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mlsum-fr-1501
La présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, refuse de reconnaître le principe de l’unité de l’île et du continent au sein d’une même Chine. AP La Chine a annoncé mercredi qu’elle « suspendrait », à partir de jeudi 1er août, la délivrance de laissez-passer aux touristes individuels de Chine continentale souhaitant se rendre à Taïwan, un coup dur potentiel pour l’économie de l’île. Le ministère chinois de la culture et du tourisme a indiqué dans un très court communiqué publié sur son site Internet que la mesure était prise « en raison des relations actuelles entre les deux rives ». Les tensions sont vives entre la Chine continentale et la présidente taïwanaise Tsai Ing-wen, qui refuse depuis son arrivée au pouvoir en 2016 de reconnaître le principe de l’unité de l’île et du continent au sein d’une même Chine, comme le réclame Pékin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Taïwan, île sous pression continue de la Chine Les voyages de groupe toujours autorisés En ciblant le tourisme, la Chine semble vouloir frapper une économie taïwanaise déjà mal en point et ainsi déstabiliser Mme Tsai alors que celle-ci espère être réélue lors de la prochaine présidentielle sur l’île, en janvier 2020. La République populaire de Chine permet depuis quelques années aux habitants de 47 villes de demander des laissez-passer pour se rendre à Taïwan en tant que touriste individuel. Auparavant, les Chinois devaient obligatoirement faire partie d’un groupe. Un mode de voyage encore très prisé, notamment par les touristes les plus âgés. Le ministère chinois de la culture et du tourisme n’a pas mentionné mercredi les voyages en groupe vers Taïwan, laissant entendre qu’ils restaient toujours possibles. Ces dernières années, en signe de mécontentement face à Tsai Ing-wen, Pékin a déjà stoppé ses communications officielles avec Taipei, a arraché quelques-uns des derniers alliés diplomatiques de Taïwan et a multiplié les manœuvres militaires près du territoire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Sous une forme ou une autre, la confrontation entre la Chine et Taïwan est inévitable » Les provinces de Chine La Chine considère Taïwan comme une de ses provinces. L’île est dirigée par un régime rival qui s’y était réfugié après la prise de pouvoir des communistes sur le continent en 1949, à l’issue de la guerre civile chinoise. Peuplé d’environ 23 millions de personnes, en très grande majorité d’ethnie chinoise Han comme en Chine continentale, le territoire n’est pas reconnu comme un Etat indépendant par l’ONU. Et Pékin menace de recourir à la force en cas de proclamation formelle d’indépendance à Taipei. Cette démonstration de force arrive alors qu’à Hongkong, une autre province de la Chine qui jouit d’un régime spécial, des manifestations massives contre un projet d’extradition vers le continent secouent le centre financier. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La mobilisation à Hongkong profite à la présidente de Taïwan, Tsai Ing-wen
La suspension de laissez-passer pour les touristes chinois à Taïwan permet à la Chine de déstabiliser l’économie taïwanaise, déjà mal en point.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/31/les-voyages-individuels-a-taiwan-suspendus-pour-les-ressortissants-chinois_5495211_3210.html
mlsum-fr-1502
« Nous serons implacables au moyen d’une contre-offensive révolutionnaire face à une tentative de coup d’Etat fasciste, implacables ! » C’est ce qu’a déclaré le président vénézuélien Nicolas Maduro mercredi 26 juin, dans un discours radiotélévisé quelques heures après que son gouvernement avait affirmé avoir déjoué un coup d’Etat prévoyant l’assassinat du président socialiste. L’opération, impliquant des militaires actifs et en retraite ainsi qu’un ancien chef du renseignement, devait avoir lieu entre dimanche et lundi, selon le ministre de la communication, Jorge Rodriguez. « Nous avons assisté à toutes les réunions de planification du coup d’Etat », a-t-il affirmé. Des agents gouvernementaux auraient été infiltrés dans la préparation de cette tentative de renversement de M. Maduro et son remplacement par un général. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Venezuela, Nicolas Maduro tient toujours Jorge Rodriguez a accusé le président de droite colombien Ivan Duque de « planifier des coups d’Etat, des assassinats du président » et le chef de file de l’opposition, Juan Guaido, d’être derrière ce putsch. Des allégations que ce dernier a rejetées. « C’est la énième fois et la presse a déjà perdu le compte du nombre de fois où ont été répétées de telles accusations. L’appel que nous avons lancé et que nous continuons de lancer s’adresse au corps militaire, c’est à l’armée de se ranger du côté de la Constitution », a-t-il déclaré devant la presse. « Taupe » Le ministre de la communication a également mis en cause le président conservateur du Chili Sebastian Piñera et le conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton. Quant à l’ancien chef du renseignement du Venezuela, le général Cristopher Figuera – parti en Colombie après un soulèvement raté contre M. Maduro et arrivé lundi aux Etats-Unis – d’avoir levé « des centaines de milliers de dollars » pour financer cette opération. Dans un entretien réalisé à Bogota et publié lundi par le Washington Post, Cristopher Figuera a affirmé que le président chaviste pouvait encore tomber. Nicolas Maduro a accusé le général Figuera d’être une « taupe de la CIA ». La Russie, principal soutien du régime avec la Chine, a annoncé pour sa part mercredi avoir effectué une rotation des « techniciens » militaires qu’elle avait envoyés au Venezuela en rapatriant vers Moscou une équipe de ces experts. Selon l’ambassade russe à Caracas, ils n’étaient occupés qu’à la « maintenance » des équipements militaires livrés à Caracas et à la formation des militaires vénézuéliens, et aucunement à de la « déstabilisation ».
Le ministre de la communication vénézuélien a accusé l’opposition, les Etats-Unis, la Colombie et le Chili d’avoir planifié l’assassinat de Nicolas Maduro.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/26/le-venezuela-affirme-avoir-dejoue-une-tentative-de-coup-d-etat-militaire_5481921_3210.html
mlsum-fr-1503
La ministre de la justice, Nicole Belloubet, à l’Assemblée nationale, le 15 octobre. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Que vient faire dans les travaux de déploiement de la réforme de la justice sur les territoires la collecte des scores des candidats de La République en marche (LRM) aux dernières élections ? Les révélations du Canard enchaîné, mercredi 23 octobre, jettent la suspicion sur les intentions du ministère de la justice et déclenchent un tollé. Cette « note confidentielle » destinée à Matignon, est en fait un courriel entre conseillers de Nicole Belloubet et d’Edouard Philippe. L’auteur ­demande d’organiser une réunion avec « les experts des élections municipales de LRM » pour avoir une idée des communes « qui représenteraient des cibles électorales (…) afin de faire différer les annonces par les chefs de cour ». Ces « annonces » concernent la suppression de postes de juge d’instruction. « Les moyens de l’Etat sont mis à la disposition des campagnes de LRM. Si les faits sont avérés, c’est extrêmement grave. » Pierre Jouvet (PS) Vingt-quatre députés Les Républicains, emmenés par Julien Aubert, ont écrit jeudi au président de la République, l’enjoignant de « mettre un terme à toute manipulation de l’organisation de la justice organisée par le pouvoir exécutif pour assouvir des objectifs électoralistes ». Pierre Jouvet, chargé des élections au Parti socialiste, a, pour sa part, dénoncé auprès de l’Agence France-Presse « la fin de la République exemplaire ». « Les moyens de l’Etat sont mis à la disposition des campagnes de LRM. Si les faits sont avérés, c’est extrêmement grave », a-t-il ajouté. Dès mercredi, le Syndicat de la magistrature a fait part de sa « stupéfaction » dans un communiqué en découvrant que le « pilotage » de la réforme était guidé par « des critères purement électoralistes ». L’Union syndicale des magistrats a dénoncé une« scandaleuse instrumentalisation de la réforme de la justice à des fins électoralistes ». Précisions de Nicole Belloubet La défense de Mme Belloubet n’a pas éteint la polémique. La garde des sceaux a précisé au micro de Sud Radio, mercredi, que « toute réforme doit être acceptée. (…) Il est évident que nous nous appuyons également sur les élus pour expliquer, pour faire comprendre. On prend en compte un calendrier électoral pour l’acceptabilité d’une réforme, mais il n’y a pas de favoritisme. » Vendredi, la ministre a reconnu en interne que « ce courriel était maladroit et rapide ». La chancellerie dément toute velléité de calibrage de l’organisation territoriale de la justice sur des considérations partisanes. Ce volet de la réforme, qui touche à des transferts de compétences entre tribunaux d’un même département, est considéré comme secondaire par les juridictions, tout occupées à préparer la création, au 1er janvier 2020, des tribunaux judiciaires, fusion des tribunaux de grande instance et des tribunaux d’instance. Dans un second temps, et de façon non datée par la loi, les juridictions pourront mettre en place un éventuel regroupement de l’instruction, de l’application des peines, et une spécialisation sur certains domaines civils ou pénaux. En ce qui concerne l’instruction, la Conférence des premiers présidents de cour d’appel a fixé un critère strict, détaille Gilles Accomando, son président : « Lorsque l’activité principale d’un juge d’instruction isolé dans un tribunal n’est pas constituée par l’instruction sur une période de cinq ans, on peut envisager de transférer cette compétence vers un autre tribunal du département. » Dans ce cas, le poste de juge n’est pas supprimé, et la fonction d’instruction est remplacée par d’autres compétences pénales ou civiles. Aucun lieu de justice ne ferme, martèle la chancellerie. « La charge symbolique du juge d’instruction est très forte, on ne peut pas s’extraire de la réalité politique du terrain et des éventuelles résistances du barreau ou des élus », explique-t-on dans l’entourage de la garde des sceaux. De fait, les regroupements de compétences que les cours d’appel proposeront à la chancellerie ne peuvent se faire qu’après consultation du conseil de juridiction, auquel participent élus et avocats. Selon nos informations, quatre ou cinq juridictions, où le sujet ne fait pas débat tant le nombre de dossiers d’instruction est faible (quelques dizaines par an), seraient concernées dès le début 2020. Les autres attendront. De même, le programme de construction de prisons a pris du retard car quelques maires ont préféré suspendre les discussions sur les projets d’implantation en attendant les élections. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le gouvernement veut encourager les alternatives à la prison, peu appliquées par les juges
L’opposition et les syndicats de magistrats dénoncent une « manipulation » après la révélation d’un échange de mails qui jette la suspicion sur les intentions du ministère de la justice.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/25/la-chancellerie-met-le-feu-aux-poudres-sur-la-carte-judiciaire_6016870_3224.html
mlsum-fr-1504
Des habitants de Halle rendent hommage aux victimes de l’attentat qui a fait deux morts, mercredi 9 octobre. HANNIBAL HANSCHKE / REUTERS Trois documents attribués à l’auteur de l’attentat de Halle, dont un « manifeste », ont commencé à circuler en ligne, quelques heures après l’attaque qui a fait deux morts en Allemagne, mercredi 9 octobre. Le manifeste attribué à Stephan B. n’en est pas vraiment un : long de seulement quatre pages, dont une entière est laissée vierge, avec une minuscule légende « merci d’avoir lu », il s’apparente davantage à un exercice de shitpost, une publication en ligne volontiers parodique conçue pour piéger ou agacer son destinataire. Le document est accompagné de deux autres fichiers, l’un détaillant son projet d’attentat, et l’autre contenant l’adresse de la page Web où a été diffusée sa vidéo en direct. Culture « weeb » Les documents tranchent avec les précédents manifestes publiés par les auteurs d’attentats d’extrême droite : quasi vides de toute élaboration théorique, ils abondent en revanche de références à la culture weeb, celle des internautes adeptes de forums de jeux vidéo et d’animation japonaise ultrapointus, les « weeaboo ». Le nom de fichier de son manifeste est rédigé en japonais ; la « doctrine » dont il se réclame, le « technobarbarisme », est ainsi en réalité une référence au jeu de plateau Warhammer 40 000 ; il associe à son acte des objectifs de missions présentés à la manière d’un jeu vidéo Xbox comme des « achievements », tandis qu’il promet des waifus (des âmes sœurs sorties d’animés japonais) en guise de récompense dans l’au-delà. A plusieurs reprises, il présente son projet d’attentat de manière ludique. Les documents ne révèlent pas grand-chose des motivations politiques de l’auteur de l’attentat. Le fichier intitulé en japonais « manifeste », qui se présente comme « un guide spirituel pour les hommes blancs mécontents » ne contient qu’une seule phrase, appelant à tuer des juifs, des musulmans, des communistes, ou des « traîtres ». Dans un autre fichier, il se donne également pour cibles « bonus » les membres du « gouvernement d’occupation sioniste », gouvernement fictif qui, dans l’imaginaire néonazi, dirigerait la planète. A l’inverse des longs documents publiés par d’autres terroristes d’extrême droite, comme les auteurs des attentats d’Oslo ou de Christchurch, Stephan B. ne détaille en aucune manière son parcours idéologique ni les raisons de sa radicalisation et de son passage à l’acte. Plusieurs éléments sont par ailleurs étonnamment absents des textes. Alors que dans sa vidéo diffusée en direct, le tireur mettait l’accent sur sa haine du féminisme, accusé d’être « à l’origine du déclin des naissances en Occident » et « le prétexte de l’immigration de masse », les trois documents publiés n’y font pas référence. Les textes ne contiennent pas non plus de référence à des groupes néonazis ou au nazisme, alors que l’iconographie du IIIe Reich est une composante importante de la sous-culture des forums anonymes dont il se réclame. Apologie du « terrorisme système D » A contrario, l’auteur de l’attaque détaille de manière très précise l’arsenal dont il était équipé, et explique pourquoi : il voulait montrer « la viabilité des armes improvisées » dans des attentats de ce type. Le terroriste avait dans sa voiture une demi-douzaine d’armes à feu, dont une carabine d’un modèle ancien et plusieurs fusils de fabrication artisanale, ainsi que des explosifs fabriqués à partir de guides trouvés en ligne. La « viabilité » de son arsenal a cependant été en partie démentie par la vidéo diffusée par le tueur, qui voit ses armes s’enrayer à plusieurs reprises, et qui échoue à faire fonctionner ses explosifs. Le tireur semble également avoir eu conscience du fait qu’il ne parviendrait pas à pénétrer dans la synagogue – dans un long passage consacré à son « plan », il explique avoir noté que la porte pourrait lui résister, et qu’il devrait improviser. Lire aussi Attentat de Halle : le tireur a diffusé des images en direct sur Internet D’éventuels liens peu clairs Tous ces éléments, qui signent son œuvre autant qu’ils cherchent à embrouiller les lecteurs, ne permettent pas à ce stade de savoir si l’auteur présumé de la tuerie de Halle était lié à d’autres personnes. Dans un document intitulé Read it first (« Lisez ceci en premier »), il remercie Mark (probablement Mark Mann), ancien du forum 8chan et fondateur d’un forum satellite, vch.moe, pour lui avoir versé 0,1 bitcoin, soit l’équivalent de près de 800 euros, avant de le couvrir d’insultes antisémites et complotistes. Selon Fredrick Brennan, fondateur de 8chan, en retrait de l’ancien forum-phare de l’extrême droite depuis les attentats néonazis de 2016, Mark Mann aurait été mentionné soit en guise de vengeance pour avoir banni l’auteur de la tuerie de son forum vch.moe, soit car il s’agit d’un des rares juifs connus au sein de la communauté 8chan. La mise en ligne de ces documents reste par ailleurs floue. Le Monde n’est pas parvenu à remonter à la source de leur première publication, et n’est pas en mesure de confirmer si les documents ont bien tous été écrits par l’auteur de l’attentat. Le « manifeste » et le détail du projet d’attentat semblent avoir été créés le 1er octobre, tandis que le fichier contenant le lien vers la future vidéo en direct de l’attentat date du 6 octobre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jim Watkins, le dino du porno à la tête du forum extrémiste 8chan Au lendemain de l’attentat de Halle, la vidéo encore diffusée sur des forums et des sites à faible modération La vidéo de l’attentat de Halle, initialement diffusée en direct sur Twitch, a rapidement été bloquée par le site propriété d’Amazon. Environ 2 000 personnes ont consulté la vidéo avant qu’elle ne soit supprimée, mais seules cinq personnes l’ont vue au moment de sa diffusion en direct, ont déclaré les équipes de Twitch dans la nuit de mercredi 9 à jeudi 10 octobre. Cela a toutefois suffi pour que des copies de la vidéo circulent. Elles ont notamment été publiées dans la soirée, quelques heures après l’attentat, sur des forums et des sites spécialisés fréquentés par des sympathisants d’extrême droite – dont le grand forum anonyme 4chan et son équivalent germanophone, Kohlchan. Ce dernier a été rendu inaccessible, sans que l’on sache si le site a fermé à la demande des autorités allemandes ou en raison d’un problème technique. Des liens permettant de télécharger les images étaient également diffusés. D’après les constatations de l’Agence France-Presse et du Monde, certains sites spécialisés dans l’hébergement de vidéos choquantes, ou qui n’appliquent pas ou peu de modération, hébergent également des copies de la vidéo, jeudi 10 octobre. Ces vidéos affichent chacune quelques dizaines de milliers de visionnages. En revanche, les images sont très difficilement trouvables sur les grands réseaux sociaux occidentaux (Facebook, Twitter…) et YouTube. Twitch avait annoncé mercredi avoir partagé le hash de la vidéo (un identifiant unique permettant de supprimer un contenu avant même qu’il soit publié) auprès des grandes sociétés du Web, ce qui peut expliquer le succès d’une modération automatique. Lire à ce sujet : Après l’attentat de Christchurch, Facebook, YouTube et Twitter accusés de mal modérer les discours haineux
L’auteur de l’attaque qui a fait deux morts à Halle, en Allemagne, avait publié plusieurs documents au contenu confus.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/10/attentat-de-halle-un-manifeste-qui-pose-plus-de-questions-qu-il-n-apporte-de-reponses_6014973_4408996.html
mlsum-fr-1505
Benjamin Griveaux, à Paris, le 29 août. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Pendant plusieurs semaines, les membres de l’équipe de Benjamin Griveaux se sont gratté la tête. Quel allait bien pouvoir être leur marqueur politique, leur signe distinctif durant la bataille des municipales à Paris ? « Anne Hidalgo est antivoitures, Gaspard Gantzer veut supprimer le périphérique, Cédric Villani est le savant fou, résumait en septembre une cheville ouvrière de la campagne. Et nous, on raconte quoi ? » Difficulté supplémentaire : parler d’Emmanuel Macron ne pouvait suffire, puisque Cédric Villani revendique lui aussi cet héritage, et que le mathématicien entré en dissidence n’a pas été exclu pour autant du parti présidentiel. Benjamin Griveaux et ses soutiens ont désormais trouvé leur mantra. Investi en juillet par La République en Marche (LRM) pour tenter de devenir maire de Paris, l’ancien porte-parole du gouvernement entend être le candidat des classes moyennes. « C’est le combat absolu, affirme-t-il. Je ne veux pas que Paris devienne uniquement la ville des riches, des bobos, des touristes et des gens modestes », une juxtaposition de ghettos bourgeois et de ghettos de pauvres. « Il faut aussi que les profs, les cadres moyens, les infirmières, les journalistes, les free-lances y trouvent leur place, tous ces gens qui gagnent parfois 5 000 euros à deux par mois et que les prix du logement obligent aujourd’hui à quitter Paris », ajoute-t-il. Lire aussi Municipales : Benjamin Griveaux rejoue le grand débat à Paris L’enjeu dépasse la capitale. « Si le vent populiste souffle sur l’Europe, en France, en Italie, en Grande-Bretagne et ailleurs, c’est parce que les classes moyennes souffrent et ne croient plus à ce qui leur est proposé, analyse Benjamin Griveaux. Or c’est dans les grandes métropoles comme Paris que l’on peut commencer à apporter des réponses à ces problèmes. » Par exemple en réservant certains logements sociaux à des personnes à revenu intermédiaire qui travaillent dans la ville : policiers, infirmières… « J’y réfléchis », assure l’ex-ministre, principal rival de la maire socialiste sortante Anne Hidalgo dans la course à l’Hôtel de ville. Sociologie des militants parisiens Ce projet tourné vers les classes moyennes sera aussi porté par elles. Tel est en tous les cas le message que Benjamin Griveaux souhaitait envoyer en dévoilant, jeudi 24 octobre, les noms de 53 premiers candidats investis pour figurer sur ses listes dans les différents arrondissements, soit 10 % de ses futurs colistiers. « C’est une question de cohérence, explique Patrick Levy-Waitz, le chef d’entreprise qui a coprésidé la commission chargée de choisir les futurs candidats parmi les quelque 2 000 propositions reçues au siège de LRM. Sur nos listes, nous voulons que figurent “ceux qui font”, de la restauratrice au pharmacien, à l’infirmière, l’écrivain ou l’assistante d’éducation. »
L’ancien ministre a dévoilé jeudi les noms de 53 personnes qui feront campagne avec lui à Paris, dont la fille de l’ex-patron du Medef.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/24/a-paris-benjamin-griveaux-se-veut-le-candidat-des-classes-moyennes_6016770_823448.html
mlsum-fr-1506
Le lac Roopkund, dans la partie indienne de l’Himalaya. ATISH WAGHWASE Aux confins de l’Inde et de la Chine, dans un recoin des montagnes de l’Himalaya perdu à plus de 5 000 mètres d’altitude se trouve un lac à la singularité mystérieuse et légèrement macabre qui intrigue depuis plus d’un siècle. L’hiver, sous la glace et la neige, rien ne paraît. Mais quand les températures montent, à l’approche de l’été, se révèle peu à peu un spectacle inquiétant… Des centaines et des centaines de squelettes humains affleurent à la surface de l’eau claire ou jonchent les environs. Sur certains os flottent encore des lambeaux de chair. Cette étendue d’eau est connue sous le nom de lac Roopkund, mais on l’appelle généralement le « lac aux squelettes », comme le rapporte le New York Times, dans un article mis en ligne mardi 20 août. Qu’est-il arrivé à ces gens pour qu’ils finissent leurs jours dans ces solitudes hostiles ? Comment plusieurs centaines de personnes peuvent-elles se retrouver dans cette vallée éloignée de toute civilisation et y mourir ensemble ? Pourquoi un tel massacre ? Si c’en est un, qui l’a commis ? Leur mort a-t-elle été causée par une catastrophe naturelle ? Par des conditions climatiques trop dures ? Et quoi qu’il en soit, pourquoi certains se sont-ils retrouvés au fond de l’eau ? Des corps arrivés à plusieurs moments de l’histoire Depuis des décennies, les chercheurs s’interrogent mais une équipe de scientifiques (constituée d’un Indien, un Américain et un Allemand) pourrait avoir percé une partie des secrets du lac mystérieux tout en soulevant des questions abyssales. Les résultats de leur travail sont exposés dans un article, paru le 20 août, dans la revue Nature Communications. Alors que la théorie la plus avancée, fondée sur quelques échantillons, évaluait à 1 200 ans l’âge des restes humains en question, cette nouvelle étude démontre, en se basant sur des échantillons d’ADN prélevés sur 38 squelettes, que le site n’abrite pas une mais plusieurs cohortes de cadavres et que les corps sont arrivés sur place à plusieurs moments de l’histoire, répartis sur plus d’un millénaire. Lire aussi Un archéologue suisse déterre au Soudan les restes d’un passé mystérieux Des Grecs contemporains de Louis XIV ? Le lac est en effet le dernier séjour de multiples groupes qui s’y sont retrouvés entre le VIIe et le Xe siècle et, étrangement d’un groupe séparé qui aurait connu une grave mésaventure entre le Xe et le XVIIe siècle. De manière plus étonnante, alors que les individus qui se sont perdus sur les bords du lac Roopkund étaient, selon les analyses ADN, originaires du sous-continent indien, le groupe tardif qui compte quatorze personnes semble être originaire de Méditerrannée orientale. Leur ADN présente en effet des similarités avec l’ADN des habitants contemporains de la Crète. Mais que pouvaient bien faire des Grecs potentiellement contemporains de Louis XIV au fin fond de l’Himalaya ? Plutôt que de se dissiper à la lumière de cette découverte, le mystère s’épaissit… D’autant plus qu’aucune trace d’infection bactérienne, ni de maladie n’a été détectée et il semble que chacun de ces individus soit mort de manière différente. Il ne s’agit pas non plus d’une bataille, aucune arme ni aucune trace de blessure violente sur les squelettes n’a été retrouvée. On compte d’ailleurs parmi eux des enfants et des vieillards et aucun lien familial entre les morts qui reposent près du lac n’a été décelé… Les analyses chimiques des squelettes montrent en outre que, toutes époques confondues, plusieurs régimes alimentaires distincts sont représentés. Le mystère reste donc plus entier que jamais… L’équipe de scientifiques à l’origine de cette découverte prévoit de laisser passer l’hiver et de revenir sur place, rapporte le National Geographic. Les chercheurs travailleront lors de cette mission sur les objets archéologiques présents sur le site et non plus seulement sur les corps, en espérant qu’ils puissent livrer des indices supplémentaires sur le destin énigmatique de ces infortunés voyageurs.
Un énigmatique plan d’eau d’altitude regorge de restes humains. D’après une récente étude, certains d’entre eux seraient venus de Méditerranée il y a seulement quelques siècles. La cause de leur décès reste inexpliquée.
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/08/22/dans-l-himalaya-un-mysterieux-lac-aux-squelettes-intrigue-les-chercheurs_5501741_4832693.html
mlsum-fr-1507
Le mandat d’arrêt européen, succès concret de la coopération judiciaire au sein de l’Union européenne (UE), est aujourd’hui fragilisé. Des grains de sable s’accumulent dans cette mécanique pourtant bien huilée, née d’une décision du Conseil européen de 2002 pour remplacer les longues et incertaines procédures d’extradition entre pays de l’UE. Paradoxalement, c’est aujourd’hui la Cour de justice de l’UE qui sème l’inquiétude dans les chancelleries, avec plusieurs décisions et procédures en cours. Appliqué à partir de 2004, le mandat d’arrêt européen a connu depuis un usage en croissance constante. En 2018, 18 615 mandats d’arrêt européens ont été émis par les magistrats des pays de l’UE (hors France), selon la chancellerie. Le ministère de la justice a pour sa part diffusé 1 736 mandats d’arrêt émis par les juridictions françaises. En sens inverse, 678 personnes ont été interpellées cette même année en Europe pour être remises à la France afin d’y purger une peine, de comparaître à un procès ou d’être entendues dans le cadre d’informations judiciaires. C’est le premier outil de reconnaissance mutuelle des décisions pénales qui a été mis en place en Europe. Le 27 mai, la Cour de justice a ébranlé l’édifice, en considérant que les mandats d’arrêt européens émis par le parquet allemand n’étaient pas conformes aux textes de l’Union, en raison du manque d’indépendance de ce dernier à l’égard du pouvoir exécutif. Elle est depuis assaillie de questions de la part de juridictions suprêmes de pays membres, qui s’interrogent sur la légalité des mandats d’arrêt européens émis par les autorités judiciaires de pays partenaires. Question préjudicielle Selon les informations du Monde, c’est au tour de la France, et de la capacité des procureurs de la République à émettre de tels mandats, d’être questionnée à l’occasion de deux affaires distinctes. La justice luxembourgeoise a ainsi adressé, en juillet, à la Cour de justice européenne une question préjudicielle avant d’exécuter un mandat d’arrêt émis par le parquet de Lyon. Un mandat signé par le procureur de Tours est aussi suspendu, cette fois après une demande de la justice néerlandaise. Ces deux affaires ont été jointes et viendront en audience, le 24 octobre, à Luxembourg. La décision, éventuellement lourde de conséquences pour le statut du parquet à la française, hiérarchiquement dépendant du garde des sceaux, sera rendue dès la mi-novembre. La procédure d’urgence a été retenue, compte tenu des délais contraints de mise en œuvre des mandats d’arrêt européens.
La Cour de justice de l’Union européenne va devoir se prononcer sur l’usage, par le parquet français, de cet outil de coopération judiciaire.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/09/le-recours-au-mandat-d-arret-europeen-par-les-procureurs-fragilise_6014811_3224.html
mlsum-fr-1508
Bloc-feuillet dessiné et gravé par Louis Boursier, sur les « grandes heures de l’histoire de France », en vente en avant-première au Salon philatélique. Impression en taille-douce. Tirage: 230 000 exemplaires. DR/La Poste Etaient au rendez-vous durant les trois jours du Salon philatélique d’automne, organisé du 7 au 9 novembre, à l’Espace Champerret, porte de champerret, à Paris, une quarantaine de créateurs de timbres, pour la France, pour les collectivités d’outre-mer et Monaco principalement, fédérés pour l’occasion par l’association Art du timbre gravé, présidée par Pascal Rabier (vice-présidentes Sophie Beaujard et Elsa Catelin). Il y avait donc : Patrick Dérible s’essaie à la gravure sous binoculaire. DR/Pierre Jullien – Patrick Dérible (voir PDF), auteur de son deuxième timbre pour la France, sur Tromelin, après son portrait d’Alexandre Varenne, le fondateur du quotidien La Montagne, paru en octobre, ceux dessiné pour Saint-Pierre-et-Miquelon ne se comptant plus ; A droite Louis Boursier, en compagnie de Pierre Albuisson. DR/Pierre Jullien – Louis Boursier, formidable graveur polyvalent, lauréat du prix Gravix de la Fondation de France en 2009, meilleur ouvrier de France en 2011. A droite, Zhongyao Li, auteur de nombreux timbres sur les signes astrologiques chinois, en compagnie (à gauche) de Pascal Rabier. DR/La Poste – Zhongyao Li ; A droite, le graveur Claude Jumelet, en compagnie d’André Feller, président de l’association Les Epicuriens de la philatélie (à gauche). DR/Pierre Jullien – Claude Jumelet, auteur de plusieurs centaines de timbres, ancien graveur de l’Imprimerie de Boulazac (Dordogne) ; Marie Detrée-Hourrière (peintre officiel de la Marine) et Isabelle Molinard. DR/Pierre Jullien – Marie Detrée-Hourrière et Isabelle Molinard ; De gauche à droite: Aurélie Baras et André Baras, président de l’association Les Epicuriens de la philatélie DR/Pierre Jullien – Aurélie Baras dont le premier timbre, sur les championnats du monde de judo, remonte à 1997 ; A droite, Joël Lemaine, en compagnie de Patrick Déricle, sur le stand de Saint-Pierre-et-Miquelon. DR/Pierre Jullien – Joël Lemaine que l’on retrouvera à Saint-Pierre et Miquelon pour un timbre sur les vieux gréements, une magnifique aquarelle ; André Lavergne et son épouse. DR/Pierre Jullien – André Lavergne (qui donne rendez-vous aux collectionneurs le 17 juillet, à Bez-Bédène, en Aveyron, pour « son » timbre inscrit au programme philatélique de 2020) ; Yves Beaujard, au stand de l’association Art du timbre gravé. DR/Pierre Jullien – Yves Beaujard que l’on ne présente plus, auteur d’une « Marianne » parue en 2008 ; De gauche à droite: Sophie Beaujard et Alice Bigot. DR/Pierre Jullien – Sophie Beaujard dont le timbre sur Montpellier a décroché le Grand Prix de l’art philatélique de l’année 2019, décerné à l’occasion du Salon philatélique d’automne ; Pierre Albuisson, et Sarah Lazarevic. DR/Pierre Jullien – Pierre Albuisson, à l’origine d’un site sur… les « tilleuls à danser » ; Sarah Lazarevic. DR/Pierre Jullien – Sarah Lazarevic, dont le premier timbre est paru en 2005, sur le viaduc de Millau, et qui rend hommage à Robert Nanteuil sur son site (Claude Mellan, c’est pas mal aussi !) ; Alice Bigot. DR/Pierre Jullien – Alice Bigot, passée par les Beaux-Arts de Genève, qui a enseigné à Mayotte et maintenant exerce en Seine-Saint-Denis. Son premier timbre (« Geneviève Asse ») est paru en 2017, son dernier en juillet 2019 (« 1969-2019. Premier pas de l’homme sur la Lune »). Le dernier timbre paru en juillet dessiné par Alice Bigot. DR/La Poste Ces deux dernières artistes incarnent la relève… dont on aimerait bien avoir l’équivalent dans les effectifs des collectionneurs !… Pierre Jullien
Le Salon philatélique d’automne est l’occasion pour les collectionneurs de rencontrer les dessinateurs et graveurs, afin d’obtenir d’eux des dédicaces.
https://www.lemonde.fr/mondephilatelique/article/2019/11/11/les-artistes-du-timbre-au-73e-salon-philatelique-d-automne-2e-partie_6018793_5470897.html
mlsum-fr-1509
L’homme d’affaires congolais Yves Kabongo dans son bureau du centre-ville de Kinshasa, en République démocratique du COngo, le 6 juin 2019. Thomas Nicolon pour Le Monde Afrique Lancer un projet de près de 3 milliards de dollars (2,6 milliards d’euros) ne l’impressionne pas. Même si son pays, la République démocratique du Congo (RDC), est considéré comme l’un des plus risqués au monde pour les investisseurs. Depuis son retour du Canada, il y a quinze ans, Yves Kabongo, 46 ans, y a déjà orchestré certains des plus grands contrats miniers et parle de centaines de millions, si ce n’est de milliards de dollars, avec l’aisance un peu désinvolte de celui qui sait faire du business dans le plus grand pays d’Afrique francophone. A la tête du fonds d’investissement KBG Capital, il ne néglige pas l’activité de sous-traitance pour le compte des géants miniers opérant en RDC avec sa société, The Icon Group. Un marché de près de 3,6 milliards d’euros par an, rien que pour le cuivre et le cobalt. Quant à l’exploration, après avoir opéré dans le secteur du diamant au Kasaï (centre), il prend le temps pour découvrir ce que renferment les 26 concessions – détenues par sa société minière Bankers Cobalt Corp. – dans les provinces du Katanga (sud-est). Ressource sous-exploitée De son bureau situé au troisième étage d’une résidence luxueuse de Kinshasa, l’homme d’affaires contemple ce matin de juin la lumière matinale qui irise le majestueux fleuve Congo. Pour ce baron de l’industrie minière en RDC, réussir à tirer profit de ses eaux turbides est à la fois un rêve et un défi. Il mise désormais sur la production d’énergie hydroélectrique et lance le plus ambitieux projet industriel privé du pays. « Un projet énorme mais pas exagéré », dit-il en déroulant des cartes. Son doigt s’arrête sur Kinsuka, à 25 km de Kinshasa. Là, les rapides du fleuve s’apaisent pour former une sorte de lac. C’est le Pool Malebo, autrefois appelé Stanley Pool, du nom de l’explorateur colonial Henry Morton Stanley. L’entrepreneur, lui, a jeté son dévolu sur la petite île de Kuidi, peuplée d’une quinzaine de pêcheurs qu’il prévoit de reloger ou d’embaucher. Il veut perforer ce bout de terre, broyer 17 millions de mètres cubes de roche pour y aménager un chenal de 250 mètres de large et une autoroute. A l’avenir, elle pourrait se connecter au futur et incertain pont reliant Kinshasa à Brazzaville, dont la construction – sans cesse repoussée tant elle est politiquement délicate – pourrait démarrer en 2020, selon la Banque africaine de développement (BAD). L’usine hydroélectrique de Kinsuka devrait avoir une capacité de 900 mégawatts (MW). C’est extrêmement ambitieux, mais confirmé par l’étude de faisabilité réalisée en 2018 par Tractebel, filiale du groupe français Engie. L’homme d’affaires congolais entend ainsi profiter de la libéralisation du secteur de l’électricité votée fin 2013 et concurrencer la défaillante société nationale, la SNEL. Le fleuve Congo – le deuxième le plus puissant de la planète après l’Amazone – a nourri bien des utopies. Celles de Stanley, explorateur et brutal mercenaire au service du roi belge qui fonda Léopoldville, l’actuelle Kinshasa. A 250 km au nord-est de la capitale, le président-maréchal Mobutu Sese Seko, lui, fit construire deux immenses barrages hydroélectriques sur des rapides, Inga I, en 1972, et Inga II, dix ans plus tard, d’une capacité de production de 1 775 MW. Vue aérienne des barrages hydroélectriques Inga I et Inga II sur le fleuve Congo, en République démocratique du Congo (RDC), en décembre 2013. MARC JOURDIER/AFP Aujourd’hui, les infrastructures décaties peinent à approvisionner Kinshasa. Las de perdre jusqu’à plusieurs millions de dollars par heure à cause des variations de tension, les miniers du Katanga importent le plus souvent l’énergie de Zambie. Lire aussi En République démocratique du Congo, le rêve fou des mégabarrages Inga La RDC, malgré un potentiel hydroélectrique estimé à 110 gigawatts (GW), souffre d’un taux d’électrification de 9 %, « l’un des plus bas au monde », selon la Banque africaine de développement (BAD). Inga I et II sont des symboles de la gabegie, des « éléphants blancs », comme on appelle ces projets d’ampleur obérés par la mauvaise gouvernance. Inga III, d’une capacité de 11 000 MW, le plus grand projet hydroélectrique d’Afrique au coût estimé de 14 milliards de dollars, pourrait se concrétiser, dit-on, d’ici à 2030. Un consortium emmené par le géant chinois Three Gorges Corporation et Cobra Instalaciones y Servicios (filiale du groupe de BTP espagnol ACS) a été retenu par l’Etat congolais. Un projet « africapitaliste » Pour Yves Kabongo, Inga III n’est pas un rival, mais un acteur complémentaire. « Ma priorité, c’est de fournir les miniers. Sur les 900 MW que je produirai, j’emmène entre 650 et 800 MW dans les provinces du Katanga via mes propres lignes à haute tension qui suivront le tracé de celles d’Inga, explique-t-il. Je laisse entre 50 et 250 MW pour alimenter Kinshasa, car on est obligés de faire du social, selon la loi. Mais comme je vais fournir les miniers, mon concurrent, la SNEL, aura plus d’énergie disponible pour la population. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux obsèques d’Etienne Tshisekedi à Kinshasa, le protocole a laissé peu de place à un hommage populaire Investisseur accro aux risques, Yves Kabongo est radicalement « africapitaliste », ce néologisme inventé et théorisé par son ami l’oligarque nigérian Tony Elumelu. Après avoir fait ses classes comme analyste chez Bombardier et à la Banque nationale du Canada, l’entrepreneur congolais s’est jeté dans le business minier. D’abord à son compte, puis comme collaborateur de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, devenu milliardaire en RDC, où il compte parmi ses meilleurs amis l’ancien président Joseph Kabila. Ce dernier parle d’ailleurs toujours avec affection de « Monsieur Dan », pourtant accusé par plusieurs ONG de « pillage » et de corruption, également visé par des sanctions du département du Trésor américain. Yves Kabongo reste froidement pragmatique. « Les pays en développement ont besoin de joueurs comme Dan Gertler, car ils amènent du capital-risque », argumente celui qui a aussi été un temps associé dans l’une des entreprises de l’Américain Erik Prince, fondateur de la sulfureuse société militaire privée Blackwater. Capital de Power China Cette fois, pour son grand projet hydroélectrique à 3 milliards de dollars, l’homme d’affaires a recyclé l’une de ses sociétés congolaises, Great Lakes Energy, filiale de son groupe KBG Capital établi au Canada. Après avoir dépensé près de 3 millions de dollars en études, il vient de signer, à Dubaï, un protocole d’accord avec le mastodonte chinois de la construction, Power China. La maison mère de Sinohydro (également retenue par l’Etat congolais pour Inga III) détiendra 51 % de la future coentreprise dans cette aventure censée générer un chiffre d’affaires annuel d’environ 800 millions de dollars. L’objectif est de mettre en service le complexe hydroélectrique « vers 2026 » et ainsi contribuer à bouleverser le marché de l’énergie en RDC. « L’eau et l’électricité restent une bataille à gagner par tous les moyens disponibles », a déclaré le nouveau président congolais Félix Tshisekedi fin mars, lors d’un forum économique, à Kigali, au Rwanda. La BAD, l’Union africaine, les institutions de Bretton Woods et d’autres ont fait de l’électrification de l’Afrique l’une de leurs priorités. Yves Kabongo n’en a cure. Il pense que l’Etat, en RDC, ne peut fournir les services de base et que « les institutions internationales n’ont jamais permis le développement d’un pays ». Lui préfère tenter de faire jaillir des millions de dollars des eaux sombres du fleuve Congo.
Yves Kabongo veut lancer le plus grand projet hydroélectrique privé du pays : une usine d’une capacité de 900 MW pour fournir l’industrie minière
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/18/en-rdc-l-homme-d-affaires-qui-mise-sur-le-potentiel-du-fleuve-congo_5478122_3212.html
mlsum-fr-1510
Une plus grande centralisation de la justice serait-elle un gage d’efficacité pour les affaires les plus complexes ? C’est le chemin qu’emprunte la chancellerie. Après la création du Parquet national financier en 2013 et celle du Parquet national antiterroriste en 2019, le ministère de la justice souhaite pouvoir rapatrier dans la capitale les procédures pour les affaires de criminalité et délinquance organisées très complexes. Il s’agit d’adapter l’organisation de la justice à la professionnalisation d’une certaine délinquance. L’évolution de ces quinze dernières années est marquée par l’internationalisation de certains réseaux criminels, une technicité plus grande avec la cybercriminalité et le recours au dark Web, l’Internet clandestin, et le développement de structures de services à la carte, comme les « collecteurs » qui externalisent et blanchissent les fonds, indépendamment de la nature du trafic dont ils sont issus (trafic d’êtres humains, d’armes, de stupéfiants, vols en bande organisées, escroqueries, proxénétisme, etc.). Aujourd’hui, les grandes affaires de stupéfiants, de crime organisé et de délinquance financière sont suivies par les huit juridictions interrégionales spécialisées (JIRS), implantées à Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Paris, Rennes et Fort-de-France. Créées par la loi de 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, elles dérogent déjà au principe de l’organisation judiciaire selon lequel est compétente la juridiction du lieu de l’infraction. Par exemple, le parquet de Bordeaux et les juges d’instruction de cette JIRS sont compétents pour les trafics d’armes qui se déroulent à Toulouse. « Compétence concurrente » A l’occasion de la loi de programmation et de réforme de la justice du 23 mars 2019, le gouvernement a déjà franchi deux étapes supplémentaires sur la voie d’une centralisation des procédures les plus lourdes. D’abord, en imposant aux JIRS d’informer « sans délai » le procureur de Paris, et donc la JIRS parisienne, des autorisations données par les procureurs à des livraisons surveillées de stupéfiants sur le territoire. Cette technique policière destinée à identifier les différents niveaux d’un réseau de trafic a donné lieu ces dernières années à des pratiques très diverses, voire contestables… y compris à Paris. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coup de rabot sur la loi de programmation de la justice L’autre innovation est d’avoir donné à la justice parisienne (parquet, juges d’instruction, tribunal correctionnel et cour d’assises) une « compétence concurrente » sur l’ensemble du territoire national pour « les affaires qui sont ou apparaîtraient d’une très grande complexité, en raison notamment du ressort géographique sur lequel elles s’étendent ». Autrement dit, la JIRS de Paris peut demander de récupérer une enquête en cours dans un autre ressort, à la condition que le procureur concerné donne son accord.
François Molins, procureur général de la Cour de cassation, recommande un droit de préemption des dossiers criminels ou financiers d’une très grande complexité.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/07/25/la-justice-veut-centraliser-a-paris-les-enquetes-les-plus-lourdes-sur-la-criminalite-organisee_5493277_1653578.html
mlsum-fr-1511
Manifestation organisée par l’organisation féministe Nous toutes pour dénoncer le 100e fémicide de l’année place du Trocadéro, devant la tour Eiffel à Paris, le 1er septembre 2019. ZAKARIA ABDELKAFI / AFP « Mais vous êtes où ? Je la vois plus, elle est morte cette petite, elle est morte ! » C’est un témoignage à charge contre la police que publie France Bleu Azur après la découverte sous des détritus, samedi 31 août, du corps d’une femme rouée de coups à Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). Celui d’une voisine qui a assisté à la scène de dispute entre cette jeune femme de 21 ans et son compagnon, âgé de 26 ans. Elle assure avoir prévenu les policiers, en vain. Cette habitante, qui a souhaité garder l’anonymat, estime que son appel n’a pas été traité assez rapidement. « J’ai appelé à l’aide une première fois, j’ai raccroché, ensuite j’ai rappelé à nouveau, déplore-t-elle. Je suis restée avec eux au téléphone jusqu’à ce que la jeune femme se fasse assassiner. » Lorsqu’une patrouille est arrivée sur place, elle n’a « trouvé aucun élément relatif » à cette agression mortelle, selon le parquet de Grasse. « Il y a des écarts sur le déroulé des faits et de l’intervention policière qui méritent des éclaircissements », a fait savoir, lundi soir, une source proche du dossier. L’inspection générale de la police nationale (IGPN) – la « police des polices » – a été saisie par le directeur général de la police nationale « aux fins d’établir avec précision les conditions d’intervention des effectifs de police », a, de son côté, déclaré un porte-parole de la police à l’Agence France-Presse (AFP). « Non, non, il n’y a rien » Les faits se sont déroulés dans la nuit de vendredi à samedi rue du Garigliano, à Cagnes-sur-Mer. Alertée par les cris de la jeune femme, une voisine sort de chez elle avec son fils. « Il l’a battue à mort, il sautait sur elle comme sur un trampoline », décrit-elle à France Bleu. Cette dernière assure avoir tout décrit à la police et leur avoir dit : « Mais là, c’est fini ! Mais vous êtes où ? Je la vois plus, elle est morte cette petite, elle est morte ! » Son fils tente alors de faire diversion en provoquant le compagnon. Mais ce dernier le menace en prétendant qu’il a une arme, toujours selon France Bleu. Apeurés, la mère et le fils rentrent chez eux. Ils ne voient pas ce qui se passe ensuite. Lorsque les policiers arrivent sur place quelques minutes plus tard, le calme est revenu. « Ils sont partis en nous disant : “Non, non, il n’y a rien” », témoigne la voisine. « L’équipage se rendait rapidement sur les lieux, mais ne découvrait aucun élément relatif » à l’agression, a déclaré lundi soir le parquet de Grasse dans un communiqué. Le corps de Salomé, roué de coups et méconnaissable, est découvert samedi midi, dissimulé sous un tas de détritus, enroulé dans un tapis, au bout d’une impasse. De multiples blessures, notamment au niveau de la tête, ont été constatées. Information judiciaire pour « meurtre par concubin » Interpellé dimanche, le compagnon de la jeune femme, Amin M., a été mis en examen et placé en détention provisoire mardi. Au terme de sa garde à vue, une information judiciaire avait été ouverte « du chef de meurtre par concubin ». Lors de sa première audition, il avait invoqué une dispute à propos d’un message que la victime aurait effacé sur les réseaux sociaux. Elle lui aurait ensuite annoncé qu’elle voulait rompre. « Il a contesté être l’auteur des violences et a prétendu avoir quitté les lieux après la dispute », expliquait lundi soir le parquet dans un communiqué. Le suspect n’a pas de casier judiciaire ni de pathologie mentale, selon une première expertise. « Il n’apparaît pas que la victime ait déjà dénoncé des faits de violences dont elle aurait été l’objet de sa part », précisait le parquet. C’est grâce aux images des caméras de vidéosurveillance de la ville qu’il a pu être interpellé dimanche. Les images montrent un homme et une femme correspondant à la description des témoins se disputant devant une résidence, puis la jeune femme partant en courant, « poursuivie » par l’homme qui, un peu plus tard, revient seul et pénètre dans la résidence, selon le parquet. Lundi soir, une centaine de personnes se sont rassemblées devant la gare de Cagnes-sur-Mer pour rendre hommage à la jeune femme, alors que s’ouvre mardi le « Grenelle » destiné à lutter contre les violences conjugales. Les participants, rassemblés à la suite d’un appel relayé par l’association niçoise Tous citoyens !, ont observé 101 secondes de silence, pour autant de féminicides commis depuis le 1er janvier, selon le collectif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Violences conjugales : un Grenelle très attendu « Je suis de près ce décompte macabre, et là, je vois samedi que la 100e victime, elle est chez nous, à 500 mètres de mon domicile. Ça m’a frappé, je me devais d’être là, même si la famille n’est pas là, elle sait qu’on est passés », a témoigné Christophe, fonctionnaire de 53 ans, regrettant le faible nombre d’hommes présents au rassemblement. « Je suis venue par solidarité, je suis une femme, cela aurait pu m’arriver également, c’est injuste, il ne faut plus que ça se reproduise, il faut trouver des choses à faire, ce n’est pas possible que ça existe encore », a déploré Zohra, une Cagnoise, agente territoriale de 48 ans. Selon elle, « il faut en parler, et cela doit être puni, mais gravement. Aujourd’hui, c’est trop facile, et c’est pour ça que ça recommence tout le temps, c’est inadmissible. » En 2018, 121 femmes ont été tuées en France par leur compagnon ou ex-compagnon, soit une tous les trois jours, selon le ministère de l’intérieur. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Papa, il a tué maman, Gilles et lui » : enquête sur cinq féminicides à La Réunion
Selon le parquet, des riverains témoins de la dispute avaient alerté la police, mais la patrouille dépêchée sur place « n’avait trouvé aucun élément relatif » à l’agression mortelle.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/02/l-igpn-saisie-apres-la-decouverte-du-corps-d-une-jeune-femme-a-cagnes-sur-mer_5505587_3224.html
mlsum-fr-1512
Le dragon conçu par La Machine dans une rue de Calais, le 1er novembre. FRANÇOIS LO PRESTI/AFP Toute la ville semble s’être déversée dans les rues derrière l’immense créature. Tel le joueur de flûte d’Hamelin, le dragon – 72 tonnes de vérins et de capteurs, d’acier et de bois sculpté, pattes énormes, yeux sanglants, gueule à faire se cacher saint Georges sous son armure – entraîne derrière lui la population de Calais, compacte face à la pluie et au vent. Manœuvré par une quinzaine d’artistes, il avance, majestueux, ponctuant sa marche de grands râles indolents. Soudain, toutes ailes déployées, il crache. Des flammes. Plus loin, il s’arrête à la hauteur d’un balcon, dans un tête-à-tête avec une habitante. Un cormoran esseulé traverse le ciel gris. Le #dragondecalais a le Quai Fournier en ligne de mire https://t.co/rcrTuWqPNw — lamachinefr (@Compagnie La Machine) Le temps d’un week-end, Calais aura ainsi vécu au rythme d’un conte. Un mythe fondateur, inventé de toutes pièces par François Delarozière, qui, avec sa compagnie La Machine, à Nantes, est devenu un spécialiste du genre. Or donc, raconte l’histoire, échappé des limbes sous la mer, un dragon se réveilla le 1er novembre 2019 sur la plage de Calais, à l’entrée du port. Il entra dans la ville, terrorisant les hommes, qui tentèrent de le repousser pour finalement, au troisième jour, adopter la créature et en faire leur ami protecteur : installé sur le front de mer, promenant jusqu’à 50 humains à la fois sur son dos, pour 9,50 euros par personne, il devint, ou plutôt deviendra, à partir du 17 décembre, le dragon de Calais, pièce maîtresse d’un dispositif de reconquête par la ville de son image. Lire le reportage (novembre 2018) : Un Minotaure mécanique s’installe à Toulouse 27 millions d’euros d’investissement sur huit ans pour tenter d’en finir avec une renommée internationale de plaque tournante des flux migratoires. De 2014 à 2016, la « jungle » a en effet accueilli ici jusqu’à 10 000 exilés en précarité absolue… et aussi tout ce que la Terre compte de journalistes. De quoi inscrire dans la durée le portrait de Calais-la-misère. Un côté fête foraine Mais déjà, quand bien même la région et l’Etat prennent en charge pratiquement pour les deux tiers des dépenses sur la première tranche de 13 millions d’euros, l’opposition dénonce un budget pharaonique. « Les retombées économiques du dragon seront supérieures à l’investissement consenti », martèle Natacha Bouchart, la maire (LR) de Calais, qui n’hésite pas à mettre en regard les 650 millions investis par le port (géré par la SEPD, une société en délégation de service public) pour son agrandissement de 90 hectares pris sur la mer. C’est que, faute de parvenir à boucler le tour de table pour financer le parc d’attractions en faveur duquel elle militait depuis des années (Spy Land, devenu Heroic Land), la petite femme énergique au regard tranchant s’est mise à rêver du modèle nantais et de ses « machines » qui ont fait le tour du monde.
