas, plusieurs économistes proches d’Emmanuel Macron plaident pour lâcher du lest. Du côté de l’Elysée, réduire la dette n’a jamais été une priorité, au grand dam de Bercy et de Matignon.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/04/le-debat-autour-de-la-dette-publique-refait-surface_5485289_823448.html
mlsum-fr-1190
Au sud de Cienfuegos, Punta Gorda. FORGET Patrick / SAGAPHOTO La grande place d’armes est figée dans la chaleur d’une fin de matinée. A l’angle, la musique coule par les fenêtres ouvertes d’un vieux palais aux colonnades bleu ciel qui dresse la coupole de son étrange mirador par-dessus les toits de la ville. Dans la salle du rez-de-chaussée, des gamines, peau claire ou couleur de pain d’épices dans leurs robes satinées, dansent avec des gestes d’Andalouses pour les parents enamourés. Posé sous l’escalier de pierre, entre le drapeau cubain et une plante grasse, le buste de José Marti, père de l’indépendance, est le seul à rester de marbre. Le samedi matin, à Cienfuegos, l’école de danses espagnoles Lembranza donne spectacle dans l’ancien palais Ferrer reconverti en maison de la culture. Et il y a dans ces instants de plaisirs modestes sous les stucs et ferronneries décatis comme un résumé de l’histoire de cette ville qui cultive son charme particulier au sud de Cuba. Deux cent cinquante kilomètres plus au nord, La Havane s’apprête à célébrer son 500e anniversaire en grande pompe. Plus modestement, Cienfuegos a fêté ses 200 ans en avril. Et si la capitale a dû s’inventer un jour mythique de fondation (le 16 novembre), la provinciale, elle, en connaît la date précise : le 22 avril 1819, quand une quarantaine de colons français, menés de Bordeaux ou de Louisiane par « Don » Louis de Clouet de Piettre, un Français au service de la couronne espagnole, se réunirent à l’endroit même de cette place pour se répartir les terres des demeures et plantations autour de la baie de Jagua, l’une des plus belles de l’île. Peu de temps après l’indépendance arrachée par les anciens esclaves d’Haïti (1804), il fallait éviter la « contamination » et blanchir la colonie cubaine. Dix ans plus tard, la ville portuaire prospérait avec le commerce du sucre et était baptisée Cienfuegos, du nom du capitaine-gouverneur de l’île de l’époque. Quant au Français Louis de Clouet, il eut beau être arrogant, tyrannique, coureur de jupons, la ville cultive sa mémoire avec fierté : « C’était un despote, mais un capitaliste intelligent qui avait négocié l’entrée gratuite de la farine dont il était négociant », raconte David Soler, professeur d’histoire du patrimoine à l’université locale, l’un des artisans du classement de la cité par l’Unesco en 2005, « la seule du XIXe dans le monde à avoir ce privilège ». Des rues en damier L’historien amoureux raconte cette place d’armes la plus vaste du pays, où trônent le kiosque à musique et un minuscule arc de triomphe, encadrée par l’ancien palais du gouverneur et son imposante coupole que l’on dirait transportée de Florence, par le Théâtre Tomas Terry, du nom d’un riche vénézuélien à la fois exploiteur d’esclaves et « bienfaiteur », ou par ce palais Ferrer construit au début du XXe siècle pour mettre en scène l’opulence d’un marchand catalan. Il poursuit au fil des rues tracées en damier, le long du paseo (la promenade) et ses maisons tout en colonnades qui offrent deux kilomètres de galeries ombragées jusqu’à la mer. Il apprend à dénicher les ornementations mêlées qui font l’éclectisme architectural, la palette des vitraux polychromes placés au-dessus des portes pour adoucir autant que jouer avec la lumière trop vive des Caraïbes. Il vante cette ville « cohérente et planifiée » entre activités commerciales et fonctions sociales, « aérée pour favoriser l’hygiène publique », loin de l’enchevêtrement des autres cités coloniales. Mais on pense aussi à ce qu’écrivait Wendy Guerra dans son roman Negra, de cette « ville aux rues droites et aux cerveaux tordus » quand « Noirs et Blancs n’y empruntaient pas les mêmes trottoirs ». Les rues d’aujourd’hui, les marchés, les écoles bien sûr, sont mélangés, c’est officiel, il n’y a plus de racisme dans la Cuba castriste. Même si des gens vous expliquent qu’ici, propreté, esprit civique et culture sont plus développés qu’ailleurs parce que la « perle du Sud » accueille peu de ces émigrés venus de l’Oriente, l’est de l’île où la population noire est plus dense. Le port de pêche de Cienfuegos. FORGET Patrick / SAGAPHOTO Moins ostentatoire que celui de La Havane, le centre historique de Cienfuegos n’est pas encore musée. On en remercierait presque Trump et son embargo renouvelé qui a écarté les bateaux de croisière. La ville est toujours cubaine avec ses magasins d’Etat surannés où la répétition du même article veut donner illusion d’abondance à deux pas d’une vitrine de mode des plus contemporaines ; avec son Parti communiste qui tient boutique dans la même rue qu’un hôtel cinq étoiles ; avec son antique cimetière de La Reina, où les statues d’anges et de jeunes filles délicates assistent parfois aux rituels peu catholiques de la santéria ou du palo monte, les religions afro-cubaines. Sur le paseo, la statue en pied de Benny Moré, l’enfant du pays qui fut prince du mambo et du son cubano d’avant la révolution, marche d’un pas décidé sous le regard sévère du Che que le panneau de propagande dit « chevalier sans tache et sans peur » mais dont on ne sait pas s’il avait le sens du rythme. A l’entrée du malecón, la promenade du bord de mer, c’est José Martí qui rumine son aphorisme en lettres rouges, « La patrie est faite du mérite de ses fils » pendant que passent les ados vêtus comme des Yankees en portant leur bocina, énorme enceinte portable qui crache les paroles moins morales du reggaeton. Parasols et cocotiers Ici, le long de la baie, c’est un peu