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mlsum-fr-1201
Phil Harrison, directeur de la division jeu vidéo de Google, présente la manette Stadia, en mars 2019. JOSH EDELSON / AFP Google ne perd pas le nord, mais a déboussolé les joueurs. Jeudi 6 juin, la firme de Mountain View a annoncé la sortie en novembre de son service Stadia, sous la forme d’un pack optionnel à 130 euros intégrant manette et récepteur télé, et des deux offres prévues à terme pour pouvoir y accéder. Cette prise de parole avant l’E3, le Salon du jeu vidéo de Los Angeles (du 11 au 14 juin), ancre désormais l’entreprise emblématique du Web dans la réalité du marché du jeu vidéo, avec un calendrier et une proposition commerciale concrète. Mais, paradoxalement, elle a soulevé autant d’intérêt que d’incompréhensions. Déjà un acteur écouté Sur au moins deux plans, Google aura réussi son pari. Le premier est de se positionner comme un acteur légitime d’un secteur très codifié. En recrutant largement parmi des vétérans du secteur (Phil Harrisson, Jade Raymond), en se calant dans les grands moments de la vie médiatique du jeu vidéo (vidéoconférence à la Nintendo, annonces en amont de l’E3) et en mettant en avant des suites de séries historiques (Baldur’s Gate III) et des partenaires bien implantés (Ubisoft, Electronic Arts, Rockstar, Activision Blizzard…), Stadia s’est d’ores et déjà placé non en rupture, mais en continuité avec l’industrie. La seconde victoire est celle de l’attention. Bien sûr, il est plus aisé de s’appeler Google que Shadow ou Blacknuts, deux pionniers français moins connus du « cloud gaming », quand on veut attirer à soi la lumière. Mais sa communication en plusieurs temps – annonce en mars, détails du lancement en juin – rythment déjà cette année d’actualité du secteur. Et l’E3 qui s’ouvre devrait être riche en nouvelles annonces sur la plate-forme du géant du Web. Au point, quasi miraculeux, d’occulter médiatiquement le no 1 des consoles de salon, Sony, exceptionnellement absent de cet E3. Mais c’est une chose d’être considéré comme un nouvel acteur légitime et écouté, et une autre de convaincre la population joueuse de l’intérêt de son produit. Microsoft, qui avait raté dans les grandes largeurs l’annonce de sa Xbox One, en 2013, en sait quelque chose. Or Google peine à faire passer un message compréhensible avec Stadia. A l’issue de sa vidéoconférence, de nombreux internautes avaient ainsi compris de travers le fonctionnement de son offre et ses implications, et difficile de ne pas blâmer Google lui-même. PlayStation Plus davantage que Netflix Le fournisseur de Stadia a annoncé deux offres, et c’était sûrement une de trop. La « pro », lancée en novembre à 10 euros par mois, assurera un accès au service dans les meilleures conditions techniques avec un accès gratuit à un jeu, Destiny 2. La « base », attendue en 2020, sera, elle, accessible sans abonnement et permettra de jouer en nuage dans des conditions standard. Dans les deux cas, il faudra acheter chaque jeu à l’unité pour pouvoir en profiter. Premier problème : à l’heure de l’omniprésence des offres en illimité à la Netflix, OCS, Deezer ou Spotify, difficile de comprendre à quoi servira un abonnement ne donnant aucun accès total à un catalogue. C’était ce sur quoi Google était attendu, mais les probables réticences des éditeurs l’ont obligé à revenir à un modèle mixte, finalement plus proche des services PlayStation Plus et Xbox Live Gold : pour 10 euros par mois, l’abonné achète le droit à des réductions et quelques offres découverte temporaires, pas plus. Celle-ci vise, à l’évidence, les joueurs exigeant de la 4K et un niveau de fluidité extrêmement élevé – le type même de public déjà équipé en PlayStation 4 Pro ou Xbox One X, et pour lequel une offre supplémentaire cantonnée à un seul jeu ferait difficilement sens, à part pour le plaisir de jouer sur n’importe quel écran. Les trois coloris de la manette Stadia. Google L’offre de base, lancée en 2020 plutôt qu’en 2019, semble dès lors la plus attractive. Certes, elle n’assure pas la définition d’image la plus élevée, mais elle ne suppose aucun abonnement, et permet d’accéder à ce qu’est fondamentalement Stadia : une boutique de jeu vidéo payante, mais qui fait tourner elle-même les jeux. Annoncer deux offres différentes, en mettant en avant la pro, a pu entretenir la confusion avec le modèle Netflix. A sa décharge, Google pouvait difficilement se contenter d’un type d’abonnement unique sur une technologie aussi ambitieuse et dépendante de la qualité des canaux. En segmentant l’offre par qualité d’image, et donc de type de connexion, le géant de l’Internet adapte son programme aux contraintes de chacun, et optimise ses chances d’offrir une expérience correcte à tous. Avec des interrogations persistantes sur l’efficacité de l’infrastructure actuelle et sur le coût environnemental d’un tel système. Un catalogue encore très mince Reste un dernier point de la communication de Google : le catalogue de jeu. Celui-ci comprendra une trentaine de titres au lancement, comme Dragon Ball Xenoverse 2, DOOM Eternal, Farming Simulator 3, Football Manager, la trilogie Tomb Raider, Final Fantasy XV ou encore Assassin’s Creed Odyssey. Nombre de ces jeux sont d’excellente qualité, et la promesse d’y jouer aussi bien sur téléviseur que dans son navigateur souffre peu de comparaisons avec le modèle de consommation classique. Mais aucun n’est exclusif à Stadia. Stadia propose plusieurs jeux également annoncés sur consoles classiques, se posant ainsi en alternative. Mais le service n’a pas encore d’exclusivité forte. Stadia Quiconque espérerait remplacer son support de jeu actuel par l’offre de Stadia serait, à court terme, et sur la stricte question du catalogue, plutôt perdant. A la fois pour un joueur PC, qui troquerait la quasi-exhaustivité de Steam contre une plate-forme quantitativement très limitée, que pour un joueur console, qui abandonnerait certaines des meilleures productions de ces dernières années, comme Uncharted 4 et God of War sur PlayStation 4, ou la série Forza Horizon sur Xbox One. Oui, Stadia fait bien disparaître les consoles. Mais pour l’utilisateur, il fait aussi disparaître aussi leur plus-value. Bien sûr, cette situation n’est pas amenée à se prolonger éternellement. A l’E3, bien d’autres jeux devraient être annoncés sur Stadia, et remplir progressivement son catalogue afin de lui donner plus fière allure, d’ici à 2020. Par ailleurs, Google a monté une division de production interne, qui, à terme, devrait apporter à Stadia les exclusivités marquantes dont elle a besoin. L’un dans l’autre, Stadia demeure une promesse technologique impressionnante, mais son offre commerciale autant que sa communication ont encore des progrès à faire pour convaincre les joueurs. Google donne parfois l’impression d’avoir voulu dégainer trop tôt. L’entreprise semble surtout se préparer à une adaptation lente et progressive de sa plate-forme, et travaille ses prises de parole en fonction.
ANALYSE. Google a levé le voile jeudi sur les deux offres de sa plate-forme de jeu en nuage, Stadia Pro et Stadia Base, prenant à revers tous ceux qui s’attendaient à un modèle à la Netflix.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/07/jeu-video-le-stadia-de-google-a-encore-des-progres-a-faire-pour-convaincre-les-joueurs_5472998_4408996.html
mlsum-fr-1202
L’écrivain français de fantasy Pierre Pevel, à la Foire du livre de Brive-la-Gaillarde (Corrèze), en 2016. Jean-Marc ZAORSKI « Printemps 1633, Paris dort sous un ciel étoilé. Au Louvre, Richelieu s’affaire. Son dragonnet roulé en boule sur le bureau… » En quelques mots, Pierre Pevel a happé Stéphane Marsan, le fondateur de la maison d’édition Bragelonne, dans les intrigues de cour des Lames du cardinal. « Il m’a raconté son livre comme on décrit une scène de film, se souvient l’éditeur. J’étais fasciné par ses talents de conteur. » Pourtant, quand Pierre Pevel l’avait approché quelques mois plus tôt – on est en 2003 – avec un projet de roman fantasy de cape et d’épée, il avait ­hésité. « Je lui ai dit : “Je veux écrire une histoire de mousquetaires, avec le cardinal Richelieu et des dragons” », s’amuse l’écrivain nancéien, né en 1968. Aujourd’hui florissante, la fantasy se fraie alors péniblement un chemin sur les étagères des librairies. Et le roman histo­rique piétine. Lire aussi cette critique d’un des premiers romans de Pierre Pevel, en 2001 : Les ombres de wielstadt, de Pierre Pevel 80 000 exemplaires, 14 traductions et 10 ans plus tard, la trilogie des Lames du cardinal, dont l’intégrale vient d’être rééditée (Bragelonne, 768 p., 10 €), est devenue le canon du genre. « Avant elle, la fantasy historique était assez confidentielle en France », confirme Philippe Auribeau, auteur de la maison. Depuis, Jean-Laurent Del Socorro, Grégory Da Rosa, Fabien Cerutti ou Estelle Faye ont creusé le sillon. « Je voulais utiliser l’imaginaire de la fantasy pour mettre en relief les aspérités historiques de l’époque », explique Pierre Pevel. Minutieux, il a étudié des nuits entières les détails de l’histoire pour écrire une saga certes fantastique, mais crédible. « Pierre a fait une petite erreur sur une salle de la Bastille qui n’existait pas en 1633. Il ne s’en est toujours pas remis », plaisante Stéphane Marsan. « Je fais partie d’une génération qui a regardé la télé avant de savoir lire », raconte l’auteur Bercé par les films de cape et d’épée, biberonné aux grands classiques de la fantasy anglo-saxonne comme aux Trois Mousquetaires, d’Alexandre Dumas, ce fils d’un colonel de l’armée de l’air, qui a passé une partie de sa jeunesse en Allemagne, mêle les influences dans des romans qui naviguent entre uchronie, steampunk, fantasy historique et roman feuilleton. « C’est ce qui fait sa force. Il séduit le lectorat des romans populaires, de divertissement et de genre », analyse Stéphane Marsan. Le petit écran a, lui aussi, contribué à forger son imaginaire : « Je fais partie d’une géné­ration qui a regardé la télé avant de savoir lire, raconte-t-il. J’ai vécu mes premières émotions devant le générique de Mission impossible ou des Mystères de l’Ouest. » Adolescent, il collectionne les numéros spéciaux des programmes télé américains pour connaître l’actualité des séries. « Avec Les Lames du cardinal, j’ai voulu adapter les techniques narratives des séries à la littérature. Chaque livre de la trilogie est ainsi divisé en épisodes. »
L’écrivain est aujourd’hui l’un des grands noms de la fantasy française. Ses « Lames du cardinal » sont republiées tandis qu’un recueil de nouvelles à plusieurs mains paraît en septembre.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/08/08/pierre-pevel-un-fantastique-conteur-qui-fait-ecole_5497748_3260.html
mlsum-fr-1203
Nicolas Sansu, le maire de Vierzon, sur la nouvelle place Jacques-Brel. FP En septembre 1968, Jacques Brel enregistre Vesoul, chanson promise à la postérité : « T’as voulu voir Vierzon et on a vu Vierzon. » Cinquante et un ans plus tard, ce samedi 8 juin, Vierzon (Cher) inaugure une place Jacques-Brel en plein centre-ville. Dans l’intervalle : un demi-siècle de malentendu, les Vierzonnaises et les Vierzonnais étant profondément convaincus que le chanteur se moquait de leur cité, cela à cause d’un autre vers, un peu plus loin : « T’as plus aimé Vierzon, on a quitté Vierzon » – circulez, y’a rien à voir ! Comprenne qui pourra : à Vesoul (Haute-Saône), la même chanson est plutôt vécue comme une fierté, alors que la commune est soumise à un traitement identique (« T’as voulu voir Vesoul et on a vu Vesoul. (…) T’as plus aimé Vesoul, on a quitté Vesoul »), au même titre, d’ailleurs, que d’autres villes mentionnées (Honfleur, Hambourg, Anvers, Paris…). Il existe ainsi depuis longtemps une place Jacques-Brel à Vesoul, non loin du collège Jacques-Brel. Un buste de l’artiste trône également au théâtre municipal où un Festival Jacques Brel est organisé chaque année dans le but de découvrir de nouveaux talents de la chanson. Mais à Vierzon, rien – excepté une petite rue sans charme, dans un quartier pavillonnaire excentré, baptisée du nom du chanteur quelques années après sa mort (1978). « Je ne suis pas sûr, que Brel ait fait tant de mal à la ville ; ce serait donner beaucoup de pouvoir à une chanson » Nicolas Sansu, maire PCF de Vierzon Le traumatisme est désormais « consommé », clame le maire communiste Nicolas Sansu dans son bureau, à deux pas de l’esplanade de 4 000 m² nouvellement créée. « Je ne suis pas sûr, que Brel ait fait tant de mal à la ville ; ce serait donner beaucoup de pouvoir à une chanson. La désindustrialisation a causé plus de dégâts chez nous, notamment quand Fulmen [un fabricant de batteries] a mis 300 bonshommes dehors, en 1997 », poursuit l’élu, en soulignant l’approche délibérément poétique du Grand Jacques, à la recherche d’une double allitération (en V et Z). De raillerie point, insiste également la fille de l’artiste, France Brel, attendue ce samedi pour l’inauguration de la place : « Je suis désolée pour les Vierzonnais, mais mon père n’a jamais eu l’intention de se moquer d’eux. ­Vesoul est une chanson qui parle du matriarcat, et de la façon dont certaines femmes mènent les hommes par le bout du nez, et non de l’ennui qu’on peut ressentir dans certaines villes. » Inclinaison au repli Pourquoi ce quiproquo, alors ? « Les Vierzonnais ont une mauvaise image de leur ville », répond le maire en mettant en exergue l’inclinaison au ­repli – « pour vivre heureux, vivons cachés » – supposément propre au tempérament berrichon. La méprise aurait été bien moindre si la chanson s’était appelée Vierzon (ou Vesoul-Vierzon, son titre initial, d’après l’accordéoniste Marcel Azzola), veut croire de son côté le journaliste et blogueur Rémy Beurion, auteur d’un essai sur le sujet, Ta Belgitude… Ma Vierzonitude (Aranea Editions, 2018). « Il en aurait été autrement, également, si un chanteur proche du PCF, comme Ferrat, l’avait interprétée. Or, Brel n’était pas du ­sérail. Son nom n’a jamais été un gros mot à Vesoul, à Vierzon, si », explique celui qui, en 2009, avait rallié les deux villes à bord d’un tracteur fabriqué à Vierzon dans les années 1950. Ceux pour qui la donne devrait surtout changer sont les automobilistes. Entièrement piétonnière, la nouvelle place est en effet située au croisement des nationales 20 et 76, haut-lieu de la congestion routière. La chaussée ayant été élargie à cet endroit à ­l’occasion des travaux, les bouchons devraient être moindres à l’avenir. Les conducteurs impatients ne fredonneront plus ironiquement : « T’as voulu voir Vierzon… »
Chaque semaine, Frédéric Potet sillonne la France pour relater les petits et grands événements. A Vierzon, on inaugure le 8 juin une place en hommage au chanteur belge. C’était pas gagné.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/06/08/le-jour-ou-vierzon-a-pardonne-a-brel_5473478_4497916.html
mlsum-fr-1204
Tribune. Le 16 novembre 1959, le prix Goncourt est décerné à André Schwarz-Bart (1928-2006), écrivain apparu soudainement sur la scène médiatique pour son roman Le Dernier des Justes (Seuil). Cette épopée, que d’aucuns compareront à La Légende des siècles, de Victor Hugo (1859), retrace les errances et persécutions d’une lignée de « Justes » [thème puisé dans la légende talmudique] depuis le XIIe siècle jusqu’à 1943, au seuil de la chambre à gaz. Véritable bombe dans le paysage médiatique de l’époque, ce fut aussi un moment de curée inouï, qui n’a rien à envier aux violences que l’on connaît aujourd’hui sur les réseaux sociaux. Cette fulgurance littéraire cristallise un ensemble d’événements dont nous sommes aujourd’hui les héritiers. Dans cette période de bascule des « trente glorieuses » se sont structurées des lignes de force identitaires et idéologiques qui n’ont jamais cessé de faire débat jusqu’à nos jours. Après le retour en force du général de Gaulle et l’avènement de la Ve République en 1958, la France s’enlise dans la guerre d’Algérie. Nous nous trouvons au cœur de la guerre froide entre les Etats-Unis et l’Union soviétique, avec des inquiétudes réelles ou fantasmées sur un conflit nucléaire qui pourrait embraser la planète. L’année 1959 voit le soulèvement tibétain contre la République populaire de Chine, la rupture sino-soviétique et le renversement à Cuba du président Fulgencio Batista par Fidel Castro. La peur d’une contagion cubaine dans la région n’épargne pas les territoires d’outre-mer. Des émeutes sanglantes en Martinique sont réprimées avec violence. Fin de l’éducation du mépris Cette même année, un ministère consacré à la culture est créé avec, en maître d’œuvre, André Malraux. L’irréductible Gaulois Astérix surgit comme une nouvelle promesse dans cette époque flottante où s’implante résolument la Nouvelle Vague. 1959, c’est aussi l’année où Jean XXIII, élu en 1958, supprime de l’oraison [pour les juifs du Vendredi saint] Oremus et pro perfidis Judaeis l’expression « juifs perfides », premiers pas vers le concile Vatican II (1962-1965) qui mettra fin à l’éducation du mépris avec la déclaration Nostra Aetate [sur les rapports de l’Eglise catholique avec les religions non chrétiennes, notamment la religion juive]. Au niveau démographique, la population juive française est à majorité européenne. Les juifs originaires d’Afrique du Nord ne viendront transformer le paysage urbain juif en France qu’après les accords d’Evian et l’indépendance de l’Algérie en 1962. Depuis la Libération, les survivants ou témoins du génocide n’ont pas réussi à faire entendre leur voix. Ceux qui étaient enfants durant la guerre et ceux que l’on appelle les « baby-boomeurs » ont grandi dans une atmosphère complexe, faite de silence, de culpabilité, de difficulté à communiquer, de fort désir de vivre et/ou de renverser l’ordre ancien. L’amalgame entre déportés pour faits de résistance et déportés juifs est patent.
Il y a soixante ans, le prestigieux prix littéraire couronnait le roman « Le Dernier des Justes ». Salué comme une œuvre importante de la mémoire de la Shoah, il suscitera alors une « curée inouïe », dans un contexte de rapprochement franco-allemand et de résurgence de l’antisémitisme, souligne l’historienne Malka Marcovich dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/04/en-1959-le-goncourt-d-andre-schwarz-bart-faisait-resurgir-les-zones-d-ombres-de-notre-histoire-collective_6017904_3232.html
mlsum-fr-1205
La température des personnes en provenance de RDC est mesurée pour dépister les symptômes d’Ebola, au poste frontalier de Mpondwe avec le Congo, à l’ouest de l’Ouganda, le 14 juin 2019. Ronald Kabuubi / AP Le cap des 2 000 morts a été franchi, vendredi 30 août, dans l’épidémie d’Ebola qui sévit en République démocratique du Congo (RDC), selon les autorités sanitaires congolaises. « Depuis le début de l’épidémie, le cumul des cas est de 3 004, dont 2 899 confirmés et 105 probables. Au total, il y a eu 2 006 décès », déclare le comité national multisectoriel congolais de la riposte contre Ebola dans son bulletin daté de jeudi et diffusé vendredi. « 902 personnes » ont également été déclarées guéries, selon la même source. La fièvre hémorragique Ebola, hautement contagieuse, provoque la mort d’entre 25 et 90 % des malades, selon l’organisation mondiale de la santé (OMS). Il n’existe ni traitement ni vaccin commercialisé, mais plusieurs pistes sont à l’essai. Elle se transmet par contact direct avec le sang, les sécrétions corporelles (sueur, selles, etc.), par voie sexuelle et par la manipulation sans précaution de cadavres contaminés. Déclarée le 1er août 2018, l’actuelle épidémie d’Ebola en RDC est la dixième sur le sol congolais. En treize mois, l’épidémie a touché trois provinces dans l’est de ce pays (Nord-Kivu, Ituri, Sud-Kivu). Mort d’une fillette de neuf ans en Ouganda Vendredi, la fillette congolaise de neuf ans qui avait été contrôlée jeudi positive au virus Ebola en Ouganda, en provenance de République démocratique du Congo (RDC), est morte, a annoncé une source sanitaire. En juin, trois membres d’une même famille sont morts en Ouganda après avoir contracté Ebola en RDC. Mais fin juillet, l’OMS avait déclaré l’Ouganda libre d’Ebola, aucun autre cas n’ayant été signalé entre-temps. L’épidémie en cours est la deuxième plus importante dans l’histoire de la maladie à virus Ebola après celle qui a entraîné la mort de près de 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest (Guinée, Liberia, Sierra Leone) en 2013-2014. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, arrive samedi en RDC pour soutenir la riposte contre Ebola. Il va se rendre à Goma puis à Beni, important foyer de l’épidémie. Lire notre éditorial : Ebola, urgence mondiale
Depuis le début de l’épidémie, 3 000 personnes ont contracté le virus en République démocratique du Congo, selon les autorités sanitaires qui recensent 2 000 décès et 900 guérisons.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/30/epidemie-d-ebola-en-rdc-le-cap-des-2-000-morts-est-franchi_5504549_3212.html
mlsum-fr-1206
Adèle Haenel « a tort de penser que la justice ne peut pas répondre » aux faits qu’elle dénonce. La ministre de la justice, Nicole Belloubet, a ainsi réagi, mercredi 6 novembre, au témoignage de la comédienne, qui a raconté à Mediapart avoir été victime d’attouchements et de harcèlement sexuels de la part du réalisateur Christophe Ruggia, alors qu’elle était âgée de 12 à 15 ans. Adèle Haenel avait confié à Mediapart ne pas souhaiter porter l’affaire devant la justice, laquelle « condamne si peu les agresseurs » et uniquement « un viol sur cent ». « La justice nous ignore, on ignore la justice », expliquait-elle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mis en cause par Adèle Haenel, Christophe Ruggia exclu de la Société des réalisateurs de films Des propos qui ont fait réagir la ministre de la justice, interrogée sur France Inter : « J’ai entendu ce qu’elle dit, j’ai trouvé évidemment que c’était très courageux. J’ai été choquée par ce qu’elle a dit sur la justice. (…) Moi, je pense qu’elle a tort de penser que la justice ne peut pas répondre à ce type de situations. Je pense au contraire qu’elle devrait saisir la justice, qui me semble être en capacité de prendre en compte ce type de situation. » .@NBelloubet : "Nous essayons de faciliter le dépôt de preuve. Je conseille à #AdèleHaenel d'aller en justice"… https://t.co/0qh7x5J6fQ — franceinter (@France Inter) « Poser cette question à la justice » « Nous essayons de faciliter le dépôt de preuves, a continué Mme Belloubet, notamment en permettant aux femmes de déposer plainte dans les hôpitaux, en permettant la plainte en ligne. » « Je conseillerais à Adèle Haenel d’aller en justice », a insisté la ministre. « Il y a presque une nécessité, à partir de ce qu’elle a dit, de poser cette question à la justice pour que les choses soient traitées clairement et objectivement. Elle en sortira renforcée et la situation de la personne qui est mise en cause également. » Adèle Haenel, 30 ans, s’est longuement confiée à Mediapart, qui a, de son côté, interrogé une trentaine de personnes étayant ses accusations. Christophe Ruggia, qui nie les faits, a, depuis, été exclu de la Société des réalisateurs de films. Lire notre enquête : Le toujours très difficile traitement des plaintes pour violences sexuelles Le témoignage d’Adèle Haenel lors d’une émission spéciale de « Mediapart » :
La garde des sceaux dit avoir été « choquée » par les propos de la comédienne, qui ne souhaite pas porter plainte contre le réalisateur Christophe Ruggia, jugeant que la justice « condamne si peu les agresseurs ».
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/11/06/violences-sexuelles-nicole-belloubet-conseille-a-adele-haenel-de-saisir-la-justice_6018206_3224.html
mlsum-fr-1207
Que sont-ils allés faire dans cette galère ? En organisant leur université d’été, alias « campus des territoires », à Bordeaux, samedi 7 et dimanche 8 septembre, les dirigeants de La République en marche (LRM) ont braqué les projecteurs sur une ville où la majorité part divisée, à l’aube des élections municipales de mars 2020. Le parti présidentiel a en effet investi un candidat controversé dans la cité girondine en la personne de Thomas Cazenave, délégué interministériel à la transformation publique. D’aucuns auraient préféré que le mouvement soutienne plutôt le maire sortant, Nicolas Florian (Les Républicains), un élu « macroncompatible » apprécié aussi bien de François Bayrou, au MoDem, que du premier ministre, Edouard Philippe. « On ne peut pas dire qu’Edouard était ravi de l’investiture de Cazenave, il aurait préféré qu’il s’entende avec Nicolas Florian », convient ainsi un proche de M. Philippe. « Liens nombreux » M. Florian est en effet le successeur d’un certain Alain Juppé, le mentor du chef du gouvernement, qui a quitté sa ville, en février, pour partir siéger au Conseil constitutionnel. La filiation politique partagée par les deux hommes est donc loin d’être anodine. Nicolas Florian pourrait d’ailleurs s’entretenir durant le week-end avec M. Philippe. « De façon informelle, autour d’un café ou d’un apéro, de façon amicale », glisse-t-il au Monde, ajoutant, prudent, que « rien n’est moins sûr car [leurs] agendas sont compliqués ce jour-là ». Rien n’est prévu « à ce stade », jure-t-on du côté de l’entourage du premier ministre. Mais, comme le reconnaît un proche du chef du gouvernement, « c’est compliqué d’aller à Bordeaux et de ne pas voir Florian », de par leurs positions institutionnelles respectives. François Bayrou, de son côté, l’assure tout de go : il ira rencontrer Nicolas Florian à l’occasion de ce week-end bordelais. Rien de plus normal, selon lui, dans la mesure où le premier adjoint de la ville, Fabien Robert, est un membre du MoDem. « Tout le monde sait que je soutiens Nicolas Florian et Fabien Robert, assume auprès du Monde le président du parti centriste. Quand le maire de Pau se rend à Bordeaux, il rencontre le maire de Bordeaux, et inversement. Nous sommes les deux principales villes de l’ancienne Aquitaine, nous avons des liens nombreux. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rentrée sous tensions pour La République en marche Alain Juppé lui-même, enfin, devrait aussi être présent dans la capitale girondine durant une partie du week-end. Mais on ne sait, pour l’heure, s’il a prévu de rencontrer Edouard Philippe, Nicolas Florian, voire Thomas Cazenave, le candidat officiel des « marcheurs ». Selon un de ses proches, l’ancien premier ministre continue en tout cas à regarder de près ce qu’il se passe dans la ville qu’il a dirigée quasiment sans interruption de 1995 à 2019. « Il ne laissera pas passer la campagne sans exprimer un point de vue sur sa ville », assure un de ses amis, qui ne précise pas quel candidat aura sa préférence.