L’animal mécanique imaginé par François Delarozière est la pièce maîtresse d’un projet urbain de reconquête par la ville de son image.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/04/a-calais-un-dragon-pour-sortir-de-la-jungle_6017927_3246.html
mlsum-fr-1513
En juin 1995, l’Elysée convia à un déjeuner quelques-uns des journalistes qui avaient suivi la campagne du nouvel élu. Le soleil entrait à flots dans un des salons du rez-de-chaussée lorsqu’un huissier, ouvrant les battants d’une double porte, lança : « Monsieur le président de la République ! » Jacques Chirac entra à grandes enjambées, pantalon remonté jusqu’aux aisselles, veste ouverte et main dans la poche. Un peu de surprise nous figea. Une part de nous-mêmes n’admettait pas son incroyable victoire. Ussel, novembre 1994. Jacques Chirac commence sa campagne en Corrèze. Ambiance de kermesse pour ce banquet républicain. Beaucoup de journalistes découvrent la politique. Il nous intimide. Les déchirures de la droite ont créé des emplois dans les rédactions. « Tu vas suivre Chirac », a-t-on dit, l’air désolé, aux nouvelles recrues dont nous sommes. Deux grognards chevronnés chaperonnent ces « Marie-Louise ». On reconnaît la chevelure blanche de Paul Guilbert, le journaliste du Figaro qui a fréquenté Sciences Po avec le candidat, et Gilles Bresson, son confrère de Libération, qui fume des Craven A et se ronge les sangs comme un débutant. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Chirac nous a enseigné la proximité, le terrain, le cul des vaches » Côté candidats, le casting n’est guère plus brillant. Certes, les « bébés Chirac » comme on appelle les jeunes élus qui ont fait le choix de le suivre sont dévoués. Mais ils estiment aussi que leur jeunesse leur permettra de se remettre des conséquences d’une défaite annoncée. Et, puis, en face, chez « Balladur le traître », les deux Nicolas – Sarkozy, ministre du budget et Bazire, directeur de cabinet du premier ministre – tirent toute la couverture à eux. Les renforts politiques sont des seconds couteaux : Charles Millon, Hervé de Charette, Alain Madelin… combien de divisions ? « Moi, j’ouvrirai une agence de voyages » Le « miracle de 1995 », cette victoire imprévisible, ce totem devant lequel la droite s’en va prier à chaque fois qu’elle entrevoit sa défaite, c’est ça. Un candidat caricaturé en loser pathétique par sa marionnette des « Guignols de l’info » sur Canal+, une équipe sans expérience ni poids lourds, hormis Alain Juppé et Philippe Séguin. Heureusement, il y a un bon slogan, « La France pour tous », et un symbole, les pommes. Sur l’île de la Réunion, juste avant Noël, Jean-Louis Debré, qui accompagne le candidat, imagine son avenir loin de la politique : « Je vais ouvrir une agence de voyage », dit-il. « C’est ça, tu tiens la boîte, et moi, je voyagerai », rétorque Chirac peu convaincu de sa victoire.
Donné largement battu par Edouard Balladur au début de l’élection, le candidat du RPR l’emportera finalement contre tous les pronostics.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/27/la-campagne-de-1995-de-jacques-chirac-entre-seconds-couteaux-politiques-et-marie-louise-du-journalisme_6013280_823448.html
mlsum-fr-1514
SEVERIN MILLET Aux Etats-Unis, la guerre du streaming est officiellement lancée. Vendredi 1er novembre, Apple va ouvrir les hostilités, avec un service de vidéo à la demande, Apple TV+. Le 12 novembre, Disney inaugurera un service concurrent, Disney+. D’autres acteurs sont attendus au printemps 2020 : Warner (AT&T), avec une nouvelle plate-forme, HBO Max ; NBCUniversal (Comcast), avec Peacock. Une nouvelle ère se profile pour la télévision : le secteur de l’audiovisuel, dit « DTC » (« directement au consommateur », c’est-à-dire qui ne nécessite pas de passer par un opérateur intermédiaire), devrait connaître sa plus grande transformation depuis que Netflix s’est lancé dans le streaming, en 2007. Pour la première fois, la domination du géant californien de la télévision à la demande est menacée. Il y a dix ans, le streaming existait à peine. En 2024, les spécialistes estiment que le nombre d’abonnés à des services de vidéo en ligne devrait atteindre 1 milliard dans le monde. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Amazon, Hulu, Disney, Apple... Qui veut la peau de Netflix ? Longtemps cantonné aux plates-formes Netflix, Amazon Prime et Hulu, le secteur est maintenant convoité par les studios hollywoodiens alliés aux câblo-opérateurs, contraints de réagir en raison de la baisse des audiences sur les débouchés traditionnels. « La guerre est déclarée : tout le monde se lance face à Netflix, relève Thomas Jorion, consultant en stratégies dans le secteur des télécommunications, à Los Angeles. En fait, ce qui est étonnant, c’est qu’il ait fallu attendre 2019 pour voir surgir des concurrents. » Une guerre de contenus et de tarifs Netflix compte maintenant 158,3 millions d’abonnés dans plus de 190 pays (à l’exception de la Chine), soit deux fois plus qu’en 2016. Signe que le marché américain n’est pas extensible, la firme de Reed Hastings a perdu des abonnés, pour la première fois, au deuxième trimestre 2019 (126 000 en moins). Au troisième trimestre, le dernier avant l’entrée en lice de ses rivaux, elle a de nouveau manqué ses objectifs, selon les chiffres publiés le 16 octobre (6,8 millions de souscriptions supplémentaires, contre 7 millions prévus). L’entreprise s’est rétablie en Bourse, grâce à une croissance de 31 % des revenus, due à l’augmentation des tarifs en début d’année. Elle a affiché un bénéfice de 665 millions de dollars (soit environ 600 millions d’euros), contre 403 millions de dollars pendant la même période de 2018. La firme reste la première plate-forme de streaming du monde (60,6 millions d’abonnés aux Etats-Unis et 97,7 millions dans le reste du monde).
Apple, le 1er novembre, Disney, le 12 novembre... Les prétendants se multiplient sur le marché convoité de la vidéo à la demande. Leur objectif : ravir la couronne au champion Netflix.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/30/dans-le-streaming-video-la-guerre-pour-le-trone-est-declaree_6017378_3234.html
mlsum-fr-1515
Fantine Lesaffre après son titre sur le 200 m nage libre aux championnats de France, à Rennes, le 21 avril. DAMIEN MEYER / AFP Le plus compliqué pour Fantine Lesaffre aura été de se faire un prénom. Le comble quand on en porte un aussi identifiable, tiré des Misérables. Dans le roman de Victor Hugo, de la mère de Cosette, on ignore tout de son enfance, on ne lui connaît d’ailleurs pas de patronyme. Elle, le sien a toujours été associé à la natation française. Trois générations de la famille Lesaffre s’y sont illustrées : les grands-parents, Lucien et Danielle, étaient des figures du club de Roubaix, la grand-mère a même donné son nom à la piscine de la ville. Patrice, le père de Fantine, a nagé en équipe de France et Bruno, son oncle, participé aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984. « J’ai souvent été “la fille de Patrice”, la “nièce de Bruno”, il fallait que je fasse ma place, résume la benjamine du clan, large sourire et démarche spontanée, loin de certaines ex-stars de l’équipe de France. Je pense que maintenant, c’est réussi. » La jeune femme de 24 ans – engagée aux championnats du monde de Gwangju (Corée du Sud) à partir de dimanche 21 juillet – est apparue dans les radars médiatiques à l’été 2018, lors des championnats d’Europe de Glasgow, sacrée sur le 400 m 4 nages en établissant un nouveau record de France (4’17), jusque-là détenu par Camille Muffat. Depuis, la piscine où elle a fait ses premières brasses a été rebaptisée « piscine Danielle et Fantine Lesaffre ». Et la natation française s’est trouvé un nouveau visage, elle, qui, en attendant le retour de Florent Manaudou, a bien du mal à retrouver l’élite internationale et ne peut compter, en individuel, que sur les exploits de Mehdy Metella et Charlotte Bonnet. Mais Lesaffre ne se sent pas pour autant l’âme d’une leadeur : « Ce n’est pas du tout mon truc, je suis plus discrète et timide. Quand j’arrive sur un bord de bassin, on me dit toujours que je suis un peu hautaine parce que j’ai le visage fermé et que je suis concentrée. Mais c’est une fausse image, il faut juste apprendre à me connaître. Dans l’intimité, je suis fofolle et joyeuse. » Syndrome de l’imposteuse Si les garçons de l’équipe de France ont longtemps ramené la plus grosse moisson de médailles, la balance s’est aujourd’hui inversée. Même si le processus de reconstruction n’a pas toujours été bien vécu. « Quand toutes les grandes nageuses [françaises] ont arrêté leur carrière, on s’est retrouvé une équipe féminine très jeune et tout le monde s’est un peu acharné sur nous, rappelle Lesaffre. On nous a toujours comparées aux plus vieilles sans nous laisser digérer l’héritage des Manaudou, Balmy… A l’époque, je n’étais pas très forte en équipe de France, donc je ne le prenais pas pour moi mais ça faisait de la peine. » Si son père l’a jetée à l’eau vers 3 ans, la Nordiste n’a commencé la natation que tardivement, vers 14 ans, après avoir privilégié l’athlétisme. D’abord avec la brasse, qui reste aujourd’hui son point fort, avant de se tourner vers le quatre nages, estimant ne pas avoir la caisse pour le sprint. La nageuse longiligne (1,80 m, 56 kg) est très vite étiquetée espoir de la discipline, mais mettra du temps à confirmer sur la scène européenne, paralysée par le syndrome de l’imposteuse. « En championnats de France, je savais que je valais tous mes podiums. En arrivant en séries, je n’avais pas beaucoup d’efforts à faire pour rentrer en finale et idem en finale, pour monter sur le podium. Quand j’arrivais en compétition internationale, savoir que j’étais à côté des Katinka Hosszu, Mireia Belmonte Garcia, etc., c’était plus compliqué à gérer, explique-t-elle. Je me disais qu’en fait je n’avais pas vraiment le niveau pour être là. Comme dans la tête ça n’allait pas, le corps ne suivait pas. Le déclic que j’ai eu l’an passé a tout changé. » Dans la foulée de Glasgow, elle confirme en décembre par une médaille de bronze aux championnats du monde en petit bassin, à Hangzhou (Chine), sur le 400 m 4 nages, derrière l’intouchable Katinka Hosszu. La « Dame de fer » hongroise, habituée à prendre une quinzaine de départs à chaque grand rendez-vous, évolue selon elle dans une autre sphère. « J’admire aussi l’Américaine Katie Ledecky », ajoute Lesaffre – à l’âge où la Française commençait la compétition, l’Américaine allait déjà chercher sa première médaille olympique à Londres. Mais depuis Glasgow et Hangzhou, Fantine Lesaffre a gagné le respect de ses rivales et ne fuit plus leur regard en chambre d’appel. La médaille à Tokyo Plus relâchée dans les bassins, Fantine Lesaffre s’est aussi stabilisée en dehors. Après avoir fait le tour des piscines de l’Hexagone (elle a changé quatre fois de structure en quatre ans), elle évolue depuis septembre à Antibes (Alpes-Maritimes), où elle dit avoir enfin trouvé son port d’attache. Elle s’y entraîne sous les ordres de Franck Esposito, médaillé de bronze sur 200 m papillon aux JO de Barcelone, en 1992. Cela tombe bien, le papillon reste la nage qui lui résiste le plus. « J’ai eu des périodes très compliquées quand j’étais à Mulhouse ou Rennes car je m’entraînais dur et les résultats ne suivaient pas. Maintenant que ça suit, je n’ai plus vraiment de période de mou, je reste motivée parce que j’ai des objectifs de plus en plus élevés. » La paire vise un podium aux Jeux l’an prochain mais voit encore plus loin : « Je suis focalisée entièrement sur Tokyo mais j’ai Paris [2024] dans un coin de la tête. Pour moi ce ne sera pas la fin de ma carrière en 2020. » Avant cela, il y a Gwangju et deux occasions de confirmer son nouveau statut sur le quatre nages. D’abord dimanche sur le 200 m puis, une semaine plus tard, sur le 400 en clôture des championnats du monde. « Je pense qu’on va m’attendre sur cette distance étant donné que j’ai fait un podium en petit bain. Mais avec l’expérience, j’arrive à rester concentrée sur moi, je vais juste faire ce que je sais faire. » Et pourquoi pas passer de l’imposteuse à la braqueuse.
Depuis son titre européen à l’été 2018 sur 400 m 4 nages, la Nordiste de 24 ans a acquis un nouveau statut. A Gwangju, en Corée, elle espère confirmer sur la scène internationale.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/20/mondiaux-de-natation-fantine-lesaffre-dans-le-grand-bain_5491633_3242.html
mlsum-fr-1516
Le chantier de construction de l’usine Greenfields Pineapple, à Ekumfi, dans le sud du Ghana, en juin 2018. Le site est l’un des premiers du programme « One district,one factory », mis en place par Accra. CRISTINA ALDEHUELA / AFP Pour atteindre la rive ouest du lac Naye, à une heure et demie d’Accra, on traverse les interminables faubourgs de la capitale ghanéenne un peu comme on parcourrait un supermarché à ciel ouvert. A même la chaussée, les vendeurs ambulants se pressent autour des véhicules pour tenter d’écouler des paquets de mouchoirs ou de chewing-gums. De chaque côté de la rue, des rangées de cahutes en tôle et bois vermoulu sont autant d’échoppes improvisées où l’on peut encore acheter un peu tout et n’importe quoi : matelas, régimes de bananes, couronnes de fausses fleurs, boubous colorés… Commerces informels et petits boulots de fortune : voilà le lot d’une large part de la population ghanéenne. Dans cet Etat anglophone d’Afrique de l’Ouest, la forte croissance, tirée par l’exploitation des hydrocarbures – une hausse d’un peu plus de 8 % attendue en 2019 –, ne se traduit guère en emplois. Le chômage touche près de 14 % de la jeunesse du pays. Et seule une infime minorité des Ghanéens qui rejoignent chaque année le marché du travail parviennent à décrocher un job dans le secteur formel. Lire aussi Le marché commun africain : un immense potentiel mais encore beaucoup de travail L’actuel président du Ghana, Nana Akufo-Addo, élu fin 2016 dans un climat de contestation sociale, a promis de s’atteler à ce chantier. L’ancien avocat, qui doit rencontrer Emmanuel Macron, à Paris, jeudi 11 juillet, aime fixer des caps ambitieux. Une première entrevue avec son homologue français, fin 2017, avait donné le ton. « Notre responsabilité est de tracer la voie par laquelle on pourra développer nos nations nous-mêmes », avait-il affirmé dans un discours très remarqué sur le continent, plaidant pour que l’Afrique cesse de « mendier l’aide » des pays riches. L’industrie, le parent pauvre Afin d’y parvenir chez lui, Nana Akufo-Addo s’est engagé à la mise en œuvre d’un programme hors norme : l’ouverture d’au moins une usine dans chacun des 255 districts (des subdivisions administratives) que compte le pays. « L’objectif est d’ajouter de la valeur à nos ressources brutes », explique Yofi Grant, un ancien banquier d’affaires devenu patron du Centre ghanéen de promotion des investissements. Pétrole, or, bauxite, mais aussi cacao, café, noix de cajou, ananas ou tomates : le Ghana est riche en matières premières de toutes sortes. Mais, comme trop de pays africains, il les exporte sans les avoir transformées. Résultat, l’industrie demeure le parent pauvre d’une économie très instable, puisque étroitement corrélée aux cours mondiaux. L’initiative gouvernementale entend changer la donne et créer des emplois de qualité. « Mais les projets doivent venir du secteur privé, insiste Yofi Grant, depuis son bureau ultra-climatisé d’Accra. Le gouvernement, lui, s’occupe seulement de faciliter les choses. » Sur le volet de l’accès au crédit, par exemple, ou celui de la logistique, en améliorant les dessertes routières et la fourniture d’électricité. Pétrole, or, bauxite, mais aussi cacao, café, noix de cajou, ananas ou tomates : le Ghana est riche en matières premières, mais, comme trop de pays africains, il les exporte sans les avoir transformées Retour au bord du lac Naye, où le visiteur est envoyé observer un exemple de cette « collaboration » entre le privé et le public. En retrait des eaux brunes surgissent les locaux rutilants d’une nouvelle fabrique. Presque une apparition, après avoir longuement roulé sur une piste trouée de spectaculaires nids-de-poule. Ces bâtiments appartiennent au groupe Everpure, l’un des spécialistes de l’eau minérale au Ghana. Il s’est installé à dessein près du lac pour pouvoir y puiser sans limites des mètres cubes transformés en eau potable, grâce à ses machines sophistiquées utilisant la technologie de l’osmose inverse (système de filtrage très fin). Problèmes d’infrastructures En ce jour de mai, l’usine vient tout juste de démarrer ses opérations. Elle tourne encore au ralenti, mais devrait, à terme, cracher à la chaîne bouteilles et sachets d’eau purifiée. « Une cinquantaine de personnes y travaillent déjà, et on vise, à terme, un millier d’employés, dont beaucoup de gens des environs », assure Peter Narh, le directeur général d’Everpure. Une perspective alléchante dans ce coin déshérité, qui explique sans doute l’éclosion d’habitations sommaires tout le long du chemin de terre rouge. Elles se sont multipliées depuis le lancement des travaux, en 2017. Le complexe est labellisé « One district, one factory » (1D1F), du nom du programme de M. Akufo-Addo, comme le signale ostensiblement un grand panneau à l’entrée. « Cela faisait déjà un moment que nous réfléchissions à ce projet, explique M. Narh, dont le groupe gère trois autres usines dans le pays. Mais le financement n’était pas complètement en place, et le gouvernement nous a donné un bon coup de pouce, notamment par le biais des exemptions fiscales. » L’entrepreneur attend désormais qu’une route bitumée vienne remplacer la piste, comme le lui ont promis les autorités. Dans combien de temps ? « Aucune idée », soupire-t-il. Ces problèmes d’infrastructures deviennent plus criants à mesure qu’on s’éloigne vers le nord du pays, pauvre et enclavé. Ils sont l’un des freins majeurs à l’avancement du programme 1D1F. Celui-ci devait être bouclé en 2020, pour la prochaine élection présidentielle. Or 80 structures seulement ont été approuvées. La plupart sont encore loin d’être opérationnelles et quasiment aucune ne figure dans les territoires les plus reculés. Les succès comme Everpure peinent à masquer ce départ laborieux, brocardé par l’opposition. « Une usine, cela ne se construit pas en un jour », rétorque la coordinatrice de l’initative, Gifty Ohene-Konadu. Des atouts à faire valoir Mais, dans les milieux d’affaires aussi, on doute de la philosophie du projet. « C’est très louable de vouloir aller dans chaque village. Mais cela ne suffit pas de dire : “Il y a des tomates ici, alors je vais ouvrir une usine de produits à la tomate.” Dans quelle chaîne logistique les intégrer ? Et comment les acheminer ? », interroge le financier Tony Abakisi, patron du fonds d’investissement Sigma Pensions, résumant le scepticisme ambiant. Les autorités répondent qu’elles ont en soute un grand plan de développement de routes et de voies ferrées. Des chantiers courant sur plusieurs milliers de kilomètres doivent permettre de connecter les régions septentrionales aux ports du sud du pays. Encore faut-il pouvoir les mettre en musique en tenant compte d’une partition budgétaire complexe. En 2015, dans le sillage de la chute des prix du pétrole, le pays a frôlé la banqueroute et choisi de s’en remettre au Fonds monétaire international (FMI), pour un emprunt de près de 1 milliard de dollars (892 millions d’euros). Celui-ci est aujourd’hui remboursé, mais le Ghana affiche toujours un lourd endettement (60 % du produit intérieur brut) qui bride ses marges de manœuvre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ghana, les voies du retour « Ces projets d’infrastructures n’ont pas vraiment démarré, faute de financement, confirme un expert étranger installé à Accra, qui préfère rester anonyme. De même, il est délicat de vouloir proposer un cadre fiscal favorable pour attirer les investisseurs, alors que le pays doit justement augmenter ses recettes fiscales. Ils courent deux lièvres à la fois. » Pour autant, le Ghana a des atouts à faire valoir auprès des investisseurs étrangers. Champion de la croissance en Afrique, il est un modèle démocratique, réputé pour sa stabilité politique. Ce pays de 29 millions d’habitants bénéficie aussi d’une population relativement bien formée. Signe que ses ambitions sont prises au sérieux, les Etats-Unis ont fait savoir au printemps qu’ils débloqueraient 300 millions de dollars par le biais de leur banque d’import-export (Exim Bank) pour accompagner l’initiative 1D1F. « Réussir ce qu’a accompli la Corée du Sud » Peut-être faudra-t-il finir par rebaptiser le programme, si les nouvelles usines se concentrent, comme beaucoup le présument, dans une poignée d’endroits : aux environs d’Accra et des ports de Tema ou Takoradi, dans le Sud, notamment. « Mais c’est souvent beaucoup plus efficace de créer des “clusters” [groupements] en construisant des filières dans quelques zones géographiques », décrit John Ashbourne, économiste spécialiste de l’Afrique subsaharienne chez Capital Economics. Sur le fond, la nécessité d’une industrialisation n’est guère contestée. Un enjeu qui concerne d’ailleurs toute l’Afrique : le continent pèse moins de 2 % dans l’activité manufacturière mondiale. Et ce secteur ne fournit que 5 % des emplois. Or, ni l’agriculture ni les services ne pourront absorber les 30 millions de nouveaux actifs arrivant sur le marché du travail africain, chaque année. Face à cet immense défi, les efforts du Ghana ont le mérite d’exister. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le Ghana est devenu le poste avancé de Google en Afrique « Même s’il n’y aura pas une usine dans chaque district, ce qui compte, c’est d’avoir un projet concret qui permette d’enclencher un mouvement, estime Edward Brown, directeur de recherche du centre de réflexion ghanéen African Center for Economic Transformation. Nous avons du potentiel, pourquoi ne pourrions-nous pas réussir ce qu’a accompli la Corée du Sud, un pays agricole devenu une puissance industrielle ? » L’écart promet malgré tout d’être long à rattraper. A la fin des années 1960, le revenu par habitant était à peu près le même au Ghana et en Corée du Sud. Aujourd’hui, celui de la nation est-asiatique est 14 fois plus important. Pour ne rien manquer de l’actualité économique Cet article est paru dans notre newsletter « La lettre éco ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre quotidienne en suivant ce lien. Chaque jour à 12 h 30, vous y retrouverez les informations du Monde et son regard sur l’actualité économique, à travers notamment la chronique « Pertes & profits ».
Le président Nana Akufo-Addo, en visite en France cette semaine, a promis de couvrir son pays d’usines. Un programme ambitieux et compliqué
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/10/le-ghana-se-reve-en-laboratoire-africain-de-l-industrialisation_5487592_3234.html
mlsum-fr-1517
Le photographe américain Charlie Cole, auteur d’une des célèbres images du manifestant inconnu bloquant une colonne de chars chinois lors de la répression des manifestations de la place Tiananmen en juin 1989, est mort en Indonésie à l’âge de 64 ans, a annoncé le département d’Etat américain samedi 14 septembre. Originaire du Texas, Charlie Cole avait rejoint le Japon en 1980, puis avait travaillé en Asie pour plusieurs magazines, dont Newsweek. Il résidait depuis de nombreuses années dans l’île indonésienne de Bali. Il avait reçu en 1990 le prix World Press de la photo de l’année pour son cliché de « Tank man » (l’homme au char), surnom de l’homme resté anonyme s’efforçant de bloquer symboliquement la progression d’une colonne d’au moins dix-sept chars le 5 juin 1989. Cette photo a été prise à la fin de la sanglante répression par l’armée chinoise des manifestations en faveur de la démocratie qui s’étaient déroulées pendant sept semaines, sur la place Tiananmen à Pékin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ils ont tiré sur tout ce qui bougeait » : le récit du massacre de Tiananmen dans « Le Monde » du 6 juin 1989 Plusieurs photos de la même scène Tank Man, devenue une des images les plus emblématiques du XXe siècle, reste largement méconnue en Chine en raison de la censure. L’instant a été photographié et filmé par plusieurs autres journalistes. Une autre image de la scène, prise par le journaliste de l’agence Associated Press Jeff Widener depuis le balcon d’un hôtel, avait été nommée pour un prix Pulitzer. Le festival Visa pour l’image de Perpignan a rendu hommage à Charlie Cole en présentant sa photo emblématique en projection publique, le soir de sa mort, le 5 septembre. Le ministre de la culture français, Frank Riester, était présent à cette soirée. Hommage à Charlie Cole, dont nous avons appris la disparition ce soir, photojournaliste mondialement connu pour avo… https://t.co/IeBntHsQJL — franckriester (@Franck Riester)
Le photographe américain, âgé de 64 ans, avait reçu le prix World Press 1990 pour son cliché symbolisant la répression chinoise.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/14/charlie-cole-l-un-des-photographes-de-l-homme-au-char-de-tiananmen-est-mort_5510491_3246.html
mlsum-fr-1518
Historien médiéviste spécialiste de l’économie et du monde rural, tenant du matérialisme historique et de la lecture marxiste du passé, Guy Bois est mort le 8 juin, à l’âge de 84 ans. Né le 25 décembre 1934, à Fès, dans l’Empire chérifien alors sous protectorat français, Guy Bois est le fils d’un contrôleur civil qui devient au lendemain de la seconde guerre mondiale directeur des affaires politiques à Rabat (1946). Et, à ce titre, « très impliqué dans la gestion du protectorat », comme le résume l’historien du mouvement ouvrier Jacques Girault dans la précieuse notice qu’il consacre à Guy Bois dans le Maitron, indispensable dictionnaire biographique. Affranchi de toute tutelle religieuse – enfant, il ne reçoit aucun sacrement malgré la culture protestante maternelle –, il se forme au lycée Gouraud de Rabat, avant de gagner la métropole, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris (1956), licencié en Sorbonne (1957), agrégé d’histoire enfin (1959). Parallèlement à ce parcours impeccable, le jeune homme milite, adhérant dès 1954 à la cellule du PCF à Sciences Po. Membre de l’Union des étudiants communistes (1956), puis du comité de la section du 5e arrondissement de Paris (1957-1959), Bois mène de front son engagement politique et sa carrière académique. Professeur au lycée de Châlons-sur Marne (1959-1960), assistant à la faculté des lettres de Tunis (1961-1962), professeur au lycée Carnot à Paris (1964-1965), assistant, puis maître-assistant d’histoire médiévale en Sorbonne (1965-1969), il est chargé de recherches au CNRS (1969-1972), avant, docteur d’Etat en 1973, d’être nommé à l’université de Besançon (1973-1988) qu’il ne quitte que pour intégrer Paris-VII, son dernier poste jusqu’à son départ à la retraite en 1997. Historien de combat Le jeune enseignant qui, membre du bureau national du PCF, est chargé de la propagande et participe dès sa création à la commission « histoire » du Centre d’études et de recherches marxistes (CERM), prend logiquement une part active à l’effervescence estudiantine de mai 1968, intervenant dans les comités qui tentent d’empêcher les débordements d’éléments extérieurs au monde universitaire. Bois est bientôt l’un des principaux animateurs du courant « Action syndicale » qui entend rassembler sur des bases revendicatives les énergies disparates. Guy Bois assume de bousculer les usages comme les pratiques de sa corporation. Rien de surprenant à ce que son travail de chercheur porte la trace de cet engagement civique. Dans ce qui deviendra sa contribution majeure aux « classiques » de l’histoire marxiste, Crise du féodalisme (Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1976), Guy Bois opte pour la moyenne durée (1250-1600) étudiant en Normandie la crise économique, sociale et démographique qui ravagea l’Europe et la reprise qui la suivit. La grille marxiste qu’il applique le conduit à une modélisation qui heurte certains mais le pose en un historien de combat, radical en ce qu’il assume de bousculer les usages comme les pratiques de sa corporation.
Homme de conviction, membre du PCF avant d’en être exclu en 1981, les travaux de ce chercheur tenant du matérialisme historique portaient sur l’économie et le monde rural au Moyen Age. Il est mort le 8 juin, à l’âge de 84 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/06/17/guy-bois-historien-specialiste-de-la-periode-medievale-est-mort_5477463_3382.html
mlsum-fr-1519
Olivier Dussopt et Gérald Darmanin, à la sortie du conseil des ministres, à l’Elysée, le 3 juillet. LUDOVIC MARIN / AFP Emmanuel Macron l’avait remis en cause mais, à Bercy, on continuait d’y croire. Alors que se dessinent les arbitrages pour le budget 2020, l’objectif de 50 000 suppressions de postes de fonctionnaires d’Etat sur le quinquennat n’est plus d’actualité : de sources concordantes, l’exécutif table désormais sur 15 000 suppressions d’ici à 2022 – confirmant une information des Echos du vendredi 12 juillet. « Nous fixerons les quanta précis plus tard. Ce n’est rien de plus que l’application des engagements du président de la République du 25 avril sur les écoles et les hôpitaux [l’annonce d’un moratoire sur les fermetures d’écoles et d’hôpitaux jusqu’en 2022]. Ils nous amènent à réviser nos objectifs de réduction des effectifs », explique au Monde Olivier Dussopt, le secrétaire d’Etat chargé de la fonction publique. « Nous avons toujours dit que nous ne sommes pas dans une logique de rabot. L’idée n’est pas de faire de la compatibilité de suppression de postes, mais de transformer le pays. Nous avons entendu aussi les demandes des Français. Pour le chiffre et la trajectoire précise, ce sera dans le projet de loi de finances [pour 2020] », minimise-t-on dans l’entourage du ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin. Jeudi matin déjà, dans son discours à l’Assemblée nationale dans le cadre du débat d’orientation des finances publiques, ce dernier avait laissé entendre que les lignes avaient bougé. « Les choix que nous faisons dans ce budget – baisser massivement les impôts, répondre à l’urgence économique et sociale, financer nos priorités – ont un coût, et nous l’assumons pleinement. Cela nous conduit à réviser le calendrier de certains objectifs d’équilibre des comptes, de diminution de l’endettement, ou encore de réduction du nombre d’agents publics », avait précisé M. Darmanin. Lire aussi Fonction publique : une réforme trop comptable Revendications des « gilets jaunes » C’est le chef de l’Etat qui, le 25 avril, lors de sa conférence de presse post-grand débat, avait commencé à lâcher du lest sur l’un de ses objectifs de campagne : supprimer 120 000 postes de fonctionnaires en cinq ans, soit 70 000 dans les collectivités territoriales et 50 000 dans la fonction publique d’Etat. « Au vu de cette sortie du grand débat, il faut qu’on soit réalistes, avait-il justifié. Et donc je demanderai d’ici à l’été au gouvernement de me donner son analyse et de voir si c’est tenable. J’assume totalement, si ce n’est pas tenable, d’abandonner cet objectif. (…) Quand on doit réinvestir dans la sécurité, l’éducation, la justice, je ne vais pas donner des injonctions contradictoires au gouvernement », avait déclaré Emmanuel Macron. Manière de montrer qu’il avait écouté les revendications des Français et de la majorité des « gilets jaunes », qui demandaient plus de services publics.
Le nombre de postes d’agents de l’Etat ne devrait finalement baisser que de 15 000 sur la durée du quinquennat.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/12/fonctionnaires-d-etat-bercy-renonce-a-l-objectif-de-50-000-suppressions-de-postes_5488725_823448.html
mlsum-fr-1520
Un homme brandit une pancarte pendant la manifestation contre Alpha Condé jeudi 24 octobre à Conakry. Youssouf Bah / AP Étaient-elles, comme le revendiquent les organisateurs, un million de personnes à défiler, jeudi 24 octobre, dans les rues de Conakry contre « la présidence à vie », du président Alpha Condé ? Impossible à confirmer en l’absence de sources indépendantes et d’un comptage précis mais c’est une marée humaine qui a déferlé, sifflant, criant, riant, vers l’esplanade du stade du 28-Septembre dans la capitale Guinéenne. C’est une double victoire pour le Front national pour la défense de la constitution (FNDC). Tout à la fois une démonstration de force populaire et de pacifisme, dix jours après qu’une autre manifestation sur le même sujet, mais non autorisée, se soldât par la mort d’au moins neuf personnes. Le lieu de rassemblement est pourtant de sinistre mémoire pour l’opposition guinéenne. Le 28 septembre 2009, dans le stade éponyme, 157 personnes furent assassinées, nombre de femmes violées par les nervis à bérets rouges du chef de la junte de l’époque, Moussa Daddis Camara [décembre 2007- décembre 2008]. A l’époque il était déjà question de s’opposer à une manipulation légale qui aurait permis au petit capitaine d’intendance en pétrole de se présenter à l’élection présidentielle. La tuerie fut sauvage, cruelle, dans un pays où tout opposant vit pourtant avec le souvenir d’une longue liste de répressions passées. Lire notre reportage : En Guinée, dans la banlieue de Conakry, la fabrique de martyrs Jeudi, Bashir Diallo a d’ailleurs décidé de ne pas aller jusqu’au stade. Non par peur d’une répétition du drame mais parce qu’il n’a pas la force d’affronter « ses images qui [le] hantent » ce survivant du 28 septembre 2008. En ce jour de défilé, ce militant actif de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) dans le quartier de Gbessia proche de l’aéroport, s’est mobilisé pour assurer la sécurité du cortège. Le 14 octobre, le FNDC avait défié l’interdiction de manifester. Cinq dirigeants du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui a pris l’initiative du mouvement, ont été condamnés mardi à des peines allant de six mois à un an de prison ferme. Cette fois-ci, organisateurs et autorités ont passé un accord. L’itinéraire a été négocié, évitant les centres du pouvoir et l’autoroute. Autre point d’entente réciproque, les forces de police et de gendarmerie de sinistre réputation étaient d’une discrétion marquante tout le long du parcours de 13 kilomètres partant du rond-point Tannerie jusqu’au stade. « On leur a demandé d’éviter tout contact avec les manifestants et nous nous sommes coordonnés avec eux », explique un responsable de la sécurité du FNDC. « C’est mieux parce que dés qu’on les voit, ça palabre et ça pagaille », lâche un manifestant. Dit autrement par un géant et présentement officier supérieur de la gendarmerie cela donne : « Quand il y a une bonne communication et que l’on respecte la loi tout se passe bien ». Une bonne communication, certes, mais aussi, sans doute, des messages appuyés venus de l’extérieur. La communauté internationale, dont la Cédéao, organisation africaine sous-régionale dont la Guinée est membre, avait tiré le signal d’alarme après les débordements du 14 octobre. Probablement des pressions ont-elles été exercées sur les différentes parties pour appeler à la retenue. Contrat rempli sur la forme, donc. STRINGER / REUTERS Mais sur le fond ? Les partis politiques – dont les deux principaux opposants du pays et les organisations de la société civile réunis au sein du FNDC ont montré que cette coalition était capable de faire descendre dans la rue une partie non négligeable de la capitale. Et semble-t-il également dans les régions. Trois jours auparavant le leader du Front avait pourtant écopé d’un an de prison et les morts du 14 octobre sont encore dans toutes les têtes. Le président Alpha Condé entendra-t-il le message des centaines de milliers de personnes réunies ce jour à Conakry pour lui demander de ne pas briguer un troisième mandat fin 2020 après - condition légale sine qua non - avoir fait adopter une nouvelle constitution ? Un mot, un seul, dominait jeudi le brouhaha de la foule et les vrombissements de centaines de mototaxis ouvrant le cortège : « Amoulanfé ! ». Terme de la langue soussou, l’une des importantes communautés ethniques de la Guinée signifiant « ça ne marchera pas ! » Pas besoin d’en préciser l’objet, ni de le traduire aux Peuls, Forestiers et Malinkés. Tout le monde sait que cela concerne la tentative prêtée au président de se représenter. « Amoulanfé ! » Fort de son succès du jour, le chef de l’UFDG, Cellou Dalein Diallo, a d’ailleurs prévenu le pouvoir : « Nous allons continuer à organiser ces manifestations de protestation pour exiger la libération de nos collègues incarcérés et le renoncement par Monsieur Alpha Condé à ce troisième mandat ». Rien de tout cela n’est gagné d’avance.
Nouvelles manifestations massives mais calmes dans les rues de Conakry, qui vit au rythme de la contestation depuis qu’il est question de revoir la constitution
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/24/guinee-nouvelle-manifestation-contre-une-presidence-a-vie-d-alpha-conde_6016811_3212.html
mlsum-fr-1521
Lorsque le général allemand Johann Fortner se présente en 1942 à Jozo Petrovic, le directeur du Musée de Sarajevo, il sait précisément ce qu’il vient chercher. Ses ordres sont clairs : il doit mettre la main, au nom de l’Allemagne nazie, sur la Haggadah de Sarajevo, le joyau du musée et l’un des plus précieux manuscrits hébreux du monde. A Berlin, trois institutions concurrentes se partagent la tâche de rafler les trésors juifs à travers l’Europe : l’Einsatzstab du Reichsleiter Alfred Rosenberg, compagnon de route d’Hitler et idéologue du national-socialisme ; l’Ahnenerbe du Reichsführer Heinrich Himmler ; et le Sonderkommando Künsberg. Leur objectif, sous le couvert d’études archéologiques, anthropologiques et culturelles, est de démontrer la supériorité de la race aryenne. Autant dire que, même s’il a fort à faire avec la déportation des dix mille juifs de Sarajevo et avec la résistance communiste qui pointe son nez dans les montagnes environnantes, le général Fortner, commandant de la 718e division d’infanterie basée dans la région et mandaté ce jour-là par l’Einsatzstab Rosenberg, ne prend sans doute pas sa mission à la légère. La Haggadah de Sarajevo, le fameux manuscrit enluminé du XIVe siècle contenant le récit de l’exode des Hébreux d’Egypte, est aujourd’hui conservée au Musée national de Sarajevo. DAMIR SAGOLJ POUR "LE MONDE" La Haggadah de Sarajevo est un manuscrit enluminé contenant le texte de la haggadah, le récit de l’exode des Hébreux d’Egypte, lu depuis deux mille ans à l’occasion de Pessah, la Pâque juive. La richesse et la préservation de ses illustrations font d’elle la plus précieuse Haggadah sépharade au monde. Le lieu et la date de la création du manuscrit sont inconnus Son histoire recèle mille mystères et se prête à autant de légendes. Même le lieu et la date de la création du manuscrit sont inconnus : ce fut probablement, d’après les experts, en Aragon, dans le nord de l’Espagne, au XIVe siècle. Les conditions de sa survie à l’Expulsion de 1492, qui vit les rois catholiques chasser les juifs d’Espagne et détruire leur patrimoine, sont également inconnues : elle a sans doute été emportée par une famille sur les routes de l’exil vers l’Orient. Des historiens ont avancé des hypothèses sur son passage à Dubrovnik ou à Salonique, sans en apporter la preuve. La seule information fiable jusqu’à sa réapparition à Sarajevo est qu’elle est passée entre les mains d’un prêtre catholique, Giovanni Domenico Vistorini, dans la région de Venise en 1609. Il a apposé sa signature sur le manuscrit, le sauvant ainsi de la censure de l’Eglise. C’est un dénommé Josef Cohen qui apporte cette Haggadah au Musée de Sarajevo en 1894. Pauvre, il décide, la mort dans l’âme, de se séparer du livre après le décès de son père, afin de nourrir sa famille. Il la vend au musée pour 150 couronnes austro-hongroises, une misère. Le manuscrit est alors envoyé à Vienne pour être expertisé. Des conservateurs viennois concluent qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre unique en son genre, ce qui ne les empêche pas de le recouvrir d’une couverture de très mauvais goût. Au moins le livre gagne-t-il de cette expertise le nom qu’il porte encore aujourd’hui, Die Haggadah von Sarajevo. Le manuscrit hébreu retrouve ensuite sa place dans la collection du musée sarajévien, où il ne sera quasiment jamais exposé pendant un siècle.
Sarajevo-Jérusalem (2/6). Convoité par les nazis en 1942 puis menacé pendant la guerre de Bosnie, le fameux manuscrit enluminé du XIVe siècle a dû être caché à plusieurs reprises.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/12/la-saga-du-sauvetage-de-la-haggadah-de-sarajevo-le-manuscrit-sepharade-le-plus-precieux-au-monde_5498853_4415198.html
mlsum-fr-1522
Une Kuna des îles San Blas (Panama). Les Kuna sont étudié dans « Les Sociétés matriarcales », d’Heide Goettner-Abendroth. Juan-Carlos Muñoz/Biosphoto « Les Sociétés matriarcales. Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde » (Matriarchal Societies. Studies on Indigenous Cultures Across the Globe), d’Heide Goettner-Abendroth, traduit de l’anglais par Camille Chaplain, Des femmes-Antoinette Fouque, 600 p., 25 €. Il avait fallu attendre quinze ans pour que Gender Trouble, de Judith Butler (1990), parvienne en France (Trouble dans le genre, La Découverte, 2005) et y fasse événement comme il l’avait fait outre-Atlantique. On ne peut que se réjouir d’avoir eu cette fois-ci moins de dix ans à patienter pour que l’imposant pavé de la chercheuse ­allemande Heide Goettner-Abendroth, publié en anglais en 2012 et devenu un classique dans ­plusieurs pays, se jette dans la mare hexagonale. Tout à la fois manifeste méthodologique d’un champ nouveau, bilan de recherches anthropologiques et autobiographie intellectuelle, Les Sociétés matriarcales balaie les préjugés les plus tenaces et leur ­substitue un savoir de terrain. Une forme de partialité patriarcale Le livre est né d’un changement de perspective radical, qui a permis à l’auteure d’affirmer, dès les années 1980, l’existence de nombreuses sociétés matriarcales – où les pouvoirs politiques, économiques et religieux sont aux mains des femmes. Sociétés passées et présentes, jamais étudiées dans leur spécificité par les historiens et les anthropologues. Cette rupture fondatrice s’explique par le parcours intellectuel d’Heide Goettner-Abendroth. Alors qu’elle avait quitté la philosophie universitaire après la rédaction de sa thèse en se demandant en quoi « tout cela [la] concernait – en tant que femme », elle a découvert que les sciences sociales souffraient tout autant d’une forme de partialité patriarcale que la discipline séculaire. Elle a donc fondé, en 1986, l’Académie internationale HAGIA pour les recherches matriarcales, qu’elle dirige toujours. Elle s’emploie, depuis lors, à définir rigoureusement les structures des peuples matriarcaux, tout en les confrontant à celles des sociétés occidentales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « #metoo met au jour la perpétuation du système de domination masculine » Un autre a priori que le texte ­déconstruit est ainsi l’idée selon laquelle les matriarcats seraient un miroir inversé des patriarcats, c’est-à-dire toujours des sociétés de domination d’un sexe sur l’autre. Au contraire, selon Goettner-Abendroth, « les sociétés ­matriarcales sont des sociétés de réelle égalité entre les sexes ». Plus qu’un postulat, cette définition s’élabore et se précise au fur et à mesure de ses recherches. Car, si chaque chapitre a pour objet une société – l’auteure en étudie une vingtaine dans ce livre, des ­peuples autochtones chinois aux Touareg d’Afrique du Nord, en passant par les Kuna d’Amérique centrale –, ils s’achèvent tous par un bilan visant à produire une ­définition générale de la notion de matriarcat.
A la fois manifeste féministe et critique du patriarcat, « Les Sociétés matriarcales », classique de l’anthropologie signé de la chercheuse ­allemande, paraît en français.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/11/les-societes-matriarcales-d-heide-goettner-abendroth-la-ou-le-pouvoir-est-aux-femmes_6015065_3260.html
mlsum-fr-1523
Le premier ministre italien Giuseppe Conte au Palais Chigi à Rome, le 8 août. ALBERTO LINGRIA / REUTERS Quand il est apparu dans la salle de presse du Palais Chigi, dans la soirée du jeudi 8 août, un peu après 23 heures, le président du conseil italien, Giuseppe Conte, ne semblait plus qu’un condamné en sursis. Lâché par son tout-puissant numéro deux, Matteo Salvini, le chef politique de la Ligue (extrême droite) qui avait décidé quelques heures plus tôt de ne pas poursuivre l’expérience gouvernementale, il ne paraissait pas avoir d’autre issue que celle de jeter l’éponge. Or – est-ce parce qu’il n’avait plus rien à perdre ? – il s’est passé une chose tout à fait inattendue. Soudain, et peut-être pour la première fois depuis son arrivée aux affaires, le 1er juin 2018, Giuseppe Conte s’est mis à parler comme un premier ministre. La crise a été déclenchée mercredi soir après l’adoption d’une motion favorable au chantier de tunnel Lyon-Turin, votée par la Ligue et l’opposition, tandis qu’était rejetée une motion du Mouvement 5 étoiles (M5S), farouchement opposé au projet. Peu après le vote des sénateurs, témoignant d’un désaccord majeur à l’intérieur de la coalition, Matteo Salvini s’est rendu au palais Chigi pour s’entretenir avec Giuseppe Conte, et lui demander un remaniement gouvernemental, sous peine de provoquer des élections anticipées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le tunnel Lyon-Turin, un dossier à plus de 20 milliards d’euros qui crispe l’Italie M. Salvini veut la tête du ministre des infrastructures et des transports M5S, Danilo Toninelli, accusé de bloquer les grands chantiers comme la ligne Lyon-Turin et de nuire aux investissements dans la péninsule, mais aussi celle de la ministre de la défense, Elisabetta Trenta, soupçonnée de faire obstacle à ses projets de contrôle des mers, ainsi que le départ du ministre de l’économie, Giovanni Tria, tenant d’une ligne conciliante avec Bruxelles. En l’état, Matteo Salvini sait parfaitement qu’il est impossible de souscrire à ces demandes. Et, dès mercredi soir, la mécanique s’est enclenchée. La journée de jeudi a été rythmée par les navettes entre le Palais Chigi, siège de la présidence du conseil, et celui du Quirinal, où réside le président de la République, Sergio Mattarella, acteur invisible mais omniprésent dans ce genre de situations. Mais aucune échappatoire, cette fois-ci, ne semblait possible. « Tournée des plages » Ainsi donc, jeudi soir, le président du conseil, se sachant condamné, s’est mis à parler avec une détermination qu’on ne lui connaissait guère, livrant même un discours ressemblant fort à une contre-attaque. « Ce n’est pas à M. Salvini de décider du moment de la crise », a rappelé le chef du gouvernement, qui a demandé explicitement au ministre de l’intérieur de venir « expliquer au pays et de justifier aux électeurs les raisons qui le conduisent à interrompre brusquement l’action du gouvernement ». Ce faisant, Giuseppe Conte a repris ses habits de professeur de droit pour rappeler que l’Italie est une République parlementaire et qu’une crise politique se règle devant les chambres, dont il a déjà rencontré, quelques heures plus tôt, les deux présidents. M. Conte souhaite que cette crise « soit la plus transparente de l’histoire de la République ». Mais les révolutions de palais peuvent-elles se passer au grand jour ?
Matteo Salvini, le ministre de l’intérieur d’extrême droite, a réclamé jeudi des élections anticipées, faisant éclater la coalition populiste au pouvoir et provoquant la colère du chef de gouvernement, Giuseppe Conte.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/09/l-italie-dans-l-incertitude-apres-une-crise-gouvernementale-surprise_5497920_3210.html
mlsum-fr-1524
C’est aujourd’hui Le sélectionneur irlandais Joe Schmidt durant l’entraînement le 27 septembre, à la veille de la rencontre face au Japon. PETER CZIBORRA / ACTION IMAGES VIA REUTERS Argentine- Tonga (6 h 45, poule C) L’Argentine, qui a concédé la défaite dans les derniers instants face aux Français à la suite d’un drop de Camille Lopez (21-23), peut encore espérer atteindre les quarts de finale. Mais cela passe par une victoire. « Cette défaite nous a rendus plus forts. En fait, elle a renforcé nos convictions. Nous sommes persuadés que, si on joue comme on sait le faire, on va gagner contre les Tonga. L’équipe le mérite », a assuré le demi de mêlée argentin Tomas Cubelli à la veille du match. Japon- Irlande (9 h 15, poule A) Le Japon et l’Irlande ont facilement remporté leurs premiers matchs et ont empoché cinq points : 30-10 pour le premier contre la Russie, 27 à 3 pour la seconde face à l’Ecosse. Les deux équipes visent la première place du groupe, pour l’instant détenue par les Samoans. L’entraîneur des Japonais, Jamie Joseph, a prévenu ses joueurs que, s’ils veulent battre l’Irlande, ils vont devoir « jouer le meilleur match de nos vies ». A noter que les Irlandais devront faire sans leur ouvreur Jonathan Sexton, touché au quadriceps. Afrique du Sud - Namibie (11 h 45, poule B) L’Afrique du Sud ne devrait pas avoir de soucis face à une équipe en grande partie amateur, qu’elle avait battue 87 à 0 au Mondial de 2011. Actuellement troisièmes de leur groupe, derrière l’Italie (deux victoires bonifiées) et les All Blacks contre qui ils ont perdu de peu le 21 septembre (23-13), les Springboks devraient en profiter pour remonter dans le classement. C’était hier Le 26 septembre, lors du match entre les Etats-Unis et l’Angleterre, l’américain John Quill a été sanctionné d’un carton rouge pour un plaquage dangereux sur Owen Farell. ANNEGRET HILSE / REUTERS Que le verdict pour le flanker américain John Quill tombait. Auteur d’un plaquage à l’épaule sur l’Anglais Owen Farell lors de la victoire du XV de la Rose jeudi (45 à 7), le joueur avait écopé du premier carton rouge de la compétition. Hier, World Rugby a indiqué qu’il était suspendu pour trois matches. La commission de discipline a estimé que sa charge à l’épaule, « en contact avec la tête » de Farrell, présentait un gros danger. La procédure à suivre pour les arbitres dans de telles situations a aussi été précisée par World Rugby : en cas de suspicion de plaquage dangereux, réalisé avec l’épaule ou sans enserrer l’adversaire, les arbitres doivent interrompre le match. Avec l’appui de leur assistant vidéo, ils doivent ensuite visionner la séquence pour prendre une sanction, après avoir répondu à haute voix, en anglais, aux trois questions suivantes : « Y-a-t-il eu contact avec la tête ? Ce geste revêtait-il un certain degré de danger ? Y a-t-il des facteurs susceptibles d’atténuer la sanction ? » Quill est le troisième joueur à recevoir une telle sanction : l’ailier australien Reece Hodge (plaquage sur le Fidjien Peceli Yato sorti sur commotion) et le Samoan Rey Lee-Lo (plaquage dangereux contre la Russie) avaient eux aussi déjà payé les conséquences de leurs mauvais gestes. Et ce n’est pas terminé, puisque l’Anglais Piers Francis a lui aussi rendez-vous avec la commission de discipline. C’est dit « Je ne sais pas d’où vient cette discussion mais je veux en finir avec cela : nous n’avons pas besoin du cadre (de sanctions) pour nous dire où plaquer, nous n’apprenons à personne à plaquer autre part qu’au milieu (du corps). » Le sélectionneur australien Michael Cheika s’est montré, vendredi, encore agacé au sujet de la suspension de son ailier Reece Hodge, qui n’avait, selon le rapport disciplinaire, pas « de connaissance effective » des nouvelles sanctions pour plaquages dangereux mises en place pour la Coupe du monde. L’entraîneur des Wallabies a affirmé ne pas avoir vu le geste en question et a assené que « le cadre [était] pour les arbitres, pas pour les joueurs ». C’est vu Connaissez-vous le sunamushi ? Probablement pas, et bien nous non plus. Ce n’est pas un plat typique, mais une tradition de thermalisme japonaise que quelques All Blacks ont testée. Cela consiste à se faire ensevelir sous quelques pelletées d’un sable naturellement chauffé par des eaux volcaniques souterraines. Ces bains de sable (très) chauds (50 °C) faciliteraient la récupération, ainsi que la circulation sanguine, et aideraient à surmonter les problèmes articulaires et respiratoires. On le croit sur parole. Some of the All Blacks experienced a traditional Japanese recovery technique today at the famous Beppu Beach Sand B… https://t.co/aDrB3vMnWq — AllBlacks (@All Blacks) C’est noté Notre reporter sur place Adrien Pécout nous a informés d’une situation pour le moins inconfortable pour les journalistes de presse écrite. Ces derniers ne peuvent en effet pas prendre de photo ou de vidéos pendant les rencontres, ni filmer avec leurs téléphones pendant les conférences de presse. Solidarité au confrère @ATofficiel pris en flagrant délit de photographie pendant le match, ce qui est formellement interdit, a-t-il appris — AWG_P (@Adrien Pécout) C’était déjà le cas lors de la Coupe du monde de football l’an dernier. La raison ? « C’est peut-être pour ne pas concurrencer les photographes qui sont accrédités » avance notre agent infiltré. Pour l’heure, aucune explication officielle n’a été donnée. Étrange consigne aux journalistes accrédités en tribune de presse de Galles Géorgie https://t.co/pKM5DrW6TH — Aurelebouisset (@Aurelien Bouisset) Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : le calendrier des 48 matchs de la compétition
Vendredi était le premier jour sans match de ce Mondial au Japon. Mais nous avons quand même trouvé de quoi faire le plein d’informations pour la journée.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/28/la-gazette-de-la-coupe-du-monde-de-rugby-2019-des-suspensions-pas-de-photos-et-une-grosse-colere_6013399_3242.html
mlsum-fr-1525
Changement de costume lors de la revue « Féérie », au Moulin-Rouge, à Paris, en juillet 2018. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS « Le French cancan, cela ne s’apprend pas en danse classique, c’est très acrobatique », assure Mégane, une des plus jeunes danseuses de la troupe du Moulin-Rouge. Longues jambes campées dans des bottines, les « girls » de la troupe s’y adonnent tous les soirs à un rythme endiablé, sous un flot de froufrous tricolores. Ce numéro reste la marque de fabrique de ce cabaret mythique de la place Blanche, à Paris, immortalisé dans le film de Jean Renoir French cancan (1955). Le Moulin-Rouge a vu le jour le 6 octobre 1889, la même année que la tour Eiffel, et fêtera donc ses 130 ans dimanche, avec un faste exceptionnel. Dans l’imagerie populaire, le Moulin-Rouge, cabaret fondé par deux hommes d’affaires avisés, Joseph Oller et Charles Zidler, évoque les danseuses la Goulue, Jane Avril ou Nini Pattes-en-l’air, qui ont fasciné Toulouse-Lautrec. Il s’agit alors d’amuser les foules avec des attractions inspirées du cirque, des concerts-bals ou des défilés qui font parfois scandale. Plus tard, Mistinguett y a chanté Il m’a vue nue… Avant que Luis Mariano, Edith Piaf ou Charles Trenet ne montent sur scène. Le « Moulin », véritable institution, est resté intégralement familial depuis le milieu des années 1950. Contrairement à ses concurrents parisiens directs, comme le Lido (filiale de Sodexo), le Crazy Horse, aux mains de l’homme d’affaires belge Philippe Lhomme, ou le Paradis latin, racheté par le président du fonds d’investissement BPC, Walter Butler. Repris par le Divan du monde, le cabaret travesti Madame Arthur a rajeuni son public, tandis que les Folies Bergère, dans le giron du groupe Lagardère, sont devenues une simple salle de spectacle. Sans plumes ni danseuses. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le patron de Fimalac reprend la Salle Pleyel Le Moulin a été racheté en 1955 par l’arrière grand-père de Jean-Victor Clérico, l’actuel directeur général, qui travaille toujours avec son père et sa sœur. « On ne veut pas ouvrir le capital, quitte à se développer moins vite », dit-il. Ce business reste très particulier. « Les coûts fixes sont extrêmement élevés », explique-t-il. Qu’on en juge : la revue Féerie, à l’affiche depuis le 23 décembre 1999 et conçue par Doris Haug et Ruggero Angeletti, a coûté 8 millions d’euros et, chaque année, entre 4 millions et 5 millions d’euros d’investissement sont nécessaires pour financer notamment des centaines de costumes et de paires de chaussures sur mesure. Près de 450 salariés Les dessins de costumes pour le spectacle « Féerie » du Moulin-Rouge, à Paris, en octobre 2018. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS Le show intemporel, kitsch et hors mode, trouve son public. « La salle de 900 places est remplie à 97 % », assure Jean-Victor Clérico. Et ce, même si le spectacle va fêter fin décembre ses 20 ans. Au fil du temps, des aménagements y sont apportés, les costumes sont remplacés, mais Féerie attire toujours. Une longévité qui s’apparente à celle des comédies musicales à succès que sont par exemple Les Misérables, Le Fantôme de l’Opéra, Le Roi lion ou West Side Story.