la Floride d’avant, de villas modernistes en palais aux allures pâtissières, jusqu’au Palacio de Valle et ses fantaisies néo-mauresques qui rêvent d’Alhambra et que le mafieux Meyer Lansky avait voulu convertir en casino. On sait gré à la révolution d’avoir ouvert ces bâtiments au public. Evidemment, la plupart sont devenus restaurants ou hôtels, la terrasse de l’ancien Yacht Club et son coucher de soleil qu’accompagne l’orchestre ne sont pas à la portée de toutes les bourses quand la bière coûte un quatorzième du salaire moyen. Mais sur la petite plage de la pointe (Punta Gorda), l’ombre de la rotonde, le filet de volley, les vagues et les glaces du marchand sont à tout le monde. C’est écrit dans la constitution, les plages de Cuba sont théoriquement « propriété socialiste de tout le peuple », malgré les interdictions passées par peur des fuites dissidentes ou les actuelles « privatisations » tentées par certains hôtels. Mais à Rancho Luna, « la » plage de Cienfuegos à vingt minutes en voiture, c’est bien le pays réel qui, le week-end, profite sous les parasols en paille et les cocotiers : des dames barbotent dans l’eau turquoise et papotent sous un parapluie en guise d’ombrelle, des gamins jouent aux dominos, des manèges antiques tournent dans un bruit de ferraille, des jeunes filles à la démarche de danseuse vont faire les belles sous la pergola où sonnent les rythmes latinos pendant que les garçons se la jouent rappeurs, un gobelet à la main puisque la chaleur ne décourage personne d’arroser la journée de rhum. De l’autre côté de la baie, accessible en ferry, les tourelles et les canons d’une forteresse du XVIIIe siècle très bien conservée, gardent le chenal d’entrée face aux pirates des Caraïbes (un trésor de Francis Drake, dit la légende, reposerait toujours quelque part au fond des eaux). Les remparts dominent le moutonnement vert sombre des collines où est enfouie l’histoire des aborigènes Tainos et Siboney d’avant l’homme blanc. Mais on aperçoit aussi les restes d’une centrale nucléaire que les amis soviétiques n’ont jamais pu achever. Au pied du fort, une petite communauté de pêcheurs vivote en attendant mai et la saison du vivaneau venu du golfe du Mexique, « la corrida del pargo », période de fête et d’abondance. Saily, femme de pêcheur, a dressé une table sous la véranda pour le déjeuner de soupe de poissons, langouste ou filet grillé. La « restauratrice », sociologue de formation, est aussi responsable du musée de la forteresse. Personne n’a qu’un métier à Cuba. C’est ainsi que le soir, de retour en ville et à la « casa particular », version cubaine du bed and breakfast, on partage quelques rhums avec le propriétaire et la cuisinière de l’excellent dîner. Quand elle n’est pas employée ici, trois soirs par semaine, Kryster enseigne la psychologie à l’université, met en scène au théâtre, écrit des poèmes ou des nouvelles. Et l’esprit de Cienfuegos flotte dans la douceur de la nuit. Carnet de route Notre journaliste a réalisé son reportage avec l’aide de Voyageurs du monde. Y aller Outre un passeport en cours de validité, le visiteur doit être muni d’une « carte de tourisme » à retirer auprès du consulat de Cuba à Paris. Tout voyageur doit également présenter une assurance voyage. Air France assure des vols directs quotidiens pour Cienfuegos au départ de Paris CDG, à partir de 566 euros. Air Caraïbes propose un vol direct au départ de Paris Orly pour La Havane à partir de 486 euros ainsi qu’un vol direct Paris Orly pour Santiago de Cuba à partir de 686 euros. Voyageurs du monde propose une échappée de 11 jours incluant les vols, à La Havane, Cienfuegos et Trinidad. Au programme, rencontres avec personnalités locales (artistes ou historien), balade de nuit en voiture américaine à La Havane avec guide francophone, entrée à la Fabrica de arte cubano (FAC)… A partir de 3 300 euros. https://www.voyageursdumonde.fr/voyage-sur-mesure/recherche-voyage/voyage-cuba Se loger Casa Buena Vista A cinq minutes à pieds du paseo, sur la rue Arguelles, cette ancienne demeure traditionnelle avec son long patio sur lequel ouvrent les huit chambres est un havre très agréable, tant par la décoration soignée que par la qualité des repas, simples mais raffinés. Les jus et les fruits du petit déjeuner sont un régal. A partir de 85 euros. Hôtel La Union Situé en centre-ville, ce quatre-étoiles (cubaines) est l’une des institutions de Cienfuegos. Un joli patio, une décoration confortablement surannée, une parfaite qualité du Wi-Fi (rarissime à Cuba)… On a préféré cet établissement au cinq-étoiles clinquant que gère le même groupe espagnol à quelques pas. A partir de 103 euros. Déjeuner/dîner Camila’s Au bout du Malecon, la terrasse, que l’on dirait posée sur l’eau, est très agréable. Zarzuela de fruits de mer, poisson, calamars ou crevettes al ajillo (ail, persil, jus de citron et huile d’olive) et surtout langouste, les plats sont bons et les portions généreuses. Environ 18 euros le plat. La Roca del Sur Dans une villa à deux pas du Malecon, Oscar Rodríguez et Manuel Campos viennent de reprendre le restaurant pour en faire l’un des favoris de la population locale. Une cuisine qui cultive l’esprit et les saveurs de cette ville maritime avec, par exemple, un filet de poisson avec huile d’olive, origan et tomates épépinées, simple mais délicieux. Environ 20 euros. Club Cienfuegos Sur le Malecon, l’ancien Yacht Club offre une jolie terrasse pour un verre en attendant le coucher du soleil. L’orchestre n’oublie aucun standard du Buena Vista Social Club. Shopping Artemoda Il n’y a pas que les cigares ou le rhum. Dans un ancien bazar de l’avenidad 54, la rue piétonne et commerçante, la créatrice Lourdes Trigo a ouvert cet atelier-boutique de mode qui propose de jolies tenues à des prix agréables au regard de ceux pratiqués à Paris.
