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mlsum-fr-1301
Le 23 octobre à Buenos Aires, en Argentine, le mot « mafia » est peint à la bombe sur les affiches de campagne du candidat à la présidentielle Alberto Fernández et de sa vice-candidate, Cristina Fernández de Kirchner. SPENCER PLATT / AFP Analyse. Dimanche 27 octobre, les Argentins devront choisir leur président, leur vice-président, la moitié des députés et un tiers des sénateurs. En lice, le président sortant, Mauricio Macri, dont les politiques ont mené à une crise économique aiguë, et le péroniste Alberto Fernandez, ancien chef de cabinet de Nestor Kirchner (2003-2007), puis de son épouse, Cristina Fernandez (2007-2015), laquelle se présente avec lui à la vice-présidence. Quatre autres candidats se disputent la présidence. Un seul, Roberto Lavagna, péroniste également, ancien ministre de l’économie de M. Kirchner et artisan de la reprise économique après la terrible crise de 2001, obtient 8 % des intentions de vote. Les trois autres en ont moins de 2 % chacun. Fait presque étrange dans la région : l’Argentine se caractérise par l’absence d’un phénomène qui tend à se développer : celui de petits « Bolsonaros ». Les pays voisins, en effet, ont presque tous vécu l’apparition de candidats se présentant comme antisystèmes et capables de défier le pouvoir. Ainsi du pasteur Chi Hyung Chung en Bolivie, qui a revendiqué la troisième place lors des élections, le 20 octobre. Pour lui, le féminisme et « l’idéologie de genre » sont le mal absolu. Ou de l’ancien commandant en chef de l’armée Guido Manini Rios en Uruguay, qui se croit envoyé par Dieu, veut faciliter le port d’armes et considérer que tout assassinat pour défendre la propriété privée est de la légitime défense. Avec 11 % des intentions de vote, il devrait obtenir une douzaine de sièges à la Chambre des députés si ces résultats se confirmaient. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Argentine, le probable retour au pouvoir de Cristina Fernandez de Kirchner En Argentine, rien de tout cela. Juan José Gomez Centurion, crédité de moins de 2 % des intentions de vote, est bien un ancien militaire qui a tenté de capitaliser le vote des opposants à la légalisation de l’avortement. L’ultralibéral José Luis Espert, lui, veut baisser l’âge de responsabilité pénale des mineurs à 14 ans ou encore limiter le droit de manifester. « Ici, les crises économiques et sociales, comme celle de 2001, ne mettent plus les institutions démocratiques en danger, souligne l’analyste Sergio Berensztein, dont le livre « Sommes-nous tous péronistes ? » (non traduit) inclut un chapitre intitulé « Une élection sans Bolsonaros ». Il n’y a donc pas d’individus qui cherchent à capitaliser non pas la crise de, mais les crises en démocratie. » « Troisième voie » Roberto Lavagna a bien tenté de représenter cette « troisième voie » qui aurait eu le mérite de moins polariser la société entre « kirchnéristes », les défenseurs du couple Kirchner, et les antikirchnéristes, incarnés par Mauricio Macri. Mais il n’a jamais vraiment percé. Lors de la précédente élection de 2015, Mauricio Macri et son mouvement, Cambiemos (« changeons »), représentaient un peu cette troisième voie conciliatrice face aux « tous pourris ». « Macri était l’idée d’une nouvelle forme d’administration, il n’était pas associé à une régénération civique ou morale », explique Carlos Pagni, éditorialiste du journal conservateur La Nacion.
Si de nombreux candidats se présentent à l’élection présidentielle de dimanche, les Argentins ne privilégient pas, comme ailleurs dans la région, les prétendants antisystèmes.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/26/pourquoi-l-argentine-n-a-pas-de-bolsonaro_6016982_3232.html
mlsum-fr-1302
Avant, chaque semaine, Yves (le prénom de tous les travailleurs sociaux qui ont témoigné a été modifié, à leur demande) partageait avec ses collègues ses inquiétudes autour de son travail, ses difficultés, ses joies aussi. « On avait régulièrement des moments d’échanges qui permettaient d’évoquer en équipe le cas d’une famille, d’un enfant », se souvient cet éducateur spécialisé, qui travaille depuis trente ans dans la protection de l’enfance. Mais en quelques années, ces réunions se sont faites de plus en plus rares, et puis elles ont quasiment disparu. Pas assez « rentables ». « On passe un temps fou à remplir des tas de documents, ce qui évite de penser les situations, les relations », se désole Yves, faisant écho à nombre de témoignages que Le Monde a recueillis à l’occasion de la tenue des 12e Assises nationales de la protection de l’enfance, jeudi 4 et vendredi 5 juillet, à Marseille. Une petite centaine de travailleurs sociaux (éducateurs spécialisés, assistants de travail social, animateurs socioculturels…) s’étaient donné rendez-vous jeudi, à l’ouverture, pour alerter sur leurs difficultés, à l’appel de plusieurs syndicats et collectifs. Camille, qui travaille dans un centre maternel où elle accompagne des mères seules en difficulté, était présente : « Dans ma structure, nous sommes une grosse équipe, ce qui permet d’avoir un maillage éducatif autour des familles et de faire un travail de qualité, en amont, pour éviter la dégradation des situations. Mais ça tend à disparaître. Les collègues qui partent à la retraite ne sont pas remplacés, et on est dans une logique où on privilégie l’urgence dans le cas des enfants maltraités, plus la prévention », dénonce-t-elle. Lire aussi Le gouvernement présente sa feuille de route pour la protection de l’enfance En 2018, huit milliards d’euros ont été consacrés au secteur de la protection de l’enfance. Un budget considérable mais qui ne parvient pas à faire face à l’augmentation des prises en charge due notamment, sur certains territoires, à l’afflux des mineurs non accompagnés venus de l’étranger, et à l’arrivée dans le dispositif de jeunes de plus en plus cabossés. A l’échelle nationale, les professionnels ont la charge de 341 000 mineurs considérés en danger, dont la moitié environ sont placés en établissements ou en familles d’accueil. Qu’ils soient salariés d’un département ou employés par une structure prestataire, tous témoignent d’une forme de délitement, d’un « système à bout de souffle », comme le qualifie Michèle Créoff, vice-présidente du Conseil national de la protection de l’enfance, une instance de consultation placée auprès du gouvernement.
Educateurs spécialisés, assistants de travail social… ils sont nombreux à regrette le manque de moyens. Une réforme du secteur est attendue à la rentrée.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/05/les-travailleurs-sociaux-de-la-protection-de-l-enfance-tirent-le-signal-d-alarme_5485709_3224.html
mlsum-fr-1303
La pollution de l’air ne s’arrête pas aux portes des écoles, ni à celles des salles de classe. Telle est la conclusion d’une étude menée par l’ONG européenne Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL) dans six capitales en proie à des problèmes récurrents de qualité de l’air : Paris, Londres, Berlin, Madrid, Sofia et Varsovie. Trois polluants (dioxyde d’azote, particules fines et dioxyde de carbone) ont été mesurés entre mars et mai dans cinquante établissements. Les résultats ont été publiés mercredi 18 septembre. Ils font apparaître des tendances alarmantes communes à toutes les villes. Du dioxyde d’azote (NO 2 ), gaz toxique émis principalement par le trafic routier et en particulier les véhicules diesels, a été détecté à l’intérieur de toutes les salles de classe dans l’ensemble des écoles et parfois à des niveaux importants. Les concentrations en particules fines (PM 2,5, inférieurs à 2,5 micromètres de diamètre) dépassent souvent la norme de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui est de 10 microgrammes par mètre cube (µg/m3) en moyenne annuelle. La plupart des salles de cours présentent des niveaux de dioxyde de carbone (CO 2 ) supérieurs au seuil recommandé de 1 000 particules par million (ppm). Record dans une école parisienne Les résultats concernant le NO 2 sont éloquents. Dans certaines classes, les concentrations frôlent les limites européennes en vigueur pour l’air extérieur (40 µg/m3 en moyenne annuelle). Ainsi, 35 µg/m3 ont été relevés dans une école de Madrid. Dans d’autres établissements, les concentrations retrouvées à l’intérieur des salles dépassent même les niveaux mesurés en extérieur, à l’entrée de ces écoles : 30 µg/m3 versus 22 et 23 versus 16 pour deux écoles de Sofia, 13 versus 6 pour un établissement berlinois. Et, dans de nombreux cas, les niveaux mesurés à l’entrée des écoles oscillent entre 35 et 43 µg/m3, le record revenant à une école maternelle parisienne avec un taux de 52 µg/m3, soit largement au-delà de la limite légale européenne. « L’objectif de notre travail n’était pas de comparer les villes entre elles, mais de mobiliser les décideurs locaux à travers l’Union européenne autour d’un défi de santé publique récurrent. A savoir que, pour garantir la qualité de l’air intérieur dans les écoles – là où respirent les membres d’une catégorie particulièrement vulnérable de la population –, il est indispensable de réduire la pollution extérieure », commente Sophie Perroud, de HEAL, qui regroupe plus de 70 organisations spécialisées dans les questions de santé-environnement.
Une étude menée sur 50 écoles montre que la pollution de l’air ne s’arrête pas à leurs portes.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/18/pollution-de-l-air-des-ecoles-tres-exposees-dans-six-capitales-europeennes_5511689_3244.html
mlsum-fr-1304
Des cormorans et des goélands dans le parc naturel de l’Albufera, en mars 2018. Heino Kalis / REUTERS La prochaine réunion du comité directeur de l’Albufera, prévue fin septembre, promet d’être houleuse. Depuis le début de l’été, le ton est monté entre le gouvernement régional de Valence, propriétaire du parc naturel, les riziculteurs qui le gèrent depuis des siècles, et les écologistes qui protègent sa faune. Au centre de la discussion, des visions radicalement différentes sur l’avenir de cet espace de biodiversité à l’heure du changement climatique. Aux portes de Valence, le parc naturel protège une lagune spectaculaire. Séparée de la mer par un étroit cordon littoral dunaire, l’Albufera est exploitée depuis le XIIIe siècle en rizières et zones de pêche. Le paysage de roseaux est habité par plus de 250 espèces d’oiseaux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Espagne, le Tage se meurt « Jusqu’à présent, nous avions réussi à nous entendre, mais ces dernières semaines, ça ne va plus trop », explique Victor Navarro, le président du comité, cet organe consultatif qui, deux fois par an, réunit toutes les parties concernées : les treize municipalités qui jouxtent le lac, dont celle de Valence, les responsables régionaux, les organisations agricoles, les associations de chasseurs, les « communautés d’irrigants » qui gèrent les canaux, et les groupes écologistes. « L’Albufera est surexploitée » Deux incidents ont réveillé les différends toujours latents entre les divers responsables de cette réserve, qui fait partie du réseau Natura 2000. Début juillet, le parquet de Valence a ouvert une enquête pour connaître les causes de la baisse alarmante des eaux et évaluer son « impact sur l’équilibre environnemental » de la lagune. Quelques semaines plus tard, un épisode de botulisme aviaire, qui a duré jusqu’à la mi-août, le plus grave depuis 1985, a causé la mort de près de 650 oiseaux, pour la plupart des colverts. Les accusations ont vite volé d’un côté et de l’autre. « L’Albufera est surexploitée », explique Lucia Moreno, l’une des responsables du groupe Action écologiste, qui surveille ce site important de nidification et d’hivernage d’oiseaux migrateurs. « C’est un espace très complexe qui souffre d’un déficit hydrique chronique. Il n’y a pas assez d’eau de bonne qualité. Il est donc vraiment important de bien la gérer », insiste la militante. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Espagne, des milliers de puits illégaux mettent en danger l’écosystème… et des vies Les riziculteurs, qui défendent une gestion basée sur le respect des us et coutumes, ont pour leur part accusé le parquet d’« excès de zèle », l’eau étant revenue à son niveau habituel (environ 70 cm). Ils ont également tenu à souligner, dans un communiqué de l’Association des agriculteurs valenciens (AVA), que l’épisode de botulisme est survenu dans « un espace géré suivant des critères exclusivement écologiques », le Tancat de la Pipa, qui a dû être entièrement drainé, et non dans les rizières.
Riziculteurs et écologistes gèrent ensemble cette zone Natura 2000, mais les tensions sont vives en raison de la raréfaction de l’eau.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/26/en-espagne-bataille-pour-l-eau-dans-la-reserve-de-l-albufera_6013113_3244.html
mlsum-fr-1305
Christian Estrosi, à droite, et Eric Ciotti, à gauche, arrivent pour assister à une minute de silence, à Nice, le 18 juillet 2016. VALERY HACHE / AFP La bataille de Nice aura-t-elle lieu ? Dans l’affrontement permanent entre le maire de la ville Christian Estrosi et son ancien protégé Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, les municipales de 2020 pourraient bien déclencher le combat final. Il y a trois ans, le 15 juillet 2016, les deux hommes, en deuil, avaient communié ensemble le temps d’une messe pour les 86 victimes de l’attentat. Aujourd’hui, il est devenu presque impossible de les réunir dans la même pièce. Au fil d’invectives quotidiennes, la haine entre les deux responsables menace de rendre inéluctable leurs candidatures concurrentes au printemps prochain. En face, deux candidats déjà déclarés, le député (La République en marche, LRM) local Cédric Roussel qui a sollicité l’investiture du parti présidentiel, et l’ex-leader identitaire Philippe Vardon investi par le Rassemblement national, espèrent tirer profit de ces divisions dans une ville dirigée par la droite depuis plus d’un demi-siècle. « Aujourd’hui ma décision n’est absolument pas prise dans un sens ou dans l’autre », assure Eric Ciotti, qui promet de se décider d’ici quelques semaines. Face à lui, Christian Estrosi ne fait pas mystère de sa candidature et s’impatiente de ne pas recevoir d’investiture de Les Républicains (LR), au point de menacer mardi de quitter le parti. « Comment justifier que le parti investisse tous les maires sortants dans les grandes villes sauf celui de Nice ? », s’interroge un conseiller politique LR de la région. « Il y a un moment où on se perd en arguments », regrette le président par intérim du parti, le maire d’Antibes (Alpes-Maritimes) Jean Leonetti, qui a choisi de laisser son successeur à la tête de LR, élu en octobre, statuer dans cette affaire. « Si on n’arrive pas à trouver une entente, un point d’équilibre, que les urnes tranchent, ça ne me paraîtrait pas une si mauvaise solution », explique M. Leonetti. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elections municipales 2020 : LR prépare le scrutin sans trancher les cas épineux de Nice et Marseille Piques sur les réseaux sociaux Dans la chronique des hostilités entre les deux anciens alliés, les piques sur les réseaux sociaux sont quasi quotidiennes et chaque mois apporte son lot de confrontations, plus ou moins esquivées. En juin, un oubli sur le panneau d’un projet d’hôtel des polices avait mis le feu aux poudres. Eric Ciotti a ainsi découvert lors du lancement du chantier avec le ministre de l’intérieur Christophe Castaner et Christian Estrosi que la contribution financière de son département avait été omise. Lundi, le président du Sénat Gérard Larcher rassemblait à Antibes la crème de la droite méridionale, du président de région Renaud Muselier à Jean Leonetti en passant par la sénatrice Dominique Estrosi Sassone, dans un esprit d’unité qui n’a pas manqué d’être battu en brèche.
Les deux figures de la droite niçoise, qui se vouent une haine mutuelle, pourraient s’affronter en mars 2020 aux élections municipales dans une lutte fratricide.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/13/a-nice-la-bataille-finale-entre-christian-estrosi-et-eric-ciotti_5488945_823448.html
mlsum-fr-1306
DJ Arafat lors d’un concert à Abidjan, en Côte d’Ivoire, le 2 octobre 2017. ISSOUF SANOGO / AFP Le chanteur ivoirien DJ Arafat, de son vrai nom Ange Didier Huon, légende du coupé-décalé, est mort à 33 ans, lundi 12 août, des suites d’un accident de la circulation survenu la nuit précédente, a annoncé la Radiodiffusion télévision ivoirienne, citée par l’Agence France-Presse (AFP). Selon des messages et des photos qui circulent sur les réseaux sociaux, DJ Arafat conduisait une moto lorsqu’il a percuté une voiture. Dans un communiqué diffusé par la chaîne sur sa page Facebook, le ministre de la culture et de la francophonie, Maurice Kouakou Bandaman, a présenté ses condoléances « à sa famille et à tous les mélomanes ivoiriens ». Il annonçait son attention de « prendre toutes les dispositions de concert avec le chef de l’Etat pour les hommages et obsèques de l’artiste et invite tous les mélomanes à la retenue et au calme ». Fin juillet, une bagarre rangée avait éclaté entre des proches de DJ Arafat et Safarel Obiang, une autre star ivoirienne. Début 2019, l’artiste avait sorti son dixième album. « On est tous sous le choc », a témoigné, auprès de l’AFP, le producteur et spécialiste du hip-hop Ickx Fontaine. Selon lui, DJ Arafat était « au top niveau depuis quinze ans et son premier tube, Jonathan. C’était impressionnant. C’était un vrai chanteur et un batteur (…) il a donné un nouveau souffle au coupé-décalé ». DJ Arafat avait été désigné « meilleur artiste de l’année » aux Awards du coupé-décalé, en 2016 et 2017. Genre musical, mais aussi attitude, le coupé-décalé est né en 2003 dans les boîtes de nuit ivoiriennes pour se disséminer ensuite dans toute l’Afrique. Il a commencé à conquérir l’Europe et les Etats-Unis, notamment grâce aux sportifs qui ont popularisé certains pas de danse. Un millier de fans rassemblés en sa mémoire DJ Arafat était « un monument de la musique ivoirienne, il donnait des concerts dans toute l’Afrique », a témoigné Ozone, un producteur de hip-hop et animateur de télévision. « Il avait un charisme naturel, il restera une force pour la musique ivoirienne et africaine », a-t-il jugé. Selon Scovik, un manageur de coupé-décalé, DJ Arafat était né dans le milieu de la musique. Sa mère était une chanteuse connue et son père un ingénieur du son réputé, a précisé le manageur : « C’était un artiste très exigeant, il travaillait beaucoup. » « Il avait un son particulier, il a accéléré le coupé-décalé et il a apporté une autre façon de danser, spectaculaire », a souligné Skovik. « Il était aussi doué pour le marketing, il faisait le buzz, il fallait toujours qu’on parle de lui, il a toujours voulu être à la page. » Il avait débuté au début des années 2000 comme DJ dans les clubs de la rue Princesse à Yopougon, un des hauts lieux de la nuit abidjanaise, et s’était rapidement fait connaître. Parmi ses tubes, on peut retenir Kpangor (2005), Zoropoto (2011), Enfant béni (2018). Son dernier single s’intitulait Moto Moto. Une foule d’un millier de fans en pleurs était rassemblée, lundi après-midi, devant la polyclinique des Deux-Plateaux, à Cocody, à l’endroit où est mort le chanteur, ont constaté des journalistes de l’AFP. Incrédules à l’annonce de sa mort, des fans scandaient : « Arafat ne peut pas mourir ! » La police tentait de les contenir, non sans difficulté.
Des « hommages et des obsèques » au niveau national sont prévus pour Ange Didier Huon, mort lundi à 33 ans.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/12/le-chanteur-ivoirien-dj-arafat-est-mort_5498799_3212.html
mlsum-fr-1307
Sur le périphérique parisien, en avril 2018. Charles Platiau / Reuters Les voitures à moteur diesel, même les plus récentes, continuent à émettre des oxydes d’azote (NO x ), gaz très toxique rendu célèbre par le scandale du « dieselgate », à des niveaux très supérieurs aux normes d’homologation et aux véhicules essence. Telle est l’une des principales conclusions d’une étude inédite à laquelle Le Monde a eu accès et dont les résultats devaient être présentés mardi 10 septembre. Entre le 18 juin et le 16 juillet 2018, une campagne de collecte de données sans précédent a été menée dans les rues de Paris dans le cadre du projet TRUE (The Real Urban Emissions Initiative). Pilotée par le Conseil international pour un transport propre (ICCT), l’organisation non gouvernementale à l’origine de la révélation du « dieselgate », elle a permis d’obtenir une photographie précise de la réalité de la pollution automobile dans la capitale à partir des mesures effectuées sur près de 180 000 véhicules en circulation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trois ans après le « dieselgate », 43 millions de véhicules empoisonnent toujours l’Europe En utilisant des portiques équipés de lasers, les experts de l’ICCT ont pu analyser précisément la composition et la concentration des gaz et particules sortis directement des pots d’échappement. Sans possibilité de fraude, contrairement aux tests qui sont pratiqués en laboratoire lors de l’homologation des véhicules. Premier enseignement, la majorité des véhicules qui sillonnent les rues de la capitale sont encore des diesels (64 %) et récents (28 % sont des Euro 6, immatriculés après 2014). Or, révèle l’étude, les Euro 6 diesel émettent six fois plus de NO x que la norme d’homologation (80 milligrammes par kilomètre) et 4,8 fois plus que les Euro 6 essence. « Pas adapté à la ville » « Cette étude nous montre une nouvelle fois que le diesel n’est pas adapté à la ville et que les émissions réelles des véhicules sont très différentes de celles annoncées par les constructeurs », commente Christophe Najdovski, adjoint à la Mairie de Paris chargé des transports. « Elle nous conforte dans notre opposition au projet du ministère de l’économie de requalifier les diesels les plus récents en Crit’Air 1 [catégorie aujourd’hui réservée aux essences les plus performantes et aux hybrides], poursuit l’élu écologiste. Il n’y a pas de diesel propre. » Les diesels Euro 6 bénéficient pourtant de la vignette Crit’Air 2, c’est-à-dire qu’ils ne seront pas interdits à Paris avant le bannissement de tous les diesels en 2024 et qu’ils peuvent circuler même en cas de pic de pollution, le nouveau principe de circulation différenciée entrée en vigueur cet été ne s’appliquant qu’aux véhicules les plus anciens (Crit’Air 4 et 5).
Une étude inédite a permis de mesurer les émissions réelles des voitures et des deux-roues. Les nouveaux diesels aggravent les pics de pollution à l’ozone l’été.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/10/pollution-a-paris-meme-les-diesels-les-plus-recents-depassent-largement-les-normes_5508579_3234.html
mlsum-fr-1308
Hommage à Jacques Chirac aux Invalides Des centaines de personnes attendaient devant la grille de l'hôtel des Invalides, avant le début de la cérémonie officielle, dimanche 29 septembre. Pierre Bouvier / Le Monde Des milliers de Français sont venus rendre hommage dimanche à Jacques Chirac aux Invalides, dont la cour avait été ouverte pour l’occasion. Ils ont pu signer des registres de condoléances et se recueillir quelques instants (voire prendre une rapide photo) devant le cercueil de l’ancien président, mort le 26 septembre à l’âge de 86 ans. Lundi, le cinquième président de la Ve République sera enterré dans l’intimité familiale au cimetière du Montparnasse. Le Monde a consacré plusieurs articles à Jacques Chirac, à son parcours, à ce qu’il laisse, à l’image qu’avait de lui la presse étrangère, ainsi qu’à ses dernières années, vécue en reclus dans un hôtel particulier du 6e arrondissement de Paris. Incendie de Lubrizol à Rouen : l’enquête élargie La cathédrale de Rouen, jeudi, derrière les nuages de fumée. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS A Rouen, l’incendie de l’usine chimique Lubrizol est éteint mais continue d’inquiéter. La préfecture de Seine-Maritime se veut pourtant rassurante, et a publié sur son site des résultats d’analyses décrivant une qualité de l’air « habituelle sur le plan sanitaire ». Par mesure de précaution, elle a toutefois publié un arrêté restreignant les ventes des exploitations agricoles de 112 communes du département. Samedi, le parquet a en outre élargi l’enquête judiciaire au chef de mise en danger d’autrui. L’usine, classée Seveso seuil haut et produisant des additifs d’huile, appartient au groupe de chimie américain Lubrizol Corporation, lui-même propriété de Berkshire Hathaway, holding du milliardaire et célèbre investisseur américain Warren Buffett. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendie à Rouen : « Une fumée bio ça n’existe pas », s’inquiètent les agriculteurs de la région En Autriche, victoire des conservateurs de Sebastian Kurz En Autriche, les conservateurs sont en tête des premiers résultats. Matthias Schrader / AP L’ÖVP, le parti conservateur dont est issu l’ex-chancelier Sebastian Kurz, est arrivé en tête des élections législatives anticipées organisées dimanche en Autriche. Selon les premières projections, les sociaux-démocrates du SPÖ arrivent deuxièmes avec 22,6 %, tandis que le FPÖ (extrême droite) est en troisième position avec 16,7 % – soit dix points de moins qu’en 2017. Les écologistes sont quant à eux crédités de 14 %, soit dix points de plus qu’au précédent scrutin. Lire aussi En Autriche, les conservateurs de Sebastian Kurz remportent les législatives A Paris, la « convention de la droite » de Marion Maréchal rejoue les classiques de l’extrême droite « Convention de la droite » ou de l’extrême droite ? Les proches de Marion Maréchal ont réuni un millier de personnes dans le 15e arrondissement de Paris, samedi 28 septembre, pour débattre, juraient-ils, de « l’alternative au progressisme ». En pratique, des heures de discours identitaires et de rhétorique anti-immigration et islamophobe décomplexée, pour partie retransmis en direct à la télévision. Les orateurs, dont Eric Zemmour, ont enchaîné les discours identitaires et anti-immigration, provoquant le débat au sein de la chaîne LCI. L’enquête sur Tariq Ramadan élargie à de nouveaux soupçons de viol Le parquet de Paris enquêtait déjà sur deux plaintes pour viols, qui seraient survenus entre 2009 et 2012 : l’enquête qui vise Tariq Ramadan a été étendue le 10 septembre « à deux nouvelles potentielles victimes », a révélé le Journal du Dimanche. Ces deux femmes, qui n’ont pas porté plainte, assurent avoir été entraînées dans une relation sexuelle brutale par l’intellectuel musulman, respectivement en 2015 et 2016. Toutes deux parlent d’« emprise ». Du côté des sports : Coups durs pour les Français… … aux Mondiaux d’athlétisme, avec l’élimination de Renaud Lavillenie dès les qualifications du saut à la perche, ou l’abandon de Yohann Diniz sur le 50 km marche, face à des conditions climatiques « dantesques », ainsi qu’il les avait lui-même décrites en conférence de presse. Chaleur et affluence en berne : c’est peu dire que ces Mondiaux d’athlétisme à Doha sont déjà vivement critiqués. … à l’Euro de volley, pourtant disputé sur le sol français. Battus par la Pologne, les tricolores échouent au pied du podium. « Et à la fin, on ne gagne rien » : triste épilogue pour l’Euro de volley des Bleus. Pas de compétition en revanche pour les Bleus dans la Coupe du monde de rugby. La sensation du week-end est en revanche venue du Japon, qui a créé la surprise face à l’Irlande (19-12). Un séisme à domicile. Côté Ligue 1 de football, c’est Nantes qui est en grande forme. Pour la première fois depuis 2005, les canaris, octuples champions de France, ont brièvement pris la tête du championnat en se jouant de Lyon (1-0). Mais le Paris-Saint-Germain a repris les devants samedi soir, en s’imposant face à Bordeaux (1-0). Et aussi : Afghanistan. Abstention en hausse à la présidentielle : « Tout le monde m’a dit de ne pas venir à cause de l’insécurité » Ecologie. Jeu vidéo, à la recherche d’un modèle moins polluant Comme jamais. Gims remplit le Stade de France Urgence. Enquête ouverte après la mort d’une femme à Mulhouse malgré un appel au SAMU
Vous n’avez pas suivi l’actualité pendant le week-end ? Voici les principaux titres à retenir de ces dernières quarante-huit heures.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/29/chirac-lubrizol-autriche-les-cinq-informations-a-retenir-du-week-end_6013528_4355770.html
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ssources. A première vue, l’établissement ressemble à une brasserie ordinaire avec sa terrasse, son percolateur et ses habitués accoudés au comptoir. A y regarder de plus près pourtant, une pancarte indique les noms des « bénévoles de permanence » ce matin-là. Au comptoir de La Baleine, « café associatif et culturel », la bière est locale, le café bio et le « Beauce Cola » trône en bonne place, le tout à des prix abordables. Dans la cour attenante s’ouvre un atelier participatif de réparation de vélos et de petit électroménager, à deux pas du bureau de change de la monnaie locale, « le passeur ». Un groupe de couturières s’affaire non loin de là, tandis que le premier étage est consacré à un espace de cotravail flambant neuf. Des billets de la monnaie locale, « Le passeur ». CYRIL CHIGOT POUR LE MONDE Développer l’autonomie locale Ouverte depuis avril 2018, la Maison de la transition de Châteauneuf-sur-Loire, ville du Loiret de 8 000 habitants, est un « tiers lieu » comme il en existe de plus en plus dans les communes rurales. Ce qui le différencie des projets habituels, c’est qu’il est porté par un collectif d’habitants, indépendant de la municipalité, avec pour objectif affiché de développer l’autonomie de la commune et sa capacité à se relever en cas de catastrophe. Le bar associatif "La Baleine", véritable QG de l'association, le 26 août. CYRIL CHIGOT POUR LE MONDE Ici, on répare, on recycle, on achète local et on partage les savoir-faire pour diminuer son empreinte écologique, mais aussi pour construire une société qui puisse survivre, le cas échéant, à l’après-mondialisation. « On est sur de la transmission de compétences, pas sur de la prestation de services », précise Juliette Ligault, l’une des deux salariés. « Nous vivons dans un monde hyperefficient, mais profondément vulnérable. La résilience est au cœur de chacune des initiatives de la maison de la transition », explique Benoît Thévard, membre du collectif et par ailleurs conseiller environnement au cabinet du président de la région Centre-Val de Loire, dont la réflexion a largement inspiré le lieu. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec son podcast sur l’effondrement, Alexia Soyeux veut « éveiller les consciences » Pendant sept ans, cet ingénieur des Mines, ex-salarié d’Airbus, a chroniqué la fin des énergies fossiles sur son blog, Avenir sans pétrole. Au sein de l’Institut Momentum, un laboratoire d’idées pour une société postcroissance, il a rédigé plusieurs rapports dont le dernier en date, « Biorégions 2050 », financé par le forum Vies mobiles de la SNCF, prévoit « la fin de la mégalopole parisienne, trop grande, trop dense et extrêmement fragile face aux crises ». Alain Ferhat, l’un des membres de l'atelier participatif de réparation de vélos et petit éléctroménager, qui jouxte le café La Baleine, le 26 août. CYRIL CHIGOT POUR LE MONDE C’est en revenant s’installer dans sa ville natale, au début des années 2010, qu’il a lancé, avec une poignée d’habitants, l’association Châteauneuf-sur-Loire en transition, convaincu qu’« alerter ne suffit pas pour changer les choses et qu’il faut commencer par une stratégie des petits pas ». L’expérience est inspirée par le travail du Britannique Rob Hopkins et de son réseau de « villes en transition ».
A Châteauneuf-sur-Loire, un collectif d’habitants a créé une Maison de la transition pour développer l’autonomie et l’entraide locale, dans la perspective d’un effondrement des ressources.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/09/30/a-chateauneuf-sur-loire-la-solidarite-comme-alternative-a-la-fin-du-monde_6013614_4415198.html
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xception. Il ne figure pas encore sur les billets de la monnaie albanaise (le lek), mais il incarne à lui seul la culture de son petit pays. En Albanie, où il passe la moitié de l’année, Ismaïl Kadaré est étudié à l’école et connu de tous, du chauffeur de taxi à la serveuse de restaurant. Le reste du temps, il vit près du jardin du Luxembourg, à Paris, où il s’est installé en 1990, quand il a obtenu l’asile politique en France. A 83 ans, l’écrivain est fêté à chacun de ses retours à Tirana, la capitale. En mai, il a inauguré la « maison-atelier Kadaré » (Kadare shtëpia studio). Il s’agit de l’appartement, au décor typique des années 1960, où il vécut et écrivit aux pires heures du régime communiste (1944-1991). Un logement à deux portes donnant sur l’extérieur – une pour entrer, l’autre pour fuir… on n’est jamais trop ­prudent en dictature –, qui vient d’ouvrir au public. On y visite le bureau d’Ismaïl Kadaré, aux murs peints en vert. On y voit la cheminée au coin de laquelle il s’asseyait chaque matin pour travailler, avec les craquements du feu dans l’âtre pour seul accompagnement. On découvre la machine à écrire Hermès Baby – un nom qui va comme un gant à ce fin ­connaisseur des mythologies – sur laquelle ont été tapés ses grands romans de l’époque, L’Hiver de la grande solitude, Avril brisé, Le ­Palais des rêves… (1973, 1980, 1981 ; tous ses ­livres sont disponibles chez Fayard, qui a ­publié ses œuvres complètes en douze ­volumes, entre 1993 et 2004). Dans la bibliothèque, son œuvre considérable, traduite en plus de 40 langues, témoigne de ses passions immuables, des légendes balkaniques à l’Antiquité grecque – dont il s’est beaucoup servi pour attaquer de biais la dictature –, des ouvrages de Jean-Pierre Vernant ou Pierre Vidal-Naquet à ceux de « Uiliam Shekspir », ou de « Balzak » aux classiques russes en cyrillique. Le jour où nous avions rendez-vous, en mai, Kadaré craignait sans doute que les visiteurs de sa maison-atelier ne troublent la rencontre. Lui qui avait hésité à accorder cette interview – il n’en donne presque plus – a préféré nous recevoir, en compagnie de son épouse, Elena, dans une tour moderne de Tirana, où ils possèdent un pied-à-terre. Il était venu de Durrës où il passe les mois d’été. Conversation devant un kafe turke. Vous arrivez de Durrës. Où cette ville se situe-t-elle ? A une trentaine de kilomètres de Tirana, sur le littoral adriatique. On y trouve un grand amphithéâtre antique construit sous le règne de Trajan. Cicéron avait une maison à Durrës.
Grands écrivains, grands entretiens (4/5). Il est l’un des Albanais les plus célèbres au monde. L’auteur du « Général de l’armée morte » vit aujourd’hui entre Paris et Durrës, non loin de Tirana, et fuit les journalistes. Pour « Le Monde », cependant, il a fait une exception.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/08/ismail-kadare-sous-la-dictature-vivre-pour-moi-c-etait-creer-de-la-litterature-grands-ecrivains-grands-entretiens-4-5-il-est-sans-doute-l-albanais-le-plus-celebre-du-monde_5497593_4415198.html
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lui. C’est une bourgade de l’Iowa où le centre-ville se limite à deux ou trois rues d’immeubles de briques, sans animation aucune, le long du Mississippi. Au loin, un pont métallique enjambe l’immense fleuve ; au-delà, les champs s’étendent à perte de vue, hérissés de silos à grain. Les fermiers du coin ont l’accent prononcé et les valeurs authentiques. Avec ses 23 000 habitants, Muscatine a tout de la parfaite carte postale du Midwest rural. C’est là, au printemps 1985, que débarque une délégation de cinq officiels chinois, emmenée par un jeune cadre inconnu, un certain Xi Jinping, déjà secrétaire du Parti communiste (PCC) d’un canton rural de la province chinoise. A 31 ans, le futur dirigeant découvre l’Amérique en commençant par celle de Mark Twain, dont il a lu les livres. Six ans plus tôt, en 1979, Pékin a commencé à ouvrir prudemment son économie, une nécessité pour la survie du PCC, à l’issue des dix ans de Révolution culturelle (1966-1976). Obsédé par le rival soviétique, Washington a établi des relations diplomatiques avec cet autre grand pays communiste. Les Etats-Unis misent sur la République populaire, pariant qu’elle deviendra un partenaire, bien plus qu’un concurrent ou un ennemi. Xi Jinping à San Francisco, en 1985. XINHUA / AFP C’est dans ce contexte que ces officiels chinois de second rang sont reçus au fin fond de l’Iowa. Pareille visite a de quoi surprendre. « Certains se demandaient pourquoi accueillir des communistes à Muscatine », se souvient Sarah Lande, alors courtière en actions, impliquée dans l’accord de jumelage que l’Iowa venait de conclure avec la province chinoise du Hebei. En ce printemps 1985, elle se charge d’accompagner Xi dans sa découverte de la commune et des champs alentours, des exploitations immenses dotées de machines dernier cri. Xi Jinping souhaite observer l’agriculture intensive à l’américaine : une usine de transformation du maïs, un site de Monsanto, une ferme à l’outillage moderne. A la veille de leur départ de Pékin, son père, Xi Zhongxun, encore membre du bureau politique du PCC, l’a reçu à dîner avec les autres membres de la délégation et lui a demandé d’« apprendre comment nourrir le pays ». Campagne américaine Ce voyage offre aussi à Xi Jinping l’occasion de découvrir le mode de vie de la première puissance mondiale, son opulence jusque loin dans l’arrière-pays, à des années-lumière du quotidien des paysans chinois, qu’il connaît bien pour avoir lui-même vécu pendant plusieurs années dans des campagnes reculées. A Muscatine, il suit Sarah Lande à une de ces garden-parties organisées entre voisins dès que reviennent les beaux jours : on rôtit le cochon, Xi boit une bière dans un gobelet en plastique. « C’était un type sympa et jovial, poursuit Mme Lande. Nous l’avions reçu à la bonne franquette. » Ses hôtes l’emmènent faire un tour en bateau sur le fleuve. Il porte volontiers le pin’s « Muscatine – Feeling great », offert à son arrivée. Curieux de tout, il leur demande comment fonctionne le système des bus jaunes qui conduisent les ados au lycée.
Xi Jinping, un destin chinois (6/6). Le président chinois entretient une relation particulière avec les Etats-Unis, qu’il a fréquentés avant son accession à la fonction suprême. Mais l’élection de l’imprévisible Donald Trump va l’obliger à composer avec plus joueur que lui.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/02/xi-jinping-un-rival-en-puissance-pour-l-amerique_5496085_4415198.html
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Les fumées émises par l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen, le 26 septembre 2019. DOUSSAL QUENTIN / DOUSSAL QUENTIN via REUTERS Jeudi 26 septembre, un violent incendie s’est déclaré à Rouen, au sein de l’usine chimique de l’entreprise américaine Lubrizol. Le feu s’est déclaré vers 2 h 40, dans un dépôt de produits conditionnés de type additifs pour lubrifiants, selon la direction de l’usine. En tout, l’incendie a mobilisé 240 pompiers de Seine-Maritime et des départements voisins, aidés de 50 véhicules. Plus de huit heures après l’embrasement, l’incendie a été maîtrisé, puis définitivement éteint vendredi matin. Depuis jeudi, l’incendie a dégagé un lourd et épais panache de fumée, provoquant des retombées de suie sur toute la zone nord-est de la ville et suscitant de nombreuses inquiétudes. Que fabrique l’usine Lubrizol ? Créé en 1954, le site de 14 hectares situé sur les bords de la Seine emploie actuellement 400 personnes, selon la préfecture de Seine-Maritime. Elle est la propriété du groupe chimique américain Lubrizol Corporation, qui appartient lui-même à Berkshire Hathaway, la holding de l’homme d’affaires américain Warren Buffett. L’usine fabrique et commercialise des additifs pour enrichir les huiles, des carburants et des peintures industrielles. Jusqu’en 2009, elle était classée Seveso « seuil bas », jusqu’à ce que des analyses écotoxicologiques conduisent les services de l’Etat à la reclasser dans le « seuil haut ». En 2013, une émission de mercaptan, un gaz nauséabond toxique, venant de l’usine avait été ressentie à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde jusqu’à Paris et en Angleterre. Combien d’habitants vivent près de l’usine ? A peine plus de trois kilomètres séparent l’usine Lubrizol du centre-ville historique de Rouen. Le site industriel, situé sur la rive gauche du fleuve, se situe au cœur d’un territoire très peuplé : la métropole Rouen-Normandie compte 490 000 habitants, selon les données 2016 de l’Insee, et regroupe 71 communes. Douze d’entre elles, en plus de Rouen, ont été touchées par des mesures de confinement des maisons de retraite et de fermeture des établissements scolaires, ainsi que des crèches. Elles rassemblent environ 65 000 habitants, en plus des 110 000 de la capitale normande. Le Monde Quelle est la toxicité des produits qui se sont dégagés ? Le préfet a affirmé lors d’un point de situation, vendredi 27 septembre à la mi-journée, que les suies contenaient des « composants essentiellement liés à la combustion d’huile de produits finis, d’additifs chimiques pour huiles et d’hydrocarbures, d’où d’ailleurs ces suies noires, grasses que nous constatons ». Le préfet a écarté, à plusieurs reprises, tout risque de « toxicité aiguë » dans l’air. Des seuils légaux de toxicité aiguë sont fixés par les autorités ministérielles pour chaque composé chimique. Le professeur André Picot, ancien directeur de l’unité prévention en risques chimiques au CNRS, explique dans Paris-Normandie que, sans connaître la « nature des produits », il est « extrêmement risqué d’avancer qu’il n’y a pas de toxicité aiguë ou, en tout cas, subaiguë, c’est-à-dire une toxicité non négligeable ». Selon lui, il ne faut, cependant, « pas systématiquement alarmer, tant qu’on ne connaît pas le degré de dangerosité des produits consumés ». Des produits radioactifs s’y trouvaient-ils ? Des internautes se sont inquiétés d’un tableau, réalisé par l’inspection des installations classées et datant de 2006, faisant état de la présence de substances « radioactives (utilisation, dépôt, stockage) sources scellées conformes », pour un volume de 6 882 mégabecquerels (MBq). Le préfet de Seine-Maritime a toutefois assuré, vendredi matin, « qu’il n’y avait pas de produits radioactifs » stockés sur le site. Cette radioactivité s’explique, en fait, « par la présence de huit machines utilisées pour évaluer le niveau et la densité dans des bacs », explique Céline Reuter, responsable de l’unité d’expertise des sources à l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Ces appareils de mesure, répandus dans le secteur industriel, fonctionnent grâce à du césium 137, un élément radioactif scellé dans une double enveloppe métallique. « Aucune des sources n’a été touchée par l’incendie. On a fait une levée de doute. Il y a eu confirmation », précise Jean-Yves Lagalle, colonel des pompiers de Seine-Maritime. Des victimes ont-elles été recensées ? L’incendie n’a causé aucune victime directe. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont fait part d’irritations ou encore de maux de tête. Vendredi à la mi-journée, Benoît Jardel, médecin du SAMU, a fait savoir que 51 personnes décrites comme « fragiles », « sensibles » ou ayant des pathologies respiratoires ont été examinées dans différents établissements de santé dans la journée de jeudi et dans la nuit suivante. Cinq d’entre elles, toutes des adultes, sont restées dans des services d’hospitalisation de courte durée. Pourquoi l’indice de qualité de l’air a-t-il cessé d’être diffusé jeudi ? Jeudi 26 septembre, alors que l’incendie était en cours, de nombreux internautes se sont émus de l’arrêt de la diffusion de l’indice Atmo à Rouen. Cet indicateur journalier décrit la qualité de l’air dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants en se basant sur la mesure de dioxyde de soufre, d’ozone, de particules fines et de dioxyde d’azote. Mais son mode de calcul « ne prend en compte ni les odeurs ni les polluants atypiques émis lors d’accident », précise l’association régionale Atmo Normandie. En outre, l’organisme ne dispose pas de stations de mesure dans la zone vers laquelle s’est dirigé le panache de fumée et a donc décidé de suspendre, jeudi matin, la diffusion de cet indice en considérant qu’il n’était « pas représentatif de la situation » sans cesser pour autant de réaliser des mesures. Il a été remis en ligne vendredi 27 septembre dans la matinée. Atmo Normandie précise avoir mis en place « des mesures complémentaires dont l’analyse complexe ne peut être en temps réel, car faite en laboratoire de chimie ». Quels risques pour l’agriculture et les milieux naturels ? Des retombées d’hydrocarbures ont été constatées à Rouen et ses environs, dans des jardins, propriétés agricoles ou encore sur des légumes. Selon la chambre d’agriculture de la Seine-Maritime, plusieurs agriculteurs et laiteries ont déjà tiré la sonnette d’alarme. A titre de précaution, le préfet de la Seine-Maritime a émis des recommandations spécifiques : les éleveurs qui possèdent des animaux en plein air doivent « les rentrer et sécuriser leur abreuvement et leur alimentation en les plaçant sous abri ». Il est interdit de nourrir les bêtes avec des « aliments souillés » et il faut « faire pâturer les ruminants sur des pâtures saines ». qui possèdent des animaux en plein air doivent « les rentrer et sécuriser leur abreuvement et leur alimentation en les plaçant sous abri ». Il est interdit de nourrir les bêtes avec des « aliments souillés » et il faut « faire pâturer les ruminants sur des pâtures saines ». les agriculteurs ne doivent rien récolter « en l’attente de précisions ultérieures » et de ne pas chercher à nettoyer les champs impactés. ne doivent rien récolter « en l’attente de précisions ultérieures » et de ne pas chercher à nettoyer les champs impactés. les riverains ne doivent pas consommer les produits de leurs jardins s’ils ne sont pas épluchés ou correctement lavés. « Un plan de surveillance renforcé sera mis en place, tant sur les denrées végétales que d’origine animale, pour garantir la parfaite salubrité des produits destinés à la consommation humaine. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendie à Rouen : « Une fumée bio ça n’existe pas », s’inquiètent les agriculteurs de la région Des inquiétudes demeurent sur une éventuelle pollution des nappes phréatiques. Le préfet a affirmé, vendredi, qu’il n’y avait « a priori » pas de risques les concernant. Mais l’association environnementale Robin des bois s’est interrogée sur les réseaux de l’usine « saturés » et le « risque de migration des hydrocarbures et autres déchets toxiques dans les nappes phréatiques ». L’association met en garde contre le lavage des voitures ou des maisons encrassées : « Si les gens nettoient ça au Kärcher, on va se retrouver avec des eaux polluées qui vont aboutir ou bien dans la Seine, ou bien dans la station d’épuration. » Quel a été le précédent incident dans cette usine ? En janvier 2013, un bac de dialkyldithiophosphate de zinc s’était décomposé, émettant du mercaptan, fortement odorant – c’est lui qui donne au gaz de ville son odeur spécifique – et toxique à très forte dose. Le panache du gaz s’était étendu de la Manche à l’Ile-de-France. La décomposition de ce produit chimique avait été causée par la température excessive et par un temps de séjour trop long dans le bac. Le traitement « trop tardif » de la décomposition opéré par les employés n’a pas permis de minimiser l’émission de mercaptan et l’a même favorisée. Toutefois, l’enquête publique avait ensuite noté que « les concentrations correspondant aux effets irréversibles n’avaient pas été atteintes dans l’environnement ». L’entreprise avait été condamnée en avril 2014 à une amende de 4 000 euros pour nuisance olfactive, mais le délit de mise en danger de la vie d’autrui avait alors été écarté. Lire aussi Lubrizol condamnée pour la forte odeur de gaz de Rouen à Paris A la suite de l’incident, l’entreprise s’est engagée sur plusieurs années dans des travaux afin de réduire la probabilité de survenue d’événements de type « mercaptan » ou « autres émanations ». Le préfet a assuré jeudi que l’usine était « aux normes telle que nous l’avons vue en 2019 », en rappelant qu’« elle ne l’a pas toujours été » et qu’en 2017, « elle a fait l’objet d’une mise en demeure » en raison de « 17 manquements », puis que « la mise à niveau a été réalisée ». Que signifie le classement Seveso ? C’est le nom d’une directive européenne prise en 1982, six ans après l’émotion suscitée par la catastrophe écologique et sanitaire de l’usine chimique Icmesa, située sur la commune de Seveso, à une vingtaine de kilomètres au nord de Milan, en Italie. La directive incitait les pays européens « à se doter d’une politique commune en matière de prévention des risques industriels majeurs » et demandait « aux Etats et aux entreprises d’identifier les risques associés à certaines activités industrielles dangereuses et de prendre les mesures nécessaires pour y faire face .» Le dernier cadre de cette directive, Seveso 3 a été établi en 2012. Entrée en vigueur en 2015 en France, elle « introduit des normes plus strictes en matière d’inspection et renforce l’obligation d’information du public, du personnel et des exploitants des établissements voisins ». La directive Seveso distingue deux type d’installations (seuil haut et seuil bas) dont les mesures de sécurité et les procédures varient. Selon la base nationale des installations classées, la France compte 1 378 sites Seveso (634 en seuil bas et 744 en seuil haut) sur lesquels des études sont menées pour évaluer les risques et des plans de prévention des risques technologiques (PPRT) qui limitent l’urbanisation, sont mis en place. Le PPRT de Lubrizol avait été approuvé en 2014.