Contrairement à ses concurrents parisiens, le cabaret est resté intégralement familial depuis le milieu des années 1950. La direction de l’établissement a entamé une vaste politique de diversification.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/04/le-moulin-rouge-machine-a-succes-made-in-france_6014202_3234.html
mlsum-fr-1526
Herbes et baies posées sur une cuillère-langue en silicone. E.V.B. / « LE MONDE » Un dîner en 50 étapes et cinq « actes », dans un décor de théâtre de 2 200 m2… Dans la catégorie table la plus folle du Danemark, The Alchemist – sacré « restaurant de l’année » lors du White Guide Gala le 29 octobre à Copenhague – vient de détrôner le célèbre Noma de René Redzepi. On a donc testé ce repas exceptionnellement long (six heures, dit la rumeur) et onéreux (330 euros sans boisson). Avant d’exister dans cette version maximaliste, The Alchemist était un petit restaurant expérimental d’une quinzaine de couverts tenu par Rasmus Munk. Séduit par le projet un soir où il y dînait, le cofondateur de la banque Saxo a proposé au jeune chef de 28 ans de voir les choses en grand. Une douzaine de millions d’euros plus tard, l’Alchemist 2.0 voyait le jour dans les anciens locaux du Théâtre royal danois. Cuisse de poulet élevé en plein air. E.V.B. / « LE MONDE » Le mot « expérience » est souvent usurpé par les restaurateurs. Chez The Alchemist, il est mérité. A l’adresse indiquée, on fait face à un portail fermé, sans sonnette. On poireaute nerveusement quelques minutes devant, avant que les portes s’ouvrent. A l’intérieur, une réceptionniste nous envoie de l’autre côté d’un rideau pour aller voir « New York ». Dans cette pièce aux murs tapissés de dessins à la Roy Lichtenstein et de graffitis, une jeune femme nous tend un papier sur lequel est imprimé un message inepte sur l’amour. Puis nous fait signe de le mettre… en bouche. A peine sent-on le papier légèrement acide (en fait de la pomme déshydratée) fondre sur la langue que le mur en face se soulève brutalement pour nous envoyer dans l’acte II, l’apéro. « Andy Warhol », un dessert au lait infusé à la banane, caramel, cachaça et pomme verte. E.V.B. / « LE MONDE » Installé dans une pièce plongée dans la pénombre, juste éclairée par la baie vitrée donnant sur la cuisine où s’activent les nombreux alchimistes parfois bizarrement outillés (pourquoi des perceuses ?), on s’attend à tout : devoir croquer le fauteuil, voir la table se renverser… Mais les surprises sont ici plus subtiles. La bouchée « avidité » est une espèce de givre de pin et pomme qui se désintègre dès qu’on la pose sur la langue. Amusante aussi, la boulette de topinambour, qui, quand on la croque, libère une intense fumée de feu de bois en plein dans les narines. Pierre de sucre ambré aux fourmis Toutes les bouchées sont délicieuses, certaines fabuleuses. On sent l’influence de la cuisine moléculaire dans les sphérifications, les déshydrations et le goût pour les trompe-l’œil. Après avoir avalé « gin & tonic » (une barre glacée blanche qui reproduit l’amertume du cocktail), on poursuit l’acte III dans la salle à manger. Les quarante convives, munis d’une petite lampe de poche pour admirer les plats dans la pénombre, sont assis à un comptoir qui zigzague dans la pièce, de sorte que personne ne se fait face. C’est là que le festival commence vraiment, en vingt-sept étapes réparties en cinq scènes. Celle d’inspiration internationale avec son mochi de cacahuète ou sa sardine croustillante est relax. D’autres plus hard core, quand il faut sucer la reproduction d’une langue humaine en silicone pour goûter aux délicates herbes posées dessus. Le spectaculaire est aussi politique : si la cuisse de poulet arrive dans une cage en métal, c’est pour protester contre les volatiles enfermés ; le porc dont la sauce est injectée par une seringue est un manifeste contre les antibiotiques. Cou de porc élevé sans antibiotique, la sauce est dans la seringue. E.V.B. / « LE MONDE » Le message est parfois limpide, parfois moins : quand, pour l’acte IV, on nous entraîne dans une pièce illuminée de néons arc-en-ciel où une danseuse nous met une sucette en forme d’hippocampe dans les mains, on a du mal à faire le lien avec la lutte pour les droits de la communauté LGBT+ qu’elle est censée représenter. Le dernier acte nous amène dans les combles du bâtiment. Tandis qu’on observe avec circonspection la pierre de sucre ambré aux fourmis qui a atterri dans notre assiette, on fait le point : la cuisine est fantastique, l’expérience folle, sans doute trop ambitieuse (d’ailleurs, le chef admet que malgré les prix pratiqués, il n’a pas encore trouvé l’équilibre financier). Deux reproches : la surabondance de plats protéinés alors que le restaurant se veut porteur d’un message écologique ; dommage aussi que le côté gadget prenne parfois le dessus alors qu’il y a tant de bonnes idées, chez The Alchemist.
Pour la chronique « Cuisinez-moi », la journaliste Elvire von Bardeleben a goûté à la cuisine-spectacle du chef danois Rasmus Munk. Un repas long, coûteux mais aux bonnes surprises gustatives.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/11/08/j-ai-teste-le-diner-fou-en-50-etapes-de-the-alchemist_6018407_4497319.html
mlsum-fr-1527
A 27 ans, Marion Sicot menait une modeste carrière de cycliste professionnelle au sein de l’équipe belge Doltcini-Van Eyck Sport. Elle a été brutalement interrompue en juillet, lorsque l’Orléanaise a appris la nouvelle de son contrôle positif à l’EPO (érythropoïétine). Révélé par L’Equipe vendredi 20 septembre, le contrôle a été réalisé le 27 juin à l’issue du championnat de France du contre-la-montre, en Loire-Atlantique, dont elle avait pris la dixième place. Marion Sicot, qui dément s’être dopé, attend les résultats de la contre-expertise. A l’époque, la coureuse est entraînée par Franck Alaphilippe, qui s’apprête à vivre un mois de juillet hors-norme : son cousin Julian Alaphilippe, qu’il entraîne depuis ses débuts, va devenir la coqueluche du cyclisme français et porter le maillot jaune du Tour de France durant quatorze jours, avant de s’effondrer dans les Alpes et de finir à la cinquième place finale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tour de France : 2019, c’était le Tour de transe Ce contrôle positif est donc embarrassant pour l’entraîneur du numéro deux mondial, qui sera officiellement membre de l’équipe Deceuninck-Quick Step la saison prochaine. Franck Alaphilippe n’était pas joignable vendredi. Dans un entretien à L’Equipe publié en fin de journée, il se dit « vraiment en colère ». « J’avais accès à un récapitulatif de ses entraînements précédents et je pouvais notamment consulter tous ses records de profils. Mais depuis le début de l’année, je n’ai constaté aucune amélioration dans ses chronos », dit Franck Alaphilippe, affirmant avoir appris ce contrôle positif la veille. Avec Franck Alaphilippe, « une relation à distance » L’entraîneur « n’a rien à voir avec ça », insiste Marion Sicot, jointe par Le Monde. « Je ne l’ai vu qu’une fois, et c’était l’année dernière. C’est une relation à distance, dit la cycliste. Je lui envoyais mes fichiers de capteurs de puissance, et lui me faisait des plans d’entraînement. On avait commencé à travailler ensemble l’an dernier, parce qu’il avait obtenu des résultats et que je cherchais une nouvelle méthode. Il devait, quoi qu’il en soit, arrêter de m’entraîner à l’issue des championnats de France, en raison de son passage chez Quick Step. » We're proud to announce you that another rider of the #DVE family has extended her contract for 2019: @SicotMarion!… https://t.co/Wsu5vNDvjk — DoltciniVanEyck (@Doltcini - Van Eyck Sport) Marion Sicot conteste toute prise d’EPO et attend le résultat d’analyse de l’échantillon B, dans les prochains jours. « Je suis droite dans mes bottes et innocente. Je me défendrai jusqu’au bout. C’est un taux extrêmement faible qui est dû au fait que, au moment du contrôle, j’avais mes règles. On a alors une production d’EPO supplémentaire, comme me l’ont confirmé plusieurs laboratoires d’analyse. » Le professeur Michel Audran, qui a quitté le 1er septembre sa fonction de directeur du laboratoire antidopage de Châtenay-Malabry, juge cette explication « tout à fait fantaisiste ». « Même en admettant que les règles créent une hémorragie telle que cela engendre une production d’EPO inhabituelle, ce sera toujours de l’EPO endogène, explique-t-il. Or, le test de détection fait la différence entre EPO endogène et EPO exogène. » Note : Une première version de cet article situait le contrôle au 29 juin, à l’issue du championnat de France en ligne. Il a en fait eu lieu deux jours plus tôt, après le contre-la-montre.
Marion Sicot, qui dément tout dopage, avait le même entraîneur que Julian Alaphilippe au moment de son contrôle positif, réalisé aux championnats de France, à la fin juin.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/20/dopage-une-cycliste-francaise-controlee-positive-a-l-epo_6012407_3242.html
mlsum-fr-1528
Un jeune troglodyte mignon sur le site de Roland-Garros, à Paris, en mai 2011. PATRICK KOVARIK / AFP La région parisienne, la plus peuplée de France avec plus de douze millions d’habitants, la plus dense et la plus artificialisée (22 % de son territoire est urbanisé), n’est pas une oasis de paix pour la vie animale et végétale. Le « Panorama de la biodiversité francilienne » publié jeudi 20 juin par l’agence régionale de la biodiversité (ARB) en dresse un assez sombre tableau. En Ile-de-France comme partout sur la planète, les causes de la perte de la biodiversité sont bien connues. D’abord, la destruction ou le recul des milieux naturels, marais, tourbières, zones humides, haies ou bosquets, grignotés par l’étalement urbain. Sur le dernier quart de siècle, en moyenne, 1 470 hectares de nature ont été perdus par an. Ces dernières années, le rythme s’est nettement ralenti, en se stabilisant à 600 hectares par an. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Biodiversité : une espèce sur huit, animale et végétale, risque de disparaître à brève échéance L’agriculture est notamment pointée du doigt : les grandes cultures céréalières (blé, orge, colza) ne favorisent pas la biodiversité et la densité de haies est très réduite. Les infrastructures de transport sont aussi grandement responsables de la destruction des milieux naturels, causant « des collisions, perturbations sonores et un isolement des populations animales ». « L’utilisation généralisée des pesticides et engrais dans les champs » est aussi en cause. Depuis 2017, la loi Labbé bannit néanmoins l’usage des produits phytosanitaires dans les espaces publics nationaux, restriction étendue depuis le 1er janvier 2019 à tous les particuliers. Et 38 % des communes franciliennes avaient déjà décidé d’interdire les pesticides en 2016. Le nombre de moineaux a chuté de 73 % à Paris L’impact de ces pressions cumulées sur la faune et la flore est massif. Les forêts, principaux « réservoirs de biodiversité » de la région, sont perturbées par le réseau routier qui fragmente ces habitats. Ainsi, les nombreux mammifères qui y résident, comme le cerf, le sanglier ou le mulot sylvestre, sont plus vulnérables. Les forêts franciliennes couvrent plus de 280 000 ha, soit 24 % du territoire, moins que la moyenne nationale, qui est de 31 %. La situation de l’avifaune est encore plus alarmante. Entre 2004 et 2017, la population d’espèces d’oiseaux vivant en milieu agricole, telles que le bruant jaune, a chuté de 44 %, plus encore qu’au niveau national (– 33 %). Les espèces des milieux bâtis, comme le verdier d’Europe, le serin cini, l’accenteur mouchet ou l’étourneau sansonnet, ont elles aussi dégringolé de 41 % en moyenne. La perte record à Paris concerne le moineau domestique, avec une baisse d’effectifs de 73 %. Celles des milieux forestiers ont mieux résisté, avec un repli moyen de 5 % : le grimpereau des jardins a progressé de 46 % alors que le pouillot fitis a reculé de 73 %. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Biodiversité : en France, un très riche patrimoine naturel en péril Néanmoins, « l’effondrement de la biodiversité n’est que très rarement affaire d’extinction d’espèces, mais plutôt de déclin de leurs populations », explique le rapport. Ainsi, aucune espèce de chauves-souris n’a totalement disparu depuis un siècle en Ile-de-France, mais les effectifs de certaines d’entre elles, notamment les murins à oreilles échancrées et les rhinolophes, ont fondu de plus de 90 %. « On peut encore reconquérir les espaces » Certaines populations chutent vertigineusement, d’autres résistent et s’adaptent. Cette perte de biodiversité finit par conduire à une certaine homogénéisation des espèces en milieu urbain. Selon le rapport, « la ville agit comme un filtre pour les espèces les plus vulnérables à la fréquentation humaine, à la pollution de l’air, des sols, de l’eau, mais aussi aux pollutions sonores et lumineuses. Elles sont remplacées par des espèces tolérant ces perturbations, plus plastiques, plus mobiles, qui seront les mêmes à Paris, New York ou Tokyo. » Ce sont des espèces, en général, « voyageuses », telles que le séneçondu Cap ou le solidage du Canada. Bruno Millienne, président de l’ARB en Ile-de-France, veut rester optimiste : « La préservation de la biodiversité peut se faire. On peut reconquérir les espaces. Contrairement à ce que certains disent, ce n’est pas trop tard. Dès lors qu’une espèce n’est pas morte, on peut toujours agir. »
Forte urbanisation, recul des zones humides, pratiques agricoles… L’agence régionale de la biodiversité alerte dans un rapport sur le déclin de certaines espèces.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/20/en-ile-de-france-la-faune-et-la-flore-a-l-epreuve-du-beton-et-des-pesticides_5479325_3244.html
mlsum-fr-1529
Une concession automobile brûlée lors de violences xénophobes, à Johannesburg, le 5 septembre 2019. Siphiwe Sibeko / REUTERS Avant d’ouvrir son hangar tous les matins, Blessing Okwuokenye regarde les fenêtres de l’immeuble d’en face. « Ce sont eux qui ont détruit toutes mes voitures le mois dernier, affirme-t-il. Ce sont mes propres voisins sud-africains. On se saluait cordialement tous les jours pendant des années, sans problème. Et, pourtant, ils sont venus me voler. » Le commerce de Blessing a été visé lors de la vague d’attaques xénophobes le premier lundi de septembre. Pour ce Nigérian de 41 ans, la facture s’élève à plus de 7 000 euros de marchandises. « La police est venue me chercher pour me dire qu’une centaine de gars pillaient mon garage et cassaient mes voitures. » Heureusement, Blessing n’a pas tout perdu. Les assaillants n’ont pas mis le feu à son hangar, contrairement à beaucoup d’autres. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La vague xénophobe en Afrique du Sud casse son renouveau international Depuis, la vie a repris son cours. Blessing, comme beaucoup d’autres commerçants nigérians, travaille quotidiennement. « Je suis encore traumatisé aujourd’hui, dit-il en regardant d’un œil inquiet vers le portail. Ça m’est déjà arrivé en 2008 et 2015 et je me sens toujours autant en insécurité. » Dans la rue, la tension est palpable. « On ne leur parle plus quand on va chercher du pain à l’épicerie », assure Ike, l’un des employés nigérians. Ike a reçu une drôle de visite cette semaine. Des voisins sud-africains sont venus lui vendre des pièces détachées. Celles-là mêmes qui avaient été volées lors des émeutes de septembre. « Ces gens sont des animaux, continue-t-il. Un jour ils te pillent, un autre ils te revendent la marchandise. Nous les respectons, nous, mais eux nous voient comme des ennemis. » « Trafiquants de drogue, criminels, proxénètes » Ike et Blessing se sont posé la question d’un retour au Nigeria. « Je voulais retourner au pays, mais j’ai tout mon business ici, raconte Blessing. Je ne veux pas perdre des années de travail. » Un retour ? Eboh, 42 ans, y a également pensé. Son garage, quelques rues plus loin, a aussi été ciblé début septembre. Mais Eboh et ses employés ont décidé de se battre. « Ils sont venus deux fois, mais nous les avons empêchés d’entrer. » Depuis, il n’adresse plus un mot aux Sud-Africains du voisinage. « Mon frère est parti il y a deux semaines, continue-t-il. Il avait trop peur. L’Afrique du Sud, c’est fini pour lui. » La rivalité entre Nigérians et Sud-Africains n’est un mystère pour personne. De Johannesburg à Pretoria, les Nigérians traînent une mauvaise réputation depuis longtemps : accusés d’être des « trafiquants de drogue » par les uns, « des criminels qui nous prennent notre travail » par les autres, ou encore de « proxénètes ». Lire aussi Des émissaires sud-africains en tournée en Afrique après les émeutes xénophobes « Le problème, c’est que la majorité d’entre nous sommes prisonniers des actions criminelles d’un petit nombre », décrit Joshua Itua, le vice-président du syndicat de la diaspora. Il reconnaît que certains de ses compatriotes trempent dans des activités illégales, de trafic. « Mais on ne peut pas laisser les Sud-Africains nous peindre tous avec le même pinceau », défend-il. Une idée que l’ancien président Olusegun Obasanjo répétait à la télévision nigériane il y a quelques jours : « Les Nigérians établis en Afrique du Sud ne sont pas des criminels. Ce sont pour la plupart de réels hommes d’affaires qui contribuent de manière significative à l’économie sud-africaine. » « Les Sud-Africains sont jaloux de nous » L’économie et l’emploi, c’est là où le bât blesse. Dans une Afrique du Sud qui approche les 30 % de chômage, beaucoup s’énervent de voir les migrants africains travailler. « Les Sud-Africains sont jaloux de nous, assure Oliver Ikhazuangbe, homme d’affaires et musicien originaire de Lagos. Ils pensent que nous arrivons riches et que nous volons leur argent. Mais non. Nous arrivons, établissons notre business, et on prospère. » Selon Oliver, ce qui le sépare des Sud-Africains, c’est la mentalité : « Ils sont trop dépendants de leur gouvernement et ne savent pas comment faire de l’argent. Donc, dès qu’un étranger se débrouille pour avoir plusieurs boulots, ils en déduisent que c’est forcément illégal. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Afrique du Sud, le vide s’installe à la tête de l’Etat Comment alors contrer cette perception qu’ont les Sud-Africains ? Joshua Itua a lancé une initiative en partenariat avec le syndicat de la diaspora nigériane. « Tous les samedis, nous nous rendons dans les quartiers où se sont déroulées les violences, précise-t-il. On prend le temps de parler à tout le monde pour montrer que tous les Nigérians ne sont pas des trafiquants de drogue. » Sur son prospectus, on peut lire : « Peu importe notre nationalité, combattons le crime ensemble dans nos communautés. » Depuis dix ans, Joshua et son syndicat ont aussi un autre projet : répertorier tous les Nigérians qui résident sur le sol sud-africain. « Nous avons pour l’instant 200 000 personnes dans la base de données, assure-t-il. Mais je pense que la réalité se trouve plus aux alentours de 800 000. » Aucun chiffre officiel n’existe à l’heure actuelle. Un flou qui participe au fantasme d’une « invasion » de migrants nigérians par certaines communautés sud-africaines. Noé Hochet-Bodin (Johannesburg, correspondance)
Le président du Nigeria effectue, ce jeudi 3 octobre, une visite d’Etat en Afrique du Sud où les ressortissants nigérians vivent toujours dans la peur, un mois après les violences xénophobes.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/02/en-afrique-du-sud-le-traumatisme-des-nigerians-de-johannesburg_6013986_3212.html
mlsum-fr-1530
Marcel Campion lors d’une manifestation de forains, le 30 avril 2018, à Paris. JACQUES DEMARTHON / AFP Une parade de clowns géants, du jazz manouche, des jeux gonflables pour enfants… La place de la République avait des airs de foire ce jeudi 3 octobre. Pourtant, l’heure était bien à la politique. Le forain Marcel Campion, candidat à la Mairie de Paris, lançait à l’occasion de ce « meeting festif » sa campagne en vue des municipales de mars 2020. Au programme notamment, la présentation de têtes de liste qui incarneront le mouvement Libérons Paris dans les différents arrondissements de la capitale. « C’était important de montrer qu’on est les premiers à avoir toutes nos têtes de liste », explique Bernard Segarra, directeur de campagne pour le 8e arrondissement. A la tribune, aucun visage n’est connu du grand public, si ce n’est celui de l’humoriste Jean-Marie Bigard, qui a accepté « par amitié » de figurer sur la liste – mais sans en être la tête – dans le 6e arrondissement. Marcel Campion, quant à lui, sera candidat dans le nouvel arrondissement Paris Centre (qui fusionne les 1er, 2e, 3e et 4e) dans l’espoir de se retrouver face à Anne Hidalgo. S’il a soutenu la maire de Paris lors de la précédente campagne, en 2014, ses rapports avec elle sont exécrables depuis 2017, date à laquelle le Conseil de Paris a décidé de mettre fin au marché de Noël des Champs-Elysées exploité par le « roi des forains ». En avril, lors d’une précédente réunion publique, Marcel Campion s’en était déjà pris à l’équipe d’Anne Hidalgo, insultant la maire de Paris et tenant des propos homophobes contre plusieurs de ses adjoints, dont le communiste Ian Brossat, qui avait porté plainte. Propreté, sécurité, mobilité mais pas d’écologie Que ce soit sur la sécurité, la gestion du budget ou la multiplication des travaux, celui qui se présente comme le « porteur de la colère des Parisiens » n’a cessé de fustiger « les incompétents qui dirigent la ville ». « Paris, qui était la plus belle des villes, est devenue la poubelle des villes », a-t-il lancé pour pointer les problèmes de propreté de la capitale. Les autres candidats à l’Hôtel de ville en ont également pris pour leur grade : « Des bons à rien prêts à tout qui viennent tous du même clan, mais qui aujourd’hui font croire qu’ils sont concurrents. » Au-delà des critiques, Marcel Campion a commencé à avancer les premières propositions de son programme, encore en cours de rédaction, mais qui s’articulera autour de la propreté, de la sécurité et de la mobilité. Parmi les rares mesures précises concernant la sécurité, le candidat – crédité de moins de 1 % des intentions de vote dans les sondages – propose de positionner des caméras de surveillance « partout où il le faudra », ou encore de mettre en place des « comités de vigilance » composés de bénévoles dans chaque arrondissement. Mais la mesure-phare du programme de Libérons Paris concerne la mobilité puisque le mouvement rouvrira les voies sur berges à la circulation automobile la semaine s’il est élu. Une annonce applaudie par la grosse centaine de personnes présentes place de la République. « Il n’y a pas besoin d’expert pour voir que les berges sont encore plus polluées depuis leur piétonnisation », affirme le candidat sur scène, avant d’ajouter : « Si ces gens veulent supprimer toutes les voitures et ne voir que des coquelicots en bord de rivières, qu’ils aillent à Trifouilly-les-Oies ! » Pour le reste, il faudra attendre. Marcel Campion a donné rendez-vous en novembre pour un nouveau meeting, avec la promesse d’un programme affiné.
Le forain, candidat à la Mairie de Paris, a multiplié jeudi les attaques contre l’équipe en place, mais peu de propositions précises sont ressorties de son premier discours.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/04/municipales-a-paris-marcel-campion-enrole-jean-marie-bigard-pour-sa-campagne_6014183_823448.html
mlsum-fr-1531
Séance des Etats généraux du 23 juin 1789, à Versailles. Bras tendu, Mirabeau : « Nous sommes ici par la puissance du peuple… ». Toile de Joseph-Desiré Court. Rouen, Musée des Beaux-Arts/SuperStock/Leemage « Idées révolutionnaires. Une histoire intellectuelle de la Révolution française » (Revolutionary Ideas. An Intellectual History of the French Revolution from The Rights of Man to Robespierre), de Jonathan Israel, traduit de l’anglais par Marc-Olivier Bherer, Alma-Buchet-Chastel, 926 p., 36 €. « La Révolution est un bloc » : ce bilan tranchant prononcé en 1891 par Georges Clemenceau visait à resserrer les rangs de la gauche ­contre la tentation d’opposer à une « bonne » Révolution, celle des droits de l’homme et du citoyen (1789) et des débuts de la Ire République, une « mauvaise » révolution, celle de la Terreur sanglante et liberticide de 1793. Lire aussi Le nouvel éclat des Lumières Il s’agissait aussi, par ces paroles, de justifier la censure d’une pièce de théâtre taxée de monarchiste à cause de sa criminalisation de Maximilien Robespierre (1758-1794). Mais rien n’a jamais arrêté l’ébullition des querelles sur le ­sujet, comme le confirme le nouvel ouvrage traduit en français de l’historien des idées et professeur à Princeton (New Jersey) Jonathan Israel, Idées révolutionnaires. Une histoire intellectuelle de la Révo­lution française. Le titre complet de la version originale américaine – qui ajoute : « des droits de l’homme à Robespierre » – annonce son projet de pointer les discontinuités et les clivages internes au camp révolutionnaire. Exceptionnalité de la Révolution Des divisions qui remonteraient aux idées politiques ­européennes et françaises du XVIIIe siècle, partagées entre des « Lumières radicales », matérialistes, égalitaires et démocratiques – celles des encyclopédistes, puis de républicains tels que Nicolas de Condorcet (1743-1794) –, des « Lumières modérées », conservatrices, prônant une monarchie constitutionnelle – de Montesquieu au club des Feuillants –, et un courant qu’il baptise « populiste autoritaire », vulgarisateur de Rousseau et apôtre, avec Robespierre, d’une austère vertu. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Révolution française, forcément Selon la méthode controversée de l’auteur, seule une analyse des visions philosophiques et idéologiques divergentes des acteurs révolutionnaires donne la clé de l’exceptionnalité de la Révolution, ainsi que des rapports de force politiques et des bouleversements qui ont marqué sa trajectoire et sa fin. Bien sûr, les causes économiques, financières et sociales ont pesé, tout comme les révoltes du peuple, singulièrement des sans-culottes. Reste qu’il faudrait prendre au sérieux l’interprétation « à chaud » qui faisait de la Révolution l’œuvre des « philosophes » et d’idées subvertissant, avec les préjugés, tout l’édifice hiérarchique et religieux de ­l’Ancien Régime, afin de refonder une société politique d’individus libres et égaux.
« Lumières radicales » contre « populisme autoritaire » : l’historien américain analyse la Révolution française au prisme de l’affrontement idéologique.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/26/idees-revolutionnaires-de-jonathan-israel-la-revolution-facon-puzzle_6017004_3260.html
mlsum-fr-1532
Mai 68. Les occupations d’usines se multiplient à Paris et en province ; le mouvement de grève gagne le trafic aérien, la RATP, la SNCF, la distribution des journaux est perturbée. Photo Domaine Public / Wikirouge Chronique. Des formules comme la « quête de sens au travail » et « l’entreprise libérée » – où les travailleurs participeraient à l’élaboration de leurs propres tâches – doivent en grande partie leur succès à la critique de plus en plus radicale d’organisations du travail où celui-ci serait prescrit par des normes anonymes venues « d’en haut », et qui aurait de ce fait perdu l’engagement des salariés. En serait responsable la « taylorisation » du travail dans les entreprises françaises à partir des années 1950, suivant les préceptes de l’ingénieur américain Frederick Taylor (1856-1915), dont l’application avait accru de façon phénoménale la productivité de l’industrie américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, grâce à la mesure « scientifique » et à la rationalisation du temps passé à chaque tâche, immortalisées par le film Les Temps modernes, de Charlie Chaplin, dès 1936. Dans les années 1970 en France, le « taylorisme » est critiqué, d’abord sur le terrain – la grève du « Joint français » (1972) en est l’expression la plus fameuse – en raison des « cadences infernales » infligées aux ouvriers – et ensuite par les sociologues du travail, qui, en analysant les tâches effectuées, montrent le fossé béant entre le « travail prescrit » par les normes et le « travail réel », source de mal-être, de tension sociale et d’inefficacité. Des effets néfastes Mais comme l’a montré Dominique Besson, professeur de management à l’université de Lille, lors du congrès international d’histoire des entreprises, le 12 septembre, un regard d’historien doit être posé sur cette fameuse « taylorisation » dont les effets néfastes ont fait l’unanimité vingt ans après le début de leur déploiement. Il a, à cet effet, analysé un échantillon de 78 rapports rédigés par des ingénieurs du Conservatoire national des arts et métiers entre 1950 et 1960, et s’est entretenu dans les années 1990 avec leurs auteurs survivants. Ces ingénieurs, tous issus du département de l’organisation scientifique du travail (OST) du CNAM, tous fins connaisseurs des méthodes américaines, devaient en effet rédiger leur « retour d’expérience » sur la mise en œuvre desdites méthodes dans les entreprises. Bataille de productivité Or, Dominique Besson a constaté que ces rapports sont bourrés de critiques – qui n’ont rien à envier à celles des années 1970 – à l’égard desdites méthodes, et que la réalité décrite est plutôt celle d’un aller-retour, voire d’un compromis permanent et négocié avec les opérateurs engagés également dans la « bataille de la productivité » de la reconstruction du pays après-guerre.
En matière d’organisation du travail, le passage du taylorisme à une forme où les salariés sont libres et responsables, s’est dans les deux cas, accompagné de retours d’expérience extrêmement critiques constate notre journaliste dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/24/du-taylorisme-a-l-entreprise-liberee-le-discours-face-au-reel_6016690_3232.html
mlsum-fr-1533
Mois après mois, depuis janvier 2018, les chiffres de la construction de logements confirment un net ralentissement. Le secteur, qui pèse 12 % du produit intérieur brut, est non seulement essentiel pour l’économie, mais aussi et surtout pour le bien-être des Français. Or, selon les chiffres du ministère, publiés ce vendredi 28 juin et qui courent jusqu’à fin mai 2019, le nombre de permis de construire délivrés a chuté en un an de 8,6 %, et celui des mises en chantier de 4,5 %. Plus grave encore, ces logements non construits manquent là où on en a le plus besoin : en Auvergne-Rhône-Alpes (− 11,7 % de permis délivrés), Provence-Alpes-Côte d’Azur (− 17,5 %), Ile-de-France (− 9,2 %) et Occitanie (− 8,4 %). A ce rythme, la production s’achemine, en 2019, à moins de 400 000 logements sortis de terre, contre 418 900 en 2017. Alors qu’Emmanuel Macron promettait un « choc de la construction » et que la loi Evolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN), adoptée le 23 novembre 2018, ambitionnait de « construire plus, plus vite et moins cher », c’est l’inverse qui se produit. On bâtit moins, mais aussi plus cher. Les coûts de construction flambent, avec une hausse de plus de 7 % en deux ans au niveau national, et même 15 % en Ile-de-France. Les HLM, des « dodus dormants » Le calendrier électoral n’y est pas pour rien. A l’approche des municipales de mars 2020, les maires se montrent prudents pour délivrer des permis de construire. Mais l’atonie est d’abord la résultante de rudes coupes budgétaires opérées dès 2017 : prêt à taux zéro raboté, suppression de l’aide personnalisée au logement pour les primo-accédants à la propriété modestes, avantages fiscaux à l’investissement locatif rognés… Le budget logement, amaigri de 3 milliards d’euros, est devenu le premier contributeur aux économies de l’Etat, et les coupes ont été particulièrement violentes dans le secteur HLM qui, en 2018, y a perdu 1,3 milliard d’euros, et autant en 2019. Les HLM sont donc obligés de réduire leurs investissements dont la production de logements. Le président de la République n’a eu de cesse de critiquer l’héritage de ses prédécesseurs à ce sujet : « Ça fait des années, pour ne pas dire des décennies, qu’on dit que la politique du logement fonctionne mal en France… Nous dépensons 40 milliards d’euros (…) pour avoir quatre millions de mal-logés. Et là aussi, le système fonctionne mal ! », scandait-il, le 23 novembre 2017, au congrès des maires. Le 3 avril dernier, en Bretagne, il réitérait ses critiques : « Nous avons une des pires politiques de logement au monde. » Et de viser plus particulièrement les dispositifs de défiscalisation, comme le Pinel, et surtout les HLM, qualifiés de « dodus dormants ».
Le nombre de permis de construire délivrés a baissé de 8,6 % en un an. Le « choc de la construction » promis par Emmanuel Macron n’a pas eu lieu. Loin de là.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/29/la-construction-de-logements-neufs-en-berne_5483150_3224.html
mlsum-fr-1534
Farooq Abdullah à Srinagar, capitale du Jammu-et-Cachemire, en avril 2019. Mukhtar Khan / AP La vidéo de Narendra Modi s’adonnant, au Gujarat, à un lâcher de papillons multicolores à l’aide d’un sac en tissu camouflage militaire, mardi 17 septembre, a fait le tour de Twitter. Elle avait quelque chose de surréaliste. Le premier ministre de l’Inde célébrait son 69e anniversaire et au même moment, l’armée de l’air effectuait avec succès un essai de missile air-air Astra au large de l’Etat de l’Orissa, sur la côte est du sous-continent. Une réplique manifeste au test de missile sol-sol Ghaznavi mené le 29 août par le Pakistan, dans un contexte de plus en plus tendu au Jammu-et-Cachemire, la partie du Cachemire sous administration indienne. Cette région himalayenne que se disputent les deux puissances nucléaires d’Asie du Sud demeure coupée du monde, depuis que Delhi lui a retiré son autonomie constitutionnelle, le 5 août. Les informations en provenance du terrain ne filtrent qu’au compte-gouttes et lundi 16 septembre, la Cour Suprême de l’Inde a solennellement demandé au gouvernement Modi d’y assurer « au plus vite le retour à la normale ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Cachemire verrouillé, la fureur et la désolation Interpellé par des habitants se plaignant de ne pas avoir accès aux tribunaux pour dénoncer ce qu’ils sont en train de vivre, du fait de l’interdiction de déplacement qui y sévit, le président de la Cour Suprême, Ranjan Gogoi, a jugé la situation « très très sérieuse » et prévenu les autorités qu’il se rendrait bientôt sur place, si cela se révélait nécessaire. Ces avertissements n’ont été suivis d’aucune réaction de l’exécutif. La veille au soir, la police avait procédé à l’arrestation formelle de l’une des personnalités politiques locales les plus en vue, Farooq Abdullah, qui a dirigé le gouvernement du Jammu-et-Cachemire à trois reprises, a été ministre fédéral des énergies renouvelables sous Manmohan Singh [premier ministre de 2004 à 2014], et siège comme député à la Lok Sabha, la chambre basse du parlement de l’Inde. Agé de 81 ans, M. Abdullah est le fils de Sheikh Abdullah, le « Lion du Cachemire » qui avait lui-même dirigé par deux fois l’exécutif régional et défendait, à son époque, l’idée d’un Cachemire indépendant, ce qui lui avait valu de faire de la prison. Depuis le 5 août, Farooq Abdullah était assigné à résidence à Srinagar, la capitale, ainsi que son fils Omar, ancien chef du gouvernement du Jammu-et-Cachemire également, tout comme leur principale opposante, Mehbooba Mufti, dernière personnalité à avoir dirigé, en coalition avec le BJP de M. Modi, l’exécutif régional jusqu’à la dissolution de celui-ci, en juin 2018. Depuis, la région était sous tutelle provisoire de Delhi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cachemire : guerre diplomatique entre l’Inde et le Pakistan Le 14 août par ailleurs, une autre figure politique, Shah Faesal, a été intercepté à l’aéroport de Delhi alors qu’il s’apprêtait à partir aux Etats-Unis pour donner une conférence à Harvard. En mars dernier, celui-ci avait lancé, à l’âge de 36 ans, un nouveau parti destiné à renouveler la classe politique locale et à faire en sorte que le Jammu-et-Cachemire cesse un jour d’être « un cimetière en altitude ». Il a été renvoyé au Cachemire et placé en détention. M. Abdullah, lui, est désormais confiné dans une seule pièce de sa maison, laquelle a été transformée en prison, en vertu d’une loi sur la sécurité publique qui permet de maintenir une personne en détention n’importe où, durant trois mois sans mandat de dépôt et durant deux ans sans procès. C’est la première arrestation d’un politicien considéré comme pro-indien au nom de cette loi. D’après les militants indépendantistes, plus de vingt mille Cachemiris auraient fait les frais, durant ces vingt dernières années, de ce texte qualifié par Amnesty International de « loi sans loi ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cachemire : une trahison pour la classe politique favorable à New Delhi Dans son éditorial du 17 septembre, l’Indian Express a exprimé sa stupeur devant l’usage d’une loi destinée à la lutte contre le terrorisme, rappelant que M. Abdullah et son fils avaient été reçus à Delhi par Narendra Modi en personne, le 3 août. Cette arrestation « en dit plus sur le gouvernement que sur un homme qui était le visage de la politique modérée au Cachemire, en plus d’être le porte-drapeau de l’Inde sur la question du Cachemire », estime le quotidien anglophone qui trouve « étonnant que la justice l’ait acceptée sans poser de question ». Selon l’ancienne journaliste spécialiste du Cachemire, Maya Mirchandani, aujourd’hui chercheuse à l’Observer Research Foundation, cette affaire « porte atteinte à la dignité de la classe politique cachemiri, qui faisait jusqu’ici tampon entre Delhi et les séparatistes, tout en tenant le Pakistan à distance, dans le but de parvenir à l’autodétermination ».
Farooq Abdullah, politicien considéré comme pro-indien, est confiné dans une pièce de sa maison transformée en prison au nom d’une loi antiterroriste.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/18/un-leader-politique-de-premier-plan-arrete-au-cachemire_5511988_3210.html
mlsum-fr-1535
En avril 2018, des associations avaient déposé une plainte contre YouTube, lui reprochant la collecte de données effectuée sur des utilisateurs mineurs. DADO RUVIC / REUTERS Les autorités américaines de régulation tentent de savoir si la plate-forme YouTube a enfreint la loi en exposant les enfants à des vidéos inappropriées, ou en collectant des données personnelles les concernant. Ces enquêtes, menées par la Federal Trade Commission (FTC), en sont à « un stade avancé », selon le Washington Post et le New York Times, qui ont révélé ces procédures en cours, mercredi 19 juin, sur la base de sources anonymes. Interrogée, la FTC n’a pas souhaité commenter, mais n’a pas démenti. Ces investigations suivent des plaintes d’associations déposées auprès de la FTC. En avril 2018, 23 organisations de défense des droits numériques et de protection de l’enfance avaient notamment formellement accusé YouTube, filiale de Google, de collecter les informations personnelles d’enfants mineurs (localisation, appareil utilisé, numéros de téléphone), sans que les parents le sachent. Puis de se servir ensuite de telles informations pour afficher de la publicité ciblée. Lire sur le sujet : YouTube et Google accusés de collecter illégalement des données sur les enfants Selon ces associations, une telle pratique enfreint la loi Coppa (pour Children’s Online Privacy Protection Act). Cette loi de 1998 « interdit à un site Internet destiné aux enfants, ou qui sait que des enfants l’utilisent, de collecter et utiliser de telles informations sans avoir l’accord des parents ». YouTube réfléchit à des évolutions Si YouTube est officiellement interdit aux moins de 13 ans, la plate-forme de vidéo regorge de contenus à destination des plus jeunes, qu’ils regardent parfois sans supervision parentale : dessins animés, comptines pour tout-petits, publicités pour des jouets… La plainte déposée par les associations devant la FTC, en avril 2018, indique à titre d’exemple que la recherche « vidéo pour enfant » sur YouTube renvoyait alors 243 millions de résultats. Elle évoque également Ryan ToysReview, une chaîne YouTube qui comptait à l’époque 12 millions d’abonnés (elle en a 19 millions aujourd’hui) et des dizaines de milliards de visionnages. Cette chaîne est entièrement dédiée aux tests de jouets, réalisés directement par un enfant. Elle a généré 11 millions de dollars de recettes publicitaires en 2017. Face aux risques posés par les enquêtes et les procédures en cours à la FTC, qui peuvent déboucher sur des amendes et des obligations à corriger certaines pratiques, YouTube semble réfléchir à des évolutions de sa plate-forme, selon le Wall Street Journal. Parmi les options discutées dans la filiale de Google : la suppression de l’enchaînement automatique des vidéos, qui est de nature à exposer les enfants à des contenus choquants après des vidéos plus innocentes. Ou encore, déplacer toutes les vidéos pour enfants sur son site dédié YouTube Kids, créé en 2015 pour les moins de 13 ans. YouTube Kids n’est en effet pas censé procéder à la récolte de données publicitaires, et être un espace plus sûr pour les enfants – même si des vidéos problématiques y ont déjà été détectées. « Nous examinons beaucoup d’idées pour améliorer YouTube, mais certaines restent à l’état d’idée », a simplement réagi un porte-parole de YouTube auprès de l’Agence France-Presse et du Wall Street Journal, interrogé sur de telles évolutions. Commentaires pédophiles Depuis plusieurs mois, YouTube fait l’objet d’une vigilance intense sur sa gestion des vidéos pour enfants et adolescents, ou mettant en scène des mineurs. Plusieurs médias – dont Le Monde – ont démontré que de telles vidéos étaient un terrain de chasse privilégié pour les pédophiles, qui peuvent notamment laisser des commentaires explicites sous de nombreuses vidéos. Face à ce problème, qui avait conduit certaines entreprises (Disney, Epic Games, Nestlé…) à retirer toutes leurs publicités diffusées sur la plate-forme, YouTube avait réagi, début mars, en indiquant vouloir supprimer la possibilité de commenter toutes les vidéos mettant en scène des mineurs. Lire aussi : toute notre couverture de l’actualité sur YouTube
Les médias américains ont révélé que la plate-forme vidéo, filiale de Google, était surveillée par la FTC à la suite de plaintes d’associations.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/20/protection-des-mineurs-youtube-vise-par-une-enquete-des-autorites-americaines_5478955_4408996.html
mlsum-fr-1536
Le Français Joris Daudet, champion du monde en 2016, avait chuté aux Jeux olympiques de Rio la même année. La compétition ne lui sourit guère. CARL DE SOUZA / AFP Il est des Français qui gagnent en cyclisme en ce moment. Joris Daudet, Sylvain André, Manon Valentino… Pas des grimpeurs, ni des sprinteurs, même s’ils aiment monter et dévaler des bosses à toute vitesse, mais des pilotes de BMX. Cette année, la France, première au classement mondial chez les hommes et troisième chez les femmes, est attendue aux championnats du monde de la discipline, qui se tient du 23 au 27 juillet à Heusden-Zolder (Belgique). Cela fait maintenant trois ans que les Bleus règnent sur le BMX mondial. Depuis 2016, sur les neuf places possibles sur les podiums des championnats du monde annuels, les Français en ont trusté cinq chez les hommes. Deux ont même été couronnés sur trois titres mis en jeu. Des réussites dans ce sport individuel qui assurent à l’Hexagone une aura à l’international. Cette année, « l’objectif est de maintenir un classement suffisamment haut pour assurer les quotas aux Jeux olympiques », confie Julien Sastre, l’entraîneur des Bleus. En plaçant le pays premier ou deuxième chez les hommes, la France s’adjugerait trois places pour Tokyo 2020. Chez les femmes, il s’agit d’assurer la 3e place pour compter deux pilotes pour les Jeux. Pouvoir bicéphale Ces succès sont dus en grande partie aux deux têtes les plus connues du milieu : Joris Daudet, champion du monde en 2016, et Sylvain André, titré en 2018. Agés de 28 et 26 ans, ils se connaissent bien. Les deux se côtoient au sein de l’équipe de France depuis des années. Ces pilotes offrent souvent des bagarres d’anthologie aux spectateurs comme la finale des derniers Mondiaux qui avait vu André doubler Daudet sur la ligne après un retour canon. Comme un clin d’œil, la photo finish avait de nouveau été nécessaire cette année pour les départager lors des derniers championnats de France en juillet, à Calais, avec le même résultat. WHAT.A.FINISH 😮 @SylvainAndre39 🇫🇷 beats @daudetjoris on the line to become World Champion! Epic stuff! #BakuBMX2018 https://t.co/zEilLdK3hC — UCI_BMX_SX (@UCI BMX Supercross) « C’est une question de résistance à l’effort, assure Sylvain André. Arrivé à la fin de piste, j’ai peut-être parfois plus de jus que certains ou plus d’envie. Quand on est derrière, on suit, on prend un peu moins d’air, et si on arrive à coller, derrière sur la fin de piste on peut essayer de mettre le cligno et de voir ce qui se passe, ça m’a réussi deux fois. » Peut-être pas trois. Cette année, Joris Daudet est décidé à reprendre le pouvoir. « C’est ma faute, c’est moi qui ai fait l’erreur, c’est une revanche personnelle. » Les deux pourraient de nouveau offrir un duel au sommet lors de la finale des Mondiaux samedi 27 juillet. Chez les femmes, on attend la restauration Chez les femmes, la France a retrouvé le podium au classement mondial, une première depuis 2013. Les chances des Bleues reposent surtout sur la championne nationale Manon Valentino, 28 ans, qui réalise cette année une Coupe du monde honorable. En remportant l’étape à Calais en juin, elle n’est plus qu’à cinq points de la troisième du classement provisoire, la Néerlandaise Judy Baauw. Mais la Française a du mal à assurer dans les grandes compétitions ponctuelles et à faire oublier les reines de la discipline, Anne-Caroline Chausson et Laetitia Le Corguillé, qui avaient pris le pouvoir sur un coup d’éclat en s’adjugeant l’or et l’argent aux Jeux de Pékin en 2008. A ce jour, elles restent les seules médaillées françaises olympiques de BMX de l’histoire, hommes et femmes confondus. Car si les Bleus performent aux Mondiaux depuis plusieurs années, les Jeux olympiques ne leur sourient pas. A l’image de Joris Daudet qui a chuté à Rio, en 2016, alors qu’il était champion du monde en titre, et à Londres, en 2012, juste après sa médaille d’argent aux Mondiaux. Ces contre-performances révèlent l’imprévisibilité de ce sport. Lancés sur un parcours piégeux de bosses à tailles inégales, sans couloirs, les pilotes doivent souvent prendre des décisions très rapidement. La moindre erreur peut entraîner une chute brutale. « En BMX, il y a un côté réussite, tout doit être aligné le jour J », relève Julien Sastre. « On travaille sur la régularité depuis Rio pour provoquer cette réussite-là », assure l’entraîneur national. « On se pousse les uns les autres » Pour arriver à ces fins, la fédération a étoffé son staff au fil des années. Il est aujourd’hui composé d’une quinzaine de personnes. Préparation physique, technique, mentale, tout est fait pour amener les pilotes au plus haut niveau. Avec le succès qu’on connaît depuis 2016. L’an dernier, quatre cyclistes, dont Sylvain André, ont aussi rejoint l’armée des champions pour consacrer tout leur temps à leur sport. Le bataillon militaire permet aux sportifs de toucher un salaire tout en s’entraînant. « Depuis deux trois ans, il y a un gros, gros boulot. On se pousse les uns les autres, on est content quand les autres marchent aussi », confirme Sylvain André. Au-delà des Mondiaux, il a déjà Tokyo 2020 en tête. « Aujourd’hui, j’ai le niveau pour y aller et surtout pour faire quelque chose », assure-t-il. Daudet se montre plus prudent. Il ne sait que trop bien que la révolte peut venir à tout moment de son propre camp, du Néerlandais Niek Kimmann, actuel leader de la Coupe du monde, ou des Américains qui ont donné naissance au BMX et peuvent compter sur Corben Sharrah (champion du monde 2017). En tout cas, ces Mondiaux, à un an des Jeux, font figure de dernier test. Les Français y ont déjà gagné leurs lettres de noblesse et disposent d’une occasion rêvée d’envoyer un signal en asseyant leur légitimité.