Ville hôte de l’université de rentrée de LRM, la capitale de la Nouvelle-Aquitaine est le symbole des tensions entre le parti présidentiel et le MoDem aux municipales.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/06/a-bordeaux-la-majorite-continue-de-se-diviser_5507133_823448.html
mlsum-fr-1208
Le « show Medvedev » a animé le dernier US Open, comme en huitième de finale, le 1er septembre, où il avait défié la foule pour se nourrir de ses sifflets. Geoff Burke / USA TODAY Sports En six mois, Daniil Medvedev est passé du 14e rang mondial à dauphin de l’indéboulonnable trio Djokovic-Nadal-Federer et avec, du statut de Mister Nobody à nouveau héros du circuit. Plus grand monde n’ignore sa trombine espiègle, version émaciée de Quentin Tarantino, qui s’étale en « une » des magazines sportifs. Dimanche 27 octobre, à la veille du début du tournoi de Bercy, journalistes et photographes faisaient le pied de grue pour passer quelques minutes en tête-à-tête avec la révélation de la saison. Sweat à capuche rouge qui épaissit sa frêle silhouette, lui s’accommode de ce petit cirque médiatique, distribuant sourire à chacun et « merci » à la fin. « L’attitude n’est pas calculée » Pendant ce temps, son compatriote Karen Khachanov intéressait un pelé et un tondu en conférence de presse malgré son statut de tenant du titre. Les deux hommes ont le même âge (23 ans) mais en termes de charisme, il y a à peu près le même gouffre qu’entre un blobfish et un poisson-clown. « L’attitude, c’est la seule chose qui n’est pas calculée chez moi, c’est presque impossible de contrôler ses émotions. Pour le reste, il n’y a presque rien de spontané dans ma carrière… » Daniil Medvedev Daniil Medvedev – qui s’est fait surprendre d’entrée (comme Khachanov) mardi à Bercy face à Jérémy Chardy (6-4, 2-6, 4-6) – renie l’orthodoxie. A l’image proprette de MM. Federer, Nadal et Djokovic dans sa version aseptisée depuis que le Serbe tient les premiers rôles, le Russe oppose son impudence, sa désinvolture et une bonne dose de sarcasme. « L’attitude, c’est la seule chose qui n’est pas calculée chez moi, c’est presque impossible de contrôler ses émotions. Pour le reste, il n’y a presque rien de spontané dans ma carrière… », répond-il au Monde en français, lui qui a débarqué à 18 ans sur la Côte d’Azur. Cinq ans qu’il parfait sa maîtrise de la langue au Cannes Garden Center de l’ancien joueur Jean-René Lisnard, qui se veut l’anti-Mouratoglou Academy et autres pépinières à la mode. Coach, préparateur physique, équipementier, raquette, tout ou presque chez lui est « made in France ». Le Russe s’est fait un prénom à New York lors du dernier US Open où il a rapidement été désigné ennemi public numéro un. Une serviette jetée à la figure d’un ramasseur de balle qui croyait bien faire en la lui apportant, un avertissement suivi d’un jet de raquette, et un doigt d’honneur le long de la tempe diffusé au ralenti sur l’écran géant : le show Medvedev a démarré au 3e tour. L’escogriffe d’1,98 m a remis ça en huitième de finale, défiant la foule en levant les bras pour accueillir les sifflets. After facing down a hostile American crowd, Russian tennis star Danil Medvedev delivers an incredible post-match in… https://t.co/F3djokrguI — 27khv (@Bryan MacDonald) Besoin de se nourrir de l’adversité pour se transcender ? « Non, pas du tout, c’était juste dû au contexte, réfute-t-il placidement. J’ai fait une faute, le public a commencé à me siffler et je me suis dit “OK tu as été con d’agir ainsi mais tu ne vas pas perdre à cause de ça”. A partir de là, j’ai décidé de les considérer comme des adversaires que je devais battre. Sinon bien sûr c’est quand même mieux de les avoir avec soi ! » Docteur Daniil dans la vie, Mister Medvedev sur le court… Sur le circuit juniors, déjà, ses sautes d’humeur étaient légendaires, freinant longtemps son éclosion. Cette année, l’ex-bonnet d’âne a raflé le premier prix de la régularité : six finales consécutives entre juillet et octobre, série qui a pris fin à Bercy. Le dilettante qui jusqu’au printemps avait la réputation de passer à côté des gros événements, a depuis gagné deux Masters 1000 (Cincinnati, Shanghaï), et atteint la finale à Montréal et à l’US Open, où son aplomb a crevé l’écran. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Tennis : Rafael Nadal remporte l’US Open et revient sur les talons de Roger Federer Remonter deux sets à zéro en finale de Grand Chelem face à Nadal, en mettant le Majorquin à genoux – littéralement – dans le 5e set, il fallait être culotté. Et inspiré. Il le fut jusque dans son discours d’après-match, désopilant malgré la fatigue. Tant et si bien qu’à New York, le vilain se révéla être le héros de la quinzaine. « Même moi quand je vois parfois ma technique à la télé je me dis “Euh c’est assez bizarre” ! » Daniil Medvedev Parmi les joueurs de la Next Gen, on voyait plutôt un Alexander Zverev ou un Stefanos Tsitsipas s’inviter le premier au festin d’un Grand Chelem. C’est finalement le moins esthète d’entre eux qui nourrit le moins de complexes à prendre la relève. Un coup droit qui froisse les puristes avec sa préparation à la limite du swing, un revers à deux mains quelconque, des frappes très à plat, sans effets particuliers. Tout paraît trop grand, trop long, trop tendu et pourtant il met la balle dedans. « Daniil Medvedev is winning ugly but he’s winning a lot », avait efficacement résumé le New York Times dans un titre. Pas de quoi le froisser : « Même moi quand je vois parfois ma technique à la télé je me dis “Euh c’est assez bizarre” ! » Machine à faire déjouer Pas le plus beau donc, mais le plus efficace cette saison : 59 victoires depuis janvier. C’est onze de plus que Djokovic et Nadal, numéros un et deux mondiaux (le Serbe cédera son trône à l’Espagnol après Bercy le 4 novembre). « Le but était de rentrer dans le Top 10. Mais je ne veux pas m’arrêter. Je veux juste voir jusqu’où je peux aller : si c’est numéro un mondial, c’est numéro un. Si je n’y arrive pas, eh bien ça voudra dire que je ne suis pas assez fort. » Medvedev est un pragmatique. Pour lui, le tennis est un duel, rien de plus. Un cérébral qui aime transformer chaque match en partie d’échecs. S’immiscer dans la tête de son adversaire. Et jouer au jeu du chat et de la souris en déployant un jeu de contre agressif. « Plus jeune déjà, je trouvais souvent que j’avais moins d’armes que mon adversaire, donc je devais trouver des parades pour gagner le match. Encore aujourd’hui, je me dis parfois : il frappe plus fort que moi, il sert plus fort que moi… qu’est-ce que je dois faire ? Je cherche toujours la solution. » « Tout le monde demandait de la nouveauté, moi j’ai décidé de ne pas célébrer mes victoires. Pour le moment ça me fait rire. » Daniil Medvedev « Un jeu pénible », pour Wawrinka. « Un jeu désordonné mais dans le bon sens », pour Nishikori. Un jeu « très ennuyeux, trop ennuyeux », dixit Stefanos Tsitsipas, qui s’est fait battre par son aîné en demi-finale à Shanghai mi-octobre pour la 5e fois d’affilée. Les deux hommes sont fâchés depuis le tournoi de Miami en 2018. Medvedev avait reproché une pause toilettes un peu longue au Grec, qui l’avait traité de « Russe de merde » au moment de la poignée de mains. « C’est un gosse qui ne sait pas se battre », avait répliqué Medvedev, pas loin d’en venir aux mains. Il répète qu’il travaille à gommer ses états d’âme sur le court, mais on peut compter sur lui pour garder une part de folie. « J’essaie toujours d’être moi-même. Tout le monde demandait de la nouveauté, moi j’ai décidé de ne pas célébrer mes victoires. Je ne sais pas combien de temps je vais faire ça et si ça va durer toute ma carrière mais pour le moment ça me fait rire. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Stefanos Tsitsipas s’invite au banquet de Roland-Garros Il n’y a que sa maigreur qui inquiète certains observateurs. A New York, il rassura son monde en révélant son péché mignon : la pizza hawaïenne. Hérétique jusqu’au bout de la fourchette. A Bercy, Nadal et Djokovic mais pas Federer Six joueurs (Djokovic, Nadal, Federer, Medvedev, Thiem et Tsitsipas) ont déjà leur ticket pour le Masters de Londres (du 10 au 17 novembre), tournoi réunissant les huit meilleurs joueurs de la saison. Il reste donc deux places à prendre au cours du tournoi de Paris-Bercy. Djokovic et Nadal, eux, se disputent la place de numéro un mondial au terme d’une saison où ils se seront partagés les quatre trophées du Grand Chelem. Le tournoi rêvait d’un plateau en or avec Roger Federer, mais le n°3 mondial a préféré déclarer forfait lundi 28 octobre : « Je dois me ménager, car je veux jouer le plus longtemps possible sur l’ATP Tour. Je suis désolé pour mes fans français que je verrai l’année prochaine à Roland-Garros », a tenté de les consoler le Suisse de 38 ans, au lendemain de sa 10e victoire à domicile à Bâle.
Le Russe au jeu peu orthodoxe, qui était l’un des prétendants au titre du tournoi de Paris-Bercy, s’est fait surprendre d’entrée par Jérémy Chardy mardi (6-4, 2-6, 4-6).
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/28/tennis-daniil-medvedev-l-anti-heros-vous-salue-bien_6017230_3242.html
mlsum-fr-1209
Dans un établissement pour personnes âgées et dépendantes à Bordeaux, en France, en octobre 2018. REGIS DUVIGNAU / REUTERS Le nombre de seniors en perte d’autonomie, qui était de 2,5 millions en 2015, pourrait atteindre 4 millions en 2050, soit une hausse de 60 % sur la période, selon des projections de l’Insee. « Si les tendances démographiques et l’amélioration de l’état de santé se poursuivaient, la France hors Mayotte compterait 4 millions de seniors en perte d’autonomie en 2050, soit 16,4 % des seniors » contre 15,3 % en 2015, estime l’Insee dans une étude publiée jeudi. « La perte d’autonomie concerne surtout les âges élevés », notent les deux auteurs de l’étude. « Ainsi, 30,2 % des individus de 75 ans ou plus sont en perte d’autonomie, contre 6,6 % des individus âgés de 60 à 74 ans. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Vieillissement de la population en France : comment trouver 9 milliards d’euros pour financer la réforme de la dépendance Des écarts géographiques de dépendance Les auteurs de l’étude observent d’importantes disparités entre départements. En 2015, 11,6 % des personnes de 60 ans et plus étaient en perte d’autonomie à Paris, contre 20,9 % dans la Creuse, le département où le phénomène était le plus prévalent. Les départements d’outre-mer (DOM) sont également fortement touchés par la perte d’autonomie des seniors, puisque dans les DOM, « 19,1 % de seniors en moyenne, et même jusqu’à 20,6 % en Guadeloupe » sont en situation de perte d’autonomie.
Le vieillissement de la population française entraînerait une augmentation du nombre de seniors en situation de dépendance, lequel pourrait atteindre 4 millions de personnes en 2050.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/25/d-apres-l-insee-4-millions-de-seniors-pourraient-etre-dependants-en-2050_5493464_3224.html
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Le cardinal Roger Etchegaray à Espelette (Pyrénées-Atlantiques), le 26 août 2014. GAIZKA IROZ / AFP Avant qu’il ne retourne dans son cher Pays basque où il est mort mercredi 4 septembre, à Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques) à l’âge de 96 ans, le cardinal Roger Etchegaray était l’un des Français les plus connus et estimés au Vatican et dans la ville de Rome. Dans son appartement du palais San Callisto dominant le quartier populaire du Trastevere, chacun de ses visiteurs était accueilli par un chaleureux sourire qui, joint à l’accent chantant du Sud-Ouest français, n’appartenait qu’à lui, et par une invitation discrète à la chapelle, avant de passer à table. Ce n’était pas le sourire du prélat de cour auquel on vient soutirer une faveur, ni celui du diplomate calculateur, un rôle qui n’était pas spontanément le sien, mais qu’il aura si longtemps joué auprès du pape Jean-Paul II. C’était le sourire du « pasteur » qu’il n’aura cessé d’être, de sa région natale à Paris, à Marseille, enfin à Rome et dans toutes ces capitales où il se rendait pour des missions à la fois spirituelles et très politiques, conduites au nom du pape, et qui exigeaient de lui la plus grande discrétion. Article réservé à nos abonnés Lire aussi LE CARDINAL MARTY ET Mgr ETCHEGARAY EXPRIMENT LEUR ACCORD AVEC LA DOCTRINE DE L'ÉGLISE SUR L'ÉTHIQUE SEXUELLE Ce grand homme d’Eglise aura eu plusieurs vies. Celle du jeune prêtre basque, né le 25 septembre 1922, à Espelette (Pyrénées-Atlantiques), au cœur de ce pays dont il portait, à travers le monde, « la terre sous la semelle de ses souliers », dont il connaissait la foi, la sagesse et les excès et où il aimait tant se ressourcer avant d’y finir sa vie. Son enfance est marquée par la guerre d’Espagne et les premières escarmouches pour l’autonomie du Pays basque. Roger Etchegaray fait son apprentissage au contact de Léon-Albert Terrier, évêque de Bayonne, dont il est le secrétaire, puis le directeur des « œuvres » du diocèse. Intelligence et souplesse Ses qualités de pasteur et d’organisateur le font vite remarquer par l’Assemblée des cardinaux et archevêques qui l’appelle à Paris. A 40 ans, il participe comme expert au concile Vatican II (1962-1965), où il voit se métamorphoser une Eglise qui renonce à ses fastes, se définit comme « peuple de Dieu », encourage les dialogues avec le monde et les autres religions, ne condamne plus tout ce qui vient de la modernité et prend davantage en compte les besoins de l’humanité. Roger Etchegaray est à l’école de ces grands théologiens réformateurs, français et allemands (Congar, de Lubac, Rahner), qui ont fait Vatican II. Il y rencontre des figures qui le marqueront toute sa vie : Paul VI, Dom Helder Camara, Karol Wojtyla…
L’ancien président des évêques de France, très proche du pape polonais, est mort mercredi à l’âge de 96 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/09/05/le-cardinal-roger-etchegaray-ancien-ambassadeur-prive-de-jean-paul-ii-est-mort_5506569_3382.html
mlsum-fr-1211
Le rond-point serait-il propice à la révolution ? La question mérite d’être posée depuis le mouvement des « gilets jaunes », qui fêtera son premier anniversaire le 17 novembre. Ce non-lieu issu du XXe siècle, cet endroit volontairement inhospitalier, ce dispositif avant tout banal et utilitaire affiche pourtant des lettres de noblesse qui remontent à plusieurs décennies. C’est ce que montre « Logiques giratoires des révolutions », un passionnant article du numéro 14 de la Revue du crieur : dans ce texte publié pour la première fois en 2015 sous le titre « The Roundabout Revolutions » (Sternberg Press), l’architecte israélien Eyal Weizman analyse la manière dont les soulèvements se déploient spatialement. La circulation au cœur de ces mouvements L’article est accompagné d’une soixantaine de photographies. Sa réflexion part d’un cliché pris en 1980 autour du rond-point de la ville de Gwangju, en Corée du Sud, qui montre des manifestants appelant à la démocratisation de leur pays. Le mouvement fut écrasé dans le sang, mais sept ans plus tard, un soulèvement d’ampleur nationale instaurait la démocratie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Corée du Sud : le geste de réconciliation de Park Geun-hye Pendant le « printemps arabe » de 2011, deux ronds-points sont devenus des hauts-lieux de la contestation citoyenne contre les pouvoirs en place : celui de la place Tahrir au Caire, en Egypte, et celui de la place de la Perle, dans le centre de Manama, capitale de Bahreïn. « La circulation était au cœur de ces mouvements de protestations et ce à plusieurs niveaux », écrit Eyal Weizman. L’architecte constate que « les révolutions semblent avoir transformé les ronds-points en folies ». Les manifestants ont en effet inversé le sens même des ronds-points : initialement créés, au début du XXe siècle pour gérer les flux, ils sont au contraire devenus, pendant les soulèvements, des zones statiques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Gilets jaunes » : la révolte des ronds-points Pour Eyal Weizman, les futures révolutions vont devoir mobiliser « deux figures : le rond-point et la table ronde ». « Ces dispositifs politiques jumeaux doivent être entremêlés. » Pour étayer sa démonstration, il s’appuie sur la photo de la « table ronde » entre le syndicat polonais Solidarnosc et le gouvernement Jaruzelski, durant l’hiver et le printemps 1989, négociations qui déboucheront, en juin 1989, sur des premières élections partiellement libres en Pologne. D’un côté, il y a l’action transformatrice des foules qui forment des assemblées démocratiques dans la rue, de l’autre la mise en place de tables rondes par les pouvoirs publics qui créent des espaces similaires. Il s’agit dans les deux cas de traduire en actes les effets du changement social.
Le magazine qui, dans son dernier numéro se penche sur les révolutions, décrypte ces « non-lieux » devenus des hauts lieux de la contestation citoyenne.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/08/la-revue-du-crieur-decrypte-les-soulevements-par-les-ronds-points_6018427_3232.html
mlsum-fr-1212
A Clearwater, en Floride, en mai 2019. Brian Snyder / REUTERS On avait été aguiché par une enquête du New York Times. Il existerait, aux Etats-Unis, des camps capitalistes, dignes des anciennes Jeunesses communistes. Des activités d’endoctrinement estivales, financées en sous-main par les milieux ultraconservateurs, tels les frères Koch, qui détiennent une des premières fortunes de la planète, pour contrer le socialisme dont les idées fleurissent en cette précampagne présidentielle américaine. Bigre. On s’est donc décidé à aller voir de plus près pour rencontrer Juan-Pablo Casimiro, ancien professeur du Bronx, à New York, d’origine dominicaine, qui organise depuis trente ans de telles activités. Direction Miami, en Floride. On s’attendait à trouver des jeunes sur un campus verdoyant. En fait, l’adresse, avenue du Lagon Bleu, était trompeuse : le séminaire a lieu au 7e étage d’un building de bureaux, en face de l’aéroport, dans les locaux de la multinationale allemande SAP, qui finance l’affaire pour 20 000 dollars (17 600 euros). On y trouve, dans une salle de réunion silencieuse, une quinzaine de jeunes, âgés de 14 à 17 ans. Latinos, Afro-Américains, Polonais, Mexicains, Honduriens sont en train de fignoler le business plan de leur future entreprise. En ce début de vacances scolaires, effectivement, ils ne sont pas à la plage : voilà qui conforte les soupçons. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Etats-Unis : les grands groupes financent les études de leurs employés L’affaire permet de mesurer la force incroyable de l’esprit d’entreprendre américain et les atouts de la formation des jeunes. Ces derniers ont été pris un peu par surprise, le premier jour, lorsqu’on leur a expliqué qu’ils avaient une semaine pour préparer un projet, 500 dollars à la clé pour le gagnant. « En arrivant, je ne savais pas qu’on allait faire un business plan. C’est super de venir ici avec une nouvelle idée et d’essayer de la concrétiser », s’enthousiasme Allison Newkirk, 17 ans, jeune joggeuse qui veut inventer des baskets aux semelles renouvelables. « A l’école, on n’apprend pas le monde des affaires. » « Ce qui manque à l’école de ma fille, c’est d’apprendre les qualités de la vie et du business. Ce programme est phénoménal, car il comble ce manque », se réjouit Kenneth Finnerman, responsable des ressources humaines de l’entreprise informatique Kaseya, dont la fille suit le séminaire. Business plan, plan de financement, vidéo publicitaire... On entend déjà les reproches anticapitalistes. Le promoteur du projet, Juan Casimiro, a développé sept valeurs, censées accompagner les innovateurs en herbe. « Tout est possible » ; « Suis ta passion » ; « Nous sommes dans un monde connecté » ; « Sois responsable » et ne blâme pas les autres de tes échecs ; « Sois généreux » ; « Vis pour donner » ; et, enfin, « C’est maintenant ! », et pas demain. On est très loin de la brutalité monopolistique, hier du magnat du pétrole John Rockefeller, aujourd’hui des Google et Facebook. Au contraire, ces valeurs incarnent le rêve américain, celui de l’engagement, du succès, de la responsabilité et du retour à la communauté, une fois qu’on a réussi.
A Miami, des jeunes âgés de 14 à 17 ans participent à des stages leur permettant d’appréhender le monde des affaires. Ils ont une semaine pour préparer et présenter un business plan.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/01/les-camps-capitalistes-ou-le-reve-americain_5483647_3234.html
mlsum-fr-1213
Le candidat du parti au pouvoir à la présidentielle et ancien ministre de la Défense, Mohamed Ould El Ghazouani, a voté à Nouakchott, en Mauritanie, samedi 22 juin. Les Mauritaniens choisissent entre l’héritier présumé du président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz et cinq candidats de l’opposition qui croient que le président serait représenté une continuation de son règne dans ce pays d’Afrique de l’Ouest luttant contre l’extrémisme islamique Elhady Ould Mohamedou / AP Analyse. L’élection, samedi 22 juin, de Mohamed Ould Ghazouani à la présidence de la République islamique de Mauritanie, au premier tour, avec 52 % des voix, fera date. Pour la première fois depuis l’indépendance de cette ancienne colonie française, deux présidents élus vont se transmettre le pouvoir à l’issue d’un scrutin pluraliste et dès que la Cour constitutionnelle aura validé les résultats du dépouillement. L’opposition, qui refuse ce résultat, a annoncé son intention de déposer des recours, mais personne n’imagine les juges constitutionnels braver le pouvoir en place en annulant le vote ou en modifiant un résultat qui contraindrait l’ancien général à un second tour. Le soir du vote, le vainqueur n’avait pas attendu les chiffres de la commission électorale avant d’autoproclamer sa victoire. On touche ici aux limites de l’exercice démocratique en Mauritanie où, sans préjuger du bien-fondé des accusations de fraude des cinq candidats battus, le résultat du vote semblait couru d’avance. Dans ce pays profondément divisé, la classe dominante des Maures contrôle quasiment tous les leviers du pouvoir et n’entend pas les lâcher. Coûte que coûte. Mais les éléments positifs de ce scrutin tranchent dans une histoire politique marquée par les coups d’Etat. Si transition pacifique il y a, c’est parce que Mohamed Ould Abdelaziz, le chef de l’Etat sortant, n’a pas fait réécrire la Constitution afin de s’autoriser à se présenter une troisième fois. Venant d’un ancien général putschiste et récidiviste, ce n’était pas garanti. Un certain nombre de ses pairs africains ne s’embarrassent pas de ce genre de légalisme. L’opposition mauritanienne, convaincue qu’il ferait de même, a été prise de court, elle qui avait axé sa campagne sur le « tout sauf Aziz ». Autre enseignement, il y a cinq ans, l’opposition avait boycotté la présidentielle précédente, à l’exception du militant anti-esclavagiste Biram Ould Dah Ould Abeid, entachant le deuxième mandat de Mohamed Ould Abdelaziz d’un soupçon d’illégitimité, dont ce dernier n’avait cure. Cette année, les principaux opposants historiques étaient sur les rangs. Cette pluralité a permis de mobiliser près de deux électeurs sur trois. Tous ont pu mener campagne, à la hauteur de leurs faibles moyens et de leurs divisions face au rouleau compresseur du pouvoir. Ils affichent aujourd’hui un front uni – assez inhabituel – pour contester les résultats. L’avenir dira s’il peut constituer une offre alternative crédible. Mais comment ébranler le pouvoir actuel ? Le nouveau président n’est pas le clone ni la marionnette de son prédécesseur et mentor, auprès duquel il occupa les fonctions hautement sensibles de chef d’état-major puis de ministre de la défense. Il n’en demeure pas moins issu du même moule. Celui que les opposants appellent le clan « militaro-affairiste ». En d’autres termes, cette élite issue des plus puissantes tribus « maures blanches », dites beydanes, qui ont la main sur la politique, l’armée et l’économie du pays, ne laissant que des miettes aux autres communautés : « maures noires » haratines (anciens esclaves) et négro-mauritaniennes.
En Mauritanie, après l’élection du président Mohamed Ould Ghazouani, les autorités ont interdit toute manifestation, procédé à des arrestations et ont coupé Internet.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/30/les-limites-de-la-democratie-mauritanienne_5483345_3212.html
mlsum-fr-1214
Pour une bonne nouvelle, c’en est une. Alors que certains la cherchent désespérément depuis plus d’un demi-siècle, une abeille sauvage vient d’être retrouvée dans le pays diois, au cœur de la Drôme. Et quelle abeille ! Il s’agit de l’espèce vedette du célèbre naturaliste Jean-Henri Fabre (1823-1915), celle qui lui permit d’échanger avec Charles Darwin. Une espèce devenue mythique pour des générations d’entomologistes : l’abeille maçonne des hangars, c’est pourquoi elle est aussi appelée chalicodome des hangars ou Megachile pyrenaica. Dans le Vaucluse de Jean-Henri Fabre d’il y a cent cinquante ans, il s’agissait de l’un « des hyménoptères les plus abondants au mois de mai ». Si abondant qu’il était nécessaire de démolir périodiquement ses nids volumineux, construits sous les tuiles ou les poutres, au risque de voir les toitures s’écrouler ! Mais, en l’espace d’un siècle, les populations se sont effondrées, les toits sont devenus déserts et silencieux. « Lorsque j’étais petit, au début des années 1970, j’ai lu les histoires de Fabre et me suis mis en tête de reproduire ses observations avec cet insecte extraordinaire, se souvient Vincent Albouy, actuellement coordinateur d’une étude sur les abeilles mellifères sauvages à l’OPIE, l’Office pour les insectes et leur environnement. Sur mon vélo, j’ai sillonné tout l’est de l’Ile-de-France, mais pas le moindre chalicodome. » Des toits devenus déserts Cet ancien attaché au Muséum national d’histoire naturelle n’aura cessé de les rechercher, retournant sur les pas de Fabre dans le Vaucluse. Sans jamais croiser la route de ces abeilles noires, qui ont la particularité de butiner non seulement des fleurs mais aussi… les sols caillouteux pour maçonner leur nid. En 1997, le conservateur de l’ancienne demeure de Fabre, l’Harmas Jean-Henri-Fabre, à Sérignan-du-Comtat, lui indique que ces insectes ont disparu de la région dans les années 1970. En cinquante ans de recherches actives, Vincent Albouy parviendra à dénicher quelques spécimens d’une autre espèce d’abeille maçonne, celle dite « des murailles ». Mais jamais de nids vivants de l’espèce des hangars. Et ce, malgré un appel à témoin lancé en 2010. Nid de chalicodomes des hangars, près de Menglon (Drôme), en mai. PHILIPPE HAERINGER Six ans plus tard, Philippe Haeringer, installé à Saint-Roman, dans la Drôme, découvre l’appel et réalise que certaines des abeilles qu’il observe sur sa colline sont introuvables ailleurs. Ce géographe, ancien directeur de recherche spécialisé dans les mégapoles, a créé sur quelques hectares un véritable petit conservatoire naturaliste. « Je suis passé des multitudes mégapolitaines à celles des petites bêtes », résume-t-il. Parmi les 2000 espèces dont il restitue le comportement, parfois heure par heure, dans des chroniques publiées dans la revue Etudes drômoises, figurent deux abeilles maçonnes : celle des murailles et celle des arbustes, toutes deux devenues rarissimes. « Je ne voulais pas répercuter en haut lieu ma découverte, sans avoir vérifié qu’elle concernait non seulement ma modeste colline, mais le Diois tout entier », retrace Philippe Haeringer. En 2016, il publie une annonce dans le Journal du Diois et de la Drôme. Et c’est ainsi qu’il met la main sur deux « bourgades » de chalicodomes des hangars.
Des nids d’une espèce dont on avait perdu la trace ont été trouvés dans la Drôme, probablement en raison d’une plus faible utilisation de pesticides.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/18/l-abeille-maconne-des-hangars-est-revenue_5477976_1650684.html
mlsum-fr-1215
Des bergers avec leurs moutons lors d’une vente dans un bazar de Kaboul, le 10 août. ANDREW QUILTY POUR « LE MONDE » Farid Rezayi n’a attendu que vingt-quatre heures avant de revenir dans son épicerie faire remplacer les vitres. Elles ont volé en éclats sous le choc de l’explosion lors de l’attentat à la voiture piégée contre l’académie et le poste de police dans l’ouest de Kaboul, dans la matinée du 7 août. L’attaque, revendiquée par les talibans, a fait 14 morts et 145 blessés, dont une majorité de femmes et d’enfants. Lorsque l’explosion a retenti, à quelques dizaines de mètres de son magasin, le jeune homme de 20 ans était derrière son comptoir. « La poussière dans l’air m’empêchait de voir, dit-il d’un ton calme. Une fois qu’elle s’est dissipée, j’ai vu les blessés à terre. C’était le chaos. Tout le monde courait dans tous les sens. Pendant plusieurs heures, je n’entendais plus rien. J’ai eu de la chance de ne pas être dehors à ce moment-là. » Lire aussi 14 morts et 145 blessés dans un nouvel attentat en Afghanistan, la population épuisée Aujourd’hui, l’avenue qui borde le poste de police est toujours barrée. A l’ombre d’un mur de béton anti-explosions, dans la rue adjacente de l’académie, deux membres des forces spéciales afghanes se reposent. Ils ne sont pas rentrés chez eux depuis qu’ils ont été dépêchés sur les lieux de l’explosion, le 7 août. « La veille aussi [dans la nuit du 6 au 7 août], nous nous battions contre les membres de Daech » [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI], explique l’un d’eux, Mohammad Salehi, en serrant contre lui la kalachnikov pendue à son épaule. Il montre du doigt les nouveaux blocs de béton, marqués d’une croix, qui sont censés remplacer ceux détruits par l’explosion. « Il y en a dix-sept ou dix-huit, je ne sais plus », glisse-t-il, les cheveux couverts de poussière et la mine fatiguée par les nuits blanches. Les vitres du gymnase situé en face du poste de police ont volé en éclats lors de l’attaque du 7 août. ANDREW QUILTY POUR « LE MONDE » Multiplication des attentats En face des nouveaux blocs, des ouvriers vident à la pelle les décombres d’un bâtiment détruit qui accueillait jadis des services administratifs de la police. « On a rempli le trou de cinq mètres creusé par l’explosion », explique le militaire de 28 ans, qui fait beaucoup plus vieux que son âge. Il a perdu sept de ses proches depuis la chute du gouvernement taliban en 2001, dans les combats ou dans les attentats, qui se sont multipliés ces dernières semaines. Avec plus de 1 500 civils tués ou blessés dans le pays, le mois de juillet a été le plus meurtrier depuis mai 2017, selon les Nations unies (ONU). Des négociations pour aboutir à un cessez-le-feu sont pourtant en cours depuis septembre 2018 entre les talibans et les Etats-Unis, à Doha, au Qatar. Le dernier cycle de pourparlers s’est clôturé le 12 août. Le gouvernement afghan reste pour le moment exclu de ce dialogue. L’ambassadeur américain à Kaboul, Zalmay Khalilzad, chargé de conduire les discussions pour Washington, espère que ce soit « la dernière fête de l’Aïd-el-Kébir où l’Afghanistan est en guerre ». Les talibans ont pour leur part jugé « utiles » les négociations.
La recrudescence des attentats rend les Afghans sceptiques sur les négociations de paix avec les talibans et l’organisation de l’élection présidentielle le 28 septembre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/14/les-doutes-et-les-inquietudes-de-kaboul_5499232_3210.html
mlsum-fr-1216
Le premier étage d’une prochaine réforme du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche a été allumé. Le 23 septembre, le premier ministre, Edouard Philippe, en présence de Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, a reçu les rapports de trois groupes de travail destinés à éclairer le gouvernement sur une future loi de programmation pluriannuelle pour la recherche. Cette dernière avait été annoncée le 1er février devant un parterre de directeurs d’unités du CNRS, réunis pour fêter les 80 ans du premier organisme de recherche français. Mais, malgré la revendication de longue date de la communauté scientifique d’une prévision budgétaire sur plusieurs années des moyens humains et financiers, rien n’avait été dit sur la hauteur des moyens afférents et sur les réformes les accompagnant, poussant à la prudence les différents acteurs. Sur ces derniers points, il faudra encore attendre, mais des propositions sont désormais sur la table. Sans surprise, les trois rapports posent des diagnostics déjà connus, les experts qui y ont travaillé étant loin d’être les premiers à s’être penchés sur le problème. Depuis quinze ans, il y a eu, entre autres, des états généraux en 2004, des assises en 2012, un Livre blanc en 2017, un rapport d’information parlementaire de la commission des finances par les députés Danièle Hérin, Patrick Hetzel et Amélie de Montchalin en 2018… Sans compter les productions plus engagées, syndicales ou de la communauté elle-même, comme celles des collectifs Sauvons la recherche (2004), Sauvons l’université (2007), Sciences en marche (2014), RogueESR (2016). Compétition « aléatoire » Les jugements sévères sont donc à nouveau de mise pour qualifier l’état du système : « urgence à agir », « constat alarmant sur un décrochage rapide », « asphyxie financière des établissements », « trajectoire préoccupante pour l’emploi scientifique »… Plus concrètement, la France dépense 42,6 milliards de moins que l’Allemagne en R&D (chiffre 2016), et la part de la dépense publique représente 0,78 % du PIB contre 0,93 % en Allemagne. Les recrutements d’enseignants-chercheurs ont diminué d’au moins 36 % entre 2012 et 2018, alors que les effectifs d’étudiants sont en hausse de 14 %, et de 27 % pour les chercheurs dans les organismes de recherche. Le salaire des jeunes chercheurs français équivaut à 63 % de celui de la moyenne des pays de l’OCDE et est presque deux fois moindre qu’au Royaume-Uni. Les projets qui concourent pour des financements sur appel d’offres à l’Agence nationale de la recherche (ANR) ont un taux de succès très faible de 15 %, rendant « aléatoire » cette compétition. Et c’est deux fois et demie moins qu’en Allemagne. Un comble, en 2015, l’Inde a publié plus d’articles scientifiques que la France, qui se retrouve au même niveau que l’Italie, au 7e rang mondial.