Sur l’une des plus belles baies de l’île, au bord de la mer des Caraïbes, la ville portuaire a gardé le charme du Cuba d’antan, entre palais néomauresques, maisons à colonnades et kiosque à musique.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/04/cienfuegos-l-autre-cuba_6014213_4497319.html
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Graffiti du Front islamique du salut (FIS) en janvier 1992, à Alger. ABDELHAK SENNA, ANDRE DURAND/AFP L’islamophobie est une notion contestée en elle-même puisque, de par sa seule énonciation, elle a pour effet d’entraîner de profonds clivages au sein de ce qu’on peut appeler la gauche radicale. Ce que recouvre exactement cette notion – hostilité au port du voile, du burkini, aux sorties d’enfants accompagnées par des femmes voilées ou au patriarcat et au machisme imputés aux sociétés musulmanes – fait l’objet de débats récurrents. Au-delà de ces controverses, le rejet de la notion d’islamophobie par une partie de la gauche et de l’extrême gauche se définissant prioritairement comme laïque a des racines historiques qui remontent à la lutte anticoloniale, et notamment à celle pour l’indépendance de l’Algérie. Reportons-nous à la période de la fin des années 1950 et au début des années 1960, c’est-à-dire à celle de la guerre d’Algérie, période que j’ai connue et pendant laquelle j’ai milité en faveur de la paix et de l’indépendance de ce pays. C’est également à des générations proches qu’appartiennent Henri Peña-Ruiz et Jean-Luc Mélenchon qui ont été marqués par la guerre d’Algérie et qui sont, aujourd’hui, directement ou indirectement au cœur de la tourmente qui affecte La France insoumise. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Henri Pena-Ruiz : « La liberté de critiquer une vision du monde » On peut avancer que, pour tous ceux qui ont lutté en faveur de cette cause, leur relation avec le FLN et les insurgés algériens est restée affectée par un profond malentendu. En effet, l’engagement de ces militants en faveur de la cause algérienne a fait l’objet d’une occultation et d’une préférence inavouée. L’occultation tient à l’aveuglement concernant la nature profondément musulmane du peuple algérien dans son ensemble. Ceux qui soutenaient sa lutte étaient des militants d’extrême gauche, communistes ou non, « porteurs de valises » ou non. A l’époque, ils n’accordaient aucune attention à la religion, si ce n’est pour la caractériser comme un « opium du peuple » et donc un instrument de domination, en aucun cas un outil de libération des peuples opprimés. La révolution algérienne n’était pas une révolution laïque C’est donc sur une base anti-impérialiste universaliste que s’est opéré le soutien au peuple algérien dans sa lutte pour l’indépendance. Les Algériens étaient considérés, à juste titre d’ailleurs, comme des sujets coloniaux opprimés par l’impérialisme français, mais n’était pas du tout prise en compte l’oppression culturelle et religieuse dont ils avaient été victimes sous le colonialisme. Pour ces militants, dans le cadre de la révolution algérienne, une double libération devait donc être obtenue : par rapport à la France et par rapport à la culture arabo-musulmane. Or, la révolution algérienne n’était en aucun cas une révolution laïque. C’était une révolution nationaliste, même si ses aspects culturels et religieux n’étaient pas mis en avant par les leaders indépendantistes algériens eux-mêmes.
L’engagement des militants anticoloniaux français pour l’indépendance de l’Algérie, marqué par l’occultation de l’islam, explique les positions actuelles d’une partie de la gauche, soutient l’anthropologue.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/31/jean-loup-amselle-l-islamophobie-de-gauche-a-des-racines-qui-remontent-a-la-lutte-anticoloniale_5504794_3232.html
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Au Future Investment Initiative, à Riyad, le 25 octobre 2018. GIUSEPPE CACACE / AFP Pertes & profits. Comme le temps passe, et comme l’indignation est éphémère ! Politiques de premier plan et patrons de multinationales se presseront en masse au Future Investment Initiative (FII), qui s’ouvre pour trois jours à Riyad, mardi 29 octobre, sous le haut patronage du prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Salman, alias « MBS ». Rien n’y fait, une ombre planera sur le « Davos du désert » : celle de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien et opposant au régime, assassiné le 2 octobre 2018. Une élimination dont la CIA – mais pas le président américain, Donald Trump – a imputé la responsabilité au fils du roi Salman. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Arabie saoudite : un an après, le meurtre de Khashoggi hante toujours le prince héritier Ben Salman Mais le monde des affaires, lui, a déjà oublié le chroniqueur du Washington Post. Fini le boycott de certaines grandes figures de l’industrie et de la finance. L’ouverture économique d’un pays peut entraîner l’ouverture de sa société, plaident de nombreux patrons, qui jugent les saintes indignations sans effet. « Les entreprises qui travaillent en Arabie saoudite veulent souvent éviter de parler de leurs activités, explique sur LinkedIn Larry Fink, PDG de BlackRock, premier gestionnaire d’actifs au monde. Il faut faire le contraire. Les dirigeants doivent dialoguer publiquement sur ce sujet. Non pas parce que tout est parfait en Arabie saoudite, mais justement parce que tout ne l’est pas. » Diversification Pour le royaume wahhabite, qui veut attirer des investissements étrangers, ce forum annuel est essentiel. L’objectif n’a pas changé depuis que « MBS » a présenté son plan Vision 2030 en avril 2016 : en finir avec la dépendance de la société saoudienne à la rente pétrolière. Sans investisseurs américains, arabes, européens et asiatiques de long terme, pas de diversification dans l’industrie, la haute technologie ou le tourisme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le tourisme et la culture à la place de l’or noir ? En Arabie saoudite, on en est encore loin » La Banque mondiale se félicite du « nombre record de réformes commerciales » réalisées en 2019 pour faciliter les affaires, et le Fonds monétaire international de mesures structurelles comme la création d’une TVA et la libération du prix de l’énergie. Mais les flux de capitaux ne sont pas au rendez-vous dans un pays frappé par une faible croissance qui, de surcroît, inquiète par ses ambitions politiques régionales. Et malgré la présence à Riyad de poids lourds de Wall Street, du secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, et du gendre conseiller de Trump, Jared Kushner, l’allié américain a d’autres priorités que d’aider au développement de l’Arabie saoudite. Lors de sa rencontre avec « MBS », en juin, le président s’était surtout félicité des 400 milliards de dollars (361 milliards d’euros) de capitaux saoudiens investis ces dernières années aux Etats-Unis.