De nombreuses inconnues perdurent sur la nature et les effets des substances émises depuis jeudi par l’usine chimique dans la région de Rouen.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/27/ce-que-l-on-sait-au-lendemain-de-l-incendie-de-l-usine-lubrizol-a-rouen_6013373_4355770.html
mlsum-fr-1313
Donald Trump, président des Etats-Unis, lors du sommet du G7 le 26 août à Biarritz. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR "LE MONDE" Chronique. Quelles sont les chances de dialogue entre les Etats-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire de la République islamique ? Le seul fait de poser cette question est un progrès. On s’interrogeait jusqu’alors sur les risques de guerre entre les deux pays dans le golfe Arabo-Persique. N’en déplaise aux docteurs « y a qu’à » et éternels esprits chagrins, ce glissement thématique est largement dû aux efforts du président français Emmanuel Macron. Loin de l’empressement médiatique, la diplomatie est affaire de temps. Quand le secrétaire d’Etat américain Henry Kissinger négociait un désengagement entre les armées arabe et israélienne, dans les années 1970, il y mettait des mois – sans être sûr du résultat. Les pourparlers sur le contrôle des armes nucléaires durant la guerre froide prenaient des années. La diplomatie, cette volonté de prendre le pas sur le tumulte des passions, est un boulot ingrat. Le succès n’est jamais garanti et, en démocratie, ne rapporte guère de voix. Un double objectif Le bilan du G7 de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) – la réunion annuelle de l’Allemagne, du Canada, des Etats-Unis, de la France, de l’Italie, du Japon, du Royaume-Uni – sur l’affaire nucléaire iranienne est une ouverture : la possibilité d’une rencontre entre les présidents américain Donald Trump et iranien Hassan Rohani. Rien n’est sûr, mais il faut bien commencer quelque part. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Biarritz, Macron réussit un sommet du G7 qui s’annonçait pourtant délicat La présence du ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, sur la côte des Basques témoignait peut-être d’un changement de climat. Informé au préalable de cette visite, Trump ne s’y est pas opposé, même s’il n’a pas rencontré l’Iranien. De même, celui-ci ne se serait pas rendu à Biarritz sans le feu vert implicite du Guide suprême de la République islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, le vrai patron à Téhéran. Résultat ? « Dans certaines circonstances », Trump juge « réaliste » une prochaine rencontre – à l’ONU en septembre ? – avec Rohani. Sous certaines conditions, notamment la levée des sanctions américaines – de certaines sanctions ? – qui pèsent sur l’Iran, Rohani est prêt à s’entretenir avec le président américain. En dénonçant unilatéralement, en mai 2018, l’accord de mise sous contrôle international du programme nucléaire iranien, conclu à Vienne le 14 juillet 2015, Trump avait un double objectif. Il voulait un accord plus contraignant. Il souhaitait y inclure des clauses limitant l’arsenal de missiles balistiques iraniens et l’expansionnisme de Téhéran dans le monde arabe.
Une rencontre entre les présidents Donald Trump et Hassan Rohani n’a rien de sûr, mais il faut bien commencer quelque part, estime, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/29/la-question-d-un-eventuel-dialogue-de-l-iran-avec-les-etats-unis-en-souleve-une-autre-a-quelle-fin_5503969_3232.html
mlsum-fr-1314
Des manifestants opposés aux « commerçants parallèles » à Hongkong, le 13 juillet 2019. Kin Cheung / AP Après des semaines de protestation contre l’influence chinoise et pour les réformes démocratiques, de nouveaux affrontements ont éclaté entre manifestants et policiers à Hongkong, samedi 13 juillet. Les rassemblements organisés dans la localité frontalière de Sheung Shui visaient en l’occurrence des commerçants de Chine continentale qui viennent s’approvisionner dans le territoire au statut spécial. Hongkong ne pratiquant pas l’imposition du chiffre d’affaire, les pharmacies et les magasins qui y fleurissent sont très populaires parmi les hommes d’affaires du continent. Cette clientèle que les manifestants qualifient de « commerçants parallèles » est perçus comme porteurs de changements négatifs pour la population locale même s’ils entretiennent l’économie des zones frontalières. « Les loyers ont grimpé. Les autres petits magasins ou restaurants ne peuvent survivre. La région toute entière est devenue un site pour approvisionner les commerçants parallèles au lieu des habitants locaux », a expliqué à l’Agence France-presse parmi la foule de manifestants Siu Hok-Yan, 74 ans. La plupart des magasins à Sheung Shui avaient baissé le rideau avant la manifestation. Les propriétaires des rares commerces restés ouverts ont été contraints de fermer par les manifestants, selon les images diffusées par des médias locaux. Plus d’un mois de manifestation pro-démocratie La police a utilisé du gaz lacrymogène et des matraques contre des manifestants masqués. L’un des manifestants avait une blessure à la tête qui saignait, a constaté l’AFP. Les forces de sécurité ont déclaré dans un communiqué, s’être déployées après que des manifestants ont commencé à se disputer avec des habitants et « tenté de charger des policiers qui intervenaient ». Les manifestants accusent la police d’avoir chargé sans préavis. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après les manifestations, à Hongkong, « l’humeur n’est pas au shopping » Des manifestations massives, en marge desquelles ont éclaté de violents affrontements avec la police, secouent Hongkong depuis plus d’un mois. Suscitées au départ par un projet de loi du gouvernement pro-Pékin autorisant les extraditions vers la Chine continentale, dorénavant suspendu, elles se sont transformées en vaste mouvement pro-démocratie dans le territoire semi-autonome. L’afflux de touristes et d’immigrants venus de Chine continentale a provoqué ces dernières années un rejet croissant et certains manifestants parmi les plus durs les qualifient même de « sauterelles ». Un million de Chinois environ ont émigré à Hongkong depuis la rétrocession en 1997, une cause de friction dans une ville de 7,3 millions d’habitants qui souffre d’une grave pénurie de logements et où le coût de l’immobilier est exorbitant. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Hongkong, derrière les manifestations, les signes d’une crise existentielle
Les opposants au gouvernement pro-Pékin de Hongkong protestent contre les hommes d’affaires de Chine continentale qui tirent partie des conditions favorables offertes par le territoire au statut spécial et ce, au détriment des habitants.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/13/hongkong-nouveaux-affrontements-lors-d-une-manifestation-contre-les-commercants-chinois_5489100_3210.html
mlsum-fr-1315
« Dix mille pas et plus ». L’activité physique serait-elle un des meilleurs moyens de retarder la survenue d’un Alzheimer ? A l’heure où la recherche de médicaments contre cette maladie neurodégénérative accumule les échecs, une étude américaine publiée le 16 juillet dans la revue scientifique JAMA Neurology livre de nouvelles données sur les effets neuroprotecteurs de l’activité physique. L’équipe de Jennifer Rabin (Massachusetts General Hospital, Boston) a suivi pendant sept ans 182 seniors (73 ans en moyenne) cliniquement en bonne santé. Au début de l’étude, leur niveau d’activité physique a été évalué avec un podomètre. Ils ont eu également une mesure de la charge amyloïde dans leur cerveau. Une charge élevée reflète une forte accumulation de protéines bêta-amyloïdes, état qui peut précéder de plusieurs années le début clinique d’une maladie d’Alzheimer. Ces participants ont ensuite bénéficié de tests annuels de leurs performances cognitives et d’IRM cérébrales appréciant le volume de matière grise. Résultats : parmi les personnes avec une charge amyloïde élevée – donc plus à risque de maladie d’Alzheimer –, les performances cognitives chutent nettement moins au cours des sept ans de suivi chez celles ayant une activité physique importante (8 300 pas par jour) que chez celles ayant une activité physique limitée (2 900 pas par jour). Parallèlement, la perte de matière grise à la fin de l’étude est moindre dans le groupe des individus les plus actifs, surtout chez ceux avec une charge amyloïde élevée. Retarder la progression de la maladie d’Alzheimer Ces bienfaits de l’activité physique sur le cerveau sont indépendants des facteurs de risque vasculaire (hypertension artérielle, diabète, tabagisme, excès de poids), soulignent les auteurs. « Des approches interventionnelles ciblant à la fois l’activité physique et les facteurs de risque vasculaire pourraient avoir des effets bénéfiques additionnels pour retarder la progression de la maladie d’Alzheimer », écrivent-ils. Analyse partagée par le professeur de santé publique et chercheur Philippe Amouyel (université de Lille) : « A l’échelle épidémiologique, la lutte contre la sédentarité est le troisième facteur le plus protecteur de la maladie d’Alzheimer, derrière le niveau d’études, et l’arrêt du tabac, précise ce spécialiste, auteur du Guide anti-Alzheimer (Cherche Midi, 2018). L’étude publiée dans JAMA Neurology suggère que l’activité physique agit sur la charge amyloïde, donc directement sur l’un des mécanismes de la maladie. Et la force de ce travail réside dans son caractère prospectif. »
Une étude américaine montre que les performances cognitives et le volume de matière grise des seniors en bonne santé chutent moins chez les plus actifs.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/23/l-activite-physique-permet-de-lutter-contre-le-declin-cognitif_5492568_1650684.html
mlsum-fr-1316
La Forêt Mes premiers docs sonores : « La Forêt », de Charlie Pop et Marion Zoubenko . Dès 1 an. Gründ L’inconvénient présenté par les livres sonores (l’achat régulier de piles) est compensé par un immense avantage : l’enfant n’a pas besoin d’un parent pour les lire. Mettez donc entre les mains du lardon cet ouvrage où l’on entend le chant du coucou, le hululement du hibou, mais surtout… le grognement du sanglier, à mi-chemin entre le reniflement et le rot. Le marmot va adorer l’imiter. De Charlie Pop et Marion Zoubenko (Gründ, 12 p., 9,95 €). Dès 1 an. La Nuit des animaux «La Nuit des animaux », de René Mettler. Dès 4 ans. Gallimard C’est un livre qui exige un peu de place (34 cm de long) et d’équilibre, puisqu’il faut le tourner à 45 degrés vers la droite pour admirer les pages imprimées en format paysage. Les dessins de René Mettler, à la fois très lisibles et fouillés, se déploient vraiment dans ce cadre : on se croirait au cinéma. Le scénario est simple, on suit les péripéties des animaux qui vivent de nuit à la campagne. Un campagnol grignote une graine au clair de lune. Il n’a pas remarqué la martre qui veut le croquer, mais paf ! (tournez la page), c’est la chouette qui chope le rongeur en premier. C’est triste ? Mais non, c’est pour la bonne cause (tournez la page), c’est pour ses poussins qui n’ont qu’un mois ! L’histoire s’achève avec le lever du soleil, mais le livre n’est pas pour autant terminé : tous les animaux participant au casting ont droit à une fiche très complète qui présente leurs caractéristiques. De René Mettler (Gallimard, 38 p., 19,90 €). Dès 4 ans. Ours de tous poils « Ours de tous poils », de Katie Viggers. Dès 5 ans. Sarbacane Si la Californie ou Berlin ont choisi l’ours pour emblème, ce n’est pas pour rien. L’animal est à la fois sympathique et impressionnant : un combo gagnant. Cela n’a pas échappé à la Britannique Katie Viggers, qui consacre un ouvrage entier aux ours, tout en infos amusantes et illustrations parlantes. Combien d’espèces d’ours existe-t-il dans le monde ? Les huit principales sont réunies dans une belle photo de classe où l’on découvre l’existence de l’ours à lunettes et du lippu. Les lippus – 20 000 dans le monde – ont la particularité de se nourrir en creusant un trou dans une termitière puis d’appliquer leurs grosses lèvres dessus et d’aspirer le plus de termites possible, ce tout en fermant leurs narines pour empêcher les bestioles de leur rentrer dans le nez. Fourmillant d’infos amusantes, le livre n’oublie pas de faire le point sur l’avenir du plantigrade, dont la survie est menacée par la fonte des ­glaces et la déforestation. Il informe, mais ne met pas la pression.
Serait-ce parce qu’avec le réchauffement climatique, la biodiversité est menacée ? Une multitude d’ouvrages pour enfants s’intéressent cette année à la réjouissante variété du monde animal. Sélection des albums les plus convaincants.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/10/09/cinq-livres-jeunesse-special-animaux_6014795_4497916.html
mlsum-fr-1317
La Surface Neo, la tablette pliable de Microsoft, est attendue pour mi-2020. MICROSOFT Les nouveautés de Microsoft (une nouvelle gamme d’ordinateurs et de tablettes Surface), sorties le 22 octobre, ont été un peu éclipsées par deux prototypes dévoilés début octobre lors d’une conférence du constructeur, qui ne seront pourtant pas commercialisés avant l’été 2020. Le premier est un smartphone Android baptisé « Surface Duo », le second une tablette Windows nommée « Surface Neo ». Chacun sera équipé de deux écrans cachés à l’intérieur de leur coque, qui se déplieront pour être placés dos à dos, ou de façon plus innovante, côte à côte. Ils formeront alors un unique grand affichage divisé par une épaisse marge noire. D’un format inédit, ces deux Surface tenteront de redéfinir notre rapport aux appareils nomades et à nos manières d’utiliser des applications, rien de moins. Un besoin qui monte « Sur une tablette ordinaire, vous pouvez utiliser deux applications côte à côte, mais vous le faites rarement », explique le chef du design de Microsoft, l’Américain Ralf Groene. « Sur une tablette à deux écrans, les deux zones d’affichage vous guident naturellement, sémantiquement, vers un usage multitâche », soit l’utilisation simultanée, voire croisée, de deux applications. Ce constat est partagé par Dominique Soler, le PDG de Human Design Group, un grand cabinet qui conçoit fréquemment des systèmes d’affichage multiécrans pour les professionnels. Cet ergonome de formation semble convaincu par l’existence d’une demande d’appareils multitâches plus nomades. « Chez les jeunes générations en particulier, je constate la montée de l’utilisation simultanée de plusieurs écrans. Dans certains contextes, ça peut réellement être utile : cela permet par exemple d’afficher une carte géographique à côté d’une chronologie historique. Cela dit, un double écran permet aussi des usages qui ne sont pas nécessairement profitables – regarder une vidéo en faisant ses devoirs par exemple… » Soulignons en effet, comme le confirme M. Soler, que les aptitudes mentales au multitâche sont très inégalement réparties d’une personne à l’autre. Ralf Groene avance que les jeunes générations sont ainsi loin d’être les seules classes d’âge qui pourraient profiter d’un tel appareil : « Personnellement, sur le prototype de la Duo, j’apprécie de pouvoir rester en contact avec ma famille sur le premier écran, et avec mes collègues sur le second », avance-t-il. Usages très différenciés Le chef du design de Microsoft va plus loin en affirmant que les appareils à écrans multiples favorisent le flux de travail : « Nous passons notre temps à jongler entre les applications. Cela nous force à conserver en permanence dans notre mémoire biologique l’endroit d’où l’on vient. Le simple fait d’avoir deux écrans juxtaposés évite qu’on se perde. » L’ergonome Dominique Soler juge ce principe valable, à condition qu’il soit concrétisé intelligemment : « On lit de gauche à droite, c’est plus naturel de garder l’application qu’on vient de consulter sur le côté plutôt que de le cacher derrière ce qu’on est en train de consulter. A condition qu’on ait encore besoin de cette application, sinon, le cerveau est forcé de la prendre en compte inutilement. C’est là que Microsoft gagnerait à penser son logiciel intelligemment. Le smartphone pourrait, par exemple, suivre les yeux de l’utilisateur grâce à sa caméra frontale, détecter le moment où il ne regarde plus l’application depuis trois minutes, et la remplacer par quelque chose de plus utile. » M. Soler insiste ainsi sur la nécessité, pour que les futures Surface soient de vrais outils multitâches, que Microsoft équipe ces appareils de fonctions logicielles puissantes qui permettent de tirer profit de deux écrans, et suffisamment souples pour s’adapter à des usages très différenciés. « C’est un défi, mais si c’est exécuté intelligemment, cela permettra de gérer l’utilisation simultanée de deux applications, de façon plus efficace qu’on n’arrive à le faire aujourd’hui, en recourant par exemple à deux appareils nomades en même temps. » Les bénéfices équilibreront-ils les coûts ? Outre ces défis logiciels à relever, M. Soler pense que l’autre risque des futures Surface est d’ordre matériel. La formule du smartphone à double écran est prometteuse sous réserve que ses « bénéfices » équilibreront ses « coûts » : or ceux-ci pourraient être importants. « Poids, confort en main, lenteur d’accès, puisqu’il faut déplier le smartphone avant de pouvoir consulter son écran…, énumère M.Soler. Sans oublier le prix, puisque la charnière et le deuxième écran ont un coût. » Sur la tablette Neo, le clavier est beaucoup plus petit que sur un ordinateur portable 13 pouces. MICROSOFT Autre point qui pose question : la frustration générée par la marge noire des Neo et Duo, qui divise l’écran en deux quand on le déplie à plat. Elle est de nature à gêner la consultation des textes et des vidéos. Une critique que Ralf Groene, de Microsoft, n’ignore pas : « Tous les produits sont affaire de compromis. Ceci dit, j’aurais envie de vous inciter à être patient. Rappelez-vous que les éditeurs de magazines ont trouvé une astuce pour qu’on puisse regarder des photos sur deux pages : notre cerveau s’est habitué à ce que les photos ne soient pas parfaitement raccord. Nous observons la même chose sur la Surface Duo : avec le temps, le cerveau cesse de voir la séparation, et on peut réussir à regarder des films. » Un usage que M. Soler juge possible pour certains utilisateurs, mais qu’il faudra vérifier. L’ergonome souligne par ailleurs que les textes ne peuvent, eux, absolument pas être lus avec une barre en plein milieu, tout comme les feuilles de tableurs. Pourtant, « pour ces contenus, on a vraiment envie d’utiliser le double écran, en particulier sur smartphone ». Mais la taille de cette marge d’écran restera-t-elle éternellement aussi large ? Ralf Groene est optimiste : « La première Surface Pro mesurait 13 millimètres. La Surface Pro X que nous venons d’annoncer en mesure 5. Nous sommes investis dans la voie du double écran sur le long terme, nous y arriverons. » Deux écrans ou un seul écran pliable Peut-on envisager une solution consistant à troquer les deux écrans des Surface pour un unique écran d’un nouveau genre, souple et pliable, semblable à celui du Fold, le smartphone pliable de Samsung ? Ralf Groene ne l’exclut pas totalement : « Les écrans pliables sont fascinants, bien entendu. Nous menons donc des expérimentations. Mais les écrans souples ne possèdent pas les qualités que nous avions en tête quand nous avons conçu la Duo et la Neo. Nous voulions notamment qu’elles soient très robustes et très fiables. Peut-être qu’à l’avenir, si la technologie des écrans souple évolue, nous y jetterons de nouveau un œil. » Cependant, en l’absence d’une claire séparation de l’affichage, une Surface dotée d’un seul écran ne pousserait plus naturellement les utilisateurs au multitâche. Elle conserverait cependant l’autre atout des prototypes de Surface : la capacité à se plier en deux pour occuper moins d’espace.
Avec ses derniers prototypes (les Surface Duo et Neo, prévus pour 2020), le constructeur cherche à faciliter le multitâches quand on n’a pas d’ordinateur sous la main. Nous avons croisé les regards du chef du design de Microsoft et d’un ergonome français.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/26/tablettes-smartphones-microsoft-veut-etendre-l-usage-d-applications-en-simultane_6017013_4408996.html
mlsum-fr-1318
Une forêt de Colombie-Britannique (Canada).. SYLVAIN CORDIER / GAMMA-RAPHO VIA GETTY « Eden », de Monica Sabolo, Gallimard, 288 p., 19,50 €. Rares sont les auteurs ­capables de dire au jour près quand ils ont commencé à travailler sur un livre. Monica Sabolo, elle, n’hésite pas quand on lui demande la date approximative des premières recherches qui l’ont menée à écrire Eden : « L’après-midi du 16 novembre 2017. » Le matin même, l’écrivaine a appris que son cinquième roman, Summer (JC Lattès), finaliste du Goncourt des lycéens, ne l’avait pas emporté (il est allé à L’Art de perdre, d’Alice Zeniter, Flammarion). Pour oublier la sauvagerie du monde littéraire, elle décide de s’intéresser à la sauvagerie tout court, elle que travaille une « envie de grands espaces », un désir de forêt, ce lieu « de tous les possibles, de toutes les transformations, de toutes les légendes », détaille-t-elle pour « Le Monde des livres ». Après avoir fait des montagnes et de la neige des ­personnages de Crans-Montana (JC Lattès, 2015), et de l’eau du lac Léman le cœur de Summer, elle se dit que la forêt serait un décor idéal pour le genre du roman ­ « gothique » auquel elle rêve de s’essayer – parmi ses modèles, elle cite Bellefleur, de Joyce Carol Oates (Stock, 1980). Prix de Flore 2013 pour « Tout cela n’a rien à voir avec moi » Plus tard dans la conversation, alors que l’on essaie de comprendre le lien qu’entretient avec la nature l’écrivaine grandie à Genève, aujourd’hui Parisienne installée rive gauche, Monica Sabolo remonte bien plus loin que l’automne 2017. A des vacances à Majorque, où, enfant silencieuse, sage et maladroite sur terre, elle découvre la plongée aux côtés d’un pêcheur et, par là même, un élément dans lequel elle se sent intrépide. Naît ainsi une passion pour la mer, les lacs, l’eau profonde en général, ainsi que pour les œuvres du commandant Cousteau. A 20 ans, elle postule pour travailler au WWF : son premier emploi consiste à recenser les tortues luth en Guyane. Elle se fait ensuite journaliste à Paris, au mitan des années 1990, dans une ­publication spécialisée, Mer et Océan, avant de bifurquer vers la presse féminine. L’obtention du prix de Flore, en 2013, pour Tout cela n’a rien à voir avec moi (JC Lattès), son troisième roman, l’encourage à quitter son métier pour se consacrer à l’écriture romanesque. Spontanément, elle rapproche celle-ci de l’eau ou de la forêt : « C’est un autre monde, sous la surface, d’une extrême vitalité. »
Histoire d’un livre. L’auteur s’est égarée dans les bois de Colombie-Britannique. Emerveillée par les lieux et horrifiée par le sort des femmes autochtones.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/07/pour-eden-monica-sabolo-a-repondu-a-l-appel-de-la-foret_5507569_3260.html
mlsum-fr-1319
« Les écarts de performance entre les sexes sont plus élevés dans les pays dans lesquels les stéréotypes associant les mathématiques aux garçons sont plus forts. » Steve Prezant/Cultúra Creative / Photononstop Tribune Si les filles ont désormais de meilleurs parcours scolaires que les garçons, obtenant de meilleurs résultats au brevet ou au baccalauréat, et poursuivant davantage des études supérieures, elles n’en demeurent pas moins fortement sous-représentées dans les domaines reliés aux mathématiques. Elles représentent par exemple moins d’un tiers des effectifs des écoles d’ingénieurs. Or, ce sont souvent ces domaines qui mènent aux professions les mieux rémunérées, dans les secteurs en plus forte croissance et les moins sujets à des écarts de salaires entre femmes et hommes. Pourtant, les différences de niveau en mathématiques entre filles et garçons sont désormais très faibles dans la plupart des pays et ne permettent pas d’expliquer les larges différences de choix d’éducation et de carrière entre les sexes. Les chercheurs en sciences sociales se sont donc tournés vers d’autres explications telles que des différences de confiance en soi, de préférence ou des discriminations. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’écart de performance entre filles et garçons en sciences est une forme d’inégalité sociale » Dans un article qui vient de paraître dans la revue PNAS, nous éclairons le débat sur les causes de la ségrégation de genre entre métiers d’un jour nouveau. Nous reconsidérons le rôle des performances scolaires et nous montrons que la prise en compte non seulement des résultats en mathématiques mais également de ceux en lettres (ou lecture) permet de rendre compte d’une large part des écarts d’orientation entre filles et garçons. De faibles différences de performance Pour cela, nous utilisons les données individuelles de l’enquête internationale PISA menée en 2012. L’étude des performances en mathématiques et en lettres sur un échantillon de 300 000 élèves de 15 ans dans 64 pays (les 35 pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques et 29 pays partenaires) révèle que les garçons restent légèrement meilleurs que les filles en mathématiques, tandis que les filles sont bien meilleures en lettres. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les mathématiques plébiscitées malgré la fin des filières au lycée L’écart en lettres en faveur des filles est trois fois supérieur à l’écart en mathématiques en faveur des garçons. Ces différences donnent aux filles par rapport aux garçons un vrai avantage comparatif pour les disciplines littéraires : deux tiers d’entre elles sont meilleures en lettres qu’en mathématiques, alors que c’est le cas pour seulement un tiers des garçons. L’enquête PISA 2012 inclut également des questions permettant de mesurer les intentions de poursuivre des études et des carrières reliées aux mathématiques. On y retrouve que les garçons ont davantage l’intention que les filles d’étudier les mathématiques, avec des écarts observés très variables d’un pays à l’autre. On constate que les faibles différences de performance en mathématiques ne peuvent expliquer qu’environ 10 % de ces écarts d’intention.
Les chercheurs Thomas Breda et Clotilde Napp démontrent dans une tribune au « Monde » que ce sont les différences d’avantage comparatif qui expliqueraient la moindre présence des filles dans les filières scientifiques.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/25/education-a-niveau-egal-en-mathematiques-le-meilleur-niveau-des-filles-en-lettres-nuit-a-la-facon-dont-elles-se-percoivent-en-mathematiques_5493149_3232.html
mlsum-fr-1320
« Jeune mendiant », de Thomas Gainsborough (XVIIIe siècle). Ashmolean Museum/Mary Evans Picture Library/Photononstop « Vies oubliées. Au cœur du XVIIIe siècle », d’Arlette Farge, La Découverte, « A la source », 304 p., 18 €. Passionnée par l’archive et ouverte à toutes les entreprises historiographiques, Arlette Farge s’attache ici à décrire des « restes » d’existences inclassables qui témoignent, de façon émouvante, des nombreux destins d’hommes, de femmes et d’enfants pauvres du XVIIIe siècle, saisis à un instant de leur vie dans des lieux improbables ou dans des situations inédites : ouvriers, domestiques, artisans, malades mentaux, prostituées, filles violées, etc. L’ensemble est tiré d’un corpus archivistique soigneusement recueilli pendant des années et qui ne figure pas dans les livres de l’auteure. Ce sont les fameux ­ « reliquats » non utilisés par les historiens au cours de leur travail de recherche. Entre pénombre et lumière, ces documents ra­content l’histoire d’une société traversée par une violence de classe annonciatrice de l’épopée révolutionnaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’historienne Arlette Farge et la fragile audace du coquelicot Dans chaque chapitre, l’archive est livrée à l’état brut, telle une lettre de doléances, suivie d’un commentaire : deux régimes d’écriture et d’historicité se croisent sans ordre apparent, au point que le livre peut se lire par morceaux, comme un vibrant hommage à la souffrance humaine. Ainsi, dans un courrier anonyme de 1731, trouve-t-on une note sur le « maudit usage des amidons » rédigée par un collectif qui dénonce les « “emperruqués” aux fausses chevelures emplies de farine ». Il s’agit là d’« un grand scandale », disent les plaignants : les perruques des nobles et des prêtres consomment plus d’une livre de farine par jour, privant les ­pauvres de leur pain quotidien. En ­lisant ces lignes, on ne peut pas ne pas penser à ce que deviendront ces têtes un demi-siècle plus tard, quand la foule en colère les brandira au bout d’une pique. Missive déchirante Plus loin, Arlette Farge commente la missive déchirante d’un homme qui, en 1788, demande à ses parents d’avoir pitié de son âme parce qu’il a aimé « la plus fourbe de toutes les femmes » et qu’il ne songe qu’à la vengeance. Ailleurs, on trouve pêle-mêle l’histoire d’un commissaire affligé qui a reçu la plainte d’une femme dont le mari a des accès de folie, ou encore le récit atroce de l’exécution capitale, en 1735, d’un laboureur de 24 ans accusé d’avoir mis le feu à une grange : « Ne sait ni lire ni signer, nie ­jusqu’au bout, au moment de la question a dit qu’il était innocent. » La description de la « surveillance des juifs », entre 1756 et 1763, par les habitants des quartiers commerçants de Paris est fort intéressante : les uns réclament la tolérance, les autres la répression, notamment quand il s’agit de juifs « pauvres et ambulants ».
Des archives du XVIIIe siècle, exhumées par l’historienne au cours de décennies de recherche mais inutilisées, sont recueillies dans ce livre émouvant.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/13/vies-oubliees-l-historienne-arlette-farge-trouve-une-place-aux-inclassables_6015314_3260.html
mlsum-fr-1321
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, à Londes, le 28 octobre 2019. ISABEL INFANTES / AFP Chronique. A cette vitesse, Godot va finir par arriver avant le Brexit. Trois ans et quatre mois après le référendum, avec trois dates butoirs repoussées, la sortie de l’Union européenne (UE) du Royaume-Uni n’est toujours pas actée. La faute en incombe avant tout à un Parlement britannique divisé à l’extrême et incapable de compromis – les Européens, de leur côté, ont déjà accepté deux formes de l’accord. Lire aussi L’Europe accepte un report du Brexit au plus tard au 31 janvier 2020 Mais si vous n’en pouvez plus de cette saga, mauvaise nouvelle : cela va encore durer des années. Même si l’accord de retrait actuel finit par être approuvé par les députés britanniques, même si des élections dégagent une majorité claire à la Chambre des communes, il ne s’agira que de la première étape. Dans un second temps, il reste à négocier le futur accord de libre-échange entre Londres et Bruxelles, et celui-ci risque d’être au moins aussi long et compliqué à conclure. L’accord de retrait ne signe en effet que le divorce. Il permet aux Britanniques de ne plus être membres de l’UE, ce qui est politiquement très important. Mais économiquement, rien ne changera. Il restera à déterminer, secteur par secteur, quel accès au marché unique les Britanniques conserveront (et réciproquement), quels droits de douane s’appliqueront, comment les normes sanitaires, agroalimentaires ou financières seront reconnues… Ce genre d’exercice prend normalement des années. Le CETA, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada, a nécessité six ans de négociations. Celui entre l’UE et la Corée du Sud a pris quatre ans. Certes, il n’y avait pas la même urgence politique que dans le cas du Brexit, mais les difficultés techniques seront nombreuses. Le Brexit en schéma : des élections générales, un report long et encore beaucoup d’inconnues Mise à jour du 30 octobre : le schéma a été modifié pour intégrer le vote de la Chambre des communes en faveur de nouvelles élections générales programmées pour le 12 décembre 2019. Il y avait eu ce vote inattendu à la Chambre des communes en faveur d’un texte relatif au Brexit le 22 octobre dernier – une première depuis 2016 –, avec 329 voix pour contre 299. Et puis, mardi 29 octobre, un autre vote favorable à la tenue d’élections générales le 12 décembre prochain. Le Parlement va ainsi s’autodissoudre le 6 novembre prochain, avant de siéger à nouveau à partir du 16 décembre. Le Parlement britannique a gagné sur le report à la fin du mois de janvier, contre Boris Johnson qui voulait quitter l’UE le 31 octobre, mais une chose est sûre : il reste encore bien des questions à régler, au premier chef desquelles on trouve le vote formel de l’accord par le Parlement, et avec quelle majorité après les nouvelles élections ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : les élections du 12 décembre, un pari risqué pour Boris Johnson Le premier ministre, qui n’a plus de majorité, tente ainsi un quitte ou double dans une situation qui ne lui laissait qu’une marge de manœuvre très limitée. Les événements qui ont eu lieu sont entourés en jaune. Ce diagramme présente les différents chemins que peut prendre la crise du Brexit côté britannique à partir de la conclusion d'un nouvel accord entre les deux parties , jeudi 17 octobre. Le Parlement européen approuve l’accord de sortie Le Parlement européen est consulté sur l’accord Le Royaume-Uni quitte l’UE avec un accord avant le 31 janvier Une nouvelle majorité est élue et siège à partir du 16 décembre Le Royaume-Uni organise des élections générales le 12 décembre 2019 29 octobre 2019 issue inconnue ? Le Royaume-Uni quitte l’UE sans accord à une date inconnue Report court 1 mois Report long et flexible au 31 janvier 2020 au plus tard Les Vingt-Sept se prononcent sur le délai 28 octobre 2019 Le Parlement britannique vote pour Le Parlement britannique vote contre Le Parlement se prononce sur l’accord Procédure accélérée Procédure normale Le Parlement accepte de travailler sur la loi d’application du Brexit 22 octobre 2019 Le Parlement reporte le vote sur l’accord et contraint M. Johnson à demander un report 19 octobre 2019 17 octobre 2019 Londres et Bruxelles s’entendent sur un nouvel accord de sortie du Royaume-Uni Sources : Le Monde, House of Commons « En un graphique » des Décodeurs éclaire l’actualité sous forme visuelle. Retrouvez tous les articles dans La sériedes Décodeurs éclaire l’actualité sous forme visuelle. Retrouvez tous les articles dans notre rubrique Conscients du problème, Londres et Bruxelles ont prévu dans l’accord de retrait une période de transition qui court jusqu’au 31 décembre 2020, pendant laquelle les relations économiques actuelles resteront les mêmes. Pour les entreprises, rien ne changera. Mais cette période de transition est de plus en plus courte. Initialement, le Brexit devait avoir lieu le 29 mars 2019, et celle-ci devait donc durer presque deux ans. A l’époque, le patronat avertissait déjà que cela pourrait être insuffisant. Avec les retards actuels, la transition sera à peine d’un an. « Brexeternity » Son extension est possible, par exemple jusqu’à fin 2021 ou fin 2022. Attendez-vous donc à entendre parler, au courant de l’année prochaine, des risques d’un… « no deal ». Le Royaume-Uni pourrait en effet sortir de cette période de transition sans qu’un accord ne soit conclu. Du jour au lendemain, il deviendrait un pays tiers commerçant aux normes de base de l’Organisation mondiale du commerce.
Quand bien même le divorce serait acté, il resterait à négocier le futur accord de libre-échange entre Londres et Bruxelles, et celui-ci risque d’être au moins aussi long et compliqué à conclure, prévient Eric Albert, correspondant du « Monde » à Londres.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/29/si-vous-n-en-pouvez-plus-de-la-saga-du-brexit-mauvaise-nouvelle-cela-va-encore-durer-des-annees_6017269_3232.html
mlsum-fr-1322
Giuseppe Conte à Rome, le 4 septembre. REMO CASILLI / REUTERS La première fois, fin mai 2018, il était venu en taxi, comme pour signifier que le chef de ce gouvernement d’un genre nouveau arrivait au pouvoir dans la peau d’un citoyen comme les autres. Il paraissait emprunté, écrasé par la majesté du palais du Quirinal et l’importance de ses nouvelles fonctions. Mais le temps des commencements est bien fini. Mercredi après-midi, Giuseppe Conte s’est présenté à la présidence de la République en voiture officielle, et il s’est prêté au protocole avec l’assurance d’un vieux routier de la politique. Devant la presse, il a énoncé la composition du deuxième gouvernement Conte. Un exécutif aux antipodes du précédent, qui mènera sur de nombreux sujets une politique opposée à celle conduite par l’Italie jusqu’au coup de force de Matteo Salvini, le 8 août, qui a sonné la fin de l’alliance entre le Mouvement 5 étoiles (« anti-système ») et la Ligue (extrême droite). Giuseppe Conte a effectué l’exercice avec une certaine aisance, comme si cela allait de soi. Ce faisant, il montrait la longueur du chemin parcouru en un an, en même temps qu’une souplesse politique peu commune. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Italie, la revanche surprise du Parti démocrate Au printemps 2018, Giuseppe Conte était un parfait inconnu, un professeur de droit de 53 ans originaire des environs de Foggia (Pouilles), proche du M5S mais « apolitique ». Sa mission première était de faire respecter le contrat de gouvernement entre le M5S et la Ligue, dont il n’était que le garant, et les deux vice-premiers ministres, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, l’avaient choisi en raison de son absence de poids politique. Pendant quatorze mois, ils n’ont pas manqué une occasion de lui rappeler que s’il était premier ministre, il ne fallait surtout pas qu’il se prenne pour le chef du gouvernement. Malgré tout, Giuseppe Conte s’est acquitté du mieux qu’il pouvait de cette tâche inédite, usant de ses talents de conciliateur pour maintenir tant bien que mal un attelage disparate et déséquilibré. Le 3 juin, las des querelles incessantes entre les deux composantes de son gouvernement et des provocations de Matteo Salvini, il avait même menacé de démissionner. Violent réquisitoire Aussi, lorsque le chef de la Ligue a décidé de rompre, le soir du 8 août, pour provoquer des élections anticipées, il n’imaginait pas une seconde que Giuseppe Conte serait un obstacle. Las, celui-ci a refusé d’obtempérer, faisant dérailler en quelques heures le plan du chef politique de la Ligue. Plutôt que de se démettre sans ciller, Giuseppe Conte est allé défendre son bilan devant le Sénat, le 20 août, avant de remettre sa démission, et il s’est livré dans l’hémicycle à un violent réquisitoire contre son numéro deux, assis à quelques centimètres de lui. Dans le même temps, il pesait de tout son poids institutionnel pour faciliter un accord entre le M5S et le Parti démocrate (centre gauche), au point de faire de l’ombre au chef politique des Cinq étoiles, Luigi Di Maio, dont il parviendra à vaincre les réticences.
Le premier ministre, effacé dans son premier gouvernement tant par le Mouvement cinq étoiles que par la Ligue, a profité de la crise politique provoquée par Matteo Salvini.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/05/en-italie-la-metamorphose-de-giuseppe-conte_5506740_3210.html
mlsum-fr-1323
Francois Hollande et le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll (à gauche), lors du dîner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France, le 22 février 2017. AFP/Michel Euler L’un et l’autre font entendre leur petite musique depuis plus d’un an. François Hollande livre ses analyses au gré de conférences ou de visites de lycées, tandis que Bernard Cazeneuve multiplie les déjeuners et dîners avec des parlementaires ou des caciques socialistes. L’alternance n’attendrait qu’un homme d’Etat à gauche, susurrent-ils, et chacun pense pouvoir l’être. Depuis quelques semaines, cependant, le camp des « hollandais » commence à hésiter. Il y a comme un vent de dispersion qui souffle parmi ces grognards qu’on pensait soudés, fiers du quinquennat passé et prêts à se mettre en branle derrière leur chef. Tandis que le Parti socialiste (PS) prenait ses distances, l’ancien président et son premier ministre jouaient depuis des mois leur partition, sans trop s’avancer, prétendant vouloir seulement « se rendre utiles ». Leurs amis se chargeant de transformer leur volonté en espoir : il y aurait une fenêtre de tir après les élections européennes pour se positionner, croyaient-ils, le temps que la stratégie d’alliance avec Raphaël Glucksmann, chère au premier secrétaire Olivier Faure, aille s’échouer sur le mur des 5 %, seuil en deçà duquel il n’était pas possible d’envoyer des élus au Parlement européen. Après le 26 mai, ils pourraient alors agir, sûrs que les leurs se rangeraient derrière eux. Mais le presque miraculeux – et si modeste – 6,3 % atteint par la liste de l’essayiste a chamboulé ce bel ordonnancement. Et la « stratégie du recours » semble faire douter mêmes les plus fidèles. C’est le bloc formé derrière l’ex-président de la République qui a connu ses premières fissures. Ce fut d’abord un soupir qu’un proche faisait entendre quand on soulignait l’« activisme » de l’ancien maire de Tulle. Puis le silence d’un autre devant les critiques que François Hollande laissait perler à l’encontre des siens. Enfin, les premiers mots reconnaissant des « erreurs » lors du quinquennat, que certains fidèles historiques ont fini par lâcher douloureusement. La distance s’est instaurée peu à peu. Début mars, Stéphane Le Foll a ainsi confié que « certains n’ont pas intégré l’écologie, mais [que] l’époque “je produis, je distribue”, c’est fini ». Une manière élégante de dire que Hollande a fait son temps. François Rebsamen préfère le ton de la plaisanterie : « J’aime bien François Hollande, c’est un ami, on parle de foot souvent. Il est très bon d’ailleurs, c’est peut-être là où il est le meilleur », a-t-il glissé sur RMC. Mais les propos sont restés feutrés.
On pensait le camp des « hollandais » soudé autour de l’ancien chef de l’Etat et de Bernard Cazeneuve. Mais après les européennes, la « stratégie du recours » semble faire douter même les fidèles Stéphane Le Foll et François Rebsamen.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/19/francois-hollande-lache-par-les-siens_5478228_823448.html
mlsum-fr-1324
FLORENT TANET POUR « LE MONDE » Une bouteille de Ricard aux reflets verts, sur une table de salon de jardin. En arrière-plan, des champs de fenouil à perte de vue. Depuis avril 2018, un affichage publicitaire verdit l’image du célèbre « p’tit jaune » pour célébrer sa nouvelle gamme baptisée « Plantes fraîches », produite à partir de fenouil aromatique cultivé, récolté et distillé sur le plateau de Valensole, dans les Alpes-de-Haute-Provence. Un Ricard local, donc… mais pas bio. Le Domaine des Hautes Glaces fait office de pionnier du bio dans le whisky français. Depuis 2009, cette ferme-distillerie maîtrise la chaîne de production du grain au nectar. Plus confidentielle, Fair, la première marque française de spiritueux en commerce équitable, fête cette année ses 10 ans. Son produit phare ? Une vodka au quinoa bio, végane et sans gluten, cultivée par des agriculteurs indépendants de l’Altiplano, en Bolivie, mais brassée puis distillée dans la région de Cognac, en Charente. De petits producteurs à qui Fair achète le quinoa 15 % plus cher que la moyenne du marché, dans le but de financer localement des projets sociaux et environnementaux. Visiblement en quête de sens et soucieux de véhiculer des valeurs d’écologie et de développement durable, le monde des spiritueux peut aussi compter sur le boom des microdistilleries. Car c’est surtout du côté de ces petites structures que l’éthique environnementale s’exprime ces dernières années. « Hormis les gammes organic de quelques noms réputés du whisky écossais, tels Benromach ou Bruichladdich, le bio dans les spiritueux est encore un marché de niche, observe Bruno Besson, caviste à la tête d’Aux cépages d’Ermont, dans le Val-d’Oise. Mais les initiatives se multiplient ces derniers temps, notamment en France. » Elles seront mises en valeur lors de la cinquième édition de France Quintessence, le salon des spiritueux français qui se tient les 15 et 16 septembre, au Pavillon Ledoyen, à Paris. Parmi celles-ci, le Domaine des Hautes Glaces, à Saint-Jean-d’Hérans, dans l’Isère, fait office de pionnier du bio dans le whisky français. Depuis 2009, cette ferme-distillerie maîtrise la chaîne de production de A à Z, du grain au nectar. N’utilise que des énergies locales et renouvelables, et fonctionne en zéro déchet. La totalité des céréales (orge, seigle, épeautre et avoine) destinées à la fabrication du whisky est cultivée dans un rayon de moins de 20 kilomètres, qui englobe les terres du domaine et deux fermes associées au projet, le tout selon les principes de l’agroécologie (non-labour, rotation, énergie mécanique).
Un gin élaboré en circuit court, un whisky produit en zéro déchet... les alcools forts se mettent au vert, de la Drôme à l’Isère. Des démarches mises en valeur lors de France Quintessence, le salon des spiritueux qui se tient à Paris les 15 et 16 septembre.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/12/spiritueux-et-vertueux-les-alcools-forts-se-mettent-au-vert_5509324_4500055.html
mlsum-fr-1325
L’attaquant brésilien Neymar, lors d’un entraînement de la sélection nationale, le 4 juin, à Teresopolisau, Brésil. RICARDO MORAES / REUTERS Aucun fan ne sait, à ce stade, si l’enfant prodige et turbulent du football brésilien cache un prédateur sexuel. Mais depuis la plainte pour viol déposée à Sao Paulo par l’une des conquêtes de Neymar Jr, le 31 mai, le maillot n° 10 de la Seleçao, l’équipe officielle du Brésil, a d’ores et déjà perdu le cœur d’une grande partie de ses supporteurs, lassés des frasques hors terrain de l’attaquant star du Paris-Saint-Germain (PSG). « De quand date la dernière prouesse footballistique de Neymar ? On cherche, on cherche. On arrive à la Ligue des champions en 2015 ! », s’afflige Paulo Calçade, commentateur sportif sur la chaîne ESPN au Brésil, évoquant le terrible « gâchis » du talent du joueur. Passé maître dans l’art de la chute feinte, celui que ses compatriotes surnomment « Cai-cai » (du verbe cair, tomber, en portugais), fait depuis des mois, voire des années, davantage parler de lui pour ses coups de sang (il a agressé un supporteur mécontent à la suite du match décevant PSG-Rennes, en avril) ou ses coups de cœur (il a serré tendrement la chanteuse Anitta lors du Carnaval de Rio, en mars) que pour ses exploits sur le gazon. C’est dans ce contexte que surgit cette affaire de viol, gravissime. Lire aussi Football : Neymar suspendu trois matchs après son altercation avec un supporteur Les faits qui lui sont reprochés se seraient déroulés autour du 15 mai, à Paris. Après un échange de photos et de messages explicites envoyés par smartphone, le footballeur aurait convié sa belle, une Brésilienne, à venir le retrouver à l’hôtel Sofitel, en plein cœur de la « ville de l’amour », finançant champagne et billet d’avion pour consommer sans tarder l’idylle épistolaire. C’est ici que les versions divergent. Pour le footballeur, ce qui est arrivé dans la chambre d’hôtel est une histoire « entre un homme et une femme derrière quatre murs ». Pour la plaignante, après des « caresses », Neymar, pris de boisson, serait devenu agressif l’obligeant à une relation non consentie. Dérapage sur Instagram Selon les premiers éléments de l’enquête, une médiation financière par avocats interposés – une négociation dite « cala boca » (ferme-la) – aurait été tentée. En vain. La jeune femme, déterminée à ne pas en rester là, se serait alors rendue à la police. C’est à partir de là que Neymar dérape. Conscient de l’enjeu pour sa réputation, ses sponsors et sa carrière, l’attaquant du PSG lâche sur Instagram une vidéo où il explique être victime d’une tentative d’extorsion et publie sur le réseau social des photos dénudées envoyées par la jeune femme et les messages échangés avant l’acte, imaginant que leur contenu, entre le coquin et le salace, pourrait attester de son innocence. Lire aussi Accusé de viol, Neymar publie ses échanges avec la plaignante Voilà désormais, Neymar, suspecté de viol, également accusé d’avoir divulgué des informations inappropriées sur Internet. Le jeune homme doit être entendu pour ce second grief par la police de Rio de Janeiro dans les jours à venir. Une double charge minimisée par son père et agent, qui affirme, le 3 juin, à la télévision : « Je préfère un crime sur Internet qu’un viol. » Un commentaire « absurde », estime Vinicius Lordello, spécialiste en gestion d’image et de crise dans le monde du sport. « Neymar a eu raison de se défendre, le viol est un crime abominable. Mais il est allé beaucoup trop loin », ajoute le communicant. Dans un pays où une femme est violée en moyenne toutes les onze minutes, la réaction du joueur, loin d’apaiser la polémique, déchaîne les passions et enflamme les critiques. « Personne ne peut juger la culpabilité de Neymar mais il se comporte comme ces hommes qui tentent de déconsidérer les victimes de viol, pensant qu’une femme, parce qu’elle porte une jupe trop courte, parce qu’elle aime la fête ou faire l’amour mérite d’être violée. C’est irresponsable. Son accusatrice a choisi la voie de la justice ; lui, a opté pour la jeter en pâture sur les réseaux sociaux », commente Ludmilla Teixeira, créatrice du site Mulheres contra Bolsonaro [Les Femmes contre Bolsonaro], considérée comme une porte-parole du mouvement féministe au Brésil. « Pas en condition pour disputer un tournoi d’une telle importance » « Elle a accepté des billets d’avion, un hébergement à Paris, elle a échangé des messages épicés. Elle pensait quoi ? Venir pour manger des croissants ? On croirait entendre ce grand-oncle qui estime qu’une femme qui a les jambes nues et un décolleté plongeant est une invitation ! », écrit aussi avec cynisme dans une tribune à La Folha de Sao Paulo, le 4 juin, le journaliste Ranier Bragon, rappelant qu’un sondage Datafolha affirmait encore en 2016 qu’un tiers des Brésiliens était d’accord avec l’idée qu’une femme qui porte des vêtements provocants ne peut se plaindre d’être violée. La justice dira si le crack du ballon rond, adepte de coupes de cheveux aussi inventives que colorées, est un criminel. Pour l’heure, Neymar, 27 ans, est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire et conserve, à quelques jours du coup d’envoi de la Copa América, « toute la confiance » de la Confédération brésilienne de football. L’entraîneur de l’équipe nationale, Tite, a toutefois expliqué que, s’« il ne faut pas pré-juger » le joueur, celui-ci est certes « vital pour nous », mais « cela ne veut pas dire qu’il est irremplaçable ». Francisco Noveletto, le vice-président de la Fédération brésilienne de football, a quant à lui estimé que Neymar « n’est pas en condition pour disputer un tournoi d’une telle importance et avec un bataillon de journalistes à ses basques pour l’interroger sans relâche au sujet de cette histoire de viol ». Innocent ou coupable, l’étoile de Neymar, déjà, a pâli. Celui qui était hier considéré comme un trésor national ternit, avec cette affaire, un peu plus une image déjà abîmée par le récit de ses caprices, de ses colères et de ses ennuis avec le fisc.