Le 23 septembre, trois groupes de travail ont remis au gouvernement des propositions pour la future loi de programmation pluriannuelle.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/24/des-pistes-pour-reformer-la-recherche-publique_6012800_1650684.html
mlsum-fr-1217
Un buste d’Alfred Nobel, à Stockholm. Henrik Montgomery / AP Les spéculations sont ouvertes alors que le nom du prochain prix Nobel de la paix va être connu, vendredi 11 octobre, à 11 heures, à Oslo, en Norvège. Ce qu’il faut savoir avant la désignation du lauréat 2019. 301 candidatures, dont 78 organisations Cette année, 301 candidatures ont été soumises au comité Nobel norvégien, parmi lesquelles 223 personnes et 78 organisations. C’est un peu moins que les années précédentes (331 candidats en lice en 2018, 318 en 2017). Le record absolu remonte à 2016, avec 376 candidats. Qui sont les pressentis ? Grande favorite des bookmakers, Greta Thunberg, jeune égérie suédoise de la lutte contre le changement climatique – déjà distinguée par le « Nobel alternatif » (le Right Livelihood) et un prix d’Amnesty International –, tient la corde sur les sites de paris en ligne avant l’attribution de la prestigieuse récompense. De sa « grève » de l’école, seule, devant le Parlement suédois aux rassemblements auxquels participent désormais des millions de jeunes dans le monde, l’adolescente a, en l’espace d’un an, provoqué un électrochoc dans l’opinion publique sur la question climatique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Greta Thunberg, l’icône climatique qui déchaîne la vindicte Artisan de la réconciliation de son pays avec l’Erythrée, le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, est, lui, un des favoris des experts. Le comité pourrait aussi mettre l’accent sur la liberté de l’information à l’heure où celle-ci est l’objet d’énormes pressions dans les régimes autoritaires, mais aussi dans les démocraties occidentales. Des associations de défense des médias comme Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) sont ainsi évoquées. Autres noms qui circulent à un moment où les crises migratoires occupent toujours les devants de la scène : ceux du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et de son chef, Filippo Grandi, ou bien de l’organisation SOS Méditerranée. Comment sont désignés les candidats ? C’est dès le mois de septembre précédant la remise du prix que commencent à être soumis les noms aux différentes institutions chargées de choisir leur candidat. On ne peut pas envoyer sa propre candidature. Seules certaines personnes ou organisations sont habilitées à faire des propositions, par exemple un parlementaire, un professeur de sciences politiques, d’histoire ou de relations internationales, ou encore un ancien Nobel de la paix. Une fois la liste des candidats établie, elle reste secrète et ne peut être dévoilée que cinquante ans après la remise du prix. Qui décide de l’attribution du Nobel ? Le Parlement norvégien – les lauréats des autres prix sont sélectionnés par l’Institution académique suédoise – élit un comité composé de cinq membres. Il s’agit le plus souvent de professeurs d’université possédant une vaste expertise dans les domaines ayant une incidence sur le Nobel. Pour parvenir à s’accorder sur plusieurs noms, ils travaillent par listes successives. Lors de leur première réunion, ils procèdent à une première sélection ne conservant qu’une vingtaine de candidats. Le comité peut parfois solliciter d’autres experts pour obtenir des informations complémentaires. L’objectif est d’obtenir l’unanimité sur le ou les lauréats. Dans de rares occasions, la désignation a été faite par majorité simple. Que rapporte un prix Nobel ? Outre la reconnaissance internationale et la médaille, le prix Nobel de la paix rapporte huit millions de couronnes suédoises, soit environ 835 000 euros, au lauréat d’un Nobel. S’ils sont plusieurs, ils se partagent la somme. Cet argent sert généralement à poursuivre les recherches primées dans les domaines scientifiques ou est reversé à des associations.
Le nom du lauréat de la prestigieuse récompense va être connu vendredi matin, à l’occasion d’une cérémonie à Oslo, en Norvège.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/10/le-prix-nobel-de-la-paix-comment-ca-marche_6015014_3210.html
mlsum-fr-1218
Matteo Salvini dans la commune lombarde de Pontida, le 15 septembre. MIGUEL MEDINA / AFP Le « lieu saint » de la Ligue est un grand rectangle de pelouse longeant une route qui relie les villes lombardes de Bergame et Lecco, au pied des premiers contreforts des Alpes. C’est sur ce terrain quelconque du bourg de Pontida que l’ancien ministre de l’intérieur, Matteo Salvini, a choisi de réunir le peuple de ses partisans, dimanche 15 septembre, pour le premier grand rassemblement public depuis son éviction du pouvoir, après son coup de force raté du 8 août. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Italie, la revanche surprise du Parti démocrate Malgré le revers subi par le « capitaine », force est de constater que ses fans n’ont pas déserté : sans doute l’affluence n’a-t-elle pas atteint les 80 000 personnes annoncées par l’organisation, mais ils étaient à coup sûr plusieurs dizaines de milliers, peut-être 50 000, venus de tout le pays. Après la mise sur pied d’une coalition formée de son ancien allié, le Mouvement 5 étoiles (M5S, « antisystème »), et du Parti démocrate (centre gauche), dans le but d’éviter des élections anticipées, l’idée qu’il a commis une magistrale erreur tactique s’est installée, avec des conséquences désastreuses pour l’ensemble de la droite italienne. Pour la direction de la Ligue, il s’agit au plus vite de reprendre la main auprès de la base militante en imposant une autre narration : celle d’une alliance de bric et de broc, démocratiquement illégitime, facilitée par la « trahison » du M5S, qui s’est vendu « pour quelques fauteuils » à la gauche et à l’Europe. Le thème est martelé par chacun des orateurs qui se succèdent, tout au long de la journée. La patience, « la plus noble des vertus » Matteo Salvini, qui monte sur scène devant un auditoire chauffé à blanc – la journée a été émaillée d’incidents avec la presse, un envoyé spécial de La Repubblica ayant été agressé tandis que le journaliste Gad Lerner était la cible d’attaques xénophobes et antisémites – paraît presque apaisé. Il ouvre son discours, de façon très inhabituelle, par une citation du poète Giacomo Leopardi, pour qui la patience est « la plus noble des vertus ». Puis il incite ses partisans à l’imiter : « Ils [les membres de la nouvelle coalition gouvernementale] peuvent échapper au vote pendant un temps, mais pas à l’infini ». Suivront, en à peu près quarante minutes, des citations de l’ancienne première ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher, du constructeur italien Enzo Ferrari ou du pape Jean Paul II, ainsi que de nombreuses références à l’Eglise catholique – les signes religieux sont nettement plus présents dans l’assistance que lors des précédentes éditions.
En difficulté depuis son coup de force raté du 8 août, l’ex-ministre de l’intérieur a réuni, dimanche, plusieurs dizaines de milliers de partisans à Pontida, le berceau de la Ligue.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/16/italie-matteo-salvini-tente-le-retour-aux-sources-pour-rassurer-sa-base-et-soigner-ses-blessures_5510855_3210.html
mlsum-fr-1219
Cédric Villani lors d’un meeting durant la campagne pour l’investiture La République en marche à Paris, le 4 juillet. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Cédric Villani vient d’envoyer « une petite carte postale de vacances », s’amuse un de ses soutiens. Un encouragement destiné à galvaniser ses troupes, doublé d’un colis piégé pour Benjamin Griveaux. Dans les colonnes de Paris Match, jeudi 22 août, le député (La République en marche ; LRM) de l’Essonne prévient : il n’est plus qu’à un pas d’une candidature dissidente aux élections municipales à Paris, face au champion officiellement désigné par le parti présidentiel. « On peut se dire : “Le mathématicien respecte les règles.” Mais la liberté est une valeur familiale et personnelle importante, déclare M. Villani, qui a reçu l’hebdomadaire sur son lieu de villégiature, dans les Alpes-Maritimes. Et, depuis le début, on avait dit que la procédure de la commission nationale d’investiture était viciée. » Le lauréat de la médaille Fields ajoute, bravache : « On sent qu’il va se passer quelque chose d’important, on est sur le point de trouver la voie. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Paris, Cédric Villani pollue l’entrée en campagne de Benjamin Griveaux M. Villani ne digère pas la manière dont s’est passée l’investiture de Benjamin Griveaux, le 10 juillet. Candidat contre l’ancien ministre dans le cadre des instances du parti, le mathématicien a l’impression d’avoir joué les utilités dans un processus taillé sur mesure pour l’ex-porte parole du gouvernement. « Il a compris qu’il s’était fait instrumentaliser par Macron, il a envie de prendre sa revanche », rapporte Gaspard Gantzer, ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée et candidat à la Mairie de Paris, qui a échangé fin juillet avec lui. Refusant de se ranger derrière M. Griveaux, le candidat déçu donnait rendez-vous à la rentrée, assurant réfléchir aux « perspectives qu’il convient à présent d’ouvrir ». La date du rendez-vous est maintenant fixée : « première semaine de septembre », révèle-t-on dans son entourage. Juste avant le « campus des territoires » organisé par LRM à Bordeaux, les 7 et 8 septembre. « Les équipes de Cédric sont au travail » Peut-il encore faire volte-face et soutenir Benjamin Griveaux ? « Ce n’est pas la grosse cote », dit un proche en souriant, qui ajoute : « Les équipes de Cédric sont au travail. » « C’est bien le teasing, le désir. Les petits effets blast, c’est encore ce qu’il y a de plus efficace », confie amusé un proche. « Sa candidature est inéluctable », tranche un parlementaire parisien de la majorité. Lancé le 10 juin, le microparti du député, l’association des amis de Cédric Villani, est en tout cas prêt à l’emploi. « Cédric a dit qu’il serait loyal, je n’ai pas de raisons de douter de sa parole », assurait de son côté M. Griveaux dans Le Journal du dimanche, le 18 août. Une dissidence représenterait pour ce dernier un coup dur dans sa volonté de déloger la maire sortante (PS), Anne Hidalgo. « Même si Villani peut mordre sur l’électorat d’Hidalgo, ça affaiblirait d’abord Griveaux, qui ne pourra plus dire qu’il rassemble les “marcheurs” », note un député parisien.
Le député de l’Essonne, rival malheureux de Benjamin Griveaux pour l’investiture du parti, continue à faire monter la pression. Ses troupes donnent rendez-vous la première semaine de septembre
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/23/lrm-cedric-villani-fait-planer-la-menace-d-une-candidature-dissidente-a-paris_5501851_823448.html
mlsum-fr-1220
Passage de l’épreuve de philosophie, lundi 17 juin, à Nantes. Photononstop/Alain Le Bot C’est un rendez-vous bien connu des élèves : chaque année, l’épreuve de philosophie donne le coup d’envoi du baccalauréat. L’événement, dans un rituel bien calibré, se taille une place de choix dans les journaux télévisés, avec, à l’appui, des philosophes décortiquant le sujet de dissertation… Mais une petite révolution viendra bientôt balayer cet immuable ordonnancement : la réforme du bac, qui entrera en vigueur en 2021. L’épreuve de philosophie, sur laquelle planchent tous les élèves de série générale et technologique (à l’exception notable de la série professionnelle, 20 % des candidats), sera maintenue. Mais elle n’ouvrira plus le bal des épreuves. Elle devrait au contraire en constituer la fermeture. Faut-il y voir un déclin symbolique ? La présidente du conseil supérieur des programmes, Souad Ayada, s’est attachée à défendre l’idée inverse le 26 mai, dans les colonnes du Figaro. La « reconduction » de l’épreuve, au contraire, « atteste l’attachement du ministre de l’éducation nationale à la singularité française de l’enseignement de la philosophie ». Toutes les autres disciplines, en effet, seront évaluées au cours des années de première et de terminale dans des séries d’épreuves communes ; les deux matières choisies en spécialité par chaque élève feront l’objet d’épreuves écrites en mars de l’année de terminale – même si ce calendrier pourrait encore bouger. Seule la philosophie et un « grand oral » resteront en épreuves terminales au mois de juin. Risque de marginalisation Présentée comme une matière « universelle » par le ministre de l’éducation dès l’annonce des réformes du baccalauréat et du lycée, début 2018, la discipline traverse, en réalité, une période de questionnement existentiel. Placée à la toute fin de l’année scolaire, à une date où les élèves ont déjà validé « plus de 80 % de leur note finale », l’épreuve risque de se retrouver « marginalisée », craint Nicolas Franck, président de l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public (APPEP). « Il y aura forcément de l’absentéisme, assure l’enseignant. Notamment en filière technologique, où la philosophie représentera 4 % de la note finale, soit un peu moins qu’aujourd’hui, et 8 % en filière générale, ce qui est moins qu’en filière S actuellement. » En filière littéraire, le coefficient 7 faisait monter la part de la philosophie à 15 % de la note. « Emballée dans le beau ruban de l’épreuve universelle », celle-ci serait donc reléguée au second plan. Mais est-ce réellement une nouveauté ? Il existe depuis longtemps un décalage entre la place symbolique qu’occupe l’épreuve et son poids réel dans le parcours des élèves. De ce point de vue, la réforme du bac et du lycée serait plutôt l’achèvement d’un lent recul de la philosophie, et des humanités en général, dans le cursus des lycéens français. Comme le rappelle Bruno Poucet, historien de l’éducation et auteur d’Enseigner la philosophie. Histoire d’une discipline scolaire 1860-1990 (1999, CNRS Editions), la philosophie a bien été, à une certaine époque, « l’épreuve reine ». Mais c’était il y a bien longtemps, entre la fin du XIXe siècle et le début des années 1960. La philosophie avait alors le pouvoir de barrer l’entrée de l’université aux futurs médecins et avocats… « A cette époque, les sciences sont secondaires et plutôt réservées aux mauvais élèves, rappelle Bruno Poucet. Mais, depuis les années 1960, les sciences ont pris le dessus. La philosophie est restée l’épreuve reine dans l’imaginaire collectif, notamment parce qu’elle a une réputation de difficulté. » Parce que persiste, aussi, l’idée que la note de philosophie tombe comme un couperet, que l’on soit bon ou mauvais élève, bien préparé ou pas, en dehors de toute rationalité. Pour Frédéric Le Plaine, président de l’association d’enseignants Acireph, cette perception a fragilisé la discipline. Pour restaurer son attrait, il faudrait s’interroger sur « ce que l’on pourrait faire pour que l’épreuve soit plus juste, pour que les élèves aient moins le sentiment d’une loterie », assure-t-il. Plusieurs observateurs pointent en particulier l’épreuve de la dissertation, maintenue dans le projet de réforme. Pour Luc Ferry, philosophe et ancien ministre de l’éducation nationale, l’attachement à cet exercice qui consiste à « répondre à des questions byzantines auxquelles aucun d’entre nous n’a la moindre réponse » est directement responsable d’une notation « impossible, donc terriblement aléatoire ».
Dans la réforme du bac, qui entrera en vigueur en 2021, la philosophie devrait rester le seul écrit des épreuves de juin. Mais la discipline, naguère incontournable, a perdu de son importance.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/17/la-philosophie-epreuve-reine-du-bac-plus-tout-a-fait-reine_5477208_4401467.html
mlsum-fr-1221
En marge du G7 Finances, le 16 juillet, à Paris. ERIC PIERMONT/AFP Cravate ou pas cravate ? Pantalon de ville ou jean ? Costume ou simple veste ? La liberté vestimentaire n’est pas totale pour les hommes. Eux aussi doivent intégrer et obéir à certaines règles pour entrer dans le moule et être identifiable par leur hiérarchie. Tout est affaire de culture d’entreprise et de fonctions. Il suffit de se poster à la sortie de l’heure des bureaux dans le quartier de La Défense, à côté de Paris, ou en bas du siège social d’une grande entreprise du tertiaire, pour voir que le mimétisme du costume n’a pas disparu. Car dans certains secteurs, les règles formelles n’ont bougé qu’à la marge. Codes tacites Banque, finance, assurances, société de services imposent encore pour leurs cadres le look chic, avec chemise blanche et pantalon foncé. Le costume cravate n’est pas l’exception. « Chez les consultants, le même souci de l’apparence est partagé par les deux sexes, explique Isabel Boni-Le Goff, sociologue du travail et des genres, qui conduit des recherches sur les professions supérieures et leur féminisation. Le répertoire vestimentaire dans ses secteurs puise dans un fond de “bon goût” qui a peu évolué au fil du temps. Quand les marges de manœuvre vestimentaires sont plus souples, qui autorisent le port moins fréquent de la cravate, ou même la possibilité de s’en passer dans certaines circonstances, il est rare qu’elles remettent en question une certaine homogénéité d’image. » « Quand les marges de manœuvre vestimentaire sont plus souples, il est rare qu’elles remettent en question une certaine homogénéité d’image. » Isabel Boni-Le Goff, sociologue Dans des métiers plus créatifs ou des secteurs moins traditionnels, le carcan vestimentaire est moindre, du moins en apparence. Car paraître détendu sans être négligé relève aussi d’un savoir-faire. L’émancipation des trentenaires, adeptes du « cool », tient aussi en partie de la posture. D’une autre façon, la panoplie jean-baskets constitue un nouvel uniforme. Tout comme le casual friday, une intimation à la décontraction réservée au vendredi, où le port du chino, un pantalon de toile venu des Etats-Unis, règne. Qu’on ne s’y trompe pas, tous les salariés qui veulent faire corps avec un groupe embrassent les codes tacites de l’entreprise. Suivre les microtendances venant en général de la hiérarchie facilite une meilleure intégration. Adopter la marque des boutons de manchettes ou s’acheter la même montre que son partner dans le conseil, avoir des vêtements du label branché et adoré de son boss dans une start-up permettent d’afficher sa proximité, voire son entrée dans le même club de la réussite professionnelle.
Si la panoplie jean-baskets constitue un nouvel uniforme masculin, dans certains secteurs, le look classique chemise blanche-pantalon foncé reste la norme. Le plus important ? Savoir s’habiller comme son n + 1.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/08/23/injonctions-vestimentaires-au-travail-ou-en-sont-les-hommes_5502148_4497916.html
mlsum-fr-1222
Un rivage jonché de déchets plastiques, à Djakarta, la capitale de l’Indonésie, le 21 juin. WILLY KURNIAWAN / REUTERS Chronique. Vous trouvez les villes trop denses, trop vastes, trop peuplées ? Qu’on y étouffe, qu’on y est un peu collés-serrés, surtout par ces fortes chaleurs ? Vous n’avez encore rien vu. Dans les trente prochaines années, autant dire demain à l’échelle d’un projet urbain, deux milliards de personnes supplémentaires vont s’entasser sur la planète. La division de la population des Nations unies (ONU) a actualisé les compteurs le 17 juin : de 7,7 milliards d’humains aujourd’hui, la population mondiale va bondir à 9,7 milliards en 2050. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En 2050, nous serons 9,7 milliards d’humains L’avantage avec la démographie, c’est que c’est une science assez exacte. Ni hypothèses hasardeuses, ni scénarios catastrophe ; on ne voit pas ce qui empêchera ces projections de se réaliser. D’ailleurs, les experts sont clairs : les deux tiers de la croissance d’ici à 2050 se produiraient, même si les pays à haut niveau de fécondité descendaient immédiatement à deux enfants par femme. L’Afrique subsaharienne, qui compte pour la moitié de cet essor de l’humanité (l’autre moitié se trouve essentiellement en Asie), devrait ainsi voir sa population doubler, passant de un à deux milliards d’habitants. L’urbanisation du monde Un point commun réunit les deux milliards de Terriens à venir : ils vivront dans des villes, après y être nés ou y avoir migré, quittant une région rurale. Car l’inflation démographique de la planète se conjugue à un autre phénomène, l’urbanisation du monde ; 4,2 milliards d’urbains en 2019, 6,7 milliards annoncés en 2050… Les deux tiers de l’humanité vivront alors dans des villes, contre 55 % aujourd’hui. Les pays qui vont connaître les plus fortes croissances de leur population sont aussi pour beaucoup les plus ruraux, ceux où les infrastructures urbaines sont les moins développées, et où s’annonce un exode rural massif. Des pays d’Afrique vont voir la population de leurs villes multipliée par trois en trois décennies. L’Ethiopie, par exemple, encore à 80 % rurale, va bondir de 24 millions de citadins à plus de 74 millions. La Tanzanie ? 21 millions d’urbains en 2019, plus de 76 millions en 2050. La République démocratique du Congo ? 40 millions d’habitants dans les villes aujourd’hui, 126 millions dans trente ans. En Egypte, la population urbaine va passer de 43 à 85 millions d’habitants ; en Indonésie, de 153 à 234 millions. Les deux Etats ont en commun de vouloir créer une nouvelle capitale pour échapper à l’enfer urbain que sont devenus Le Caire et Djakarta.
Les Etats vont devoir faire face à une forte augmentation des populations urbaines, l’une des conséquences de l’inflation démographique de la planète, explique le journaliste du « Monde » Grégoire Allix.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/27/sur-les-deux-milliards-de-terriens-en-plus-en-2050-la-moitie-vivra-dans-un-bidonville_5481930_3232.html
mlsum-fr-1223
En arrière-fond, le site sidérurgique Ilva, à Tarente, photographié le 22 juillet. Pour des raisons logistiques, notamment l’accès à l’eau, l’acièrie a été placée à proximité de la ville et de sa population. TIZIANA FABI / AFP Plus de 10 000 emplois directs menacés, une ville de 200 000 habitants au bord du gouffre et, au-delà, une déflagration potentiellement dévastatrice pour l’ensemble du sud de l’Italie : l’annonce par ArcelorMittal de sa volonté de renoncer à son projet de reprise de la gigantesque aciérie Ilva de Tarente (Pouilles) est un coup terrible pour l’économie de la Péninsule, à la santé déjà chancelante. Article réservé à nos abonnés Lire aussi ArcelorMittal s’ampute lourdement pour acheter l’italien Ilva Cette décision a été rendue publique lundi 4 novembre en fin de matinée, par un courriel envoyé à l’ensemble des salariés du groupe, et signé de la directrice générale d’ArcelorMittal Italie, Lucia Morselli. Dans ce texte, le groupe sidérurgique explique que « la suppression de la protection légale qui était nécessaire à la société pour mettre en œuvre le plan environnemental sans risquer de conséquences pénales » et l’obligation de faire cesser l’activité du haut-fourneau numéro 2 avant la mi-décembre empêchent « de tenir le plan industriel, et, au-delà, d’exécuter le contrat ». « Une bombe sociale » Dans un Tweet lapidaire, publié peu après l’annonce, le responsable syndical Marco Bentivogli a résumé l’ampleur des conséquences de cette décision : « une bombe sociale » vient d’exploser à Tarente. Une réunion de crise des ministres concernés s’est tenue dans la soirée de lundi au palais Chigi, siège de la présidence du conseil, tandis qu’était annoncée pour mercredi une rencontre avec les dirigeants d’ArcelorMittal afin de chercher une hypothétique sortie de crise. Dans le même temps, la Confindustria (le syndicat patronal italien) sonnait l’alarme sur les « graves conséquences » potentielles de cette décision pour le pays tout entier. Avec ses cinq hauts-fourneaux, c’est le plus important site sidérurgique d’Europe Pensé au début des années 1960 par le gouvernement italien comme l’un des instruments du développement du sud de l’Italie, le site de Tarente est un mastodonte : avec ses cinq hauts-fourneaux qui ont permis de produire jusqu’à 10 millions de tonnes d’acier par an, c’est le plus important site sidérurgique d’Europe. Mais c’est aussi une aberration écologique, imaginée à une époque où la santé était une préoccupation très accessoire pour les pouvoirs publics. Pour de pures raisons logistiques (l’accès à la mer, des liaisons ferroviaires plus courtes), les hauts-fourneaux, partie la plus polluante du site, ont été placés à proximité – à peine 200 mètres à vol d’oiseau – du centre historique de la ville. Les enquêtes sanitaires réalisées ces dernières années dressent un tableau dramatique des conséquences de ce voisinage : avec une surmortalité de 10 % à 15 % et, chez les enfants, un taux de cancers supérieur de 54 % à la moyenne nationale, la ville de Tarente est littéralement sinistrée.
Une rencontre doit avoir lieu mercredi entre les dirigeants du groupe et les autorités italiennes pour dénouer la crise.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/05/arcelormittal-renonce-a-la-reprise-de-l-acierie-geante-ilva-a-tarente_6018066_3234.html
mlsum-fr-1224
« Les Chinois viennent de tirer les premiers en annonçant qu’ils imposeront un “contrôle social” des entreprises, utilisant la richesse des informations fournies ou demandées. » Thomas White / REUTERS Tribune. Il n’est pas besoin d’être grand clerc pour deviner que l’accumulation de données sociales, environnementales et sociétales des entreprises, à leur initiative ou dans le cadre de dispositifs publics et privés incitatifs, voire obligatoires comme en Europe, va créer une base d’informations gigantesque permettant demain aux citoyens, aux consommateurs, et plus seulement aux investisseurs spécialisés, de se prononcer au regard des bons comportements climatiques, éthiques, humains et sociaux des firmes qui sont derrière les produits. Les notations spécialisées garderont leur intérêt, mais le lien direct entre la durabilité d’une entreprise et le smartphone de tout un chacun sera simple et continu. Les Chinois viennent de tirer les premiers en annonçant qu’ils imposeront un « contrôle social » des entreprises, utilisant la richesse des informations fournies ou demandées, à rebours du mouvement pédagogique progressif et négocié qui a poussé jusqu’ici les entreprises à devoir étendre leur transparence financière à leur dimension extra-financière, désormais de mieux en mieux suivie. Nos partenaires allemands sont prêts à partager cette vision d’un passeport durable des entreprises, et il serait aisé d’y associer un suivi démocratique, réunissant les acteurs de la société civile et les acteurs économiques Certes, avec le rachat de Vigeo, les Américains ont concentré l’information financière et extra-financière entre leurs mains et s’efforcent de la standardiser selon une approche qui n’est pas celle des Européens, pourtant initiateurs du mouvement, mais qui ne parviennent pas à dégager une ligne commune.
Plutôt que de laisser Pékin dicter ses règles en matière de comportement social et environnemental des entreprises, l’Union européenne doit élaborer ses propres standards conformes aux valeurs qu’elle défend, plaident dans une tribune au « Monde » la députée (LRM) Olivia Grégoire et l’expert du développement durable Patrick d’Humières.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/12/ne-laissons-pas-la-chine-imposer-son-controle-social-des-entreprises_5509393_3232.html
mlsum-fr-1225
A Maraat Al-Nouman, après une frappe aérienne, le 3 juin. ABDULAZIZ KETAZ / AFP Les champs d’oliviers des confins nord-ouest de la Syrie, le long de la frontière avec la Turquie, sont devenus le dernier refuge des damnés d’Idlib. Ces zones reculées, tapissées de terre rouge et battues par les vents, abritent des centaines de milliers de rescapés de la campagne de bombardements menée par l’armée syrienne et son allié russe contre la dernière place forte de la rébellion anti-Assad. Sous chaque arbre ou presque, une famille a élu domicile, disposant autour du tronc le peu qu’elle a pu emporter dans sa fuite : quelques matelas, des ustensiles de cuisine, une bassine ou un seau en plastique, des sacs remplis de vêtements et parfois un ventilateur, accessoire incongru en l’absence d’électricité, ou bien une tête de bétail. Le feuillage offre un peu d’ombre et les branches permettent de tendre un fil à linge et une toile de tente, apportant un semblant d’intimité aux femmes du foyer. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au nord-ouest de la Syrie, un bras de fer entre Russie et Turquie « Cela fait vingt-cinq jours que nous sommes là, à manger des conserves de viande et quelques concombres. On a très peu d’aide, très peu d’eau, pas de pain, on doit tout acheter par nous-mêmes », se lamentait la semaine dernière Abou Ahmed Alfendi, un habitant de la province de Hama, échoué dans un camp de fortune de la région d’Atmé, à une centaine de kilomètres au nord de son village, menacé par des frappes. « Ce sera sûrement le pire Aïd de ma vie », ajoutait le père de famille, contacté par WhatsApp, en référence à la fête de la fin du ramadan, célébrée mardi 4 juin dans les zones tenues par l’insurrection – et mercredi dans celles tenues par le régime. « Un cocktail d’armes internationalement bannies » Les raids aériens des forces loyalistes contre la poche d’Idlib, un territoire dominé par le mouvement djihadiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), se sont brutalement intensifiés à la fin du mois d’avril. Cette vague de bombardements a fait voler en éclats l’accord russo-turc de Sotchi, qui, au mois de septembre 2018, avait sauvé cette région de 3 millions d’habitants d’une offensive de grande envergure. Mais ce compromis de dernière minute, prévoyant un cessez-le-feu et la mise en place d’une bande démilitarisée, séparant les secteurs insurgés des zones gouvernementales attenantes, n’a été que partiellement appliqué. Les frappes de l’aviation syrienne n’ont jamais réellement cessé et les djihadistes ont refusé de se retirer de la zone tampon, empêchant le régime de rouvrir l’autoroute Damas-Alep, vitale pour le désenclavement de la grande ville du Nord syrien.
