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mlsum-fr-1401
Romario, le 4 juillet, à la distillerie Longueteau où il est employé. PHILIPPE VIRAPIN/REA POUR « LE MONDE » Il fait 34 degrés Celsius et le taux d’humidité de l’air approche les 100 % près d’une plage de Basse-terre (Guadeloupe). Romario saute de son fourgon de livraison et rejoint, guilleret, le bureau de son patron. Dix-huit mois qu’il tient son premier Graal : un contrat à durée indéterminée. Pas question de succomber à la tentation de la sieste. Sourire accroché aux lèvres, boucles dorées grosses comme des billes aux oreilles, chaîne du même métal au cou et montre scintillante au poignet, un pas faussement nonchalant. Ce midi, le jeune homme est le premier livreur de la distillerie Longueteau à terminer sa tournée. Le petit gars de Pointe-à-Pitre chambre un peu ses collègues moins diligents. Puis, brutalement, se fige, menton levé, regard dardé sur la ligne d’horizon ; sa main gauche frappe sa cuisse. Sans une injonction, Romario est au garde-à-vous. Passait par là le commandant Joffredo, officier supérieur du régiment du service militaire adapté (RSMA) de Guadeloupe. Cela fait pourtant un an et demi que Romario a quitté le treillis. Mais l’habitude est ancrée. « Le respect », explique-t-il. Le régiment, à reculons Ancien volontaire du RSMA, Romario Tel n’a jamais tenu un fusil d’assaut. C’est en 2017, sous la pression bienveillante de sa mère, femme célibataire et « potomitan » (le pilier de la famille antillaise), qu’il a franchi à reculons les portes du régiment. Un an plus tôt, le lycéen a décroché un bac professionnel « conduite et gestion de l’entreprise agricole ». Il avait ensuite passé de longs mois « à ne pas faire grand-chose ». L’inactivité est une pente sur laquelle glissent 76 % des 15-24 ans de Guadeloupe, et dont le jeune homme a pu observer l’une des issues chez de nombreux jeunes de son « quartier chaud » de Vieux-Bourg, dans la commune des Abymes : « Vendre de la dope ». Pour éviter la dégringolade, Romario entre dans les rangs. Ceux du RSMA. Entre les Antilles et ce régiment très spécial, l’histoire commence il y a soixante ans : en réponse aux émeutes de Fort-de-France de décembre 1959, et alors que la métropole concentre ses ressources sur le conflit algérien, le général Némo, à la tête des forces militaires Antilles-Guyane, élabore en 1961 un projet de défense nationale visant à encadrer les jeunes en grande difficulté, en leur dispensant une formation professionnelle qui réponde aux besoins économiques locaux (transport, bâtiment, tourisme, aide à la personne…). Depuis, des régiments similaires ont essaimé sur l’ensemble des départements et territoires d’outre-mer ainsi qu’en métropole, à Périgueux. Aujourd’hui, ce sont environ 6 000 jeunes, garçons et filles, qui, chaque année, tentent de se construire un avenir au sein du service militaire adapté, dont 800 en Guadeloupe.
Deuxième chance (5/6). Originaire de Pointe-à-Pitre, le bachelier est entré au régiment service militaire adapté (RSMA) de Guadeloupe pour éviter la « dégringolade ». Il y a dix-huit mois, il a décroché un CDI dans une distillerie.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/16/en-guadeloupe-romario-21-ans-est-rentre-dans-le-rang_5500088_4415198.html
mlsum-fr-1402
Dans une pharmacie, à Nice, le 11 juillet 2019. ERIC GAILLARD / REUTERS Editorial du « Monde ». La maîtrise des dépenses de santé est un exercice difficile et impopulaire. Le gouvernement aurait pu, une fois de plus, miser sur un effet placebo pour s’attaquer au sujet. Il a préféré opter pour un traitement de choc. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a ainsi annoncé, mardi 9 juillet, que les médicaments homéopathiques allaient être totalement déremboursés au 1er janvier 2021. Cette décision, courageuse au regard des 10 % de Français qui ont recours à cette médecine alternative, tient à la fois de la rationalité scientifique et de la nécessité économique. Lire aussi L’homéopathie va être progressivement déremboursée Le plus étonnant est que le pays de Descartes et de Pascal ait pu se satisfaire pendant tant d’années d’une politique de remboursement unique au monde, qui défiait la rigueur scientifique la plus élémentaire. L’argument de base pour la prise en charge d’un médicament par la collectivité à travers l’Assurance-maladie consiste à démontrer son efficacité thérapeutique. Lorsque, en 1984, la ministre de la santé de l’époque, Georgina Dufoix, décide d’accorder le remboursement à 65 % de l’homéopathie, la décision est prise sans évaluation scientifique préalable, mais essentiellement du fait de ses convictions personnelles sur le sujet. Son successeur, Jean-François Mattéi, n’avait fait que couper la poire en deux en baissant le taux de remboursement à 35 % en 2003. Il aura donc fallu attendre trente-cinq ans pour que l’on sollicite la Commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) afin d’établir officiellement que l’efficacité des médicaments homéopathiques n’est pas scientifiquement prouvée et que, donc, ils ne peuvent prétendre à être remboursés. Réaffirmer certains principes Cela ne veut pas dire que l’homéopathie soit inutile. Simplement, il y va des traitements comme de la température : il y a ce qui est mesuré scientifiquement et ce qui est ressenti de façon subjective. Il n’existe pas de preuves scientifiques de l’efficacité de l’homéopathie, bien que le vécu des patients utilisateurs puisse, de bonne foi, être positif. Si l’argument doit être entendu et que l’on doit se garder de tout mépris à l’égard de cette médecine, rien ne justifiait que les cotisations sociales des Français financent des traitements basés sur un effet placebo. A une époque où la défiance vis-à-vis de la médecine conventionnelle prend de l’ampleur, comme le montrent les mouvements antivaccins, il était nécessaire que le gouvernement réaffirme certains principes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Déremboursement de l’homéopathie : en Alsace, l’incompréhension de toute une filière Courageuse, cette décision l’est aussi sur le plan économique. L’argument de dire que le manque à gagner pour l’Assurance-maladie est faible (un peu plus de 0,6 % des dépenses totales) se retourne contre ses partisans : si la dépense est faible, elle ne grèvera pas de manière importante le budget de ses utilisateurs (à peine une vingtaine d’euros par an en moyenne). Enfin, voir derrière le déremboursement la main du lobby des laboratoires conventionnels, c’est faire peu de cas de celui mené par Boiron, leader mondial de l’homéopathie, qui mobilise et tente d’influencer en sa faveur décideurs politiques, médecins et patients. Il ne s’agit pas d’une entreprise philanthropique, et l’on peut s’interroger sur un modèle économique où l’on vend – même pour un prix modique – des produits dont il n’est pas avéré que l’activité pharmacologique soit supérieure à celle d’un placebo. Ce n’est certainement pas aux cotisations payées par les assurés de garantir la viabilité de ce modèle, aussi respectable soit-il, alors que l’évolution des dépenses de santé commande de choisir ses combats pour mieux les mener. Lire aussi 4 questions pour comprendre le déremboursement de l’homéopathie Le Monde
Editorial. La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé, mardi 9 juillet, que ces médicaments allaient être totalement déremboursés à partir du 1er janvier 2021. Attendu, ce choix est cohérent.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/11/deremboursement-de-l-homeopathie-une-decision-logique_5488108_3232.html
mlsum-fr-1403
Une affiche de campagne de Justin Trudeau, dégradée par des inscriptions l’accusant d’hypocrisie sur la question climatique, le 18 octobre à Montréal. LOUIS BAUDOIN / AFP La dernière fois que les Canadiens s’étaient exprimés dans les urnes, nombre d’entre eux estimaient qu’il s’agissait là d’une bataille existentielle pour l’âme du pays. A l’époque, en 2015, le jeune Justin Trudeau, fils prodige du flamboyant Pierre Elliott Trudeau, premier ministre pendant près de quinze ans (1968-1979 puis 1980-1984), remporta haut la main les élections fédérales, renvoyant dans les cordes le très austère Stephen Harper, indéboulonnable chef de file d’un parti conservateur usé par dix ans de pouvoir. Au terme d’une folle campagne, il sut s’imposer dans un pays que l’on disait trop grand, trop compliqué à gérer pour ce quadra qui n’avait jamais présenté un seul projet de loi durant ses quatre ans passés au Parlement. Justin Trudeau fit souffler un vent nouveau sur ce Canada engourdi après des années marquées par l’austérité et le repli sur soi. Pour ses partisans, la victoire marquait le retour des valeurs canadiennes – tolérance, ouverture et progressisme – que les gouvernements précédents avaient abandonnées. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Aux élections fédérales canadiennes, Maxime Bernier, candidat du populisme Le scrutin du lundi 21 octobre a été tout autre. Maladresses et scandales ont terni l’étoile du premier ministre. Reparti en campagne le 11 septembre, avec un slogan sans consistance – « Choisir d’avancer » –, Justin Trudeau a renvoyé l’image d’un candidat enjoignant aux électeurs de simplement tourner la page de ses erreurs. « Le fait est qu’il porte toujours un masque » Bien sûr, le charme n’est pas tout à fait brisé. A Montréal, comme à Ottawa et Vancouver, où le premier ministre a gagné de justesse devant ses adversaires, les militants du Parti libéral se sont réjouis fiévreusement. Mais un peu partout ailleurs, après l’excitation haletante de naguère, c’est le temps des interrogations et des doutes, du souci de voir à travers et au-delà de M. Trudeau. Longtemps icône des progressistes, il a déçu une partie de son électorat et plongé son propre camp dans une crise d’identité. Le trouble suscité par la publication, en septembre, de plusieurs photos où on le voit costumé, grimé en Noir (« blackface »), a été assez préjudiciable. Ces révélations sont venues s’ajouter à une critique récurrente à l’égard de son caractère, formulée par ses détracteurs : le progressisme dont il se prévaut ne serait qu’un vernis de politicien opportuniste. Grand défenseur, en parole, de l’environnement, ne s’est-il pas résigné à nationaliser un pipeline pour écouler le pétrole albertain vers le Pacifique ? Sa taxe hautement médiatisée imposant les 1 % les plus riches du pays n’a-t-elle pas masqué les ristournes accordées aux 10 % suivants ? Et quid des pressions exercées sur sa ministre de la justice pour la dissuader de poursuivre une firme d’ingénierie québécoise, SNC-Lavalin, accusée de fraude et de corruption en Libye ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Canada, la victoire étriquée de Justin Trudeau Ses principaux adversaires ne se sont pas privés de mettre en cause sa sincérité. Lors d’un récent débat télévisé, Andrew Scheer a même ironisé d’une formule rappelant les photos de « blackface » : « Le fait est qu’il porte toujours un masque. » Plus énigmatique, Jagmeet Singh, leader du Nouveau Parti démocratique et probable partenaire du Parti libéral dans un gouvernement minoritaire, a pris le public à témoin : « Qui est le vrai M. Trudeau ? » La question n’a pas fini de lui être posée.
Les contradictions du premier ministre canadien ont déçu ses partisans, qui voyaient en lui l’incarnation des valeurs de tolérance et d’ouverture.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/22/canada-justin-trudeau-de-l-icone-progressiste-aux-accusations-d-opportunisme_6016440_3210.html
mlsum-fr-1404
Jean-Paul Delevoye et la ministre Agnès Buzyn à Matignon à Paris, le 18 juillet. KENZO TRIBOUILLARD / AFP Maintes fois repoussé, le vaste chantier des retraites a franchi, jeudi 18 juillet, un pas significatif. Après plus de dix-huit mois de concertation avec les partenaires sociaux, Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire qui pilote le dossier, a enfin dévoilé ses recommandations sur le futur système universel promis par Emmanuel Macron. Le dispositif, qui doit entrer en vigueur en 2025, a vocation à remplacer les 42 régimes existants. Après avoir présenté au patronat et aux syndicats le contenu de ses préconisations aux côtés d’Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, M. Delevoye devait remettre son rapport au premier ministre, Edouard Philippe, à Matignon. Ces propositions sont relativement fidèles à ce que le haut-commissaire avait laissé entendre aux partenaires sociaux, au fil de leurs rencontres qui se sont étalées sur plus d’un an. Plusieurs d’entre elles avaient déjà été rendues publiques, le 10 octobre 2018, lors d’une première série d’arbitrages. Elles doivent servir de base au gouvernement pour élaborer son projet de loi. Le calendrier est encore flou : le texte devrait être présenté en conseil des ministres d’ici à la fin de l’année, puis débattu au Parlement début 2020, avant ou après les élections municipales. M. Delevoye a finalement obtenu de l’exécutif qu’il renonce, dans l’immédiat, à présenter des mesures d’économie dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020 qui doit arriver en discussion à l’automne. Dans l’immédiat, le haut-commissaire devait proposer aux partenaires sociaux de les voir dès la semaine prochaine pour fixer le calendrier de la concertation qui commencera fin août. Lire aussi Retraites : le gouvernement repousse les économies de court terme Un système commun à tous Les règles seront les mêmes pour tous les actifs, qu’ils soient salariés du privé, fonctionnaires, indépendants, professions libérales, agriculteurs… Le système, qui reste par répartition (les cotisations des travailleurs finançant les pensions des personnes aujourd’hui à la retraite), fonctionnera en points et non plus en annuités. Son financement sera ­assuré par des prélèvements sur les revenus d’activité, que les personnes ont perçus, dans la limite de 120 000 euros brut par an – soit la quasi-totalité de la population active. Le calcul ne sera plus fait comme aujourd’hui sur les vingt-cinq meilleures années pour les salariés ou les six derniers mois pour les agents du public mais tout au long de la carrière. « Chaque jour travaillé permettra d’acquérir des points », rapporte le haut-commissariat. Ils seront portés sur un compte puis transformés en pension au moment de la liquidation.
Les recommandations sur le futur système universel devraient servir de base au projet de loi du gouvernement qui sera débattu en 2020.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/18/age-d-equilibre-a-64-ans-fin-des-regimes-speciaux-ce-que-preconise-delevoye-pour-la-reforme-des-retraites_5490743_823448.html
mlsum-fr-1405
A l’usine Renault de Flins (Yvelines), en mai 2015. BENOIT TESSIER / REUTERS La tentative – finalement ratée – de fusion entre Renault et Fiat Chrysler (FCA) n’est peut-être que le début d’une vague de consolidations qui pourrait toucher l’automobile à l’échelle mondiale dans les mois ou les années qui viennent. C’est, en tout cas, ce que laisse entrevoir la dernière étude annuelle du cabinet AlixPartners, publiée mercredi 26 juin, qui fait référence dans le secteur. Le cabinet américain prédit, pour la première fois depuis la période 2008-2009, une entrée en crise de l’industrie de la voiture. « Il peut y avoir des mariages, il peut y avoir des enterrements », prévient l’un de ses directeurs généraux, Laurent Petizon. AlixPartners annonce, pour 2019, une baisse de la production mondiale automobile qui se réduirait à 90 millions de véhicules fabriqués cette année contre 93 millions en 2018, soit un recul de 3,2 %. Ce trou d’air serait suivi d’une période de léthargie ne permettant un retour à une production supérieure à celle de 2018 qu’en 2022. Surtout, pour la première fois depuis des dizaines d’années, les trois principaux moteurs de la croissance automobile mondiale seront soit en stagnation, soit en déclin. La Chine, premier marché au monde, tomberait à moins de 25 millions de véhicules en 2019, soit une baisse de 6 %, depuis son pic de 2017. Ce serait une première depuis des décennies, car, même pendant la crise brutale de 2008-2009, le consommateur chinois avait continué à acheter des voitures, permettant à de nombreux constructeurs et équipementiers de rester à flot en pleine tempête. Dans les autres zones-clés de la planète automobile, AlixPartners prévoit une baisse continue jusqu’en 2021 en Amérique du Nord et une stagnation en Europe. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Batteries électriques : l’Europe sonne la charge « Un désert de profits » « Et nous n’avons pas pris en compte les hypothèses les plus noires : Brexit dur, guerre commerciale, guerre tout court…, souligne M. Petizon. En fait, c’est une crise qui arrive au pire moment, car le secteur doit beaucoup investir pour faire face aux nouveaux défis de la mobilité. Les cinq prochaines années, l’industrie va consacrer 225 milliards d’euros à l’électrification et 50 milliards à la voiture autonome. » Le résultat de tout cela, c’est que le secteur a devant lui « un désert de profits », pour reprendre l’expression de Laurent Petizon. Les marges ont d’ailleurs commencé à baisser chez les constructeurs, mais aussi, chose plus inédite, chez les équipementiers.
Le cabinet AlixPartners annonce, pour 2019, une baisse de la production, au moment où le secteur doit engager de gros efforts financiers dans l’électrique et la voiture autonome.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/27/les-premices-d-une-crise-automobile-mondiale-au-pire-moment_5482070_3234.html
mlsum-fr-1406
Herbert von Karajan et Anne-Sophie Mutter en 1977. SWR/KARAJAN INSTITUT ARTE - DIMANCHE 22 SEPTEMBRE À 23 HEURES - DOCUMENTAIRE Comme la chanteuse Maria Callas (1923-1977), le chef d’orchestre Herbert von Karajan (1908-1989) reste un mythe fascinant, réexaminé à chaque anniversaire (de sa naissance comme de sa mort), alimentant toujours des ventes de disques consistantes dans la mesure où chaque commémoration s’accompagne de nouvelles intégrales et anthologies de la vaste discographie du chef, nommé « à vie », en 1955, à la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin. Pour qui ne connaîtrait rien de la carrière du musicien, de ses rapports ambigus et fluctuants avec le pouvoir nazi (sous lequel Karajan fit ses débuts), de son charisme extraordinaire, de ses manies (il détestait les chauves et imposait que les membres dégarnis de son orchestre portent des perruques lors des concerts filmés en studio), de son goût pour les automobiles, les avions, le ski, la technologie, les jolies femmes, ce documentaire de Sigrid Faltin sera une bonne source d’information. Lire à propos de la mort d’Herbert von Karajan : L'image et le son d'une star internationale Pour les autres, il ne constituera qu’une redite de la vie et de la carrière bien connues du chef, avec des témoignages et extraits d’archives vus ailleurs. Avec, cependant, une information intéressante : l’historien Oliver Rathkolb montre la fiche d’inscription de Karajan à l’université de Vienne, en 1927, qui mentionne le terme « aryen ». Favorisé par les nazis, détesté par Hitler Le détail semble corroborer d’autres informations, mises au jour par l’historien depuis 2012, quant aux opinions politiques et antisémites du jeune Karajan et constituer une preuve de « conscience nationale particulièrement marquée », voire de « racisme », cinq ans avant son inscription au parti nazi. Ce sujet est complexe puisque le musicien a profité des faveurs nazies tout en étant détesté par Hitler… Il s’est marié, en 1942, avec Anita Güterman, « quart de juive » au yeux des nazis – mais dont le père industriel collaborait de près avec le pouvoir. Quoi qu’il en soit, Karajan sera banni des podiums pendant deux ans après la fin de la guerre avant de retrouver le chemin des salles de concert et d’opéra, parfois accueilli avec hostilité (par l’importante communauté juive de New York par exemple). Il s’y installera durablement, en dieu hautain au regard bleu glacial qui avait cette capacité de subjuguer les orchestres et le public de ses concerts. Karajan. Portrait du maestro, documentaire de Sigrid Faltin (All., 2019, 53 min.).
Le chef d’orchestre autrichien, mort il y a trente ans, a frayé avec les nazis dans sa jeunesse. Le documentaire « Karajan. Portrait du maestro » revient sur cet épisode controversé de sa carrière.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/22/television-la-petite-musique-aryenne-d-herbert-von-karajan_6012607_3246.html
mlsum-fr-1407
Des enfants manifestent pour pousser les autorités à prendre des mesures contre le changement climatique, à Paris, le 21 septembre. CHARLES PLATIAU / REUTERS Nous sommes comme des lapins pris dans les phares d’une voiture. Alors que brûle la planète, les polémistes et une partie des hommes et femmes politiques du monde entier s’interrogent sur une adolescente de 16 ans, parce qu’elle dit à voix haute ce que nous ne voulons pas entendre collectivement et individuellement. Nous sommes comme les lapins pris dans les phares d’une voiture, comme saisis de panique, incapables de penser et d’agir rationnellement, concentrés sur le visage, les mots et l’attitude d’une jeune fille. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Greta Thunberg oblige les dirigeants à sortir d’un unanimisme de façade » Greta Thunberg inquiète ? Sa radicalité dérange ? Attendez les générations suivantes, leurs angoisses et leurs colères face à l’irresponsabilité des hommes et des femmes qui les ont précédées dans la destruction systématique de la planète. Comme en Mai 68, la colère risque d’être générationnelle. Profonde. Durable. Et, comme toute vague d’exaspération, avec ses parts d’injustice et de débordements. Nous n’en percevons que les premiers signes, et il est probable que Greta Thunberg nous apparaisse demain, ou après-demain, comme une figure finalement assez modérée. Rupture sociétale Nous sommes comme ces générations qui ricanaient ou qui s’alarmaient, c’est selon, en voyant s’agiter les jeunesses de Mai 68, sans percevoir que ce mouvement allait profondément bousculer les sociétés occidentales pendant plusieurs décennies, en bien et en mal, comme toute rupture sociétale. Ce sont les petits-enfants des soixante-huitards qui vont porter cette forme de rébellion écologique et sociale – à l’image de Greta Thunberg, ils ont moins de 20 ans aujourd’hui, leurs grands-parents plus de 70 ans. Comme en 1968, probablement, mais sous des formes qui n’ont rien à voir, la colère va taper dur, secouer, bousculer, et une partie des générations plus anciennes dénonceront, au choix, le puritanisme, la religiosité, la radicalité, la tristesse, ou tout cela à la fois, de cette jeunesse au regard inquiet. La nature du mouvement, elle, n’a rien de comparable, évidemment. Mais peut-on le reprocher à la génération qui grandit aujourd’hui ? Là où les enfants de 1968 avaient à se battre pour leurs libertés individuelles – quelle chance ! –, les générations qui suivent, cinquante ans plus tard, vont sans doute devoir se battre avec la perspective d’une restriction des libertés individuelles face aux menaces du réchauffement climatique. Repères bousculés Parce que c’est de cela qu’il s’agit et c’est pour cela que le débat est si difficile, troublant, déstabilisant, dans une salle de conférence de rédaction d’un journal comme autour d’une table familiale. Jusqu’où la remise en question du système économique ira-t-elle ? Jusqu’où le système démocratique lui-même sera-t-il remis en cause ? Jusqu’à réclamer des régimes plus autoritaires au nom de la survie de l’humanité ? Les générations qui nous suivront pourront-elles faire des enfants, autant d’enfants qu’elles le souhaitent, comme nous l’avons fait ? Jusqu’où devront-elles changer leur alimentation, leurs modes de consommation, leurs moyens de transport ? Et devront-elles abandonner en grande partie le rêve de la voiture, de la maison individuelle et du voyage, ces trois repères sociétaux et économiques qui ont largement porté le monde occidental depuis la seconde guerre mondiale ?
L’état de la planète est critique et nous en sommes responsables, nous rappelle Greta Thunberg. Du haut de ses 16 ans, elle dit à voix haute ce que nous ne voulons pas entendre collectivement et individuellement, analyse Luc Bronner, directeur de la rédaction du « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/28/qu-as-tu-fait-papa-alors-que-tu-savais_6013395_3232.html
mlsum-fr-1408
Un jeune couple congolais, en février 2018. JOHN WESSELS / AFP Traduit littéralement, le yaka tofanda signifie « viens qu’on s’assoit ». Joliment imagée, l’expression désigne tout simplement l’union libre, cette réalité qui grignote peu à peu l’institution du mariage dans la capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Désormais, au sein de la jeune génération de Kinshasa, « seulement un quart des femmes se marient l’année de leur union » (leur installation en ménage), observe une étude intitulée « Difficultés économiques et transformation des unions à Kinshasa », publiée en octobre dans la revue trimestrielle Population de l’Institut national d’études démographiques (Ined). En une décennie, le mariage y est passé du statut de rite incontournable à option facultative, et de plus en plus tardive. Lire aussi Les mariages précoces ruinent l’Afrique Quatre chercheurs se sont interrogés sur les causes de cette rupture de la tradition dans cette mégapole de 10 millions d’habitants, ou tout au moins sur son recul. Sous la supervision de Bruno Schoumaker, professeur de démographie à l’Université catholique de Louvain, en Belgique, ils ont interrogé les forces à l’œuvre dans la société kinoise qui expliqueraient que l’âge moyen de la mise en couple officielle est passé de 17 à 23 ans chez les femmes entre la génération qui a la cinquantaine aujourd’hui et celle des moins de trente ans. Le même recul est observable chez les hommes qui ne convolent plus dès 25 ans, mais cinq ans plus tard, alors que, dans les campagnes congolaises, 12 % des filles de moins de 15 ans vivent encore sous le joug du mariage précoce, selon un travail de Roland Pourtier pour l’Institut français des relations internationales (Ifri) intitulé « La RDC face au défi démographique » (septembre 2018). Sans dot Dans le monde de la recherche, deux thèses s’opposent pour expliquer cette tendance. Il y a, d’un côté, ceux qui estiment que la baisse de la fécondité et le recul du mariage seraient dus aux seuls facteurs sociologiques liés à la vie citadine, à l’augmentation du niveau de scolarisation et au brassage culturel. De l’autre, ceux qui y voient la conséquence des problèmes économiques : moins on a d’argent, moins on se marie. La ville de Kinshasa présente les caractéristiques idéales pour une telle étude. D’abord, comme le rappelle Bruno Schoumaker, « le recul du mariage et la baisse de sa fréquence sont plus prononcés dans cette grande capitale que dans d’autres villes africaines » déjà étudiées comme Dakar, Ouagadougou ou Yaoundé. De plus, la ville s’est enlisée dans une crise économique majeure depuis les années 1990 et s’impose, avec ses quelque 10 millions d’habitants, comme un lieu optimal de brassage des cultures, des communautés, une zone où la scolarisation des filles est bonne. Elle concentre donc potentiellement les deux explications. Après croisements de nombreuses données, les quatre scientifiques (Jocelyn Nappa, Université de Kinshasa ; Albert Phongi, Université pédagogique nationale de Kinshasa ; Marie-Laurence Flahaux, Institut de recherche pour le développement, Université d’Aix-Marseille ; et Bruno Schoumaker) sont arrivés à la conclusion que le moteur du changement était bel et bien financier et que « les difficultés économiques sont un frein à la formalisation de l’union ». Les statistiques qu’ils ont passées au crible ont clairement révélé que « les hommes qui avaient le plus de difficultés économiques sont aussi ceux qui se marient le moins », ajoute M. Schoumaker. Payer la dot due à la belle-famille est quasi impossible pour bon nombre de prétendants dans une ville où le chômage concerne la moitié des 15 à 24 ans de sexe masculin. Or sans dot, pas de mariage. L’enquête a mis le doigt au passage sur un phénomène peu documenté qui concerne le montant des dots. Si, dans les campagnes congolaises, il ne s’agit souvent que d’un don symbolique, en ville, l’affaire est plus sérieuse. Citant quelques rares travaux sur ce sujet réalisés à Kinshasa, les enquêteurs rappellent que « des montants de plusieurs milliers de dollars ne sont pas rares et qu’à ces montants s’ajoutent souvent des biens tels que bijoux, casiers de boissons, pagnes, télévision, voire groupe électrogène ». Une gageure pour beaucoup de potentiels époux dans un pays où le PIB moyen par habitant est évalué par le Fonds monétaire international (FMI) à moins de 500 dollars (448 euros). Or, comme le rappelle l’étude, « l’union ne sera officialisée par le mariage traditionnel qu’après le versement de la dot par le mari à la famille de l’épouse ». « Mariage raccourci » Confrontés à cette difficile équation, les jeunes couples mettent en place des stratégies de contournement. Certains optent pour l’union libre classique et d’autres pour une méthode moins conventionnelle baptisée « mariage raccourci ». Cela consiste à avoir un enfant puis à mettre ses parents devant le fait accompli et ainsi commencer à cohabiter sans en passer par la case mariage. Comme le pointe l’enquête, ils « officialisent leur union par une naissance ». Pour certains, il s’agira d’une phase transitoire, mais pour d’autres, cela signe un mode de vie qui perdurera puisque « lorsque le couple a déjà un enfant, les chances de se marier sont divisées par près de deux, chez les hommes comme chez les femmes ». Pour Bruno Schoumaker, ce « mariage raccourci » souligne en plus « la dissociation dans cette mégapole du lien entre mariage et procréation » qui s’impose depuis une décennie dans certaines villes du continent. Lire aussi A Lubumbashi, le parcours du combattant des artistes congolais Contre toute attente, ce changement de mœurs n’a pas vraiment d’incidence sur le taux de fécondité qui reste élevé, avec 4,2 enfants par femme à Kinshasa, selon les chiffres du ministère congolais du plan, contre 6,11 dans le reste du pays. La RDC demeure dans le groupe des cinq pays au monde où ce taux dépassait encore, en 2017, selon l’ONU, les 6 enfants par femme et doit faire face, chaque année, à une croissance démographique de 2,7 millions de personnes. Preuve s’il en fallait que si l’Afrique urbaine fait bouger le continent, elle ne change pas la donne en quelques années.
Une étude publiée par l’Institut national d’études démographiques interroge les causes du recul des unions officielles dans la capitale congolaise.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/05/a-kinshasa-on-se-marie-moins-et-plus-tard-faute-d-argent_6018099_3212.html
mlsum-fr-1409
Le patron d’Apple, Tim Cook, lors de la présentation de la bande-annonce de la série « See », à Cupertino (Californie), le 10 septembre. Stephen Lam / REUTERS Pertes & profits. Depuis des siècles, les hommes avaient perdu la vue, survivant dans un monde hostile et moyenâgeux, quand, au fond d’une vallée, naissent deux enfants, les yeux ouverts. Leur arrivée change le monde et déclenche des guerres féroces. See, la série-choc d’Apple, servie par les biceps de l’acteur hawaïen bodybuildé Jason Momoa (Game of Thrones, Aquaman), dont la bande-annonce a décoiffé la présentation annuelle de la firme à la pomme, est une promesse et une métaphore. L’espoir d’un succès qui attirera en masse des abonnés à son service vidéo et le symbole de la guerre qui s’annonce dans le monde des médias américains. Aveugles, les concurrents en tout genre, de Netflix à Comcast en passant par Disney et Amazon, n’attendaient pas de grands bouleversements de la énième présentation des nouveaux téléphones de l’entreprise, qui s’est tenue mardi 10 septembre. C’est pourtant une révolution que tente Apple à sa manière. Pour la première fois, elle attaque par les prix. Fini l’approche premium du produit toujours plus cher et sophistiqué. L’iPhone 11 d’entrée de gamme sera vendu 700 dollars (630 euros), soit 50 de moins que le produit qu’il remplace. Il faut dire qu’il y a urgence à stopper l’hémorragie. En 2019, les ventes d’iPhone ont baissé de 15 % en valeur et la tendance n’est pas près de s’inverser. D’où l’offensive dans les services destinés à faire de cette base de plus de 900 millions d’utilisateurs une source régulière de revenus, qu’ils changent ou pas d’appareil. Aimanter le spectateur et surtout le client La surprise est venue de l’agressivité de l’offensive. Le service vidéo sera gratuit la première année de l’achat d’un produit Apple, puis à cinq dollars par mois, soit deux fois et demie moins cher que Netflix (13 dollars), et plus avantageux que toutes les autres offres, Amazon, Disney ou Hulu, qui vont se bousculer d’ici à fin 2019. L’offre Apple est bien maigre (une dizaine de films et d’émissions), mais elle grossira rapidement avec les six milliards investis en production. Et puis, à ce tarif, le client pourra garder Netflix et Amazon, tout en testant Apple. Reste à faire de See un nouveau Game of Thrones capable d’aimanter le spectateur et surtout le client Apple, désormais cerné de multiples services maison : paiement, cloud, jeux, musique, télévision. Au passage, cette guerre devrait faire une première victime, la télévision par câble, encore bien plus onéreuse que la totalité de ces nouvelles offres vidéo. L’offre standard de Comcast dépasse encore les 80 euros par mois. Ce dernier va d’ailleurs, lui aussi, sortir sa propre version de vidéo à la demande en 2020, de même que AT&T-Warner avec HBO. Apple aura bien besoin des muscles de Jason Momoa pour s’imposer dans une bataille aussi épique que celle qui déchire les héros de See.
Pour la première fois, la firme à la pomme adopte une stratégie tarifaire agressive, avec une baisse des prix sur ses produits et son nouveau service vidéo. Le but : accroître ses revenus, en capitalisant sur sa base d’utilisateurs, note Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/11/en-cassant-les-prix-apple-tente-une-revolution-a-sa-maniere_5509106_3234.html
mlsum-fr-1410
SUIVEZ L’INTÉGRALITÉ DES RENCONTRES ET DES DÉBATS EN DIRECT SUR « LEMONDE.FR » Depuis sa fondation, en 1989, le Forum philo Le Monde Le Mans demeure fidèle à une même vocation : conjuguer l’exigence de la réflexion et le débat citoyen pour penser une question de portée philosophique en résonance aussi bien avec l’actualité qu’avec nos préoccupations quotidiennes. Trois jours durant, des intellectuels, des scientifiques, des écrivains, des artistes… dialoguent dans un esprit de transmission et de pédagogie. Entrée libre et gratuite. Palais des congrès et de la culture du Mans. Vendredi 8 novembre 9 h 30 Ouverture 10 heures Leçon inaugurale, par Achille Mbembe Une chose est de pouvoir dire librement qui l’on est, de dire soi-même d’où l’on vient et où l’on va. Une autre est de se voir affubler d’un masque qui fonctionne, dès lors, comme le double de celui que l’on est en vérité. Tout au long de la période moderne, la plupart des luttes identitaires chez les peuples assujettis auront eu pour but de se débarrasser du voile ontologique dont ils auront été couverts en conséquence du travail effectué par le racisme. Il s’agissait de luttes en vue de la reconnaissance et pour l’auto-affirmation, voire l’autodétermination. Parce qu’elles présentaient des caractères éminemment progressistes, ces luttes participaient du grand récit de l’émancipation humaine. Ce fut le cas des grands combats pour l’abolition de l’esclavage, la décolonisation, les droits civiques, ou encore le démantèlement de l’apartheid. Aujourd’hui, nous sommes plongés dans un profond malaise. C’est ce malaise qu’analysera la leçon inaugurale du Forum philo. 11 heures Pause 11 h 15-12 h 15 Forum PEUT-ON PARLER D’IDENTITÉ ? 15 heures Nathalie Heinich, sociologue 15 h 30 Jean-François Leguil-Bayart, politologue 16 heures Vincent Descombes, philosophe 16 h 30 Pause 16 h 45-17 h 45 Forum Samedi 9 novembre SUIS-JE OU NE SUIS-JE PAS MOI-MÊME ? 10 heures Claude Romano, philosophe 10 h 30 Magali Bessone, philosophe 11 heures Carlo Ossola, historien 11 h 30 Pause 11 h 45-12 h 45 Forum À L’ÉCOUTE DE LA « VOIX INTÉRIEURE » 15 heures Kaoutar Harchi, sociologue 15 h 30 Charles Dantzig, écrivain 16 heures Brigitte Ouvry-Vial, spécialiste des études littéraires 16 h 30 Pause 16 h 45-17 h 45 Forum 20 h 30 Soirée spéciale CINÉMA Avec Rebecca Zlotowski, cinéaste. Projection du film Une fille facile (durée 1 h 32), suivie d’une discussion avec la réalisatrice. Une fille facile, sorti le 28 août, est le quatrième long-métrage de Rebecca Zlotowski, après Belle Epine (2010), Grand Central (2013) et Planetarium (2016). « La perversité ne m’intéresse pas. La séduction, oui », a-t-elle confié au Monde à l’occasion du Festival de Cannes, au printemps, à propos d’Une fille facile, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs. Dimanche 10 novembre DU « JE » AU « NOUS ». ACTUALITÉ DU « DISCOURS IDENTITAIRE » 10 heures Clotilde Leguil, philosophe et psychanalyste 10 h 30 Wendy Delorme, écrivaine 11 heures Rémi Brague, philosophe 11 h 30 Pause 11 h 45-12 h 45 Forum 15 heures Séance conclusive Grand entretien avec Alain Finkielkraut, philosophe Depuis Le Juif imaginaire (Seuil, 1980) jusqu’à L’Identité malheureuse (Stock, 2013), en passant par L’Humanité perdue (Seuil, 1996), Alain Finkielkraut n’a ­jamais cessé d’explorer la question de l’identité. Dans son tout dernier essai, A la première personne (Gallimard, 2019), il revient encore sur cette notion. Ainsi quand il se souvient de sa rencontre avec l’œuvre de Kundera : « Moi qui pensais que pour étouffer ses vieux démons et se mettre lui-même hors d’état de nuire, le Vieux Continent devait entrer dans l’âge post-identitaire, j’étais soudain confronté à une défense de l’identité européenne et de l’identité nationale qui ne pouvait, en aucun cas, être assimilée au racisme. » A l’heure où ce type de questionnement retrouve non seulement une charge existentielle mais aussi plus d’une dimension explosive, cet entretien tentera d’affronter loyalement les démons de l’identité. 16 heures Pause 16 h 15-17 h 30 Forum § Vincent Descombes Avoir une identité ? Depuis que le langage existe, il est possible de ­poser des questions d’identité. En toute langue, on peut dire : « Nous avons vu un lapin », mais avons-nous vu le même lapin ? Dans les années 1950, un nouvel usage de la notion d’identité s’est introduit, d’abord en psychologie et dans les sciences sociales, puis dans le vocabulaire politique : le substantif « identité » s’emploie avec un adjectif possessif. On dit « mon identité », « notre identité », « leur identité ». Ce qui soulève une ­question philosophique : que veut dire « avoir une identité » ? Peut-on perdre son identité sans perdre l’existence ? Jean-François Leguil-Bayart L’illusion et l’angoisse L’identité s’est imposée comme un horizon indépassable. D’où une sourde angoisse : le marché, la globalisation, l’immigration menaceraient notre identité, notre culture. Or l’une et l’autre sont des illusions. Il n’est que des actes d’identification, politiquement construits, historiquement situés, socialement contradictoires, ­culturellement polémiques. Les conflits dits « identitaires » déchirent les cultures plutôt qu’ils ne les opposent les unes aux autres. La culture est un effet, et non la cause. Comment penser les raisons culturelles du politique sans être ni culturaliste ni identitariste ? Nathalie Heinich Un outil plutôt qu’une arme Pourquoi parler d’identité ? Et pourquoi ne pas en parler ? Depuis quand en parle-t-on, qui en parle, à qui, pourquoi ? En se déprenant des réflexes de l’assignation politique et de l’opinion pour prendre de la distance intellectuelle, en faisant l’effort de comprendre plutôt que de juger, la sociologie permet de faire de cette notion si controversée un outil d’analyse et non pas une arme. Elle donne sens à des expressions à la fois familières et obscures – « identité nationale », « construction identitaire », « crise d’identité » – et nous décrit, finalement, les conditions d’une cohérence de soi dans les différents régimes d’existen­ce, du plus individuel au plus collectif. Carlo Ossola Identité de définition ou d’élection ? Le concept d’identité installé dans la vulgate de notre temps escamote les traits non pertinents à la définition immuable de nous-mêmes, de notre patrie, de notre civilisation. Pourtant, la tradition, d’Aristote à saint Thomas, dit bien que la seule « identité » possible est l’identitas electionis, cette construction patiente de choix libres qui mènent vers la « concorde ». Or qu’avons-nous de constant, capable d’affirmer notre identité ? Notre être change sans cesse, « devenant toujours autre d’un autre », rappelle Montaigne. Bonne raison pour ­continuer la quête. Magali Bessone Le paradoxe des identités culturelles Dans nos sociétés coexistent des groupes aux croyances et valeurs différentes, voire contradictoires. Certains prônent le renoncement à tout produit d’origine animale, d’autres ne pourraient pas se passer de leur rôti du dimanche. Ces tensions s’expriment par le biais d’idiomes identitaires, où les « modes de vie » traduisent des traits d’identité culturelle. Y renoncer serait trahir ce que « nous » sommes. Mais ne sommes-nous pas essentiellement pluriels, façonnés par nos relations avec les autres ? Et le langage de la culture, éminemment politique, paradoxalement, ne vient-il pas pétrifier nos identités ? Claude Romano Identité et vérité L’identité signifie à la fois ce qui permet d’identifier quelqu’un et ce qui permet de le caractériser. C’est la différence entre le « qui ? » de l’inspecteur de police et le « qui ? » de Montaigne. Ces deux notions ne sont pas toujours clairement distinguées dans les discours sur l’identité. D’où pas mal de confusions. La philo­sophie du XXe siècle et du début du XXIe a considéré que seul le premier sens de l’identité était réellement intéressant. Et si le second sens était le plus fécond ? L’hypothèse que nous esquisserons est en effet que ce sens est le seul qui permette de poser une question décisive : suis-je ou ne suis-je pas moi-même ? Qu’il permet, en somme, de nouer la question de l’identité avec celle de la vérité. Kaoutar Harchi La littérature contre l’identité ? Empreintes de la question coloniale, les œuvres littéraires des écrivains Kateb Yacine, Assia Djebar et Mohammed Dib sondent ce qui serait soi et ce qui ne le serait pas. Se pose alors la question de la contrainte politique, qui conduit des groupes à être perçus non comme différents de soi mais différents en soi. Cette critique esthétique des régimes de l’identique ouvre alors la voix aux pratiques de désidentification et de réappropriation de la narration. Charles Dantzig L’identité est-elle une panique ? L’étrange notion d’« identité », ou plutôt l’étrange façon dont elle s’est emparée de nous depuis une dizaine d’années, me paraît une simplification abusive des comportements humains. L’homme est un être social et le roman est le compte rendu de ses relations avec les autres. Le seul être humain dont on pourrait dire à coup sûr qu’il dispose d’une « identité » serait le solitaire absolu. Nous vivons un moment de narcissisme vindicatif dont l’« identité » me paraît un des moyens les plus spécieux. La littérature, qui est la plus grande objectrice envers les présupposés, ­invente ses propres catégories. L’« identité » n’est pas l’une d’elles. Brigitte Ouvry-Vial La lecture, vecteur d’identité L’idée selon laquelle un livre nous dit quelque chose de nous-même est partagée. Martha Nussbaum explique que la quête de connaissance ne peut se passer des émotions procurées par la lecture. En tissant ces fils pour éclairer des souvenirs de lecteurs, on se demandera si la lecture peut s’apparenter à cette « voix intérieure » (Victor Rosenthal) par ­laquelle ­chacun s’adresse à soi-même pour maintenir son équilibre Clotilde Leguil Le « je » au-delà des identités Quelle place reste-t-il pour le « je » au XXIe siècle ? Entre le discours du « nous », qui propose à chacun de se définir depuis l’appartenance à une communauté, et le discours scientifique, qui propose à chacun de se définir depuis des critères quantitatifs, le « je » se voit comme oublié et asphyxié. Pris en étau ­entre ces deux approches contemporaines de l’humain, le « je » doit alors se faufiler entre deux murailles pour se faire recon­naître. Le narcissisme de masse, nouvelle forme du narcissisme rendue possible par la révolution numérique, est-il le visage que le « je » a pris au XXIe siècle ? Wendy Delorme Langage, identités et domination Nommer, c’est faire violence. Mais ce qui n’a pas de nom est réduit au silence. Car nommer rend visible, avère une existence. Les minorités forgent leur vocabulaire d’autodétermination, car « qui nomme qui ? » est un ressort de la domination. Depuis plus d’un demi-siècle, l’identité se fait matrice de résistances contre l’hégémonie. Les discours identitaires des minorités de genre, de race et de classe cor­rodent le mythe français de l’universalisme. L’identité n’est pas qu’un enjeu de langage, elle se forge concrètement dans les rapports sociaux. Mais le langage agit sur les cadres de perception du réel, c’est le pacte premier qui nous lie, notre contrat social, celui qui nous aliène. Redéfinir le pacte, c’est donc resignifier, réécrire ou ­pirater les termes dans lesquels il s’énonce. Rémi Brague Choisir, en conscience Notre identité personnelle, comme celle de la culture européenne, est excentrique. Nous ne sommes ni totalement reçus, malgré nous, ni le produit intégral d’une libre construction. Elle se construit par référence à des repères supérieurs, antérieurs, extérieurs ; nous ne sommes jamais totalement cloués à une appartenance. Je plaiderai pour l’adoption inverse : choisir, en conscience, des gens dont nous savons très bien qu’ils ne sont pas nos ancêtres réels. Encore faut-il choisir les bons points de référence, les bons auteurs à lire, les bons modèles à imiter. ­L’éducation doit nous y aider. § PARUTION Les Actes du 30e Forum, « Tous philosophes ? » « Tous philosophes ? », sous la direction de Jean Birnbaum, Folio, « Essais », inédit, 282 p., 7,40 €. « Devenir philosophe est une expérience interminable. Parce qu’elle ­recommence toujours comme un ­début », écrit en ouverture Roger-Pol Droit, le fondateur, en 1989, de ce qui allait devenir le Forum philo Le Monde Le Mans, également chroniqueur au « Monde des livres », qui poursuit : « L’étonnement philosophique est une expérience de la première fois. » Comment donner l’accès le plus large à ce commencement perpétuel ? Pour sa 30e édition, le forum a pris pour sujet la philosophie elle-même, comme lieu de partage et de circulation. Les intervenants, tous philosophes, d’ailleurs, croisent les problématiques et les méthodes d’approche, de la diversité – de culture ou de genre – des expériences assumées par la philosophie, ou qui devraient l’être (Elsa Dorlin, Valérie Gérard, Anne Cheng, Nadia Yala Kisukidi, Anoush Ganjipour), aux pratiques d’enseignement de la discipline (Corine Pelluchon, Loïc de Kerimel, Jacques Darriulat), des fondements, ­conditions et limites de la philosophie populaire (Catherine Malabou, Jean-Louis Fabiani, Cynthia Fleury, Léon Wisznia, Alexandre Lacroix, Juliette Morice) à ce qui est, pour Francis Wolff, la source ­universelle du désir de philosophie : l’enfance. Evénement organisé par Le Monde, la ville du Mans, l’université du Maine et l’Association des amis du Forum philo Le Monde Le Mans, en partenariat avec France Bleu Maine. Vendredi 8 novembre, à partir de 7 h 45, Jean Birnbaum sera l’invité de France Bleu Maine (96.0) et répondra aux questions de la rédaction. Renseignements 02.­43.­47.­38.­60. Le Forum philo est animé par Jean Birnbaum, responsable du « Monde des livres ».
Les 8, 9 et 10 novembre, trois jours d’échanges entre des intellectuels et des écrivains sur le thème : « L’identité, pour quoi faire ? ». Retrouvez les horaires, intervenants et infos pratiques.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/30/au-programme-du-31e-forum-philo-le-monde-le-mans-du-8-au-10-novembre_6017449_3260.html
mlsum-fr-1411
Guerre commerciale sino-américaine, Brexit, baisse des taux… Afin de maîtriser ses coûts dans un environnement de marché difficile, la banque britannique HSBC a annoncé, lundi 5 août, une réduction de 2 % de ses effectifs dans le monde, soit la suppression d’environ 4 000 emplois. Ce « programme de restructuration » cible particulièrement des postes à responsabilités, a expliqué le directeur financier de HSBC, Ewen Stevenson. Quelques heures plus tôt, le géant bancaire britannique avait annoncé le départ surprise de son patron, John Flint, évoquant le besoin de sang neuf face aux nombreux défis à relever. Ces annonces interviennent alors que la banque a dévoilé des résultats en hausse pour le premier semestre avec un bénéfice net en progression de 18,6 % à 8,5 milliards de dollars (7,6 milliards d’euros). Des chiffres pourtant assortis d’une grande prudence pour les mois qui viennent, compte tenu des nombreux nuages à l’horizon. Lire aussi Donald Trump relance les hostilités commerciales avec la Chine Un avenir « moins prévisible » « Les perspectives ont changé », prévient le groupe dans le communiqué présentant ses résultats. Il évoque en particulier la baisse des taux en cours aux Etats-Unis, comprimant les marges que les banques réalisent sur les prêts, ainsi que les tensions géopolitiques, le tout pouvant « avoir un impact sur de nombreux marchés ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Fed peine à justifier la baisse de ses taux HSBC, établie à Londres mais active à travers le monde et surtout en Asie, est en particulier très dépendante de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, relancée la semaine dernière par la décision de Donald Trump d’imposer de nouveaux droits de douane sur les produits chinois. Même si elle continue à voir son activité croître en Asie, la banque note que l’avenir « est moins prévisible ». Le Brexit est l’autre défi de taille évoqué par la banque, qui s’inquiète du caractère « hautement incertain » de la nature et de l’impact de la sortie de l’Union européenne (UE), prévue fin octobre. L’arrivée au pouvoir de Boris Johnson au Royaume-Uni ravive les craintes d’un Brexit sans accord. Tous ces défis vont contraindre la banque à la prudence au moment d’investir et de dépenser, du fait des risques pesant sur ses revenus.
Le géant britannique, qui a réalisé un bénéfice net de 8,5 milliards de dollars au premier semestre, dit devoir faire face à de nombreux défis : guerre commerciale, Brexit et baisse des taux.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/05/la-banque-hsbc-va-supprimer-pres-de-4-000-emplois-dans-le-monde_5496738_3234.html
mlsum-fr-1412
Mine de lithium Albemarle, désert d’Atacama, Chili, en 2018. IVAN ALVARADO / REUTERS Tribune. Il y a quelques mois, la question d’une pénurie du lithium semblait brûlante : face à des ressources minières insuffisantes, la demande des véhicules électriques apparaissait insatiable. Et les commentateurs s’enflammaient autour du potentiel de conflit géopolitique autour des ces « métaux rares ». Peut-être un peu trop vite. La production de lithium provient de deux origines, qui étaient bon an mal an à peu près équivalentes : la première sous forme dissoute en provenance des « salars », les saumures des déserts de sel d’altitude des montagnes chiliennes, argentines et boliviennes, voire du Tibet ; la seconde sous forme solide, les « spodumènes », des minéraux contenant du lithium extraits de mines, notamment australiennes. Pour répondre à l’immense consommation des batteries pour automobiles électriques qui s’annonce, la solution semblait pouvoir venir dans un premier temps d’une augmentation de production des salars, notamment chiliens. Mais cette perspective s’est avérée insuffisante. Suite à l’accusation de dépassements de quota de production par les deux sociétés leaders, SQM et Albermare, la renégociation avec le ministère chilien de tutelle n’a pas totalement abouti : le conflit porte sur les redevances à verser à l’Etat, les concessions de production et leur impact environnemental. Percée australienne En conséquence, c’est d’Australie qu’est venue la percée depuis 2016 : grâce à une hausse considérable de sa production minière de spodumène, ce pays est devenu premier producteur mondial devant le Chili. Ils sont suivis par la Chine avec ses gisements du Tibet et du Qinghai, puis viennent d’autres producteurs, dont la Serbie, où le projet de la mine de Jadar a été confirmé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Lithium : « Un cartel est né et sa puissance promet d’être considérable dans les décennies à venir » Au développement des mines australiennes s’est ajoutée une tentative d’amélioration de la qualité de la production des salars andins. Fonctionnant traditionnellement par évaporation, leur cycle de production dépendant de la météorologie durait entre 12 mois et 18 mois, voire dans certains cas plusieurs années. En outre, le ratio entre le lithium récupéré et celui qui reste dans les salars n’atteignait le plus souvent que 50 %. A présent, bien qu’il y ait encore des coûts à améliorer et des process à tester, l’hydrométallurgie permet d’extraire de 80 % à 90 % du lithium en quelques heures. L’effet multiplicateur est doublement important : moins de ressources et de surface produisant plus et plus vite, l’impact environnemental sera moindre et la boucle du recyclage s’en trouvera accélérée.