L’équipe de France compte un champion et un vice-champion du monde en titre dans ses rangs. Elle peut marquer le coup aux Mondiaux, à un an des Jeux olympiques de Tokyo.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/23/championnats-du-monde-de-bmx-la-france-a-le-choix-du-roi_5492379_3242.html
mlsum-fr-1537
Débat télévisé entre les deux candidats à l’élection présidentielle tunisienne, Kaïs Saïed (à droite) et Nabil Karoui (à gauche), vendredi 11 octobre 2019. (AP Photo/Mosa'ab Elshamy) Mosa'ab Elshamy / AP Ahmed Nejib Chebbi, 75 ans, est une figure de la gauche tunisienne, longtemps opposant à l’ancien président Ben Ali. Avocat, il a été député du PDP (Parti démocrate progressiste) à l’Assemblée nationale constituante après la révolution de 2011. Aujourd’hui plus discret, il n’en reste pas moins un observateur averti de la vie politique tunisienne, des scrutins présidentiels manipulés sous l’ancien régime aux élections démocratiques de l’après-révolution. Alors que le juriste conservateur Kaïs Saïed et l’homme d’affaires Nabil Karoui s’affrontent ce dimanche 13 octobre au second tour de l’élection présidentielle, il décrypte les enjeux de ce scrutin présidentiel hors du commun pour la Tunisie. Un candidat, Nabil Karoui, a passé la moitié de la campagne en détention pour suspicion d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent. Un autre, Kaïs Saïed, était jusqu’au premier tour peu connu des élites politiques malgré son assise auprès des jeunes. Quels que soient les résultats de ce dimanche, le prochain président aura un profil atypique. Dans quel moment politique ce scrutin présidentiel inscrit-il la Tunisie ? La révolution tunisienne était d’essence sociale, c’était au départ un mouvement de révolte des régions qui réclamaient la dignité, l’emploi, la reconnaissance. Après 2011, il y a eu un vide qui a été rempli par des forces non pas politiques mais idéologiques. Même les mouvements de défense des droits de l’homme étaient dans le registre de la revendication et de la protestation mais sans véritable vision. Que dire alors des islamistes, des nationalistes arabes et des communistes ? Lire aussi Election présidentielle en Tunisie : une jeunesse en quête de changement Nous avons connu des tensions mais nous avons réussi à mettre en place les institutions de la transition démocratique. Nous avons échoué avec le processus de justice transitionnelle mais nous avons écrit une nouvelle Constitution (adoptée en 2014) qui représente un ciment pour notre société. Aujourd’hui, Kaïs Saïed, l’un des deux candidats, explique vouloir mettre en place une démocratie indirecte avec la possibilité de révoquer des élus. Selon moi, cela remet en cause notre Constitution et représenterait une forme de régression. En outre, il n’a aucun moyen de réformer la Constitution puisqu’il lui faut les deux tiers de l’assemblée pour le faire, ce qu’il n’a pas. Donc la spécificité de ce moment – ce qui le différencie de la période révolutionnaire –, c’est que le système politique et institutionnel est construit et qu’il ne bougera pas. Les deux candidats ont fait valoir des projets censés répondre aux importantes revendications sociales. L’un parle « d’éradiquer la pauvreté », l’autre de « démocratie participative » mais ont-ils une réelle vision quant aux questions économiques et sociales ? Pour l’instant aucun des deux candidats, pas plus que la classe politique tunisienne dans son ensemble, n’a réellement une idée des priorités de la Tunisie ni des moyens pour les réaliser. Pour moi, il y en a trois. Il faut réintégrer la connaissance par une révolution scolaire, intégrer les savoirs dans la production industrielle et agricole par l’innovation, et enfin assurer un développement humain à tous les Tunisiens. Cela ne se fera pas en cinq ans, mais peut-être en quinze ans. Prendre en compte seulement les réformes demandées par le Fonds monétaire international (FMI) ne résout pas le problème de l’investissement, seul capable de redonner de l’emploi. Il manque une vision économique qui tienne compte des moyens de la Tunisie et qui se projette sur le long terme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Tunisie, la fin apaisée d’une campagne présidentielle éclair Comment jugez-vous cette nouvelle échéance électorale, près de neuf ans après la révolution ? Le processus s’est bien déroulé, de façon civique et pacifique, même si rien n’est parfait. Il y aurait par exemple beaucoup de choses à dire sur le financement des partis ou le rôle des médias mais ce scrutin reste un progrès. Ce nouveau Parlement (issu des élections législatives du 6 octobre) sera également meilleur que le précédent. Les six formations arrivées en tête ne sont pas des groupes ou des personnes qui ont passé les cinq dernières années à se chamailler pour des privilèges personnels et partisans. Ce sont des mouvements qui ont une base culturelle et politique. On ne peut pas nier par exemple que Ennahda (parti islamo-conservateur arrivé en tête des législatives avec 52 sièges) porte un projet, même si je pense qu’il est mauvais. Il y a aussi El Karama dont la vision est peut-être identitaire et passéiste mais qui a un véritable contenu politique. On peut donc s’attendre à ce que les conflits à l’assemblée portent enfin sur les préoccupations des Tunisiens. Cela, d’autant plus que ces mouvements ont une implantation dans à peu près toutes les circonscriptions du pays. Le bémol, c’est que ce Parlement n’est pas forcément représentatif de la population tunisienne car vous avez eu près de 60 % d’abstention. Malgré ces tendances politiques fortes, c’est un Parlement très fragmenté qui s’annonce. Arrivera-t-il à former un gouvernement quelle que soit l’issue du scrutin de ce dimanche ? Les craintes persistent sur la possibilité de former un gouvernement. Il est probable qu’Ennahda finira par le faire avec, je l’espère, une opposition forte d’autres partis comme Au Coeur de la Tunisie (le parti de Nabil Karoui), Attayar (gauche), Tahya Tounes (le parti de l’ancien chef de gouvernement Youssef Chahed), le Destour (nostalgiques de Ben Ali). Il n’est pas forcément nécessaire qu’ils forment une coalition. Il suffit qu’ils se présentent ensemble face au gouvernement sur les questions qui intéressent les Tunisiens : l’éducation, le transport, l’économie etc. Donc si on a un gouvernement faible mais une opposition forte, ça sera la fin de ce « consensus » (entre les deux partis majoritaires Ennahda et Nidaa Tounès) qui a paralysé la politique pendant huit ans, parce que c’était un partage d’intérêts, de privilèges, de postes, plus qu’un consensus.
L’avocat Ahmed Nejib Chebbi rappelle le chemin parcouru par la Tunisie depuis la révolution de 2011 et les défis qui se poseront à la future assemblée et au nouveau président.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/13/pour-l-instant-aucun-des-deux-candidats-n-a-reellement-une-idee-des-priorites-de-la-tunisie-ni-des-moyens-de-les-realiser_6015319_3212.html
mlsum-fr-1538
Des moissonneuses-batteuses dans un champ de soja, à Campo Novo do Parecis, dans l’Etat du Mato Grosso, dans l’ouest du Brésil, en 2012. YASUYOSHI CHIBA / AFP Pertes et profits. Faut-il y voir un signe ? L’année astrologique chinoise du cochon, qui a démarré en février, a été marquée par une épidémie de fièvre porcine qui a décimé les élevages de l’empire du Milieu. Résultat, le Brésil se frotte les mains. Les exportations brésiliennes de viande de porc ont augmenté de 30 %, en volume et en valeur, sur le seul premier ­semestre, rapporte l’Agence France-Presse (AFP). Les usines tournent à plein et le boom tire l’ensemble de la ­filière agricole brésilienne : maïs, soja, poulets, bœufs… Lire le décryptage : Pourquoi l’accord avec le Mercosur est si critiqué Une puissance de feu qui effraye de ce côté de l’Atlantique. Sitôt conclu, l’accord de libre-échange entre les pays latino-américains du Mercosur et l’Europe fait surgir le spectre de hordes de poulets au chlore et de bœufs aux hormones déferlant sur le Vieux Continent. Et particulièrement en France où l’alimentation est un sujet extrêmement sensible. Contre-performance On accuse l’Europe d’avoir sacrifié la santé nutritionnelle de ses enfants pour vendre quelques voitures de plus. C’est oublier un peu vite que l’industrie agricole n’est pas un monopole brésilien. En moins de quinze ans, la région allemande qui s’étend de la mer du Nord à la Westphalie est devenue le « Speckgürtel », la ceinture de graisse de l’Europe. Sous l’impulsion de groupes industriels danois ou hollandais, d’immenses usines de viande de porc se sont installées au cœur de l’Europe, mettant à genoux par des prix imbattables, les producteurs bretons. Sans attendre le Brésil, l’Europe s’est donc convertie à l’industrie agricole de masse. La France, qui avait gagné la première manche, celle des années 1970 et 1980, est en train de perdre celle des années 2000. Le journal Les Echos publie une étude de l’Institut ­national de la recherche agronomique (INRA) qui raconte l’inexorable déclin de la France dans les échanges à l’intérieur de l’Europe. En 2011, le solde commercial avec le reste du continent était positif de plus de 6 milliards d’euros, il est désormais négatif de 300 millions. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nourrir l’Europe sans pesticides, un objectif réaliste Cette contre-performance stupéfiante au pays des 300 fromages et autant de saucissons repose sur trois dilemmes qui vont bien au-delà de la seule filière agroalimentaire, et qui s’emboîtent parfaitement l’un dans l’autre. Celui de la grande industrie contre la petite entreprise, du haut de gamme contre le prix bas et du local contre le mondial. Et au milieu, des consommateurs qui veulent à la fois le charcutier du coin et ses spécialités de pays, mais aussi du jambon en barquette à prix cassé. Reste à espérer que, comme dans le cas du vin, le basculement des comportements vers le haut de gamme et le local pousse les filières à devenir des références de qualité s’exportant partout dans le monde.
L’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur fait craindre aux producteurs français d’être écrasés par la puissance de feu du Brésil. Mais c’est oublier un peu vite que la concurrence bat déjà son plein entre pays de l’Union, rappelle Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/05/sans-attendre-le-bresil-l-europe-s-est-convertie-a-l-industrie-agricole-de-masse_5485700_3234.html
mlsum-fr-1539
Des jantes plus sophistiquées et de nouveaux coloris, plus voyants pour la Zoé. Jean-Brice LEMAL Pionnière de la démocratisation de la voiture propre, la Renault Zoé a toujours été considérée avec sympathie mais aussi une forme de condescendance. Trop modeste pour prétendre à l’aura qui sied au luxe écologique, elle collectionne toutes les idées reçues qui collent aux véhicules électriques dont elle est la représentante la plus diffusée en Europe avec 163 000 unités vendues en sept ans. Ce serait un modèle foncièrement urbain (alors que ses propriétaires résident, pour l’essentiel, en périphérie des villes), réservé aux courtes distances (ses utilisateurs affichent pourtant un kilométrage moyen supérieur à celui des conducteurs de Clio) et aux performances limitées, même si elle peut laisser sur place du beau monde lorsque le feu passe au vert. Bref, la Zoé serait un support de mobilité bienveillant, pas une vraie voiture. L’histoire ayant tardivement donné raison à Renault d’avoir investi très tôt (mais pas toujours à bon escient) dans le véhicule électrique, la Zoé ne peut plus se satisfaire de passer pour une automobile avant-gardiste mais marginale. Il lui faut désormais être prise au sérieux. Pour y parvenir, Renault a commencé par le commencement et tenté de répondre à la question qui fâche, celle que toutes les études pointent comme l’obstacle numéro un à l’achat d’une électrique : l’autonomie. La nouvelle génération peut parcourir 395 kilomètres selon le protocole d’évaluation WLTP, mis en place après le dieselgate pour moraliser les relevés de consommation. Un bond de presque 100 km au regard de la génération précédente et de 250 km par rapport à la première génération de 2012. Dans la vraie vie, il faudra plutôt tabler sur une autonomie réelle d’un peu plus de 350 km mais ce résultat, obtenu avec une batterie dont la capacité a été portée de 41 à 52 kWh, reste flatteur. Pour rassurer un peu plus le client, le constructeur précise que le GPS peut programmer un itinéraire en fonction des bornes (et de leur disponibilité en temps réel) présentes tout au long du parcours. Lire aussi La voiture électrique tisse sa toile En tutoyant la barre des 400 km, la Zoé s’estime capable de répondre à des usages autrement plus larges que les trajets courts et répétitifs. Affronter l’autoroute pour une escapade de fin de semaine, voire envisager un départ en vacances ? Outre le gain d’autonomie, la marque au losange oppose aux sceptiques les améliorations apportées au moteur qui développe désormais 100 kW (135 ch) sur la version la plus performante (l’entrée de gamme se contente de 108 ch) et améliore nettement ses reprises pour passer de 80 à 120 km/h. Toujours un peu sèche en suspension compte tenu du lest de 326 kg imposé par la batterie lithium-ion, cette voiture d’une tonne et demie affiche un comportement routier aussi rigoureux qu’un modèle classique de gabarit équivalent. Sur petite route sinueuse, la nouvelle Zoé est un régal de fluidité et de souplesse grâce à la présence d’une direction calibrée avec minutie et, surtout, à la possibilité d’ajuster l’effet frein moteur. Cette spécificité réservée aux voitures électriques permet d’adopter une conduite que l’on pourrait qualifier d’élastique, en utilisant très peu la pédale de frein. Un intérieur inspiré de la Clio Pour plaider la cause de la Zoé, fabriquée à Flins, dans les Yvelines, le constructeur s’est aussi attaché à améliorer sa capacité de recharge. Il est dorénavant possible (l’option coûte cependant 1 000 euros) de se brancher sur courant continu avec une puissance maximum de 50 kW afin de récupérer 150 km d’autonomie en une demi-heure. Sur les bornes publiques classiques (11 kW) en courant alternatif, il faudra deux heures pour engranger l’équivalent de 125 km alors que sur une recharge murale standard (7 kW), une nuit de neuf heures sera nécessaire pour reconstituer l’intégralité de la charge. Certains y verront des contraintes rédhibitoires. Cela se discute. Outre que 80 % des recharges s’effectuent au domicile des propriétaires, il apparaît que le réseau de bornes publiques français (27 660 au 1er septembre) n’a rien de famélique. Il correspond à un ratio d’un point de recharge pour 7,2 véhicules électriques alors que l’Union européenne préconise un rapport de 1 pour 10. Une ombre, toutefois, au tableau : la disponibilité effective des bornes publiques, victimes plus souvent qu’à leur tour de pannes ou de défauts d’entretien. Avec la nouvelle Zoé, Renault vise moins une clientèle de citadins et de familles « mono-motorisées » que des consommateurs extra-urbains ou demeurant en maison individuelle en quête d’une deuxième voiture… dont l’expérience montre que, malgré les servitudes inhérentes à l’électrique, elle devient souvent la plus utilisée du foyer. Dernier exercice, et non des moindres, pour renforcer la crédibilité automobile de la Zoé : ses nouveaux atours. Extérieurement, les lignes se sont légèrement tendues. Le capot est nervuré, les jantes plus sophistiquées et de nouveaux coloris, plus voyants, sont apparus. Quant à l’intérieur, jusqu’ici minimaliste, il a été entièrement redessiné en s’inspirant de celui de la nouvelle Clio. Les écrans s’agrandissent, les matériaux souples remplacent les plastiques rigides et la planche de bord accueille une instrumentation digitale enfin digne d’une voiture moderne. La Zoé est proposée à partir de 169 euros par mois tout compris en location avec option d’achat (formule choisie par la très grande majorité des clients). Elle peut aussi se négocier entre 23 900 euros et 31 500 euros (bonus écologique de 6 000 euros non déduit), hors location de batterie (à partir de 74 euros mensuels). Comme tous les nouveaux véhicules propres, cette voiture engage un pari dont il est délicat de préjuger de l’issue mais, pour Renault, il ne s’agit pas d’un coup d’essai. A moyen terme, le constructeur prévoit de convertir la Twingo à l’électrique, d’importer de Chine la K-ZE, un petit modèle urbain à batteries, et de lancer un SUV « zéro émission » lui aussi.
Véhicule électrique la plus diffusée en Europe, la petite Renault veut étendre son territoire en dehors des villes grâce à son autonomie qui tutoie désormais la barre des 400 km.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/09/24/zoe-elle-aussi-a-tout-d-une-grande_6012892_4497319.html
mlsum-fr-1540
Emmanuel de Buretel, président de la Société des producteurs de phonogrammes en France, déplore le fait que les majors ont la capacité d’imposer leurs conditions financières ­d’accès à leurs répertoires aux plates-formes en ligne. Dado Ruvic / REUTERS Musique et écologie, même combat. Pour Emmanuel de Buretel, fondateur du label Because (Chris, Justice, Metronomy, Les Rita Mitsouko…) et président de la Société des producteurs de phonogrammes en France (SPPF), « la diversité est abîmée ». Alors que s’est achevé, vendredi 18 octobre à Paris, le Marché des musiques actuelles (MaMa), le producteur français dit redouter, dans un entretien au Monde, une « concentration effrénée sur le marché mondial ». Chez les organisateurs de ­concert, « Live Nation et AEG ont tout raflé », déplore-t-il, ce qui rend difficile, pour un entrepreneur de spectacle indépendant, de programmer ses artistes dans de grands festivals. Idem pour les trois plates-formes dominantes de streaming (YouTube, Apple Music et Spotify) et les trois majors de la musique, filiales d’Universal, Warner et Sony. « Les majors ne signent que des artistes de rap », affirme-t-il. Un phénomène qui se reflète dans le top 50 de Spotify. « Avec les algorithmes, cette tendance devient exponentielle », regrette-t-il. Au point que « les concours dans la cour d’école ne se jouent plus qu’entre Niska et Booba », observe-t-il, puisque les jeunes ne connaissent plus que ce type de musique. « Les indépendants restent les garants de la diversité musicale », assure le président de la SPPF, qui regroupe 2 000 adhérents, essentiellement des TPE et des PME. Mais s’ils revendiquent 80 % de la production d’albums publiés chaque année dans l’Hexagone, leur part de marché reste bien en deçà de ce seuil (23,2 % pour les ventes physiques et 31 % pour le streaming en 2018, selon l’institut GfK. Pour la Société des producteurs de phonogrammes en France, le système actuel est « inéquitable » M. de Buretel stigmatise « le poids prépondérant des majors », qui ont la capacité d’imposer leurs conditions financières ­d’accès à leurs répertoires aux plates-formes en ligne. A ses yeux, les majors bénéficient d’un triple avantage concurrentiel : ­elles jouissent d’une implantation mondiale, profitent de rentes de situation grâce à leurs catalogues et cumulent les statuts de producteurs et d’éditeurs de musique. Comment rendre le marché plus juste ? La SPPF milite en faveur d’une modification radicale du paiement des artistes diffusés sur les plates-formes de streaming, jugeant le système actuel « illogique et inéquitable ». Aujourd’hui, les artistes sont payés selon leur part de marché globale, ce qui concentre les revenus au bénéfice de quelques dizaines d’artistes et de titres musicaux, presque exclusivement de rap.
Les petits producteurs dénoncent avec virulence le « poids prépondérant des majors » qui, selon eux, contribue à mettre en péril la diversité du secteur.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/21/le-blues-des-independants-dans-la-musique_6016305_3234.html
mlsum-fr-1541
C’est une pratique généralisée dans les grandes entreprises proposant des assistants vocaux : une partie des enregistrements est envoyée à des humains, afin qu’ils vérifient le bon fonctionnement du logiciel en vue de l’améliorer. Mais les utilisateurs des technologies d’Apple (Siri), d’Amazon (Alexa) ou encore Google (Assistant) étaient rarement au courant de l’existence de telles écoutes, généralement signalées dans les conditions d’utilisation de ces services, de façon plus ou moins claire. Lire nos explications : Avec des enceintes connectées, des conversations loin d’être privées C’est pourquoi la publication de plusieurs articles de presse à ce sujet ces derniers mois a fait grand bruit. Le dernier en date, paru le 26 juillet dans le Guardian, soulignait que des enregistrements effectués par erreur étaient parfois transmis à ces sous-traitants, et pouvaient contenir des informations particulièrement privées – scènes de sexe, détails personnels dans une conversation… Et bien que les enregistrements soient anonymisés avant d’être transmis, certains contenaient des informations permettant d’identifier la personne. Enquête en Allemagne Peu après la publication de cet article, Apple a annoncé vendredi 2 août la suspension temporaire de ce système, afin de le réexaminer. Et expliqué que ses clients auraient bientôt le choix d’y participer ou non. Dans la foulée, Amazon lui a emboîté le pas, assurant que les utilisateurs d’Alexa pourraient désormais refuser que leurs enregistrements soient transmis à ces sous-traitants. L’entreprise n’a toutefois pas mis de coup d’arrêt au programme. Google, de son côté, a suspendu temporairement son propre programme début juillet, après la publication d’un article du média belge VRT NWS, qui a eu accès à plus d’un millier d’enregistrements. Le gendarme allemand des données personnelles a depuis ouvert une enquête à ce sujet.
Après la publication d’articles expliquant que des humains écoutaient une partie des requêtes effectuées par les utilisateurs d’assistants vocaux, Apple, Amazon et Google revoient leur système.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/05/assistants-vocaux-apple-amazon-et-google-levent-le-pied-sur-les-ecoutes-humaines_5496728_4408996.html
mlsum-fr-1542
Pedro Sanchez et Pablo Iglesias à Madrid, le 7 mai. PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP Durant ces deux derniers mois, le socialiste espagnol Pedro Sanchez a refusé de négocier avec le chef de Podemos, Pablo Iglesias, privilégiant les réunions avec des représentants de la société civile. A seulement vingt jours de la date limite pour former un gouvernement, le 23 septembre, sous peine de convocation de nouvelles élections, le président du gouvernement espagnol par intérim a finalement dévoilé, mardi 3 septembre, le « programme progressiste commun » avec lequel il entend obtenir le soutien du parti de la gauche radicale à son investiture. Parmi les 370 mesures du document figurent en vrac des garderies publiques gratuites pour les enfants de 0 à 3 ans, l’encadrement de la hausse des prix des loyers, une augmentation des bourses universitaires, un impôt sur le CO 2 ou l’abrogation des aspects « les plus néfastes » de la réforme du travail. Le « programme progressiste commun » promet aussi un salaire minimum fixé à 60 % du salaire moyen, l’interdiction des coupures d’électricité pour les foyers en situation de pauvreté, l’uniformisation des congés paternité et maternité à seize semaines, un impôt minimum de 15 % pour les grandes entreprises et de 18 % pour les banques et les compagnies d’énergie… « Certaines mesures sonnent bien », a commenté le chef de file de Podemos, Pablo Iglesias, qui a assuré que son parti allait étudier le catalogue de propositions concocté par le dirigeant socialiste. Cependant, la principale pierre d’achoppement entre les deux formations de gauche demeure : Podemos exige d’entrer dans un gouvernement de coalition, ce que le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) écarte. « Les programmes sont souvent emportés par le vent », s’est justifié Pablo Iglesias, assurant que « la méfiance est normale en politique ». Gouvernement « à la portugaise » Pedro Sanchez retourne l’argument. Le 25 juillet, le socialiste a perdu le vote d’investiture, faute d’accord avec Podemos, bien qu’il ait alors proposé in extremis au parti de former une coalition en lui proposant la vice-présidence du gouvernement et plusieurs ministères. La gauche radicale les a jugés trop symboliques. « Cela a confirmé notre soupçon qu’une coalition serait comme deux gouvernements en un », a expliqué M. Sanchez. Le socialiste souhaite un gouvernement « à la portugaise », avec Podemos comme partenaire privilégié au Parlement – sans participation à l’exécutif – sur la base d’un accord programmatique englobant toute la législature. « Il n’existe pas les conditions aujourd’hui pour nous transformer en partenaires de gouvernement, mais cela ne veut pas dire que nous devons nous transformer en adversaires, a-t-il affirmé. Si le problème avec Podemos est la méfiance, construisons la confiance. »
Le premier ministre par intérim a dévoilé un « programme progressiste commun » grâce auquel il espère convaincre Podemos et ses partenaires.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/04/espagne-pedro-sanchez-cherche-le-soutien-de-la-gauche-radicale-a-son-investiture_5506248_3210.html
mlsum-fr-1543
Manifestation contre la Russie et le gouvernement géorgien, à Tbilissi, le 29 juin 2019. Shakh Aivazov / AP Vous ne pouvez plus vous rendre dans la douce Géorgie, à la découverte de ses plages, de son vin sucré et de l’hospitalité légendaire de ses habitants ? Aucun problème, Ural Airlines vous emmène aux confins de l’Extrême-Orient russe, sur les rives froides, truffées d’ours et de moustiques de la mer d’Okhotsk. Autant dire que la « proposition commerciale » d’une compagnie aérienne russe, en pleine période estivale, en a fait sursauter plus d’un en Russie. A ses clients qui avaient réservé un vol pour Batoumi, cité au doux climat des rives de la mer Noire très prisée des touristes russes, la compagnie propose ainsi, dans un message publié mardi 2 juillet sur les réseaux sociaux, de s’envoler pour la moins glamour Magadan, située à peu près en face de l’Alaska. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Conseil de l’Europe s’apprête à lever les sanctions contre la Russie Hormis ce choix de communication un peu hasardeux, la compagnie aérienne n’est pas directement à blâmer. L’interdiction des vols entre la Russie et la Géorgie a été prise par Vladimir Poutine lui-même, fin juin, avec effet à partir du 8 juillet. Le président russe réagissait aux troubles survenus à Tbilissi après l’intervention, dans l’enceinte du Parlement géorgien, d’un député russe nationaliste venu ouvrir une conférence « panorthodoxe ». Pour mémoire, Moscou et Tbilissi ont été en guerre durant l’été 2008 et l’armée russe occupe toujours 20 % du territoire géorgien, à savoir les territoires de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, reconnus comme indépendants par le Kremlin. Spectaculaire crise de voisinage Si les manifestations à Tbilissi ont tourné, le soir du 20 juin, à l’émeute et que la crise politique y persiste, aucune hostilité à l’encontre des ressortissants russes en Géorgie n’a été constatée dans le pays, visité chaque année par plus de 1,5 million de touristes russes. De l’avis de nombre d’observateurs, Vladimir Poutine s’offrait plutôt, en faisant monter la tension, une spectaculaire crise de voisinage à peu de frais, et ce alors que sa cote de popularité continue de s’enfoncer. Parallèlement, les services sanitaires russes ont dégainé leur arme favorite et constaté des manquements dans la production de vin géorgien, laissant entrevoir un nouvel embargo. Lire aussi Le président du Parlement géorgien démissionne à la suite de violentes manifestations L’épisode « Magadan » illustre à la perfection l’absurdité de cette crise russo-géorgienne artificiellement gonflée. Peut-être même la compagnie entendait-elle par cette action témoigner sa mauvaise humeur au Kremlin – ou plus simplement créer un buzz, aussi négatif fût-il. Car dans l’inconscient russe, Magadan reste étroitement associée au goulag. Construit par des prisonniers en 1929, le port est devenu la porte d’entrée de la région de la Kolyma, remplie de camps de travail, et le point de départ de la sinistre « route des os ». A titre de comparaison, Magadan pourrait être l’équivalent, dans l’imaginaire collectif français, du bagne de Cayenne. « Au moins, avant, le voyage était gratuit » Jamais avares de facéties, les réseaux sociaux russes n’ont pas manqué de relever ce choix étrange d’Ural Airlines et son parfum de soviétisme. Parmi des dizaines de messages incrédules, un internaute relevait avec ironie qu’« au moins, avant, le voyage était gratuit ». Un autre internaute parodiait le ton officiel et pompeux associé aux châtiments en URSS et proclamait : « Ceux qui ont voulu visiter la Géorgie seront envoyés à Magadan. » D’autres rappelaient que le nombre de citoyens interdits de quitter le territoire russe pour diverses raisons ne cesse de grandir. Côté géorgien, la stratégie n’a pas changé : comme tous ceux concernant la crise russo-géorgienne, les posts et les articles consacrés à cette péripétie aéronautique sont accompagnés de dizaines de commentaires assortis de cœurs invitant les touristes russes à continuer à se rendre dans « l’irremplaçable » Géorgie et proposant, pour les plus enthousiastes, des hébergements gratuits.
Poutine a interdit les vols entre les deux pays, incitant une compagnie à dérouter ses passagers vers une région moins hospitalière.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/02/bienvenue-a-magadan-ou-comment-la-crise-russo-georgienne-vire-a-l-absurde_5484306_3210.html
mlsum-fr-1544
SÉVERIN MILLET Eric Boone a été l’un des premiers à témoigner devant la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase). Deux membres de cette commission, créée à la demande de l’épiscopat et de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) pour faire la lumière sur les violences sexuelles commises par des clercs contre des mineurs et des personnes vulnérables depuis 1950, l’ont reçu au mois de juin. Pendant deux heures, à 46 ans, ce théologien de formation leur a raconté les attouchements et agressions sexuelles subies d’un frère dominicain, Dominique Cerbelaud, lorsqu’il avait 13-14 ans, dans la région toulousaine. Ses parents l’avaient adressé à ce religieux, admiré, dans l’espoir qu’il aide leur fils après un camp scout où le jeune garçon avait été le témoin d’une agression sexuelle par un encadrant sur un jeune. En juin, la Ciase a lancé un premier appel à témoignages. Deux mille deux cents appels, courriers et courriels lui sont déjà parvenus. Sept cents personnes ont accepté de répondre à un questionnaire détaillé. Certaines sont auditionnées directement par la commission. « Nous entendrons le plus possible de victimes parmi celles qui en feront la demande », assure Jean-Marc Sauvé, son président. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Abus sexuels dans l’Eglise française : la commission Sauvé lance son appel à témoignages Un état de « sidération absolue » En dépit de cet afflux, la Ciase estime que de nombreuses victimes n’ont pas encore été en mesure de témoigner. « Entendre l’appel n’est pas toujours suffisant pour se confier, constate M. Sauvé. Certaines sont murées dans le silence. » Pour « lever les freins et les inhibitions », la commission renouvelle aujourd’hui son appel à témoignages. Radios, télévisions, presse locale, réseaux sociaux, réseaux catholiques… Tous les canaux sont mobilisés. Pour aider certains à franchir le pas, la commission voudrait rendre publics quelques témoignages, préalablement anonymisés. Elle estime que cela permet de faire comprendre non seulement ce qui s’est passé, mais aussi les conséquences que ces faits ont eues tout au long d’une vie. A terme, ces témoignages pourraient fournir la base d’« un mémorial de la parole des victimes » car « ils véhiculent un message qui comporte une part d’universel », indique M. Sauvé. Pour une victime, il est difficile de se résoudre à divulguer une histoire aussi traumatisante. Cela ne peut se faire qu’au terme d’un cheminement où interviennent rencontres, réactions de l’entourage, force intérieure et circonstances. Comme d’autres, Eric Boone est parti d’un état de « sidération absolue ». A l’époque, pour « protéger [s]es parents », par honte, par sentiment de culpabilité, il n’a rien dit à sa famille. Ce silence a duré près de vingt ans.
Malgré de nombreux appels et courriers reçus, la commission présidée par Jean-Marc Sauvé estime que des victimes n’ont pas encore été en mesure de témoigner.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/28/abus-sexuels-dans-l-eglise-la-commission-d-enquete-relance-son-appel-a-temoigner_6013412_3224.html
mlsum-fr-1545
LA LISTE DE LA MATINALE Adam DeVine, Danny McBride, et John Goodman, dans « The Righteous Gemstones ». IMDB Pas besoin d’être un geek passionné par les super-héros pour se laisser tenter par The Boys, diffusée sur Amazon Prime Video, et ses protagonistes loin d’être des modèles d’honnêteté. Tout comme cette famille de télévangélistes texans que nous montre The Righteous Gemstones et qui, visiblement, cède très facilement aux péchés. De quoi en perdre la foi. Heureusement, il reste l’amour qui, dans You Me Her, se décline pluriel. Un trio polyamoureux à retrouver sur Netflix pour une quatrième saison. The Boys La série d’Amazon Prime « The Boys » est inspirée de la bande dessinée du même nom, créée par Garth Ennis (textes) et Darick Robertson (dessins). JAN THIJS / AMAZON PRIME On n’est pas un adepte des super-héros en général et l’on n’a pas lu la bande dessinée The Boys, de Garth Ennis (pour les textes) et Darick Robertson (pour les dessins), parue au long de 72 livraisons entre 2006 et 2012, qui a servi pour cette série que propose Amazon Prime Video au cœur de l’été. Mais on ne se sera pas ennuyé au cours de ces huit épisodes qui ont pour particularité de réunir un clan de sept super-héros qui sont tous ou presque des « pourris », au service et à la solde de Vought International, une agence privée qui tente coûte que coûte – et parfois en agissant par chantage – de vendre leurs services aux organisations publiques et municipalités nord-américaines gagnées par le crime. Annie/Starlight, jeune et récente recrue – qui est vite mise au parfum des pratiques d’agressions sexuelles de l’homme-poisson Kevin/The Deep –, se rend compte que quelque chose cloche dans cette puissante organisation. Ce que savent depuis belle lurette les « Boys », une unité d’élite placée sous la gouverne rugueuse de Billy « Le Boucher » (Karl Urban) qui ne donne pas dans la dentelle et tente de démasquer les méfaits des super-héros véreux. Les « Boys » approchent bientôt Hughie (Jack Quaid), un « geek » employé d’un magasin de produits électroniques dont la petite amie a été tuée par l’un des « Sept », le coureur ultrarapide A-Train, et qui se trouve bientôt lié à la jeune Annie/Starlight. Un faux pas chez les « Boys », où il ne se fait pas de courir le jupon super-héroïque, mais qui pourrait bientôt s’avérer profitable en matière d’infiltration… Cette fable (qui n’est pas d’anticipation) fait heureusement passer ses grosses ficelles moralisantes par une mise en scène ludique, trépidante et très sexualisée dans ses images et ses propos. Renaud Machart The Boys, série créée par Eric Krikpe. Avec Karl Urban, Jack Quaid, Tomer Kapon, Antony Starr, Erin Moriarty, Dominique McElligott, Jessie Usher, Chace Crawford (EU, 2019, 8 x 55-66 min.) Amazon Prime Video à la demande. The Righteous Gemstones Adam DeVine, Danny McBride, et John Goodman, dans « The Righteous Gemstones ». IMDB Ils se nomment Gemstone (« pierre précieuse »), se disent righteous (« vertueux ») et constituent une famille de télévangélistes blancs de masse au Texas : aux côtés du père, Eli Gemstone (John Goodman), on trouve le fils, Jesse Gemstone (Danny McBride, l’auteur de la série), et… un autre fils, Kelvin Gemstone (Adam DeVine). Car, pour le Saint-Esprit, on repassera : ces trois pasteurs au look ringard – entre Elvis et le costume d’un représentant d’aspirateurs à domicile – ne sont plus des enfants de chœur et amassent des fortunes – la machine à cash des quêtes fonctionne à plein – qui financent leur église grande comme un stade de football, mais surtout leur style de vie de nouveaux riches passablement véreux au mauvais goût aussi clinquant que sonnant et trébuchant. Jesse se trouve pris dans un chantage à la sextape – où on le voit consommer de la cocaïne entre un homme et une femme nus – dont on va bientôt comprendre qu’un membre de la famille n’est pas tout à fait étranger à sa possible publication. John Goodman, Danny McBride et Adam DeVine forment un trio lourdement caricatural embarqué dans des aventures tragicomiques qui ne sont ni tragiques ni comiques. Car, au vu des six premiers épisodes (sur neuf) que nous avons pu visionner, la série est hélas loin de profiter des multiples occasions satiriques que lui procure pourtant le sujet. R. Ma. The Righteous Gemstones, série créée par Danny McBride. Avec John Goodman, Danny McBride, Adam DeVine, Walton Goggins, Edi Patterson (EU, 2019, 9 x 30-60 min.) Premier épisode diffusé sur OCS City le lundi 19 août à 22 heures. You Me Her (saison 4) Rachel Blanchard (Emma), Priscilla Faia (Izzy) et Greg Poehle (Jack) dans la série « You Me Her », réalisée par John Scott Sheperd. NETFLIX A ses débuts, en 2016, You Me Her présentait un jeune couple bourgeois-bohème trentenaire, installé dans un quartier propret de la banlieue feuillue de Portland (Oregon, Etats-Unis) et gagné par les premiers ravages de l’ennui au lit. Jack (Greg Poehler, le frère de l’actrice comique Amy Poehler) faisait appel à Izzy (Priscilla Faia), une jeune escort girl, et s’en trouvait à ce point requinqué qu’il en parlait à Emma (Rachel Blanchard), laquelle contactait à son tour la jeune femme dont elle allait tomber amoureuse, comme son compagnon, et finir par former avec elle et lui un trio polyamoureux Ce qui s’annonçait assez joliment en saison 1 comme l’exploration possiblement subtile de l’anatomie d’un « trouple », avec les inévitables promesses de coquineries trioliques, est vite tombé dans une nunucherie de propos, de situations, de jeu des acteurs qui n’a cessé de s’accentuer au fil des trois saisons qui ont suivi. You Me Her n’aura pas de saison 6, a-t-on appris, mais bien une saison 5. Cependant, si elle n’avait pas été in extremis déviée par un mini-coup de théâtre (un peu attendu…), You Me Her aurait très bien pu s’achever par cette réconciliation sur fond de fête familiale, un peu bébête et convenue, mais bien dans le ton de cette série qui aura décidément raté son accord gustatif coquin/« Feel Good ». R. Ma. You Me Her (Toi, moi et elle), saison 4, série créée par John Scott Shepherd. Avec Priscilla Faia, Rachel Blanchard, Greg Poehler, Melanie Papalia, Jennifer Spence (EU, 2019, 10 × 30 min). www.netflix.com
Chaque mardi, « La Matinale » vous propose une sélection de séries à (re)voir sur petit écran. Cette semaine, « The Boys », « The Righteous Gemstones » et « You Me Her ».
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/13/super-heros-pourris-televangelistes-vereux-et-trio-amoureux-notre-selection-de-series_5498877_3246.html
mlsum-fr-1546
Combinaison Leiko en coton, Isabel Marant Etoile, 460 €. Stylisme de Laëtitia Leporcq. Joaquin Laguinge pour M Le magazine du Monde Rien ne prédestinait un simple vêtement de travail, la combinaison, à devenir un symbole d’avant-garde ou de glamour. Les cheminots auraient été les premiers à adopter cette tenue faite d’une seule pièce, d’où son nom, pour protéger leurs vêtements. Rapidement, elle s’impose comme l’uniforme de la classe laborieuse d’un monde mécanisé. Dans l’entre-deux-guerres, l’élite moderniste et les féministes s’emparent de ce vêtement humble pour le brandir en étendard militant. L’artiste futuriste Thayaht met au point, dès 1919, la « TuTa », baptisée ainsi en raison de sa forme en T. Son ambition est de diffuser auprès du plus grand nombre un vêtement pratique, conforme aux idéaux fonctionnels révolutionnant le quotidien. Un concept égalitariste et universel qui séduit les fondateurs du Bauhaus. Combinaison Téo en coton, Agnès b., 295 €. Stylisme de Laëtitia Leporcq. Joaquin Laguinge pour M Le magazine du Monde La créatrice de mode italienne Elsa Schiaparelli, qui souscrit à ces mouvements modernes, imagine une combinaison sobre en drap de laine et à poches plaquées qui rompt avec les silhouettes fluides et drapées de l’époque. Après la crise de 1929, c’est un look de combattante couture ! Conquête de l’espace Par la suite, et pendant de nombreuses années, la combinaison sera quasiment exclusivement associée à l’effort physique, ainsi qu’aux performances des pilotes d’avions et de voitures de course. Ce n’est qu’avec la conquête de l’espace, dans les années 1960, que ce vêtement sera à nouveau en vogue. A partir de 1965, la « Couture Future » visionnaire d’André Courrèges s’inspire des tenues des astronautes et propose des combinaisons aux matériaux techniques innovants. Combinaison Opalite en coton stretch, MKT, 129 €. Stylisme de Laëtitia Leporcq. Joaquin Laguinge pour M Le magazine du Monde De l’autre côté de l’Atlantique, le plastique cède la place aux paillettes. Le « King » Elvis Presley enflamme les foules avec ses costumes moulants parés de strass et de broderies. Les stars hollywoodiennes ne sont pas en reste. La combinaison s’invite sur les tapis rouges et prend des airs glamour avec des matières près du corps et des décolletés plongeants. À cette époque, le disco électrise les pistes de danse et libère les corps. Lire aussi Le bomber, blouson migrateur Dans les années 1980, c’est le côté pratique qui reprend le dessus. Naf Naf séduit les adolescentes avec une version en coton, aux couleurs flashy ou pastel. En 1991, Azzedine Alaïa présente sur le podium une combinaison léopard en maille, qui revampe immédiatement la tenue. Aujourd’hui, elle joue sur les deux tableaux : androgyne, un peu brute de décoffrage le jour, taillée dans une toile de coton sèche, elle est devenue ces dernières années l’une des pièces du soir préférées des femmes, pourvu qu’elle soit fluide et noire.
Toutes les tendances ont une histoire. Serge Carreira, enseignant à Sciences Po et spécialiste de la mode, en remonte le fil. Cette semaine, la combinaison.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/11/01/la-combinaison-vetement-tout-en-un_6017665_4497319.html
mlsum-fr-1547
C’est une victoire symbolique et politique supplémentaire pour Matteo Salvini sur son allié au gouvernement italien, le Mouvement 5 étoiles (M5S). Les sénateurs du parti fondé par Beppe Grillo se sont en effet pliés aux consignes de vote et ont accordé, lundi 5 août au soir, leur confiance au gouvernement, donnant force de loi au très contesté nouveau décret sécurité porté par le ministre de l’intérieur d’extrême droite. Il y avait néanmoins peu de risque que la coalition au pouvoir chute en plein mois d’août, malgré les tensions quotidiennes de ces dernières semaines. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Italie, l’alliance gouvernementale en voie de décomposition Avec 160 voix pour et seulement 57 contre, le texte a été adopté à une large majorité des sénateurs présents, aidés par l’abstention des partisans de Silvio Berlusconi et de la formation d’extrême droite Fratelli d’Italia. Le triomphe est total pour Matteo Salvini : déjà affaiblis, ses alliés de gouvernement sont taxés de lâcheté. Sur les réseaux sociaux, quelques minutes après le vote de confiance, l’un des hashtags les plus populaires a très vite été « Grillini [surnom des partisans de Beppe Grillo] sans gloire », lancé à l’adresse des élus du parti populiste. Quelques minutes avant le vote, certaines voix s’étaient pourtant élevées pour demander aux sénateurs 5 étoiles de ne pas donner leur blanc-seing à un texte jugé liberticide. La plus forte a été celle de Gregorio De Falco, ancien officier de marine, qui a dénoncé dans le blocage des navires de secours de migrants une « règle criminogène » qui n’aura pour conséquence que de faire mourir plus de personnes dans la Méditerranée. Cette voix dissidente du M5S, invitant à « voter pour une fois en conscience », n’aura pas été entendue. Le chef du Parti démocrate, Nicola Zingaretti, a, pour sa part, raillé les « esclaves » du Mouvement 5 étoiles. Jusqu’à dix ans de prison Sur le fond, ce texte, taillé sur mesure par Matteo Salvini, accroît encore ses pouvoirs en matière migratoire. Si le décret détaille de nouvelles mesures renforçant les peines pour les actes de défiance envers les forces de police, dans les stades ou lors des manifestations, c’est bien envers les migrants et ceux qui leur viennent en aide que ce texte est dirigé. Ainsi, alors que de nouveaux navires de secours ont repris la mer ces dernières semaines pour aller sauver des migrants de la noyade, le texte donne la possibilité d’intercepter préventivement une embarcation de sauvetage et d’infliger jusqu’à dix ans de prison en cas de résistance. Une réponse à l’affront subi après l’invalidation de l’arrestation de la capitaine du Sea-Watch 3 Carola Rackete, au mois de juin. L’arsenal répressif se traduit également par des amendes records : selon ce nouveau décret, les organisations humanitaires de sauvetage sont désormais passibles de 150 000 euros à 1 million d’euros de pénalité et leurs bateaux pourront être placés sous séquestre. Après avoir assisté au vote des sénateurs, Matteo Salvini a remercié les Italiens et la Vierge Marie, se félicitant que les forces de l’ordre aient désormais des pouvoirs élargis pour « plus de contrôles aux frontières et plus d’hommes pour arrêter les mafieux ». Il n’est pourtant que peu question de lutte contre la mafia dans le décret. Don Luigi Ciotti, le président de Libera, l’une des principales associations italiennes de lutte contre la mafia, a d’ailleurs dénoncé « un choix politique indigne », déplorant que le « degré d’humanité » de l’Italie se soit autant dégradé. Le président Mattarella, qui a un mois pour signer le décret, pourrait l’accompagner d’une lettre, comme il l’avait fait au mois d’octobre 2018 lors du premier décret sécurité de Salvini. Dans cette missive, le chef de l’Etat, garant de la Constitution, rappelait l’importance du fait que l’Italie se conforme à ses engagements internationaux. Les articles 1 et 2 du nouveau décret, portant sur l’interdiction d’entrer dans les eaux italiennes pour les navires de secours, pourraient, selon certains juristes de la péninsule, constituer une violation de la Constitution.
Le texte prévoit des amendes de 150 000 euros à 1 million d’euros pour les bateaux de sauvetage d’ONG en Méditérranée, et jusqu’à dix ans de prison en cas de résistance.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/06/l-italie-adopte-le-decret-anti-migrants-de-salvini_5497095_3210.html
mlsum-fr-1548
« Aucune école de formation à la vie publique ou politique ne comprend les enjeux derrière le code » Ingram / Photononstop Tribune. Reconnaissance faciale, assistants vocaux, objets connectés… le déploiement massif des algorithmes dans nos vies interroge quant à leur impact sur l’individu et la société en général. Face à ces dérives déjà avérées et prévisibles des outils numériques au potentiel encore inexploré, le réflexe des Etats est de vouloir élaborer un cadre de régulation. Or, au vu du périmètre à organiser, du flux de données à surveiller et de la vitesse de leur évolution, mettre simplement en place le contrôle du respect des règles s’annonce déjà comme une gageure. En parallèle, de nombreuses personnes appellent de leurs vœux l’émergence de comités d’éthique permettant de guider les futures évolutions du numérique, des algorithmes et de l’intelligence artificielle (IA). Rassembler des experts indépendants, reconnus et profiter de leur recul pour dessiner les contours de ce que la société peut ou ne doit pas admettre, semble un point de départ indispensable. Mais là encore, sans réflexion et consensus globaux, impossible d’imaginer trouver un accord pour un « numérique » au bénéfice de l’intérêt général. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La reconnaissance faciale progresse, sous la pression des industriels et des forces de l’ordre De toute évidence, faire évoluer la régulation numérique ou mettre en place une surveillance éthique est comparable au mythe grec des Danaïdes, condamnées à remplir à l’infini un tonneau dont le fond était percé… Mais au-delà de ça, deux autres éléments posent problème : le fonctionnement de la production des données, et la nature même du sujet évalué. Les calculs quasiment à l’infini De fait, le développement de code informatique est réalisé en équipe. Pour corriger des « bugs », améliorer sa propre efficacité, apporter de nouvelles fonctionnalités, s’adapter aux évolutions du matériel ou des systèmes d’exploitation, ce code est en perpétuelle évolution. Dès qu’un membre d’une équipe de développement estime qu’une nouvelle séquence est prête à être intégrée à un programme plus vaste, il en établit la demande, soit au collectif, soit à un individu chargé de la « valider », c’est-à-dire vérifier qu’elle n’a pas d’impact négatif sur le fonctionnement global du programme. Cette opération, appelée « pull request », est quotidienne à tous les développeurs. Or, c’est à chacune de ces étapes que la vérification de « conformité » éthique ou juridique des nouvelles lignes de code devrait être effectuée. On comprend que soumettre chaque évolution à un organisme tiers, tel qu’un comité d’éthique, est inimaginable et mortifère pour l’entreprise. Pire, la nature même du sujet à évaluer - le code – mais aussi l’interprétation de sa destination et de la question de sa documentation le rendent quasiment opaque à tout organe juridique ou éthique étranger à ce monde.
L’expert en numérique Guillaume Buffet estime, dans une tribune au « Monde » que l’urgence est de former les codeurs au politique et vice-versa, pour arriver à concilier éthique numérique et régulation.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/17/algorithmes-nous-devons-creer-les-conditions-d-une-intelligence-humaine-responsable_6015811_3232.html
mlsum-fr-1549
nine. Publié le 07 juin 2019 à 10h34 - Mis à jour le 07 juin 2019 à 15h35 Leur petit nom Gresshoppene, c’est-à-dire les « Sauterelles », n’ont jamais manqué une Coupe du monde. Au contraire de leurs homologues masculins qui, malgré leur surnom de Lovene, les « Lions », n’ont disputé que trois fois cette compétition en 21 éditions. Calendrier 8 juin : Norvège - Nigeria 21 heures à Reims 12 juin : France - Norvège 21 heures à Nice 17 juin : Norvège - Corée du Sud 21 heures à Reims Historique en Coupe du monde Huitième participation en huit éditions. La Norvège est l’une des nations pionnières du football au féminin. Les footballeuses norvégiennes ont été finalistes lors de la première Coupe du monde en 1991 et elles ont même décroché le titre quatre ans plus tard chez leurs voisines suédoises. Sauf que leur dernière qualification en demi-finale remonte à 2007, et qu’elles n’ont depuis pas fait mieux qu’un 8e de finale, en 2015 au Canada. Classement FIFA : 12e. L’équipe qui devrait jouer Ingrid Hjelmseth, Kristine Minde, Maria Thorisdottir, Maren Nævdal Mjelde, Synne Skinnes Hansen, Emilie Haavi, Vilde Boe Risa, Ingrid Syrstad Engen, Guro Reiten, Caroline Graham Hansen, Isabell Lehn Herlovsen. Le sélectionneur Martin Sjögren, 42 ans, est l’entraîneur suédois de cette équipe norvégienne. Nommé en décembre 2016, il a connu des débuts plutôt difficiles lors de sa première grande compétition : à l’Euro 2017, la Norvège a perdu ses trois matchs de poules sans marquer aucun but. Ancien footballeur à la modeste carrière, il a entraîné trois clubs suédois féminins avant de prendre les commandes d’une sélection au passé prestigieux et en pleine reconstruction. Bilan de compétences Pourquoi postulez-vous à cette Coupe du monde ? Douzième nation au classement FIFA, j’ai l’ambition de franchir le premier tour, performance devant laquelle je n’ai échoué qu’une seule fois en sept participations, en 2011. En plus de la France, favorite du groupe, je vais certainement devoir batailler avec la Corée du Sud, quatorzième à l’indice FIFA. De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? Deux de mes défenseuses, Maren Nævdal Mjelde et Maria Thorisdottir ont été demi-finalistes de la Ligue des champions avec Chelsea en 2018-2019. Et je m’appuie aussi sur un noyau de huit joueuses qui évoluent au sein du club champion norvégien, Lillestrom Sportsklubb Kvinner, également quart de finaliste de la prestigieuse compétition européenne cette année. Si vous deviez nous donner quelques qualités ? Je possède l’une des meilleures joueuses offensives au monde, en la personne de Caroline Graham Hansen. Cette milieu de terrain, attirée par le but (35 buts en sélections), a joué cinq ans à Wolfsburg, l’une des meilleures équipes européennes, avant de signer juste avant le Mondial au Barça, finaliste de la Ligue des champions 2019. Je peux également m’appuyer sur mon riche passé en Coupe du monde, dont je suis l’une des quatre seules nations à figurer au palmarès avec les Etats-Unis, l’Allemagne et le Japon. Pas mal pour un pays de 5 millions d’habitants. Et côté défauts ? Mon principal handicap, qui écrase tout le reste, sera bien entendu l’absence de la première lauréate du Ballon d’or féminin de l’histoire, Ada Hegerberg. La buteuse de l’Olympique lyonnais refuse depuis 2017 de porter le maillot national à cause d’un désaccord avec la fédération norvégienne. Elle proteste notamment contre le manque d’égalité dans le traitement des sélections masculine et féminine. Un gros manque pour espérer titiller les meilleures équipes et retrouver ma splendeur passée. La joueuse à suivre MAREN NÆVDAL MJELDE, en cinq dates : 1989 Pendant que l’écrivain à succès norvégien, Karl Ove Knausgaard, n’est encore qu’un jeune homme qui essaie tant bien que mal de se former à la prestigieuse Académie d’écriture de Bergen, Maren Nævdal Mjelde naît dans cette ville portuaire fondée en 1070 par le roi Viking Olaf III. 2005 A 15 ans, elle fait ses débuts en senior au sein de l’équipe de sa ville natale, Arna-Bjornar. Elle y reste jusqu’en 2012. 2013 Maren est nommée capitaine de la sélection norvégienne, avec laquelle elle dispute la finale de l’Euro, perdue 1-0 contre l’Allemagne. 2016 Après de courtes expériences en Allemagne (Potsdam) et en Suède (Kopparbergs/Göteborg), la solide défenseuse centrale est recrutée par Chelsea, un grand club européen qui a clairement décidé de monter en puissance pour son investissement dans le football au féminin. 2019 Son but, dans les arrêts de jeu du quart de finale retour, a éliminé le PSG de la Ligue des champions féminine le 27 mars dernier (2-0, 1-2). Espérons qu’elle ne réédite pas cette performance lors du match contre les Bleues, le 12 juin à Nice. Figurez-vous Marinette… … que la première personne à avoir réclamé officiellement à la FIFA l’organisation d’une Coupe du monde féminine est norvégienne. Mieux, Ellen Wille était tout simplement la première femme à prendre la parole lors d’un congrès de la FIFA. Il était temps : c’était en 1986. L’année suivante, un putsch a eu lieu à la fédération norvégienne de football, dont elle était membre du comité exécutif, et la FIFA n’a plus jamais entendu parler d’Ellen Wille. Elle est restée active dans le football féminin norvégien, à la tête du club d’Asker, à l’époque la meilleure équipe du pays. Puis est retournée à ses cours de mathématiques et de chimie, qu’elle enseignait dans un lycée de la banlieue d’Oslo. Plateau télé Quoi de mieux qu’une smalahove, soit une délicieuse tête de mouton que l’on déguste traditionnellement le dimanche avant Noël ? Et pourquoi ne pas célébrer la Coupe du monde avec ce plat de fête devant France-Norvège ? Pour les estomacs fragiles, nous ne proposons rien d’autre que le kraftkar, soit le meilleur fromage de l’année 2016, grand gagnant du concours World Cheese Awards devant 3 000 fromages de 31 pays. Le kraftkar est un bleu fabriqué par une ferme familiale à Torjulvagen, dans le nord du pays.