Le monde des affaires se presse à la Future Investment Initiative qui s’ouvre, mardi, à Riyad. Un forum annuel essentiel pour attirer les investissements étrangers et en finir avec la dépendance du pays à la rente pétrolière, explique Jean-Michel Bezat, journaliste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/28/en-arabie-saoudite-le-davos-du-desert-refait-le-plein-un-an-apres-l-assassinat-de-khashoggi_6017183_3234.html
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De gauche à droite : la Nigériane Asisat Oshoala, la Camerounaise Gabrielle Onguéné et la Sud-Africaine Janine van Wyk. AFP Lors de la dernière Coupe du monde féminine de football, en 2015 au Canada, les trois sélections africaines étaient le Nigeria, le Cameroun et la Côte d’Ivoire ; et seules les Lionnes indomptables avaient franchi le premier tour, avant d’être éliminées par la Chine en huitième de finale. Cette année en France, du 7 juin au 7 juillet, l’Afrique du Sud, dont ce sera la première apparition à ce niveau, remplace la Côte d’Ivoire. Lire aussi Les cinq footballeuses africaines avec qui il faudra compter en 2019 Le tirage au sort s’est hélas montré peu clément pour ces trois équipes. Le Nigeria a hérité de la France, de la Norvège et de la Corée du Sud ; l’Afrique du Sud de l’Allemagne, de la Chine et de l’Espagne ; tandis que le Cameroun est sans doute celui qui s’en sort le mieux, avec le Canada, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande. Nigeria : le géant africain Le palmarès continental des Nigérianes est révélateur de la domination exercée par les Super Falcons en Afrique. Elles ont remporté onze des treize Coupes d’Afrique des nations (CAN), dont les trois dernières éditions (2014, 2016 et 2018), et leur plus mauvais classement (4e) remonte à 2012. Au Nigeria, le football féminin s’est développé plus rapidement que dans de nombreux autres pays, même si les moyens alloués aux filles, et notamment à la sélection nationale, restent très éloignés de ceux dont bénéficient les garçons. Lire aussi La Coupe du monde féminine de football, nouvel eldorado économique Au niveau mondial, le Nigeria, même s’il a atteint les quarts de finale des Jeux olympiques d’Athènes en 2004, ne parvient pas à franchir un cap. Son bilan lors de ses sept participations à la Coupe du monde le prouve, puisqu’il n’a réussi à franchir le premier tour qu’une seule fois, en 1999, et n’a remporté que trois de ses 22 matchs en phase finale, le dernier en 2011 face au Canada. Alors pour tenter de conjurer le mauvais sort, la fédération a décidé de mettre les moyens nécessaires. Elle a engagé en 2018 le très méticuleux Thomas Dennerby, ancien sélectionneur de la Suède (2005-2012), troisième de la Coupe du monde 2011, pour un salaire mensuel de 23 000 euros. Et pour bien préparer le Mondial, un programme fourni, avec des matchs en Europe et en Chine, a été élaboré. Dans son effectif, Dennerby peut notamment s’appuyer sur sa star, Asisat Oshoala (attaquante du FC Barcelone, en Espagne), la capitaine, Desire Oparanozie (Guingamp, France), et la prometteuse Rasheedat Ajibade (Avaldsnes IL, Norvège). Les Nigérianes, qui affronteront deux puissances du football féminin (la France et la Norvège), devront tenter de vaincre les a priori négatifs qui escortent leur passé en Coupe du monde. Cameroun : comme en 2015 ? En Afrique, le Cameroun est un peu perçu comme un perdant magnifique. Il a atteint quatre fois la finale de la CAN, mais sans jamais la remporter, et en novembre 2018 à Accra, le Nigeria, son habituel bourreau, l’a battu en demi-finale à l’issue d’une séance de tirs au but. Cela n’a pas empêché les Lionnes de se qualifier pour la Coupe du monde, mais l’argument n’a pas été suffisant pour que Joseph Ndoko soit maintenu au poste de sélectionneur. Celui-ci a été limogé quelques semaines plus tard au profit d’Alain Defrasne Djeumfa, qui n’avait jamais travaillé avec une équipe féminine. Ce changement majeur au sein du staff technique a interpellé les joueuses, surprises du tempo donné par la fédération. Lire aussi Ces onze femmes qui font tourner le ballon rond africain Mais les Camerounaises, parvenues en huitième de finale en 2015, se sont adaptées. Elles visent le même objectif cette année et leurs chances sont réelles. Le nouveau sélectionneur, qui a convoqué huit joueuses évoluant dans le championnat local, peut également s’appuyer sur ses expatriées. Parmi elles, l’expérimentée Gabrielle Onguéné (CSKA Moscou), considérée comme une des meilleures footballeuses africaines ; Raïssa Feudjio (UDG Tenerife, Espagne) ; Gaëlle Enganamouit (sans club) ; ou encore Augustine Ejangue (Arna-Bjornar, Norvège). Les Lionnes ont également réussi à attirer ces dernières années des binationales, comme Marie-Aurelle Awona (Dijon FCO, France) ou Michaela Abam (Paris FC), née aux Etats-Unis. Afrique du Sud : une équipe fébrile Les dernières sorties des Sud-Africaines avant la Coupe du monde n’ont pas contribué à rassurer ceux qui les imaginaient avoir du mal à exister dans un groupe particulièrement relevé (Allemagne, Espagne, Chine). Une défaite contre les Etats-Unis (0-3), une autre face à la Norvège (2-7), aucune victoire en neuf matchs amicaux disputés en 2019 et des inquiétudes grandissantes avant d’affronter l’Espagne, samedi 8 juin au Havre : l’Afrique du Sud s’attend à souffrir et la sélectionneuse Desiree Ellis, qui a succédé à la Néerlandaise Vera Pauw, connaît l’immensité de sa mission. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Football féminin : vers la fin de l’hégémonie des Etats-Unis ? Présente en France grâce à la seconde place obtenue lors de la CAN 2018 au Ghana, l’Afrique du Sud s’appuie essentiellement sur des joueuses évoluant dans le championnat local, un des mieux structurés du continent, créé en 1996. Sa star, Thembi Kgatlana, s’est quant à elle exilée aux Etats-Unis d’abord, en Chine ensuite (Beijing BG Phoenix). Meilleure joueuse et buteuse lors de la CAN 2018, elle sera l’un des principaux atouts d’une équipe articulée autour de la capitaine, Janine van Wyk (JVW FC, Afrique du Sud), par ailleurs engagée dans la lutte pour la défense de la communauté homosexuelle. L’histoire récente rappelle que les Banyana Banyana, quatre fois finalistes de la CAN, ont aussi participé aux Jeux olympiques de 2012 et 2016. A Rio, certaines des joueuses retenues pour cette Coupe du monde étaient déjà présentes. Cette sélection ne manque pas d’expérience internationale, mais après une CAN réussie, les résultats très décevants enregistrés depuis le début de l’année face à des équipes d’autres continents sont venus rappeler aux Sud-Africaines que le niveau mondial se situe un cran au-dessus.