L’expert du négoce et de l’industrie minière Didier Julienne rejette, dans une tribune au « Monde », l’idée d’un déséquilibre entre l’explosion de la demande de lithium liée à l’essor des véhicules électriques et les capacités mondiales de production de ce métal.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/07/didier-julienne-la-guerre-du-lithium-n-aura-pas-lieu_5497258_3232.html
mlsum-fr-1413
Sur les escaliers, de gauche à droite : Nicolas Cavallier (Lindorf), Adam Smith (Hoffmann) et Aude Extrémo (La Muse/Nicklausse). En bas des escaliers, de dos, une partie du Chœur de l’Opéra National de Bordeaux. ERIC BOULOUMIE Le diable s’en serait-il mêlé, celui-là même qui, par trois fois, fera capoter les amours du poète Hoffmann ? La nouvelle production du chef-d’œuvre posthume d’Offenbach, dont on célèbre le bicentenaire de la naissance, a ouvert sous des auspices pour le moins contrariés la nouvelle saison de la maison d’opéra bordelaise. Une grève surprise des techniciens a privé la mise en scène de prégénérale et de générale tandis que des négociations se poursuivaient jusque dans l’après-midi de la première, jeudi 19 septembre. Les six dates de la production ont été sauvées mais il a fallu, faute d’accord, annuler la captation prévue pour France Télévisions et la diffusion en direct sur Culturebox et France 3 Aquitaine, jeudi 26 septembre. Il n’y aura donc pas de témoignage audiovisuel de cette première production in scena de la « version d’origine », retrouvée dans les années 1990 et fruit du travail de l’« offenbachologue » Jean-Christophe Keck, présentée en version de concert Salle Pleyel en 2012 déjà sous la direction de Marc Minkowski. Soit trois actes remaniés pour le meilleur de la dramaturgie alors que la version éditée par Choudens, tombée dans le domaine public, continue de faire la course en tête. Lire la critique : Minkowski fait redécouvrir Offenbach Plus qu’un important quota de récitatifs récrits et l’ajout ou le retrait de certains airs, c’est surtout l’acte de Venise, jusqu’alors partiellement inédit, qui donne à l’œuvre une véritable progression dramaturgique, la machiavélique courtisane Giulietta, qui volera le reflet d’Hoffmann, couronnant le parcours amoureux du poète, victime de l’illusoire poupée Olympia puis veuf d’Antonia, sacrifiée sur l’autel de l’art et du chant. Le metteur en scène Vincent Huguet est un habitué des lieux. Au point de situer l’opéra dans le décor même du bâtiment édifié par Victor Louis, avec son escalier d’honneur et l’imposante porte palière flanquée des muses Thalie et Melpomène ? Le travail est propre et soigné, qui convoque Mozart et son Don Giovanni, dont l’« Air du champagne », diffusé en coulisse, servira de gué pour le premier chœur hoffmannien des buveurs de taverne. Voix d’outre-tombe Certaines caractérisations comiques font mouche, comme cette Olympia, addict aux confiseries M&M’s, dont le mime vocal transforme « Les oiseaux dans la charmille » en rossignol mécanique, qui finira pendue haut et court (image plutôt réjouissante). Mais l’ensemble de la direction d’acteurs, bien réglée, quoique dynamisée par un Hoffmann adolescent très à l’aise sur le plateau, semble dévider une littéralité sans surprise.
L’Opéra de Bordeaux propose en ouverture de saison le chef-d’œuvre posthume d’Offenbach tel qu’il fut retrouvé dans les années 1990.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/21/opera-les-contes-d-hoffmann-en-version-originale_6012519_3246.html
mlsum-fr-1414
Carrie Lam tient une conférence de presse, samedi 15 juin. HECTOR RETAMAL / AFP Le projet de loi controversé facilitant l’extradition en Chine est « suspendu », a annoncé, samedi 15 juin, Carrie Lam, la cheffe de l’exécutif hongkongais, plus isolée que jamais après une semaine de mobilisation massive des multiples détracteurs du texte d’abord soutenu par Pékin. « Le gouvernement a décidé de suspendre la procédure d’amendement législatif, de relancer notre communication avec tous les secteurs de la société, de travailler davantage (…) et d’écouter les différents points de vue de la société », a déclaré lors d’une conférence de presse la cheffe de l’exécutif de l’ancienne colonie britannique. Selon des informations du South China Morning Post – grand quotidien anglophone racheté par le milliardaire chinois Jack Ma, en 2016 –, publiées dans la matinée, samedi, les officiels chinois responsables du suivi des affaires de Hongkong ont eu une réunion confidentielle à Shenzhen, juste de l’autre côté de la frontière chinoise, concernant l’opportunité du passage en force de cette loi – quand bien même quasi-personne n’en avait jamais vu l’utilité, et que son impopularité menaçait la stabilité sociale, politique et même économique de la région administrative spéciale. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Hongkong, la jeunesse en colère brave le pouvoir Après cette déclaration, Pékin a déclaré « soutenir », « respecter » et « comprendre » la décision des autorités hongkongaises. Cette suspension vise à « écouter plus largement » les diverses opinions sur ce projet et « restaurer le calme au plus vite » dans le territoire, a déclaré un porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Geng Shuang, dans un communiqué. « Le peuple continuera de manifester » De leur côté, les organisateurs de la nouvelle marche populaire d’opposition au projet de loi, prévue dimanche après-midi, ont maintenu le rassemblement, selon le même format que la marche qui a réuni plus d’un million de personnes, dimanche 9 juin. « Nous devons dire au gouvernement que le peuple de Hongkong continuera de manifester tant que nous ne verrons pas un retrait du projet », a déclaré à la presse Jimmy Sham, du Civil Human Rights Front. Un appel à la grève générale avait par ailleurs été lancé pour lundi. Samedi soir, un homme qui avait organisé une manifestation anti-extradition au sommet d’un immeuble est décédé après en être tombé, a déclaré l’autorité hospitalière de Hong Kong, sans plus détails. Il avait déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Retirez entièrement le projet de loi sur l’extradition de la Chine ». La suspension, mais non le retrait, du texte est une rare concession de la part du gouvernement de Hong Kong. Le ministre britannique des affaires étrangères Jeremy Hunt a félicité samedi le gouvernement de Hong Kong pour avoir « tenu compte des inquiétudes des citoyens courageux qui se sont levés pour défendre leurs droits de l’Homme ». Pékin de son côté a réagi de façon ambiguë : « Nous soutenons, respectons et comprenons cette décision », a déclaré un communiqué du ministère chinois des affaires étrangères, parlant de la nécessité de « restaurer le calme au plus vite » dans le territoire. Mais dans un communiqué séparé, l’agence chinoise chargée des relations avec Hong Kong a redit que la loi sur l’extradition était « nécessaire et justifiée » et que Pékin continuait à la soutenir, et était « très attentif » à l’opposition à cette loi. Le silence éloquent du camp pro-Pékin Depuis quelques jours, le silence assourdissant du camp pro-Pékin, qui n’a pas soutenu Mme Lam dans la tourmente, et qui avait été le premier à émettre des réserves sur cette loi, ainsi que des rumeurs de dissensions au sein du Conseil exécutif, laissait penser que le vent était en train de tourner. Vendredi, les langues ont commencé à se délier. Le député pro-Pékin James Tien a été le premier à se désolidariser publiquement de Carrie Lam, s’étonnant de son acharnement. « Je ne comprends pas pourquoi elle y tient tant que cela », a-t-il déclaré à la presse, soulignant les conséquences politiques qu’aurait forcément un tel affront à la population de Hongkong. Car deux échéances électorales importantes approchent, avec, en fin d’année, des élections locales (de districts) et des élections législatives l’an prochain. « Comment Hongkong pourra-t-elle être gouvernée si nous perdons la majorité au Parlement ? », s’est-il inquiété. Malgré un mode de scrutin favorable au camp pro-Pékin, la majorité ne lui est pas garantie, en cas de victoire massive du camp prodémocratie. Devant le siège du gouvernement, à Hongkong, le 15 juin. HECTOR RETAMAL / AFP Bernard Chan, membre du Conseil exécutif, aussi discret que respecté, largement identifié comme un futur candidat potentiel au poste de chef de l’exécutif, admettait pour sa part sur la radio publique RTHK que le gouvernement avait sous-estimé la réaction des milieux d’affaires et d’autres secteurs. « Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir le Parlement bloqué à cause d’une loi », a-t-il déclaré. Or, après avoir annulé les sessions de jeudi et de vendredi, le président du Conseil législatif, Andrew Leung, avait déjà annoncé qu’il ne se réunirait pas non plus lundi 17 ni mardi 18 juin. De fait, la perspective de voter la loi d’extradition, jeudi 20 juin, selon le calendrier établi à l’origine, semblait impossible à tenir. Déjà catastrophique socialement et politiquement, cette crise ressemblait de plus en plus à un désastre annoncé pour la majorité, et donc indirectement pour Pékin. Violences policières Dans une interview à la BBC, l’ambassadeur de Chine à Londres, Liu Xiaoming, a pour sa part insisté sur le fait que, contrairement à ce que les médias occidentaux répétaient, ce projet n’avait pas été dicté par Pékin, Carrie Lam en ayant à plusieurs reprises revendiqué l’initiative. Un autre signe de prise de distance de Pékin vis-à-vis de cette initiative, après l’avoir soutenue. Après la réaction de Carrie Lam à la suite de la manifestation historique, dimanche 9 juin, qu’elle a balayé d’un revers de main comme un non-événement, la gestion jugée violente des débordements de la manifestation, trois jours plus tard, a aggravé le malaise des Hongkongais. Après quelques incidents brutaux, la police a en effet riposté sur l’ensemble des manifestants, dans leur immense majorité des jeunes, de 15 à 25 ans, venus sans autre intention que d’exprimer paisiblement leur opposition à l’adoption de ce texte liberticide. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Hongkong, derrière les manifestations, les signes d’une crise existentielle La police a expliqué avoir utilisé 150 cartouches de gaz lacrymogène, en quelques heures et dans ce périmètre restreint, près du double de ce qui avait servi tout au long des soixante-dix-neuf jours du « mouvement des parapluies » en 2014. Elle a aussi eu recours à une vingtaine de bean bags (« sacs à pois »), des gaz poivre et des balles en caoutchouc. Les heurts ont fait environ 80 blessés du côté des manifestants et 22 dans les rangs de la police ; une violence qui a choqué. La maladresse de Carrie Lam Alors que violence urbaine et délinquance sont quasi inexistantes à Hongkong, des centaines de vidéos montrant des violences policières ont eu un fort écho dans la société et ont contribué à redoubler la colère des Hongkongais à l’égard de Carrie Lam. Onze personnes ont été arrêtées et accusées de divers crimes de troubles de l’ordre, mais aussi d’avoir participé à des « émeutes », un terme d’abord utilisé par Carrie Lam, crime passible de dix ans de prison dont l’utilisation a également été assimilée à de la provocation. Si elle est maintenue, la marche de dimanche aura donc pour double thème le rejet de la loi et la dénonciation de la violence policière. C’est donc, selon toute vraisemblance, l’ampleur de la protestation populaire, aux dimensions jamais vues à Hongkong depuis la rétrocession à la Chine, en 1997, qui a fait basculer même une partie du camp pro-Pékin du côté de l’opinion publique. La maladresse et la rigidité de Carrie Lam ont fait le reste, avant qu’elle soit contrainte de renoncer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hongkong : Pékin dénonce les « forces étrangères » derrière la manifestation Ce retournement spectaculaire et inespéré devrait donner un énorme espoir à la société civile de Hongkong et au camp prodémocratie, pour qui l’épisode a d’ores et déjà été une aubaine et l’occasion d’une quasi-résurrection. Depuis cinq ans, l’opposition était divisée et surtout décimée par divers procès qui ont condamné à la prison ou exclu de la vie politique certains de ses membres les plus actifs.
La cheffe de l’exécutif hongkongais a suspendu son projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine, sans parvenir à faire annuler une nouvelle manifestation prévue dimanche.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/15/hongkong-carrie-lam-isolee-s-appreterait-a-retirer-son-projet-de-loi-controverse_5476631_3210.html
mlsum-fr-1415
Hédi Kaddour, en septembre 2015, à Paris. JOEL SAGET/AFP « J’ai regardé Le Monde avant d’avoir su lire. A Tunis, dans les années 1950, le journal était posé sur la table de la cuisine familiale. Parfois, mon père rentrait sans, et lâchait d’un ton plein de mépris : « Ils l’ont saisi ! » Bien plus tard, à Paris, en terminale, j’ai découpé Le Monde, en particulier les articles économiques de Gilbert Mathieu, pour compléter les cours de géographie. On achetait le journal à un vendeur à la criée, tout mince, le seul du Quartier latin, qu’on appelait « Lemonde ». J’ai encore sa voix dans l’oreille. En 1971, je pars comme coopérant au Maroc. Le Monde est à nouveau devenu une denrée incertaine. En cas de saisie, on se faisait ravitailler par des copains du corps diplomatique. On attendait le journal en provenance de Rabat en même temps que des bouteilles de Chivas et des Montecristo… Entre-temps, en mai 1968, je suis étudiant à Strasbourg. Une nuit, à Paris, des barricades s’élèvent. Nous écoutons la radio, et à l’aube nous nous retrouvons à une dizaine dans le hall de la fac des lettres. Dans un coin, un seau avec un chiffon rouge. Un copain, un certain Morin, type athlétique et débrouillard, agite le bout de tissu comme un torero en demandant : « Qu’est-ce qu’on pourrait en faire ? » Quelqu’un lui lance : « T’as qu’à le mettre au mât de la fac, sur le toit. » Il l’a fait. Ça a donné ce titre dans Le Monde : « Strasbourg, le drapeau rouge flotte sur la faculté des lettres. » Le jour des résultats de l’agrégation de lettres modernes, en 1976, j’avais découpé un petit carré dans le journal : la liste des reçus, avec mon nom. Elle avait pour moi presque autant de valeur que la liste du ministère. Je l’ai gardée, elle doit être quelque part, dans un coin. Les métaphores bidon Aujourd’hui, j’enseigne l’écriture de reportage aux étudiants de La Chance pour la diversité dans les médias, après ceux du Centre de formation des journalistes. Dès la première séance, j’explique qu’il faut des faits, donner à voir, à sentir, à entendre, savoir attaquer, relancer, chuter. Pas trop d’adjectifs, qui ramollissent le style. Eviter le verbe « sembler », les phrases mille-pattes et les métaphores bidon. Pour illustrer, je lis sur mon téléphone quelques perles de mon journal français préféré : « Le préservatif reste la pierre angulaire de la prévention. » Ou encore : « La chute d’Alep enfonce le dernier clou dans le cercueil des négociations de paix. » Je me souviens aussi de celle-ci : « Laurent Blanc percerait le plafond de verre qui circonscrit jusqu’à présent les visées européennes des bienfaiteurs qataris. » Et de celle-là : « La machine politique de Donald Trump a toujours carburé aux dérapages contrôlés. » Vous voyez, j’aime Le Monde, pour le meilleur comme pour le pire. « La lecture du journal est la prière du matin de l’homme moderne », disait Hegel. Dans La Chute, Camus le paraphrase et fait dire à Clamence : « Une phrase suffira pour l’homme moderne : il forniquait et lisait des journaux. » Il est heureux que Le Monde nous garantisse au moins l’exercice de la deuxième activité. » Revivez les conférences et spectacles du Monde Festival 2019 sur le thème « Imagine » ! La rédaction du Monde a organisé, du 4 au 7 octobre à Paris, un festival de débats, spectacles et rencontres avec une centaine de personnalités. Revivez les moments forts du Monde Festival Paris 2019 Portfolio : ils ont imaginé le monde de demain au Monde Festival Retrouvez les vidéos intégrales des débats du Monde Festival 2019
Série « Le Monde » et moi. A l’occasion des 75 ans du quotidien, le poète et écrivain, auteur notamment des « Prépondérants », revient sur « quelques perles » repérées dans le journal.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/20/hedi-kaddour-pour-le-meilleur-comme-pour-le-pire_5500893_4415198.html
mlsum-fr-1416
Troupes françaises dans la ville de Dortmund en 1924. BUNDESARCHIV/WIKIMEDIA COMMONS FRANCE 3 - LUNDI 11 NOVEMBRE À 22 H 40 - DOCUMENTAIRE Les images filmées et non colorisées sont inédites : on y voit des soldats français, nombreux, défilant, baïonnette au canon, devant des civils allemands. Tournées dans les rues de Mayence, Coblence ou Wiesbaden, en 1919 et 1920, puis de Düsseldorf et d’Essen quelques années plus tard, ces scènes témoignent d’un épisode rarement traité et pourtant décisif pour la suite des événements en Europe : l’occupation de la Rhénanie (puis de la Ruhr, à partir de janvier 1923) par des troupes françaises au lendemain de la boucherie du premier conflit mondial. Aussi passionnant sur le fond que réussi dans sa forme (nombreuses archives filmées, photos couleurs, commentaires sobres et belle musique signée Marc-Olivier Dupin), ce documentaire décortique comment l’occupant en uniforme bleu horizon, arrivé plein de rage d’un pays en ruines pour pénétrer dans des régions intactes, a joué avec le feu pour finalement perdre la bataille de la propagande, puis celle de la diplomatie. Circonstances aggravantes Peu après l’armistice du 11 novembre 1918, des mesures de sécurité prévoient la démilitarisation des régions allemandes jouxtant les frontières belge et française. Des soldats belges sont à Aix-la-Chapelle, des Britanniques à Cologne, des Américains à Coblence. Quant aux Français, ils se taillent la part du lion en s’installant dans les trois-quarts des territoires occupés, avec Mayence comme siège principal. Le 10 janvier 1920, le traité de Versailles entre en vigueur avec son fameux article 231 stipulant que les Allemands sont responsables de la guerre et, qu’à ce titre, ils doivent payer. La suite ? Une succession d’incidents, parfois mortels, et de vexations pour les populations locales. Mépris et brutalités achèvent de dresser les citoyens rhénans contre ces occupants français avides de revanche. Circonstance aggravante pour les Allemands : 18 000 soldats (soit 20 % des forces françaises d’occupation) appartiennent aux troupes indigènes, dont 4 000 en provenance d’Afrique noire. Etre occupé par des Français est déjà une honte, mais par des « sauvages », leur semble pire. Bertolt Brecht, qui commence à écrire pour le théâtre, se révolte ainsi : « En Rhénanie, les nègres, par compagnies entières, engrossent les femmes. Ils s’en tirent sans punition, se rient des protestations de la population… » Résistance passive Ce n’est plus l’Allemagne qui incarne la barbarie, mais la France qui a le mauvais rôle. Même auprès de ses alliés anglo-saxons qui, à partir de 1920, commencent à retirer leurs troupes. Les Français les remplacent et vont encore plus loin : en janvier 1923, des divisions belges et françaises pénètrent dans la Ruhr, cœur industriel du pays. Comme l’Allemagne doit payer, les Français se servent – charbon, acier, tout est bon. Médusés, des habitants voient défiler dans leurs rues des chars Renault. La résistance passive s’organise, la presse anglo-saxonne condamne régulièrement les « horreurs » commises par les troupes françaises et la situation devient explosive. Victime d’une crise économique sans précédent, l’Allemagne s’enfonce dans le chaos. Conscients du danger, les Alliés desserrent l’étau. En 1929, bien avant le terme prévu, les troupes alliées quittent petit à petit le territoire allemand, le dernier bataillon français évacuant Mayence fin juin 1930. En 1932, l’abandon officiel de la dette est acté. La suite est connue. Un certain Adolf Hitler, qui ne cesse de hurler contre le diktat du traité de Versailles et les envahisseurs français, va bientôt entrer en scène. Occuper l’Allemagne ! 1918-1930, de Jérôme Prieur (Fr., 2 019, 65 min).
Jérôme Prieur a exhumé des images encore jamais vues montrant comment les soldats tricolores ont offensé la population vaincue, lors de leurs missions en Rhénanie et en Ruhr, de 1919 à 1930.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/11/occuper-l-allemagne-un-documentaire-inedit-sur-les-francais-revanchards-dans-une-allemagne-revoltee_6018789_3246.html
mlsum-fr-1417
Aldis Hodge et Kevin Bacon dans « City on a Hill ». FRANCISCO ROMAN / SHOWTIME Canal+ Séries, vendredi 21 juin à 22 h 25, série Ben Affleck et Matt Damon n’en sont pas à leur coup d’essai côté séries – les deux « kids » de Boston, qui ont reçu l’Oscar du meilleur scénario en 1998 pour le film Will Hunting, ont déjà produit Incorporated en 2014 et The Runner en 2016, deux échecs commerciaux relatifs –, et la très classique City on a Hill ne devrait pas avoir de mal à rencontrer son public. Boston, 1992. Violente, rongée par la drogue et les tensions interraciales, corrompue jusqu’à la moelle, la ville n’a rien à voir avec ce qu’elle est aujourd’hui. A l’époque, un Noir est accusé d’un meurtre commis par un Blanc – accusations prises pour argent comptant par les enquêteurs. Mais lorsque la vérité éclate, ce dernier se suicide. Cette affaire va creuser un fossé entre la police et la justice locale. « J’adorais mon job, maintenant mes enfants ne me supportent plus », confesse un policier dans les premières minutes de l’épisode pilote. Face à lui, Jackie Rohr (Kevin Bacon, visage émacié et yeux bleu glacier), agent du FBI accro à la cocaïne, infidèle et « ripou », incarne une vieille garde qui répugne à voir des policiers condamnés et incarcérés pour ce type de méfaits. Moins lisse qu’il n’y paraît Il se heurte rapidement à Decourcy Ward (Aldis Hodge), jeune et brillant procureur noir qui cumule tous les signes extérieurs de réussite – belle femme, bel appartement, beaux costumes… – et veut « faire exploser la ville » et ses rouages infernaux. Lorsque Rohr vient le voir pour lui demander de laisser sortir un de ses indics, arrêté lors d’une perquisition qui a mal tourné, Decourcy fait la sourde oreille et se met immédiatement Rohr, qui ne le tenait déjà pas en haute estime, à dos. Mais un braquage sanglant va conduire les deux hommes à se rapprocher. Et l’on découvrira, sans grande surprise, que le procureur noir est moins lisse qu’il n’y paraît et que le flic blanc a beau nourrir peu de scrupules, il a de la bouteille et de la ressource. Les personnages ne brillent pas par leur finesse, le scénario non plus, la direction d’acteurs est faiblarde et la réalisation tout aussi pauvre, ce qui est étonnant de la part de Michael Cuesta, réalisateur chevronné (Six Feet Under, Homeland…). Pourtant, le tout se laisse regarder sans déplaisir grâce à quelques rebondissements bien sentis et à un suspense efficace. Parfois, c’est suffisant. City on a Hill, de Michael Cuesta, avec Kevin Bacon, Aldis Hodge, Jonathan Tucker, Mark O’Brien (EU, 2019, 7 × 55 min). Saison 1 en cours de diffusion sur Canal+ et disponible à la demande sur MyCanal.
Produite par Ben Affleck et Matt Damon, la série montre une ville gangrenée par la criminalité et la corruption dans les années 1990.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/21/city-on-a-hill-boston-1992-la-cite-va-craquer_5479813_3246.html
mlsum-fr-1418
Les anciens travailleurs du port, au chômage, se sont réunis en syndicat. Youenn Gourlay Mohamed est un peu perdu. Six mois qu’il n’a pas mis les pieds au port d’Abidjan, en Côte d’Ivoire, et il ne retrouve plus la route. Une fois sur place, l’ancien transitaire reconnaît à peine les petits commerces au bout des docks et le parking de l’embarcadère, désespérément vide. Quel contraste avec ce même lieu un an auparavant, quand des centaines de véhicules de tous âges attendaient un acheteur ! Le 1er juillet 2018 est entré en vigueur un décret signé le 6 décembre 2017 par le président Alassane Ouattara. Le texte limite les importations de vieux véhicules, jugés trop polluants. Pas de voiture de tourisme de plus de 5 ans, pas d’utilitaire léger de plus de 7 ans, pas de poids lourd de plus de 10 ans. La mesure vise à réduire le nombre d’accidents et les émissions de gaz à effet de serre. Jusque-là, 75 % des « France au revoir », le surnom des véhicules d’occasion importés, avaient entre 16 et 20 ans, faisant du parc automobile ivoirien le plus vieux d’Afrique de l’Ouest ; des voitures le plus souvent recalées au contrôle technique en Europe et qui venaient polluer le territoire ivoirien. Du jour au lendemain, au port, le nombre de voitures d’occasion importées d’Europe et d’Amérique du Nord (plus de 50 000 par an) a chuté et des milliers de travailleurs se sont retrouvés sur le carreau. Comme Mohamed, qui gagnait plus de 500 000 francs CFA par mois (plus de 760 euros), soit huit fois le salaire minimum ivoirien, et vivait confortablement. Aujourd’hui, il se débrouille en revendant des mocassins au marché. Comme lui, des milliers de travailleurs ont perdu leur emploi ou considérablement diminué leur activité. « Ni reconversion, ni indemnisation » Un collectif d’anciens travailleurs du port vient d’ailleurs de se réunir en syndicat. A l’entrée du parking vide, sur des vieux sièges de voiture, un petit groupe discute des modalités pour « rassembler et mieux défendre leurs intérêts auprès des autorités », afin de faire évoluer le décret. « Ici, c’était bondé de voitures, explique Henri Konan, le président du syndicat. On immatriculait entre 200 et 400 véhicules par jour, aujourd’hui c’est une dizaine tout au plus. On n’a plus de travail. On nous avait dit qu’on serait accompagnés, mais rien n’a été fait : ni reconversion, ni indemnisation. » En février, le ministère des transports s’est engagé à rouvrir les conditions d’importation des véhicules d’occasion, mais le décret n’a pas bougé et aucune mesure concernant les travailleurs n’a été évoquée. Selon eux, le décret aurait dû cibler les voitures en circulation, et pas les seules importations. « Aujourd’hui, vous avez de très vieilles voitures qui ont parfois plus de 500 000 km au compteur, rejettent des gaz noirs très polluants et ne sont pas contrôlées. On aimerait que ces véhicules soient pénalisés, pas les nôtres », dit Narcisse N’Guessan, chargé de communication du syndicat. Car derrière, c’est toute une économie qui bascule. « On s’est battus au début des années 1990 pour ouvrir ce marché, avant on nous appelait les “clandestins”. En 1993, la libéralisation a généré des emplois en cascades », rappelle Henri Konan, la soixantaine. Le syndicat estime que plus de 15 000 personnes pâtissent du décret : importateurs, dockers, « mais aussi mécaniciens, tôliers ou peintres », énumère son président. Amadou Thierno est imprimeur dans la rue du port. Il ne travaille presque plus mais dit venir « par habitude ». Youenn Gourlay Abdoulaye Traoré a bien senti la différence. Alors qu’il réparait une vingtaine de voitures par mois, ce mécanicien abidjanais a perdu les trois quarts de son chiffre d’affaires. Certains de ses confrères ont dû tout arrêter. Et ce n’est pas tout. Les petits commerçants du port aussi ont subi de plein fouet la mesure. Amadou Thierno, imprimeur d’assurances, gagnait 1 million de francs CFA par mois. Aujourd’hui, il travaille à peine et ne vient plus que « par habitude ». Les prix des voitures ont flambé Pour les chômeurs, le pire reste la loi qui permet au personnel des ambassades et de la Banque africaine de développement (BAD) d’importer la voiture de leur choix, quel que soit son âge. « Il y a une cassure, une injustice de traitement entre celui qui est au sommet de la chaîne et l’Ivoirien lambda qui lutte. Nous sommes en colère contre Alassane Ouattara », s’emporte le travailleur syndiqué Sylvestre Kouakou. Le syndicat, qui cherche un responsable, pointe la Conférence de Paris sur les changements climatiques (COP 21), en 2015. Le chef de l’Etat aurait voulu empocher la prime reversée aux pays en développement pour l’application de certaines mesures. D’autres voient plutôt « une mesure d’affichage politique au niveau international, comme lorsque Ouattara avait interdit les sachets en plastique », observe un fin observateur de la vie locale : « Mais dans les faits, ces mesures ne sont jamais accompagnées. » Autre conséquence : les rares voitures importées aujourd’hui sont quasiment neuves et les prix ont flambé. Entre 10 et 15 millions de francs CFA (de 15 000 à 23 000 euros), soit cinq fois plus qu’avant. « Le président n’a pas pris en compte le volet social. Le développement doit être beaucoup plus humain », juge Sylvestre Kouakou. Selon les membres du syndicat, cette réforme pousse encore plus de gens à prendre la route de l’exil. « Beaucoup sont déjà partis, il n’y a pas de perspectives ici. Moi aussi, je suis en train de réfléchir à partir en Europe », confesse Henri Konan, dépité.
Il y a un an, l’application d’un décret présidentiel interdisant l’importation de vieilles voitures a laissé sur le carreau des milliers de travailleurs.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/06/cote-d-ivoire-les-oublies-du-port-d-abidjan_5472470_3212.html
mlsum-fr-1419
La prise en charge de ces médicaments va être progressivement réduite en France. ERIC GAILLARD / REUTERS La décision du gouvernement, concernant un déremboursement total de l’homéopathie d’ici à un an et demi, ne fait pas l’unanimité. Quarante-cinq députés de tout bord – Les Républicains, UDI et indépendants, Parti socialiste, Libertés et territoires, La République en marche et Modem – disent « non au déremboursement de l’homéopathie » dans une tribune publiée par Le Journal du dimanche (JDD) du 21 juillet. Selon eux, « l’homéopathie répond à un réel besoin médical. Elle contribue indéniablement à diminuer la consommation médicamenteuse et ainsi à combattre l’antibiorésistance, reconnue comme un problème majeur en termes de santé humaine et animale au niveau international. » Le 26 juin, après l’analyse de près de 1 000 études sur l’efficacité des granules de sucre contenant des extraits dilués, la Haute Autorité de santé (HAS) a considéré que ces médicaments n’ont pas démontré scientifiquement « une efficacité suffisante » pour justifier d’un remboursement. Mais « il est difficile d’accepter l’idée selon laquelle cette pratique, qui a longtemps été reconnue par les autorités et la communauté médicale, exercée pendant plus de deux cents ans par des médecins formés, et inscrite à la pharmacopée française en 1965, puisse soudainement être reléguée au rang de “fake médecine” », estiment les signataires de la tribune, dont cinq « marcheurs », parmi lesquels Jean-François Cesarini et Blandine Brocard, qui s’était élevée contre l’extension des vaccins obligatoires au début du quinquennat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Je vais continuer mon traitement homéopathique, mais tout le monde n’en aura pas les moyens » « Un report vers la médecine traditionnelle, plus coûteuse » Ces députés jugent que « face aux prises de position virulentes qui ont émergé ces dernières semaines dans le débat public, alors que des millions de Français affirment constater des bienfaits, il est intéressant de se demander pourquoi l’homéopathie dérange ». « Le déremboursement total de l’homéopathie entraînera inévitablement un fort pourcentage de reports vers la médecine traditionnelle, plus coûteuse et présentant également davantage de risques d’effets indésirables et secondaires », jugent-ils, demandant donc « au gouvernement de maintenir le niveau de remboursement à 30 % de cette méthode thérapeutique ». Lire aussi 4 questions pour comprendre le déremboursement de l’homéopathie D’ici à un an et demi, l’homéopathie ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale, a décidé début juillet le gouvernement, se rangeant à l’avis de la HAS. Dès le 1er janvier 2020, les petits granules aujourd’hui remboursées à 30 % ne le seront plus qu’à 15 %, puis ce taux tombera à zéro en 2021.
Dans une tribune publiée dans le « JDD », ces élus assurent que l’homéopathie répond à « un réel besoin médical » et demandent de maintenir le niveau de remboursement à 30 %.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/21/quarante-cinq-deputes-de-tout-bord-plaident-contre-le-deremboursement-de-l-homeopathie_5491727_3224.html
mlsum-fr-1420
L’ONG Reforest’Action et la Ville de Paris ont organisé, le 23 mars, la plantation par 200 volontaires de 2 000 jeunes arbres dans le bois de Vincennes. Reforest'Action Coincés entre le périphérique et le macadam de la Foire du Trône, en lisière du bois de Vincennes, de jeunes plants d’arbre résistent à la sécheresse au milieu des grandes herbes. Des chênes, des charmes, du houx, des tilleuls, des merisiers, des cormiers… Bienvenue dans la première « forêt primitive » de Paris : près de 2 000 arbres de 25 essences différentes ont été plantés là ce printemps, sur une modeste parcelle de 700 mètres carrés, par 200 Parisiens volontaires, sous la houlette de la municipalité et de l’organisation écologiste Reforest’Action. Pourquoi « primitive » ? « On cherche à reproduire l’écosystème tel qu’il serait si on le laissait évoluer librement pendant plusieurs centaines d’années », explique le fondateur et président de Reforest’Action, Stéphane Hallaire. Théorisée par le botaniste japonais Akira Miyawaki pour restaurer des forêts sur des sols dégradés, industriels ou urbains, cette méthode consiste à planter des espèces très diverses avec une très forte densité – jusqu’à trois arbres par mètre carré, trente fois plus que dans une forêt traditionnelle – et de manière totalement aléatoire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les forêts urbaines, bon moyen d’atténuer la canicule dans les villes ? « Un espace rendu à la nature » « Les plants entrent tantôt en symbiose, tantôt en compétition pour la recherche de la lumière, et poussent jusqu’à dix fois plus vite que d’habitude. On arrive à des arbres de trois mètres en seulement trois ans », décrit M. Hallaire. Aucune intervention humaine, à part un peu d’arrosage les premières années, et aucune logique paysagère. « On crée un écosystème très dense, dans lequel on ne pourra pas poser un pied ou mettre un banc. C’est un espace rendu à la nature, un foyer de biodiversité en zone urbaine », précise le fondateur de Reforest’Action. Pas la bonne solution si l’on veut un parc où s’asseoir à l’ombre… L’organisation, qui a mené dix-sept opérations de reboisement urbain et planté 35 000 arbres depuis quatre ans, travaille avec la Ville de Paris pour identifier des sites où implanter d’autres de ces « forêts primitives », à l’heure où la municipalité cherche à intensifier sa politique de création d’espaces naturels et à créer des « forêts urbaines ». « On intervient sur 100 mètres carrés au minimum, plutôt en pleine terre, même si on peut adapter les essences pour planter au-dessus d’un parking souterrain, souligne M. Hallaire. On nous propose souvent des friches au bord d’infrastructures. » Coût de l’opération : environ 25 000 euros au total pour la plantation du bois de Vincennes. Reforest’Action propose à tout un chacun, sur son site Internet, de financer la création de ces forêts par un don de trois euros par arbre.
L’organisation Reforest’Action applique une méthode japonaise de plantation très dense visant à créer des foyers de biodiversité en milieu urbain.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/25/a-paris-une-premiere-foret-primitive-en-lisiere-du-bois-de-vincennes_5493206_3234.html
mlsum-fr-1421
Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et son rival conservateur Andrew Scheer lors d’un débat à Gatineau, le 10 octobre. POOL New / REUTERS La dernière ligne droite a été difficile. Après quatre ans passés au pouvoir, le premier ministre canadien sortant, Justin Trudeau, sait que les derniers sondages le donnent au coude-à-coude avec son rival du Parti conservateur, Andrew Scheer, inconnu il y a encore quelques mois. Le fringant chef du gouvernement, né le jour de Noël en 1971 et fils du flamboyant Pierre Elliott Trudeau, lui-même premier ministre pendant quinze ans, sait que l’effet de surprise de sa victoire en 2015 s’est largement estompé. Lui qui n’a eu aucun mal à tourner la page de l’austère Stephen Harper et à incarner le renouveau d’un pays en proclamant « Canada is back » doit désormais défendre son bilan lors des élections fédérales, lundi 21 octobre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Canada, les conservateurs croient en leurs chances Certes, celui-ci est plutôt flatteur en matière économique. Devant son public, lors des derniers meetings de campagne, dans le centre et l’ouest du pays, il n’a cessé de rappeler que la croissance se portait plutôt bien, que 1,2 million de nouveaux emplois net ont été créés, que l’allocation canadienne pour enfant a été réévaluée, que le chômage est faible – le taux est à 5,7 %, tout près de son plus bas niveau depuis au moins quarante ans – et que les investissements ont permis de sortir 900 000 personnes de la misère. Voyage aux Bahamas D’après une équipe de chercheurs de l’université Laval, dirigée par les professeurs du département de science politique Lisa Birch et François Pétry, le gouvernement Trudeau a réalisé 77,9 % des promesses faites par son Parti libéral en 2015. Sur les 353 promesses compilées, 91 étaient encore en voie de réalisation ou partiellement réalisées (7,1 %), et 25 n’avaient pas été tenues (15 %). Surtout, le chef du gouvernement a fait adopter des mesures difficiles à faire passer aux yeux d’une frange de l’opinion publique, comme la légalisation du cannabis à usage récréatif ou encore l’accueil de 40 000 réfugiés syriens, soit davantage que les Etats-Unis voisins. Les promesses non réalisées par le gouvernement sont parmi les plus symboliques Le problème, ont souligné de nombreux spécialistes, est que les promesses non réalisées par son gouvernement sont parmi les plus symboliques. En matière climatique, le Canada est encore loin d’atteindre ses objectifs répétés depuis la signature de l’accord de Paris, conclu lors de la COP21, en décembre 2015. De quoi contrarier une partie de l’électorat jeune qui avait massivement voté pour Justin Trudeau. Parmi les promesses non tenues figurent aussi le retour à l’équilibre budgétaire et la réduction de la dette. Au contraire, celle-ci s’est creusée. Et puis, il y a eu ce projet de réforme du système électoral qui prévoyait de mettre fin à l’héritage britannique, favorable aux grands partis, en instaurant un scrutin majoritaire à deux tours. L’idée a été abandonnée en février 2017. Un choix qui poussa Richard Johnston, de l’université de la Colombie-Britannique, à affirmer qu’il s’agissait là du « premier indice révélant qu’après tout Justin Trudeau n’était pas Jésus ».
Le premier ministre canadien libéral, candidat à sa succession ce lundi, présente un bilan controversé, notamment sur le climat.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/21/l-etoile-ternie-de-justin-trudeau-menace-par-son-rival-conservateur_6016309_3210.html
mlsum-fr-1422
Le camion dans lequel ont été découverts 39 corps, mercredi 23 octobre, à Grays, au Royaume-Uni. BEN STANSALL / AFP La police britannique a annoncé, vendredi 25 octobre, avoir arrêté deux personnes à la suite de la découverte près de Londres des corps de 39 personnes dans un camion. L’homme et la femme de 38 ans interpellés, habitants de Warrington (nord de l’Angleterre), sont suspectés de trafic d’êtres humains et d’homicides, a précisé la police. Les 39 cadavres ont été découverts dans la nuit de mardi à mercredi dans la remorque d’un poids lourd garé dans une zone industrielle de Grays, dans l’Essex, à une trentaine de kilomètres à l’est de Londres. La remorque les contenant était arrivée peu avant, après une traversée d’environ neuf heures, du port belge de Zeebruges à Purfleet, sur la Tamise, où le camion l’avait prise en charge. Le chauffeur, âgé de 25 ans et originaire d’Irlande du Nord, avait aussitôt été interpellé, et il reste en garde à vue dans le cadre d’une procédure pour meurtre. Horreur et indignation Le transfert des corps a commencé vers un hôpital voisin, et les premières autopsies doivent avoir lieu vendredi, selon la police, qui avertit que l’« identification formelle [des victimes] sera une partie longue et cruciale de l’enquête ». Après avoir annoncé qu’il s’agissait de ressortissants chinois, la police a assuré vendredi que ces informations étaient susceptibles de changer avec le processus d’identification et que d’autres nationalités pouvaient être concernées. Ces décès ont provoqué horreur et indignation, ainsi que de nombreux appels à renforcer la lutte contre les filières d’immigration clandestine, aux méthodes de plus en plus risquées face au renforcement des contrôles.