Surnom, historique, joueuse à suivre... Tout ce qu’il faut savoir sur l’équipe de Norvège à la Coupe du monde féminine.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/07/coupe-du-monde-feminine-2019-norvege-groupe-a_5472783_3242.html
mlsum-fr-1550
Le réseau social a été condamné fin juillet à payer une amende record de 5 milliards de dollars par une commission fédérale américaine pour ne pas avoir su protéger les données personnelles de ses utilisateurs. Dado Ruvic / REUTERS Une coalition d’Etats américains lance une enquête antitrust contre Facebook pour déterminer si le réseau social « a étouffé la concurrence et fait courir un risque à ses utilisateurs », a annoncé vendredi 6 septembre Letitia James, la procureure générale de l’Etat de New York, confirmant une information du Wall Street Journal. Le quotidien économique évoque également une prochaine annonce de son homologue du Texas, qui lancerait lui une enquête contre Google. « Cette enquête se concentre sur la domination de Facebook dans l’industrie [des réseaux sociaux] et la conduite potentiellement anticoncurrentielle qui en résulte, a expliqué Mme James dans un communiqué, ajoutant que l’investigation portera sur la gestion des données des utilisateurs du réseau social et la hausse des prix des spots publicitaires. Même la plus grande plate-forme de réseau social au monde doit respecter la loi et les consommateurs. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Concurrence et antitrust : que reproche-t-on à Facebook, Google, Amazon et Apple ? Une enquête déjà lancée au niveau fédéral Cette enquête est lancée conjointement par des procureurs – élus aux Etats-Unis – des deux bords politiques, républicains et démocrates, des Etats de New York, du Colorado, de l’Iowa, du Nebraska, de la Caroline du Nord, de l’Ohio, du Tennessee et de la capitale fédérale Washington. « Nous aurons recours à tout outil à notre disposition pour déterminer si les actions de Facebook ont pu mettre en danger les données personnelles des consommateurs, réduire la qualité des choix qui leur sont proposés ou augmenter le prix des publicités », a précisé la procureure générale de New York. Outre ces enquêtes menées par des Etats, Facebook, comme Google, est également dans le viseur des autorités fédérales. Le ministère de la justice et la FTC (Federal Trade Commission, l’autorité américaine de régulation des communications) s’inquiètent du rôle dominant d’une poignée des géants de la tech sur les communications et le commerce. Fin juillet, le réseau social a été condamné à une amende record de 5 milliards de dollars par la FTC pour ne pas avoir su protéger les données personnelles de ses utilisateurs.
La procureure générale de New York veut savoir si la firme de Mark Zuckerberg « a étouffé la concurrence ». Une enquête similaire pourrait être ouverte contre Google.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/06/huit-etats-americains-ouvrent-une-enquete-antitrust-contre-facebook_5507300_4408996.html
mlsum-fr-1551
Le chef de file du Mouvement 5 étoiles, Luigi Di Maio, entouré de journalistes aux abords du Palais Chigi à Rome, le 8 août. GIUSEPPE LAMI / AP C’était il y a à peine plus d’un an, autant dire un millénaire, au rythme actuel des soubresauts de la politique italienne. Le Mouvement 5 étoiles, ce « non-parti » qui venait de s’adjuger les suffrages d’un tiers des électeurs italiens lors des législatives du 4 mars 2018, couronnant son ascension météorique, avait décidé de conclure une alliance d’un genre nouveau avec une autre formation politique atypique, la Ligue de Matteo Salvini (17 % des voix aux mêmes élections). Un « contrat » plutôt qu’un programme commun, avec deux vice-premiers ministres, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, chefs politiques des deux formations composant la coalition, s’exprimant sur un pied d’égalité, et un premier ministre, Giuseppe Conte, sympathisant du M5S mais suffisamment neutre pour pouvoir faire figure d’arbitre. Le gouvernement « gialloverde » – le jaune du « 5 étoiles » (antisystème), le vert de la Ligue (extrême droite) – était plébiscité par l’opinion. Les trois personnages de cette trinité atypique jouissaient de plus de 60 % d’opinions favorables. Cette situation ne trompait personne : la Ligue et le M5S, malgré leurs convergences, sont trop contradictoires dans les aspirations qu’ils portent et trop concurrents pour ne pas entrer, à terme, en collision. De plus, à Rome, on sait d’expérience que les triumvirats ne sont pas faits pour durer. Celui de Matteo Salvini, Luigi Di Maio et Giuseppe Conte n’aura pas fait exception. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Italie dans l’incertitude après une crise gouvernementale surprise Après un an et deux mois d’exercice du pouvoir, que reste-t-il de cet attelage baroque ? Le plus rusé des trois protagonistes – Matteo Salvini – est au faîte de sa puissance. En comparaison, son homologue, Luigi Di Maio, paraît désormais complètement exsangue : entre les élections législatives de 2018 et les européennes du 26 mai dernier, sa formation est passée de plus de 32 % des voix à tout juste 17 %, tandis que son « partenaire » faisait le chemin inverse. Surtout, il a semblé dès le début incapable de porter la contradiction pour la Ligue, tandis que les imprécations des « 5 étoiles » contre « le système » devenaient vides de sens à mesure que le M5S s’institutionnalisait. Bilan plutôt mince En à peine un an aux affaires, le mouvement fondé par le comédien Beppe Grillo et l’informaticien Gianroberto Casaleggio a connu tant de mutations qu’il est méconnaissable. Grillo a été mis à distance, et n’apparaît plus comme la figure de proue du mouvement, tandis que le nouveau chef politique, Luigi Di Maio, a rompu avec plusieurs de ses marqueurs idéologiques, imposant une série d’inflexions. La gigantesque aciérie de Tarente (Pouilles) dont le M5S réclamait la fermeture depuis des années en raison des risques pour les populations voisines ? Elle a été reprise par Arcelor Mittal. Le gazoduc transadriatique (TAP), qui doit déboucher dans les Pouilles, et se heurtait à une opposition résolue du M5S ? Lui aussi sera mené à son terme. Du fait de ces décisions, c’est tout le discours d’origine du mouvement, écologiste et décroissant, qui est mis à mal. On comprend mieux, dès lors, pourquoi il était vital pour la formation de camper sur ses positions en ce qui concerne le chantier de ligne à grande vitesse Lyon-Turin, marqueur historique du M5S.
Cannibalisé par Matteo Salvini, le parti antisystème italien n’a pas appliqué le gros de son programme et ses résultats ont plongé.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/09/italie-de-volte-face-en-reniements-la-descente-aux-enfers-du-mouvement-5-etoiles_5498010_3210.html
mlsum-fr-1552
Sur le site d’un attentat, à Kaboul, le 3 septembre. OMAR SOBHANI / REUTERS Chronique. Déjà dix-huit ans en Afghanistan : « C’est ridicule », dit Donald Trump. Le président veut « en finir avec ces guerres sans fin », ces campagnes lointaines que l’Amérique mène depuis le 11 septembre 2001. Il a donné des ordres : septembre 2019 marquera le début d’un retrait définitif d’Afghanistan, où un accord de paix serait en vue. Bientôt, le même mouvement aura lieu en Syrie, puis en Irak. Il suffit de dire qu’on a gagné. Pas si simple. Si les Etats-Unis veulent partir, le djihadisme connaît, lui, un retour en forme dans la région. Au lendemain des attentats de 2001, les Américains s’étaient fixé un objectif stratégique : transformer le « Grand Moyen-Orient », berceau du djihadisme, du monde arabe à l’Afghanistan. Hébergée par le régime des talibans, alors au pouvoir à Kaboul, Al-Qaida avait revendiqué l’attaque contre les Etats-Unis. On chassa les talibans (et Al-Qaida) du pays. On installa leurs opposants au pouvoir (la coalition de l’Alliance du Nord). Mais, au lieu de laisser ceux-ci se débrouiller, les Occidentaux restèrent en Afghanistan. On allait « transformer » ce pays, en guerre depuis 1979, lui apporter stabilité politique et début de démocratie. On appelait cela « construire un Etat ». La vraie cible du président George W. Bush était l’Irak de Saddam Hussein. Les dictatures arabes, interdisant toute opposition, avaient engendré le djihadisme, forme suprême de la violence terroriste islamiste, disait-on à Washington. L’absence de démocratie au Moyen-Orient, cause première de l’islamisme militant, avait accouché des attentats de 2001. « Etendre la démocratie » Saddam Hussein représentant la quintessence de la dictature arabe, il fallait commencer par lui, le chasser du pouvoir puis occuper le pays le temps d’y implanter un début de démocratie jeffersonienne. C’était la meilleure façon de protéger l’Amérique, et puis, effet de domino quasi mécanique, après l’Irak viendrait la Syrie et, même au-delà du monde arabe, peut-être aussi l’Iran des ayatollahs. On appelait cela « étendre la démocratie ». Tel était le credo profond des néoconservateurs américains. On sait ce qu’il en fut – des années de guerres qui ont dessiné cette terre de désastres qu’est le Moyen-Orient d’aujourd’hui. Les historiens, rendant compte de la complexité de cette séquence, diront la part de responsabilité des Etats-Unis et celle des acteurs locaux. Pour Donald Trump, la situation est simple : Washington a terrassé l’islamisme le plus virulent, notamment l’organisation Etat islamique (EI), un dérivé d’Al-Qaida ; le devoir accompli, les Américains peuvent quitter la région. Trump sera le président qui a sorti les Etats-Unis des pièges du Grand Moyen-Orient. Bon argument électoral pour le scrutin présidentiel de novembre 2020.
Dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », revient sur la décision de Donald Trump d’engager un retrait définitif des troupes américaines dans le pays.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/05/afghanistan-l-accord-entre-les-etats-unis-et-les-talibans-est-un-curieux-donnant-donnant_5506532_3232.html
mlsum-fr-1553
œuvres. Publié le 20 juin 2019 à 10h30 - Mis à jour le 21 juin 2019 à 06h17 Dilemme cornélien. Comment un musée tel que celui du Centre Georges-Pompidou peut-il continuer à étoffer sa collection d’art moderne et contemporain lorsque la cote de certaines œuvres atteint des niveaux stratosphé­riques ? Qu’on en juge. En acier inoxydable, Rabbit, le lapin gonflé de l’artiste et ancien tradeur américain Jeff Koons, a trouvé preneur chez Christie’s, à New York, le 16 mai, pour 91,1 millions de dollars (81,3 millions d’euros au cours actuel). Il a battu les records établis par des œuvres d’artistes vivants, comme Portrait of an Artist, de David Hockney (90,3 millions de dollars, déjà chez Christie’s, en novembre 2018), ou Abstraktes Bild, de Gerhard Richter (46,3 millions de dollars chez Sotheby’s, en 2015). Face à ces montants, le budget alloué au comité d’acquisition du musée parisien, qui s’est réuni mercredi 19 juin pour choisir et s’offrir de nouvelles œuvres, paraît dérisoire. Il s’est élevé à 2 millions d’euros en 2018, pour un budget total de 151 millions. Autant dire qu’il faudrait quarante-cinq ans d’économies pour s’offrir le lapin de Jeff Koons… « Il s’agit d’une logique spécu­lative derrière laquelle nous sommes incapables de courir et derrière laquelle nous n’avons pas non plus envie de courir », assure Bernard Blistène, directeur du Musée national d’art moderne. Depuis l’Ancien Régime, les collections des musées français sont inaliénables, et donc incessibles. « La financiarisation de l’art ne nous touche pas tellement, puisque nous ne revendons jamais rien », ajoute-t-il. Pour certains collectionneurs, au contraire, l’art est devenu un objet de spéculation. 112 806 œuvres Toutefois, Serge Lasvignes, président du Centre Pompidou depuis 2015, le reconnaît : « On a largement raté la peinture allemande d’après-guerre : Gerhard Richter, Georg Baselitz ou même Sigmar Polke. On n’en a pas beaucoup dans nos collections. Mais c’est trop tard. Ces artistes sont devenus trop chers aujourd’hui. » S’il n’a pas envie de laisser passer d’autres trains, l’enjeu, à ses yeux, se situe ailleurs. « Il faut relancer une réflexion sur ce qu’on attend d’une stratégie d’acqui­sition », en prenant en compte « la fin d’une approche occidentalo-centrée, ainsi que la multiplication des centres d’intérêt culturel », affirme-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Beaubourg, MoMA, Tate… La guerre des musées fait rage Le Centre Pompidou détient, après le MoMA (Museum of ­Modern Art) de New York, la deuxième plus importante ­collection d’art moderne et d’art contemporain au monde, et la première en Europe.
Avec un budget de seulement 2 millions d’euros en 2018 alloué aux acquisitions, les dons, le mécénat ou des ententes avec des artistes sont indispensables pour que le Centre Pompidou puisse s’offrir de nouvelles œuvres.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/20/comment-beaubourg-enrichit-ses-collections_5478894_3234.html
mlsum-fr-1554
Le suicide de Christine Renon, retrouvée morte, fin septembre, dans son école maternelle de Pantin (Seine-Saint-Denis) et le mouvement de colère des directeurs qui a suivi ont conduit Jean-Michel Blanquer à trouver en urgence une mesure pour alléger leur charge de travail. « Ce sera fait à la rentrée prochaine, avec de premiers effets pour les directeurs dès janvier 2020 », a promis le ministre de l’éducation dimanche 3 novembre dans un entretien au Journal du dimanche. Pour les « soulager de multiples petites tâches quotidiennes, notamment dans la relation avec les familles », un dispositif d’appui mobilisant des volontaires du service civique sera mis en place. Concrètement, ces derniers pourront prendre les appels de parents qui préviennent que leur enfant déjeunera ou non à la cantine ou assistera ou non aux activités périscolaires. Une gestion des emplois du temps qui peut occuper les directeurs jusqu’à une heure et demie chaque matin. Ces volontaires géreront aussi l’accueil des enfants. Le ministre a par ailleurs annoncé le lancement d’une consultation de tous les directeurs sur « la base d’un questionnaire ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tâches plus nombreuses, pression du résultat, tensions… Pourquoi les enseignants « craquent » Pour les syndicats, qui devaient rencontrer le ministre dans une réunion multilatérale sur la direction d’école mardi 5 novembre, le compte n’y est pas. « C’est un pansement, et pas une solution pérenne, pour lequel on va utiliser des contrats qui n’ont pas vocation à devenir de vrais emplois, s’agace Annie Catelas, responsable du premier degré au SGEN-CFDT. Ces jeunes ne sont pas des personnels formés à prendre en charge la relation avec les familles. Une mission qui, dans certains quartiers, n’est pas simple. » Francette Popineau, secrétaire générale du SNUipp-FSU (majoritaire dans le premier degré), de son côté, ne cache pas sa « déception ». « On ne se donne pas les moyens de répondre aux problèmes des directeurs, regrette-t-elle. Il faut former, qualifier, créer de vrais emplois. Des mesures qui ont un coût, évidemment, mais on aurait pu imaginer des postes répartis sur plusieurs écoles. » En lieu et place de cela, les jeunes en service civique seront appelés à « remplir des rôles qui ne sont pas les leurs et qui dénaturent leur projet, puisqu’ils sont d’abord là pour s’engager et trouver leur voie ». Question du statut Le ministre n’a en revanche rien annoncé pour l’instant sur le statut du directeur. Ces derniers ne sont pas, en effet, les supérieurs hiérarchiques des enseignants. Au lendemain du suicide de Christine Renon, M. Blanquer s’était dit « prêt » à discuter avec eux pour améliorer leur situation. Jusqu’à présent, les syndicats se sont totalement opposés à l’idée de créer un statut hiérarchique, qu’ils perçoivent comme une source supplémentaire de difficultés.
Des volontaires devraient être recrutés pour des tâches de « relations avec les familles ». Pour les syndicats, cette mesure est insuffisante.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/05/des-jeunes-en-service-civique-au-secours-des-directeurs-d-ecole_6018084_3224.html
mlsum-fr-1555
Robert Lion, en 2014, à Paris-la Défense. PATRICK KOVARIK / AFP Servir l’Etat et lutter contre la pauvreté, notamment dans le tiers-monde, telles ont été les deux causes de Robert Lion, ancien directeur général de la Caisse des dépôts et consignations, qui est mort, vendredi 13 septembre à Paris, à l’âge de 85 ans. Fils d’un résistant et chef d’entreprise et d’une historienne, Robert Lion naît à Paris le 28 juillet 1934. Après des études au cours Hattemer et au lycée Janson-de-Sailly, il obtient une licence en droit et un diplôme de l’Institut d’études politiques de Paris. Elève de l’ENA (promotion Lazare Carnot) de 1959 à 1961, il est décrit par certains camarades comme « un peu dandy et très catho ». Après une année de stage en Algérie, l’ancien scout devenu inspecteur des finances surprend en entrant au ministère de l’équipement. Conseiller technique, en 1966, au cabinet du ministre de l’équipement, Edgard Pisani, puis, en 1967, à celui du préfet de la région parisienne, Paul Delouvrier, Robert Lion est nommé, en juillet 1969, directeur de la construction. « Il a des allures de golden-boy et un discours de boy-scout », disent ses collaborateurs. Il se découvre surtout une passion pour les questions du logement. S’y ajoute un intérêt aux exclus qui va le conduire, en 1974, année où il prend sa carte au Parti socialiste (PS), à accepter la proposition d’Albert Denvers, député PS du Nord, de devenir délégué général de l’Union nationale des HLM, qu’il rebaptise Mouvement HLM et qu’il va s’efforcer de rénover de fond en comble. Il ne s’y fait pas que des amis, notamment lors de la publication, en 1975, d’un Livre blanc sur le financement du logement. « Il est énervant, gronde un ministre, il se comporte comme un contre-ministre de la gauche ! » Un homme de convictions Infatigable communiquant, passionné, hyperactif, exigeant, avec les autres et avec lui-même, Robert Lion est un homme de convictions. Réservé, pudique, ce n’est pas un amateur de petites blagues. Toujours élégant et courtois, c’est d’abord un humaniste qui a mille projets en tête. Le 10 mai 1981, jour où François Mitterrand est élu président de la République, il confiera avoir pleuré. Le 1er juillet, Pierre Mauroy fait de ce sage qui affirme qu’« il ne s’agit pas de rêver » car « ça ne sera pas du gâteau » son directeur de cabinet. Le jour de l’investiture du président, il racontera à Libération l’entrevue avec Renaud de La Genière, gouverneur de la Banque de France : « Il a l’air très pincé (…). La Genière parle d’une “situation de crise extrême”. Selon lui, on ne stoppera la spéculation qu’en dévaluant. Pour nous, il n’en est pas question. C’est signer une défaite dès le premier jour du gouvernement. »
Haut fonctionnaire engagé à gauche, l’ancien directeur de cabinet du premier ministre Pierre Mauroy est mort le 13 septembre, à l’âge de 85 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/09/18/la-mort-de-robert-lion-ancien-directeur-de-la-caisse-des-depots-et-consignations_5511992_3382.html
mlsum-fr-1556
Analyse. Avec la mise en coupes réglées de la partie du Cachemire sous souveraineté indienne, Narendra Modi vient de démontrer, une fois encore, son talent de stratège politique. En moins de quarante-huit heures, lundi 5 et mardi 6 août, le premier ministre de l’Inde a accompli le premier des trois rêves de la Sangh Parivar, la nébuleuse nationaliste hindoue : faire disparaître l’autonomie (toute relative) dont jouissait depuis 1947 la seule région de l’Union indienne à majorité musulmane. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir s’agissant des deux autres rêves, celui de faire appliquer un code civil unique dans tout le sous-continent et celui de construire un temple hindou sur les ruines de la mosquée de Babri, dans la ville d’Ayodhya (Uttar Pradesh). Mais, sur la question du Cachemire, il n’aura fallu qu’une ordonnance présidentielle signée de Ram Nath Kovind pour faire basculer le destin de 13 millions de personnes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le conflit principal lié au Cachemire oppose le gouvernement indien à la population » A posteriori, l’accession de celui-ci à la fonction suprême, en juillet 2017, apparaît comme le point de départ d’un processus préparé de longue date, car, si l’effet de surprise a été entier, l’ordonnance de quarante pages a été rédigée avec une extrême minutie. L’arrivée de M. Kovind était un événement en soi, car cet « intouchable » a été choisi par M. Modi pour ses anciennes accointances avec le parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (BJP, droite nationaliste hindoue), dont il est le premier représentant à occuper le palais de Rashtrapati Bhavan, à Delhi. Sous la tutelle directe de New Delhi L’ordonnance qu’il a paraphée a vidé de sa substance l’article 370 de la Constitution qui avait été offert par Nehru à Hari Singh, le maharadjah qui dirigeait l’Etat princier de Jammu-et-Cachemire au moment du départ des Anglais, en échange de son allégeance à l’Inde. Elle a également amputé Jammu-et-Cachemire de la province du Ladakh et retiré à ces deux territoires le statut d’Etat fédéré, pour les reléguer au simple rang de « territoires de l’Union », placés sous la tutelle directe de New Delhi. En juin 2018, un deuxième événement s’est produit qu’il semble difficile de ne pas lire maintenant comme un acte intentionnel : la chute du gouvernement de Jammu-et-Cachemire, après que le BJP eut décidé de quitter la coalition qu’il avait formée deux ans plus tôt avec le Parti démocratique du peuple de Jammu-et-Cachemire (PDP) et sa représentante, Mehbooba Mufti, entraînant la dissolution de l’assemblée législative régionale. Depuis lors, la région fonctionnait sous le régime du president’s rule, une particularité du fédéralisme indien consistant à placer un territoire sous l’autorité directe d’un gouverneur représentant le chef de l’Etat.
Si le premier ministre indien a réussi à faire adopter la fin du statut d’autonomie dont jouissait l’Etat de Jammu-et-Cachemire grâce à une majorité de circonstance au Parlement, les tensions avec le Pakistan sont vives, analyse notre correspondant à Bombay Guillaume Delacroix.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/17/le-dangereux-coup-de-maitre-de-narendra-modi-au-cachemire_5500208_3232.html
mlsum-fr-1557
Les forêts primaires sont en train de disparaître. La dernière d’importance en Europe, la forêt de Bialowieza, à cheval sur la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, et bien que protégée par l’Unesco et l’Union européenne, est menacée par l’exploitation forestière dans sa partie polonaise. Son intérêt scientifique, comme celui des quelques forêts primaires subsistant encore en Amazonie, en République du Congo ou en Indonésie, est d’être une gigantesque réserve de biodiversité (entre autres, à Bialowieza, pour les derniers bisons d’Europe) et d’être un laboratoire unique pour les sciences du vivant. C’est à partir du constat alarmant des menaces qui pèsent sur les dernières forêts primaires que le biologiste et spécialiste des arbres Francis Hallé en est arrivé à concevoir un projet d’ampleur : rien de moins que la recréation d’une forêt primaire européenne. Interdire quasiment toute activité humaine pendant... dix siècles Il s’agirait, comme il l’explique dans une tribune publiée dans Le Monde du 8 octobre 2019 (également en ligne ci-dessous, après « Lire aussi »), de sanctuariser, sur plus de 60 000 hectares, un ensemble de forêts déjà existantes. Soit dans un seul pays, soit à cheval sur le territoire de différents Etats européens limitrophes (donc sans... le Royaume-Uni). Cette sanctuarisation consisterait à y interdire quasiment toute activité humaine autre que scientifique pendant une très longue durée : quasiment... dix siècles. A titre de comparaison, dans la forêt de Tronçais, exploitée par l’Office national des forêts, dont la plus ancienne futaie a été créée sous Colbert et est aujourd’hui protégée en réserve biologique, on trouve des chênes de seulement... quelque 300 ans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Il y a urgence à reconstruire de grandes forêts primaires » Les grands et vieux arbres, et à fortiori les arbres pluriséculaires, jouent un rôle essentiel dans le cycle du vivant. Depuis leur réseau racinaire, qui retient l’eau, mais aussi échange avec le milieu grâce à la mycorhization, leur tronc massif, qui stocke le carbone, ou leur feuillage, qui rafaîchit l’air grâce à leur ombre et nourrit le sol grâce à la décomposition des feuilles. Ce feuillage participe aussi à l’évapotranspiration, qui alimente... les nuages. Quant aux troncs, aux branches, à l’écorce ou à la mousse qui les recouvre en partie, ils abritent toute une faune d’insectes, dont certains xylophages. Certains oiseaux s’en nourrissent, de même de leurs fruits ou de leurs graines, qui font également le bonheur de toutes sortes de mammifères. Tombés à terre, les vieux arbres se décomposent lentement et contribuent naturellement à la régénération des sols, nécessaire à la naissance de nouveaux sujets.
Le projet du spécialiste des arbres et explorateur de la canopée des forêts tropicales est de créer en Europe une forêt préservée de toute activité humaine pendant... dix siècles.
https://www.lemonde.fr/cotecourscotesjardins/article/2019/10/09/le-botaniste-francis-halle-veut-recreer-une-foret-primaire-europeenne_6014736_5004225.html
mlsum-fr-1558
Professeur de sciences économiques à l’Université du Mans et au Centre de recherche en économie et management, CREM, université Rennes-1 « Le développement de la protection sociale a paradoxalement accentué la désagrégation du mariage traditionnel : la garantie de subsistance est désormais largement assurée par la puissance publique si le conjoint-« assureur » est inexistant ou a délaissé le foyer. » Patrick George/Ikon Images / Photononstop Tribune. Dans son ouvrage Civilisations. L’Occident et le reste du monde (Editions Saint-Simon, 2014), l’économiste Niall Ferguson listait les six « applications tueuses » qui avaient, selon lui, permis à l’Occident de dominer le monde de la fin du XVe siècle à nos jours : la concurrence, la science, la propriété, la médecine, la société de consommation et l’éthique du travail. Il conviendrait sans doute d’ajouter à cette liste un dispositif institutionnel qui s’est avéré essentiel à l’émergence et la préservation de cet enchaînement vertueux de circonstances : le mariage monogamique. Subsistance, éducation, transmission Le mariage monogamique est une pierre angulaire de la civilisation gréco-latine et fut un puissant dispositif de stabilité sociale. Dans la Grèce antique, le citoyen avait vocation à s’unir avec une femme unique, et le couple ainsi constitué avait l’obligation de donner naissance à trois enfants (légitimes). Ce système permettait en particulier de garantir l’équilibre démographique entre les citoyens et les non-citoyens. Le mariage était un fardeau que seul le devoir civique justifiait. Dans la Rome antique, le mariage demeura une charge civique, l’acte fondateur de la famille qui permettait la transmission patrimoniale aux enfants reconnus par la loi. Ce modèle, qui ne fut pas fondamentalement modifié « quand notre monde est devenu chrétien » (titre d’un ouvrage de Paul Veyne paru en 2007 chez Albin Michel), produisait une organisation sociale favorisant l’égal accès des individus aux opportunités affectives et sexuelles, le mariage monogamique engendrant mécaniquement un équilibre dans l’appariement entre individus des deux sexes. Certes, ce mécanisme d’appariement n’était, jusqu’à la fin du XIXe siècle, guère fondé sur les préférences intrinsèques des protagonistes, mais plus sûrement sur les stratégies patrimoniales – au sens large – des parents. Le mariage était ainsi le cadre permettant de garantir les possibilités de subsistance et d’éducation des enfants, ainsi que les possibilités de subsistance des femmes et des veuves, tout en sécurisant la transmission du fief ou du patrimoine. Les hommes et les femmes étaient souvent mal appariés, mais ils étaient appariés et produisaient une descendance. La soif de relations amoureuses et sexuelles était, le cas échéant, étanchée dans le cadre de relations extraconjugales. A certaines époques, les relations extraconjugales et le recours aux prestations de prostituées constituaient même une norme sociale.
En un demi-siècle, le mariage monogamique a considérablement changé : il n’est plus un dispositif de transmission patrimonial et d’assurance sociale, mais un dispositif de formalisation de la vie amoureuse relativement instable, observe, dans une tribune au « Monde », l’économiste Jean-Pascal Gayant.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/15/comment-l-instabilite-des-unions-matrimoniales-modifie-les-decisions-economiques-des-individus_5499541_3232.html
mlsum-fr-1559
M Le magazine du Monde Voici donc Donald Trump menacé d’une procédure d’« impeachment ». Une conversation téléphonique a rendu possible ce rêve que n’osaient caresser les opposants au président américain. La retranscription de l’entretien au cours duquel Donald Trump a demandé à Volodymyr Zelensky, son homologue ukrainien, d’enquêter sur le fils de Joe Biden, a eu raison des réticences de la présidente de la Chambre des représentants. Jusqu’ici, en fine connaisseuse des arcanes du Congrès, la démocrate Nancy Pelosi refusait de dégainer cette arme à double tranchant. À se plonger dans les archives du Monde, on comprend ses hésitations, comme on entrevoit ce qui l’a menée à sauter le pas. Le juge Abe Fortas et Richard Nixon Lorsque le terme apparaît dans les colonnes du journal, le 15 mai 1969, ce n’est pas un président qui est menacé, mais un juge de la Cour suprême. « En soi, le « crime » de M. Fortas est banal », prévient Jacques Amalric. « Éminence grise de la Maison Blanche » sous Lyndon Johnson, Abe Fortas est soupçonné d’avoir touché 20 000 dollars de la part « d’un homme d’affaires véreux » dont il fut l’avocat. Une somme qu’il a reçue alors qu’il était devenu juge.Les républicains, forts de la victoire de Nixon fin 1968, saisissent l’occasion pour se débarrasser de ce progressiste. Dès l’affaire révélée plane la menace de « mettre en marche la procédure de mise en accusation (impeachment) prévue par la constitution », explique le correspondant du Monde à Washington. C’est l’inconvénient d’un journal du soir : lorsque paraît son article, le juge a démissionné, évitant la procédure d’impeachment. Conformément au souhait de Richard Nixon, qui « préfère une solution à l’amiable », relevait Jacques Amalric. Le président s’en souviendra-t-il quand il sera mis en cause dans le scandale du Watergate ? En 1973, plus que la tentative de mise sur écoute du siège du Parti démocrate, c’est le fait que Nixon ait essayé de la dissimuler qui a fini par faire scandale. C’est évidemment cette affaire qu’ont aujourd’hui en tête les opposants à Trump. Sans vouloir établir de parallèle hasardeux, certains détails de l’histoire résonnent étrangement. La Maison Blanche est désormais accusée d’avoir tenté de faire disparaître la conversation entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky du système informatique sur lequel ce type d’échanges est habituellement sauvegardé. Or, en 1973, plus que la tentative de mise sur écoute du siège du Parti démocrate, situé dans l’immeuble Watergate, c’est le fait que Nixon ait essayé de la dissimuler qui a fini par faire scandale.
Le 24 septembre, la présidente de la Chambre des représentants a annoncé l’ouverture d’une procédure d’« impeachment », une enquête parlementaire en vue de la destitution de Donald Trump. Le terme est apparu dans « Le Monde » le 15 mai 1969.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/04/la-premiere-fois-que-le-monde-a-ecrit-impeachment_6014226_4500055.html
mlsum-fr-1560
On les appelle les « contrats de Cahors ». C’est dans cette ville du Lot que, à l’issue de la Conférence nationale des territoires du 14 décembre 2017, les principes de la contractualisation instaurant l’encadrement de la dépense locale avaient été arrêtés. Ainsi la loi de programmation des finances publiques du 22 janvier 2018 fixait-elle, dès 2018, un objectif d’évolution des dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales de 1,2 % par an sur une période de cinq ans. Ainsi qu’une réduction de leur besoin de financement de 2,6 milliards d’euros par an, soit au total 13 milliards sur la période. En contrepartie, le gouvernement s’engageait à mettre un terme à la baisse des dotations de l’Etat engagée sous la précédente législature. Rapidement, cependant, les relations se dégradaient entre l’exécutif et les principales associations représentatives des élus locaux : l’Association des maires de France (AMF), l’Assemblée des départements de France (ADF) et Régions de France. « Mascarade », « contrats léonins », « pacte de défiance »… Côte à côte, elles n’avaient de mots assez durs pour dénoncer ce qu’elles considéraient comme une mise sous tutelle et annonçaient qu’elles refusaient de signer ces contrats. En dépit de ces fortes paroles, 229 collectivités sur les 322 concernées – celles dont les dépenses de fonctionnement étaient supérieures à 60 millions d’euros – ont signé, soit un taux de 71 % : 122 communes sur 145, 54 intercommunalités sur 62, 44 départements et 9 régions. A celles-ci se sont ajoutées 17 collectivités ayant sollicité volontairement la contractualisation. Ces collectivités ont pu négocier avec leur préfet le taux de progression de leurs dépenses de fonctionnement, en prenant en compte l’évolution de la population et la construction de logements, le revenu moyen par habitant et les efforts de modération des dépenses de fonctionnement déjà réalisés. Les autres se le sont vu imposer. Les taux retenus allaient de 0,9 % à 1,6 %. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les collectivités territoriales ont stabilisé leurs dépenses en 2018 « Le pari de la confiance a été réussi » Toutes collectivités confondues, la progression de leurs dépenses de fonctionnement a été contenue à + 0,3 % en 2018 ; celles-ci ont été stabilisées pour les 322 concernées par les « contrats de Cahors ». Seules quatorze collectivités parmi ces dernières (cinq communes, cinq intercommunalités et quatre départements) n’ont pas atteint l’objectif, dont neuf signataires et cinq non-signataires. Un nombre finalement assez faible au regard des virulentes critiques qui avaient accueilli la mise en œuvre de ce dispositif. Les principaux porte-parole de ces associations d’élus pronostiquaient qu’un objectif de 1,2 % ne serait pas tenable.
Après la signature des contrats avec l’Etat, les dépenses de fonctionnement ont été stabilisées, mais les besoins de financement ont diminué moins que prévu.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/18/le-bilan-contraste-de-la-contractualisation-entre-l-etat-et-les-collectivites-territoriales_5511976_823448.html
mlsum-fr-1561
Virginie Vignon, responsable des expositions et des collections du Signe, Centre national du graphisme. Oulom Souvannavong La Biennale internationale de design graphique de Chaumont est organisée par le Signe, Centre national du graphisme jusqu’au 22 septembre. Rencontre avec Virginie Vignon responsable des expositions et des collections. Quel est l’objectif de cette deuxième Biennale internationale de design graphique ? La biennale s’inscrit dans la continuité de l’ancien festival de l’affiche de Chaumont, elle-même surnommée la « ville de l’affiche » ! Intitulée « Post Medium », la programmation met en lumière aussi bien la jeune création graphique que des artistes majeurs durant quatre mois. Se mêlent ainsi des expositions thématiques, comme « La Fabrique de l’affiche », et, jusqu’au 22 septembre, les expositions monographiques des graphistes Frédéric Teschner et Karl Nawrot. Depuis 1990, date de sa création, le concours international d’affiches, qui est très réputé, a permis de constituer une collection de plus de 45 000 pièces conservées à Chaumont. Concours international d’affiches 2019, à Chaumont. Nicolas Waltefaugle Quelles grandes tendances se dessinent autour de l’affiche ? Jusqu’à présent, il y avait surtout des personnalités individuelles qui émergeaient dans ce domaine, comme le créateur graphique Mathias Schweizer par exemple. Aujourd’hui, on voit beaucoup plus les graphistes se regrouper et travailler en studio. Mais ce travail collectif ne les empêche pas de garder une « patte » très identifiée, reconnaissable. C’est le cas du studio deValence, qui a remporté le Grand Prix cette année. L’autre grande tendance, c’est le soin apporté au tirage et au rendu final qui est de plus en plus important. En réponse à ça, il y a un public de collectionneurs qui augmente. On voit de plus en plus d’affiches numérotées, produites en tirage limité. Les graphistes travaillent donc pour des commanditaires mais aussi pour des collectionneurs. C’est exactement le cas des deux affiches lauréates de l’atelier Formes vives, au tirage limité et qui a reçu le prix Espoir du concours. Gravures de Frédéric Teschner à la Biennale 2019 de Chaumont. Nicolas Waltefaugle Quelle est la place de l’affiche aujourd’hui dans la production graphique ? Les affichistes purs et durs se font rares dans le secteur du design graphique. Pour une simple raison, c’est que l’on ne peut plus vivre en réalisant uniquement des affiches. Aussi passionnés soient-ils par ce média, les graphistes doivent désormais étendre leur champ d’action à la signalétique, l’identité visuelle, l’édition ou les réseaux sociaux. Pourtant, l’affiche reste un média qui a un écho et il est dommage que certains commanditaires y renoncent, comme les villes par exemple. Le marché de l’affiche est principalement réduit aujourd’hui au secteur culturel. Mais même dans le domaine du cinéma, on ne peut plus vraiment parler de création du côté des affiches de films, comme il y a encore vingt ans.
Mise à l’honneur lors de la Biennale internationale de design graphique de Chaumont, l’affiche est pourtant un marché qui se réduit. Explications de Virginie Vignon, du Centre national du graphisme.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/08/28/le-nombre-de-collectionneurs-d-affiches-augmente_5503728_4497319.html
mlsum-fr-1562
Du Grand Paris, faut-il attendre davantage de mixité sociale ou, au contraire, redouter plus d’inégalités ? Le discours public magnifie l’accessibilité par des transports en commun et des logements nouveaux, censés soulager la saturation du réseau métropolitain, la tension sur les prix de l’immobilier, et favoriser le rééquilibrage entre l’ouest et l’est de la Métropole. La réalité risque d’être plus nuancée. « A mon avis, une telle infrastructure ne bouleversera pas la géographie sociale des territoires, analyse Daniel Béhar, directeur d’études pour la coopérative conseil Acadie et professeur à l’Ecole d’urbanisme de Paris. Mais elle ne doit pas non plus devenir le bouc émissaire de la ségrégation. » Lire aussi Le prix du mètre carré va frôler les 10 000 euros à Paris cet été Chacune des 68 gares du Grand Paris Express, dont 46 nœuds de connexion, qui ceinturera la Métropole, auxquelles s’ajoutent 17 gares en prolongement des lignes actuelles, sera au cœur d’un quartier redessiné, dans un rayon de 800 mètres alentour, mêlant logements, bureaux, activités, hôtels, commerces, espaces publics et jardins. Car le Grand Paris, c’est aussi et surtout un projet urbain, basé sur le principe de « la densification générale », pour reprendre les termes du géographe Francis Beaucire, lors de sa conférence du 17 septembre 2018 à la Cité des humanités et des sciences sociales, à Aubervilliers. Il espère : « Le supermétro devrait réparer une inégalité d’accessibilité aux emplois entre l’ouest, en partie pourvu de liaison ferroviaire circulaire, et les communes de l’est, sous-équipées. » INFOGRAPHIE « LE MONDE » A condition que le tronçon est de la ligne 15, la plus retardée aujourd’hui, voie le jour… Fièvre constructive Dans l’ensemble de l’Ile-de-France, l’objectif est de construire, chaque année, 70 000 logements, dont 10 000 dans les quartiers de gare, avec 30 % de logements sociaux. Entre 2015 et 2018, ces chiffres ont déjà été dépassés, frôlant par exemple, en 2017, les 100 000 logements neufs. La fièvre constructive et la spéculation immobilière ont saisi la petite couronne : « La Métropole n’attend pas le métro, résume Daniel Béhar. Les communes proches de Paris et la petite couronne subissent, depuis 2015, une pression immobilière folle. Les constructions densifient ces quartiers-faubourgs souvent pavillonnaires et pas toujours adaptés à un tel afflux en termes de voirie et de réseaux divers, bien avant la mise en service des nouvelles lignes de transports. Il y a risque de congestion, les premières années », s’inquiète-t-il. Les démographes de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) prévoient l’arrivée d’un million de Franciliens supplémentaires d’ici à 2035, dont la moitié en petite couronne, concentrés en Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, tandis que Paris stabiliserait sa population.
Les défis du Grand Paris 5/5. Les nouveaux transports et les logements neufs pourraient ne retoucher qu’à la marge la géographie sociale établie.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/29/grand-paris-le-pari-perdu-de-la-mixite-sociale_5482978_3234.html
mlsum-fr-1563
Pas encore envie de vous séparer de votre maillot de bain ? Rendez-vous à Formentera, encore plus agréable quand le soleil se fait plus doux. Besoin plutôt d’un bain de foule ? Filez à Munich pour son Oktoberfest, qui commence fin septembre ! Formentera, pour les contemplatifs A l’hôtel Etosoto, à Formentera, les pieds dans l’eau. ETOSOTO Les îles de la Méditerranée sont des paradis à la fin de l’été : moins surpeuplées qu’en juillet et en août, elles profitent toujours d’une mer chaude quand le soleil se fait plus doux. A Formentera, la pleine lune du 14 septembre se laissera admirer du phare de la Mola, de Cala Saona, une plage de sable blanc qui regarde Ibiza, ou encore depuis le jardin d’une des nombreuses adresses écoconscientes qui poussent comme des champignons sur cette île préservée. L’hôtel Etosoto, ouvert par les frères Labrousse, propose dix chambres les pieds dans l’eau avec un potager en permaculture côté terre ! Restaurant slowfood, naturopathie, initiation à la musique ou au cinéma pour les enfants, yoga kundalini, les expériences foisonnent. Mais Formentera ne serait rien sans le fameux Kiosko 62, le chiringuito perfecto pour boire un verre quand le soleil rougit la mer. Toutes les informations pour se rendre et se loger à Formentera : Formentera.es. Hôtel Etosoto, chambre double à partir de 90 € en basse saison. Etosoto.com Nîmes, pour les fêtards Les gardians guident les taureaux lors d’un abrivado dans les rues de Nîmes. DOMINIQUE MARCK / VILLE DE NIMES La Feria des Vendanges, à Nîmes, marque la fin de l’été. Plus courte mais pas moins festive que sa grande sœur de Pentecôte, l’édition 2019 fera la part belle aux Jardins de la fontaine, qui accueilleront un espace taurin, rendez-vous des amateurs de courses camarguaises ou de spectacles équestres. L’occasion aussi de découvrir ce chef-d’œuvre de jardin, à la fois parc royal public voulu par Louis XV en 1745 et vestiges romains préservés. Mais l’ambiance sera comme d’habitude dans les rues : bodegas, défilés de bandas, abrivados et, bien sûr, les corridas dans les arènes romaines. Nouveauté, l’office de tourisme organisera des visites guidées sur le thème « Sous le signe du taureau » ou encore « Expliquez-moi la corrida ». Côté hébergement, la maison d’hôtes Bien loin d’ici, en pleine garrigue nîmoise, est une très bonne option. En dernière minute, Airbnb fait aussi des miracles dans la cité romaine. Office de tourisme de Nîmes : Nimes-tourisme.com. Maison d’hôtes Bien loin d’ici : Bienloindici.com Munich, pour les amateurs de bière (et de saucisse) Le Theresienwiese, à Munich, noir de monde pendant Oktoberfest. WERNER BOEHM Pour qui ne connaît pas l’Allemagne et la Bavière, l’Oktoberfest est une initiation express et… mémorable ! C’est tout simplement la plus grande fête foraine au monde ! Installée en plein centre de Munich, sur le Theresienwiese, elle consiste principalement à boire des litres de bière sous des tentes géantes : 14 en tout, avec des tables et une scène à chaque fois, et surtout un monde fou. Il y a 11 000 places assises sous la tente Winzerer Fähndl, qui sert de la Paulaner et qui est à la fois la plus grande d’Oktoberfest et la préférée des supporters du Bayern de Munich. Short en daim à bretelles pour les hommes – la Lederhose –, robe serrée à la taille pour les femmes – la Dirndl –, les costumes traditionnels sont largement portés. Mais Munich a bien plus à offrir que cette enivrante plongée dans le folklore bavarois, et il faut prévoir une journée pour découvrir la ville et surtout ses merveilleux musées, notamment les trois « Pinakothek » – Alte, Neue et der Moderne –, le Lenbachhaus toujours pour la peinture et l’étonnant Deutsches Museum, consacré à la science. Oktoberfest, du 21 septembre au 6 octobre. Le site officiel propose des solutions d’hébergement : Muenchen.de Royan, pour les sportifs Un sortie en kayak au cœur du marais de la Seudre. ROYAN ATLANTIQUE Un front de mer splendide, des villas Belle Epoque qui donnent instantanément le sentiment d’être en vacances, une nature préservée : Royan, à l’embouchure de l’estuaire de la Gironde, est la destination idéale pour l’arrière-saison. Le mois de septembre est placé sous le signe des sports, avec des compétitions tous les week-ends : le Triath’long U Côte de Beauté, le Championnat de France de sauvetage sportif côtier ou encore la Coupe de France de bodyboard. Les sportifs amateurs peuvent participer à la Remontée de la Seudre – une randonnée à pied, à vélo, à cheval et sur l’eau – ou au Raid Aventure La Palmyre. Du zoo de la Palmyre à la côte sauvage en passant par le port ostréicole de la Grève avec ses fameuses huîtres de Marennes-Oléron, Royan mérite aussi qu’on s’en échappe pour découvrir les environs. L’idéal ? Acheter de quoi faire un pique-nique au marché et filer en direction du sentier des Douaniers. A partir de Saint-Palais-sur-Mer, la balade le long du littoral atlantique est magnifique. Des hébergements et des informations pratiques sont proposés sur le site de l’office de tourisme communautaire « Destination Royan Atlantique » : 05-46-08-21-00. Royanatlantique.fr Barcelone, pour les urbains El Gòtic, dans la vieille ville de Barcelone, un des quartiers où se déroule la Mercè. BARCELONA.CAT Connaissez-vous la Mercè ? C’est un peu à Barcelone ce que l’Oktoberfest est à Munich : concerts, spectacles de rue ou encore les pasacalles, des défilés colorés. Les fêtes de Nuestra Señora de la Merced, pour leur donner leur nom complet, auront lieu du 20 au 24 septembre dans la capitale de la Catalogne. La légende de Notre-Dame de la Merci remonte au XIIe siècle, mais la fête sous sa forme actuelle date de la fin du XIXe siècle. Les grands moments de la Mercè 19 seront les traditionnelles tours humaines, les défilés de gigantes y cabezudos (géants et grosses têtes) et le festival de musique indépendante, le BAM, où se produiront notamment Yawners, Jay Jay Johanson, Michelle David ou encore Honolulu. Les joggeurs peuvent s’inscrire à la Cursa de la Mercè, une course de 10 kilomètres dans les rues de Barcelone qui a lieu une semaine après les fêtes, le dimanche 29 septembre. Deux occasions pour découvrir ou redécouvrir Barcelone, avec déjà un peu moins de monde qu’au cœur de l’été.
« La Matinale » vous invite au voyage. Cette semaine, on refait sa valise ! Direction Royan, destination idéale d’arrière-saison, ou Barcelone pour faire le plein de décibels au BAM, son festival de musique indépendante.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/09/01/on-repart-dare-dare-cinq-idees-d-escapades-pour-septembre_5505024_4497319.html
mlsum-fr-1564
L’actualité sociale et politique a amené la question de la violence au centre du débat public. S’opposent à son sujet, schématiquement, deux interprétations. La première croit déceler dans les temps récents les signes d’une augmentation du niveau général de la violence. Nombre de responsables policiers et gendarmiques ont ainsi pris publiquement la parole pour dénoncer le niveau de violence sans précédent dont feraient preuve certains manifestants. Les gardiens de la paix et les gendarmes partagent quant à eux assez largement le sentiment d’être devenus, au fil des années, des cibles à proprement parler. De l’autre côté de la ligne protestataire, nombre de manifestants estiment aussi avoir affaire à une augmentation de la violence, mais d’une autre nature : elle prendrait la forme d’une répression d’une intensité inédite résultant du déclenchement de l’état d’urgence [levé le 1er novembre 2017] et de ses conséquences juridiques ou de la translation des modes de gouvernement policiers des quartiers populaires au maintien de l’ordre des grandes villes. « L’augmentation de la violence et l’augmentation de l’intolérance à la violence entretiennent une relation de causalité : la première peut être décrite, comme un effet de la deuxième » Face à ces diagnostics repérant une augmentation de la violence, un autre pôle est constitué par les interprétations qui la relativisent. Ainsi, des historiens, des sociologues ont tempéré le diagnostic policier concernant la violence inégalée des manifestants, en rappelant qu’au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, nombre de conflits sociaux ont été l’occasion de violences à l’encontre des forces de l’ordre supportant aisément la comparaison avec celles qui se sont données à voir ces derniers temps. A l’inverse, le diagnostic d’une répression inédite a aussi été relativisé, en rappelant l’histoire des répressions des cinquante dernières années. Selon ces interprétations, ce ne sont peut-être pas les violences qui sont plus nombreuses, mais notre seuil collectif et individuel de tolérance à la violence qui s’est abaissé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Isabelle Sommier : « Les règles du conflit en démocratie ne sont plus respectées » Tout semble opposer ces diagnostics, et pourtant, ils méritent d’être pensés ensemble car, loin de s’exclure, l’augmentation de la violence et l’augmentation de l’intolérance à la violence entretiennent une relation de causalité : la première peut être décrite, dans une large mesure, comme un effet de la deuxième. Une évolution sociale et politique des sociétés Ce paradoxe n’en est un qu’en apparence. L’augmentation, sur le temps long, de notre intolérance collective et individuelle à la violence procède d’un mouvement historique de délégitimation progressive de la violence employée par les individus au profit d’une concentration, qui prétend être exclusive, de la violence par l’Etat. Cette évolution historique s’est accompagnée d’une transformation correspondante des structures de personnalité, inscrivant progressivement dans les corps et les psychés une aversion accrue vis-à-vis de la violence. L’augmentation de l’intolérance à la violence n’est alors pas seulement un phénomène qui relève de la mutation des sensibilités et des émotions ; il s’agit d’une évolution proprement sociale et politique des sociétés contemporaines, et qui, dans une certaine mesure, a effectivement produit une réduction générale du niveau de violence. Pour autant, la revendication par l’Etat, selon la formule connue, du monopole de la violence physique légitime ne signifie pas que la violence ait disparu du corps social. Comment, dans ces conditions, peut-on affirmer que l’accroissement de l’intolérance à la violence peut, contre toute attente, générer de la violence ?