Les civils piégés dans le dernier bastion rebelle fuient vers la frontière turque les raids aériens de Moscou et de Damas.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/04/syrie-un-aid-de-desolation-pour-les-deplaces-d-idlib_5471189_3210.html
mlsum-fr-1226
Comment ne pas se laisser miner par les angoisses du quotidien ? Comment se ­libérer de la pression sociale pour respirer à nouveau ? En se donnant comme objectif d’être plus attentif à soi, aux autres et au monde tout en réduisant l’épuisement mental, la méditation séduit sans cesse davantage. Elle est aujourd’hui partout : cours, stages et même applications mobiles lui sont consacrés. Pour les uns, elle permet de se détacher de la quête du gain ou de l’impératif de compétitivité ; pour les autres, elle contribue à détourner l’attention des causes structurelles et sociales à la racine des sentiments négatifs. La diffusion de cette pratique pourrait aussi être interprétée comme une continuité de la logique néolibérale à laquelle elle semblait initialement apporter une solution. La série de six entretiens et tribunes que nous avons publiés offre une pluralité de points de vue sur la méditation. Si vous avez manqué un épisode ou toute la série, les voici rassemblés. 1/Fabrice Midal : « Plus on dit aux gens “Soyez zen”, plus on les rend malheureux » Fondateur de l’Ecole occidentale de méditation, le philosophe explique comment cette pratique peut aider à se reconnecter au monde pour mieux affronter nos difficultés. MARION LAURENT 2/Yasmine Liénard : « La méditation m’a appris que le mal-être ne se guérit pas avec la tête mais avec le corps » La psychiatre nous explique comment et pourquoi elle a introduit la méditation dans son traitement des patients, même s’il « n’est pas simple de convaincre les confrères du bien-fondé d’une telle méthode ». MARION LAURENT 3/Noa Berger et Myrtille Picaud : « Vertu de la méditation ou tyrannie du bien-être ? » Les sociologues Noa Berger et Myrtille Picaud pensent que, si le besoin de « lâcher prise » révèle un point de rupture des sociétés néolibérales, celles-ci ont su récupérer la pratique pour en faire un « marché » de l’émotion. MARION LAURENT 4/Alexandre Jollien : « Méditer, c’est se délester de cette insatiable quête d’un gain » Pour le philosophe, la méditation ne doit pas être envisagée comme « une sorte d’orthopédie mentale », une « recette miracle pour se réconcilier avec ses imperfections ». MARION LAURENT 5/Antonio Pele : « L’engouement pour la méditation est une réponse aux exigences toujours plus aiguës du capitalisme » Professeur de droit et de libertés publiques à l’Université pontificale catholique de Rio de Janeiro et adepte de la méditation, Antonio Pele voit dans l’engouement pour cette pratique une réponse à l’accélération du néolibéralisme. MARION LAURENT 6/Kahina Bahloul : « La méditation soufie nous réunit, femmes et hommes, dans la même fraternité » Islamologue et première femme imame en France, Kahina Bahloul, elle-même soufie, explique comment la pratique méditative du soufisme dans l’islam, où femmes et hommes prient côte à côte, abolit les considérations de genre. MARION LAURENT
La méditation aujourd’hui est partout : cours, stages et même applications mobiles lui sont consacrés. Pour mieux comprendre l’engouement pour cette pratique, nous avons publié une série d’entretiens et de tribunes cette semaine. Les voici rassemblés.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/04/comment-expliquer-l-attrait-pour-la-meditation-retrouvez-les-six-episodes-de-notre-serie_5496529_4415198.html
mlsum-fr-1227
Le comédien Michel Aumont est mort, le mercredi 28 août, à 82 ans, emportant dans la tombe quelques-uns des secrets d’Harpagon, personnage moliéresque dont il est venu plaider la cause à la Comédie-Française, soir après soir, pendant vingt ans. De 1969 à 1989, et plus de deux cents fois, il a interprété le rôle de l’Avare, traquant, sous la noirceur d’un personnage honni de tous, ce qu’il restait d’humanité. Une quête à laquelle il s’est voué sans répit et sans lassitude. Interprète magistral, aux airs tranquilles de chat repu, mais dont la voix, lorsqu’elle tonnait, donnait la mesure d’une colère capable de dévaster le son feutré des salles obscures, cet acteur appartenait avant tout au théâtre. Il y était venu très jeune, se pliant au destin familial. Né le 15 octobre 1936 à Paris, son père était régisseur du Théâtre-Français. Sa mère, l’actrice Hélène Gerber, l’entraînait avec elle à Avignon ou dans les coulisses du TNP de Jean Vilar. Pourquoi faire sécession quand la scène, de toute évidence, vous appelle ? En 1956, alors qu’il a tout juste 20 ans, le jeune Michel, Prix d’interprétation du Conservatoire de Paris, entre à la Comédie-Française. Nommé sociétaire en 1965, il ne quittera la vénérable maison qu’en 1993, soit trente-sept ans plus tard et une soixantaine de pièces à son actif. Une somme qui fait de lui l’exemplaire serviteur d’une mise en scène à la française. S’il répond aux désirs des grands noms du XXe siècle (Antoine Bourseiller, Jean-Marie Serreau, Roger Blin ou encore Antoine Vitez), Michel Aumont est surtout la recrue préférée de Jean-Paul Roussillon, qui, disait-il, avait « la faiblesse ou la gentillesse » de le distribuer souvent. Avec lui, il explore Sophocle, Feydeau, Jean-Claude Grumberg, Molière de fond en comble, quand, avec les autres, il s’aventure chez Shakespeare, Labiche, Pirandello, Rostand, Claudel, Beckett, Ionesco, Harold Pinter ou Robert Pinget. A sillonner ainsi les langues et les univers, il acquiert l’épaisseur, le savoir et la maturité des maîtres. Du classique au contemporain, il peut tout jouer. Sauf les aventures trop expérimentales, qui ne l’intéressent pas. « Je ne suis pas vraiment un moderne, confiait-il à la radio en 2009. Jouer Andromaque dans un camp palestinien avec un hélicoptère qui arrive en scène, je n’y crois pas. Je suis au milieu. Ni trop ni trop peu. » Quatre Molière Entre le trop et le trop peu, le fauve s’est tapi. Quittant la Comédie-Française, Michel Aumont sort les griffes. Il enchaîne les projets. Accumule les récompenses (trois Molières décernés entre 1999 et 2007 et qui s’ajoutent à un premier, obtenu en 1993, pour Macbeth). Il devient un fidèle du Théâtre national de la colline, où Jorge Lavelli le mène vers des sommets de perversité dans Décadence, fiction retorse de Steven Berkoff (1995). Il arpente les dramaturgies contemporaines (Yasmina Reza, Serge Kribus, Yves Ravey, Jon Fosse), se produit dans le théâtre privé et met, en 2015, le point final à sa carrière avec un rôle monstre qui n’attendait que lui, sa belle gueule, sa crinière blanche et son nœud papillon : Le Roi Lear, de Shakespeare. Comédien de premier plan au théâtre, Michel Aumont a été, au cinéma, l’acteur des seconds rôles. Il n’en a jamais nourri d’amertume, sa modestie l’en empêchant autant que le plaisir qu’il avait eu à incarner des personnages de joyeux drilles, de bons gars ou de salauds. A l’ombre de ceux qui tenaient la vedette, il s’est fait connaître, à raison d’un et parfois de plusieurs films par an, auprès du grand public. « Je ne suis pas Delon, avait-il dit en 2015 dans l’émission « Entrée libre » sur France 5. Je ne suis pas surexposé, mais je ne suis pas sous-exposé. J’ai ma petite place. Ça va bien, quoi. » Une petite place qu’il était parvenu à se construire depuis le premier film dans lequel il a tourné, La Femme en bleu, de Michel Deville, en 1973, jusqu’aux derniers, Vive la crise !, de Jean-François Davy (2017), et Moi et le Che, de Patrice Gautier (2018). Touche-à-tout, Michel Aumont affirmait n’exercer que son métier. Acteur, ni plus, ni moins.
De la scène au cinéma, de la comédie au tragique, du classique au contemporain, l’ancien socétaire de la Comédie-Française disait de lui « n’être rien d’autre que ses rôles ». Il est mort, mercredi 28 août, à l’âge de 82 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/08/30/michel-aumont-serviteur-du-theatre-et-du-cinema-populaire_5504419_3382.html
mlsum-fr-1228
nine. Publié le 07 juin 2019 à 10h38 - Mis à jour le 07 juin 2019 à 15h34 Leur petit nom Les Guerrières Taegeuk. Pour leur deuxième Mondial consécutif, les Sud-Coréennes tenteront d’égaler leur performance de 2015, où elles avaient atteint les huitièmes de finale. Les coéquipières de la joueuse de Chelsea Ji Soyun seront aux prises avec la France, la Norvège et le Nigéria dans un groupe relevé. Calendrier 7 juin : France - Corée du Sud 21 heures à Paris 12 juin : Nigeria - Corée du Sud 15 heures à Grenoble 17 juin : Corée du Sud - Norvège 21 heures à Reims Historique en Coupe du monde Troisième participation, premier tour en 2003, huitièmes de finale en 2015. Classement FIFA : 14e L’équipe qui devrait jouer Kang Gaae, Kim Hyeri, Jeong Yeongha, Lim Seonjoo, Lee Eunmi, Cho Sohyun, Kang Chaerim, Ji Soyun, Lee Mina, Lee Geummin, Jung Seolbin. Le sélectionneur Yoon Deokyeo, 58 ans, est à la tête de la sélection depuis 2012. Avec lui, les Sud-Coréennes ont atteint les huitièmes de finale du dernier Mondial pour la première fois de leur histoire, après treize ans d’absence dans la compétition. L’ancien international (31 sélections), qui a participé à la Coupe du monde 1990 en Italie, est parvenu à inculquer sa culture de la défense, l’atout principal de l’équipe coréenne. Il participe à sa seconde Coupe du monde en tant que sélectionneur. Bilan de compétences Pourquoi postulez-vous ? Pour sortir du groupe et égaler ma performance canadienne en 2015 (huitièmes de finale). Quatorzième du classement FIFA, le meilleur résultat de mon histoire, je veux m’illustrer car je candidate à l’organisation de la Coupe du monde en 2023, après avoir échoué face à la France pour celle de 2019. De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? Cinquième et quatrième des deux dernières coupes d’Asie, je m’affirme comme l’une des meilleures équipes du continent. Certaines de mes joueuses se sont révélées après la victoire à la Coupe du monde féminine des moins de 17 ans en 2010, notamment Yeo Minji, désignée Soulier d’or et Ballon d’or de la compétition. Elle avait manqué le Mondial 2015 à cause d’une grave blessure et est revancharde. Si vous deviez nous donner une qualité ? Je possède des individualités de talent, comme Ji Soyun et Cho Sohyun, qui évoluent dans le championnat anglais. Je détiens également l’une des meilleures défenses des qualifications pour le Mondial, toutes confédérations confondues : en huit rencontres, je n’ai encaissé qu’un seul but (lors du nul 1-1 face à la Corée du Nord), contre trente inscrits ! Et côté défauts ? Mon manque d’expérience internationale et la jeunesse de mon effectif pourraient m’empêcher de viser plus haut qu’une qualification en huitièmes de finale. Sortir du groupe avec le pays organisateur, une nation championne du monde et le triple vainqueur de la dernière Coupe d’Afrique des nations serait déjà une superbe performance. La joueuse à suivre JI SOYUN, en cinq dates 2006 Ji Soyun fait ses débuts avec la sélection sud-coréenne à l’âge de 15 ans, à l’occasion des Jeux asiatiques. Elle devient la plus jeune buteuse de l’équipe senior durant la compétition. 2010 Elle termine deuxième meilleure buteuse de la Coupe du monde féminine des moins de 20 ans avec huit buts. Sa dernière réalisation permet à la Corée du Sud de décrocher le bronze. 2011 La meneuse de jeu passe de la ligue universitaire coréenne au club japonais de Kobe Leonessa et devient professionnelle à l’âge de 20 ans. Elle remporte trois championnats et inscrit 33 buts en 74 apparitions. 2014 Ji Soyun prend la direction de Londres et de Chelsea, où elle évolue encore aujourd’hui, et s’affirme comme l’un des meilleurs éléments du championnat. Elle est élue joueuse de l’année en Angleterre à l’issue de la saison 2014-2015, et est nommée trois fois dans l’équipe-type de la saison (2014-2015, 2015-2016 et 2018-2019). 2015 Leader de la sélection de Corée du Sud, elle participe activement à la qualification de son pays pour les huitièmes de finale lors du Mondial 2015. Elle est aujourd’hui la meilleure buteuse de la sélection avec 54 buts. Figurez-vous Marinette… … que, hasard du tirage et du destin, le match d’ouverture opposera la France à la Corée du Sud, les deux pays candidats à l’organisation de cette huitième édition de la Coupe du monde. En 2015, avant de battre leur adversaire dans les urnes, les Françaises les avaient dominées sur le terrain (victoire 3-0 en huitièmes de finale). Devant leur public, les Bleues espèrent un scénario identique. Plateau télé Le bibimbap est un plat typique à base de riz, de légumes sautés et d’un œuf pour couronner le tout. Les amateurs de viande privilégieront le bulgogi, du porc ou du bœuf mariné puis grillé. Ils pourront l’accompagner de kimchi, des légumes marinés au piment, épice incontournable de la cuisine sud-coréenne, et d’un verre de soju, un alcool de riz, la version locale du saké.
Surnom, historique, joueuse à suivre... Tout ce qu’il faut savoir sur l’équipe de Corée du Sud à la Coupe du monde féminine.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/07/coupe-du-monde-feminine-2019-coree-du-sud-groupe-a_5472804_3242.html
mlsum-fr-1229
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, en visite dans la région de Zaporizhye, le 18 juillet. AP Le scénario est invaria­blement le même, répété à l’identique, quasiment jour après jour, par un président qui n’a pas encore oublié la science de la mise en scène. Dans une ville de la province ukrainienne alanguie par la chaleur estivale, Volodymyr Zelensky, ancien comédien triomphalement élu en avril à la tête de l’Etat, convoque les notables locaux pour écouter leurs doléances et exposer ses projets. Puis le président choisit sa cible, un fonctionnaire corrompu – ses chances de se tromper sont minces – qu’il houspille avec rage jusqu’à lui faire quitter la salle : « Sors d’ici, voleur ! », « Tu enverras ta lettre de démission dès ce soir… » En coulisses, l’équipe du jeune président s’empresse de diffuser la séquence sur les réseaux sociaux : succès garanti et quelques points supplémentaires grappillés dans les sondages en vue des élections législatives, dimanche 21 juillet. Outils de campagne efficaces, ces assauts contre les officiels corrompus sont aussi l’une des rares prérogatives d’un président qui, bien qu’élu avec 73,2 % des voix, dispose de peu de pouvoirs. C’est là tout l’enjeu du scrutin législatif : s’il veut répondre à l’immense espoir qu’ont placé en lui les Ukrainiens et « renverser le système », M. Zelensky, 41 ans, doit obtenir une majorité parlementaire qui lui permette de former un gouvernement. Le pari paraît à portée de main : son parti, Serviteur du peuple, frôle les 50 % d’intentions de vote. Le score est phénoménal, mais à cause de sa faible implantation locale, il devra probablement chercher un partenaire de coalition. « Il a endossé le costume » La campagne, largement menée sur les réseaux sociaux et à coups de slogans attrape-tout, ressemble à une redite de la présidentielle. Elle en est même le « troisième tour », selon les conseillers du président. Le nom du parti présidentiel est tout simplement celui de la série télévisée qui a rendu Volodymyr Zelensky infiniment populaire, dans laquelle l’humoriste incarnait un simple professeur propulsé président. Le programme n’a pas changé non plus : fin de l’immunité des élus, amnistie fiscale, réforme judiciaire, libéralisation de l’économie, e-gouvernement… Pour l’heure, ces projets censés faire diminuer la corruption et assainir le système politico-mafieux ukrainien dorment au fond des tiroirs de l’administration présidentielle, et le Parlement sortant n’a montré aucune envie de coopérer avec le nouveau président. Il n’empêche, derrière cette paralysie un peu chaotique – « les bureaux de l’administration présidentielle sont en grande partie vides ; les équipes sortantes sabotent tous les projets », confie une source –, se dessine d’ores et déjà le style Zelensky.
Son parti frôle les 50 % d’intentions de vote dans l’élection prévue ce dimanche, où il veut obtenir une majorité parlementaire pour gouverner.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/20/ukraine-zelensky-mise-sur-le-coup-d-eclat-permanent-pour-remporter-les-legislatives_5491618_3210.html
mlsum-fr-1230
La Tour Eiffel vue depuis la place du Trocadéro, à Paris. GONZALO FUENTES / REUTERS Pour nombre de voyageurs, un séjour dans un pays lointain est synonyme d’évasion et d’aventure. Mais parfois la découverte vire au choc des cultures, jusque dans ses fondements intimes. Ce mal, baptisé « syndrome du voyageur », peut aller du simple sentiment d’étrangeté à la bouffée délirante. Il frappe notamment certains touristes en Inde, à Jérusalem ou encore à Florence. A Paris, ce sont les Japonais qui sont les plus enclins à souffrir de troubles psychologiques liés à leur découverte de la ville. Dans l’imaginaire collectif, Paris est le symbole du romantisme, du luxe, de l’élégance, de la mode. C’est particulièrement vrai au Japon où les médias continuent à véhiculer cette représentation fantasmée de la France, notamment de sa capitale. Olivier Bouchaud, chef de service de la consultation de médecine du voyage de l’hôpital Avicenne (AP-HP) à Bobigny (Seine-Saint-Denis), explique qu’il a déjà vu des cas de Japonais arrivant « avec une représentation “romantisée” de Paris » se confronter à la réalité de la ville, sa circulation chaotique, « les gens pressés qui se bousculent », quand les Tokyoïtes sont a priori habitués à se croiser sans heurt sur des carrefours pourtant bien plus fréquentés : « Certains sont tombés de tellement haut qu’ils ont fait des bouffées délirantes ou des syndromes dépressifs aigus de déception. » « Il y a une fascination pour la France, mais la vivre, c’est autre chose. L’imaginaire parfois est bien tendre », confirme Olivia Goto-Gréget, psychologue clinicienne à Paris. Cette psychanalyste reçoit chaque semaine une quinzaine de patients japonais qui présentent des désordres psychologiques, de degrés différents, liés à leur difficulté d’adaptation, quelle que soit la durée de leur séjour. « Une entité admise » Si certaines situations peuvent à première vue sembler anodines, elles ont parfois des conséquences psychologiques bien réelles. « En France, on se fait la bise, les gens posent des questions intimes. Au Japon, à la première rencontre, on se tient à distance et on ne parle pas de politique, c’est vulgaire, ça les met mal à l’aise. » Pour la psychologue, ce différentiel culturel peut être très mal vécu par les Japonais dont les codes sociaux sont aux antipodes des codes français. « Ils craignent le jugement, l’opinion de l’autre, l’idée de perdre la face ou pas », à la différence de Français plus facilement chamailleurs et narquois. Certains visiteurs japonais, ne maîtrisant pas le français, peuvent se laisser aller à « penser qu’on dit du mal d’eux », poursuit Olivia Goto-Gréget. Par exemple, « au Japon, le client, c’est un dieu ! Le service est exemplaire, le client est tout de suite servi. En France, l’expérience est parfois très violente, ils ne comprennent pas l’attitude des Français et ne peuvent pas s’exprimer » pour extérioriser leur frustration. La psychologue se rappelle l’histoire de « ce touriste qui ne sortait plus de sa chambre d’hôtel depuis trois jours, persuadé de devoir déchiffrer un code. Il se croyait victime d’une conspiration visant à l’éliminer. Il regardait les informations en boucle mais ne comprenait pas ce qui se disait. » Le touriste a été interné avant d’être rapatrié au Japon. Lire aussi Ces syndromes qui frappent les touristes étrangers Néanmoins, tempère Olivier Bouchaud, « on est là dans des situations extrêmes et rares ». Les spécialistes ont constaté que les patients atteints de « syndrome du voyageur » d’une telle ampleur présentaient une prédisposition, le voyage ayant servi de déclencheur. Pour Olivia Goto-Gréget, certains ont pu avoir des « maladies latentes » qu’ils « n’auraient pas développées au Japon parce qu’ils s’y sentent en sécurité ». Si ce syndrome existe toujours, il tend à s’amoindrir du fait d’une meilleure circulation de l’information (Internet, réseaux sociaux…). A ce jour, aucune recherche approfondie ne permet de quantifier le nombre de personnes touchées, d’autant que ce syndrome n’est pas reconnu par la communauté scientifique : « Dire qu’il s’agit d’une entité scientifique complètement reconnue serait excessif. C’est une entité admise. Chaque cas étant très différent, quantifier le phénomène est impossible », explique le professeur Bouchaud. Selon Olivia Goto-Gréget, ce syndrome risque, cependant, de perdurer car les Japonais sont nombreux à venir en France, notamment pour les études ou le travail, la France demeurant la première destination touristique européenne des Japonais – ils étaient près de 500 000 en 2018. A chacun son syndrome Paris n’est pas la seule destination pouvant mettre à mal la santé mentale de certains de ses hôtes. D’autres villes et pays emblématiques ont aussi leur syndrome. Au début des années 1980, la psychiatre italienne Graziella Magherini a ainsi recensé une centaine de cas à Florence de touristes bouleversés par des émotions extrêmes face à la beauté des œuvres et des monuments de la ville. Nommé « syndrome de Florence » ou « de Stendhal » (l’écrivain français avait décrit un état d’euphorie dans son récit de voyage Rome, Naples et Florence), il s’agit de « manifestations euphoriques qui peuvent aller jusqu’à des bouffées délirantes. Quelqu’un qui brutalement se met à devenir complètement exubérant, avec un syndrome maniaco-dépressif bipolaire », explique Olivier Bouchaud. Quant au « syndrome de Jérusalem », il s’agit « d’un délire mystique. Les gens se prennent pour un prophète ou Jésus, quelqu’un qui a une mission », selon Olivia Goto-Gréget. Le « syndrome de l’Inde », lui, touche particulièrement les Occidentaux. De nombreux cas passionnants sont décrits par le psychiatre Régis Airault, en poste pendant plusieurs années au consulat de Bombay, dans son livre Fous de l’Inde (Payot, 2000). Olivia Goto-Gréget confirme que « les Français ont beaucoup décompensé en Inde, notamment par rapport à la présence de la mort », dans un pays où il n’est pas rare de voir des cadavres flotter dans le Gange ou être brûlés sur des bûchers. A noter que les expatriés ne sont pas exempts de manifestations délirantes lors de leur retour dans leur pays d’origine. La phase de réadaptation peut être plus ou moins longue et douloureuse selon la durée du séjour à l’étranger et selon le différentiel culturel entre les deux pays : il s’agit du « syndrome du retour » ou « de l’expatrié ».
Parmi les millions de personnes qui voyagent chaque année, le choc de la découverte peut devenir un choc psychologique.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/29/syndrome-du-voyageur-voyager-un-peu-beaucoup-a-la-folie_5494692_3224.html
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ALASTAIR PIKE / AFP Facebook a encouragé des développeurs à concevoir des applications mobiles sur sa plateforme avant de faire pression sur eux pour qu’ils achètent de la publicité sur le réseau social ou lui remettent les données de leurs utilisateurs. C’est ce qui ressort de 7 000 pages de documents datés de 2011 à 2015 qu’un journaliste d’investigation indépendant, Duncan Campbell, a remis à plusieurs médias, dont Computer Weekly (presse informatique) et NBC News (chaîne de télévision américaine). Parmi ces documents figurent 4 000 pages de communications internes (emails, présentations, etc.). Plus de 1 200 sont estampillées « hautement confidentiel ». « Les documents que nous avons publiés révèlent comment Mark Zuckerberg et son équipe de direction ont trouvé des moyens de se servir des données des utilisateurs de Facebook – y compris des informations personnelles sur leurs amis, leurs relations et des photos – pour faire pression sur ses partenaires », a tweeté Duncan Campbell, mercredi 6 novembre. The docs we have published reveal how Zuckerberg, along with his board and management team, found ways to tap Faceb… https://t.co/PrQgozMjnm — dcampbell_iptv (@Duncan Campbell) « Facebook a donné à Amazon un accès privilégié aux données des usagers » Les documents, mis à disposition sur Internet mercredi, proviennent d’un dossier sous scellés d’un tribunal californien, dans le cadre d’une action en justice menée par Six4Three, un ancien éditeur d’applications qui accuse Facebook de l’avoir ruiné, comme d’autres éditeurs, en coupant son accès aux informations personnelles. Lire aussi De nouveaux documents détaillent le lobbying de Facebook M. Campbell a encore expliqué : « Facebook a donné à Amazon un accès privilégié aux données des usagers parce qu’il dépensait beaucoup d’argent en publicité sur le réseau. Mais des rivaux ont été écartés. Les documents révèlent que l’appli MessageMe s’est vu couper son accès aux données parce qu’elle était devenue trop populaire et faisait de la concurrence à Facebook. » Le géant américain des réseaux sociaux a vu les fronts judiciaires se multiplier aux Etats-Unis depuis cet été, comme d’autres entreprises de la Silicon Valley (Google, Amazon, Apple...). Début juin, la commission judiciaire de la Chambre des représentants a annoncé l’ouverture d’une enquête, soutenue par des élus des deux partis, sur « la concurrence sur le marché numérique ». Au niveau fédéral, une vaste investigation sur d’éventuelles pratiques anti-concurrentielles des grands groupes technologiques a été lancée fin juillet par le ministère de la justice. En parallèle, 45 Etats américains enquêtent depuis octobre sur la gestion des données personnelles et les pratiques commerciales de Facebook. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Antitrust : la pression monte d’un cran sur Google, Apple, Facebook et Amazon
Le réseau social américain est accusé d’avoir fait pression sur des partenaires pour qu’ils achètent de la publicité.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/11/07/une-fuite-de-documents-revele-des-pratiques-anti-concurrentielles-de-facebook_6018318_4408996.html
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Aline Zalko pour M Le magazine du Monde C’est à peu près l’été et les réseaux sociaux, avec leur philosophie du « do it yourself », viennent au secours de ceux qui cherchent, par exemple, le mode d’emploi pour « bronzer moderne ». Les cinq millions et quelques d’occurrences du hashtag tanning (« bronzage », en VF) devraient aider à se préparer le teint hâlé de la saison. Quoique… Les fans de #tanning sont-ils fiables ? Parmi eux, il y a les accros à l’autobronzant. On les reconnaît à leur délicate teinte Casimir, une nuance orange vif proche de la chips au cheddar mature à l’oignon, voire à l’échalote. Le parfum du produit est plus proche de celui d’un égout à produits chimiques que de l’arôme d’un bon paquet de snacks aux pommes de terre, mais heureusement Instagram n’est pas – encore – en odorama. Ambiance « gigot prêt à saisir » Quant à son flacon, suivant une règle marketing aussi tacite qu’obscure, il se doit d’être voyant, très Barbie à Malibu. Le genre de chose que l’on préfère planquer dans un tiroir de la salle de bains, derrière la boîte de tampons qui est bien moins gênante. Cela dit, ces gens au teint « cheddar » affichent un air heureux qui laisse perplexe. L’autobronzant aurait-il un effet sur les neurones ? Par ailleurs, les adeptes du #tanning sont souvent atteints du « syndrome de la cuisse huilée » : ils adorent faire des selfies de leurs cuisses luisantes de produit bronzant, ambiance « gigot prêt à saisir ». L’ennui, c’est que, dans cette position avantageuse (elle allonge visuellement la jambe courtaude), on se cuit d’abord les genoux. Puis vient le dessus de la cuisse. On se retrouve avec des jambes saisies dessus, mais pas dessous, comme dans une cuisson à l’unilatérale qui empêchera de dormir sur le ventre ou de pratiquer la génuflexion (quel que soit son usage) pendant une semaine. Enfin, tout cliché #tanning 2019 qui se respecte est accessoirisé. Oreillettes en tout genre, fils de casque sur la poitrine, montre de sport : on est bronzé mais connecté. Et on se fait des motifs de bronzage 2.0, qui n’excluent pas la bonne vieille trace de maillot, surtout cette saison, où les modèles ultraéchancrés sont à la mode. Le mieux ? Avoir le lobe d’oreille blanc pour montrer qu’on a les oreillettes Apple même quand on ne les porte pas. Quant aux petits malins qui ajoutent le #tanning à des photos de chats ou de chiens alanguis au soleil, sachez que la bestiole glisse systématiquement un regard consterné sur son humain obsédé par l’idée de changer de couleur de peau. Message (pas tellement) subliminal : « Range ce téléphone et marche à l’ombre. »
Les accros des réseaux sociaux ne cessent de mettre en scène leur vie à coups de hashtags et de selfies, lançant la tendance (ou pas). Cette semaine, les bronzés 2.0.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/26/tanning-ou-les-joies-du-bronzage_5481739_4500055.html
mlsum-fr-1233
Premier jour C’est le début de l’été, je viens de terminer mon BTS et j’ai besoin d’argent. Mon cousin travaille au supermarché de notre petite ville, il transmet mon CV. C’est la première fois de ma vie que je deviens caissière, mais ça me plaît, c’est tranquille comme emploi, et cela me permet de payer mon permis. Ça m’est égal de ne pas être en vacances, les cadences sont importantes, je n’ai pas le temps de m’ennuyer ni de regretter mes amis, je suis assez solitaire de toute façon. Et puis je cherche à oublier cette rupture douloureuse que je suis en train de vivre. Je me suis séparée de mon premier amoureux, à l’âge où on n’a rien vécu, où on pense qu’on ne vivra plus rien et que c’est la fin du monde. Je remarque vite ce client qui vient tous les jours avec son copain pour acheter une bière ou des paquets de chips. A chaque fois, il passe à ma caisse, me fait des sourires, et des phrases bateau, il a l’air timide. « Salut, ça va ? – T’es encore en vadrouille ? » lui ai-je répondu, guère plus inspirée. On n’a pas vraiment le temps de discuter : il y a souvent la queue derrière lui. Un jour, son ami vient tout seul : « Tu sais, Yann, il t’aime bien. » Ça me touche, me redonne confiance en moi. Je le trouve beau. Il n’est pas très grand, brun, les cheveux courts, tatoué sur les mains et les bras, musclé sans être bodybuildé, des dents droites et des boucles d’oreilles. C’est un été de canicule, il passe sa vie en polo Ralph Lauren col relevé, Ray-Ban sur la tête – mec classe un peu bad boy, parfait pour se changer les idées. Je vois que je lui plais, mais il n’ose pas trop me parler. Il vient avec son chien aussi, un chiot berger allemand, j’adore les animaux, à chaque fois je dis bonjour au chien pour pouvoir échanger avec lui aussi. On se tourne autour, j’attends qu’il me propose un verre, mais ça ne vient pas. Le 14 juillet, il est encore à ma caisse. Je lui demande : « Tu vas au feu d’artifice à côté du lac ce soir ? » Je ne lui laisse pas le temps d’hésiter : « Tu viens me chercher tout à l’heure et on y va ? » Je me surprends de mon audace à l’alpaguer, alors qu’il est là, planté au milieu des portes automatiques du supermarché qui ne peuvent plus se refermer. Dans le reste de la file, les clients m’observent, amusés, d’un air de « elle est bien entreprenante celle-là ». Je finis à 13 heures ce dimanche-là, il m’attend sur le parking du supermarché. Il y a une friterie et des chaises en plastique. On reste là, on enchaîne les cornets, les canettes, les discussions sur son chien et mes chats. Il fume des joints, il a 29 ans, habite la même ville que moi, n’a pas envie de travailler, il passe du chômage aux vacances, mais je ne le juge pas, il a une façon de parler assez charmante.