Les corps de 39 Asiatiques ont été découverts, mercredi, dans la remorque d’un poids lourd près de Londres. Le chauffeur du véhicule est toujours en garde à vue.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/25/deux-nouvelles-arrestations-dans-l-enquete-sur-le-camion-charnier-au-royaume-uni_6016909_3210.html
mlsum-fr-1423
Ce guide a été rédigé par la rédaction de Wirecutter (groupe New York Times) et traduit par Le Monde. Les produits sont sélectionnés de manière indépendante. Le Monde et Wirecutter perçoivent une rémunération lorsqu’un de nos lecteurs procède à leur achat en ligne. En savoir plus Ce test a été réalisé aux États-Unis et a été initialement publié en anglais sur le site Wirecutter. Vous pouvez le lire ici en version originale. Après dix heures de recherches et vingt-cinq aL’Acer XR342CKPbmiiqphuzxutres passées à tester cinq écrans, notre conclusion est que l’Acer XR342CKPbmiiqphuzx (oui, c’est bien son nom !) est le meilleur moniteur ultra-large. Sa dalle de 34 pouces (86 cm) affichant 3 440 × 1 440 pixels est celle qui affiche les couleurs les plus précises parmi les écrans ultra-larges. Ses proportions étirées en font un excellent substitut pour une installation bi écran, à condition que vous soyez prêt à payer près de 1 000 euros. Notre premier choix L’Acer XR342CKPbmiiqphuzx Le meilleur moniteur ultra-large L’Acer XR342CKP est l’écran 34″ ultra-large le plus précis, avec une définition suffisante pour remplacer deux moniteurs. Son rafraîchissement à 100 Hz et sa compatibilité avec Freesync en font également un excellent choix pour le gaming. Acheter sur Fnac* Acheter sur Cdiscount *Au moment de la publication, le prix était de 866,57 € L’espace affichable de l’Acer XR342CKP est à peine inférieur à celui que vous auriez avec deux moniteurs 24 pouces 1080p. C’est un écran imposant, qu’on peut rehausser, orienter et incliner grâce à son pied réglable. Il offre un vaste choix de connexions grâce à ses deux ports HDMI et son DisplayPort, et le hub USB à quatre ports permet de limiter le nombre de câbles encombrants. Le XR342CKP est le seul écran ultra-large de cette gamme de prix à proposer une sortie 60 W sur USB-C, permettant de connecter et d’alimenter un MacBook Pro ou un PC portable récent avec un seul câble. Il propose également quelques caractéristiques bienvenues, comme le taux de rafraîchissement à 100 Hz supérieur à ce que proposent beaucoup d’autres écran, ou l’AMD Freesync (qui, selon nos tests, fonctionne aussi avec les cartes graphiques Nvidia) : c’est donc un excellent choix pour le gaming. En revanche, le mode incrustation (Picture in Picture) ne fonctionne pas comme nous le voudrions, ce qui en fait un mauvais choix pour le partager entre deux ordinateurs. Ce modèle dispose d’un mode HDR, mais nous recommandons de ne pas l’activer : il nuit à l’apparence de tout ce qui peut être affiché. Si l’Acer n’est pas disponible ou si vous avez l’intention de brancher deux ordinateurs au même écran, optez pour le Dell U3419W. Sa colorimétrie est aussi bonne que celle de l’Acer et il propose une connectique similaire. Outre le port USB-C qui peut fournir 90 W à un ordinateur portable, le U3419W dispose de deux ports USB ascendants, ce qui permet de brancher deux ordinateurs au commutateur écran-clavier-souris (KVM) intégré (le port USB-C fonctionne également en ascendant). Le mode écran séparé du Dell est bien meilleur que celui du modèle Acer : il est donc plus adapté si l’on compte remplacer une installation à deux ordinateurs et deux écrans. La garantie Dell dure trois ans est elle est plus protectrice que celle d’Acer : elle opère au moindre pixel défectueux, éteint ou brûlé. La recherche • Pourquoi nous faire confiance ? • À qui s’adressent les moniteurs ultra-larges ? • Comment nous avons sélectionné • Comment nous avons testé • Notre écran ultra-large favori : l’Acer XR342CKPbmiiqphuzx • Des défauts non rédhibitoires • Notre deuxième choix : le Dell U3419W • Ceux que nous attendons • La concurrence • Sources Pourquoi nous faire confiance ? Cela fait bientôt dix ans que je teste du matériel informatique et écris des articles sur ce sujet. Durant cette période, j’ai travaillé avec des écrans 4K et des installations bi écran. Pendant deux mois, je me suis mis sur un écran ultra-large afin d’évaluer les éventuels gains de productivité que peut offrir un tel moniteur. Nos guides d’achat portant sur les écrans bénéficient des conseils experts de Chris Heinonen, rédacteur senior à Wirecutter, ancien gourou des moniteurs pour Anandtech, l’homme auprès de qui nombre d’autres testeurs de matériel d’affichage cherchent conseil. Il nous a aidés à déterminer le meilleur équipement et le logiciel idéal à utiliser pour nos tests, et il a conçu le processus d’évaluation. À qui s’adressent les moniteurs ultra-larges ? WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Les moniteurs ultra-larges sont utiles pour les utilisateurs multitâches, qui aiment avoir de nombreuses fenêtres d’applications ouvertes côte à côte, ainsi que pour quiconque cherche à remplacer une installation bi écran par un seul afficheur, ou encore pour tous ceux qui aiment pouvoir lire un maximum d’informations d’un coup. Ceci étant, un bon écran ultra-large coûte plus du double de deux modèles ordinaires. De plus, tous les ultra-larges ont des soucis de couleur et de rétroéclairage, mineurs mais notables. Et leur forme incurvée peut poser des problèmes à certains types de travaux professionnels. Un moniteur ordinaire a des proportions de 16:9, soit 1,77 : 1, et il compte 16 pixels horizontaux pour 9 pixels verticaux. Un ultra-large tourne autour de 2,39 : 1 (souvent arrondi à 21:9) : il est beaucoup plus étiré qu’un modèle classique et offre plus d’espace horizontal pour travailler. Il permet par exemple d’afficher trois fenêtres de navigation web côte à côte, ou de voir plus de colonnes d’un tableur volumineux. Si vous éditez des vidéos (ou un autre travail impliquant une ligne temporelle), vous verrez une timeline plus longue. Nous nous sommes aperçus qu’un écran ultra-large était parfait pour le type de travail que nous faisions : lors de nos recherches, nous avons souvent des douzaines d’onglets ouverts sur plusieurs fenêtres de navigateur. Cependant, l’expérience n’est pas toujours parfaite. Les modes plein écran de certaines applications, comme Microsoft Word et Google Docs, sont des aberrations qui affichent de larges espaces blancs sur les côtés. Les vidéos sur des sites comme Youtube ne sont pas toujours correctement mises à l’échelle non plus : elles sont parfois entourées de bandes noires en haut, en bas et sur les côtés. Une paire de nos moniteurs 24 pouces préférés offre un espace horizontal supérieur (3 840 × 1 200 px) et coûte moins cher qu’un seul ultra-large. Si vous avez actuellement une installation bi écran, un moniteur ultra-large n’est pas fondamentalement meilleur. La plupart des gens apprécient la séparation offerte par deux affichages. Un ultra-large ne forme qu’un grand ensemble et, bien que la plupart d’entre eux proposent un mode simulant deux moniteurs, l’effet n’est pas le même que d’avoir deux écrans à part entière : par exemple, impossible d’en éteindre un pour vous concentrer sur une seule tâche. Le mode séparé demande aussi généralement quelques manipulations pour convaincre l’ordinateur de travailler avec une définition inhabituelle. Un moniteur ultra-large peut procurer une expérience de gaming plus immersive, à condition que le jeu le supporte. Les moniteurs « gamer » ultra-larges avec un rafraîchissement à 144 Hz ou plus sont une catégorie à part ; mais des ultra-larges ordinaires peuvent être utilisés pour jouer, surtout s’ils sont compatibles avec FreeSync, la technologie de synchronisation adaptative d’AMD, afin d’éviter les déchirements de l’image. Nvidia propose une fonction similaire, G-Sync, mais elle requiert un équipement matériel spécifique qui est généralement l’apanage de moniteurs haut de gamme dédiés au gaming. FreeSync fonctionne avec les cartes graphiques AMD ou Nvidia, tandis que G-Sync est réservé à ces dernières. La majorité des moniteurs ultra-larges est légèrement incurvée. WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Si l’espace d’affichage est le seul critère qui vous importe, un écran ultra-large n’offre pas le meilleur rapport qualité prix. Deux moniteurs 24 pouces offriront une plus grande définition horizontale (3 840 × 1 200 px) et coûteront moins cher qu’un unique ultra-large. Mais deux écrans prennent physiquement plus de place et demandent plus de câbles ; de plus, leurs bordures les empêchent d’obtenir l’affichage continu d’un moniteur ultra-large. La plupart des écrans ultra-larges sont incurvés, ce qui permet de voir l’ensemble sans tourner la tête. Cela peut compliquer la réalisation de certaines tâches de précision pour lesquelles les lignes droites sont importantes, comme le dessin, le développement de photos, ou d’autres travaux de conception. Nous avons demandé à l’un de nos photographes d’en utiliser un pendant toute une journée ; bien qu’il ait apprécié l’espace supplémentaire, il a trouvé les courbes trop gênantes lors de l’édition d’images. Pour ce type d’activité, un moniteur 4K est probablement plus indiqué. Les moniteurs ultra-larges utilisent généralement des dalles IPS aux angles de vision excellents. Cependant, avec la courbure de l’écran, il est possible que vous voyiez de petites zones de variations de couleur si vous ne centrez pas parfaitement la tête (comme nous l’avons fait pour tester la colorimétrie). Par exemple, sur tous les écrans testés, les noirs et blancs purs apparaissaient comme des gris délavés dans les angles. L’effet ne nous a jamais dérangés durant le travail, pas plus qu’en jouant, mais cette fuite de lumière du rétroéclairage peut être remarquée sur les scènes sombres dans une ambiance tamisée. Nous avons également constaté que les notifications de macOS, qui apparaissent dans l’angle supérieur droit, semblaient souvent délavées et difficiles à lire si nous n’étions pas correctement assis. Lorsque vous recevez votre exemplaire, nous vous suggérons de visionner cette vidéo sur Youtube en plein écran afin de voir si les fuites lumineuses vous dérangent. Même à côté d’un imposant moniteur 4K de 27 pouces, un écran ultra-large de 34 pouces semble gigantesque. WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Vérifiez les dimensions de votre bureau avant d’acheter un moniteur ultra-large. Ils sont imposants : un modèle 34 pouces, par exemple, occupe 82 cm en largeur et jusqu’à 25 cm en profondeur. WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Les qualités attendues d’un excellent moniteur ultra-large ne diffèrent guère de celles que doit avoir un modèle traditionnel. • Définition : à moins que vous utilisiez votre écran exclusivement pour jouer ou regarder des films, un modèle ultra-large doit avoir une définition de 3 440 × 1 440 pixels au minimum. Sur tous les modèles en 2 560 × 1 080 px que nous avons testés, le texte était pixélisé et difficile à lire. En outre, la définition plus faible va à l’encontre de l’espace d’affichage supplémentaire, qui est le premier avantage des moniteurs ultra-larges. Les modèles d’écrans larges 4K et 5K ne sont pas encore accessibles au plus grand nombre. • Taille : la plupart de ces écrans ont une diagonale de 34 ou 35 pouces (86 à 89 cm). De plus petits existent, mais, en dessous de 34 pouces, les avantages par rapport à un écran normal ne sont pas suffisants pour justifier le surcoût selon nous. Si vous désirez un modèle plus compact, vous serez sans doute plus satisfaits par la définition et la qualité d’affichage d’un moniteur 4K 27 pouces ou d’un 24 pouces ordinaire, que par un 29 pouces ultra-large à la définition plus faible. À l’autre bout de l’échelle, nous avons vu des modèles de 38 pouces (97 cm), mais ils envahissent un large volume du bureau et ils sont beaucoup plus chers. • Dalle : les dalles ultra-larges existent en deux variétés : IPS (in-plane switching) et VA (vertical alignement). Dans l’ensemble, l’IPS est un meilleur choix : il offre une reproduction des couleurs précise et d’excellents angles de vision. Les VA ont un contraste supérieur mais souffrent de variations de couleur notables quand on les regarde de biais, ce qui est un problème sur un écran incurvé. À de rares exceptions près, les moniteurs 34 pouces ultra-larges sont courbés de manière à ce que les bords soient tournés vers vous. Cette courbure est mesurée par son rayon : logiquement, plus le rayon est court, plus l’écran est incurvé. Par exemple, un moniteur 4000R est à peine concave, tandis qu’un 1800R l’est beaucoup plus. La plupart des ultra-larges actuels ont un rayon de 1 800 ou 1 900 mm. • Colorimétrie : les moniteurs calibrés en usine par leurs fabricants offrent des couleurs plus fidèles que les autres. Or, la plupart des gens ne calibrent pas leurs écrans : la précision d’origine est donc essentielle. Pour une qualité d’image optimale, une dalle doit couvrir au moins le gamut sRGB. Plus la couverture est élevée, plus l’écran peut reproduire une large palette de couleurs. Aucun des ultra-larges testés n’offrait une excellente précision colorimétrique : si celle-ci est essentielle pour votre activité, nous vous conseillons d’éviter ce type d’écran pour l’instant. • Rapport qualité prix : un moniteur ultra-large de 3 440 × 1 440 pixels coûte typiquement 800 à 1 000 euros. En deçà de ce prix, vous aurez généralement un modèle à la définition inférieure ou à la taille plus réduite. Au-dessus, vous payez pour des fonctions supplémentaires dont vous n’avez peut-être pas besoin : taille supérieure, G-Sync ou rafraîchissement au-delà de 75 Hz. • Design et réglages : la plupart des écrans ultra-larges pèsent plus de 10 kg. Il faut donc un pied robuste et stable, avec un système de maintien des câbles, et des bordures assez fines autour de la dalle. Le pied doit être réglable en hauteur afin d’ajuster l’ergonomie du moniteur ; les bons modèles supportent aussi une inclinaison verticale et une orientation latérale. Une compatibilité VESA est utile, pour pouvoir monter l’écran sur un bras ou une fixation murale. Et l’allure générale du moniteur ne doit pas trop attirer l’attention. • Connectique : au minimum, il faut un port HDMI 2.0 et un DisplayPort 1.2 ou plus récent. Si vous avez un MacBook Pro récent ou un autre ordinateur doté de ports USB-C, il est bon d’avoir un tel port aussi sur l’écran : celui-ci permet l’alimentation et la transmission de la vidéo et des données par un seul câble. • Hub USB : si vous voulez limiter le nombre de câbles qui traînent sur votre bureau, un hub USB intégré à l’écran peut vous aider à organiser votre espace de travail. Ainsi, vous pouvez brancher votre clavier, votre souris, un disque dur externe ou d’autres périphériques sur l’écran, puis relier celui-ci à l’ordinateur par un seul câble USB. Certains écrans intègrent un commutateur clavier-vidéo-souris (KVM), qui permet de brancher deux ordinateurs, et de faire basculer l’ensemble des périphériques USB de l’un à l’autre selon l’entrée utilisée. • Menus : les menus de l’écran doivent permettre de configurer facilement la luminosité, le contraste et d’autres réglages. Il devrait également être simple d’utiliser les fonctions supplémentaires du moniteur, comme le commutateur KVM ou la synchronisation adaptative. Les commandes doivent être accessibles. • Division de l’écran : les moniteurs ultra-larges disposent d’un mode écran divisé, qui leur permet de simuler les deux écrans qu’ils sont censés remplacer. Ce mode n’est utile que si vous branchez deux ordinateurs ; du fait des définitions non-standard, nous avons obtenu des résultats mitigés en cherchant à utiliser cette fonction sur les moniteurs testés. • Garantie et service client : une garantie qui vous protège des pixels défectueux est un critère important. Une garantie de trois ans doit être considérée comme standard, bien que certains fabricants se contentent de moins. Un service client réactif est important si vous rencontrez des problèmes. Nous avons fouillé sur les sites des fabricants d’écrans d’ordinateur, tels qu’Acer, Asus, BenQ, Dell, HP et LG, pour établir une liste de 50 moniteurs à étudier. Nous avons ensuite éliminé les modèles qui ne correspondaient pas à nos critères, et laissé la plupart des modèles de gaming, plus coûteux, pour un article futur. Notre liste comportait alors cinq modèles à tester en 2018 : trois en 3 440 × 1 440 pixels (l’Acer XR342CK, le Dell U3417W et le LG 34UC88-B) et deux en 2 560 × 1 080 pixels (le LG 25UM58-P et le LG 34WK650-W). Début 2019, nous avons également testé deux nouveaux modèles : la mise à jour Acer XR342CKP et le Dell U3419W. La plupart des utilisateurs ne modifient pas les réglages de leur moniteur, et calibrent moins encore leur affichage. Aussi, les performances par défaut sont essentielles. Nous avons travaillé avec Chris Heinonen, rédacteur senior pour Wirecutter, afin de tester la fidélité des couleurs de chaque écran à l’aide de deux équipements de mesure : le spectrophotomètre i1Publish Pro 2 et le colorimètre i1Display Pro (dont la mesure des niveaux de noir est meilleure que celle de l’i1Publish Pro 2). Nous avons utilisé des tests personnalisés dans la suite logicielle de calibration CalMAN 2017. Ces tests produisent des valeurs chiffrées, les DeltaE 2000, pour chaque écran, afin de montrer l’écart entre la couleur affichée et ce qu’elle devrait être. Une valeur faible est meilleure : un DeltaE inférieur à 1 est presque parfait et, jusqu’à 2, vous pouvez avoir confiance pour un travail d’impression professionnelle. Des valeurs supérieures à 3 signifient que vous verrez probablement la différence à l’œil nu. Le gamut, c’est-à-dire la plage de couleurs qu’un moniteur peut afficher, est également important : des couleurs fidèles ne valent rien si votre écran ne montre qu’une partie des teintes qu’il devrait afficher. Nous avons donc utilisé les tests de CalMAN pour déterminer quelle proportion de l’espace colorimétrique sRGB (standard le plus courant) chaque écran peut reproduire. Le score idéal est de 100 %. Nous n’avons pas poussé au-delà parce qu’en testant un espace plus large, un résultat supérieur à 100 % pourrait faire croire à une couverture parfaite de sRGB sans que ce soit le cas : il suffirait qu’un moniteur affiche des teintes hors de l’espace sRGB sans gérer toutes celles qui sont à l’intérieur. Pour chaque série de tests, nous avons réglé la luminosité de l’écran sur 140 cd/m², une valeur correcte pour une utilisation courante, et nous avons configuré le contraste à la valeur la plus élevée qui permettait de ne pas perdre de détail dans les blancs. Nous avons laissé tous les autres réglages sur leurs valeurs par défaut. Si nous avons testé la qualité d’image, nous avons également utilisé chacun de nos finalistes pendant quelques jours afin de nous habituer à leurs caractéristiques. Notre écran ultra-large favori : l’Acer XR342CKPbmiiqphuzx WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Notre premier choix L’Acer XR342CKPbmiiqphuzx Le meilleur moniteur ultra-large L’Acer XR342CKP est l’écran 34″ ultra-large le plus précis, avec une définition suffisante pour remplacer deux moniteurs. Son rafraîchissement à 100 Hz et sa compatibilité avec Freesync en font également un excellent choix pour le gaming. Acheter sur Fnac* Acheter sur Cdiscount *Au moment de la publication, le prix était de 866,57 € Avec sa dalle IPS de 34 pouces et 3 440 × 1 440 pixels, ainsi que ses couleurs fidèles, l’Acer XR342CKPbmiiqphuzx est le meilleur moniteur ultra-large. Il coûte souvent moins de 1 000 €, son pied permet de régler hauteur, orientation et inclinaison, et il offre de nombreux ports dont un USB-C. Vous devrez cependant accepter les limites de la garantie Acer (qui ne comporte qu’une couverture restreinte des problèmes courants tels que les pixels morts) ainsi qu’un menu mal conçu, dans lequel on presse aisément le mauvais bouton. La dalle de l’Acer XR342CKP est « overclockée » à 100 Hz, une fréquence supérieure aux 60 Hz du Dell U3419W. Ceci n’est guère important pour une utilisation bureautique, mais la différence peut être sensible dans les jeux vidéo. Contrairement au Dell, l’Acer supporte FreeSync, ce qui en fait un excellent choix pour le gaming. Nous l’avons testé avec une carte graphique AMD et une Nvidia, et FreeSync a fonctionné sans problème dans les deux cas. La compensation des baisses de « framerate » (cadence de rafraîchissement de l’image) s’est activée comme attendu pour des jeux graphiquement exigeants, tels que Shadow of the Tomb Raider, et la synchronisation adaptative a parfaitement fonctionné lors de parties d’Overwatch par exemple, qui a un framerate plus élevé. Ce modèle est donc l’un des meilleurs choix abordables pour le gaming, en plus du travail ordinaire. Le XR341CKP dispose également d’un mode compatible HDR, mais il n’a pas vraiment donné meilleure allure à ce contenu lors de nos tests, et il a généralement dégradé la qualité d’image. Ce diagramme montre la précision de la gamme de gris de l’Acer XR342CKP sur une échelle du noir au blanc. La plupart des valeurs de DeltaE 2000 sont inférieures à 2, ce qui est très fidèle. WIRECUTTER De tous les modèles testés, le XR342CKP est le deuxième plus proche de l’objectif que nous avions fixé à 1000:1, avec un contraste de 851 : 1. Le U3419W atteint 947 : 1, mais nous n’avons pas noté de différence entre les deux en les installant côte à côte. Un faible contraste se remarque surtout en observant les scènes sombres dans les films, domaine dans lequel l’Acer comme le Dell se sont avérés excellents (sauf dans les angles, où tous les écrans ultra-larges souffrent de fuites de lumière plus importantes que les modèles classiques). Pour tester la qualité des couleurs, nous avons analysé les valeurs DeltaE 2000, qui indiquent l’écart entre la teinte affichée et celle attendue. Une valeur inférieure à 1 est presque parfaite ; entre 1 et 2, vous pouvez préparer des impressions professionnelles ; au-delà de 3, vous commencez à voir la différence entre l’écran et une photo de référence. Lors de nos tests, la plupart des couleurs de l’Acer XR342CKP étaient précises, avec des valeurs de DeltaE 2000 de l’ordre de 2 : elles paraîtront fidèles à l’œil nu. Mais certains oranges et rouges étaient au-dessus : ces couleurs peuvent paraître moins justes. WIRECUTTER Le XR342CKP a un gamma de 3,4979, une valeur plus élevée que nous ne le souhaiterions : il peut donner l’impression que certaines ombres sont franchement trop noires. Le Dell U3419W s’en est mieux sorti, avec une valeur de 2,3464, mais la différence ne sera pas importante pour la plupart des utilisateurs. Quant au LG 34UC88-B, il s’est avéré nettement plus sombre, avec des couleurs moins saturées. Pour ce qui est des erreurs de couleurs sur une échelle de gris, le DeltaE 2000 moyen du XR342CKP est de 1,3237, ce qui est remarquable. Cette valeur, la meilleure de tous les modèles testés, signifie que ses gris sont neutres, sans dominante bleue, verte ni rouge. Les couleurs ne paraissent pas délavées et il n’y a pas de différence excessive entre les tons les plus clairs. Le DeltaE 2000 du Dell était plus élevé, à 2,6654, mais tout ce qui est inférieur à 3 convient tout à fait aux utilisations courantes. Sur le test ColorChecker, qui vérifie les valeurs de plus de cent couleurs, le XR342CKP a obtenu un DeltaE 2000 moyen de 1,8035, très proche du 1,7552 du Dell. Remarquons tout de même quelques pics rouges et orange, ce qui signifie que les images comportant beaucoup de ces teintes peuvent être moins fidèles que les autres, mais nous n’avons pas noté de déviation gênante à l’utilisation. Il couvre 99,19 % de l’espace colorimétrique sRGB, une valeur similaire à celle du Dell. L’Acer XR342CKP coûte généralement moins de 1 000 euros, un tarif comparable à celui du Dell U3419W, mais supérieur de plus de 200 euros à celui du LG 34UC88-B. La meilleure colorimétrie, la souplesse de positionnement et la connectique plus large de l’Acer en font un meilleur choix que le LG, et la colorimétrie et le port USB-C le rendent préférable au Dell pour la plupart des gens. Le support de l'Acer offre une latitude d'ajustement suffisante pour que vous n'ayez pas de difficulté à trouver une position ergonomique agréable. CRÉDIT : WIRECUTTER / ROZETTE RAGO On peut régler la position de l’Acer XR342CKP en hauteur sur 12 centimètres, l’incliner vers le bas ou vers le haut et l’orienter à gauche ou à droite. Le Dell U3419W propose les mêmes ajustements, mais avec un centimètre de moins de latitude en hauteur. Le pied à trois branches de l’Acer, plutôt futuriste, augmente la profondeur de l’ensemble : vous aurez besoin d’un grand bureau pour l’installer confortablement. Le support du Dell est bien plus compact, ce qui permet de le placer plus près du fond du bureau. Tous deux ont un espace pour glisser les câbles dans le pied et Acer inclut un capot pour couvrir les ports à l’arrière, si vous ne supportez pas l’idée que l’on puisse les apercevoir. Le XR342CKP est compatible VESA, ce qui permet de l’installer sur une monture ou un bras orientable dédié ; Acer fournit également un support mural si vous ne voulez pas utiliser le pied. Derrière l’écran, vous pouvez installer un crochet optionnel afin de déposer votre casque audio lorsque vous ne l’utilisez pas. Avec ses trois points d’appui, le pied prend beaucoup de place, mais il évite toute instabilité de l’imposant moniteur. WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Un support optionnel à l’arrière permet d’accrocher votre casque audio pour faciliter l’organisation de votre bureau. WIRECUTTER / ROZETTE RAGO La plupart des ports du XR342CKP sont courants sur les moniteurs ultra-larges, mais l’USB-C est particulièrement pratique pour les possesseurs de MacBook Pro ou d’autres ultrabooks qui se chargent sur ce type de prise. WIRECUTTER / ROZETTE RAGO La plupart des ports utiles figurent au dos du XR342CKP, orientés vers le bas, dont deux HDMI 2.0, un DisplayPort 1.2A et une sortie DisplayPort si vous souhaitez relier un second écran. Quatre ports USB orientés vers l’arrière permettent de brancher divers périphériques, tels que clavier, souris ou stockage. Le port USB-C autorise la connexion d’un portable (tel qu’un MacBook Pro ou un Dell XPS 13), ce câble unique connectant en même temps l’affichage et le hub USB, tout en fournissant une alimentation de 60 W afin de recharger l’ordinateur. Le moniteur ne dispose pas de port ascendant USB-A : si votre ordinateur n’a pas de port USB-C, vous aurez besoin d’un adaptateur USB-C vers USB-A. Un câble HDMI, un câble DisplayPort et un câble USB-C sont fournis avec l’écran. Le XR342CKP comporte quelques caractéristiques farfelues que la plupart des utilisateurs souhaiteront désactiver, comme la lumière d’ambiance qui change de couleur sous l’écran. Vous pouvez modifier la teinte, mais l’effet de nouveauté ne dure pas. Il comporte aussi une paire de haut-parleurs intégrés, mais nous les avons trouvés trop lourds dans les basses et trop faibles dans les aigus. Peu adaptés à la musique, aux films ou à la télévision, ils peuvent suffire pour les notifications du système et une vidéo Youtube de temps à autre. Des défauts non rédhibitoires Comme sur tous les concurrents testés, nous avons constaté d’importantes fuites lumineuses du rétroéclairage de l’Acer XR342CKP, en particulier dans les angles. Contrairement à Dell et à d’autres fabricants d’écrans, Acer n’inclut pas une garantie contre tout pixel défectueux (toujours allumé ou toujours éteint) : vérifiez donc l’absence de pixel mort dès que vous recevez votre moniteur et retournez-le au vendeur au besoin. Par ailleurs, l’assistance Acer par téléphone et par chat est possible, mais Dell dispose d’une documentation et de forums plus détaillés. Le menu du XR342CKP permet d’accéder rapidement à la luminosité, aux couleurs et à d’autres réglages. Vous pouvez ajuster les teintes, la saturation et la température des couleurs, mais nous avons trouvé ces réglages suffisamment précis avec les valeurs par défaut. Les commandes, placées derrière le moniteur, comportent trois boutons et un joystick. Celui-ci s’est montré réactif et nous a permis de passer facilement d’un menu à l’autre, mais les boutons n’étaient pas parfaitement alignés avec le menu : bien souvent, nous avons éteint le moniteur en cherchant à sélectionner la première option affichée à l’écran. Même après des heures de recherche, nous n’avons jamais réussi à afficher correctement deux ordinateurs côte à côte sur le XR342CKP. WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Le mode « picture in picture » du XR342CKP fonctionne exactement comme sur un téléviseur : une entrée fournit l’image principale tandis qu’une autre est affichée dans l’angle. Notre essai du mode écran séparé n’a pas été aussi heureux : en branchant deux ordinateurs au moniteur, l’affichage côte à côte s’est révélé ignoble et inutilisable. À la première activation, il a conservé les proportions d’origine, nous forçant à plisser les yeux sur deux minuscules écrans. En modifiant le réglage pour lire les entrées en plein écran, il a étiré les images, écrasant l’ensemble en un bazar illisible. Sous Mac comme sous Windows, il nous a été impossible de forcer la définition à 1 720 × 1 440 pixels (une demi-largeur mais une hauteur complète), nécessaire pour que ce mode fonctionne. Notez que si nous avons réussi à utiliser correctement ce mode avec les moniteurs ultra-larges de Dell et LG, cela nous a demandé un peu de bricolage : aucun de ces modèles n’offre une expérience simple. Notre second choix : le Dell U3419W WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Si l’Acer XR342CKP n’est plus disponible, si vous voulez brancher deux ordinateurs et les afficher côte à côte, ou si vous souhaitez avoir un commutateur KVM (clavier-écran-souris) pour utiliser les mêmes périphériques sur deux ordinateurs, le Dell U3419W est un bon choix. Sa définition, sa taille et sa courbure (1900R) sont identiques à celles de l’Acer, mais il est généralement un peu plus cher. Il offre autant de réglages et intègre moult ports, dont un USB-C capable de fournir 90 W à un ordinateur portable. Et la garantie de Dell est plus complète que celle d’Acer. Comme celle de l’Acer, la dalle du Dell offre d’excellents angles de vision, mais sa cadence de rafraîchissement est plus faible, à 60 Hz. C’est le standard de la plupart des écrans mais, si vous comptez jouer, les 40 Hz de plus de l’Acer sont un avantage notable. Le U3419W ne dispose pas non plus de FreeSync : là encore, le XR342CKP est un meilleur choix pour jouer. Nous avons noté le même souci de fuites lumineuses sur les deux modèles, comme sur la plupart des moniteurs ultra-larges testés à ce jour. Lors de nos tests, l’échelle de gris du Dell U3419W a souvent obtenu un DeltaE 2000 inférieur à 3 : les couleurs doivent s’afficher correctement. WIRECUTTER Le contraste du Dell atteint 947 : 1, légèrement meilleur que celui de son adversaire. La valeur de gamma, à 2,3453, est bien meilleure que les 3,4979 de l’Acer, mais la colorimétrie de l’échelle de gris a donné un DeltaE moyen de 2,6654, moins bon que le 1,3237 de notre favori. Cela reste un résultat plutôt fidèle : la plupart des gens ne verront pas de différence entre les deux. Le Dell a obtenu de bons résultats au test ColorChecker, avec un DeltaE 2000 moyen inférieur à 2. WIRECUTTER Le Dell est sorti du test ColorChecker avec les honneurs. Son DeltaE moyen est à 1,7552, légèrement meilleur que l’Acer donc, et l’écran peut afficher fidèlement les tons chair, les ciels et d’autres teintes fréquentes dans la nature. Comme l’Acer, ce modèle couvre plus de 99 % du gamut sRGB. Et comme les autres ultra-larges testés, le Dell souffre de fuites lumineuses, principalement visibles dans les angles. Le U3419W est généralement un peu plus cher que le XR342CKP, mais il reste dans la gamme de prix attendue pour un moniteur ultra-large de cette taille et de cette définition. Les ajustements sont eux aussi similaires : la position du Dell peut être réglée en hauteur sur 11 cm (un de moins que l’Acer), inclinée vers le bas ou le haut, et orientée à gauche ou à droite. Comme sur l’Acer, un système VESA est prévu afin de le fixer sur une monture murale (qui n’est pas fournie, contrairement à l’Acer) ou un bras de support. Le Dell est solide et son pied est compact, occupant moins de profondeur que celui de l’Acer. Un trou au centre du pied permet de faire passer les câbles et, dans l’ensemble, ce support offre un design discret, en particulier comparé à l’allure agressive des trois dents du pied Acer. Le plastique simple, gris et noir, du Dell paraît plus passe-partout et professionnel que celui de l’Acer. Les deux ports USB ascendants et le port USB-C fonctionnent comme un commutateur KVM entre deux ordinateurs. WIRECUTTER / ROZETTE RAGO Sur le plan de la connectique, le U3419W propose un USB type C, un DisplayPort 1.2 et deux HDMI 2.0. Vous trouverez également à l’arrière une sortie son, deux ports USB 3.0 (plus deux autres sur la tranche), et deux USB 3.0 ascendants qui permettent d’utiliser l’écran comme commutateur KVM, afin de partager les périphériques tels que clavier et souris entre deux ordinateurs. L’Acer n’offre pas cette possibilité. Dell fournit les câbles HDMI, USB type C et un USB 3.0 pour connecter le moniteur à un ordinateur. Les menus du Dell sont bien meilleurs que ceux de l’Acer, et plus faciles à utiliser. Les boutons sont placés en bas à droite et, contrairement à ceux de l’Acer, ils sont alignés avec les options affichées : vous n’allez pas sélectionner accidentellement le mauvais élément. La navigation est simple à comprendre et à utiliser et les réglages de teinte, de saturation, de luminosité et de contraste sont directement accessibles. Contrairement à l’Acer, le Dell permet d’afficher correctement deux ordinateurs côte à côte. ROZETTE RAGO / WIRECUTTER L’incrustation « picture in picture » fonctionne comme sur l’Acer, mais le mode écran séparé est bien meilleur sur le Dell. En utilisant l’option Plein écran dans le menu et en passant manuellement la définition à 1 720 × 1 440 px dans les pilotes graphiques, nous avons pu afficher côte à côte deux ordinateurs sous Windows, ou un sous Windows et un sous macOS, occupant chacun la moitié de l’écran. Le moniteur inclut deux haut-parleurs mais, comme sur l’Acer, leur rendu sonore faiblard ne convient pas à la musique, aux films ou aux jeux. Dell offre une garantie de trois ans et sa politique de remplacement de la dalle en cas de problème durant cette période est bien meilleure celle d’Acer : vous êtes couvert même si un seul pixel ne fonctionne plus. Ceux que nous attendons Le LG 34WK95U-W est le premier ultra-large 5K, avec une définition de 5 120 × 2 160 pixels. Mais son tarif de lancement est tout aussi élevé : 1 599 euros. Nous prévoyons de le tester, mais sa définition extrême n’est pas supportée par tous les ordinateurs. Le Samsung C34J791, un ultra-large 1440p de 34 pouces, a été annoncé au salon CES 2018 et est désormais disponible. Avec un port Thunderbolt 3, un rafraîchissement à 100 Hz, l’AMD FreeSync et une dalle VA, il pourrait être mieux adapté aux jeux et au multimédia qu’à la bureautique, mais nous pensons le tester pour la prochaine mise à jour du guide. La concurrence Les moniteurs ultra-larges de 34 pouces en 3 440 × 1 440 pixels ne sont pas légion. Et nombre de modèles sont conçus spécialement pour le jeu, avec des fonctions supplémentaires qui augmentent leur prix sans être importantes pour le plus grand nombre. Notre précédent premier choix, l’Acer XR342CKbmijqphuzx (sans P !), paraît identique à l’actuel Acer XR342CKP que nous recommandons, mais sa dalle est différente : son taux de rafraîchissement est de 75 Hz. C’est toujours un excellent modèle : si vous le trouvez en vente à un tarif plus attractif, cela vaut le coup d’en profiter. Notre ancien dauphin, le Dell U3417W, reste lui aussi excellent, mais Dell indique qu’il sera bientôt indisponible. Il lui manque le port USB-C du U3419W et il souffre d’une dominante bleutée, mais à par cela, il en est très proche. Le LG 34UC88-B est un écran ultra-large de 34 pouces abordable, mais de tous les modèles testés, c’est celui qui propose la colorimétrie la plus approximative et la connectique la plus limitée. Son gamma est trop élevé : les ombres sont trop sombres et les hautes lumières paraissent délavées. Le Dell U3415W est l’ancêtre des U3417W et U3419W. Ses résultats aux tests de PC Mag, Engadget et Tom’s Hardware sont plutôt bons, mais on ne sait pas combien de temps encore il restera disponible et nous n’avons pas pu en tester un en parallèle du U3419W. Le LG 25UM58-P était trop petit (et à 2 560 × 1 080 pixels, il manquait de précision) pour être vraiment utile, quelle que soit l’activité envisagée. Les avantages d’un écran ultra-large n’apparaissent vraiment qu’avec la définition supérieure, 3 440 × 1 440 px, des écrans 34 pouces. Le LG 34WK650-W est lui aussi limité à 2 560 × 1 080 pixels, mais c’est un 34 pouces. En conséquence, l’affichage paraît flou. À cette taille, cette définition est un mauvais investissement : la résolution trop faible n’apporte pas les détails d’affichage supplémentaires que devrait fournir un moniteur ultra-large. Cela passe pour les jeux et les vidéos, mais ne comptez pas l’utiliser pour travailler. Le BenQ EX3501R est souvent plus cher que l’Acer XR342CKP et le Dell U3419W, et sa dalle VA supportant une cadence de rafraîchissement de 100 Hz est plus adaptée à la vidéo et aux jeux qu’au travail général. Sources
Comparatif « Wirecutter ». Un moniteur ultra-large est un objet plaisir, mais aussi un outil de productivité qui permet d’afficher trois documents côte à côte sans les interrompre avec une ligne de démarcation comme sur double écran. Ce type d’écran offre une meilleure immersion dans les jeux, et affiche optimalement les films au format CinemaScope. Nous avons comparé les meilleurs modèles d’Acer, Asus, Dell, Samsung, LG et BenQ, à la recherche de la meilleure colorimétrie et de l’ergonomie idéale. Voici nos choix.
https://www.lemonde.fr/guides-d-achat/article/2019/09/16/les-meilleurs-ecrans-ultra-larges-incurves-pour-pc_5511167_5306571.html
mlsum-fr-1424
David Bowie au Haddon Hall à Beckenham, Kent, en Angleterre en 1970. PICTORIAL PRESS / ALAMY STOCK / ARTE Arte – vendredi 11 octobre à 23 h 10 – documentaire Il y a deux ans, le réalisateur britannique Francis Whately avait fait sensation avec un documentaire passionnant consacré aux cinq dernières années de la vie de David Bowie. En s’attaquant cette fois aux années de galère de David Robert Jones, alias David Bowie (1947-2016), des sixties jusqu’au tout début des seventies, Whately réussit une nouvelle performance avec cet époustouflant documentaire d’une heure et demie. Entre la voix off au timbre si chic et aisément identifiable de Bowie, les nombreuses images d’archives (sur scène, en loge, en studio de répétition mais aussi dans l’intimité familiale, amicale et amoureuse) et, surtout, la diversité des témoignages recueillis (musiciens, petites amies, amant, cousine, amis d’enfance, producteurs…), c’est aussi l’adolescence de David Robert Jones qui se dessine et permet de mieux comprendre la complexité d’une personnalité littéralement hors norme. Le jeune homme introverti, ambitieux et ouvert à toutes les expériences est finalement devenu ce qu’il voulait, une star mondiale, après avoir multiplié les échecs commerciaux au début de sa carrière. Onze années de galère, neuf groupes différents, des tentatives de mêler mime, danse, poésie et musique aux concerts sans lendemain, tout est décortiqué dans un décor, celui de l’Angleterre des sixties, qui laisse sa chance aux audacieux mais n’a pas de pitié pour les apprenties rockstars échouant à séduire les programmateurs. En 1965, avec son groupe les Lower Third, le jeune Bowie passe une audition à la BBC. Verdict sans appel : le chanteur chante faux, le groupe n’a aucun intérêt. « Besoin d’affection » « J’ai toujours eu besoin d’affection. Et j’ai passé toute mon adolescence à adopter plusieurs personnalités, à changer de style », avoue l’intéressé en évoquant avec une certaine retenue ses parents, le manque de tendresse de sa mère, son enfance et son adolescence à Bromley, grande banlieue sans swing de Londres où ses parents s’étaient installés alors que David, né à Brixton, avait 6 ans. A la poursuite de l’amour maternel, Bowie deviendra « différent », selon son ami d’enfance Geoff MacCormack. « A 8-9 ans, ses centres d’intérêt n’étaient pas ceux des autres gosses. Il lisait notamment beaucoup… » A 15 ans, David Robert Jones joue du saxophone dans un groupe nommé The Konrads. Suivront les King Bees, les Manish Boys, autant de formations oubliables et oubliées qui forgent le caractère du jeune homme. « J’ai toujours été prétentieux », avoue-t-il sans se faire prier. Sa lucidité l’honore, son talent de chanteur commence à être reconnu, son besoin d’écriture ne le quittera plus, mais le succès n’est pas pour tout de suite. Ni pour le lendemain. Nouveau groupe (The Buzz) en 1966, et voilà David qui quitte enfin Bromley pour le centre-ville londonien qui l’attire tant. En 1967, il déclare : « La musique rock n’a pas le monopole de la pensée rebelle. Je suis complètement ouvert aux influences, aux nouvelles et aux vieilles idées ! » Ses textes sont étranges, sa musique se cherche encore et ses albums sont toujours des bides. « Je passe très vite d’une chose à une autre. Et tout finit par m’ennuyer », lance-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tony Visconti : « Bowie avait presque trop de ressources » Fin janvier 1968, rencontre avec la danseuse classique Hermione Farthingale, « le grand amour de ma vie ». En juillet 1969, le succès arrive enfin avec le tube Space Oddity. « En 1970, tout a commencé à avoir du sens », résume t-il. La suite est connue. « Etre une rockstar ? Cela m’amuse comme un fou ! » « David avant Bowie », de Francis Whately (Royaume-Uni, 2018, 90 min). Arte.tv
Un documentaire décortique la jeunesse et les moults échecs du chanteur qui ont forgé sa personnalité hors norme.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/11/sur-arte-les-annees-galere-de-david-robert-jones-futur-bowie_6015031_3246.html
mlsum-fr-1425
Salle d’opération. Martin Barraud/Caiaimages / Photononstop / Martin Barraud/Caiaimages / Photononstop Tribune. Comment croire que, dans notre pays, des actes chirurgicaux et des traitements hormonaux irréversibles soient pratiqués sur des enfants, en l’absence de toute nécessité médicale et sans leur consentement ? C’est pourtant ainsi que sont traitées les personnes intersexuées. Celles-ci naissent avec des variations de leurs caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas aux caractéristiques typiques des hommes et des femmes. Ces variations sont naturelles et le développement de ces enfants demeure satisfaisant et sain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’absence systématique d’intervention chirurgicale précoce aurait de graves conséquences Pourtant, notre société accepte que des actes invasifs et définitifs soient réalisés sur leur corps, souvent dans la petite enfance, ainsi que des traitements hormonaux tout au long de leur existence. Le but de ces traitements est simple : assigner ces corps à des idéaux types d’hommes et de femmes, dans une sorte de fiction médicale qui voudrait que la conformité anatomique soit nécessaire à l’éducation dans une catégorie ou dans l’autre. Ces actes ne guérissent pas. Ils ne résolvent aucun problème physique et ne permettent même pas d’apaiser une souffrance quelconque qu’auraient exprimée ces enfants. C’est en réalité l’inverse. Mutilations Ces actes peuvent être considérés comme des mutilations ainsi que l’a par exemple reconnu la Commission nationale consultative des droits de l’homme. En raison de leur jeune âge, ils n’y consentent pas et subissent donc des ablations et modifications de leurs organes sexuels, de leurs gonades et l’arrêt de toute faculté reproductive, des traitements hormonaux qui accélèrent et figent leur croissance, etc. Leur corps amoncelle les cicatrices, et toute fonction basique telle que boire, uriner ou développer une sexualité devient impossible ou entraîne une souffrance intolérable. Les conséquences délétères de ces interventions dépassent très largement celles de leur absence de réalisation, d’un point de vue médical, psychoaffectif ou social. Pour ces raisons, différentes organisations internationales de référence ont précisé que ces interventions revêtaient un caractère illégal. Telle est la position de la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la torture, du Conseil de l’Europe ou encore, en France, du Conseil d’Etat qui, dans son Etude préparatoire sur les lois bioéthiques écrit que « la finalité thérapeutique des traitements en cause ne peut être reconnue indépendamment de l’expression de la volonté de l’intéressé ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les intersexes revendiquent le droit de ne pas choisir de sexe Certains présentent à tort l’argument de la préservation de l’intérêt de l’enfant afin de favoriser ces opérations. Selon eux, il serait en effet nécessaire de le conformer à un corps masculin ou féminin afin qu’il développe l’identité correspondante « non ambiguë » puisque notre société ne reconnaîtrait que l’existence des hommes et des femmes. Cet argument consiste pourtant à justifier la réalisation de meurtrissures par l’existence de discriminations. Ce sont au contraire les discriminations qui doivent être corrigées plutôt que les corps soient mutilés. En outre, lorsque ces actes sont réalisés, ils conforment arbitrairement l’enfant vers un corps masculin ou féminin, sans aucun égard pour son développement ultérieur. Il n’est surtout nullement prouvé que le fait de ne pas subir ces actes médicaux entraîne des troubles spécifiques chez l’enfant. Au contraire, les personnes ne les ayant pas subis témoignent à l’âge adulte de leur satisfaction.
La loi de bioéthique doit protéger les personnes intersexuées en prohibant ces « pratiques indignes » réalisées sans que l’enfant concerné ne puisse émettre un consentement, assure, dans une tribune au « Monde », un collectif de 25 signataires, parmi lesquels quatre députés.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/04/ces-actes-ne-guerissent-pas-et-peuvent-etre-consideres-comme-des-mutilations_5485157_3232.html
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Jerome Powell , président de la Fed, et John Williams, président de la Fed de New York, à Jackson Hole (Wyoming), le 22 août. ANN SAPHIR/REUTERS Tribune. La conférence annuelle des banquiers centraux, du 22 au 24 août à Jackson Hole, aux Etats-Unis, avait pour thème : « Les défis de la politique monétaire ». Elle a permis aux grands argentiers de répéter ce qui est devenu un refrain – la politique monétaire ne peut pas tout, aux gouvernements de faire leur part –, mais elle n’a pas esquissé de piste de solution aux paradoxes et aux dilemmes devant lesquels nous nous trouvons. Le premier d’entre eux est que les liquidités injectées par les banques centrales depuis le krach de 2007-2009 n’ont pas permis d’éviter la trappe déflationniste qui, comme on le sait pourtant depuis les années 1930, guette toute économie en convalescence d’une crise financière : l’excédent des dettes privées obère l’investissement et réduit la croissance potentielle, obligeant les survivants surendettés à vendre des actifs réels dont la baisse des prix accroît le poids de la dette réelle… Le Japon se débat dans ce cercle vicieux depuis presque trente ans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’économie japonaise toujours en déflation Après de trop longues années de dénégation, plus personne, aujourd’hui, ne nie la réalité de la déflation en Europe, dont les taux d’intérêt négatifs sont l’un des symptômes les plus préoccupants. Or l’entre-deux-guerres nous a appris que, dans ce piège, injecter de la liquidité ne sert à rien : hier comme aujourd’hui, le secteur bancaire, très fragilisé par la crise financière, ne peut qu’absorber la manne monétaire pour combler la défaillance de ses « actifs pourris », sans irriguer suffisamment l’économie réelle. Le déficit d’investissement, tant privé que public, se creuse, et le mal s’approfondit. Les taux négatifs, eux, accroissent la pression en faveur d’une rentabilité immédiate très élevée dans les entreprises pour faire monter les cours de Bourse et accroître le rendement du capital investi. Ils encouragent les investissements risqués et spéculatifs, donc irresponsables, bien plus que l’investissement productif. On éteint un incendie avec ce qui embrasera le suivant Pire encore, et c’est le deuxième problème, les milliers de milliards créés par les banques centrales ont alimenté une gigantesque bulle financière dont n’ont bénéficié qu’une fraction des Européens – creusant les inégalités de manière inédite – et qui ne manquera pas, tôt ou tard, de crever : le hiatus entre la valorisation des actifs financiers et la léthargie de l’économie réelle se soldera inévitablement par une « correction » dont, compte tenu du niveau extravagant des dettes privées, on ne voit pas quelle forme elle peut prendre sinon celle d’un nouveau maelström financier.
Il faut substituer aux politiques monétaires impuissantes contre la déflation une politique d’investissement massif en faveur de la transition écologique, plaident l’économiste Gaël Giraud et le haut fonctionnaire Jean-Marc Sauvé dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/20/la-poursuite-du-deluge-monetaire-ressemble-a-l-action-de-pompiers-pyromanes_6012405_3232.html
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Forêt nationale, d’El Yunque, sur l’île de Porto Rico. Philippe Turpin/Photononstop « Vorrh » (The Vorrh), de Brian Catling, traduit de l’anglais par Nathalie Mège, Fleuve éditions, « Outre Fleuve », 476 p., 24,90 €. Considéré par son préfacier Alan Moore comme la « première œuvre de fantasy marquante du XXIe siècle et se classant parmi les meilleures jamais écrites », Vorrh, premier volet d’un triptyque romanesque signé du poète, sculpteur et performer ­anglais Brian Catling (né en 1948), est un livre monstre dans lequel on plonge, un récit qui déboussole et vous égare avec délices. Un labyrinthe narratif semblable à la forêt éponyme, grouillante matrice post-édénique située au cœur de l’Afrique tropicale, une sylve-mère enchanteresse et vorace qu’on déboise avec méthode mais qui dissout la mémoire de ceux qui s’y risquent, grouille de monstres étranges et brasille de sortilèges singuliers. Collée depuis des générations à son flanc, la cité-ventouse d’Essenwald, désassemblée en Europe et remontée brique à brique en une pittoresque métropole coloniale, en absorbe goulûment les richesses grâce aux Limboias, peuple de bûcherons-zombies sur lesquels règne l’impitoyable Maclish. Spirites américains Un monde aventureux et guindé, magique et cupide, où se croisent un ex-militaire qui, de la chair de son amante-magicienne, a fait un arc, Tsungali le chasseur, Ishmaël et G’da, les enfants-cyclopes, Hoffman le médecin maniaque et Ashuel le guérisseur ; un monde où débarque un beau matin, en camping-car Pullman, un Raymond Roussel avide de mystères forestiers et de nobles indigènes (la forêt de Vorrh apparaît originellement dans ses Impressions d’Afrique, 1910). N’ayons garde d’oublier, en contrepoint, les aventures du photographe Edouard Muybridge, confronté aux spirites américains. Proche parent d’Au cœur des ténèbres, de Conrad (1899), ou de La Forêt des Mythagos, de Robert Holdstock (1984), Vorrh, savant écheveau de ­visions fantastiques, s’avère avant tout, comme l’écrit Moore, « un ­organisme immatériel tentaculaire qui imprégnera le lecteur de ses graines et de ses spores, débouchant sur un repeuplement important de nos imaginaires ».
Dans la veine de Conrad et de Robert Holdstock, Brian Catling figure dans « Vorrh » un monde labyrinthique magique et cupide. Da la fantasy ensorcelante.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/11/03/vorrh-de-brian-catling-au-c-ur-d-une-sylve-vorace_6017862_5473203.html
mlsum-fr-1428
Les vins punk : les vins pétillants naturels Changki Chung pour Le Monde On m’a encore proposé d’écrire sur les « pét’nat’ »… C’est une demande récurrente, de m’étendre sur leurs bulles, de vanter leur succès ou de dénoncer un vaste complot. Avec, souvent, un petit regard brillant du genre : « Tu vois, je connais ! », comme on dirait d’une secte.Alors, certes, ils ont tout pour plaire. A commencer par le nom : « pétillant naturel ». Il sonne si bien. « Pétillant », c’est jeune, dynamique, plein de peps. « Naturel », c’est merveilleux, ça rappelle la nature, les oiseaux qui chantent, les bourgeons caressés par la brise. Un adjectif qui est aussi un appel du coude aux vins naturels, le sommet de la branchitude qu’on adore décrier ou encenser, que l’on se doit de connaître si on suit la « mode » du vin pour laquelle, comme pour le reste, on veut du nouveau, de l’alternatif. Et puis, fin du fin, on peut contracter l’expression pour crâner. Quand on dit « pét’nat’ », on est forcément in, non ? On peut s’imaginer provoquer les bouseux : « Je mets toujours un pét’nat’ dans mon tote bag avant de grimper sur ma gyroroue. » Car voilà, c’est exactement cela, le pétillant naturel : ça fascine comme une monoroue électrique, le look est impeccable, on peut s’« enjailler ». Mais les risques de mésaventures sont élevés. Le « en même temps » macronien J’en ai fait l’expérience la semaine dernière, en servant à une personne chère, amatrice de bons vins, un des pétillants naturels goûtés pour cette chronique (apprécié par mon palais). Après un enthousiasme sincère sur la proposition, elle goûta, et son sourire se figea en une moue gênée. Elle déglutit et lâcha sur un ton désolé : « A ce compte-là, je préfère carrément du cidre. » Raté. Elle adora le suivant. Ouf ! Le pétillant naturel rappelle souvent une attitude. Le « en même temps » macronien. On veut un vin effervescent, mais en même temps on le veut plus cool que le champagne et plus dans le vent que le crémant. De même que le bobo a refusé de choisir entre bourgeoisie et bohème, l’amateur de pét’nat’ veut la tendance et l’authenticité dans le même verre. Et un soupçon de punk, en plus. D’ailleurs, il est souvent bouché d’une capsule, comme la bière. Même l’ouverture est relax. Ne nous méprenons pas. Le pét’nat’, la presse en parle, personne n’en boit. Sauf les citadins déjà passés par les cases Stan Smith-tatouage-mode unisexe. Bref, les « chébrans », comme on disait du temps de Mitterrand. Le pétillant naturel comptabilise en tout cas moins de 1 % de la production de vin en France.
Le pétillant naturel est encensé ou décrié. Tour le monde en parle mais personne n’en boit. On a testé.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/07/08/vin-le-pet-nat-du-cote-de-la-hype_5486971_4497916.html
mlsum-fr-1429
Dans The Family Man, une employée des services secrets indiens (incarnée par l’actrice Priyamani) critique la répression des musulmans au Cachemire. Courtesy Amazon Alors que la propagande nationaliste hindoue a envahi depuis longtemps le cinéma de Bollywood, un nouveau phénomène a fait son apparition sur les plateformes de streaming : la critique de ces mêmes nationalistes hindous par des séries qui se moquent des frontières et défient la censure officielle. Tout récemment, l’Association des volontaires nationaux (Rashtriya Swayamsevak Sangh, RSS) a piqué une colère à propos de The Family Man, un film d’espionnage en dix épisodes signé du duo indo-américain Krishna D.K. et Raj Nidimoru, en ligne sur Amazon Prime Video depuis le 20 septembre. La RSS est un mouvement qui diffuse les préceptes de l’hindouisme radical dans des camps d’entraînement répartis dans tout le pays. Il a pour vitrine politique le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP), au pouvoir à New Delhi, et publie différents journaux, parmi lesquels l’hebdomadaire Panchajanya (« la conque », en référence à l’attribut principal du dieu Vishnou). C’est un article de ce magazine qui a épinglé The Family Man, estimant que la série avait un gros défaut, celui de s’intéresser de trop près à la situation au Cachemire. Alors que les moyens de communication ont été coupés dans la province à majorité musulmane depuis le 5 août par le gouvernement Modi et commencent à peine à être progressivement rétablis, le journal de la RSS a dénoncé une scène du film représentant Lal Chowk (« la place rouge »), lieu symbole du centre-ville de Srinagar, capitale de l’État indien du Jammu-et-Cachemire. « Nous avons des objections à faire à cette série (…). Ce type de contenu non censuré touche tout le monde, alors qu’il est dangereux. » Hitesh Shankar, rédacteur en chef de Panchajanya On y voit une femme (l’actrice Priyamani) travaillant pour la National Investigation Agency (la CIA indienne) évoquer avec l’un de ses collègues espions (incarné par Manoj Bajpayee) l’oppression dont sont victimes les Cachemiris de la part de l’Inde. Le personnage féminin de la série laisse alors clairement entendre que la violence intrinsèque au mouvement indépendantiste du Cachemire n’a d’égal que celle de l’Inde et de son armée. Une comparaison que la RSS juge insensée, puisque, au lieu de les considérer comme des criminels, elle donne ainsi raison, affirme le magazine, à ceux qui basculent dans le terrorisme. Et de généraliser : « Les séries véhiculent l’idée que le terrorisme n’est pas mauvais en soi. Dans la plupart des cas, le terroriste [comprendre le musulman] tombe amoureux d’une hindoue ou d’une chrétienne, laquelle lui exprime en retour son amour, malgré les difficultés que cela occasionne », dénonce Panchajanya. Dans une interview à The Hindu, le grand quotidien de centre gauche de Madras, le rédacteur en chef de l’hebdomadaire de la RSS, Hitesh Shankar, explicite le propos : « Nous avons des objections à faire à cette série et à quelques autres que je ne souhaite pas nommer pour le moment. Mon principal souci est que ce type de contenu non censuré touche tout le monde, alors qu’il est dangereux. » À ses yeux, il serait urgent de « surveiller » les plateformes de streaming et de mettre en place « des mécanismes qui empêchent ce genre de contenus d’arriver sur les écrans ». La cité-État imaginaire d’Aryavarta Compte tenu de la médiocrité de The Family Man, les extrémistes hindous ne devraient pas s’inquiéter outre mesure. « Dans l’univers de la vidéo à la demande, on manque toujours de temps pour finir de regarder les séries. S’agissant de celle-là, on peut s’en passer, à moins d’avoir huit heures à perdre », estime ainsi Ananya Bhattacharya, critique à India Today. Ce n’est en revanche pas le cas de Leila, une dystopie proposée depuis le 14 juin par Netflix. Inspirée d’un roman du journaliste Prayaag Akbar, la série en six épisodes se déroule dans un futur proche, en 2049. Elle raconte l’histoire d’une mère à la recherche de sa fille disparue dans la cité-État imaginaire d’Aryavarta, où le fondamentalisme hindou régnerait en maître absolu. Le régime totalitaire qui y sévit n’a d’autre obsession que de traquer les enfants nés de couples mixtes (un père musulman et une mère hindoue ou le contraire), sous la férule d’un dictateur adepte des hologrammes et des statues à son effigie. Après la reconduite au pouvoir triomphale de Narendra Modi, en mai, Leila comme The Family Man prouvent au moins une chose : tous les médias ne sont pas (encore) à la botte du pouvoir.
En évoquant le blocus du Cachemire, « The Family Man » et « Leila » se sont attiré les foudres de certains extrémistes hindous, qui préconisent une censure plus forte des plateformes vidéo.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/21/en-inde-la-critique-du-pouvoir-passe-par-les-series-televisees_6016295_4500055.html
mlsum-fr-1430
Une famille se fait prendre en photo devant l’espace dedié à Marta Vieira da Silva dans le « Hall of Fame » de Maracana à Rio de Janeiro, au Brésil, le 15 janvier. Pilar Olivares / REUTERS Les uns y voient un combat féministe indispensable. Les autres dénoncent une insulte au passé. Reste le symbole, celui d’une déesse du football en passe de détrôner dans le cœur d’une partie des Brésiliens le roi Pelé, l’attaquant mythique de la Seleçao, l’équipe officielle du Brésil. Quelques semaines avant le coup d’envoi de la Coupe du monde féminine en France, le 7 juin, l’assemblée législative de l’Etat de l’Alagoas, dans la région du Nordeste au Brésil, a entamé les discussions sur un projet de loi visant à rendre hommage à Marta Vieira da Silva, 33 ans, l’enfant du pays, élue six fois meilleure joueuse au monde par la FIFA – un record absolu, tant chez les hommes que chez les femmes. L’enjeu est de rebaptiser le stade de Maceio, la capitale de l’Etat, pour le nommer « Reine Marta », en l’honneur de l’attaquante star du maillot auriverde. « Marta nous inspire tous. Pas seulement sur le terrain. Elle est un exemple pour tous les enfants et les adultes qui veulent accomplir leurs rêves », expliquent les soutiens du projet. Mais le texte, aussi controversé qu’audacieux, obligerait à effacer du stade local le nom d’une autre icône, celle du roi Pelé. Marta a beau afficher à son palmarès 110 buts inscrits sous le maillot de la Seleçao, soit davantage que Pelé et ses 77 buts, on ne s’attaque pas ainsi à une idole du futebol, surtout quand on est une femme. La polémique est à l’image du combat de la joueuse : trouver la place qu’elle mérite dans son propre pays. Un paradis du ballon rond, mais aussi un enfer de misogynie qui, jusqu’à présent, ne lui a dédié aucun stade. Une « injustice », selon Katia Rubio, professeure spécialisée dans l’histoire du sport à l’université de Sao Paulo, révélatrice de l’absence de considération du Brésil envers les sportives d’une façon générale. « Marta est au football féminin ce que Pelé était au football masculin. C’est techniquement un phénomène historique, mais elle reste quasi invisible », abonde Paulo Calçade, commentateur de la chaîne sportive ESPN. « Une fille qui joue à un jeu de garçons » La raison de l’expatriation de l’étoile mondiale du football en Suède et aux Etats-Unis, où elle vit la plupart du temps, est peut-être à trouver là. Et c’est sans doute pour cela aussi qu’elle a tant hésité avant de participer, certainement pour la dernière fois de sa carrière, à une Coupe du monde qu’elle n’a, jusqu’ici, jamais remportée.
L’attaquante, sacrée six fois meilleure joueuse au monde, conquiert peu à peu le cœur des supporteurs brésiliens malgré une culture footballistique encore très misogyne.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/13/coupe-du-monde-feminine-au-bresil-la-reine-marta-tente-de-detroner-le-roi-pele_5475784_3242.html
mlsum-fr-1431
Des épicéas victimes de sécheresse, à Nieheim, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le 25 juillet. INA FASSBENDER / AFP Avec son climat frais et pluvieux, ses ciels obstinément gris et ses paysages parsemés de lacs et de marécages, le nord de l’Allemagne n’est pas une région habituellement propice aux feux de forêt. C’est pourtant là, à quelques encablures de la côte baltique, que s’est déclaré, le 30 juin, un gigantesque incendie. Le brasier, près de Lübtheen, aux abords d’un parc naturel du Mecklembourg-Poméranie occidentale, a dévasté près de 1 200 hectares de forêts, asséchés par plusieurs semaines de canicule. Le 1er juillet, une forte odeur de bois calciné s’est répandue jusqu’à Berlin, à 200 kilomètres de là, poussant les autorités à appeler les citadins au calme. Pour spectaculaire qu’il soit, l’événement est de plus en plus courant aux abords, moins humides, de Berlin. Chaque été, la région vit sous la menace permanente d’incendies de forêts. Tout autour de la capitale, les mornes plaines sableuses du Land du Brandebourg sont plantées d’interminables pinèdes, facilement inflammables lorsque les conditions sont réunies. Cet été 2019, marqué par une succession d’épisodes caniculaires après une sécheresse prolongée, ne fait pas exception. Dans les bois, très prisés des citadins, des panneaux informent fréquemment les visiteurs du risque. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les feux de forêt en Grèce, des catastrophes à répétition Et il y a de quoi. Le 27 juillet, les pompiers parvenaient enfin à maîtriser un incendie qui avait ravagé 130 hectares dans la forêt de Jüterbog, à une cinquantaine de kilomètres au sud de l’agglomération berlinoise. C’était le deuxième brasier important dans ce secteur cet été. L’an dernier, 512 incendies et départs de feux avaient été recensés dans le Brandebourg. Les sinistres ont ravagé en tout près de 1 700 hectares de forêts, faisant de 2018 la pire année depuis quatre décennies. Et au vu des feux à répétition, la saison 2019 pourrait battre de nouveaux records. « Il n’est pas possible d’attribuer un événement particulier au changement climatique, mais l’exacerbation de la situation augmente généralement le risque d’incendie, explique Christopher Reyer, spécialiste des forêts à l’Institut de recherche climatique de Potsdam. Déjà, en juillet, nous avons égalé le record de jours d’alerte incendie de 2003. » Ailleurs en Allemagne, les menaces qui pèsent sur les forêts sont moins aiguës, mais pas moins réelles. Après une sécheresse historique en 2018, des pics de chaleur et une succession de tempêtes, les forêts, qui couvrent 11 millions d’hectares, soit 32 % de la surface du pays, sont en piteux état.