Le mouvement de délégitimation de la violence peut, en rendant celle-ci scandaleuse, engendrer paradoxalement certaines formes de violence, souligne le sociologue Cédric Moreau de Bellaing, spécialiste de l’institution policière.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/19/intolerance-a-la-violence-et-augmentation-de-la-violence-sont-liees_5512177_3232.html
mlsum-fr-1565
Carola Rackete est escortée par la police, après avoir comparu devant un juge à Agrigente, en Sicile, le 1er juillet. GIOVANNI ISOLINO / AFP Les actions de la capitaine du Sea-Watch 3, Carola Rackete, entrée sans autorisation dans les eaux italiennes, puis dans le port de Lampedusa, samedi 29 juin, avec à son bord une quarantaine de migrants, relevaient donc de « l’accomplissement d’un devoir », celui de sauver des vies humaines. Cela justifie sa désobéissance aux ordres des autorités italiennes, après dix-sept jours d’errance en mer. Mardi 2 juillet au soir, la juge Alessandra Vella, chargée des enquêtes préliminaires au tribunal d’Agrigente (Sicile), a tranché : après quatre jours aux arrêts domiciliaires et malgré les réquisitions du procureur, qui demandait la confirmation de cette mesure ainsi qu’une interdiction de séjour dans la province, la magistrate a décidé de rendre sa liberté à Carola Rackete. Dans sa décision, la juge en a profité pour rappeler une évidence, qui s’était un peu perdue, ces derniers jours, dans le tourbillon de haine qui s’est abattu sur la jeune volontaire de l’organisation non gouvernementale (ONG) Sea Watch : le choix de débarquer les naufragés à bord de son navire à Lampedusa, dans la nuit de vendredi à samedi, allait de soi, la Libye et la Tunisie n’étant pas, aux yeux du droit de la mer, considérés comme des pays offrant des « ports sûrs ». Bref, Carola Rackete a certes désobéi, mais c’était dans le but de respecter le droit international, et les conventions signées par l’Italie. La veille, durant trois heures, l’Allemande avait été entendue par les magistrats, au sujet des conditions de son entrée dans le port de Lampedusa. Accusée d’avoir violemment éperonné un bateau de garde-côte qui s’était placé sur le quai de façon à l’empêcher d’apponter, mettant ainsi en péril la vie de ses occupants – une accusation que les images elles-mêmes incitent à relativiser –, la capitaine s’est excusée et a plaidé l’erreur de manœuvre, due à l’inertie du navire. « Grande victoire pour la solidarité » Une heure après l’annonce de sa libération, le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, qui depuis des jours réclamait la prison pour la « criminelle » allemande, a diffusé une vidéo d’une durée très inhabituelle (près de vingt minutes) dans laquelle il semble peiner à contenir sa colère contre les juges. « Pour la magistrature italienne, ignorer les lois et éperonner une vedette de la guardia di finanza ne suffisent pas pour aller en prison », a-t-il dénoncé, avant de promettre pour la capitaine du navire humanitaire une expulsion à brève échéance vers l’Allemagne en raison de sa « dangerosité pour la sécurité nationale ». Dans la soirée, la préfecture de Sicile a fait savoir que la mesure d’éloignement avait été préparée et signée, mais que dans tous les cas, celle-ci ne surviendra pas avant le 9 juillet, date d’une nouvelle audition par des magistrats dans le cadre d’une enquête pour « incitation à l’immigration clandestine » qui continue à peser sur Carola Rackete. Plus loin dans son monologue, le ministre de l’intérieur et chef de file de la Ligue (extrême droite) poursuit ses attaques : « Elle retournera dans son Allemagne, où ils ne seraient pas aussi tolérants avec une Italienne si elle devait attenter à la vie de policiers allemands. (…) L’Italie a relevé la tête : nous sommes fiers de défendre notre pays et d’être différents des autres petits dirigeants européens qui pensent pouvoir encore nous traiter comme leur colonie. » Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux par l’ONG Sea Watch, la jeune Allemande a salué une « grande victoire pour la solidarité » et contre « la criminalisation de ceux qui aident, dans de nombreux pays d’Europe ». Victime d’insultes racistes et sexistes à son arrivée à Lampedusa, elle avait reçu, ces derniers jours, des marques de solidarité venues de toute l’Europe. Le ministre des affaires étrangères allemand, Heiko Mass, avait appelé à sa libération et réaffirmé son opposition à « la criminalisation du sauvetage en mer ».
Le ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, a aussitôt dénoncé l’attitude des juges, et annoncé que l’Allemande serait bientôt expulsée.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/02/la-capitaine-du-navire-humanitaire-sea-watch-3-declaree-libre-par-la-justice-italienne_5484494_3210.html
mlsum-fr-1566
Mateo, 7 ans, est le narrateur d’« Allez garçon ! » de Lise Akoka et Romane Guéret. YANN GROSS Canal+ - LUNDI 14 OCTOBRE À 22 H 50 - COURTS-MÉTRAGES Huit instantanés, huit personnages, filmés à travers le prisme de leurs passions, ces « hobbies » parfois irrationnels ou déraisonnables, mais qui ont le pouvoir fabuleux de les extraire de leur quotidien et de sa banalité. Une magie que la minisérie Hobbies, dont deux épisodes sont diffusés chaque lundi, parvient à transmettre au téléspectateur, le temps – très court, douze minutes – de chaque film. Une réussite à mettre au compte des dix réalisateurs et d’un parti pris, celui de ne porter aucun jugement sur les protagonistes. Adrienne est ainsi la plus sensuelle. Mère célibataire, elle pratique la « pole », cette « danse autour d’une barre » autrefois réservée aux strip-teaseuses. Laurine Massue-Foucart et Alison Touchain, championnes d’Europe par équipe, sont de leur côté les plus énigmatiques : quel sport pratiquent-elles ? Petit indice en plus du titre, Les Sirènes du Chesnay : elles tiennent à la main une sorte de couteau à beurre recourbé. Le plus « capé » d’entre eux, Alain Demaria, alias Mehdi, minot marseillais devenu héros local, saute depuis l’âge de 6 ans du haut de la corniche Kennedy (qui a donné son titre au film de Dominique Cabrera en 2017). Dans Le Grand Saut, il a mûri et rêve moins d’être cascadeur que d’avoir un enfant – qui ne plonge pas. Happé par le spectacle Le plus intello n’a, lui, pas pu éviter l’accident. Tombé d’une cathédrale, il partage son chemin de croix à l’hôpital, cet « arrêt forcé, qui force au raisonnement intérieur et peut-être rend plus humain ». Difficile de faire plus humain qu’Allez garçon ! – il aurait pu s’appeler Allez pigeons ! –, sur la passion d’un père pour la « colombophilie », un mot difficile à prononcer pour Mateo, son fils de 7 ans et narrateur. Ce gamin du Nord au regard émerveillé donne à l’ensemble sa poésie. On a envie de lui essuyer le menton quand il prend son petit déjeuner, de courir même s’il est tombé « deux fois », « même que je me suis fait gueuler dessus ». Avant de tout oublier, happé par le spectacle de ces centaines d’oiseaux prenant leur envol. « Hobbies » (Fr., 2018-2019, 8 x 12 min) : « Adrienne », de Colin Solal Cardo, et « Garde la pêche », de Vincent Weber. Le 21 octobre : « Les Sirènes du Chesnay », d’Héléna Klotz, et « Excalibur », de Sarah Al Atassi. Déjà sortis : « Allez garçon ! », de Lise Akoka et Romane Guéret, « Des aigles au-dessus de la tête », de Yann Gross, « Le Grand Saut », de Nicolas Davenel et Vanessa Dumont, « Nos cathédrales », de Jérôme Clément-Wilz. Et sur Canal.fr jusqu’au 6 février
Canal+ propose huit courts-métrages sur les passions d’anonymes. Ces passe-temps, abordés sans jugement, ont le pouvoir de les extraire de leur quotidien et de sa banalité. Et nous avec.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/14/huit-hobbies-qui-reenchantent-la-vie_6015504_3246.html
mlsum-fr-1567
Tourné dans les rues d’Amman, « The Translator » raconte les prémices de la révolution syrienne contre le régime d’Assad. GEORGES FILMS Le chant des grillons, berceuse des nuits méditerranéennes, enveloppe un quartier de la banlieue de Damas. Accoudés au rebord d’une fenêtre, Sami et son neveu Karim observent le scintillement d’un avion dans le ciel. « Tu penses que c’est un A320 ou un A330 ? », demande le gamin à son oncle, récemment revenu d’un long exil en Australie. Soudain, des cris de femme parviennent du perron de la maison d’en face : « Mon petit-fils, c’est mon petit-fils ! » Dans la rue, un jeune homme se fait tabasser par des gros bras du régime Assad qui l’embarquent dans une camionnette et démarrent aussi sec, laissant la grand-mère en sanglots sur le trottoir. Karma, la mère de Karim, accourue à la fenêtre, le prend dans ses bras, tandis que Sami tire le rideau, le regard interdit. « On coupe, on coupe, et on la refait tout de suite !, ordonne une voix dans la pièce d’à côté. La police nous a laissé jusqu’à 23 heures pour les cris. Il nous reste six minutes, faisons vite. » « Rien d’autre que la liberté et la dignité » Cette scène, qui débute dans la douceur et bascule brutalement dans la violence d’un rapt politique, est fictive. Vraisemblable mais fictive. Elle a été tournée à la mi-juillet dans un vieux quartier d’Amman, Jabal Weibdeh, pour les besoins d’un film intitulé The Translator (« Le Traducteur »), attendu au printemps 2020 sur les écrans français. Ce long-métrage est le premier d’un couple de cinéastes franco-syriens, Anas Khalaf et Rana Kazkaz, remarqué en 2016 pour un « court » coup-de-poing, Mare Nostrum, consacré au drame des migrants se noyant en Méditerranée et qui a été multiprimé dans les festivals. The Translator raconte l’histoire de Sami, un trentenaire syrien, traducteur de la télévision australienne habitant Sydney, que son passé rattrape lorsqu’en mars 2011, sur une vidéo en provenance de Damas, il reconnaît son frère Zeïd parmi un groupe de manifestants raflés par les services de sécurité syriens. Sami retourne alors dans son pays en pleine ébullition révolutionnaire et part à la recherche de son frère. Une quête qui permettra à cet homme, habitué à s’effacer derrière les mots des autres, de s’affirmer et de trouver sa voix. « Le scénario est nourri de choses vécues ou d’anecdotes que l’on nous a racontées. Il nous a fallu du temps pour digérer tout ça. » Anas Khalaf « Notre film sera le premier long-métrage de fiction à traiter de front la révolution syrienne, expose Anas Khalaf, qui a par ailleurs joué un petit rôle dans la troisième saison du Bureau des légendes, la série de Canal+ – l’inquiétant responsable de la sécurité du laboratoire de Bakou, où est envoyée Marina Loiseau, la taupe de la DGSE. Notre modèle absolu, c’est Missing de Costa-Gavras, le thriller politique par excellence, qui dénonce l’implication des Etats-Unis dans le coup d’Etat de Pinochet, au Chili, en 1973. »
Pendant de longues années, le soulèvement, puis la guerre et ses centaines de milliers de morts ont tenu à distance les cinéastes. La fiction semblait un luxe impensable, presque une faute de goût.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/24/la-revolution-syrienne-revit-en-fiction_5492782_3246.html
mlsum-fr-1568
La défenseuse anglaise Lucy Bronze après avoir marqué contre la Norvège, lors du quart de finale de la coupe du monde, au Havre, le 27 juin. LOIC VENANCE / AFP Un coup de canon, des applaudissements debout de l’ex-gloire David Beckham et une sentence qui claque. Jeudi 27 juin au Havre (Seine-Maritime), le troisième but des Anglaises, inscrit par Lucy Bronze, n’a pas seulement valu à la défenseuse le titre de « femme du match » lors du quart de finale remporté contre la Norvège (3-0), il a également incité son sélectionneur, Phil Neville, à un jugement laudateur et tranché. « Ce que vous avez vu ce soir, c’est que Lucy Bronze est la meilleure joueuse du monde, a déclaré l’ancien joueur de Manchester United, Il n’y a pas de joueuse comme elle dans le monde, aucune qui a ses capacités athlétiques et sa qualité technique. J’ai joué en tant que latéral mais jamais à ce niveau-là. » A défaut d’être la footballeuse numéro 1, un classement subjectif et délicat à établir, Lucy Bronze ressemble à s’y méprendre à la meilleure défenseuse de la planète. Dotée d’une pointe de vitesse, de qualités, aussi, de contre-attaquante, elle éclabousse de sa classe la compétition. « Je suis très impatiente » Mardi 2 juillet, lors de la première demi-finale face aux Etats-Unis, les montées de la « Lioness » de 27 ans risquent d’enflammer à nouveau le public du stade, celui de son club de l’Olympique lyonnais (OL), avec lequel elle a notamment remporté les deux dernières Ligues des champions. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine 2019 : la révolution américaine « Quand j’ai signé à Lyon, il y a deux ans, le rêve était d’y jouer en Coupe du monde. Et finalement, deux ans plus tard, le rêve devient réalité. Je suis très impatiente, c’est ma maison. C’est un stade que j’aime, j’aime y jouer et c’est une ville que j’adore », a-t-elle lancé après le quart de finale contre la Norvège. Excellente joueuse outre-Manche, avant son arrivée à Lyon en 2017, elle avait déjà ouvert son riche palmarès lors de ses passages à Liverpool et à Manchester City : trois titres de championne d’Angleterre, une Coupe de la Ligue et une Coupe d’Angleterre. Sur un plan individuel, elle avait été élue « meilleure joueuse de la Ligue » en 2014 et en 2017. A Lyon, son armoire à trophées continue à se garnir, outre les Coupes d’Europe, de deux titres de championne de France et d’une Coupe de France. En décembre 2018, Lucy Bronze a même figuré à la sixième place au classement du premier Ballon d’or féminin. Mais son séjour lyonnais l’a révélée à un niveau encore supérieur, celui des cracks qui font la différence et peuvent faire basculer une rencontre. « La norme à l’échelle européenne est définie par Lyon, raconte-t-elle dans un article du Guardian. Nous sommes tellement en avance sur tant d’équipes. Au cours des entraînements quotidiens, ce sont onze internationales contre onze internationales. Je dois donc me défendre tous les jours contre les meilleures attaquantes du monde. » La défenseuse Lucy Bronze face à la joueuse norvégienne Isabell Herlovsen, au Havre, le 27 juin. MICHEL EULER / AP « Pas une surprise pour moi » En conférence de presse, après la qualification pour les demi-finales, elle est revenue sur sa progression. « Il y a quatre ans, j’étais peut-être une surprise pour tout le monde, mais pas pour moi. J’avais vraiment la conviction que j’étais capable d’élever mon niveau de jeu, a-t-elle confié, déterminée et empreinte d’une confiance en elle imperturbable. Je savais qu’il y avait des choses à travailler pour devenir la meilleure joueuse possible, mais c’est pareil aujourd’hui, j’essaye toujours de donner le meilleur de moi-même. » Née dans la ville la plus au nord de l’Angleterre, à Berwick-upon-Tweed (Northumberland), c’est juste à côté, à Alnwick, petite cité de moins de 8 000 habitants, célèbre pour son château utilisé pour tourner les plans extérieurs de Poudlard dans la saga Harry Potter, que la jeune fille a découvert le football dans le sillage de son frère aîné, Jorge. Comme tant de débutantes, elle a dû se former, seule, au milieu d’une équipe masculine de jeunes joueurs. « Jusqu’à mes 12 ans, j’étais la seule fille à jouer avec un groupe de garçons », racontait-elle toujours au Guardian. J’ai dû supplier ma mère de me laisser porter un short à l’école pour pouvoir jouer au football à l’heure du déjeuner. » Atteinte par la limite d’âge de mixité de l’époque, Lucy Bronze doit alors trouver, à 12 ans, un club qui possède une section féminine. « L’entraîneur m’a dit que j’étais trop bonne pour m’arrêter et il a supplié ma mère d’aller me chercher une équipe de filles, car un jour j’allais jouer pour l’Angleterre », ajoute-t-elle. Sacrifices Ses parents la soutiennent même si sa mère ne connaît pas grand-chose au football. Son père, lui, ne ménage pas ses efforts : il doit conduire une heure trente pour l’accompagner à l’entraînement à Sunderland. Et, comme sa fille le révèle en personne dans une publicité tournée à l’occasion de la Coupe du monde, il lui prépare même son thé, so British, certainement une grande preuve d’amour pour cet émigré portugais nommé Joaquin. Quinze ans après, les sacrifices de la famille Bronze n’ont pas été vains. A l’inverse des sept joueuses françaises de l’OL, qui ne verront pas les demi-finales dans leur stade, l’ancienne jeune footballeuse du nord de l’Angleterre peut encore rêver de conduire son pays au premier titre féminin de son histoire. Les spectateurs lyonnais auront aussi la chance d’apercevoir leur prochaine recrue. Complice de Lucy Bronze sur son couloir droit, l’ailière Nikita Parris a signé pour le club du président Jean-Michel Aulas avant l’ouverture de la compétition. A Lyon, les Lionesses sont décidément à la mode. Pour le plus grand plaisir du sextuple champion d’Europe.
La défenseuse a marqué de son empreinte les matchs de l’Angleterre qui affronte les Etats-Unis en demi-finale, mardi, à Lyon, ville où joue la « Lioness » en club.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/07/02/coupe-du-monde-feminine-lucy-bronze-la-sensation-anglaise-venue-de-l-arriere_5483984_1616938.html
mlsum-fr-1569
Les grands groupes américains dits « GAFA » ont dénoncé la taxe numérique française, lors d’auditions menées à Washington, le 19 août. REUTERS FILE PHOTO / REUTERS « Précédent troublant », « impôt discriminatoire », « rupture brutale de règles longuement établies » : des responsables des grands groupes dits « GAFA » et d’autres leaders de l’Internet ont donné de la voix, lundi 19 août, dans le cadre d’une enquête ouverte par les services du représentant américain au commerce (USTR), contre la taxation française des groupes numériques. Cette investigation a été lancée après la décision française d’imposer ces géants du numérique, en vue de possibles représailles. Le président Donald Trump a notamment menacé de taxer les importations de vin français. La loi française, promulguée le 11 juillet, crée un impôt sur le chiffre d’affaires réalisé par ces grandes entreprises de l’Internet dans l’Hexagone, alors qu’elles sont pour la plupart basées aux Etats-Unis, où elles sont imposées sur leur bénéfice. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Taxation des GAFA et fiscalité mondiale au menu du G7 de Biarritz Besoin d’une réforme « C’est une solution imparfaite pour remédier à un système de taxation caduque », a déclaré Jennifer McCloskey, du groupement professionnel Information Technology Industry Council. Un consensus existe du côté des autorités et des industriels pour reconnaître le besoin d’une réforme du système d’imposition de ces transactions numériques, mais plutôt sous l’égide de l’OCDE, qui regroupe les pays industrialisés. « C’est une fracture radicale par rapport à la pratique habituelle », a protesté Rufus Yerxa, président du Conseil national du commerce extérieur. Pour Gary Sprague, de la firme d’avocats Baker and McKenzie représentant divers groupes allant d’Airbnb à Expedia, en passant par Microsoft et Twitter, l’impôt décidé par Paris est « discriminatoire ». Une trentaine de groupes réalisant au moins 25 millions d’euros de chiffre d’affaires en France et 750 millions d’euros dans le monde devront s’acquitter de cet impôt. Ce sont en premier lieu les leaders américains et mondiaux du secteur. Amazon dénonce une « double taxation » La taxation française considère trois niveaux d’activité, ont relevé ces responsables : la publicité, les échanges ou impressions sur la plate-forme et les données transactionnelles. Selon Gary Sprague, d’autres groupes de média traditionnels, qui touchent le public français via la publicité, devraient être aussi assujettis à cet impôt, « comme les journaux, les chaînes de télévision ». De même, le représentant de Google, Nicholas Bramble, estime que « taxer une poignée de grands groupes de l’Internet n’a pas de sens quand tous les secteurs deviennent numériques ». Chez Amazon, dont la France représente le deuxième marché européen pour le commerce électronique, on dénonce la « double taxation ». Peter Hiltz, directeur de la planification fiscale auprès du géant de la distribution en ligne, cite le cas typique, selon lui, du voyageur américain en France qui surfe et achète sur le site d’Amazon US. « Sa transaction sera taxée en France, mais aussi aux Etats-Unis au niveau du bénéfice », argumente-t-il. Le groupe dit s’interroger aussi sur la manière de distinguer les visiteurs suisses ou belges francophones sur le site Amazon en Français. Il assure, en tout cas, que la nouvelle taxation va « avoir un impact négatif sur Amazon et des milliers de petites et moyennes entreprises » qui travaillent avec le distributeur. Quelque 58 % des ventes d’Amazon passent par des partenaires, sur lesquels le groupe a déjà prévenu qu’il ferait supporter le coût des nouveaux impôts. « On les a déjà informés que leurs droits d’inscription vont augmenter d’ici le 1er octobre », a affirmé M. Hiltz. « On n’a jamais vu d’impôt rétroactif » La rétroactivité de la loi adoptée par Paris, qui va appliquer ce nouvel impôt depuis le début de l’exercice 2019, soulève aussi des protestations. « On n’a jamais vu d’impôt rétroactif », s’insurge Alan Lee, de Facebook, qui se plaint comme les autres représentants d’un manque de « directives » pour appliquer la loi. Aucun des responsables de ces grands groupes ne pouvait dire, à ce stade, quel volume de leur chiffre d’affaires serait donc imposé. Tous ont expliqué qu’ils devaient modifier leur façon de collecter les données, le trafic et les impressions laissées par les visiteurs sur leurs sites. Une démarche et une nouvelle comptabilité qui vont « coûter des millions de dollars », a affirmé Jennifer McCloskey, du Conseil des technologies de l’information, sans pouvoir donner d’évaluation plus précise.
Les grands groupes américains se sont élevés collectivement, lors d’auditions menées à Washington, pour dénoncer la « taxe GAFA » votée à leur encontre par Paris.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/20/la-taxe-numerique-francaise-discriminatoire-selon-google-facebook-amazon_5500850_3210.html
mlsum-fr-1570
Arrangement pour piano du premier mouvement de la Symphonie No. 1, "La Nuit des tropiques" de Louis Moreau Gottschalk commons.wikimedia.org Lorsque le magazine Offbeat choisit 300 morceaux emblématiques pour célébrer le tricentenaire de la Nouvelle-Orléans, il place naturellement en première position un morceau de musique classique : Bamboula, de Louis Moreau Gottschalk. Qui était Louis Moreau Gottschalk ? Le compositeur et pianiste Louis Moreau Gottschalk est né en 1829 à la Nouvelle-Orléans. Virtuose, il donne son premier concert à l’âge de huit ans. A treize ans, il part étudier à Paris où Chopin et Berlioz feront partie de ses admirateurs. Gottschalk passe plusieurs années à Cuba et tourne dans toute la Caraïbe. Grand séducteur, il doit fuir les Etats-Unis après une affaire de mœurs pour se réfugier en Amérique Latine. Il disparaît en 1869 à Rio de Janeiro. Gottschalk est considéré comme un précurseur du jazz et du ragtime. Son nom est associé aux grands compositeurs classiques cubains. Vous avez dit ragtime ? Vous n’êtes peut-être pas familier avec le terme ragtime. Sur France Inter, André Manoukian décrivait le ragtime comme « l’art d’être pianiste dans un bordel ». L’image est certes un peu osée, mais on ne peut nier son caractère évocateur. Qui n’a jamais entendu une fois dans sa vie The Entertainer, le thème du film « L’arnaque » avec Paul Newman et Robert Redford. L’auteur en est Scott Joplin, un des maîtres du genre. Quand on écoute La Gallina, Ynés ou Ojos Criollos, la filiation apparaît comme une évidence. Un expérimentateur et un influenceur Louis Moreau Gottschalk a grandi en écoutant les chants de Congo Square. Gottschalk s’est fait remarquer pour avoir introduit la syncope afro caribéenne dans des œuvres classiques. Louis Moreau fut élevé par sa nurse et sa grand-mère, toutes deux originaires de Saint-Domingue (future Haïti), d’où elles s’étaient enfuies. Comme le souligne Ned Sublett dans « The world that made New Orleans », Gottschalk pouvait entendre enfant ces rythmes africains depuis le logement familial de Rampart Street situé à quelques blocs de Congo Square. Créole, il est fasciné par les musiques dites nègres. Parmi ses compositions caribéennes, il convient de noter la Marche des Gibaros - Souvenirs de Porto Rico, dans laquelle il utilise le tresillo, le cinquillo et l’habanera, le Cocoyé d’inspiration haïtienne ou encore la Symphonie Romantique (La nuit des Tropiques) où il introduit dans son deuxième mouvement une tumba francesa. Gottschalk est contemporain des grands maîtres cubains qu’il fréquente assidûment : Manuel Saumell, son aîné, dont il est un grand admirateur, son ami Nicolás Luis Espadero. Il accompagne le jeune José White qu’il encouragera à poursuivre ses études à Paris, et enseignera à Ignacio Cervantes. On lui reconnaît également une influence, bien plus tard au 20è siècle, sur Ernesto Lecuona. La touche latine de Louis Moreau Gottschalk « Gottschalk fut le premier musicien à utiliser la batterie afro-cubaine dans une partition symphonique. » Pour Alejo Carpentier dans « La música en Cuba », « le plus grand mérite de Gottschalk est d’avoir été le premier musicien de formation européenne à avoir remarqué la richesse des rythmes cubains, portoricains et afro-américains. » Il lui reconnaît également d’avoir été « le premier musicien à utiliser dans une partition symphonique la batterie afro-cubaine » lors de la présentation d’Une nuit sous les tropiques en 1861 au Teatro Tacón. « Il fit venir de Santiago le roi de la confrérie des nègres français, avec tout un arsenal de tambours. L’un de ceux-ci, un énorme tambour africain, occupait le milieu de la scène, et c’était le roi en personne qui le battait. » Dans « The latin tinge », John Storm Roberts voit dans le travail de Louis Moreau Gottschalk « l’exemple le plus connu et le mieux documenté de l’influence latine sur la musique américaine ». Dans « Cuba and its music », Ned Sublette rappelle que Frederick Starr n’hésitait pas à voir dans le Louisianais le chaînon manquant entre Saumell et Joplin. De là à considérer Louis Moreau Gottshalk comme la pierre angulaire de la fameuse touche latine, il n’y a qu’un pas que le biographe franchit allègrement. Gottschalk, star de la pop Carpentier est plus sévère avec Gottschalk. Pour le musicologue cubain, le Louisianais était « le produit typique d’une époque qui élevait des autels aux virtuoses. » Il se laissa « porter par le triomphe, de cour en cour, d’île en île, sans regarder plus loin que le bout de ses doigts agiles. » A la vérité, Louis Moreau Gottschalk était en son temps l’équivalent d’une véritable popstar. Le trompettiste français Yohan Giaume évoque Gottschalk en ces termes : « Bien avant que le marketing nous concocte au XIXe siècle des catégories, tels que le jazz, la musique classique, la pop ou encore la musique du monde (et oui puisqu’il va de soi que les jazzmen ou les pop stars ne font pas partie du monde… !), le compositeur et pianiste créole louisianais Louis Moreau Gottschalk (1829-1869) ébranlait déjà toutes les catégories à lui seul. Gottschalk était certes un pianiste classique, mais tout autant un artiste multiculturel et une pop star acclamée sur trois continents, comme ont pu l’être par la suite Louis Armstrong ou Michael Jackson. » Yohan Giaume présentera son projet « Whisper of a Shadow : Conversation avec Louis Moreau Gottschalk » mercredi 2 octobre à Boulazac (Dordogne) avec la participation du clarinettiste louisianais d’adoption Evan Christopher. CD : Jazz Before Jazz de Lionel Martin et Mario Stantchev (2018, Cristal Publishing) CD : Gottschalk & Cuba d’Antonio Iturrioz (2019, Steinway) Concert : Whisper of a Shadow, musical conversations with Louis Moreau Gottschalk, par Yohan Giaume avec Evan Christopher le 2 octobre 2019 à Bouzalac (Dordogne). Concert organisé par MNOP.
Dans « Whisper of a Shadow », le trompettiste français Yohan Giaume rend hommage à Louis Moreau Gottschalk. En utilisant les rythmes afro caribéens, le compositeur louisianais a transformé la musique populaire américaine.
https://www.lemonde.fr/le-jazz-et-la-salsa/article/2019/10/01/gottschalk-de-la-louisiane-a-cuba_6013731_5324427.html
mlsum-fr-1571
Des employés d’Allergan dans le laboratoire de Pringy (Seine-et-Marne), en septembre 2017. JEAN-PIERRE CLATOT / AFP Pertes et profits. Il fut un temps, déjà lointain, où la performance d’un industriel de la pharmacie se jaugeait à la qualité de ses chercheurs. Ceux-ci ont, semble-t-il, été remplacés par des avocats. Le barreau plutôt que le labo. Leur efficacité est indéniable et se déploie dans trois domaines-clés : la fiscalité, les acquisitions et les brevets. Le rachat annoncé, mardi 25 juin, du laboratoire Allergan par son compatriote américain AbbVie pour 63 milliards de dollars (55,44 milliards d’euros) illustre cette mutation jusqu’à la caricature. AbbVie a un problème de riche : il possède le médicament le plus rentable du monde. L’Humira, utilisé pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde et du psoriasis, lui rapporte près de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an. Depuis sa mise en circulation, en 2003, il aurait généré près de 160 milliards de recettes, contribuant au succès de l’entreprise dont il représente 60 % du chiffre d’affaires. Mais malheureusement, comme toutes les belles histoires, celle-ci a une fin. Une bonne nouvelle pour les patients, puisque ce médicament est vendu tout de même au prix de gros de 5 000 dollars pour un mois de traitement. Un laboratoire indien a sorti une molécule similaire en 2014 en prévision de l’expiration du brevet en 2016. Prix de vente : 400 dollars. Des idées à foison C’était compter sans l’armée des avocats au service d’AbbVie. Ceux-ci ont attaqué sans relâche tous les concurrents potentiels, au motif de brevets additionnels. Résultat, au terme d’un accord négocié, la molécule tombera finalement dans le domaine public aux Etats-Unis en 2023. Sept ans de gagnés. Mais l’échéance se rapproche. Les avocats ne sont pas des as de la pharmacologie mais ils ont des idées à foison. La plus commune est de racheter un concurrent solide. Allergan est un bon candidat. Son produit-phare, le Botox, n’est pas aussi lucratif que l’Humira, mais il a l’énorme avantage de ne dépendre d’aucun brevet. En revanche, comme pour le Coca-Cola, sa marque et sa recette sont protégées farouchement par son bataillon d’avocats. Et puis, il a d’autres tours dans son sac. Partie s’installer à Dublin pour profiter de son climat fiscal vivifiant, la firme du New Jersey avait vendu, en 2017, le brevet de son autre médicament vedette (le Restasis, contre les yeux secs) à une tribu Mohawk de New York afin de protéger ses brevets de toute ingérence administrative en vertu de la souveraineté de cette tribu protégée par les lois fédérales. La Cour suprême n’a pas apprécié le procédé. Tant pis. Tant d’intelligence juridique réunie désormais sous un même toit contribuera certainement à d’autres innovations toutes aussi utiles pour la santé des citoyens américains.
Le laboratoire AbbVie a annoncé le rachat d’Allergan pour 63 milliards de dollars. Une acquisition qui lui permet de mettre la main sur des produits rentables, comme le Botox, mais surtout d’agrandir son armée d’avocats qui feront tout pour protéger les brevets des deux firmes, analyse Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/26/abbvie-allergan-le-barreau-plutot-que-le-labo_5481670_3234.html
mlsum-fr-1572
Youssou Ndour en concert aux Nuits de Fourvière le 23 juillet 2019. QUENTIN LAFONT Le ciel est menaçant ce samedi 20 juillet au-dessus du Grand Théâtre romain, à Lyon. Les Nuits de Fourvière y reçoivent pour la quatrième fois la star sénégalaise Youssou N’Dour. En ouverture de soirée, le chanteur camerounais Blick Bassy est venu présenter son dernier album, qu’il joue quasiment intégralement, le séduisant 1958. Son concert à peine terminé, l’orage éclate. Moment d’incertitude dans les loges. Faut-il annuler ? La scène est protégée. Pas les gradins. On sort les capuches, les ponchos en plastique. A 21 h 35, la pluie se calme, et le groupe de Youssou N’Dour, l’édifiant Super Etoile, entre en scène, suivi par son boss, le pas décidé. L’orage s’éloigne. Il ne reviendra qu’à la fin, écourtant les rappels. Lire le portrait : Blick Bassy fait du neuf en mémoire des anciens Le 20 juillet 2019, à Lyon, quasiment cinquante ans jour pour jour après le premier pas de l’homme sur la Lune, Youssou N’Dour retient la colère du ciel et s’offre le luxe d’un petit miracle. Avec l’élégance (tout de blanc vêtu) et la fougue (à 59 ans, comme à 20 ans) qui font sa marque. Showman accompli, il ouvre grands les bras, il danse, va chercher son public, le fait chanter, chavirer, épaulé par son impeccable petite bande, dont les percussionnistes Mbaye Dieye Faye et Assane Thiam, increvables guerriers du rythme. La scène, c’est son truc, son « espace de liberté », nous racontait quelques heures plus tôt dans son hôtel le chanteur, également ministre conseiller du président Macky Sall, réélu en février 2018 pour un second mandat. Il arrive du Caire, où il est allé soutenir l‘équipe nationale, les Lions de la Teranga, battus par l’Algérie, lors de la finale de la Coupe d’Afrique des Nations, la veille. Sur la scène de Fourvière, il rend hommage à Johnny Clegg par quelques mots et reprend le refrain d’« Asimbonanga » Il était sur le point de s’envoler de Dakar pour l’Egypte quand il a appris le décès du chanteur sud-africain Johnny Clegg, le mardi 16 juillet. Il a immédiatement mis en ligne sur son compte Facebook une vidéo d’un extrait de concert où il chante en duo avec lui. « Son combat a toujours résonné en moi. Nous nous sommes croisés à plusieurs reprises, notamment en 1988, à Abidjan, pour le concert du Human Rights Tour [tournée organisée au profit d’Amnesty International pour célébrer les quarante ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme], avec Peter Gabriel, Sting, Tracy Chapman, Bruce Springsteen. J’avais proposé de le faire venir avec nous à Abidjan. Il a fait un super show au stade Félix-Houphouët-Boigny. Ensuite je l’ai invité pour un concert à Gorée, au Sénégal. » Sur la scène de Fourvière, il lui rend hommage par quelques mots et reprend le refrain d’Asimbonanga.
Le chanteur sénégalais a galvanisé le public des Nuits de Fourvière et retenu l’orage le samedi 20 juillet au Grand Théâtre romain.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/22/musiques-du-monde-youssou-n-dour-showman-et-faiseur-de-miracles-a-lyon_5492123_3246.html
mlsum-fr-1573
« Histoire des traductions en langue française. XXe siècle », sous la direction de Bernard Banoun, Isabelle Poulin et Yves Chevrel, Verdier, 1 912 p., 48 €. Dans A la manière de…, recueil de savoureux pastiches écrits de 1908 à 1950 par Paul ­Reboux et Charles Muller, on trouve une parodie des « écrivains russes traduits en français », dont l’inénarrable héros Ivan Labibine Ossouzoff illustre à l’avance tout ce avec quoi a dû rompre la traduction française au XXe siècle : une laborieuse reconstitution faite de lieux communs exotiques visant à donner ­l’illusion que le texte a été écrit directement en français. La monumentale Histoire des traductions en langue française, qui clôt aujourd’hui, avec son quatrième tome, une vaste entreprise menée depuis 2012, démontre que le traducteur, au XXe siècle, ne s’efface plus, bien au contraire. Il impose sa présence et s’efforce de faire écouter dans l’œuvre traduite une dissonance : celle de la langue autre. Au passage, la dimension et l’étendue du chantier que représente cette Histoire… égratignent à eux seuls le poncif des Français claquemurés dans leur idiome linguis­tique et culturel (170 versions de Shakespeare, 7 pour La Métamorphose de Kafka). Après 1960, le nombre des traductions publiées, pour moitié de l’anglais, mais avec une tendance générale à la diversification, dépasserait celui de toutes les périodes antérieures. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Franz Kafka, l’inépuisable La transition vers une traduction de plus en plus hospitalière forme donc la principale trame de cet ouvrage, dont la liste des collaborateurs occupe cinq ­bonnes pages, et qui répertorie dans son index 4 300 traducteurs. L’existence du volume dénote une autre évolution typique de la période choisie (1914-2001) : la tendance croissante à l’autoréflexion avec la constitution, à partir des années 1960, de la « traductologie » comme ­discipline à part entière – avec des auteurs-phares comme les germanistes Jean-René Ladmiral et Antoine Berman (1942-1991) – et la reconnaissance du traducteur comme auteur. Si celui-ci n’a guère vu son niveau de vie s’améliorer, il a au moins été pourvu d’un statut juridique et s’impose désormais souvent sur les couvertures des livres qu’il a traduits. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Confession d’un masque » : Yukio Mishima entre érotisme et puritanisme Les mutations dans l’art de traduire au dernier siècle, notent les auteurs, résultent de plusieurs bouleversements littéraires et linguistiques, parmi lesquels la recherche sur l’histoire des manuscrits, qui suscite un flux continu de versions nouvelles ou actualisées. L’ouvrage souligne également l’ouverture du français académique aux ressources de l’espace francophone dans son ensemble (belge, suisse, canadien, africain, etc.) et, sans se cantonner à la pure littérature, explore certains domaines où la fonction du traducteur s’est révélée essentielle : le récit de témoignage ou les études de genre (mais aussi la chanson, les sciences exactes et humaines, etc.).
Le quatrième tome de cette monumentale « Histoire… » montre la reconnaissance progressive du traducteur comme auteur au cours du siècle dernier.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/27/histoire-des-traductions-en-langue-francaise-xxe-siecle-le-traducteur-sort-de-l-ombre_5482044_3260.html
mlsum-fr-1574
Des policiers examinent la voiture blindée de Guy Orsoni, à Ajaccio, en septembre 2018. PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP Le 21 mai, Nicolas Kedroff, 27 ans, était assassiné à Porticcio (Corse-du-Sud), sur la riviera ajaccienne. Huit mois plus tôt, en septembre 2018, Guy Orsoni, 35 ans, échappait à une tentative d’assassinat dans le quartier des Jardins de l’empereur, près du centre-ville d’Ajaccio. Outre de graves démêlés avec la justice, les deux hommes partageaient un point commun : ils circulaient à bord d’une voiture blindée. Ce moyen de locomotion, désormais très prisé en Corse, répond autant à une nécessité vitale pour les voyous locaux qu’à la volonté, de la part de certains chefs d’entreprise, de se prémunir de toute agression alors que la région, en apparence apaisée, semble s’enfoncer dans un phénomène de « mafiosisation » sans précédent. La Corse compte ainsi, selon des estimations des services de l’Etat, entre 80 et 100 propriétaires de véhicules dotés d’une « protection balistique », soit, rapporté à la population insulaire, le chiffre éloquent d’une voiture blindée pour 3 000 habitants, une proportion quatre fois supérieure à celle du Brésil, pourtant leader mondial d’un marché en pleine expansion. Le profil des propriétaires ? Des abonnés aux affaires judiciaires, comme ce quadragénaire condamné pour un important trafic de stupéfiants et titulaire de la carte grise d’une BMW X5, mais aussi des chefs d’entreprise, à l’image de ce restaurateur ajaccien qui circule au volant d’une Audi A6 à l’épreuve des balles de gros calibre. La très grande majorité d’entre eux est concentrée dans la région d’Ajaccio, épicentre d’une vague criminelle qui déferle sur la Corse depuis plusieurs années. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Petit Bar, une saga du banditisme corse « Les voyous montent en gamme » Au milieu des années 2000, Antoine Nivaggioni, ancien militant nationaliste reconverti dans le secteur de la sécurité privée et assassiné en octobre 2010 avait, le premier, fait l’acquisition d’une berline blindée, au point de susciter les railleries. « A l’époque, on en plaisantait : c’était pour nous le sommet de la vantardise, se souvient un prospère commerçant ajaccien. Mais depuis quelque temps, on ne rit plus du tout parce qu’une voiture comme ça peut vous sauver la vie. » Facturées de 100 000 à plus d’un demi-million d’euros, ces forteresses roulantes ne sont pas, toutefois, à la portée de toutes les bourses Facturées de 100 000 à plus d’un demi-million d’euros en fonction de leur degré de blindage et de leurs options – certaines sont à l’épreuve du souffle d’une explosion, d’autres disposent d’un système de recyclage d’air en cas d’attaque au gaz –, ces forteresses roulantes ne sont pas, toutefois, à la portée de toutes les bourses. Aussi de modestes entrepreneurs, confrontés à la réalité d’un racket dorénavant généralisé, décident-ils d’opérer avec les moyens du bord. Comme l’a révélé le site Internet de France 3 Corse ViaStella, l’un d’eux, interrogé par des gendarmes à l’occasion d’un banal contrôle routier le 24 août en Haute-Corse, a expliqué aux militaires avoir soudé d’épaisses plaques métalliques sur sa fourgonnette après avoir fait l’objet d’intimidations.
L’île compte entre 80 et 100 propriétaires de véhicules dotés d’une protection balistique, soit, rapporté au nombre d’habitants, plus qu’au Brésil, pourtant leader mondial.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/06/la-corse-championne-des-voitures-blindees_5506997_3224.html
mlsum-fr-1575
Emmanuel Macron arrive à une réunion du G7 à Biarritz, dimanche 25 août 2019. JEAN-CLAUDE COUTAUSSE POUR LE MONDE Editorial du « Monde ». La politique étrangère de Donald Trump – pour autant qu’on puisse la déterminer – est essentiellement destinée, dit-on, à soigner son électorat. Emmanuel Macron présente, depuis samedi 25 août, à Biarritz, où il accueille le sommet du G7, une variante plus subtile mais tout aussi efficace de cette stratégie : l’audace et le volontarisme avec lesquels le président français anime cette réunion internationale devraient, sauf imprévu au troisième et dernier jour du sommet, lundi, lui permettre de renforcer sa position sur la scène intérieure. « L’agenda international est indissociable de l’agenda français », a fait valoir M. Macron, le 21 août, devant l’Association de la presse présidentielle, qu’il a longuement reçue pour lui expliquer, précisément, les enjeux des grandes tensions mondiales actuelles. A la veille d’une rentrée politique et sociale délicate et chargée, le président se sert de son action diplomatique comme d’un levier, dans le prolongement des préoccupations des Français. La France ayant cette année la présidence tournante du G7, M. Macron avait le choix du lieu et une latitude sur l’ordre du jour qu’il a exploitée au mieux. L’actualité l’a servi : en tirant dès jeudi le signal d’alarme sur le drame de la forêt amazonienne, il a imposé d’entrée de jeu le climat comme l’une des priorités du sommet. Leader d’une puissance moyenne Puis, en menaçant le président brésilien, Jair Bolsonaro, de ne pas ratifier le traité commercial EU-Mercosur, qu’il avait vanté au G20 d’Osaka, mais qui est très critiqué en France, il a désamorcé les oppositions internes. Emmanuel Macron a enfin vigoureusement défendu l’idée d’une croissance plus inclusive et d’une relance budgétaire par les pays qui en ont les moyens. Le président est ainsi monté en première ligne à Biarritz sur trois sujets particulièrement sensibles dans l’opinion publique française : l’écologie, le libre-échange et les inégalités. Et, en choisissant d’expliquer directement aux Français, à la télévision, à l’ouverture et à la clôture du G7, la politique qu’il y mène « en leur nom », il cherche à dépasser l’image de cénacle fermé de ces sommets diplomatiques. Sur le fond, le chef de l’Etat se pose en leader d’une puissance moyenne qui veut peser sur la scène internationale au nom de l’Europe. A Brégançon (Var) le 19 août, il a accueilli Vladimir Poutine pour poser la question de la place de la Russie à la veille du G7 et relancer le sujet de l’Ukraine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Brégançon, Emmanuel Macron tend la main à la Russie, « profondément européenne » A Biarritz, il a « géré » Donald Trump de telle façon que le président américain n’a cessé de tweeter sa satisfaction depuis son arrivée sur la côte basque. Et, lorsqu’il a organisé l’invitation au débotté du ministre iranien des affaires étrangères, Mohammad Zarif, qui a atterri, samedi après-midi à Biarritz, à la surprise générale, pour s’entretenir avec les Européens, les Américains, dûment briefés, n’ont pas osé protester. Qu’a obtenu M. Macron, dans cette frénésie diplomatique ? Pour l’instant, rien de décisif, peut-on faire valoir. Mais le G7, qui s’annonçait au pire comme catastrophique, au mieux comme inutile, s’est transformé en une réunion où les dirigeants ont pu dialoguer sans heurt, y compris sur leurs nombreuses divergences. Des leaders de pays émergents ont été associés à ce club de riches. Surtout, Donald Trump s’est vu imposer un agenda européen dominé par le climat, l’Iran, la fiscalité internationale. Sur plusieurs dossiers, Boris Johnson, le remuant premier ministre britannique, est resté dans le camp européen. A l’heure du Brexit, ce n’est pas passé inaperçu. Article réservé à nos abonnés Lire aussi G7 : Emmanuel Macron à la manœuvre sur l’Iran et les autres dossiers brûlants Le Monde
Editorial. Le président français a animé le sommet de Biarritz avec un volontarisme certain. Et son choix de mettre en avant des sujets sensibles dans l’opinion devrait lui permettre de renforcer sa position sur la scène intérieure.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/26/macron-au-g7-l-audace-comme-levier-diplomatique_5502950_3232.html
mlsum-fr-1576
Vue nocturne de la Terre, prise par l’astronaute britannique Tim Peake, de l’Agence spatiale européenne (ESA), en janvier 2016. TIM PEAKE / AFP La lumière permet, elle aussi, de sonder l’activité économique. Ainsi, depuis début 2018, les économistes du Fonds monétaire international (FMI) évaluent l’intensité lumineuse pendant la nuit pour mieux affiner le calcul de la richesse produite. « Cela concerne essentiellement les pays moins avancés ou qui viennent de sortir d’un conflit, là où les statistiques sont difficiles à obtenir », précise Jiaxiong Yao, économiste au FMI et coauteur de l’étude « Illuminating Economic Growth » (« Eclairer la croissance économique »), publiée en avril 2019. Grâce aux images satellites, quelques centaines d’hectares de la surface terrestre peuvent tenir dans un pixel auquel est associé un chiffre quantifiant l’intensité lumineuse – lequel est de plus en plus précis au fur et à mesure que la résolution des images s’améliore. L’éclairage nocturne est un indice de l’activité économique. Au cours de la nuit, les zones côtières ou les centres urbains scintillent, tandis que les régions pauvres sombrent dans l’obscurité. Les satellites sont parfois les seuls instruments capables de jauger l’activité économique dans les Etats frappés par la guerre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le big data bouleverse la prédiction économique Chiffres du PIB gonflés par les régimes autoritaires « Nous avons remarqué que l’activité économique était bien inférieure à ce que les statistiques officielles montrent dans les pays sortant d’un conflit, et que leur capacité de rebond est aussi plus importante grâce au secteur informel », témoigne Jiaxiong Yao. La corrélation entre intensité lumineuse et produit intérieur brut (PIB) est moins importante dans d’autres pays. Si, chez les émergents, le rythme soutenu de construction d’infrastructures gonfle artificiellement l’intensité lumineuse, il est plus modéré dans les pays riches, où l’économie est tertiarisée. L’indice est également utilisé pour déterminer la croissance dans des pays autoritaires tels que la Chine ou la Birmanie. Auteur, en 2017, de l’étude « How Much Should We Trust the Dictator’s GDP Growth Estimates ? » (« Jusqu’à quel point peut-on se fier aux prévisions de croissance des dictateurs ? »), Luis Martinez, politologue à l’université de Chicago, a démontré, en comparant l’intensité lumineuse et les statistiques officielles, que ces régimes gonflaient les chiffres du PIB de 15 % à 30 %.
Grâce aux images satellites, les économistes peuvent mieux jauger l’activité économique, notamment dans les pays les moins avancés ou qui sortent d’un conflit.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/18/l-intensite-lumineuse-outil-de-calcul-de-la-richesse_5511839_3234.html
mlsum-fr-1577
Tobin Heath, auteure du deuxième but pour les Etats-Unis face à la Suède, le 20 juin. DAMIEN MEYER / AFP Les Etats-Unis passaient leur premier vrai test depuis le début de la Coupe du monde. Après deux victoires acquises contre des adversaires de faible niveau (13-0 face à la Thaïlande et 3-0 face au Chili), la sélection américaine a pu se mesurer à une équipe d’un tout autre calibre. Et effacer le douloureux souvenir de l’élimination en quarts de finale des Jeux olympiques de Rio en 2016 face à ces mêmes Suédoises. Les Américaines se sont imposées sans trop de difficulté (2-0), jeudi 20 juin, au stade Océane, au Havre. Si les deux équipes étaient déjà qualifiées avant cette rencontre, la première place du groupe représentait un enjeu non négligeable. Un cadeau « empoisonné » aussi car en cas de victoire en huitièmes de finale face à l’Espagne lundi 24 juin à Reims, les Etats-Unis pourraient retrouver la France en quarts de finale. De son côté, la Suède affrontera en huitièmes le Canada, mais pourrait se heurter à l’Allemagne au tour suivant. Dans un stade bien rempli (22 000 spectateurs) à défaut d’être totalement plein, et acquis à la cause des Américaines en dépit de la puissance vocale des supporteurs suédois, les joueuses de Jill Ellis – plus vives, plus entreprenantes, plus techniques – n’ont laissé aucune chance à leurs adversaires. Rarement mises en danger depuis le début de cette compétition, elles ont néanmoins pu se rassurer sur le plan défensif face à des Suédoises dépassées mais qui ont joué crânement leurs chances, se procurant quelques bonnes occasions en deuxième mi-temps. Une revanche à prendre Les deux équipes, qui ont disputé toutes les éditions de la Coupe du monde depuis sa création, en 1991, attendaient cette confrontation avec impatience. Leur dernier affrontement dans une grande compétition internationale avait provoqué un séisme : la Suède avait éliminé les Etats-Unis en quarts de finale des JO de Rio en 2016 (1-1, 3-4 aux t.-a.-b.) alors que les championnes du monde en titre n’avaient jamais fait pire qu’une finale aux JO. C’était la première fois que les Américaines étaient éliminées avant les demi-finales d’un grand tournoi planétaire. Ce match avait également fait grand bruit car il avait précipité la retraite internationale de l’emblématique gardienne américaine Hope Solo qui avait qualifié les Suédoises de « bande de lâches » après la rencontre. Les Bleues et Jaunes avaient en effet abandonné tous leurs principes offensifs pour verrouiller tous les espaces en défense. Un casse-tête que n’avaient pas su résoudre les Stars and Stripes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine 2019 : la Suède, toujours placée, jamais gagnante Cette défaite avait été vécue comme un traumatisme par les Américaines, mais a été l’acte fondateur de leur préparation à cette Coupe du monde. Si elles ont été habituées à jouer contre des blocs bas face à des équipes de moindre niveau, c’était la première fois qu’elles y étaient confrontées face à un poids lourd du football mondial. « Ce match m’a fait réaliser que nous avions besoin de joueuses capables de créer elles-mêmes des espaces, de casser les lignes, avait glissé à L’Equipe la sélectionneuse américaine, Jill Ellis, avant le début de la Coupe du monde. Le genre de joueuses capables de faire basculer un match face à une équipe aussi parfaitement organisée. » Depuis cette rencontre, Jill Ellis a testé 61 joueuses avant de trouver le groupe et la formule qui lui convenaient. Le groupe de 23 joueuses amenées à disputer la Coupe du monde en France a été un savant mélange de sang neuf (11 novices dans la liste des 23 pour la Coupe du monde) et d’expérience (81 sélections de moyenne). Elle a également abandonné son traditionnel 4-4-2 pour un 4-3-3 plus offensif. Il y avait donc comme un air de revanche sur la pelouse du stade Océane au Havre, bien que les Américaines s’en défendaient avant la rencontre. La sélectionneuse avait en tout cas choisi de reconduire l’équipe qui avait atomisé la Thaïlande à une exception près avec l’absence de Julie Ertz, touchée à une hanche. Et comme à leur habitude, les Américaines ont très bien démarré leur rencontre. Une opposition un peu plus corsée Si elles avaient eu la décence d’attendre la 13e minute pour ouvrir le score face à la Thaïlande, et la 11e minute face au Chili, elles se sont montrées plus précoces face aux Suédoises en marquant dès la 3e minute par Lindsay Horan, à la réception d’un corner bien tiré par Rapinoe. Il a alors fallu attendre la 20e minute et une belle frappe cadrée de Kosovare Asllani, ancienne joueuse du PSG, pour voir une réaction des Suédoises. Les Américaines ont ensuite contrôlé la rencontre et terminé cette première mi-temps avec 62 % de possession de balle et 13 frappes, contre seulement 3 pour les Suédoises. Le scénario s’est répété dès le retour des vestiaires avec un but d’Heath à la 50e minute qui a récupéré le ballon à droite de la surface avant de déclencher une frappe puissante, contrée, et qui a finalement terminé dans les cages de Lindahl. Si Lloyd semblait bien hors jeu sur le premier centre qui a amené le but, l’arbitre a validé la deuxième réalisation américaine après une nouvelle intervention de la VAR et une énième décision litigieuse. Les Suédoises se sont ensuite procurées quelques occasions et ont pu tester une défense américaine très peu sollicitée depuis le début de la compétition. Mais ni Blackstenius (54e) ni Asllani (69e) n’ont pu tromper la vigilance de Naher et les Américaines ont géré tranquillement la fin de la rencontre. Pour la petite histoire, les Etats-Unis ont battu le record de buts inscrits en phases de poules de la Coupe du monde, avec 18 réalisations. Une performance toute relative tant l’opposition de la Thaïlande était faible. Le succès acquis aux dépens des Suédoises en dit beaucoup plus sur le potentiel et la force de frappe des Américaines, toujours plus favorites pour la victoire finale. Et sur ce qu’elles ont appris depuis Rio.