Le Nigeria, le Cameroun et l’Afrique du Sud n’ont pas été épargnés par le tirage au sort. Passage en revue de leurs forces et faiblesses.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/06/coupe-du-monde-feminine-ce-qu-il-faut-savoir-des-trois-selections-africaines_5472495_3212.html
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De jeunes Irakiens apprennent à la télévision la mort du leader de l’Etat islamique, Abou Bakr Al-Baghdadi, à Najaf, le 27 octobre. ALAA AL-MARJANI/ REUTERS Si elle semble avoir été préparée depuis un certain temps, vu son ampleur, l’attaque de la base malienne d’Indelimane vient conforter à point nommé la propagande l’organisation Etat islamique (EI). Alors que sa direction centrale a été décimée ces derniers mois dans une série de revers qui a culminé avec la mort de son chef Abou Bakr Al-Baghdadi et de son porte-parole, tués le week-end passé, l’organisation peut revendiquer une première attaque d’envergure loin des terres de ses récentes défaites. Et maintenir le mythe d’une organisation en expansion. Réagissant rapidement à la mort de son chef, l’EI, qui s’est désigné un nouveau « calife », Abou Ibrahim Al-Hachémi, a commencé à diffuser les images de serments d’allégeance de ses troupes à leur nouveau leader. Le choix des lieux de ces mises en scène, le Sinaï égyptien, le Bangladesh ou la Somalie, n’est pas anodin. Affaiblissement en Irak et en Syrie Au fur et à mesure de son affaiblissement en Irak et en Syrie, l’organisation a concentré ses efforts et sa communication en direction de ses branches régionales, tout en se démarquant progressivement de son projet de proto-Etat dans le Levant. Parmi ses cibles prioritaires : le continent africain, où l’organisation djihadiste cherche à se greffer sur des dynamiques endogènes en parrainant de petits groupes djihadistes locaux comme en Afrique centrale ou de l’Est. Ou en s’adossant à des mouvements implantés de longue date comme au Sinaï, au Sahel, ou sur les îles et les rives du lac Tchad dans le sillage de Boko Haram. Dans sa seconde et ultime apparition vidéo, en avril, Abou Bakr Al-Baghdadi, alors terré dans une cache de la province irakienne d’Al-Anbar, selon les services de renseignements de Bagdad, avait remercié les groupes qui lui avaient prêté allégeance, en citant notamment le Burkina Faso et le Mali. « Nous leur recommandons à tous d’attaquer leurs ennemis et d’épuiser toutes leurs capacités – humaines, militaires, économiques et logistiques », disait-il. S’adressant à l’« émir » de l’EI pour le Grand Sahara, Abou Walid Al-Sahrawi, actif dans le Sahel, il l’avait alors exhorté à intensifier les attaques contre la France. Le nouveau porte-parole de l’EI a, lui, expressément mentionné « l’Afrique centrale » dans l’enregistrement audio qu’a diffusé l’organisation le 31 octobre, en annonçant la nomination du successeur d’Al-Baghdadi. Selon les éléments biographiques distillés par l’organisation à travers le message audio de son nouveau porte-parole, il apparaît que le nouveau « calife » Abou Ibrahim Al-Hachémi est un vétéran du djihad irakien – la guérilla qui a suivi l’occupation de l’Irak par les Etats-Unis dans les années 2000. Et probablement irakien lui-même.
A la tête d’une organisation affaiblie dans son berceau irako-syrien, le nouveau chef de l’EI cherchera à maintenir l’unité du groupe à l’échelle mondiale.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/04/l-ei-joue-une-partie-de-son-avenir-loin-de-ses-terres_6017920_3210.html
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Fissure dans le sol apparue en Californie après un séisme, en juillet. Marcio Jose Sanchez / AP • En Californie, le « réveil » inquiétant d’une faille inactive depuis près de cinq cents ans. • Pour la première fois, des mesures confirment que la fusion d’étoiles à neutrons donne naissance à des éléments chimiques lourds, en l’occurrence du strontium. • Le PDG d’Arianespace voit bien la future fusée Ariane-6 transporter du matériel sur la Lune. • En raison de la fonte de leur pergélisol, les régions arctiques émettent désormais plus de carbone qu’elles n’en absorbent. • Les dauphins roses d’Amazonie sont contaminés par le mercure qu’utilisent les orpailleurs de la région. • La piste de l’aducanumab, une molécule testée pour lutter contre la maladie d’Alzheimer, avait été abandonnée il y a quelques mois faute de résultats probants. Après une réanalyse des données, le laboratoire Biogen lui trouve bien un effet ralentisseur. Lire aussi ici pour des explications en français. • En faisant grandir in vitro de minicerveaux humains, des chercheurs ont-ils franchi un Rubicon éthique ? (en anglais) • Il était sobre mais son système digestif fabriquait de l’alcool à son insu… (en anglais) • A l’occasion des 500 ans de la mort de Léonard de Vinci, le CNRS propose un dossier interactif sur l’artiste italien. • En Croatie, des chiens pour aider les archéologues à retrouver des tombes datant de l’âge du bronze. (en anglais) • Paléoanthropologie : depuis le début du siècle, de nombreuses découvertes ont rafraîchi l’histoire de l’humanité. Libération en dresse la chronologie. • Comment, alors qu’ils vivaient à l’ombre des dinosaures, les premiers mammifères ont « explosé ». (en anglais) • Cette semaine, le dossier du supplément « Science & Médecine » du Monde était consacré à la chauve-souris et aux chercheurs qui se passionnent pour ce supermammifère. (abonnés) • Des chercheurs publient le premier atlas… des vers de terre. • Comment les mouches s’y prennent pour atterrir au plafond, la tête à l’envers. (en anglais) • Dans les collections d’oiseaux et de mammifères des grands muséums d’histoire naturelle, les spécimens mâles sont surreprésentés. • Pour finir, je vous suggère la lecture de ce texte sur l’intelligence artificielle, intitulé « Pourquoi votre chat est nul aux échecs et pourtant plus intelligent qu’une IA ». Nota bene : le « Passeur » s’absentant quelque temps, il n’y aura pas de sélection scientifique les deux prochaines semaines. A bientôt !
Au menu de la 370e sélection hebdomadaire : des chiens pour aider les archéologues, le carbone qui s’échappe des régions arctiques, le premier atlas des vers de terre, etc.