Des associations écologistes appellent les autorités à en finir avec les monocultures de conifères, très répandues et vulnérables.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/15/secheresses-canicules-et-parasites-deciment-les-forets-allemandes_5499672_3244.html
mlsum-fr-1432
« Il y aura zéro répétition, pas de partition et pas de filage pour ne pas, au moment du concert, être dans la ­mémoire de ce qui a été fait la veille. J’ai conçu cette soirée avec l’idée d’un moment éphémère, où l’on évoluera chacun hors de nos habitudes. » Dans son antre parisien inondé de disques, le violoncelliste Vincent Segal suspend son travail – une proposition destinée au prochain album du chanteur guinéen Sékouba Bambino – et dévoile ce qu’il a imaginé pour le premier des Salons de musique des Nuits, un cycle de concerts aux ­atmosphères intimistes dont les Nuits de Fourvière lui confient l’ouverture. Il sera entouré de six complices musiciens et chanteurs, « des amis, de bons improvisateurs, qui n’ont pas peur de prendre des risques et de chercher de nouvelles choses en direct ». Ce sera « un dialogue entre des gens qui n’ont jamais été sur scène ­ensemble » : le joueur de kora Ballaké ­Sissoko, les guitaristes et chanteurs Piers Faccini et Gérald Toto, le saxophoniste Emile Parisien et l’accordéoniste Vincent Peirani, la percussionniste Lucie Antunes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nuits de Fourvière, de Mowgli à Mozart « Je suis le maître de cérémonie de cette soirée, je leur propose des alliages, des ­répertoires, mais chacun pourra intervenir à tout moment s’il en ressent l’envie. Cela doit rester fluide et libre, générer des surprises », explique-t-il, l’œil gourmand. Il s’est souvent produit aux Nuits de Fourvière. Cette fois, le festival lui a demandé de concevoir quelque chose pour fêter les quinze ans de No Format ! Compagnie phonographique indépendante, créée en 2004 par Laurent Bizot, un ­ancien d’Universal Music, No Format ! se singularise par sa qualité éditoriale et sa résistance au formatage, qu’attestent les récentes productions, ¿Que Vola ?, le projet franco-cubain du tromboniste de jazz français Fidel Fourneyron, et 1958, le nouvel album du Camerounais Blick Bassy (signé en licence avec le label Tôt ou tard). L’éclectisme comme signature Laurent Bizot, qui fête de son côté les 15 ans du label par une série de concerts autour de quelques-unes de ses signatures (après Fourvière, ce sera New York, et Paris au Café de la danse, le 2 octobre), annonce la parution des nouveaux albums du pianiste japonais Koki Nakano, du joueur de kora malien Ballaké Sissoko, et le premier album d’Urban Village, un groupe de la scène indé de Johannesburg. Cet éclectisme est aussi la marque de Vincent Segal, dont la vie n’est que rencontres et rebonds d’un univers à l’autre. « Je suis un interprète des maisonnées multiples de ma ville, Paris, et un amoureux des musiques du passé, de Schütz à Webern, mais avec Charlie Mingus et Zohra Bai », confie le musicien. Laurent Bizot confirme : « Il a une passion folle pour la musique, et pour les musiciens. Une connaissance immense aussi. Il peut te parler de Mozart comme d’un guitariste de rumba congolaise avec la même curiosité et la même précision, comme s’il avait vécu avec eux. Chez lui, il n’y pas de hiérarchie entre les cultures, les musiques. Et il aime travailler. Sans cesse. Ce qui fait qu’il peut affronter toutes les scènes, toutes les collaborations, avec sérénité. »
Le violoncelliste a réuni six complices pour un moment éphémère en ouverture des « Salons de musique des Nuits ». Sur la scène de l’Odéon à Lyon, le 23 juin.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/22/nuits-de-fourviere-vincent-segal-maitre-en-alliages_5480065_3246.html
mlsum-fr-1433
42,6 °C à Paris, chaleur historique également à Lille, Strasbourg et une cinquantaine d’autres villes, nuit la plus chaude jamais mesurée en France… Au paroxysme de la canicule, la France a souffert, jeudi 25 juillet, de températures dépassant les 40 °C, avant une « dégringolade » du mercure à partir de vendredi. Vingt départements allant du Nord à l’Ile-de-France étaient en alerte rouge canicule – un nombre inédit – et soixante autres en vigilance orange, la chaleur n’épargnant que la pointe de la Bretagne et le pourtour méditerranéen. C’est donc environ 85 % de la population française qui était concernée, selon la direction générale de la santé. Vendredi matin, Météo France a levé cette alerte rouge. Trente et un départements à l’Est restent en vigilance orange en raison de la canicule et/ou des risques d’orages. La circulation différenciée, instaurée en raison de pics de pollution à l’ozone, est levée vendredi à Paris, Lyon et Lille avec la baisse attendue des températures. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Terre vit sa période la plus chaude depuis 2 000 ans « Du jamais-vu pour les côtes de Manche ou de mer du Nord » @AFPphoto #Infographie Les panneaux de pharmacie affichent jusqu'à 43°C dans les rues de Paris. La capitale a battu… https://t.co/mY0iC7ntbP — afpfr (@Agence France-Presse) Alors que le seuil des 40 °C n’était dépassé en France que de façon très exceptionnelle il y a un demi-siècle, des maximales jusqu’à plus de 43 °C ont été observées sur une grande partie du pays. Paris a battu son record absolu avec 42,6 °C. Depuis le début des mesures, en 1873, la capitale n’avait dépassé la barre des 40 °C qu’une seule fois : le 28 juillet 1947, avec 40,4 °C. La chaleur record du jour a été observée à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), en Ile-de-France, où le mercure est monté à 43,6 °C. Outre l’Ile-de-France, il a fait 41,5 °C à Lille, 40 à 41 °C ont été atteints entre Dieppe et Dunkerque. « Du jamais-vu pour les côtes de Manche ou de mer du Nord », souligne Météo France. A Amiens, il a fait 41,7 °C, 41,3 °C à Rouen, 39,7 °C à Caen, 41,7 °C à Bourges, 41,6 °C à Blois, 40,8 °C à Tours, 41,1 °C au Mans, 38,9 °C à Strasbourg et 41,6 °C à Auxerre. La nuit avait déjà été étouffante, « la plus chaude de l’histoire du pays » en moyenne. Hausse des interventions de secours En Ile-de-France, l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) évoquait jeudi soir une tendance à la hausse « significative des appels pour des pathologies en lien avec la chaleur, une augmentation des interventions des secours ainsi que potentiellement une augmentation des hospitalisations de patients âgés ». Si, depuis la canicule de 2003, qui avait fait quelque quinze mille morts, les autorités insistaient surtout sur les risques pour les personnes vulnérables, notamment les personnes âgées et les enfants en bas âge, les mises en garde visent désormais toute la population. Personne n’est l’abri d’une hyperthermie potentiellement mortelle lors d’un effort sportif, ou d’une noyade par hydrocution, selon les autorités. « Depuis début juillet, il y a eu une centaine de noyades avec cinquante-huit morts, c’est une augmentation spectaculaire », a fait savoir jeudi le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. Face aux risques, la SNCF a, de son côté, invité ses clients à reporter ou à annuler leurs déplacements dans les régions en « rouge ». La compagnie ferroviaire Thalys a fermé les ventes pour jeudi et vendredi, car ses infrastructures souffrent de la chaleur. Trois trains ont été annulés et des retards sont enregistrés vendredi en raison de limitations de vitesse sur le réseau belge, mais Thalys prévoit un retour à la normale ce week-end. Vers une « dégringolade » des températures Après ce jeudi exceptionnellement chaud, appelé à se répéter avec le changement climatique, la baisse des températures sera spectaculaire à partir de vendredi sur l’Ouest. « S’il y a bien un jour où on peut parler de dégringolade des températures, c’est là, avec une baisse des températures parfois de plus de 15 °C dans une zone où il y aura une forte activité pluvieuse demain, comme la Normandie et les Pays de la Loire », a déclaré Olivier Proust, prévisionniste à Météo France. La canicule persistera, en revanche, encore jusqu’à vendredi soir ou samedi matin dans l’Est. La fin de cet épisode, le deuxième en moins d’un mois, sera accompagnée d’« orages localement forts et porteurs de grêle, vendredi sur l’Ouest, et dans l’Est samedi ». Des milliers d’hectares brûlés Cette chaleur aggrave l’assèchement des sols, alors que soixante-dix-sept départements sont désormais concernés par des restrictions d’eau en raison de la sécheresse dans de nombreuses régions. Sécheresse et canicule qui augmentent les risques d’incendies. Des incendies ont ainsi ravagé plusieurs milliers d’hectares de cultures et de végétation en Normandie, dans le Centre, les Hauts-de-France et en Lorraine, a-t-on appris auprès des préfectures et des pompiers. « En ce qui concerne les feux de forêt, 3 500 hectares ont déjà brûlé cette année, et ce n’est pas cantonné au sud de la France et à la Corse. Les feux de chaume [qui concernent tout ce qui n’est pas de la forêt : végétation, herbes coupées, moissons…] représentent 5 800 hectares », a fait savoir Christophe Castaner. Au moins 1 500 hectares de cultures et de végétation ont été détruits par des incendies dans l’Eure depuis jeudi après-midi, et huit feux étaient encore en cours vendredi, a fait savoir la préfecture. Dans les Hauts-de-France, près de 2 000 hectares de terres agricoles avaient été détruits jeudi. En raison des incendies, le préfet de l’Oise a annoncé avoir ordonné « jusqu’à nouvel ordre » l’arrêt immédiat des moissons pour la sécurité des agriculteurs et des sapeurs-pompiers dans l’ensemble du département. Lire aussi Des milliers d’hectares de cultures incendiés à cause de la canicule L’Europe étouffe L’Europe entière est touchée par cette vague de chaleur. Jeudi, des records absolus ont été franchis en Belgique et en Allemagne. Une température de 41,8 °C a été mesurée jeudi après-midi à Begijnendijk, dans le nord de la Belgique – un record historique pour le pays. A Bruxelles-Uccle, station de référence de l’Institut royal météorologique, il a fait jusqu’à 39,7 °C, là aussi un record. Depuis le début des mesures de température à Uccle en 1833, il n’a jamais fait aussi chaud. Le précédent record (36,6 °C) remontait au 27 juin 1947. L’Allemagne a aussi battu jeudi un nouveau record absolu de chaleur, avec 42,6 °C. Le précédent record (40,5 °C) datait de la veille seulement. Aux Pays-Bas, une température de 40,4 °C a été relevée, tandis que le Luxembourg a connu un pic à 40,8 °C. Le Royaume-Uni a atteint la température maximum jamais enregistrée en juillet, jeudi en début d’après-midi, avec 36,9 °C à Heathrow. Le thermomètre a grimpé jusque 38,1 °C à Cambridge. Ces vagues de chaleur sont appelées à se multiplier et à s’intensifier sous l’effet du réchauffement climatique, provoqué par les activités humaines.
La chaleur a été historique à Paris, Lille ou Strasbourg, jeudi, avec plus de 40 °C. Si la canicule persistera dans l’est du pays, une baisse des températures arrivera dans la journée de vendredi.
https://www.lemonde.fr/climat/article/2019/07/25/avec-41-c-enregistre-a-la-mi-journee-paris-bat-son-record-absolu-de-chaleur_5493345_1652612.html
mlsum-fr-1434
Presque une année s’est écoulée depuis l’effondrement, le 5 novembre 2018, des immeubles de la rue d’Aubagne, à Marseille, au cours duquel huit personnes ont perdu la vie. Si ce drame a affecté profondément les Marseillais, il a aussi révélé l’ampleur du mal-logement dans la cité phocéenne. Cette problématique n’est pourtant pas nouvelle puisque le rapport remis en 2015 au gouvernement par l’inspecteur général honoraire de l’administration du développement durable, Christian Nicol, décrivait une situation alarmante du bâti privé et social à Marseille, en dénonçant l’existence plus de 40 000 logements indignes. Mais la situation actuelle des personnes délogées interpelle de façon encore plus criante. Sur la base de signalements dont elle disposait, la ville a fait évacuer en urgence, 333 immeubles, soit plus de 2 000 personnes, qui se sont retrouvés à l’hôtel, sans avoir même le temps d’emporter leurs affaires. Cette situation exceptionnelle – le plus grand déplacement de population à Marseille depuis la seconde guerre mondiale – était-elle le signe d’un changement radical dans la gestion par la Ville de ses quartiers paupérisés ? Annonçait-elle une prise de conscience profonde et une traque efficace des marchands de sommeil ? « Beaucoup de “délogés” vivent toujours dans une chambre d’hôtel : ils étaient 336 début octobre » Rien de tout cela. Une année s’est écoulée et le constat est tragique. Moins de la moitié des habitants concernés ont pu réintégrer leur foyer. Beaucoup de « délogés » vivent toujours dans une chambre d’hôtel : ils étaient 336 début octobre, tandis que 380 s’étaient relogés par leurs propres moyens. L’application de la Charte du relogement – signée en juillet par l’Etat, la Ville et des représentants des délogés – laisse pour le moins à désirer. Sur le plan judiciaire, les poursuites pénales contre les marchands de sommeil sont quasi inexistantes et les indemnisations obtenues par les locataires délogés relativement faibles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Six mois après l’effondrement des immeubles à Marseille, des relogements indignes Des familles se retrouvent éparpillées, éloignées de leur quartier, de leur lieu de travail, de leurs écoles, contraintes de consacrer leurs économies pour « mal bouffer », n’ayant pas accès à une cuisine. Les difficultés de la vie courante, l’incertitude de l’avenir, ajoutés au traumatisme de l’évacuation ont entraîné des états anxiodépressifs. Le sort des locataires invités à réintégrer leur logement en raison d’une mainlevée d’arrêté de péril est tout aussi inquiétant : beaucoup retrouvent un logement insalubre, parfois en travaux, voire inhabitable. Quant aux réponses judiciaires apportées à cette crise sans précédent, elles sont clairement insuffisantes. Hormis l’information judiciaire ouverte sur le seul immeuble du 65 de la rue d’Aubagne, rien n’a été pensé pour les personnes évacuées et mises en danger sous leur propre toit. Aucune mise en examen, une seule garde à vue : en dépit des nombreuses plaintes déposées, les marchands de sommeil dorment sur leurs deux oreilles.
Un an après le drame, moins de la moitié des habitants évacués ont retrouvé leur foyer, souvent insalubre. Et les poursuites contre les marchands de sommeil sont quasi inexistantes, s’indigne l’avocat marseillais Aurélien Leroux.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/25/a-marseille-quel-sort-pour-les-deloges-de-la-rue-d-aubagne_6016904_3232.html
mlsum-fr-1435
La candidate démocrate Elizabeth Warren, au sommet des syndicats pour tous, à Los Angeles, le 4 octobre. ERIC THAYER / REUTERS Entretien. Professeur d’économie à l’université de Berkeley (Californie), Prix du meilleur jeune économiste 2018 (décerné par Le Monde et le Cercle des économistes), Gabriel Zucman, 32 ans, est un ancien élève de Thomas Piketty, son directeur de thèse. Il conseille aujourd’hui les candidats à la primaire démocrate américaine Bernie Sanders et Elizabeth Warren, et publie, le 15 octobre, The Triumph of Injustice (W. W. Norton & Company, 288 pages). Coécrit avec son collègue Emmanuel Saez, directeur du Center for Equitable Growth de Berkeley, l’ouvrage paraîtra en France en février, aux éditions du Seuil, sous le titre Le Triomphe de l’injustice. Richesse, évasion fiscale et démocratie. Dans votre nouvel ouvrage, vous rappelez que les Etats-Unis ont été, contre toute attente, un modèle de justice fiscale. A quelle période de leur histoire ? Les Américains ont tendance à penser que la progressivité fiscale est un souci d’Européens. Alors qu’en fait, historiquement, c’est l’inverse. Les Etats-Unis ont été à la fois le pays qui a été le plus loin dans la progressivité fiscale et celui qui a été le plus loin dans la voie inverse. Dans les années 1930, ils ont appliqué un taux quasi confiscatoire sur les plus hauts revenus : 90 %. Pendant la seconde guerre mondiale, Roosevelt a même carrément évoqué un taux de 100 %. Il voulait un revenu maximal légal ! Le Congrès a hésité, et ils se sont mis d’accord sur 92 %. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La bonne fortune de l’économiste français Gabriel Zucman Historiquement, il y a une tradition américaine – et aussi anglaise d’ailleurs – très forte de progressivité, qui n’a jamais existé en Europe continentale. Aucun pays européen, pas même parmi les Scandinaves, n’a eu des taux d’imposition sur les grandes successions de 70 % ou 80 %, comme les Etats-Unis. Il n’y a eu qu’une exception : l’Allemagne, entre 1945 et 1948… quand les Etats-Unis l’occupaient ! Au Japon, les Américains ont aussi choisi un taux d’imposition sur les très hauts revenus de 80 % – ce qui a joué un rôle important dans le fait que les inégalités y sont restées assez faibles. Pour eux, la reconstruction d’une économie de marché et d’une démocratie saine s’accompagnait d’une fiscalité très redistributive sur les très hauts revenus. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Aux Etats-Unis, l’hégémonie culturelle de l’antifiscalisme des plus riches en dit long » Le taux maximal supérieur d’impôt sur le revenu a baissé un peu dans les années 1970. Mais quand Reagan est arrivé au pouvoir, en 1981, il était encore de 70 %, un des plus élevés des pays développés. Six ans plus tard, le taux marginal était tombé à 28 %. C’est une révolution fascinante : passer de 90 % à 28 % en si peu de temps ! Quand les Etats-Unis ont conseillé la Russie post-soviétique, ils ont recommandé un taux d’environ 30 %, similaire au leur. La Russie a suivi, avant d’adopter une « flat tax » (« impôt forfaitaire ») de 13 %. Bref, les Etats-Unis ont eu une grande influence sur la politique fiscale mondiale.
Conseiller des deux candidats à la primaire démocrate sur les questions fiscales, l’économiste français de 32 ans a publié, avec Emmanuel Saez, « Le Triomphe de l’injustice », qui paraîtra en France en février (Seuil). Il revient sur les inégalités croissantes aux Etats-Unis et sur les solutions pour les réduire.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/14/gabriel-zucman-ce-que-proposent-bernie-sanders-et-elizabeth-warren-c-est-de-taxer-les-ultrariches_6015379_3232.html
mlsum-fr-1436
Des riverains s’apprêtent à dormir dans un gymnase après le séisme, le 11 novembre au Teil, près de Montélimar. JEFF PACHOUD / AFP La secousse, d’une intensité rare dans la région, a été ressentie jusqu’à Saint-Etienne, Lyon, et même dans le sud de la France, à Montpellier. Un « fort » séisme de magnitude 5,4 s’est produit, lundi 11 novembre, peu avant midi, près de Montélimar, dans la Drôme, a annoncé le Bureau central sismologique français (BCSF) de Strasbourg. Il a été ressenti principalement dans la Drôme et l’Ardèche, notamment dans les environs de Montélimar où une personne a été grièvement blessée après la chute d’un échafaudage, selon la préfecture de la Drôme. #Séisme Montélimar - à l'épicentre (heure locale) : 11/11/2019 11h52 - en temps universel : 11/11/2019 - 10h52 C… https://t.co/3Av4DMWlON — FranceSeisme (@FranceSeisme) Trois autres personnes ont été légèrement blessées en Ardèche « suite à une crise de panique », a indiqué sur Twitter le préfet de ce département qui a demandé dans l’après-midi aux habitants du Teil de « rester pour le moment à l’extérieur des habitations ». Le maire de cette ville, limitrophe de Montélimar, a ouvert trois gymnases pour ses administrés, a ajouté le préfet. « On est un peu perdus », déclare d’un air dépité une habitante du Teil (Ardèche), s’apprêtant à passer la nuit avec sa famille dans un gymnase. « Demain je dois travailler et je ne sais pas comment faire », ajoute Asma Dous, 34 ans, dont la maison, achetée et rénovée récemment, présente des fissures après le tremblement de terre. Ce lundi étant férié, son mari appellera leur assureur le lendemain. « J’espère qu’on sera mieux logés avec l’assurance », souffle cette mère de famille assise sur un lit de camp avec ses jeunes enfants dans le gymnase Pierre de Coubertin du Teil. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quand les humains servent de sismomètres « Ça a duré cinq secondes, tout a tremblé autour de moi, les meubles, les murs, comme si un avion s’était écrasé à 800 m ou une grosse explosion », a témoigné auprès de l’Agence France-Presse Kevin Cuer, qui habite un immeuble de Montélimar. Selon lui, « tout le monde est sorti dans la rue après la secousse, les gens ont eu très peur, on s’est dit “pourvu que ça s’arrête vite” ». Arrêt des réacteurs de la centrale de Cruas Vue sur les quatre réacteurs de la centrale de Cruas Meysse située au nord de Montélimar, le 1er octobre. ROMAIN ETIENNE POUR « LE MONDE » L’épicentre du séisme se trouvait à un peu plus d’une dizaine de kilomètres de la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche) et à une trentaine de kilomètres du site du Tricastin (Drôme), qui regroupe notamment une centrale nucléaire et des usines d’Orano (ex-Areva) de traitement du combustible nucléaire. Dans la soirée, EDF a décidé d’arrêter les trois réacteurs en marche de la centrale de Cruas – le réacteur n° 1 étant déjà à l’arrêt pour maintenance – « pour procéder à des contrôles complémentaires et préventifs ». « Les premiers contrôles n’ont pas mis en évidence de dégât apparent. Des vibrations ont cependant été enregistrées, ce qui nécessite de procéder à des contrôles complémentaires et préventifs », a expliqué le groupe dans un communiqué. « Le seuil sismique vibratoire a déclenché une alarme sur un seul des cinq capteurs présents sur le site. Aucun dégât sur les bâtiments n’a été constaté, et les installations fonctionnent normalement », avait plus tôt assuré le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait, elle aussi, expliqué que le séisme n’avait provoqué « aucun dommage apparent » aux sites nucléaires, mais avait demandé à EDF de vérifier si les valeurs enregistrées dépassaient les seuils à partir desquels un examen plus poussé des installations, nécessitant l’arrêt des réacteurs, est nécessaire. « L’ASN examinera les conditions dans lesquelles [les] réacteurs pourront redémarrer » à Cruas, a précisé l’autorité dans la soirée. Une porte-parole a ajouté que l’arrêt des réacteurs pourrait durer « quelques jours », en fonction des résultats de l’audit. En revanche, la centrale nucléaire du Tricastin, la plus éloignée de l’épicentre du séisme, ne devra pas être arrêtée, aucun seuil d’alerte n’y ayant été mesuré, a ajouté l’ASN. Quant à l’usine Orano du Tricastin, « des centrifugeuses ont été arrêtées, mais pas pour des raisons de sûreté. Ce sont des arrêts qui se font automatiquement pour protéger le matériel », a souligné le directeur des centrales nucléaires à l’ASN, Rémy Catteau. « Les installations nucléaires sont dimensionnées pour résister à des niveaux plus élevés » de mouvements, a assuré le responsable, notant qu’il faut prendre en considération l’accélération du sol ressentie sur place, et pas la magnitude mesurée au niveau de l’épicentre. Et EDF de renchérir : « Le risque sismique a été pris en compte dès leur conception pour l’ensemble de nos centrales nucléaires, en fonction de l’historique des séismes observés dans les régions d’implantation de nos installations. » Le Dauphiné libéré rappelle cependant que le tremblement de terre de ce lundi était « plus puissant que le séisme majoré de sécurité de magnitude 5,2 qui a été retenu par l’Autorité de sûreté nucléaire », pour lequel les centrales du Tricastin et de Cruas ont été construites. Un séisme d’une magnitude rare en France Carte d’intensité de la secousse ressentie dans le sud de la France le 11 novembre. BUREAU CENTRAL SISMOLOGIQUE FRANÇAIS Ressentie jusqu’à Saint-Etienne, Lyon, et même dans le sud de la France, la secousse a donné lieu à de nombreux appels des pompiers. Ceux du Vaucluse ont reçu « une cinquantaine d’appels principalement de communes situées au nord du département, notamment Bollène et Valréas », a affirmé un porte-parole. Quelque 600 séismes se produisent en France tous les ans, mais seulement dix à quinze sont ressentis par la population. L’Alsace, le Midi-Pyrénées, le littoral méditerranéen et les Alpes sont les régions les plus fréquemment touchées. Lire aussi Depuis un an, la France a connu 95 séismes de magnitude 2 et plus Selon les données du Bureau central sismologique français, on n’avait pas constaté de séisme aussi fort que celui survenu lundi depuis 2003 en France continentale. Une secousse également mesurée à 5,4 sur l’échelle de Richter s’était alors produite dans les Vosges. En 2011, un séisme plus fort, de magnitude 5,5, avait été enregistré mais son épicentre se situait en mer, à 100 km au large d’Ajaccio.
L’épicentre de ce séisme qui a fait quatre blessés se trouve juste au sud de Montélimar, selon le Bureau central sismologique français de Strasbourg.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/11/seisme-de-magnitude-5-4-dans-le-sud-est-de-la-france_6018764_3244.html
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Des traitements homéopathiques dans une pharmacie de Lille, le 3 septembre 2018. PHILIPPE HUGUEN / AFP « Colère », « sidération », « incompréhension »… L’annonce, le 9 juillet, par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, du déremboursement total des médicaments homéopathiques à partir du 1er janvier 2021, contre un remboursement à 30 % aujourd’hui, après une année de transition à 15 %, a fortement fait réagir les adeptes de cette médecine. « Je cotise depuis plus de cinquante ans et je n’ai pesé que très peu sur le budget de la “Sécu”, on devrait être récompensés plutôt que punis », estime par exemple Geneviève, 71 ans, l’une des quelque 300 personnes à avoir répondu à un appel à témoignages lancé le 15 juillet sur Lemonde.fr. Dans leur très grande majorité, les répondants assurent que le déremboursement ne changera rien à leur façon de se soigner. Certains expliquent qu’ils continueront de s’automédiquer à leurs frais, comme ils en ont déjà l’habitude, le prix des tubes étant jugé « modique », voire « dérisoire ». D’autres – notamment ceux suivant des traitements plus conséquents prescrits par un médecin – s’inquiètent de l’impact de cette mesure sur leur budget. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans les universités, l’homéopathie sur la sellette Si elle avait dû payer elle-même ses traitements homéopathiques qu’elle utilise pour soulager ses douleurs lombaires, après la pose en 2015 de prothèses au niveau des cervicales et au niveau des lombaires, Adeline, 50 ans, infirmière libérale à Remiremont, dans les Vosges, aurait dû débourser ce mois-ci 268,34 euros. Certains mois, le montant est plus élevé. « Il n’y a que ça qui marche sur moi, dit-elle. Grâce à l’homéopathie, en complément de la kiné, j’ai pu reprendre mon activité professionnelle et je ne prends plus d’anti-inflammatoires ou d’autres traitements antidouleurs que je ne supporte plus. » Adeline commande par ailleurs chaque mois en Allemagne pour 100 euros – non remboursés – de médicaments homéopathiques contre la maladie de Lyme. « Si je dois payer de ma poche les deux traitements, cela va représenter une lourde charge financière pour moi, entre 400 et 500 euros par mois », explique-t-elle. Se préparant à des « privations » sur d’autres postes, elle espère toutefois que la mutuelle de groupe de son mari, à laquelle elle est affiliée, continuera de prendre en charge l’homéopathie. Lire aussi 4 questions pour comprendre le déremboursement de l’homéopathie « Médecine à deux vitesses » Mireille, une universitaire parisienne de 68 ans, ingénieure et agrégée de mathématiques, assure qu’elle quittera sa mutuelle si celle-ci décidait de ne plus rembourser les médicaments homéopathiques avec lesquels elle se soigne depuis plus de trente ans. « Je leur ai posé la question, ils m’ont dit qu’il y avait des débats en interne et qu’ils allaient voter », raconte-t-elle.
300 personnes ont répondu à notre appel à témoignages après l’annonce du déremboursement total des médicaments homéopathiques en 2021.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/20/je-vais-continuer-mon-traitement-homeopathique-mais-tout-le-monde-n-en-aura-pas-les-moyens_5491535_3224.html
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Marguerite Stern dans le squat artistique Jardin Denfert, dans le 14e arrondissement parisien, en septembre. CAMILLE GHARBI POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Tout a commencé après la mort de Julie, le 3 mars 2019. La jeune Corse avait déposé cinq plaintes avant d’être tuée par balles par son ex-conjoint. Ensuite, il y a eu Martine, blessée mortellement le 5 mai par quarante coups de couteau donnés par son ex-mari… Un soir, pour dénoncer l’apathie des autorités face aux violences conjugales, Marguerite Stern, une activiste de 29 ans, a peint des lettres noires sur des feuilles de format A4, les a assemblées et collées sur un mur pour former une phrase, porte d’Aix, à Marseille. Son idée : exposer aux yeux de tous la réalité brute, sans l’euphémiser en parlant de « crime passionnel » ou de « drame familial »… « On nous fait croire qu’il y a encore besoin de parler, c’est faux ! Depuis que le Grenelle a été annoncé, vingt-six femmes sont mortes. Des actes ! » Depuis, l’ancienne militante Femen, rompue à l’art de la punchline, a fait des émules. Un peu partout en France, de Bordeaux à Besançon en passant par Brest et Lyon, on voit fleurir des dazibaos dénonçant les féminicides : « Leur sang sur vos murs », « Plus écoutées mortes que vivantes », « 100e féminicide : battue à mort et laissée sous un tas d’ordures »… Rien qu’à Paris, plus de 250 messages ont été collés la première semaine de septembre, pour le lancement de ce qui est devenu une grande campagne. À l’heure où les douze commissions constituées dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales s’apprêtent à rendre leurs premières conclusions, Marguerite Stern dit n’en « rien attendre ». Pour elle, les pouvoirs publics n’ont pas pris la mesure du « massacre » : « Cent vingt et une femmes sont mortes depuis le 1er janvier. C’est une violence systémique, comme il existe un racisme systémique, un problème structurel de la société. On nous fait croire qu’il y a encore besoin de parler, c’est faux ! Depuis que le Grenelle a été annoncé, vingt-six femmes sont mortes. Des actes ! » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans les affaires de féminicides, les alertes négligées par les forces de l’ordre Le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes et les associations féministes demandent un milliard d’euros à l’État, répartis entre la police, la justice, l’éducation, l’hébergement d’urgence… « Nous ne portons pas de revendications plus détaillées, car nous ne travaillons pas sur le terrain avec les femmes victimes de violences conjugales, explique Marguerite Stern. Nous ne sommes pas des expertes, nous sommes des activistes. »
L’ex-Femen est l’initiatrice d’une campagne de collages dénonçant les féminicides. Portrait d’une activiste qui n’attend rien du Grenelle contre les violences conjugales, dont les premières propositions seront rendues le 28 octobre.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/26/marguerite-stern-feministe-de-combats_6016971_4500055.html
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Lors d’une manifestation antigouvernementale, le 6 septembre 2019 à Alger. Toufik Doudou / AP L’étau sécuritaire et judiciaire se resserre autour des figures de la contestation en Algérie, à quelques jours de la convocation probable du corps électoral par le président par intérim, Abdelkader Bensalah, en vue de l’organisation d’une présidentielle avant la fin de l’année. Il ne se sera pas passé vingt-quatre heures avant que le pouvoir algérien ne passe, cette fois, de la parole aux actes. « Hordes », « logique de bande », « parties hostiles » : mercredi 11 septembre, le chef d’état-major de l’armée et dirigeant de facto du pays, Ahmed Gaïd Salah, a une nouvelle fois vivement attaqué les opposants à la sortie de crise qu’il préconise – une élection dans les plus brefs délais – alors que les manifestations demandant le départ du régime reprennent de la vigueur depuis la rentrée. Lire aussi En Algérie, la presse en ligne subit des blocages à répétition Après de nombreuses heures sans nouvelles, jeudi 12 septembre, les proches et avocats de Karim Tabbou, porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS), ont appris sa présentation devant le procureur de Koléa, à l’est d’Alger. Poursuivi pour « entreprise de démoralisation de l’armée » puis placé en détention provisoire, il risque jusqu’à dix ans de prison. « Pratiques de mercenaires » Karim Tabbou avait été interpellé la veille, à son domicile d’Alger, par deux hommes en civil. Sa disparition a très vite suscité une vague de condamnations du côté de l’opposition, à l’image du président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition laïque), Mohcine Belabbas, qui dénonçait, jeudi matin, « des pratiques de mercenaires ». Après Louisa Hanoune, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, arrêtée et incarcérée le 9 avril, Karim Tabbou est la deuxième personnalité de l’opposition à dormir aujourd’hui en prison. Il est également le deuxième à être poursuivi sous le chef d’inculpation d’« entreprise de démoralisation de l’armée ». L’autre est le vétéran de la guerre d’indépendance et ancien commandant de l’Armée de libération nationale (ALN), Lakhdar Bouregaa, 86 ans, incarcéré depuis le 30 juin et qui, lui aussi, s’est distingué par ses critiques virulentes à l’endroit du chef d’état-major de l’armée. A Karim Tabbou, il serait notamment reproché des propos tenus le 8 mai, en marge des commémorations des massacres du 8 mai 1945. Ce jour-là, à Kherrata, à 250 kilomètres à l’est d’Alger, dans cette ville symbole des tueries de 1945, et qui est aussi un berceau de la contestation actuelle, il avait notamment accusé le général Gaïd Salah de « violer lui-même la Constitution qu’il cherche à [nous] imposer. » « Le chef de l’état-major considère l’Algérie comme la plus grande caserne de la région » « Le chef de l’état-major assure qu’il ne fait pas de politique, il assure qu’il protège l’institution militaire et, dans le même temps, c’est celui qui donne des ordres au Parlement, au Conseil constitutionnel, et il considère aujourd’hui l’Algérie comme la plus grande caserne de la région. Mais nous ne sommes pas des caporaux », avait-il asséné. Préparation des élections Tribun et débatteur pugnace dans les deux langues du pays, l’arabe et le tamazight, et figure montante de l’opposition algérienne, le porte-parole de l’UDS est l’une des rares personnalités politiques à avoir émergé depuis le début du hirak, le mouvement populaire qui a conduit au départ de l’ancien président, Abdelaziz Bouteflika, début avril. Il en incarne l’aile la plus contestataire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Algérie, le chef d’état-major de l’armée veut imposer une présidentielle avant la fin de l’année Autre voix de cette contestation, l’avocat Salah Dabouz a, lui, été agressé à l’arme blanche par un homme cagoulé, lundi soir à Ghardaïa, à 600 kilomètres d’Alger. « Il y a une responsabilité morale des hommes politiques qui produisent un discours de rejet en accusant des gens d’être des traîtres à la solde de l’étranger », a dénoncé ce défenseur des droits des Mozabites (des Berbères de rite ibadite, minoritaire en Algérie), joint par le quotidien El-Watan. C’est dans ce climat pesant que les autorités accélèrent les préparatifs de la prochaine présidentielle, en assurant avoir répondu aux demandes de leurs opposants. Deux textes modifiant la loi électorale ont été votés par le Parlement cette semaine, instaurant une autorité électorale indépendante. Et ouvrant la voie à la convocation du corps électoral.
Le porte-parole de l’UDS risque dix ans d’emprisonnement. Avec Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, il est le deuxième opposant au pouvoir en place à dormir en prison.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/13/apres-l-arrestation-de-karim-tabbou-la-pression-s-accroit-sur-les-figures-de-l-opposition-en-algerie_5509985_3212.html
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Benny Gantz, chef du parti Bleu Blanc, à Tel Aviv, le 18 septembre. AMIR COHEN / REUTERS Jour d’élections en Israël. Mardi 17 septembre au matin, Benny Gantz, chef du parti Bleu Blanc, incitait, à l’aide d’un mégaphone, les baigneurs des plages de Tel-Aviv à se rendre aux urnes. Au même moment, à 3 500 kilomètres de là, un tribunal néerlandais débattait, à La Haye, d’une plainte au civil pour crimes de guerre, déposée contre lui en juin 2017. Le plaignant, un Palestino-Néerlandais originaire de Gaza, évoque devant les juges l’attaque du 20 juillet 2014. Ismail Ziada a perdu six membres de sa famille, dont sa mère, sous les décombres de sa maison du camp d’Al Burej, détruite par les missiles de l’opération israélienne « Bordure protectrice ». Les deux généraux ciblés par sa plainte, Benny Gantz, chef d’état-major de l’armée israélienne à l’époque des faits, et Amir Eshel, ancien patron de l’armée de l’air, jouissent de l’immunité, affirment leurs avocats, qui dénient toute compétence de la justice néerlandaise sur les actions d’Israël dans la bande de Gaza. En Israël, interrogé par le Jerusalem Post au sujet de l’affaire, Benny Gantz affirme que l’armée israélienne « est la plus morale du monde ». Mais pour le plaignant, aucun autre tribunal ne pourrait lui rendre justice : « J’ai été touché à la jambe par des munitions, j’ai vu un garçon être tué à mes côtés, j’ai été battu et tout cela avant que je n’atteigne l’âge de 15 ans. Personne n’a jamais été responsable. » Et la justice militaire israélienne a rejeté toute poursuite pénale pour l’attaque de l’été 2014, affirmant que la maison était un centre de commandement militaire et que quatre des personnes décédées étaient membres du Hamas et du Jihad islamique. Pour l’avocat des forces armées israéliennes, Thom Dieben, si la justice néerlandaise se déclarait compétente, ce serait une « atteinte à la souveraineté » d’Israël. Il défend une opération militaire parfaitement légale, dont « l’objectif était de protéger la population civile israélienne en mettant fin aux tirs constants de missiles venant de la bande de Gaza ». Il rejette toute responsabilité des deux officiers, qui agissaient pour le compte de l’Etat et bénéficient donc à ce titre de l’immunité. Violation du droit humanitaire international Liesbeth Zegveld, l’avocate d’Ismail Ziadi, égrène les précédentes affaires, contre Slobodan Milosevic ou Hissène Habré. Elle rappelle les affaires jugées devant des tribunaux néerlandais au titre de la compétence universelle, visant des Libyens, des Afghans, des Ethiopiens. Tous « se sont engagés dans des crimes sur instruction de l’Etat, mais ils portent leur propre responsabilité », affirme-t-elle. « Cela n’a aucune importance qu’Israël dise : c’est mon bombardement », car « nous ne parlons pas de l’immunité de l’Etat », mais de celle des individus.
L’ex-chef de l’état-major israélien est accusé par un Palestino-Néerlandais d’être responsable de la mort de six membres de sa famille lors de l’opération « Bordure protectrice » contre Gaza en 2014.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/18/un-tribunal-neerlandais-saisi-d-une-plainte-visant-le-candidat-israelien-benny-gantz_5512065_3210.html
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« Le déferlement de la psychologie positive s’est traduit par une sur-individualisation et un traitement périphérique des problèmes à coup de massages, de conciergeries, d’espaces de jeu. » Isabelle Rozenbaum/PhotoAlto / Photononstop Tribune. Flexoffice, bonheur au travail, nudge management figurent en bonne place dans le florilège des « tendances » dans de nombreuses entreprises. Soutenir le coworking, réenchanter l’environnement de travail, susciter l’engagement des salariés, voilà l’affiche. Elle est tellement belle qu’on s’en voudrait presque de casser l’ambiance en émettant le moindre doute. Et pourtant… Au début des années 2000, il était question d’« ingénierie concourante » sur les plateaux des tours de la Défense. Ensuite, il s’est agi de moderniser le management… en changeant l’aménagement. L’espace du travail devait évoluer avec l’irruption des « nouvelles technologies » et l’essor des activités de services. Mais les salariés ont compris depuis des années que les open spaces répondaient d’abord à une logique financière : en réalité, on a gagné des mètres carrés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Plus de silence, plus de productivité On continue avec le flexoffice (poste de travail flexible). Selon les aménageurs, avoir un bureau à soi coûte trop cher. Alors, place au desk share (partage de bureau) ou au coworking (bureau délocalisé). Plutôt que d’innover pour créer de la valeur, on réduit encore les espaces, quitte à favoriser le télétravail, les télécentres, les « tiers lieux ». Cela faisait sens à l’origine dans les grands cabinets de conseil dont les collaborateurs passant leur temps chez les clients. Mais aujourd’hui, le phénomène gagne presque toutes les organisations. Vive le caisson et la lutte des places… La communication est la victime de l’organisation spatiale A la clé, de redoutables questions de localisation, d’organisation et de management, sans parler de la qualité du travail ou de la santé des salariés. Il est ainsi demandé à la communication interne des entreprises de promouvoir ces espaces « ouverts », « mobiles » et… « communiquants ». En fait, il est de plus en plus difficile de tenir ce type de discours qui apparaît comme un « faux ami » quand ce que vivent les salariés – déstabilisation, perte de repères, éclatement des équipes… – est à cent lieues de ces éléments de langage. Et ce ne sont pas les rares espaces « ré-créatifs » qui changent quelque chose. Le communicant a beaucoup à perdre à se faire le porte-voix des aménageurs et des financiers quand la communication est la première victime de la nouvelle organisation spatiale. La déception tient au décalage entre une sur-promesse de meilleure circulation de l’information et la réalité du constat des équipes.
La justification des nouveaux aménagements de bureau par la flexibilité et les technologies cache mal des objectifs strictement financiers, dénoncent dans une tribune au « Monde » les experts de communication d’entreprise Jean-Marie Charpentier et Thierry Libaert.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/29/flexoffice-coworking-bonheur-au-travail-il-ne-faut-pas-prendre-les-salaries-pour-des-idiots-utiles_6013494_3232.html
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Un débauché (Marc Susini) et une échappée du couvent (Iliana Zabeth) dans « Liberté », d’Albert Serra. ROMAN YNAN L’AVIS DU « MONDE » - À NE PAS MANQUER C’est un véritable défi que s’est lancé Albert Serra avec son nouveau film, un défi sans doute bien plus audacieux que celui qu’ont relevé ses œuvres précédentes, sa relecture minimaliste du Don Quichotte de Cervantes (Honor de cavalleria), par exemple, ou bien la description d’une rencontre apocryphe entre Casanova et Dracula (Histoire de ma mort). Encore que ce dernier cas – une confrontation entre deux images du libertin, l’une historique, l’autre littéraire et allégorique – n’était pas sans annoncer le pari insensé que constitue Liberté. C’est en effet à un modèle littéraire dont la transposition cinématographique relève de l’impossible que s’attaque ce film à la fois cérébral et brûlant. 1774. Une poignée de débauchés chassés de la cour de Louis XVI se réfugient en Prusse. Ils recherchent le soutien du duc de Walchen (Helmut Berger), tout autant pour poursuivre une entreprise de subversion radicale et le rêve d’un changement de monde que pour échapper aux persécutions. Ils sont rejoints par des jeunes femmes, novices d’un couvent qui, le temps de quelques heures, au cœur de la forêt, vont se prêter aux jeux érotiques de ces libertins en quête d’une jouissance atteinte par diverses expériences sensuelles. Ces aristocrates déclassés par leurs mœurs ne voient-ils pas, dans l’audace sexuelle de leurs compagnes, la promesse d’une libération d’ordre politique ? « Aujourd’hui ce ne sont pas les débauchés qui pourraient faire la révolution, mais ce sont bien ces femmes-là, obstinées, dures et qui connaissent le prix à payer pour que le monde puisse changer », entend-on énoncer. Des tableaux vivants dignes de Sade S’ensuit durant plus de deux heures, le temps d’une nuit, dans un sous-bois éclairé par une lune blafarde, une série de tableaux vivants, déclinant toutes sortes de postures sexuelles, d’arrangements divers (corps attachés à un arbre et couverts de lait, parodie de la crucifixion, ou bien confinés et consommés dans l’espace étroit d’une chaise à porteur), mises en scène additionnant des situations où diverses expériences et dispositifs « déviants » parfois (masturbations, flagellations, urolagnie, etc.) et « monstrueux » (corps brûlés, moignons torturés) se succèdent. La sensualité se cache aussi dans le son, les voix, les langues –diverses (on parle français, allemand, italien) – et les accents qui sont comme autant d’inquiétantes et excitantes caresses auditives, adjuvants au sexe ou brusque retour à une perception de la réalité.
Dans ce film cérébral et brûlant, le cinéaste capte les ébats transgressifs de jouisseurs de la cour de Louis XVI dans une forêt prussienne.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/04/liberte-albert-serra-plonge-au-c-ur-de-la-debauche-sexuelle_5506171_3246.html
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Régiment du service militaire adapté (RSMA) de Guadeloupe. ÉRIC NUNÈS / « Le Monde » « Remarquable. » Tel est l’adjectif choisi par la Cour des comptes dans un rapport publié en février 2019 pour qualifier l’efficacité du service militaire adapté (SMA) dans sa mission d’insertion des jeunes ultramarins en difficulté. L’appréciation est plutôt rare sous la plume des magistrats de la Rue Cambon, alors même que les difficultés rencontrées par ce dispositif s’accentuent. Et que les objectifs chiffrés donnés aux régiments du service militaire adapté (RSMA) peuvent être un facteur de dégradation des services rendus. Créé en 1961, le service militaire adapté encadre les jeunes de 18 à 25 ans les plus éloignés de l’emploi dans les départements et territoires d’outre-mer. Il compte également un régiment à Périgueux, en métropole. Le projet consiste à raccrocher les décrocheurs, les sans-diplôme, et ceux qui sont le plus éloignés de l’emploi. Le SMA leur propose – et impose – un cadre militaire afin de les former aux règles du vivre ensemble, puis une formation professionnelle répondant aux besoins économiques locaux pour leur mettre le pied à l’étrier d’un emploi ou d’une formation diplômante. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Guadeloupe, Romario, 21 ans, est rentré dans le rang En 2009, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, fixe pour objectif de doubler le nombre de volontaires grâce au plan « SMA 6 000 ». A l’époque, le taux d’insertion des jeunes ultramarins passés par le dispositif est de près de 80 %. Une prouesse au regard des profils difficiles des jeunes hommes et femmes qui font le choix de ce cursus. L’exigence présidentielle s’accompagne d’un budget en hausse. Les ressources de l’Etat affectées aux RSMA (qui est sous tutelle de ministère de l’outre-mer) passent de 114 millions à 200 millions en 2017, l’année ou l’objectif de 6 000 est réalisé. Mais pour financer cette croissance, la durée des stages a été réduite – une réduction comprise entre six mois et une année, selon les formations. Ainsi en 2016, sur le total de 4 685 volontaires stagiaires, 1 022 ont suivi un cursus court. « Or, le taux d’insertion dans l’emploi de ces derniers, six mois après la fin de leur cursus, est en moyenne plus faible », souligne la Cour des comptes. Ce fait est également noté par la société Edater, spécialiste du développement territorial et de l’évaluation des politiques publiques, qui dans une étude remise en janvier 2019, que Le Monde s’est procuré, constate que « certains acteurs ou volontaires rencontrés expriment un sentiment de dégradation de la qualité des accompagnements, qu’ils associent à l’augmentation de jeunes accueillis ». Les régiments sont également soumis à « des objectifs de recrutement » qui mobilisent des moyens et de l’énergie qui pourraient être affectés à de la formation, mission initiale des RSMA. « Nombre de jeunes se présentent avec un cumul de freins et un projet professionnel faible, voire absent, l’accompagnement des volontaires devient plus important, plus technique et plus complexe que par le passé », soulignent les auteurs du rapport Edater. Enfin, le vivier de volontaires est le même que celui d’autres organismes locaux, ce qui complique le recrutement. A titre d’exemple, en Guadeloupe, cinq opérateurs proposent aux jeunes un accompagnement du même type ou assez proche : le RSMA, les missions locales, les écoles de la deuxième chance, la région et Pôle emploi. L’ensemble des dispositifs ne se coordonnent pas, « les partenariats de fond et les réunions de travail qui permettaient de partager les diagnostics ont disparu au bénéfice de la course au chiffre », note Edater. « Il y a un défaut de compétence aux Antilles », relève un officier supérieur en direction des collectivités territoriales locales. Pour que les RSMA puissent continuer à accomplir leur mission – raccrocher les jeunes les plus fragiles –, Edater conseille de maintenir les effectifs, de revenir sur la politique comptable lancée en 2009 et de rationaliser la politique d’insertion au niveau local avec l’ensemble des partenaires, comme l’a également fait la Cour des comptes dans les recommandations de son rapport de février 2019.
Deux rapports soulignent que les objectifs imposés, depuis 2009, à ce dispositif d’insertion des jeunes en difficulté dégradent les services rendus.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/09/03/en-outre-mer-le-service-militaire-adapte-face-a-la-course-au-chiffre_5505835_4401467.html
mlsum-fr-1444
Paul Dihi, un immigré ivoirien, devant son bâtiment incendié dans le quartier de Malvern, à Johannesburg, le 4 septembre 2019. MICHELE SPATARI / AFP Paul Dihi avance avec précaution près de la façade noircie, pour éviter de tomber dans les débris. De son immeuble de deux étages à Johannesburg, il ne reste qu’une carcasse carbonisée après l’attaque d’émeutiers contre des commerces, dimanche 1er septembre au soir, dans le quartier de Malvern. Cet Ivoirien de 51 ans, arrivé en Afrique du Sud en 1996, fait partie des nombreux étrangers victimes des violences xénophobes qui ont enflammé Johannesburg pendant trois jours. Dans la nuit de dimanche à lundi, « vers 2 heures du matin, un des locataires m’a appelé pour me dire que le bâtiment était en flammes », se rappelle-t-il, se plaignant du manque de réactivité des pompiers : « Ils se sont pointés ici à 7 heures. Mon bâtiment était déjà réduit en cendres. » Le bâtiment, que Paul Dihi louait à des commerçants nigérians, sud-africains ou zimbabwéens, était sa principale source de revenus. Il n’avait jamais connu un tel niveau de destruction. « Je veux réparer le bâtiment, le vendre et rentrer dans mon pays », dit-il. De l’autre côté de la rue, une famille se retrouve du jour au lendemain sans ressources. Lire aussi En Afrique du Sud, les attaques xénophobes ont fait sept morts L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, attire de nombreux Africains en quête d’une nouvelle vie, notamment du Zimbabwe et du Mozambique voisins. Mais dans ce pays à l’économie fragile et au fort taux de chômage (29 %), les étrangers sont devenus les boucs émissaires et les cibles des dernières violences. 289 personnes arrêtées Dans le garage automobile Salbro Auto, seuls deux véhicules sur 35 ont survécu. Les autres ont été brûlés ou volés ; dans Jules Street, les pillards ont pris le dessus sur la police. « Ça représente beaucoup d’argent », explique Abdallah Salajee, qui a repris récemment le garage de son père : « Nous n’avions pas d’assurance. Nous devons repartir de zéro. » Venus d’Inde, les Salajee vivent dans le pays depuis les années 1980. « Nous sommes des Sud-Africains, assure le garagiste. Qu’ont-ils gagné à faire cela ? » Mercredi, un calme tendu était revenu à Johannesburg. La police a dispersé les manifestants et renforcé ses patrouilles dans la zone, tandis que 289 personnes ont été arrêtées depuis dimanche. Dans Malvern, des hommes en haillons se sont rassemblés autour des restes de voitures incendiées pour tenter de récupérer des morceaux de métal, dans le but de les revendre. A 5 km des luxueux centres commerciaux de Sandton, l’un des quartiers les plus riches de Johannesburg, des femmes fouillent encore dans un tas de salades abandonnées par les pillards. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Afrique du Sud en proie à une vague de violences xénophobes Des commerces du township d’Alexandra ont aussi été pillés et la plupart des boutiques sont restées fermées mercredi, de crainte de nouvelles violences. Enver Lombard, un commerçant sud-africain, a été l’un des seuls à rouvrir après avoir caché son stock pendant la nuit. « Nous sommes venus à 4 heures du matin et avons rapporté la marchandise de nos dépôts parce que nous devons travailler », explique l’homme, âgé de 80 ans, au milieu d’un stock éclectique de marchandises : appareils DVD, CD et baskets…
Dans le quartier de Malvern, à Johannesburg, les commerçants victimes de destructions et de pillages constatent l’étendue des dégâts.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/05/violences-xenophobes-en-afrique-du-sud-nous-devons-repartir-de-zero_5506654_3212.html
mlsum-fr-1445
AUREL Continuez à manger de la viande ! La quasi-totalité des spécialistes de santé publique de la planète en a sursauté. Mardi 1er octobre, un groupe de scientifiques émettait cette « recommandation », à rebours de l’ensemble des préconisations officielles – du Programme national nutrition santé français à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Dans une série de six articles publiés dans la revue scientifique Annals of Internal Medicine (AIM), un groupe de chercheurs baptisé NutriRecs jugent incertain l’état de la science qui associe la consommation de viande rouge et de viande transformée à un risque accru de cancer et de maladies cardio-vasculaires. Les chercheurs de NutriRecs ont passé en revue une centaine d’études de cohorte menées sur six millions de participants, qui montrent une association entre une consommation importante de viande et plusieurs types de maladies. Ils relèvent qu’une diminution de la consommation de viande à trois portions par semaine diminue le risque de mortalité, toutes causes confondues, de 13 %. Pour les cancers, c’est sept morts pour 1 000 personnes qui seraient évitées par une réduction des portions carnées. « Conclusions incohérentes » Malgré cela, le niveau de preuve de ces résultats, qui s’appuient essentiellement sur des études d’observation, est jugé insuffisant. S’exonérant d’une prudente réserve, ils recommandent « de continuer plutôt que de réduire la consommation » de viande, provoquant une vive controverse. « Les conclusions sont incohérentes avec leur propre analyse », s’insurge Walter Willett, professeur d’épidémiologie et de nutrition à l’Ecole de santé publique de Harvard. Elles « ont clairement été rédigées dans le but de créer de la confusion ». La surprise laisse désormais place aux interrogations quant aux réelles motivations de ces chercheurs, des inconnus dans le domaine de la nutrition pour la plupart. D’après les informations réunies par Le Monde, au moins trois d’entre eux n’ont pas déclaré auprès de la revue AIM leurs relations avec le secteur agroalimentaire, contrairement aux exigences éthiques de cette dernière. C’est le cas du nutritionniste Patrick Stover, dont l’université (A & M, Texas), étroitement liée aux industriels de la viande et de l’élevage, bénéficie de plusieurs millions de dollars de financements de la part du secteur qui pèse 12,9 milliards de dollars (11,7 milliards d’euros) au Texas, premier Etat producteur de viande aux Etats-Unis.