S’aimer comme on se quitte : deux jours dans la vie des amoureux. Le premier parce que tout s’y joue, le dernier parce que tout s’y perd. A chacun de deviner ce qui s’est passé entre-temps. Cette semaine, Caroline, 25 ans, raconte.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/06/07/j-ai-un-couteau-dans-les-mains-c-est-lui-ou-moi_5473278_4497916.html
mlsum-fr-1234
Le chef d’orchestre Antonio Pappano et la mezzo Joyce DiDonato. JOYCEDIDONATO.COM Les bourrasques de la tempête Miguel n’ont pas découragé les nombreux mélomanes qui se pressaient au deuxième concert du Festival de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), dont l’édition 2019, qui a lieu jusqu’au 3 juillet, fête le cinquantenaire. Un événement qui convoque pour la première fois l’orchestre romain de l’Académie nationale Sainte-Cécile sous la direction de son chef, Antonio Pappano, aux côtés de la chanteuse star, Joyce DiDonato, dans la rarissime Giovanna d’Arco (Jeanne d’Arc), de Rossini. Lire la rencontre (en septembre 2014) : Joyce DiDonato, la diva Yankee Comme sa consœur Cecilia Bartoli, la mezzo américaine a déjà interprété (notamment sous la direction de James Levine, en octobre 2013 au Carnegie Hall de New York) cette cantate dramatique pour voix seule avec piano, que le compositeur offrit en 1832 à la jeune contralto Olympe Pélissier, qui deviendra sa seconde femme en 1846. A la requête de Teresa Berganza, l’œuvre sera orchestrée par Salvatore Sciarrino pour le Festival Rossini de Pesaro en 1987. Timbre magnifique L’acoustique très réverbérée de la basilique des rois de France n’a pas servi l’ouverture du Siège de Corinthe, tragédie lyrique napolitaine que Rossini adapta au goût parisien. Vents désorientés, cordes dans la tourmente, le maestro ramènera cependant tout le monde à bon port. Ecueil écarté avec l’effectif chambriste de Giovanna d’Arco. Cheveux courts et visage concentré, Joyce DiDonato semble incarner la Pucelle d’Orléans qui vint se recueillir en ces lieux il y a 590 ans, en septembre 1429. La sobre robe noire dont le bas s’enflammera de vives couleurs ajoute au simulacre d’une visitation : le sombre récitatif de la vierge guerrière attendant l’heure de combattre avant l’adieu éploré aux siens et la vision céleste qui scelle sa mission. Elle impressionne, ce petit bout de femme dont le souffle épique semble soulever les voûtes du grand vaisseau gothique Dès le premier E notte (« Il fait nuit »), ombre sortie du silence qui précède le son, on comprend que la bataille sera rude et belle. Le timbre est magnifique. Rien ne résiste à l’art absolu de cette artiste d’exception dont les vocalises vertigineuses démontrent une maîtrise parfaite jusque dans un grave particulièrement sollicité, qui semble se jouer d’impressionnants sauts de tessiture avec une facilité déconcertante. Joyce DiDonato fait même de l’acoustique une alliée, qu’elle utilise la réverbération pour souligner telle extase céleste ou exalte avec force l’irrésistible appel de l’Ange de mort, donnant par là même à entendre ces voix transcendantes ouïes d’elle seule. Elle impressionne, ce petit bout de femme dont le souffle épique semble soulever les voûtes du grand vaisseau gothique.
La mezzo américaine s’est illustrée dans la cantate de Rossini, programmée au Festival de Saint-Denis, sous la direction d’Antonio Pappano.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/12/opera-joyce-didonato-une-jeanne-d-arc-au-souffle-epique_5475042_3246.html
mlsum-fr-1235
Le Paris SG a conforté sa place de leader en gagnant à Brest (2-1) grâce Mauro Icardi, samedi au cours d’une 13e journée du Championnat de France qui a vu Monaco se rapprocher du trio de tête et Lille concéder un match nul face à Metz et manquer l’occasion d’accrocher la seconde place. Face au PSG, Brest s’incline en tentant crânement sa chance En l’emportant sur la pelouse de Brest (1-2), samedi 9 novembre lors de la 13e journée de Ligue 1, Paris a conforté, dans la souffrance, sa première place avant la trêve internationale. Sans Mbappé et toujours privé de Neymar, tous deux blessés, Cavani était le seul représentant de leur trio offensif – la MCN – aligné sur le terrain. L’attaquant uruguayen, peu en vue, n’en aura profité ni pour marquer des points, ni pour marquer des buts. Brest, neuvième au classement, a crânement tenté sa chance face à l’ogre parisien et a fini la rencontre avec 17 tirs, dont 4 seulement cadrés dans le but parisien gardé par Sergio Rico. Gardien remplaçant du PSG, l’Espagnol a été titularisé pour la première fois à la place de Kaylar Navas, blessé aux adducteurs durant l’échauffement. A l’image de son club, le portier est capable de jouer à se faire peur, au point de manquer une relance qui a failli coûter cher aux siens. Le Parisien Pablo Sarabia face au Brestois Romain Perraud, le 9 novembre. DAMIEN MEYER / AFP Malmenés, les Parisiens ont pu compter sur leurs deux joueurs en forme : Di Maria et Icardi. A la limite du hors-jeu, Di Maria a ouvert le score à la 39e minute, d’un lob du gauche. Avant que les Brestois, après avoir beaucoup tenté, recollent au score grâce à un but de Grandsir (72e). Comme souvent, Icardi n’a pas laissé passer sa chance et a étouffé les espoirs des locaux d’un but plein d’opportunisme, cinq minutes après avoir remplacé Cavani. « El Matador » a du souci à se faire : l’Argentin Icardi, surnommé « El Aguila », continue d’enchaîner les bonnes performances et pousse de plus en plus Cavani vers le banc. Thomas Tuchel était, lui, satisfait à l’issue du match : « J’aime cette victoire, car c’était difficile, un peu comme un match de Coupe, on a changé beaucoup de joueurs, certains manquaient de confiance mais c’était nécessaire pour être frais, a expliqué l’entraîneur du PSG. Je suis très heureux : ça fait cinq victoires en six matches. » L’AS Monaco se replace Après un départ catastrophique qui l’a vu remporter son premier match à la 7e journée, Monaco a redressé la barre au point de pouvoir bientôt s’installer sur le podium. Sa victoire contre Dijon (1-0) grâce à Aleksandr Golovin (43e) l’a replacé à un point du troisième - un rapprochement qui doit autant à sa bonne série (trois succès sur les quatre derniers matches) qu’à cette L1 très serrée où aucune équipe ne semble vouloir s’ancrer en haute altitude. Lille et Angers calent Lille en est un très bon exemple. Dauphins du PSG la saison passée, les Lillois peinent à retrouver le même niveau. Contre Metz (0-0), ils ont raté l’occasion de passer deuxième, au terme d’un match bien terne. Battus à Marseille samedi dernier (2-1), giflés à Valence mardi en Ligue des champions (4-1), les Nordistes concluent une semaine très compliquée qui a fait les affaires d’Angers, pourtant pas en meilleure forme. Les Angevins, auteurs du nul à Reims (0-0), n’ont gagné qu’un seul de leurs six derniers matches de Championnat, mais restent bien cramponnés derrière le PSG. Sa situation, précaire, peut basculer dès dimanche : Nantes ou Saint-Etienne, qui s’affrontent à 17 h, tout comme Marseille, contre Lyon (21 h), ont l’occasion de doubler les Angevins. En bas de tableau, Strasbourg s’est extirpé de la zone de relégation en battant Nîmes (4-1) avec un doublé de Lebo Mothiba. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ligue 1 : ballon et raison, la recette Saïd Chabane au SCO d’Angers
Une semaine après sa défaite surprise face à Dijon, Paris s’est relancé à Brest (1-2). Monaco se rapproche du podium après sa victoire face à Dijon.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/11/09/ligue-1-paris-l-emporte-contre-brest-sans-briller_6018642_3242.html
mlsum-fr-1236
La chancelière allemande, Angela Merkel, accueillie par le premier ministre hongrois, Viktor Orban, le 19 août 2019 à Sopron, en Hongrie. Balazs Szecsodi / AP L’avantage des commémorations est que l’on peut souvent leur faire dire ce que l’on veut selon les priorités politiques du moment. Angela Merkel et Viktor Orban l’ont démontré, lundi 19 août, en se retrouvant à Sopron (Hongrie). Les deux dirigeants y célébraient un pique-nique survenu le 19 août 1989 et resté fameux pour avoir vu quelque 600 citoyens est-allemands passer à l’Ouest en l’espace de quelques heures, en franchissant, sans en être autorisés mais sans non plus en être empêchés, la frontière entre la Hongrie et l’Autriche. Le rendez-vous aurait pu être l’occasion de quelques passes d’armes. Le terrain s’y prêtait. Difficile, en effet, de trouver sujet moins consensuel que celui des frontières entre la chancelière allemande et le premier ministre hongrois, dont l’opposition lors de la crise des réfugiés de 2015 a empoisonné les relations entre Berlin et Budapest, fragmenté le Parti populaire européen, dont sont membres la CDU de Mme Merkel et le Fidesz de M. Orban, et symbolisé les fractures d’une Europe divisée sur ses valeurs fondamentales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La course pour passer à l’Ouest de l’athlète est-allemande Ines Geipel « Europe à visage humain » Ce temps-là est-il en passe d’être révolu ? Manifestement, Mme Merkel et M. Orban en ont le désir, et c’est précisément pour cela qu’ils ont choisi de se retrouver à Sopron sur le lieu du « pique-nique paneuropéen » organisé alors sous le parrainage d’Otto von Habsbourg, le fils du dernier empereur austro-hongrois. Une journée qui a précipité la chute du mur, intervenue en novembre 1989, et ouvert la voie à la réunification de l’Allemagne et à celle de l’Europe, après quarante-cinq ans de divisions entre l’Est et l’Ouest. Cela ne veut pas dire que tous les différends sont enterrés. Lors de la cérémonie œcuménique organisée dans l’église évangélique de Sopron, en fin de matinée, certaines phrases de Mme Merkel semblaient ainsi directement adressées à M. Orban. Quand elle a souligné, par exemple, que « ce pique-nique est devenu un symbole international prouvant que le désir de liberté ne peut pas être repoussé ». Ou quand elle a déclaré à quel point cet événement « a montré ce qui fait de nous des Européens », en mettant en lumière « des valeurs de solidarité, de liberté et de paix, pour une Europe à visage humain ». Le sermon s’est toutefois arrêté aux portes de l’église. Dans l’hôtel de ville voisin, où les deux dirigeants se sont retrouvés une heure et demie plus tard face à la presse après un entretien bilatéral (le premier depuis la venue de M. Orban à Berlin, en juillet 2018), la politique a repris ses droits. Et tous deux étaient à l’évidence sur la même ligne : insister sur les convergences – notamment en matière de coopération économique et sur l’attachement commun à l’OTAN et aux valeurs de libre-échange − plutôt que souligner les divergences.
Le premier ministre hongrois et la chancelière allemande, tous deux nés à l’Est, ont commémoré la fin du communisme.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/19/orban-et-merkel-celebrent-ensemble-la-fin-du-rideau-de-fer-sans-insister-sur-leurs-divergences_5500755_3210.html
mlsum-fr-1237
Chronique. On les disait élevés à l’empirisme. Le pragmatisme faisait partie de leur patrimoine national – comme la démocratie représentative, Wimbledon et le fish and chips. Chez les cousins britanniques, on admirait volontiers ce qui formait un peu l’inverse de nos passions françaises – les délires de l’idéologie entretenus dans un climat de guerre civile permanente. Il faut croire que l’on se trompait. Le psychodrame du Brexit est aujourd’hui le produit de deux pathologies dont on pensait le Royaume-Uni largement indemne : populisme et dogmatisme. Ce cocktail détonant est le carburant qui alimente la crise politique que vivent les Britanniques. Le conservateur Boris Johnson, premier ministre minoritaire, a mis le Parlement en vacances forcées. Brexiter opportuniste, plus que de conviction, Johnson n’en défend pas moins une ligne pure et dure : le pays doit quitter l’Union européenne (UE) d’ici au 31 octobre, même sans accord de divorce avec Bruxelles – ce qu’on appelle la sortie « no deal ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : le Parlement est suspendu, la confusion politique s’aggrave Pour les intégristes du Brexit, sortir de l’UE n’est pas une position discutable, plutôt un credo de nature religieuse Mais il n’y a pas de majorité aux Communes pour cette formule. La plupart des élus de l’opposition travailliste et une forte minorité de conservateurs jugent que le « no deal » porterait un coup trop sévère à l’économie britannique. La guerre est frontale avec l’équipe de Johnson, formée d’intégristes du Brexit. Pour eux, l’UE est la source de tous les maux du pays et il faut en sortir, même au prix d’un « no deal ». Ce n’est pas une position discutable, plutôt un credo de nature religieuse. D’une manière ou d’une autre, dans quelques semaines ou quelques mois, on retournera aux urnes, seule manière de sortir du conflit. Le « peuple » contre les « élites » Côté Johnson, on a déjà fixé le ton et l’enjeu du débat. La campagne sera menée non par un élu, mais par un homme de l’ombre, de cabinet, Dominic Cummings, l’un de ces princes des ténèbres de la politique contemporaine. Il était l’animateur de la campagne référendaire en faveur du « Leave » – « on part » – de juin 2016, qui vit 52 % des Britanniques se prononcer pour le Brexit. La presse londonienne lui impute certains des plus gros bobards de l’époque destinés à faire croire que le Brexit sauverait le système de santé du pays et ferait barrage à l’immigration de millions de travailleurs turcs (parce que, bien sûr, la Turquie allait adhérer, dès demain, à l’UE…).
Pour Alain Frachon, éditorialiste au « Monde », si les Communes débattent vainement des moyens de sortir de l’UE, la faute en revient aux conservateurs qui ont imposé un Brexit dur.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/12/le-psychodrame-du-brexit-est-aujourd-hui-le-produit-de-deux-pathologies-dont-on-pensait-le-royaume-uni-indemne-populisme-et-dogmatisme_5509384_3232.html
mlsum-fr-1238
De nombreux pays conseillent de limiter la consommation de viande rouge et de charcuterie pour prévenir cancers et maladies du cœur mais un panel de chercheurs a remis en cause, lundi 30 septembre, ces recommandations. Ces chercheurs, qui ont procédé à un réexamen de dizaines d’études, conseillent « aux adultes de continuer leur consommation actuelle de viande rouge », c’est-à-dire une moyenne de trois à quatre portions par semaine en Amérique du Nord et en Europe. Même conclusion pour la charcuterie, selon ces articles parus lundi dans la revue Annals of Internal Medicine, publiée par l’American College of Physicians. Les multiples études réanalysées collectivement par le groupe précisent que réduire la consommation de viande rouge de trois portions par semaine pourrait abaisser la mortalité par cancer de sept morts pour mille personnes, ce que les chercheurs considèrent comme une baisse modeste. En outre, ils insistent : le degré de certitude de cette statistique est « faible ». Concernant les liens entre charcuterie, maladies cardiovasculaires et diabète, la qualité des preuves est également jugée « très faible » par l’équipe, qui a eu recours à une méthodologie baptisée « GRADE ». « Il y a de très faibles réductions de risque pour le cancer, les maladies du cœur et le diabète, et en outre, les preuves sont incertaines », résume Bradley Johnston, professeur associé d’épidémiologie à l’université Dalhousie au Canada, et directeur du groupe NutriRECS, qui a rédigé les consignes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les Français mangent plus de viande, si on compte celle mangée en restaurant Des causes autres que le régime alimentaire Avec leur nouvelle analyse, les chercheurs issus de sept pays disent vouloir faire mûrir le domaine des recommandations nutritionnelles – qu’ils jugent représentatives d’une « vieille école » trop axée sur les bénéfices sociétaux et non individuels –, afin d’aller dans le sens d’une médecine plus personnalisée. Ils disent que les recommandations qui font généralement autorité ne font pas assez valoir que le risque absolu reste faible, et qu’il reste très difficile d’isoler l’effet d’un aliment particulier sur toute une vie, de multiples causes autres que le régime alimentaire pouvant influer sur la santé. « Nous livrons aux gens notre meilleure estimation de la vérité, qui est incertaine. Selon leurs propres préférences, ils peuvent décider de réduire ou d’éliminer [la viande et la charcuterie] », poursuit Bradley Johnston. « Mais notre recommandation est que, pour la plupart des gens, la meilleure approche est de continuer, étant donné la très faible réduction de risques et l’incertitude des preuves. » Débats scientifiques Ces consignes ont été dénoncées comme irresponsables par des organisations de lutte contre le cancer et des experts de santé publique. Ils ne contestent pas les résultats statistiques mais les conclusions : certes la réduction de risque est relativement faible, mais au niveau d’une population, l’impact est tangible. Le World Cancer Research Fund (WCRF) a affirmé qu’il ne changerait pas ses consignes. « Nous maintenons notre confiance dans la recherche rigoureuse conduite depuis trente ans », a déclaré sa directrice de la recherche, Giota Mitrou. « C’est comme porter un casque à vélo, dit Marji McCullough, épidémiologiste de l’American Cancer Society. Certains aiment avoir les cheveux dans le vent, écrit-elle, mais tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut porter un casque, car les recommandations de santé publique sont fondées sur leur effet sur l’ensemble d’une population. » Des experts de l’école de santé publique de Harvard contestent la notation « faible » accordée par les auteurs des nouvelles consignes aux études sur la viande. La plupart des études sur l’alimentation sont « observationnelles », c’est-à-dire qu’elles suivent des gens dans la durée en tâchant d’enregistrer ce qu’ils consomment. Certes, la méthode ne permet pas de trouver d’effet de causalité, par rapport aux études dites « randomisées », mais elle est plus adaptée au domaine, écrivent-ils. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La consommation de viande a des conséquences directes sur notre santé » Choix individuels Si la même approche était appliquée aux fruits et légumes, à l’activité physique ou la pollution, « aucune des consignes sur ces facteurs ne serait soutenue par des preuves de qualité haute ou même modérée », clament-ils, défendant un principe de précaution. Santé publique France recommande ainsi de limiter la charcuterie à 150 grammes par semaine et les viandes autres que la volaille à 500 grammes. Le Centre international de recherche sur le cancer, agence de l’Organisation mondiale de la Santé, classe la viande rouge comme « cancérogène probable » et la charcuterie « cancérogène ». Pour John Ioannidis, professeur de médecine à Stanford et grand critique des études sur l’alimentation, « la façon dont les épidémiologistes promeuvent avec ferveur l’existence de bons et mauvais aliments depuis des années nous a détournés de messages plus simples et plus importants, tels que la nécessité de manger avec modération et de ne pas devenir obèses ». Il faut « être honnête lorsque les preuves sont de très faible qualité », dit-il à l’Agence France-Presse. Les consignes publiées lundi ont été approuvées par onze des quatorze chercheurs composant le panel. « Les gens devraient utiliser cela pour faire des choix mieux informés, plutôt que des organisations leur disent d’autorité ce qu’il faut faire », maintient Bradley Johnston. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La demande de viande pèse sur les ressources de la planète
Un groupe de chercheurs a réexaminé des dizaines d’études et estime que manger de la viande et de la charcuterie ne fait peser qu’un risque « faible » sur la santé et que les preuves sont incertaines.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/10/01/des-chercheurs-contestent-la-nocivite-pour-la-sante-de-la-viande-rouge-et-de-la-charcuterie_6013703_1651302.html
mlsum-fr-1239
Entretien. Les migrations provenant des pays du Nord vers les Etats du Sud représentent un angle mort de la sociologie. Pourtant, le phénomène ne cesse de croître : depuis dix ans, le nombre de Français installés à l’étranger, hors Europe, augmente en moyenne de 3,4 % par an. Entre 2000 et 2010, la présence portugaise en Afrique a grimpé de 42 %, et les Irlandais sont de plus en plus nombreux au Nigeria et en Afrique du Sud. L’ouvrage collectif Les Migrations des Nords vers les Suds (éd. Karthala, 238 pages, 20 euros), coordonné par Giulia Fabbiano, Michel Peraldi, Alexandra Poli et Liza Terrazzoni, analyse ces tendances et interroge la figure du migrant. Entretien avec Alexandra Poli, chercheuse au CNRS et membre du Centre d’étude des mouvements sociaux. Vous expliquez, dans l’introduction, que l’étude des migrations Nord-Sud est perçue comme illégitime par la recherche sociologique. Pourquoi ? Ces trajectoires nord-sud sont considérées comme des migrations non problématiques, ce qui désamorce l’intérêt sociologique. Les rares travaux autour des mobilités des Occidentaux dans les pays du Sud considèrent, en effet, ces populations comme privilégiées, car provenant de pays riches, par opposition à la figure du migrant économique. On est dans une définition structurelle des relations de pouvoir entre Etats du Nord et du Sud. Au fond, le statut de migrant est lié à la nationalité et aux passeports possédés. Il faut également préciser qu’en France, le champ d’étude sur les migrations s’est constitué autour de la figure emblématique du travailleur immigré. La question du privilège se pose néanmoins dans cette expérience de migration du Nord vers le Sud… Il ne faut pas la négliger mais la nuancer à l’aune de ce que le privilège peut signifier à différentes échelles, du local au global. Les travaux réunis dans l’ouvrage montrent une grande hétérogénéité de profils qui vont du routard en Thaïlande à l’expatrié en Arabie saoudite, en passant par les hivernants, ces retraités français qui vont passer l’automne et l’hiver au Maroc dans des camping-cars, soucieux d’économies d’énergie et alimentaires. Il y a aussi le cas des seniors américains qui, lors de la crise économique de 2008, se sont massivement installés au Mexique et qui ont dû repartir faute d’avoir les moyens d’y vivre. L’installation au Sud de personnes venant du Nord ne garantit pas de vivre avec des privilèges.
Chercheuse au CNRS, la sociologue a codirigé « Les Migrations des Nords vers les Suds », un ouvrage qui analyse ces tendances et entend déconstruire la figure du migrant.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/16/alexandra-poli-en-france-l-etude-des-migrations-s-est-constituee-autour-de-la-figure-du-travailleur-immigre_5489839_3232.html
mlsum-fr-1240
Patrick Bruel, lors d’un concert aux Francofolies, à La Rochelle, le 14 juillet. XAVIER LEOTY / AFP Le chanteur Patrick Bruel est visé par une enquête préliminaire pour « exhibition sexuelle » et « harcèlement sexuel » après des accusations d’une employée d’un hôtel en Corse, a déclaré le procureur de la République d’Ajaccio, Eric Bouillard. Les faits auraient eu lieu le 9 août, alors que le chanteur se produisait en concert à Ajaccio et séjournait à l’hôtel Radisson Blu de Porticcio, a précisé le procureur, confirmant une information du Parisien. Le procureur d’Ajaccio, saisi des faits le 13 août, a précisé que la jeune masseuse de 21 ans n’a pas souhaité déposer plainte mais a simplement « signalé des faits et un comportement déplacé » du chanteur. Selon M. Bouillard, Patrick Bruel aurait rencontré la jeune femme sur son lieu de travail quelques heures avant son concert, et son entourage aurait commandé une prestation de massage auprès de l’hôtel. « La jeune masseuse rapporte que lorsqu’elle arrive dans la loge de Patrick Bruel, la porte est fermée à clef et la lumière tamisée. Alors qu’elle commence le massage, le chanteur refuse par ailleurs de suivre le protocole dans ce domaine, notamment de mettre des vêtements, et va donc rester nu », raconte M. Bouillard. Le chanteur, selon le procureur, reconnaît ces faits, « en précisant toutefois que lorsqu’il se met sur le dos il se couvre d’une serviette ». Des faits contestés par le chanteur « La jeune femme indique également que M. Bruel va avoir des demandes de massages très particuliers dans certaines zones. Là, le chanteur nie les faits rapportés par la jeune femme », détaille M. Bouillard. Depuis le 13 août, le parquet d’Ajaccio a déjà procédé à de nombreuses auditions dans l’entourage de la jeune femme. « Ses proches décrivent sa sidération et sa prise de conscience du caractère anormal de ces faits. Dans son entourage, on confirme sa crédibilité et le fait qu’elle a été marquée par ces faits », souligne le procureur. De son côté, selon M. Bouillard, la jeune masseuse a indiqué avoir eu « beaucoup de mal à reprendre son travail et à l’exercer normalement ». Patrick Bruel a été entendu dimanche soir à Châlons-en-Champagne. Cité dans Le Parisien, le chanteur donne sa version des faits : « Nous étions une heure avant mon concert, dans ma loge, accessible à tous. Mon équipe, mes collaborateurs, mes enfants étaient à proximité et ont l’habitude d’entrer à tout moment dans ma loge. Je n’ai pas eu la moindre intention, ni le moindre geste déplacé envers cette femme. » En Corse, les auditions devraient également se poursuivre dans les prochains jours.