L’attaquant star du Paris-Saint-Germain est accusé de viol par une Brésilienne. Sa contre-attaque sur les réseaux sociaux a un peu plus terni son image.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/05/face-aux-accusations-de-viol-neymar-aggrave-son-cas-en-tentant-de-se-defendre_5471488_3242.html
mlsum-fr-1326
Emmanuel Macron rend hommage aux victimes de l’attaque terroriste à la Préfecture de police de Paris, le 8 octobre. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR « LE MONDE » Christophe Castaner a le regard bas, à même le goudron, au milieu de la cour de la Préfecture de police de Paris, dans un silence glacé par le crachin pénétrant. Installés en enfilade, derrière lui, la mine accablée, les membres du gouvernement regardent le ministre de l’intérieur épingler la médaille de la Légion d’honneur sur quatre coussins couleur de lin, disposés sur quatre cercueils recouverts du drapeau tricolore. Aurélia Trifiro, Brice Le Mescam, Anthony Lancelot, Damien Ernest. Tous sont morts poignardés, le 3 octobre, par leur collègue de la Préfecture de police, Mickaël Harpon, qui présentait des signes de radicalisation islamiste. Toute la République est là, ce mardi 8 octobre, pour leur rendre hommage : les anciens présidents François Hollande et Nicolas Sarkozy, les ex-premiers ministres Bernard Cazeneuve et Edith Cresson, les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat, Richard Ferrand (La République en marche) et Gérard Larcher (Les Républicains, LR). « Quatre Français sont tombés, (…), quatre policiers sont tombés », soupire au micro Emmanuel Macron, visage marqué, le costume bleu nuit perlé de gouttes de pluie, une immense figure de Marianne représentée dans le dos. Le pouvoir est sonné. Le pays s’inquiète. « Un terroriste a agi au sein d’un service antiterroriste », a rappelé, comme sidéré, le sénateur (LR) de Vendée Bruno Retailleau. Le chef de l’Etat se sait attendu au tournant, à un moment décisif de son quinquennat. En arrivant à l’Elysée, en 2017, Emmanuel Macron avait anticipé l’importance des sujets régaliens. Lors de sa campagne, il s’était interrogé sur la radicalisation, le fait de « naître en France, être français », et en même temps d’« haïr la France, détester ce qu’elle incarne, détester les personnes qui nous entourent et avec qui on a grandi, au point de vouloir les détruire ». « Le cœur du débat qui est posé à notre société, il faut le regarder en face, c’est l’islam », avait-il déclaré lors d’un meeting à Montpellier, en octobre 2016. Un discours de survie Mais l’ex-ministre de l’économie n’a pas été élu sur une promesse d’ordre. Plutôt de bienveillance et de renouveau. Il a prôné « l’esprit de conquête » davantage qu’une promesse de protection. La France « que j’aime est ouverte », avait-il vanté. « Macron a été élu sans avoir réfléchi à certaines questions. Il avait des réflexes, mais pas de réflexion », cingle un familier du pouvoir. « Depuis deux ans, nous sommes quelques-uns à se bagarrer pour que le communautarisme ne soit pas un angle mort de la Macronie, ajoute un député de la majorité. J’aurais préféré qu’on ne donne pas le sentiment d’être en réaction à un événement tragique. »
Mardi 8 octobre, lors de l’hommage aux quatre policiers tués, le chef de l’Etat a assumé la nécessité d’accentuer les moyens de la lutte républicaine contre la radicalisation et le terrorisme.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/09/apres-l-attaque-de-la-prefecture-de-police-de-paris-emmanuel-macron-pousse-a-achever-sa-mue-sur-les-sujets-regaliens_6014760_823448.html
mlsum-fr-1327
« Cent milliards de pièces sont fabriquées par an et l’industrie textile génère à elle seule 8 % des émissions de CO2 mondiales, soit plus que l’aviation et le transport maritimes réunis » (photo : un atelier textile à Bangkok, en 2016). Athit Perawongmetha / REUTERS Tribune. A l’occasion du G7 à Biarritz, trente-deux des plus grandes entreprises du secteur de la mode ont présenté leurs engagements pour l’écologie dans le « Fashion Pact » (pacte pour la mode), avec trois objectifs : réduire l’impact sur le climat en visant zéro émission de CO 2 d’ici à 2050, préserver la biodiversité et protéger les océans. Depuis quelques mois, les géants du secteur rivalisent d’initiatives et d’annonces grand public : en décembre 2018, quarante-trois entreprises ont signé auprès des Nations unies la « charte de l’industrie de la mode pour l’action climatique » (objectif 30 % de réduction de CO 2 à 2030 et zéro émission à 2050) ; H&M veut être « climate positive » d’ici à 2040 et utiliser 100 % de matériaux durables d’ici 2030 ; Zara s’y engage dès 2025 ; Adidas promet 100 % de plastique recyclé pour ses baskets dès 2024, etc. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Pour un “Fashion Pact” véritablement durable » Mais au-delà des engagements indispensables de ces grands groupes, c’est tout un secteur qui marche sur la tête au point d’être presque devenu l’ennemi écologique no 1 : 100 milliards de pièces sont fabriquées par an et l’industrie textile génère à elle seule 8 % des émissions de CO 2 mondiales, soit plus que l’aviation et le transport maritimes réunis. Chaque Français en achète 10 kg par an et n’en donne que 3 kg à réutiliser ! Nous devons donc repenser totalement la logique du secteur, passer d’une économie linéaire de consommation qui détruit les ressources à une économie circulaire qui les réutilise et où les marques et les consommateurs s’engagent ensemble. Nous avons collectivement trois combats à mener pour remettre le textile dans le bon sens. Achetons moins ! D’abord un combat culturel : achetons moins ! Nous n’avons pas besoin des 10 kg de vêtements que nous achetons chaque année, nos placards en débordent. Ensuite, un combat pour l’information : achetons mieux ! A l’image du secteur alimentaire ou cosmétique, l’information est de plus en plus facilement disponible sur les conditions de fabrication des articles de mode. Au-delà d’un précieux coup d’œil à l’étiquette, l’application australienne Good on You recense et note les pratiques de fabrication de 2 200 marques ; Clothparency, son équivalent français, va être lancé prochainement. Les labels sont légion (Origine France garantie, Entreprise du patrimoine vivant, France terre textile, B Corp…). Nous pouvons donc orienter nos achats vers des marques qui fabriquent localement et durablement.
Guillaume Gibault, patron d’une PME d’habillement, explique dans une tribune au « Monde » que le prêt-à-porter, avec son cortège de nuisances environnementales et sociales, n’aura peut-être été qu’une parenthèse de cent ans avant le retour à la fabrication artisanale des vêtements.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/28/il-faut-remettre-l-industrie-textile-dans-le-bon-sens_5503761_3232.html
mlsum-fr-1328
Justin Trudeau lors d’une conférence de presse à Ottawa le 11 septembre 2019. DAVE CHAN / AFP Le premier ministre sortant Justin Trudeau a annoncé, mercredi 11 septembre, la dissolution de la chambre des Communes, donnant le coup d’envoi de la campagne pour les législatives canadiennes du 21 octobre. Le dirigeant libéral, qui brigue un deuxième mandat, a rencontré la gouverneure générale Julie Payette pour lui demander de dissoudre la chambre basse du Parlement, conformément à son rôle de représentante de la reine Elizabeth II, chef de l’Etat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La « diplomatie du selfie » de Justin Trudeau « J’ai rencontré son excellence, la gouverneure générale, qui a accédé à ma demande de dissoudre le Parlement », a déclaré M. Trudeau à la presse. Le dirigeant libéral de 47 ans débute la campagne avec une légère avance sur les conservateurs du chef Andrew Scheer dans les sondages. Corruption Mais la tâche n’est pas sans risque pour M. Trudeau, dont l’étoile a pâli depuis un an et demi après un voyage désastreux en Inde et un scandale politique en début d’année, qui éclabousse sa formation. Un haut fonctionnaire indépendant du Parlement a accusé, en août, le premier ministre et son entourage d’avoir indûment fait pression pour que l’ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, intercède en faveur d’un groupe québécois d’ingénierie, SNC-Lavalin, afin de lui éviter un procès criminel pour corruption. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Enquête sur un scandale de corruption : Trudeau accusé de conflit d’intérêts Mercredi, le quotidien canadien Globe and Mail a affirmé que la police fédérale enquêtait sur une possible entrave à la justice dans cette affaire, mais que le gouvernement avait refusé de lever le secret ministériel protégeant certains témoins. Saisissant la balle au bond, le conservateur Andrew Scheer a accusé dans ce même journal Justin Trudeau d’avoir « menti aux Canadiens » et de ne plus avoir « l’autorité morale » pour gouverner. Cette affaire risque de poursuivre M. Trudeau pendant cette campagne de quarante jours, où la lutte contre le changement climatique figure parmi les priorités des Canadiens avec l’économie, selon un sondage récent.
Remporter les législatives ne sera pas une mince affaire pour M. Trudeau, dont la formation politique est éclaboussée depuis le début de l’année par un scandale politique.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/11/canada-trudeau-annonce-la-dissolution-des-communes-donnant-un-coup-d-envoi-des-legislatives_5509276_3210.html
mlsum-fr-1329
Scène de liesse à Alger, le 19 juillet, après la victoire des Fennecs en Coupe d’Afrique des nations. YOUCEF KRACHE / COLLECTIVE220 POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Ils ont investi le stade du Caire. A regarder les tribunes, on se croirait presque au « 5-juillet », l’arène d’Alger où l’équipe nationale a ses habitudes. Vendredi 19 juillet, quinze mille supporteurs, vingt mille, peut-être plus, ont débarqué d’Algérie, d’Europe ou d’Amérique, pour espérer assister au triomphe des Fennecs face aux Lions du Sénégal en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). Une seule exigence : « Le peuple veut la Coupe d’Afrique. » Pendant des heures, sous une chaleur écrasante, ils ont grillé leurs cordes vocales en chantant des « One, two, three, viva l’Algérie ». Jusqu’au succès final (1-0). Pour une partie de ces fans, la ferveur particulière qu’ils ont trouvée dans les gradins du Caire a rappelé celle qu’ils connaissent toute l’année dans un modeste stade d’Alger. Au rythme des chants politiques. Mardi 21 mai, début de soirée, quartier de Bologhine, au nord de la capitale. Aux abords de l’enceinte Omar-Hamadi, impossible de faire un pas au milieu d’une masse rouge et noir sans prendre des coups de matraque. Mais ce temple vaut bien quelques bleus au bras. Les policiers chargés de la sécurité tentent de compresser les milliers de supporteurs contre les parois. On se bouscule, on s’impatiente. Un peu, beaucoup, au point de tenter d’ouvrir de rage le portail d’un des virages qui vacille mais ne rompt pas. « C’est notre stade, on fait ce qu’on veut ! », chantonne-t-on déjà. Dans les gradins, une ambiance électrique En cette période de ramadan, le match est programmé à 22 h 30 sous un ciel noir majestueux. Certains viennent de rompre le jeûne, près des portes d’entrée, espérant fouler en premier les gradins cabossés de ce chaudron sacré. Mais, avant d’aller perdre sa voix en acclamant son équipe, l’Union sportive de la médina d’Alger (USMA) – qui reçoit cette nuit-là le Mouloudia Club d’Oran pour son dernier match à domicile –, il faut attendre. Au moins deux heures dans cette interminable queue qui prend des airs de procession. Car, une fois passé les portes, on pénètre dans un lieu à part, où chaque tribune cimentée est une marche pour la liberté, celle de chanter l’amour de son club, les souffrances qui meurtrissent la jeunesse algérienne et sa haine profonde du « système » politique. Le tout, sous le regard bienveillant de la basilique Notre-Dame d’Afrique qui domine l’enceinte. L’USMA « enflamme vos malheurs », lit-on sur l’un des impressionnants tifos déployés avant la rencontre. Et sur l’une des banderoles qui entourent la pelouse synthétique s’affiche en anglais l’une des maximes du club : « Aimer l’âme du club, pas ses trophées. »
Les supporteurs de l’USM d’Alger chantent depuis toujours leur rejet des oppressions. Leur hymne « La Casa del Mouradia » est même devenu un des tubes du « printemps algérien ».
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/26/le-football-aux-avant-postes-de-la-contestation-anti-bouteflika_5493563_4500055.html
mlsum-fr-1330
Chronique. Après deux matchs gagnés lors de cette phase de groupe de la Coupe du monde, on peut d’ores et déjà remarquer une chose très intéressante à propos de cette équipe de France : au-delà de la valeur individuelle des joueuses, qui s’affirment de plus en plus, elles imposent un défi athlétique constant à leurs adversaires. Comme contre la Corée du Sud lors du match d’ouverture, mais cette fois face à un adversaire bien plus solide, les Bleues ont joué avec beaucoup d’impact, développant une intensité physique de tous les instants, qui a fini par faire craquer les Norvégiennes, pourtant très bien organisées en première période pour résister, un peu moins ensuite. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine 2019 : à Nice, les Bleues testent leur esprit d’équipe Ce défi physique et cette volonté de bousculer leurs adversaires dans leur propre camp sont d’abord orchestrés par les joueuses à vocation défensive – les quatre défenseures et les deux milieux de terrain, Amandine Henry et Elise Bussaglia, qui ont été très au-dessus. Par leur placement très haut et leur activité, elles ont dicté le rythme, mettant les Norvégiennes en situation de crise dès leur relance, les empêchant souvent de développer leur football. Jouer ainsi, avec un bloc haut, c’est prendre un risque, parce qu’on laisse des espaces derrière, mais les Bleues ont réussi à assumer ça. Ce qui suppose une grande confiance et une grande capacité athlétique. Aucune crainte C’est grâce à cette récupération haute et ces transitions rapides vers l’avant que les Françaises ont pris le dessus. Sur son aile, Kadidiatou Diani a mis le feu en première période, et j’ai beaucoup apprécié l’apport de Valérie Gauvin en pointe. Elle peut permettre à l’équipe de France de franchir un palier. Elle a été très présente, mettant beaucoup d’intensité dans ses gestes, provoquant un stress constant sur la défense norvégienne et ça a payé. Son but est un vrai but d’avant-centre, très difficile à mettre. Et je trouve que ce travail d’avant-centre est essentiel lorsqu’on joue de manière verticale comme le fait l’équipe de France. C’est d’ailleurs très « frenchy », comme style de jeu. On l’a vu avec l’équipe de France masculine, lors du Mondial 2018 : on mise d’abord sur nos capacités de récupération, de préférence dans le camp adverse, pour ensuite aller vite vers l’avant, de manière directe, sans trop préparer ses actions. Les Bleues jouent aussi comme ça, à la française. Et même dans le dernier quart d’heure du match, lorsqu’elles ont reculé et attendu les Norvégiennes, je ne les ai pas vues paniquer.
L’entraîneur Jean-Marc Furlan, consultant du « Monde » pendant la Coupe du monde, revient sur le pressing haut et l’intensité physique développée par les Françaises contre la Norvège (2-1).
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/13/coupe-du-monde-feminine-jouer-vite-presser-haut-ces-bleues-jouent-a-la-francaise_5475620_1616938.html
mlsum-fr-1331
Douze morts, des centaines d’arrestations et une détérioration sérieuse de l’image de la nation. Et dire que ce n’est pas, de loin, la vague de violences la plus meurtrière qu’a connue l’Afrique du Sud dans le cadre des bouffées de violence qualifiées, faute de mieux, de « xénophobie ». Mais face à ce type de violences, l’habitude des responsables politiques sud-africains d’éluder leurs responsabilités s’est heurtée cette fois à un mur de désapprobation à l’échelle internationale, et tout particulièrement en Afrique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Afrique du Sud, le vide s’installe à la tête de l’Etat Le terme de « xénophobie » n’est pas tout à fait adapté, pas plus que celui d’« afrophobie », qui désignerait une hargne toute particulière dirigée vers les ressortissants de pays africains. Mais, alors que la plus grande honnêteté intellectuelle serait indispensable aux dirigeants pour comprendre et définir les ressorts de cette tension, ces derniers préfèrent se retrancher derrière des explications toutes faites, fondées sur l’idée que la « criminalité » expliquerait presque tout, et que les étrangers en porteraient une lourde responsabilité. Lire aussi Violences en Afrique du Sud : le Nigeria va rapatrier 600 de ses ressortissants Ils se sont aussi persuadés, pour certains, qu’une manipulation avait été montée de toutes pièces par une « troisième force » pour déstabiliser le pouvoir du président Cyril Ramaphosa. Et lui faire perdre la face à un moment délicat, où il tente d’accompagner le retour de l’Afrique du Sud sur la scène internationale après les mandats désastreux de Jacob Zuma, qui ont vu l’aura et l’influence du pays se dégrader. C’est nier la profondeur du phénomène depuis deux décennies. Or, si le reste du continent s’est longtemps senti contraint d’écouter sans broncher cette narration que contredisent toutes les études, c’est désormais terminé. Des protestations d’une force inédite se sont élevées au niveau des présidences dont les ressortissants sont visés, au Nigeria ou en Zambie, notamment. Des mouvements de colère ont grossi dans l’opinion publique des pays concernés. Des concerts de stars influentes (Tiwa Savage, Burna Boy) ou des matchs amicaux de football ont été annulés. Des troubles devant les représentations diplomatiques ou des sociétés sud-africaines ont eu lieu. Un vol nigérian a même été organisé, à grand renfort de publicité, pour « évacuer » des Nigérians de Johannesburg. Pour couronner le tout, l’Afrique du Sud s’est vue sommée, lors d’une réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA), de s’expliquer sur son plan d’attaque pour casser le mouvement xénophobe.
Les excuses publiques du président Cyril Ramaphosa ne suffiront pas à mettre fin à la colère des Etats de la région, analyse Jean-Philippe Rémy.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/19/la-vague-xenophobe-en-afrique-du-sud-casse-le-renouveau-international-du-pays_5512382_3212.html
mlsum-fr-1332
Cédric Villani, le 12 juin dernier. JOEL SAGET / AFP Cédric Villani a assuré lundi 2 septembre à Emmanuel Macron et Edouard Philippe que sa possible candidature dissidente aux municipales à Paris ne serait pas l’expression d’une « défiance » à leur égard. Le mathématicien fera « une déclaration aux Parisiennes et Parisiens ce mercredi 4 septembre à 19 heures », a rappelé Baptiste Fournier, directeur de campagne de M. Villani. Benjamin Griveaux, choisi à l’unanimité par les membres de la Commission nationale d’investiture en juillet pour représenter LREM en mars 2020, a proposé à Cédric Villani de « copiloter » la campagne du parti présidentiel, « à la fois sur le fond et sur l’incarnation ». Mais le député de l’Essonne, dont la possible candidature « alternative » agite la Macronie depuis des semaines, a décliné la proposition. Dans un autre message adressé lundi à M. Griveaux et au patron de LREM, Stanislas Guerini, le mathématicien les assure que sa déclaration à venir mercredi « ne serait pas contre LREM » ou contre eux « individuellement ». Mais il déplore que « le fonctionnement actuel ne [soit] pas à même de remplir les conditions permettant aux Parisiennes et Parisiens de se rassembler autour d’un projet d’avenir et novateur ». Et les propositions faites « ne dissipent pas le malaise [qu’il a] ressenti », ajoute le mathématicien. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Paris, Cédric Villani pollue l’entrée en campagne de Benjamin Griveaux Benjamin Griveaux opposé à une exclusion de Cédric Villani « Les désaccords, surtout au sein de la même famille politique, doivent pouvoir être surmontés par le dialogue et l’argumentation », estime Benjamin Griveaux dans un courrier adressé lundi soir aux Marcheurs. « Après l’intense campagne médiatique des derniers jours, il apparaît désormais plus que probable que Cédric Villani annonce mercredi sa candidature à Paris. Si tel devait être le cas, je le regretterais », ajoute l’ancien porte-parole du gouvernement, dont le début de campagne a été marqué par des polémiques. M. Villani doit officiellement annoncer mercredi à 19 heures ses « intentions » pour Paris, en l’occurrence une candidature dissidente, ou pas, pour sortir du duel annoncé entre la maire PS sortante, Anne Hidalgo, et Benjamin Griveaux, quitte à fragmenter le vote En Marche dans la capitale. La perspective d’une éventuelle candidature de Cédric Villani pose la question de son exclusion du parti, conformément aux statuts de LREM. « J’entends les demandes nombreuses d’exclusion. Ne cédons pas là où tant d’autres avant nous ont renoncé », écrit Benjamin Griveaux qui « ne souhaite pas qu’un comportement isolé vienne mettre à mal le mouvement qu (’il a) participé à bâtir et à faire vivre depuis le premier jour avec tant d’autres parmi vous ». Dimanche, le patron des députés LREM, Gilles Le Gendre, tout en soutenant M. Griveaux, s’est aussi dit hostile à « toute forme d’exclusion ou de sanction vis-à-vis de Cédric Villani ou vis-à-vis de ses éventuels soutiens » si ce dernier se présentait. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Municipales à Paris : Griveaux sous la menace du dissident Villani
Le mathématicien doit s’exprimer mercredi 4 septembre sur une possible candidature dissidente à la Mairie de Paris, face à Benjamin Griveaux.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/02/mairie-de-paris-villani-assure-qu-une-candidature-ne-serait-pas-un-acte-de-defiance-envers-le-gouvernement_5505585_823448.html
mlsum-fr-1333
France. En rentrant de l’école, Rama ne prend jamais le temps d’enlever son cartable ni de défaire ses lacets. La fillette se précipite dans la chambre voir « si Maman va bien et a besoin de quelque chose ». Elle lui raconte ses bonnes notes, lui remonte le moral comme elle peut. Ses grandes sœurs, elles, ont une autre routine : à l’heure où la plupart des ados s’enferment dans leur chambre pour faire leur vie, Mariam et Amina s’inquiètent d’abord des courses, du rangement, du ménage, des repas. Rama a 9 ans, ses aînées, 14 ans et 18 ans, mais on pourrait leur en donner dix de plus. Mariam et Amina n’avaient pas fini de grandir lorsque la maladie de leur mère s’est déclarée, en 2010 : la polyarthrite, et les mêmes douleurs articulaires que leur grand-mère, condamnée au fauteuil roulant. Le père, couturier de métier, est diabétique et rentre tard du travail. Projetées avant l’heure dans des préoccupations d’adultes, les sœurs ont appris à gérer le quotidien dans le HLM familial d’Evry (Essonne). Au moment où ses amis goûtent à la liberté de la vie étudiante, Mariam, en première année de BTS gestion de PME, peine à s’imaginer ailleurs. Parcoursup lui a bien fait des propositions à Paris, mais qu’irait-elle faire dans un studio, à plus d’une heure de chez elle, quand ses parents et ses sœurs ont besoin d’elle ici ? Cette adolescente au visage sérieux derrière ses lunettes relativise, estimant vivre sa jeunesse « normalement ». Bien sûr, il lui arrive d’envier l’insouciance des autres, qui peuvent sortir sans culpabiliser, regarder une série sans être interrompus, « profiter au jour le jour ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les aidants sont invisibles pour tout le monde » Elle, a sans cesse les yeux rivés sur la montre et ne s’autorise pas, ou si peu, à perdre du temps. Sa mère l’invite à se détendre, mais Mariam sait que tout ce qu’elle fait à sa place lui évitera les douleurs et la menace d’une hospitalisation. Chaque soir, après la vaisselle, la jeune fille inspecte l’appartement pour s’assurer que « tout est en ordre ». Une fois au lit, elle planifie la journée du lendemain : petit déjeuner en dix minutes, nettoyage de la gazinière, les cours… Les sœurs vont parfois à la pharmacie chercher les injections et massent leur mère s’il le faut. Un manque de recherches Mariam n’avait jamais entendu le terme de « jeune aidante » avant son premier atelier cinéma-répit proposé par l’association nationale Jeunes AiDants Ensemble (JADE). C’est l’assistante sociale du collège qui lui avait tendu le prospectus : six jours de résidence artistique gratuits, deux fois par an, dans un domaine francilien au milieu des arbres, encadrés par des professionnels de l’audiovisuel et une psychologue. Six jours pour souffler loin de la maison.
La problématique des « jeunes aidants », ces enfants ou adolescents qui assistent un proche malade ou handicapé et sacrifient une partie de leur vie, tarde à être prise en considération en France.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/15/les-jeunes-aidants-une-population-ignoree_6015519_3224.html
mlsum-fr-1334
Attaque sur Kaboul, le 1er juillet. Rahmat Gul / AP Pour sortir de la guerre afghane, qui dure depuis dix-huit ans, les Etats-Unis avaient fini par briser un tabou : parler directement avec les talibans, ce qui a entamé, du même coup, la légitimité du pouvoir à Kaboul, dont Washington est par ailleurs le premier soutien financier et militaire. Ces négociations exclusives lancées en septembre 2018, dont la septième rencontre a commencé, samedi 29 juin, pour une semaine à Doha (Qatar), n’ont pourtant pas réussi, pour l’instant, à lancer la construction d’une paix durable entre les insurgés afghans et le gouvernement de Kaboul. L’équipe de négociation américaine, menée par l’ambassadeur Zalmay Khalilzad, paraît même dans l’impasse. Le chef de l’Etat afghan, Ashraf Ghani, d’abord exclu de ce dialogue bilatéral, est revenu au cœur du jeu politique. Les talibans ont élargi leur contrôle sur une partie du pays et imposent leurs conditions aux pourparlers. Le porte-parole de leur bureau de représentation à Doha, Suhail Shaheen, a ainsi précisé lundi : « Quand le calendrier du retrait des troupes étrangères sera annoncé, le dialogue commencera avec les Afghans mais pas avec ce gouvernement. » Une position qui hypothèque, dans l’immédiat, toute chance d’avancée, même si le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a assuré le 25 juin qu’un accord pourrait être conclu d’ici au 1er septembre. Lire aussi Violente attaque des talibans dans le centre de Kaboul La déclaration du chef de la diplomatie de Washington masque une véritable tentative de sauvetage de l’initiative de paix américaine. Elle a débuté fin avril, après l’annulation au tout dernier moment de la première rencontre à Doha, du 19 au 21 avril, sous l’égide de l’émissaire Khalilzad, de représentants politiques et du gouvernement afghans avec la délégation talibane. La feuille de route américaine pour l’Afghanistan se trouvait d’un coup remise en cause. Car si les discussions avaient permis d’obtenir l’engagement des insurgés à refuser toute présence djihadiste sur leur sol et la volonté réaffirmée, côté américain, de quitter le pays, il restait à amorcer la réconciliation nationale. Multiples initiatives Depuis, les Américains ont favorisé l’ouverture de canaux parallèles à celui de Doha, dans l’espoir de convaincre les deux camps ennemis de se parler. Des universitaires américains et britanniques, habitués du terrain afghan, ont activé leurs réseaux et tentent de faciliter le dialogue. Les talibans ont reçu le représentant spécial de l’Union européenne, Roland Kobia, et l’envoyé spécial allemand pour l’Afghanistan, Markus Potzel. Fin avril, le chef de la mission des Nations unies en Afghanistan, Tadamichi Yamamoto, a également effectué le voyage à Doha. Tous militent pour des discussions interafghanes. Lundi 8 juillet, Markus Potzel doit faire venir à Doha des hommes politiques afghans, dont certains sont issus du gouvernement, pour échanger avec les talibans. Ces derniers insistent déjà sur la dimension de « dialogue » de cette rencontre et sur le fait que les officiels afghans ne sont là qu’à titre « privé ». En aucun cas, disent-ils, il ne s’agira de « négociations ». Ces contacts à titre personnel entre des Afghans de Kaboul et les talibans ont déjà existé. L’actuel chef des services de renseignement afghans (NDS), Mohammad Masoom Stanikzaï, a même rencontré en secret des chefs politiques talibans à Pékin en 2018. Toutes ces initiatives sont encouragées par Zalmay Khalilzad, qui espère sauver son processus. Mais les tentatives de dialogue interafghan avortent les unes après les autres. En mai, à Moscou, la rencontre entre des chefs talibans et des leaders de l’opposition politique afghane a tourné court, chacun se rejetant la responsabilité. Le seul représentant officiel de Kaboul, l’ambassadeur afghan dans la capitale russe, a dû quitter la salle après la lecture d’un texte introductif. La session prévue pour des échanges interafghans au Forum pour la liberté à Oslo, du 27 au 29 mai, a également été annulée faute d’accord sur les termes de la discussion. Une présidentielle fin septembre Les chances de voir les Afghans se parler dans les semaines qui viennent sont d’autant plus réduites que se profile, le 28 septembre, une autre pierre de discorde : l’élection présidentielle. Les talibans n’en veulent pas. En revanche, le président afghan, Ashraf Ghani, nourrit de grands espoirs de réélection. Son poids politique avait beaucoup diminué fin 2018 avec l’ouverture du processus de paix dont il était exclu. Il a depuis repris la main sur l’agenda politique du pays. Il doit son retour à quatre coups de poker réussis. Tout d’abord, il n’est pas étranger à l’échec américain de la rencontre interafghane du 19 avril, à Doha, en pesant sur la composition de la délégation qui a été jugée inacceptable par les talibans. Il a ensuite gagné le bras de fer avec Washington sur le sort de son conseiller à la sécurité nationale, Hamdullah Mohib, qui avait exprimé mi-mars ses griefs contre les Etats-Unis au sujet de la mise à l’écart de Kaboul des pourparlers de paix de Doha. La diplomatie américaine avait demandé son départ, en vain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les femmes afghanes craignent d’être les laissées-pour-compte du processus de paix Enfin, le chef de l’Etat a conforté sa position grâce à la Cour suprême afghane qui a prolongé, le 20 avril, son mandat qui devait s’achever le 22 mai. La juridiction a estimé qu’il resterait en fonctions jusqu’à la tenue de l’élection présidentielle. M. Ghani a en outre tiré profit de la convocation réussie, entre le 29 avril et le 4 mai, d’une Loya Jirga– un rassemblement de sages des tribus afghanes – destinée à préparer en Afghanistan une négociation directe avec les talibans. Si, officiellement, à Washington, on veut encore croire à un accord de paix avant le 28 septembre, certaines voix se lèvent désormais en privé pour ne pas tenter le diable. « Au Pentagone et à la Maison Blanche, témoigne, sous couvert d’anonymat, un diplomate américain, on considère maintenant que le risque est grand de retirer les troupes brutalement. Ce serait le chaos et le retour, sans conditions, des talibans. Si Donald Trump ne pourra pas se targuer d’un retrait pendant sa campagne électorale, on pourra toujours dire qu’on réduit les troupes en douceur. »
Les tractations directes avec les talibans à Doha n’avancent pas, tandis que le président afghan est revenu au cœur du jeu politique.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/02/talibans-et-responsables-afghans-se-rencontreront-dimanche-au-qatar_5484038_3210.html
mlsum-fr-1335
Isabel Marrant au bar de l’hôtel Grand Amour, à Paris, le 12 juin. JEROME BONNET POUR "LE MONDE" Elle prévient d’emblée : elle ne boit jamais en semaine et elle ne prend pas d’apéro dans les cafés. Et pourtant, ce mercredi 12 juin, où la météo oscille entre rires et pleurs, Isabel Marant arrive (à l’heure) au bar du Grand Amour, un hôtel branché du quartier cosmopolite de la gare de l’Est, et commande un Campari soda. « C’est la première fois que je viens ici. J’avais envie de découvrir ce lieu ouvert par [le graffeur] André Saraiva, avec qui j’ai fait les 400 coups quand j’étais jeune. Et puis c’est ma directrice de la communication qui me l’a suggéré pour l’interview », explique-t-elle, devant sa « grenadine pour adultes ». Ladite directrice de communication se trouve justement à sa droite, son attaché de presse juste en face et nous, entre les deux. Pas les conditions idéales pour un apéro, mais l’idée d’une rencontre sans filtre semble ambitieuse dans le milieu de la mode où la parole est maîtrisée, où les créateurs doivent tenir un discours différent des autres… mais pas trop quand même. Surtout qu’Isabel Marant, 52 ans, a son franc-parler et une gouaille bien à elle. Ce qui ne l’empêche pas, comme on dit, de faire le job. En prévision de l’exercice de la photo, elle s’est donné « un coup de frais » dans le taxi, elle refait son chignon en se regardant à peine dans le miroir. Elle suit patiemment les indications du photographe mais finit par alerter : « Au bout d’un moment, j’ai l’impression de ne plus être naturelle ! » Cheveux poivre et sel, jean gris, escarpins jaunes au bout métal, sweat-shirt élimé « Mister Freedom » et casque sans fil autour du cou, elle est l’incarnation de cette Parisienne, la vraie, pas le fantasme dépeint dans les best-sellers outre-Atlantique. Elle ne se maquille pas, elle fume (quand on a terminé l’interview), elle a la voix qui porte, elle vit dans le quartier populaire de Belleville… Dessiner la silhouette de la Parisienne Cette Parisienne, elle en a dessiné la silhouette à coups de boots en veau velours, de robes fluides à imprimés et de shorts en jean délavé qui ont mis d’accord la presse mode comme la rue – en témoigne le succès de sa collaboration avec H&M, en 2013. « Quand je suis attirée par une silhouette dans la rue, c’est souvent quelqu’un qui porte du Isabel Marant… ou une copie ! Il ne se passe pas un jour sans que je croise une fille dans la rue qui porte l’un de mes vêtements. » Et des vêtements, il y en a eu depuis la création de sa société, en 1994. Jusqu’à huit collections par an désormais, entre la femme (la ligne principale et la bis, baptisée Isabel Marant Etoile) et l’homme, qu’elle a lancée récemment.
Chaque semaine, « L’Epoque » paie son coup. La styliste, qui, en vingt-cinq ans, a séduit la presse mode comme la rue, garde son franc-parler… et sa vie privée.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/06/22/un-apero-avec-isabel-marant-s-habiller-c-est-choisir-la-facon-dont-on-se-presente-au-monde-et-a-soi_5479961_4497916.html
mlsum-fr-1336
Le siège de la Banque centrale européenne, à Francfort (Allemagne), le 22 octobre 2019. Michael Probst / AP Tribune. La manipulation de la monnaie par l’Etat est aussi vieille que la monnaie elle-même. Selon certains historiens, l’invention de la monnaie, en Lydie, au tournant des VIIe et VIe siècles av. J.-C., n’aurait pas eu d’autre but que de remplir les caisses royales ! Cependant, avec l’avènement et le développement du capitalisme, une transformation radicale s’opère : le Trésor public perd la maîtrise directe de l’émission monétaire, qui passe sous la responsabilité d’un nouvel acteur, la banque centrale. Ainsi, un Etat en quête de financement doit désormais s’adresser au banquier central pour le convaincre, d’une manière ou d’une autre, de lui livrer les moyens de paiement dont il a besoin. Cette architecture bicéphale, qui est toujours la nôtre, est des plus énigmatiques par le fait qu’elle institue une tension, pour ce qui est du contrôle de la monnaie, entre l’Etat et la banque centrale. Napoléon en a bien saisi toute la complexité lorsqu’il déclarait : « Je veux que la banque soit assez dans les mains du gouvernement, mais qu’elle n’y soit pas trop. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mario Draghi, « sauveur de l’euro » au bilan contrasté à la BCE Avec l’apparition du capitalisme néolibéral, dans les années 1980, s’est imposée une nouvelle doctrine qui place dorénavant la politique monétaire sous la seule autorité du banquier central. L’Etat s’en trouve écarté parce qu’il est perçu, par les économistes néolibéraux, non pas comme l’interprète légitime de l’intérêt général, mais comme le jouet de clientèles électorales qu’il cherche prioritairement à satisfaire, y compris par des mesures inflationnistes. En conséquence, il s’est agi impérativement de lui retirer toute capacité d’influer sur la politique monétaire. Le statut d’indépendance est la clé de voûte de ce dispositif, car c’est lui qui est censé donner à la banque centrale les moyens – juridiques – de résister aux sollicitations de l’Etat dépensier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean-Claude Trichet : « Les attaques contre la BCE ne visent pas la bonne cible » Que faut-il penser de cette étonnante mise hors jeu de la souveraineté dans un domaine qui, pourtant, appartient depuis toujours à sa compétence ? En premier lieu, observons que l’indépendance dont jouit la banque centrale n’est jamais qu’une indépendance octroyée par l’autorité publique. Or, ce que l’autorité publique a octroyé, elle peut tout aussi bien l’abroger si la nécessité s’en fait sentir. C’est ainsi qu’on a vu, en 2010, Cristina Kirchner, la présidente de l’Argentine, limoger son banquier central, pourtant juridiquement indépendant, dès lors qu’il s’opposait à sa volonté d’utiliser une partie des réserves de la banque centrale d’Argentine pour financer la dette publique. En effet, là où existe une souveraineté existe un pouvoir supérieur qui fait et défait les lois. C’est une illusion de croire que la loi, même constitutionnelle, aurait une force propre qui puisse contraindre durablement le souverain.
La liberté d’action des banques centrales est le fruit d’un d’accord généralisé de tous les partis gouvernementaux autour de la politique de stabilité des prix voulue par les marchés financiers, détaille l’économiste dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/25/l-independance-des-banques-centrales-repose-sur-un-consensus-international-transpartisan_6016880_3232.html
mlsum-fr-1337
« De cendres et de braises », un documentaire sur les grands ensembles de la ville des Mureaux, dans les Yvelines. MANON OTT L’AVIS DU « MONDE » - À VOIR Qu’est-ce qu’un quartier sinon, d’abord, ces fenêtres qui s’allument une à une au petit matin et composent dans l’obscurité une constellation d’existences juxtaposées les unes aux autres ? C’est sur cette vision poétique que s’ouvre le premier long-métrage de la chercheuse en sciences sociales Manon Ott, un documentaire consacré aux grands ensembles de la ville des Mureaux, dans les Yvelines. Ils ont été construits au tournant des années 1960 afin de loger l’abondante main-d’œuvre de l’usine voisine de Renault-Flins. Recourant aux images d’archives, le film tend un arc entre le passé et le présent du quartier Haut lieu des luttes sociales et de l’activisme militant dans les années 1970, le site témoigne également des couches d’immigration successives qui ont fini par le peupler, d’abord régionales, puis maghrébines et d’Afrique subsaharienne. Fruit d’une enquête de terrain de plusieurs années, le film s’inscrit résolument a contrario des reportages-chocs et des clichés stigmatisant ces banlieues populaires. Avec une forme très stylisée qui laisse toute sa place à l’imaginaire, Manon Ott recueille la parole de plusieurs habitants, jeunes et anciens, qui ne forment jamais un panel clos sur lui-même, mais une polyphonie fragmentée. Recourant aux images d’archives – notamment issues d’Oser lutter, oser vaincre, Flins 68, de Jean-Pierre Thorn, tourné pendant l’occupation de l’usine en 1968 –, le film tend un arc entre le passé et le présent du quartier. Une précarisation toujours plus poussée Aux luttes politiques et sociales des aînés a succédé une précarisation toujours plus poussée du travail, passée par les dégraissages drastiques du personnel (23 000 employés dans les années 1970 pour 4 000 aujourd’hui) et le recours massif au travail intérimaire. Les jeunes hommes du quartier admettent les sacrifices de leurs pères, mais refusent d’hériter des mêmes tâches aliénantes. D’une génération à l’autre, la nouvelle donne économique aura surtout contribué à disperser la conscience de classe ouvrière. Mais au-delà de la perspective historique, la réussite du film tient au regard qu’il pose sur la banlieue. La photographie d’un noir et blanc lustré, la primauté donnée aux ambiances nocturnes, les volutes rêveuses d’un free jazz en guise de bande-son, restituent à cette forme d’urbanisme une épaisseur esthétique que, d’ordinaire, on ne lui prête guère. Considérer comme le fait ici Manon Ott qu’il existe une beauté propre aux grands ensembles est un pas nécessaire pour désenclaver les imaginaires et les territoires qui leur sont irrémédiablement attachés.
La chercheuse en sciences sociales Manon Ott livre le fruit d’une longue enquête de terrain sur Les Mureaux dans un documentaire.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/25/cinema-de-cendres-et-de-braises-la-beaute-cachee-des-cites_6012946_3246.html
mlsum-fr-1338
Le Centro Botin de Santander, en Espagne, conçu par l’architecte Renzo Piano. ENRICO CANO Bilbao a spectaculairement ouvert la voie, à la fin des années 1990, en misant sur l’art pour se revitaliser et l’implantation de l’annexe du Musée Guggenheim de New York dessinée par Frank Gehry. Si l’exemple de la voisine basque peut sembler écrasant, Santander a pris le temps de mûrir sa propre révolution culturelle. En 2017, la capitale de la Cantabrie ouvrait le Centro Botin avec un bâtiment à la beauté subtile imaginé par Renzo Piano. Ici, point de rubans métalliques défiant le paysage et les nœuds routiers, ni de cerbère fleuri de Jeff Koons : le Centro Botin ne se révèle qu’au rythme du promeneur. Lire le récit : Bilbao profite du succès du Guggenheim L’initiative, privée, est venue de la Fondation Botin – créée en 1964 par les descendants de l’un des fondateurs de la banque Santander –, qui organisait déjà des expositions depuis une vingtaine d’années. Manquait un lieu à la hauteur. « L’art n’est pas un domaine secondaire, il est fondamental pour le développement social et personnel. Et il n’est pas destiné aux gens riches et cool, il a besoin d’une justification sociale, d’un impact », tient à souligner Iñigo Saenz de Miera Cardenas, le directeur général de la fondation. Lire la critique de l’exposition : Les projets oubliés de Calder ressuscitent au Centro Botin de Santander Il insiste sur l’importance de « stimuler la créativité de la ville et de la région » grâce à un accès privilégié à l’art, et la Fondation Botin se félicite d’avoir plus de 50 % de visiteurs locaux. Mais la stratégie est aussi plus globale : il s’agit de compléter le triangle culturel du nord de l’Espagne formé avec le Guggenheim de Bilbao et le Musée Chillida Leku, qui a rouvert cette année près de Saint-Sébastien, pour créer un noyau culturel de premier ordre. Un vaisseau nacré sur pilotis La fondation n’a pas lésiné sur les moyens en choisissant une implantation en centre-ville, face à la baie, à l’emplacement d’un espace jusque-là perdu, soit un parc coincé entre un parking de ferrys, la route côtière et le centre-ville. Elle a financé l’enfouissement de la route par un long tunnel, libérant l’accès à l’eau pour les piétons. Incarnation de cette réappropriation du front de mer par l’espace public, le bâtiment de Renzo Piano ne dépasse pas la cime des arbres du parc, ni n’occulte l’horizon derrière leurs troncs. Il apparaît comme un vaisseau nacré sur pilotis avec, en ligne de mire, la cordillère cantabrique et les plages. Lire le reportage : Les fondations d’art prolifèrent en terre ibère En lisière du parc, le siège social historique de la banque Santander ouvre vers la ville à travers son arche. Le bâtiment doit se transformer en 2023 en musée pour accueillir la collection d’art de cette banque. A proximité immédiate, dans l’actuel bâtiment de la Banque d’Espagne, le Musée Reina Sofia, de Madrid, ouvrira un lieu d’exposition en partenariat avec les Archives Lafuente à l’horizon 2021-2022. Au passage, l’imposante poste centrale devrait être reconvertie en Parador, l’un de ces hôtels de luxe implantés et gérés par l’Etat espagnol dans des bâtiments patrimoniaux à travers le pays. Santander, recalée dans son aspiration à devenir capitale européenne de la culture il y a trois ans, n’a pas dit son dernier mot.
En plus du Centro Botin, ouvert en 2017, la capitale de la Cantabrie doit se doter de deux autres lieux culturels à l’horizon 2022-2023.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/29/en-espagne-santander-transforme-l-essai-avec-deux-nouveaux-musees_5504017_3246.html
mlsum-fr-1339
Lyon, le 26 juin 2019. Laurent Cipriani / AP Les nouveaux critères, qui durcissent l’attribution de la prime à la conversion des véhicules polluants afin de concentrer l’aide sur les ménages les plus modestes, entrent en vigueur à compter du jeudi 1er août. Le décret, publié au Journal officiel mi-juillet, prévoit notamment d’exclure du dispositif l’achat de véhicules de plus de 60 000 euros (65 cas en 2018). Le montant de l’aide qui dépendait du caractère imposable ou non du ménage sera désormais fonction du « revenu fiscal de référence par part » et « les différents niveaux de prime sont revus à la baisse à l’exception des véhicules les plus propres », stipule le décret. Les véhicules classés en vignette Crit’air 2 et immatriculés avant le 1er septembre 2019 ne seront plus du tout éligibles à la prime à la conversion, excluant donc du dispositif tous les diesels immatriculés avant cette date. « On monte les exigences sur les véhicules propres », a expliqué, jeudi 18 juillet, sur RTL Elisabeth Borne, la ministre de la transition écologique et des transports. Les véhicules flex-fuel fonctionnant au superéthanol E85 seront favorisés, car leur éligibilité prendra en compte un abattement de 40 % sur leurs émissions de CO 2 . Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trois ans après le « dieselgate », 43 millions de véhicules empoisonnent toujours l’Europe Jusqu’alors, la prime favorisait le diesel La ministre a reconnu surtout que le dispositif en place depuis 2018, qui permet d’acheter une voiture neuve ou d’occasion récente en échange de la mise à la casse d’un véhicule ancien, était victime de son succès. « On change le système parce qu’on avait un objectif de 500 000 dans le quinquennat, qu’on est passé à un million et qu’on est déjà à 250 000 depuis le début de l’année après les 300 000 qui ont été attribués en 2018 », a-t-elle dit. « A ce rythme, on serait à 500 000 à la fin de l’année. Je pense qu’il est important de profiter de cette dynamique pour être plus exigeant sur les critères. » Le communiqué publié mercredi soir par le ministère de la transition écologique mentionne des chiffres légèrement inférieurs – plus de 450 000 dossiers attendus cette année – mais aussi « un coût qui dépasserait de 300 millions d’euros le budget d’environ 600 millions initialement prévu dans la loi de finances pour 2019 ». Jusqu’à ce changement de réglementation, la prime favorisait surtout l’achat de voitures diesel (47 %) et essence (46 %), principalement d’occasion (60 %), contre seulement 7 % de véhicules électriques, selon les données auxquelles Le Monde avait eu accès en novembre. Elle permettait alors d’acquérir un diesel vieux de sept ans (norme Euro 5), ceux-là même qui sont concernés par le scandale du « dieselgate », c’est-à-dire émettant des niveaux d’oxydes d’azote – des gaz toxiques très dangereux pour la santé – bien supérieurs aux limites européennes dans des conditions de conduite réelles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La prime à la conversion, un leurre pour en finir avec les voitures polluantes Concessionnaires en colère Le Conseil national des professions de l’automobile (CNPA), qui représente notamment les concessionnaires, avait dénoncé le jour de la sortie du décret mi-juillet « une décision prise sans concertation, au cœur de l’été » et qui « anéantit complètement le dispositif qui permettait d’aider les ménages à acquérir un véhicule moins polluant ». Elle estime que les « montants d’aide ont été drastiquement diminués » avec le seul objectif de maîtriser les dépenses publiques et demande « en grande urgence une rencontre » avec la nouvelle ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne. Les concessionnaires devraient subir un important préjudice économique avec la dévalorisation d’une partie de leur stock d’automobiles qui ne sera plus éligible à cette aide gouvernementale. En revanche, la filière bioéthanol s’est réjouie du décret, estimant qu’il « incitera les constructeurs automobiles à développer des motorisations flex-fuel E85 ». « Le superéthanol E85 réduit de plus de 40 % les émissions nettes de CO 2 », a affirmé la Collective du bioéthanol, dans un communiqué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dieselgate : « D’un côté les gens meurent, et de l’autre, la justice pénale est silencieuse »
Face au succès du dispositif, en place depuis 2018, le gouvernement assume de « monter les exigences sur les véhicules propres ».