Six articles controversés publiés dans la revue « Annals of Internal Medicine » préconisaient de ne pas réduire la consommation de viande pour des raisons de santé.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/14/trois-coauteurs-d-une-serie-d-etudes-sur-la-viande-n-ont-pas-declare-leurs-liens-avec-l-agroalimentaire_6015426_3244.html
mlsum-fr-1446
rtants. Son sourire, qui lui confère un visage poupin, se prolonge fréquemment en un rire franc. Même lorsqu’il évoque un sujet grave, cette jovialité ne quitte pas Bastien Moysan. Mais elle s’atténue parfois, et cela témoigne du trouble qui mine ce paysan breton depuis des mois. « Ce sont des salauds… », dit-il, sans hausser le ton, à propos de ceux qui ont tenté de lui « piquer » les parcelles qu’il exploite à Daoulas (Finistère), à 20 kilomètres de Brest, entre l’Atlantique et les monts d’Arrée. Cet homme de 39 ans, père de trois enfants, a vécu au printemps un épisode digne de La Terre, fresque rurale dans laquelle Emile Zola décrit les luttes acharnées de villageois ivres de possession foncière. Le soutien qu’il a reçu à cette occasion atteste d’une opposition entre deux visions de l’agriculture. D’un côté, les tenants du système industriel productiviste ; de l’autre, les partisans de modèles « alternatifs ». Tout commence le 21 mai, dans le bureau feutré d’un notaire brestois. La vente aux enchères prévue ce jour-là doit sceller le destin de 30 hectares de terres labourables, bois et zones humides appartenant à huit propriétaires différents, membres d’une même famille – celle de Bastien Moysan –, mais qui ne sont jamais parvenus à s’entendre sur le partage. Dépossédé en toute légalité Ledit Bastien, fils d’un des indivisaires, exploite une partie de ces terres depuis 2004. Il est persuadé que personne d’autre ne cherchera à les acheter et pense disposer d’assez d’argent (45 000 euros prêtés par sa banque) pour les acquérir au prix du marché et, ainsi, pérenniser son activité. Il se trompe : quatre autres prétendants, parmi lesquels trois voisins à la tête de très grandes exploitations, sont intéressés. L’un enchérit. Les autres aussi. Et ainsi de suite, une heure et demie durant, dans une ambiance « épouvantable », d’après un témoin. Montant de la dernière offre : 100 000 euros. Le jeune paysan, médusé, est dépossédé en toute légalité de son outil de travail. 100 000 euros, pour lui, c’est « dix ans de salaire ». La ferme du Guerniec, à Daoulas (Finistère), le 23 octobre. DIDIER OLIVRE POUR « LE MONDE » La ferme du Guerniec, modeste bâtisse en pierre entourée de hangars agricoles, occupe les hauteurs d’une colline entre la voie ferrée Quimper-Brest et une route nationale. Bastien Moysan, qui a repris les terres, cultivées jadis par ses parents, y a développé une activité à rebours du modèle agro-industriel. Actuellement en conversion biologique, il élève seul (sa compagne travaille à l’extérieur) une vingtaine de vaches et autant de porcs de races rustiques. Il cultive aussi des variétés anciennes de blé et pratique la pêche à pied professionnelle sur les estrans finistériens, où il prélève palourdes, huîtres, coques et autres tellines. Adhérent à la Confédération paysanne, il est connu dans le secteur, notamment pour avoir participé, au début des années 2010, à la création d’un magasin de producteurs à Daoulas.
Bastien Moysan, agriculteur à Daoulas dans le Finistère, lutte pour acquérir les terres qu’il cultive depuis des années face à des exploitants aux moyens bien plus importants.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/28/terres-agricoles-daoulas-son-univers-impitoyable_6017142_3224.html
mlsum-fr-1447
Les Jeux olympiques (JO) de Tokyo vont donc s’autoriser des délocalisations pour les épreuves de fond à Sapporo, à 800 km au nord de la capitale japonaise. Ainsi l’a accepté, vendredi 1er novembre, le gouvernement métropolitain de Tokyo, au terme de trois jours de discussions avec le Comité international olympique (CIO), le comité d’organisation des Jeux (TOCOG) et le gouvernement nippon. « Nous ne pouvons pas accepter la décision finale, mais le CIO a le pouvoir de changer les choses », a admis avec une profonde réticence la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike. « Le plus important est d’assurer le succès des Jeux l’année prochaine. » La décision du transfert ayant été prise, il reste à déterminer comment vont se répartir les coûts et comment dédommager les nombreux fans japonais de courses de fond qui avaient acheté des billets pour Tokyo. Dans l’attente, elle clôt une polémique lancée le 16 octobre par le CIO avec sa décision de transférer les épreuves de marche et les marathons dans la grande ville du nord du Japon. Cette décision du CIO faisait suite au fiasco des championnats du monde d’athlétisme à Doha (du 27 septembre au 6 octobre derniers) lors desquels 28 des 68 concurrentes du marathon féminin n’avaient pas terminé la course. Chez les hommes, 18 coureurs sur 73 avaient abandonné. En cause, la chaleur extrême et la forte humidité, des conditions météorologiques relativement similaires à celles de Tokyo au cœur de l’été, au moment donc des JO. « Pourquoi Sapporo ? » Mme Koike avait alors vivement réagi, allant, sur le ton de l’ironie, jusqu’à proposer d’organiser les compétitions dans les « Territoires du Nord » (Kouriles du Sud), un chapelet d’îles aux mains de la Russie depuis 1945 mais revendiquées par le Japon et qui font l’objet d’âpres négociations entre Tokyo et Moscou. « Pourquoi Sapporo, qui a décidé cela ? Il n’y a pas eu de discussion », s’était-elle aussi interrogée. Une hypothèse pourrait être que l’actuelle ministre chargée des Jeux olympiques, Seiko Hashimoto, est originaire d’Hokkaido. Une autre, moins polémique, est que Sapporo accueille chaque mois d’août depuis 1987 un marathon, le seul organisé l’été au Japon, car c’est la seule région présentant un climat frais en cette saison. En 2019, 20 000 coureurs y ont participé. Désireuse de « sauver » son marathon, Mme Koike a suggéré de maintenir les courses à Tokyo en avançant leur départ à 5 heures, voire 3 heures du matin. Impossible, a rétorqué le CIO, arguant que de telles épreuves devaient avoir lieu en journée, notamment parce que des hélicoptères sont mobilisés pour la transmission télévisée. “I can understand the concerns of the people of Tokyo, but the IOC had to take the action to safeguard the health o… https://t.co/h7LsNM57Tw — Tokyo2020 (@#Tokyo2020) « Jusqu’à présent, les autorités locales et les citoyens, impatients d’assister aux épreuves, travaillaient d’arrache-pied pour les préparer », a par ailleurs regretté la gouverneure de Tokyo, qui a évoqué les 30 milliards de yens (environ 250 millions d’euros) déjà engagés pour modérer l’impact de la chaleur et de l’humidité. Une centaine de kilomètres de chaussée a ainsi été couverte d’un revêtement absorbant la chaleur. Plusieurs épreuves tests ont été organisées cet été, lors desquelles les organisateurs avaient également décidé de faire partir les marathons à 6 heures et le 50 km marche à 5 h 30. Les épreuves de golf concernées ? Le 30 octobre, le responsable de l’équipe d’inspection du CIO, John Coates, s’est excusé d’avoir « surpris » le comité d’organisation de Tokyo en décidant si vite du transfert, tout en soulignant que la décision répondait à la volonté du président du CIO, Thomas Bach, d’accorder la priorité à « la santé des athlètes ». Selon une étude menée les 21 et 22 octobre par le gouvernement métropolitain de Tokyo, 36 % des habitants consultés approuvent le transfert à Sapporo et 32 % s’y opposent. Les débats autour de la chaleur pourraient concerner d’autres épreuves. Le 31 octobre, l’influent sénateur Shigefumi Matsuzawa a écrit à Thomas Bach pour lui demander de transférer également les épreuves de golf, aujourd’hui programmées au Kasumigaseki Golf Club, situé dans la préfecture de Saitama, au nord-ouest de Tokyo. « En 2017, l’université métropolitaine de Tokyo a publié un article indiquant que la ville de Kawagoe, où se trouve le terrain, est l’endroit le plus chaud du Japon », écrit l’élu, qui juge « irresponsable d’organiser un événement sportif en plein air » en ce lieu au cœur de l’été. Et M. Matsuzawa de redouter de voir « les ambulances et les hôpitaux débordés par l’afflux de patients victimes d’un coup de chaleur ». M. Matsuzawa propose un transfert dans la région montagneuse de Nagano (centre du pays), voire à Hokkaido. Ces interrogations rappellent que, en 1964, les JO de Tokyo avaient été organisés en octobre pour éviter les fortes chaleurs estivales. Un principe omis dès le dépôt, en 2013, de la candidature pour les Jeux de 2020, prévus du 24 juillet au 9 août. Dans le dossier, les responsables japonais parlaient d’une période « avec des températures douces et de nombreux jours ensoleillés », offrant « aux athlètes un climat idéal et propice aux meilleures performances ». La commission d’évaluation du CIO n’avait pas cillé, notant dans son rapport que la période retenue pour les compétitions l’avait été « pour des raisons climatiques ». Lire aussi La chaleur, drame du quotidien au Japon et enjeu des JO de Tokyo
Le Comité international olympique avait décidé, à cause de la chaleur, de délocaliser le marathon et la marche à Sapporo, plus au nord, dans le but de préserver « la santé des athlètes ».
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/11/01/jo-2020-tokyo-consent-au-transfert-des-epreuves-de-fond-a-sapporo_6017670_3242.html
mlsum-fr-1448
Une femme utilisant une cigarette électronique à base de cannabis, à Los Angeles (Californie), en décembre 2018. RICHARD VOGEL / AP Au moins cinq utilisateurs de cigarettes électroniques sont morts aux Etats-Unis, ont fait savoir les autorités sanitaires, vendredi 6 septembre. Le nombre de malades frappés par de graves difficultés respiratoires a par ailleurs doublé pour atteindre 450 dans le pays. Les enquêteurs fédéraux n’ont pas précisé quelles marques ni quelles substances dans les liquides des vapes étaient susceptibles d’avoir causé les problèmes observés. Mais un dénominateur commun fréquent des personnes atteintes est qu’elles avaient inhalé des produits contenant du tétrahydrocannabinol (THC), la substance active du cannabis. C’était le cas d’au moins une des deux victimes dont la mort a été annoncée dans l’après-midi de vendredi par les autorités sanitaires locales de Californie et du Minnesota. Toutes deux étaient également relativement âgées et en mauvaise santé. « Nous n’avons pas encore toutes les réponses » « Le patient du Minnesota avait plus de 65 ans et est mort en août à l’issue d’une hospitalisation longue et compliquée », a précisé l’agence de santé de l’Etat du Midwest. D’après les experts, il souffrait de problèmes respiratoires chroniques. Il a été pris en charge en raison de lésions pulmonaires sévères. Les investigations ont associé celles-ci à l’inhalation par vapotage de produits illicites contenant du THC. Lire aussi : E-cigarette, les recherches en question En Californie, l’agence de santé publique du comté de Los Angeles a, elle aussi, fait état d’une mort liée à la cigarette électronique, un patient âgé de plus de 55 ans. Si ce dernier « souffrait de problèmes de santé chroniques », c’est bien le vapotage qui est considéré comme la cause probable de sa mort, a souligné le responsable de l’agence, le docteur Muntu Davis. Il n’a pas précisé quel type de produits il utilisait, mais a déclaré que sur les douze cas de patients tombés malades après avoir vapoté – dont le cas mortel – recensés dans le comté, tous sauf un avaient « l’habitude de consommer des produits à base de cannabis ou de marijuana ». Un autre décès a été confirmé dans l’Indiana, après l’Oregon et l’Illinois. Un possible lien a été établi entre certains malades et une huile de vitamine E, qui se consomme normalement en gélule ou en huile pour la peau. La vaporisation à haute température de cet additif pourrait avoir endommagé les poumons des vapoteurs. Les responsables sanitaires de l’Etat fédéral ont toutefois appelé à la prudence dans l’attente d’analyses plus complètes. « Aucune substance ou molécule unique, dont l’acétate de vitamine E, n’a été identifiée dans l’ensemble des échantillons analysés », a insisté Mitch Zeller, directeur du centre pour le tabac de la Food and Drug Administration (FDA – Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux), qui teste au niveau national les produits impliqués. « Nous n’avons pas encore toutes les réponses », a renchéri Ileana Arias, responsable des maladies non infectieuses pour les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC –Centers for Disease Control and Prevention). Par mesure de précaution, les CDC recommandent dans l’immédiat de ne pas utiliser de cigarettes électroniques, quelles qu’elles soient. Symptômes d’une pneumonie lipidique Les problèmes respiratoires sont d’autant plus choquants qu’ils apparaissent subitement, chez des patients souvent jeunes et sans problème de santé. Dans l’Illinois, la moitié des malades avait moins de 19 ans. Les symptômes correspondaient souvent à une pneumonie lipidique, qu’on observe quand des huiles pénètrent les poumons. Sean Callahan, pneumologue à l’hôpital de l’université de l’Utah, a traité l’un de ces malades en juillet, âgé de 20 ans. La détresse respiratoire était telle que le jeune homme a dû être placé plus d’une semaine dans une machine qui oxygène le sang du patient hors de son corps, tant ses poumons n’arrivaient plus à fonctionner. « Je n’avais jamais vu cela auparavant, a témoigné le docteur Callahan à l’Agence France-presse. D’habitude, les malades qui ont besoin de cette machine ont des formes très avancées de grippe ou de pneumonie, ou bien ils ont des systèmes immunitaires affaiblis à cause d’un cancer ou d’une chimiothérapie. » Le jeune homme s’en est finalement sorti et est rentré chez lui, mais n’est pas à l’abri d’éventuelles séquelles. Quant à la piste de la vitamine E, les autorités de New York ont diffusé des photos des recharges impliquées : elles ont des emballages très colorés sous le nom de Dank Vapes, une « marque » qui ne correspond apparemment à aucune entreprise légale, mais est distribuée dans la rue et sur Internet. Le mort de l’Oregon, en revanche, avait acheté son produit dans un dispensaire de cannabis légal. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sévère mise en garde de l’OMS sur la cigarette électronique Ces maladies pulmonaires s’ajoutent à la pression sur les fabricants légaux de cigarettes électroniques, accusés par les autorités d’avoir fait la promotion de leurs produits auprès des jeunes comme une solution de rechange saine et cool à la cigarette.
Les enquêteurs n’ont pas précisé les marques ni les substances susceptibles d’avoir causé les graves difficultés respiratoires dont souffrent 450 personnes.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/07/aux-etats-unis-cinq-morts-liees-a-la-cigarette-electronique_5507496_3210.html
mlsum-fr-1449
Tribune. Depuis peu, la justice de certains Etats (Royaume-Uni, Belgique, France et Canada) a été saisie de recours sur la légalité des transferts d’armes vers de la coalition de pays dirigée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Cette guerre qui affecte une population de 27 millions de personnes a donné lieu à des crimes de guerre commis par toutes les parties au conflit. Les rapports d’experts des Nations unies et de chercheurs indépendants sur le terrain démontrent que les forces de la coalition de pays dirigée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont participé à plusieurs reprises à des attaques, aériennes et terrestres dont les victimes sont principalement des civils. La guerre qui oppose la coalition prétendument destinée à soutenir le « gouvernement yéménite » contre les « insurgés Houthi », est à l’origine, selon le rapport du Armed Conflict Location & Event Data Project de plus de 90 000 morts depuis 2015. Save the Children a dénoncé la mort indirecte de plus de 85 000 d’enfants de moins de 5 ans pour cette même période. Le Conseil de sécurité des Nations unies du 17 juin 2019 a déclaré que la guerre a plongé plus de 24 millions de personnes, 80 % de la population, dans une demande d’assistance humanitaire. Obligations qu’impose le droit international En dépit des demandes répétées du Conseil de sécurité de l’ONU et ce depuis le 14 avril 2015, les parties au conflit ne se sont pas acquittées des obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire (DIH) et le droit international des droits de l’homme (DIDH). De nouvelles violations ont d’ailleurs été commises, le 29 juillet 2019, lors du bombardement d’un marché situé dans le nord du Yémen à Al-Thabet dans la province de Saada. Le bilan fait état de 14 morts, dont deux enfants, et 27 blessés. Lire aussi Des vidéos apportent la preuve de l’utilisation au Yémen de navires fabriqués en France Il n’y a pas que des attaques dont les victimes sont des civils : le blocus imposé au Yémen par la coalition entraîne une famine qui touche surtout la population civile alors que le DIH interdit « l’utilisation de la famine contre les civils comme méthode de guerre », comme l’a souligné, avec justesse, le Groupe d’experts des Nations unies. Les récentes informations diffusées par le site d’investigation Disclose sur l’activité des navires de guerre français dans le blocus confirment l’importance de l’implication de la France. Dans ces conditions, les Etats peuvent-ils, juridiquement, vendre des armes à l’Arabie saoudite et à ses alliés alors que le droit international interdit de transférer des armes à des Etats qui s’en servent pour le violer ? Cette interdiction est fondée, d’une part, sur les normes du droit de la responsabilité des Etats ainsi que sur celles du DIH et du DIDH, d’autre part, sur le traité des Nations unies relatif au commerce des armes :
Les rapports de l’ONU sur la guerre au Yémen démontrent que l’Arabie saoudite se livre à des attaques contre des civils dans ce pays. Dans ce contexte, la France doit cesser de vendre des armes aux Saoudiens et respecter ses engagements internationaux, demande, dans une tribune au « Monde », un collectif de spécialistes en droit international.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/30/vendre-des-armes-a-l-arabie-saoudite-pour-bombarder-le-yemen-est-contraire-au-droit-international_6013623_3232.html
mlsum-fr-1450
La leader du Parti social-démocrate, Mette Frederiksen, à Aalborg (Danemark), le 5 juin. RENE SCHUTZE / RITZAU SCANPIX / REUTERS Elle a été la dernière à prendre la parole mercredi soir, un peu après minuit, depuis Christiansborg, le siège du Parlement danois. Visiblement émue, Mette Frederiksen, la cheffe de file des sociaux-démocrates a tenu à saluer « une victoire historique ». Celle du centre gauche qui, après quatre années dans l’opposition, retrouve la majorité au Danemark, et devrait lui permettre de diriger le prochain gouvernement, même si les négociations pour former une coalition s’annoncent déjà compliquées. A l’issue des élections législatives, son parti arrive en tête avec 25,9 % des voix, en léger recul par rapport à 2015 (26,3 %). En deuxième position, le Parti libéral (Venstre) du premier ministre sortant, Lars Lokke Rasmussen, fait au contraire un très bon score à 23,4 % (contre 19,5 % en 2015). Mais ce n’est pas suffisant pour combler le retard de ses alliés et lui permettre de continuer à diriger son gouvernement libéral conservateur. A gauche, Mette Frederiksen devra composer avec trois formations, dont deux enregistrent une forte progression. Le Parti social-libéral (Radikale Venstre), dirigé jusqu’en 2014 par la commissaire européenne à la concurrence Margrethe Vestager, double son score, avec 8,6 % des voix. Même chose pour le Parti socialiste du peuple, qui obtient 7,7 % des votes. Les écologistes de la Liste de l’unité reculent légèrement à 6,9 % des voix, au terme d’une campagne où la question du réchauffement climatique a pourtant été centrale, mais où d’autres partis ont présenté des projets ambitieux. Au total, le « bloc rouge » remporte donc 91 des 179 mandats au Parlement, dont 48 pour les sociaux-démocrates. Mette Frederiksen, cependant, a fait savoir qu’elle ne voulait pas forcément d’une coalition gouvernementale, mais souhaitait former un gouvernement minoritaire social-démocrate, s’appuyant sur ses partenaires du centre gauche au Parlement. « Il n’y a pas un seul parti avec lequel nous pourrons tout faire », a-t-elle justifié. Aucun n’est prêt à lui accorder un chèque en blanc. Si elle devient première ministre, ce sera « à la merci des sociaux-libéraux », constate ainsi le quotidien Politiken. Le très bon résultat du parti Radikale Venstre le place en position très favorable avant le début des négociations. Son chef de file, Morten Ostergaard, a d’ailleurs assuré que ses demandes ne « seraient pas modestes », faisant réapparaître le spectre de 2011 pour les sociaux-démocrates. D’une poigne de fer, sa prédécesseur, Margrethe Vestager, avait imposé ses conditions à ses partenaires, dictant la politique économique et sociale du gouvernement dirigé par la sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt.
Le centre gauche retrouve la majorité après quatre années passées dans l’opposition. L’extrême droite du Parti du peuple danois s’est effondrée.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/06/au-danemark-les-sociaux-democrates-remportent-les-elections-legislatives_5472066_3210.html
mlsum-fr-1451
Ce n’est pas pour ça qu’ils s’étaient engagés, alors ils sont partis. Raphaël et Julien (les prénoms ont été changés), 26 ans, ont intégré la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) fin 2017. Le premier l’a quittée au mois d’août. Le second l’aura imité avant la fin du mois de septembre. Tous deux évoquent une « libération », moins de deux ans après avoir fêté leur entrée dans ce que la profession considère pourtant comme son unité d’élite, mais qui n’échappe pas au malaise général. Certes, celui-ci se voit moins qu’en province : particularité de la « brigade », qui défend Paris et les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne), ses 8 500 pompiers ont le statut de militaire, et n’ont donc pas le droit de grève, contrairement à leurs 40 500 collègues professionnels dans le pays, appelés à en faire (symboliquement) usage depuis le 26 juin. Mais certains chiffres trahissent un trouble profond au sein de l’institution, qui a connu son heure de gloire lors de l’incendie de Notre-Dame mi-avril : la BSPP ne parvient pas à conserver ses troupes et connaît un turnover énorme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « On ne peut pas tout gérer » : les pompiers font monter la pression sur le gouvernement pour faire enfin bouger les lignes Selon des chiffres diffusés en 2017, 30 % des recrues quittent la brigade au bout de la période probatoire de six mois, qui précède la signature d’un contrat de cinq ans. Et parmi les 70 % qui signent ce contrat, seuls 53 % le renouvellent. D’où la nécessité de recruter chaque année 1 200 jeunes pompiers à la BSPP. Raphaël et Julien sont restés au-delà des six premiers mois, mais ne sont pas allés au bout des cinq ans. Ils ont pris la troisième porte de sortie : réformés en cours de contrat, après passage devant le psychiatre, seule façon de démissionner sans être considéré comme déserteur. De quoi faire des envieux : « Je ne connais pas une caserne où il n’y a pas quelqu’un qui a envie de partir », assure le premier, qui était basé au sud de Paris. Le second, dont la caserne se trouvait à l’est de la capitale, fait le même constat : « Si tu donnes la possibilité aux pompiers de Paris de démissionner, t’as la moitié de chaque caserne qui s’en va. » Sollicitée par Le Monde, la BSPP n’a pas souhaité faire de commentaire. Appels abusifs Des discours de ces ex- « brigadous » émanent deux sources majeures au mal-être : une mission qui ne correspond pas à leurs attentes, et l’ambiance. Le premier phénomène est connu : aujourd’hui, un pompier n’est plus quelqu’un qui éteint des feux, lesquels représentent moins de 3 % des interventions de la BSPP. Raphaël n’a eu qu’un seul véritable incendie à traiter – plusieurs voitures en feu devant une prison. Julien a eu « plus de chance » : « Quelques-uns. »
La plus prestigieuse des brigades fait aussi de nombreux déçus. En 2017, 30 % des recrues ont quitté la brigade au bout de la période probatoire de six mois.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/06/pompiers-de-paris-moi-je-ne-donnerais-pas-ma-vie-pour-la-brigade_5507111_3224.html
mlsum-fr-1452
Chronique. Le cuir se prend une tannée. Depuis début 2018, le prix d’une peau de bovin brute ne cesse de rétrécir. « Elle a perdu près de la moitié de sa valeur en dix-huit mois. Elle se négocie aujourd’hui en moyenne à 50 ou 55 euros à la sortie de l’abattoir, contre 110 à 120 euros », explique Mathieu Pecqueur, directeur général de Culture viande. Cuir de bovin et peau de chagrin… Ne parlons même pas du cas de l’ovin. Si la peau d’agneau est recherchée, celle de brebis part au panier… Passé le constat, comment l’expliquer ? Comme souvent, les causes sont multiples. Et le marché complexe, d’autant qu’il est mondialisé et que beaucoup de tanneries sont hors de nos frontières. « En 2018, les exportations de peaux brutes de bovins français ont atteint un montant de 198 millions d’euros. Les trois premiers pays de destination sont l’Italie, la Chine et l’Allemagne », affirme Philippe Gilbert, du Conseil national du cuir, qui ajoute : « Au premier semestre 2019, elles affichent une chute de 30 %, par un effet combiné de la baisse des prix et du recul de la demande, en particulier en Italie. » Le cuir est mis sur la sellette M. Pecqueur évoque aussi un accroissement des abattages aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, qui pèserait dans la balance. Au moment même où le cuir est mis sur la sellette. Les associations anti-élevage, PETA en tête, veulent lui faire la peau. Et les ONG environnementales pensent qu’il n’est pas aussi lisse qu’il en a l’air. Des piques qui font mouche. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Face au mouvement végan, les fourreurs montrent les dents Ainsi, le constructeur automobile Tesla a annoncé fin août que la Model 3 passait en mode végan. Exit le volant en cuir, dernier signe de la présence bovine dans le véhicule, après sa disparition des sièges en 2017. D’autres marques proposent des versions 100 % synthétiques, même si elles ne se définissent pas toutes comme véganes. Peut-être parce qu’elles gardent un tigre dans le moteur ? Le synthétique, c’est fantastique, nous disent les ingénieurs. Mais aussi les fibres végétales. Attention, toutefois, pas question d’évoquer le « cuir d’ananas ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cuir : n’est pas « végan » qui veut La marque de prêt-à-porter H&M a, elle, décidé de suspendre la vente de cuir en provenance du Brésil. Un sujet devenu brûlant avec les incendies de forêt. Reste à connaître l’origine des peaux. La filière viande française, qui abat 3,25 millions de bovins par an, souhaiterait une meilleure traçabilité, source de valorisation de l’origine.
Depuis début 2018, le prix des peaux de bovin ne cesse de baisser. En cause, la baisse des commandes, en particulier en Italie, l’accroissement des abattages aux Etat-Unis et en Amérique du Sud, et les campagnes des associations de défense du bien-être animal.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/28/cuir-de-bovin-et-peau-de-chagrin_6013436_3234.html
mlsum-fr-1453
Siège social de La Banque postale à Paris, le 7 septembre. L’Autorité des marchés financiers a accordé, mardi 25 juin, une dérogation à banque publique pour qu’elle puisse prendre le contrôle de CNP sans passer par une offre publique d’achat. JOEL SAGET / AFP Le dernier véritable obstacle à la constitution d’un vaste groupe financier public, rassemblant la Caisse des dépôts et consignations (CDC), La Poste et CNP Assurances, vient d’être levé. L’Autorité des marchés financiers (AMF), institution indépendante, avait en effet le pouvoir de faire capoter ce projet, ou, du moins, de compliquer considérablement la tâche des promoteurs de l’opération, l’Etat en tête. L’AMF a finalement accordé, mardi 25 juin, une dérogation à La Banque postale pour qu’elle puisse prendre le contrôle de CNP sans passer par une offre publique d’achat (OPA), ouvrant ainsi la voie à la signature finale de l’opération. Le projet, en gestation depuis plus d’un an, a été savamment conçu par le patron de la Caisse des dépôts, Eric Lombard, ancien banquier d’affaires. Afin d’assurer un avenir à La Poste, menacée par la disparition du courrier, l’Etat, la Caisse des dépôts et l’opérateur postal ont décidé de faire de La Banque postale un grand groupe de bancassurance, en lui permettant d’absorber la CNP, le numéro un de l’assurance des personnes en France. Pour réaliser cette transaction, un schéma complexe est retenu : l’Etat et la Caisse des dépôts devront apporter leur participation au capital de la CNP (respectivement de 1 % et de 41 %) à La Poste, par le biais d’une augmentation de capital. Cela suppose que l’Etat transfère le contrôle de l’opérateur postal à la CDC, tout en conservant une part significative du capital et le droit de nommer le patron de La Poste. Cette décision peut faire l’objet d’un recours, de la part de tout actionnaire de CNP Assurances qui s’estimerait lésé parce que, faute d’OPA, il n’aura pas l’opportunité de vendre ses titres CNP à bon prix L’opérateur fera ensuite passer les titres CNP à sa filiale bancaire, La Banque postale, qui prendra ainsi le contrôle de l’assureur. Problème : CNP Assurances étant une entreprise cotée, comptant à son capital le groupe Banque populaire Caisses d’épargne (BPCE), une telle opération aurait dû entraîner le lancement d’une OPA sur la totalité de CNP Assurances. Une opération au coût prohibitif de plus de 5,5 milliards d’euros. Lire aussi L’Etat va créer un vaste groupe financier public autour de La Poste Aussi la CDC, La Poste et La Banque postale ont-elles demandé à l’AMF à en être dispensées, au motif que le rapprochement entre CNP et La Banque postale pouvait être considéré comme un reclassement de participations au sein de la Caisse des dépôts. La dérogation a donc finalement été accordée. « D’ores et déjà majoritairement contrôlée par la CDC (…), CNP Assurances le sera ensuite indirectement par l’intermédiaire de La Poste, la CDC acquérant le contrôle majoritaire de La Poste », a conclu l’AMF dans un document.
L’Etat travaille depuis l’été 2018 à rapprocher La Poste et CNP Assurances. L’Autorité des marchés financiers, en délivrant une dispense d’OPA, lève un obstacle majeur.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/26/la-voie-est-libre-pour-la-creation-d-un-pole-financier-public-autour-de-la-poste_5481700_3234.html
mlsum-fr-1454
Nathalie Carrère dans son bureau à Paris, le 13 septembre 2019. Nathalie Mohadjer pour M Le magazine du Monde A la veille de passer six mois enfermée au Tribunal de Grande Instance de Paris pour l’un des plus grands procès médicaux jamais tenus en France, Nathalie Carrère ne trahit aucun signe d’inquiétude ou d’agitation. « Je suis d’un naturel confiant, j’essaie de ne pas me laisser déborder par l’étendue et l’intensité du travail », sourit l’avocate. Dans la vaste salle de réunion de son cabinet, qu’elle partage avec son associée Frédérique Pons, elle concède toutefois que cela risque d’être « assez éprouvant parce qu’un procès demande une grande capacité d’attention et de concentration », a fortiori quand les chiffres sont hors norme : une vingtaine de prévenus, 4 000 parties civiles, 400 avocats, une centaine de témoins… « Qu’on fasse un procès à Servier est une chose, qu’on fasse de la diabolisation en est une autre. » Nathalie Carrère Quatre jours par semaine, elle assurera la défense des laboratoires Servier, c’est-à-dire le rôle de la méchante. A 59 ans, l’avocate compte trente-cinq ans de barreau dont trente au service de Jacques Servier. Habituée à ce qu’on lui demande, sur un ton outré, dans les dîners en ville, « mais comment peux-tu défendre des gens pareils ? », elle a longtemps haussé les épaules, considérant que c’était là le lot de tous les avocats. Mais elle ne cache pas sa lassitude. « Qu’on fasse un procès à Servier est une chose, qu’on fasse de la diabolisation en est une autre, dit-elle, en aspirant sur sa cigarette électronique, légèrement excédée. On a expliqué qu’on était d’une rare agressivité, qu’on martyrisait les patients qui se présentaient aux expertises… C’est faux ! » Une « stratège implacable » Irène Frachon fait partie de ceux qui dénoncent le plus vigoureusement la violence procédurière des avocats de Servier. Voilà dix ans que les deux femmes, qui se vouent une hostilité féroce, se croisent dans les salles d’expertise et les tribunaux, l’une engagée auprès des victimes, l’autre auprès des laboratoires. « Au nom de Jacques Servier, elle mène une stratégie procédurale implacable contre les plaignants. C’est un rouleau compresseur, qui a réalisé l’exploit de débouter presque toutes les plaintes des victimes depuis des dizaines d’années », accuse la pneumologue à l’origine du combat contre le Mediator. Lors d’une expertise, Me Carrère a contesté l’authenticité des photos de valves versées au dossier. « Quelles sont les preuves que ce sont bien celles de la patiente ? », s’est-elle demandé. « Elle pousse l’argumentation au-delà de l’absurde en contestant tout : les études, les preuves, les compétences et l’impartialité des experts… Elle exige des plaignants la preuve impossible. Un patient de 70 ans qui ne peut pas fournir son carnet de santé peut être suspecté de dissimuler des documents ! »
Le procès du scandale sanitaire du Mediator, d’une ampleur inédite en France, s’ouvre lundi à Paris. Rencontre avec l’avocate des accusés.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/20/nathalie-carrere-la-fine-lame-des-laboratoires-servier_6012429_4500055.html
mlsum-fr-1455
« Les équipes SNCF relèvent le défi de conjuguer la modernité avec le plus grand respect du patrimoine historique des gares » (Photo: gare du Nord, à Paris). Marvin Newman/AGF Foto / Photononstop Tribune. Un collectif d’architectes vient de signer une tribune à propos du projet de transformation de la gare du Nord appelant à une rénovation « légère » de la plus grande gare de France et d’Europe. Les gares suscitent intérêt et débat, réjouissons-nous ! Cette transformation concerne prioritairement les voyageurs du quotidien, les millions d’usagers des RER et des trains de banlieue. Pour eux, la nouvelle gare sera plus grande (deux fois et demie), plus accessible, plus agréable et proposera plus de services et de commerces. Les connexions avec les RER B, D et E et les métros des lignes 2, 4 et 5 seront plus rapides et plus simples pour les voyageurs. Redimensionnée en 2001 pour 500 000 voyageurs par jour, en accueillant à ce jour 700 000, la première gare d’Europe accueillera 900 000 voyageurs en 2030. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le projet de transformation de la gare du Nord est inacceptable » En pleine mutation de nos modes de transport, le projet anticipe une nouvelle place de la mobilité urbaine, privilégiant les modes non polluants et collectifs. Les équipements publics de la gare au service des voyageurs d’Eurostar, Thalys, TGV, TER, Transilien, seront entièrement financés au travers d’un partenariat public-privé avec le groupe Ceetrus (holding Auchan), sans privatisation. Ainsi ces équipements (doublement des surfaces et du nombre d’ascenseurs et d’escaliers mécaniques) sont réalisés sans augmenter les tarifs des billets de train et sans alourdir les impôts de nos concitoyens. Ce modèle existe déjà dans les autres grandes gares parisiennes depuis plusieurs années, comme dans les gares Montparnasse et d’Austerlitz (partenaire Altarea) et Saint-Lazare (partenaire Klépierre). Enfin, la gare du Nord desservira la plupart des sites pour les Jeux olympiques et paralympiques 2024 de Paris : nous tiendrons nos engagements pour être au rendez-vous de cet événement historique pour l’image de Paris et de la France. Economie solidaire et circuits courts Notre projet propose aussi une nouvelle ouverture vers la ville. Dans un quartier pauvre en espaces verts, les nouveaux bâtiments construits seront couverts d’une zone totalement végétalisée : 11 000 m2 de toiture accueilleront des espaces sportifs et offriront sur la ville un panorama unique mettant en valeur le patrimoine. C’est avec la même ambition environnementale qu’un parking de deux mille places sera réservé aux vélos. Une écostation bus de nouvelle génération remplacera l’actuelle gare routière. Le parvis sera largement rendu aux usages piétons et aux transports en commun.
A la suite d’une tribune signée d’un collectif d’architectes jugeant le projet de transformation de la gare du Nord « inacceptable », Claude Solard, le directeur général de SNCF Gares & Connexions, répond que ce projet facilitera la vie de 900 000 voyageurs par jour et visera « zéro déchet ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/03/gare-du-nord-notre-projet-propose-une-nouvelle-ouverture-vers-la-ville_5505953_3232.html
mlsum-fr-1456
Les procureurs des Etats fédérés, dont Ken Paxton (deuxième en partant de la gauche), à Washington, le 9 septembre. MANDEL NGAN / AFP La mise en scène a été soignée. Les procureurs des Etats fédérés se tenaient, lundi 9 septembre, à Washington, devant les colonnes de la Cour suprême des Etats-Unis, signe de la gravité de l’affaire. Les uns après les autres, ils ont pris la parole pour annoncer l’ouverture d’une enquête antitrust contre Google. Tous unis, ou presque. Seule la Californie, siège de l’entreprise, et l’Alabama ont choisi de ne pas participer à l’offensive menée par le procureur du Texas, Ken Paxton. Les griefs contre Google ont été exprimés en termes imagés afin que chacun puisse comprendre. « Beaucoup de consommateurs croient qu’Internet est gratuit. Nous savons, au regard des profits de Google [le groupe a dégagé 30,7 milliards de dollars de bénéfices en 2018, soit 27,8 milliards d’euros, pour un chiffre d’affaires de 136,8 milliards], que ce n’est pas le cas », a commencé M. Paxton. Et d’accuser Google de dominer de nombreux marchés : l’entreprise s’accapare 92 % des recherches en ligne dans le monde, son système d’exploitation Android équipe 76 % des appareils mobiles et le groupe capte, à lui seul, 31 % du marché mondial de la publicité en ligne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Concurrence et antitrust : que reproche-t-on à Facebook, Google, Amazon et Apple ? Défendre les citoyens et consommateurs américains Chacun y est allé de sa comparaison : le procureur de la Louisiane a expliqué qu’on n’aurait jamais laissé une seule entreprise contrôler toutes les imprimeries, tout le papier, toute l’encre, avant l’invention des médias audiovisuels. La représentante de l’Arkansas a expliqué vouloir trouver sur Internet le meilleur médecin pour sa petite fille, pas celui qui avait le moyen de payer de la publicité. Des démocrates et des républicains, des hommes et des femmes de toutes origines, qui s’opposent vivement sur l’avortement, les armes ou l’immigration, comme l’a dit le procureur de Washington DC, Karl Racine, mais déterminés à défendre les citoyens et consommateurs américains. La procédure engagée par 50 procureurs contre Google (48 des 50 Etats, plus Porto Rico et Washington DC) intervient après celle annoncée par la procureure de New York, Letitia James, vendredi 6 septembre, à l’encontre de Facebook, en collaboration avec huit de ses homologues (Colorado, Floride, Iowa, Nebraska, Caroline du Nord, Ohio, Tennessee, Washington DC). Elle s’inscrit dans une offensive générale contre les quatre géants de la technologie américaine : Google (780 milliards de dollars de capitalisation), Amazon (907 milliards), Facebook (535 milliards) et Apple (964 milliards), les GAFA.
Les procureurs ont annoncé l’ouverture d’une enquête antitrust contre l’entreprise, accusée de dominer tous les aspects de la publicité et de la recherche sur Internet.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/10/google-dans-le-collimateur-de-50-procureurs-americains_5508414_3234.html
mlsum-fr-1457
’Arles. Les images de Libuse Jarcovjakova sont crues, sauvages, sans fard. Pleines de sexe et d’alcool, de rires, mais aussi de solitude. La photographe, née à Prague en 1952, a toujours vécu en dehors des règles. Celles de la société : « Un mariage et des enfants… j’ai toujours su que ce n’était pas pour moi. » Celles du régime communiste tchécoslovaque oppressif, « qui vous forçait à avoir deux vies, une vie officielle et une vie profonde ». Et enfin celles de la bonne photographie, qu’elle avait apprises à l’école d’art graphique de Prague. Libuse Jarcovjakova, qui est l’une des révélations des Rencontres d’Arles, où elle présente, à partir du 1er juillet, son exposition « Evokativ » dans l’église Sainte-Anne, a toujours aimé balancer le flash dans la figure des gens, faire des cadrages bancals et inviter le flou. « J’adorais les accidents photographiques, les ratés, et personne ne comprenait pourquoi, explique la photographe de sa voix posée. Très vite, j’ai compris que je n’aurai pas de public, pas de soutien. Mais ces images étaient pour moi une nécessité. » Bande débridée Dans la Tchécoslovaquie des années 1970 et 1980, Libuse Jarcovjakova fait, d’une façon toute personnelle, des photos de ce qui l’entoure et des autoportraits, comme un journal intime. Interdite un temps d’université à cause de sa famille artiste jugée trop « bourgeoise », elle travaille cinq ans à l’usine, où elle photographie ses collègues épuisés et s’assoupissant entre deux machines, bien loin de l’imagerie du glorieux travailleur socialiste. Elle fait aussi des portraits très doux des étudiants vietnamiens auxquels elle enseigne le tchèque, puis de la bande débridée avec laquelle elle fait la fête au T-club, la boîte gay qui devient son QG : « Ce genre d’endroit était toléré par les autorités. J’ai adoré dès la première minute cette joie et cette théâtralité, cette légèreté qui était en réalité une façon de survivre. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Photographie : corps libres et horizons limités aux Rencontres d’Arles Ses images sans frein sont pour elle « une façon de s’exprimer », mais aussi une réponse à la chape de plomb qui pèse sur les habitants. « Nous ne pouvions pas voyager, je devais vivre chez mes parents, tout était mensonge, et on pensait que ça allait durer pour toujours. Mes photos étaient une façon d’être vraie, honnête. C’était intuitif, rien n’était planifié, je cherchais l’aventure, je voulais rendre ma vie plus intense, plus authentique. » « J’étais seule dans mon coin. Je n’avais aucun retour, et peut-être que c’était mieux, ça m’a préservé de toute influence, je n’ai fait aucun compromis. » Libuse Jarcovjakova Ses photos si intimes et brutes font penser un peu à l’Américaine Nan Goldin, qui a photographié ses amis dans les années 1980. Sauf que Libuse Jarcovjakova a vécu dans un quasi-isolement. « J’étais seule dans mon coin. Je n’avais aucun retour, et peut-être que c’était mieux, ça m’a préservé de toute influence, je n’ai fait aucun compromis. » Sa seule ouverture est sa participation à la célèbre exposition de jeunes photographes organisée en 1981 près de Prague par l’historienne Anna Farova, qui fait souffler un temps un vent de liberté en Tchécoslovaquie. « Anna Favora m’a encouragée et m’a confirmée dans ma voie. » Mais, lassée de cette vie où elle se sentait « comme dans une cage », Libuse Jarcovjakova finit par passer à Berlin-Ouest en 1985 en contractant un mariage blanc. Une transition difficile : la photographie, là encore, lui permettra de traverser cette nouvelle vie pleine de solitude et de spleen. Il faudra des années avant que Libuse Jarcovjakova finisse par montrer son œuvre et par être reconnue. « Il fallait sans doute attendre le bon moment. J’ai beaucoup enseigné, j’ai fait une dépression, j’ai déménagé et détruit pas mal d’archives… Mais, quand j’ai pris du temps pour m’occuper de ma mère avant sa mort, j’ai tout regardé, organisé, scanné. J’ai aussi publié mon journal. Je me suis rendu compte que ces images avaient un langage très contemporain, et un thème universel, la jeunesse. » Aujourd’hui installée à Prague avec sa compagne, l’artiste continue sans relâche la photographie, qui fut toujours chez elle autant un art qu’une pulsion libératrice. er juillet au 22 septembre. « Evokativ », de Libuse Jarcovjakova , à l’église Sainte-Anne, aux Rencontres d’Arles , du 1juillet au 22 septembre. Photo issue de la série « T-club », Prague, années 1980. Libuse Jarcovjakova Homme au serpent, Prague, 1983. Libuse Jarcovjakova Nature morte avec télé, Prague, 1984. Libuse Jarcovjakova Autoportrait, Prague, 1970. Libuse Jarcovjakova Photo issue de la série « Tuer l’été », Prague, 1984. Libuse Jarcovjakova Photo issue de la série « T-club », Prague, années 1980. Libuse Jarcovjakova Sapin de Noël, Prague, 1984. Libuse Jarcovjakova Photo issue de la série « Les Vietnamiens », Prague, années 1980. Libuse Jarcovjakova
Pour la photographe, née à Prague en 1952, son art était un moyen de briser les carcans, notamment ceux de l’ancien régime communiste. Son œuvre sort de la confidentialité avec une exposition aux Rencontres d’Arles.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/30/libuse-jarcovjakova-journal-intime-d-une-tchecoslovaque-opprimee_5483485_4500055.html
mlsum-fr-1458
Des enfants mineurs séprarés de leurs familles dans un centre de détention à Homestead, en Floride, le 28 juin. RHONA WISE / AFP Une cour d’appel a rejeté jeudi 16 août un recours du gouvernement américain sur les conditions d’accueil des enfants migrants dans les centres de détention, affirmant qu’une nourriture adaptée, du savon et du dentifrice faisaient effectivement partie des conditions de « sécurité et d’hygiène » que la loi doit leur garantir. Dans leur plaidoirie en appel, les ministères de l’intérieur et de la justice avaient estimé que cette obligation de « sécurité et d’hygiène », prévue par une loi de 1997, n’englobait pas nécessairement les conditions de couchage des mineurs en détention ou la fourniture de produits d’hygiène, car le texte ne les mentionne pas explicitement. « Nous sommes en profond désaccord », ont tranché les trois juges de la cour d’appel de San Francisco. « Faire en sorte que les enfants aient une nourriture mangeable en quantité suffisante, boivent de l’eau potable, soient hébergés dans des installations propres dotées de sanitaires, aient du savon et du dentifrice, et ne soient pas privés de sommeil est sans aucun doute possible indispensable à la sécurité de ces enfants », écrivent-ils. Le tribunal qui se prononçait en première instance avait donc raison de ne pas laisser ces critères à la seule appréciation du gouvernement, concluent-ils. Lire aussi En pleine polémique sur le traitement des enfants migrants, le chef de la police aux frontières américaine démissionne Cellules surpeuplées, détenus dormant à même le sol... Des inspections menées dans différents centres de détention de la police aux frontières y ont à plusieurs reprises découvert des conditions jugées inhumaines, avec des cellules surpeuplées et des détenus dormant à même le sol sous des couvertures de survie, des toilettes dépourvues de porte et de savon, des températures très basses, etc. En juin dernier, l’ONG Human Rights Watch avait ainsi rencontré au Texas des enfants non accompagnés qui n’avaient « pas d’accès régulier aux douches ou à des vêtements propres ». Certains ne s’étaient pas lavés « depuis des semaines » et étaient infestés de poux. Le président Donald Trump, qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale un pilier de sa politique, cherche à endiguer les flux migratoires et à augmenter les expulsions de clandestins. Les Etats-Unis font face à un afflux de migrants à leur frontière avec le Mexique. 82 000 personnes y ont été interpellées en juillet, en baisse de 21 % par rapport à juin. Entre mars et juin, ce nombre s’élevait à plus de 100 000.
Une cour d’appel a rejeté un recours du gouvernement et estimé que l’obligation de sécurité et d’hygiène prévue par la loi englobe l’hébergement dans des installations propres.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/16/les-enfants-migrants-en-detention-ont-droit-a-du-savon-confirme-un-tribunal-americain_5499833_3210.html
mlsum-fr-1459
La baronne Ariane de Rothschild, devant le vieux port de Césarée (nord d’Israël), le 29 mai. JONAS OPPERSKALSKI / LAIF POUR « LE MONDE » Le nom des Rothschild a été régulièrement associé, ces derniers mois, à des théories complotistes. Quelle a été votre réaction ? Je suis vraiment choquée par ce que je peux lire, entendre et voir. La banque Edmond de Rothschild a même eu, à Lyon, des croix gammées sur ses bâtiments. Rien n’autorise cela, c’est impardonnable. La Shoah, c’était hier, ce n’était pas il y a deux cents ans… Ce regain d’antisémitisme est très inquiétant. C’est bien de crier au scandale, mais je pense que de tels actes devraient être plus sévèrement punis. Entendre de nouveau ce type d’horreurs, c’est particulièrement choquant. Quant aux théories du complot totalement irrationnelles, il n’y a rien à en dire. J’ai passé ces dernières années à gérer des affaires en France, à faire de la philanthropie de manière très engagée. Notre fondation en France ne fait que des donations sur des sujets franco-français très ancrés sur le terrain, que ce soit en matière de diversité, d’inclusion sociale ou de culture. Alors, face à de telles poussées d’antisémitisme, parfois je me dis : à quoi bon… avant de redoubler de détermination. Le plus incroyable, c’est que j’ai été traitée d’antisémite par un courant de la communauté juive en France lorsque j’ai pris la responsabilité de la fondation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Personne ne pensait que les gens viendraient habiter ici » : Césarée, la ville privée des Rothschild établie en Israël Parce que vous ne vous étiez pas convertie au judaïsme ? C’était à un moment où je revoyais intégralement notre façon de faire de la philanthropie. Certains organismes traditionnels nous disaient : « Voilà, nous avons tel projet. Pourriez-vous nous donner 5 millions ? » Et quand j’ai refusé, ils se sont offusqués : « Comment ? Mais votre famille l’a toujours fait… » Cela a été décevant de la part de gens très intelligents et éduqués. C’est en Israël, contrairement à la perception générale, que j’ai toujours eu les débats les plus passionnants et les plus surprenants sur la façon dont se vit le judaïsme, sur la nécessité ou non d’une conversion, sur l’obligation d’être juif ou pas. Il y a beaucoup plus de liberté. Etre honnête, quand on se convertit, c’est avoir la foi. Donc pour moi, quelle que soit la religion, ça n’aura pas lieu. Religieusement, je ne suis pas juive, et je ne le serai jamais. Des Rothschild non juifs, il y en a plein. Il existe une espèce de non-dit. Moi, je préfère être transparente sur le sujet. Je préfère ne pas me convertir, mais contribuer en m’investissant comme je le fais à Césarée. C’est dans ce sens que je me sens peut-être très juive.
Dans un entretien au « Monde », la présidente du conseil d’administration du Groupe Edmond de Rothschild s’inquiète du regain d’antisémitisme dans l’Hexagone.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/13/ariane-de-rothschild-la-montee-de-l-intolerance-ecorne-le-reve-francais_5475638_3234.html
mlsum-fr-1460
Un employé d’Eurotunnel effectue des vérifications à Calais le 17 septembre, lors d’un exercice pour tester les contrôles des douanes en cas de Brexit. DENIS CHARLET / AFP A 36 ans, le maire de Dieppe appartient à « une génération qui n’a jamais connu la frontière ». Alors, pour Nicolas Langlois, maire PCF de la « ville aux quatre ports » depuis 2017, le Brexit sera « une révolution culturelle ». Surtout si le Royaume-Uni sort de l’Union européenne le 31 octobre avec pertes et fracas. Pour autant, considère l’ancien douanier, « cela peut être bénéfique pour nos territoires. En tout cas, c’est notre pari ». A Dieppe, donc, on se prépare. Comme partout le long de la Manche. La France ne peut se désintéresser des conséquences qu’aurait, pour ses ports, la sortie brutale du Royaume-Uni. De fait, 100 000 entreprises commercent avec le voisin d’outre-Manche. Le volume d’affaires avec le Royaume-Uni s’élève à 60 milliards d’euros par an et un Brexit dur pourrait « coûter » 0,5 point de PIB à la France, si l’on en croit l’OCDE. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : Boris Johnson et l’UE font tout pour arracher un accord Alors que les discussions se sont éternisées entre les Britanniques et les Européens, Paris envisage toutes les hypothèses. « Notre rôle est de nous préparer à ce choc que peut être le Brexit dur, reconnaît Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances. Et nous nous y sommes préparés. Mais il y aura toujours, de toute façon, des surprises, des choses à corriger le moment venu. Ne soyons pas fanfarons. » Le ministre assure avoir lancé « des consultations auprès de chacune des PME qui ont comme seul client la Grande-Bretagne. Et ce sont ces 16 000 PME qui sont ma préoccupation première ». Le Brexit est d’abord un sujet « douanes ». Certes, le Royaume-Uni n’appartient pas à l’espace Schengen et les formalités imposées aux passagers ne devraient donc guère évoluer. Mais, pour le transport des marchandises, c’est une autre paire de manches. L’entrée en vigueur du Brexit se traduira par la mise en place de formalités de dédouanement et de contrôles sanitaires. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Royaume-Uni, les entreprises face au mur du Brexit Or, « le problème, c’est qu’aujourd’hui on est beaucoup sur des flux tendus, notamment dans l’aéronautique ou l’automobile. L’élément clé sera donc de fluidifier le passage des marchandises, et ce, avec des acteurs qui n’ont pas toujours l’habitude des démarches à l’international », prévient Hervé Cornède, directeur général de Soget. Cette entreprise édite des logiciels qui permettent de fluidifier le fret dans les ports et les aéroports. Ces formalités, « il faudra les réaliser dans de bons délais, abonde Baptiste Maurand, le directeur du port du Havre. Cela implique de mettre en place de nouvelles procédures. On l’anticipe depuis plusieurs mois. »
Les ports de Calais et du Havre seront en première ligne et tentent de s’adapter à la sortie du Royaume-Uni, qu’elle soit à l’amiable ou non.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/16/brexit-la-france-se-prepare-au-retour-de-la-frontiere_6015728_3210.html
mlsum-fr-1461
Dans un prés de la Creuse, le 20 juillet, lors de la dernière canicule. GEORGES GOBET / AFP Matières premières. « L’herbe est plus verte ailleurs ». Ce dicton, nombre de vaches françaises l’ont ruminé cet été, rêvant à des cieux plus cléments. De la Bourgogne à l’Auvergne en passant par les Pays-de-la-Loire et le Grand Est, les beaux prés printaniers à l’herbe drue ont laissé la place à un pauvre paillasson gris et poussiéreux. Pas de quoi remplir la panse des bestiaux. Les éleveurs touchés par cette sécheresse n’ont eu d’autre choix que d’entamer les stocks d’hiver de fourrage. Lire aussi Comment les éleveurs s’adaptent à la canicule La tension monte en ce mois de septembre crucial. Les pluies tant attendues vont-elles repeindre en vert le décor et redonner de l’herbe craquante à mettre sous la dent des vaches ? Un moment clé choisi par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), syndicat apparenté à la FNSEA, pour remettre la pression. Quitte à se renvoyer la balle… de foin avec le ministère de l’agriculture sur les mesures d’urgence à prendre. Un pis-aller Le gouvernement a annoncé un versement anticipé d’une partie des aides européennes au mois d’octobre et a autorisé, au fil de l’été, de plus en plus de départements à utiliser les fourrages des surfaces en jachère. « Les jachères au 15 août ont la même valeur que la paille et on ne fait pas du lait avec de la paille », rétorque Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, considérant que les apports de paille des régions céréalières vers les terres d’élevage assoiffées n’étaient aussi qu’un pis-aller pour les éleveurs… La question des assurances des agriculteurs et des indemnités versées au titre des calamités agricoles est sur la table. « La véritable assurance pour l’éleveur est le prix du lait », affirme M. Roquefeuil. « Sur l’ensemble de l’année 2019, il devrait progresser en moyenne de 15 euros pour atteindre 337 euros la tonne », précise-t-il. Pas encore une année de vaches grasses pour les producteurs laitiers donc. La loi alimentation impose désormais de partir des coûts de production à la ferme pour fixer le prix du lait Tout l’enjeu est de traduire maintenant dans les faits les bonnes résolutions des Etats généraux de l’alimentation, dont un des défis était justement de mieux rémunérer les agriculteurs. La loi alimentation impose désormais de partir des coûts de production à la ferme pour fixer le prix du lait. Et donc d’accepter de le revaloriser si la sécheresse oblige l’éleveur à acheter cet hiver du fourrage pour nourrir son cheptel. Pour l’heure, les discussions avec les géants Lactalis et Sodiaal sont tendues.