Les Américaines ont remporté leur troisième match de poules face à la Suède (2-0) et retrouveront l’Espagne en huitièmes de finale.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/20/coupe-du-monde-feminine-les-etats-unis-battent-la-suede-et-realisent-un-sans-faute_5479360_1616938.html
mlsum-fr-1578
La gendarmerie française a annoncé mercredi 28 août avoir neutralisé un réseau de 850 000 ordinateurs infectés par le virus informatique Retadup. Ce dernier était présent à l’insu des propriétaires légitimes de ces ordinateurs et permettait à des pirates d’en prendre discrètement le contrôle. Tout a commencé en mars, lorsque l’entreprise Avast, spécialiste en sécurité informatique et éditrice d’antivirus, a averti l’unité de la gendarmerie spécialisée en cybersécurité, le Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N) de la présence sur le territoire français du serveur permettant de piloter ce réseau. Nettoyage à distance Dans une longue explication postée sur son site, l’entreprise a aussi expliqué avoir découvert une faille dans la manière dont ce serveur central communiquait avec les ordinateurs infestés. La gendarmerie a donc perquisitionné l’hébergeur, qui n’est pas nommé, pour faire une « copie discrète » de ce serveur sans se faire repérer par les pirates. Ensuite, les gendarmes l’ont remplacé par une copie de leur cru qui, exploitant la vulnérabilité repérée, a donné l’ordre aux 850 000 exemplaires du virus de s’autodétruire. La majorité des machines infectées étaient localisées en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Sans que leur propriétaire ne soit au courant, leurs ordinateurs étaient utilisés pour créer de la cryptomonnaie Monero. La gendarmerie a sollicité, et obtenu, l’aide du FBI, car une partie de l’infrastructure du serveur de contrôle était située aux Etats-Unis. La gendarmerie, qui présente cette opération comme une « première mondiale », assure poursuivre ses investigations pour tenter d’identifier les auteurs du programme malveillant.
L’unité spécialisée de la gendarmerie est parvenue à désinfecter à distance ces ordinateurs, utilisés à l’insu de leur propriétaire pour générer de la cryptomonnaie.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/28/la-gendarmerie-a-neutralise-un-reseau-de-850-000-ordinateurs-infectes-par-le-meme-virus_5503771_4408996.html
mlsum-fr-1579
Les joueurs algériens célèbrent leur victoire, dimanche 14 juillet. JAVIER SORIANO / AFP Les « Z’hommes » ont vaincu. L’Algérie s’est qualifiée, dimanche 14 juillet, pour la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) après avoir battu le Nigeria (2-1) dans les dernières secondes du match. Une première depuis 1990, l’année où les Fennecs avaient remporté sur leurs terres leur seul tournoi. Les Verts ont maîtrisé la demi-finale face à des Super Eagles qui n’ont jamais su prendre leur envol. Ils retrouveront le Sénégal pour la finale, vendredi 19 juillet, à 21 heures, au stade international du Caire. Le jour de gloire est enfin arrivé en sélection pour la pépite algérienne, Riyad Mahrez. A la 40e, le capitaine s’est infiltré sur le côté droit de la surface des Nigérians avant de centrer ; le tir doublement contré a rebondi sur le malheureux défenseur William Troost-Ekong et le cuir a fini sa course dans les filets de son gardien. Le reste du temps, les Fennecs ont géré ; le Nigeria n’est jamais rentré dans sa demi-finale, comme si les joueurs de Gernot Rohr avaient été tétanisés par l’enjeu ou de se retrouver face aux Algériens. Alors qu’ils contrôlaient le match, malgré un périlleux repli défensif en seconde période, la demi-finale a basculé pour eux à la 76e : l’arbitre a accordé un penalty pour une main d’Aïssa Mandi après avoir eu recours à l’assistance vidéo (VAR). Cette dernière, supervisée par le Néerlandais Pol Van Boekel, a bien failli anéantir les Algériens. Revenus au score, les Nigérians ont poussé mais dans les dernières secondes, les Fennecs ont obtenu un coup franc, juste à l’entrée de la surface. Riyad Mahrez s’en est chargé. Sublime lucarne à la 95e. Un match se joue jusqu’au coup sifflet final. Règle élémentaire du football. Quelques secondes plus tard, les Fennecs ont pu laisser éclater leur joie, tout comme les journalistes algériens, et les milliers de supporteurs qui sont venus d’Alger ou d’Oran le matin même. Les larmes ont encore coulé. Des supporteurs algériens venus en masse, malgré le prix Cet exploit-là, tout un peuple l’attendait. « Je suis venu assister au triomphe de l’équipe nationale », assure Lotfi, un commerçant de 29 ans, venu le matin de Constantine avec ses amis. Ces supporteurs sont toujours autant surpris lorsqu’on leur demande pourquoi ils ont payé 35 000 dinars – soit deux fois le smic, et l’équivalent de 160 euros (au marché noir) – pour venir assister au match. « Parce que moi, je suis un Algérien de l’Algérie », insiste Mehdi, 22 ans, perruque verte et rouge sur la tête. « C’est un devoir national », enchaîne Aimen Cheriet, dirigeant d’une entreprise. Feriel, 24 ans, est venue de Frankfort. « J’étais en vacances et dès que j’ai vu que l’Algérie s’était qualifiée pour les demi, on a pris nos billets pour Le Caire, explique cette étudiante en génie civil qui vit au Canada. Je voulais voir l’équipe nationale en vrai. Et cette ambiance ! Ils sont fous ces Algériens. Ils sont tous fiers. Le pays, c’est plus que tout. C’est un “feeling” très spécial. » Des milliers de supporteurs arrivés d’Algérie sont rentrés comme des fauves, déchaînés, euphoriques dans le stade. Le temps d’une demi-finale, ces supporteurs ont privatisé l’arène du Caire. Certains se sont filmés en direct sur Facebook pour faire profiter les copains ou la famille restée au bled. Ils se sont mis à courir dans les travées entre des gardiens qui priaient et les policiers qui mangeaient sur une petite table des cacahuètes, du raisin et des graines de tournesol. Des drapeaux marocains ont été brandis : désormais tout le Maghreb s’est uni autour de la bannière verte et rouge. Et les Tunisiens – les Aigles de Carthage ont été éliminés face au Sénégal – seront aussi derrière leurs « frères » algériens. Avant le coup d’envoi, la sono a joué du raï et du Cheb Khaled, les Egyptiens ont donc choisi leur camp : ils ont acclamé les Algériens à l’entrée de la pelouse ; certains ont même revêtu le maillot des Fennecs et se sont ralliés au chant des Verts en entonnant des « One, two, three, viva l’Algérie », et des « Tahia Djazaïr », « Vive l’Algérie » en arabe. Qui aurait cru que cet « ennemi », depuis notamment un match en 2009 qui s’était mal déroulé, deviendrait une fervente groupie ? « Je suis venu soutenir les Algériens, ce sont des Arabes comme nous », raconte Mahmoud, 24 ans. Des centaines d’autres Egyptiens sont venus au stade parce qu’ils pensaient, lorsqu’ils ont acheté leurs billets, que les Pharaons seraient présents à ce stade de la compétition (ils ont été éliminés en huitièmes). Pendant près de deux heures, les Algériens n’ont pas cessé de chanter pour encourager leur équipe sous une chaleur écrasante (34 °C). Ils ont repris La Casa del Mouroudia, un chant qui dénonce avec lyrisme et désespoir les vingt ans calamiteux du règne d’Abdelaziz Bouteflika. Et à la 22e, ils ont crié le nom d’Aboutrika, cet ancien international égyptien, qui portait le numéro 22, et qui vit aujourd’hui en exil au Qatar pour s’être opposé au maréchal Al-Sissi. Tout est politique avec les supporteurs algériens… Les honneurs reviennent à Djamel Belmadi En six matchs, les Fennecs ont impressionné : douze buts marqués, deux encaissés. Ils reviennent de loin… Depuis le Mondial 2014, l’Algérie avait accumulé les mauvais résultats : quarts à la CAN 2017, éliminée dès le premier tour à l’édition suivante, non qualifiée au Mondial 2018. Six entraîneurs se sont succédé en quatre ans. Il a fallu l’arrivée de Djamel Belmadi, en août, pour que l’Algérie retrouve son âme, celle d’une équipe au jeu technique et séduisant. L’Algérie n’avait pas revu une demi-finale depuis 2010. « Je ne pensais pas qu’on arriverait à ce niveau. C’est Djamel Belmadi qui a fait tout cela. C’est un monsieur avec un grand M parce qu’il est courageux avec toutes ces critiques qu’il a pu revoir, il a donné sa réponse sur le terrain », s’enthousiasme Karim, 26 ans, originaire de Sétif. « Et même si on avait perdu face au Nigeria, nous ne l’aurions pas vécu comme un échec parce qu’on a gagné une équipe », se réjouit un autre supporteur. Pour l’ancien international Halim Ben Mabrouk (1986-1989), Djamel Belmadi ne pouvait que réussir : « C’est un rassembleur, il sait gérer les groupes et les ego surtout avec nous les Algériens. Il est humble. Même s’il semble froid et pas facile d’accès, il a un grand cœur. Il a su gérer ce groupe talentueux avec brio. Il sait passer les messages et se montrer autoritaire. » Djamel Belmadi est à une marche de l’histoire, lui sait à quel point une victoire pourrait faire du bien à un peuple qui défie le pouvoir en Algérie depuis le 22 février. Les Algériens sont partis faire la fête : des commerçants autour du stade ont profité de leur présence pour augmenter les prix. Ils ont promis de rester jusqu’à vendredi. Les autorités algériennes ont prévu des avions militaires pour transporter encore plus de supporteurs vendredi 19 juillet. Ce soir-là, Le Caire sera l’autre capitale de l’Algérie… Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 sur WhatsApp
Les Fennecs joueront leur première finale de Coupe d’Afrique des nations face au Sénégal, près de trente ans après avoir remporté la compétition sur leurs terres.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/15/can-2019-riyad-mahrez-envoie-l-algerie-en-finale_5489411_3212.html
mlsum-fr-1580
Une vue de l’entrée du Trump National Doral à Miami, en Floride, en avril 2018. MICHELE EVE SANDBERG / AFP Le président américain Donald Trump a annoncé, samedi 19 octobre, qu’il renonçait à son projet, extrêmement critiqué, d’accueillir, en juin 2020, le sommet du G7 – grand rendez-vous annuel qui rassemble les dirigeants des sept pays développés –, dans un golf lui appartenant, à Miami, en Floride. « Du fait à la fois des Médias et de l’Hostilité Irrationnelle de Dingue des Démocrates, nous n’envisagerons plus le Trump National Doral de Miami pour accueillir le G7 en 2020 », a-t-il écrit sur Twitter, réagissant à des accusations de corruption. « Nous entamerons la recherche d’un autre site, y compris éventuellement Camp David, immédiatement », a-t-il ajouté. Le dernier G7 organisé aux Etats-Unis, en 2012 sous la présidence de Barack Obama, avait eu lieu à Camp David, résidence gouvernementale située dans le Maryland. ....Therefore, based on both Media & Democrat Crazed and Irrational Hostility, we will no longer consider Trump Nat… https://t.co/qJPYSwIfGP — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Réplique des élus démocrates Le chef de cabinet de la Maison Blanche avait annoncé jeudi que ce site serait « le meilleur endroit » parmi une douzaine qui ont été envisagés. La présidence a depuis affronté une volée de critiques, relevant que cette décision violait une multitude de règles éthiques. Lire aussi Le climat ne sera pas au menu du G7 aux Etats-Unis Dès le lendemain, les élus démocrates au Congrès, qui ont déjà ouvert une enquête en vue de destituer de M. Trump, signaient une proposition de loi pour empêcher le projet d’aboutir. Elle était appelée « Trump’s Heist Undermines the G-7 (THUG) Act » (« Le braquage de Trump sabote le G7 »), un jeu de mots avec « voyou » (thug, en anglais). Elle aurait bloqué tout financement fédéral pour ce sommet, même si elle avait peu de chances d’aboutir sachant la majorité républicaine au Sénat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Président Trump, an III : l’homme-spectacle Le Trump National Doral est l’un des actifs les plus importants dans la fortune de M. Trump, mais, selon le Washington Post, il a fortement souffert ces dernières années.
Le président américain dénonce un acharnement des médias et des démocrates, après l’annonce, jeudi par la Maison Blanche, de la tenue du sommet 2020 dans l’un de ses complexes de golf.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/20/face-aux-critiques-donald-trump-renonce-a-accueillir-le-g7-dans-son-golf-en-floride_6016208_3210.html
mlsum-fr-1581
Une photo de Vladimir Poutine dans une station-service de Svilengrad, en Bulgarie, en février 2016. TOMMASO RADA Le sociologue franco-polonais Georges Mink est directeur de recherche émérite à l’Institut des sciences sociales du politique (CNRS-université Paris-Ouest), président de l’International Council for Central and East European Studies, et enseigne au Collège d’Europe Natolin-Varsovie. Il décrypte, dans cet entretien, l’héritage de 1989 dans les pays d’Europe centrale et orientale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trente ans après la chute du mur de Berlin, l’héritage de la réunification continue de fragmenter l’identité allemande Solidarnosc en Pologne, la « révolution de velours » en Tchécoslovaquie, la chaîne humaine des pays baltes, la chute du mur de Berlin, tous ces événements ont eu lieu la même année. Trente ans après, que reste-t-il de l’esprit de 1989 ? Assez peu de choses, en termes de commémorations… On fête peu cette date, sauf en Allemagne. En Pologne et en Hongrie, très peu de choses sont organisées spontanément. Cela s’explique sans doute parce que l’héritage de 1989 subit une sorte de double logique : d’une part, un débat contradictoire – « qui a fait quoi et à qui a profité le crime » – ; d’autre part, cela paraît lointain pour ceux qui sont aujourd’hui à des postes de responsabilité. Néanmoins, l’ombre de 1989 est toujours là, bien plus complexe que la métaphore des dominos, qui consiste à dire que les différentes pièces seraient tombées les unes après les autres, quasi automatiquement. Il y a eu différents agendas. La Pologne a été précoce et a donc essuyé les plâtres. En avançant pas à pas, elle a envoyé le signal à d’autres pays qu’on pouvait aller plus loin et plus vite, avec des ruptures plus radicales. Ces temps différenciés font que l’héritage de 1989 est vécu différemment selon les pays. Quels souvenirs ces transitions ont-elles laissés ? La prudence des acteurs de 1989 autour de la Table ronde polonaise [processus de négociations sur la sortie du communisme] permet, encore aujourd’hui dans la vie politique, de stigmatiser une partie de ces acteurs, au prétexte qu’ils auraient dû rompre plus radicalement avec le communisme. La Table ronde est un véritable levier pour le PiS, le parti populiste au pouvoir en Pologne, qui construit sa narration en grande partie sur cet épisode. Selon lui, les représentants de la Plate-forme civique, c’est-à-dire l’opposition, sont les héritiers directs des négociateurs d’hier qui ont capitulé devant les communistes et permis leur conversion, voire même sécurisé leur entrée dans la démocratie. Un autre phénomène lié à 1989 a trait au désir qu’avaient les sociétés civiles d’en finir, partout, avec le communisme. Ce qui a ralenti les changements, en Pologne comme en Tchécoslovaquie, c’est cette notion de « solidarisme », en concurrence avec l’autre idée consistant à bâtir au plus vite le pluralisme politique. Il y a là une opposition entre des leaders emblématiques tels qu’Adam Michnik, par exemple, qui était pour le maintien d’un mouvement communautaire de type Solidarnosc, en attendant l’arrivée de partis. Le même conflit a opposé, en Tchécoslovaquie, Vaclav Klaus et Vaclav Havel. Klaus avait compris qu’en créant son parti, il allait concurrencer Havel qui, lui, raisonnait encore en termes de mouvement social, antitotalitaire, démocratique. C’était une course de vitesse pour le pouvoir.
Le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989. Le sociologue franco-polonais Georges Mink explique comment, à l’Est, certains exploitent les « jeux de mémoire » au risque de fracturer l’Europe de nouveau.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/08/30-ans-apres-la-chute-du-mur-de-berlin-les-elites-populistes-percoivent-l-ue-comme-un-nouveau-moscou_6018519_3210.html
mlsum-fr-1582
Notre rapport au temps change. Quel rôle a le numérique dans cette évolution ? Le rôle des outils numérique est central car ils rapprochent l’information de la personne : nous n’avons plus besoin d’aller très loin, ni d’attendre. Les téléphones mobiles donnent accès à Internet sur pratiquement toute la planète, dans toutes les langues. Dans les années 2000, Larry Page voulait que Google [qu’il a cocréé] soit « the mind of god », l’esprit de Dieu, capable de « savoir exactement ce que vous voulez et vous donner exactement ce dont vous avez besoin ». Dès que le nombre d’acteurs du numérique a augmenté, l’instantanéité est devenue un critère de compétitivité. S’est alors mise en place une course mondiale pour la livraison de l’information. Une course dans laquelle nous sommes devenus acteurs… Le consommateur a tout d’abord pris l’habitude d’être accroché par des « breaking news » venant des médias officiels qui construisaient leur ligne éditoriale et la diffusait. Puis, ce modèle en étoile a disparu, le consommateur est devenu lui-même producteur d’information. Les sources informationnelles sont désormais multiples, elles viennent aussi des individus et cet effet a été amplifié par les réseaux sociaux. En 2003, un chercheur de Stanford, B.J. Foog, publie un livre autour de la « captologie », des recherches dont la finalité est de capter par tous les moyens notre attention… C’est l’arrivée de l’économie de l’attention et cela marque un tournant. C’est Google, le premier, qui va l’appliquer. Comme son moteur de recherche est un service gratuit, il se rémunère sur la vente de publicité, c’est son modèle économique qui est à l’époque très innovant. Pour ce faire, Google doit garantir à ses clients – non pas les utilisateurs du moteur mais les entreprises annonceuses – qu’il y a bien, derrière l’écran, une audience capable de recevoir les messages publicitaires. Google va développer des algorithmes de recommandation pour garantir et mesurer cette présence. Ce modèle d’affaire, au départ très confidentiel, va se généraliser auprès des grands industriels du numérique qui proposent des services gratuits : édition collaborative, mails, streaming de contenu culturel, réseaux sociaux. Quel impact ont ces algorithmes sur notre façon d’être en ligne ? Ces algorithmes de recommandation, une variante de l’intelligence artificielle, sont imaginés pour vous garder le plus longtemps possible « captif ». Dans tout algorithme existe une fonction objective à optimiser : ici, c’est d’éviter la monotonie du contenu pour accrocher celui qui consomme. Quand vous êtes sur YouTube et consommez une vidéo, par exemple, une autre va vous être proposée. Il s’agit de favoriser le butinage par une information surprenante, un peu extrême, etc. Les ressorts psychologiques actionnés ne sont pas toujours les mêmes. Ces stimuli sont imaginés pour vous étonner, vous inciter à rester plus, et ainsi consommer plus de publicité.
La chercheuse en intelligence artificielle Nozha Boujemaa, ancienne directrice de recherche à l’Inria est directrice science & innovation chez Median Technologies en février 2019. Egalement contributrice du supplément « Science&Médecine » du Monde, elle analyse l’accélération impulsée par le numérique.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/24/les-algorithmes-ne-font-que-vous-appater_5480900_1650684.html
mlsum-fr-1583
LETTRE DE TOKYO Le président américain Donald Trump, assiste à la dernière journée du grand tournoi d’été de sumo, le 26 mai, à Tokyo. AP En assistant, dimanche 26 mai, à la dernière journée du grand tournoi d’été de sumo de Tokyo, le président américain, Donald Trump, a réalisé un rêve partagé par nombre de ses compatriotes et montré à quel point les arts martiaux nippons attirent à l’étranger, au point de devenir une composante de la politique touristique du Japon. Selon une étude de 2018 de l’agence japonaise des sports, 29 % des Américains voyageant au Japon veulent voir du sumo. Ils ne sont pas les seuls : 42 % des Chinois – soit près de 30 % des visiteurs étrangers dans l’Archipel en 2018 – le souhaitent également. L’étude enseignait aussi que les sports de combat faisaient partie des priorités d’une partie non négligeable des touristes. Ainsi, 50,7 % des Chinois veulent voir ou pratiquer du judo, du kendo ou encore du yabusame (tir à l’arc à cheval) ; cette part atteint 37,3 % chez les Américains et dépasse les 30 % chez les Thaïlandais et les Hongkongais. Formation des ninjas La notoriété et les particularités des arts martiaux japonais, réunis sous le nom de « budo », attiraient déjà des pratiquants pour des stages. Ils incitent aujourd’hui plusieurs régions à les exploiter à des fins touristiques. La municipalité d’Iga, dans le département de Mie (Ouest) mise sur son passé de centre de formation des ninjas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Japon, les ninjas reprennent du service… pour les touristes A Okinawa, les autorités ont ouvert en 2017 un centre de promotion du karaté, pratique traditionnelle du petit archipel méridional. « Nous inculquons des valeurs telles que la courtoisie, le respect, l’honnêteté et la loyauté. Je crois que c’est ce qui attire les visiteurs du monde entier », souligne Tetsuo Yamanaka, du service départemental des sports et lui-même enseignant de karaté. Le département de Miyazaki (sud-ouest) mène de son côté une politique autour du kendo (la « voie du sabre »). « Dans les années 1960-1970, Miyazaki était la destination favorite des nouveaux mariés, une mode avait été lancée par la princesse Takako, fille de l’empereur Hirohito (1901-1989). Cette mode est passée. Le département mise aujourd’hui sur le tourisme sportif », explique Tatsuro Murayama, de la promotion touristique de Miyazaki. Le kendo est la version moderne du kenjutsu des samouraïs. Miyazaki en est un des bastions. Les huit derniers champions du Japon en sont originaires. Pour les passionnés, ce département est une destination immanquable. Ils vont s’équiper chez Budo Nippon, magasin spécialisé dans la confection d’armures de kendo et de sabres de bambou utilisés pour cet art martial.
Répondant à l’intérêt des étrangers pour les sports de combat, des régions japonaises misent sur leurs traditions pour attirer une partie des millions de touristes, qui visitent l’Archipel chaque année.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/03/les-arts-martiaux-nouveau-maillon-fort-du-tourisme-au-japon_5470574_3210.html
mlsum-fr-1584
L’arbitre Mehdi Mokhtari, en septembre 2016. JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP C’est une première en France : le match de Ligue 2 Nancy-Le Mans a été interrompu à la 27e minute par son arbitre, Mehdi Mokhtari, vendredi 16 août. Le speaker du stade a alors demandé aux supporteurs lorrains de cesser leur chant homophobe (à destination des rivaux messins, qualifiés de « pédés ») et le jeu a repris – non sans que lesdits supporteurs n’entonnent « La Ligue, on t’enc… ». C’est dire que le chantier est vaste et complexe. Mehdi Mokhtari a en tout cas appliqué l’étape 1 du nouveau protocole contre les expressions racistes ou homophobes, défini par la Direction technique de l’arbitrage, qui peut aller (étape 3) jusqu’à l’arrêt définitif de la rencontre. Après des années de passivité, ce volontarisme peut être salué, comme n’ont pas manqué de le faire Roxana Maracineanu, ministre des sports, et Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations. J’adresse mes félicitations à l’arbitre Mehdi Mokhtari ainsi qu’au délégué de la @LFPfr Alain Marseille qui ont pri… https://t.co/4zUr5wDBdj — RoxaMaracineanu (@Roxana Maracineanu) Le « folklore » n’est pas une excuse Les deux membres du gouvernement avaient déjà été à l’origine d’un premier épisode de médiatisation de la question, en mars, quand la première s’était émue de tels chants lors de PSG-OM. A l’époque, la ministre s’était vu reprocher sa « découverte » d’usages malheureusement habituels – comme l’est d’ailleurs le chant des Nancéiens. Pour sa part, Nathalie Boy de la Tour, présidente de la Ligue de football professionnel (LFP), s’était exposée aux critiques en évoquant un « folklore » : « Je ne suis pas en train de dire que ça doit le rester, mais c’est une réalité. » Force est de lui donner raison – à condition de ne pas faire de ce constat une excuse ou un argument en faveur du laxisme. Le folklore a aussi été invoqué par le président d’un groupe de supporteurs de Nancy, cité par L’Equipe : « Nous, on n’a rien contre les homosexuels. Quand on insulte Metz, c’est plus pour le folklore, la tradition. » L’existence d’une tradition ne justifie pas sa perpétuation, mais y mettre un terme n’est pas une affaire de décret ni de communication. Et si frapper les esprits peut avoir un impact positif, à terme, il vaudra mieux les convaincre. Déjà pour ne pas donner l’impression de désigner des « boucs émissaires », comme l’a suggéré Jean-Michel Roussier, le président de Nancy. Percer les bonnes consciences La difficulté est là, dans la lutte contre l’homophobie : dépasser aussi bien l’indignation moralisatrice que le déni du problème. La Ligue a défini un « plan d’action », annoncé en mai comme « un système complet ». Mais, pour parvenir à percer les bonnes consciences de ceux qui ne voient pas le mal, elle doit s’assurer que les sanctions ne précèdent pas la pédagogie. Il est délicat de se lancer dans l’exégèse des chants et des slogans insultants, mais à la différence de l’injure raciste, intentionnelle et directe en ce qu’elle vise des joueurs racisés, l’injure à caractère homophobe ne cible pas directement les ou des homosexuels. Elle s’inscrit plutôt dans la déplorable culture de la disqualification de l’adversaire par sa féminisation ou par la stigmatisation de son homosexualité supposée. Des procédés si bien intériorisés que, le plus souvent, ils ne sont pas perçus comme sexistes ou homophobes : les supporteurs incriminés se défendent de l’être et, faute de se mettre à la place des victimes de l’offense, ils ne la perçoivent pas. D’où la nécessité de l’explication et du dialogue, notamment entre associations LGBT et de supporteurs – surtout dans un contexte où ceux-ci sont eux-mêmes stigmatisés et privés de droits élémentaires. Progrès et réticences Il faut donc expliquer que si ces images sont rarement le symptôme d’une haine personnelle des homosexuels, elles entretiennent collectivement l’homophobie ordinaire. Laquelle, apparemment bénigne, banalise, voire favorise d’autres niveaux de violences symboliques ou matérielles. Cela revient à expliquer que les temps ont changé, pas forcément en mal. Et que les efforts demandés sont tout à fait soutenables. La langue française a suffisamment de ressources pour renouveler le stock de métaphores insultantes – cela peut même être fait de façon créative, au pays de Cyrano ou d’Audiard. Les progrès de la sensibilisation à l’homophobie dans le football, mais aussi les réticences du milieu à embrasser cette lutte avaient été illustrés par le suivi partiel de l’opération de mai, lorsqu’il avait été demandé aux capitaines de porter des brassards arc-en-ciel. Antoine Griezmann a récemment encouragé les joueurs homosexuels à faire leur coming out, et à en être fier, mais le nombre de footballeurs professionnels européens en activité s’étant déclarés homosexuels est resté à zéro. Zéro pour cent d’homosexuels, soit autant qu’en Iran, officiellement.
L’arrêt du match entre Nancy et Le Mans en raison de chants insultants, vendredi, marque une étape importante à laquelle la lutte contre l’homophobie ne doit pas s’arrêter, écrit notre chroniqueur Jérôme Latta.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/19/lutte-contre-l-homophobie-dans-les-stades-la-difficulte-c-est-de-depasser-aussi-bien-l-indignation-que-le-deni_5500711_3242.html
mlsum-fr-1585
Lancé le 22 juillet d’un pas de tir du sud de l’Inde, l’atterrisseur Vikram de la mission Chandrayaan-2 devait se poser près du pôle sud lunaire. HANDOUT / REUTERS « Un rêve brisé. » Voilà ce que les journaux indiens n’ont pas tardé à titrer sur leurs sites Web, après l’annonce du pire scénario auquel pouvait s’attendre l’Organisation de recherche spatiale indienne (ISRO) : la perte de communication avec la sonde Chandrayaan-2 (« chariot lunaire » en sanskrit), qui devait se poser près du pôle sud de la Lune à 1 h 55, heure indienne, samedi 7 septembre (22 h 25, vendredi 6 septembre, heure française). Treize minutes après le début de sa descente, alors que la réduction de sa vitesse, de 6 048 kilomètres par heure à 7 kilomètres par heure, semblait se dérouler parfaitement normalement et qu’il se trouvait encore à 2,1 kilomètres d’altitude au-dessus de la plaine située entre les cratères Manzimus C et Simpelius N où il devait se poser, l’engin a brusquement cessé d’émettre des signaux en direction de la Terre. « Imaginez un vaisseau spatial traversant l’espace à une vitesse dix fois supérieure à celle d’un avion, et devant presque s’arrêter pour atterrir doucement sur la Terre – le tout en quelques minutes et, plus important encore, sans aucune intervention humaine », suggérait, il y a quelques jours, Amitabha Ghosh, un expert de la NASA. « Ils ont fait de leur mieux » Présent au siège de l’ISRO à Bangalore, dans le sud du pays, Narendra Modi a cherché à consoler les responsables de la mission. « L’Inde est fière de nos scientifiques ! Ils ont fait de leur mieux et ont toujours rendu l’Inde fière. Il y a des moments où il faut être courageux, et courageux nous le serons ! », a déclaré le premier ministre indien sur Twitter. Les dirigeants de l’agence spatiale, eux, affichaient un visage fermé, alors qu’ils avaient applaudi au début de la manœuvre, quelques minutes auparavant. Ils se sont gardés de tout commentaire, déclarant sobrement que « les données » étaient « en cours d’analyse », sans vouloir parler à ce stade d’un très probable crash. Au lieu de rejoindre le club des trois pays ayant jusqu’ici réussi à se poser sur la Lune – l’Union soviétique de 1959 à 1973, les Etats-Unis entre 1966 et 1972, et plus récemment (décembre 2013 et janvier 2019) la Chine –, l’Inde a très certainement rejoint celui des pays ayant échoué à le faire. Jusqu’à présent, relèvent d’ailleurs les scientifiques, seules 45 % des missions visant à alunir ont été couronnées de succès. Le 11 avril, c’est Israël qui avait connu les mêmes déboires. La sonde Beresheet, développée par l’organisation privée SpaceIL en partenariat avec l’entreprise Israeli Aerospace Industries (IAI), avait subi une avarie de dernière minute et s’était écrasée sur la Lune. Le vaisseau Chandrayaan-2 aura décidément connu un destin pénible. Son décollage du pas de tir de Sriharikota, une île du golfe du Bengale située au nord de Madras, aura été reporté maintes fois jusqu’au 14 juillet, lorsque le compte à rebours fut stoppé in extremis, à la suite d’une fuite d’hydrogène liquide dans le moteur cryogénique du lanceur, la fusée GSLV-MkIII. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En réussissant le lancement d’une fusée « low cost », l’Inde prend la route de la Lune Finalement, la sonde spatiale avait réussi à quitter la Terre huit jours plus tard, le 22 juillet. Le 20 août, elle s’était placée en orbite autour de la Lune et le 2 septembre, comme prévu, l’atterrisseur Vikram, ainsi dénommé en hommage au père du programme spatial de l’Inde, Vikram Sarabhai, s’était détaché de l’orbiteur. Une fois posé sur le sol lunaire, Vikram aurait dû libérer Pragyan (« sagesse » en sanskrit), un robot à six roues de 27 kilogrammes chargé de mener durant plusieurs jours des expériences scientifiques sur le terrain. Ce dernier devait déployer ses panneaux solaires et sortir de l’atterrisseur au moyen d’une rampe inclinée. Stratégie à bas coûts Le président de l’ISRO, Kailasavadivoo Sivan, avait prévenu que l’alunissage serait « cauchemardesque ». Au mois de juin, il avait expliqué combien cette mission était « la plus complexe » jamais réalisée par l’ISRO, agence qui avait pourtant réussi l’exploit, en 2014, de placer une sonde baptisée Mangalyaan en orbite autour de Mars. En 2008 par ailleurs, la mission Chandrayaan-1 avait permis d’envoyer une sonde autour de la Lune, laquelle avait apporté la preuve de la présence de molécules d’eau dans le sol, avant que l’ISRO perde le contact avec elle précocement, déjà à l’époque. L’Inde avait l’ambition de poser sa nouvelle sonde à seulement 600 kilomètres du pôle sud de la Lune, afin d’aller vérifier que cette région de l’astre abrite bien quelques millions de tonnes de glace. Un enjeu de taille. Si tel était le cas, les humains pourraient faire de la Lune une station de ravitaillement au profit de ceux qui, dans le futur, viendraient à y séjourner ou à rester longtemps en orbite autour d’elle, comme ambitionne de le faire la NASA en 2024. Article réservé à nos abonnés Lire aussi On va remarcher sur la Lune Le très probable échec de Chandrayaan-2 risque maintenant de jeter un doute sur la stratégie à bas coûts de l’Inde. La mission a nécessité au total 9,78 milliards de roupies (123 millions d’euros) d’investissement, un montant près de six fois inférieur au coût de la sonde chinoise Chang’e-4 partie explorer la face cachée de la Lune au début de cette année. Pour réaliser de telles économies, la fusée indienne était partie avec moins de carburant et avait dû tourner environ trois semaines autour de la Terre pour accélérer et atteindre la vitesse requise pour l’expulsion de la sonde en direction de la Lune. Une destination que la sonde n’est apparemment pas parvenue à atteindre. Seul élément de consolation, l’orbiteur indien, séparé de l’atterrisseur, continue actuellement de tourner autour de la Lune. Le conseiller scientifique en chef du pays, K Vijay Raghavan, a d’ailleurs décrit samedi Chadrayaan-2 comme un « bon technologique très complexe, de taille par rapport aux missions précédentes de l’ISRO » dans une série de tweets. Il a déclaré que l’orbiteur aiderait l’Inde à mieux comprendre l’évolution de la lune, à cartographier les molécules aquatiques et minérales en « utilisant ses huit instruments scientifiques de pointe ». « Après un moment de découragement, il est toujours opérationnel !(...) Bravo à l’ISRO », a-t-il ajouté. L’orbiteur devrait pouvoir continuer à envoyer des images de l’astre à l’ISRO durant quelques semaines encore.
Les communications avec la Terre ont été coupées treize minutes après le début de la descente vers le pôle sud de la Lune, augurant d’un possible crash.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/06/suivez-en-video-l-atterrissage-de-la-mission-indienne-chandrayaan-2-sur-la-lune_5507466_1650684.html
mlsum-fr-1586
L’architecte Jeanne Gang en 2019. SAVERIO TRUGLIA Figure-phare de la scène architecturale de Chicago, Jeanne Gang s’est fait un nom en devenant la femme qui a construit la plus haute tour du monde. Reconnaissable aux balcons blancs ondulants qui sculptent son profil, son Aqua Tower trône depuis 2010 en lisière du Millennium Park, en plein cœur du Loop, le vibrant quartier des affaires de Chicago. Avec la Vista Tower, sortie de terre dans son dos depuis quelques mois, l’architecte est en passe de battre son propre record. Lire le reportage sur la Biennale d’architecture : Pas de quartier pour l’histoire de Chicago Annoncé comme le troisième plus haut gratte-ciel de la ville (après la Willis Tower et la Trump Tower), cet immeuble d’habitation de 101 étages qui offrira à ses habitants, sur son 73e niveau, la plus haute piscine extérieure d’Amérique du Nord, va intensifier cette vague de verre bleu métal qui déferle depuis quelques années sur la skyline de Chicago, et un peu partout dans le monde. Elle se distingue toutefois du tout-venant de la promotion immobilière par son design gracieux, compression de quatre cylindres élancés aux courbes ondulantes, et sa très haute technicité. La Vista Tower, annoncée comme le troisième plus haut gratte-ciel de Chicago (après la Willis Tower et la Trump Tower). TOM HARRIS, COURTESY STUDIO GANG Un projet à Paris Fervente partisane d’une architecture participative et inclusive, impliquant les membres de la communauté, attentive à l’environnement, à la faune et à la flore, Jeanne Gang, femme d’affaires qui siège avec d’autres grands architectes américains comme Frank Gehry ou Elizabeth Diller au comité consultatif de la Biennale d’architecture de Chicago, a mis en place au sein de son agence, le Studio Gang, une politique de stricte égalité salariale entre les hommes et les femmes. Elle milite pour la généralisation de cette pratique à tout le milieu. Alors qu’elle vient de livrer une autre tour à New York, elle a récemment remporté avec son agence le concours de la nouvelle extension de l’aéroport de Chicago et supervise nombre de chantiers qui devraient être livrés dans les prochaines années : la rénovation du Kresge College de l’université californienne UCSC, un centre d’entraînement pour les pompiers, à Brooklyn, New York, la reconversion d’une ancienne centrale à charbon du Wisconsin, destinée à accueillir le Beloit College, une extension du Muséum d’histoire naturelle de New York, ou encore, à Paris, le nouveau siège de l’université de Chicago à Paris, dans le 13ee arrondissement.
Première femme à avoir construit une tour, cette Américaine à la tête d’une importante agence d’architecture réserve un traitement équivalent à ses salariés hommes et femmes.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/23/l-architecte-jeanne-gang-adepte-de-la-hauteur-et-de-l-egalite_6012659_3246.html
mlsum-fr-1587
Carte postale souvenir de Paris et cierge bleu barbeau (Trudon). Audrey Corregan & Erik Haberfeld pour M Le magazine du Monde Perchée sur une colline de Montmartre, avec ses rondeurs romano-byzantines, la basilique du Sacré-Cœur ressemble à un vrai décor de film ou à une carte postale (l’ancêtre du GIF qui portait un timbre). Presque irréel, le monument parvient à décoller de leurs écrans en tout genre les visiteurs, même les plus casaniers. Quoique. Sur place, ils finissent toujours par retrouver une nouvelle version de ce qui les scotchait à leur canapé. Ceux qui ont été élevés au « Jour du Seigneur », pilier de la télévision des années 1980, ou les simples amateurs de documentaires religieux s’intéresseront à « l’adoration eucharistique en continu » proposée dans ce qui reste un lieu de culte consacré avant d’être un fond à selfies, et pourront donc s’inscrire à des sessions de nuit. Attention, cependant, à bien se tenir pendant la prière – mais prendre des notes mentalement pour une future émission de télé-réalité ne dérangera personne. En 2001, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain a fait beaucoup pour la célébrité contemporaine du Sacré-Cœur et enterré le sex-appeal de la Française, réduite à une créature qui, pour sa coupe de cheveux, exige des excuses du manager du salon de coiffure. Sans compter son air halluciné un peu inquiétant – surdose de sucre ou médicament contre la crise bipolaire en train d’agir, on n’est toujours pas sûrs. Ceux qui s’attendent à croiser ce genre de « Française » pourront constater que, dans la réalité, les vraies locales portent plutôt le chignon « bun » couleur beige marron et que, à défaut d’être des altruistes acharnées, elles préfèrent se moquer très ouvertement des bermudas et des Crocs des touristes. 222 marches à gravir Ceux qu’on a arrachés à leur retransmission sportive (mais qui regardent quand même en douce leur chaîne préférée installée sur leur smartphone) auront de quoi se distraire en direct avec les 222 marches qui mènent à la basilique. Deux options s’offrent à eux. Une version passive : regarder les gens monter et commenter en amateur de salon, bière fraîche à la main. Pour l’option active, il faudra monter soi-même et mesurer ses exploits sur son bracelet électronique avant de les publier sur Instagram et Facebook. Enfin, dans Sacré-Cœur, il y a « cœur », et tous les fans de comédies romantiques américaines qui ont l’air d’être sponsorisés par une marque de shampoing ou de dentifrice convergent religieusement vers la basilique. Objectif : y sceller la réalité de leur couple grâce à un selfie. Pour bien marquer leur présence, ils ne font – heureusement – pas pipi sur les murs du monument. Ils attachent plutôt un gros cadenas à leurs initiales sur la grille la plus proche. Des forêts de métal qui inspirent aux locaux un autre type de scénario, plus proche de Massacre à la tronçonneuse. Une chambre de l’Hôtel Môm’Art. Môm'Art Hôtel A dix minutes à pied : l’Hôtel Môm’art C’est peu de dire que l’Hôtel Béarnais a changé de visage. Jusqu’à l’année dernière, l’établissement familial ouvert en 1971, situé face au Théâtre de l’Atelier, au pied de la butte Montmartre, vivait dans la nostalgie de ses grandes années, quand Pierre Brasseur et Brigitte Bardot fréquentaient son bar à l’issue des représentations. Après le décès du fondateur Albert Sellam, ses enfants l’ont remis au goût du jour. Rouvert l’an dernier, le Béarnais se nomme désormais Môm’Art, en référence à Montmartre, à « la Môme Piaf », et à l’art, vers lequel l’hôtel est totalement tourné. Classées par thème, les 24 chambres et une suite mêlent esprit bohème (reproductions d’œuvres de Miró et de Picasso), cocooning (plaids Missoni sur les lits) ou luxe, pour celles de la collection Hermès (produits de beauté à disposition et éléments de décoration signés par la maison). Restaurant avec patio, sauna, salle de fitness. Hôtel Môm’Art, 42, rue d’Orsel, Paris 18e. Chambre double (sans petit déjeuner) à partir de 150 € en basse saison et de 220 € en haute saison.
Parc, librairie, monument… « M » redécouvre cet été des endroits emblématiques de Paris à travers un objet souvenir, une ambiance et un hôtel voisin. A Montmartre, montée fervente vers la plus romantique des basiliques.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/08/02/a-paris-le-culte-du-sacre-c-ur_5495999_4497319.html
mlsum-fr-1588
Un séisme de magnitude 5,2 sur l’échelle de Richter a été ressenti vendredi 21 juin au matin dans la région de Nantes et Angers. Mais ce week-end, d’autres secousses, de l’ordre du riff metal, ont commencé à toucher le site du Hellfest à Clisson, où sont attendus 200 000 festivaliers. Le seul point noir au tableau vendredi était l’annulation des Américains Manowar, tête d’affiche dont la venue avait été annoncée dès l’année dernière. Les barbares musclés du metal étaient présents sur les terres clissonnes dès jeudi, mais ont décidé abruptement de quitter le festival, selon les organisateurs « pour des raisons indépendantes de [leur] volonté ». Dans un communiqué, le groupe se justifie : « Les organisateurs ont entravé nos efforts pour mettre en place le spectacle épique que nous avons conçu », sans fournir davantage de détails. C’est finalement Sabaton, formation suédoise de power metal, qui les a remplacés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le Hellfest est le festival le plus cher de France. Et, paradoxalement, celui qui se remplit le plus vite » Diamond Head et autres valeureux vétérans Vendredi 21 juin, en début d’après-midi à Clisson, le quintet texan Power Trip investit une scène Altar pleine à craquer. Durant les vingt dernières minutes, le quintet thrash le plus en vue du moment ne s’économise pas en termes d’énergie. Le hurleur en chef, Riley Gale, casquette vissée en arrière et bermuda, bouge – ou plutôt saute – comme un rappeur, mais la puissance qui se dégage est bien marquée du sceau metal. Power Trip, Hellfest, 2019. BERNARD MONASTEROLO Sous le chapiteau voisin du Temple, les légendaires Diamond Head donnent leur premier concert au Hellfest. Issu de la nouvelle vague metal britannique des années 70, le quintet n’a jamais goûté au succès de ses compatriotes Judas Priest, Iron Maiden ou Def Leppard, mais peut s’enorgueillir d’avoir dans son fan-club Metallica, qui a repris plus que de raison son répertoire. Pas d’exubérance vestimentaire ni de maquillage sur scène, le groupe à moitié sexagénaire interprète avec générosité ses classiques (It’s Electric, Helpless, I Am Evil) qui fleurent bon la nostalgie. Un peu plus tard sur la même scène, d’autres valeureux vétérans se distinguent aussi. Le trio Venom Inc, tout de cuir clouté, perpétue un heavy rock’n’roll tendu, tel que le défendait un autre trio, celui du légendaire Lemmy Kilmister. Nul doute que Jeff « Mantas » Dunn (guitare) et Tony « The Demolition Man » Dolan (chant, basse) se destinent aussi à jouer jusqu’à leur dernier souffle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le thrash metal, une agressivité qui a fait école Venom, au festival Hellfest de Clisson. BERNARD MONASTEROLO 18 h 30. Les caméras de la scène principale zooment sur un curieux pied de micro en forme de main cyber tenant un crâne. L’analogie futuro-shakespearienne est inspirée de la pochette du nouvel album de Dream Theater. Les New-Yorkais, précurseurs du metal progressif au début des années 90, font toujours autorité en la matière. Le public admire sur écrans leur incroyable virtuosité instrumentale (le claviériste pivote à 360 degrés son instrument pour faire profiter le public de ses prouesses pianistiques) sur une setlist mettant à l’honneur leur dernier album (Distance Over Time), qui s’est hissé notamment en tête des charts germaniques. En dépit de quelques longueurs – les passages solo ultra-techniques, le groupe du guitariste John Petrucci fait heureusement peser la balance davantage vers le thrash nerveux de Metallica que vers le rock progressif démonstratif de Yes, et le public du Hellfest y trouve son compte.