https://www.lemonde.fr/passeurdesciences/article/2019/10/25/reveil-d-une-faille-en-californie-et-autres-infos-scientifiques_6016922_5470970.html
mlsum-fr-1196
La partie peut commencer. En jeu, la prochaine élection, en 2020, à la présidence de la Fédération française de rugby (FFR), l’une des plus importantes organisations sportives du pays. Florian Grill, dirigeant de la Ligue d’Ile-de-France, devait annoncer, mardi 25 juin en fin de matinée, au stade Charléty, dans le 13e arrondissement de Paris, ce que beaucoup pressentaient déjà : c’est lui qui conduira une liste d’opposition pour tenter de déloger Bernard Laporte, élu président de la FFR en décembre 2016 et futur candidat à sa propre succession. Baptisée « Ovale ensemble », cette liste entend « restaurer l’image du rugby français » pour inscrire la gouvernance fédérale dans « une démarche primordiale d’éthique et d’exemplarité ». Elle tire son nom d’un compte Facebook actif depuis 2017. Son administrateur demeure anonyme, mais il ne s’agit pas de Florian Grill, jure celui-ci. Florian Grill, 53 ans, n’est pas encore connu du grand public. Le 23 juin, il signait une profession de foi dans Le Journal du dimanche (JDD) qui présentait son équipe. A ses côtés, onze signataires. Des dirigeants qui représentent le monde amateur, comme lui, mais aussi d’anciens joueurs internationaux (Serge Blanco, Fabien Pelous, Jean-Claude Skrela, Jean-Marc Lhermet, Eric Champ). « Coup de chapeau aux grands noms qui m’entourent d’avoir su comprendre qu’il fallait un cheminement différent, qu’il fallait donner une voix prioritaire à la partie cachée de l’iceberg, parce que c’est elle aussi qui redonnera du sens et des valeurs au rugby », explique la tête de liste au Monde. « Un chantier monstrueux » Ah, les proverbiales valeurs de l’Ovalie ! Selon Florian Grill, la présidence de Bernard Laporte les a détériorées de façon « cataclysmique » : « Il faut quand même s’en rendre compte, l’image du rugby est battue en brèche. Je n’ai pas envie que l’on parle du rugby qu’autour des affaires et du “business”, il y a un chantier absolument monstrueux. » Depuis décembre 2017, le Parquet national financier (PNF) se penche sur un potentiel conflit d’intérêts entre Bernard Laporte et Mohed Altrad. Le second dirige le club de Montpellier, mais également une entreprise internationale de matériel de construction, avec laquelle le premier avait conclu un contrat d’image ; jusqu’à ce que Le JDD en ait révélé l’existence et l’ait contraint à y renoncer. Lire aussi Pour répondre à la presse, la FFR de Bernard Laporte choisit les tribunaux Dans l’un de ses seize « chantiers » thématiques, le programme de la liste Grill mentionne la nécessité d’« interdire toute relation d’affaires avec la FFR pour un élu ou un salarié ». Le programme prévoit aussi d’« interdire statutairement la démission d’élus pour devenir salariés de la FFR ». Ce point-là renvoie à un épisode précis. Dès le début de l’année 2017, Annick Hayraud et Philippe Rougé-Thomas quittaient leurs sièges au comité directeur pour occuper des postes rémunérés, dans la mesure où la FFR avait déjà atteint son plafond de trois élus rémunérés : Serge Simon (vice-président), Christian Dullin (secrétaire général) et Alexandre Martinez (trésorier général).
La liste de Florian Grill, qui veut « restaurer l’image du rugby français », se lance, ce mardi, en vue de l’élection à la présidence de la FFR, en 2020.
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2019/06/25/l-opposition-au-president-de-la-federation-francaise-de-rugby-bernard-laporte-se-met-en-place_5481146_1616937.html
mlsum-fr-1197
La « nuit de solitude et d’inconscience » dans laquelle Vincent Lambert était « emmuré » depuis un accident de la route en 2008 – selon l’expression du rapporteur public du Conseil d’Etat en juin 2014 – a pris fin. L’ancien infirmier psychiatrique est mort, jeudi 11 juillet peu après 8 heures, à l’âge de 42 ans, à l’hôpital Sébastopol de Reims (Marne), neuf jours après le début de l’arrêt de la nutrition et de l’hydratation artificielles qui le maintenaient en vie. Ainsi s’achève ce drame familial où décisions médicales et décisions de justice se sont succédé sans discontinuer depuis le 11 mai 2013, date à laquelle le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne avait ordonné en urgence la reprise de la nutrition et de l’hydratation de cet homme tétraplégique en état végétatif chronique, dont les lésions cérébrales ont été jugées irréversibles. Hors norme, l’affaire a eu un écho médiatique et politique considérable, allant jusqu’à susciter une prise de position officielle d’Emmanuel Macron, par un message publié le 20 mai sur Facebook dans lequel il assurait qu’il ne lui « [appartenait] pas de suspendre une décision qui relève de l’appréciation de ses médecins et qui est en conformité avec nos lois » mais « d’entendre l’émotion suscitée ». En arrière-plan permanent, la question de la légalisation de l’euthanasie. « J’ai parfois l’impression que tout le débat sur la fin de vie se joue dans cette chambre [d’hôpital], autour de mon mari », a écrit Rachel Lambert, l’épouse de Vincent Lambert et la mère de sa fille, née quelques semaines avant l’accident, dans Vincent : parce que je l’aime, je veux le laisser partir (Fayard), en 2014. Lire aussi Affaire Vincent Lambert : tout comprendre en 8 dates « Vie purement biologique » Cette année-là, la France entière parle de cette affaire de fin de vie qui s’est invitée au journal télévisé quelques mois plus tôt. Qui n’a pas son avis sur la décision qu’il conviendrait de prendre ? « Il n’y a pas de référendum à avoir sur la situation de mon époux. Qui le supporterait pour sa propre vie ? », réagit Rachel Lambert lors de l’examen de l’affaire par le Conseil d’Etat. Après une phase de coma profond, son mari a été diagnostiqué en 2011 en « état de conscience minimale » au centre de recherche sur le coma (Coma Science Group) de Liège, en Belgique. Selon ces médecins, il ne faut plus s’attendre à une amélioration. Depuis le début de l’année 2013, l’équipe de soignants a noté des comportements inhabituels d’opposition lors des soins, faisant « suspecter » un refus de vivre, et les a conduits à mettre en place un protocole d’arrêt des traitements, comme le prévoit la loi Leonetti.