Pour faire face à la canicule de cet été et nourrir leur cheptel, les éleveurs laitiers ont dû entamer leur stock d’hiver de fourrage. Ils profitent de l’occasion pour demander une réévaluation du prix de lait, explique notre journaliste Laurence Girard.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/07/la-secheresse-reduit-le-debit-des-pis_5507589_3234.html
mlsum-fr-1462
Certaines alliances collent au PS comme le sparadrap du capitaine Haddock. Voilà plusieurs mois que le premier secrétaire, Olivier Faure, jure qu’aucun accord ne se fera avec La République en marche (LRM). Et que les discussions ne se mèneront qu’avec les forces de gauche et écologiques. Or, sur le terrain, plusieurs maires sortants ou candidats potentiels jouent une carte plus ambiguë. Clichy-sous-Bois, Romainville (Seine-Saint-Denis), Bergerac (Dordogne), Le Creusot (Saône-et-Loire), Bourg-lès-Valence (Drôme), Grenoble… La liste des communes concernées n’est pas très longue mais elle commence à gêner la direction du PS, qui se démène pour tenter de maintenir les apparences. Olivier Faure avait pourtant prévenu dès juillet : « Il n’y aura aucune alliance en France avec En marche ! pour des candidats socialistes. » Depuis, les accrocs se succèdent, répétant toujours le même schéma : un élu socialiste sortant se voit soutenir par LRM, la direction du PS tergiverse ; puis l’élu local réaffirmant avec plus ou moins d’empressement son attachement à la gauche, elle valide l’investiture en accusant le parti présidentiel de chercher à semer le trouble. Ambiguïté Ce fut d’abord le cas d’Olivier Klein, à Clichy-sous-Bois, qui a réclamé en septembre l’investiture socialiste alors qu’il avait reçu le soutien des macronistes. Le président de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine se targuait d’avoir construit un « rassemblement sur un programme de gauche et écologiste », tandis que sa fédération départementale réclamait son exclusion. Olivier Faure a donné son feu vert début octobre en estimant que le positionnement du maire de Clichy ne prêtait pas à confusion. Dans le même département, Romainville voit elle aussi un partant socialiste à double étiquette : Philippe Guglielmi, ex-premier fédéral et ancien premier adjoint de Corinne Valls (divers gauche), qui ne se représente pas, a annoncé sa candidature à la tête d’un collectif réunissant des élus sortants PS, d’EELV et de LRM. Là encore, pour la direction du PS, pas de problème à l’investiture LRM affichée : « Philippe Guglielmi a fait une déclaration très claire où il ne renie aucun de ses engagements au PS », assure Pierre Jouvet, secrétaire national aux relations extérieures. La situation est comparable à Grenoble, où les socialistes ont voté en faveur d’Olivier Noblecourt comme premier de liste. L’ex-socialiste, qui ne s’est pas encore déclaré, a souhaité ce soutien tout en maintenant l’ambiguïté sur ses intentions de rassemblement. L’intéressé est en effet délégué interministériel à la prévention et à la lutte contre la pauvreté du gouvernement Edouard Philippe. « Il m’a dit qu’il était toujours socialiste », note M. Faure. La direction du PS n’a pas encore désigné de candidat, les discussions avec le maire EELV Eric Piolle étant toujours en cours, mais il ne fait guère de doute que M. Noblecourt a l’appui du premier secrétaire.
Alors que le Parti socialiste s’oppose à La République en marche à l’échelon national, certains maires sortants et candidats PS jouent une carte plus ambiguë.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/05/pour-les-elections-municipales-les-soutiens-lrm-aux-candidats-ps-font-desordre_6018100_823448.html
mlsum-fr-1463
En octobre 2015, à Godewaersvelde (Nord). PHILIPPE HUGUEN / AFP « C’est un amendement de bon sens », a défendu l’élu MoDem Richard Ramos. Les députés ont voté en commission, mardi 15 octobre, un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), visant à instaurer une contribution sur les additifs nitrés en charcuterie, et ce, malgré les réserves du rapporteur du texte, le député LRM Olivier Véran. La proposition, à l’initiative de M. Ramos, a été signée par une cinquantaine de députés de divers bords – parmi lesquels, Barbara Bessot Ballot (LRM), Loïc Prud’homme (LFI), Philippe Vigier (UDI) ou Dominique Potier (PS). Utilisés très largement dans les viandes transformées (jambons crus et cuits, saucissons…), les sels nitrités donnent notamment leur couleur rose aux charcuteries et permettent d’allonger leur durée de conservation. Mais ils sont également responsables de la survenue de certaines maladies, dont le cancer colorectal, un risque documenté de longue date par la recherche scientifique. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence rattachée à l’Organisation mondiale de la santé, estime que « chaque portion de 50 grammes de viande transformée consommée tous les jours augmente le risque de cancer colorectal de 18 % environ ». Pour cette raison, les viandes transformées ont été classées « cancérogènes avérés » en 2015 par le CIRC. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La consommation de charcuterie nuit gravement à la santé « On ne peut pas faire courir un risque de santé aux gens, explique au Monde Richard Ramos. On propose de mettre en place un outil qui entraîne peu de contraintes financières dans un premier temps – 10 centimes par kilogramme de sel nitrité soit 0,10 centime par kilogramme de produit fini –, pour que les industriels aient le temps de s’adapter. Notre but n’est pas punitif, mais de les pousser à aller vers de meilleures pratiques. » Les nitrites et nitrates n’ont rien d’obligatoire pour les charcutiers, qu’ils soient artisanaux ou industriels. Certaines filières, comme le jambon de Parme AOP, s’en passent complètement depuis plusieurs décennies. « Pour les produits crus (saucissons, jambons secs et crus…), la transition vers le sans-nitrites est la plus facile. Elle implique un temps de maturation plus long, mais pas de changement d’aspect », explique Guillaume Coudray, auteur de Cochonneries, comment la charcuterie est devenue un poison (éditions La Découverte, 2017). Pour les produits cuits (le jambon blanc notamment), en revanche, il y a une différence nette de couleur avec les produits qui modifient leur aspect. « Si les industriels insistent sur les durées de conservation réduites, c’est la couleur qui est le principal frein en terme commercial », poursuit M. Coudray. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les auteurs d’une étude minimisant les risques de la viande pour la santé n’ont pas déclaré leurs liens avec l’agroalimentaire Composés nitrosés cancérogènes Le journaliste enquête de longue date sur l’utilisation des additifs nitrés par le secteur. « On ne retrouve pas de nitrite directement dans le jambon, mais des composés nitrosés, parmi lesquels les nitrosamines, détaille-t-il. Ceux-ci se forment lorsqu’on injecte du sel nitrité – du sel de cuisine composé à 0,6 % de nitrite de sodium – dans la matière carnée. Ce sont ces molécules qui sont cancérogènes. » Pour M. Coudray, la taxe proposée permettrait de rééquilibrer un marché dans lequel les charcutiers qui font du sans-nitrites sont en situation de concurrence défavorable, car leurs produits sont plus chers à fabriquer. L’association Foodwatch se félicite que cet amendement « fasse émerger ce sujet dans le débat », mais espère que les politiques aillent plus loin et interdisent les additifs nitrés. « Une taxe, ce n’est pas suffisant, insiste Karine Jacquemart, directrice de Foodwatch France. Il n’y a pas de débat sur les dangers en termes de santé publique, ceux-ci sont avérés, et des industriels savent déjà très bien s’en passer. » Lors de l’examen de l’amendement par la commission des affaires sociales, le rapporteur général du PLFSS, le député LRM Olivier Véran, a dit rejoindre « le combat de M. Ramos pour la bonne bouffe », mais a demandé qu’une étude d’impact pour l’industrie soit réalisée, « parce que 10 centimes par kilo, ce n’est pas complètement neutre ». Les autres membres de la commission sont passés outre l’avis négatif du rapporteur pour adopter la proposition. A partir du 22 octobre, M. Ramos aura l’occasion de refaire, dans l’Hémicycle cette fois, son « exposé sur le jambon et le pâté » comme l’a qualifié la présidente de la commission, la députée LRM Brigitte Bourguignon, lors de l’examen du texte en séance publique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi PLFSS : les députés infligent un revers au gouvernement avant le vote en séance
Le sel nitrité, qui allonge les durées de conservation et donne sa couleur rose au jambon, est responsable, au contact de la viande, de la formation de molécules cancérogènes.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/16/des-deputes-proposent-de-taxer-la-charcuterie-contenant-des-sels-de-nitrites_6015742_3244.html
mlsum-fr-1464
Felix Dorfin, condamné à mort pour trafic de drogue par la justice indonésienne, le 20 mai à Mataram, sur l’île de Lombok. ANTARA FOTO / REUTERS Les onze djihadistes français condamnés par la justice irakienne à la peine capitale ne sont pas les seuls dans ce cas. Le ministère des affaires étrangères affirmait le 20 mai que « sept Français sont actuellement sous le coup d’une condamnation à la peine de mort » à travers le monde. A cette date, Félix Dorfin, originaire de Béthune (Pas-de-Calais) était condamné à mort par un tribunal de Lombok, près de Bali, en Indonésie. Interpellé à l’aéroport de l’île volcanique, il avait dans sa valise trois kilos d’ecstasy, d’amphétamines et de kétamine. Il avait réussi en janvier dernier à s’évader du centre de détention de la police et avait été retrouvé dans une forêt, après une cavale de onze jours. Il avait alors tenté de soudoyer les policiers pour qu’ils le laissent filer, selon leur récit. Lire aussi Le Français Félix Dorfin condamné à mort pour trafic de drogue en Indonésie L’histoire fait écho au cas de Serge Atlaoui. Originaire de Metz (Moselle), il est condamné à mort en 2007, après avoir été arrêté dans un laboratoire clandestin de production d’ecstasy, près de Djakarta. Joko Widodo, élu président de l’Indonésie en 2014, entend relancer les exécutions dans les affaires de drogue, notamment pour les condamnés étrangers, et rejette en janvier 2015 la demande de grâce de Serge Atlaoui. A la suite de cet événement, François Hollande envoie une lettre à son homologue indonésien, plaidant la cause du détenu. Quelques mois plus tard, alors que l’Indonésie s’apprête à mettre en œuvre plusieurs exécutions, dont celle de Serge Atlaoui, son avocate dépose un recours pour contester le rejet de la demande de grâce présidentielle. Le 13 juillet 2016, le procureur général indonésien sursoit officiellement à l’exécution, alors que Paris a multiplié les pressions. Lire aussi Peine de mort : les soutiens de Serge Atlaoui calment le jeu En 2010, un autre Français, Chan Thao Phoumy, a été condamné à la peine de mort par la justice chinoise. Né au Laos, lui aussi était poursuivi pour trafic de drogue. Pékin n’a jusqu’à présent pas annoncé son exécution. Outre-Atlantique, c’est pour meurtre que Michaël Legrand, un Français de 42 ans, est condamné à la peine capitale. Détenu dans une prison de Louisiane, il vit dans l’attente d’une exécution. Redouane Hammadi et Stéphane Aït Idir, condamnés eux en 1995 par la cour d’appel de Fès pour participation à des attentats islamistes, sont dans le même cas. A ce jour, aucun Français condamné à mort n’a été exécuté dans le monde, depuis l’abolition de la peine capitale dans l’Hexagone, en 1981. Pressions diplomatiques La France garantit une « protection consulaire » : elle peut informer les autorités locales de sa connaissance du dossier mais ne peut intervenir directement dans une procédure pour obtenir la libération d’un détenu. Dans les faits toutefois, elle peut exercer des pressions diplomatiques, sans garantie de succès. En 2009, l’annonce de l’exécution d’un ressortissant britannique – Akmal Shaikh – par la justice chinoise avait fait réagir Gordon Brown, alors premier ministre. Malgré les démarches de Londres mettant en avant la fragilité mentale de l’accusé, la Chine n’avait pas donné suite à la demande de grâce. De même, en 2015, en dépit des pressions intenses de Canberra, l’Indonésie avait procédé à l’exécution de deux Australiens condamnés pour trafic de drogue.
Onze djihadistes français ont été condamnés à mort par la justice irakienne ces dernières semaines. Selon le ministère des affaires étrangères, sept autres Français sont aujourd’hui sous le coup d’une peine capitale à l’étranger.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/05/de-part-le-monde-ces-francais-dans-le-couloir-de-la-mort_5471884_3210.html
mlsum-fr-1465
Brigitte Macron photographiée au palais de l’Elysée, le 26 mars 2019. LUDOVIC MARIN / AFP Les rumeurs sur les privilèges et la rémunération des premières dames n’ont jamais épargné les conjointes des présidents de la République. C’est, sans surprise, aussi le cas de Brigitte Macron, qui fait l’objet de nombreuses rumeurs, comme l’achat de 78 000 euros de crèmes anti-âge, une maquilleuse personnelle prétendument payée 10 000 euros par mois, ou encore le fait que sa rémunération passerait de 440 000 à 538 000 euros par an. Des informations fausses de bout en bout mais qui en disent beaucoup sur la perception des avantages et supposés tels des conjoints des élus et responsables politiques de notre pays. Voici, en réalité, à quoi celles et ceux qui partagent la vie des élus ont vraiment droit. Les conjoint·e·s des présidents de la République Contrairement à d’autres pays, la loi française ne définit aucun statut pour les conjoints des présidents de la République. Leur existence n’est donc pas prévue par les textes et les dépenses et moyens matériels affectés à leurs activités ne sont, au sens strict, pas encadrés et à la discrétion du chef de l’Etat. Mais les comptes de l’Elysée sont analysés par la Cour des comptes depuis 2009, qui en rend un rapport public contenant notamment les dépenses liées aux premières dames, même si la Cour ne dispose souvent que d’informations parcellaires. Dans son rapport sur l’année 2017, elle écrit par exemple qu’elle n’a pu « chiffrer la totalité de ces dépenses, en l’absence d’une comptabilité analytique suffisante ». Dans le rang des critiques figure aussi l’ancien député (1997-2017) de l’Aisne René Dosière, considéré comme un des grands spécialistes des finances publiques et qui a beaucoup travaillé sur les dépenses des élus. Au Monde, il rappelle que l’épouse du chef de l’Etat « n’a pas de statut juridique, elle n’existe pas ». A ce titre, elle n’a aucun droit d’utiliser de l’argent public : « Les seules personnes capables de manier les deniers publics ce sont ceux qui sont autorisés, comme les comptables, les fonctionnaires. Même si les élus donnent les ordres, ils ne peuvent pas manier directement de l’argent, alors leurs épouses… » Emmanuel Macron souhaitait lors de la campagne présidentielle définir « un cadre » pour mettre fin à « une hypocrisie française ». Après son arrivée à l’Elysée, la mesure s’est invitée dans les débats sur le projet de loi de moralisation de la vie publique discuté à l’été 2017. Mais le fait de doter la première dame d’un budget propre a rencontré une vive hostilité parmi les députés et l’opinion publique. A défaut d’un réel statut, le rôle public de la conjointe du président de la République est défini depuis août 2017 dans une charte de transparence publiée sur le site de l’Elysée, qui n’a donc valeur ni de loi ni de règlement intérieur. Brigitte Macron (depuis 2017) Personnel : quatre collaborateurs à temps partiel pour 278 750 euros annuels Brigitte Macron dispose d’un directeur de cabinet et d’un chef de cabinet (membres du cabinet du président), ainsi que de deux secrétaires, dont l’une est aussi affectée au porte-parolat. Sachant que ces quatre personnes consacrent entre la moitié et deux tiers de leur temps pour Mme Macron, le coût annuel lié à la rémunération de ces quatre personnes est de 278 750 euros, selon la Cour des comptes. Dans une réponse aux députés « insoumis » en novembre 2017, celui qui était alors porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, avait cependant précisé un coût lié au personnel de 440 000 euros. Contacté par Le Monde, le cabinet de Brigitte Macron a refusé de commenter ce dernier chiffre ou d’expliquer sa provenance. Locaux : six bureaux dans le palais de l’Elysée Les quatre personnes affectées à Mme Macron y sont installées, tout comme les membres du groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) chargés de sa protection. Transport : deux véhicules, dont un pour la sécurité Deux véhicules de la flotte présidentielle sont affectés à la première dame : un pour ses déplacements et un autre pour les membres du GSPR. Valérie Trierweiler (2012-2014) Personnel : cinq collaborateurs pour 236 904 euros annuels Dans une réponse à une question posée à l’Assemblée nationale le 12 mars 2013, le premier ministre Jean-Marc Ayrault déclare que « cinq collaborateurs sont affectés au service de Madame Valérie Trierweiler : deux agents contractuels et trois fonctionnaires mis à disposition de la présidence de la République. Le total des rémunérations mensuelles nettes de ces cinq personnes est de 19 742 euros. » Carla Bruni-Sarkozy (2008-2012) Personnel : huit collaborateurs pour 437 376 euros annuels Dans la même réponse à l’Assemblée nationale en mars 2013, Jean-Marc Ayrault a fait savoir que huit collaborateurs étaient affectés à Carla Bruni-Sarkozy en janvier 2012. Locaux : tout ou partie de l'aile ouest de l'Elysée, appelée « aile Madame » Les huit collaborateurs travaillaient dans l’aile ouest de l’Elysée, au rez-de-chaussée, au même endroit où toutes les premières dames successives ont disposé de leur personnel. La seconde épouse de Nicolas Sarkozy n’était, cependant, pas spécialement présente à l’Elysée, selon René Dosière ; en effet, Carla Bruni-Sarkozy a gardé son domicile du 16e arrondissement parisien pendant le restant du mandat de son mari. Extra : un site Internet à 410 000 euros Dans la même réponse, M. Ayrault affirme qu’à ces dépenses de personnel « s’ajoutaient tous les mois les facturations de deux prestataires externes assurant pour la première dame la gestion d’un site Internet pour un montant de 25 714 euros, soit une dépense mensuelle totale de plus de 60 000 euros ». Au total, le site de Mme Bruni-Sarkozy a coûté environ 410 000 euros, provoquant à l’époque une vive polémique. Bernadette Chirac (1995-2007) Personnel : vingt et un collaborateurs pour 960 000 euros annuels Selon René Dosière, Mme Chirac disposait d’un nombre record de vingt et une personnes affectées à son cabinet personnel. « Un conseiller technique, une collaboratrice, quatre secrétaires, deux responsables du secrétariat particulier, des rédacteurs, sans compter les membres du service social et deux chauffeurs », avait-il rapporté en mai 2013. Locaux : tout ou partie de l'aile ouest de l'Elysée, appelée « aile Madame » Il est probable que tout ou partie des collaborateurs de Mme Chirac ait aussi travaillé dans l’aile ouest de l’Elysée, au rez-de-chaussée. Transport : deux chauffeurs, en excluant la sécurité Mme Chirac disposait de deux chauffeurs affectés à ses déplacements, sans toutefois que l’on connaisse le nombre de véhicules de la flotte de l’Elysée qui lui était affecté. Les conjoint·e·s des ministres Tout comme les premières dames, aucun texte ne prévoit l’existence des conjoints des ministres et secrétaires d’Etat. « Dans les ministères aussi, l’épouse n’existe pas, rien n’est prévu pour elles, car elles ne sont dotées d’aucune mission particulière et ne bénéficient donc dans les textes d’aucun avantage particulier », explique René Dosière. De ce fait, elles n’ont pas d’autorisation à dépenser de l’argent public. Des abus sont cependant possibles, puisqu’il n’existe aucun contrôle strict sur les dépenses engagées par les membres du gouvernement ; la mise au jour de dépenses injustifiées se fait souvent grâce aux indiscrétions publiées dans la presse : en 2009, Le Canard enchaîné avait par exemple révélé que Pénélope Fillon avait utilisé un jet de la flotte gouvernementale, un trajet estimé à 10 000 euros ; en 2016, Le Point révélait que Véronique Cazeneuve, épouse du ministre de l’intérieur, a bénéficié de trois chauffeurs armés. Contactés par Le Monde, aucun membre du gouvernement n’a déclaré un quelconque avantage de quelque nature que ce soit pour son conjoint. Les conjoint·e·s des parlementaires Les facilités de transport Epoux et épouses de députés et de sénateurs disposent de certains droits. Les conjoints des sénateurs peuvent demander à les accompagner ou les rejoindre à Paris dans le cadre de manifestations officielles, dans la limite de six allers-retours aériens par an, selon un arrêté de décembre 2017. Le transport des conjoints et enfants mineurs des sénateurs d’outre-mer à Paris peut, pour les besoins du mandat, être pris en charge à hauteur de 30 % du montant. Les déplacements des conjoints et enfants mineurs des sénateurs représentants les Français établis à l’étranger sont aussi pris en charge, à hauteur de 50 %. Les conjoints des députés disposent de droits analogues sur les transports, comme une carte SNCF offrant 50 % de réduction pour 21,6 euros par mois ou six voyages aller-retour par an entre Paris et la circonscription d’élection. Ceux des députés d’outre-mer ont le droit à deux allers-retours par an entre Paris et le DOM-COM, tandis que ceux des députés des Français de l’étranger peuvent bénéficier de 30 % (maximum) du crédit annuel alloué aux déplacements desdits députés (soit quatre allers-retours). Questionnée sur le sujet, l’Assemblée nationale a fait savoir qu’outre les conjoint·e·s (liés par le mariage), les concubins « sont susceptibles de bénéficier des dispositions prévues en matière de transports ». Les pensions de réversion Les conjoints d’anciens députés décédés ont, quant à eux, le droit à une pension de réversion plafonnée à 50 % de ce que le défunt aurait perçu, à la condition que le mariage ait été contracté au moins un an avant l’obtention de la pension, ou quatre ans avant le décès du député. Ces conjoints perdent ce droit lorsqu’ils se remarient ou vivent de nouveau en concubinage avec quelqu’un. Si plusieurs conjoints il y a eu, la pension est partagée entre ceux-ci au prorata de la durée de chaque mariage. Le même système, plus avantageux, existe au Sénat : le conjoint d’un ancien sénateur peut percevoir jusqu’à 66 % de la pension du défunt. Les allocations funéraires Enfin, il faut savoir que l’Assemblée nationale et le Sénat, qui sont budgétairement autonomes, financent une partie des obsèques des parlementaires ou des anciens parlementaires et de leurs conjoints. Du côté des députés, une allocation de 2 350 euros est versée au conjoint en cas de décès de l’élu, ou à l’élu en cas de décès du conjoint ; plafonnée en mars 2018, elle pouvait atteindre plus de 18 000 euros auparavant. Les sénateurs, en revanche, n’ont pas limité cette allocation funéraire et perçoivent environ 17 000 euros par obsèques, un montant relativement décorrélé des prix réels. Les conjoints du président de l’Assemblée nationale Comme tout conjoint de député, le conjoint du président de l’Assemblée peut bénéficier d’une carte SNCF demi-tarif moyennant une cotisation mensuelle de 21,6 euros, et elle a la possibilité d’utiliser douze fois par an une ligne aérienne régulière sur le territoire métropolitain, faculté qu’elle n’a en l’espèce jamais utilisée. Aucun dispositif de sécurité ne leur est affecté (le président dispose d’une protection assurée par le ministère de l’intérieur). Mais hormis ces droits relatifs au transport et aux pensions de réversion (et éventuellement au personnel de sécurité), les conjoints des parlementaires ne jouissent d’aucun avantage ou d’aucune rémunération fondés sur des textes législatifs ou réglementaires. Si l’on excepte les emplois d’assistants parlementaires confiés parfois de façon peu scrupuleuse aux membres de la famille des élus (et qui sont désormais interdits), les conjoints des parlementaires, comme de tous les autres élus de la République, ne font l’objet d’aucun traitement particulier et ne peuvent légalement recevoir une quelconque rémunération. Les conjoint·e·s des maires A l’image des autres conjoints d’élus de la République, les proches des élus municipaux ne bénéficient d’aucun statut juridique. Ils peuvent, en revanche, bénéficier d’une protection ainsi que leurs enfants et ascendants directs. Depuis la loi n° 2003-239 du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure, les conjoints bénéficient de la protection de la commune lorsque les préjudices qu’ils connaissent résultent de la fonction élective de leur parent. Ils peuvent ainsi bénéficier de la protection de la collectivité lorsqu’ils seront victimes de menaces, violences, voies de fait, injures ou outrages à raison de la qualité d’élu de leur parent. A noter que cette protection peut être également accordée aux conjoints en cas de décès de l’élu municipal dans l’exercice de ses fonctions ou du fait de ses fonctions, si les faits à l’origine de son décès sont directement liés à son exercice politique. Enfin, à l’échelon intercommunal, les dispositions garantissant la protection de la collectivité aux élus et à leurs familles ne sont applicables qu’aux membres des communautés d’agglomération, communautés urbaines et métropoles. Crédits iconographie : Mint Shirt, Icon Island Enshia et Ziyad Al junaidi Mise à jour du 21 juin 2019 à 15h45 : ajout d’une précision concernant les facilités de transport des conjoint·e·s des parlementaires.
Alors que Brigitte Macron est la cible d’attaques sur ses supposés privilèges, voici un point sur les avantages dont bénéficient les moitiés des présidents, ministres et parlementaires français.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/20/reductions-chauffeurs-pensions-ce-a-quoi-ont-vraiment-droit-les-conjoints-des-elus-de-la-republique_5479316_4355770.html
mlsum-fr-1466
Un an après les faits, hommage au victimes des attentats de janvier 2015, sur la place de la République, à Paris. ERIC FEFERBERG / AFP Le procès aux assises des attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015 est prévu du 4 mai au 10 juillet 2020 à Paris, a appris l’Agence France-Presse, mercredi 23 octobre, auprès d’avocats et d’une source judiciaire. Quatorze suspects doivent comparaître devant une cour d’assises spéciale qui siégera, pour des raisons logistiques, au tribunal de Paris, porte de Clichy, et non, comme à l’accoutumée, sur l’île de la Cité. Ils sont soupçonnés à des degrés divers de soutien logistique aux frères Kouachi et à Amedy Coulibaly, auteurs des attaques qui ont visé la rédaction de Charlie Hebdo, une policière municipale à Montrouge et le supermarché parisien Hyper Cacher, faisant au total 17 morts. Les auteurs des attentats sont tous les trois morts, abattus par les forces de l’ordre. Deux hommes poursuivis pour complicité d’attentat Trois des quatorze suspects – Hayat Boumeddiene, compagne d’Amedy Coulibaly, et les deux frères Mehdi et Mohamed Belhoucine – sont visés par des mandats d’arrêt, étant partis quelques jours avant les attaques pour la zone irako-syrienne. Même si les deux hommes sont présumés morts. Dans son réquisitoire daté du 19 décembre 2018, le parquet avait retenu les charges les plus lourdes contre l’aîné des frères Belhoucine, Mohamed, et contre Ali Riza Polat, un proche d’Amedy Coulibaly, qui est en détention. Les deux hommes sont poursuivis pour « complicités d’assassinat terroriste ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Révélations sur les hommes de main de Coulibaly Le parquet a requis que dix personnes en détention répondent du chef d’« association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Pour le onzième suspect, il a requis un renvoi pour simple « association de malfaiteurs », en abandonnant la qualification terroriste. En revanche, le djihadiste Peter Cherif, suspecté d’être le commanditaire de l’attentat contre Charlie Hebdo, ne fait pas partie des personnes jugées, rien n’ayant pu être judiciairement établi sur son rôle. L’homme, arrêté en décembre 2018 à Djibouti après des mois de cavale, a cependant été mis en examen, en juillet, pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » dans un volet disjoint du dossier principal.
Quatorze suspects doivent comparaître devant une cour d’assises spéciale à Paris, plus de cinq ans après la série d’attaques qui avait fait 17 morts.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/23/le-proces-des-attentats-de-janvier-2015-se-tiendra-du-4-mai-au-10-juillet_6016615_3224.html
mlsum-fr-1467
Bianca Andreescu remporte l’US Open à New York, le 7 septembre. ADAM HUNGER / AP Il n’y aura pas de record de victoires dans l’US Open pour Serena Williams. Et cette défaite, pour sa dixième finale du tournoi, a même un goût amer. L’Américaine a été sèchement battue (6-3, 7-5) par une tornade deux fois plus jeune qu’elle : Bianca Andreescu, 15e mondiale. La sensation de cette saison remporte ainsi son premier US Open. Bianca Andreescu n’avait pas passé les qualifications de l’US Open l’an dernier. Elle a éclaté sur le circuit cette année en décrochant trois titres (Indian Wells, Toronto et l’US Open). Elle grimpera au 5e rang mondial officiellement lundi. « J’ai travaillé très très dur et cette année, c’est un rêve qui devient réalité. Et ce soir, battre Serena qui est une légende de ce sport, c’est incroyable », a déclaré la première Canadienne de l’histoire à remporter un tournoi du Grand Chelem. « Bianca a joué un match incroyable » « Bianca a joué un match incroyable. Félicitations. Si quelqu’un d’autre que moi, et Venus [sa sœur aînée] mise à part, doit gagner ce tournoi, je suis contente que ce soit Bianca », a réagi de son côté Serena Williams. L’Américaine, elle, a perdu une quatrième finale de Grand Chelem d’affilée après Wimbledon et l’US Open 2018 et de nouveau Wimbledon et l’US Open 2019, et reste bloquée à 23 titres majeurs, toujours à une longueur du record de Margaret Court. Williams, qui aura 38 ans le 26 septembre, s’est une nouvelle fois montrée très nerveuse, abandonnant le premier jeu du match en commettant deux double fautes d’affilée, puis en offrant le set sur un nouvelle double faute. Dans la seconde manche, Andreescu a mené 5-1 et s’est procuré une première balle de match, mais Williams a alors aligné une série de 14 points sur 17 pour finalement revenir à 5-5. A la plus grande joie du public, la partie a alors semblé tourner. Mais Andreescu a repris ses esprits et a conclu le match en remportant les deux jeux suivants.
La jeune Canadienne d’origine roumaine, 15e mondiale, a remporté le tournoi pour la première fois, face à l’Américaine de 37 ans (6-3, 7-5).
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/08/finale-de-l-us-open-a-19-ans-la-sensation-andreescu-fait-plier-serena-williams_5507794_3242.html
mlsum-fr-1468
« En tant que praticiens et experts internationaux en médiation et construction de la paix, nous pouvons témoigner du fait que la résolution des conflits armés implique nécessairement des compromis et concessions ». Photo: Jose Antonio Urrutikoetxea, le 14 janvier 2000. VINCENT WEST / PBEAHULOLCT Tribune Les efforts visant à mettre fin à la violence et aux conflits majeurs dans le monde – de l’Ukraine au Yémen – nous rappellent que, si les guerres impliquent d’énormes sacrifices personnels de la part de nos forces de l’ordre, il en va de même pour ceux qui œuvrent à la paix. L’arrestation, le 16 mai 2019, de Josu Urrutikoetxea, connu pour son militantisme en faveur de l’indépendantisme basque mais aussi pour son rôle décisif dans les pourparlers de paix visant à mettre fin au conflit basque, soulève une question délicate pour le gouvernement français. Comment soutenir la transition de sortie du conflit basque, tout en reconnaissant la gravité des actes violents commis dans le passé et les droits pour toutes les victimes à obtenir la vérité, la justice et la résolution ? Bien que nous ne prétendions pas détenir la réponse à cette question récurrente dans tous les processus de paix, nous croyons que la criminalisation de ceux qui ont mené la transition de la lutte violente à une politique pacifique est à la fois problématique sur le plan éthique et stratégiquement contre-productif. C’est aussi cette même conviction qui anime les signataires du comité de soutien à la libération de Josu Urrutikoetxea et de la pétition appelant à sa libération. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Souffrance et douleur sont le seul bilan d’ETA » En tant que praticiens et experts internationaux en médiation et construction de la paix, nous pouvons témoigner du fait que la résolution des conflits armés implique nécessairement des compromis et des concessions – parfois par la coercition violente et la défaite, le plus souvent par le dialogue et les accords de paix. Aussi déconcertant que cela puisse être, la fin de la phase violente du long conflit basque a montré qu’il est également possible d’y mettre un terme sans une victoire militaire totale ou un accord de paix négocié. Il faut par contre considérer que les actes de violence récurrents et la non-application de dispositions de certains accords de paix dans des contextes comme ceux de l’Irlande du Nord et de la Colombie démontrent que même un accord célébré n’apporte pas, en soi, la paix. Le long chemin du vivre ensemble Il ne représente qu’une étape sur le long chemin vers le vivre ensemble, la justice et la paix durable qui exigent plus de travail, plus de dialogue et plus de compromis. Choisir la non-violence n’est pas une option facile pour un Etat, une société ou un groupe qui a adopté pour tactique la guerre pour atteindre ses objectifs et revendications, et cela l’est sans doute encore moins pour les victimes et les survivants de la violence. Nul n’a le droit d’exiger leur pardon, il leur appartient librement de le donner ou non.
Arrêté en mai, le militant indépendantiste basque Josu Urrutikoetxea a joué un rôle central dans la résolution du conflit basque, rappellent les membres de son comité de soutien. Ils appellent dans une tribune au « Monde » la France et l’Espagne à faire preuve de courage en libérant celui qui a largement contribué à la normalisation de la question basque.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/18/l-arrestation-du-militant-basque-josu-urrutikoetxea-souleve-une-question-delicate-pour-la-france_5477935_3232.html
mlsum-fr-1469
Le premier ministre indien Narendra Modi, le 30 mai à New Delhi, lors de sa cérémonie d’investiture, à laquelle s’est pressée une cohorte de sympathisants issus du cinéma. Hindustan Times/Sipa Il aura fallu une certaine abnégation aux acteurs, réalisateurs et producteurs indiens venus assister à l’investiture de Narendra Modi à Rashtrapati Bhavan, le palais présidentiel de New Delhi, jeudi 30 mai. Les professionnels du cinéma ouvertement à l’aise avec les thèses des nationalistes hindous ont dû rester assis plus de deux heures, placides, à regarder défiler le chef du gouvernement récemment reconduit par les urnes à un deuxième mandat, et sa kyrielle de ministres, jurant l’un après l’autre, « au nom de Dieu », qu’ils s’acquitteront « de [leur] fonction, sans jamais se laisser aller à aucun favoritisme ». La cérémonie, aussi pompeuse qu’ennuyeuse, a surtout eu l’avantage de donner le temps aux paparazzis de traquer les VIP fans de Modi dans une foule qui approchait, dit-on, les huit mille invités. Parce qu’ils ont peur que leurs films soient coupés par la censure ou qu’ils espèrent toucher quelques subsides de l’état, les stars du cinéma indien mêlent sans vergogne politique et septième art. Lire aussi En Inde, le parti nationaliste fait campagne sur petit et grand écran Cette année, pas moins de seize acteurs (dont la majorité pour le BJP, le parti au pouvoir) ont été élus au Parlement. Sunny Deol, par exemple, un comédien dont Modi a récemment salué « l’humilité », a remporté l’élection dans une circonscription du Pendjab sous la bannière du BJP. Habitué à enfiler le costume de personnages patriotiques et virils, ce dernier a été vu aux côtés de sa belle-mère Hema Malini, actrice tamoule réélue députée BJP dans l’Uttar Pradesh. De même ont été aperçues deux autres vedettes élues fin mai sous les mêmes couleurs, Ravi Kishan dans l’Uttar Pradesh et Manoj Tiwari, vainqueur à Delhi face à Sheila Dikshit, l’une des figures historiques de la principale formation d’opposition, le Parti du Congrès. Séance de selfies Autre espèce repérée par les photographes : les stars qui gravitent autour de la politique sans avoir encore fait le grand plongeon. Rajinikanth, la superstar des studios de Madras, connu pour ses virements de bord à répétition, est de celle-là. Celui qui chantait les louanges du Parti du Congrès il y a une vingtaine d’années ne jurait plus que par le BJP jusqu’à ce que l’envie le prenne de créer son propre mouvement, fin 2017. Il devait se présenter aux législatives mais y a finalement renoncé. On le soupçonne maintenant de rouler en sous-main pour Modi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Narendra Modi entend restaurer l’influence de l’Inde en Asie Catégorie plus classique, les supporteurs ébaubis du premier ministre, tels les beaux gosses de la génération montante, Shahid Kapoor et Sushant Singh Rajput, ou la resplendissante Kangana Ranaut qui avait déclaré sur Instagram être « au septième ciel », le jour du triomphe électoral de Modi. Tel aussi le réalisateur Karan Johar, qui a fait campagne tout au long de l’hiver, accueillant Modi à Bombay lorsque celui-ci est venu inaugurer le nouveau Musée national du cinéma indien, ou conduisant une délégation de personnalités du cinéma à la résidence du premier ministre pour une séance de selfies qui fera beaucoup jaser… Le monde du cinéma a « une énorme envie de participer à la vie de la nation » et entend être « une force » sur laquelle les nationalistes hindous peuvent « compter » Karan Johar, l’une des rares célébrités à avoir révélé publiquement son homosexualité en Inde, n’a visiblement aucun mal à frayer avec un parti dont plusieurs de ses dirigeants considèrent cette orientation sexuelle comme une « maladie génétique ». D’après lui, le monde du cinéma a « une énorme envie de participer à la vie de la nation » et entend être « une force » sur laquelle les nationalistes hindous peuvent « compter ». Vu le nombre de films de propagande à l’affiche ces dernières semaines, il semble bien que le mouvement soit en marche. Le public a notamment eu droit à The Tashkent Files, réalisé par Vivek Agnihotri, un long-métrage qui dénonce les travers dynastiques d’un parti politique ressemblant curieusement au Parti du Congrès de la famille Gandhi, et à The Accidental Prime Minister, de Vijay Gutte, l’adaptation d’un essai à charge contre l’ancien chef du gouvernement du Parti du Congrès, Manmohan Singh, interprété par Anupam Kher, l’un des invités de Modi à sa cérémonie d’investiture. Autre acteur ayant eu droit à un carton d’invitation : Vivek Oberoi, l’interprète de PM Narendra Modi, ce biopic signé Omung Kumar, initialement programmé dans tous les cinémas à la veille des élections générales et qui n’a finalement été autorisé à sortir qu’une fois le scrutin terminé, le 24 mai. Ce film d’une médiocrité affligeante démarre par un message fixe sur fond noir prévenant le spectateur qu’il va voir une œuvre « inspirée par notre honorable premier ministre et frère, Narendra Modi, l’un des politiciens les plus respectés d’Inde ». On frôle « la déification », avertit Raja Sen, critique à The Hindustan Times. Et ironise : « La seule raison pour laquelle Narendra Modi ne marche pas sur l’eau est qu’il en a décidé autrement. »
Pour la grande cérémonie d’investiture du Premier ministre Narendra Modi, jeudi 30 mai, de nombreuses stars de cinéma avaient fait le déplacement. Certains acteurs sont d’ailleurs également élus au Parlement.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/11/le-cinema-indien-remporte-la-palme-de-la-propagande-nationaliste_5474511_4500055.html
mlsum-fr-1470
Chef de l’Etat, premier ministre, ministre, maire de Paris, Jacques Chirac, qui est mort jeudi 26 septembre, à l’âge de 86 ans, aura occupé les plus hautes fonctions de la République au cours d’une carrière politique d’une durée exceptionnelle, plus de quarante ans. En direct : Les réactions après la mort de Jacques Chirac Jacques Chirac est né le 29 novembre 1932 dans le 5e arrondissement de Paris, de parents corréziens. Enfant unique après le décès de sa sœur, le jeune Chirac fait d’abord ses études en Corrèze, puis à Paris, notamment au lycée Louis-le-Grand où il obtient son baccalauréat en 1950. Il y fait sa première année de classe préparatoire et intègre Sciences Po Paris en septembre 1951. Il milite alors dans la mouvance du Parti communiste et vend le quotidien L’Humanité. Il a signé en 1950 l’appel de Stockholm, d’inspiration communiste, contre l’armement nucléaire. Auditeur libre à l’université d’Harvard en 1952, il prend une année sabbatique aux Etats-Unis et s’y fiance avec une jeune fille de Caroline du Sud, dont il doit se séparer en raison des pressions exercées par les parents de la jeune Américaine. De retour en France, en octobre 1953, il se fiance avec Bernadette Chodron de Courcel, qu’il a rencontrée sur les bancs de Sciences Po. Il l’épouse en mars 1956 contre l’avis de ses beaux-parents, qui estiment qu’il vient d’un milieu social très inférieur. Ils auront deux filles : Laurence (1958-2016), qui souffre d’une anorexie mentale, un drame pour la famille, et Claude, née en 1962. « Le bulldozer » A l’automne 1954, il est reçu à l’Ecole nationale d’administration (ENA). Ses études sont interrompues de 1956 à 1957 par le service militaire. Il se porte volontaire pour partir en Algérie. Il y est blessé, et est promu lieutenant en décembre 1957. Partisan dans un premier temps de l’Algérie française, il ne se ralliera au gaullisme qu’en 1958. Au retour de ses années sous les drapeaux, il achève ses études à l’ENA en 1959, dont il sort « dans la botte ». Il choisit de rejoindre la Cour des comptes. Après quelques années à la Cour, il s’engage en politique. Dès décembre 1962, il intègre le cabinet du premier ministre, Georges Pompidou, comme chargé de mission jusqu’en février 1967. Parallèlement, il part sur le terrain, et la Corrèze devient sa terre d’élection : en 1965, il est élu conseiller municipal de Sainte-Féréole. Puis, aux législatives de 1967 il arrache la circonscription d’Ussel. Le 8 mai 1967, il entre dans le gouvernement de Georges Pompidou, qui le surnomme «le bulldozer » en raison de son activisme. Il est nommé secrétaire d’Etat à l’emploi auprès du ministre des affaires sociales, Jean-Marcel Jeanneney. Pendant les événements de Mai-68, il jouera un rôle important dans les négociations qui déboucheront sur la signature des accords de Grenelle, qui mettent fin au mouvement de grève générale. Après Mai-68, il devient secrétaire d’Etat à l’économie et aux finances. Il poursuit parallèlement son implantation locale et est élu président du conseil général de Corrèze, poste qu’il occupera jusqu’en 1979. Sa femme, Bernadette, est élue conseillère municipale de Sarran, où le couple a acheté le château de Bity. Monde rural Son mentor, Georges Pompidou, est élu en 1969 président de la République. Le 7 janvier 1971, Jacques Chirac devient ministre délégué auprès du premier ministre chargé des relations avec le Parlement. En juillet 1972, il est nommé ministre de l’agriculture, poste où il construira sa proximité avec le monde rural. Le 27 février 1974, il devient ministre de l’intérieur. Quelques mois plus tard, en avril, Georges Pompidou meurt. Très attaché au président, M. Chirac lui rendra d’ailleurs un vibrant hommage lors de la commémoration du 30e anniversaire de sa mort. Lors de l’élection présidentielle de 1974, il se rallie à Valéry Giscard d’Estaing contre l’ancien premier ministre de Pompidou, Jacques Chaban-Delmas. Son soutien sera décisif dans la victoire de VGE. Une fois élu, le jeune président le nomme à Matignon. Parallèlement, Jacques Chirac prend progressivement le contrôle du parti gaulliste, l’Union pour la défense de la République (UDR). Mais certaines des réformes promises par VGE que Chirac met en œuvre (loi sur l’avortement, entre autres) contrarient l’électorat gaulliste et les caciques du parti, qui le contraignent en juin 1975 à démissionner de la tête de l’UDR. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Portrait de Jacques Chirac en monarque éclairé Face à la situation économique, qui se dégrade après le choc pétrolier de 1973, les relations se tendent avec VGE. Après avoir choisi la rigueur, qui jugule l’inflation, mais fait chuter l’investissement et exploser le chômage, le gouvernement Chirac lance, en septembre 1975, un plan de relance de 30,5 milliards de francs qui conduit à la sortie du franc du serpent monétaire européen. Les relations se durcissent davantage encore avec VGE, et, jugeant qu’il ne « dispose pas des moyens [qu’il] estime nécessaires pour assumer efficacement les fonctions de premier ministre », il remet sa démission le 26 juillet 1976. Il est remplacé par Raymond Barre. Parallèlement, il est élu député et entre à l’Assemblée nationale en novembre 1976. Au pas de charge, il crée le Rassemblement pour la République (RPR), parti qui lui est entièrement dévolu, dont il devient le président le 5 décembre 1976. Le 25 mars 1977, il devient le premier maire de Paris élu au suffrage universel. L’Hôtel de ville sera pour lui un puissant tremplin électoral. La difficile cohabitation Fort de sa popularité dans la capitale, Jacques Chirac mène une campagne tambour battant pour les législatives de 1978, où le RPR finit en tête. Il est en opposition quasi permanente avec la politique gouvernementale, et ses relations avec VGE deviennent exécrables. Le 26 novembre 1978, transporté à l’hôpital Cochin à la suite d’un accident de voiture, il lance « l’appel de Cochin », dans lequel il critique violemment l’UDF, le parti du président, et VGE lui-même. En 1981, après avoir longtemps hésité, il annonce le 3 février sa candidature à l’élection présidentielle. Il finit troisième au premier tour et soutient du bout des lèvres VGE face au candidat de la gauche, François Mitterrand, qui est élu le 10 mai 1981. Après sa défaite, Jacques Chirac oriente le RPR vers le libéralisme économique tout en affirmant sur les questions de sécurité le rôle d’autorité de l’Etat. Le parti est rajeuni, avec l’entrée d’Alain Juppé, de Jacques Toubon ou de Philippe Séguin, tous élus maires aux municipales de 1983. Il obtient lui-même un grand succès à Paris, en remportant la totalité des arrondissements, et renforce son assise de chef de l’opposition. Aux élections européennes de 1984, il se rapproche de l’UDF. Il signe avec ce parti un accord de gouvernement. Sa popularité est en hausse, et lors des législatives de 1986 l’union RPR-UDF obtient la majorité absolue. Jacques Chirac est nommé premier ministre du président Mitterrand. C’est la cohabitation, une première sous la Ve République. Au pouvoir, il mène une politique libérale, avec de nombreuses privatisations. Cette politique est un succès : l’inflation diminue, la croissance double ; en revanche, la baisse du chômage est faible. Mais la cohabitation est difficile avec François Mitterrand, qui défend son domaine réservé (diplomatie, défense). Le président engage d’entrée l’épreuve de force en refusant de signer les ordonnances que Jacques Chirac se proposait d’utiliser. Son second passage à Matignon sera marqué par un divorce avec la jeunesse à la suite de la mort d’un étudiant, Malik Oussekine, tué le 6 décembre 1986 par la police lors d’une manifestation organisée contre un projet du ministre de l’éducation, Alain Devaquet. Juppé, fidèle entre les fidèles En 1988, il se présente à la présidentielle, où le Front national, dirigé par Jean-Marie Le Pen, fait une percée. Le 8 mai 1988, Jacques Chirac est battu par François Mitterrand. Il obtient une compensation à Paris, où il est réélu maire. Son parti connaît cependant des dissensions internes, et il est critiqué. Mais le courant favorable à Jacques Chirac, mené par Alain Juppé, finit par l’emporter, et le maire de Paris est réélu en 1990 président du RPR. Aux législatives de 1993, il remporte un large succès, et le RPR devient la première force politique du pays. Edouard Balladur devient premier ministre, étant entendu entre les deux hommes que Jacques Chirac sera candidat à la présidentielle de 1995. Mais Edouard Balladur, croyant en ses chances, décide de se présenter. Jacques Chirac réussit sa campagne en dénonçant la fracture sociale et devance son concurrent néogaulliste au premier tour de l’élection. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les Chirac, l’histoire secrète Il est élu président de la République en mai 1995 face au candidat socialiste, Lionel Jospin. Son premier ministre est Alain Juppé, fidèle entre les fidèles. Jacques Chirac met fin aux essais nucléaires avec une dernière campagne en juillet 1995 ; il décide de se rapprocher de l’OTAN et contribue à la fin de la guerre en Bosnie-Herzégovine avec les accords de Dayton, signés en décembre 1995 à l’Elysée. Mais le gouvernement Juppé devient très impopulaire en raison de l’opposition massive à la réforme des retraites du secteur public, projet qui doit être abandonné à l’hiver. De plus en plus contesté, Jacques Chirac décide de dissoudre l’Assemblée nationale en 1997. C’est un échec cuisant. La gauche menée par Lionel Jospin l’emporte, et ce dernier devient premier ministre. C’est une nouvelle cohabitation, qui durera cinq ans. C’est à cette époque qu’éclatent les affaires politico-financières du RPR et de la Mairie de Paris. Malgré de nouvelles dissensions internes au RPR, qui contestent son autorité – de la part de Philippe Séguin, Nicolas Sarkozy ou Michèle Alliot-Marie, trois dirigeants autonomes par rapport à l’Elysée –, Jacques Chirac décide de se présenter à la présidentielle de 2002. Il favorise la fusion de l’UDF et du RPR : l’Union en mouvement (UEM) naît en avril 2001. Il mène une campagne axée sur la baisse des impôts et la lutte contre l’insécurité. Lionel Jospin est éliminé du premier tour le 21 avril 2002, et Jacques Chirac fait face à Jean-Marie Le Pen. La gauche appelle à faire barrage au FN. Jacques Chirac est largement réélu avec 82,21 % des suffrages le 5 mai 2002. Etat d’urgence Il prend comme premier ministre Jean-Pierre Raffarin, membre de Démocratie libérale. L’Union pour la majorité présidentielle (UMP) est créée et remporte largement les législatives. Il réforme les 35 heures, les retraites et la Sécurité sociale. Au plan extérieur, il soutient l’intervention des Etats-Unis après les attentats du 11 septembre 2001, mais refuse de participer à l’intervention américaine en Irak en 2003. Jacques Chirac décide d’organiser un référendum sur le projet de Constitution européenne. Mais le « non » l’emporte le 29 mai 2005. Jean-Pierre Raffarin est remplacé par Dominique de Villepin, et Nicolas Sarkozy passe des finances à l’intérieur. A la suite de la mort de deux jeunes garçons à Clichy-sous-Bois en octobre 2005, la situation se dégrade dans les banlieues et l’état d’urgence est proclamé le 8 novembre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi 2007, Jacques Chirac, le silence Jacques Chirac, affaibli par un accident vasculaire cérébral survenu le 2 septembre 2005, est politiquement fragilisé. A la contestation du contrat première embauche (CPE) par les lycéens et les étudiants, soutenus par les syndicats de salariés, s’ajoute le scandale de l’affaire Clearstream 2 qui touche M. de Villepin. Le 11 mars 2007, Jacques Chirac annonce qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat. Après son départ, malgré un bilan économique et social mitigé, Jacques Chirac devient la personnalité politique préférée des Français. Mais les affaires le rattrapent. En 2009, il est mis en examen dans le second volet des emplois fictifs de la mairie de Paris. Diminué par son attaque cérébrale, ses avocats indiquent, en septembre 2011, qu’il n’est pas en capacité d’assister à son procès. Le 15 décembre, il est condamné par la justice. C’est une première dans l’histoire de la République. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean-Louis Debré et Jacques Chirac, amis pour la vie Malgré cette condamnation, qui ternit l’image du président, la carrière politique de Jacques Chirac, d’une durée de plus de quarante ans, restera comme l’une des plus exceptionnelles de la Ve République. Après son départ de l’Elysée, Jacques Chirac se consacre à la fondation qui porte son nom, lancée en juin 2008 au musée du quai Branly. Jacques Chirac en quelques dates 29 novembre 1932 Jacques René Chirac naît à Paris (5e), de Marie-Louise Valette et d’Abel François Chirac. Mars 1956-juin 1957 Le sous-lieutenant Chirac se porte volontaire pour la guerre. d’Algérie, où il dirige un peloton du 3e escadron du 6e régiment de chasseurs d’Afrique. 12 mars 1967 Elu député dans la circonscription d’Ussel (Corrèze). 8 avril 1967 Secrétaire d’Etat à l’emploi dans le gouvernement de Georges Pompidou. 12 juillet 1968 Secrétaire d’Etat à l’économie dans le gouvernement de Maurice Couve de Murville, puis de Jacques Chaban-Delmas. 18 mars 1970 Président du conseil général de Corrèze. 6 juillet 1972 Ministre de l’agriculture et du développement rural dans le gouvernement Messmer. 27 mai 1974 Premier ministre du président Valéry Giscard d’Estaing. 25 août 1976 Il claque la porte de Matignon, considérant ne pas disposer des moyens nécessaires pour gouverner. 5 décembre Fondation, à Paris, à la porte de Versailles, du Rassemblement pour la République (RPR), dont il prend la présidence. 25 mars 1977 Premier maire de Paris depuis Jules Ferry, il conservera les clés de l’Hôtel de ville pendant dix-huit ans. 6 décembre 1978 Victime d’un accident de la route, il lance l’« appel de Cochin », depuis son lit d’hôpital, dénonçant le « parti de l’étranger », pour critiquer la politique européenne de Valéry Giscard d’Estaing. 26 avril 1981 Eliminé au premier tour de l’élection présidentielle. 20 mars 1986 Vainqueur des législatives, il inaugure la première cohabitation en devenant le premier ministre du président socialiste François Mitterrand. 8 mai 1988 Lourde défaite au second tour de l’élection présidentielle (45,98 %) face à François Mitterrand. 7 mai 1995 Avec 52,6 % des suffrages, il devient, à 62 ans, le 22e président de la République. 13 juin Il décide la reprise des essais nucléaires à Mururoa, en Polynésie française, qui se soldera par six tirs jusqu’en janvier 1996. 16 juillet Commémorant la rafle du Vélodrome d’Hiver, il est le premier président à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs sous le régime de Vichy. 26 octobre Elu pour réduire la « fracture sociale », il prend le tournant de la rigueur pour entrer dans l’euro. 22 février 1996 Création d’une armée de métier. 21 avril 1997 Sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale conduit à la défaite de son camp et ouvre une période de cinq ans de cohabitation avec Lionel Jospin. 5 mai 2002 Opposé à Jean-Marie Le Pen, il est réélu avec 82,21 % des voix. 10 mars 2003 Brandissant la menace d’un veto au Conseil de sécurité de l’ONU, il s’oppose à l’intervention militaire en Irak voulue par les Etats-Unis. 15 mars 2004 Pour défendre la laïcité, il fait voter une loi interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école. 29 mai 2005 Il soumet au référendum le Traité constitutionnel européen, qui est repoussé par 54,67 % des Français. 2 septembre 2005 Victime d’un accident vasculaire cérébral, il est hospitalisé au Val-de-Grâce. 8 novembre 2005 Pour contrer les émeutes en banlieue, l’état d’urgence est décrété. 20 juin 2006 Il inaugure le Musée des arts premiers, quai Branly, à Paris. 16 mai 2007 Après douze ans, il quitte l’Elysée, cédant ses pouvoirs à Nicolas Sarkozy. 15 décembre 2011 Au terme d’un procès tenu en son absence pour raisons de santé, il est condamné à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. 14 avril 2016 Mort de sa fille Laurence, à l’âge de 58 ans. 26 septembre 2019 Mort à l’âge de 86 ans.