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/01/l-acces-a-la-prime-a-la-conversion-automobile-restreint-a-partir-du-1er-aout_5495516_3244.html
mlsum-fr-1340
Les écologistes rassemblés à Viersen (Allemagne) pour « s’entraîner », le 20 juin. INA FASSBENDER / AFP A la gare de Cologne, voie no 9, l’omnibus en direction de Mönchengladbach entre en gare. Le long du quai, de petits groupes de jeunes gens aux tenues bigarrées, des sacs à dos volumineux sur les épaules, s’y engouffrent. Voilà le petit train soudainement bondé, ce jeudi 20 juin, en milieu de journée. Il se trame quelque chose d’inhabituel. « On va à Ende Gelände », explique Nele, une étudiante partie de Bavière, de bon matin, avec quatre amis. « Notre objectif, c’est la fin de l’exploitation du charbon. Il faudrait qu’on arrête les centrales à charbon dès demain », ajoute Toni, son voisin de siège qui, comme Nele, utilise un « nom de camp », un pseudonyme qui lui permet de conserver l’anonymat. Ende Gelände – expression allemande, qui signifie « point barre » ou « terminus » – est le nom que s’est donné un collectif de lutte pour le climat outre-Rhin. Depuis 2015, le groupe organise une grande manifestation annuelle confinant à l’illégalité, de façon à frapper les esprits. L’événement attire chaque année des milliers de militants écologistes. Pour sa cinquième édition, Ende Gelände veut bloquer la mine de lignite à ciel ouvert de Garzweiler, comme il l’avait déjà fait en 2015 et en 2017. Plus facile à dire qu’à faire, en réalité : détenue par le géant énergétique RWE, la mine de Garzweiler est une immense tranchée lunaire de 10 km de long, vaste comme la ville de Nantes, qui balafre le paysage verdoyant de ce coin rural de Rhénanie. Renforts de toute l’Europe Les militants ont reçu du renfort en grand nombre, cette année : plus de 40 autocars sont arrivés de toute l’Europe, d’après les organisateurs. Au total, ce sont quelque 5 000 écologistes – dont au moins 300 Français – qui se mettent en ordre de marche dans la matinée de vendredi 21 juin au campement de Viersen, à 20 km de Garzweiler, après une journée entière de préparation et d’entraînement : apprendre à résister à une charge de la police, que faire si on est blessé ou arrêté… « Nous faisons de la désobéissance civile : nous dépassons sciemment les limites de la légalité. Il n’est plus temps pour nous d’être sages, explique Kathrin Henneberger, membre de la première heure d’Ende Gelände et coorganisatrice de l’événement. Mais bien sûr, nous sommes contre toute forme de violence. » Pour elle, la désobéissance civile est le seul moyen d’obtenir un vrai changement de politique, comme au temps des suffragettes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elections européennes 2019 : « Les Verts doivent devenir des concurrents crédibles dans la conquête du pouvoir national » Si les organisateurs sont ravis du succès grandissant de leur rassemblement annuel, ils n’en sont guère surpris. Ende Gelände surfe sur la prise de conscience, croissante en Allemagne, de l’ampleur du défi climatique. Les manifestations de lycéens pour le climat du mouvement Fridays for Future, lancé par la Suédoise Greta Thunberg en 2018, connaissent un franc succès depuis le début de l’année outre-Rhin. En mai, aux élections européennes, les Verts allemands ont quasiment doublé leur score de 2014, en obtenant 20,5 % des voix. L’environnement est pratiquement sur toutes les lèvres, mais le gouvernement d’Angela Merkel est, pour beaucoup, trop timoré en la matière. En janvier, Berlin a décidé de fixer à 2038 la date de mise hors service de ses centrales à charbon, grosses émettrices de CO 2 , et qui assurent actuellement près de 40 % de la production d’électricité du pays. Pour Kathrin Henneberger, à Viersen, c’est beaucoup trop tard. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Allemagne va sortir du charbon en 2038 Dans la mine de lignite de Garzweiler, en avril. INA FASSBENDER / AFP Sites sous haute surveillance A la sortie du campement, vendredi matin, les militants du climat se divisent en plusieurs colonnes de quelques centaines de personnes, qui tenteront de rallier la mine de charbon par différents itinéraires. Car la police est partout, bien décidée à ne pas laisser les activistes s’approcher des infrastructures clés de RWE dans la région : outre la mine, l’énergéticien détient trois centrales à charbon dans un rayon de quelques kilomètres, alimentées en lignite de Garzweiler. Des centaines de policiers quadrillent le périmètre et surveillent les abords de la mine, ainsi que les gares les plus proches. Aucun moyen pour les militants de s’en approcher. Au bout de plusieurs heures de dialogue de sourds sous un soleil de plomb, la tentative d’occuper la mine échoue piteusement. « Il faut être prêt à souffrir un peu pour sauver le climat » Mais à la fin de cette journée de drôle de guerre, les écologistes remportent une victoire encourageante : au terme d’un périple à travers champs, un groupe d’environ 400 militants parvient à bloquer les rails de la ligne nord-sud, une ligne de fret vitale pour l’approvisionnement en lignite de la centrale thermique de Neurath, la plus grosse centrale à charbon du pays. La gigantesque usine, visible à des kilomètres à la ronde, n’est pas paralysée, mais pourrait l’être si le blocage venait à se prolonger. « C’est super, on leur met des bâtons dans les roues. On va rester aussi longtemps que possible, jusqu’à dimanche peut-être. On a des tapis de sol, on va se mettre à l’aise, se réjouit Emma, une militante venue de la région. Et même si on n’est pas bien, ce n’est pas grave : il faut être prêt à souffrir un peu pour sauver le climat. » Des membres d’Ende Gelände s’entraînent pour la journée d’action du 21 juin, ici le 1er juin à Francfort-sur-le-Main. YANN SCHREIBER / AFP Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’UE échoue à adopter la neutralité carbone en 2050 A une quarantaine de kilomètres de là, la ville d’Aix-la-Chapelle est aussi en pleine effervescence climatique. Vendredi, de 20 000 à 40 000 jeunes manifestants venus de 16 pays y ont répondu à l’appel du mouvement Fridays for Future. Pour les organisateurs, cette mobilisation est un franc succès, puisqu’il s’agit de la plus importante manifestation organisée jusqu’à présent par le mouvement outre-Rhin. « Les responsables politiques commencent à nous prêter attention, mais d’un autre côté, ils ne font rien de concret. Alors nous restons mobilisés », explique Rosa Münz, une organisatrice de l’événement, qui passera son bac l’année prochaine. Les deux mouvements ont annoncé qu’ils se soutiennent mutuellement. D’ailleurs, des membres de Fridays for Future avaient prévu de manifester samedi, le long de la tranchée béante de Garzweiler, aux côtés des militants d’Ende Gelände. Cette diversion pourrait tomber à pic pour permettre aux activistes les plus aguerris de tromper la vigilance des policiers et d’atteindre leur principal objectif : occuper la mine. Jean-Michel Hauteville (Viersen, Allemagne, envoyé spécial)
Le mouvement Ende Gelände, qui réclame la fin de l’exploitation du charbon, tente de bloquer le site à ciel ouvert de Garzweiler.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/22/en-allemagne-la-contestation-contre-l-inaction-environnementale-prend-de-l-ampleur_5480003_3244.html
mlsum-fr-1341
Comme prévu, les favoris n’ont pas déclenché la grande bagarre dans les premiers cols pyrénéens, à la veille d’un contre-la-montre crucial. Le Britannique Simon Yates, issu d’un groupe de 40 échappés, s’impose dans un sprint à trois à Bagnères-de-Bigorre. Et Rohan Dennis a disparu. Rohan Dennis (à droite), le 5 juillet à Bruxelles. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS Veillée d’armes chez Bahreïn-Merida, la riche équipe de Vincenzo Nibali. Au départ de Toulouse, on pense déjà au contre-la-montre de Pau, vingt-quatre heures plus tard. L’équipe aligne le champion du monde de la discipline, l’Australien Rohan Dennis. « On attend donc de lui qu’il soit dans le haut du classement et il se donnera à 100 %, évidemment, dit Gorazd Stangelj, directeur sportif de l’équipe bahreïnie, devant son car rutilant. Mais rien n’est sûr. » A quelques mètres de là, voilà le même Rohan Dennis, furibard. Un journaliste australien, qui le connaît, l’approchera pour lui demander un mot au sujet du futur contre-la-montre. Requête refusée sans un regard. Tension dans l’air. Lire aussi Le parcours du Tour de France 2019, étape par étape Au départ de Toulouse, l’éphémère maillot jaune du Tour de France 2015 tente plusieurs fois de prendre la bonne échappée du jour, sans réussite. Au ravitaillement de Cierp-Gaud, kilomètre 93, Rohan Dennis, dans le peloton, se déporte sur le côté droit de la route et s’arrête. Il monte dans la voiture d’un assistant qui le ramène à Bagnères-de-Bigorre et quitte ainsi le Tour de France. Son équipe ne trouve rien à inventer. Elle ne sait pas ce qui s’est passé et son message, sur Twitter, ne fait qu’épaissir le mystère : « Notre priorité est le bien-être de tous nos coureurs et nous allons immédiatement lancer une enquête. » 🇫🇷 #TDF2019 Our priority is the welfare of all our riders so will launch an immediate investigation but will not b… https://t.co/DFDxojwY98 — Bahrain_Merida (@Team Bahrain Merida) « Nous ne savons rien » A Bagnères, le vélo de Dennis est posé sans surveillance contre le car où l’Australien s’est réfugié. Il en émerge plus tard accompagné par son agent et l’attaché de presse de l’équipe. Les trois, d’un pas pressé, refusent de dire un mot. Au dos du t-shirt du coureur, la devise marketing de la Bahreïn-Merida : « Ce n’est pas de moi qu’il s’agit, c’est de nous. » @RohanDennis abandons @LeTour #sbstdf more news to follow @SophieSmith86 https://t.co/fT9Ia5Pa1r — CyclingCentral (@CyclingCentral) Gorazd Stangelj, directeur sportif de l’équipe, répondra après l’étape à une nuée de journalistes. Répondre est une formule. « Nous ne savons rien. Nous avons essayé de lui parler. Nous nous sommes arrêtés et nous avons essayé de trouver une solution. Il a dit “je ne veux pas parler”, et a abandonné. (…) Ce qui est sûr, c’est que ce n’est pas physique. » Je crois qu’un mec de la Bahreïn-Merida a gagné le Tour. Ou alors Rohan Dennis a quitté le Tour sans prévenir. https://t.co/90hXD3a8eO — JeuneGuillou (@Clément Guillou) La presse spécialisée croit savoir que Rohan Dennis ne serait pas satisfait de son vélo de contre-la-montre, lui qui disposait d’un matériel de pointe l’an passé, chez BMC, est n’a pas retrouvé son niveau dans cet exercice cette année. Stangelj passe à la question. A-t-il pesté contre son matériel ? « Disons que c’est un gars qui veut que tout soit parfait. Et ce n’est pas facile de faire en sorte que tout soit parfait sur une course. » Et sinon, il est comment, ce Rohan Dennis ? « C’est un type spécial. Comme tous les champions. Quand il veut quelque chose, il est déterminé, et ce n’est pas facile de satisfaire tout le monde en permanence. » Une équipe coupée en deux On n’a pas mémoire d’abandon de la sorte dans le Tour de France, où le moindre incident dans une équipe, qui passerait tout à fait inaperçu sur une course mineure, est décortiqué par tous les médias de la planète cyclisme. On pourra voir dans le geste de Rohan Dennis une forme de panache, façon « j’entre dans le bureau du patron en maillot de bain et je lui annonce que je me barre » ; ou une nouvelle preuve de l’impulsivité du coureur australien, réputé pour ses sautes d’humeur. En 2014, alors jeune espoir du contre-la-montre, Dennis avait quitté sa première équipe, la Garmin-Sharp, pour rejoindre la BMC en milieu de saison, chose rarissime. Les deux équipes avaient dû obtenir une dérogation de l’UCI. « Plutôt que de repousser l’inévitable, nous avons trouvé une solution optimale pour Rohan et les deux équipes », avait commenté le manager de Garmin, Jonathan Vaughters. Elle ne devrait, quoi qu’il en soit, pas améliorer l’ambiance au sein d’une équipe où le clan de Vincenzo Nibali vit à part, loin des Slovènes – coureurs, directeurs sportifs, mécaniciens et kinés – recrutés par le patron officieux de l’équipe, le Slovène Milan Erzen. Ce dernier, officiellement absent de l’organigramme, est l’intermédiaire entre le prince bahreïni Nasser ben Hamed Al-Khalifa, qui finance l’équipe, et la direction sportive. Au mois de mai, Le Monde révélait que son nom apparaissait dans une enquête sur une affaire de dopage, toujours en cours. Depuis, Milan Erzen est pourtant venu au départ du Tour à Bruxelles et devrait repasser sur la course. Entre-temps, le cas Dennis s’est ajouté en haut de la pile des soucis de l’équipe bahreïnie, en pleine restructuration en vue de la saison prochaine. En quittant Bagnères-de-Bigorre, le car de la Bahreïn-Merida a été éraflé par une voiture de la Jumbo-Visma, y laissant un peu de peinture rouge. Quand ça veut pas… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le patron de l’équipe cycliste Bahrain-Merida cité dans une affaire de dopage Le Tour du comptoir : Toulouse Après chaque étape, Le Monde vous envoie une carte postale depuis le comptoir d’un établissement de la ville de départ. Ceci n’est pas un ancien triathlète professionnel. Où l’on croise un ancien cycliste professionnel, mais qui sait aussi nager et courir. Mollets sculptés, silhouette affûtée, « Shimano » écrit sur le polo, vélo de course posé le long de la vitrine, casque pendu au guidon : aucun doute, le monsieur d’une quarantaine d’années qui vient de prendre place au Troquet Garonne, après avoir demandé au serveur le code wi-fi (« ze oui-faï ? », s’est exclamé le serveur), est un ancien cycliste professionnel. « Non, je suis un ancien triathlète professionnel. » Pardon, mais c’est rigoureusement la même chose, pour peu que l’on fasse abstraction de l’aspect natation et de l’aspect course à pied. Danny Evans est sans doute l’un des seuls anciens triathlètes au monde à afficher cinq Tours de France au compteur. Aucune victoire d’étape, cela dit, ce qui nous fait un point commun. Aucun départ d’étape non plus, d’ailleurs : ses cinq Tours ont été effectués au sein de la caravane, pour la marque de matériel de vélo Shimano (qui fait aussi des cannes à pêche, sachez-le). Son boulot consiste à dépanner les équipes qui feraient soudain face à une pénurie de dérailleurs ou de manettes de changement de vitesse. Ceci est un ancien triathlète professionnel. Avant de revenir chaque été pour le Tour, cet Australien n’était venu qu’une fois en France, à Carcassonne et dans de petits villages de l’Aude. « C’est en revenant avec le Tour et en allant dans toutes les grandes villes que je me suis aperçu que Carcassonne n’était pas une si grande ville que ça. Le Tour est un super moyen de découvrir la France. » A qui le dis-tu. Voilà un bon moment que l’on milite pour rendre obligatoire le Tour de France à tous les citoyens de 18 ans, on n’a pas trouvé mieux pour comprendre un peu ce pays, et en tomber amoureux. Malgré cinq Tours de France et son statut d’ancien pro, Danny Evans confesse qu’il ne connaît pas Vincent Luis, meilleur triathlète tricolore actuel. Lui faisait partie du Top 10 en Australie, mais n’a jamais participé aux Jeux olympiques. Sa carrière a pris fin malgré lui en 2006. Alors qu’il était revenu de Californie pour passer quelques jours en Australie, et qu’il avait enfourché son vélo pour aller retrouver sa copine qu’il venait à peine de rencontrer, « a car hit me, and sent me directly into a hydrant », explique notre triathlète à la retraite, me permettant ainsi d’apprendre à dire « bouche d’incendie » en anglais, et de comprendre l’origine de cette énorme cicatrice au genou gauche. Je n’ai pas osé prendre la cicatrice en photo. Et j’ai oublié de demander si la copine de l’époque l’était toujours. A côté du Troquet Garonne se trouvent un magasin de cycles qui s’appelle Vélouse... ... et une école qui s’appelle Maurice Bécanne.
Le contre-la-montre de Pau se disputera sans champion du monde : Rohan Dennis a quitté le Tour de France sans donner de raison à son équipe. Un mystère de plus dans la carrière de ce coureur inconstant.
https://www.lemonde.fr/blog-du-tour-de-france/article/2019/07/18/tour-de-france-le-mystere-de-l-abandon-de-rohan-dennis_5490930_5326505.html
mlsum-fr-1342
La Roumaine Rovana Plumb, ici en mai 2019. ROBERT GHEMENT / EPA Décidément, les débuts d’Ursula von der Leyen à Bruxelles sont laborieux. Désignée à la surprise générale, le 2 juillet, par les chefs d’Etat et de gouvernement, l’ancienne ministre de la défense de la chancelière allemande, Angela Merkel, semble vouée à passer avec difficulté chaque étape qui doit la mener à la présidence de la Commission européenne, le 1er novembre. Elle a d’abord eu du mal à convaincre les eurodéputés qui, le 16 juillet, lui ont donné la plus courte majorité qu’aucune tête de l’exécutif communautaire n’ait jamais obtenue (neuf voix de plus que les 374 nécessaires). Et quand, le 10 septembre, Mme von der Leyen a présenté son équipe de 26 commissaires – un savant équilibre entre les partis politiques, l’Est et l’Ouest, le Nord et le Sud, les hommes et les femmes –, elle a déclenché une polémique sur le portefeuille du commissaire chargé, entre autres, des sujets migratoires, en le baptisant « protection de notre mode de vie européen ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi David Sassoli : « La protection du mode de vie doit aussi concerner les étrangers vivant en Europe » Jeudi 26 septembre, la commission des affaires juridiques du Parlement (JURI) lui a infligé une nouvelle épreuve en bloquant la nomination de deux de ses commissaires, la Roumaine Rovana Plumb, pressentie pour les transports, et le Hongrois Laszlo Trocsanyi, affecté au voisinage et à l’élargissement. Ils ne pourront donc en théorie pas participer aux auditions qui doivent débuter la semaine prochaine et au terme desquelles le Parlement doit se prononcer sur l’ensemble du collège, le 23 octobre. Des nominations invalidées en raison de « conflit d’intérêts » Après avoir étudié leur déclaration d’intérêts et les avoir entendus, « nous avons estimé qu’ils ne pouvaient pas être commissaires européens, car il y a conflit d’intérêts », a expliqué Manon Aubry, à la sortie de leur audition. Et ce « quel que soit leur portefeuille », a développé l’eurodéputée française (La France insoumise, LFI), fermant ainsi la porte à la possibilité pour Mme von der Leyen de tenter de les nommer à d’autres responsabilités, comme cela a pu se faire dans le passé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Commission européenne : Ursula von der Leyen, entre équilibre et équilibrisme Leur nomination a été invalidée à une large majorité. A 20 voix pour, aucune contre et deux abstentions pour Mme Plumb, dont les explications sur les deux prêts qui posaient problème n’ont pas convaincu. A 17 voix pour et deux contre pour M. Trocsanyi, dont les liens avec son ancien cabinet d’avocats restent flous. « Nous exhortons la présidente de la Commission européenne à reconsidérer le choix des deux pays concernés en leur demandant de proposer de nouveaux candidats », a communiqué Marie Toussaint, coordinatrice de la commission JURI pour les Verts.
La commission JURI a bloqué la nomination de la Roumaine Rovana Plumb (transports) et du Hongrois Laszlo Trocsanyi (voisinage et élargissement). Une situation qui pourrait fragiliser d’autres commissaires.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/27/commission-europeenne-les-candidats-roumain-et-hongrois-sur-la-sellette_6013215_3210.html
mlsum-fr-1343
Les logos des quatre opérateurs (Telefonica, Vodafone, Deutsche Telekom et 1&1 Drillisch) qui se sont disputé les 41 blocs de spectre 5G mis en vente par le régulateur allemand. STR / AFP L’attente était devenue interminable. Après environ trois mois et 497 tours, la vente aux enchères pour les fréquences 5G a finalement pris fin outre-Rhin. Les opérateurs allemands ont rendu les armes, mercredi 12 juin dans la soirée, au terme d’une âpre bataille. Montant du butin pour l’Etat allemand : 6,55 milliards d’euros. Une somme plus que coquette pour le gouvernement qui n’en espérait pas autant puisque, initialement, il espérait faire entrer dans ses caisses 3 à 5 milliards d’euros. Ses attentes ont été plus que comblées. « La vente aux enchères a été un succès », s’est réjoui le président de l’agence fédérale allemande des réseaux, Jochen Homann, dans un communiqué. Débutées le 19 mars dans un contexte tendu, les enchères pour la prochaine génération de réseau mobile se sont rapidement emballées, les quatre opérateurs en lice – Deutsche Telekom, Vodafone, Telefonica et le nouveau venu 1&1 Drillisch – se disputant férocement les 41 blocs de spectre mis en vente par le régulateur. Le compteur s’est affolé, mi-avril, franchissant la barre des 5 milliards d’euros, puis des 6 milliards six semaines plus tard. De folles enchères qui ne sont pas sans rappeler celles qui se sont déroulées à l’automne 2018 en Italie et qui avaient rapporté 6,5 milliards d’euros à l’Etat italien. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Téléphonie : 5G, la course est lancée Au total, 420 mégahertz de spectre ont été distribués aux opérateurs outre-Rhin. L’ancien monopole, Deutsche Telekom, et le britannique Vodafone, qui ont chacun empoché 130 mégahertz, signent aussi les plus gros chèques (respectivement 2,2 milliards d’euros et 1,9 milliard d’euros), suivis par Telefonica, qui a obtenu 90 mégahertz pour un montant de 1,4 milliard d’euros. Le quatrième opérateur, 1&1 Drillisch, qui a rejoint la course il y a peu, est quant à lui reparti avec 70 mégahertz pour son baptême du feu. Les enchères terminées, les opérateurs allemands vont désormais pouvoir s’atteler au déploiement du réseau et lancer leurs premières offres commerciales 5G au cours des prochains mois. Ils entreront alors dans le club encore restreint des pays européens qui ont allumé la 5G sur leur territoire avec le Royaume-Uni, la Suisse et, à partir de cette semaine, l’Espagne. Un goût amer pour les opérateurs La facture élevée de cette vente aux enchères a néanmoins laissé un goût amer aux opérateurs, qui estiment que les sommes importantes mises dans l’achat du spectre risquent de pénaliser leur capacité à investir dans la construction des réseaux. « Le prix aurait pu être beaucoup plus bas. Encore une fois, le spectre en Allemagne est beaucoup plus cher que dans d’autres pays. Les opérateurs de réseau n’ont plus les fonds nécessaires pour développer leurs réseaux. On aurait pu construire environ 50 000 nouveaux sites mobiles et mettre fin à de nombreuses zones blanches », a commenté Dirk Wössner, membre du conseil d’administration de Deutsche Telekom, dans un communiqué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Avec les fréquences téléphoniques, la France tente le “en même temps” » En France, les opérateurs vont pouvoir souffler. Ils regardaient avec inquiétude la facture s’alourdir pour leurs voisins, craignant d’y voir un présage en ce qui concerne les futures enchères pour les fréquences 5G dans l’Hexagone. La vente de spectre en France aura lieu à l’automne, pour un lancement des premières offres commerciales 5G prévu en 2020. Si les modalités de la vente ne sont pas encore connues dans le détail, un prix de réserve sera fixé par le gouvernement et dévoilé en juillet. Les opérateurs (Orange, SFR, Free, Bouygues Telecom), qui redoutent une addition salée, n’ont eu de cesse ces derniers mois d’envoyer des signaux au gouvernement pour appeler à des enchères raisonnables. Cet appel semble avoir été entendu. Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, qui gère le dossier des télécoms, a indiqué que l’Etat, conscient des efforts d’investissement nécessaires pour le déploiement des réseaux, ne chercherait pas à maximiser à tout prix la recette des enchères, mais s’orienterait davantage vers « un juste milieu », ainsi qu’elle l’expliquait dans un entretien au Monde, le 10 mai. Pour ne rien manquer de l’actualité économique Cet article est paru dans notre newsletter « La lettre éco ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre quotidienne en suivant ce lien. Chaque jour à 12 h 30, vous y retrouverez les informations du Monde et son regard sur l’actualité économique, à travers notamment la chronique « Pertes & profits ».
Après trois mois d’une âpre bataille, les enchères qui opposaient les opérateurs télécoms pour l’attribution des fréquences 5G ont pris fin outre-Rhin. Les attentes du gouvernement ont été plus que comblées.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/13/frequences-5g-en-allemagne-les-encheres-rapportent-6-55-milliards-d-euros_5475698_3234.html
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Declaration de politique générale d’Edouard Philippe devant le Senat, le 13 juin. Vernier/JBV NEWS / Vernier/JBV NEWS L’ébéniste Edouard Philippe continue à faire « travailler la poutre » de la recomposition de la vie politique française. En visite au Sénat, jeudi 13 juin, au lendemain de son discours de politique générale prononcé devant l’Assemblée nationale, le premier ministre a posé un acte inédit en demandant aux sénateurs de se prononcer par un vote sur ce discours. Une première sous la Ve République pour un Sénat contrôlé par l’opposition – en l’occurrence, le parti Les Républicains (LR). Par ce vote, l’exécutif continue de chercher à mettre en difficulté la droite, dont les électeurs se sont éparpillés lors des élections européennes, le 26 mai, entre Emmanuel Macron d’un côté et le Rassemblement national de l’autre. Pour les sénateurs LR, le moment est crucial, à tout juste neuf mois des élections municipales, qui aboutiront à un renouvellement des grands électeurs. « Leurs » électeurs. « Je ne vous demande ni un blanc-seing pour la politique de mon gouvernement, ni un quelconque ralliement à la majorité. Je vous demande de dépasser des clivages et des différences que je respecte, mais qui ne me semblent plus, aujourd’hui, les plus importants », a déclaré M. Philippe lors de son discours, exhortant les sénateurs au « dépassement ». Rapport de force Pour les aider à faire leur choix, le chef du gouvernement n’a pas insisté – contrairement à son discours de la veille, devant le Palais-Bourbon – sur la dimension écologique de « l’acte II » du quinquennat. « Je ne crois pas à l’écologie du grand soir », a même assuré l’ancien maire du Havre, accusé il y a quelques mois par son ancien ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, de pratiquer la politique des « petits pas » en la matière. M. Philippe s’est plutôt concentré sur les sujets chers aux élus au Palais du Luxembourg : décentralisation et statut des maires. Un projet de loi « décentralisation et différenciation » sera ainsi présenté « à la fin du premier semestre 2020 » afin de valider de nouveaux transferts de compétences « dans les domaines du logement, des transports et de la transition écologique », a-t-il notamment annoncé. Sur l’épineux sujet de la réforme constitutionnelle, Edouard Philippe a rappelé qu’il n’entendait pas lancer les travaux parlementaires avant d’avoir l’assurance d’obtenir l’aval du Sénat – « Nous attendrons le moment propice et la manifestation de volonté du Sénat » –, à l’heure où la question de la réduction du nombre de parlementaires et la représentation des territoires continuent de braquer la majorité sénatoriale. « Oui, une réforme est nécessaire, oui, une révision constitutionnelle est possible, si le gouvernement fait preuve de cette ouverture que vous mettez pourtant en avant », lui a répondu la sénatrice LR des Alpes-Maritimes, Dominique Estrosi-Sassone, déplorant le rapport de force engagé sur ces deux points. « Cette abstention, c’est tout sauf un chèque en blanc, nous jugerons sur pièces, au cas pas », Dominique Estrosi-Sassone, sénatrice LR des Alpes-Maritimes Article réservé à nos abonnés Lire aussi En lutte avec le Sénat, l’exécutif reporte la réforme des institutions « Y voir plus clair » En demandant aux sénateurs de se prononcer sur son discours de politique générale, le chef du gouvernement entendait faire les comptes dans la perspective de cette réforme. « J’irai demain au Sénat, sans penser revenir avec une majorité, avait-il prévenu devant les députés. Le vote permettra à chacun de se prononcer et à nous tous d’y voir plus clair. » « Il faut que chacun prenne ses responsabilités face à un plan de réforme et arrêter avec l’ancienne logique partisane, estime-t-on à Matignon. Là aussi, les frontières ne sont plus les bonnes. » « S’ils s’abstiennent tous, ça n’aura pas une grande signification », anticipait néanmoins un ministre, un rien sceptique. La manœuvre a en tout cas agacé à droite. « Ce vote est uniquement destiné à voir comment on peut diviser la droite, entre l’Assemblée nationale et le Sénat, et à l’intérieur du Sénat, déplore Roger Karoutchi, sénateur LR des Hauts-de-Seine, qui a voté contre. C’est une opération politicienne. » Qui a en partie porté ses fruits, puisque le groupe LR s’est déchiré, mardi, lors d’une réunion à huis clos, sur l’attitude à adopter. Les sénateurs LR, divisés entre une ligne dure et une position plus conciliante à l’égard du gouvernement, ont finalement choisi l’abstention, dans leur grande majorité. Ils ont été 132 à s’abstenir, quand dix ont voté contre et seulement un pour. Au total, la majorité des sénateurs (181) se sont abstenus, 71 ont voté pour et 93 contre. Pour rappel, l’adoption de la réforme constitutionnelle nécessiterait l’accord de trois cinquièmes des suffrages exprimés au Congrès. En additionnant les votes des députés et des sénateurs, le gouvernement a réuni 434 voix favorables sur 690 suffrages exprimés. Il franchit ainsi arithmétiquement la barre des trois cinquièmes (qui est de 414 dans cette configuration). Mais tout cela reste hypothétique, au vu de l’importante abstention, 228 voix au total. « Cette abstention, c’est tout sauf un chèque en blanc, nous jugerons sur pièces, au cas pas », a de toute façon prévenu Mme Estrosi-Sassone, qui a ajouté une mise en garde : « La poutre travaille encore, disiez-vous. Prenez garde qu’à force de travailler elle ne fracture les murs porteurs de l’édifice français. » Gare à l’excès de confiance, en effet, pour le gouvernement. Comme l’a rappelé à la tribune Claude Malhuret, président du groupe Les indépendants – la droite « Macron compatible » –, citant « un proverbe cambodgien » : « Quand l’eau monte, les poissons mangent les fourmis. Quand l’eau descend, les fourmis mangent les poissons. »
Après l’Assemblée nationale, mercredi, le chef du gouvernement a soumis au vote des sénateurs, jeudi, son discours de politique générale.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/13/face-a-edouard-philippe-la-droite-senatoriale-choisit-l-abstention_5475852_823448.html
mlsum-fr-1345
ncipes. Groupes privés, partages industrialisés, « cibles » désignées à la « riposte » collective, comptes anonymes démultipliés, faux profils, violence des propos… Depuis l’été 2018 et l’affaire Benalla, certains « marcheurs » qui peuplent les réseaux sociaux ont changé d’attitude : loin de la « bienveillance » préconisée par le chef de l’Etat pendant la campagne présidentielle, une partie de la Macronie numérique s’est durcie et convertie à des méthodes jusqu’alors pratiquées par d’autres acteurs du champ politique, notamment aux extrêmes. Aurore Bergé, députée et porte-parole du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale, qui gère la « riposte » depuis la rentrée 2018, ne s’en cache pas : « On est le parti le plus attaqué, on doit être vigilants, on doit armer les militants à réagir. » Twitter, réseau des « influenceurs » et son jargon Twitter est un réseau social qui permet de poster de courts messages (280 caractères maximum) agrémentés d’images ou de vidéos, à destination des abonnés (ou « followers ») au compte. On peut s’abonner à des comptes d’individus, d’institutions, de médias, et recevoir leurs « Tweet », leurs messages dans un flux, qu’on appelle « timeline » (abrégé en « TL »). Et on peut à l’inverse être « suivi » par des followers, des abonnés. Un Tweet peut être partagé, donc diffusé à ses propres abonnés. C’est ce qu’on appelle « retweet ». Il peut aussi être « aimé » (on parle de « like » et donc de l’action de « liker »). On peut également dialoguer avec d’autres comptes, en commentant leur Tweet, ou les interpeller (on parlera de les « mentionner »), ou encore citer leur message à destination de ses abonnés, en y ajoutant son commentaire. On peut également ajouter un « # » devant un mot pour le transformer en « hashtag » (mot-clé). L’un des buts collectifs peut être de placer un hashtag dans les « tendances », les mots-clés les plus partagés du jour. Twitter compte aujourd’hui environ 15 millions de profils actifs en France, bien loin de Facebook qui en aligne plutôt 30 millions. Mais le réseau à l’oiseau bleu (son icône) est celui des « décideurs » et des « influenceurs » : stars, politiciens, journalistes, communicants en ont fait leur canal privilégié, tant pour y diffuser leur actualité que pour s’informer. Ce qui explique sans doute également que les militants de tout bord y soient très actifs, dans l’espoir de « toucher » ces influents et d’obtenir une visibilité. Un ancien e-militant socialiste rompu aux joutes en ligne l’assure : si ces pratiques sont devenues habituelles dans tous les partis, elles ne faisaient pas initialement partie de la culture des « marcheurs ». « Au début, on était réglo, mais ça ne marchait pas, nos militants sont vieux et fréquentent peu les réseaux, raconte-t-il. Alors on est passés à des pratiques plus limites, comme avoir un double compte. » Soit un compte « officiel » avec un vrai nom, et un autre sous pseudonyme, où l’on s’autorise des attaques plus véhémentes ou plus ciblées. Pour lui, ce militantisme dissimulé a atteint, dans la nébuleuse macroniste, une ampleur industrielle : « On est passé à une autre dimension, avec des créations de comptes tous les jours. » L’intérêt de cette multiplication est évidemment de faire nombre pour espérer contrer le « bruit » des opposants. Humaine ou automatisée, cette méthode, qui revient à « gonfler » son importance sur les réseaux sociaux, a un nom : l’astroturfing, ou « simulation d’une opinion spontanée », selon la définition du spécialiste en intelligence économique Charles Ponsard. « Like » industriel Au fil des recherches sur Twitter, des dizaines de profils d’obédience macroniste apparaissent, créés récemment et qui se contentent de deux activités : relayer ou « liker » industriellement des messages de partisans. Certains de ces comptes affichent une activité qui interroge, parvenant à aligner des dizaines de partages en une minute, des centaines, voire des milliers, en quelques heures… Un exploit qui suggère une forme d’automatisation, même si certains comptes tenus par de vraies personnes partagent également compulsivement des contenus.
La majorité et le chef de l’Etat multiplient les mises en garde contre les fausses informations et les dangers des réseaux sociaux. Dans le monde numérique, des « marcheurs » ont pourtant adopté des méthodes peu en phase avec ces principes.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/06/anonymat-represailles-ciblees-et-faux-comptes-voyage-dans-la-macronie-numerique_5486029_4355770.html
mlsum-fr-1346
Absente et pourtant très présente. Pour la première fois, la fusée Ariane n’a pas de stand au 53e Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget (17-23 juin). Pour le moins étrange, au moment où la guerre de l’espace est au centre de toutes les conversations et que les Etats-Unis comme la Chine intensifient leurs projets de missions vers la Lune et au-delà. « Nous devons faire des économies, et le retour sur investissement de ce type d’opération n’est pas suffisant, estime André-Hubert Roussel, le président exécutif d’ArianeGroup. Mais nous sommes présents dans nos maisons mères Airbus et Safran, ainsi que dans les différentes agences spatiales. » Pour le groupe, la partie se joue dans ses usines, où les premiers éléments de sa nouvelle fusée Ariane 6 commencent à être fabriqués et assemblés. Une version décidée en catastrophe il y a quatre ans par les Européens pour résister à l’offensive d’Elon Musk. Avec son lanceur Falcon, le fondateur de SpaceX a déstabilisé le marché en cassant les prix avec des tirs 40 % moins chers que ceux du duopole de l’époque formé par Ariane 5 et le russe Proton. Mieux, le nouvel arrivant, soutenu par la NASA et le département de la défense américain, s’est imposé en donnant le ton, avec ses projets de conquête martienne, de constellation de satellites et la création des premières fusées réutilisables. Désarçonnés, les Européens se sont alors donné cinq ans pour lancer un nouveau programme, moins cher de 40 % à 50 % qu’Ariane 5 et mieux adapté aux besoins du marché. Pour signifier son importance, ils ont fixé au 16 juillet 2020 le premier vol d’Ariane 6. Une date symbolique, car elle marque l’anniversaire du lancement d’Apollo 11 qui emmena en 1969 les hommes sur la Lune. A près d’un an de l’échéance, le pari est en passe d’être réussi, peut-être pas au jour dit, mais sans décalage préjudiciable. Une vue d’ensemble sur la fabrication Témoin de cette avance à marche forcée : l’aménagement du bâtiment d’assemblage de l’étage principal d’Ariane 6, récemment construit aux Mureaux, dans les Yvelines. « On installe les îlots de production au fur et à mesure de la fabrication de la fusée », s’enthousiasme Mathieu Chaize, l’un des responsables du programme, du haut de la passerelle surplombant les installations. Les deux réservoirs de la fusée viennent d’être formés. Le plus grand, destiné à l’hydrogène liquide, est un cylindre métallique d’une vingtaine de mètres de long et de plus de cinq mètres de diamètre, dont l’étanchéité va être testée dans une enceinte confinée, en cours de finition.
Tout est fait dans les usines pour que le futur lanceur européen, conçu pour répliquer à l’offensive américaine, décolle en 2020.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/17/la-course-contre-la-montre-d-ariane-6_5477197_3234.html
mlsum-fr-1347
Les ministres musulmans annonçant leur démission à Colombo, le 3 juin. DINUKA LIYANAWATTE / REUTERS Six semaines après l’attentat djihadiste qui a tué plus de 250 personnes en pleine messe de Pâques, les attaques contre les musulmans se multiplient dans le pays. Accusés par un moine bouddhiste et parlementaire partisan du président Maithripala Sirisena d’être complices des djihadistes, trois ministres musulmans ont démissionné lundi 3 juin. Au total, neuf hauts responsables musulmans (ministres, gouverneurs…) ont été contraints de quitter leur poste. A l’appel du moine Athuraliye Ratana, soutenu par le clergé catholique local, des milliers de personnes se sont rassemblées lundi pour demander leur départ. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Asie, terrain d’expansion de l’organisation Etat islamique M. Ratana avait commencé samedi un « jeûne jusqu’à la mort » pour obtenir leur limogeage. Après les deux premières démissions, le moine a mis fin à son jeûne et a été emmené en ambulance pour traitement médical. Il accuse des politiques musulmans d’avoir soutenu les djihadistes qui ont causé un carnage le dimanche 21 avril en se faisant exploser dans des églises en pleine messe de Pâques et des hôtels de luxe, tuant 258 personnes. L’organisation Etat islamique (EI) a revendiqué ces attentats, perpétrés par un groupe local. Un mort dans des émeutes antimusulmans Les revendications du moine sont appuyées par le moine extrémiste Galagoda-Atte Gnanasara, tout juste sorti de prison à la faveur d’une grâce présidentielle et accusé de longue date d’incitation à la haine contre la minorité musulmane. Le responsable de l’Eglise catholique dans l’île, le cardinal Malcolm Ranjith, s’est également rendu lundi à Kandy pour exprimer sa solidarité avec le mouvement. « Nous soutenons la campagne du moine car jusqu’ici la justice n’a pas été rendue », a-t-il déclaré à des journalistes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les musulmans cibles d’émeutiers au Sri Lanka Le porte-parole du gouvernement a dénoncé cette attitude : « Le cardinal Malcolm Ranjith attise les flammes de la haine et du communautarisme (…). PRENEZ NOTE le Vatican ! », a dénoncé sur Twitter Mangala Samaraweera, également ministre des finances. Pour les responsables musulmans, leur communauté, qui représente 10 % de la population du Sri Lanka, a été victime d’actes de violence, de discours de haine et de harcèlement depuis les attentats. Des émeutes antimusulmans avaient secoué plusieurs villes au nord de la capitale, tuant un musulman et dévastant des centaines d’habitations, commerces et mosquées.
Depuis l’attentat djihadiste qui a fait 258 morts le 21 avril, la communauté musulmane est victime d’actes de violence, de discours de haine et de harcèlement, selon ses responsables.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/03/sri-lanka-sous-pression-apres-les-attentats-de-paques-trois-ministres-musulmans-demissionnent_5471012_3210.html
mlsum-fr-1348
Dans un restaurant de Djedda (Arabie saoudite), le 14 avril. AMER HILABI / AFP A Djedda, le grand port saoudien sur la mer Rouge, la saison estivale promet d’être animée. Feux d’artifice, concerts en plein air, sports nautiques, lounges et cafés éphémères : tout a été fait pour attirer le maximum de visiteurs étrangers dans la cité et faire honneur à sa réputation de ville la plus décontractée d’Arabie saoudite. Baptisé « Jeddah Season », ce festival participe des efforts déployés par le prince héritier, Mohammed Ben Salman, l’homme fort de la couronne, surnommé « MBS », pour développer le tourisme dans le royaume, dépoussiérer son image sur la scène internationale et drainer les investissements. Mais les festivités ont commencé sur une fausse note. Un établissement de nuit, aménagé sur la corniche, s’est vu retirer sa licence début juin, le jour même de son ouverture. Déclinaison locale d’une fameuse boîte de Dubaï, le White Club, l’endroit devait permettre à la jeunesse dorée de Djedda de mixer charia et Shakira, de s’adonner à son goût de la fête sans s’affranchir complètement du rigorisme saoudien. Il s’agissait de créer une discothèque « halal » (« licite » ), mixte, sans contrainte vestimentaire pour les femmes, dispensées du port de l’abaya (la tunique noire réglementaire), mais sans la moindre goutte d’alcool, interdit majeur dans le royaume. Un cadre respectant les règles de la libéralisation à petits pas impulsée par « MBS ». Accès de grogne Mais une vidéo des lieux, diffusée la veille de l’ouverture, montrant la piste de danse et un comptoir de bar a eu raison de ce projet. En l’espace de quelques heures, les comptes Facebook et Instagram de la société gérant la marque White ont été saturés de messages goguenards et indignés. Sous le hashtag #Jeddah_Disco, des milliers d’internautes ont vilipendé cette initiative, arguant qu’elle souillait le berceau de l’islam. Une image montrant une femme voilée de la tête au pied, agrippée à une barre de pole dance, a fait le tour d’Internet. Cet accès de grogne a convaincu l’Autorité générale du divertissement, chargé du développement des loisirs, de la nécessité de temporiser. Au motif qu’elle n’aurait pas respecté son cahier des charges, la vraie-fausse discothèque a perdu son agrément. Le chanteur de R’n’B américain Ne-Yo, qui devait se produire lors de l’ouverture, jeudi 13 juin, a annulé son concert d’un Tweet lapidaire. Cette marche arrière est caractéristique de la méthode « MBS » . Le prince héritier adapte le rythme de ses réformes aux réactions des réseaux sociaux. Mais le cap ne varie guère. Si le White saoudien a été sacrifié, d’autres simili-boîtes de nuit sont au programme de la « Jeddah Season », comme le Music Hall, un cabaret à succès, qui opère déjà à Beyrouth et Dubaï. Des rumeurs insistantes laissent même entendre que la consommation d’alcool pourrait bientôt être autorisée dans certaines zones très fréquentées par les expatriées. « “MBS” ne s’arrêtera pas là, il a besoin de changer l’Arabie pour faire venir les investisseurs, confie un journaliste saoudien. Pour “MBS”, Dubaï est le modèle à suivre, c’est son nouveau Coran ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le tourisme, nouveau carburant de l’Arabie saoudite
Ce club à Djedda devait être mixte, sans contrainte vestimentaire pour les femmes et sans alcool. Il a pourtant suscité la colère avant même son ouverture.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/19/en-arabie-saoudite-une-discotheque-halal-cree-des-remous_5478421_3210.html
mlsum-fr-1349
Quasi inconnu il y a quelques mois, Ekrem Imamoglu, entrepreneur de 49 ans et candidat du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate et kémaliste), a gagné par deux fois la mairie d’Istanbul. Lors d’un premier scrutin organisé le 31 mars, il avait devancé de 13 000 voix son rival, Binali Yildirim, qui défendait les couleurs du Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) après avoir été le premier ministre du président turc, Recep Tayyip Erdogan, entre 2016 et 2018. Criant à la fraude, l’AKP avait alors réclamé un recomptage partiel des voix, pour obtenir, le 6 mai, de la Haute Commission électorale l’annulation du premier scrutin et la convocation d’un second, le 23 juin. Cette décision s’est retournée contre les islamo-conservateurs et contre le président Erdogan, puisque Ekrem Imamoglu a remporté aussi ce second scrutin, cette fois haut la main, avec 806 000 voix d’avance sur son concurrent. Son score, 54 % des voix, est le plus élevé jamais atteint depuis trente-cinq ans, dépassant de loin celui réalisé jadis par Erdogan, élu maire d’Istanbul en 1994 avec 22,4 % des suffrages. Pendant la campagne, son assurance tranquille, ainsi que son ton optimiste et bienveillant, l’ont hissé au rang de nouvel espoir de la politique turque, le faisant apparaître comme l’anti-Erdogan, soucieux de rapprocher plutôt que de diviser. C’est grâce à son franc-parler et à son utilisation intelligente des réseaux sociaux qu’il a conquis la classe moyenne et les minorités (Kurdes, Arméniens, Grecs…), attirant également dans son sillage une bonne partie des déçus de l’islam politique. Son slogan « Tout ira bien ! » (Her sey çok güzel olacak) est devenu viral dans les stades de football et chez les vedettes du show-business. Aux yeux de l’élite islamo-conservatrice au pouvoir, cette phrase anodine s’est chargée d’un sens politique subversif. Une marge de manœuvre étroite Candidat du CHP et de l’opposition unie, Ekrem Imamoglu a fait ses preuves dans l’arrondissement de Beylikdüzü, sur la rive européenne d’Istanbul, dont il a été maire de 2014 à 2019. Il a de grands projets pour Istanbul, l’ancienne capitale ottomane, dont il veut faire « la locomotive de la transformation démocratique », un lieu attirant pour les investisseurs, une cité « juste et égalitaire » envers ses 16 millions d’habitants. Régler les problèmes de circulation, développer les transports en commun, mettre un frein à « l’architecture verticale », « reverdir » la mégalopole trop prisonnière de sa gangue de béton, sont parmi ses priorités. Sa marge de manœuvre est étroite. D’ores et déjà l’AKP cherche à lui mettre des bâtons dans les roues en limitant sa possibilité d’attribution des marchés publics. La perte de la capitale économique et culturelle du pays est un véritable camouflet pour le président Erdogan, soucieux de relativiser la victoire de l’opposition, « un simple changement de vitrine », selon lui.
Bastion du parti islamo-conservateur, l’AKP, pendant vingt-cinq ans, la capitale économique de la Turquie change de mains. Jeudi 27 juin, Ekrem Imamoglu, le candidat de l’opposition anti-Erdogan, a officiellement pris ses fonctions.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/23/istanbul-fief-d-erdogan-convoite_5480260_3210.html
mlsum-fr-1350
Jessica Préalpato, chef pâtissière du Plaza Athénée, le 16 novembre 2018, à Paris. IANNIS GREA Depuis que le classement World’s 50 Best Restaurant s’est mis à décerner un prix de pâtissier de l’année en 2016, on constate une certaine homogénéité parmi les lauréats. Les trois premières éditions ont récompensé des hommes français : Pierre Hermé, puis Dominique Ansel et Cédric Grolet ; 2019 est enfin féminine : le 11 juin, à 33 ans, Jessica Préalpato, chef pâtissière du restaurant d’Alain Ducasse au Plaza Athénée, à Paris, a été élue par le millier de journalistes et de gourmets internationaux qui composent l’académie des 50 Best. Son titre a été officiellement remis lors de la cérémonie annuelle du classement, mardi 25 juin, à Singapour. Enceinte, Jessica Préalpato n’a pas pu faire le déplacement. C’est son collègue Roman Meder, chef exécutif du Plaza Athénée, qui l’a représentée. Lire aussi Le restaurant français Mirazur élu meilleur restaurant du monde « Ce prix récompense son investissement dans l’évolution et la modernisation de l’art de la pâtisserie », affirme Hélène Pietrini, directrice des 50 Best. Modernisation, le mot est légèrement en deçà de la réalité : Jessica Préalpato envoie complètement balader l’idée vieille comme le monde selon laquelle la pâtisserie repose sur le sucre. Ses desserts sont construits comme des entrées – et sont à peine plus sucrés. Poire comice cuite en cocotte lutée, corneille rotie, thé noir. PIERRE MONETTA « On choque, on provoque, on innove » Un exemple, avec la rhubarbe : l’assiette qu’elle présente est un foisonnement de ce légume tige décliné sous toutes ses formes. Certaines sont douces et faciles, comme le tronçon de rhubarbe fermentée rôtie au beurre ou le fabuleux granité rhubarbe-kéfir. Mais dans sa version salade, servie crue et fermentée avec une vinaigrette bien vive… c’est acide, il y a de la mâche, et aussi de la masse dans l’assiette. « On choque, on provoque, on innove », résume Jessica Préalpato. Bien sûr, il y a des desserts plus doux à la carte, comme les cerises, exceptionnellement juteuses et sapides, servies avec un « riz en émulsion lacté » et de l’agastache anisée. Mais il y a aussi des options plus toniques, comme le dessert autour de la bière avec une mousse à l’orge et une glace au houblon, tellement corsé qu’on le présente sur la carte comme un plat « pour amateurs ». Il est vrai que les goûts bousculent plus qu’ils ne caressent le palais. Et ne cherchent pas à flatter l’œil, ce qui, à l’heure d’Instagram, est un parti pris tout aussi radical. Rhubarbe du Petit Trianon au sureau. PIERRE MONETTA A priori, rien ne prédisposait Jessica Préalpato à un style aussi tranché. La Landaise de Mont-de-Marsan n’avait pas de passion pour la cuisine : « J’ai atterri au lycée hôtelier, parce que je ne savais pas quoi faire, j’ai suivi une amie qui avait fait ce choix. »
Grâce à ses desserts construits comme des entrées et à peine sucrés, à l’instar de sa rhubarbe et kéfir glacé, cette jeune femme de 33 ans a été élue « meilleur chef pâtissier du monde » par le World’s 50 Best Restaurant. Une véritable révolution de palais.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/06/25/jessica-prealpato-preche-dans-le-dessert_5481381_4497319.html
mlsum-fr-1351
Margrethe Vestager, commissaire à la concurrence, à Bruxelles, le 20 mars. JOHN THYS / AFP Elle aurait voulu être présidente de la Commission européenne. C’est finalement Ursula von der Leyen qui a été nommée à la tête de l’exécutif européen pour remplacer Jean-Claude Juncker le 1er novembre. Mais Margrethe Vestager a su négocier la sortie : l’actuelle commissaire à la concurrence sera à la tête de l’une des plus puissantes vice-présidences que l’institution communautaire ait connues. Sur le papier en tout cas : à ses fonctions actuelles, elle rajoute le numérique, avec comme mission de bâtir « une Europe prête pour l’ère numérique », l’autre priorité d’Ursula von der Leyen avec le « Green Deal ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Commission européenne : Ursula von der Leyen en quête d’équilibres politiques et de parité Au dixième étage du Berlaymont, à Bruxelles, Margrethe Vestager se prépare à l’examen de passage auquel doivent la soumettre les parlementaires européens mardi 8 octobre. Non que la Danoise de 51 ans ait à redouter l’exercice : elle a montré, ces dernières années, son sens politique et sa capacité à porter une vision. Mais, « il est de nombreux sujets », comme le dit l’un de ses proches, « qu’elle est loin de maîtriser ». Dont l’intelligence artificielle, au sujet de laquelle Mme von der Leyen attend d’elle une feuille de route dans les cent premiers jours de sa mandature, les futures normes de la 5G ou encore la cybercriminalité. Face aux eurodéputés, la commissaire aura aussi à rendre compte de son action depuis cinq ans. Il y a d’abord les amendes qu’elle a infligées pour des pratiques abusives – 18,9 milliards en cinq ans. Et dont Google a été le premier pourvoyeur puisque le groupe a cumulé plus de 8,2 milliards d’euros de sanctions. Les « victimes » sont nombreuses Mais celle que la presse anglo-saxonne a baptisée « la Reine viking » ou encore « la Valkyrie » s’est surtout fait connaître pour avoir obligé les stars de la Silicon Valley à payer des impôts auxquels elles avaient échappé avec la bénédiction des Etats concernés, en faisant de la concurrence une arme anti-optimisation fiscale redoutable. Au passage, elle s’est attaquée aux montages fiscaux luxembourgeois, irlandais ou néerlandais et s’est vue affubler par Donald Trump du sobriquet de « tax lady », ce qui, dans la bouche du président américain, n’est pas un compliment. Les « victimes » de la commissaire à la concurrence sont nombreuses. Starbucks, Fiat, Amazon, Engie, Amazon, Nike… pour n’en citer que quelques-unes. Mais le cas le plus emblématique reste à ce jour celui d’Apple, qui a dû rembourser 14,3 milliards d’euros à l’Irlande. Mme Vestager a considéré que les « cadeaux fiscaux » dont l’entreprise a bénéficié s’assimilaient à une aide d’Etat déguisée. Même le calme Tim Cook, patron d’Apple, en a perdu son sang-froid, qualifiant la décision de « merde politique totale ».