Une masseuse, qui n’a pas souhaité déposer plainte, a « signalé des faits et un comportement déplacé » du chanteur, que celui-ci conteste. Une enquête préliminaire a été ouverte.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/09/patrick-bruel-mis-en-cause-dans-une-affaire-d-exhibition-et-de-harcelement-sexuel_5508332_3224.html
mlsum-fr-1241
Une fumée noire et épaisse assombrit le centre historique de Rouen, après l’incendie qui s’est déclaré dans une usine chimique, le 26 septembre. STÉPHANIE PERON / AP Odeur entêtante entraînant parfois des vomissements, galettes d’hydrocarbures sur la Seine, agriculteurs en plein désarroi : l’incendie spectaculaire de l’usine Lubrizol, classée Seveso seuil haut, est éteint mais continue d’inquiéter, malgré la mobilisation du gouvernement pour rassurer. Samedi 28 septembre au soir, la préfecture de Seine-Maritime a publié sur son site les résultats d’analyses liées aux risques de pollution engendrée par l’incendie survenu jeudi à Rouen, sur fond de critiques accusant les autorités d’un manque de transparence. Concernant la qualité de l’air, « les résultats sur les composés organiques volatils sont tous inférieurs au seuil de quantification (quantité trop faible pour être mesurée) et font apparaître un état habituel de la qualité de l’air sur le plan sanitaire », à l’exception du site de Lubrizol (présence de benzène), indique la préfecture dans un de ses quatre communiqués. Quant aux retombées de suies, générées par l’épais nuage de fumée, « les résultats d’analyses ne mettent pas en évidence de différences significatives entre le prélèvement témoin et les cinq autres sites situés sous le panache pour les HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) », explique la préfecture, qui confirme aussi la présence d’amiante dans « la toiture des bâtiments qui ont brûlé ». Enquête pour « mise en danger d’autrui » Après avoir reçu plusieurs plaintes déposées par des particuliers et des entreprises, le parquet de Rouen a annoncé samedi que l’enquête judiciaire concernant l’accident s’était élargie au chef de mise en danger d’autrui. Il a décidé de diligenter l’enquête sur une qualification plus large que celle de « destructions involontaires par l’effet d’une explosion ou d’un incendie », ouverte quelques heures après l’incendie de ce site industriel produisant des additifs d’huile. Ces dernières ont été confiées à la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) et aux gendarmes de l’office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp). Les constatations sur les lieux se dérouleront en début de semaine prochaine, en fonction des possibilités d’accès au site, d’après le parquet, précisant que la cause de l’incendie n’était pas encore connue. Le PDG de Lubrizol France, Frédéric Henry, s’est dit, vendredi lors d’une conférence de presse, « très étonné de voir un incendie qui se déclare en pleine nuit, dans un endroit où il n’y a personne ». Le PDG de Lubrizol France, Frédéric Henry, lors de la visite d’Agnès Buzyn à l’unité de sécurité de l’usine, près de Rouen, le 27 septembre. LOU BENOIST / AFP « Au-delà du recueil des témoignages, des investigations techniques ont notamment été menées par l’institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale au moyen de drones », a précisé le parquet. Ce dernier se dit aussi « en contact quotidien » avec les services spécialisés du parquet de Paris et son pôle de santé publique. « La ville est clairement polluée » Vendredi, la ministre de la santé Agnès Buzyn, et la ministre de la transition écologique et solidaire Elisabeth Borne, s’étaient rendues sur place. « Je comprends la population (…) les produits peuvent être irritants sur le moment », avait déjà affirmé la première après avoir visité l’usine dévastée. Mais il n’y a « pas de polluants anormaux dans les prélèvements effectués », avait assuré sa collègue à ses côtés. En revanche « la ville est clairement polluée » par les suies, auxquelles il ne faut pas toucher sans protection, avait reconnu Mme Buzyn. Cette suie est une combinaison d’additifs d’huile de moteur et d’hydrocarbures, c’est-à-dire des matières qui ont brûlé sur le site Lubrizol, qui emploie habituellement 400 personnes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendie à Rouen : « Une fumée bio ça n’existe pas », s’inquiètent les agriculteurs de la région « L’inquiétude est absolument légitime » Au total, 51 personnes ont consulté les établissements de santé rouennais jeudi et vendredi matin à cause de l’incendie, dont cinq – des adultes qui avaient déjà des pathologies respiratoires auparavant – ont été hospitalisées, a fait savoir vendredi le SAMU. Des gens portent des masques suite à l’incendie de l’usine Lubrizol, survenu le 26 septembre, à Rouen. LOU BENOIST / AFP « L’inquiétude est absolument légitime. Ce nuage qui est passé au-dessus de Rouen est chargé en poussière hautement toxique au minimum cancérogène », a estimé pour sa part Annie Thébaud Mony, directrice de recherche honoraire à l’Inserm. « Le préfet ne ment pas quand il dit qu’il n’y a pas de toxicité aiguë du nuage, mais il ne peut écarter la toxicité à long terme », ajoute Mme Thébaud-Mony, soulignant que le risque cancérogène existe même pour une exposition de courte durée. Quant aux suies, ce sont « des produits toxiques très dangereux », selon la chercheuse. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après l’incendie de Lubrizol à Rouen, le « manque de transparence » sévèrement critiqué A l’unisson, l’association écologiste Robin des bois voit dans les suies un « problème diffus mais majeur ». Elle redoute « des eaux polluées » et des nettoyages qui pourraient aboutir dans la Seine, selon son porte-parole, Jacky Bonnemains. Plusieurs partis, notamment Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) ou encore La France insoumise (LFI), réclament davantage de transparence sur cette catastrophe industrielle. « Lubrizol est le plus important accident industriel en France depuis AZF [à Toulouse en 2001]. La gestion du drame que vit notre métropole de Rouen est scandaleuse et humiliante », a twitté David Cormand, secrétaire national de EELV. Preuve de l’importance de la pollution, le maire de Bohain-en-Vermandois Yann Rojo, commune au nord de l’Aisne, à 200 km de Rouen dit que ses habitants ont « constaté des flaques d’eau brunâtres, teintes de résidus d’hydrocarbure » et « des traces de suie ». « Pour le moment on ne sait pas trop ce qu’il y a dans cette suie. Les autorités au niveau national disent “toxique mais pas trop ?” Ça veut dire quoi ? » Que signifie le classement Seveso ? C’est le nom d’une directive européenne prise en 1982, six ans après l’émotion suscitée par la catastrophe écologique et sanitaire de l’usine chimique Icmesa, située sur la commune de Seveso, à une vingtaine de kilomètres au nord de Milan, en Italie. La directive incitait les pays européens « à se doter d’une politique commune en matière de prévention des risques industriels majeurs » et demandait « aux Etats et aux entreprises d’identifier les risques associés à certaines activités industrielles dangereuses et de prendre les mesures nécessaires pour y faire face .» Le dernier cadre de cette directive, Seveso 3 a été établi en 2012. Entrée en vigueur en 2015 en France, elle « introduit des normes plus strictes en matière d’inspection et renforce l’obligation d’information du public, du personnel et des exploitants des établissements voisins ». La directive Seveso distingue deux type d’installations (seuil haut et seuil bas) dont les mesures de sécurité et les procédures varient. Selon la base nationale des installations classées, la France compte 1 378 sites Seveso (634 en seuil bas et 744 en seuil haut) sur lesquels des études sont menées pour évaluer les risques et des plans de prévention des risques technologiques (PPRT) qui limitent l’urbanisation, sont mis en place. Le PPRT de Lubrizol avait été approuvé en 2014.
Publiées sur le site de la préfecture de Seine-Maritime, les analyses montrent une qualité de l’air « habituelle », sauf sur le site de Lubrizol, où il y a une présence de benzène.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/28/incendie-de-l-usine-lubrizol-a-rouen-l-enquete-s-elargit-a-la-mise-en-danger-d-autrui_6013462_3244.html
mlsum-fr-1242
Joshua Wong est le visage du « mouvement des parapluies » de 2014. PHILIP FONG / AFP Le jeune militant prodémocratie Joshua Wong, âgé de tout juste 23 ans, a reçu, mardi 29 octobre, dans la matinée, l’annonce de son interdiction de se présenter aux élections de district, prévues dimanche 24 novembre, à Hongkong. Bien qu’il ne s’agisse que d’élections locales, c’est le seul scrutin véritablement démocratique à Hongkong. Un nombre record d’électeurs et de candidats se sont d’ailleurs inscrits pour y participer. Après bientôt cinq mois de manifestations antigouvernementales, ce rendez-vous électoral est très attendu car il devrait permettre de sonder l’ampleur du mécontentement populaire. « Le fait que je sois le seul candidat à être rejeté prouve que Pékin manipule nos élections avec de la censure politique et de la sélection arbitraire », a déclaré au Monde Joshua Wong. Ce rejet s’inscrit dans la continuité de l’attitude du gouvernement qui, depuis 2016, tente de museler les voix dissidentes et les représentants de la jeunesse, dont Joshua Wong est la figure la plus connue, notamment à l’étranger. Lire aussi Le militant prodémocratie hongkongais Joshua Wong à nouveau arrêté Trop jeune pour participer aux élections législatives de 2016, le militant avait annoncé son intention de se présenter pour le scrutin suivant, le 28 septembre, date anniversaire du « mouvement des parapluies » de 2014, dont il fut l’un des leaders. Mais alors que l’actuel mouvement de révolte, qui a débuté en juin (en opposition à un projet de loi facilitant l’extradition notamment vers la Chine – à présent abandonné) s’inscrit dans la continuité du mouvement d’il y a cinq ans, les manifestants insistent à présent sur le caractère collectif et sans chef de ce mouvement-ci. Joshua Wong a donc concentré ses efforts sur une campagne de lobbying à l’international, allant chercher le soutien de l’Occident dans la lutte pour la démocratie en cours à Hongkong, notamment auprès des gouvernements allemand et surtout américain. « La disqualification de Joshua Wong est étroitement liée à son profil sur la scène internationale et à son engagement politique, tant à Hongkong qu’à l’étranger. En le privant de toute vie politique à l’avenir, Pékin et le gouvernement le punissent de ce qu’il a fait », a indiqué au Monde Kenneth Chan, professeur de sciences politiques à l’Université baptiste de Hongkong. Autodétermination Les nombreux commentaires favorables au mouvement de contestation, émanant de personnalités politiques américaines de premier ordre (de la présidente de la Chambre des députés Nancy Pelosi au vice-président Mike Pence, ainsi que de nombreux sénateurs), ont exaspéré les autorités chinoises, qui considèrent Joshua Wong en partie responsable de l’écho international qu’a eu le mouvement hongkongais. Le gouvernement s’est félicité de cette décision, estimant que l’idée d’autodétermination promue par le parti Demosisto cofondé par Joshua Wong était contraire à la Basic Law, la mini-Constitution de Hongkong, qui stipule très clairement, dans son article 1, que « Hongkong est partie intégrante et inaliénable de la Chine ». Joshua Wong a pourtant de nouveau déclaré qu’il n’était pas favorable à l’indépendance de Hongkong lors des divers interrogatoires auxquels il a été soumis pour évaluer son éligibilité. Mais c’est sur la base de ses commentaires autour du concept de référendum sur l’autodétermination que la nouvelle directrice de scrutin a rejeté sa candidature. Il aura néanmoins fallu plus d’un mois, trois interrogatoires et un ballet de quatre directeurs de scrutin (déclinant à tour de rôle de rendre un avis) pour aboutir à cette décision. La personne chargée à l’origine de décider de l’éligibilité de Joshua Wong, de réputation « libérale », donc peut-être favorable au jeune militant, a quitté son poste « indéfiniment » sous couvert de congé maladie, avait indiqué, mi-octobre, la commission électorale. L’opposition craint que cette décision ne remette de l’huile sur le feu de la contestation et que le gouvernement ne se serve de nouveaux désordres comme excuse pour repousser, voire annuler ce scrutin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Joshua Wong ou la révolte de la jeunesse hongkongaise
Le militant est le seul à voir sa candidature rejetée par la commission électorale pour les élections locales du 24 novembre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/29/elections-a-hongkong-la-candidature-de-joshua-wong-invalidee_6017271_3210.html
mlsum-fr-1243
AUREL Mike Hughes a comme le sentiment « d’être sur un manège et de revenir à son point de départ ». Une première fois, le patron de Schneider Electric pour le Royaume-Uni a préparé son entreprise à l’éventualité d’un Brexit sans accord pour le 29 mars. Celui-ci ne s’est pas produit. Le voici obligé de recommencer ses préparatifs. « Mi-mars, nous avions accumulé quatre à cinq semaines de stocks supplémentaires dans nos entrepôts britanniques [pour faire face à un éventuel engorgement des flux commerciaux à la frontière]. Quand on a vu que le “no deal” n’aurait pas lieu tout de suite, nous avons conservé une partie du stock mais réduit ce qu’on pouvait facilement remplacer. Désormais, on recommence à augmenter nos stocks. » Tout doit être prêt pour le 31 octobre, nouvelle date théorique du Brexit. Disséquer les préparatifs de cette multinationale française spécialisée dans le matériel électrique et la transformation numérique donne une idée de l’exténuant exercice que les entreprises doivent mener face aux hauts et bas de la politique britannique. « Le Brexit est comme une petite épine dans un pneu. Au début, ça ne change rien. Puis, après un moment, vous commencez à perdre de la pression. On en est là », explique M. Hughes. Lire aussi Brexit : la mise en garde déguisée de Bruxelles à la City Schneider Electric, qui a 4 500 salariés et neuf usines outre-Manche, reste convaincue que le Royaume-Uni est un important marché et elle n’envisage absolument pas de fermer d’usine. Mais elle a dû dépenser « des dizaines de millions » d’euros pour ses préparatifs. « Est-ce que ça va nous tuer ? Non. On est une entreprise, on s’adapte. Mais qu’est-ce que j’aurais pu faire d’autre avec cet argent ? J’aurais pu embaucher des gens, investir dans la recherche et développement… », indique le patron du groupe industriel. Remise à plat de la chaîne logistique L’économie britannique reflète cet étrange ballet. La hausse des stocks des entreprises au premier trimestre a artificiellement augmenté la croissance du produit intérieur brut à 0,5 %. Leur écoulement au deuxième trimestre l’a artificiellement affaiblie, sans doute à – 0,1 % (les chiffres officiels seront connus le 9 août). Contraintes et forcées, les grandes entreprises ont lancé d’intenses préparatifs pour faire face au Brexit. Leur facture se compte maintenant en milliards d’euros. Airbus affirme avoir dépensé 90 millions de livres (98 millions d’euros), Aston Martin 30 millions de livres, Pfizer 80 millions, Barclays 200 millions, Bank of America 300 millions… Un coût renforcé par l’impact financier de la chute de la livre sterling, qui renchérit le prix des importations.
Les industriels dépensent des millions et doivent s’organiser pour faire face à une sortie sans accord de l’Union européenne.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/31/au-royaume-uni-exasperees-les-entreprises-doivent-de-nouveau-se-preparer-au-brexit_5495229_3234.html
mlsum-fr-1244
Vingt ans après sa naissance, la couverture maladie universelle complémentaire change de nom et de dimension. Agnès Buzyn, la ministre de la santé, présente mardi 15 octobre la « complémentaire santé solidaire », qui remplacera à partir du 1er novembre deux aides publiques sous-utilisées, la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) et l’aide au paiement d’une complémentaire santé (ACS). Grâce à ces deux dispositifs, « 7,1 millions de personnes » – dont 5,8 millions pour la CMU-C, 1,3 million pour l’ACS – « étaient couvertes fin juin 2019 par une complémentaire santé ». Mais « ce sont potentiellement plus de dix millions de personnes qui y sont éligibles et pourront bénéficier de la complémentaire santé solidaire », souligne le ministère de la santé. Il en coûtera ainsi aux bénéficiaires 8 euros par mois jusqu’à 29 ans, 14 euros entre 30 et 49 ans, 21 euros entre 50 et 59 ans, 25 euros entre 60 et 69 ans, et 30 euros à partir de 70 ans (sauf en Alsace-Moselle, où les sommes seront divisées par trois), d’après un arrêté paru en juin au Journal officiel. « Inciter les publics concernés à se renseigner » L’objectif est d’« inciter les publics concernés à se renseigner, en particulier les personnes qui renoncent aujourd’hui aux aides parce qu’elles ignorent qu’elles y ont droit », souligne le gouvernement. Cette fusion a été actée dans le budget de la Sécurité sociale voté à la fin de 2018. En pratique, rien ne changera pour les assurés de l’actuelle CMU-C : la future « complémentaire santé solidaire » restera gratuite, avec le même niveau de remboursement, pour un célibataire gagnant moins de 746 euros par mois, ou un couple avec enfant aux revenus inférieurs à 1 343 euros. Elle coûtera toujours également 1 euro par jour au maximum pour les plus âgés. En revanche, pour la population qui peut prétendre à l’ACS (moins de 1 007 euros pour un célibataire, 1 813 euros pour un couple avec enfant), cette mesure est présentée comme une « simplification » : les garanties seront alignées sur celles de la CMU-C, moyennant une « participation financière » croissante avec l’âge.
Le nouveau dispositif, présenté mardi par la ministre de la santé, Agnès Buzyn, sera effectif le 1er novembre.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/15/la-complementaire-sante-solidaire-remplace-la-cmu-pour-les-plus-demunis_6015578_3224.html
mlsum-fr-1245
Un homme se promenant agitant un drapeau national libanais lors d’une manifestation de protestation contre les augmentations d’impôts et la corruption officielle à Zouk Mosbeh, au nord de la capitale Beyrouth, le 24 octobre 2019. Les manifestations de rue au Liban, déclenchées par une taxe sur les services de messagerie tels que WhatsApp, se sont transformées en une condamnation unifiée du système politique considéré comme corrompu et irréparable. JOSEPH EID / AFP Tribune. Ceci n’est pas une analyse politique. C’est un faire-part d’émerveillement doublé d’une grande inquiétude. Au même titre qu’un jour peut changer le sens d’une vie, le Liban vit, depuis le 17 octobre, des heures qui peuvent lui donner plus de sens qu’il n’en a jamais eu. Mais aussi l’exposer à beaucoup souffrir avant d’y accéder. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Liban, « pour la première fois, on met fin à l’héritage de la guerre » Pour des raisons qui restent à analyser, on tarde à prendre la mesure, dans la presse étrangère, du caractère historique de l’événement. Ce quart de la population descendu manifester, dans toutes les villes du pays, a donné à voir et à entendre le peuple dont tout le monde rêvait et auquel plus personne ne croyait. (« Tout le monde » à l’exception, bien sûr, des mafieux qui l’avaient pris en otage.) Pas seulement une foule immense décidée à ne plus se laisser faire par un pouvoir qui l’abuse et l’étrangle depuis des décennies. Pas seulement des gens en colère déterminés à revendiquer leurs droits. Mais une foule humaine, foncièrement humaine, à l’intérieur de laquelle les différences se déclarent et se racontent librement, s’enrichissent les unes des autres, créent et révèlent, en se mélangeant, un lien sans précédent. Une interminable hibernation Tout se passe comme si des centaines de milliers de solitaires découvraient en même temps, au terme d’une interminable hibernation, qu’ils n’étaient pas seuls. Pas seuls à assister impuissants au hold-up de leurs destins par les chefs communautaires, pas seuls à perdre leur boulot, à faire des études pour rien, à n’avoir pas les moyens d’en faire, à crever de faim, pas seuls à se sentir humiliés d’appartenir à un pays qui ne leur appartient pas. Pas seuls à trouver des mots, c’est leur fort, pour en rire après en avoir pleuré. Pas seuls à avoir survécu avec trois fois rien sans perdre la vie de vue. Tous les signaux de reconnaissance sont apparus en même temps, parvenant à réunir, comme les cinq doigts d’une main, des centaines de milliers d’individus préparés, sans le savoir, à constituer un peuple. Lire aussi l’éditorial du « Monde » : Liban : renaissance d’une nation Et au lieu que l’union de ce peuple n’abolisse les différences, comme cela se passe habituellement dans une masse, elle s’en nourrit, se fonde sur elles et déclare – bien au-delà des frontières libanaises – qu’il est possible, qu’il est passionnant de vivre ensemble à partir de toutes sortes de croyances, d’apparences, de modes vestimentaires, d’identités communautaires. Dans ce grand mouvement de brassage, les femmes, jeunes et âgées, têtes nues ou voilées, se font entendre avec une force et une liberté jamais vues.
La romancière et essayiste libanaise dit, dans une tribune au « Monde », malgré l’inquiétude, tout son émerveillement face à un mouvement qui « donne à voir et à entendre un peuple auquel plus personne ne croyait plus » : un peuple libanais uni et solidaire
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/26/dominique-edde-si-je-suis-en-train-de-rever-ne-me-reveillez-pas_6016987_3232.html
mlsum-fr-1246
Près de l’aéroport d’Ivato, à Antananarivo, le 13 juillet 2019, des supporteurs se préparent à accueillir l’équipe nationale de football de retour de la Coupe d’Afrique des nations. RIJASOLO / AFP Pour la deuxième date FIFA de la saison, Madagascar ne jouera pas de match amical. Déjà inactive en septembre, pour des raisons purement sportives, la sélection insulaire le sera de nouveau en octobre. Mais les motifs sont différents. Les internationaux malgaches sont particulièrement remontés contre leur fédération (FMF), qui n’a pas réglé les primes liées au parcours de l’équipe en Egypte où, pour sa première participation à la phase finale de la CAN, Madagascar avait atteint les quarts de finale face à la Tunisie (0-3). Et ils avaient fait passer le message suivant à la fédération : « On ne jouera pas de match amical en octobre si cette affaire n’est pas réglée. » Lire aussi CAN 2019 : la Tunisie met fin au rêve de Madagascar Plusieurs membres de la sélection nationale ont accepté de répondre aux questions du Monde Afrique, en demandant à conserver leur anonymat. « Nous attendons notre argent. Il faut savoir que la fédération avait reçu 250 000 dollars [230 000 euros] de la Confédération africaine de football [CAF], comme toutes les autres fédérations, en guise de prime de qualification. Les joueurs avaient laissé 160 000 dollars à la FMF, et c’est le chef de l’Etat qui avait complété les primes des joueurs. Pour notre parcours en Egypte, la FMF a reçu 1 million de dollars de la CAF. Normalement, 600 000 dollars devaient revenir aux joueurs et au staff, le reste à la fédération. Or, à ce jour, nous n’avons pas touché un euro », explique un international. Selon une autre source interne à la sélection, le nouveau président de la FMF, Raoul Arizaka Rabekoto, ne disposerait pas des fonds nécessaires pour payer ce que l’instance doit. Elu à la fin du mois d’août, Raoul Arizaka Rabekoto aurait trouvé à son arrivée une situation financière catastrophique. Pendant plusieurs mois, la FMF a été placée, sur instructions de la FIFA, sous la direction d’un comité de normalisation. « Et ce comité a visiblement laissé beaucoup de dettes, que l’argent versé par la CAF servirait à honorer », poursuit cette source. « On a assez fait de social comme ça » « Alors, si c’est le cas, il faut savoir pourquoi il y a autant de dettes. En quelques mois, ce sont 160 000 puis 400 000 dollars qui ont atterri dans les caisses de la fédération. S’il y a des gens qui ont volé de l’argent, il faut les identifier. C’est inadmissible. Ce parcours en Egypte, ce sont les joueurs et le staff qui l’ont réalisé, pas le comité de normalisation », reprend, agacé, l’international malgache. Les joueurs, particulièrement remontés, attendent que la situation se débloque rapidement. Car, en novembre, Madagascar débutera sa campagne de qualification pour la CAN 2021, avec des matchs face à la Côte d’Ivoire à Antananarivo (le 11) et au Niger, une semaine plus tard. Et les internationaux semblent bien décidés à camper sur leurs positions, tant qu’ils n’auront pas reçu leur argent. « Moi, si on me sélectionne, et que je n’ai pas reçu ce que l’on me doit, je n’y vais pas. Et je peux vous assurer que je suis loin d’être le seul à être dans cet état d’esprit. On a assez fait de social comme ça. Si de l’argent a été détourné, qu’on trouve les coupables et qu’ils rendent des comptes », ajoute le joueur. La situation est à ce point tendue que Nicolas Dupuis, le sélectionneur français des Zébus, a refusé de signer le nouveau contrat de quatre ans qui lui a été promis au mois d’août, en signe de solidarité avec ses joueurs. Contacté, ce dernier a confirmé l’information, tout en cherchant à se montrer optimiste : « On nous a dit que la situation pourrait être réglée prochainement. Ce que je peux vous assurer, c’est que cette affaire ne remet pas en cause l’engagement des joueurs pour leur sélection nationale, et pour le projet que nous avons mis en place. Mais ils demandent juste que les engagements qui avaient été pris soient honorés… » Alexis Billebault
Quart de finaliste lors du dernier tournoi continental, l’équipe connaît un automne compliqué car les primes dues aux joueurs et au staff technique n’ont pas été versées.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/30/madagascar-atterrissage-difficile-pour-les-zebus-apres-la-can-2019_6013643_3212.html
mlsum-fr-1247
Des manifestants devant l’ambassade d’Inde à Londres, le 15 août. TOLGA AKMEN / AFP La situation au Cachemire préoccupe l’ONU. Le Conseil de sécurité se réunira à huis clos vendredi 16 août sur la situation de cette région de l’Inde dont l’autonomie a été révoquée le 5 août. La situation explosive au Cachemire inquiète aussi les ressortissants pakistanais installés en Inde. Jeudi, des milliers de manifestants arborant des drapeaux du Pakistan ont protesté devant l’ambassade d’Inde à Londres. Arrivés à bord de cars munis de pancartes proclamant « Le Cachemire saigne », les contestataires étaient encadrés par la police britannique, qui les séparait d’une contre-manifestation en faveur de l’Inde et qui a interpellé plusieurs personnes. Arborant également des drapeaux de la partie du Cachemire sous contrôle pakistanais, les manifestants scandaient : « Liberté ! » « Nous sommes à un tournant, c’est le moment d’agir pour tout le monde », a affirmé Shazad Ahmed, 36 ans, qui travaille dans l’informatique et est originaire de la partie pakistanaise du Cachemire. « Nous voulons un Cachemire uni (…) Ce n’est pas un problème religieux, je soutiendrais n’importe quel Cachemiri même s’il était chrétien », a-t-il ajouté. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cachemire : le pari à double tranchant de Narendra Modi Une région toujours coupée du monde Le Jammu-et-Cachemire, une région himalayenne en majorité peuplée de musulmans, aussi revendiquée par le Pakistan, est depuis le 4 août totalement coupé du monde. Un black-out sur les communications et de fortes restrictions à la circulation ont été imposés par les autorités indiennes avant l’annonce de la révocation de l’article 370 de la Constitution qui conférait un statut spécial à la zone qu’elles contrôlent, suscitant la colère du Pakistan. Redoutant des manifestations de masse, des dizaines de milliers de soldats supplémentaires y ont été déployés pour surveiller la mise en œuvre de la décision surprise du premier ministre indien Narendra Modi. Lire aussi Le Cachemire indien, une région coupée du monde
La région du Cachemire, revendiquée aussi par le Pakistan, a perdu son autonomie le 5 août et est coupée du monde par l’Inde qui redoute une insurrection.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/15/cachemire-le-conseil-de-securite-de-l-onu-va-se-rassembler_5499747_3210.html
mlsum-fr-1248
Au centre, Kris Hitchen dans « Sorry We Missed You », de Ken Loach. JOSS BARRATT L’AVIS DU « MONDE » – À VOIR Fidèle à lui-même, Ken Loach, 83 ans, continue de fustiger le démantèlement de l’état social britannique par un ordre néolibéral qui dissout les solidarités collectives et pèse sur les épaules des plus vulnérables. Après Moi, Daniel Blake (2016), qui retraçait le combat d’un accidenté aux prises avec des dispositifs d’aide sociale rendus illisibles et culpabilisants, Sorry We Missed You s’attaque cette fois au phénomène dit « d’ubérisation du travail », lié aux nouveaux outils numériques. Cette logique est bien connue pour son tour de passe-passe pernicieux, qui consiste à rhabiller le salarié en « autoentrepreneur » corvéable à merci, endossant lui-même les risques et les charges de son activité, ainsi amené à prendre part à sa propre exploitation. Afin d’en détricoter les rouages, Loach et son scénariste Paul Laverty empruntent de nouveau les chemins de la chronique documentée, assumant pleinement sa forme didactique, formule qui est devenue, en quelque sorte, leur marque de fabrique. Ricky (Kris Hitchen) et Abbie (Debbie Honeywood) sont installés avec leurs deux enfants à Newcastle, au nord-est de l’Angleterre, et tentent de redresser la barre après une faillite, suite à la crise des subprimes. Ricky, ouvrier du bâtiment au chômage, originaire de Manchester, décide de se lancer à son compte dans une microentreprise de livraison à domicile, mais au sein d’un centre de tri pratiquant une sous-traitance concurrentielle impitoyable entre ses chauffeurs. Ne comptant pas ses heures, l’homme enchaîne les courses, sous la loi d’airain d’un boîtier électronique qui piste ses moindres faits et gestes, enregistre ses performances, et ne lui laisse jamais plus de deux minutes pour souffler. Abbie, de son côté, pratique le service à la personne, auprès de « clients » grabataires ou lourdement handicapés, rémunérée à la tâche pour des horaires morcelés. Tous deux ont à faire à une parcellisation du travail, qui, s’infiltrant partout, le dispute de plus en plus au quotidien, à l’intimité, à la vie de famille, bientôt en voie d’implosion. Des portraits hauts en couleur Sorry We Missed You (d’après le petit mot que déposent les livreurs quand le client n’est pas chez lui) vaut avant tout pour la clarté et la précision de son constat quant au pacte faustien qu’ont pris les nouvelles formes du travail, régies par un langage trompeur (on ne dit plus « travail », mais « mission ») ou des logiciels qui s’évertuent à en gommer toute dimension humaine. Au cours de cet état des lieux, qui prend parfois des formes pédagogiques, on retrouve tout ce qui fait l’épaisseur du meilleur cinéma de Loach : la forte empreinte documentaire, le choix de comédiens criants de naturel, le goût pour leur gouaille « geordie » (accent typique des régions du nord-est), la part éminemment affective des relations qui se nouent ou se dénouent à l’écran.
Ken Loach s’attaque une nouvelle fois aux dégâts causés par l’ordre néolibéral, chargeant le propos au risque d’en réduire la portée.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/23/sorry-we-missed-you-une-charge-appuyee-contre-l-uberisation-de-la-societe_6016549_3246.html
mlsum-fr-1249
Le Château Monestier La Tour, en Dordogne. Alain VACHERON Ils étaient passés par là, nez au vent dans leur voiture de collection, pendant leur voyage de noces. Trente ans plus tard, fruit du hasard, voilà les Suisses Karl-Friedrich Scheufele et son épouse, châtelains en Dordogne. Certes, le château de Monestier La Tour, qu’ils ont acquis en 2012, fait rêver, avec ses tours crénelées, ses multiples dépendances et sa cuisine médiévale à large cheminée. Mais pour investir dans ce vignoble, fût-il implanté sur de beaux calcaires en coteaux, il faut vraiment y croire. Qui connaît en effet le côtes-de-bergerac, une appellation qui a grandi à l’ombre du Bordelais dont elle cultive les mêmes cépages ? Pour se différencier ici, il faut se surpasser. Et sans doute avoir quelques moyens. Karl-Friedrich Scheufele est codirigeant du groupe horloger de luxe Chopard, à Genève. Pour la vigne, il prolonge le travail entamé par l’ancien propriétaire, l’homme d’affaires néerlandais Philip de Haseth-Möller. Pendant une dizaine d’années, ce dernier a restauré l’énorme bâtisse. Le Suisse, lui, est allé plus loin en investissant des sommes colossales dans le vignoble – par exemple, pour remplacer les plants trop vieux. Truffes, foie fras... et biodynamie Karl-Friedrich Scheufele a l’allure aristocratique, il porte le costume sombre sur mesure avec pochette apparente au veston mais il joue d’une certaine fantaisie. Le luxe est son affaire, et le vin fait partie depuis longtemps de son coffre à bijoux. Ce passionné possède déjà trois magasins de vins, à Genève, Gland et Gstaad, sous le nom Le Caveau de Bacchus. « Côtes-de-bergerac n’est pas une appellation connue. Mais si j’arrive à le faire goûter dans mes boutiques, alors c’est gagné. » Karl-Friedrich Scheufele, codirigeant du groupe Chopard et propriétaire du château Monestier La Tour Ces boutiques, de belle stature, distribuent en exclusivité pour la Suisse romande des marques prestigieuses et chères comme la Romanée-Conti et des domaines à découvrir, essentiellement en biodynamie. Et puis son vin de Monestier La Tour, bien sûr. « Vendre mon propre vin, dans mes boutiques, n’est pas évident, confie Karl-Friedrich Scheufele. Côtes-de-bergerac n’est pas une appellation connue. Mais si j’arrive à le faire goûter une fois, alors c’est gagné. » Portant au poignet un prototype d’une montre Chopard, Karl-Friedrich Scheufele a créé une gamme de vins appelée « Cadran », une façon de faire référence à son métier principal, mais aussi au cadran solaire qui figure encore sur l’un des murs du château. Il est capable de parler aussi longtemps et aussi précisément du mécanisme d’une horloge que de l’élaboration de son vin. Lire aussi Horlogerie : des machines et des hommes L’homme d’affaires suisse a transformé son vignoble bergeracois d’un peu plus de 27 hectares (16,5 pour les rouges, 11 pour les blancs) en un lieu symbole de ses activités, un site qui résume son idée de l’art de vivre à la française. Dernièrement, il a fait venir du monde entier à Monestier tous les représentants de Chopard. Au programme, cavage de truffes, découverte du foie gras et dégustations de vins. C’est que le couple aime la campagne, et vit « bio ». Leur vin est certifié « AB » depuis 2017. Dans leur parc immense, un jardin d’herbes est consacré aux préparations biodynamiques. Une tisanerie, que le public peut visiter, met en scène les plantes séchées utiles aux traitements de la vigne. Depuis la fin 2016, le cuvier a été rénové pour être mieux adapté au découpage parcellaire du vignoble, afin de faire gagner les cuvées en précision. Dans la grange du XVIIe siècle, les barriques sont alignées dans des conditions optimum d’élevage des vins, qui y restent environ quatorze mois. C’est sûr, Monestier à l’heure suisse va devenir une belle mécanique. Dégustation Monestier La Tour, Côtes-de-bergerac, rouge 2016 Ce millésime est une récompense aussi bien pour le vigneron que pour celui qui le boit. Pour le vigneron, la texture précise et les saveurs profondes traduisent les efforts entrepris depuis des années à la vigne comme en vinification. Pour l’amateur, le rapport qualité/prix est très attractif. 16,50 €. Tél. : 05-53-24-18-43.