Le sort de cet ancien infirmier de 42 ans a provoqué une bataille familiale et un long feuilleton juridique, médiatique et politique, avec en arrière-plan permanent, la question de la légalisation de l’euthanasie.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/11/vincent-lambert-est-mort_5488017_3224.html
mlsum-fr-1198
La police utilise des canons à eaux pour disperser les manifestants, mercredi 12 juin, à Hongkong. TYRONE SIU / REUTERS Face à l’afflux de manifestants depuis la veille au soir aux abords du Parlement de Hongkong, à Tamar Square, le gouvernement a cédé, mercredi 12 juin, au moins momentanément, en repoussant la présentation en session plénière du projet de loi extrêmement controversé sur les extraditions vers la Chine continentale, qui devait commencer dans la journée. Lire aussi Manifestation massive à Hongkong contre un projet de loi d’extradition vers la Chine Les forces de l’ordre ont fait usage de matraques et de gaz poivre pour tenter d’empêcher les manifestants, armés de parapluies et les yeux protégés de lunettes, d’édifier des barricades. Le chef de la police, Stephen Lo, a défendu ses troupes, déclarant qu’elles avaient fait preuve de « retenue » jusqu’à ce que des « gangsters » tentent de prendre le Conseil législatif (LegCo, Parlement). « Les députés seront prévenus du nouvel horaire ultérieurement », annonce le communiqué du président du Parlement, Andrew Leung. La veille, ce dernier avait réaménagé tout le calendrier du Parlement pour aboutir à un vote jeudi 20 juin, une semaine plus tôt que la date prévue. Un changement qui indiquait le souhait d’en finir le plus vite possible avec ce projet de loi, que le gouvernement avait l’intention de faire passer en force, la majorité des sièges étant acquis au camp pro-Pékin. Demi-mesure La demi-mesure annoncée ce matin est donc loin de satisfaire les manifestants, qui réclament un abandon pur et simple de ce texte, dans lequel ils voient une brèche dans l’Etat de droit dont bénéficie Hongkong, dont le système juridique est autonome par rapport à celui de la Chine. Malgré la très forte présence policière, l’afflux de manifestants mercredi dans le quartier du gouvernement a forcé l’arrêt du trafic, créant des scènes qui, en quelques heures, ont rappelé la révolte des parapluies de l’automne 2014. Pendant soixante-dix-neuf jours, le même quartier, Admiralty, avait été occupé par des dizaines de milliers de jeunes manifestants réclamant une vraie démocratie. Malgré une tentative de dialogue qui avait eu lieu entre Carrie Lam, alors secrétaire en chef du gouvernement précédent, et une délégation d’étudiants, l’énorme mobilisation n’avait pas obtenu l’objectif espéré d’instaurer un véritable suffrage universel à Hongkong. Mercredi matin, la consigne a été donnée aux fonctionnaires de ne pas se rendre au bureau et pour ceux qui y étaient déjà, de rester sur place. Ailleurs dans la ville, plusieurs voitures se sont arrêtées au milieu de certaines artères stratégiques, dans le but apparent d’interrompre la circulation, mais ces désordres n’ont été que momentanés. La police disperse des manifestants, mercredi 12 juin, à Hongkong. PHILIP FONG / AFP La veille au soir, des photos et des vidéos montrant des contrôles virulents et des fouilles agressives dans la station de métro Admiralty ont circulé sur les réseaux sociaux et ont attisé la colère, notamment des jeunes. La police, pour sa part, était sur des charbons ardents après avoir repéré nombre d’appels à la violence sur les réseaux sociaux. Echec Cette décision provisoire du président du Legco, réclamée par le camp pro démocratie, est un constat d’échec pour le gouvernement, imputable en particulier au tempérament intransigeant de la chef de l’exécutif : Carrie Lam a clairement pensé qu’elle pouvait faire passer en force ce projet de loi, en ignorant le signal massif de la grande marche d’un million de personnes, dimanche, et en comptant sur la police pour maintenir l’ordre et gérer le chaos. Pourtant, l’opposition à ce texte provient de nombreux pans de la société hongkongaise. Au moins mille entreprises locales ainsi que des syndicats d’étudiants, d’enseignants, de chauffeurs de bus et de travailleurs sociaux ont annoncé leur intention de protester contre ce projet de loi d’une manière ou d’une autre. Les chauffeurs de bus ont parlé de faire une grève du zèle en roulant très lentement. Des multinationales, notamment le cabinet d’audit Deloitte, ont autorisé leurs employés à travailler de chez eux pour la journée de mercredi. Même l’Eglise catholique a appelé le gouvernement à renoncer à ce projet de loi, un appel qui aura peut-être plus de poids auprès de la chef de l’exécutif – qui se dit fervente catholique – que la marche pacifique d’un million de citoyens.Le président du Conseil législatif (LegCo, Parlement hongkongais) a déclaré dans un communiqué que la réunion durant laquelle les députés devaient examiner le texte en deuxième lecture aurait lieu « à une date ultérieure ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hongkong se mobilise contre l’extradition vers la Chine
Le gouvernement a remis au 20 juin le vote du projet de loi sur les extraditions vers la Chine continentale, cédant à la pression des milliers de manifestants.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/12/hong-kong-report-de-l-examen-de-la-loi-controversee-apres-les-manifestations_5474935_3210.html
mlsum-fr-1199
Manifestation à Srinagar, le 23 août. Dar Yasin / AP L’Inde et le Pakistan ont trouvé pour quelques jours une tribune de choix pour exprimer leur profond désaccord sur la situation au Cachemire, et tenter d’emporter, chacun de son côté, le soutien de la communauté internationale. Shah Mahmood Qureshi, le ministre pakistanais des affaires étrangères, devait prononcer un discours, mardi 10 septembre, à l’assemblée générale du Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDH), réunion qui se tient toute la semaine à Genève. Il sera suivi par la délégation indienne. De son côté, le gouvernement indien a prétendu lundi avoir levé « la plupart des restrictions aux déplacements » mises en place le 4 août au Jammu-et-Cachemire, la partie du Cachemire sous administration indienne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Cachemire verrouillé, la fureur et la désolation Ces dispositions, accompagnées de la coupure des réseaux de communication, perdurent néanmoins dans beaucoup d’endroits, comme en témoignent sur place des habitants joints avec difficulté par Le Monde. Elles avaient été prises quelques heures avant l’annonce par le gouvernement Modi, le 5 août, de la révocation de l’autonomie constitutionnelle dont jouissait la région depuis 1947, et de la rétrogradation du statut d’Etat fédéré à simple « territoire de l’union », ce qui reviendra à placer le Jammu-et-Cachemire sous tutelle directe de Delhi à compter du 31 octobre. On estime à un demi-million le nombre de soldats indiens et de forces paramilitaires déployés sur le terrain. Plus de 2 000 personnes ont été arrêtées, dont plus d’une centaine de responsables politiques, de militants et d’universitaires placés en détention préventive. Un juge du Cachemire cité par l’AFP parle, lui, de 4 000 interpellations, tandis qu’un officier de police avance le chiffre de 6 000 arrestations. Intense lobbying A l’ouverture de la session annuelle du CDH, lundi, sa présidente, Michelle Bachelet, s’est déclarée « très préoccupée par les actions récentes du gouvernement indien sur les droits des Cachemiris, notamment en ce qui concerne les restrictions touchant à Internet et au droit de réunion pacifique, et à la détention de dirigeants politiques et militants locaux ». C’est dans ce contexte tendu que le Pakistan entend invoquer le chapitre VII de la charte des Nations unies à Genève, comme à New York, lors de l’assemblée générale de l’ONU, où les dirigeants des deux puissances nucléaires d’Asie du Sud, Narendra Modi et Imran Khan, s’exprimeront à tour de rôle le 27 septembre. Dans son article 39, celui-ci prévoit que le Conseil de sécurité puisse intervenir, s’il constate « l’existence d’une menace contre la paix, d’une rupture de la paix ou d’un acte d’agression ».