Avec la responsabilité du numérique en plus de celle de la concurrence, la Danoise, qui est auditionnée mardi par les eurodéputés, pèse sur l’échiquier européen et dans la prochaine commission présidée par Ursula von der Leyen.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/07/margrethe-vestager-commissaire-ultrapuissante_6014526_3234.html
mlsum-fr-1352
Novak Djokovic disputera dimanche sa sixième finale à Bercy. MARTIN BUREAU / AFP « Je me suis déjà retrouvé dans des tournois où j’étais malade mais où, en allant un peu mieux chaque jour, j’ai réussi à avancer et même, parfois, à gagner le titre. » Ces mots, prononcés mercredi après une difficile entrée en lice au Masters 1000 de Paris-Bercy, Novak Djokovic s’y accroche. Malade à l’orée du tournoi parisien, le no 1 mondial va mieux. Le Serbe s’est qualifié sans coup férir, samedi 2 novembre, pour sa sixième finale à Bercy, en prenant le meilleur sur Grigor Dimitrov (7-6, 6-4). Poursuivant sa montée en puissance, un jour après avoir dominé Stefanos Tsitsipas, le « Djoker » a livré une partie aboutie face à un Bulgare accrocheur. N’ayant toujours pas abandonné le moindre set lors de cette semaine en terres parisiennes, le joueur s’est qualifié pour la cinquantième finale de sa carrière en Masters 1000, le second échelon au tennis, juste derrière les tournois du Grand Chelem. Il affrontera dimanche Denis Shapovalov, qui a bénéficié de l’abandon surprise de Rafael Nadal, annoncé quelques minutes avant la seconde demi-finale. Le Majorquin a rapidement justifié son retrait de la compétition : « Ce matin à l’un des derniers services de mon entraînement, j’ai ressenti quelque chose aux abdos. J’ai consulté le docteur, il m’a dit d’attendre, on a fait un deuxième test, et il y avait une petite déchirure à l’image. Je vais me remettre mentalement et physiquement et j’espère être prêt pour Londres, mais je n’ai aucune garantie. » Nous avons le regret d’annoncer qu’en raison du forfait de @RafaelNadal, le match qui devait l’opposer à… https://t.co/aCWjWX24PA — RolexPMasters (@ROLEX PARIS MASTERS) Un retrait qui simplifie la route de Novak Djokovic. Déjà titré quatre fois dans le Palais omnisports de Paris-Bercy, Novak Djokovic n’a pas cédé quand Dimitrov a tenté de le déborder, au cours d’une première manche accrochée. Patient et solide au service, le Serbe a attendu le jeu décisif pour prendre une option sur la qualification. Même mené 5-3, avec le service à suivre pour son adversaire, il n’a jamais lâché, profitant également d’une saute d’humeur du no 27 mondial pour empocher le tie-break. Rebelote lors de la seconde manche. Montant en puissance depuis son entrée en lice, le Serbe au sang-froid tentera dimanche de décrocher son cinquième titre dans l’enceinte parisienne. Et si l’abandon de Rafael Nadal à quelques minutes de son entrée en lice face à Shapovalov prive le public francilien d’un possible affrontement entre ces deux « monstres » du tennis, le Serbe entend poursuivre sa moisson de trophées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Bercy, Monfils, trompe-l’œil d’un tennis français à bout de souffle
Le numéro un mondial s’est qualifié samedi pour sa sixième finale à Bercy en battant Dimitrov. Il affrontera dimanche Shapovalov, qui a bénéficié du forfait de Nadal.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/11/02/tennis-djokovic-en-finale-du-masters-1000-de-paris-pour-la-sixieme-fois-nadal-forfait-surprise_6017815_3242.html
mlsum-fr-1353
Passés à peu près inaperçus en mai, les résultats de la liste Union des démocrates musulmans français (UDMF) aux élections européennes sont au cœur du débat lancé depuis la rentrée par des responsables politiques Les Républicains (LR) et La République en marche (LRM) sur la présence de listes « communautaires » ou « communautaristes » aux prochaines municipales de mars 2020. Xavier Bertrand a été l’un des premiers à ouvrir les hostilités, le 19 septembre, lors de l’émission « Vous avez la parole » sur France 2, en demandant à Emmanuel Macron de « prendre les dispositions législatives ou réglementaires » pour « interdire qu’aux prochaines municipales il y ait des listes communautaristes, parce que l’islam politique est en train de vouloir s’implanter ». Appelé à préciser de qui il parlait, le président de la région Hauts-de-France a alors nommé l’UDMF. Il a réitéré son appel le 13 octobre dans une interview au JDD. L’UDMF, qui ambitionne de présenter une liste dans une cinquantaine de villes aux municipales, se revendique sur son site comme « un mouvement non confessionnel, laïc et profondément républicain » mais « régulièrement taxé de communautaire par la classe politique française ». Dans un entretien au Parisien, jeudi 17 octobre, le ministre chargé des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, s’inquiétait également de « la possible existence de listes communautaires, comme celle qu’on a pu voir aux européennes » évoquant une « menace » et appelant à des « fronts républicains locaux dans les villes où le problème se posera ». « 40 % dans certains quartiers » Le sénateur (LR) Bruno Retailleau, veut déposer une proposition de loi pour « contrer » les listes « communautaristes ». SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP Dimanche 20 octobre, citant également les ambitions municipales de l’UDMF, le président des sénateurs LR, Bruno Retailleau, indiquait, dans un entretien au JDD, son intention de déposer « dans les jours qui viennent » au Sénat une proposition de loi pour « contrer » ces listes en interdisant « tout financement public d’un mouvement communautariste » et de prohiber « les candidatures et la propagande électorale communautaristes ». Ce n’est pas tant les 0,13 % (soit 28 469 voix) réalisés par l’UDMF au niveau national qui semblent alarmer les édiles, mais plutôt la percée de la liste dans certaines villes. Sur CNews, le 18 octobre, le député Rassemblement national (RN) du Nord Sébastien Chenu lançait ainsi : « A Maubeuge, cette liste a fait 40 % dans certains quartiers », tweetant son propos peu après. Un exemple également cité, dès juin, par le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, sur RTL : « Plus de 40 % des votants de ce bureau ont voté pour cette liste qui se disait musulmane. (…) C’est un constat terrible pour la République. »
Certains élus affichent leur « crainte » et veulent, pour certains, légiférer. Très loin de la réalité du score du principal parti visé, l’UDMF.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/23/objet-de-toutes-les-attentions-politiques-les-listes-communautaristes-restent-anecdotiques-lors-des-scrutins_6016537_823448.html
mlsum-fr-1354
AUREL L’ancien procureur de Paris, François Molins, qui espérait l’ouverture de ce procès bien plus tôt, s’était mordu les doigts, au moment de son départ, d’avoir à plusieurs reprises avancé une date d’audience sans cesse repoussée. C’est finalement près de dix ans après l’ouverture d’une information judiciaire, et après de multiples rebondissements que le dossier du Mediator arrive devant le tribunal. Cette affaire emblématique de santé publique, qui a mis en cause le deuxième groupe pharmaceutique français, a montré l’échec des autorités sanitaires et a révélé les liens incestueux que peut entretenir l’industrie du médicament avec certains experts scientifiques et hauts dirigeants français, doit être jugée lors d’un procès-fleuve qui doit s’ouvrir lundi 23 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour ne s’achever qu’au printemps. Quatorze personnes physiques et onze personnes morales, dont les laboratoires Servier et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), sont appelées à la barre. Les premiers comparaissent pour « tromperie aggravée » ; la seconde pour « homicides et blessures involontaires ». L’audience s’ouvrira en revanche sans Jacques Servier. Le fondateur des laboratoires est mort en 2014, à 92 ans. Tout s’annonce déjà démesuré dans cette audience. Le nombre de parties civiles d’abord (près de 4 500), sa durée (six mois programmés, l’équivalent du procès de Maurice Papon en 1997 et 1998), le nombre de personnes concernées (le Mediator a été consommé par 5 millions de personnes depuis le milieu des années 1970, dont 3 millions pendant plus de trois mois), et celui du nombre de morts dont la liste n’est pas définitivement arrêtée et risque encore de s’allonger. « Risques connus » Le Mediator, c’est l’histoire d’un médicament antidiabétique, en réalité largement prescrit comme coupe-faim, dont les effets secondaires étaient connus mais ont été sciemment dissimulés par son fabricant par peur de perdre sa poule aux œufs d’or. Les responsabilités dans ce scandale sont donc doubles ont estimé les magistrats Emmanuelle Robinson et Claire Thépaut qui, dans un document de 677 pages, résument l’affaire et ont ordonné le renvoi des responsables des laboratoires et de l’Afssaps (l’Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé, désormais Agence nationale de sécurité du médicament) à la barre. Toutefois, « les fautes reprochées à la firme », comme ils appellent les laboratoires Servier, et aux autorités sanitaires « ne sont (…) pas de nature comparable ».
Les audiences lors desquelles les laboratoires Servier comparaissent pour « tromperie aggravée » et l’Agence nationale de sécurité du médicament pour « homicides et blessures involontaires », s’ouvrent lundi et dureront six mois.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/21/le-scandale-du-mediator-en-proces_6012535_3224.html
mlsum-fr-1355
Le théâtre du Châtelet après rénovation, le 5 septembre. LIONEL BONAVENTURE / AFP « Quand c’est la mémoire qui respire, observait Gaston Bachelard, toutes les odeurs sont bonnes. » Et si cet adage s’appliquait aux lieux de spectacle ? Les directeurs du Théâtre du Châtelet, Ruth Mackenzie et Thomas Lauriot dit Prévost, ont profité de deux ans et demi de travaux de rénovation, avant la réouverture, en septembre, pour mettre au point leur premier produit dérivé. Ils ont fait appel à la marque Comme des garçons, de Rei Kawakubo – qui a également dessiné des costumes pour le chorégraphe Merce Cunningham –, pour créer une eau de toilette baptisée « Odeur du Théâtre du Châtelet Acte I ». Dévoilée jeudi 10 octobre, cette fragrance devrait être un jour le prélude d’un « Acte II ». Pour Christian Astuguevieille, directeur artistique de Comme des garçons, le pari consistait à « créer une odeur pour la réouverture du Châtelet, qui évoque à la fois les fauteuils en velours, la scène, les lumières, les fumigènes et le plaisir du public ». Ruth Mackenzie souhaitait « quelque chose de joyeux, festif mais aussi provocant et innovant », comme le fut Parade au Théâtre du Châtelet en 1917, ce ballet composé pour les ballets russes de Serge de Diaghilev par Erik Satie, sur un poème de Jean Cocteau, et dont les décors furent confiés à Pablo Picasso. Le nez, Caroline Dumur, du laboratoire américain IFF (International Flavors and Fragrances), a travaillé, dit-elle, « sur une forme simple », en mêlant du poivre, de l’héliotrope, de la fleur d’oranger, de la tubéreuse, du cèdre et du musc. « C’est une première mondiale pour un théâtre », s’est félicitée la codirectrice du théâtre. Les premiers flacons seront en vente à 120 euros les 200 ml dès jeudi 10 octobre au théâtre, à côté des piles de livres de la pièce Les Justes, d’Albert Camus, en ce moment à l’affiche. Ce troisième parfum créé sous le label Comme des garçons sera également en vente dans les boutiques de la marque et dans quelques parfumeries sélectives à Paris, Londres, New York, Los Angeles, Tokyo et Singapour. « Le produit de la vente va nous aider à la création », explique Mme Mackenzie. Une ligne de six bougies parfumées à l’Opéra de Paris L’Opéra de Paris commercialise déjà une ligne de six bougies parfumées tandis que la Comédie-Française a elle aussi mis en vente cinq bougies conçues par le nez Olivia Giacobetti. Mais pas de parfum. Le château de Versailles n’est pas en reste puisque, dès 2006, la direction avait confié au nez Francis Kurkdjian le soin de retrouver le parfum que portait Marie-Antoinette. Ce dernier avait créé Le Sillage de la reine, en se fiant à une liste d’ingrédients, exhumée en 2004 par l’historienne du parfum Elisabeth de Feydeau. Cette série limitée, vendue 350 euros le petit flacon de 25 ml, avait été fabriquée à mille exemplaires. Le produit de la vente avait servi à acquérir une malle de voyage, classée trésor national, ayant appartenu à la reine. Dix ans plus tard, le château de Versailles avait confié à Thierry Wasser, le parfumeur de Guerlain, le soin d’élaborer une autre fragrance, Le Bouquet de la reine, toujours en édition limitée. Les gains avaient permis de financer une partie de la restauration des appartements royaux.
Pour la réouverture du théâtre parisien, après plus deux ans de travaux, les codirecteurs dévoilent une eau de toilette créée par la marque Comme des garçons, commercialisé à partir de jeudi 10 octobre.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/10/quand-le-theatre-du-chatelet-commercialise-son-odeur_6014997_3234.html
mlsum-fr-1356
Patrick Byrne en 2007 à Salt Lake City (Utah). STEVE C. WILSON / AP Le personnage n’a rien d’un héros de roman d’espionnage. Il semble falot et crédule, même si cela ne l’a pas empêché de faire du site de commerce en ligne américain Overstock.com un succès financier. Pourtant, Patrick Byrne, dirigeant de cette société cotée en Bourse, a dû annoncer sa démission, mercredi 21 août, pour avoir été l’amant de Maria Butina, une membre des services secrets russes actuellement en détention aux Etats-Unis. Arrêtée en juillet 2018, cette femme de 30 ans a été condamnée, le 26 avril 2019, à dix-huit mois de prison par un tribunal de Washington pour avoir agi comme « agent d’un pays étranger » sans le notifier au gouvernement. Ce chef d’inculpation a été qualifié d’« espionnage léger » par l’accusation, qui lui reprochait d’avoir infiltré l’appareil politique américain à travers ses liens avec les lobbys pro-armes aux Etats-Unis. Depuis sa prison, Mme Butina avait qualifié cette condamnation de « honte » pour la justice américaine. Elle est la seule Russe à avoir été arrêtée et condamnée après trois ans d’enquête sur l’ingérence russe dans la politique américaine. Le président russe Vladimir Poutine a qualifié publiquement cette décision d’« arbitraire ». Cette affaire lève le voile sur certaines méthodes du renseignement russe pour influer sur la politique d’un pays étranger. Sollicité par les médias américains, notamment Fox News et le New York Times, après la publication du communiqué de sa démission, M. Byrne a tenté d’expliquer, souvent laborieusement, les conditions dans lesquelles il avait engagé une « relation sentimentale » avec Maria Butina. Tout aurait débuté, dit-il, en 2015, lors d’un congrès réunissant, à Las Vegas, des groupes libertariens et des mouvements proches du Parti républicain. M. Byrne aurait été abordé par cette femme, qui souhaitait parler de la question des armes. Répondant qu’il n’avait aucune passion pour ce sujet, elle aurait essayé de le convaincre, par la suite, de venir à Moscou pour discuter des thèses libertariennes. « Je suis un célibataire de 56 ans. Dans cette relation, deux tiers me semblait normal, un tiers pouvait poser question », a-t-il déclaré. Envoyée avec d’autres agents Son insistance pour rencontrer des membres des campagnes présidentielles d’Hillary Clinton et de Donald Trump lui aurait tout de même semblé étrange. Cette jeune femme, tantôt rousse, blonde ou brune, et originaire de Sibérie, avait été en contact avec un Américain dès 2013, selon le FBI, pour approcher les milieux pro-armes aux Etats-Unis. En 2014, il était parvenu à rencontrer des dirigeants de la puissante National Rifle Association (NRA), proche du Parti républicain, en militant pour une organisation pro-armes russe, le « Droit aux armes ». Mais Patrick Byrne n’a « compris qu’en juillet 2018 » qui était réellement sa maîtresse, après l’arrestation de celle-ci. Il assure avoir été alors notamment en contact avec Peter Strzok, l’agent du FBI chargé d’enquêter sur l’utilisation par Hillary Clinton d’un serveur de messagerie personnel. Il se serait également confié à un élu, puis à l’homme d’affaire Warren Buffet, dont il est proche, et enfin au ministère de la justice en avril. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Maria Butina, l’espionne de Sibérie qui tombe à pic Selon les documents de l’accusation, qui s’appuie notamment sur l’expertise de l’ordinateur portable et du téléphone de Maria Butina, elle travaillait en réalité sous les ordres d’Alexandre Torchine, un responsable politique et banquier proche du président russe Vladimir Poutine. M. Torchine est sous le coup de sanctions américaines depuis avril. La justice affirme qu’elle a été envoyée avec d’autres agents par le Kremlin pour perturber l’élection présidentielle de 2016 gagnée par Donald Trump. L’enquête n’a cependant pas permis de déterminer avec précision le service secret russe auquel elle était rattachée.
Patrick Byrne, dirigeant d’une société cotée en Bourse, avait fréquenté Maria Butina, condamnée en avril aux Etats-Unis à dix-huit mois de prison.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/24/un-patron-americain-demissionne-apres-une-liaison-avec-une-espionne-russe_5502435_3210.html
mlsum-fr-1357
Le livre. C’est à Constantine, place de la Brèche, devenue depuis celle du 1er-Novembre, qu’est né, le 6 mai 1950, Serge Portelli, fameux juge d’instruction, aujourd’hui magistrat honoraire et expert auprès de l’Union européenne. Cette place est un des rares pôles animés d’une ville austère. En face de la maison des Portelli, invisible aux yeux d’un tout jeune enfant, le palais de justice. « Je ne l’avais jamais remarqué », confesse le magistrat, qui le redécouvre lorsqu’il revient en Algérie en 2013, cinquante-huit ans après avoir quitté la terre où il est né. Evitons les spéculations faciles et tâchons de comprendre ce qui émeut cet homme de loi d’une infatigable énergie. Emouvoir : mettre en mouvement, toucher, troubler. Si la parole de ce magistrat a tant porté – et porte encore –, c’est qu’avant de parler l’homme a su écouter. Mesurer l’intensité de la souffrance C’est en observant le trouble de celles et ceux qui ont été lésés, blessés, spoliés, la difficulté de leur propre expression, qu’il mesure une intensité de la souffrance dont il ignore tout à ce degré. Recueille-t-il scrupuleusement, de la bouche des victimes, les récits d’une violence inouïe, il en est ébranlé : « Je découvris grâce à elles l’extrême douleur et les immenses traumatismes. » Des mots rares, hésitants, qui échappent, par effraction, dans la douleur et la honte, confidences aux allures d’aveux insoutenables. Les classiques sont de précieux atouts ; ainsi Montaigne, ce « vieil ami », et dont il a appris que « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition » Il en tire sa force. En décembre 2006, lors d’un débat télévisé houleux sur la récidive avec Nicolas Sarkozy, candidat à la présidentielle, il éclaire la position du politique par un aphorisme cynique de Voltaire : « Il faut mentir comme un diable, non pas timidement, non pas pour un temps, mais hardiment et toujours. » Les classiques sont de précieux atouts ; ainsi Montaigne, ce « vieil ami qu’[il] fréquentai[t] depuis l’adolescence et qui ne [l’]a plus jamais quitté », et dont il a appris que « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition ». Alors lui-même écrit. Rédigeant ses jugements et motivant explicitement ses décisions, contre l’usage. C’est pour lui une nécessité, pour établir le cap et le tenir. « Savoir ce qui se passe et comment le monde tourne », affronter le manque de cohérence qui frappe quand le politique parle de justice, avec ou sans recours à l’apport des sciences humaines. Nommé conseiller justice auprès du président de l’Assemblée Raymond Forni, il a « la chance de pouvoir faire passer [s]es idées au plus haut niveau », mais plus encore « la joie de donner un peu plus de sens à tout ce qu’[il] entreprenai[t] ». Expérience brève – sept mois – mais éclairante.
Dans son livre qui paraît aux Editions du sonneur, l’ancien juge d’instruction dit la violence recueillie, les décisions difficiles qu’il a toujours tenu à expliquer, et se fait le commentateur lucide de l’actualité.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/10/qui-suis-je-pour-juger-l-autre-de-serge-portelli-un-juge-humaniste-se-raconte_6014913_3232.html
mlsum-fr-1358
Le designer Ingo Maurer, à Munich, en 2019. Stephan Goerlich / dpa /AFP Le designer allemand et « magicien de la lumière » Ingo Maurer est mort le 21 octobre à Munich, en Bavière, à l’âge de 87 ans. Il a illuminé les intérieurs du monde entier avec ses créations poétiques, des lampes en forme de cœur, des ampoules montées sur pattes de cigogne, survolées de papillons ou rehaussées de plumes d’oie, tels des oiseaux en vol… Tous ses luminaires, « qu’ils soient purs et géométriques ou composites et farfelus, ont en commun l’équilibre rigoureux de leur ligne graphique », écrivait Michèle Champenois dans Le Monde, en 1998. C’est effectivement comme graphiste qu’Ingo Maurer, né le 12 mai 1932 à Reichenau, une île bucolique sur le lac de Constance, a débuté sa carrière entre Allemagne et Suisse avant de se perfectionner à New York, puis San Francisco. Trois ans plus tard, il rentre en Europe, mais – tandis que les autres designers dessinent des lampes parmi d’autres objets de la vie quotidienne – lui ne dessinera plus, pendant un demi-siècle, que des créations lumineuses. Fasciné dans son enfance par les ricochets de lumière à la surface de l’eau, Ingo Maurer raconte avoir eu, jeune homme, un coup de foudre – allongé dans la chambre d’une pension « misérable » de Venise, un jour de pluie – pour une ampoule à incandescence pendouillant nue au plafond. Elle lui inspire sa première lampe Bulb (1966), entrée dans les collections du MoMA, le Musée d’art moderne de New York : une ampoule dans une ampoule surdimensionnée, qui sublime ce qu’il considérait comme la base de la lumière, « symbiose entre l’absolue beauté de l’art verrier, technique et poésie ». Hommage à Thomas Edison Par deux fois, Ingo Maurer rend un hommage littéral au pionnier Thomas Edison, qui a mis au point la lampe à incandescence et son bulbe de verre. Il réalise en 1998 Wo bist du Edison ? (« où es-tu Edison ? »), son œuvre préférée, avouait-il, soit une fragile suspension à la fois halogène et hologramme, avec l’image d’une ampoule rouge flamboyante. Il lui donne une descendance avec la lampe joliment baptisée « Eddie’s Son », qu’il réalise en 2005. Autre choc esthétique : le Japon, où le créateur allemand découvre, à la veille des années 1970, les œuvres d’Isamu Noguchi et notamment ses luminaires Akari, qui diffusent une douce lumière filtrée par le papier washi. En 1997, avec la Zettel’z 5, Ingo Maurer propose, dans cette même matière, à l’utilisateur de devenir cocréateur : le lustre, presque un mobile à la Calder, est constitué de papier japonais calligraphié et de feuilles blanches pour y laisser des messages, des esquisses, un poème…
Artiste aux créations poétiques, rigoureuses ou farfelues, sa première lampe, la Bulb, fait partie des collections du Musée d’art moderne de New York. Distingué par le jury du prix Compasso d’oro en 2011, il est mort le 21 octobre, à l’âge de 87 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/10/23/magicien-de-la-lumiere-le-designer-ingo-maurer-est-mort_6016638_3382.html
mlsum-fr-1359
Des manifestants à l’aéroport international de Hongkong, lundi 12 août. THOMAS PETER / REUTERS L’occupation depuis vendredi d’une partie du hall d’arrivée de l’aéroport par des manifestants s’est déroulée dans une ambiance bon enfant, avant d’être réprimée par la police dimanche 11 août au soir, à l’issue du dixième week-end de protestation que connaît Hongkong depuis la mi-juin. Lundi, les manifestants ont de nouveau afflué en masse dans l’aéroport, organisant un gigantesque sit-in contre les violences policières de la veille. Selon la police, ils sont plus de 5 000 à s’être donné rendez-vous lundi dans l’aéroport. Une mobilisation massive qui a poussé la direction à annuler pour le reste de la journée les vols programmés au départ et à l’arrivée. L’annulation de tous les vols du jour est une décision majeure pour cet aéroport internationalement reconnu pour son efficacité, et qui était en 2018 le huitième le plus fréquenté au monde, avec 74 millions de passagers. Un passager dans le hall des départs au milieu des manifestants, lundi 12 août. THOMAS PETER / REUTERS Pékin voit « des signes de terrorisme » dans les manifestations Le hall des arrivées de son principal terminal est depuis vendredi le théâtre d’un impressionnant sit-in. Des milliers de manifestants pour la plupart vêtus de noir y sont massés pour « accueillir » et sensibiliser les visiteurs étrangers à leur mobilisation, avec des chants, des slogans et une distribution de prospectus expliquant le sens des manifestations prodémocratie qui embrasent la ville depuis juin. Dimanche, les forces de police n’ont pas hésité à s’en prendre violemment aux manifestants. A la suite d’un tir reçu, une manifestante pourrait perdre un œil, devenant un des symboles du mouvement. Lundi, la plupart des manifestants arboraient un pansement sur l’œil droit en hommage à cette manifestante. Des images la montrant allongée sur le sol, le visage baignant dans son sang, sont rapidement devenues virales, et ont même été placardées sous le slogan « œil pour œil », appelant à de nouvelles manifestations. L’expression a également été peinte en chinois à plusieurs endroits de l’aéroport. Un manifestant porte un masque sur lequel est écrit « Retour », à l’aéroport de Hongkong, lundi 12 août, en hommage à une manifestante qui aurait reçu un tir dans l’œil, dimanche. VINCENT THIAN / AP Sous pression de la Chine, la compagnie hongkongaise Cathay Pacific a averti lundi ses salariés qu’ils pourraient être licenciés s’ils « soutiennent ou participent aux manifestations illégales » à Hongkong. Cette mise en garde est survenue alors que la compagnie aérienne essuie les représailles de Pékin en lien avec la mobilisation à Hongkong, qui est sans précédent depuis sa rétrocession par Londres à la Chine, en 1997. La Direction générale de l’aviation civile chinoise a exigé vendredi de Cathay les noms des personnels à bord de ses vols à destination de la Chine, ou qui traversent son espace aérien. Pékin a annoncé que les employés soutenant le mouvement prodémocratie ne seraient pas autorisés sur ces vols. Cathay Pacific a déjà fait savoir qu’elle se plierait à ces demandes. Mais dans un message au personnel, le directeur général, Rupert Hogg, a réaffirmé que les employés de Cathay encouraient des « conséquences disciplinaires » s’ils étaient impliqués dans les manifestations prodémocratie. Aéroport de Hongkong, lundi 12 août. MANAN VATSYAYANA / AFP Exercices militaires annoncés aux portes de Hongkong Le gouvernement chinois a encore accru lundi sa dénonciation des manifestations en faveur de la démocratie à Hongkong, disant voir « des signes de terrorisme » derrière la contestation violente du pouvoir en place. « Les manifestants radicaux de Hongkong ont à plusieurs reprises eu recours à des objets extrêmement dangereux afin d’attaquer des policiers, ce qui constitue déjà un crime grave et révèle de premiers signes de terrorisme », a accusé depuis Pékin le porte-parole du Bureau des affaires de Hongkong et Macao, Yang Guang. M. Yang, qui avait la semaine dernière averti que « qui joue avec le feu se brûle à mort », a accusé « une minuscule minorité » de « grave défi à la prospérité et à la stabilité de Hongkong ». Des cocktails molotov ont été lancés en direction des policiers, a-t-il affirmé. Alors que le ton continue de monter à Pékin, deux médias publics, le Quotidien du peuple et le Global Times, émanations directes du Parti communiste au pouvoir, ont diffusé une vidéo censée représenter des blindés de transport de troupes se dirigeant vers Shenzhen, la métropole située aux portes de Hongkong. La vingtaine de véhicules de la police militaire « se préparent à des exercices de grande ampleur », a indiqué le Global Times, laissant planer la menace d’une opération militaire chinoise sur le territoire. Les manifestants demandent la démission de Carrie Lam, la chef du gouvernement local pro-Pékin, l’élection d’un successeur au suffrage universel direct, et non sa désignation par Pékin, comme c’est actuellement la règle. Ils exigent aussi une enquête sur les violences dont ils accusent la police et l’abandon définitif d’un projet de loi controversé qui autoriserait des extraditions vers le continent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chine : « Une intervention militaire ou policière à Hongkong semble très improbable »
Après avoir été, la veille, violemment dispersés par la police, les manifestants ont organisé un sit-in contre les violences policières.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/12/l-aeroport-de-hongkong-annule-tous-ses-vols-en-raison-des-manifestations_5498723_3210.html
mlsum-fr-1360
Le candidat Alberto Fernandez fait le signe de la victoire devant ses militants au QG du parti « Frente de todos », à Buenos Aires, dimanche 11 août. Sebastian Pani / AP Le président libéral argentin Mauricio Macri a subi dimanche 11 août un lourd revers face au péroniste de centre gauche et ex-chef du gouvernement Alberto Fernandez aux élections primaires qui marquent généralement une tendance forte avant les présidentielles. Selon des résultats partiels portant sur 58,7 % des bureaux de vote, M. Fernandez et sa colistière Cristina Fernandez de Kirchner, l’ancienne présidente du pays, ont obtenu 47,01 % des suffrages, contre 32,66 % pour le tandem composé de Mauricio Macri et du dirigeant péroniste Miguel Angel Pichetto. Si un tel résultat se reproduisait lors de la présidentielle du 27 octobre, M. Fernandez, 60 ans, serait proclamé vainqueur dès le premier tour, puisque selon la loi électorale argentine il suffit pour cela d’obtenir au moins 45 % des suffrages, ou bien 40 % et une avance de dix points sur le candidat arrivé deuxième. « Nous avons subi une mauvaise élection et cela nous oblige, à partir de demain, à redoubler d’efforts. Nous regrettons de ne pas avoir eu tout le soutien que nous espérions », a rapidement reconnu le chef de l’Etat de la troisième économie d’Amérique latine, plongée dans une grave crise économique. « A ceux qui ont voté pour moi, je promets de travailler pour qu’ils me comprennent. Nous allons commencer une étape nouvelle », s’est pour sa part félicité M. Fernandez devant une foule de plusieurs milliers de partisans en liesse. Lire aussi Les Argentins se rendent aux urnes pour les primaires avant la présidentielle d’octobre « Une différence (…) difficile à surmonter » Créé en 2009, le système de primaires générales pour tous les partis politiques, le même jour lors d’un scrutin national, est une particularité argentine. Dans ce pays où le vote est obligatoire pour près de 34 millions d’Argentins, il s’agit plutôt d’un sondage grandeur nature avant les élections générales d’octobre, les partis politiques ayant choisi cette année, pour des raisons de stratégie électorale, d’investir à l’avance leurs candidats comme la loi le leur permet. Depuis 2009, les scores des scrutins présidentiels ont été dans la ligne des scores des primaires. « Une différence de plus de cinq points sera très difficile à surmonter, car il n’existe pas de marge pour trouver des voix en raison de la polarisation » du pays, avait expliqué avant le résultat l’analyste politique Raul Aragon. Autre particularité, des péronistes se présentaient dans trois camps différents. L’ancien ministre de l’Economie Roberto Lavagna et son colistier Juan Manuel Urtubey, qui représentaient la tendance centriste du péronisme, sont arrivés en troisième position avec 8,7 % des voix. Le président argentin sortant Mauricio Macri à Buenos Aires, dimanche 11 août. LUISA GONZALEZ / REUTERS Rupture avec les politiques de gauche Alberto Fernandez, chef du gouvernement de Nestor puis de Cristina Kirchner entre 2003 et 2008, a fait campagne en jurant avoir rompu avec les politiques de gauche suivies par le passé et s’être recentré. A la surprise générale car elle était en tête des sondages, Mme Kirchner avait annoncé le 18 mai son retrait, laissant M. Fernandez briguer le fauteuil de président qu’elle a occupé de 2007 à 2015. Inculpée dans plusieurs affaires de corruption, l’ex-présidente conserve une influence déterminante sur le parti Unité citoyenne qu’elle a fondé et qui a investi Alberto Fernandez. Leur ticket électoral se présentait sous une bannière récemment créée et baptisée « Le Front de tous » (El Frente de todos). Mauricio Macri, 60 ans, avait quant à lui créé la surprise en choisissant comme colistier le dirigeant péroniste Miguel Angel Pichetto, rompant avec sa doctrine qui l’avait conduit jusque-là à tenir à l’écart les péronistes de son gouvernement. Au total, dix binômes étaient en lice pour la présidentielle, dont le premier tour aura lieu le 27 octobre, tandis que le second est programmé pour le 24 novembre. Lors des élections générales du 27 octobre, les Argentins renouvelleront aussi partiellement les deux chambres du Parlement, dont les candidats se présentent aussi aux primaires de ce dimanche.
Ces élections font figure de répétition générale de la présidentielle d’octobre pour laquelle le président sortant brigue un second mandat.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/12/primaires-en-argentine-large-victoire-du-peroniste-fernandez-face-au-president-macri_5498624_3210.html
mlsum-fr-1361
Plusieurs pays membres de l’Union européenne – dont la France – se sont livrés à un exercice incongru lors des dernières élections européennes, en élisant plus de représentants qu’ils n’allaient en envoyer au Parlement. En cause : le report du Brexit, qui a mis à mal le projet de réforme du nombre d’élus en anticipation du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union. Quatorze pays se sont donc retrouvés avec des élus « gelés » : ils ne pourront siéger qu’après le Brexit, au moment où les députés britanniques et leur gouvernement auront réussi à se mettre d’accord – entre eux, d’abord, et éventuellement avec le reste de l’Europe – sur une stratégie de sortie de l’Union européenne. Ce moment arrivé, la composition du Parlement européen sera légèrement affectée, et la dynamique des différents groupes parlementaires à Bruxelles légèrement modifiée. Evolution des rapports de force au Parlement européen Les grands gagnants de cet ajustement sont tous placés à droite de l’échiquier politique : le Parti populaire européen (PPE), d’obédience libérale conservatrice, gagne 5 sièges et affermit encore plus l’assise du groupe ; le groupe parlementaire d’extrême droite Identité et démocratie (ID) augmente aussi son nombre de sièges (+ 3) ; le groupe Conservateurs et réformistes européens (CRE) conserve le même nombre d’élus. A l’inverse, les groupes politiques classés à gauche vont y perdre : la Gauche unitaire européenne (GUE/GNL) va perdre un siège ; les Verts perdront 6 sièges ; il y aura 6 députés de moins parmi ceux de l’Alliance progressiste des sociaux-démocrates (S&D). C’est le groupe de centre droit Renew Europe qui sera le plus grand perdant de cette recomposition post-Brexit : le groupe, où siègent les députés LRM soutenus par Emmanuel Macron, sera amputé de 11 membres. Enfin, avec 6 élus en moins, les Verts passeront derrière le groupe parlementaire ID. Cette mini-recomposition au Parlement ne sera pas mise en œuvre avant, au moins, le 31 octobre 2019. C’est la date officielle fixée sur l’échéance du Brexit.
Le PPE sortirait renforcé de la recomposition des groupes après le Brexit, tandis que le groupe parlementaire Renew Europe perdrait 11 sièges.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/04/quelle-sera-la-composition-du-parlement-europeen-apres-le-brexit_5485397_4355770.html
mlsum-fr-1362
Lors d’un match entre le Cameroun et l’Australie, à Saint-Petersbourg, en Russie, le 22 juin 2017. Kai Pfaffenbach / REUTERS Le jour du premier rendez-vous, Gilles* s’est désisté à la dernière minute, évoquant un entraînement imprévu. Au deuxième, il s’est excusé, parlant de sa mère qu’il devait conduire d’urgence à l’hôpital. Au troisième, une « légère foulure » de cheville a empêché notre rencontre… Puis au sixième, il nous a demandé au téléphone, visiblement inquiet : « Vous savez que le football au Cameroun est une terrible mafia. J’ai peur de vous parler. Vous êtes sûre que rien ne m’arrivera ? » Malgré notre assurance, le jeune homme n’est jamais venu au septième rendez-vous. « Il a peur », a justifié par la suite Junior*, son coéquipier et meilleur ami, qui servait d’intermédiaire : « S’il parle, on saura que c’est lui et on ne sait pas ce qui pourrait lui arriver. » Gilles est un footballeur évoluant dans l’un des plus grands clubs de première division du Cameroun. Il y a cinq ans, alors qu’il jouait encore en deuxième division, un responsable de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) l’a approché pour qu’il intègre l’équipe des moins de 17 ans. En contrepartie, le jeune homme devait lui reverser les deux tiers de toutes ses primes de match pendant « au moins cinq ans ». « L’homme lui a assuré qu’il l’aiderait aussi à intégrer plus tard l’équipe nationale senior, raconte Junior. Mais il a refusé. Ses parents, chrétiens catholiques pratiquants, lui ont demandé de ne pas accepter. L’homme lui a dit qu’il allait le regretter. Et c’est ce qui s’est passé : sa carrière n’évolue plus. » « On parle de millions de francs CFA » Au Cameroun, le football est le sport roi. Dès les premières années de leur vie, des enfants tapent dans la balle avant même de prononcer leurs premiers mots. Les après-midi après l’école, les week-ends, les jours fériés et pendant les vacances, de jeunes garçons se bousculent sur des terrains vagues pour taquiner la balle. Malgré le manque d’infrastructures et les éternels problèmes financiers, beaucoup rêvent d’une carrière internationale et, surtout, d’intégrer l’équipe nationale où sont passés Roger Milla, Joseph Antoine Bell et Samuel Eto’o, leurs idoles. Comme Gilles, certains sont freinés dans leur ascension par la corruption, qui, de l’avis de nombreux experts contactés par Le Monde Afrique, mine le football professionnel au Cameroun, un pays cinq fois vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). « C’est la gangrène qui tue le football à petit feu », déplore un ancien joueur international qui « préfère vraiment ne pas être cité » et nous demande d’effacer « toutes les traces de l’entretien ». L’ex-Lion indomptable énumère plusieurs cas de corruption : des footballeurs évoluant à l’étranger qui paient pour être sélectionnés, des sélections contre une partie de leurs primes, des joueurs qui paient pour pouvoir jouer des matchs (pour les moins connus ou expérimentés), « surtout en deuxième mi-temps ». « J’ai donné une partie de mes primes en contrepartie de ma sélection. Croyez-moi, on parle de millions de francs CFA », assure-t-il. Soit des milliers d’euros. Auteur de Programmés pour échouer (éditions du Schabel, 2010) et de La Tragédie des Lions indomptables (2014), deux livres d’enquête sur l’équipe nationale, Jean-Bruno Tagne évoque la « banalisation d’un phénomène qui dure depuis des décennies ». Selon le journaliste, les conséquences de ce fléau sont visibles au sein de la sélection, « de plus en plus mauvaise », avec des joueurs très peu cotés. Pour lui, le Cameroun, champion d’Afrique en titre, ne fait pas partie des favoris de la CAN 2019 qui a débuté le 21 juin en Egypte. « Le problème de la corruption, c’est ça : on aligne des joueurs qui ne sont pas assez performants. Ils sont là parce qu’ils ont un bon tuyau au niveau de la fédération ou dans le staff technique », déplore Jean-Bruno Tagne. Même certains entraîneurs étrangers qui se sont succédé dans la tanière des Lions indomptables ont été sélectionnés par de « véritables réseaux de recrutement » qui les rendent ensuite redevables. « Ce n’est pas parce que des sélectionneurs seraient étrangers qu’il n’y aurait pas de corruption », précise-t-il, citant les cas d’entraîneurs retenus alors que leur nom ne faisait pas partie de la short list après appel à candidatures. Ceux qui osent dénoncer en paient le prix « Les équipes nationales juniors, peu médiatisées, sont imprégnées par la corruption. De nombreux coachs et membres du staff, mal payés, vivent le plus souvent des primes de joueurs qu’ils contrôlent », confie un ancien membre du staff technique de l’équipe des moins de 17 ans. Le responsable souligne que tout part « de la base au sommet, du championnat local, en passant par les Lions indomptables, jusqu’aux politiques qui financent ». En championnat local, des journaux locaux dénoncent régulièrement des cas de corruption flagrants : un président de club insatisfait de la défaite de son équipe, qui réclame au stade l’argent versé la veille au camp adverse ; des arbitres achetés pour favoriser une équipe ; des joueurs payés à coups de millions de francs CFA pour « diminuer leurs performances et faire gagner l’adversaire »… La Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC) a plusieurs fois suspendu ou sanctionné des joueurs, clubs et arbitres fautifs. Pas assez, de l’avis des spécialistes. « Le plus souvent, les sanctions ne visent pas les commanditaires, mais des malchanceux, alors que les vrais coupables sont connus », s’indigne un joueur de l’Union sportive de Douala (première division). Lire aussi Scandale de corruption : le président de la Fédération de football du Ghana démissionne Ceux qui osent dénoncer en paient le prix. C’est le cas de Jean De Dieu Baboulé, un arbitre réputé incorruptible. Pour avoir dévoilé des cas de corruption, l’homme a été blacklisté pendant des années. Depuis son retour, il a la parole rare. « Je n’ai rien à vous dire », nous a-t-il répondu lorsque nous l’avons approché, un dimanche matin, dans un stade de Douala. « Il faut le comprendre. La corruption est partout dans le football camerounais. Ceux qui sont en face sont puissants. Ce sont des gangsters », s’attriste un jeune arbitre. Une situation qui désespère Simon Ngoon Mbeleck, président de la Mutuelle camerounaise des arbitres de football (Mucaf). En dix-neuf ans de carrière, l’homme a été approché pratiquement à tous les matchs. Des centaines de milliers de francs CFA, voire des millions, proposés pour arbitrer en faveur d’un camp. Il a même été soupçonné de corruption et suspendu, avant d’être blanchi. « Des arbitres, attaquants, défenseurs, capitaines, entraîneurs, sont approchés à presque tous les matchs. La cagnotte monte lorsqu’on joue des matchs de maintien en division, des finales ou d’autres rencontres décisives », admet-t-il. « Des témoignages mais pas de preuves » Pourquoi les principaux responsables de ces actes ne sont-ils pas punis ? « Le problème est de pouvoir prouver la corruption. On a parfois des témoignages, mais pas de preuves », souligne Jean-Bruno Tagne, qui dénonce « le cash qui tourne à plein régime et ne laisse pas de traces ». Ce que nous confirme l’ancien Lion indomptable interrogé par Le Monde Afrique. Des primes de millions de francs CFA sont parfois remises en liquide aux joueurs, qui peuvent ainsi « payer leurs débiteurs, ceux qui les ont fait intégrer l’équipe nationale sans que personne ne le sache », explique-t-il. Le responsable de la communication du ministère des sports, Gabriel Nloga, nous assure que les primes des sportifs sont dorénavant payées par virement bancaire. Une première. « Il y a deux ans, à la CAN 2017, on payait les primes en cash. Mais on est passé au virement bancaire pour plus de traçabilité. C’est aussi une manière de barrer la voie à la corruption », justifie-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Football : Issa Hayatou, l’indéboulonnable de la Confédération africaine Cette année encore, la participation des Lions indomptables à la CAN a donné une illustration des difficultés du secteur. Les joueurs devaient quitter le Cameroun jeudi 20 juin à 18 h 45, mais le départ n’a pas eu lieu. En cause : les négociations de leurs primes avec le ministre des sports et d’autres responsables du football. D’après une source à la Fecafoot, 20 millions de francs CFA (près de 30 500 euros) leur avaient été payés par virement bancaire, mais ils en réclamaient le double. Dans une lettre, les Lions ont expliqué avoir payé de leur poche leur billet d’avion pour Madrid et Doha, où ils ont effectué leur stage de préparation. Ils précisent qu’ils n’ont pas reçu de primes de présence durant cette période. Après des heures de discussions nocturnes, les dirigeants du football camerounais ont promis d’octroyer 5 millions de francs CFA de primes de performance à chaque joueur au premier match remporté. Les Lions indomptables ont décliné l’offre mais accepté d’embarquer à bord de l’avion spécial pour Le Caire. « Pourquoi n’ont-ils pas été payés durant leur stage ? Où est parti l’argent débloqué pour payer les billets d’avion et autres ? Dans les poches des dirigeants qui ont défié une fois de plus un décret présidentiel ! Ils diront que l’argent est dans les caisses : c’est un mensonge. Je suis fier de la réaction de ces jeunes cadets qui veulent visiblement le changement, même s’ils n’ont pas obtenu gain de cause », dit l’ancien Lion indomptable cité plus haut. Surfacturations, marchés fictifs… Et les méfaits de la corruption ne se limitent pas aux équipes. Le Cameroun, qui devait accueillir la CAN 2019, n’a pas été en mesure de le faire à cause du retard pris dans la livraison des stades et autres infrastructures. Des journaux ont dénoncé des surfacturations, des marchés fictifs, des grèves à répétition sur les chantiers… Mais aucun responsable n’a été puni. « Ceux qui sont chargés d’éradiquer la corruption ne sont pas très recommandables. Du coup, on se retrouve dans un cercle vicieux où on se tient, on se surveille, chacun sait qui a fait quoi », conclut le journaliste Jean-Bruno Tagne. A la Fecafoot, un responsable contacté par Le Monde Afrique reconnaît « cette corruption » qui n’est pas « propre au Cameroun, mais un phénomène mondial ». « Il y a des brebis galeuses, mais la Fecafoot lutte contre ce fléau », assure-t-il, sans donner de détails. Lire aussi La Confédération africaine de football retire l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun Face à cette situation, Luc Perry Wandji, journaliste sportif à la Cameroon Radio Television (CRTV, média d’Etat), a mis sur pied en 2016 l’Observatoire national pour l’éthique dans les industries de la culture et du sport, avec un accent particulier mis sur le football. Mais le milieu est peu réceptif. Les clubs et fédérations rechignent à travailler avec son équipe et l’observatoire manque de moyens financiers. « Ils doivent comprendre que c’est important de travailler avec nous, car le manque d’éthique cause beaucoup de dégâts », souligne Luc Perry Wandji, qui multiplie néanmoins les campagnes de sensibilisation avec son équipe. Dans un bar situé non loin du stade de la Réunification, à Douala, Junior et deux autres jeunes footballeurs évoluant dans des clubs locaux n’ont qu’un rêve : partir poursuivre leur carrière à l’étranger et, si possible, y rester. « Ici, on ne valorise pas le talent. La corruption tue tout. Elle sévit même dans la tanière des Lions séniors », s’offusque Junior. « Je me bats de toutes mes forces pour partir », renchérit son ami. *Les prénoms ont été changés. Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 sur WhatsApp Peter Mahop (Douala, envoyé spécial)
Arbitres, entraîneurs, joueurs… Du championnat local à l’équipe nationale, le fléau fait des ravages dans le pays vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations 2017.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/25/la-corruption-au-cameroun-cette-gangrene-qui-tue-le-football-a-petit-feu_5481290_3212.html
mlsum-fr-1363
Doria Tillier et William Lebghil dans « Yves », de Benoît Forgeard. ECCE FILMS L’avis du « Monde » – A ne pas manquer Fini les pense-bête sur le « frigo » : dans Yves, de Benoît Forgeard, le réfrigérateur parle, commande les courses et se mêle des histoires de son propriétaire. Nous voici plongés dans un futur proche où les produits électroménagers sont des personnages à part entière. En l’espace d’une semaine sortent en salle deux comédies où le héros est un objet : après le blouson qui parle, dans Le Daim, de Quentin Dupieux, sorti le 19 juin, voici donc Yves, le frigo intelligent qui devient l’ami et complice d’un rappeur (William Lebghil). Le Daim a fait l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes, Yves l’a clôturée, chacun des réalisateurs apportant sa pierre dans le jardin du loufoque et de l’absurde. Dans ce quatrième long-métrage de Benoît Forgeard, Jérem, un rappeur en mal d’inspiration, accepte de tester un frigo intelligent, le « fribot », qu’une charmante chef de produit, étrangement prénommée So (Doria Tillier), vient lui livrer un beau matin. L’artiste y voit une solution à ses fins de mois, car les courses lui seront livrées gratuitement. Mais Yves fait du zèle, prend des initiatives en faisant tourner ses algorithmes (Antoine Gouy lui prête sa voix doucereuse). L’ami qui veut du bien va semer la zizanie : de bug professionnel en dispute amoureuse, le scénario puise dans les ressorts du quiproquo, du vaudeville, en même temps qu’il livre une réflexion sur les nouvelles technologies sur la tyrannie de la célébrité : l’une des scènes les plus savoureuses est ce procès en droit d’auteur, pour savoir qui, de Jérem ou de Yves, a signé le dernier tube du rappeur. Petit détail, le rôle du juge est confié au compositeur Bertrand Burgalat, qui signe la musique d’Yves, tandis que les morceaux de rap qui tache, tel l’inoubliable Carrément rien à branler, sont dus à Mim & Tortoz. Critique du capitalisme comptable La marque de fabrique de Forgeard, dont les films sont produits par Emmanuel Chaumet (Ecce Films), tient dans son aptitude à mêler, dans ses scénarios, le réel de la société et son imaginaire débordant : profond et léger, agitateur de comédies, Forgeard pourrait être un sociologue qui juge plus utile de monter une performance dadaiste que de rédiger sa thèse. La même démarche animait Forgeard dans son précédent film, Gaz de France (2016), une plongée visionnaire dans le cabinet d’un président de la République au plus bas dans les sondages (Philippe Katerine). Réussir sa vie (2012), son premier « long », était quant à lui un éclat de rire nerveux sur l’entreprise qui impose sa loi, achète tout, à commencer par la précarité des artistes. Lire le portrait : William Lebghil, un bosseur derrière son air lunaire Yves prolonge cette critique du capitalisme comptable, où le succès d’une œuvre musicale se mesure au nombre de « vues » sur Internet – et celui d’un film au nombre d’entrées en salle ? Le concepteur du « fribot », pétri de philanthropie marchande, Roger Philéa (Darius), est persuadé que le réfrigérateur a permis le « décollage » du rappeur. L’artiste ne peut plus rien tout seul ; en face, So, la manageuse qui lui a livré l’engin, a le blues de celle qui, n’ayant aucune vocation, a échoué dans l’entreprise. Chacun porte un prénom inachevé (Jérem et So), signe d’une existence inaccomplie. Avec sa bande de comédiens, Philippe Katerine, Anne Steffens et Darius, que rejoignent Doria Tillier et Alka Balbir dans Yves, Forgeard fait entendre sa musique désenchantée. Plus optimiste, Yves traîne parfois quelques longueurs et flottements dans le rythme, comme si le réalisateur avait du mal à relier entre eux ses brillants sketchs. Mais le film séduit par ses inventions scéniques, l’intelligence des dialogues et la folie douce des acteurs. En ce sens, le frigo, objet héros du film, loin d’éclipser les comédiens, les magnifie (comme le blouson dans Le Daim). Il faut voir William Lebghil travailler au clavier avec Yves, faire une « battle » contre lui ou s’énerver contre cet ami trop intelligent : « Je préfère être dans la lose toute ma vie que de devoir mon succès à un frigo… » Film français de Benoît Forgeard. Avec William Lebghil, Doria Tillier, Philippe Katerine (1 h 47). eccefilms.fr/YVES
Dans le film de Benoît Forgeard, un réfrigérateur intelligent sème la zizanie dans la vie d’un rappeur joué par William Lebghil.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/26/yves-un-frigo-carrement-givre_5481553_3246.html
mlsum-fr-1364
Christian Guémy, alias C215, dans son atelier à Ivry-sur-Seine, le 16 septembre 2019. Manuel Obadia-Wills pour M Le magazine du Monde Il a d’abord hésité avant d’accepter. « Le portrait est un exercice angoissant. Et c’est un portraitiste qui vous le dit », s’était-il défendu lors de la prise de rendez-vous. Christian Guémy, alias C215, se méfie de la notoriété. Mais, au final, le street-artiste s’est plié à l’exercice. Notamment pour décliner son agenda : depuis fin août, il a illustré les rues du Marais (Paris 4e), celles de Laon (Aisne), et le Français de 45 ans est le sujet de l’exposition « La légende des cieux » au Musée de l’air et de l’espace, au Bourget (Seine-Saint-Denis). Une routine pour celui qui a baladé ses pochoirs aux quatre coins du monde. Le plus souvent grâce à des portraits d’anonymes ou de personnages illustres, qu’il veut faire connaître ou à qui il veut simplement rendre hommage. Il est à l’origine des portraits de Simone Veil peints sur les boîtes aux lettres de la mairie du 13e, à Paris, lors de la panthéonisation de l’ancienne ministre, le 1er juillet 2018. Ces mêmes portraits avaient été tagués de croix gammées le 11 février. Reconnaissance de ses pairs Le natif de Bondy s’autorise toutefois quelques écarts, comme des portraits de sa chienne. « Des respirations what the fuck », comme il les appelle et qui lui font le plus grand bien. Le jour de l’entretien, c’est un lion à la crinière impressionnante que Christian Guémy est en train de réaliser. Le pochoir trône sur la table au milieu d’une grande pièce plutôt bien rangée de son atelier à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Les diverses influences de l’artiste se devinent dans les multiples œuvres disséminées partout. Au mur. Par terre. Des boîtes aux lettres peintes, un vieux kart, du Logan Hicks, du Ernest Pignon-Ernest, un Yoda offert par Invader, mais aussi des peintures religieuses qui évoquent des Caravage. Une œuvre interpelle particulièrement. Quelques lignes humoristiques de Ben : « Et si j’arrêtais de peindre… » Un bon résumé de C215. Car en dépit de la renommée et de la reconnaissance de ses pairs, Christian Guémy continue de douter. De son travail mais surtout de lui-même, lui qui se dit « artiste malgré lui ». « Les autres ont décidé de m’appeler comme ça, mais, le jour où ils arrêteront, alors je cesserai d’être un artiste », pense-t-il. Pour se définir, il préfère piocher dans ses références cinématographiques. Il se voit comme un Forrest Gump qui « poursuit un petit but en passant par un long chemin » ou comme un Edward aux mains d’argent qui, « dans sa mélancolie, n’a d’autre choix que de se projeter seul, en marge de la société ».