A la tête de l’horloger de luxe Chopard, Karl-Friedrich Scheufele veut faire de son château Monestier La Tour une belle mécanique.
https://www.lemonde.fr/m-gastronomie/article/2019/06/19/un-suisse-pour-faire-connaitre-les-cotes-de-bergerac_5478556_4497540.html
mlsum-fr-1250
La Villa Kujoyama, résidence d’artistes à Kyoto, rattachée à l’Institut français du Japon. Hiroshi Okamoto pour M Le magazine du Monde Des morceaux de bambous. Voilà ce que le designer français Samy Rio a rapporté d’un séjour au Japon. Il les a glanés dans les montagnes autour de Kyoto ou bien des moines les lui ont offerts alors qu’il visitait un temple. Parfois, il les a aussi coupés dans le jardin de la Villa Kujoyama, une construction de béton à la périphérie de Kyoto, qui l’a accueilli de mai à juillet dernier. Pendant trois mois, le diplômé de l’Ensci a vécu et travaillé dans cette résidence d’artistes, l’une des trois institutions publiques françaises du genre à l’étranger, avec la Villa Médicis, à Rome, et la Casa de Velázquez, à Madrid. Trois lieux éloignés de plusieurs milliers de kilomètres, mais que l’exposition « ¡ Viva Villa ! » réunit jusqu’au 10 novembre à la collection Lambert, à Avignon, en présentant une sélection de travaux d’anciens résidents. Sur un mur du musée provençal, Samy Rio a accroché ses bambous travaillés, tordus, découpés, qui ont été au cœur de son projet de recherche pendant son séjour au Japon. Des studios monacaux, en duplex Le designer, né en 1989, n’est pas le seul de sa discipline à avoir fait un séjour dans la Villa à flanc de montagne, inaugurée officiellement en 1992. Nombreux sont ceux, dans la famille du design français, à avoir résidé dans les studios monacaux, en duplex, avec espace de vie et de travail au rez-de-chaussée et lit à l’étage. Les premiers furent Christian Ghion et Patrick Nadeau, en 1995, relayés par différents types de profils : des designers-artistes comme Florence Doléac-Stadler, en 1999 ; des têtes chercheuses comme Benjamin Graindorge, en 2009, et Felipe Ribon, en 2016 ; des touche-à-tout comme Pierre Charpin, en 2012 ; des créateurs habitués à travailler avec les artisans comme François Azambourg, en 2015… La designer culinaire Luz Moreno, dans son atelier de la Villa. Hiroshi Okamoto pour M Le magazine du Monde Si écrivains, plasticiens ou cinéastes sont présents à Kyoto, chaque promotion, d’une vingtaine de résidents, réservant une place à toutes les disciplines, la Villa Kujoyama est un lieu où les designers trouvent un terrain particulièrement propice. Les écrivains ou les peintres lui préfèrent la prestigieuse Villa Médicis, heureux de suivre les traces d’Hervé Guibert ou de Balthus. Les designers, eux, s’arrachent cette résidence où ils se retrouvent immergés dans un Japon qui les fascine, avec sa culture de l’objet si particulière. Ici, pendant quelques mois (deux à six, selon le dispositif de résidence), ils ont le temps de travailler sur des créations, sans contraintes et, surtout, libérés des desiderata des industriels. Tous en parlent comme d’une parenthèse enchantée dans leur carrière. Ce qui fait de la Villa Kujoyama, à 9 600 kilomètres de Paris, un haut lieu du design français.
Situé sur les hauteurs de Kyoto, l’établissement français accueille chaque année des créateurs français en résidence. Un cocon de rêve pour les designers, dans un pays où la culture de l’objet est poussée à un haut niveau.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/23/la-villa-kujoyama-havre-de-paix-du-design-francais_6016631_4500055.html
mlsum-fr-1251
Anthony Wood a fondé Roku il y a dix-sept ans. En 2007, il est recruté par Netflix pour concevoir un lecteur vidéo qui ne sera pas développé en interne. Il relance l’année suivante Roku, pionnier devenu aujourd’hui numéro un américain des lecteurs de contenus en streaming. L’Europe est son second marché. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Télécoms : la bataille des « box » fait rage Quelle est la différence entre les box de Roku et celles des opérateurs télécoms comme, en France, les Livebox, Bbox, SFR Box ou Freebox ? Pourquoi avoir les deux ? Nous n’avons pas seulement une box de diffusion en continu, mais aussi des sticks de streaming [sorte de clé TV], minuscules, portables et invisibles pour l’utilisateur. Nous nous efforçons de donner aux consommateurs un moyen facile d’accéder à une tonne de contenus de divertissement de grande qualité. Les lecteurs de streaming Roku et les téléviseurs équipés de Roku offrent un accès à des milliers de chaînes sur Internet, y compris des services populaires tels que Netflix, Prime Video et MyTF1 VOD. Tout ce que nous faisons est de nous focaliser sur l’expérience de la télévision en ligne sur Internet. Aux Etats-Unis, le marché des lecteurs de streaming, ou players, s’est concentré autour de Roku (numéro un), Fire TV d’Amazon (numéro deux), et d’autres dont les parts de marché déclinent. Je m’attends à ce que cette tendance se répète en Europe. Au Salon high-tech IFA de Berlin, début septembre, vous avez annoncé que Roku TV – installé sur des téléviseurs du chinois Hisense – serait d’abord disponible en Grande-Bretagne… Et la France ? Roku TV est le premier système d’exploitation pour Smart TV [télévision connectée] aux Etats-Unis, et nous avons commencé à concentrer nos efforts sur l’Europe. Nous avons en effet annoncé l’arrivée en Europe du programme de licence de Roku TV. Après une première étape au Royaume-Uni, nous prévoyons d’étendre progressivement sa disponibilité à d’autres pays européens. Aujourd’hui, nous vendons des players de streaming en France sur le site d’Amazon.fr. La plupart des Smart TV utilisent toujours un système d’exploitation conçu par le fabricant de téléviseurs, mais nous croyons qu’à l’avenir la plupart d’entre eux – si ce n’est tous – vont prendre des licences de système d’exploitation comme le nôtre. Développer et maintenir un tel logiciel, facile à utiliser pour accéder à des milliers de chaînes sur Internet, est incroyablement difficile. Et cela ne fait souvent pas partie de l’ADN d’un fabricant de matériel. Roku TV, Amazon Fire TV Stick, Google Chromecast, Nvidia Shield, Apple TV, ou encore peut-être demain une « Facebook box TV »... Y a-t-il de la place pour tout le monde ?
Pour le fondateur de Roku, le numéro un américain des lecteurs de contenus en streaming, les box externes vont disparaître au fur et à mesure que chaque téléviseur sera doté d’un système d’exploitation intégré.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/13/anthony-wood-les-box-externes-disparaitront_6015337_3234.html
mlsum-fr-1252
a immigré. Le salon, avec un fauteuil Womb du designer finlandais Eero Saarinen, deux tabourets Butterfly signés du Japonais Sori Yanagi et une table basse du Hongrois Marcel Breuer. Daniel Shea pour M Le magazine du Monde La Gropius House, au 68 Baker Bridge Road, à Lincoln. Daniel Shea pour M Le magazine du Monde Quand, en 1937, Walter Gropius est invité à venir enseigner à la Graduate School of Design de l’université Harvard, l’architecte n’hésite pas un instant. Installé depuis trois ans en Grande-Bretagne, pays qui l’a accueilli à la suite de son départ d’Allemagne, après de multiples tergiversations et quelques compromissions avec le pouvoir nazi, il se décide à quitter définitivement l’Europe. S’il lui a été interdit – comme à tous ceux qui quittaient le IIIe Reich – d’emporter la moindre somme d’argent, le gouvernement l’a autorisé à prendre avec lui tous ses effets personnels. Ainsi, à son arrivée à Lincoln (Massachusetts) en compagnie de son épouse, Ise, bien que désargenté, il a conservé l’ensemble de ses meubles et souvenirs. Des pièces de design et des objets personnels emblématiques du style de l’école du Bauhaus, qu’il a fondée à Weimar, et qui fête ses cent ans en 2019. Une ligne esthétique qui fait sa célébrité, et sa réputation, jusqu’aux Etats-Unis. Aussi est-il très bien accueilli à Lincoln. Cadre bucolique Peu de temps après leur arrivée, Walter et Ise Gropius sont conviés à une réception donnée par la richissime philanthrope et pionnière du mouvement scout Helen Storrow. Fascinée par l’architecte, cette dernière se montre généreuse : elle lui offre un terrain au 68 Baker Bridge Road, au sommet d’une colline plantée de pommiers, et lui prête la somme nécessaire à la construction de sa maison. Non seulement le cadre est bucolique à souhait, mais en plus il est idéalement situé, près de la gare, permettant d’aller au plus vite à Cambridge, ville de l’agglomération de Boston où est installé Harvard. Walter Gropius se met au travail et puise dans le vocabulaire et les matériaux qu’il a développés quelques années plus tôt au Bauhaus. « Il dessine un pavé flanqué d’extensions et décide d’utiliser des panneaux acoustiques en plâtre, des rampes d’escalier chromées et des briques de verre, un matériau nouveau dans la construction avant guerre », détaille Wendy Hubbard, responsable de la Gropius House, propriété de l’association de préservation Historic New England. Le Corbusier, Frank Lloyd Wright… Mais Gropius ne se contente pas de répéter ce qu’il faisait en Europe. Il se laisse pénétrer par l’architecture de la Nouvelle-Angleterre. « Il construit la maison sur une structure en bois et se fonde sur l’architecture locale pour le choix des matériaux de construction [la pierre et la brique] », commente Wendy Hubbard. Le résultat est donc une synthèse de l’architecture locale et de ce modernisme dont il est l’un des héros.
Bien avant les architectes stars sollicités dans le monde entier, des pionniers ont laissé leur empreinte sur des terres lointaines. En 1938, l’Allemand et fondateur du mouvement moderniste Walter Gropius fait construire une demeure aux Etats-Unis, où il a immigré.
https://www.lemonde.fr/m-styles/portfolio/2019/07/20/une-maison-bauhaus-dans-le-massachussets_5491663_4497319.html
mlsum-fr-1253
La villa Zilveli, à Paris, le 25 juin. DENIS COSNARD Jean-Paul Goude était déjà connu comme photographe, metteur en scène, réalisateur de publicités, graphiste, bref comme touche-à-tout à l’imagination débridée. A 78 ans, voici qu’il endosse un nouveau costume : celui de protecteur des monuments en péril. Le 13 juin, le trublion de la publicité a acquis, lors d’enchères judiciaires, la villa Zilveli, à Paris, un bel exemple d’architecture moderniste des années 1930. A charge pour lui, désormais, de restaurer ce bijou qui tombe en ruine. « Cette baraque me faisait rêver quand je suis arrivé à Paris il y a plus de vingt ans, et c’est toujours le cas, confie Jean-Paul Goude. Elle se trouve juste à côté de ma maison actuelle. Je vais la moderniser en restant dans le même esprit et en faire un endroit à moi, pour être seul et travailler. C’est le grand projet de ma retraite ! » Située rue Georges-Lardennois (19e arrondissement), sur la butte Bergeyre, tout près du parc des Buttes-Chaumont, la maison Zilveli est un curieux édifice construit sur pilotis, à flanc de colline. Elle ressemble à une boîte en béton armé, assez minimaliste, de 20 mètres de long sur 4,5 mètres de large, suspendue à cinq mètres du sol. Un « château en l’air », selon les mots de Peter Wyeth, un architecte britannique qui s’est passionné pour cette maison. Ses grandes fenêtres autour desquelles tout a été conçu offrent des panoramas exceptionnels. L’une donne sur Montmartre et le Sacré-Cœur. L’autre plonge sur tout Paris, avec la tour Eiffel en ligne de mire. La villa de 136 mètres carrés sur deux étages a été réalisée en 1933 pour Athanase Zilveli, un ingénieur et comptable grec né en Turquie. « Il a acheté le terrain et fait construire la villa, qu’il a offerte en cadeau d’anniversaire à sa femme, une Normande rencontrée à Paris », raconte leur petite-fille, Laurence Zilveli. La façade couleur vert pomme Les plans ont été conçus par un architecte autrichien oublié aujourd’hui, Jean Welz (1900-1975). « Un vrai moderniste, très inventif, qui faisait confiance au béton armé », s’enthousiasme Jean-Louis Avril, un ancien professeur d’architecture passionné par son œuvre. Jean Welz avait auparavant travaillé avec Robert Mallet-Stevens, puis avec Adolf Loos sur la maison de Tristan Tzara, à Paris, ainsi qu’avec Le Corbusier. « Cette villa Zilveli rappelle d’ailleurs la fameuse villa Savoye de Le Corbusier à Poissy » (dans les Yvelines), ajoute Jean-Louis Avril. A la grande époque, l’austérité de la maison était adoucie par la peinture vert pomme de la façade et par quelques éléments méditerranéens, notamment, dans le jardin, une statue d’éphèbe et un buste signé Athanase Apartis.
Le photographe et réalisateur de publicités vient d’acheter la villa Zilveli, une magnifique maison moderniste des années 1930, qui tombe en ruine.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/26/jean-paul-goude-sauve-le-squat-de-vernon-subutex_5481786_3246.html
mlsum-fr-1254
L’ancien président tunisien Moncef Marzouki à Tunis, le 7 août 2019. ZOUBEIR SOUISSI / REUTERS Tribune. Les grandes démocraties occidentales se sont toujours bien entendues avec les dictatures contre lesquelles les peuples arabes se sont insurgés en 2011. Seules étaient exemptées de leur bienveillance les dictatures hors contrôle comme l’irakienne ou la libyenne. On se souvient du sort qui leur a été fait. Durant la période qui a précédé le « printemps arabe », nous, opposants démocrates, étions regardés par les officiels occidentaux avec une condescendante sympathie, non dénuée d’un fond de racisme culturel : « Allons donc, un peu de sérieux, ils sont bien sympathiques ces gens-là, mais les Arabes, de surcroît musulmans, ne sauraient vivre en démocratie. » Le « printemps arabe », défait mais non vaincu, et se poursuivant aujourd’hui au Soudan et en Algérie, n’a pas vraiment fait bouger les lignes, et encore moins amené certains dirigeants occidentaux à changer de logiciel. Leur appui à des révolutions authentiquement démocratiques n’a été ni franc ni massif, mais plutôt timide, contraint et empreint d’une certaine gêne. Qu’est-ce que cette démocratie bizarre qui amène au pouvoir des islamistes et leurs complices laïques ? Processus interdépendants Le retour en force de la contre-révolution, notamment en Egypte, a permis aux grands Etats occidentaux de revenir tranquillement aux constantes de leur politique arabe : ventes d’armes, sous-traitance de la guerre contre le terrorisme et l’émigration illégale, impasse sur les droits de l’homme en général et ceux du peuple palestinien en particulier. « Business as usual. » Mais quels sont les coûts-bénéfices réels d’une telle politique aussi bien pour les peuples arabes que pour les peuples occidentaux ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Tunisie face au risque de la fragmentation politique Les processus de démocratisation au nord et au sud de la Méditerranée ont été considérés comme distincts et indépendants. Au Nord, l’histoire aurait parachevé une fois pour toutes la démocratisation des Etats et des sociétés. Au Sud, elle est à la peine et nul ne sait si le processus va réellement aboutir. En fait, même avant le « printemps arabe », les processus démocratiques, au Nord comme au Sud, étaient bien plus interdépendants qu’on ne l’admettait. Il est évident que les politiques occidentales d’appui aux dictatures arabes font un tort considérable à nos peuples en freinant leur propre processus de démocratisation, voulu et conduit par une jeunesse des plus connectées et des plus modernes du monde. Moins bien perçu est le tort considérable porté à la démocratie occidentale elle-même par ces mêmes politiques.
A l’approche du scrutin présidentiel du 15 septembre, l’ancien chef de l’Etat tunisien appelle et candidat à cette élection, dans une tribune au « Monde », l’Europe à agir pour que les difficultés économiques n’emportent pas la démocratie dans son pays.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/04/moncef-marzouki-si-l-europe-veut-que-la-tunisie-reste-un-exemple-de-democratisation-il-lui-faut-effacer-sa-dette_5506107_3232.html
mlsum-fr-1255
MAÏA MAZAURETTE LE SEXE SELON MAÏA Commençons tout de suite par le point « victimisation » du jour : parler de masculinité toxique ne signifie pas que toutes les masculinités sont toxiques, de même que parler de pizza hawaïenne ne signifie pas que toutes les pizzas sont hawaïennes. Dans les deux cas, c’est une excellente nouvelle pour notre digestion. Est toxique le type de masculinité qui repose sur le sexisme, l’homophobie, l’agressivité, le harcèlement, la violence, le verrouillage des émotions. Vous allez me dire : « Cette vision d’horreur est complètement caricaturale, nous sommes en 2019, nous scintillons de conscientisation antisexiste, cette chronique ne me concerne pas. » Oui, mais non (désolée, vous allez devoir continuer à lire). La masculinité toxique se comporte comme les autres produits toxiques : elle se diffuse. Tout le monde est concerné. Y compris vous. Y compris moi. L’actrice Adèle Haenel – qui a accusé cette semaine le réalisateur Christophe Ruggia d’attouchements sexuels – ne s’y trompait d’ailleurs pas quand, au micro de Mediapart lundi dernier, elle replaçait nos itinéraires personnels dans des contextes culturels : « Une femme sur cinq – et encore, je suis gentille – est confrontée directement à la violence faite par, 98 % du temps, des hommes. Donc on peut quand même se poser la question de comment on construit la virilité aujourd’hui. » Cette construction de la virilité affecte nos vies sexuelles bien au-delà de l’épouvantail des violences sexuelles, de la prostitution ou du gang-bang pornographique. Les rôles sont à la fois figés et hiérarchisés Quand les pratiques hétérosexuelles récréatives (hors procréation) reposent quasi exclusivement sur la pénétration des femmes par les hommes, les rôles sont à la fois figés et hiérarchisés (il y a des actifs et des passives, et la passivité est considérée comme un défaut). Cette répartition n’est pas seulement limitante. Elle est sexiste. Elle prend des corps, elle leur assigne des gestes, sans rapport avec leur potentiel ou leurs envies. L’individu est prié de se couler dans des désirs stéréotypés, et pire encore, de s’y épanouir (le moindre écart, même fantasmatique, nous rend suspects d’immaturité, de perversion, d’hystérie, etc.). Il faut applaudir même quand le Kama Sutra tient sur un timbre-poste. Même quand ses contours sont totalement arbitraires. Cela produit des sexualités désincarnées, où des envies aussi simples que la prise d’initiative des femmes, la sensualité hors pénétration ou les masturbations partagées sont considérées comme illégitimes. Comme « pas du vrai sexe ». Or quand l’intime plie et recule devant les codes, c’est toxique. Par ailleurs, la sexualité « normale » part du principe que tout le monde est hétérosexuel, que tous les hétérosexuels sont identiques, et que toute déviation expose à de terrifiants périls. Ainsi, le refus de la pénétration du corps des hommes (ou sa minoration, ou son mépris) ne peut pas être envisagé sans rapport avec la peur de « devenir gay ». Si nos préférences les plus privées reposent sur de l’homophobie, c’est triste. Et c’est toxique. Quand certaines pratiques hétérosexuelles (sodomie, gorge profonde, rapport brutal, etc.) sont rendues douloureuses par notre incompétence ou par notre indifférence, quand on plaisante sur le fait que « c’est meilleur quand ça fait un peu mal » (sous-entendu : aux femmes), on utilise, on trivialise, on érotise, la violence. Cette érotisation n’existerait pas sans un imaginaire, masculin toxique, qui sublime les comportements agressifs, et qui considère la souffrance comme un support masturbatoire absolument dénué de conséquences. Dans un cadre BDSM (bondage, domination, sado-masochisme), cette violence est pensée, négociée, stylisée. Amen. Hors BDSM, elle repose sur l’a priori voulant que la douleur soit fatale, excitante ou pas bien grave. Je parie que vous n’avez pas saupoudré de gravier votre gratin dauphinois dominical. Pourtant, dans un cadre de masculinité toxique, non seulement certains saupoudrent de gravier leur sexualité, mais ils accusent de sensiblerie et de mauvais goût les non-adeptes du gravier. C’est toxique. Lire aussi Bondage et sado-masochisme, comment débuter tout doux Vous lisez la presse, vous avez donc entendu parler de harcèlement sexuel. Vous savez également que la séduction reposant sur un imaginaire de la conquête produit du harcèlement, puisque par définition, on ne conquiert que ce qui résiste. Outrepasser le « non » ? Coller des mains aux fesses ? Toxique. Comprendre les émotions de l’autre Enfin, quand notre conception de l’élégance interdit d’exprimer simplement nos fantasmes, parce que les mots seraient sales, les idées dégoûtantes, et parce qu’il faudrait « préserver le mystère », elle impose le verrouillage des émotions. Or quand on ferme la porte et qu’on obture les fenêtres, évidemment que c’est toxique. Et qu’on marine dedans. Cette liste peut vous sembler déprimante. Je compatis. Côté pile, aucune intimité contemporaine n’échappe à sa dose de masculinité toxique (les femmes peuvent, évidemment, faire preuve des mêmes réflexes). Côté face, quand on identifie les toxines, on peut commencer à changer d’air. Pour ce faire, j’ai demandé leur avis à deux experts en masculinité. Commençons par Victoire Tuaillon, qui vient de synthétiser deux années du podcast « Les Couilles sur la table » (écoutez ici) dans un essai du même nom publié aux éditions Binge Audio. Pour elle, « ce qui révolutionnerait la sexualité masculine, c’est avant tout une véritable égalité de fait dans notre société entre femmes et hommes ! En attendant, c’est la curiosité, l’introspection, l’empathie. Il s’agit moins d’exprimer ses émotions que de bien comprendre celles de l’autre. Il faudrait donc évaluer comment les différences d’âge, de profession, de notoriété, de force physique, de capital, de personnalité, de beauté, de santé… participent aux dynamiques de la relation. Ce qui demande beaucoup de clairvoyance, surtout quand on se rencontre. Mais ces prises de conscience permettent de percevoir plus finement son propre désir. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Victoire Tuaillon, féministe d’utilité publique Proposer sans imposer Quant à Martin Page, qui republie en janvier son essai « Au-delà de la pénétration » (aux éditions Le Nouvel Attila), il démontre la même sensibilité aux rapports de domination : « Un homme face à une femme est dans une position de pouvoir, même s’il est féministe, super de gauche et anticapitaliste. » Et pour les travaux pratiques, il ne manque pas d’idées : « Ne pas considérer les femmes comme des poupées de porcelaine, accueillir leur parole sans jamais les juger, reconnaître la singularité de chaque amante, y compris quand sa partenaire souhaite se déguiser en caribou, ne pas jouer à celui qui sait mieux que l’autre. Il faut proposer sans imposer, et sans jamais être déçu par le rejet de sa proposition. Et puis reconnaître qu’on se plante parfois, qu’il n’y a pas un seul modèle en matière de sexualité. Pour cela, il faut déjouer les chemins tous tracés, accepter de ne pas mener la danse, donc se laisser aussi toucher, caresser, pénétrer. » Attendez, ça n’est pas fini : « Dans nos lits nous pouvons apporter des sex-toys, du lubrifiant, des huiles de massage, des foulards, des menottes, mais il me semble nécessaire d’y convoquer aussi des livres et de la pensée. Une masculinité sexuelle non toxique ne tombe pas du ciel : les hommes doivent lire des féministes, les suivre sur les réseaux sociaux, les écouter dans les repas de famille. Cela ne se fera pas sans petits tiraillements et renoncements. » S’il vous semble impossible de survivre à ces renoncements, observez le tableau qui apparaît quand on retourne chacune des caractéristiques de la masculinité toxique. On remplace alors la transgression par la communication (transgresser, franchement, c’est très XXe siècle), la violence par la douceur, la souffrance par le plaisir, le harcèlement par le consentement, le verrouillage par le partage. Et bien sûr, on remplace les obligations de genre par nos préférences personnelles. Si vous ajoutez des déguisements de caribou… comment dire non à une proposition pareille ? Retrouvez ici toutes les chroniques de Maïa Mazaurette dans « La Matinale ».