Un mois après le coup de force de l’Inde, l’ONU se dit très préoccupée par les restrictions des droits et libertés imposées aux Cachemiris.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/10/cachemire-guerre-diplomatique-entre-l-inde-et-le-pakistan_5508576_3210.html
mlsum-fr-1200
Mmusi Maimane (à droite), le leader de l’Alliance démocratique, et sa prédécesseure, Helen Zille, lors d’une conférence de presse à Johannesburg, le 13 juin 2017. MUJAHID SAFODIEN / AFP Ce ne devait être qu’une crise, c’est une hécatombe. En Afrique du Sud, l’Alliance démocratique (DA), formation d’opposition qui se voyait, à l’échelle des prochaines années, en « parti de gouvernement » susceptible de renverser la suprématie du Congrès national africain (ANC, au pouvoir depuis la transition démocratique en 1994), a explosé en direct et emporté dans le carambolage une série de notions ayant trait aux relations entre race et politique au pays de Nelson Mandela. Mercredi 23 octobre, après une interminable réunion à Johannesburg de son comité exécutif fédéral, Mmusi Maimane, le leader de la DA, a démissionné de ses fonctions. Il avait perdu la bataille interne et se trouvait en sursis, de toute façon, depuis le scrutin national raté du 8 mai. Sa chute était programmée, mais pas cette réaction en chaîne. Athol Trollip, une des figures de proue de la formation, est venu lui aussi annoncer qu’il quittait ses fonctions de président fédéral. Quelques jours plus tôt, Herman Mashaba, le maire de Johannesburg, avait également démissionné avec fracas. Ces trois responsables ont aussi quitté le parti. Jeudi, dans la foulée, c’est toute l’architecture de la DA au Parlement qui s’est effondrée comme un immeuble en flammes lorsque Mmusi Maimane a fait part de sa décision d’abandonner aussi son siège de député, emportant à la fois le chef de son groupe et le « shadow cabinet ». Autant ces derniers pourront être remplacés rapidement, autant la structure centrale du parti est en crise. Des alliés de Mmusi Maimane, notamment des responsables provinciaux, risquent d’être marginalisés. Main de fer De plus, compte tenu de ses règles de fonctionnement, la DA, qui se voyait grimper dans des scores électoraux sans limite il y a encore un an, se trouve privée de dirigeants. Il a fallu faire appel à des avocats pour trouver une formule afin de nommer un intérim à la tête du parti, dont l’une des structures, le conseil exécutif fédéral, est tenue par une main de fer, celle de Helen Zille. L’ancienne journaliste a dirigé la DA dans le passé. Elle est surtout revenue à la tête de cette instance, dimanche, au terme d’une campagne éclair, marquant ainsi la victoire des anti-Maimane et déclenchant une rupture si importante qu’elle menace le parti d’éclatement. Mmusi Maimane, dans un discours où perçait une émotion contenue, a passé en revue les « attaques [qu’il a subies] depuis des mois, sans relâche », menées depuis l’intérieur du parti. Il a aussi rappelé ce qu’il espérait réaliser à la tête de la DA. Il a admis l’échec des élections de mai et rappelé son espoir de voir triompher, au sein du parti, le modèle multiracial qu’il souhaite voir demeurer celui de l’Afrique du Sud. Mais cette débâcle est moins le produit d’une guerre interne que de contradictions irrésolubles et d’une transformation du climat politique. Lire aussi En Afrique du Sud, le maire de Johannesburg démissionne et quitte son parti « One SA for All » (une Afrique du Sud pour tous), tel était le thème du projet élaboré à l’origine par Helen Zille. Il s’agissait de rassembler autour d’un programme politique toutes les composantes raciales de la société. La DA, alors, travaillait à briser son image de parti de Blancs. Quoi de mieux pour cela qu’un leader noir ? Il y avait plusieurs failles dans le raisonnement : d’abord, le problème ne peut se résumer à une question d’image ou de narration ; d’autre part, les fondamentaux de la DA, proches du libéralisme, avaient été brouillés. Que prévoyait de faire le parti avec la question sociale ? Pour ou contre l’Etat-providence (relatif) sud-africain ? Quelles seraient les valeurs communes, exactement ? Dans un premier temps, pourtant, la stratégie a semblé fonctionner, attirant notamment les déçus de l’ANC, capables de voter pour la DA aux élections locales et qui allaient, espérait l’équipe de Mmusi Maimane, briser un tabou en faisant de même à l’échelle nationale. Le pur moment de grâce, ce furent les élections locales de 2016, un an après l’élection de M. Maimane à la tête du parti. La DA avait atteint 26,9 % et conquis, seule ou en coalition, des municipalités de première importance : Johannesburg, Tshwane (Pretoria) et Nelson Mandela Bay (Port Elizabeth). Grande lessive L’ANC avait senti l’onde de choc. A Port Elizabeth, un Blanc nommé Athol Trollip, désormais à la tête de la municipalité, faisait un discours mêlant anglais et xhosa. A Johannesburg et Tshwane, deux entrepreneurs noirs prenaient les mairies et promettaient de faire le ménage dans les comptes plombés par la corruption. Ce multiracialisme sur fond de grande lessive semblait la parfaite synthèse des ambitions. En réalité, cela n’avait fait que dissimuler des contradictions. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Je reste » : en Afrique du Sud, un mouvement pour déclarer son amour à son pays Notamment celles entre les aspirations de l’électorat traditionnel, majoritairement blanc, et des nouveaux dirigeants. L’ANC semblait aux abois, mais aux élections générales de mai 2019, le parti sauvait les meubles grâce à la personnalité du président Cyril Ramaphosa, tandis que la DA se faisait corriger, redescendant aux alentours de 20 %. Ce revers n’est pas attribuable seulement à une réticence des électeurs noirs, mais à une hémorragie de Blancs préférant offrir leur vote à un petit parti reflétant leurs idées, le Freedom Front Plus (FF+), lequel oscille entre l’ultraconservatisme, l’extrême droite et la défense acharnée des intérêts de cette communauté. Le FF+ est farouchement opposé à la réforme promise par l’ANC, qui prévoit que soit mise en place une politique d’expulsion sans compensation des terres, dont celles des Blancs. Il s’oppose aussi à toutes les mesures de discrimination positive, notamment dans le milieu des affaires. Ce sont des thèmes que, bientôt, la nouvelle équipe de la DA devrait reprendre à son compte, signifiant une dérive vers la racialisation de la politique.
Plusieurs cadres de l’Alliance démocratique, dont son leader Mmusi Maimane, ont claqué la porte du parti, déchiré par des contradictions sur la question raciale.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/25/en-afrique-du-sud-le-reve-arc-en-ciel-de-l-opposition-s-effondre_6016889_3212.html