De son vrai nom Christian Guémy, le street-artiste couvre les rues de portraits d’anonymes ou de figures emblématiques comme Simone Veil. Une démarche qui transcende les blessures intimes d’un plasticien exposé au Musée de l’air et de l’espace, au Bourget.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/27/c215-le-grand-art-de-la-rue_6013333_4500055.html
mlsum-fr-1365
AUREL Confrontés aux changements des habitudes de consommation, les groupes de distribution alimentaires français sont à la recherche d’un nouveau modèle. Un an à peine après avoir fermé tout le réseau des anciens magasins de hard-discount Dia, Carrefour s’apprête ainsi à retenter, en septembre, l’aventure du commerce à prix bas. Il va importer en France Supeco – contraction de « supermercado economico », supermarché économique –, son enseigne de supermarché discount originaire d’Espagne, avec ses façades jaunes et ses écritures noires. « Ce sera un concept adapté au marché français, avec un modèle hybride, entre le supermarché traditionnel et le cash & carry [point de vente en gros ] qui associe des prix bas avec des bons produits », affirme un porte-parole de Carrefour au Monde, confirmant une information d’Olivier Dauvers, observateur spécialiste de la grande distribution. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La transformation de Carrefour commence à porter ses fruits Lancé en Espagne en 2012, Supeco s’est inspiré d’Atacadao, l’enseigne brésilienne de cash & carry rachetée en 2007 et devenue l’une des pépites du groupe en Amérique latine. Supeco s’est progressivement implanté en Europe : en Roumanie en 2014, puis en Pologne (2016) et en Italie (2017)… pour atteindre 41 magasins (23 en Espagne, 15 en Roumanie, 1 en Italie et 2 en Pologne). En Afrique, Carrefour a noué un contrat de franchise avec CFAO, leader local de la distribution, qui l’exploite sous forme de plus petits magasins. Dans de nombreux pays, Supeco doit son succès à un agencement minimaliste avec des produits présentés sur palette comme dans un entrepôt – symbole de prix bas –, mais aussi à un modèle de double affichage des prix de vente – prix unitaire et prix spécifique pour des achats en grande quantité – pour attirer les consommateurs en quête de bons plans. « Des prix imbattables » En France, le magasin ressemblera davantage à Lidl ou Aldi qu’à un véritable entrepôt : un document interne montre un agencement minimaliste et aéré, des « tables d’arrivages » exposant chaque semaine des stocks de bonnes affaires, des produits de marque Carrefour et des marques nationales issues de circuits de déstockage… Le tout complété d’innovations technologiques simplifiant la phase d’encaissement. « Une perception de qualité et des prix imbattables », pour toucher trois types de consommateurs selon ce document : la clientèle à budget serré en quête du meilleur prix et de chasses aux trésors, celle qui recherche un meilleur rapport qualité-prix et un gain de temps, et enfin les « promovores », attirés par les arrivages de bonnes affaires sur les produits de marques nationales.
Face à une crise sans précédent et aux changements des habitudes des consommateurs, plus sensibles aux bonnes affaires, le groupe de distribution alimentaire Carrefour s’apprête à importer en France son enseigne discount Supeco, née en Espagne.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/21/carrefour-tente-une-relance-dans-le-discount_5501155_3234.html
mlsum-fr-1366
Deux fonctionnaires de police du 18e arrondissement de Paris, dont l’un a été incarcéré, ont été mis en examen vendredi pour « trafic de stupéfiants » et « corruption », a annoncé, samedi 15 juin, une source judiciaire. Elle confirmait une information du site Les Jours, selon lequel ces deux policiers de la brigade anticriminalité (BAC) du 18e sont soupçonnés d’avoir « racketté des dealeurs, revendu de la drogue et blanchi l’argent gagné par ce biais ». Présentés à un juge d’instruction parisien, les deux policiers se sont vu notifier de lourdes mises en examen pour des chefs de corruption passive par personne dépositaire de l’autorité publique, trafic de stupéfiants, blanchiment, vol, détournement de fichiers de police, faux en écriture publique et association de malfaiteurs, a détaillé la source judiciaire. Deux autres suspects qui ne sont pas policiers ont également été mis en examen. Racket auprès des dealers Le parquet de Paris avait requis l’incarcération provisoire des quatre protagonistes. Deux d’entre eux, dont un policier, ont finalement été placés en détention provisoire, tandis que les deux autres ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire. Le brigadier, âgé de 45 ans, et son collègue, un gardien de la paix de 38 ans, tous deux fonctionnaires de la BAC du 18e, sont soupçonnés d’avoir « protégé des trafiquants de stupéfiants contre rémunération » et d’avoir blanchi l’argent ainsi obtenu, a confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) une source proche du dossier. « Ils revendaient des informations sur les dispositifs policiers de lutte antidrogue et rackettaient les dealeurs », a ajouté une source proche de l’enquête. L’affaire, partie d’une dénonciation pour des soupçons de corruption visant un brigadier de police, avait conduit à l’ouverture, en 2018, par le parquet de Paris, d’une enquête préliminaire confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », selon la source judiciaire. Les investigations se sont ensuite poursuivies sous l’autorité d’un juge d’instruction qui a procédé à ces mises en examen vendredi.
Ces deux fonctionnaires de police, qui appartiennent à la brigade anticriminalité du 18e arrondissement, sont soupçonnés de racket de dealers et de revente de drogue, selon le site « Les Jours ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/15/paris-deux-policiers-mis-en-examen-pour-trafic-de-drogue-et-corruption_5476747_3224.html
mlsum-fr-1367
Le parquet de Nice n’est pas apte, dans l’état, à enquêter sur les circonstances des graves blessures subies par Geneviève Legay, une militante d’Attac, lors d’une manifestation des « gilets jaunes », le 23 mars, à Nice. C’est ce que signifie, en creux, la décision de la Cour de cassation, qui a confié le dossier au tribunal de Lyon, mercredi 10 juillet. Me Arié Alimi, l’avocat de cette militante de 73 ans, qui craignait une trop forte proximité entre le procureur de Nice et cette affaire polémique, se félicite d’avoir finalement obtenu cette décision, demandée depuis plusieurs mois. Une demande appuyée par le parquet général d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). « C’est une excellente nouvelle, qui va nous permettre d’avoir une vraie instruction, assure Me Alimi, contacté par Le Monde. Je ne pense pas que le policier qui l’a poussée est le seul responsable là-dedans. Les ordres étaient illégaux. Cela va diluer sa responsabilité, ce qui est une bonne chose. L’heure est à la responsabilité des ordres, et à la responsabilité politique face à ce qu’on ne peut plus qu’appeler une affaire d’Etat. » « Un souci de transparence » Le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre, a multiplié les erreurs dans ce dossier. Deux jours après les faits, le magistrat avait assuré que la chute de la septuagénaire n’avait pas été provoquée par un policier. Face aux révélations de plusieurs médias, dont Le Monde, qui avaient analysé les images à leur disposition, il avait ensuite changé de version et reconnu, le 29 mars, que « c’est bien le geste d’un policier qui est à l’origine de la chute de Mme Legay ». Le procureur avait aussi choisi de confier les investigations sur les causes des blessures de la manifestante à la conjointe de l’homme chargé des opérations le jour de la manifestation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Affaire Geneviève Legay : les maladresses en série de Jean-Michel Prêtre, procureur de Nice Un document, révélé par Mediapart fin juin, jetait encore plus le doute sur la conduite de l’enquête : un rapport détaillant le refus d’un escadron de gendarmes de participer à la charge contre des manifestants, le 23 mars, considérant l’action « disproportionnée ». Document qui ne figurait pas dans les pièces du dossier. Or, toujours selon le site d’information, le procureur de la République était présent au centre de supervision urbain, et il a assisté à la charge de police qui a heurté violemment la septuagénaire. Il a donc été témoin non seulement de la scène, mais aussi du refus des gendarmes d’obtempérer. Le magistrat n’a pas estimé bon de le signaler. Jean-Michel Prêtre n’a pas souhaité faire de commentaire. « Il y a quand même quelque chose d’incroyable dans cette histoire, estime Me Alimi, c’est qu’aucune mesure conservatoire n’a été prise, ni contre Rabah Souchi [le commissaire de police en charge ce jour-là] ni contre sa compagne. Et surtout, aucune réaction politique, alors qu’on est face à de graves manquements de la part d’un procureur. Je ne comprends pas. » Début avril, la ministre de la justice, Nicole Belloubet, avait évoqué devant le Sénat un « souci de transparence » et convoqué le procureur niçois pour lui demander des explications « dans les plus brefs délais ». Me Alimi, lui, s’apprêtait vendredi à saisir le Conseil supérieur de la magistrature au sujet de la gestion du dossier par M. Prêtre.
La Cour de cassation a décidé de dépayser l’enquête, après les erreurs de procédure jetant de plus en plus le doute sur la gestion du dossier par le procureur de la République de Nice, Jean-Michel Prêtre.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/13/affaire-legay-le-procureur-de-nice-evince-du-dossier_5488943_3224.html
mlsum-fr-1368
Après le saccage de la permanence du député LRM Romain Grau, à Perpignan, le 27 juillet. RAYMOND ROIG / AFP Les textes de loi passent et le procédé commence à devenir habituel. Les permanences de plusieurs députés de La République en marche (LRM) ont été prises pour cible depuis mercredi 24 juillet, suscitant la préoccupation des parlementaires. « Nous sommes en train de nous habituer à l’intolérable », s’alarment vingt élus bretons dans une tribune publiée sur le site Internet de Franceinfo, mardi. « Il faut dire stop à cette escalade », explique Eric Bothorel, député des Côtes-d’Armor signataire de ce texte. Vent debout contre un texte dont ils redoutent les effets pervers, en particulier pour les éleveurs bovins, des agriculteurs s’en sont pris aux permanences de huit élus LRM qui avaient voté pour le CETA, le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, le 23 juillet. Lire aussi : CETA, qui a voté quoi parmi les députés Tout un symbole : les locaux de Jean-Baptiste Moreau, éleveur bovin de profession, élu député LRM en juin 2017, ont été murés vendredi à Guéret. « Traître », ont écrit sur les parpaings des membres des Jeunes Agriculteurs (JA) et de la branche départementale de la FNSEA, principal syndicat agricole. L’élu a annoncé avoir porté plainte. Les JA et la branche locale de la FNSEA ont aussi revendiqué l’emmurement de la permanence de la députée (LRM) de la Haute-Saône Barbara Bessot Ballot, à Vesoul, jeudi. « Pour nous, ce n’est pas fini », a menacé Pauline Robert, présidente des JA des Hautes-Pyrénées, après que trois bennes de fumier ont été déversées devant la permanence du député (LRM) des Hautes-Pyrénées Jean-Bernard Sempastous. Un procédé également employé devant les locaux de trois élus du Lot-et-Garonne. « Ce climat de violence est inacceptable », a réagi l’un d’eux, Olivier Damaisin, sur Twitter. Sa permanence avait déjà été dégradée, fin mai, par un incendie de carton déclenché dans la nuit. Ce n’est pas non plus la première fois que la députée (LRM) de l’Oise Carole Bureau-Bonnard est prise pour cible dans sa circonscription. En novembre 2018, elle avait vu son domicile, à Noyon, couvert de gilets jaunes. Lundi matin, la gendarmerie l’a prévenue que l’entrée de sa permanence avait été recouverte de paille et que des œufs avaient été jetés contre les fenêtres. Les JA ont une nouvelle fois revendiqué l’acte que les instances nationales du syndicat n’ont, à ce jour, pas condamné. « Ça, ce n’est pas de la démocratie » « C’est un climat qui est malsain, a déclaré la porte-parole de LRM Aurore Bergé sur BFM-TV, lundi. On a le droit de critiquer (…) mais on n’a pas le droit en République, en démocratie, de chercher à me faire peur et à faire changer mon vote ou mes décisions par la peur. »
Les élus de la majorité sont notamment pris pour cible pour leur récent vote en faveur de la ratification du traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/31/ce-climat-de-violence-est-inacceptable-les-deputes-lrm-inquiets-apres-de-nouvelles-degradations-de-permanences_5495111_823448.html
mlsum-fr-1369
Un chasseur au Groenland, l’hiver. Pierre Vernay/Polar Lys/Biosphoto « De pierre et d’os », de Bérengère Cournut, Le Tripode, 254 p., 19 €. D’abord un grondement puis une vibration dans les jambes. Un soir, la banquise se fend, séparant Uqsuralik de sa famille. La jeune Inuit n’a d’autre choix que de sur­vivre par ses propres moyens. Affronter le froid, la nuit, la faim, la solitude. L’adolescente taille des blocs de glace, chasse le phoque, s’agrège à des bivouacs. Peu à peu, elle perfectionnera ses techniques cynégétiques, découvrira la sociabilité et la cruauté, ses désirs de femme et la maternité ainsi que sa vocation chamanique, à laquelle l’initiera son second mari. De la baie à la montagne, des fjords à la toundra, des icebergs aux falaises, la nomade va se déplacer au gré des saisons et cohabiter avec des tribus comme avec les bêtes peuplant le Grand Nord : baleines, morses, renards arctiques, ours, perdrix des neiges, narvals, caribous, phoques, bœufs musqués… Tout ce gibier que les archers ou lanceurs de harpons remercient, après la mise à mort, pour « s’être laissé prendre ». En résidence au Muséum d’histoire naturelle C’est un magnifique voyage – à la fois immobile et lointain – qu’a effectué Bérengère Cournut, fine exploratrice d’archives et de ­psy – ché féminine. En résidence pendant dix mois au Muséum d’histoire naturelle, à Paris, elle y a puisé la documentation étayant De pierre et d’os, tout juste couronné par le 18e prix du roman Fnac. Contrairement à Née ­contente à Oraibi (Le Tripode, 2017), sa fiction consacrée aux Indiens hopi, pour laquelle elle avait voyagé dans l’Ouest américain, elle n’a ­jamais mis les pieds en Arctique. En revanche, elle a épluché tout ce qui se rapportait au Groenland : le fonds polaire de Jean Malaurie, celui de Paul-Emile Victor, des écrits de missionnaires oubliés, le célèbre récit de Knud Rasmussen, des photographies, cartes et dessins, des livres écrits par les Inuits eux-mêmes. Elle a fréquenté deux ethnologues spécialisées, Bernadette Robbe et Joëlle Robert-Lamblin. De fait, cet ethno-romanest ­augmenté en fin de volume d’un cahier de ­photographies en noir et blanc. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Groenland, bijou convoité de la couronne danoise dans l’Arctique Au-delà de l’épopée d’Uqsuralik, son récit initiatique permet de découvrir, via la fiction, l’ancien mode de vie des Inuits. Par exemple, le travail des peaux ou les ­fêtes dans les maisons communautaires, composées de chants – ils sont nombreux dans De pierre et d’os – et de récits de grande famine, « toutes les histoires que nous connaissons ont été racontées, tous les jeux d’adresse ont été tentés, tous les mythes anciens ont été invoqués. Nous devons maintenant inventer la nuit qui vient ».
L’ardent roman de l’écrivaine permet de découvrir l’ancien mode de vie des Inuits, grâce à sa vaillante héroïne, entre baie et montagne, fjords et toundra, icebergs et falaises.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/09/22/de-pierre-et-d-os-berengere-cournut-sur-les-traces-d-uqsuralik-dans-la-neige-arctique_6012588_5473203.html
mlsum-fr-1370
Manifestation contre le gouvernement, à Beyrouth, dimanche 20 octobre. MOHAMED AZAKIR / REUTERS Les Libanais ont célébré leur fête nationale quelques semaines en avance sur le calendrier cette année. Dimanche 20 octobre, des centaines de milliers d’entre eux ont investi les rues de leur pays, dans un élan exceptionnel de ferveur et d’unité. A Beyrouth, Tripoli, Saïda et Tyr, d’immenses foules, de classes sociales, d’âges et de religions très variés, sont venues réclamer, pour la quatrième journée d’affilée, la démission de leur gouvernement, accusé d’incurie et de corruption. Des rassemblements débordants de fierté et d’allégresse, à mille lieues du formalisme de la fête nationale officielle du Liban, célébrée le 22 novembre, date de la fin du mandat français survenue en 1943. « Cela fait tellement longtemps que l’on ne s’est pas retrouvés tous ensemble, c’est un bonheur », exulte Rami, un jeune chrétien, cadre d’une entreprise pharmaceutique, qui tient ses sœurs par la main pour ne pas les perdre dans la marée humaine qui envahit la place des Martyrs, dans le centre de Beyrouth. La dernière manifestation aussi massive à avoir déferlé sur la capitale remonte à 2005, une mobilisation de près d’un million de personnes, qui avait abouti au départ des troupes d’occupation syriennes. « Notre colère nous rapproche, on se retrouve à discuter avec des gens à qui l’on n’aurait jamais adressé la parole en temps normal, on a fait tomber le mur des peurs confessionnelles », s’enflamme Christina, une lycéenne inscrite dans un établissement huppé, qui tente de couvrir le fracas de la musique crachée par d’énormes baffles juchées sur un camion. Ces retrouvailles exubérantes sont la réponse du peuple libanais à des décennies de gabegie, de paralysie et de népotisme gouvernementaux. Jamais la population n’a ressenti de manière aussi douloureuse le décalage entre l’image glamour du Liban et la réalité du quotidien, marquée par un taux de pauvreté de 35 %, des pénuries à répétition d’eau et d’électricité et des infrastructures en déliquescence. « Gouvernement de technocrates » Jamais la confiscation du pouvoir, depuis la fin de la guerre civile, en 1990, par la même clique d’anciens chefs miliciens reconvertis en notables affairistes, n’a paru aussi indécente. Et jamais l’horizon de la nouvelle génération n’a semblé autant plombé, entre chômage à 20 % ou 30 %, dictature de la wasta (piston), et cherté de la vie généralisée. La décision du gouvernement, mi-octobre, de taxer les appels effectués par WhatsApp, le système de téléphonie par Internet, a mis le feu aux poudres. Après deux soirées de manifestations électriques, jeudi et vendredi, marquées par de nombreuses dégradations et de violents affrontements entre casseurs et forces de l’ordre, la mobilisation durant le week-end des 19 et 20 octobre a été plus ample et plus apaisée.
Des centaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche dans un élan exceptionnel de ferveur et d’unité. Le gouvernement doit dévoiler, lundi, un plan de réformes.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/21/a-beyrouth-le-peuple-libanais-uni-dans-la-rue-contre-ses-dirigeants_6016321_3210.html
mlsum-fr-1371
Intervention de la police à Halle, le 9 octobre. HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS L’auteur de l’attaque qui visait une synagogue et un restaurant turc de la ville de Halle (Saxe-Anhalt), qui a fait au moins deux morts mercredi 9 octobre, a filmé et diffusé l’attentat en direct sur Internet, a pu constater Le Monde, qui a pu visionner une partie des images. Ces dernières semblent avoir été filmées à l’aide d’un téléphone fixé sur le casque qu’il portait. Une partie de la vidéo présente également un court manifeste du tireur, où il explique les motivations de son geste dans un verbiage violemment antisémite et antiféministe. Lire aussi Allemagne : une attaque contre une synagogue et un restaurant turc fait deux morts à Halle Ces images de l’attentat ont notamment été diffusées en direct pendant 35 minutes sur Twitch, une plateforme filiale d’Amazon, spécialisée dans la diffusion de parties de jeux vidéo. Elles ont été vues alors en direct par cinq personnes, a-t-elle indiqué. Quelque 2 200 personnes ont ensuite vu la version conservée sur Twitch, avant que le site n’arrive à l’éliminer. « « Nous avons fait au plus vite pour retirer ce contenu, et nous suspendrons tous les comptes qui posteront ou reposteront des images de cet acte abominable », a déclaré une porte-parole de Twitch à l’Agence France-Presse dans la soirée du 9 octobre. Dans plusieurs tweets, la plateforme a ajouté que la vidéo a été partagée « de manière coordonnée » par le biais de messageries. Des extraits et des copies de la vidéo circulent également sur d’autres sites comme Kohlchan, un forum à la modération apparemment inexistante, surtout fréquenté par des sympathisants d’extrême droite germanophones. Selon Twitch, le compte du tireur avait été créé il y a deux mois environ, soulignant qu’avant l’attentat, il n’avait tenté qu’une seule fois de retransmettre une vidéo en direct. Un important arsenal d’armes artisanales Les images éclairent le déroulement de l’attaque, et confirment que c’était bien la synagogue de la ville de Halle, dans laquelle plusieurs dizaines de fidèles étaient rassemblés pour les cérémonies de Yom Kippour, qui était visée. Dans la vidéo, on voit le tireur sortir de son véhicule, tenter sans succès d’ouvrir les portes du lieu de culte, avant de tirer sur une passante. La suite du document le montre pénétrant dans un kebab situé à proximité et tirant à plusieurs reprises sur un homme. La vidéo montre également que le tireur avait dans son véhicule un important arsenal d’armes artisanales. En plus d’au moins deux armes à feu à l’aspect très artisanal, la voiture utilisée lors de l’attaque contenait une grande quantité d’explosifs – cocktail Molotov et « grenades » entourées de plastique. Ces éléments semblent témoigner d’une longue préparation, mais la vidéo révèle également la fébrilité du tireur, qui laisse à plusieurs reprises tomber armes ou munitions, et jure régulièrement. Le modus operandi du tireur semble avoir été largement calqué sur celui de l’attentat de Christchurch (Nouvelle-Zélande), durant lequel un terroriste d’extrême droite avait filmé et diffusé en direct une attaque contre plusieurs mosquées, qui avait fait plus de cinquante morts. Forums d’extrême droite La vidéo contient également un bref « manifeste », dans lequel le tireur explique, dans un anglais approximatif, ses motivations. Il s’y présente comme « anon » – un terme qui désigne les utilisateurs des forums anonymes prisés de l’extrême droite. Il y explique vouloir s’attaquer « aux juifs, source de tous les problèmes », et clame sa haine du féminisme, « source du déclin des naissances, qui est le bouc émissaire de l’immigration de masse ». Des propos courants sur les forums comme 8chan, mais aussi sur leur déclinaison locale en Allemagne, Kohlchan (« canal chou »). Héritier d’un précédent forum, Krautchan, fermé l’an dernier, ce site accueille plusieurs sous-forums qui hébergent de nombreux contenus antisémites, misogynes, ou qui incitent à la haine contre les musulmans et les immigrés. Le tireur a également publié en ligne, peu avant l’attaque, trois documents dans lesquels il détaillait la composition de son arsenal, et explique avoir envisagé d’attaquer une mosquée ou une association d’extrême gauche.
L’auteur de l’attaque mortelle contre une synagogue et un restaurant turc, mercredi, en Allemagne, s’est filmé pendant les faits. La vidéo, diffusée sur Twitch et que « Le Monde » a pu consulter, dévoile ses motivations dans un discours violemment antisémite.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/09/attentat-de-halle-le-tireur-a-diffuse-des-images-de-l-attaque-en-direct-sur-internet_6014876_4408996.html
mlsum-fr-1372
Oui, les Européens de G2, pourtant favoris, ont perdu face aux Chinois de l’équipe FPX lors de la finale d’e-sport sur League of Legends à l’AccorHotels Arena de Paris. L’équipe FunPlus Phoenix a remporté l’évènement e-sport le plus important de l’année. Thibault Camus / AP Oui, les joueuses françaises de tennis ont remporté contre l’Australie la troisième Fed Cup de leur histoire au bout du suspens (3-2), à Perth. Kristina Mladenovic et Caroline Garcia ont offert la victoire à la France en remportant leur double contre les Australiennes. TONY ASHBY / AFP Oui, Marseille a remporté l’Olympico face à l’OL (2-1) dans un Vélodrome chauffé à blanc pour les 65 369 supporters marseillais. L’Olympico de dimanche 10 novembre a permis de battre le record d’affluence du Vélodrome. Daniel Cole / AP Les trois leçons du week-end A 15 ans seulement, tu t’imposeras Anna Shcherbakova wins the Ladies event with two Quad Lutzes 🥇 🔗 https://t.co/nBktTR1fgT #GPFigure #FigureSkating https://t.co/JvBwMuaAUk — ISU_Figure (@ISU Figure Skating) Anna Shcherbakova n’a que quinze ans, mais elle s’impose déjà au plus haut niveau du patinage artistique. Après sa victoire au Skate America en octobre, la patineuse russe a remporté, samedi 9 novembre, son deuxième Grand prix de la saison à l’occasion de la Coupe de Chine à Changqing. Elle devance de 15 points la Japonaise Satoko Miyahara, double médaillée mondiale. Avec ce succès, elle se positionne comme l’une des favorites pour la finale du Grand Prix de la saison, prévue du 5 au 8 décembre à Turin. « Le programme libre était bon, mais pas parfait. Il y avait quelques erreurs », a déclaré Anna Shcherbakov, presque insatisfaite malgré sa victoire. Le retour de tes internationaux, tu chériras Maxime Médard, arrière chez les Bleus, a joué ailier contre les Clermontois. REMY GABALDA / AFP Au vu de la prestation du Stade Toulousain, qui a décroché une victoire bonifiée sur Clermont (33-8) samedi 9 novembre, il y a fort à parier que les hommes de Hugo Mola fondront sur le leader lyonnais et son dauphin bordelais dans les mois à venir. Les retours de Médard, Guitoune et Ntamack, tous les trois auteurs d’un essai, et le coup de pied de Ramos, déjà dans le groupe depuis quelques semaines, laissent entrevoir des lendemains qui chantent pour le champion de France en titre. Privés de nombreux internationaux pour cause de Coupe du monde durant les huit premières journées de Top 14, les Toulousains ont connu un début de saison en dent de scie et stagnaient dans le ventre mou du championnat. Sur un bateau, tu t’envoleras Dans la nuit du samedi 9 au dimanche 10 novembre, Yann Eliès et Charlie Dalin ont remporté la victoire dans la catégorie des Imoca – des voiliers de 60 pieds (environ 18 m) – de cette 14e édition de la transat Jacques-Vabre. Les deux Français, partis du Havre le 27 octobre à bord du tout nouveau monocoque volant Apivia, n’auront mis que 13 jours, 12 heures et 8 minutes pour atteindre Salvador de Bahia, au Brésil. « C’est la toute première course du bateau Apivia sur un projet de quatre ans et je ne pouvais pas rêver mieux comme entame, c’est du bonheur, tout ça », a commenté Charlie Dalin à l’arrivée. Kevin Escoffier et Nicolas Lunven (PRB) se sont emparés de la deuxième place dimanche, au terme d’un duel d’anthologie avec le duo de favoris à bord de Charal, Jérémie Beyou et Christopher Pratt, les devançant de seulement six minutes. Les skippers Charlie Dalin et Yann Eliès avaient déjà réalisé une première traversée ensemble 2015 et avaient fini sur la 3e marche du podium au terme d’une Jacques-Vabre très disputée. Ils sont tous deux candidats à une participation au Vendée Globe le 8 novembre 2020. Le chiffre du week-end : 3 Le vice-champion d’Europe n’y arrive plus. Tottenham a encore déçu en Premier League en concédant un match nul samedi 9 novembre face à Sheffield United (1-1), après avoir mené durant vingt minutes. Les calculs ne sont pas bons pour Pochettino et les siens : après douze journées de championnat, les Spurs n’ont remporté que trois matchs et pointent à la quatorzième place, alors qu’ils affichaient un bilan de neufs victoires en autant de rencontres la saison dernière. La Ligue des champions demeure le seul motif de satisfaction après ce début de saison compliqué, puisqu’il suffira d’une victoire en deux matchs aux Londoniens pour se qualifier en 8e de finale. La femme du week-end La deuxième-ligne du XV de France Safi N’Diay a fêté sa 70e cape dans la défaite. Lors d’un match contre les Anglaises, les Bleues ont débuté leur tournée d’automne par un échec (10-20), malgré une seconde mi-temps sérieuse. Safi N’Diay, qui enchaîne les victoires en Top 8 avec Montpellier, se rapproche ainsi de Laetitia Salles, la joueuse la plus capée de l’équipe de France avec 92 sélections. Jusqu’à dépasser un jour ce record ? Les Françaises pourront tout de même prendre leur revanche lors d’un deuxième test-match samedi 16 novembre contre le XV de la Rose. Une confrontation idéale pour préparer le Crunch qui fera office de match d’ouverture du Tournoi des six nations et qui permettra, peut-être, à Safi N’Diay de décrocher son troisième Grand Chelem. 🇫🇷🏴󠁧󠁢󠁥󠁮󠁧󠁿 𝟕𝟎 𝐜𝐚𝐩𝐞𝐬 ! Félicitation @safizizir pour cette 70ème séléction ! Tu as encore montré aujourd'hui toute ta… https://t.co/ZEfjhgavwf — FranceRugby (@France Rugby) Les wiki du week-end Facile Après avoir atteint les demi-finales de la Ligue des Champions en 2017 avec Monaco, je l’ai remportée deux ans plus tard sous le maillot de Liverpool. Ce week-end, j’ai marqué le premier but de mon équipe face à Manchester City. Difficile Mon doublé a permis à mon club de revenir dans le match et de l’emporter. Cette victoire nous permet de nous replacer dans la course pour les places qualificatives en Coupe d’Europe. Vincent Bresson
Parce qu’il n’y a pas que l’époustouflante Premier League et les brillantes tenniswomen françaises dans la vie, tour d’horizon de l’actualité sportive du week-end.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/11/11/precocite-experience-et-rapidite-ce-qu-il-faut-retenir-du-week-end-sportif_6018726_3242.html
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Défilé Gucci. Courtesy of Gucci Depuis 2015, année d’arrivée d’Alessandro Michele à la direction artistique, Gucci fait partie des défilés les plus attendus de la semaine de la mode milanaise. Pour ses shows spectaculaires et ses looks maximalistes, aussi instagrammables les uns que les autres, mais aussi pour ses collections à forte valeur narrative. Cette saison, le créateur italien a particulièrement bousculé l’assistance. Une vingtaine de mannequins avançaient sur un tapis roulant tous habillés dans des déclinaisons de camisoles de force, dont une jeune femme ayant pris la liberté d’inscrire « la santé mentale n’est pas de la mode » sur la paume de ses mains. De quoi mettre le public mal à l’aise. Mais aussi de dérouler une page blanche afin de préparer les spectateurs au « vrai » défilé, celui des vêtements qui seront commercialisés. Mûr, subtil mais toujours aussi marquant, son vestiaire pour le printemps-été 2020 s’inspire d’un chic excentrique tout droit venu des années 1970. Et s’inscrit dans un mouvement plus large, celui de la silhouette bourgeoise qui, cette saison, a définitivement enterré le sportswear. Lire aussi Fashion week : les extravagances milanaises Le retour du bermuda Défilé Margaret Howell catwalking.com À l’origine associé aux loisirs, puis mis au pla-card, le bermuda, ce short qui flirte avec le genou, est l’une des pièces les plus vues dans les défilés. Marié à un blouson en cuir chez Tod’s, en costume trois pièces chez Max Mara ou porté avec chemise et sandales chez Margaret Howell, il trouve naturellement sa place dans le vestiaire bourgeois estival. Le show culotté de Rihanna Défile Savage x Fenty, la marque de lingerie de Rihanna. Dimitrios Kambouris/Getty pour Savage X Fenty En pleine remise en question des canons de beauté érigés par l’industrie de la lingerie, Rihanna a fait le buzz à New York avec la deuxième présentation de sa marque de dessous, Savage x Fenty. Alors que Victoria’s Secret cherche encore la nouvelle forme à donner à ses défilés-spectacles à la suite du mouvement #metoo, la chanteuse a convoqué un casting de mannequins petites, grandes, pulpeuses, handicapées… à la féminité assumée et puissante, ringardisant l’imagerie classique de la lingerie. Les invités au show-performance organisé au Barclays Center, à Brooklyn, avaient l’interdiction de prendre des photos pour que la plateforme Amazon, qui a diffusé le show dix jours plus tard, garde la primeur. Lire aussi Comment Rihanna et sa marque Fenty secouent le monde du luxe Le fil à la patte Défilé JW Anderson JW Anderson À chaque saison, ses attitudes sorties de l’esprit des stylistes… Pour ce printemps, il s’agira de nouer les lanières de ses sandales par-dessus son pantalon comme chez Gucci, Salvatore Ferragamo et JW Anderson. Reste à savoir si la rue s’emparera de ce geste. Les 70’s glorieuses Défilé Fendi. Fendi Après des collections marquées par les années 1990, voici l’énième retour de la décennie 1970 avec des silhouettes féminines et joyeuses. Comme cette robe asymétrique brodée de paillettes chez Prada, cette djellaba mauve réinventée chez Gucci, ou ce modèle matelassé avec fleurs XXL façon tapisserie chez Fendi. New York est une fête Défilé Tommy Hilfinger, à l’Apollo Theater, Harlem, New York Thomas Concordia Après plusieurs saisons en demi-teinte et une ambiance assombrie par la politique américaine, la Fashion Week de New York a trouvé un nouveau souffle, nourri d’optimisme et de joie. Son catalyseur ? Le créateur texan Tom Ford, qui a pris la succession de Diane von Fürstenberg à la tête du CFDA (Conseil des créateurs de mode américains). Parmi ses premières mesures, un calendrier resserré, passant de sept à cinq jours, et la nomination au conseil d’administration de quatre nouveaux designers – dont trois Afro-Américains, Kerby Jean-Raymond (Pyer Moss), Virgil Abloh (Off-White) et Carly Cushnie (Cushnie). Si l’esprit était à la fête, le militantisme des créateurs américains n’a pour autant pas déserté les défilés. « L’heure était à la légèreté, certes, mais une légèreté engagée pour la promotion de la diversité sociale », constate Valérie Delaye, directrice adjointe des achats mode femme aux Galeries Lafayette. C’est dans cet état d’esprit que Tommy Hilfiger a investi l’Apollo Theater, sur la 125e Rue, à Harlem. Il présentait sa seconde collaboration avec l’actrice Zendaya – 22 ans, 62,2 millions d’abonnés sur Instagram et star de la dernière série à la mode sur HBO, Euphoria. Mille spectateurs ont traversé la mythique salle de spectacle pour se retrouver dans l’arrière-cour, transformée pour l’occasion en un décor de studio hollywoodien. Trompettistes, altistes perchés sur une Ford Thunderbird rouge et danseurs ont fait office de décor pour le défilé des mannequins de tous âges, origines et morphologies. Avec en message de fond : l’envie de rendre hommage dans la joie à la culture afro-américaine des années 1970. La militante féministe Janelle Monáe, invitée du défilé Ralph Lauren Carl Timpone/BFA.com Un discours proche de celui défendu par Kerby Jean-Raymond, directeur artistique de la marque Pyer Moss, à qui l’on doit le défilé le plus commenté de cette Fashion Week new-yorkaise. Au Kings Theatre, dans le quartier de Flatbush, à Brooklyn, les 3 000 places étaient occupées. Sur scène, plus de 60 choristes et un orchestre ont interprété des classiques de la musique noire, de la soul au rap. Le show – avec un casting 100 % noir et métis – a été précédé d’une introduction de l’auteur engagé Casey Gerald. « Nous ne serons plus jamais esclaves de notre corps ou de notre esprit. (…) Nous connaissons la vérité. Nous avons notre histoire maintenant. Nous racontons notre histoire désormais », a-t-il déclaré au Washington Post. « Il y a toujours eu cette réflexion sur la place de la culture noire dans la société américaine, encore plus indispensable sous l’administration Trump, mais elle passe aujourd’hui par un discours de célébration, souligne Marie-Aude Baronian, philosophe et spécialiste de la mode. Il est temps de mettre à l’honneur l’apport de cette culture, sa richesse et sa créativité. » Ralph Lauren, quant à lui, inaugurait à Wall Street son Ralph’s Club, un club de jazz à l’ambiance Années folles, tout en présentant sa collection automne-hiver 2019 – immédiatement disponible en boutique. Invitée d’honneur, la chanteuse afro-américaine et militante féministe Janelle Monáe a livré une prestation électrique, dansant sur les tables et arrosant les invités de champagne. Défilé Marc Jacobs. Dimitrios Kambouris/Getty /AFP Toujours très attendu, le show Marc Jacobs, flamboyant et festif, a clôturé dans la gaieté cette Fashion Week. « Ce défilé est une célébration de la vie, de la joie, de l’égalité, de l’individualité, de l’optimisme, du bonheur, de l’indulgence, des rêves et d’un futur qui reste à écrire. (…) C’est notre façon de rappeler la joie de s’habiller, notre amour pour la mode et pour les grands gestes d’expression débridée », a écrit le créateur dans sa note d’intention distribuée aux invités. « On sentait que le plaisir était sincère, aussi bien celui de Marc Jacobs que celui des mannequins, une troupe joyeuse et souriante, habillée de tenues colorées, de paillettes, d’imprimés floraux et coiffée de chapeaux. L’énergie à son apogée », détaille Valérie Delaye. Comme si la mode renouait avec son identité première : créer du rêve, susciter du plaisir, donner de la joie. « La fête est un interlude au quotidien. Dans ce sens, la mode fait écho à la société et à l’actuel climat plombant, souligne Marie-Aude Baronian. Sans compter l’aspect commercial : le morose ne fait pas vendre. » Et, dans la mode, ce n’est pas le moindre des arguments. Le ton Tommy Ton Tommy Ton, directeur artistique de Delvaux New York, à la fin du défilé. Armando Grillo/IMAXTREE.COM Certaines marques remettent désormais leur direction artistique à des observateurs de la mode pour leur capacité à flairer l’air du temps. Comme Helmut Lang l’a fait avec des journalistes (Isabella Burley, rédactrice en chef du magazine Dazed & Confused, puis Alix Browne, fondatrice de W), Deveaux New York, la marque américaine de prêt-à-porter au minimalisme chic, a donné carte blanche à Tommy Ton. Pour sa deuxième saison, le photographe canadien de streetstyle a dévoilé 33 silhouettes fluides – notamment des robes à l’esprit caftan plutôt bien accueillies par la profession. Tresses code Défilé Max Mara Max Mara Tresses très structurées sur les têtes des mannequins de Max Mara, chignon attaché à la va-vite chez Fendi : difficile de savoir ce qui fera autorité ce printemps. Pour les tendances capillaires comme pour les prévisions météo, il n’y a plus vraiment de saison. Coup de vent Défilé Salvatore Ferragamo Salvatore Ferragamo Il y a les sempiternels cycles de la mode mais aussi les basiques que les créateurs s’amusent à détourner dans des styles inattendus. Comme le coupe-vent, avec liens coulissants et capuche, transformé en robe d’été, en version courte et en coton chez Longchamp, en cuir chez Bottega Veneta ou en Nylon japonais chez Salvatore Ferragamo. Un climat de rebellion Les militant du groupe écologiste Extinction Rebellion ont lancé plusieurs actions lors de la Fashion Week de Londres. Wiktor Szymanowicz / Barcroft Media Pour alerter l’opinion publique sur l’impact environnemental de la mode, Extinction Rebellion, qui pratique la désobéissance civile, a lancé plusieurs actions lors de la Fashion Week de Londres. Déjà, le 5 août, le mouvement réclamait, sur son compte Instagram, l’annulation de l’événement, le jugeant incompatible avec l’urgence climatique. Vendredi 13 septembre, premier jour des défilés, des militants se sont allongés dans un bain de faux sang au 180 The Strand, centre logistique de la Fashion Week. Deux jours plus tard, une vingtaine d’entre eux occupaient l’entrée du défilé Victoria Beckham, brandissant des pancartes « Fashion = Ecocide » ou « Ugly truth » (« L’horrible vérité »), perturbant par la suite la circulation dans les rues alentour. Et, en clôture de cette semaine londonienne de la mode, ils ont organisé une marche funèbre pour « commémorer les pertes de vies dues au climat et à la dégradation de l’environnement ». Si la mobilisation a été faible, les médias britanniques ont bien relayé cette protestation coup de poing. Début septembre, le groupe écologiste a essuyé le feu de critiques d’une partie de l’opinion et de certains militants après la décision de plusieurs de ses figures de participer à la campagne publicitaire automne-hiver 2019-2020 de Stella McCartney, créatrice réputée pour son engagement écologique. Peut-on s’opposer au système de la mode et en faire partie ? Belles plantes Défilé Versace Carlo Scarpato/SGP En parallèle des silhouettes « color block », qui continuent d’envahir les podiums, les créateurs ont osé un motif plus audacieux cette saison : le feuillage. Version romantique chez Giorgio Armani et ambiance jungle luxuriante chez Dolce & Gabbana ou chez Versace qui a fait défiler Jennifer Lopez dans la robbe verte qu’elle portait en 2000 devant un parterre d’invités en folie. La couleur des yeux Défilé Salvatore Ferragamo. Sonny Vandevelde Comme une riposte à la dictature du nude, le maquillage à l’effet naturel savamment travaillé qui a dominé ces dernières années, des maquilleurs osent cette saison la couleur. Orange et rose fluo sur les paupières des amazones de Versace, et aplats de couleurs sur celles des mannequins de Salvatore Ferragamo. Règne animal Défilé Dolce & Gabbana Monica Feudi Si la mode a toujours eu un faible pour les imprimés animaliers, le léopard en tête, elle se prête cette saison à une inspiration plus naturaliste. Ainsi Dolce & Gabbana appose une grande tête de zèbre sur une jupe en raphia, Burberry fait courir des singes façon gravure ancienne sur une robe et Bottega Veneta livre une version graphique, noir et blanc, du malicieux animal. Cols et montés Défilé Boss Boss Les défilés ne présentent pas seulement la couleur ou la forme dont on va s’enticher la saison suivante, il y est aussi question de porté. Ainsi la chemise se glisse-t-elle par-dessus un pull à col roulé, avec une couleur qui tranche si possible. Comme chez Boss et Victoria Beckham, où les cols pelle à tarte laissent s’échapper des cous bien couverts. Chefs de file Défilé Prada Gregory Scaffidi/IMAXTREE.COM Autrefois accessoire, désormais inévitable, le couvre-chef de l’été prochain est une espèce hybride. Une casquette en cuir qui se noue en foulard chez Salvatore Ferragamo, un béret de marin paré d’une visière chez Max Mara ou encore un chapeau à revers en cuir mou inspiré des Années folles chez Prada. De quoi faire tourner les têtes. « L’ouverture des défilés au public est la dernière étape de la démocratisation de la mode commencée avec les réseaux sociaux » A Londres, le défilé de la marque britannique Self-Portrait était ouvert au public. Joe Maher/Getty Images pour BFC 3 questions à Elodie Nowinski, sociologue de la mode et doyenne de la faculté des industries créatives du City of Glasgow College. Pour la première fois, le British Fashion Council a proposé à la vente des billets pour permettre au public d’assister à des défilés – ceux d’Alexa Chung, House of Holland et Self-Portrait. Comment interprétez-vous cette décision ? Il s’agit de la dernière étape de la démocratisation de la mode, amorcée il y a quelques années avec les réseaux sociaux. En ouvrant une billetterie (de 150 à 275 euros le billet), comme pour un concert, l’idée est de toucher un public plus large, en misant sur la viralité de l’événement. C’est aussi l’occasion de montrer que l’inclusion – un terme à la mode ces dernières saisons – est bien réelle, même si l’initiative ne concerne à ce jour qu’un nombre très limité de marques. Les billets donnaient accès à des tables rondes et à une exposition sur le développement durable et la diversité. L’idée était-elle aussi d’informer le public pour modifier son regard sur la mode ? Régulièrement critiquée sur les réseaux sociaux, pointée du doigt comme une industrie très polluante, la mode a besoin de redorer son image. Il s’agit d’un enjeu de communication pour l’ensemble du secteur et la Fashion Week de Londres l’a bien compris. Elle a pris, avant les autres, le virage de la mode responsable. À New York, il était interdit de prendre des photos pendant le défilé Savage × Fenty de Rihanna. N’est-ce pas une stratégie à contre-courant ? C’est une obligation aujourd’hui pour les marques d’adopter des pratiques marketing différenciantes pour sortir du lot. Mais, au fond, Rihanna s’inscrit dans la démocratisation actuelle des défilés puisque son show a été diffusé quelques jours plus tard en exclusivité sur la plateforme Amazon. C’est une démocratisation intelligente : on visionne le show sous la forme d’un documentaire de cinquante minutes comme on regarderait un film sur Netflix. C’est une vraie immersion dans la marque, plus qualitative que les retransmissions en direct de défilés.