L’ancien président est mort le 26 septembre. Sa carrière politique, de la mairie de Paris au RPR en passant par Matignon et l’Elysée, restera comme l’une des plus remarquables de la Ve République.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/09/26/jacques-chirac-est-mort_6013138_3382.html
mlsum-fr-1471
« J’étais dans ma voiture, j’ai mis mon arme dans la bouche et j’ai vu mon chien qui me regardait dans le rétro. Je me suis dit, tu n’as pas le droit. » Marc (tous les prénoms ont été modifiés) n’a jamais parlé de son désespoir à ses collègues de la BAC, pour garder son travail. Un de ses amis n’a jamais pu la réintégrer après sa dépression. En secret, il consulte un psychiatre, pose trois semaines de congés et remonte la pente à l’aide d’un traitement. Depuis le début de l’année, 37 policiers se sont suicidés, contre 35 en 2018. Un chiffre qui alarme syndicats, fonctionnaires de police et ministère de l’intérieur. Au sein de la police, le taux de suicide est 36 % plus élevé que celui de la population, selon un rapport du Sénat de 2018. Pour tenter d’enrayer cette série macabre, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a créé la Cellule alerte et prévention du suicide (CAPS), fin avril, afin de « briser la honte, briser le silence ». Un numéro « disponible 24 heures sur 24 » est désormais opérationnel. Il renvoie pour l’instant au service de soutien psychologique de la police, mais devrait être externalisé vers le privé. Une réflexion est en cours sur une procédure d’urgence. L’équipe de la CAPS, pilotée par l’inspectrice générale Noémie Angel, le psychiatre Jean-Louis Terra et un officier de l’administration, analysera plus précisément la situation de mal-être des policiers. L’objectif est de « sensibiliser les cadres à déceler les signaux faibles : s’assurer de la bonne santé physique et morale des effectifs grâce à des outils, pour qu’ils prennent les bonnes décisions », souligne la direction générale de la police nationale. « Course au chiffre, manque d’écoute » « Nous avons eu de bons retours sur ce qui s’est fait sur le terrain », rapporte le commandant Christophe Rouget, secrétaire général adjoint du syndicat des cadres de la sécurité intérieure. Les membres de la cellule ont fait le tour des grandes villes de France, et doivent encore se rendre à Metz et à Marseille en octobre. « Ils ont rencontré plus de 950 personnes, chefs de service, représentants locaux et syndicaux pour faire passer de bons réflexes », explique M. Rouget. L’autre dimension de leur travail est de s’informer sur les initiatives de soins qui fonctionnent sur place pour ensuite les appliquer partout. Mais, « il faut traiter le fond maintenant, estime-t-il, pour que les policiers se sentent mieux au travail ».
Alarmé par la hausse spectaculaire des suicides depuis janvier, le ministère de l’intérieur a mis en place une cellule de soutien et d’écoute.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/07/19/mobilisation-contre-les-suicides-dans-la-police-pour-briser-la-honte-et-le-silence_5491130_1653578.html
mlsum-fr-1472
Le roi du Maroc, Mohammed VI, à Rabat, le 15 novembre 2018. FADEL SENNA / AFP Tribune. Le Maroc est-il un pays stable, un havre de paix dans une région ravagée par la violence, un régime qui sait anticiper les crises politiques et gérer les risques de troubles potentiellement déstabilisants ? Si ces formules toutes faites font florès parmi les « amis » du royaume, la réalité de ce pays de 34 millions d’âmes, dirigé depuis des décennies par une monarchie absolue de droit divin, est, elle, beaucoup plus nuancée. Lorsqu’il a accédé au pouvoir il y a vingt ans, Mohammed VI, 56 ans, avait suscité de grandes espérances après les trente-huit ans du règne de fer de son père (Hassan II, 1929-1999). Il a conduit un processus de réconciliation décomplexé pour solder les « années de plomb ». En outre, dans un pays dont la balance commerciale est déficitaire, il a favorisé le développement d’infrastructures visant à relancer les exportations et l’investissement étranger : le port Tanger-Med est aujourd’hui l’un des plus grands d’Afrique, et les principales villes – Tanger (Nord), Agadir (Sud-Ouest), Oujda (Nord-Est) et Marrakech (Sud) – sont désormais liées par un important réseau autoroutier. Mais malgré les promesses favorables aux couches défavorisées, maintes fois répétées par le roi dans ses discours, le Maroc « reste le pays le plus inégalitaire du nord de l’Afrique et dans la moitié la plus inégalitaire des pays de la planète, souligne, en juin 2019, un rapport de l’ONG Oxfam. En 2018, les trois milliardaires marocains les plus riches détenaient à eux seuls 4,5 milliards de dollars, soit 44 milliards de dirhams. L’augmentation de leur fortune en un an représente autant que la consommation de 375 000 Marocains parmi les plus pauvres sur la même période ». Les disparités entre riches et pauvres se présentent comme des défis majeurs, en faisant du Maroc un pays moins stable que stabilisé par un système policier qui rappelle parfois la Tunisie de l’ex-président Ben Ali. Des disparités qui se manifestent aussi bien dans les villes qu’entre les régions, et qui prennent une dimension particulière chez les jeunes. « Quelque 70 % des jeunes marocains de moins de 30 ans souhaitent émigrer contre 22 % des personnes ayant la quarantaine, indique un sondage de la BBC publié le 27 juin dernier. Les Marocains, en particulier la jeune génération, sont plus enclins à vouloir des réformes rapides que les citoyens d’autres pays. Il semble également qu’une étincelle suffirait à les enflammer. »
Auteur de livres critiques sur le royaume, l’universitaire Omar Brouksy souligne, dans une tribune au « Monde », que les inégalités, la pauvreté et la corruption créent dans le pays une tension sociale aux conséquences imprévisibles.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/27/maroc-un-pays-moins-stable-que-stabilise-par-un-systeme-policier_5494029_3232.html
mlsum-fr-1473
Etre un rempart à Emmanuel Macron, c’est en substance ce que la maire de Lille Martine Aubry avait annoncé en septembre 2018. Face à la « politique libérale » de celui qui « est en train de casser la France », l’ancienne patronne du Parti socialiste compte préserver sa ville du macronisme et rester un bastion de la gauche social-démocrate. Et, jusqu’ici, les querelles locales au sein de La République en marche (LRM) ne peuvent que jouer en sa faveur. La commission nationale d’investiture doit en effet trancher l’épineux cas lillois. Qui de Violette Spillebout ou de Valérie Petit sera la candidate LRM pour les élections municipales dans la cité nordiste ? Les deux femmes sont en duel pour obtenir l’investiture. Fin juin, Valérie Petit et cinq autres députés macronistes du Nord ont dénoncé le fonctionnement du comité La République en marche Nord, dans une lettre adressée au délégué général du parti, Stanislas Guerini. Ledit comité est dirigé par Delphine Garnier, proche de Christophe Itier, lui-même proche de Violette Spillebout, l’ancienne directrice du cabinet de Martine Aubry. Candidat LRM battu aux législatives dans le Nord en 2017, M. Itier, devenu depuis haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire, avait renoncé en novembre 2018 à briguer la mairie lilloise. « Intimidation des militants » Dans son courrier, Valérie Petit dénonce des pratiques « non conformes aux valeurs du mouvement » : « propos et gestes agressifs et sexistes », « rétention d’information, intimidation des militants, manque de respect »… « Tout ceci est réglé », répond Delphine Garnier, chargée des 132 comités locaux et ses 12 000 adhérents nordistes, qui affirme rester « neutre » dans les nominations aux municipales. Directrice de la relation client à la SNCF, Violette Spillebout laboure le terrain depuis décembre avec son collectif Lille C. Classée au centre gauche, l’ancienne collaboratrice de Martine Aubry tisse doucement sa toile et attire des anciens proches de la maire socialiste, comme Gilles Pargneaux, ex-député européen et ancien patron de la fédération PS du Nord, ou l’universitaire Philippe Menerault, ancien conseiller de Mme Aubry sur les questions d’aménagement urbain. « Résolument positive pour l’avenir », Violette Spillebout continue d’alimenter son programme municipal. « Je suis très confiante sur la qualité du débat que Stanislas Guerini va mettre en place, dit celle qui pourrait diviser les voix de la gauche. Et, quoi qu’il arrive, on continuera à travailler avec l’équipe LRM investie. »
La mairie socialiste dirigée par Martine Aubry est au cœur d’un duel entre Violette Spillebout et Valérie Petit, prétendantes à l’investiture de La République en marche.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/10/avant-les-elections-municipales-a-lille-la-bataille-des-deux-rivales-lrm_5487749_823448.html
mlsum-fr-1474
Au moins 25 soldats maliens ont été tués lors d’intenses combats, lundi 30 septembre et mardi 1er octobre, pour le contrôle de deux camps militaires attaqués dans le centre du Mali par des djihadistes, qui ont eux-mêmes perdu 15 hommes, a annoncé le gouvernement malien. Que s’est-il passé ? Des djihadistes ont attaqué, dans la nuit de dimanche à lundi, deux camps militaires maliens situés à la frontière avec le Burkina Faso. Des forces spéciales maliennes ont été déployées lundi matin, appuyées par des vols et frappes aériennes de l’opération militaire française « Barkhane », selon une source diplomatique. L’un des camps, Mondoro, a été repris mardi matin, mais les combats ont continué toute la journée à Boulkessy, à une centaine de kilomètres. Un premier bilan du gouvernement malien faisait état mardi soir d’au moins 25 morts parmi les soldats maliens et d’une « soixantaine de disparus ». Quinze jihadistes ont été tués, selon Bamako. Les djihadistes ont emporté « un important lot de matériels militaires et roulant », a indiqué à l’AFP une source sécuritaire à Bamako, soulignant que « les militaires maliens [présents dans le camp] se sont repliés » dès le début de l’attaque. Des médias locaux ont fait état d’une vingtaine de véhicules capturés par les djihadistes, dont certains équipés de mitrailleuses. Selon un rapport de l’armée consulté par l’AFP, deux hélicoptères de l’armée et une dizaine de véhicules ont été incendiés par les djihadistes à Boulkessy. Le camp a été détruit. Une opération militaire conjointe Mali-Burkina Faso appuyée par la force militaire française « Barkhane » se poursuivait mercredi, selon une source diplomatique. Quelle est la portée de ces attaques ? Les événements de Boulkessy sont les plus meurtriers pour l’armée malienne depuis mars, quand l’attaque d’un camp à Dioura (centre) par des djihadistes avait fait près de 30 morts. Encore le bilan risque-t-il d’être bien plus lourd. A Bamako, des rumeurs courent sur la « soixantaine de disparus ». Sont-ils aux mains des djihadistes ? Ont-ils été tués ? Des doutes s’expriment aussi sur la réalité des chiffres gouvernementaux. Le bataillon malien de Boulkessy relevait de la Force conjointe du G5 Sahel. Il s’agit pour cette dernière de l’attaque la plus meurtrière depuis sa création en 2017. L’idée de cette force, poussée par la France, était de faire monter en puissance les armées régionales pour épauler, voire à terme remplacer « Barkhane ». Mais ses résultats sont très minces. L’attaque de Boulkessy, visé par les djihadistes à plusieurs reprises dans le passé, en est un nouvel exemple, en même temps qu’elle illustre l’incapacité de Bamako à contrôler de larges pans du territoire. Qui est derrière ces attaques ? Le gouvernement accuse les « terroristes », autrement dit les djihadistes. Mais personne n’a encore revendiqué la double attaque, même si le G5 Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Tchad) a mis en cause le groupe djihadiste Ansaroul Islam. Le mode opératoire est celui des groupes djihadistes dans la zone : basés en brousse, ils procèdent par attaques ciblées mais constantes et posent des mines artisanales sur les grands axes. La situation au Sahel est-elle hors de contrôle ? La crise sahélienne, qui a pris ses racines dans le soulèvement de groupes armés indépendantistes dans le nord du Mali en 2012, a depuis muté : des groupes djihadistes sont nés dans la zone, les violences intercommunautaires se sont multipliées et les gouvernements locaux n’arrivent pas à faire face. Le conflit s’est étendu au centre du Mali, où un djihad peul et des violences intercommunautaires incessantes sèment la désolation, et dans les pays voisins. Une large partie du Burkina Faso et l’ouest du Niger font face depuis plusieurs mois à des attaques incessantes et quotidiennes de groupes djihadistes contre les symboles de l’Etat central (bases militaires en priorité) et les civils qui refusent de se soumettre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au centre du Mali, des négociations fragiles et controversées L’attaque de Boulkessy est le symbole de « l’intensification de l’activisme des groupes extrémistes violents [au Sahel], avec des cibles de plus en plus ambitieuses », note Baba Dakono, de l’Institut d’études de sécurité, un think tank basé à Dakar. Boulkessy est situé dans une zone stratégique de trafic et d’influence djihadiste aux confins du Mali, du Niger et du Burkina. Les groupes armés « n’ont pas intérêt à y laisser un dispositif militaire se renforcer », dit-il. Mi-septembre, l’Afrique de l’Ouest a décidé d’un plan de 1 milliard de dollars sur quatre ans pour éviter notamment que les djihadistes étendent leurs attaques aux pays situés plus au sud.
Il s’agit d’un des coups les plus durs essuyés depuis des mois par l’armée malienne mais aussi par la force des pays du G5 Sahel.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/02/mali-au-moins-25-soldats-et-15-djihadistes-tues-lors-d-intenses-combats_6013849_3212.html
mlsum-fr-1475
Le Rigshospitalet de Copenhague, le principal centre hospitalo-universitaire danois, en août 2017. RITZAU SCANPIX DENMARK / REUTERS Avec ses appartements fonctionnels, sa cour intérieure égayée par une fontaine, un poulailler et un clapier, la maison de retraite Bonderupgaard, dans le nord-est de Copenhague, pourrait faire office de publicité à la gloire de l’Etat-providence danois. « J’ai l’impression d’avoir touché le gros lot », confirme Wernar Brondum. L’ex-sacristain, âgé de 85 ans, est arrivé il y a quatre ans, après une longue année d’attente. Les recommandations des médecins qui l’ont soigné pour une grave dépression, après la mort de sa femme, n’y ont rien changé. « Les places manquent partout dans le pays », constate Karen-Margrethe Hede, responsable administrative de l’établissement. Une situation qui n’est pas près de se résoudre, alors que le nombre de Danois de plus de 80 ans, en hausse de 15 % depuis 2009, devrait encore progresser de 28 % d’ici à 2025. Les résidents arrivent « de plus en plus âgés, avec de multiples pathologies, souvent atteints de démence, sans que notre budget soit augmenté », se lamente Mme Hede. Pour le moment, la maison de retraite n’a pas touché à ses effectifs. Mais la responsable ne peut s’empêcher de s’inquiéter pour l’avenir. Elle n’est pas la seule. Ces derniers mois, les failles du modèle social danois se sont imposées comme le sujet majeur de la campagne électorale pour les législatives du mercredi 5 juin. « Les gens voient que l’économie se porte bien, comme on ne cesse de le leur répéter, analyse Carsten Jensen, chercheur à l’Université d’Aarhus. Mais alors que leurs attentes augmentent, ils ont l’impression de ne pas en avoir pour leur argent. » Et ce, malgré une pression fiscale record – la deuxième plus élevée au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), derrière la France. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les secrets de la flexisécurité danoise Après un passage à vide, dans le sillage de la crise financière de 2008, l’économie danoise est repartie à la hausse, avec une croissance du produit intérieur brut (PIB) de 1,2 % en 2018. Le taux de chômage, quant à lui, est retombé à 3,7 %, permettant au Danemark de flirter avec le plein-emploi. Le royaume de 5,8 millions d’habitants est également parvenu à stabiliser ses finances publiques, avec un léger excédent budgétaire prévu en 2019. Face au mécontentement populaire, les dirigeants des deux principaux partis multiplient les promesses Toutefois, la reprise s’est faite au prix de sévères réformes d’austérité menées tous azimuts, rappelle Lizette Risgaard, la patronne de la puissante confédération syndicale Fagbevægelsens Hovedorganisation (FH), forte de 1,4 million d’adhérents. Résultat : « Les dépenses publiques représentent aujourd’hui 3 % de moins dans le PIB qu’il y a dix ans, alors même que la pression démographique a augmenté. »
La question de l’avenir de l’Etat-providence domine la campagne pour les élections législatives du 5 juin. Alors que l’économie se porte bien, la dépense publique stagne. Ce qui cristallise la colère des citoyens.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/01/le-modele-social-danois-sous-pression_5470213_3234.html
mlsum-fr-1476
Jean-Luc Mélenchon est un homme en colère. Aujourd’hui peut-être encore un peu plus que d’habitude. A quelques heures de l’ouverture, au tribunal correctionnel de Bobigny, du procès des perquisitions au sein du siège de La France insoumise (LFI) qui ont eu lieu en octobre 2018, le député des Bouches-du-Rhône est sur tous les fronts pour dénoncer une « justice manipulée » et un « procès politique ». M. Mélenchon et cinq de ses proches – dont les députés Alexis Corbière et Bastien Lachaud et le député européen Manuel Bompard – comparaîtront les jeudi 19 et vendredi 20 septembre pour actes d’intimidation envers l’autorité judiciaire, rébellion et provocation avec des peines encourues allant jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Perquisition mouvementée : à une semaine du procès, Mélenchon choisit la stratégie de l’affrontement Dernier acte de la stratégie de l’affrontement imaginée par M. Mélenchon : un livre qui sortira le même jour que le procès. Intitulé Et ainsi de suite. Un procès politique en France (Plon, 192 p., 10 €), l’ouvrage se présente sous la forme d’un journal de bord qui s’étire sur un mois, du 29 juillet au 27 août, soit une bonne partie du périple de l’ancien sénateur socialiste en Amérique du Sud qui l’a amené du Mexique au Brésil en passant par l’Argentine. Avec comme objectif final, la visite en prison de l’ancien président brésilien Lula. Ce dernier effectue, depuis avril 2018, une peine de huit ans et dix mois de prison pour corruption. Une condamnation que Lula et la gauche contestent, en raison des révélations sur « un pacte existant entre grands médias, procureurs et le juge » qui dirigeait l’enquête, selon l’ancien chef d’Etat. Plume fluide et (parfois) lyrique C’est d’ailleurs le fil rouge de ce livre : M. Mélenchon risquerait, comme Lula, d’être condamné du fait de son statut d’opposant politique. Homme de lettres et d’histoire, il se décrit dans cet ouvrage comme un héritier des figures tutélaires de la gauche : Jean Jaurès, Louise Michel, Léon Trotsky, Lula. Revenant sur l’épisode de la perquisition le plus connu – celui où il crie à un policier impassible « la République, c’est moi ! » –, il explique longuement les références historiques de cette phrase, notamment « le statut des tribuns du peuple à Rome en 494 avant l’ère chrétienne ». Une référence qu’il assume encore aujourd’hui. Il estime avoir été mal compris, déplorant le manque de culture de ses contempteurs : « Nous avons eu raison de nous révolter parce que la loi, le sacré et la République, c’était nous ce matin-là et non pas ces deux malheureux pandores devant cette porte. (…) Les tribuns du peuple vivent en moi comme des modèles et des raisons de me lever le matin. Et combien autour de moi ont les yeux qui brillent quand on évoque les communards ou les soldats de l’an II, les hussards noirs de la République ou Louise Michel (…) Nous sommes de ce bois-là. Celui dont ont fait les flûtes ; celles qui jouent leurs petites notes aigrelettes si vives même quand le soir tombe. »
Le député La France insoumise des Bouches-du-Rhône, qui comparaît jeudi et vendredi devant le tribunal de Bobigny dans l’affaire des perquisitions, publie un ouvrage où il dénonce une justice politique.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/18/en-parallele-de-son-proces-jean-luc-melenchon-delivre-ses-verites_5511905_823448.html
mlsum-fr-1477
« Mauvais Juif », de Piotr Smolar, éditions des Equateurs, 208 pages, 18 euros Bonnes feuilles. Qu’est-ce qu’un mauvais juif ? L’expression implique une forme de trahison, la trahison d’une promesse que je n’ai jamais entendu formuler clairement à mon attention. Je ne sais pas répondre à cette interrogation. L’évidence avec laquelle le titre de ce livre s’est imposé paraît néanmoins préoccupante. Il traduit sûrement une forme de déni. Mais le déni peut être une forme de lâcheté, pour éviter les ennuis, comme un moyen de résistance contre une modernité désolante. Une clandestinité assumée. Ces dernières années, l’assignation à résidence identitaire s’impose partout. Les pulsions nationalistes, l’ère néo-tribale navrante ont provoqué l’effacement d’un humanisme apaisé sans être naïf. La financiarisation du monde, la question migratoire, le vertige écologique donnent le sentiment qu’on vit entouré d’incendies. Quand on est angoissé, on cherche des remèdes simples. On désigne des boucs émissaires, et les juifs ont toujours été tristement privilégiés sur ce plan. On est prêt à faire des sacrifices pour sa sécurité physique, culturelle, économique. La démocratie, les contre-pouvoirs, les valeurs libérales, l’idée de métissage et d’ouverture : on perçoit moins leur valeur et le privilège qui nous est offert d’en jouir. C’est ainsi que ces acquis se craquellent lentement. Il n’y a pas d’effondrement mais une érosion, à la fois intime et collective. Parler de droits de l’homme devient exotique, langue morte qu’on cultiverait avec des manuels à moitié déchirés. Chaque puissance du monde prétend dorénavant se draper dans sa spécificité. (…) Il n’y a plus d’alignement automatique, de corps unique, d’assemblée spirituelle. De destin en partage. Il ne s’agit pas de porter un jugement de valeur. On peut même y voir un signe positif, celui d’une lente banalisation d’Israël, Etat parmi les Etats, soixante et onze ans après sa création. Il n’existe pas de révélateur au sens photographique permettant de mettre au jour une identité juive substantielle. Il n’y a qu’un dégradé infini et subtil. Ce qui lie les destins est souvent la volonté de préserver, quelle qu’en soit la forme, une petite lumière ; d’assurer la pérennité d’un héritage, malgré ses modifications au fil des décennies. Le lien entre toutes les nuances de ce dégradé, c’est le deuil des tragédies passées plutôt qu’une culture unique et homogène, et un attachement sentimental plus ou moins intense à Israël, par les proches qui y vivent ou bien par la simple émotion de ce miracle de l’histoire qu’est un foyer national.
Dans son livre, « Mauvais Juif », le correspondant du « Monde » à Jérusalem de 2014 à 2019 mène de front une enquête sur son histoire familiale et une plongée dans ce pays en proie à un raidissement identitaire.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/13/le-judaisme-et-le-sionisme-ne-coincident-pas-ou-plus-les-bonnes-feuilles-de-mauvais-juif-de-piotr-smolar_5509956_3232.html
mlsum-fr-1478
Tribune. On ne peut que saluer l’initiative du « Fashion Pact » conduite par François-Henri Pinault (PDG du groupe Kering) pour limiter l’impact de la filière textile sur le climat, la biodiversité et les océans. En effet, l’industrie du textile est l’une des plus polluantes de la planète. Elle est responsable de près de 20 % des rejets d’eaux usées, de 10 % des émissions de carbone dans le monde, de 35 % des rejets de microplastiques dans les océans et de 22 % des pesticides utilisés dans le monde. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des groupes de mode s’engagent à réduire leur impact sur l’environnement Pour réduire son impact, trente-deux entreprises de l’industrie de la mode et du luxe ont signé, juste avant le G7 de Biarritz, un « pacte de la mode » qui vise, entre autres, à développer des programmes de compensation d’émissions de carbone, à recourir aux énergies renouvelables, à renoncer à s’approvisionner auprès de l’élevage intensif, à privilégier les exploitations agricoles respectueuses de l’écosystème naturel (c’est-à-dire travaillant à la protection des espèces et à la régénération des sols),à éliminer l’utilisation de plastiques à usage unique d’ici à 2030, à soutenir l’innovation sur les matériaux alternatifs, etc. Comme le rappelle la Fondation Ellen MacArthur, l’équivalent d’un camion poubelle est brûlé ou mis en décharge chaque seconde, à cause de la surproduction La liste des engagements est certes longue, mais nous semble insuffisamment ambitieuse. Nous avons la conviction que la seule façon de repenser la croissance durable passe par une remise en question de la nature des ressources et des process utilisés par la filière textile, et non pas par une optimisation de l’utilisation de ces ressources et process. Comme le rappelle la Fondation Ellen MacArthur, l’équivalent d’un camion poubelle est brûlé ou mis en décharge chaque seconde à cause de la surproduction. Le coton, première fibre textile, est le troisième consommateur d’eau irriguée, après le riz et le blé. L’ensemble des engagements proposés par les entreprises signataires du Fashion Pact ne permettent pas de répondre à ces deux problèmes majeurs ayant pour conséquence l’épuisement inexorable de certaines matières premières. Diminution des réserves d’eau potable Nous pensons que, pour qu’un pacte soit véritablement ambitieux, il doit repenser le paradigme dans lequel s’est inscrite la filière textile depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le paradigme actuel est fondé sur la supposition que les ressources naturelles sont illimitées ou que, si elles venaient à manquer, il serait aisé de trouver des substituts synthétiques. Mais augmenter l’utilisation d’énergies renouvelables nous protégera-t-il de la diminution des réserves d’eau potable ?
Guillaume Carton et Julia Parigot, professeurs de stratégie d’entreprise doutent, dans une tribune au « Monde », de l’efficacité des engagements environnementaux de la filière textile.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/28/pour-un-fashion-pact-veritablement-durable_5503863_3232.html
mlsum-fr-1479
Vinci a-t-il volontairement déversé des tonnes de ciment dans la Seine ou éprouvé un modeste accident sur une centrale à béton de Nanterre (Hauts-de-Seine) ? Des berges couvertes d’un dépôt gris, des eaux chargées de ciment : les images filmées le 19 mars par des agents de la Fédération interdépartementale pour la pêche et la protection du milieu aquatique, diffusées par Europe 1, avaient provoqué un vif émoi. Et conduit la présidente (Les Républicains, LR) de la région Valérie Pécresse à suspendre une subvention de 175 millions d’euros au chantier de prolongement du RER Eole, pour lequel fonctionne cette centrale à béton de Vinci Construction. Visé par une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Nanterre, le groupe Vinci, déjà malmené dans les débats sur la privatisation des autoroutes et de Groupe ADP (aéroports de Paris), s’emploie depuis à convaincre de la portée limitée de la pollution et de son caractère involontaire. Une « eau chargée de résidus de ciment sans capacité de prise s’est déversée dans la Seine de façon non visible par nos équipes », a décrit le PDG de Vinci, Xavier Huillard, auditionné le 29 mai par la commission de l’aménagement du territoire et du développement durable du Sénat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pourquoi Vinci veut acheter Groupe ADP Selon lui, des cuves de décantation auraient accidentellement débordé à l’insu des ouvriers, de manière très ponctuelle. Un incident provoqué par un nombre anormalement élevé de camions-toupies n’ayant pu livrer leur béton à cause des embouteillages : au bout de seulement deux heures, le béton est inutilisable et doit être désactivé dans ces cuves, à l’aide de grandes quantités d’eau. « Ce n’est pas du béton qui a été déversé dans la Seine, c’est environ cinq mètres cubes de sable chargé d’un peu de résidu de ciment », a assuré M. Huillard. « Le caractère involontaire de l’infraction est irrecevable » Un argumentaire fidèle au communiqué publié par le groupe le 27 mai, selon lequel une « enquête interne » a permis d’établir que « les écoulements n’étaient pas du béton mais de l’eau grise chargée de sable et de traces de ciment désactivé ». L’impact serait d’ailleurs modeste, selon Vinci : « Une dizaine de mètres carrés de talus végétal ont été teintés par une fine couche grisée, et un dépôt de sable comportant des traces de ciment sans cohésion s’est déposé en pied de quai dans le lit de la Seine sur une surface d’environ 20 mètres carrés et une épaisseur variable de cinq à vingt centimètres. »
Les témoignages des agents sur le terrain contredisent le groupe de BTP, visé par une enquête préliminaire, qui évoque un accident involontaire.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/05/pollution-au-ciment-dans-la-seine-la-version-de-vinci-contestee_5471937_3234.html
mlsum-fr-1480
mourants. La mort a une odeur. Le désespoir aussi ; son effluve se mêle à celle de la maladie, de la dysenterie, de la chair humaine que la vie, peu à peu, abandonne. Quand la porte de la cellule réservée aux malades de cette prison pour membres de l’organisation Etat islamique (EI) du nord-est de la Syrie s’ouvre sur d’innombrables détenus en combinaisons orange, entassés les uns sur les autres sur toute la superficie d’une pièce de la taille d’un hangar, c’est bien cette odeur-là qui étreint la poitrine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mourad, entraîné à 12 ans par ses parents dans le « califat » de l’EI, oublié par la France dans une prison du Nord-Est syrien Les responsables de la prison, appartenant aux forces kurdes de sécurité, ne connaissent pas le nombre d’hommes et d’enfants qui gisent là, entre le monde des vivants et celui des morts. « On ne peut pas les compter. Ça change tout le temps. » Certains guérissent et regagnent leurs cellules. D’autres meurent. Une prison abrite des supposés membres de Daesh. Cette immense pièce surpeuplée sert d'hopital. Les blessés et les malades vivent ici. Les plus chanceux dorment dans un lit. D'autres sur un matelas en mousse à même le sol. Beaucoup de patients souffrent aussi de malnutrition en plus de maladie. Le 30 octobre 2019, Nord Est de la Syrie. LAURENCE GEAI POUR "LE MONDE" Il y a là des vieillards en couches gériatriques et des enfants amputés. Des moignons bandés. Il y a aussi des aveugles. Et çà et là sur le sol ou sur des lits d’hôpital, des hommes qui n’ont plus que la peau sur des os saillants. Leurs articulations sont disproportionnées. Leurs yeux exorbités, sans expression, semblent être tombés au fond de leurs crânes. Ceux qui ont atteint cet état tiennent leurs bras en croix, repliés sur des torses concaves comme s’ils attendaient le linceul. Amas humain Partout, des corps sans âge au teint morbide, enveloppés dans des couvertures grises. Ceux-là vivent peut-être leurs dernières heures sous la lumière froide des lampes phosphorescentes. Autour d’eux, l’amas humain formé par les prisonniers malades est parcouru de mouvements minuscules. Très lents. Un léger murmure trouble à peine des visages qui, peu à peu, semblent s’effacer. A quelques exceptions près, tous les détenus de cette prison ont été capturés après la chute du tout dernier territoire de l’EI, Baghouz, tombé après un long siège en mars. Syriens, Irakiens, Saoudiens, Russes, Chinois, Européens, ils formaient le dernier carré de combattants et de partisans du groupe djihadiste dont la bannière noire flotta un temps de l’est de l’Irak à Alep. Les traces des derniers combats sont omniprésentes sur les corps ravagés de ces hommes qui sont considérés comme les plus dangereux par les forces kurdes, car ils sont restés jusqu’au bout. Ils sont désormais en suspens, au-dessus de la faille sismique régionale qu’est devenu le Nord-Est syrien. « Tous les jours, on se réveille en espérant savoir ce qu’on va devenir. On mange. On dort. Et ça recommence. Mais les gardiens, ils n’en savent rien non plus », dit en anglais un Néerlandais d’origine égyptienne, âgé de 41 ans. Sa jambe droite est affreusement déformée par une blessure de guerre qui a mal cicatrisé.
« Le Monde » a pu accéder à l’un des centres gérés par les forces kurdes. S’y entassent des centaines de détenus, les derniers irréductibles du « califat » du groupe Etat islamique, souvent blessés ou mourants.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/31/au-nord-est-de-la-syrie-dans-une-prison-de-djihadistes-de-l-ei-tous-les-jours-on-se-reveille-en-esperant-savoir-ce-qu-on-va-devenir_6017514_3210.html
mlsum-fr-1481
Le bilan Emmanuel Macron et le gouvernement ont multiplié les mesures favorables aux chasseurs, dont le lobbying s'est révélé très efficace. C'est même la bienveillance à l'égard des chasseurs qui a poussé Nicolas Hulot à démissionner du ministère de la transition écologique, en août 2018, après qu'il a perdu les arbitrages sur la réforme de la chasse. La fédération nationale des chasseurs (FNC) a remercié Emmanuel Macron pour son « implication personnelle » en faveur de la chasse en mai 2019. [gris] La gestion des espèces chassables a été réformée : au lieu d'être fixée dans la loi, la liste des espèces devient « adaptative ». Un nouveau conseil scientifique, nommé début 2019, est désormais chargé d'étudier l'état des populations et de préconiser au gouvernement des quotas de chasse par espèce, en fonction de l'état de leurs populations. Cette réforme est à double tranchant. Pour les optimistes, elle permettra une gestion plus fine de la chasse, établie d'après des données de conservation actualisées. A l'inverse, les associations écologistes, comme la Ligue de protection des oiseaux (LPO), craignent que ce nouveau mode de fonctionnement ne conduise à multiplier les dérogations pour étendre la liste des espèces chassables. Elles mettent aussi en garde contre le risque que les chasseurs faussent les prélèvements scientifiques, exercent un lobbying sur le conseil scientifique ou dépassent les quotas, faute de contrôle efficace. [rouge] Le gouvernement a déjà prolongé exceptionnellement la période de chasse des oies cendrées au mois de février 2019 au nom de la gestion adaptative, en arguant que leur population était en croissance. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a réagi en attaquant la France devant la Commission européenne pour non-respect de la directive oiseaux. [rouge] Deux décisions ont allégé les contributions financières versées par les chasseurs à l'Etat : le prix du permis de chasse national a été divisé par deux en juillet 2019, tandis que le montant des redevances cynégétiques payées par les chasseurs était divisé par cinq à compter de 2019. Cette dernière décision a grevé de 21 millions d'euros le budget 2019 de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), une agence notamment chargée d'étudier la faune et de contrôler les chasseurs, la poussant à puiser dans ses réserves dans l'attente d'une solution pérenne en 2020. [vert] La réforme de la chasse en cours d'examen parlementaire doit fusionner à compter de 2020 l'ONCFS et l'Agence française pour la biodiversité dans un nouvel Office français de la biodiversité (OFB). L'objectif affiché est de renforcer la police de l'environnement, afin de mieux contrôler la chasse, de lutter contre le braconnage et de protéger les milieux naturels, à l'aide d'une dizaine d'agents par département. Certains craignent toutefois que l'OFB ne souffre à l'avenir d'un sous-financement, et ne donne trop de pouvoirs aux représentants des chasseurs dans son conseil d'administration par rapport aux associations écologistes. [gris] La réforme de la chasse prévoit aussi la création, à compter de la saison 2019-2020, d'un fonds de 16 millions d'euros pour mener des actions en faveur de la biodiversité, comme la restauration de haies, de chemins forestiers ou de zones humides. Il sera en partie financé par un prélèvement sur les permis de chasse départementaux. Les associations écologistes regrettent que ce fonds soit confié à la Fédération nationale des chasseurs, plutôt qu'à l'Agence française pour la biodiversité. [gris] Le gouvernement s'est opposé à l'idée d'interdire la chasse un ou plusieurs jours par semaine. [rouge] Le gouvernement a également écarté l'idée de punir les incitations au braconnage d'espèces protégées. [gris] Emmanuel Macron s'est prononcé pour la réouverture des chasses présidentielles au château de Chambord, supprimées par Jacques Chirac en 1995, mais la décision n'a pas encore été concrétisée. [gris] A la demande du gouvernement, la Fédération nationale de la chasse s'est engagée à arrêter les pièges par noyade de ragondins, rats musqués et loutres, et à mettre en place une « charte » sur la chasse à courre (que le gouvernement se refuse à interdire) Les chasseurs continuent toutefois de pratiquer des techniques jugées cruelles, comme la chasse à la glu, dénoncées par les associations.
« Le Monde » a examiné toutes les décisions environnementales prises par le président, son gouvernement et sa majorité depuis le début du quinquennat.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/22/ecologie-le-bilan-pas-tres-vert-d-emmanuel-macron_5480120_4355770.html
mlsum-fr-1482
Dominique Petit, intense et saisissant dans « Outwitting the Devil ». Jean Louis Fernandez « En fait, j’ai passé la première audition de ma vie à 67 ans, avec près de cinquante ans de danse derrière moi, s’amuse le chorégraphe Dominique Petit. C’était comme une loterie. Et voilà que je me retrouve interprète dans une grosse production qui va tourner dans le monde entier ! » C’était en 2018. Dominique Petit apprend que le chorégraphe britannique Akram Khan cherche des danseurs de plus de 55 ans pour son spectacle Outwitting the Devil, à l’affiche du Festival d’Avignon. Il envoie une vidéo, est retenu, file à Londres. Depuis le 17 juillet, Dominique Petit est le héros de cette prophétie âpre et tragique pour six interprètes inspirée par l’épopée de Gilgamesh. Il en soutient l’édifice complexe avec une intensité et une fermeté saisissantes. « Je crois qu’avec Akram nous vivons la danse comme une expérience spirituelle authentique, glisse-t-il. Je partage aussi avec lui une méthode de travail. Lorsque je chorégraphiais des pièces, je ne savais rien avant d’entrer en studio et je découvrais ce que le spectacle me racontait peu à peu. Mon rôle dans Outwitting the Devil ne s’est vraiment défini que quelques semaines avant la première. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Festival d’Avignon : Akram Khan invoque les ombres de la Cour d’honneur Une deuxième carrière inattendue Attablé, lundi 9 septembre, devant un verre d’eau chaude pour nettoyer son organisme après quinze jours d’hôtel à Rotterdam, Dominique Petit est serein. Figure de la scène chorégraphique des années 1980, dont la pièce Les Tournesols, en 1988, a beaucoup tourné, il profite de cette deuxième carrière inattendue. « C’est un cadeau merveilleux, confie-t-il. J’ai toujours aimé la scène par-dessus tout et je ne m’en lasse pas. Ce n’est pas pour la vanité d’être sur un plateau, mais cela me donne une telle énergie ! » « C’est très beau d’amener des enfants de 10 ans à se construire à travers la danse, mais c’est épuisant pour le corps… J’y ai laissé une hanche. » Dominique Petit a choisi la danse à 19 ans. Le jeune homme, qui ne savait pas « comment se projeter dans la vie », participe par hasard à un stage avec la chorégraphe Kilina Cremona, fraîchement revenue de New York. « Ça a été un coup de foudre, s’exclame-t-il. Je faisais de la course à pied et j’adorais les états variés que l’on traverse avec le corps. Mais danser a été un choc. Le mouvement, contrairement à la course en ligne droite, partait dans toutes les directions et son but n’était pas de gagner mais de communiquer avec le public. Sur la voiture de Kilina, il y avait une photo de Merce Cunningham en train de sauter et je me suis dit : c’est ça que je veux faire ! »
Le chorégraphe renoue avec la scène à 68 ans, dans « Outwitting the Devil » d’Akram Khan, dont il est le danseur central. Un spectacle à voir au Théâtre de la Ville, à Paris, jusqu’au 20 septembre.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/13/danse-la-nouvelle-traversee-de-dominique-petit-au-cote-d-akram-khan_5509796_3246.html
mlsum-fr-1483
Salle d’opération. Pascal Deloche/Godong / Photononstop / Pascal Deloche/Godong / Photononstop Tribune. A l’occasion de la révision des lois de bioéthique, est envisagée la proposition d’un article de loi visant à ne plus autoriser la chirurgie précoce des enfants présentant une anomalie de différenciation génitale. Il serait alors inscrit dans la loi que la chirurgie ne puisse être effectuée sans obtenir le consentement de l’enfant lui-même, le laissant jusqu’à ce choix dans une situation indifférenciée. L’enfant devrait alors se construire sans le repère que constitue une identité sexuelle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ces actes ne guérissent pas et peuvent être considérés comme des mutilations » Lorsqu’un enfant naît, il arrive qu’il soit difficile, en salle de naissance, de savoir si elle est une fille ou s’il est un garçon, situation dont les parents sont informés aujourd’hui. Des examens sont rapidement prescrits et, avec les résultats, après avoir exposé la situation aux parents, et les avoir écoutés, un projet médical est envisagé avec eux. Une intervention chirurgicale est réalisée dans les premières années de vie pour que l’enfant puisse dès son plus jeune âge s’identifier fille ou garçon. Construction de l’identité sexuelle Il y a plusieurs décennies, la prise en charge de ces enfants n’était pas faite comme elle l’est aujourd’hui et a, dans un certain nombre de cas, entraîné des souffrances physiques et psychologiques graves. Une meilleure compréhension dans le domaine psychologique, le dialogue et l’accompagnement des parents, les progrès réalisés dans le dépistage, les examens biologiques et génétiques, et les progrès dans les techniques chirurgicales ont grandement changé la prise en charge de ces enfants. Il est important d’entendre les personnes adultes qui ont souffert d’anciens traitements inappropriés qui n’ont plus cours actuellement. Nous comprenons mieux, aujourd’hui, l’importance de ce que le jeune perçoit dans la construction de son identité sexuelle. Celle-ci, conséquence d’une cascade d’événements corporels, hormonaux, éducatifs, sociaux et psychologiques individuels, est essentielle pour l’épanouissement de sa personnalité. Lire aussi Le Sénat veut lever le tabou des enfants intersexes En effet, l’identité sexuelle est la résultante en premier lieu de la génétique, les chromosomes XX ou XY induisant respectivement la différenciation des gonades en ovaires ou testicules. Une sécrétion d’hormones appropriées va alors permettre le développement des organes génitaux et va, dès la phase de développement fœtal, imprégner également le cerveau. L’aspect des organes génitaux externes à l’échographie anténatale et/ou à la naissance de l’enfant décrit le phénotype. Cela conduira à la déclaration de l’enfant à l’état civil en tant que fille ou garçon, avec son prénom et influera sur l’éducation de l’enfant et le regard posé sur elle ou lui par l’entourage, en premier lieu ses parents, éléments à partir desquels sa psychologie se forgera jusqu’à la puberté. A ce moment, les modifications corporelles sous l’influence de la sécrétion hormonale jusque-là en sommeil correspondront à la maturation, dernière étape physiologique de l’identité sexuelle dans sa construction.
Un collectif de 24 professeurs de médecine et chirurgiens et 116 autres professionnels assurent dans une tribune au « Monde », sur la foi de leur expérience, que la précocité du geste chirurgical, dans les premiers mois après la naissance, donne de meilleurs résultats pour l’enfant
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/04/l-absence-systematique-d-intervention-chirurgicale-precoce-aurait-de-graves-consequences_5485156_3232.html
mlsum-fr-1484
Les partisans du candidat au Front de salut national et président par intérim, Ion Iliescu, déposent des fleurs sur les affiches de leur chef lors de la campagne d’Iliescu avant les élections présidentielle et législatives du 17 mai 1990 à Bucarest. Iliescu est devenu, le 20 juin 1990, le successeur officiel de Nicolae Ceausescu, exécuté le 25 décembre 1989 après son renversement. GERARD FOUET / AFP Le chef d’accusation est lourd : « crimes contre ­l’humanité ». L’ex-président Ion Iliescu, l’un des personnages symboles de la révolution qui renversa le régime de ­Nicolae Ceausescu, a été inculpé, en avril 2018, par le procureur gé­néral, au terme de son enquête sur le soulèvement de décembre 1989. Trente ans plus tard, la Roumanie reste hantée par un passé qui ne passe pas, par les ombres ­entourant cette étrange « révolution », qui fut tout à la fois un mouvement populaire et un coup d’Etat. Cas unique parmi les ex-démocraties populaires, la chute du communisme roumain fut sanglante, loin de la « révolution de velours » tchécoslovaque, de l’ouverture du mur à Berlin, de la longue montée en puissance de Solidarnosc en Pologne ou de la révolution de palais à Sofia. Le ­jugement et l’exécution som­maires de l’ancien dictateur et de son épouse, Elena, après quelques heures de cavale, constituent aussi un exemple singulier. « Le moment fondateur du retour à la démocratie était, d’entrée de jeu, marqué par le mensonge et la manipulation », explique Jacques Rupnik, professeur à Sciences Po Paris, spécialiste de l’Europe centrale et orientale. Il relève que cette mémoire trouble pèse d’autant plus lourd « que la Roumanie fut le pays où le communisme fut le plus totalitaire et le plus fou ». Il n’y a encore aucun consensus sur les origines et les principaux épisodes du soulèvement de décembre 1989. Révolution ou complot ? « C’est une situation très ambiguë, où les juges se retrouvent à devoir chercher la vérité historique et à trancher dans un débat qui continue de diviser profondément les partis politiques », renchérit Irène Costelian, politiste et journaliste franco-roumaine. Révolution ou complot ? Deux thèses continuent en effet de s’affronter. Les positions sont d’autant plus extrêmes que nombre des protagonistes de la révolution, puis du pouvoir mis en place sont issus de l’ancien régime. Ex-dirigeant régional du parti, formé en partie en Union soviétique et considéré de longue date comme proche de Gorbatchev, Ion Iliescu est à cet égard emblématique. Il fut d’abord président du pouvoir de transition, né en direct à la télévision pendant les événements, avant d’être triomphalement élu pour six ans à la présidence, en mai 1990, avec 85 % des voix, par une population réticente à un changement trop brutal. Il fut de nouveau élu à la tête du pays en 2000, pour quatre ans.
L’inculpation pour « crimes contre l’humanité » de l’ex-président ravive les divisions concernant les heures troubles du soulèvement de 1989.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/10/le-proces-d-ion-iliescu-la-revolution-roumaine-en-accusation_6018672_3210.html
mlsum-fr-1485
Dans le désert de l’Utah. Jeremy Auclair (Club M.A.R.S de Supaéro) D’un côté, des dunes de terre rouge à perte de vue, de l’autre, un environnement aride plus sombre. Entre ces deux zones géologiques extraordinaires, un gros cylindre blanc est relié à deux autres petits bâtiments. Autour, plus rien, à des kilomètres à la ronde. En plein cœur du désert de l’Utah (Etats-Unis), on expérimente la vie sur Mars, en simulant l’environnement de la Planète rouge. La Mars Society, l’association américaine qui en est à l’origine, y accueille chaque année une vingtaine d’équipages du monde entier, pour deux à trois semaines. Scientifiques, ingénieurs ou médecins vivent alors confinés dans un cylindre de huit mètres de diamètre, qui compte 7 chambres de 5 mètres carrés. Une expérience hors du commun à laquelle prennent aussi part de plus en plus d’étudiants, dont chaque année plusieurs Français, en école d’ingénieurs. Il y a cinq ans, un club consacré à la préparation de ces missions dans l’Utah était créé à ISAE-Supaero, l’école toulousaine spécialisée dans l’aérospatial. En février 2019, Aurélien Mure, 22 ans, a fait partie du groupe de sept étudiants de l’école à partir en mission dans la station ; après une intense préparation d’un an et demi (formation scientifique, campagne de levées de fonds…), il y a vécu pendant vingt et un jours. « J’étais chargé de l’observation solaire via les télescopes de la station », explique le jeune homme qui, s’il est passionné d’espace, synonyme pour lui de « fascination » et d’« inconnu », n’était pas expert en astrophotographie avant de partir. D’autres étudiants s’occupaient de la serre – pour tester la meilleure manière de faire pousser des légumes dans l’espace – ou de diverses expériences (suivi bactériologique de l’eau, acclimatation du corps en situation de confinement…). « Des profils très différents » Antoine Bocquier, étudiant à Centrale Lille, lui, s’est lancé dans l’aventure pendant son année de césure sans club étudiant, mais aidé par l’association Planète Mars (volet français de la Mars Society). « Mon équipage était composé de membres originaires des quatre coins du monde, allant de la vingtaine à la cinquantaine, avec des profils très différents. On s’est tous beaucoup apporté », s’enthousiasme le jeune homme de 23 ans, qui y a mené en décembre 2018 un projet d’étude de comportement énergétique de l’habitat.
Base de simulation de l’environnement martien, la station américaine Mars Desert Research Station permet à des étudiants de tous les pays de toucher du doigt leur rêve.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/09/10/dans-le-desert-de-l-utah-des-etudiants-experimentent-la-vie-sur-mars_5508458_4401467.html
mlsum-fr-1486
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou le 15 septembre. AMIR COHEN / REUTERS Benyamin Nétanyahou a tout tenté pour demeurer à son poste jusqu’à son rendez-vous avec la justice israélienne, mercredi 2 octobre. En avril, puis le 17 septembre, il a traversé deux élections législatives qui ont laissé le pays usé et sans majorité. Les négociations qu’il mène pour former une coalition de gouvernement sont au point mort. Mais « Bibi » a de quoi espérer : il est encore premier ministre, à l’heure d’affronter le procureur général du pays, Avichaï Mandelblit. Mercredi, M. Nétanyahou a de nouveau publié un flux continu de vidéos en ligne, affirmant que les accusations de corruption, d’abus de confiance et de fraude qui pèsent sur lui finiraient par « s’écrouler ». Le procureur Mandelblit ne les a pas vues. Ce magistrat, qui jeûnait à l’occasion de la fête religieuse de Guedalia, entendait pendant ce temps, durant onze heures, les arguments d’une dizaine d’avocats dépêchés par le premier ministre, dans un sous-sol sans fenêtres ni réseau cellulaire du ministère de la justice, rue Saladin à Jérusalem. Ces audiences, prévues jusqu’à lundi, pourraient encore se prolonger. « Les avocats de Nétanyahou tentent de démontrer que les preuves sont fragiles, et qu’elles ne permettront pas à M. Mandelblit d’obtenir une condamnation. Mais il est désormais clair qu’il incline à soumettre des charges criminelles contre “Bibi” » d’ici à la fin décembre, estime le juriste Gad Barzilai, vice-recteur de l’université d’Haïfa, à l’unisson de la plupart des experts. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Israël : retour à la case départ pour Benyamin Nétanyahou Cadeaux discrets de riches alliés Durant les deux premiers jours, ces audiences portaient sur le « dossier 4 000 », le plus grave. Le premier ministre est accusé d’avoir fait modifier le cadre régulant le marché des télécoms israélien, offrant à l’opérateur Bezeq un lourd avantage financier. En échange, son actionnaire principal, le magnat des télécoms Shaul Elovitch, aurait produit une couverture positive de M. Nétanyahou dans un média en ligne qui lui appartient, Walla. Les avocats de M. Nétanyahou ont à lutter contre le témoignage accablant de l’ancien directeur général du ministère des communications, Shlomo Filber. Cet ancien fidèle de M. Nétanyahou a subi, avant de s’ouvrir à la justice, une détention et des interrogatoires poussés, que les avocats du premier ministre pourraient considérer comme abusifs. Ils peuvent espérer au moins que le procureur abandonne l’accusation de corruption, passible de dix ans de prison, la seule qui ait fait l’objet d’un consensus total au parquet. Ses partisans exhortent la justice à prendre en compte « l’intérêt public ». Il s’agirait de ne pas ruiner la formation d’un gouvernement de coalition, alors que les principaux rivaux de M. Nétanyahou, le mouvement Bleu Blanc (centre droit), refusent de se joindre à lui s’il est inculpé pour de tels faits.