Le festival de Clisson consacré aux musiques extrêmes inaugurait vendredi 21 juin son édition 2019 avec notamment Gojira, Dream Theater, Ultra Vomit et Power Trip.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/22/diamond-head-gojira-et-ultra-vomit-font-trembler-la-terre-au-hellfest_5480135_3246.html
mlsum-fr-1589
Jim Ratcliffe, à Londres en 2014. JUSTIN TALLIS / AFP L’OGC Nice va-t-il bientôt changer de dimension ? Après des mois de tractation, le rachat du club azuréen par le milliardaire britannique Jim Ratcliffe, patron du géant de la pétrochimie Ineos, aux hommes d’affaires sino-américains Chien Lee, Alex Zheng et Paul Conway, qui détenaient l’OGCN depuis 2016, a été validé par l’Autorité de la concurrence, mercredi 21 août. Un dernier obstacle avant que la transaction, estimée à 100 millions d’euros, un record pour un club français, ne soit officialisée, une fois le transfert bancaire effectué. « Par une décision rendue ce jour, l’Autorité autorise l’opération sans conditions particulières », écrit l’instance dans un communiqué. « L’Autorité a constaté qu’à l’issue de l’opération, la nouvelle entité ne détiendra qu’une position très limitée sur les différents secteurs d’activité des clubs de football professionnel, et en particulier sur le marché du transfert des joueurs professionnels, et a donc autorisé ce rachat sans le soumettre à des conditions particulières. » [Concentrations] L'Autorité de la concurrence autorise le rachat de l'@ogcnice par le groupe @INEOS sans condition… https://t.co/3aD4sF4enk — Adlc_ (@Autorité de la Concurrence) Avec son nouvel homme fort, l’OGCN peut légitimement ambitionner de s’installer durablement parmi les outsiders du championnat de France, c’est-à-dire, comme Lyon, Marseille et consorts, de viser chaque année le podium et la lucrative Ligue des champions, tout en rêvant de détrôner le PSG si l’occasion s’en présente. Le Britannique de 66 ans n’est rien moins que l’homme le plus riche du Royaume-Uni. Jim Ratcliffe pèse 21 milliards de livres (24,4 milliards d’euros), selon le Sunday Times, bien plus que le patron de l’OM, Frank McCourt, ou que celui de l’AS Monaco, Dmitri Rybolovlev. En Ligue 1, seuls deux propriétaires de clubs auraient une surface financière supérieure à celle de Ratcliffe : QSI (Qatar Sports Investments) au PSG, mais qui est un fonds souverain, et François Pinault, le président du Stade rennais. Pas d’investissement massif dès cet été Autant dire que les ultras de la Populaire Sud qui avaient décidé de boycotter la campagne d’abonnement vont sans doute revoir leurs plans. Il ne faut toutefois pas s’attendre à des investissements massifs dès cet été, même si le club est sur le qui-vive pour recruter vite et bien avant la fermeture du marché des transferts, le 31 août. En raison des contraintes du fair-play financier, Jim Ratcliffe ne pourra pas non plus dépenser plus que ce que le club ne génère de revenus, comme l’a expliqué Pierre Rondeau, économiste du sport, au micro de RMC : « La règle, c’est qu’il faut dépenser autant que ce que l’on gagne. On ne peut pas s’attendre à voir Jim Ratcliffe poser 1 milliard d’euros sur la table. Mais, petit à petit, il pourra mettre 30, 40, 50 millions d’euros lors des périodes de transfert. » Dans un entretien publié en avril dans Nice-Matin, Robert Ratcliffe, frère de Jim, avait estimé que le rachat de Nice impliquerait « des investissements conséquents, un plan de développement clair et ambitieux sur le long terme », avec comme objectif de se qualifier chaque saison pour la Ligue des champions. Le premier dossier de Jim Ratcliffe devrait concerner l’avenir de l’entraîneur Patrick Vieira, très apprécié sur la Côte d’Azur mais courtisé par plusieurs clubs anglais. Le technicien français avait dû composer avec des moyens plus que limités lors de sa première saison sur le banc niçois, mais le rachat de l’OGCN par le milliardaire anglais devrait le convaincre de poursuivre son aventure dans le club. Il a, en tout cas, récemment affirmé qu’il ne se voyait pas ailleurs qu’à Nice la saison prochaine. Les rumeurs font également état d’un retour du duo Jean-Pierre Rivière, ex-président, et de Julien Fournier, ancien directeur général, arrivés en 2011 mais qui avaient quitté le club azuréen avec fracas, en début d’année, en raison de désaccords avec les anciens propriétaires. Les deux hommes avaient permis à Nice de franchir un cap en recrutant des entraîneurs (Puel, Favre, Vieira) et des joueurs (Ben Arfa, Balotelli, Belhanda) de renom. Le club avait notamment réalisé une saison historique lors de l’exercice 2016-2017 en terminant troisième de Ligue 1. 100 millions pour le rachat Pour racheter l’OGCN au trio Chien Lee, Alex Zheng et Paul Conway, Jim Ratcliffe aurait mis 100 millions d’euros sur la table, établissant ainsi un nouveau record pour un club français. QSI avait dépensé 40 millions d’euros pour racheter 70 % des parts du PSG à l’été 2011, l’OM a été acquis pour 45 millions dépensés par Frank McCourt, et Bordeaux a été cédé aux Américains GACP pour 60 millions d’euros. L’Anglais, fervent défenseur du Brexit, est déjà propriétaire du club de football suisse de Lausanne, actuellement en deuxième division, mais aussi de l’équipe cycliste Ineos, ex sky, qui a remporté avec le Colombien Egan Bernal le Tour de France 2019, et le sponsor principal du bateau anglais postulant à la Coupe de l’America. Il rêvait d’acheter un grand club, et avait mené de vaines négociations avec Roman Abramovitch, le propriétaire de Chelsea, pour tenter d’acheter le club londonien. Pas si étonnant, toutefois, de le voir débarquer à Nice car l’homme a des attaches dans le sud-est de la France : résidant fiscal à Monaco, son énorme yacht – avec sa vingtaine d’employés – mouille souvent à Cap-d’Ail (Alpes-Maritimes), près de la Principauté. « Pas la peine de trop creuser et de chercher une grande stratégie. Ce sont des projets positifs, et j’aime ça, tout simplement », expliquait-il au Monde au moment du rachat de l’équipe cycliste Sky. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cyclisme : Jim Ratcliffe, le controversé milliardaire qui prend le contrôle de l’ex-Team Sky
Le rachat de l’OGC Nice par le milliardaire britannique Jim Ratcliffe a reçu mercredi l’aval de l’Autorité de la concurrence. L’homme le plus riche d’Angleterre pourrait permettre au club azuréen de changer de dimension.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/08/21/ligue-1-nice-bientot-sous-pavillon-anglais_5501358_1616938.html
mlsum-fr-1590
« Nous ne sommes pas en guerre, nous sommes unis » a inscrit sur ses bras une manifestante à Santiago, au Chili, le 25 octobre. PABLO VERA / AFP Dans une série d’articles, Le Monde revient et analyse la flambée de mouvements contestataires dans de nombreux pays. Alger, Beyrouth, Bagdad, Hongkong, Khartoum, Santiago : une flambée de protestations embrase le monde depuis plusieurs mois. Au Chili, l’étincelle est venue mi-octobre d’une mesure visant à augmenter le prix du ticket de métro dans la capitale. Au Liban, c’est une taxe sur les appels WhatsApp qui a mis le feu aux poudres le 17 octobre. Le Soudan, lui, a connu durant huit mois à partir de la fin décembre 2018 une mobilisation aussi spectaculaire qu’inédite à la suite de l’augmentation du prix du pain. Pendant la première moitié du mois d’octobre en Equateur, à l’instar des « gilets jaunes » en France, c’était l’essence. Comme si la planète était soudainement en proie à des convulsions multiples, oscillant entre les mouvements de protestation collective, l’intransigeance ou le sauve-qui-peut des dirigeants. Différentes mesures touchant directement au coût de la vie, et d’apparence souvent dérisoire, ont ainsi provoqué de véritables ondes de choc, caractéristiques de l’effet papillon, libérant une colère populaire contre des élites politiques allègrement brocardées dans les cortèges. Les rues et les places sont occupées. Les poings levés. Autant d’explosions sociales venues s’ajouter à la déferlante de manifestations aux causes plus politiques, essentiellement autour de revendications démocratiques, comme celles survenues en Bolivie, en Catalogne, en Russie, en Algérie, au Nicaragua, au Venezuela ou encore au Kazakhstan. « L’ère du temps est chagrine », disait déjà l’année dernière, dans un entretien au Monde, le philosophe Michel Serres. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Michel Serres : « Ce n’était pas mieux avant, mais ça pourrait être pire après ! » Des tendances de fond A première vue, la contagion d’une ville ou d’un pays à l’autre s’est effectuée en ordre de bataille aléatoire, sans logique apparente. Les contingences sont différentes, les contextes nationaux éminemment singuliers. Il n’empêche. Certains observateurs ont d’abord décelé des fils rouges, ou plutôt un bruit de fond récurrent. A Hongkong, les mouvements de désobéissance civile et prodémocratie, apparus en juin et qui durent depuis vingt-deux semaines dans cette cité davantage connue pour être le berceau du capitalisme chinois et un modèle de relations policés, sont devenus une sorte de « référence » en matière de lutte globale et de revendications aussi bien économiques que politiques. Des techniques de manifestation ont été partagées. Des contacts se sont noués à travers les réseaux sociaux. Ici, les « gilets jaunes » de la petite ville de Commercy, dans la Meuse, ont reçu des messages de soutien de Hongkongais. Sur place, certains d’entre eux ont reçu à leur tour des remerciements de la part de manifestants chiliens. Et quand les Catalans sont allés bloquer l’aéroport de Barcelone le 14 octobre, ils ont affirmé s’inspirer des méthodes de Hongkong. Qui en retour a vu s’afficher, par solidarité, le 24 octobre, en plein centre-ville, des centaines de drapeaux catalans brandis par des manifestants pour dénoncer « le même destin tragique »…
Malaise profond, ralentissement économique, creusement des inégalités, corruption, écrasement des classes moyennes, jeunesse sans avenir, marginalisation politique… Le monde est en proie à une flambée de mouvements contestataires.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/08/de-hongkong-a-santiago-une-contestation-mondialisee_6018419_3210.html
mlsum-fr-1591
« Cette grève n’est donc que le symptôme aigu et la partie visible de l’iceberg de la maladie globale de l’hôpital et de l’accès aux soins de premiers recours. » (Photo : entrée des urgences de l’Hôtel-Dieu, rue de la Cité, à Paris.) Alain Le Bot / Photononstop Tribune. La grève des personnels de santé travaillant dans les services d’urgence des hôpitaux partout en France était prévisible. Ce mouvement, démarré à la mi-mars, fait écho à un profond malaise et à l’épuisement généralisé de ces femmes et hommes qui s’engagent depuis des années pour soigner l’ensemble de la population au sein de cette institution d’accueil ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Cette mobilisation est le reflet de la dégradation généralisée de l’accès à l’hôpital. Les services d’urgence ont vu leur fréquentation doubler en vingt ans, sans que jamais les moyens financiers, structurels et humains ne soient à la hauteur. Les soignants en sous-effectifs sont épuisés et ne peuvent plus assurer leur mission. Ils sont à bout physiquement et psychologiquement et ne trouvent plus de sens à leur travail au sein d’un système au bord de l’implosion. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux urgences, la crainte du manque de personnels soignants durant l’été En tant qu’association médicale intervenant en France auprès des populations vulnérables, nous nous inquiétons de cette dégradation généralisée de l’accès aux soins dans notre pays. Depuis plusieurs années, nous alertons les pouvoirs publics de la mise à mal de ce service public primordial. Nous la constatons lors des consultations que nous menons chaque jour au sein de nos centres de soins. Le rôle de la contrainte budgétaire Ainsi près de 40 % des patients que nous soignons nécessitent une prise en charge urgente et plus de la moitié d’entre eux présentent un retard de recours aux soins. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle cache souvent des situations d’abandon social qui engendrent renoncement et rupture dans la continuité nécessaire des soins. C’est pourquoi, dans des logiques de survie, ces personnes ont recours aux services d’urgences. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux urgences de Lons-le-Saunier, des soignants ont été réquisitionnés sur ordre du préfet Cette grève n’est donc que le symptôme aigu et la partie visible de l’iceberg de la maladie globale de l’hôpital et de l’accès aux soins de premiers recours. Les causes sont connues : la contrainte budgétaire, les fermetures de lits et de services, le management industriel, le manque d’effectifs, la concurrence inégale avec les cliniques privées qui laissent à l’hôpital la gestion des pathologies lourdes et chroniques et la prise en charge des situations de détresse sociale. Au-delà de la problématique liée à l’hôpital, c’est la place du soin de premier recours qui est questionnée et plus globalement d’une médecine ambulatoire non régulée, mal coordonnée, avec ses déserts médicaux, administratifs et sociaux. Une médecine ambulatoire mise dans l’incapacité de relever les défis du vieillissement de la population, du développement des maladies chroniques et du creusement des inégalités sociales et territoriales de santé.
Médecins, infirmiers et personnels soignants de Médecins du Monde, salariés et bénévoles, s’alarment, dans une tribune au « Monde », de la dégradation des conditions de travail dans les services d’urgence des hôpitaux.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/17/medecins-du-monde-la-greve-des-urgences-signe-d-une-degradation-generalisee-de-l-acces-aux-soins_5490460_3232.html
mlsum-fr-1592
Aux États-Unis, les quartiers résidentiels les plus aisés ne sont pas toujours les mieux pourvus en caméras de vidéosurveillance publiques. C’est pourtant dans ces quartiers que se développe une nouvelle forme de surveillance, popularisée notamment par le succès de Ring, la sonnette vidéo d’Amazon, explique le journaliste Alfred NG (@alfredwkng) sur Cnet (@cnet). Le dossier de Cnet consacré à Ring et ses enjeux. A l’origine Ring est une startup ukrainienne rachetée en janvier 2018 par Amazon pour un milliard de dollars. Elle fait partie des nombreux investissements que l’entreprise américaine a réalisés pour structurer et diversifier son offre de produits connectés domestiques. Moins connus que l’emblématique assistant vocal Alexa, des dizaines de milliers d’Américains ont pourtant équipé leur porte d’entrée de cette sonnette vidéo qui ne se déclenche pas seulement quand on sonne, mais aussi quand elle détecte un mouvement. La caméra ne surveille pas que ceux qui cherchent à venir chez vous… mais également les mouvements de la rue ou de la cour devant votre domicile. Pour tout bon défenseur de la liberté individuelle, cette épidémie de caméras privatives ne devrait pas prêter à discussion… sauf qu’elles ne sont pas si privatives qu’annoncées et que la somme de ces actes individuels n’est pas sans conséquence sur la société. Des caméras pas si privées que cela D’une manière surprenante, nombre de services de police américains ont largement promu ces nouveaux objets auprès des habitants, en proposant même des réductions voire un équipement gratuit… Cette promotion un peu particulière n’était pas sans contrepartie : la police a promu l’équipement en échange d’un accès aux vidéos enregistrés par les caméras (un accès qui n’est pas automatique, mais qui se fait sur demande de la police). Ring s’est pourtant défendue de promouvoir ces offres. Les clients de Ring ont le contrôle de leurs vidéos, a déclaré récemment l’enseigne. Ils décident seuls de partager ou non leurs enregistrements et s’ils veulent acheter ou pas un service de stockage des enregistrements (à partir de 3$ par mois). Si Ring a offert des appareils à des services de police ou à des associations, Ring ne soutient pas de programmes qui obligent les utilisateurs à partager leurs vidéos avec d’autres, s’est défendue la marque. Mais dans les faits, rapporte Alfred NG, ce n’est pas exactement ce qu’on constate… Aux États-Unis, plus de 50 services de police locaux se sont associés à Ring pour promouvoir le service, souvent en échange d’un accès aux images dans des zones où la police est souvent dépourvue de moyens de surveillance. Autant de caméras qui permettent à la police de bénéficier de nouvelles sources d’enregistrement vidéo, tout en proposant un service visant à tranquilliser les usagers. Ceux-ci bénéficient également d’une application sociale de partage des vidéos des caméras baptisée Neighbors (Voisins). Cette application (qui aurait déjà plus d’un million d’utilisateurs) permet de partager, regarder et commenter des vidéos et des informations sur la sécurité des quartiers. On y croise bien sûr des vidéos de vols et de crimes, des vidéos de comportements suspects ou délictueux, des vidéos d’incidents urbains… Pour Mohammad Tajsar avocat de l’American civil liberties union (@aclu), nous avons là « un mariage parfait entre forces de l’ordre, particuliers et grandes entreprises pour créer les conditions d’une société dont peu de gens voudraient faire partie ». Sur Ring, la police a accès à un tableau de bord où elle peut demander des séquences filmées à des moments précis sur requête auprès des utilisateurs ou directement auprès de Ring. Vers des réseaux de vidéosurveillance sans contrôle démocratique ? Carte de déploiement des caméras vidéo Ring à Bloomfield, New Jersey. À Bloomfield, New Jersey, le quartier est presque entièrement couvert de caméras. En 2017, le responsable de la police de Bloomfield avait tenté de lancer un programme de vidéosurveillance volontaire. À l’époque, 442 lieux équipés de caméras s’étaient inscrits, surtout des entreprises. Aujourd’hui, il estime que le réseau Ring sur Bloomfield représente un accès à plus de 4000 caméras ! Pire, rapporte Cnet : installer un plan de vidéosurveillance en ville est souvent compliqué ! Il faut décider où les implanter, faire voter la proposition au Conseil municipal… pour une technologie où chaque caméra coûte encore très cher et dont le rapport efficacité/coût peut-être très discuté (voir Vidéosurveillance : où avons-nous failli ?). Or, Ring permet à la fois d’économiser l’argent public et surtout de contourner le processus démocratique qui décide de son installation… Le réseau de vidéosurveillance n’a plus besoin d’une décision collective ou publique pour devenir effectif ! À Mountain Brook, Alabama, le responsable de la police explique d’ailleurs qu’il n’a désormais plus besoin d’un réseau de vidéosurveillance public ! À Hammond, Indiana, la ville a subventionné l’achat de caméra avec l’aide de Ring : les 500 caméras sont parties en une semaine ! 600 autres ont été installées grâce à un programme de réduction proposé par la ville. Pour l’avocat de l’ACLU, « le public subventionne les atteintes à la liberté en agissant ainsi ». À Houston, la police a lancé un concours pour gagner des caméras à condition que les lauréats acceptent d’ouvrir un accès à la police lorsqu’elle en ferait la demande… Et dans plusieurs villes, quand 20 personnes s’inscrivent, Ring offre une caméra ! Pour le juriste Eric Piza, la police agit désormais dans l’intérêt d’entreprises commerciales (qui se rémunèrent surtout sur l’abonnement mensuel pour stocker les images). À Bloomfield pourtant, les gens n’ont pas inondé d’images la police. Les demandes de la police restent souvent sans réponses, sauf lorsque les agents se déplacent pour les demander en personne… dans ce cas, il est souvent plus difficile de refuser ! En décembre dernier, Ring a envisagé introduire une technologie de reconnaissance faciale pour ses sonnettes, permettant de reconnaître des personnes suspectes et d’en alerter directement la police. Mais la proposition n’a pas été très bien reçue… Amazon qui développe son propre logiciel de reconnaissance faciale, Rekognition (que l’entreprise vend aux forces de l’ordre) a rencontré également une forte contestation, notamment du fait des erreurs et des biais de genres, de classes et de race de ces outils. Mais malgré les contestations externes comme internes, le récent conseil d’administration d’Amazon a rejeté l’abandon du logiciel. Cela n’empêche pas dès à présent la police, elle, d’utiliser les technologies qu’elle souhaite sur les vidéos récupérées depuis Ring, comme celles lui permettant de lire et reconnaître les plaques minéralogiques des voitures suspectes… Des outils anxiogènes qui laissent les utilisateurs à leur anxiété Cartographie par défaut des incidents signalés sur une application de surveillance : le danger est partout ! Brian X Chen (@bxchen), responsable de la rubrique Tech Fix pour le New York Times revient sur le développement des réseaux de surveillance de quartiers aux États-Unis, comme Nextdoor, Streety ou Citizen (des réseaux sociaux locaux de surveillance de quartiers), trois des applications parmi les plus téléchargées aux États-Unis. Si ces applications ne reposent pas sur la vidéosurveillance, elles dispensent souvent des alertes préoccupantes dès que quelque chose d’inquiétant se déroule dans le quartier où vous habitez. Le problème, estime le journaliste du New York Times, c’est que ces applications sont particulièrement anxiogènes, alors même que la criminalité n’a cessé de chuter ces dernières années… Comment ne pas succomber à la paranoïa en les utilisant ? Et ce d’autant que Citizen ou Neighbors de Ring notifient par défaut sur leurs applications les incidents signalés dans le quartier sur les 30 derniers jours, comme pour rendre chaque quartier plus criminogène qu’il n’est. Pour s’en prémunir, le journaliste recommande de changer ce paramètre par défaut pour ne faire s’afficher que les incidents du dernier jour. De désactiver les notifications et de ne les utiliser qu’en cas de besoin. Les promoteurs de ces applications soulignent néanmoins que sur Ring comme sur Nextdoor, l’essentiel des signalements ne concerne pas la criminalité ou la sécurité, mais plutôt des animaux perdus ou des rues en travaux… Pourtant, les solutions proposées par Brian Chen sont peu satisfaisantes : elles remettent toujours la responsabilité sur l’utilisateur final, sans interroger les choix par défauts que proposent ces systèmes. Ces entreprises proposent des outils par nature anxiogènes qui, par leurs choix de conception mêmes, renforcent l’angoisse de ceux qui les utilisent. Sous prétexte de liberté individuelle, ils ont un impact direct sur nos libertés collectives… Le choix des individus s’impose à tous les autres, sans offrir aux autres le moindre recours pour s’y opposer… Le panopticon sécuritaire d’Amazon annonce déjà ses prochaines extensions. Un brevet, repéré par Quartz, projette de proposer prochainement une surveillance par drone des habitations. Et de nouveaux produits Ring sont annoncés : notamment des caméras embarquées pour les voitures… En janvier 2019, The Intercept avait révélé que des employés de Ring était capables de regarder des images en direct à partir des caméras de leurs clients (une information démentie par l’entreprise, mais maintenue par le journal d’investigation), soi-disant pour permettre aux employés d’aider les algorithmes à mieux catégoriser les objets – et ce alors que Ring assure ne pas utiliser d’outils de reconnaissance d’image… La mise en réseau change la nature de la vidéosurveillance privée La mise en réseau de fonctions de surveillance privatives en transforme assurément la nature et la puissance. Les capacités d’affiliation proposées par Amazon à la police ou aux utilisateurs de Ring sont de puissants leviers pour conquérir et élargir le public qui a recours à ces outils, normalisant insidieusement la vidéosurveillance ainsi que la surveillance de voisinage. La promotion et la subvention publique également. Pour le professeur Chris Gilliard (@hypervisible), de telles plateformes sécuritaires favorisent le racisme et l’intolérance, explique-t-il sur Vice. Vice, qui a fait une rapide recension de vidéos postées sur l’application sociale de Ring note qu’une majorité d’entre elles sont clairement racistes alors qu’elles concernent des délits souvent mineurs… beaucoup par exemple se plaignent de livreurs qui ne sont pas suffisamment précautionneux dans leur travail. Chris Gilliard parle de Digital Redlining pour désigner ces pratiques. Le Redlining fait référence à une pratique discriminatoire consistant pour les banques, les assurances et les services de santé de refuser d’investir dans certains quartiers (bien évidemment les plus pauvres et les plus noirs des États-Unis) délimités d’une ligne rouge par les investisseurs… Si la pratique a été interdite dès la fin des années 60, le numérique lui donne une nouvelle réalité, souligne Gilliard. En 2016, une enquête de Bloomberg avait révélé qu’Amazon avait tendance à refuser l’accès à la livraison dans la journée à la plupart des quartiers de minorités. À Boston, le quartier noir de Roxbury, était le seul où la livraison le jour même n’était pas disponible, alors que tous les quartiers qui entouraient Roxbury, eux, étaient livrés dans la journée ! Pour Gilliard, plus de caméras ne signifient pas plus de sécurité, en tout cas pas pour les communautés les plus marginalisées. Plus de caméras, c’est d’abord moins de sécurité pour ceux qui sont contrôlés par celles-ci. Et le professeur de rappeler qu’il y a une différence très significative entre une alarme qui se déclenche lors d’une intrusion à son domicile et un système qui surveille et enregistre en permanence tous types de signaux dont l’interprétation est libre… Un récent rapport de l’ACLU qui faisait le point sur le développement de la vidéosurveillance aux États-Unis recommande que les acteurs du secteur de l’analyse vidéo ne puissent être autorisés à déployer des fonctions d’analyse sans approbation législative, sans contrôle extérieur et sans analyse d’impact de leurs effets sur les droits civils notamment. Depuis 2016, l’ACLU a d’ailleurs lancé CCOPS, une initiative de projets de règlements locaux pour permettre aux communautés d’exercer un contrôle sur les méthodes de surveillance de la police et obtenir plus d’information sur les modalités de surveillance utilisées par les forces de police. Un exemple qui montre bien qu’il n’y a pas que la question de la reconnaissance faciale qui est problématique avec la vidéosurveillance. Le contrôle démocratique du déploiement même du réseau à l’heure de son ubérisation par Ring l’est tout autant ! Hubert Guillaud
La police américaine est friande des sonnettes vidéo connectées vendues par Amazon. Qui lui donnent accès à de nouvelles sources de surveillance.
https://www.lemonde.fr/blog/internetactu/2019/06/26/la-sonnette-video-et-la-democratie-en-amerique/
mlsum-fr-1593
LUCILLE CLERC Entretien. Maître de conférences en histoire de l’art à l’université de Nantes, Thomas Renard est l’auteur d’un article intitulé « Le mythe de la cabane ou l’histoire primitive de l’architecture », qui a été publié par 303, une revue culturelle des Pays de la Loire. Quelle place est faite à la cabane dans l’histoire de l’architecture ? Pour Vitruve, au Ier siècle avant J.-C., la construction des premières cabanes marque le début de l’architecture et du chemin des hommes vers la civilisation. Après lui, tous les théoriciens qui ont essayé d’imaginer l’origine des constructions humaines se sont penchés sur cette idée de la cabane primitive. L’abbé Laugier place en frontispice de son Essai sur l’architecture (1753) une gravure représentant une cabane composée de quatre troncs d’arbres sur lesquels quelques branches ont été dressées pour former un toit. Cette image est non seulement celle de l’origine de l’architecture, mais elle devient alors un modèle de beauté que les architectes devraient garder à l’esprit. Le rationalisme d’Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle, puis le modernisme d’Auguste Perret, de Mies van der Rohe ou encore Le Corbusier au XXe siècle conservent l’image de cette cabane primitive comme modèle idéal de beauté. La disparition des ornements au profit d’une structure poteau-poutre clairement lisible est la conséquence de cette pensée, quand bien même le béton armé aurait remplacé le bois. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La cabane, symbole de liberté et de résistance Quelles sont ses significations symboliques ? L’idée symbolique de la cabane rejoint celle d’un idéal de pureté et de simplicité que la société n’aurait pas corrompu. Elle s’oppose à la décadence des mœurs que trahirait l’exubérance de décors surchargés. Le Corbusier choisit ainsi de passer ses derniers étés dans un cabanon ergonomique et fonctionnaliste à Roquebrune-Cap-Martin. Dans le cadre de la pensée rousseauiste, la cabane revêt aussi les vertus morales attachées au mythe du bon sauvage. Pour autant, c’est déjà un acte de culture qui arrache l’homme à l’état de nature et le protège d’un monde menaçant, à l’image de celle que se construit Robinson Crusoé dans le roman homonyme de Daniel Defoe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux USA, l’engouement pour les « tiny houses » Dans un mouvement inverse, elle peut servir de refuge à l’homme cherchant à fuir les villes pour tenter de renouer un lien avec la nature. Il y a une dimension politique dans cette retraite loin de villes nocives qui corrompraient la nature humaine en accélérant artificiellement le temps. Dans Walden (1854), livre qui a eu une influence durable sur l’imaginaire des Etats-Unis, l’anticonformiste Henry David Thoreau raconte les deux ans durant lesquels il se coupe de la société pour vivre en autarcie dans une cabane. L’œuvre du grand architecte et urbaniste américain Frank Lloyd Wright se situe dans l’héritage de cette pensée tout à la fois émancipatrice et anti-urbaine.
L’historien en art et en architecture Thomas Renard explique, dans un entretien au « Monde », pourquoi et comment la cabane a survécu à la modernité.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/09/thomas-renard-l-idee-symbolique-de-la-cabane-rejoint-celle-d-un-ideal-de-purete-et-de-simplicite_5497913_3232.html
mlsum-fr-1594
Tribune. « Pousser la Russie loin de l’Europe est une profonde erreur stratégique », expliquait le 27 août Emmanuel Macron. Le propos, qui s’adressait au corps diplomatique, ne fait pas nécessairement consensus et la relation d’Etat à Etat pose des questions stratégiques et éthiques complexes. Mais la dimension étatique n’est pas tout. La Russie, c’est aussi 140 millions d’habitants éduqués aux portes de l’Union européenne (UE), un marché et un vivier de talents qui peuvent jouer un rôle important en matière de développement technologique. L’Europe, on le sait, a des difficultés à faire émerger des champions internationaux qui soient comparables aux Gafam (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft). Le rayonnement des Etats-Unis leur a permis d’attirer parmi les meilleurs talents venant du monde entier, du moins jusqu’à ce que l’administration Trump referme les frontières même aux immigrants les plus qualifiés. L’incroyable pouvoir d’attraction de la Silicon Valley sur les ingénieurs de la planète se conjugue à une infrastructure financière parfaitement huilée et à l’excellence des institutions universitaires pour constituer une combinaison qui reste unique au monde. L’existence d’un tel mécanisme de protection, qui ne serait pas spécifique à la Russie, permettrait de débloquer la confiance envers les projets, fournisseurs, investisseurs ou individus qui n’auraient pas été identifiés comme à risque En Europe, on l’oublie parfois, c’est la Russie qui peut revendiquer aujourd’hui les plus beaux succès en matière de moteur de recherche (Yandex), de serveur d’e-mail (Mail.ru), de réseaux sociaux (VKontakte) ou de messagerie (Telegram) – les deux premiers sont valorisés respectivement 11 milliards et 5 milliards d’euros au Nasdaq et au London Stock Exchange. Des succès qui s’expliquent par la taille significative du marché russe mais, surtout, par des générations d’ingénieurs et de programmeurs surdoués – de ce point de vue, il y a des résonances entre les cultures françaises et russes. Des passerelles existent déjà. Blablacar, l’une des rares plates-formes françaises à portée internationale, a compris l’intérêt de se tourner vers l’est, autant d’un point de vue financier que de taille de marché. La société a levé 21 millions d’euros dès 2016 auprès du fonds d’investissement Baring Vostok. Rappelons, à cet égard, que les investisseurs russes sont nombreux à être en prise directe avec l’écosystème international. On pense notamment à Iouri Milner, le milliardaire russo-israélien, ex-PDG de Mail.ru, qui a investi par l’intermédiaire de son fonds DST Global dans Facebook, Airbnb, [la start-up britannique] Revolut et [l’américain] Chime. Ou à Len Blavatnik, le fondateur d’Access Industries, né en Ukraine à l’époque soviétique, qui est l’actionnaire majoritaire de Deezer.
Le monde du « high-tech » ne doit pas négliger la Russie, où ingénieurs et investisseurs sont à l’origine de succès importants, même si certaines précautions doivent être prises, observe François Véron, dirigeant d’un fonds d’investissement spécialisé.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/24/la-russie-est-un-marche-et-un-vivier-de-talents-technologiques_6012776_3232.html
mlsum-fr-1595
Parler de laïcité au sein du gouvernement, c’est comme conduire une brouette pleine de grenouilles : ça saute dans tous les sens. La journée de dimanche 13 octobre en a offert une nouvelle illustration. Elle s’est focalisée autour d’un serpent de mer du débat public : peut-on accepter, au nom de la laïcité, que des mères de famille voilées accompagnent des enfants dans le cadre de sorties scolaires ? La question ressurgissait à la faveur d’un esclandre provoqué, deux jours plus tôt, par un élu du Rassemblement national au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ; il avait bruyamment demandé à une femme voilée accompagnant des écoliers, dont son fils, de quitter l’hémicycle, avant de publier la vidéo de son coup d’éclat sur les réseaux sociaux. Lire aussi Au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, un responsable du RN agresse une femme voilée Dimanche midi, donc, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, s’est indignée contre l’attitude « choquante » de l’élu. « Je n’ai pas de difficultés à ce qu’une femme voilée participe à des sorties scolaires, a-t-elle assumé. L’intégration et l’inclusion, c’est faire en sorte que des femmes qui sont peut-être enfermées dans leur communauté soient au contact d’autres femmes. » Une « position personnelle », a-t-elle précisé. Car, au même moment, sur l’antenne de BFM-TV, son collègue ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait lui aussi une position personnelle à exprimer. Certes, « la loi n’interdit pas aux femmes voilées d’accompagner les enfants, a-t-il d’abord reconnu. Mais nous ne souhaitons pas encourager le phénomène. Le voile, en soi, n’est pas souhaitable dans notre société ». « Jamais cela n’a posé problème » Quelques heures plus tard, Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du numérique et ancien conseiller d’Emmanuel Macron à l’Elysée, convoquait pour sa part ses souvenirs de sorties scolaires, à Villeurbanne (Rhône), en compagnie de « camarades de classe [qui] venaient de familles musulmanes ». « De nombreuses fois, leurs mères nous accompagnaient. Voilées, parfois. Jamais cela n’a posé problème. Jamais je n’ai assisté à un quelconque prosélytisme », a-t-il assuré sur Twitter. « Ce n’était pas en réaction aux propos de Jean-Michel Blanquer mais du conseiller régional RN », jure-t-on dans son entourage. M. Blanquer a néanmoins reçu un soutien franc de la part du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, lundi matin, sur Franceinfo : « Je ne crois pas qu’il soit souhaitable que, demain, dans la société française, les femmes soient voilées. Je veux une nation unie, sans communautarisme, fidèle à notre culture de l’égalité entre les femmes et les hommes. »
Le débat autour du port du voile, déclenché à la suite d’un esclandre provoqué par un élu régional RN, fait resurgir les différences idéologiques au sein de la Macronie.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/15/le-gouvernement-se-cherche-sur-la-laicite_6015558_823448.html
mlsum-fr-1596
Après avoir dominé une mi-temps chacun, l’Olympique de Marseille et Rennes ne se sont pas départagés (1-1), dimanche 29 septembre pour la 8e journée de Ligue 1, et continuent d’avancer avec le frein à main. Verre à moitié vide ou à moitié plein pour l’OM ? L’équipe d’André Villas-Boas ne gagne plus mais n’a plus perdu depuis la première journée et reste la seule de L1 avec une seule défaite au compteur. Sa série en cours de trois nuls l’a fait redescendre à la 5e place, mais les nombreuses absences, Alvaro et Florian Thauvin blessés, Dimitri Payet et Boubacar Kamara suspendus, tempèrent le jugement. Le Stade rennais (8e) reste, lui, sur six matchs sans victoire, en comptant la Ligue Europa, avant de se rendre à la Lazio Rome jeudi. Mais le nul est juste entre deux équipes qui ont gagné chacune une mi-temps, les Bretons grâce à Mbaye Niang (19e), les Provençaux avec le premier but de Duje Caleta-Car pour l’OM (52e). Des Rennais dominateurs dans le premier acte Côté jeu, la première période de l’OM est un peu inquiétante, et la première titularisation de Valentin Rongier, à la place de Maxime Lopez, n’a pas été très saignante. Mais l’ex-Nantais s’est bien repris, comme son équipe, après la pause. Plus entreprenant, Rennes a logiquement ouvert le score grâce à un débordement de son capitaine, Damien Da Silva, dont le centre en retrait a été coupé par Mbaye Niang. L’international sénégalais a devancé Hiroki Sakai, qui a dévié le ballon. Les Marseillais, devancés sur de nombreux ballons, ont souffert en première période. Jordan Amavi, pris en grippe par le Vélodrome depuis un moment déjà, a raté beaucoup de gestes, déclenchant à chaque fois des bordées de sifflets. Le stade a hurlé de joie quand André Villas-Boas l’a sorti à la pause pour Nemanja Radonjic, Hiroki Sakai prenant son poste de latéral gauche et Bouna Sarr redescendant le couloir droit. Ce changement n’explique sans doute pas tout, mais l’OM est revenu bien plus agressif des vestiaires, à l’image de la rage de Duje Caleta-Car pour marquer enfin son premier but olympien, d’une tête décroisée sur un corner de Bouna Sarr. Et le corner avait été gagné par l’entrant Radonjic. Sur la prouesse d’un double sauvetage de Steve Mandanda devant Adrien Hunou (85e), la chanson du capitaine marseillais a retenti, pour la première fois depuis bien longtemps : « Il Fenomeno Mandanda ! » Le public marseillais préférait visiblement juger le verre à moitié plein, mais il faudrait que l’OM réapprenne à gagner pour reprendre sa marche vers le podium.
Le troisième nul successif en L1 de l’OM, concédé dimanche contre Rennes, laisse les Marseillais hors du podium. Dans ce championnat encore très serré, Rennes piétine également.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/29/ligue-1-rennes-et-marseille-font-du-sur-place-1-1_6013542_3242.html
mlsum-fr-1597
« La littérature économique n’offre pas de réponse univoque sur les liens entre concurrence, taille et innovation. Le degré de concurrence optimale et la nocivité des pouvoirs de marché peinent à être évalués. » DPA / Photononstop Tribune. Le 6 février, la Commission européenne interdisait le projet de concentration franco-allemand entre Siemens et Alstom. Les controverses se sont enchaînées. Les critiques émises par Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances, qui avait qualifié cette décision de « grossière erreur », ont conduit un collectif composé d’une cinquantaine d’économistes, au contraire, à justifier cette décision à cause des restrictions de concurrence que cette fusion aurait pu engendrer (« Alstom-Siemens : pourquoi la Commission a raison de rejeter la fusion », Les Echos du 12 février). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le veto à la fusion Alstom-Siemens, un électrochoc pour l’Europe Certains arguent que le droit européen de la concurrence s’oppose à l’émergence de « champions européens » dans le domaine technologique et qu’il nuit à la compétitivité et à l’innovation, adossées à la taille des entreprises. Les rapports, à ce sujet, se multiplient (Commission européenne, Autorité de la concurrence, Inspection générale des finances, Conseil d’analyse économique). Promotion de l’innovation Pour le juriste, la réalité est nuancée. Il est vrai que l’innovation vient perturber l’application du droit européen de la concurrence. Ses instruments fondamentaux – la délimitation du marché pertinent et le pouvoir de marché – qui constituent les préalables indispensables à l’intervention de la Commission, sont rendus bien plus complexes par l’innovation. L’exercice de délimitation du marché pertinent se heurte à des situations où les produits ne sont pas encore identifiables. Les difficultés apparaissent également au stade de l’analyse des restrictions de concurrence. La littérature économique n’offre pas de réponse univoque sur les liens entre concurrence, taille et innovation. Le degré de concurrence optimale et la nocivité des pouvoirs de marché peinent à être évalués. Mais l’application du droit européen de la concurrence joue déjà un rôle actif dans la promotion de l’innovation. Il permet de lutter contre les captations de rentes issues de l’innovation et il contribue à la circulation de l’innovation et, donc, à la diffusion des connaissances scientifiques ou technologiques parmi les entreprises. Tout d’abord, le droit européen de la concurrence offre une réponse équilibrée aux accords de normalisation et aux accords de regroupement de technologies. Par exemple, un accord de normalisation, destiné à l’élaboration d’une norme de télécommunications (4G ou 5G), peut présenter un risque « d’embuscade de brevet ». Si une entreprise dissimule l’existence de ses droits de propriété intellectuelle, les entreprises parties à l’accord peuvent devenir prisonnières de la norme.
En accordant au droit de la concurrence le rôle d’assurer la promotion de l’innovation, l’Union européenne a créé une situation d’incertitude juridique qui doit être levée, analyse la juriste Marie Cartapanis, dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/05/alstom-siemens-le-droit-europeen-de-la-concurrence-doit-se-renouveler_5496604_3232.html
mlsum-fr-1598
Rakka n’en finit pas de compter ses morts. Mercredi 3 juillet, les autorités de la ville syrienne ont révélé avoir mis au jour un charnier qui pourrait contenir jusqu’à 800 corps, dans le camp Al-Talaa. Deux cents dépouilles ont déjà été excavées depuis début juin, dans cette fosse commune laissée par l’organisation Etat islamique (EI) dans ce qui fut la « capitale » de facto de son « califat », de janvier 2014 à sa reconquête par les Forces démocratiques syriennes (FDS) avec le soutien de la coalition internationale, en octobre 2017. Cinq corps habillés d’une combinaison orange, tenue parfois portée par les otages de l’EI, ont été retrouvés. « Ils ont été menottés et abattus d’une balle dans la tête », a déclaré Yasser Al-Khamis, le directeur de l’équipe de première urgence, qui estime que leur mort remonte à environ deux ans. Trois corps de femmes, qui semblent avoir été lapidées, ont également été retrouvés. « Leurs crânes ont subi de graves fractures, avec des marques de lapidation », a précisé M. Khamis. Lire le reportage : En Syrie, deux femmes dans la débâcle de l’EI Non loin de là, dans la banlieue agricole d’Al-Fukheikha, au sud-ouest de la ville syrienne de Rakka, les hommes de l’équipe de première urgence avaient terminé d’excaver cette semaine les dernières tombes d’une autre fosse commune. Selon M. Khamis, le directeur de l’équipe de première urgence, 632 corps – dont 46 ont été identifiés par leurs proches – ont été retrouvés depuis la découverte, en janvier, de ce cimetière improvisé dans un champ de 20 000 mètres carrés. Le mauvais temps et la menace des pièges explosifs, mais aussi le peu de moyens à la disposition des urgentistes, ont ralenti les opérations. A Al-Fukheikha, la plupart des corps excavés ont été enterrés dans des sépultures individuelles, dans le respect de la tradition musulmane. Les hommes de la défense civile en ont conclu qu’ils appartenaient à des combattants de l’EI et des membres de leurs familles. Certains portaient des uniformes militaires. « Les combattants venaient la nuit enterrer les corps. Des gens du coin les ont aidés contre 3 000 livres syriennes par tombe. Ils ont enterré des combattants, des civils morts à l’hôpital et dans des bombardements », avait confirmé en mars au Monde Abou Hassan, un paysan. Dépouilles enterrées ensemble Membres de l’EI ou simples civils, victimes des exactions du groupe djihadiste ou de bombardements : pour l’équipe de première urgence, la différence importe peu. Les dépouilles sont enterrées ensemble dans un cimetière public, une fois répertoriées pour que leurs proches puissent les identifier ultérieurement. « On ne peut pas oublier ce que l’on voit ici, parfois on trouve des nouveau-nés. On aide simplement les gens à trouver leurs proches disparus », témoigne Hassan Mohamed, un membre de l’équipe de première urgence. Ce travail titanesque est réalisé par une équipe de 108 hommes mise sur pied par le conseil civil de Rakka, en parallèle des missions traditionnelles dévolues aux pompiers. Huit autres charniers datant du règne de l’EI ont déjà été fouillés depuis janvier 2018 : trois charniers importants avec de 500 à 800 corps chacun, et cinq plus petits contenants quelques dizaines de corps chacun. Ce sont près de 2 000 corps qui ont ainsi été extraits de ces fosses communes. D’autres charniers ont été localisés avec l’aide d’habitants mais, ils doivent être déminés avant que les travaux puissent commencer. En comptant les corps extraits des décombres après les combats ou retrouvés enterrés par les gens dans leurs jardins, ce sont plus de 4 200 corps qui ont été retrouvés par l’équipe de première urgence, selon les estimations de M. Khamis. Parmi eux se trouvent des victimes des exactions des djihadistes, et aussi des civils – 1 600 selon les ONG Amnesty International et Airwars – tués par la coalition internationale pendant les combats, de juin à octobre 2017. Depuis juillet 2018, l’organisation Human Rights Watch souligne la « tâche monumentale » que constitue l’identification des corps et appelle la communauté internationale à fournir une aide technique et des formations aux autorités locales. Composée de deux médecins légistes, l’équipe de première urgence de Rakka ne dispose pas des moyens de la médecine légale moderne. « On n’a pas le temps de prendre des photos et on n’a pas le matériel pour faire le prélèvement ADN. On espère un jour avoir du matériel plus pointu pour identifier les corps qui ne l’ont pas été », dit Yasser Al-Khamis. Un dossier sommaire est établi pour chaque dépouille mortelle où est indiqué le lieu où elle a été retrouvée, le nom de la personne s’il est connu et une description des vêtements. « Il y a rarement des choses qui permettent de les identifier : souvent Daech a tout pris, notamment les papiers d’identité », précise M. Al-Khamis. Dans l’attente Certaines familles savaient où étaient enterrés leurs proches. D’autres les ont reconnus grâce aux dossiers. « Beaucoup de familles, qui sont aujourd’hui à Alep, Damas ou Homs ont reconnu leurs proches grâce aux documents électroniques, à partir de la description des vêtements ou de bijoux. Certaines ont pu récupérer les corps pour les enterrer », se félicite le directeur de l’équipe de première urgence. Mais 256 familles, qui se sont signalées à ses services, sont toujours dans l’attente de nouvelles de leurs proches disparus. A l’échelle de la Syrie, ce nombre est bien plus grand encore. Le Réseau syrien pour les droits de l’homme a recensé 8 143 cas d’individus détenus par l’EI, dont le sort reste inconnu. « Seuls des charniers de Rakka ont été fouillés. Il n’y a que là où une équipe existe. Il y a énormément d’autres charniers, notamment à Deir ez-Zor. Mais il y a aussi tout un travail d’enquête à faire pour retrouver les disparus », souligne Nadim Houry, l’ancien directeur du programme terrorisme et lutte antiterroriste de Human Rights Watch. En mai, à Paris, il avait appelé avec la coalition des familles des personnes enlevées par l’EI, nouvellement créée, à la mise sur pied d’un mécanisme de coordination entre les familles, les responsables locaux et les pays de l’alliance anti-EI pour gérer les enquêtes.
Si 200 corps ont déjà été exhumés, le charnier situé dans l’ancienne « capitale » de l’Etat islamique pourrait contenir au total plus de 800 victimes, d’après un responsable local.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/03/syrie-plus-de-200-corps-retrouves-dans-une-fosse-commune-a-rakka_5484983_3210.html
mlsum-fr-1599
Le ministre de l’agriculture et de l’alimentation, Didier Guillaume, a déclaré, mardi 8 octobre à l’Assemblée nationale, que les productions agricoles autres que le lait affectées par l’incendie de Lubrizol commenceraient à être indemnisées au plus tard « la semaine prochaine ». « Pour le lait, les choses sont réglées, les avances sont faites, et aucun agriculteur, aucun éleveur ne sera sur le bord du chemin », a déclaré M. Guillaume lors de la séance des questions au gouvernement. « Vous m’interrogez sur le maraîchage et sur l’arboriculture, les choses sont en train d’avancer », a répondu le ministre à Sébastien Jumel, député communiste de Seine-Maritime. « Je reçois les organisations professionnelles agricoles jeudi après-midi et, dès la fin de semaine ou la semaine prochaine, les premières indemnités arriveront », a affirmé M. Guillaume. Le ministre a soutenu que la « la solidarité ser[ait] totale » : « Il est hors de question, parce que les agriculteurs sont des victimes, qu’un seul agriculteur mette la clé sous la porte à cause de cette catastrophe industrielle. » « Les pollueurs seront les payeurs » Si l’interprofession laitière a annoncé dès le 3 octobre avoir mis en place un « dispositif exceptionnel d’avance » pour les éleveurs, pour les autres productions plusieurs scénarios sont sur la table, a-t-on fait savoir au ministère. Pour les productions mises sous séquestres autres que le lait – fruits et légumes, produits transformés, viande, notamment –, les autorités attendent les résultats définitifs des analyses pour connaître réellement le niveau de perte, avant d’expertiser les demandes d’indemnisations et les avances qui en découleraient, a-t-on fait savoir de même source. « Peu importent les canaux par où arrive l’argent, (…) les avances seront faites. A l’arrivée, les pollueurs seront les payeurs, mais en attendant, la solidarité jouera pleinement », a conclu M. Guillaume. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendie à Rouen : Normandie Logistique n’a « jamais indiqué clairement » les quantités de produits qu’elle stockait
Le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, a assuré mardi devant les députés que « la solidarité jouerait pleinement » avec les agriculteurs affectés par l’incendie de l’usine Lubrizol à Rouen.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/08/lubrizol-apres-les-producteurs-de-lait-les-agriculteurs-indemnises-la-semaine-prochaine_6014727_3244.html
mlsum-fr-1600
Les présidents Emmanuel Macron (France) et Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique) au palais de l’Elysée, à Paris, le 5 septembre 2019. Benoit Tessier / REUTERS La paix est l’objectif déclaré de Faustin-Archange Touadéra. Dans un entretien accordé jeudi 5 septembre au Monde Afrique, le président de la République centrafricaine aura prononcé ce mot à de multiples reprises. De passage à Paris pour une rencontre avec Emmanuel Macron, M. Touadéra se félicite par ailleurs que la France reprenne sa place de partenaire historique de son pays. La France était particulièrement investie en Centrafrique avant votre élection en 2016. Avez-vous eu le sentiment d’un délaissement après votre accession au pouvoir ? Il faut reconnaître que nous avions souhaité que la force « Sangaris » [l’opération militaire française déployée en Centrafrique entre décembre 2013 et octobre 2016] poursuive sa mission et avons regretté son retrait. Mais aujourd’hui, nous voyons qu’un certain nombre de programmes ont été rétablis, notamment dans le renforcement et la modernisation de l’administration centrafricaine. Depuis notre dernière rencontre avec le président Macron, il y a un véritable réengagement de la France aux côtés de la Centrafrique, que ce soit diplomatiquement, sur les actions de terrain ou les projets humanitaires. Lire aussi Centrafrique : la ministre française des armées en visite à Bangui Mais avant que la France revienne, la Russie s’est considérablement investie. Ne craignez-vous pas que votre pays devienne un terrain d’affrontements entre grandes puissances ? « Tous les pays amis qui veulent apporter leur soutien pour ramener la paix et la stabilité sont les bienvenus. » Je ne le pense pas. La coopération avec la Russie ne date pas d’aujourd’hui, elle existe depuis les années 1960. Aujourd’hui, la Russie fournit à la Centrafrique des moyens létaux pour nos forces de défense et il n’y a pas de raison qu’il y ait des affrontements avec la France. Ce n’est pas notre ambition. Aujourd’hui, la Centrafrique a de nombreux défis et tous les pays amis qui veulent apporter leur soutien pour ramener la paix et la stabilité sont les bienvenus. Les conflits qu’on évoque entre la France et la Russie n’ont pas lieu d’être. Les deux pays doivent travailler en Centrafrique en toute synergie pour que la paix revienne. La presse en a fait beaucoup et a donné l’impression qu’il y avait des conflits entre ces deux pays, mais les autorités centrafricaines font en sorte qu’il y ait la transparence. La France, qui est le partenaire historique de la Centrafrique, a sa place. La Russie, qui apporte quelques éléments de soutien dans la fourniture d’armes, a également sa place pour nous aider à obtenir la paix et la stabilité. Les Nations unies ont fait état d’une diminution des violences depuis un an, mais votre pays demeure le théâtre d’affrontements réguliers entre groupes armés, comme dimanche à Birao. L’accord de paix de Khartoum signé en février avec quatorze groupes armés est-il en danger ? Nous continuons de travailler pour que cet accord puisse nous profiter. Pour l’instant, c’est le seul instrument que nous avons pour aller à la paix et la réconciliation. Nous invitons donc tous nos partenaires à le soutenir. Cet accord suppose des défis quotidiens pour le renforcer. Depuis sa signature, il y a eu des accalmies. Les mécanismes prévus dans le cadre de cet accord sont mis en œuvre par le gouvernement et ses partenaires. Cela fonctionne. Il y a quelques défis en ce qui concerne les groupes armés qui traînent les pieds. Il y a des violations qui ont été identifiées et reconnues et nous travaillons pour que toutes les dispositions de l’accord soient mises en œuvre. C’est vrai qu’il y a quelques problèmes, mais l’accord n’est pas en difficulté. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Centrafrique, un pion sur l’échiquier russe Mais deux chefs de guerre, Mahamat al-Khatim puis Sidiki Abbas, viennent d’annoncer leur démission des fonctions officielles qui leur avaient été octroyées par cet accord. Cela ne traduit-il pas un malaise ? C’est une question d’appréciation. Je pense que le comité de suivi a pris à bras-le-corps ce problème. Nous regrettons évidemment que Mahamat al-Khatim et Sidiki Abbas démissionnent de leurs fonctions parce qu’ils estiment qu’un certain nombre de clarifications n’ont pas été données sur leur poste, mais ils ne remettent pas en cause l’accord. Nous allons travailler à ce qu’ils reviennent pour qu’on aille vers le désarmement. C’est l’intérêt de tous. L’accord de Khartoum ne vous soumet-il pas au bon vouloir des groupes armés, qui jouent le jeu de la paix quand cela leur profite et relancent les hostilités dès que les décisions ne leur conviennent pas ? « Depuis ma prise de fonction, je ne fais que cela : discuter pour faire taire les armes. » Non ! Nous avons signé un accord qui prévoit des engagements de la part des uns et des autres. Le gouvernement a vingt et un engagements, les groupes armés en ont dix. Nous avons mis en place des mécanismes de suivi dont l’article 34 mentionne que si on a des difficultés, on se réunit et on discute. C’est ce qui se fait dans le cadre du comité exécutif de suivi. Evidemment, l’appréciation des uns et des autres varie. Il faut donc faire un travail sur les hommes, sur la compréhension de l’accord. C’est ce que nous faisons. Nous avons signé un accord dont tout le monde a vu l’intérêt et nous travaillons sur cette base pour que chacun mesure ses bénéfices. Depuis ma prise de fonction, je ne fais que cela : discuter pour faire taire les armes. Lire aussi A Khartoum, la Centrafrique se cherche un chemin vers la paix Le chef antibalaka Maxime Mokom est chargé du programme de désarmement des combattants. Sidiki Abbas, dont le groupe est accusé d’avoir massacré 46 personnes près de Paoua en mai, était, avant sa démission, conseiller du premier ministre. N’est-ce pas une prime à l’impunité ? L’élément fondamental de cet accord est qu’il respecte la Constitution. Notre Constitution dit non à l’impunité et l’accord prend des dispositions pour lutter contre l’impunité. Il n’empêche pas la justice de faire son travail, et le fait que certains soient au gouvernement ne signifie pas que la place est laissée à l’impunité. Tout le monde, y compris les groupes armés, est d’accord pour dire non à l’impunité et rappeler que nous devons aller à la paix et à la justice. Nous avons mis en place une commission inclusive pour identifier et qualifier un certain nombre de crimes. Nous travaillons dans le sens de la lutte contre l’impunité, mais il faut au préalable qu’il y ait la paix, que tout le monde soit rassuré, pour que nous allions vers la justice. La justice sera là. Une Cour pénale spéciale a vu le jour il y a près d’un an à Bangui, avec pour mission de juger les exactions les plus graves commises depuis 2003. Pourquoi ne pas avoir transféré devant cette juridiction des chefs antibalaka comme MM. Ngaïssona et Rombhot, qui sont aujourd’hui dans l’attente d’un procès devant la Cour pénale internationale (CPI) ? Nous n’étions pas informés que la CPI devait arrêter M. Ngaïssona. Il a été arrêté en France. M. Rombhot, lui, a été arrêté dans le cadre de l’accord que nous avons avec la CPI. Je pense qu’aujourd’hui, la Cour pénale spéciale a les moyens de commencer son travail et d’atteindre ses objectifs. Lire aussi En Centrafrique, un nouveau premier ministre proche de la Russie Vous avez été élu à la présidence il y a un peu plus de trois ans. La majeure partie du territoire échappe encore à l’autorité de l’Etat. Jusqu’à quel point pensez-vous avoir les commandes du pays ? « Nous sommes un Etat en reconstruction. C’est une période difficile qui demande la mobilisation de tout le monde. » Vous savez quel était l’état de notre pays au moment de l’élection. Nous sortons de crise et les séquelles sont nombreuses. Il y a le problème de l’insécurité, une armée totalement effondrée que nous reconstruisons pour la redéployer, une administration en lambeaux que nous sommes en train de reconstruire. Nous sommes un Etat en reconstruction. Nous sommes en train de reconquérir la paix et la stabilité pour notre pays. C’est une période assez difficile qui demande la mobilisation de tout le monde. C’est ce que nous sommes en train de faire. Nous avons hérité d’une situation et il faut reconnaître le travail qui est fait pour que le peuple puisse retrouver la quiétude. On a pu croiser Alexandre Benalla dans le hall de votre hôtel. L’avez-vous rencontré ? L’avez-vous croisé dans ma suite ? Je suis dans un hôtel et je ne sais pas ce qui se passe dehors, dans les couloirs ou ailleurs.
Le président de la République centrafricaine a rencontré Emmanuel Macron pour désamorcer les tensions nées du rapprochement avec Moscou.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/07/faustin-archange-touadera-les-conflits-entre-la-france-et-la-russie-n-ont-pas-lieu-d-etre-en-centrafrique_5507547_3212.html