Silhouettes de bourgeoise excentrique, retour du bermuda et de la bohème des années 1970, les collections printemps-été 2020 semblent marquer la fin du streetwear.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/07/rihanna-extinction-rebellion-coupe-vent-en-poupe-ce-qu-il-faut-retenir-des-fashion-weeks-de-new-york-londres-et-milan_6014570_4500055.html
mlsum-fr-1374
Lors du concert du chœur Spirito dirigé par Nicole Corti, au Festival d’Ambronay, le 15 septembre 2019. BERTRAND PICHENE/CCR AMBRONAY Des cris d’enfants sous un grand chapiteau blanc au pied de la tour des archives : le spectacle musical adapté de L’Appel de la forêt, de Jack London, par l’Ensemble Tactus, relate, avec force dessins en live et percussions, les aventures de Buck, le chien de traîneau transfuge, passé du camp des hommes à celui des loups. Le récit polaire de ce dimanche 15 septembre après-midi n’a pas tempéré les ardeurs juvéniles, non moins que l’écrasante chaleur qui accompagne le week-end d’ouverture du quarantième Festival d’Ambronay. Pendant ce temps, au frais dans la petite salle Monteverdi pleine comme un œuf, une « mise en oreille » en compagnie de la chef du chœur Spirito, Nicole Corti, livre, à travers des projections visuelles et sonores, quelques clés d’écoute pour le concert donné à 17 heures dans l’abbatiale Notre-Dame, là même où ont résonné l’avant-veille de magnifiques grands motets de Bach dirigés par Raphaël Pichon, suivis le lendemain par les jeunes solistes de l’Académie Philippe Jaroussky. De la catégorie vétérans – William Christie, René Jacobs ou Jordi Savall – aux « petits jeunes » des ensembles émergents, en passant par deux générations intermédiaires de baroqueux, tous ou presque ont répondu à l’appel de ces « quarantièmes rugissants » portés depuis 2014 par Daniel Bizeray, successeur d’un capitaine visionnaire au long cours, Alain Brunet, aujourd’hui président, qui porta en 1980 sur les fonts baptismaux ce festival de passionnés devenu Centre culturel de rencontre. Lire un retour sur l’édition 2013 : Le Festival d’Ambronay s’offre un dernier « Orfeo » avant résurrection Jusqu’au dimanche 6 octobre, cette édition condensera en quelque sorte celles qui l’ont précédée, jalonnant l’essor d’un lieu culturel devenu place forte internationale de la musique baroque et de la musique ancienne en France, doté d’un pôle d’édition discographique et scientifique, d’une académie baroque européenne et de résidences d’artistes, au sein d’une imposante abbaye bénédictine, dont la réhabilitation, commencée en 2008 grâce à un contrat de projets Etat-région et le soutien du Crédit agricole, devrait se poursuivre pour atteindre sa phase terminale aux alentours de 2025. Permaculture et soutien aux jeunes Daniel Bizeray a une idée très arrêtée pour les quarante prochaines années d’Ambronay, dont il compte faire « un haut lieu de la jeunesse et de la nature ». Il a d’ailleurs invité le militant agroécologiste Pierre Rabhi, dont la « Fable du colibri » émaillera, samedi 21 septembre, une conférence donnée dans le cadre élargi des Journées européennes du patrimoine. « Ambronay, le festival qui monte et qui verdit », s’esclaffe-t-il.
Fondé il y a quarante ans, le grand festival dirigé par Daniel Bizeray, qui se tient jusqu’au 6 octobre, reçoit stars d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/19/musiques-ambronay-l-abbaye-du-baroque_5512208_3246.html
mlsum-fr-1375
« Le stage s’intègre à la stratégie de l’entreprise ; c’est l’occasion de faire connaître ses métiers et de travailler son image. » NEIL WEBB / IKON IMAGES / PHOTONONSTOP Axel est un stagiaire heureux. Etudiant à l’Edhec et actuellement en année de césure, il s’apprête à quitter l’entreprise Red Bull, où il a passé plusieurs mois. Des responsabilités, beaucoup de connaissances acquises : il est ravi. « Mon manageur a pris du temps pour moi, nous avons eu de nombreux échanges ! » Dans l’unité chargée des partenariats où il a travaillé, il a eu, au fond, le sentiment de « ne jamais avoir été considéré comme un stagiaire ». Youssef, lui, est serein. Etudiant en mastère spécialisé cybersécurité à Télécom Paris, il a pu choisir son entreprise parmi plusieurs propositions pour son stage de fin d’études. « Et la plupart des sociétés qui prennent des stagiaires proposent un CDI [contrat à durée indéterminée] dans la foulée », dit-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « A Brest, un restaurant éphémère pour trouver le chemin de l’emploi » Un vivier stratégique Satisfaits de leur situation, ces stagiaires précisent toutefois que l’ère du « stage photocopie » n’est pas révolue pour tout le monde. « Il y a encore des entreprises où les stagiaires travaillent énormément sans apprendre grand-chose », témoigne un étudiant en management. Pour autant, dans des secteurs comme ceux où évoluent Axel et Youssef, une nouvelle musique se fait entendre, un air de revanche pour la communauté des stagiaires. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les banques s’attaquent au sexisme dans les salles de marché Un nouveau rapport de forces leur est aujourd’hui favorable. Certains domaines d’activité (informatique, conseil…) connaissent d’importantes difficultés de recrutement. Les stagiaires y deviennent un vivier stratégique. « Tout l’enjeu pour les entreprises est de les retenir à l’issue du stage, confirme Jérôme Chemin, secrétaire général adjoint de la CFDT Cadres. Dans le secteur du conseil, un stage devient désormais une véritable pré-embauche. » Manuelle Malot, directrice de l’Edhec NewGen Talent Centre, parle pour sa part de « relation de mariage à l’essai, où la séduction a toute sa place. Les entreprises ont besoin que les stages se passent bien pour faire ensuite une offre ferme d’embauche ». Financièrement, « les rémunérations mensuelles proposées pour certains stages peuvent atteindre les 2 000 euros net », indique-t-elle. Nouvelle donne La nouvelle donne n’a pas échappé aux étudiants, qui se montrent parfois plus exigeants. Ils peuvent y être encouragés par les organismes de formation : « Nous leur expliquons qu’un entretien pour un stage ne doit pas être à sens unique, poursuit Manuelle Malot. Ils doivent poser les bonnes questions pour mesurer s’ils ont envie de travailler dans l’entreprise : quel est le contenu de la mission, la façon dont ils seront managés…, des éléments qui étaient auparavant davantage évoqués lors d’un entretien d’embauche. »
Des difficultés de recrutement dans certains secteurs d’activité, comme l’informatique ou le conseil, renversent le rapport de forces en faveur des stagiaires pour accéder au monde du travail.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/07/10/la-revanche-des-stagiaires_5487537_1698637.html
mlsum-fr-1376
terribles. Dans l’échange qui suit, daté de l’été 2017, la réalisatrice Waad Al-Kateab et son mari le docteur Hamza Khatib ­reviennent sur leurs parcours respectifs avant et pendant la guerre en Syrie. Cécile Hennion, journaliste au Monde, avait recueilli leur témoignage à l’été 2017, en Turquie. Waad Al-Kateab : De la folie pure. Voilà ce que répétait mon père quand je disais qu’un jour je serais journaliste. Il grondait : « Waad, ma fille, nous n’avons pas en Syrie cette chose appelée liberté d’expression. Les problèmes s’abattront sur ta tête. Le régime t’imposera le silence ; ses services de renseignement t’engloutiront tout entière dans les sous-sols de leurs prisons. Jamais ils n’accepteront que tu parles, encore moins que tu critiques. » Pour m’écarter de ce « danger », il accepta de m’accorder un autre de mes vœux : Alep. J’irais à Alep, à l’université, à la condition d’y étudier l’économie et le marketing. Y a-t-il, de par le monde, un adolescent que le marketing fait vibrer ? J’étais dépitée, mais j’ai accepté parce que c’était Alep, et aussi parce que mon refus de m’inscrire au parti Baas [au pouvoir] compromettait l’obtention de n’importe quel diplôme intéressant. Ainsi fonctionnait notre dictature : elle nous coupait les ailes, nous privait de choix personnels. Personne n’imaginait alors que le pays se soulèverait et que, dans le sillage de notre révolution, la guerre chamboulerait les rêves et les destinées de tous les Syriens. La révolution m’a faite journaliste. La guerre a réduit Alep à néant. Ma famille vivait à Masyaf, sur la route reliant Hama à la Méditerranée, mais mon grand-père était Alépin de souche. Masyaf était une petite ville de cambrousse avec un château médiéval. Je n’avais d’yeux que pour Alep, cette métropole riche de culture et d’histoire, avec une université réputée. J’étais une étudiante de 19 ans quand la révolution enflamma le pays, au printemps 2011. Pendant que nous parvenaient les images des protestataires réprimés dans le sang partout en Syrie, la télévision d’Etat ne cessait de mentir au sujet d’Alep. D’après le discours officiel, elle restait aussi paisible qu’un vieux cheval. C’était faux ! La réalisatrice syrienne Waad Al-Kateab et son mari, le docteur Hamza Khatib. ITN PRODUCTIONS Dès le début, les plus téméraires avaient inscrit « Liberté », et même « Le peuple veut la chute du régime », sur les murs de l’université. Puis des comités s’étaient formés pour organiser des manifs. Nous étions « l’université révolutionnaire d’Alep ». J’y ai rencontré ceux qui, dans la guerre, deviendraient mes meilleurs amis. Et le Dr Hamza Khatib. Comme tous les camarades, Hamza Khatib n’était pas son vrai nom. Il l’avait adopté pour honorer l’âme d’un garçon de Deraa, arrêté à 13 ans, torturé à mort et dont le cadavre avait été rendu à sa famille avec des mutilations si atroces que les Syriens en avaient sangloté d’horreur et de honte.
Dans son documentaire « Pour Sama », en salle le 9 octobre, la réalisatrice syrienne Waad Al-Kateab revient sur le destin de la ville pendant la guerre. Son mari, le docteur Hamza Khatib, y travailla jusqu’au dernier jour, dans des conditions terribles.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/08/alep-etait-un-enfer-mais-c-etait-chez-nous_6014609_3210.html
mlsum-fr-1377
Matteo Salvini, à l’issue d’une réunion avec les députés et les sénateurs de la Ligue du Nord, à Rome, le 12 août. REMO CASILLI / REUTERS Tribune. L’issue de la crise déclenchée par Matteo Salvini, leader de la Ligue, vice-premier ministre et ministre de l’intérieur, en rompant son alliance avec le Mouvement 5 étoiles (M5S), est incertaine. Les partis se montrent dépourvus de stratégies face au défi de la Ligue. Le destin de l’Italie serait-il celui d’un retour aux urnes dans peu de temps ? Des élections à bref délai ne sont pas la seule option envisagée par les acteurs politiques. Lors d’une interview parue dans le Corriere della Sera, l’ancien président du conseil et ancien secrétaire du Parti démocrate (PD) Matteo Renzi – qui représente la minorité de son parti même s’il en contrôle les groupes parlementaires – s’est positionné comme l’avant-garde de ceux qui prônent la formation d’un gouvernement de court terme – mais pas trop court – autour du PD et du M5S, afin d’empêcher M. Salvini de conquérir la présidence du conseil. Jusqu’à ces derniers jours, le chef du M5S, Luigi Di Maio, avait refusé toute hypothèse de compromis avec le PD. Néanmoins, au cours du week-end, Beppe Grillo, fondateur du mouvement, a appelé à « sauver l’Italie des nouveaux barbares ». En conséquence, Di Maio s’est montré plus ambigu. Possible alliance à trois L’incertitude concerne aussi la forme qui pourrait assumer l’offre en cas de nouvelles élections. Est-ce que la Ligue ira au vote toute seule ? Ou, plus probablement, choisira-t-elle de s’allier avec le parti postfasciste, Frères d’Italie (Fd), afin de conquérir ensemble la majorité des sièges ? En outre, est-ce que M. Salvini a l’intention d’embarquer dans une alliance le désormais petit parti de Silvio Berlusconi, Forza Italia (FI), très appauvri depuis la fuite des ses cadres vers la Ligue et FdI ? Cette alliance à trois est possible. A gauche, la situation n’est pas plus claire. L’alliance de centre gauche n’a pas encore pris forme, et l’identité de celui qui devrait recouvrir le rôle de « candidat à la présidence du conseil » est encore objet de discussion. Les hésitations caractérisent aussi le Mouvement 5 étoiles : pour la bataille électorale, Luigi Di Maio pourrait laisser – ou être obligé de laisser – la place à quelqu’un d’autre, par exemple au président du conseil sortant, Giuseppe Conte. En cas d’élections, l’alliance autour de la Ligue est en cours, et M. Salvini n’hésite pas à demander d’aller tout de suite aux urnes. Fort d’un consensus qu’il a édifié au fil des années, M. Salvini a enfin pris la décision de capitaliser sa force et de conquérir la présidence du conseil afin de gouverner selon sa propre conception du pouvoir. En tant que ministre de l’intérieur, il a géré les problèmes de l’immigration, des sauvetages en Méditerranée et des débarquements sur les côtes italiennes en imposant sa volonté aux autres ministres et au président du conseil.
Dans une tribune au « Monde », la politiste Sofia Ventura estime que le pays s’est installé dans l’incertitude depuis la fin de l’alliance entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Si le ministre de l’intérieur veut hâter les élections, d’autres acteurs politiques sont moins pressés.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/13/des-legislatives-a-bref-delai-seraient-a-l-avantage-de-matteo-salvini_5498914_3232.html
mlsum-fr-1378
Tribune. L’enfer est pavé de feuilles de route et autres commissions. Les professionnels des urgences, qu’ils soient infirmiers, aides-soignants ou médecins, n’ont plus le temps pour ça. Ils suffoquent et le monde reste sourd. Ils agitent les bras et les responsables se détournent. Ils crient et leurs mots se perdent. Les urgences vacillent. Elles se délitent. Elles prennent l’eau et s’effritent au gré des courants. L’été approche. De nouveaux lits vont fermer faute de personnels. Et alors qu’aujourd’hui il est déjà difficile de trouver des lits vacants pour nos patients, que va-t-il advenir de nos patients de l’été ? Lire aussi Détresse aux urgences S’il est besoin de le rappeler, aucun patient ne vient aux urgences par plaisir ou par fainéantise. Se focaliser sur l’amont, c’est oublier avec plus ou moins d’honnêteté qu’aucun patient ne vient s’asseoir en salle d’attente par simple convenance personnelle. Le problème des urgences réside principalement dans l’aval qui lui aussi étouffe, et en faire l’impasse est absurde et indécent. Les rapports, analyses, états des lieux l’ont dit et le rediront encore. Répéter les analyses ne modifiera en rien les résultats. Cela fait perdre un temps précieux. Les patients meurent d’attendre aux urgences leur hypothétique lit d’aval et les personnels s’épuisent à s’occuper d’eux comme ils le peuvent (mais mal) tout en continuant d’accueillir les nouveaux patients qui arrivent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grève des urgences : le gouvernement change de ton En attendant les résultats du prochain rapport, combien de patients auront été accueillis par des effectifs restreints et épuisés dans des couloirs bondés ? Un besoin urgent de personnel Après avoir alerté, informé, crié que nous ne voulons pas être acteurs de cette maltraitance institutionnelle, que nous reste-t-il ? Abandonner les patients ? Les hôpitaux ? Après des années passées à prêcher l’optimisation organisationnelle, nous en avons atteint les limites. Nous avons principalement besoin de lits d’hospitalisation d’aval et des personnels dédiés à ces services. Nous avons besoin aux urgences d’infirmiers et d’aides-soignants en nombre pour absorber le flux et soigner décemment. Et nous devons augmenter les capacités d’accueil de la permanence des soins. Chacun de ces axes est indispensable et indiscutable. Or, sans investissement et à moyens constants, réussir cette tâche est illusoire. Il est urgent de sortir du dogme politique de la contrainte budgétaire. Les institutions et le gouvernement frémissent à peine. Ils créent du bout des lèvres une commission, ils brandissent une feuille de route. Mais l’été est là et des infirmiers, aides-soignants et médecins décideront de quitter à regret les services d’urgences qu’ils ont tenté de défendre parce que personne ne les a écoutés et parce que personne n’a agi. Là. Maintenant.
Il n’est plus temps d’établir des rapports ou de créer des commissions, estime dans une tribune au « Monde » un collectif de médecins urgentistes, mais plutôt de sortir du dogme de la politique de la contrainte budgétaire qui étouffe les services, épuise les personnels et met en danger la vie des patients.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/14/les-urgences-vacillent-l-hopital-tangue_5476159_3232.html
mlsum-fr-1379
« Cause, pendaison. Méthode, suicide » : au bout d’une semaine, la médecin en chef de la ville de New York a rendu ses conclusions, laconiques, après l’autopsie de Jeffrey Epstein, retrouvé pendu samedi 10 août avec ses draps dans sa cellule de Manhattan. Las, il en faudra plus pour convaincre les avocats du millionnaire de 66 ans, accusé d’avoir agressé sexuellement des dizaines d’adolescentes, et les complotistes de tous bords : les gardiens de prison chargés d’effectuer des rondes toutes les demi-heures ne l’ont pas fait durant la nuit de son suicide et ont falsifié leurs rapports ; l’os hyoïde d’Epstein, proche de la pomme d’Adam, a été brisé, ce qui survient en cas de pendaison mais aussi de strangulation. Surtout, cette disparition tombe à pic. Son procès, attendu en 2020, menaçait d’éclabousser les célébrités de New York et de la jet-set qu’il fréquentait. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le « suicide apparent » de Jeffrey Epstein déclenche un scandale aux Etats-Unis Ses méfaits étaient pourtant en partie connus : Jeffrey Epstein avait été condamné à l’été 2008 en Floride à dix-huit mois de prison pour sollicitation de prostitution avec des mineures ; le tabloïd britannique Daily Mail en avait fait un feuilleton en 2011 à partir du témoignage d’une des victimes, Virginia Roberts, épouse Giuffre. Mais le 6 juillet 2019, Epstein a été cueilli par le FBI à New York alors qu’il débarquait de Paris, où il possède un appartement avenue Foch, à bord de son jet privé, puis a été inculpé pour « trafic sexuel en bande organisée de mineures », souvent vulnérables et parfois âgées de 14 ans, entre 2002 et 2005. Ce jour-là marque le début d’un immense scandale d’envergure internationale. Parce que deux ans après les révélations sur le producteur de cinéma Harvey Weinstein, prédateur d’actrices dont le procès s’ouvre en septembre à New York, les Etats-Unis ne ferment plus les yeux. Parce que dans un pays plus divisé que jamais, on est prêt à croire aux pires manipulations, surtout lorsque deux présidents, Bill Clinton et Donald Trump, ont fréquenté le coupable. Et parce que l’affaire révèle les névroses américaines, où l’argent, seul étalon du succès, permet tout, y compris des violences sexuelles en tout genre la nuit dans un pays qui se proclame puritain le jour. L’édifiante affaire Epstein mérite donc d’être racontée, à partir des scellés levés début août par la justice américaine – soit 2 024 pages rendues publiques par la cour d’appel de New York – des récits des témoins et de la presse américaine. En commençant par le témoignage de Virginia Roberts.
Plus de 2 000 pages de scellés rendues publiques par la justice américaine révèlent comment le millionnaire avait mis en place un système de rabattage d’adolescentes qui tombaient sous son emprise.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/20/jeffrey-epstein-itineraire-d-un-predateur-sexuel_5500858_3210.html
mlsum-fr-1380
Des salariés de General Motors, syndiqués à l’UAW, manifestent devant l’usine de Détroit, le 25 septembre. BILL PUGLIANO / AFP Pertes et profits. Le 30 décembre 1936, les ouvriers de l’usine General Motors (GM) de Flint, dans le Michigan, cessent le travail et demandent l’ouverture de négociations générales avec la direction. Au lieu de faire grève en rentrant chez eux, 2 000 d’entre eux occupent l’usine pour éviter les déménagements de machines et de pièces. Ils dorment et mangent sur place, élisent un maire, organisent une petite société. La direction envoie la police, porte plainte. Mais le président Roosevelt s’oppose à l’intervention de forces fédérales et la grève s’étend durant le mois de janvier à tous les établissements GM de la région. Après quarante-quatre jours de grève, l’entreprise conclut le premier accord social de son histoire. Il reconnaît le syndicat, accorde une augmentation de salaire de 5 % et le droit de parler pendant les pauses déjeuner. Le tout jeune syndicat des travailleurs de l’automobile, l’UAW, tient sa première victoire, sa légitimité, et en profite pour étendre les avantages obtenus aux deux autres constructeurs, Ford, le plus récalcitrant, et Chrysler. Après guerre, l’UAW, qui avait interrompu tout mouvement durant le conflit, obtient une couverture sociale généralisée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux Etats-Unis, grève surprise chez le constructeur automobile General Motors C’est cette histoire, majeure dans le capitalisme américain, qui hante le souvenir des syndicalistes qui entament, ce lundi 7 septembre, leur quatrième semaine de grève. Un accord semblait proche ce week-end avec augmentation de salaire à la clé, puis a achoppé à la dernière minute, notamment sur des engagements en matière d’investissement dans les usines américaines du groupe. Il s’agit de la plus longue grève depuis 1970, quand l’UAW était encore au faîte de sa splendeur. Elle a déjà fait perdre près d’un milliard de dollars (911 millions d’euros) à l’entreprise. Perte d’influence Cet événement exceptionnel par son ampleur signe-t-il le retour des grands conflits sociaux dans l’industrie américaine et le regain des syndicats ? L’UAW a sombré, à partir des années 1980, victime des délocalisations massives de l’industrie automobile et de la concurrence nouvelle, notamment japonaise, qui s’est établie dans les Etats du Sud, très peu syndiqués, puis au Mexique. A son heure de gloire, durant les années 1950-1960, le syndicat rassemblait près de 30 % de tous les ouvriers du secteur, contre 11 % aujourd’hui, et bien moins encore hors des trois grands constructeurs. Cette perte d’influence, liée aussi au basculement des emplois vers les services, a largement contribué à la grande modération salariale durant les dernières décennies et à la progression des inégalités.
Lundi 7 octobre, les employés du constructeur entament leur quatrième semaine de grève. Cet événement, exceptionnel, signe-t-il pour autant le retour des grands conflits sociaux dans l’industrie américaine ?
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/07/la-greve-de-1936-hante-le-souvenir-des-syndicalistes-de-general-motors_6014523_3234.html
mlsum-fr-1381
Malheur au perdant. Le Stade Français et le Racing 92 jouaient gros dans cette confrontation de bas de tableau, dimanche 10 novembre, en championant de France de rugby. Ce match entre le 14e et le 13e du Top 14 s’est achevé sur une défaite cinglante des Stadistes à domicile, 9 à 25. Grâce à un troisième essai marqué en fin de rencontre (79e), le Racing décroche même un point de bonus offensif qui permet au club des Hauts-de-Seine de remonter à la 10e place du Top 14, à seulement à trois points du podium. Les hommes de Heyneke Meyer restent, quant à eux, plus que jamais englués à la dernière place du championnat, à sept points d’Agen, premier barragiste. Le retour des internationaux Racingmen (Camille Chat, Wenceslas Lauret, Maxime Machenaud, Finn Russell et Virimi Vakatawa) a fait la différence. Les mondialistes ont apporté de la maîtrise aux Ciel et Blanc, notamment grâce au pied de Machenaud, mais ils ont aussi pu compter sur leur ailier Teddy Thomas, auteur d’un triplé. Paul Alo-Emile, Paul Gabrillagues, Nicolas Sanchez et Gaël Fickou, eux aussi de retour dans leur club suite à la Coupe du monde au Japon, n’ont pas pu empêcher le Stade Français de sombrer pour la septième fois de la saison. Si, avec cette victoire, le Racing se rassure à une semaine d’une opposition qui s’annonce musclée en Coupe d’Europe contre les Anglais des Saracens, tenants du titre, le Stade Français, de son côté, plonge dans la crise et va devoir relever la tête pour sortir de la zone rouge.
Le derby d’Ile-de-France entre les deux lanternes rouges du championnat de France de rugby a tourné en faveur du club des Hauts-de-Seine (9-25).
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2019/11/10/top-14-le-racing-92-respire-le-stade-francais-s-enfonce_6018708_1616937.html
mlsum-fr-1382
L’Asvel a remporté le 19e titre de son histoire, mardi. ROMAIN LAFABREGUE / AFP Tous les voyants sont au vert. Paradoxalement, c’est l’année où l’Asvel a abandonné sa couleur historique – passant du vert au noir – que le club présidé par Tony Parker est remonté au premier rang national. L’équipe originaire de Villeurbanne, dans l’agglomération lyonnaise, a décroché le 19e titre de champion de France de son histoire en remportant le cinquième match de la finale (masculine), mardi 25 juin, dans son antre bouillant de l’Astroballe en battant Monaco (66-55). Ce sacre, porté par le pivot croate Miro Bilan (11 points dans le match 5) et le capitaine Charles Kahudi (9 points, 10 rebonds) sur le parquet, intervient quelques jours après l’annonce de l’union entre le club et son grand voisin du football, l’Olympique lyonnais (OL). Tony Parker, président de l’Asvel, et Jean-Michel Aulas, président d’OL Groupe, ont entériné, samedi 22 juin, le partenariat entre les deux mastodontes du sport lyonnais. L’OL Groupe va entrer au capital de l’Asvel, déboursant 3,4 millions d’euros pour 25 % du budget de l’équipe masculine, et 300 000 euros pour le Lyon Asvel Féminin. En parallèle, le néoretraité des parquets NBA devient l’ambassadeur de l’OL, notamment aux Etats-Unis et en Chine, où le club de foot entend se développer. Depuis sa reprise du club, en 2014, Tony Parker ne dissimule pas son intention de faire de l’équipe un fer de lance en France, et un acteur d’importance en Europe. « Je veux faire de l’Asvel l’un des plus grands clubs d’Europe », assenait-il alors, sans vouloir pour autant « s’enflammer et vendre du rêve ». Débuts en Euroligue l’an prochain Cinq ans plus tard, le club est devenu la première équipe depuis le Paris université club (PUC), en 1963, à avoir réuni les titres de champions de France chez les femmes et les hommes la même année. Et la section masculine va faire ses débuts à l’automne en Euroligue, la meilleure compétition européenne, une ligue semi-fermée qui lui a octroyé une invitation pour deux ans. Une progression constante, à l’instar du budget du club (passé de 5,2 millions d’euros lors de la reprise du club à dix millions la saison prochaine), quitte à s’éloigner des racines villeurbannaises de l’équipe. Depuis l’automne, le club ne répond plus à sa dénomination originelle, Association sportive de Villeurbanne Eveil lyonnais (Asvel), mais a adjoint son nom à celui du vendeur en ligne de produits high-tech et de matériel informatique LDLC. Désormais « namé », moyennant au moins 800 000 euros annuels, l’Asvel a également troqué sa couleur verte historique pour un noir et blanc plus neutre (et aux couleurs du sponsor titre). « A un moment, quand vous faites du naming, il faut s’adapter aux couleurs de la société avec qui vous vous mariez, a plaidé Parker. Si nous voulons devenir un club qui joue au plus haut niveau européen, ce sont des étapes que vous êtes obligés de franchir. » Une sortie plus diplomatique que celle du patron du groupe LDLC, Laurent de la Clergie, estimant que « quand on est européen, le vert n’est pas une couleur qui fait rêver ». Un « boost » pour le basket français Cette révolution a toutefois déstabilisé les supporteurs, à commencer par les « Green Gones », au nom désormais désuet. Mais la progression du club est à ce prix, et le meilleur joueur de l’histoire du basket français n’hésite pas à secouer le Landerneau, imposant des méthodes à l’américaine. Avec succès. « Il y a quelques irréductibles, mais quand on s’appelle Tony Parker, on peut y arriver, souligne le président de la Fédération française de basket (FFBB), Jean-Pierre Siutat. Ce n’est pas le seul, mais il y arrivera plus facilement, car il a les moyens d’être respecté dans ses choix. » Saluant la « vraie dynamique » initiée par Parker, le patron du basket hexagonal estime que la progression du club « booste automatiquement le basket français, masculin et féminin. » D’autant que le projet de l’Asvel mise sur le développement de jeunes pousses prometteuses. De Théo Malédon, meneur de 17 ans déjà international, à Marine Johannès, fer de lance de l’équipe de France recrutée pour la saison prochaine, l’ancienne « Green Team » veut relever la mission de faire passer un cap au basket français. L’association avec l’OL permettra également à l’Asvel d’évoluer dans la future salle d’au moins 15 000 places que construit l’OL Groupe aux abords du stade des Lumières, et qui devrait être opérationnelle lors de la saison 2021. Cette délocalisation à Décines se fera lors des « matchs de prestige », a insisté Tony Parker, soucieux de ne pas rompre le lien avec Villeurbanne et l’Astroballe, mais qui enterre le projet de nouvelle salle dans la ville rhodanienne. L’Asvel est de retour sur le toit de France. Et ce n’est qu’un début, aspire à croire le patron du club, dont la section masculine a fêté ses 70 ans au printemps. « Je suis heureux de voir que les étoiles s’alignent, avec les filles, l’OL ou encore les garçons, a soufflé Tony Parker après le titre. Ça offre de belles perspectives pour la suite ».Tous les voyants sont au vert.
Le club présidé par Tony Parker a remporté le 19e titre de champion de France de son histoire face à Monaco. Un sacre qui concrétise la stratégie de l’ancien joueur.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/25/basket-l-ambitieuse-asvel-de-retour-au-sommet_5481402_3242.html
mlsum-fr-1383
Frank Ntilikina et les remplaçants français auront du temps de jeu face à la Jordanie. NICOLAS ASFOURI / AFP Un coup de tête d’abord, suivi d’un tacle. Si ce n’était le parquet, les paniers, la balle orange et les dix géants suant sur le terrain, on aurait pu confondre l’entame de la Coupe du monde de basket avec une rencontre de MMA. Car dès le troisième jour de ce Mondial chinois, quelques coups ont plu. Au sens propre d’abord, avec un coup de boule de l’Angolais Leonel Paulo, qui, frustré de voir son équipe impuissante, a tenté de blesser l’Italien Alessandro Gentile. Au sens figuré quelques heures plus tard quand, après avoir vu sa Serbie désosser les Philippines (126-67), le coach, Sasha Djordjevic, s’en est vivement pris à la FIBA (Fédération internationale de basket) en raison de la nouvelle formule de la compétition. « Je ne sais pas où ils veulent aller avec ce système », a tancé le sélectionneur serbe à propos de la nouvelle formule à 32 équipes (contre 24 précédemment). « Mais douze équipes ici vont perdre sur d’énormes écarts. Perdre de quarante, cinquante points, ce n’est jamais bon, et ça n’aide sûrement pas ces sélections nationales. » Après sa victoire inaugurale contre l’Allemagne (78-74), l’équipe de France peut se sentir concernée par les déclarations de l’entraîneur des géants serbes (2,05 m de moyenne). Car les deux rencontres qui l’attendent pour boucler le premier tour sont face à des nations d’un niveau bien moindre : la Jordanie, mardi 3 septembre (14 h 30, à Paris), et à la République dominicaine jeudi. « Vigilance » de mise « C’est des matchs à la con, a résumé Evan Fournier lundi (à Basket le mag et aux rares médias présents en Chine). Parce que tu ne connais pas l’adversaire et qu’eux ils vont donner leur vie. » Et l’arrière français, leader d’attaque exemplaire face à l’Allemagne, de prôner la « vigilance ». « C’est un piège », prolonge le capitaine Nicolas Batum, qui a regardé la première rencontre des Jordaniens, et les précédentes. « Cette équipe s’est qualifiée pour la Coupe du monde, donc elle sait jouer au basket, et gagner des matchs. Il faut faire attention. » Pour autant, si les Bleus doivent prendre au sérieux un adversaire dont ils n’ont jamais croisé la route, et surveiller la paire Ahmad Hekmat Al-Dwairi - Dar Tucker (58 points à eux deux face à la République dominicaine), ils ne doivent pas craindre la Jordanie. Ayant pour ambition de se qualifier pour les Jeux de Tokyo, et de finir donc parmi les deux meilleures équipes européennes au Mondial, les hommes de Vincent Collet peuvent en profiter pour affiner leurs réglages. Et gommer les ratures exposées lors de leur match d’ouverture. Et il en est une que le sélectionneur français a bien identifiée : le « manque d’apport » du banc bleu face à l’Allemagne. « En préparation, ce sont souvent les remplaçants qui nous boostaient ; là, c’était l’inverse », a relevé Collet. A l’image d’un Nando De Colo, métronome d’ordinaire mais jouant à contretemps, les remplaçants français ont dilapidé plusieurs fois le pécule (jusqu’à 24 points d’avance) mis de côté par les titulaires. Et mis toute l’équipe sous pression. « Laisser les titulaires se reposer » « Le banc est passé à côté [dimanche], mais Nando ne va pas faire des matchs comme ça tous les soirs », juge Evan Fournier. Comme lui, les Bleus ne se formalisent pas de cette contre-performance sans conséquences, et très différente des rencontres de préparation, où la France avait brillé par l’homogénéité de son groupe. D’autant que le banc français devrait être largement mis à contribution face à la Jordanie. Le banc français, lors du match face à l’Allemagne. FIBA « On sait qu’on a un banc compétitif et on en aura besoin pour aller loin dans la compétition », expose l’arrière de l’Orlando Magic, qui voit dans cet adversaire d’un standing moindre un côté « presque positif » pour donner du temps de jeu aux douze joueurs de l’équipe. « Le banc, c’est la priorité de la suite de la compétition, insiste Paul Lacombe dans les colonnes de L’Equipe. On ne pourra pas forcer tout le temps sur le cinq majeur. C’est un point à améliorer pour la suite. » Et ce dès le match face aux Jordaniens, assure le dernier homme choisi pour compléter le groupe, non entré en jeu face à l’Allemagne. « Je suis prêt à prendre ce qu’on me donnera, poursuit l’arrière monégasque. A moi de montrer que je ne suis pas là pour rien et que je peux aider cette équipe. Sur ces deux prochains matchs, il faut faire en sorte de laisser les titulaires se reposer. » Si les deux rencontres qui viennent ne permettront pas de jauger de l’envergure des coéquipiers de Rudy Gobert, les Bleus se doivent de les aborder sans lever le pied. Car la suite de l’ascension vers l’Olympe s’annonce rude. Lire aussi : Le guide de la Coupe du monde de basket Lire aussi : Comment le basket a conquis la Chine
Les Bleus devraient faire tourner leurs joueurs, mardi à 14 h 30, contre la Jordanie. Mais les remplaçants devront mieux jouer que contre l’Allemagne.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/03/coupe-du-monde-de-basket-2019-revue-d-effectif-pour-les-bleus_5505761_3242.html
mlsum-fr-1384
En campagne pour les élections européennes, Yannick Jadot avait clairement annoncé la couleur : « Mon seul adversaire, c’est le dérèglement climatique. » Ses bons résultats du 26 mai n’ont fait que renforcer la conviction du chef de file d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) que le clivage gauche-droite devait s’effacer devant la priorité écologique. Pour arriver un jour au pouvoir, il entend créer une nouvelle coalition « autour des valeurs de l’écologie », rassemblant élus et électeurs de tout bord, mettant sur le même plan « la personne écolo depuis une heure » et « celle qui est écolo depuis quarante ans ». Lire l’entretien avec Yannick Jadot : « Nous voulons conquérir et exercer le pouvoir » M. Jadot semble pour cela déterminé à atténuer l’ancrage historique à gauche de l’écologie politique. Se refusant à condamner l’économie de marché, il préfère désigner comme adversaire le « productivisme » prôné par les partis du « vieux monde » (de la droite modérée à la gauche socialiste, en passant par le centre macroniste), coincés, selon lui, dans une course à la croissance économique. Une position d’équilibriste, tant certaines options politiques défendues aujourd’hui par EELV se heurtent frontalement aux valeurs de ces partis « productivistes »… et de leur électorat. En se fondant sur la conversion « verte » plus ou moins récente de la quasi-totalité des partis français, dont celui du président Macron, l’écologie pourrait sembler désormais suffisamment consensuelle pour transcender les anciens clivages partisans. Il n’en est rien. Car le diable se niche, comme souvent, derrière la rhétorique. Nous avons listé les pierres d’achoppement les plus probables entre ces deux mondes, celui des écologistes de longue date et celui des récents convertis, à l’aune de l’évidente urgence climatique. Nucléaire : des divergences majeures EELV veut depuis toujours couper la dépendance de la France à l’atome, invoquant à la fois le risque d’accident et la pollution des déchets nucléaires. Le parti écologiste juge possible une fermeture de l’ensemble des centrales en une bonne quinzaine d’années – une idée qui semble faire son chemin dans l’opinion publique. EELV veut depuis toujours couper la dépendance de la France à l’atome Emmanuel Macron, comme une grande partie de la droite et des socialistes, reste au contraire attaché à cette énergie « décarbonée ». Ils la considèrent comme le meilleur outil de lutte contre le réchauffement climatique à moyen terme. Le président de la République a repoussé de dix ans la trajectoire (déjà très incertaine) de réduction de la dépendance à l’atome tracée par François Hollande. Infrastructures : tensions sur les grands projets En hissant l’intérêt de l’environnement au-dessus des considérations économiques, les écologistes défendent une vision du progrès difficilement compatible avec le libéralisme. Ils s’opposent ainsi à tous les grands projets d’infrastructures, comme la ligne Lyon-Turin ou le grand contournement ouest de Strasbourg, jugés trop coûteux, à la fois pour l’environnement et pour les deniers publics, au regard de ce qu’ils apportent à la société. Comme ses prédécesseurs, Emmanuel Macron est au contraire plutôt favorable à ces grands chantiers – si l’on met de côté l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui tenait davantage du symbole politique que du véritable choix de société. Agriculture : EELV veut aller plus loin Si nombre de partis politiques promeuvent l’agriculture biologique, les écologistes affichent des ambitions radicales : ils veulent ainsi affecter la moitié des fonds de la politique d’agriculture commune (PAC) européenne à la conversion vers le bio et le local. La droite et le centre ne sont guère volontaristes sur ces sujets, mettant plus volontiers en avant les intérêts des agriculteurs, de l’industrie agroalimentaire et des chasseurs. L’écologie politique défend en outre une vision très protectrice du vivant sous toutes ses formes : EELV souhaite par exemple octroyer à la nature des droits opposables devant les tribunaux et encadrer strictement les nanotechnologies susceptibles d’altérer la nature humaine ; le parti de Yannick Jadot préconise une réduction de la consommation de viande, une amélioration des conditions de vie des animaux dans les élevages et la fin des élevages industriels. Fiscalité verte : recourir à l’incitation pour financer la transition L’écologie politique et le productivisme macronien convergent en revanche sur le financement de la transition écologique : tous deux sont favorables à l’utilisation du levier des investissements publics pour financer les projets « verts ». Mais il existe un hiatus sur la question sensible de la discipline budgétaire. Alors que la droite se veut intransigeante sur la réduction des déficits, EELV plaide pour une « exception écologique », afin que les contraintes budgétaires ne fassent pas obstacle aux investissements dans la transition écologique. Les écologistes sont favorables au principe du pollueur-payeur dans la plupart des secteurs La fiscalité « verte » fait en revanche partie des terrains où écologistes et « productivistes » peuvent se rejoindre. Il s’agit en effet d’utiliser un outil incitatif – l’impôt – pour corriger les dérives naturelles du marché. Les écologistes sont favorables au principe du pollueur-payeur dans la plupart des secteurs de l’économie, du carburant au plastique non recyclable. Les « productivistes » comme Emmanuel Macron ou son prédécesseur François Hollande souscrivent sur le principe à ces idées, même si les contestations sociales récentes, des « bonnets rouges » (opposés aux portiques écotaxe) aux « gilets jaunes », les ont rendus plus frileux. Les écologistes recourraient ainsi volontiers à la contrainte pour empêcher les banques françaises de prêter de l’argent pour financer des projets d’énergies « sales » – une mesure difficilement imaginable à droite. Quand Emmanuel Macron s’engage sur une élimination progressive du glyphosate, les écologistes prônent une interdiction complète et rapide de l’ensemble des pesticides et des perturbateurs endocriniens. Quand il programme la fin du diesel et des exploitations d’hydrocarbures pour la décennie 2040, EELV réclame un calendrier beaucoup plus rapide. Libre-échange : des lignes rouges pour les libéraux Les accords de libre-échange font figure de lignes rouges infranchissables pour les dogmes du centre et de la droite. Selon les écologistes, ils favorisent la surexploitation des ressources et nourrissent des échanges commerciaux inutiles et générateurs de pollution. Ces derniers vantent un modèle qui donnerait la priorité aux échanges locaux et aux circuits courts, difficilement compatible avec le libéralisme de la droite et du centre. Ainsi, on voit mal comment leur proposition de favoriser les locaux dans les marchés publics européens et de mettre fin aux subventions de la PAC, qui financent les agriculteurs à l’export, pourrait rencontrer l’assentiment des libéraux. Cet « altermondialisme » trouve à coup sûr un écho plus favorable à gauche, où le libre-échange a moins bonne presse. Questions de société : un hiatus sur le travail Les écologistes se heurtent aussi frontalement aux libéraux sur la question du travail. A rebours de l’idée d’émancipation par le travail, chère à la droite, EELV défend dans la plus pure tradition de gauche une réduction du temps de travail, un encadrement des écarts de salaires au sein des entreprises, une augmentation du smic et l’instauration d’un revenu universel. Ainsi qu’une taxation bien plus élevée des hauts patrimoines, en opposition directe avec Emmanuel Macron. Les écologistes rêvent d’une politique étrangère « guidée par les droits humains » plutôt que « par l’accès aux ressources » Les écologistes prônent en matière d’immigration une ouverture bien supérieure à celle de la droite et du centre. Favorables à une politique d’accueil généreuse et au très symbolique droit de vote des étrangers aux élections locales, ils appellent de leurs vœux l’extension du droit d’asile aux victimes des aléas climatiques. Les écologistes rêvent, enfin, d’une politique étrangère « guidée par les droits humains » plutôt que « par l’accès aux ressources ». Renoncer à la dissuasion nucléaire, interdire les ventes d’armes aux dictatures et partager le siège français au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) avec l’Union européenne constituerait des ruptures radicales par rapport à la tradition diplomatique partagée par la droite et la gauche au cours des dernières décennies. Des convergences sur des questions européennes, de société… Il existe tout de même plusieurs points de convergence entre les écologistes et les macronistes. Sur la question européenne, favorables à un saut fédéraliste, les écologistes soutiennent comme Emmanuel Macron la politique de défense commune, l’harmonisation fiscale et la convergence sociale (avec un smic et un minimum social harmonisé à l’échelle du continent). Ils combattent également sous la même bannière dans l’affrontement idéologique entre démocraties libérale et illibérale – tout en prônant une protection bien plus étendue des libertés individuelles et de la transparence, et en dénonçant les dérives du discours sécuritaire et de la surveillance numérique. Sur les questions de société, écologistes et macronistes se retrouvent dans la défense de la procréation médicalement assistée (PMA), de l’avortement et de la contraception, mais les Verts vont un cran plus loin : ils n’écartent pas la gestation pour autrui (GPA), plaident pour une meilleure reconnaissance du changement de sexe et réclament la légalisation de l’euthanasie. Des questions sociales au logement, nombreux sont les sujets où les écologistes et les partis de gouvernement pourraient s’accorder sur les principes, mais se diviser sur les modalités précises, sans pour autant que cela constitue un obstacle insurpassable. Des convergences sont ainsi perceptibles sur la rénovation énergétique des bâtiments, le soutien aux énergies renouvelables, le développement des transports décarbonés ou la lutte contre l’obsolescence programmée. Mais des désaccords substantiels émergent au moment de prendre des décisions concrètes : EELV défend ainsi quasi systématiquement des options beaucoup plus radicales que celles des gouvernements au pouvoir, jugés trop timides. Toutes ces orientations dessinent, au-delà de la question écologique, les contours du « nouveau pôle » politique que Yannick Jadot entend imposer dans le paysage politique français. Reste à savoir si, en refusant les « compromis avec le productivisme de droite » et en « s’affranchi[ssant] du productivisme et du nationalisme de gauche », les écologistes pourront un jour convaincre une majorité de l’électorat.
Yannick Jadot entend dépasser le clivage gauche-droite au nom de l’urgence écologique. Mais nombre de ses idées sont incompatibles avec la droite et le centre.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/04/les-ecologistes-peuvent-ils-s-entendre-avec-les-liberaux_5471389_4355770.html
mlsum-fr-1385
Le logo de Netflix sur la façade de son immeuble de bureaux à Hollywood (Los Angeles, Etats-Unis), le 16 juillet 2018. Lucy Nicholson / REUTERS Le géant de la vidéo en ligne Netflix a subi un revers inattendu au deuxième trimestre en attirant bien moins de nouveaux abonnés que prévu, juste au moment où la compétition s’intensifie. La sanction a été immédiate à Wall Street où le titre reculait de plus de 12 % dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse, mardi 17 juillet. Non seulement Netflix n’a enregistré que 2,7 millions de nouveaux abonnements payants entre avril et juin, là où il en attendait 5 millions, mais il en a même perdu aux Etats-Unis. Le groupe, qui compte désormais 151,56 millions de clients, refuse d’imputer cette contre-performance à la concurrence qui, selon lui, n’a « pas beaucoup changé » pendant la période. Elle est pourtant intense sur le secteur avec les offres d’Amazon, d’Hulu, de la BBC, de YouTube ou de Hotstar en Inde. Et elle devrait encore s’intensifier au cours des prochains mois avec l’arrivée sur le marché de Disney, Apple, WarnerMedia ou encore NBCUniversal. Netflix sait déjà qu’il va perdre des séries phares comme Friends ou The Office, encore visionnées par de nombreux fans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Amazon, Hulu, Disney, Apple... Qui veut la peau de Netflix ? Des contenus qui n’ont pas séduit Mais le groupe californien dit y voir un avantage : cela devrait lui permettre de dégager des financements pour créer encore davantage de contenus originaux. Et si on considère que 700 millions de ménages, sans compter la Chine, paient pour des abonnements télé, le gâteau est grand, a souligné Reed Hastings, le patron de Netflix, lors d’une interview retransmise sur Internet. D’autant que les spectateurs « s’abonnent à différents services ». « Plus on parle de “guerre du streaming”, plus ça attire l’attention et du coup les consommateurs se tournent plus vite de la télé classique à la télé en streaming. » Pour expliquer le ralentissement du deuxième trimestre, Netflix avance surtout que les nouveaux contenus n’ont pas séduit autant qu’anticipé malgré le succès de quelques pépites comme la série Dead to Me, les documentaires sur la nature et les animaux narrés par le Britannique David Attenborough (Notre planète), ou le film Murder Mystery avec Jennifer Aniston et Adam Sandler. Il souligne aussi qu’il était difficile de réitérer le succès du début d’année, quand le groupe a attiré 9,6 millions de nouveaux abonnés. Et il reconnaît que la récente hausse des prix des abonnements dans certains pays a pu en refroidir certains. Lancement de jeux vidéo « La route va être difficile pour Netflix avec l’arrivée de nouveaux concurrents et le retrait de contenus populaires, mais l’ajout de contenus solides au troisième trimestre devrait permettre de récupérer certains abonnés », estime l’analyste Eric Haggstrom, du cabinet eMarketer. Netflix espère repartir du bon pied et anticipe au total 7 millions de nouveaux abonnés d’ici fin septembre, dont 800 000 aux Etats-Unis et 6,1 millions dans le reste du monde, grâce notamment au lancement des nouvelles saisons de Stranger Things, Casa de Papel, The Crown ou de la dernière saison d’Orange is the New Black. La société californienne mise aussi sur le lancement en exclusivité du film du réalisateur multi-oscarisé Martin Scorsese, The Irishman, et du film d’action 6 Undergound réalisé par le spécialiste des blockbusters Michael Bay. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’hégémonie de Netflix inquiète Hollywood Pour fidéliser les spectateurs autour de ses créations, Netflix parie également sur des partenariats annexes, comme le lancement de nouveaux jeux vidéo basés sur les séries Stranger Things et Dark Crystal, le temps de la résistance. Et pour capter le très vaste marché indien, Netflix va lancer une offre réservée aux appareils mobiles à moins de 4 dollars. Côté finances, le géant du streaming a vu son bénéfice net trimestriel reculer de 29 %, à 271 millions de dollars. Rapporté par action — la référence en Amérique du Nord —, le bénéfice est ressorti à 60 cents, soit un peu au-dessus des prévisions. A 4,92 milliards de dollars, le chiffre d’affaires est quant à lui légèrement inférieur aux attentes des marchés (4,93 milliards).