Alors que le pays se trouve en plein blocage politique, la justice doit décider si elle inculpe le premier ministre israélien empêtré dans plusieurs affaires.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/03/les-avocats-de-netanyahou-face-au-procureur-general_6014063_3210.html
mlsum-fr-1487
Imbroglio européen autour du sort des 107 migrants de l’Open-Arms L’Open-Arms, au large de l’île italienne de Lampedusa, le 17 août 2019. ALESSANDRO SERRANO / AFP L’Open-Arms est bloqué depuis dix-sept jours devant l’île italienne de Lampedusa, entre la côte tunisienne et la Sicile, et son errance ne semble pas prête de s’arrêter. Alors que l’Italie refuse de laisser accoster le navire, le gouvernement espagnol a proposé dimanche d’accueillir les 107 personnes restant à son bord dans le port d’Algesiras, à l’extrême sud du pays, face à « l’inconcevable décision des autorités italiennes de fermer tous ses ports ». Mais cette offre a rapidement été jugée « absolument irréalisable » par Laura Lanuza, porte-parole de l’ONG espagnole Proactiva qui opère le bateau humanitaire : « Comment voulez-vous que nous fassions 950 milles, soit environ cinq jours de plus, pour se rendre à Algésiras, le port le plus éloigné de la Méditerranée, avec une situation insoutenable à bord ? » a tweeté dimanche le fondateur de l’ONG, Oscar Camps. « Les ports espagnols ne sont ni les plus près, ni les plus sûrs pour l’Open-Arms », a admis Madrid, reconnaissant que si son offre était acceptée, le navire en aurait pour plusieurs jours de navigation avant d’atteindre Algésiras. « Mais l’Espagne est pour l’instant le seul pays disposé à l’accueillir dans le cadre d’une solution européenne », a ajouté Madrid. Le ministère espagnol des affaires étrangères a toutefois lancé parallèlement, dans un communiqué, un dernier appel « aux autorités italiennes pour qu’elles autorisent le débarquement » des migrants. Soudan : le Conseil militaire et les meneurs de la contestation signent un accord de transition démocratique Des Soudanaises et des Soudanais, fêtent la signature de l’accord de transition démocratique, le 17 août 2019 à Khartoum, Soudan. JEAN MARC MOJON / AFP Après des mois de protestations populaires, l’accord sur la transition démocratique au Soudan a été signé samedi à Khartoum. Par cette signature, Mohammed Hamdan Daglo, numéro deux du Conseil militaire, et Ahmed Al-Rabie, représentant de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC) et fer de lance de la contestation, ouvrent ainsi la voie à un transfert du pouvoir aux civils. L’accord a été négocié pendant deux jours au début du mois d’août, marquant la fin de près de huit mois d’un mouvement inédit de contestation, qui a mené, le 11 avril, à la chute du président Omar Al-Bachir. Ce dernier est resté trente ans au pouvoir, avant de se retourner contre les généraux du Conseil militaire de transition, qui a pris sa succession. Conclu à la faveur d’une médiation de l’Ethiopie et de l’Union africaine, cet accord a été accueilli avec soulagement des deux côtés ; les manifestants célébrant la victoire de leur « révolution » et les généraux s’attribuant le mérite d’avoir évité une guerre civile. Si la voie vers la démocratie risque d’être encore longue, l’humeur est toutefois à la célébration dans la capitale, où des dignitaires étrangers et des milliers de Soudanais affluaient dès vendredi pour l’occasion. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Soudan, un nouveau pas franchi dans la transition démocratique Afghanistan : un kamikaze fait 63 morts lors d’un mariage à Kaboul Des parents et des victimes de l’attentat du 17 août 2019 lors de leur enterrement, à Kaboul, Afghanistan, le 18 août 2019. Nishanuddin Khan / AP Un attentat kamikaze revendiqué par l’organisation Etat islamique (EI) a fait au moins 63 morts et blessé 182 personnes samedi soir lors d’une fête de mariage à Kaboul, au moment où la population afghane espère un accord imminent entre Etats-Unis et talibans. Plus de 1 000 personnes participaient aux festivités. Les talibans, qui livrent une guerre d’insurrection depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir en 2001 par une coalition menée par les Etats-Unis, ont rapidement nié toute implication. L’attentat a été revendiqué dimanche après-midi par la branche afghane de l’EI. « Le frère kamikaze (…) a réussi à atteindre un grand regroupement d’apostats », a écrit le groupe djihadiste sur son compte Telegram. Lire aussi Attentat sanglant en Afghanistan en plein pourparlers entre Washington et les talibans Peter Fonda, star du film « Easy Rider », est mort Peter Fonda dans Easy Rideer de Dennis Hopper, 1969. The Kobal Collection/Aurimages / The Kobal Collection/Aurimages l’acteur américain Peter Fonda, rendu célèbre par son rôle de motard dans le film Easy Rider (1969), qu’il avait coécrit, est mort vendredi 16 août au matin à son domicile de Los Angeles (Californie), à l’âge de 79 ans. Fils de la star d’Hollywood Henry Fonda, petit frère de Jane Fonda et père de Bridget Fonda, Peter Fonda est mort d’un arrêt respiratoire provoqué par un cancer du poumon, a indiqué son attaché de presse dans un communiqué. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Peter Fonda, éternelle icône de la contre-culture américaine des années 1960, est mort Rugby : à un mois du Mondial, le XV de France victorieux face à contre l’Ecosse (32-3) Le joueur français Alivereti Raka, lors du match opposant les bleus à l’Ecosse samedi 17 août 2019. PASCAL GUYOT / AFP Le XV de France s’est imposé 32 à 3 contre une pâle équipe d’Ecosse, à l’issue d’un premier match de préparation abouti côté tricolore. Les Bleus ont marqué cinq essais, par Raka, Médard (deux), Dupont et Alldritt, et ont construit leur succès lors d’une première mi-temps enthousiasmante, avant de lever le pied après la pause, les jambes lourdes après une phase de préparation intensive. Le XV de France retrouvera celui du Chardon lors du deuxième test-match, samedi 24 août, avant de se mesurer à l’Italie, une semaine plus tard.
Vous n’avez pas suivi l’actualité ce week-end ? Voici les principaux titres à retenir des samedi 17 et dimanche 18 août.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/08/18/imbroglio-autour-de-l-open-arms-accord-historique-au-soudan-mort-de-peter-fonda-les-cinq-infos-a-retenir-du-week-end_5500523_4355770.html
mlsum-fr-1488
Le gratin de la balle orange s’installe en Chine. A compter de samedi 31 août et quinze jours durant, l’empire du Milieu accueille la 18e édition de la Coupe du monde de basket masculine. La formule de la compétition a été largement remaniée, avec désormais 32 équipes en lice pour soulever le titre mondial. Tour de table après cinq ans d’attente, et avant l’entame du Mondial. Où ? Huit villes chinoises vont accueillir la compétition : Pékin, Nanjing, Suzhou, Wuhan, Guangzhou, Shenzhen, Foshan et Dongguan. La carte du Mondial 2019. FIBA Quelle est la formule ? Comme précédemment, le rendez-vous mondial se déroule tous les quatre ans, mais il a été décalé aux années impaires, « pour ne plus entrer en concurrence avec le Mondial de football ». En 2017, la Fédération internationale de basket (FIBA) a choisi de changer drastiquement sa formule de compétition, inaugurant un nouveau – et controversé – système de fenêtres de qualifications, avec la mise en place de fenêtres internationales de qualification. Pour la première fois, ce sont 32 équipes (contre 24 jusque-là) qui se disputeront le titre : douze venues d’Europe, sept des Amériques, six d’Asie, cinq d’Afrique et deux d’Océanie. Même le trophée a été changé, et lui aussi est désormais plus grand. Le nouveau trophée James Naismith, du nom de l’inventeur du basket. FIBA Concernant la formule, la FIBA n’a pas profité du remodelage général de la compétition pour la simplifier. On reste sur un système pour le moins alambiqué : huit groupes de quatre équipes disputeront la première phase de groupes. Les deux meilleurs de chaque groupe se hisseront dans une seconde phase, où deux poules se croiseront, en conservant les points acquis lors de la première phase. Puis les deux meilleurs de ces quatre groupes restant seront qualifiés pour les quarts de finale. Et ainsi de suite jusqu’à la finale. Les 32 équipes en Chine Groupe A - Pekin : Chine, Côte d’Ivoire, Pologne, Venezuela Groupe B - Wuhan : Argentine, Corée du Sud, Nigeria, Russie Groupe C - Guangzhou : Espagne, Iran, Porto Rico, Tunisie Groupe D - Foshan : Angola, Italie, Philippines, Serbie Groupe E - Shanghai : Japon, Etats-Unis, République tchèque, Turquie Groupe F - Nanjing : Brésil, Grèce, Monténégro, Nouvelle-Zélande Groupe G - Shenzhen : Allemagne, France, Jordanie, République dominicaine Groupe H - Dongguan : Australie, Canada, Lituanie, Senegal Quels sont les enjeux ? Outre le titre mondial, la Coupe du monde décernera sept sésames pour les Jeux olympiques 2020. Une première. La meilleure équipe d’Afrique, d’Asie et d’Océanie et les deux meilleures équipes des Amériques et d’Europe de cette compétition valideront directement leur ticket pour Tokyo. Les seize équipes suivant ces sept qualifiés auront la possibilité de disputer un TQO (tournoi de qualification olympique) peu avant les Jeux – avec huit autres invités par zone géographique. Vingt-quatre équipes verront donc Tokyo l’été prochain. Qui sont les favoris ? Kemba Walker va tenter de mener les Etats-Unis à la conquête d’un nouveau titre mondial. MARCIO JOSÉ SANCHEZ / AP Si les Etats-Unis débarquent en Chine en ordre dispersé, après de nombreuses désertions de stars de la NBA (pas de LeBron James, ni de Stephen Curry, ni de James Harden…), les tenants du titre restent les favoris de la compétition, qu’ils ont remportée cinq fois (un record, à égalité avec la Yougoslavie-Serbie), en raison de l’importance de leur réservoir de joueurs. Derrière eux, les géants serbes (2,05 m de moyenne pour l’équipe) ont les crocs aiguisés et assument leurs ambitions. Sur les ailes de leur pivot Nikola Jokic, les Serbes, qui ont fini deuxième de leurs trois dernières compétitions internationales (Mondial 2014, JO 2016, Euro 2017) aspirent à décrocher le titre. Place forte du basket européen et Mondial, l’Espagne, même privée de sa tour Pau Gasol, vise également haut. La Roja mène un peloton d’outsiders ambitieux, comptant notamment l’Australie – qui a fait tomber les Etats-Unis en préparation, pour la première fois depuis 2006 –, la France ou encore la Grèce du phénomène Giannis Antetokounmpo. Le calendrier de l’équipe de France Dimanche 1er septembre : France –Allemagne (14 H 30 heure française, sur Canal+ Sport Week-End) Mardi 3 septembre : France – Jordanie (14 H 30, heure française) Jeudi 5 septembre : France – République Dominicaine (14 H 30, heure française)
Le Mondial de basket débute ce samedi en Chine. Du tenant du titre américain, favori et décimé, à l’équipe de France, en passant par le calendrier…, tout ce qu’il faut savoir sur la compétition.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/30/coupe-du-monde-de-basket-2019-qui-sont-les-favoris-quels-sont-les-enjeux_5504658_3242.html
mlsum-fr-1489
Discours du président turc Recep Tayyip Erdogan au palais présidentiel, à Ankara, le 18 septembre. AP Chronique. Le problème avec Istanbul, c’est l’effet virus. La ville malmène, pour ne pas dire détruit, vos défenses immunitaires – celles qui vous empêchent d’imaginer la Turquie au sein de l’Union européenne (UE). La séduction stambouliote agit de façon dangereuse, mais conduit à poser les bonnes questions. Vous vous installez sur le balcon de votre chambre d’hôtel. Il est tard, il faut se remettre du cauchemar qu’est le transport aérien d’aujourd’hui. Vous commandez un grand verre de raki sur glace pilée. Dans la rue, en cette mi-septembre, les femmes d’Istanbul sont en robe d’été, en jeans ou en mode islamo-conservateur. « La Turquie est un amalgame », écrivait, au début des années 1950, le regretté Bernard Frank (1929-2006) qui s’y connaissait en géopolitique. Au fil du raki, vous contemplez le Bosphore, occupé par sa tâche, qui est, paraît-il, de séparer l’Europe de l’Asie. De part et d’autre, ballonnements, collines, ponts, minarets, clochers, palais, gratte-ciel composent et recomposent ce miracle de beauté citadine qu’est Istanbul. Il faudrait rester là, longtemps. Seize millions d’habitants : Istanbul est devenue une des mégalopoles du XXIe siècle. Elle donne le « la » de la politique du pays. Elle a assuré la carrière de celui qui en fut le maire (1994-1998), avant de devenir premier ministre (2003-2014), puis président du pays, Recep Tayyip Erdogan, le chef du parti islamo-conservateur AKP (Parti de la justice et du développement). Aujourd’hui, elle annonce la fin, progressive, de l’ère Erdogan. Cette année, aux élections municipales, l’AKP a perdu Istanbul, massivement – de même que nombre de grandes villes, dont Ankara, la capitale. L’AKP se divise et ses notables quittent le parti. Le gouvernement doit faire face à une situation économique très difficile. Le tournant ultra-autoritaire, népotique, clanesque qu’Erdogan a fait prendre au régime ces dernières années, de même que son flirt avec la Russie de Vladimir Poutine semblent désavoués par une majorité de Turcs. L’après-Erdogan a peut-être commencé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Istanbul, fief perdu d’Erdogan Les récriminations s’accumulent Réunissant patrons, universitaires et politiques de France et de Turquie, l’Institut du Bosphore – notre hôte –, qui organisait en septembre son dixième séminaire annuel, s’est fixé une mission : maintenir un forum de dialogue franco-turc, sans langue de bois, quel que soit l’état des relations officielles. Ce qui tombe bien, car entre Ankara et Paris, entre la Turquie, musulmane, et l’UE, les récriminations s’accumulent. La Turquie, qui héberge 3,5 millions de réfugiés syriens, accuse. Après l’accord conclu en mars 2016 avec Bruxelles, sur le contrôle de l’immigration moyen-orientale à destination de l’UE, les Européens n’auraient pas tenu leur part du contrat : reprise des conversations politiques à haut niveau, notamment sur le dossier d’adhésion de la Turquie à l’UE.
Les difficultés d’Erdogan et les divisions de son parti laissent à penser que son tournant ultra-autoritaire est désavoué par de plus en plus de Turcs, relève, dans sa chronique, Alain Frachon, éditorialiste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/19/en-turquie-l-apres-erdogan-a-peut-etre-commence_5512216_3232.html
mlsum-fr-1490
Marian Kocner au palais de justice de Bratislava, le 28 juin 2018. TOMAS BENEDIKOVIC / AFP Ce n’est qu’un détail à l’échelle d’une carrière riche en malversations, mais il en dit long sur le personnage. Lorsque Marian Kocner avait encore la liberté de conduire sa Bentley dans Bratislava, il prenait soin de la garer sur des places pour handicapés afin de ne pas l’abîmer. « Je sais que je viole la loi, mais je paierai l’amende », répondait-il, entre deux insultes, à la presse slovaque qui l’interrogeait sur cette pratique. L’homme d’affaires n’avait pas grand-chose à craindre : il avait probablement corrompu – ou menacé – la personne censée le sanctionner. Voilà une trentaine d’années qu’il régnait, à sa façon, sur ce petit Etat d’Europe centrale de 5,5 millions d’habitants. Cette emprise aurait pu continuer encore longtemps si ce quinquagénaire, aux cheveux bruns et à la chemise souvent ouverte sur son torse poilu, n’avait pris, selon la police, une décision funeste entre fin 2017 et début 2018 : faire tuer Jan Kuciak, un journaliste de 27 ans, jugé trop curieux. Deux hommes de main, un ancien policier et un ex-militaire, payés 20 000 euros chacun, s’en sont chargés le 21 février 2018. Kocner, commanditaire présumé de l’opération, n’avait visiblement pas prévu que la mort du jeune homme et de sa fiancée allait déclencher les plus grandes manifestations de l’histoire de la Slovaquie démocratique et conduire à la démission du premier ministre, du chef de la police et du ministre de l’intérieur, tous accusés par les manifestants d’avoir laissé commettre cet assassinat. Emprisonné depuis octobre 2018, Marian Kocner, 56 ans, attend son procès pour meurtre. Le pays, lui, est toujours en ébullition, effaré par l’ampleur du réseau que s’était constitué, en toute impunité, cet ancien journaliste reconverti dans les affaires après la chute du communisme. Egrenés dans la presse ces derniers mois, les détails de l’enquête révèlent comment il menaçait, corrompait et donnait des ordres à des juges, à des procureurs, à des journalistes, voire à des ministres, via l’application de messagerie cryptée Threema. Un exemple ? Début 2018, il échange des messages avec la secrétaire d’Etat à la justice, Monika Jankovska, pour qu’elle fasse pression – avec succès – sur une juge chargée de trancher un différend financier dans lequel il est suspecté de fraude. « Dis-lui de faire ce qu’il faut ou elle va finir “à la Kuciak″ », écrit le mafieux à Mme Jankovska, le jour même où le meurtre du reporter est révélé. D’abord défendue par le gouvernement, la secrétaire d’Etat a dû démissionner en septembre…
Marian Kocner n’avait pas prévu que ce crime allait provoquer des manifestations historiques, la démission du premier ministre et sa propre perdition.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/04/comment-l-assassinat-d-un-journaliste-a-precipite-la-chute-du-caid-de-bratislava_6017902_3210.html
mlsum-fr-1491
AUREL Ce devait être la prochaine étape du développement de la filière nucléaire française, celle qui lui permettrait de se projeter dans l’avenir, mais qui risque fort de ne jamais voir le jour. Selon nos informations, le projet de réacteur à neutrons rapides (RNR) Astrid est en train d’être abandonné par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), qui en est pourtant à l’origine. Quelques études de conception encore en cours vont se poursuivre cette année pour terminer l’avant-projet, mais elles auront tôt fait d’échouer dans des cartons, sur une étagère. En effet, la cellule de vingt-cinq personnes qui coordonnait le programme a été fermée au printemps. Interrogé par Le Monde, le CEA reconnaît que « le projet de construction d’un réacteur prototype n’est pas prévu à court ou moyen terme ». Il envisage plutôt de s’en occuper « dans la deuxième moitié du siècle ». « Astrid, c’est mort. On n’y consacre plus de moyens ni d’énergie », résume une source interne à l’organisme, où ce choix a provoqué inquiétudes et tensions. D’après la Cour des comptes, près de 738 millions d’euros ont été investis dans ce plan à fin 2017 « On a vu des projets préparatoires s’arrêter au fur et à mesure, et on a bien vu que le financement du prototype n’apparaissait plus dans les budgets », souligne Didier Guillaume, délégué syndical central CFDT au CEA. D’après la Cour des comptes, près de 738 millions d’euros ont été investis dans ce plan à fin 2017, dont près de 500 millions proviennent du grand emprunt du Programme d’investissements d’avenir. Astrid, acronyme de l’anglais Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration, est un projet de prototype de réacteur rapide refroidi au sodium, qui devait être construit sur le site nucléaire de Marcoule, dans le Gard. L’objectif de cette nouvelle génération est d’utiliser l’uranium appauvri et le plutonium comme combustibles, autrement dit de réutiliser les matières radioactives issues de la production d’électricité du parc nucléaire actuel et en grande partie stockées sur le site de La Hague (Manche), exploité par Orano (ex-Areva). Astrid était censé, non seulement transformer en combustible des matières aujourd’hui inutilisées, mais aussi réduire de manière importante la quantité de déchets nucléaires à vie longue. Absence d’appui politique Le réacteur Superphénix de Creys-Malville (Isère), fermé en 1997 sur décision du gouvernement Jospin, s’appuyait déjà sur ce concept. Jacques Chirac, puis Nicolas Sarkozy et François Hollande ont encouragé la recherche sur ce nouveau prototype de réacteur, avec l’espoir qu’il fasse faire un saut technologique à la filière hexagonale et qu’il réponde en partie à l’épineuse question de la gestion des déchets nucléaires. « Il y a, dans ces projets, un concept de fermeture complète du cycle nucléaire, de réutilisation des matières », explique Valérie Faudon, déléguée générale de la Société française d’énergie nucléaire.
Le projet Astrid de réacteur à neutrons rapides est mis à l’arrêt en catimini par le Commissariat à l’énergie atomique. Un coup dur pour l’avenir de la filière.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/29/nucleaire-la-france-abandonne-la-quatrieme-generation-de-reacteurs_5504233_3234.html
mlsum-fr-1492
Jean-Michel Blanquer et Brigitte Macron le 3 juin 2019. Alain Jocard / AFP « Hé, y a EnjoyPhoenix ! » Dans l’auditorium, les ados lèvent la tête de leurs téléphones. La youtubeuse, que son compte Instagram (4,7 millions d’abonnés) situait récemment en Californie, à Athènes et au Mexique, traverse l’auditorium quasiment habillée comme une maîtresse d’école pour aller s’asseoir dans les premiers rangs. Elle était invitée, aux côtés des actrices Laurence Arné et Isabelle Vitari, et de trois jeunes comédiens de la série Skam, à une journée de mobilisation contre le harcèlement scolaire. De Lady Gaga à Ariana Grande, tant de personnalités ont fait leur coming out en tant que « harcelée » que l’an dernier, dans le podcast Entre (Louie Media), une collégienne de 11 ans, victime de violences, en tirait une théorie : « Soit, quand t’es petit, t’as une belle vie, t’es populaire et quand t’es grand t’as une vie nulle (…), soit t’es moche et tu deviens génial. Je suis contente de me faire harceler plutôt que d’être celle qui a harcelé et finit seule dans son coin. Tous ceux qui ont bien réussi dans leur vie se sont fait harceler. » Les invités ne sont pas là pour valider cette hypothèse, mais pour appeler à ne rien laisser passer. Ils prêchent des convaincus : les quelque 200 enfants et jeunes dans la salle font partie des plus de 40 000 à avoir participé au concours d’affiches et vidéos « Non au harcèlement ». « Avant, le harcèlement s’arrêtait à 17 heures, maintenant il continue quand vous êtes chez vous. » Brigitte Macron Mais voilà Jean-Michel Blanquer et Brigitte Macron. Comme par automatisme, chacun se lève pour l’arrivée des premiers profs de France – il y a un mois, l’épouse du chef de l’État organisait une Dictée pour tous, à l’Elysée. Elle est habituée à faire appel à ses souvenirs de prof. Au cours de sa carrière, raconte-t-elle, elle se sentait de plus en plus interpellée et de plus en plus démunie sur le sujet. « Dès que mon mari est devenu président, les courriers sont arrivés. J’ai vu les drames, j’ai entendu l’horreur. » Elle a rencontré les dirigeants de Facebook et de Google… « Avant, le harcèlement s’arrêtait à 17 heures, maintenant il continue quand vous êtes chez vous », dit-elle aux jeunes. Plusieurs réseaux sociaux soutiennent la lutte contre le harcèlement. Un peu comme si Monsanto était partenaire d’une conférence sur la pollution des sols. « Vous êtes bien à l’école ? », demande Brigitte Macron aux élèves. « Ouiii », répond la salle. « Vous êtes bien à l’école ? », demande-t-elle à nouveau. « OUIII », répète la salle plus fort. « Voilà, ils sont bien à l’école… » Est-ce avec cette méthodologie que l’on a obtenu le sondage que livre le ministre de l’Education ? « 94 % des élèves se sentent bien à l’école. » Cela fait partie, selon Jean-Michel Blanquer, des éléments d’optimisme. Lire aussi Comment une association aide les élèves victimes de campagnes de harcèlement en ligne Reste les sujets d’inquiétude : « 4,5 % des collégiens en 2015 disaient faire l’objet de cyberharcèlement. Aujourd’hui c’est 9 %… » Les discours parlent de mallette pédagogique, de mobilisation de tous les acteurs, d’identifier les intervenants, de comité d’experts… Les enfants ne sont pas les seuls à décrocher. Une prof de lycée prend ses ongles en photo et les envoie sur WhatsApp à ses copines de manucure. Place à la cérémonie de remise des prix. « On ne peut rien faire pour vous si vous ne parlez pas », dit maladroitement Brigitte Macron, interpellant les élèves comme des harcelés en puissance. Mais les affiches et vidéos conçues par les élèves sont plus subtiles, s’adressant aux jeunes non pas comme à des harceleurs ou à des harcelés, mais plutôt comme si chacun pouvait basculer sans même s’en rendre compte. « Pourquoi liker si c’est pour humilier », dit une affiche. « Il n’y a pas de spectacle sans spectateur. Ne deviens pas spectateur du harcèlement », dit une autre. Une affiche se contente de donner la définition du harcèlement : « Faire subir à quelqu’un des petites attaques souvent répétées. » Le film primé l’an dernier montrait un jeune, vexé, téléphone à la main, une photo de sa copine topless, sur le point d’appuyer sur « envoyer à tous ses contacts » (« Haaan ! », fait la salle). « J’ai failli faire un truc affreux… » Sanglots d’émotion Les gagnants sont appelés sur scène. « Quand nos professeurs nous ont dit que nous devions écrire un discours, nous pensions que c’était une blague, mais non », lâche un élève. Les classes gagnantes se voient remettre un trophée et un jeu de l’oie antiharcèlement. Mais quand le président de la Mutuelle assurance de l’éducation (MAE), lance : « Je vous remets le chèque de 2 000 euros », les enfants lèvent la main avec plus d’énergie que pour le jeu de l’oie. Une collégienne prononce son discours avec la main qui tremble tellement qu’on a tous envie de se lever pour la réconforter. Une enfant explose en sanglots d’émotion sur scène. Elles vont serrer Enjoy-Phoenix dans leurs bras. Ça vaut tous les trophées. « Créatrice de contenus depuis 2011 », celle-ci raconte son harcèlement au lycée et ses efforts pour en parler. Marilyn Lima, actrice de la série Skam, a la voix qui s’étrangle : « Ça ravive en moi des souvenirs… » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des stars de la K-pop rattrapées par des accusations de harcèlement scolaire Des élèves du lycée Paul-Langevin de Martigues ont conçu une affiche « L’habit ne veut pas dire oui », avec des seins volumineux débordant d’un débardeur. Elles racontent les jours où on n’ose pas se mettre en jupe. « Nous souhaitons remettre un tee-shirt [imprimé de l’affiche] à M. Blanquer et à Mme Macron. » Le ministre et l’épouse du président les tiennent devant eux. Ils savent sans doute ce qui leur arriverait sur les réseaux sociaux s’ils les enfilaient.
Chronique. Le 3 juin, en compagnie de Brigitte Macron, le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer remettait des prix aux jeunes gagnants du concours « Non au harcèlement ». La chroniqueuse de « M » y était.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/10/la-mauvaise-cyber-education_5474244_4500055.html
mlsum-fr-1493
Selon une étude, marcher lentement ou s’adonner à des tâches ménagères permet de gagner des années de vie. ERIC AUDRAS / PHOTOALTO / PHOTONONSTOP Adieu randos en montagne, grandes balades à vélo, longues séances de natation dans l’océan ou la piscine ? Au-delà du blues de la rentrée, que les aficionados de l’activité physique se rassurent : ce n’est pas parce que leur dose quotidienne chute drastiquement à la fin des vacances que les bienfaits pour la santé se réduisent comme peau de chagrin. Selon de nouvelles données publiées le 21 août dans le British Medical Journal (BMJ), toute activité physique, même peu intense, comme par exemple marcher lentement ou s’adonner à des tâches ménagères, permet de gagner des années de vie. L’article d’Ulf Ekelund (Ecole norvégienne des sciences du sport, Oslo) et ses coauteurs enfonce aussi le clou sur les dangers de la sédentarité, avec une élévation sensible du risque de mortalité au-delà de 9 h 30 par jour. L’activité physique, un élixir de longévité et l’« addiction » à la chaise, un tueur en série ? Pour les lecteurs de cette chronique, le refrain paraît familier. Mais l’étude qui vient de paraître dans le BMJ, une revue de la littérature novatrice par sa méthodologie, suggère que les bénéfices vitaux de l’activité physique sont encore plus importants que ce que l’on pensait. Et elle a le mérite de mettre l’accent sur les activités de faible intensité, jusqu’ici souvent occultées. Les recommandations actuelles d’exercice physique, telles celles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ont surtout été construites à partir d’études où les données d’activité physique étaient autodéclarées. Or, dans ce domaine, l’autoévaluation est source de nombreux biais et erreurs, qui conduisent en général à une surestimation du niveau d’activité physique, et une sous-estimation de la sédentarité, relèvent Ulf Ekelund et ses collègues. Pour éviter ces écueils, ils ont sélectionné les travaux avec une évaluation objective de l’activité physique par accéléromètre – un dispositif portatif mesurant le volume et l’intensité de l’activité en coups par minute (cpm), pendant l’éveil. Le risque de mortalité réduit de 50 %, voire 60 % Finalement, huit études – dont deux non publiées – ont été retenues, incluant au total 36 383 individus de plus de 40 ans, originaires des Etats-Unis, d’Angleterre ou de Scandinavie. Ils ont été suivis en moyenne 5,8 ans, période pendant laquelle 2 149 d’entre eux sont décédés. L’intensité de l’activité physique a été cotée en quatre niveaux, selon le nombre de cpm ; et pour chacun les chercheurs ont réparti les participants en quatre groupes en fonction de sa durée en minutes par jour.
La réduction maximale de la mortalité est obtenue avec 24 min/jour pour des activités intenses. Comptez tout de même 300 minutes quotidiennes pour des activités moins soutenues, comme le ménage ou la marche lente.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/03/activite-physique-bouger-meme-peu-un-reflexe-essentiel-de-survie_5505664_3224.html
mlsum-fr-1494
« Les troubles musculo-squelettiques constituent la première maladie professionnelle reconnue en France. Dos qui se tasse, épaules courbées…. mal-être physique et mental sont intimement liés. » FSR / GraphicObsession Les liens entre le mal-être ressenti par certains salariés et l’apparition de troubles psychosociaux ne sont plus à faire. Mais se sentir injustement traité par son patron ou ses clients peut-il aussi avoir des conséquences sur le corps ? C’est l’hypothèse explorée par la chercheuse Caroline Manville, spécialiste en gestion des ressources humaines. Professeure à la Toulouse School of Management, elle s’intéresse depuis plusieurs années à la relation entre le sentiment d’injustice perçu par certains salariés au travail et le développement de troubles musculo-squelettiques (TMS). Lire aussi Une expérimentation de l’Assurance-maladie inquiète le corps médical La chercheuse a reçu en 2018 un financement de 367 000 euros de l’Agence nationale de la recherche (ANR) afin de mener à bien ce projet sur quatre années. « En s’intéressant au rôle des perceptions d’injustice, nous pouvons comprendre pourquoi des salariés qui n’occupent pas de postes considérés comme pénibles physiquement développent des TMS », affirme Caroline Manville. Mal-être physique et mental sont liés En 2016, la chercheuse avait obtenu de premiers résultats qui étayent ce propos : « Avec mon équipe, nous avons mis en évidence que les perceptions d’injustice sont à l’origine de troubles du sommeil, qui conduisent à de l’épuisement émotionnel, épuisement qui explique le fait de souffrir de TMS du haut du corps. » Les troubles musculo-squelettiques constituent la première maladie professionnelle reconnue en France. Dos qui se tasse, épaules courbées… mal-être physique et mental sont intimement liés. La somatisation est un mécanisme reconnu et abondamment étudié par la science. Aux yeux de la société aussi bien que de la loi, les TMS bénéficient d’ailleurs d’une meilleure reconnaissance que certains troubles psychosociaux, comme le burn-out. Cette réalité n’inciterait-elle pas les salariés à évoquer plus volontiers un problème de dos plutôt qu’un mal-être moral ? « Concernant les questions de santé, il semblerait que les salariés aient légèrement tendance à surestimer leur problème, reconnaît la chercheuse. C’est pourquoi notre étude repose en partie sur un examen médical pour déterminer dans quelle mesure les salariés présentent des TMS ou non. » Les problèmes de récupération Au vu des premiers résultats de l’étude de 2016, Caroline Manville insiste sur la nécessité pour le salarié d’avoir de vrais temps de repos, afin d’évacuer les tensions, physiques comme psychologiques. « Un mécanisme important de récupération est le fait de pouvoir se détacher de son travail à la fin de la journée et de ne pas ruminer les événements du jour, souligne la spécialiste. Cette récupération permet à l’organisme de reconstituer un stock de ressources nécessaires pour affronter la journée du lendemain. Sans récupération, l’exposition au stress chronique a des répercussions psychologiques, puis physiologiques. »
Après une première étude qui avait mis en évidence le lien entre perception d’injustice et troubles du sommeil, voici une analyse sur les relations entre sentiment d’injustice et troubles musculo-squelettiques.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/07/04/l-injustice-au-travail-pourrait-favoriser-les-troubles-musculo-squelettiques-tms_5485178_1698637.html
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« Tristan et Yseult », miniature du XVe siècle. akg-images/Album/Prisma « La Nature et le Roi. Environnement, pouvoir et société à l’âge de Charlemagne (740-820) », de Jean-Pierre Devroey, Albin Michel, 592 p., 25 €. « La Forêt au Moyen Age », sous la direction de Sylvie Bépoix et Hervé Richard, Les Belles Lettres, 424 p., 26,90 €. Les objets d’étude des historiens évoluent souvent au gré des préoccupations de leur époque. Il en va ainsi des médiévistes, qui, peut-être plus que d’autres aujour­d’hui, réinterrogent leurs sources à l’aune de l’urgence environnementale. La Nature et le Roi, de Jean-Pierre Devroey, et l‘ouvrage collectif La Forêt au Moyen Age, sous la direction de Sylvie Bépoix et Hervé ­Richard, se veulent ainsi, pour le premier, une relecture du règne de Charlemagne sous l’angle de la menace alimentaire et climatique, et, pour le second, la toute première approche globale de la forêt française au Moyen Age comme écosystème intensément modelé par l’homme. Principale source d’énergie de l’époque, la forêt n’aurait en effet rien eu alors du désert mythique que recherchaient les ermites ou les chevaliers errants. Elle était au contraire, plus qu’un poumon comme aujourd’hui, un cœur battant de l’économie et, dès lors, un espace exploité, convoité, parfois même protégé. Dialogue avec la climatologie En dépit de leurs différences évidentes, un essai individuel, d’une part et, de l’autre, un ouvrage de synthèse rassemblant une cinquantaine d’auteurs, les deux ouvrages peuvent se lire comme des manifestes en faveur d’un dialogue renforcé entre les sciences exactes et les sciences ­humaines. Une conviction similaire les traverse : la nécessité de recourir, sur de tels objets, à des disciplines autres que les seules sciences des textes. L’archéologie, bien sûr, avec laquelle le dialogue est ancien, mais aussi la ­climatologie, la palynologie (l’étude des pollens), la dendrochronologie (celles des cernes d’arbres) ou encore l’entomologie (celle des insectes). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les ruses de l’Apocalypse Mais les deux livres, dans leur économie même, n’en sont pas moins difficiles à croiser : La Forêt au Moyen Age laisse sagement la parole aux littéraires puis aux historiens et, enfin, aux disciplines plus techniques ; Jean-Pierre Devroey, lui, est plus audacieux et, soucieux de combiner les approches, livre un ouvrage à l’architecture complexe – parfois un peu redondante, d’ailleurs. Il faut dire que dans cet ouvrage précurseur – il note n’avoir pas osé l’intituler « Géopolitique médiévale de la faim » –, Jean-Pierre Devroey défend pied à pied une position théorique risquée : réconcilier le temps de l’historien, événementiel, souvent court, et les mutations profondes, le temps long de la science paléoclimatique ou de l’archéologie. En se concentrant sur une période d’un peu moins d’un siècle autour du règne de Charlemagne (740-820), il nous livre une « microhistoire des dynamiques écologiques » qui bouscule quelques certitudes sur une époque que l’on appelait jadis la « Renaissance carolingienne ».
Rendez-vous de l’histoire. Deux ouvrages pionniers, l’un de Jean-Pierre Devroey, l’autre dirigé par Sylvie Bépoix et Hervé Richard, réinterprètent les archives médiévales à l’aune des plus récentes données environnementales.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/03/la-nature-et-le-roi-et-la-foret-au-moyen-age-les-historiens-mettent-le-moyen-age-au-vert_6014056_3260.html
mlsum-fr-1496
M Le magazine du Monde/Michel Setboun/Corbis/Guetty Dans l’épisode 3, Europe Ecologie-Les Verts a décidé de présenter son propre candidat, Sébastien Barles, à la mairie. Au grand dam de Michèle Rubirola, qui plaidait pour l’union de la gauche. Une Vierge Marie au regard fiévreux couvre l’intérieur de son avant-bras. Quelques centimètres au-dessus, on devine la silhouette massive d’une « croix de Jésus » qui court vers l’épaule. « Je vous la montrerais bien, mais mon chemisier est trop serré », s’ excuse presque Sophie Grech, manche déjà remontée jusqu’au coude. « Blonde et tatouée », comme elle se définit, cette avenante docteure en physique-chimie, sciences des matériaux et nanosciences de 34 ans, est la tête de liste du Rassemblement national dans le 8e secteur de Marseille. Ce territoire des quartiers nord, qui regroupe près de 100 000 habitants, constitue une cible prioritaire du RN aux municipales 2020. Aux élections européennes, le parti de Marine Le Pen y a fait son meilleur score marseillais : 34,12 % des votes, avec 67,44 % d’abstention. Stéphane Ravier, le leader local du RN, a même pensé s’y présenter. Mais le sénateur est resté finalement sur le secteur voisin, le 7e, théâtre de sa victoire en 2014. Pas demandeur d’un face-à-face direct avec la maire honoraire et sénatrice ex-PS Samia Ghali, qu’il aime titiller de loin au conseil municipal. « Stéphane, je l’aurais suivi les yeux fermés, regrette presque Sophie Grech. J’adhère à tous les mots qu’il prononce. » Pour ce membre de la police scientifique, le leader nationaliste ne mérite pas d’être traité de « dictateur nord phocéen », comme par certains ex-camarades, brutalement éjectés du parti. « Il est génial, juste, sympathique », décline-t-elle, sourire radieux. « C’est triste de ne pas voir une France comme dans les années 1950, ça me donne envie de pleurer. » Sophie Grech La candidate du Rassemblement national, élue conseillère régionale en 2015 sur les listes de Marion Maréchal-Le Pen, n’habite pas dans les quartiers nord. Mais elle assure en maîtriser la géographie et les problématiques. La faute, explique-t-elle, à trois années et demie passées à intervenir sur les scènes glauques de faits divers. A relever les corps des victimes de règlements de comptes – 23 morts en 2018 – avec les équipes de la PJ. Ce travail ne laisserait personne intact. La jeune maman, elle, en a tiré une certitude. « J’ai été hallucinée de voir que les personnes impliquées étaient presque exclusivement d’origine africaine ou maghrébine. » Sophie Grech en est persuadée : immigration et islamisme – « favorisés par les gouvernements successifs » – causent tous les maux de la France.
En attendant les municipales 2020, le correspondant du « Monde » raconte la bataille pour la succession de Jean-Claude Gaudin. Cette semaine, Sophie Grech (RN) veut gagner le 8e secteur.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/18/la-guerre-du-trone-a-marseille-episode-4-la-trentaine-nostalgique-de-sophie-grech_6016047_4500055.html
mlsum-fr-1497
Marie-Paule Cani, professeure à l’Ecole polytechnique et spécialiste en informatique graphique 3D, en 2015, au Collège de France, à Paris. M.P. CANI Découvrir les travaux de ce laboratoire de recherche a quelque chose de magique. Deux mains posées sur une tablette tactile se rapprochent l’une de l’autre et font pousser sur l’écran une chaîne de montagnes, respectant les règles de la géophysique et de la tectonique des plaques. Avec une souris, en quelques traits fins, un dessinateur esquisse un circuit complexe de cours d’eau, une cascade et un étang, puis, en trois dimensions, apparaît un paysage de rivières et de torrents conformes au souhait du créateur et obéissant aussi aux lois de la mécanique des fluides. Un autre « artiste », aidé d’une palette graphique, dispose à sa guise des zones particulières qui se couvrent de buissons, prairies, forêts, là aussi respectueuses des lois de l’environnement… Tout cela, et bien plus encore, est l’œuvre d’une équipe menée par une chercheuse en informatique passionnée, Marie-Paule Cani, dont les présentations fourmillent de vidéos et d’images de synthèse très réalistes. « Je veux aider les scientifiques ou les créateurs à réaliser leurs visions, tout en les libérant de la technique », résume sobrement cette professeure à l’Ecole polytechnique depuis mai 2017 et spécialiste d’une discipline méconnue, l’informatique graphique 3D. « Ce n’est pas de l’imagerie ! », se défend la chercheuse, qui a fait une bonne partie de sa carrière à Grenoble comme professeure à Grenoble INP, dans des équipes aux noms évocateurs : Evasion ou encore Imagine. Car ce qui compte dans ce mélange d’informatique, de maths, c’est l’animation des formes grâce à des modèles physiques. Si le nom de cette discipline est méconnu, les applications sont, elles, très célèbres : jeux vidéo, films d’animation ou conception par ordinateur sont particulièrement gourmands de ces techniques de représentation virtuelle réaliste et animée. Mouvement des cheveux, des tissus, de la peau, des prairies sous le vent ou génération de paysages réalistes et infinis… sont parmi les défis que Marie-Paule Cani, 53 ans, relève depuis trente ans. « Il y a encore des progrès à faire. J’ai été surprise d’apprendre par exemple que les buissons de décor sont parfois posés “à la main” par les créateurs de jeux vidéo », dit celle qui, d’un coup de pinceau magique, crée des paysages de montagnes et de forêts automatiquement. Féminisation du domaine « Enfant, j’étais bonne en tout mais, comme ma sœur aînée faisait des études de lettres, ma mère m’a aiguillée vers les sciences, se souvient Marie-Paule Cani. J’adorais les maths, que je trouvais très poétiques. » Elle intègre l’Ecole normale de Sèvres en 1984 et choisit Claude Puech comme directeur de thèse en informatique. « La synthèse d’images en informatique était assez balbutiante à l’époque et elle était considérée comme ne faisant pas partie du monde académique, rappelle ce dernier, aujourd’hui directeur scientifique de la fondation Inria. Ce côté appliqué plaisait à Marie-Paule. » « J’y trouvais un moyen de faire rentrer dans mon métier ce qui me plaisait, le dessin et la sculpture », précise l’enseignante, qui a reçu récemment un stage de sculpture comme cadeau de départ de la présidence de l’association Eurographics, deuxième plus importante en informatique graphique.
Personnalité-phare de l’informatique graphique 3D, cette chercheuse passionnée anime des formes grâce à des modèles physique... et simplifie, entre autre, la vie des créateurs de jeux vidéo.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/15/marie-paule-cani-informaticienne-creatrice-de-mondes-virtuels_5476772_1650684.html
mlsum-fr-1498
Chronique « Droit social ». Après une maladie, un salarié peut reprendre son activité dans les conditions antérieures. Mais il peut aussi demander à bénéficier d’un temps partiel pour motif thérapeutique, souvent et faussement appelé « mi-temps thérapeutique », car la durée de travail réduite peut varier. Il s’agit de permettre le retour dans l’entreprise, lorsque « la reprise à temps plein est impossible et que le temps partiel paraît être de nature à favoriser l’amélioration de l’état de santé du salarié », ou au cas où « le salarié doit faire l’objet d’une rééducation ou d’une réadaptation professionnelle pour recouvrer un emploi compatible avec son état de santé » (article L. 323-3 du code de la Sécurité sociale). Ne peuvent prétendre à ce dispositif que les salariés ayant fait l’objet d’un arrêt de travail indemnisé. Pour inciter les entreprises à y recourir, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2019 a supprimé l’obligation d’arrêt de travail « à temps plein ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Maladie grave en entreprise : comment éviter la double peine pour le salarié Les modalités du mal nommé « mi-temps thérapeutique » sont encadrées. Il doit être prescrit par le médecin traitant, qui précise le pourcentage d’activité possible. L’employeur doit établir une attestation, dans laquelle il donne son accord de principe à une reprise, la nature de l’emploi et la rémunération correspondante. La mise en place du temps partiel thérapeutique doit aussi être formalisée par un avenant au contrat de travail, réduisant – temporairement – la durée d’activité. Le salaire est versé au prorata du temps effectué, sauf convention collective prévoyant le maintien plein de la rémunération pendant un certain temps. L’attestation de l’employeur est adressée au médecin-conseil de la caisse primaire d’assurance-maladie, qui autorisera (ou pas) la prise en charge partielle du salaire manquant, au moyen des indemnités journalières de Sécurité sociale (IJSS). Depuis un décret du 20 août 2019, le calcul des IJSS suit les mêmes modalités que les IJSS versées en cas d’arrêt de travail pour maladie. Elles sont plafonnées à la perte journalière due à la réduction de l’activité. Situation kafkaïenne Dans certaines situations, le retour effectif du salarié dans l’entreprise est soumis à l’avis du médecin du travail. Même si cette étape n’est pas expressément prévue par le code de la Sécurité sociale, elle est imposée par le code du travail. C’est le cas après une absence de trente jours résultant d’une maladie non professionnelle, ou après un congé maternité. Le médecin peut, soit délivrer un avis d’aptitude à la reprise d’activité, soit établir une attestation de suivi, accompagnée d’un document annexe préconisant des aménagements de poste ou des réserves. L’employeur est tenu de reprendre le salarié à son poste en suivant les préconisations médicales.
Après une maladie, un salarié peut reprendre son activité et demander à bénéficier d’un temps partiel dont la durée peut varier. Ne peuvent prétendre à ce dispositif aux modalités très encadrées que les salariés ayant fait l’objet d’un arrêt de travail indemnisé, explique le juriste Francis Kessler dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/11/06/le-mal-nomme-mi-temps-therapeutique_6018179_1698637.html
mlsum-fr-1499
Pêcheurs sénégalais et mauritaniens après une pêche au large de Nouakchott, en janvier 2019. SEYLLOU / AFP Les farines et huiles de poisson produites en Afrique et exportées vers la Chine et l’Europe mettent en péril l’alimentation de millions d’Africains, a dénoncé, mercredi 19 juin, Greenpeace dans un rapport consacré à l’ouest du continent. L’ONG de défense l’environnement affirme avoir recensé en 2019 « 50 unités productrices de farine et d’huile de poisson opérant principalement en Mauritanie, mais aussi plus récemment au Sénégal et en Gambie », selon un rapport présenté lors d’une conférence de presse à Dakar. Lire aussi Le Sénégal et la Mauritanie signent un nouvel accord de pêche « Des centaines de milliers de tonnes de poissons sont transformées en farine ou en huile pour l’exportation au détriment d’environ 40 millions d’Africaines et d’Africains », a déclaré Ibrahima Cissé, responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique, cité dans le rapport. Ces farines et huiles de poisson servent à l’alimentation animale dans des fermes avicoles, piscicoles et porcines. « L’assiette des Africaines et des Africains doit passer avant les intérêts des élevages industriels », a ajouté M. Cissé. « Nourrir les familles les plus démunies » Greenpeace « demande aux gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest de mettre fin à l’industrie de la farine et de l’huile de poisson, une véritable menace pour les réserves halieutiques de la région », qui sont « essentielles à la sécurité alimentaire des populations locales », parmi les plus pauvres au monde. A titre d’exemple, elle estime que le poisson représente environ 70 % des apports en protéines animales au Sénégal et plus de 50 % en Gambie. « Les produits de la pêche qui bénéficiaient aux pêcheurs artisans et aux femmes transformatrices » et « permettaient de nourrir les familles les plus démunies, sont désormais exportés pour alimenter des exploitations d’animaux d’élevage », a déploré M. Cissé. Lire aussi Pour en finir avec le pillage des eaux africaines Les principales espèces menacées par ces industries sont les petits poissons, dont les sardinelles, très consommées dans la région. En 2018, la Mauritanie a exporté « une majeure partie » de sa production de farine et d’huile de poisson « vers la Chine, l’Union européenne (UE), la Turquie et le Vietnam », selon le rapport. Pour cette production, le Sénégal s’est tourné vers « d’autres pays africains et l’UE », alors que la production de la Gambie était essentiellement destinée à « la Tunisie et à l’UE », selon Greenpeace.
Maghreb, Union européenne, Turquie, Chine… la majeure partie de la production halieutique est transformée pour fournir les industriels de l’élevage.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/20/l-exportation-des-farines-et-huiles-de-poisson-menace-la-securite-alimentaire-des-africains_5478871_3212.html
mlsum-fr-1500
samedi. Bien droite dans son fauteuil, le visage impassible, presque glacial, Lioubov Sobol a la voix qui tremble légèrement, mais l’émotion est contrôlée. Pas besoin de hausser le ton, ce qui compte, ce sont les mots, les accusations précises qui fusent comme des balles. Face à l’avocate de 31 ans, Valery Gorbunov, chef de la commission électorale de la ville de Moscou depuis vingt-quatre ans. « Vous êtes un falsificateur et désormais tout le pays le sait. Votre réputation, comme celle du maire, est morte et enterrée. Vous venez de cracher sur l’opinion de millions de Moscovites, mais vous et votre bande, vous avez peur de gens comme nous, des candidats indépendants. » M. Gorbunov ne tique pas. Ce 26 juillet, cet homme discret vient d’entériner la décision d’interdire les candidatures de Mme Sobol et d’une soixantaine d’autres candidats indépendants aux élections locales du 8 septembre. Interprétée comme un déni de démocratie, l’annonce a provoqué une crise profonde au cœur de l’été. La jeune femme reprend : « Vous êtes des lâches, des faussaires, des voleurs, des escrocs et des tricheurs. Le pays entier vous connaît, maintenant. Il sait que vous avez une villa en Croatie. Vos revenus officiels ne vous permettent pas un tel achat, et ça le pays le sait aussi. Nous ne pouvons pas obtenir justice devant les tribunaux, nous ne pouvons pas obtenir justice ici, mais je suis sûre que, tôt ou tard, nous l’obtiendrons. Par les rassemblements dans les rues, par tous les moyens légaux, nous chercherons à faire reconnaître nos droits. Parce que, contrairement à vous, nous n’aimons pas la Croatie, mais nous aimons Moscou, nous aimons notre Russie. » Interpellée pour la troisième fois Succès garanti. En quelques heures, le monologue totalise 200 000 vues sur Twitter. Partout où va Lioubov Sobol, un cameraman la suit, qui diffuse ses coups d’éclat en temps réel sur les réseaux sociaux. Si l’opérateur est empêché, aucun problème, c’est elle qui tient le téléphone et se filme. La jeune femme conclut ce jour-là en appelant ses concitoyens à manifester à Moscou le lendemain, en faveur d’« élections libres ». Lioubov Sobol, à Moscou, le 29 juillet. ANASTASIA TSAYDER POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Le 27 juillet, ils sont des milliers à répondre à son appel dans les rues de Moscou mais le pouvoir ne se laisse pas faire : près de 1 400 personnes sont interpellées et des violences commises par les policiers. Le Kremlin espère ainsi en finir avec un mouvement de protestation embarrassant. Lioubov Sobol, elle, n’est pas dans la rue. Elle a été interpellée à 11 heures du matin, pour la troisième fois en deux semaines. Malgré son état de santé précaire – la jeune femme est en grève de la faim depuis le 13 juillet –, elle a tenté de fuir en taxi, avant d’être rattrapée. Elle sera relâchée le soir même, après la dispersion de la manifestation. Même scénario le 3 août lors du deuxième rassemblement. Cette fois, en plus de sa journée de garde à vue, la jeune femme, amaigrie et affaiblie, se voit infliger une amende de 300 000 roubles (environ 4 100 euros). Durant ce nouveau week-end de contestation, plus de 800 personnes seront arrêtées.
La juriste russe de 31 ans utilise son smartphone comme principal moyen de se faire entendre. Interdite de candidature aux élections du Parlement de Moscou, elle demeure en liberté avant de nouvelles manifestations prévues dans le pays, samedi.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/09/lioubov-sobol-l-intransigeante-avocate-du-peuple-russe_5498094_4500055.html