L’entreprise a enregistré près de deux fois moins d’abonnés qu’attendu entre avril et juin. Même si elle compte 151,56 millions de clients dans le monde, elle commence à en perdre aux Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/18/grosse-deconvenue-pour-netflix-qui-ne-seduit-plus-autant-d-abonnes_5490692_3234.html
mlsum-fr-1386
« Technopoly. Comment la technologie détruit la culture », de Neil Postman, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par le collectif Technologos, L’Echappée, 224 p., 18 €. Quand le théoricien ­américain des médias Neil ­Postman (1931-2003) publia Technopoly aux Etats-Unis, en 1992, Internet n’en était qu’à ses débuts. Seul le nom d’Arpanet, ancêtre du réseau des réseaux, apparaît d’ailleurs dans le livre. C’est dire si le paysage technologique analysé par l’auteur peut paraître daté. Mais le rôle d’une pensée de la technique n’est pas de fournir des données mises à jour à propos des dernières inventions. Tel est d’ailleurs l’enjeu du ­livre : montrer que les questions du sens, de la finalité, de la valeur et de l’utilité de nos outils ne sont pas solubles dans le progrès technique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Essais. L’humain dans le miroir de l’intelligence artificielle Représentant de ce qu’on a ­appelé la « technocritique », ­héritier de Lewis Mumford, de Marshall McLuhan ou, en France, de Jacques Ellul, ­Postman défend une forme d’humanisme de bon sens rebelle à l’idéologie technophile dominante. Cette dernière a confié aux machines le soin de redéfinir « des notions aussi primordiales que celles de “liberté”, “vérité”, “intelligence”, “fait”, “sagesse”, “mémoire” ou “histoire” ». Autrement dit, tout ce qui constitue fondamentalement la culture. « On peut dire que même une machine aussi simple qu’un thermostat a des croyances » (à propos de la température dans une pièce) : voilà selon Postman une « remarque idiote » de l’inventeur de l’expression « intelligence artificielle » John McCarthy (1927-2011), qui ­illustre bien la mutation sémantique en cours au sujet de ce que serait devenue, par exemple, une « croyance ». Lire aussi, sur « Se distraire à en mourir », de Neil Postman (2010) : La mort de la culture ? Mais les recherches sur l’intel­ligence artificielle n’apparaissent ici que comme une nouvelle étape de la « soumission de toute forme de culture à la souveraineté des machines et de la technique ». L’avènement de cette souveraineté définit précisément la « technopoly ». Par ce terme, Postman désigne un modèle de société qui aurait trouvé aux Etats-Unis le terrain le plus propice à son accomplissement. L’histoire des techniques est en effet pour lui celle des relations entre technique et culture, scandée par trois grandes périodes. Scientisme bureaucratique Avant le temps de la « technopoly », il y eut les « civilisations de l’outil », où les techniques étaient soumises à un ordre religieux et moral traditionnel. Puis vint, en Occident, le temps de la « technocratie », dont le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1603) aurait été le premier théoricien, et le procès de Galilée en 1633 le grand moment théâtral, la rationalité techno-scientifique entrant en conflit ouvert avec l’idéologie religieuse, bien que celle-ci restât en mesure de résister. Ce n’est qu’au XXe siècle, avec l’avènement de l’organisation scientifique du travail, la domination du scientisme bureaucratique et la naissance de l’informatique, que la technique serait parvenue, dans la « technopoly », à subordonner à ses propres fins toute forme de pensée. Dès lors, déplore l’auteur, « le lien entre l’information et les aspirations humaines a été rompu ».
L’un des ouvrages majeurs du théoricien ­américain des médias Neil ­Postman (1931-2003) paraît aujourd’hui en français : il reste d’une actualité frappante.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/12/technopoly-neil-postman-rebelle-a-l-ideologie-technophile_5509433_3260.html
mlsum-fr-1387
A la gare du Nord, à Paris, le 10 octobre. PHILIPPE LOPEZ / AFP Feu vert pour la future gare du Nord. La Commission nationale d’aménagement commercial (CNAC) a donné un avis favorable, jeudi 10 octobre, au projet de rénovation et d’agrandissement de la première gare d’Europe, porté par la SNCF et Ceetrus, la filiale d’immobilier commercial du groupe Auchan. Lancé dans la perspective des Jeux olympiques de 2024, ce qui s’annonce comme l’un des plus importants chantiers de la capitale a tourné à la controverse politique : la Ville de Paris a annoncé, le 1er octobre, qu’elle rejetait ces plans, prônant un programme plus modeste et davantage centré sur les missions d’une gare multimodale. Pour agrandir les espaces de la gare, dont le trafic devrait passer de 700 000 voyageurs par jour à quelque 900 000 d’ici à 2030, la SNCF et Ceetrus ont élaboré un vaste programme immobilier à 600 millions d’euros. Au menu, le doublement des espaces dévolus aux voyageurs, qui passent de 30 000 à 60 000 m2, la multiplication des escaliers mécaniques, la création d’un nouveau terminal de départ. Mais aussi la construction d’un massif bâtiment de 300 mètres de long, 50 mètres de large et cinq étages, à côté de la halle historique. « Trop dense », selon la Ville, et surtout « trop commercial » : destiné aux voyageurs dans sa partie basse, cet édifice, signé par l’agence d’architecture Valode et Pistre, doit surtout accueillir 13 000 m2 de bureaux, 12 000 m2 d’équipements sportifs et culturels, 11 000 m2 de « parc urbain » en toiture et une bonne partie des 19 000 m2 de boutiques prévus dans l’ensemble du projet, contre moins de 5 000 m2 aujourd’hui. Finalement, un triplement de la surface de la gare, dont une minorité seulement servira au transport, regrette la municipalité, pour qui les fonctions multimodales – station de vélos, gare de bus – sont bien trop à l’étroit. Lire aussi Gare du Nord, les plans de la discorde « Privatisation » C’est l’ampleur de cette opération immobilière qui permet à la SNCF de financer la rénovation sans débourser un centime. Les futurs espaces hors transport seront exploités, pour une concession de quarante-six ans, par une coentreprise détenue par Ceetrus, à 66 %, et par la SNCF, à 34 %. Un montage qui fait dénoncer à ses opposants la « privatisation » d’une partie de l’emprise de la gare. En juin, la commission départementale d’aménagement commercial avait retoqué le projet, jugeant la hausse des surfaces « surdimensionnée » et pouvant « porter atteinte au tissu commercial environnant » et à « la vie urbaine du quartier ». En appel, les arguments développés devant la CNAC par Emmanuel Grégoire, le premier adjoint de la maire PS de Paris, Anne Hidalgo, accompagné par l’adjointe au commerce, Olivia Polski, et la maire du 10e arrondissement, Alexandra Cordebard, n’ont visiblement pas convaincu.
La Commission nationale d’aménagement commercial a approuvé jeudi le programme présenté par la SNCF et Ceetrus. Face à ce projet controversé, la Ville de Paris espère encore faire évoluer les plans.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/11/avis-favorable-pour-le-projet-de-renovation-de-la-gare-du-nord_6015070_3234.html
mlsum-fr-1388
L’amertume se retrouve dans les agrumes, la bière, le café, le cacao... BENJAMIN SCHMUCK (PHOTO) ET NICOLAS MUR (SCENOGRAPHIE) POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Aimer l’amer n’est ni inné ni aisé. Parmi les saveurs fondamentales – c’est-à-dire celles dont on a, à ce jour, entièrement identifié les mécanismes –, l’amertume est sans conteste la plus difficile d’accès. Chez l’enfant, naturellement attiré par le sucré, l’amer provoque grimaces, dégoût, rejet. Au sens figuré, le terme désigne, selon Le Petit Robert, un « sentiment durable de tristesse mêlée de rancœur, lié à une humiliation, une déception, une injustice du sort ». Un état psychologique qui, en somme, laisse un sale goût dans la bouche. Mais il y a de bonnes raisons à ce que nos récepteurs réagissent violemment aux composés amers (alcaloïdes comme la quinine ou la caféine, naringine du pamplemousse, lactones présentes dans les pissenlits ou chicorées…). Notre capacité à percevoir et à éviter la saveur amère serait une sorte de système d’alarme contre des composés toxiques. « Notre cerveau réagit en fonction de ce dont il a besoin », résume Christophe Lavelle, chercheur au CNRS spécialisé dans l’alimentation. En d’autres termes : « Quand nos neurones sont ravis par la saveur sucrée qui indique les glucides et le goût salé signalant les minéraux, ils se méfient de l’acide et rejettent l’amertume, pour parer à des poisons potentiels. » Délicat à maîtriser Or, comme l’explique le docteur en pharmacie et herboriste Gilles Corjon, auteur de Se soigner par les plantes (éd. Gisserot, 2015), « L’immense majorité des composés amers provient du monde végétal, car, pour se protéger contre les prédateurs herbivores, les plantes élaborent des substances de défense au goût dissuasif. » Ce qui expliquerait peut-être le rapport souvent compliqué des jeunes enfants aux… légumes. L’amer, saveur « adulte », s’apprend avec l’âge et le temps. En médecine, l’amertume peut être très bénéfique, avec modération. « Si l’amer éveille le palais, tonifie les tissus et met en mouvement tous les fluides vitaux du corps, poursuit le docteur Corjon, son excès est asséchant et durcissant, ce qui peut nuire à la bonne santé du cœur. » « J’ai mis du temps à l’apprivoiser. Mais remplacer les sucres par des amertumes, c’est trouver de nouveaux accords, explorer de nouvelles aspérités. » Jessica Préalpato, chef pâtissière au Plaza Athénée Dans son petit ouvrage L’Amer (éd. Argol, 2011), l’esthète gastronome Emmanuel Giraud rend hommage à l’Italie et à ses saveurs amères, profondément ancrées dans la culture culinaire : artichauts violets, cafés serrés, trévises, puntarelles, oranges amères. « Là-bas, l’amertume est joyeuse, sociale, évidente, écrit-il. L’amer est de sortie à chaque repas, il aiguillonne les sens du premier ristretto matinal jusqu’au sombre amaro digestif que l’on sirote, repu, dans la quiétude nocturne, un cigare toscan aux lèvres. » En cuisine, alors que le sel, le sucre, l’acide ou le gras sont souvent utilisés sans compter, l’amer est délicat à maîtriser. Jessica Préalpato, chef pâtissière du restaurant triple étoilé d’Alain Ducasse au Plaza Athénée, en sait quelque chose. « J’ai longtemps détesté l’amer, confie-t-elle. J’ai mis du temps à l’apprivoiser. Mais remplacer les sucres par des amertumes, c’est trouver de nouveaux accords, explorer de nouvelles aspérités. » Une expérience sensorielle unique L’une de ses créations signatures est un dessert autour de la bière, déclinant les éléments d’une bière brune et ses degrés d’amertume : orge, malt, torréfaction, fleurs de houblon, miel d’arbousier puissamment doux-amer. Le dessert est si particulier qu’il est proposé hors carte, et expliqué en détail afin que les amateurs puissent faire un choix éclairé. Pour ceux qui s’y aventurent, c’est une expérience sensorielle unique. « Une fois que l’on sait l’apprécier, l’amer devient nécessaire, assure Emmanuel Giraud. C’est le goût qui rééquilibre les autres, qui donne de la complexité et du relief. Mais c’est aussi un signe d’une agriculture paysanne et d’une biodiversité préservées. » Car, alors que l’industrie agroalimentaire s’emploie à lisser les goûts, l’amertume est ce qui surgit naturellement de terre, sauvage, âpre et subtil à la fois.
Cet été, « M » part à la découverte des goûts en cuisine. Cette semaine, l’amertume. D’un abord parfois rebutant, elle donne pourtant de la complexité et du relief à la gastronomie… jusque dans les desserts.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/07/12/les-saveurs-du-palais-l-amer_5488632_4497319.html
mlsum-fr-1389
L’écrivaine Yaël Pachet. Richard DUMAS « Le Peuple de mon père », de Yaël Pachet, Fayard, 270 p., 18 €. Son cœur s’est arrêté de battre le premier jour de l’été, sur la cuvette des toilettes. La veille, il avait été au cinéma, épuisé mais bravache, désireux, une fois de plus, de « se donner au mouvement », « se jeter dans la vie (…) comme on se jette à l’eau ». Ecrivain, enseignant, critique et penseur de la littérature, intellectuel antitotalitaire, Pierre Pachet est mort le 21 juin 2016 chez lui, à Paris, à 79 ans. Mue par l’adoration qu’elle lui vouait mais aussi l’impérieuse nécessité de l’écriture, qui avait irrigué la vie de son père, Yaël ­Pachet lui consacre un livre intime et lumineux, à la fois journal de deuil, au plus juste des émotions et des sentiments, et fresque identitaire et familiale : Le Peuple de mon père. Elle retrace ainsi la vie de Pierre, fils de ­Simkha (« joie » ou « gaieté », en hébreu), juif d’Odessa arrivé en France avant la première guerre mondiale, et de Ginda, originaire de Lituanie, tous deux porteurs d’une « mémoire en souffrance ». Pierre Pachet, un homme intense Elevé dans les traditions juives, la pudeur et la mélancolie, Pachet est d’abord un étudiant taiseux avant de devenir un enseignant charismatique, professeur de littérature à Jussieu et dans plusieurs universités étrangères. Pilier de La Quinzaine littéraire, il est l’auteur d’une vingtaine de livres, dont les bouleversants Adieu (Circé, 2001), adressé à sa femme Soizic, et Autobiographie de mon père (Belin, 1987), sur les traces duquel marche le texte de Yaël Pachet. Il refusait pour autant de se dire écrivain. Sous la plume de sa fille se ­dessinent les traits d’un homme intense, à la fois heureux et ­anxieux, bougon et attentif, austère et prodigieusement vivant, écartelé entre une « disponibilité à l’égarement, à la distraction » et une « exigence de vérité, une ­conscience inquiète du réel ». Elle dit la force et la plénitude, l’autorité et le charme, l’allure. Puis viennent, au cours des dernières années, la maladie, la solitude. En filigrane du récit, Yaël Pachet livre des sensations et des images, fragments épars d’un quotidien enfui : le bruit des mules de son père quand elles frottaient le parquet, la manière ­singulière qu’il avait de s’asseoir sur une chaise, « de s’y tenir au bord, dans un déséquilibre constant », les cigarettes fumées en silence sur le balcon, quand il venait la voir à Nantes.
L’écrivaine consacre un livre intime et lumineux à son père, auteur en 1987 du bouleversant « Autobiographie de mon père », et décédé en 2016.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/08/29/le-peuple-de-mon-pere-yael-pachet-autobiographie-pierre-pachet_5504285_5473203.html
mlsum-fr-1390
Rassemblement devant le Crous de Lyon, mardi 12 novembre, où un étudiant s’est immolé vendredi. PHILIPPE DESMAZES / AFP Trois jours après le drame qui s’est déroulé vendredi 8 novembre à Lyon, la sidération le dispute à la tristesse et la colère, dans l’entourage d’Anas K. « Aujourd’hui, je vais commettre l’irréparable », a écrit l’étudiant de 22 ans, dans un post Facebook qu’il a publié avant de s’asperger d’essence et de s’immoler devant le bâtiment du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous) de la Madeleine, à Lyon. Le jeune homme inscrit en licence de science politique à l’université Lyon-II, y étudiait depuis quatre ans. Très gravement brûlé, il était toujours entre la vie et la mort, mardi matin. Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour « recherche des causes des blessures ». Lire aussi Un étudiant gravement blessé après s’être immolé par le feu devant le Crous de Lyon Dans son message – relayé par ses camarades, avant d’être supprimé avec son compte Facebook – il donne une dimension très politique à son acte, inédit dans le milieu estudiantin. « Si je vise le bâtiment du Crous à Lyon, ce n’est pas par hasard, je vise un lieu politique, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, et par extension, le gouvernement. » Anas K. y témoigne ensuite de sa situation personnelle : « Cette année, faisant une troisième L2 [deuxième année de licence], je n’avais pas de bourses, et même quand j’en avais, 450 euros par mois, est-ce suffisant pour vivre ? » « J’accuse Macron, Hollande, Sarkozy, et l’UE de m’avoir tué, en créant des incertitudes sur l’avenir de tout.es, j’accuse aussi Le Pen et les éditorialistes d’avoir créé des peurs plus que secondaires. » Il conclut en appelant à poursuivre la lutte. Depuis, sur les réseaux sociaux, son message continue d’être partagé, de même que la très forte émotion des étudiants et enseignants, derrière le hashtag #laprécaritétue sur Twitter. Pour beaucoup de ses camarades, à Lyon, la visite de la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, samedi matin, venue apporter son « soutien à l’ensemble de la communauté universitaire dans cette épreuve », n’a pas été « à la hauteur ». Un appel à se rassembler a été lancé par Solidaires Etudiant-e-s, le syndicat dont Anas K. est « un pilier », devant tous les Crous de France, mardi 12 novembre. D’autres organisations enseignantes et étudiantes se sont associées à cet appel. « Il ne se plaint jamais » Qui est ce jeune homme et comment a-t-il pu en arriver à ce geste désespéré ? La question résonne dans toutes les têtes. Un « militant » avant tout, rapporte-t-on à Lyon-II, grande université de sciences humaines connue comme la fac de gauche de la métropole. Secrétaire fédéral de Solidaires Etudiant-e-s, Anas K. est « très engagé » depuis des années : il siège au conseil de sa faculté et à la commission de la formation et la vie universitaire. Avec une ligne directrice : le « syndicalisme révolutionnaire », résume Laetitia, sa compagne depuis un an, étudiante en master et membre du même syndicat.
Un jeune homme de 22 ans s’est immolé par le feu, vendredi, laissant un message qui dénonce sa situation de précarité.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/12/immolation-a-lyon-etudiants-et-enseignants-sous-le-choc_6018835_3224.html
mlsum-fr-1391
Le représentant pour le commerce américain, Robert Lighthizer, à Washington, le 18 juin. SUSAN WALSH / AP Les Britanniques ont déjà mesuré combien il serait délicat de négocier un quelconque accord de libre-échange avec les Etats-Unis de Donald Trump après le Brexit. Le président français, Emmanuel Macron, et son ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, vont expérimenter la difficulté de s’attaquer seul à Washington, hors du cadre de l’Union européenne (UE). Article réservé à nos abonnés Lire aussi La taxe GAFA à la française, un petit pas hautement symbolique Le représentant américain pour le commerce, Robert Lighthizer, a annoncé, mercredi 10 juillet, l’ouverture d’une enquête contre la France en représailles de la taxe dite GAFA (pour Google, Apple, Facebook et Amazon), qui doit prélever 3 % des revenus générés en France par certains opérateurs offrant des services digitaux. « La structure de la nouvelle taxe tout comme les déclarations des responsables [politiques français] laissent suggérer que la France, avec cet impôt, cible de manière inéquitable certaines entreprises technologiques américaines », accuse le communiqué du bureau de M. Lighthizer. « Le président nous a demandé d’enquêter sur les effets de cette législation et de déterminer si elle est discriminante ou déraisonnable et pèse sur le commerce des Etats-Unis ou le restreint. » Jeudi, le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire, a réagi en affirmant que des pays alliés devaient régler leurs « différends autrement que par la menace ». « La France est un Etat souverain, elle décide souverainement de ses dispositions fiscales,et elle continuera de décider souverainement de ses décisions fiscales », a ajouté M. Le Maire au Sénat, avant le vote ultime du Parlement sur la mise en place de cette taxe. Les entreprises concernées doivent réaliser 750 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 25 millions d’euros en France. La taxe affecterait une trentaine de compagnies, dont les GAFA, des entreprises européennes et chinoises et une seule française, Criteo. La loi, adoptée faute d’avoir trouvé un consensus européen en 2018, est censée être votée jeudi 11 juillet par le Sénat, dernière étape avant sa promulgation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les contours de la taxe GAFA imaginée par la France Inciter la France à faire machine arrière Les sénateurs Chuck Grassley (républicain, Iowa) et Ron Wyden (démocrate, Oregon), membres de la commission des finances du Sénat, avaient envoyé le 24 juin une lettre au secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, l’enjoignant de tout faire pour inciter la France à faire machine arrière. Ils s’indignaient notamment que la loi soit rétroactive et qu’elle puisse conduire à une double taxation.
Les Etats-Unis ont annoncé l’ouverture d’une enquête, un processus qui pourrait déboucher sur l’imposition de droits de douane sur les produits français ou autres mesures de rétorsion commerciales. Paris met en avant sa souveraineté.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/11/l-administration-trump-riposte-a-la-taxe-gafa-francaise_5487926_3234.html
mlsum-fr-1392
A l’hôpital de la Miséricorde, à Kamechliyé, la plus grande ville kurde de Syrie, le monde semble s’être effondré, dimanche 13 octobre. Un homme hurle de douleur, la peau du visage en lambeaux, tandis qu’un soignant lui bande la jambe et qu’un autre, impassible, inscrit au marqueur sur son torse des instructions médicales. Une infirmière sexagénaire, les yeux fardés à l’excès, observe la scène, debout dans la cohue. Le docteur Shamel a du sang sur sa blouse verte tout élimée. Il vient de recoudre une blessure profonde. « Trump, Macron, Johnson… Vous nous avez utilisés, maintenant vous vous débarrassez de nous ! Les seuls responsables de tout ça, c’est cette coalition de menteurs, ce Conseil de sécurité de menteurs, ces pays de menteurs », scande le docteur Shamel, dans un anglais furieux, désespéré. Un homme qui passe dans le hall, mis sens dessus dessous, reprend la parole : « Qu’est-ce qu’on vous a fait, nous, les Kurdes ? » Les blessés hurlants, les brûlures, les corps cassés, le désespoir qui règne dans le petit hôpital de quartier de Kamechliyé sont les échos d’un massacre aux victimes encore chaudes. Plus tôt dans la journée, l’artillerie turque a décimé un convoi de civils, encadrés par les forces kurdes, se dirigeant vers Ras Al-Aïn, à une centaine de kilomètres à l’ouest, pour protester, à leur corps défendant, contre l’invasion menée par la Turquie et ses milices islamistes. Quatorze au moins sont morts, portant le nombre des victimes depuis le début de l’offensive turque, le 9 octobre, à 60 civils et 104 combattants kurdes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Parmi le flot de blessés dans ce convoi se trouve l’homme qui hurle à l’hôpital de la Miséricorde. Massoud a eu le ventre perforé par un bombardement turc. Il est soigné aux urgences de l’hopital Faraman, à Kamechliyé, le 12 octobre. LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE » 130 000 personnes sur les routes en cinq jours Dehors, la nuit noire de Kamechliyé est parcourue d’hommes en armes, de bouts de cigarette incandescents et de rumeurs sinistres. Les communications sont mauvaises, mais on sait que l’armée turque et ses soudards avancent dans le pays, que la frontière est débordée depuis longtemps. En cinq jours, 130 000 personnes ont été jetées sur les routes. On a vu leurs camionnettes surchargées bringuebaler leurs visages en sueur, leurs couvertures à fleurs entassées à l’arrière. Les écrans des téléphones portables sont saturés d’images d’exécutions sommaires, d’informations invérifiables, de photographies d’enfants paniqués, et d’enfants morts aussi. La défaite a mis moins d’une semaine pour s’installer. Et lundi, dès l’aube, le régime meurtrier de Bachar Al-Assad sera de retour, toutes couleurs dehors, dans les rues du Nord-Est syrien.
Les Forces démocratiques syriennes ont dû se résoudre à passer un accord avec le régime pour contrer l’offensive turque dans le nord du pays. En cinq jours, 130 000 personnes ont été jetées sur les routes.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/14/reduits-a-solliciter-le-renfort-de-damas-les-kurdes-pleurent-la-fin-d-un-monde_6015373_3210.html
mlsum-fr-1393
Esther Duflo reçoit son prix nobel d’économie à l’université MIT de Cambridge, Massachusetts le 14 octobre. JOSEPH PREZIOSO / AFP La plus jeune (46 ans), l’une des deux seules femmes (après Elinore Ostrom en 2009), le quatrième lauréat français (contre 62 américains) du prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d’Alfred Nobel : Esther Duflo « coche » plusieurs cases qui marquent cette édition 2019 du Nobel d’économie. « Pour être honnête, je ne pensais pas qu’il était possible de gagner le Nobel aussi jeune », a réagi Mme Duflo, dans un entretien téléphonique avec l’académie. La rareté des femmes au palmarès tient notamment au fait qu’« il n’y a pas assez d’économistes femmes tout court », a-t-elle déploré. Mais « cela est en train de changer », a assuré la jeune femme, espérant, en recevant cette distinction, pouvoir représenter un « modèle ». Mais à travers elle et ses deux colauréats, les Américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer, ce sont en réalité les travaux d’un laboratoire de recherche, l’Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-PAL), qui sont récompensés. Les deux premiers, mari et femme à la ville, ont cofondé le J-PAL en 2003, au Massachusetts Institute of Technology (MIT) ; le troisième, Michael Kremer, ancien du MIT aujourd’hui à Harvard, a publié, en 2004, un article marquant dans la revue Econometrica, où il utilisait une méthode banale de la recherche médicale, « l’évaluation par échantillonnage aléatoire » (randomized controlled trials, RCT), pour évaluer l’impact de l’administration d’un médicament à des enfants kényans sur… leur fréquentation scolaire. Le principe de la RCT est d’évaluer l’efficacité d’un traitement en comparant la situation d’un échantillon de population « traitée », dite « population test », à celle d’une population non traitée, dite « population témoin » ou « groupe de contrôle ». La méthode n’est en fait pas nouvelle en sciences sociales : elle a été utilisée dans les années 1960, pour évaluer les effets des mesures de la « guerre à la pauvreté » du président Lyndon B. Johnson à travers des expériences de ce type menées dans le New Jersey, mais aussi dans le domaine de l’éducation. Puis elle était tombée en désuétude, les économistes préférant baser leurs prescriptions sur des modélisations mathématisées à partir de statistiques – y compris la modélisation des comportements humains – plutôt que sur des expériences de terrain. Elle connaît un renouveau dans les années en 1997-1998, lorsque le gouvernement mexicain teste à grande échelle son programme « Progressa », qui lie l’aide sociale aux familles pauvres à la fréquentation de l’école par leurs enfants. « Ce type de dispositif est utile, d’un point de vue politique, pour apporter aux décideurs et à l’opinion la preuve indéniable que telle ou telle mesure obtient, ou non, des résultats », observe François Bourguignon, fondateur de l’Ecole d’économie de Paris, où Esther Duflo fit ses études avant de partir aux Etats-Unis. « Je me souviens d’un jour où elle a débarqué dans son bureau en proposant de mesurer l’accroissement des inégalités dans les anciens pays communistes en comptant le nombre de ventes de BMW. » Son premier article marquant compare les comportements des Sud-Africains âgés bénéficiaires du versement d’une toute nouvelle retraite à ceux qui n’en bénéficient pas. « J’avais bien pensé qu’elle pourrait avoir le Nobel un jour, mais je ne pensais pas si tôt », avoue M. Bourguignon.
La chercheuse française est colauréate avec les américains Abhijit Banerjee et Michael Kremer, tous trois récompensés pour leurs expériences de terrain dans la lutte contre la pauvreté. Elle est la plus jeune et la deuxième femme jamais récompensée.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/15/esther-duflo-un-choix-inedit-pour-le-nobel-d-economie-2019_6015526_3234.html
mlsum-fr-1394
Francois-Xavier Bellamy et Laurent Wauquiez en meeting pour les élections européennes, à Paris, le 15 mai 2019. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Tribune. La crise de la droite « républicaine » déclenchée par les élections européennes est d’autant plus aiguë que, pendant la campagne électorale en vue du scrutin, les sondages avaient annoncé un score honorable, de l’ordre de 14 %, pour la liste conduite par François-Xavier Bellamy. Cette prévision semblait valider la stratégie de Laurent Wauquiez, qui reposait tout entière sur l’idée de la solidité d’un électorat conservateur qui s’était reconnu en 2017 dans la candidature de François Fillon, dont l’échec dès le premier tour ne pouvait s’expliquer, aux yeux de ses partisans, que par ses mésaventures judiciaires. De ce point de vue, l’élection d’Emmanuel Macron n’était qu’un accident passager dans une France de plus en plus « à droite », qui ne tarderait pas à retirer sa confiance à un président mal élu et qui devrait donc tôt ou tard se rallier à des Républicains solidement ancrés à droite. Cette stratégie a échoué lors des européennes du 26 mai, qui ont démenti tous les postulats sur lesquels elle reposait. Lire aussi Laurent Wauquiez démissionne de la présidence du parti Les Républicains Près du quart des électeurs de François Fillon ont choisi de voter pour La République en marche, qui devance largement Les Républicains chez les catholiques pratiquants (37 % contre 22 %). La droite républicaine n’a eu aucun succès ni chez les sympathisants du Rassemblement national, ni, bien entendu, chez les amis des « gilets jaunes » : elle n’a rien gagné dans les classes populaires et elle a beaucoup perdu dans l’électorat de l’ouest parisien, de Neuilly et de Versailles, qui avait fait le succès de François Fillon lors de la primaire de la droite en 2016. Lire aussi La faute stratégique de Laurent Wauquiez La démission de Laurent Wauquiez a sanctionné l’échec de cette stratégie, et elle annonce sans doute un recadrage « modéré » du parti Les Républicains ou de ce qu’il en reste. Mais la défaite cuisante du 26 mai ne peut pas s’expliquer seulement par les défaillances des dirigeants : elle est le résultat d’une longue série d’erreurs qui traduisent à la fois l’aveuglement de la droite sur son influence réelle et ses incertitudes sur son identité présente et à venir. Macron sous-estimé Le premier signe du décalage entre la droite et le pays est venu de la primaire, qui a écarté la candidature modérée d’Alain Juppé au profit de celle de François Fillon, dont le programme était loin de pouvoir séduire la majorité des Français. Le vote des électeurs de droite reposait sur l’hypothèse, hautement fragile, que la victoire était d’avance acquise, parce que leur candidat allait nécessairement affronter et vaincre Marine Le Pen au second tour et que, dans ces conditions, on pouvait sans risque voter pour celui qui, sur tous les sujets, était le plus à droite. L’échec final de Fillon aurait dû faire cesser cette illusion, mais il a suffi de l’expliquer par les « affaires » pour éviter toute autocritique sur l’orientation choisie en 2016.
Le professeur de science politique Philippe Raynaud estime, dans une tribune au « Monde », que l’échec du parti Les Républicains aux européennes est le fruit d’une longue accumulation d’erreurs, ainsi que de l’incertitude qui entoure l’identité de cette formation.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/17/la-droite-a-cesse-d-etre-audible-sur-tous-les-grands-sujets_5477108_3232.html
mlsum-fr-1395
Cette année, Gilles Le Gendre veut placer la rentrée du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale sous le signe du « rassemblement ». Le mot choisi par le chef de file de la majorité laisse entrevoir l’ombre d’un doute. Mardi 10 septembre, les députés LRM se sont retrouvés pour leur première réunion de groupe en ayant conscience que les élections municipales, incarnées par la bataille symbolique pour la Mairie de Paris, pourraient créer des turbulences jusque dans les couloirs du Palais-Bourbon. Le groupe LRM accueille en son sein deux candidats pour la capitale, Benjamin Griveaux, investi par le parti, et Cédric Villani, le dissident. Tous deux sont soutenus par des députés. « Le groupe ne doit pas devenir le champ de course des municipales où les différentes écuries s’invitent », prévient Gilles Le Gendre, qui assure qu’il pourra être « assez raide » si les rivalités déteignent sur la vie de la majorité. Le député parisien a toutefois été le premier à dire publiquement qu’il ne souhaitait pas l’exclusion du candidat dissident. « Il faut qu’on ait toujours comme objectif le rassemblement. Si vous excluez, vous créez les conditions d’une guerre fratricide », insiste-t-il. « La vérité c’est que, s’ils excluaient Villani, ils excluaient quinze députés avec lui », croit savoir Jean-François Cesarini, député LRM du Vaucluse. Fonctionnement du groupe critiqué La majorité n’a pas intérêt à perdre de nouveaux membres. « C’est toujours un échec », estime M. Le Gendre. Or ces derniers mois, une douzaine de parlementaires ont quitté ses rangs pour des raisons très variées, certains à cause des municipales ou après des désaccords avec le parti, amaigrissant la large majorité absolue dont LRM bénéficiait en début de quinquennat. Le dernier départ en date, celui d’Albane Gaillot, députée du Val-de-Marne, s’est accompagné de mots très durs, lundi 9 septembre. Dans un courrier au vitriol adressé à ses collègues, elle estime que la majorité n’est pas à la hauteur de la réponse à la crise sociale ni de l’enjeu écologique. Elle fustige en outre le fonctionnement du groupe qui « n’est pas parvenu à s’instituer en espace de dialogue et de débat ». Gilles Le Gendre l’a toutefois convaincue de rester membre apparentée du groupe. « Elle fait encore partie de la tribu », jure-t-il. Tout l’enjeu pour lui va être de conforter l’unité de ce groupe tiraillé par des ambitions et des sensibilités parfois discordantes. Le député de Paris peut toutefois bénéficier d’un large soutien au sein d’un groupe qui l’a réélu dès le premier tour de scrutin lors du renouvellement des postes en juillet. Ses relations avec le premier ministre, tendues au printemps, se sont aussi pacifiées. Dès la rentrée, il a installé une nouvelle équipe dirigeante en veillant à s’entourer de personnalités plus politiques ainsi que de candidats déçus aux élections internes.
Pour renforcer la cohésion, Gilles Le Gendre, chef de file des députés macronistes, a créé un conseil politique rassemblant les différentes sensibilités.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/11/le-groupe-lrm-veut-eviter-les-turbulences-des-municipales_5509108_823448.html
mlsum-fr-1396
Genou, mollet, aine, épaule, tendons, cuisse… la liste des blessés durant le Mondial 2019 avait été minutieusement consignée par le joueur danois Rasmus Boysen au fil de la compétition. PATRIK STOLLARZ / AFP Le dernier Mondial masculin de handball, en janvier, avec ses cadences infernales dans la succession des matchs, avait conduit à un mouvement de protestation chez les joueurs (et joueuses), emmenés les principales figures mondiales. Leur « coup de gueule » a été entendu. Confirmant ce qu’elle avait laissé entendre lors de la clôture de la compétition en janvier, la fédération internationale (IHF) a validé, le 1er juillet, la mise en place lors du prochain Mondial, en 2021, d’un jour de repos obligatoire entre deux matches. L’IHF a par ailleurs décidé que les équipes pourront comporter 18 joueurs et non seulement 16 comme jusqu’à présent (avec cinq changements possibles en cours de compétition), ce qui pourra aussi contribuer à alléger la charge de travail. Pas plus de 4 h 30 de transport après un match Genou, mollet, aine, épaule, tendons, cuisse… la liste des blessés durant le Mondial 2019 avait été minutieusement consignée par le joueur danois Rasmus Boysen au fil de la compétition. Du capitaine français, Cédric Sorhaindo, et du gardien français Cyril Dumoulin, à la star islandaise Aron Palmarsson, en passant par l’Allemand Martin Strobel et l’Espagnol Daniel Dujshebaev, toutes les équipes, ou presque, ont déploré la perte d’un joueur au cours de la compétition. Un chiffre bien plus important que lors des précédentes éditions. Si le handball est un sport de contact, où parfois les coups pleuvent, ce ne sont pas eux qui avaient été incriminés par les acteurs du Mondial. Joueurs et encadrants avaient critiqué une formule de la compétition qui les a obligés à jouer dix rencontres en dix-sept jours. Et à employer la majeure partie des jours de repos à effectuer de longs déplacements d’une ville à l’autre. L’IHF a toutefois précisé qu’une journée de repos systématique après un match pourrait comporter la nécessité pour les équipes de se déplacer d’un lieu de à un autre. Mais le temps de transport ne devra pas excéder 4 h 30, faute de quoi la journée ne sera pas comptabilisée comme un jour de repos. Philippe Bana réintégré par la Fédération internationale La Fédération française de handball a annoncé, mercredi 17 juillet, que Philippe Bana, son directeur technique national (DTN), a été réintégré dans ses fonctions à la commission d’organisation des compétitionsde la Fédération internationale (IHF). M. Bana avait été sanctionné, en avril, pour s’être élevé, à plusieurs reprises, contre les rythmes infernaux imposés aux handballeurs. « Philippe Bana a été exclu de cette commission par une décision du conseil [le gouvernement de l’instance], fin janvier », avait confirmé une porte-parole de l’IHF, sans préciser les motivations de cette décision.
Après les protestations des joueurs sur les cadences qui leur ont été imposées au Mondial 2019, la fédération internationale de handball a validé la mise en place d’un jour de repos obligatoire entre deux matchs.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/17/handball-jour-de-repos-apres-chaque-match-et-equipes-plus-etoffees-au-prochain-mondial_5490415_3242.html
mlsum-fr-1397
Edification d’une mosquée à Tunis. Le secteur du bâtiment construit, mais les logements ne trouvent pas preneurs, témoigne un patron de Sfax à la veille de la présidentielle tunisienne, le 15 septembre 2019. FETHI BELAID / AFP A Sousse, l’humeur des chefs d’entreprise importe. Avec Sfax, à 140 km plus au sud, la grande cité du littoral tunisien est l’un des poumons économiques du pays. Alors, quand Raouf Eltaïef, patron d’une entreprise de construction – dont le bureau est tapissé de photos de lui en compagnie de différents notables politiques – grommelle que son chiffre d’affaires accuse une baisse annuelle de 10 %, il faut y voir un symptôme, celui d’une économie tunisienne à la peine. « On construit, mais les logements ne trouvent pas preneurs, soupire-t-il. Il y a mévente. » A Sousse, on trouve un autre son de cloche. Zorah Driss a, elle, le sourire. A la tête d’un parc d’hôtels de bord de mer, la femme d’affaires se félicite d’une « forte reprise du tourisme » avec un rebond de son chiffre d’affaires « d’environ 35 % » par rapport à la saison estivale de 2018. « En 2019, on fera mieux en Tunisie qu’en 2010 », insiste-t-elle. L’année 2010 n’est pas anodine. Elle est un repère, le dernier avant les turbulences de la révolution de 2011. En général, les indicateurs économiques et financiers ont plongé après 2011. Mais là, « la saison 2019 va effacer la rupture de la révolution », confirme Mme Driss. Dans le désenchantement général qui marque les diagnostics sur l’économie tunisienne, l’observation est assez rare pour être soulignée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La Tunisie entre dans une nouvelle séquence de sa trajectoire post-révolutionnaire » Si ce croisement des deux regards peut représenter quelque intérêt, c’est qu’il ouvre sur deux dimensions de la conjoncture tunisienne chargées d’enjeux à la veille du scrutin présidentiel du 15 septembre. L’humeur maussade de Raouf Eltaïf renvoie en effet à une politique monétaire restrictive dont la finalité n’est autre que l’endiguement de l’inflation. La hausse des prix est socialement explosive en Tunisie. Elle avait nourri de vives tensions protestataires à l’hiver 2016-2017 qui avaient mis en lumière une paupérisation des classes moyennes. Incertitude politique Avant une élection s’annonçant difficile pour le premier ministre Youssef Chahed – lui-même candidat à la présidence –, le gouvernement a vigoureusement actionné les freins. Le taux d’inflation, qui avait grimpé à 7,3 % en 2018, a ainsi été contenu à moins de 7 % durant le premier semestre 2019. Mais la facture en est lourde avec un resserrement du crédit (la Banque centrale a relevé son taux directeur de 275 points en un an) qui pèse lourdement sur la croissance du PIB. Celle-ci a peiné à 1,1 % durant le premier semestre contre 2,5 % sur l’année 2018. Alors que le taux de chômage demeure élevé – autour de 15 % – le gouvernement fait un pari sensible. Il troque un risque social (les prix) pour un autre (l’emploi). Quant à la satisfaction affichée par Mme Driss, elle lève le voile sur un autre indicateur fétiche de cette campagne électorale : la valeur du dinar. Le rebond des recettes touristiques, en injectant des devises fraîches en Tunisie, est l’un des facteurs ayant dopé le dinar sur le marché des changes. De mars à août, la monnaie nationale s’est appréciée de 9,5 % par rapport à l’euro. Il faut dire qu’elle revenait de loin. De 2011 à 2018, le dinar avait sombré, se dépréciant de 65 %. Désormais, le gouvernement peut afficher devant l’électorat un symbole national à nouveau lustré. Au risque de braquer ceux qui s’inquiètent d’un mauvais coup porté ainsi aux efforts de redressement des comptes courants (solde déficitaire à hauteur 11,2 % du PIB en 2018). Au-delà de ces régulations conjoncturelles et préélectorales, la Tunisie demeure confrontée à des défis structurels massifs qui, selon la plupart des analystes, risquent d’hypothéquer sa transition politique. L’un des plus aigus est sans conteste la panne de l’investissement productif, notamment dans le secteur de l’énergie et des industries extractives (phosphate), qui demeure en 2018 inférieur à son niveau de 2010. De là naît l’enchaînement des déficits budgétaires et courants, alimentant une dette publique (77 % du PIB) et extérieure (94 %). Or la fragmentation politique révélée par la séquence électorale à venir n’aide pas vraiment à éclaircir l’horizon. « L’incertitude politique ambiante n’incite guère les investisseurs à sortir de leur attentisme », déplore Hakim Ben Hamouda, ancien ministre de l’économie et des finances en 2014.
Le scrutin présidentiel du 15 septembre survient sur fond de morosité économique et sociale, malgré la reprise du secteur touristique.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/12/en-tunisie-preelectorale-une-economie-frappee-de-langueur_5509669_3212.html
mlsum-fr-1398
L’agent double Oleg Gordievsky, à Copenhague, au Danemark, en 1976. AP « L’Espion et le Traître » (The Spy and the Traitor. The Greatest Espionage Story of the Cold War), de Ben Macintyre, traduit de l’anglais par Henri Bernard, De Fallois, 408 p., 23,40 €. Paisible retraité, Oleg ­Gordievsky affectionne le style british avec cravate club et veste en tweed. Il habite, dans une anonyme banlieue anglaise, un banal cottage dont la protection a été encore renforcée après la ten­tative d’assassinat du transfuge russe Serguei Skripal en mars 2018. « Il ne sort désormais quasiment jamais de chez lui ; il est comme un prisonnier de l’histoire », explique Ben Macintyre, joint par « Le Monde des livres ». L’historien et chroniqueur au quotidien The Times (né en 1963) est l’auteur d’une passionnante enquête sur cet agent double, ­condamné à mort en Russie en 1985, L’Espion et le Traître. Haut cadre du KGB, il avait fourni aux services britanniques, pendant plus de dix ans, des informations cruciales sur les rouages des services ­soviétiques et leurs réseaux, mais surtout sur ce que pensait et planifiait le Kremlin en un moment-clé de la guerre froide. Jeune et brillant kagébiste Oleg Gordievsky, né en 1938, était un communiste convaincu, fils d’un officier de la Guépéou (l’ancêtre du KGB) engagé sans états d’âme dans les grandes purges staliniennes. Son frère aîné gérait les nielegal – « illégaux » : les taupes, installées sous de fausses identités dans les pays occidentaux. Son destin semblait tout tracé. Mais il a peu à peu commencé à douter. Approché par le MI6, le service de renseignement extérieur britannique, lors d’un séjour à Copenhague, il a franchi le pas en 1972. Le jeune et brillant kagébiste a continué sa carrière. Il a été nommé à Londres en 1982 pour diriger les réseaux du KGB au Royaume-Uni, tout en renseignant les Britanniques. Rappelé à Moscou trois ans plus tard, mis sous surveillance, il a été exfiltré par le MI6. Lire aussi cette archive de 1985 : Londres envisage de nouvelles représailles contre Moscou Du tac au tac Les Soviétiques étaient convaincus, dans les années 1970, que l’Ouest préparait une attaque préventive. Un simple incident pouvait dégénérer en un conflit ouvert. Les informations fournies par l’agent double ont permis aux Occidentaux d’adapter leur comportement. Gordievsky a aussi accompagné les premiers moments de la ­Perestroïka, donnant à la première ministre Margaret Thatcher des éléments-clés pour sa ren­contre en 1984 avec le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev.
L’historien britannique a enquêté sur Oleg ­Gordievsky, agent du KGB « retourné » par Londres en 1972. Une palpitante chronique de la guerre froide finissante.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/08/comment-faire-parler-une-taupe-l-espion-et-le-traitre-de-ben-macintyre_5473625_3260.html
mlsum-fr-1399
L’architecte François Seigneur, en 2009. JOEL LE GALL / PHOTOPQR/OUEST FRANCE/MAXPPP Peintre, plasticien touche à tout, converti à l’architecture sur le mode autodidacte, François Seigneur, mort le 9 octobre, à l’âge de 77 ans, s’était d’abord tourné vers l’ébénisterie à l’Ecole Boulle (diplôme en 1961), puis aux Arts déco (diplôme en 1964). Et puisqu’il était à Paris, il avait obliqué vers l’agence de Claude Parent, où il rencontra notamment Jean Nouvel. Ils feront un bout de route ensemble, à l’enseigne Nouvel et Seigneur, de 1970 à 1974. « Trop jeune pour faire ce métier, nous avait-il dit en 1999, à l’occasion de l’exposition que lui avait consacré l’Institut français d’architecture (IFA), et pas suffisamment construit. J’ai subi la personnalité de Jean. Alors je me suis tiré pendant huit ans dans les Cévennes, et je me suis remis à peindre. C’était la grande période baba cool fromage de chèvre. » Il avait quand même obtenu son diplôme en 1992, au tour extérieur qui s’appelle, dans le métier, l’article 10-2. « Nègre » porte-bonheur des concours, auquel ses maîtres demandaient de corriger leur copie, il s’était imposé comme conseiller plus ou moins occulte et parfois occulté : « Je venais souvent arranger un peu les projets. J’apportais un peu d’architecture, pas seulement mon dessin. On m’appelait un peu pour tirer les projets vers l’esprit Nouvel. Mais je ne voyais pas trop ce qu’était mon rôle. » Au compteur, il aura exécuté 752 perspectives et dessins pour Parent, Nouvel, Sarfati, Chemetov, Architecture Studio, Clément, Devillers, Hauvette, Gazeau… Exposition universelle de Séville Jusqu’à son diplôme, Seigneur avait tourné autour de l’architecture comme un ours autour d’une ruche. Toujours méfiant sur sa propre capacité, il s’était d’abord associé à Sylvie de la Dure qui partageait ses idées. Au-delà de l’architecture, disait-il, « elle s’occupe de mes étourderies et de mes humeurs. Depuis Arles, j’essaie de tirer mon architecture vers le faible, vers une esthétique ordinairement refusée par l’immense majorité des architectes qui sont sur une tendance “fort” : record du monde, performances, trucs inusables. Je trouve terrifiante cette pratique du métier ». Résumé : « Pour ne pas mourir, je ne finirai jamais ma maison. Pourquoi finir celle des autres ? » Tel était le titre de l’exposition de 1999. A une autre échelle, le pavillon de la France de l’Exposition universelle de Séville, en 1992, avait été pour lui un concept artistique pur, un travail sur le temps relatif : « Au départ, une semaine avant le rendu, Jean-Paul Viguier avait en tête un machin qui partait dans tous les sens, un peu à la Roland Castro, et dont il voulait que je fasse le dessin. J’étais sûr que ça ne marcherait pas. J’ai proposé de faire le projet à mon idée à la condition que nous signons ensemble. Il m’a donné carte blanche. »
Créateur au parcours singulier, il avait travaillé pour de grands noms de l’architecture et conçu, entre autres, le pavillon français de l’Exposition universelle de Séville. Il est mort le 9 octobre, à l’âge de 77 ans.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/14/la-mort-de-l-architecte-francois-seigneur_6015428_3246.html
mlsum-fr-1400
Plutôt ratatouille que salade de fruits ? Tant mieux : les amateurs de légumes ont moins l’occasion d’ingérer des pesticides que les gourmands de cerises, pêches, raisins et autres bonheurs de l’été. Le constat vaut naturellement pour les produits qui ne sont pas issus de l’agriculture biologique. A l’heure où cette dernière connaît une expansion considérable, Générations futures rappelle dans un rapport rendu public jeudi 6 juin que les résidus de phytosanitaires restent bien présents dans les fruits et légumes conventionnels vendus en France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La grande bascule vers le bio de l’agriculture française Pour la deuxième fois, l’association s’est livrée à cet exercice d’information à l’adresse des consommateurs, fondé sur des données fournies par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), chargée de surveiller ces aliments. A partir de 13 300 analyses, ont été retenus les résidus détectables et quantifiables au moins cinq fois sur six durant la période de 2012 à 2017. Conclusion : sur cinquante végétaux, 71,9 % des échantillons de fruits et 43,3 % de légumes en contenaient. Plus gênant encore : 2,9 % des fruits et 3,4 % des légumes testés dépassaient les seuils légaux autorisés de pesticides. Moyennes pluriannuelles En présentant des tendances sur cinq ou six ans, le rapport permet de ne pas se focaliser sur une saison que les aléas de la météo auraient pu rendre particulièrement propice aux surdoses de fongicides ou d’insecticides. Certaines années, 2016 et 2017 en particulier, des pesticides ont été repérés dans… 100 % des échantillons de pamplemousses ou pomelos, pêches et nectarines, framboises et groseilles, abricots, céleris-raves, herbes fraîches. Le palmarès fondé sur des moyennes pluriannuelles classe en tête les cerises, les clémentines et mandarines, le raisin, les pamplemousses dont les échantillons se révèlent positifs à plus de 85 %. Les pêches et nectarines, fraises, oranges, abricots et pommes les talonnent (au moins 80 %). Les moins contaminés sont les kiwis (25,8 %) et les avocats (27,8 %). Par nature fragiles, les fruits ne progressent guère dans leurs performances. Les rapporteurs rappellent ainsi que la pomme, le fruit frais le plus consommé en France, subissait trente-cinq traitements phytosanitaires par an en 2012 et… trente-six en 2015. L’ananas – analysé 270 fois –, se distingue par ses 9,6 % d’échantillons dépassant la limite réglementaire maximale en résidus. Les cerises, kiwis, pamplemousses et clémentines sont aussi dans le rouge (à plus de 4 %), à la différence des bananes (1 %), pourtant testées 555 fois, et des nectarines (0,3 %).
L’association Générations futures publie jeudi une étude fondée sur 13 300 analyses. 71,9 % des échantillons de fruits et 43,3 % des légumes présentent des résidus de produits phytosanitaires.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/06/une-majorite-des-fruits-et-legumes-conventionnels-presentent-des-residus-de-pesticides_5472116_3244.html