Privilégier la communication et le partage entre partenaires, écouter ses préférences sexuelles plutôt que se cantonner à des rôles figés et hiérarchisés… Maïa Mazaurette, la chroniqueuse de « La Matinale », nous livre quelques pistes pour en finir avec une virilité nocive et insidieuse.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/10/petit-guide-de-la-sexualite-masculine-non-toxique_6018650_4497916.html
mlsum-fr-1256
Sur la plage de Yoff, en banlieue de Dakar, en mars 2006. Finbarr O'Reilly / REUTERS Chaque matin lorsqu’il se lève avec le soleil, Ibrahima Diouf a un réflexe. Il saisit son téléphone portable et guette l’arrivée d’un SMS un peu particulier, un bulletin climatologique qui lui fournit les conseils agrométéorologiques du jour : températures, vents et pluies à prévoir. Pour cet agriculteur de la commune rurale de Meouane, à environ 100 km de Dakar, au Sénégal, ces informations sont devenues indispensables à son travail. Sans elles, il ne peut prévoir convenablement ses semailles et court le risque de planter à perte et d’obtenir une récolte famélique. « Depuis des années, nous vivons directement le changement climatique, dit-il. Nous le voyons sur la nature, les arbres, les pluies. La productivité a diminué à cause de la chaleur et de la pluviométrie courte. Chaque année, l’hivernage [la saison des pluies] commence plus tard. Cette année, la première averse est tombée le 24 juillet et c’est la seule pour l’instant. » Les agriculteurs, estime-t-il, sont les premières victimes du réchauffement. Cette sécheresse progressive des terres sénégalaises, ce sexagénaire la fait remonter aux années 1980, avant une accélération soudaine « ces cinq dernières années », entraînant dans son sillage misère, exode rural et migration. Face à l’urgence, l’Agence américaine de développement (Usaid) a financé en 2016 un projet de résiliences appelé Cinsere (service d’information climatique pour accroitre la résilience et la productivité au Sénégal). Le projet est mis en œuvre par le programme chargé du changement climatique au sein du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR). « Nous accompagnons l’agence nationale de la météorologie afin qu’elle produise des informations détaillées pour les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs, pour les aider à s’adapter au changement climatique, améliorer leur productivité et réduire la pauvreté », explique le docteur Issa Ouedraogo, coordonnateur du projet. Pour y arriver, Cinsere a d’abord dû densifier le maillage des stations météorologiques sénégalaises. « Parfois, la distance entre deux stations était de plus de 200 km, créant des imprécisions dans les modèles climatiques. Nous avons donc généré des données satellitaires afin de réduire ces espaces à 5 km. » Des SMS à près de 6 000 personnes Une fois ces informations en main, l’équipe les modèle en messages d’alerte avant de les partager au plus grand nombre. Aujourd’hui, le projet privilégie quatre canaux : radio, télévision, SMS et appel vocal. Les bulletins sont diffusés sur environ 100 radios communautaires et les SMS délivrés à près de 6 000 personnes. Le téléphone portable est un canal privilégié de diffusion dans un pays qui compte plus de 15 millions d’abonnés au mobile, contre 7,5 millions en 2010. Selon l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes, le taux de pénétration du mobile s’élevait en 2018 à près de 106 %. Au Sénégal, il n’est pas rare de posséder plusieurs téléphones actifs. « Grâce à la généralisation du mobile, un programme comme le nôtre peut lutter contre la pauvreté en milieu rural bien plus facilement qu’auparavant », avance Issa Ouedraogo. Mais un gros handicap subsiste : l’illettrisme, qui touche la moitié de la population. « Afin de contourner ce problème, nous avons développé des messages vocaux automatisés en wolof, transmis par téléphone », poursuit-il. Autre méthode efficace, ancienne et éprouvée : le bouche-à-oreille. Selon les calculs de l’équipe, il permet d’atteindre près de 200 000 personnes, soit 48 % des bénéficiaires du projet. Grâce aux réseaux sociaux, des groupes d’agriculteurs ont numérisé la pratique, diffusant la bonne parole météorologique dans des groupes WhatsApp et Facebook, permettant de couvrir la majorité du territoire, selon Cinsere. « Les repères naturels disparaissent » Pêcheur chevronné, Abdoulaye Ndiaye fait un peu comme Ibrahima Diouf. Chaque matin, il regarde sur son téléphone le bulletin de Cinsere, puis il fixe près de l’embarcadère de pêche un drapelet vert, jaune ou rouge en fonction des conditions météo. Pour les pêcheurs artisanaux en pirogue, une forte houle et des vagues de 2,5 mètres peuvent être un danger de mort. « Avant ces prévisions, on regardait le ciel en tentant d’apercevoir les signes d’une tempête, soutient-il. On partait en mer des heures, voire des jours, sans savoir ce qui nous y attendait. Je ne compte plus les chavirements, les décès et les familles désolées. » Avec des informations sur les marées, la houle, les vents, la visibilité, la foudre et les zones à éviter, ces bulletins SMS sont devenus aussi indispensables que le GPS. « Nous en discutons entre nous et décidons où et quand aller en mer, ajoute-t-il. Cela nous apporte une sécurité inestimable. » Abdoulaye Ndiaye fait partie des ambassadeurs du projet sélectionnés pour suivre des modules de formation décryptant les données climatiques et chargés, à leur tour, de transmettre ces enseignements à leur communauté. « Au départ, certaines localités nous ont reçus avec réticence, se rappelle Issa Ouedraogo. Au Sénégal, il y a des sages, les “saltigués”, qui s’occupent de la prévision du temps. Devant nos modèles climatiques, ils ont dit : “Vous diminuez notre pouvoir, vous nous manquez de respect”, et beaucoup refusaient nos informations. » Mais petit à petit, la fiabilité des pronostics de Cinsere les fait changer d’avis, au moment où leurs propres prévisions se trouvent fragilisées par un changement climatique qui a bouleversé de nombreux phénomènes. « Les oiseaux qui criaient à une certaine période ont migré au nord, les arbres qui fleurissaient ont soit été coupés soit ne fleurissent plus au même moment, énumère Issa Ouedraogo. Les repères naturels disparaissent à cause de l’activité humaine. » Un programme en péril Au Sénégal, selon les projections pour les vingt prochaines années, « les précipitations vont diminuer de 3 à 10 % à cause du réchauffement climatique et la température va augmenter de 2 °C », affirme le docteur Ouedraogo. A Meouane, la désertification menace déjà les champs et les pâturages. En 2018, la commune a enregistré 196 mm de pluie. « L’activité agricole devient difficile, alors on essaie de s’adapter, raconte Ibrahima Diouf, devenu lui aussi ambassadeur du projet. On plante des brise-vent pour freiner l’avancée du désert et on modifie nos semences. Avec des pluies de plus en plus courtes, si on veut pouvoir récolter quelque chose, on doit remplacer nos semences à cycle long par des semences courtes. Pour un paysan, lutter contre la pauvreté, c’est simplement pouvoir récolter. » Selon une étude de l’Usaid, l’utilisation des services d’information climatiques contribue à améliorer la performance de la production agricole de 20 à 40 % pour le mil, le sorgho et le riz. Financé à hauteur de 3,5 millions de dollars (environ 3,2 millions d’euros) par les Etats-Unis depuis 2016, Cinsere arrivera à échéance le 31 décembre 2019. Mais les équipes du projet sont à pied d’œuvre pour assurer sa durabilité en cherchent à développer de nouveaux modèles économiques qui impliquent public et privé. Si de nouveaux financements ne sont pas trouvés rapidement, le risque est de devoir faire reposer le coût sur les utilisateurs : agriculteurs, éleveurs et pêcheurs. Une nouvelle qui n’entame pas pour autant le moral d’Ibrahima Diouf : « Le changement climatique est l’affaire de tous. Tant que je le pourrai, je continuerai de diffuser l’information climatique et de sensibiliser ma communauté. Pour le reste, inch’Allah. »
Le numérique contre la pauvreté (5/6). Au Sénégal, où les effets du réchauffement climatique se font durement sentir, un programme vient en aide aux professionnels du secteur primaire.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/27/la-meteo-par-sms-un-outil-d-avenir-pour-les-agriculteurs-et-pecheurs-africains_6013382_3212.html
mlsum-fr-1257
Dans la permanence vandalisée du député LRM de Perpignan Romain Grau, le 27 juillet. RAYMOND ROIG / AFP Le nombre d’agressions visant des maires ou leurs adjoints a augmenté plus rapidement en 2018 que dans les autres professions, selon le ministère de l’intérieur, dont une note datée du 8 août a été consultée par le Journal du dimanche, qui en fait la synthèse dans son édition 11 août. Selon l’hebdomadaire, 361 maires et adjoints ont été victimes d’« atteintes volontaires à l’intégrité physique » l’année dernière, soit 9 % de plus qu’en 2017 – le recensement des agressions ne serait, explique le journal, pas exhaustif. La note du ministère de l’intérieur précise que 60 % des élus concernés ont été victimes de menaces ou de chantage, 40 % de violences physiques dites « non crapuleuses » (qui n’ont pas pour fin un vol ou ne sont pas des violences sexuelles). « Il faut donner un véritable coup d’arrêt et assurer une meilleure protection des maires, une amélioration de leurs conditions d’exercice du mandat et une identification des sujets sensibles », a réagi auprès du Journal du dimanche le président de l’Association des maires de France, François Baroin, pour qui « les maires sont en danger ». La parution de cette note intervient moins d’une semaine après la mort, lundi 3 août, de Jean-Mathieu Michel, maire de la commune de Signes (Var) renversé par une camionnette venue décharger illégalement des gravats. 91 % des sondés n’approuvent pas les violences Les agressions d’élus connaissent une visibilité importante depuis l’adoption par le parlement du CETA, traité de libre-échange controversé avec le Canada. Plusieurs permanences de députés de la majorité La République en marche (LRM) favorables au texte ont été vandalisées par des opposants. Dans un sondage IFOP commandé par le Journal du dimanche et également publié dimanche 11 août, 47 % des personnes interrogées (sur un échantillon de 1 006 personnes) condamnent tout acte de vandalisme commis contre des permanences d’élus de la majorité, 44 % les comprennent mais ne les approuvent pas, 9 % les approuvent. La même enquête estime que huit sondés sur dix (83 %) ont une « bonne opinion » des maires, en revanche, ils ne sont que 38 % à avoir une bonne opinion des élus en général – leur point de vue des sénateurs et députés est à 67 % négatif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ce climat de violence est inacceptable » : les députés LRM inquiets après de nouvelles dégradations de permanences
Une note du ministère de l’intérieur consultée par le « Journal du dimanche » recense 361 maires et adjoints victimes de menaces, violences physiques ou outrage en 2018.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/11/les-maires-sont-en-danger-le-nombre-d-elus-municipaux-victimes-d-agressions-en-augmentation_5498502_823448.html
mlsum-fr-1258
L’immeuble du 22, avenue Foch, dans le 16e arrondissement de Paris, où est situé l’appartement de Jeffrey Epstein. CHARLES PLATIAU / REUTERS Jean-Paul Mulot n’en est toujours pas revenu. Voilà dix jours, cet ancien directeur délégué du Figaro, désormais « ambassadeur » au Royaume-Uni de la région Hauts-de-France, dirigée par son ami Xavier Bertrand, a dû justifier par voie de presse la présence de ses coordonnées dans un carnet où il ne fait pas bon avoir son nom : le « petit livre noir » (little black book) de Jeffrey Epstein, qui s’est suicidé en prison à New York le 10 août, un mois après son arrestation pour « abus sexuels sur mineurs ». Le nom de M. Mulot avait été relevé, durant l’été, par plusieurs sites complotistes ou proches de l’extrême droite. Puis l’une de ces mentions, sur Breizh Info, a fait l’objet d’une reprise par le quotidien 20 Minutes. M. Mulot est pourtant catégorique : il ne connaissait pas le sulfureux milliardaire américain, ne l’a rencontré qu’à une seule reprise lors d’un dîner « il y a une quinzaine d’années », et le décrit comme un personnage « affreusement mal élevé, odieux ». Son épouse, dont les coordonnées sont également présentes dans le carnet, aurait pour sa part connu l’ex-compagne et complice présumée de M. Epstein, Ghislaine Maxwell, durant leurs études à Oxford. Pour M. Mulot, la publication de son nom est une « dégueulasserie », dont il dénonce l’instrumentalisation par l’opposition Rassemblement national dans les Hauts-de-France. « C’est pour mes enfants que c’est épouvantable », confie M. Mulot au Monde, lucide sur le risque que, à l’heure des réseaux sociaux, « cela va coller, ce sera réutilisé, repris » contre lui à l’avenir. Des dizaines de noms célèbres Le « petit carnet noir » de Jeffrey Epstein refait ainsi surface mais il est en réalité depuis le début au cœur de l’affaire, qui fascine l’Amérique depuis une dizaine d’années. Le milliardaire, ami de Donald Trump comme de Bill Clinton, est accusé d’avoir organisé un réseau destiné à lui procurer des jeunes femmes, souvent mineures, instrumentalisées et manipulées, avec lesquelles il avait des rapports sexuels. Son île, située dans les îles Vierges américaines, a été rebaptisée « Pedophile Island » par la presse outre-Atlantique. Selon l’accusation, il « prêtait » également parfois ces jeunes femmes à ses amis. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jeffrey Epstein, itinéraire d’un prédateur sexuel Dans le « petit livre noir », il y a justement des noms, des adresses, des digicodes et des numéros de téléphone, qui circulent sur Internet. De quoi alimenter toutes les théories du complot. Ce document a, au départ, été subtilisé par Alfredo Rodriguez, ancien employé de maison du milliardaire. Mort en 2014, cet homme avait tenté, à la fin des années 2000, de vendre le carnet, pour 50 000 dollars, à l’un des avocats des victimes du milliardaire, qui a dénoncé sa tentative aux autorités. M. Rodriguez a alors passé dix-huit mois en prison.
Ce carnet d’adresses du milliardaire américain accusé de pédophilie alimente, depuis des années, des mises en cause hâtives.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/11/affaire-epstein-histoires-d-un-petit-livre-noir_5508850_3224.html
mlsum-fr-1259
Rusada, l’agence russe antidopage, a été réintégrée par l’AMA il y a tout juste un an. Maxim Shemetov / REUTERS Moscou a-t-elle commis l’irréparable et voulu, une fois de plus, contourner les règles de l’Agence mondiale antidopage (AMA) ? Un an après avoir réintégré la Russie sous les huées, l’AMA a annoncé, lundi 23 septembre, avoir ouvert une procédure à son encontre, soupçonnant une infraction au pacte qui les lie. Par ce geste, elle rouvre un feuilleton qui pollue le sport mondial depuis bientôt cinq ans et place la Russie sous la menace d’une nouvelle suspension et d’une absence aux Jeux olympiques de Tokyo. La crise semblait s’être achevée lorsque, en janvier, la Russie avait remis, avec un peu de retard, l’ensemble des données informatiques des instruments d’analyse du laboratoire antidopage de Moscou, entre 2012 et 2015. Avec ces données, l’AMA et les fédérations internationales allaient pouvoir sanctionner plus d’une centaine de sportifs russes pour leur participation au dopage institutionnel ayant eu cours au début de la décennie. Mais, après plusieurs mois d’analyses, les experts informatiques de l’université de Lausanne mandatés par l’AMA ont constaté de nombreuses incohérences entre ces données et celles obtenues précédemment, grâce à des lanceurs d’alerte au cœur du laboratoire. Mentionnées pour la première fois en juillet, ces anomalies n’ont toujours pas trouvé d’explication. Le 17 septembre, l’AMA a ouvert « une procédure formelle de conformité à l’encontre de Rusada (l’agence russe antidopage) » et donné trois semaines à l’agence russe et au ministère des Sports pour expliquer ces incohérences. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dopage : le retour en grâce, contesté, de la Russie « Un certain nombre de points qu’on ne s’explique pas » « Il y a des incohérences au niveau des données électroniques. Pas seulement avec le LIMS (base de données qui recense les contrôles du laboratoire entre 2012 et 2015, N.D.L.R.), c’est plus vaste que cela, dit au Monde Olivier Niggli, directeur général de l’AMA, qui reste volontairement flou. Les enquêteurs “forensic” ont cherché des explications depuis juillet, mais il y a un certain nombre de points qu’on ne s’explique pas. » « Il y a déjà eu des réunions avec les experts russes il y a quelques semaines et Iouri Ganus (directeur de Rusada) est au courant. Mais cela ne concerne pas vraiment l’agence russe, puisque ce n’est jamais elle qui a été en charge de ces données. » Il faut comprendre que si manipulation il y a eu, c’est le fait de l’Etat russe, dont la main est partout depuis l’origine de cette affaire : la dissimulation des cas positifs, les négociations avec les instances (Comité international olympique et Agence mondiale antidopage), la pression sur les fédérations internationales, le piratage d’ordinateurs pour accéder aux échanges d’e-mails et discréditer l’AMA, et même, soupçonnent certains, la mort subite, à deux semaines d’intervalle, de deux anciens dirigeants de RUSADA, en 2016. « Nous avons appris que les données transmises à l’AMA par un informateur sont quelque peu différentes de la copie que les experts de l’AMA ont obtenue de Moscou en 2019, a commenté le ministre russe des sports, Pavel Kolobkov, dans un communiqué. Des experts des deux côtés, déjà en contact, vont voir à quoi sont dus ces écarts. Nous continuons d’aider par tous les moyens possibles. » La manipulation que tout le monde craignait Compte tenu des extrêmes atteints par la Russie pour protéger ses sportifs depuis une décennie, beaucoup d’observateurs soupçonnaient que, avant de transmettre 20 térabytes données pouvant provoquer une vague de suspensions, Moscou et ses experts informatiques soient tentés de les falsifier. « Il serait très compliqué de falsifier des documents individuels, mais nous ne sommes pas naïfs », disait en janvier le chef du service d’enquêtes de l’AMA, Günter Younger, ancien de la police allemande spécialisé dans le crime organisé et le trafic de stupéfiants. Il se disait également confiant dans la possibilité de mettre en évidence une éventuelle manipulation. Iouri Ganus, joint dimanche par le New York Times, n’a pas exclu la possibilité que les données aient été manipulées, lui qui lutte pied à pied avec le ministre des sports, Pavel Kolobkov, pour faire évoluer le système russe : « J’espère toujours, mais je vis dans un pays où nous devons être préparés à toutes les situations », a-t-il dit. Olivier Niggli serait-il davantage surpris que la Russie ait tenté d’envoyer des données falsifiées ? « Je serais déçu, répond-il. Je peine à comprendre si cela a été fait alors qu’il y avait opportunité de tourner la page. » « Il doit y avoir des conséquences pour l’Etat russe » La communauté antidopage partage la crainte d’une nouveau marathon médiatique et judiciaire, coûteux pour les finances et l’image de la lutte antidopage. « Si c’est vrai, on est de retour à la case départ, s’inquiète le Danois Michael Ask, directeur de l’Institut national des organisations antidopage (Inado). Alors que le but de cette opération était d’aller au fond des choses, enquêter sur les cas et pouvoir enfin refermer cette période noire. » « Si l’implication de l’Etat russe est avérée, il doit y avoir également des conséquences à ce niveau. L’AMA et le CIO doivent trouver un moyen de sanctionner les Etats dans une telle situation. Car la Russie a bien changé toute la machinerie, c’est-à-dire Rusada, mais si l’on ne change pas le capitaine, à savoir le système politique, la direction reste la même. » Au moment de valider la réintégration de Rusada, il y a un an, le comité indépendant de conformité (CRC) avait déjà prévu noir sur blanc les conséquences de la manipulation des données, assurant de son intransigeance. Le CRC prévoyait de demander la mise en non-conformité de l’agence russe et les conséquences les plus sévères. C’est-à-dire « très probablement » l’interdiction pour la Russie d’accueillir un championnat du monde, quel que soit le sport, pour une période donnée, et l’absence de tout athlète, entraîneur ou officiel sous la bannière russe aux Jeux olympiques et paralympiques de 2020, comme ce fut le cas aux JO d’hiver 2018. Recommandation attendue en octobre A moins que la Russie ne parvienne à expliquer les incohérences constatées, le CRC devrait faire une recommandation en ce sens à l’AMA au mois d’octobre. Cette dernière ferait alors une proposition de sanction à la Russie. Olivier Niggli envisage déjà que l’affaire finisse devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) dans l’hypothèse, probable, où la Russie conteste la sanction imposée par l’AMA. « Les sanctions possibles sont définies par le standard sur la conformité. Il appartiendra au TAS de déterminer leur gravité », dit le Suisse. Si tel est le cas, le feuilleton russe connaîtra, en 2020, une sixième saison. Dont on connaît déjà les uniques gagnants : les avocats en droit du sport, qui lorgnent vers un nouveau passage devant le TAS, à Lausanne. La Fédération internationale d’athlétisme maintient la suspension de la Russie La Fédération internationale (IAAF) a annoncé, lundi 23 septembre, qu’elle maintenait la suspension de la Russie, à quatre jours de l’ouverture des Championnats du monde, à Doha. La suspension de la Russie avait été décidée en novembre 2015 après la révélation d’un dopage d’Etat organisé dans le pays. La délégation russe avait déjà été absente aux Mondiaux 2017 de Londres, ainsi que des Jeux Olympiques 2016 à Rio de Janeiro. « Le Conseil (de l’IAAF) a approuvé la recommandation de la Task Force de maintenir la suspension de la Russie, probablement la plus forte que nous n’ayons jamais reçue » de leur part, a déclaré le président de l’IAAF, Sebastian Coe après une réunion à Doha.
L’Agence mondiale antidopage soupçonne Moscou d’avoir manipulé les données de son laboratoire antidopage. La Russie risque une nouvelle suspension et une absence des JO de 2020.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/23/dopage-la-russie-de-nouveau-au-bord-du-gouffre_6012706_3242.html
mlsum-fr-1260
Le chef Marc Veyrat a demandé à être retiré du guide Michelin lorsqu’il a perdu une étoile. THOMAS SAMSON / AFP On distingue deux catégories de chefs en France : ceux qui encensent le Michelin et le considèrent comme la seule unité de mesure rigoureuse ; et ceux qui l’abhorrent, le trouvent injuste et dépassé. Quoi qu’il en soit, les rapports du guide rouge avec les chefs ont tendance à être passionnels, et l’épisode Marc Veyrat en est le meilleur exemple. Marc Veyrat est un chef qui a toujours fait l’objet de polémiques – ne serait-ce qu’en décembre 2015, quand il a été condamné à 100 000 euros d’amende pour atteinte à l’environnement. Mais son talent en cuisine n’a jamais été remis en cause, et les décorations ont toujours plu sur ses différents projets : par le passé, il a obtenu trois fois trois étoiles au Guide Michelin, et deux fois 20/20 au Gault et Millau. En janvier 2019, lors du lancement annuel de son nouveau guide, le Michelin a annoncé que le chef savoyard qui avait décroché trois étoiles l’année précédente pour sa Maison des Bois à Manigod (Haute-Savoie) n’en avait plus que deux. Mercredi 10 juillet, Marc Veyrat a fait savoir qu’il souhaitait que son restaurant soit retiré du guide ; requête à laquelle le Michelin n’a pas accédé. Le lendemain, dans une interview accordée à Lyon Capitale, Marc Veyrat s’est répandu en critiques contre le Michelin. Il reproche aux inspecteurs de ne rien connaître à la cuisine ni au terroir, de « s’attaquer aux institutions » et suppose que la perte de sa troisième étoile est une vengeance du nouveau directeur international du Michelin, Gwendal Poullennec, arrivé à ce poste en septembre 2018. « Tu fais la cuisine pour les inspecteurs » Le Savoyard explique également avoir eu des « idées très très noires », laisse entendre qu’il a pensé se suicider et évoque Bernard Loiseau, ce chef trois étoiles qui s’est donné la mort en 2003. A l’époque, le Michelin avait été désigné coupable : le guide venait d’avertir le chef que son restaurant connaissait une petite baisse de régime. La thèse selon laquelle Michelin a été « l’élément déclencheur » du suicide de Bernard Loiseau a été contredite par des proches du chef, et pourtant, c’est cette version que l’histoire a retenue. S’il semble exagéré de penser que le guide rouge peut détruire la vie des chefs, il est certain qu’il joue un rôle déterminant dans leur carrière. Une nouvelle étoile pour un restaurant est généralement synonyme d’une augmentation de 30 % de sa fréquentation ; pour les tables installées à la campagne, une étoile est un atout crucial pour se faire connaître.
Ils l’adulent ou le détestent. Guettent les macarons ou les méprisent. Pourquoi les chefs ont-ils un lien si ambigu avec le guide rouge ?
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/07/12/les-chefs-et-le-michelin-je-t-aime-moi-non-plus_5488416_4497319.html
mlsum-fr-1261
David Petraeus, en octobre 2017. DREW ANGERER / AFP FRANCE CULTURE - PODCAST Comment les services de renseignements informent-ils nos gouvernements ? Quelle est la réalité des liens entre espionnage et pouvoir ? Ce sont ces questions que Philippe Vasset et Pierre Gastineau creusent dans la série Conversations secrètes, le monde des espions. Les deux journalistes, directeurs successifs de la revue sur le renseignement Intelligence Online, sont également les auteurs d’Armes de déstabilisation massive (Fayard, 2017), une enquête sur le business international des fuites de données. En huit épisodes d’une heure, chacun consacré à un pays, les deux journalistes décodent l’histoire, les motivations, les rouages et les outils des services secrets. Royaume-Uni, Etats-Unis, Russie, Allemagne, Chine, Israël, Algérie et France, pour chaque puissance du renseignement scrutée, ils ont tendu le micro aux grands pontes des services secrets, anciens espions et/ou ex-directeurs d’agence tels que David Petraeus, ex-patron de la CIA, ou Richard Dearlove, l’ancien chef du MI6 britannique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment faire parler une taupe : « L’Espion et le Traître », de Ben Macintyre Comment se remettre de l’échec dans le dossier des armes de destruction massive en Irak ? Quels moyens faut-il déployer face aux tentatives de manipulation des opinions publiques sur les réseaux sociaux ? De quelle autonomie disposent les agences ? Quelles missions pendant la guerre froide, « âge d’or des agents secrets » ? Comment réconcilier services secrets et Etat de droit ? Faut-il communiquer sur ses activités ? Autant de problématiques de pouvoir auxquelles ont été confrontés ces acteurs de l’espionnage. La persistance d’un mythe Au fil des conversations avec les éminences grises de ces huit puissances du renseignement apparaissent des cultures différentes de l’information et de son rôle. Au Royaume-Uni, par exemple, les espions sortent de l’université alors qu’en France ou Russie, le renseignement est d’abord une affaire militaire. En Allemagne, c’est un métier de juristes. Une constante, de taille : la persistance d’un mythe, omniprésent dans la fiction, quel que soit le pays. On se régale de la foule d’extraits de romans, de films, de séries télévisées ou de morceaux de musique pop consacrés aux espions. Lire aussi Un ancien espion de la DGSE devenu youtubeur Dans la réalité des liens avec le pouvoir qu’elle raconte, cette série démystifie l’aura des agents secrets : ils échouent parfois, ils peuvent ressentir une immense frustration face aux décisions politiques qui sont finalement prises, ils ne sont pas à l’abri de confondre informations et renseignements voire profitent de leur situation pour s’enrichir. Une captivante fenêtre sur les arcanes d’un lieu de pouvoir. Conversations secrètes, le monde des espions, série de Pierre Gastineau et Philippe Vasset, réalisée par Rafik Zenine (8 × 60 min).
France Culture propose une passionnante plongée au cœur des pratiques d’espionnage de huit puissances, à travers une série de podcasts signés Pierre Gastineau et Philippe Vasset.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/24/a-l-ecoute-des-questions-existentielles-des-agents-secrets_5502485_3246.html
mlsum-fr-1262
Le fondateur et dirigeant de Twitter, Jack Dorsey. Jose Luis Magana / AP Le réseau social Twitter s’est effondré à Wall Street, jeudi 24 octobre, après que l’entreprise a fait part de « ratés » dans ses outils publicitaires et, plus précisément, dans ses capacités à diffuser des publicités fondées sur le ciblage de ses utilisateurs. Après diffusion de ces informations, l’action du groupe a chuté de près de 20 % à l’ouverture des marchés à la Bourse new-yorkaise. L’agence Bloomberg évoque une perte de près de 4,5 milliards de dollars de la valorisation de Twitter, en raison de cette dégringolade. Twitter shares plummeted on Thursday, and analysts don’t expect a quick rebound https://t.co/bT7Z2czVHQ https://t.co/dREgcYqGhV — business (@Bloomberg) « Malheureusement, nous avons fait des erreurs et avons rencontré des bugs », a indiqué le patron de Twitter, Jack Dorsey, lors d’une conférence téléphonique pour commenter les résultats de Twitter pour le troisième trimestre 2019. L’entreprise y fait part d’un bénéfice trimestriel de 36,52 millions de dollars, une somme bien moindre que les 789,2 millions de dollars enregistrés à la même période en 2018. Le chiffre d’affaires de Twitter s’est lui établi à 823,7 millions de dollars, une somme inférieure aux 874 millions attendus en moyenne dans les prévisions d’analystes. « Multiples problèmes » Dans une lettre adressée aux actionnaires de Twitter, le groupe précise que ces « bugs » ont affecté sa « capacité à faire de la publicité ciblée et à partager des données avec [ses] partenaires publicitaires et les sociétés de mesure ». « Bien que nous prenions des mesures pour résoudre ces problèmes, nous nous attendons à ce qu’ils continuent de peser sur la performance globale de notre marché publicitaire dans un futur proche », a averti l’entreprise. « Cela ne relevait pas d’un problème unique, nous nous sommes rendu compte de multiples problèmes durant le trimestre », a également déclaré le directeur financier de Twitter, Ned Segal. Il a précisé que certains paramètres de personnalisation et de récolte des données d’utilisateurs n’avaient pas fonctionné correctement. Début octobre, Twitter avait d’ailleurs présenté ses excuses pour avoir utilisé par « inadvertance » des numéros de téléphone et des adresses e-mail de ses utilisateurs à des fins publicitaires, alors que ces informations n’auraient pas dû être utilisées pour cela. Lire aussi Twitter a utilisé par erreur des courriels et des numéros de téléphone à des fins publicitaires Ces « ratés » dans les outils publicitaires se sont principalement concentrés en dehors des Etats-Unis, où la croissance du chiffre d’affaires dans la publicité a augmenté de seulement 5 % contre une hausse de 11 % sur le territoire américain, révèlent les derniers résultats trimestriels de Twitter. En tout, les recettes publicitaires, source indispensable de revenus pour Twitter (et la plupart des réseaux sociaux, Facebook en tête), se sont établies à 702 millions de dollars au troisième trimestre : une hausse de 52 millions de dollars par rapport à la même période l’an dernier, mais entachée par les révélations de ces « bugs ». 145 millions d’utilisateurs quotidiens Les résultats décevants publiés jeudi illustrent les défis de Twitter, qui peine à rester au contact de ses principaux concurrents alors qu’il cherche à lutter contre les contenus abusifs et les campagnes de désinformation sur sa plate-forme. Le réseau social, qui a changé son outil de mesure au deuxième trimestre, calculant désormais les usagers quotidiens « monétisables » (c’est-à-dire, à qui l’on peut diffuser des publicités) a annoncé un chiffre de 145 millions d’utilisateurs quotidiens. Soit une hausse de 6 millions par rapport aux 139 millions d’utilisateurs quotidiens du trimestre précédent. Très utilisé par les journalistes, les hommes politiques et les célébrités, Twitter a plus de difficultés à s’imposer auprès du grand public et à rivaliser avec les applications de l’univers Facebook (Facebook, Messenger, Instagram, WhatsApp), ou encore Snapchat ou TikTok. Lors de sa conférence, Jack Dorsey a affirmé que cette augmentation du nombre d’utilisateurs était « une amélioration substantielle » et que son entreprise s’efforçait d’éradiquer les contenus inappropriés. « Nous avons une base incroyablement solide sur laquelle nous pouvons nous appuyer », a-t-il affirmé. Le patron de Twitter a également assuré que les systèmes automatisés de détection de contenus déplacés s’étaient perfectionnés, 50 % des publications illicites étant désormais supprimées « de manière proactive » sans avoir besoin d’un signalement préalable, selon lui. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un impeachment numérique pour Donald Trump ?
Le réseau social a vu son titre chuter de près de 20 % à Wall Street, jeudi, après avoir révélé que des « bugs » ont sapé sa capacité à faire de la publicité ciblée.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/24/twitter-s-effondre-en-bourse-apres-avoir-admis-des-bugs-dans-ses-outils-publicitaires_6016800_4408996.html
mlsum-fr-1263
SERGIO AQUINDO Tanina emporte un violoncelle, Axel un euphonium, Théo un alto… Mardi 17 septembre, sur la scène du Palais des rencontres à Château-Thierry (Aisne), ils sont vingt-huit élèves d’une classe de CM1 à se voir remettre un instrument de musique flambant neuf. Leur sourire fait plaisir à voir. Ils referment précieusement les housses de protection, qu’ils rouvriront chez eux mais aussi chaque mardi après-midi pour s’initier, pendant trois heures, à la musique avec leur enseignante et un professeur du conservatoire municipal. « Faites-vous plaisir, les enfants ! », lance Natacha Tholon, adjointe au maire, déléguée à l’éducation et à la jeunesse. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le tortueux chemin de l’éducation artistique et culturelle Il aura fallu deux ans de rencontres et de concertation entre la mairie, l’éducation nationale, le conservatoire et l’association Orchestre à l’école pour faire aboutir ce projet de parcours artistique et culturel, qui permettra à quelque 90 élèves de se familiariser avec la pratique instrumentale pendant trois ans, sur le temps scolaire. « A votre âge, j’aurais adoré faire ça, raconte aux enfants Sébastien Eugène, maire (PRG) de Château-Thierry. Moi, mon rêve, c’était la batterie mais cela coûtait trop cher. Du coup, je n’ai jamais appris la musique. Là, vous allez apprendre dans le cadre de l’école. » « Vous devez avoir conscience de votre chance, considère, à ses côtés, Christophe Romeu, inspecteur académique, car c’est la musique qui vient à vous. » Tous les élèves concernés étudient à l’école primaire du Bois Blanchard située en réseau d’éducation prioritaire (REP). « Ce sont des enfants dont les familles ne les auraient jamais inscrits au conservatoire. Ils ont découvert tous ces instruments l’année dernière, lors de séances de sensibilisation qui leur ont permis de choisir ceux qu’ils préféraient », explique Natache Tholon. Une volonté commune Au-delà des vocations que cette expérience pourra susciter chez certains élèves, ce projet Orchestre à l’école a surtout pour vocation de démocratiser l’accès à la culture et de contribuer à la réussite scolaire. « Vous allez apprendre à collaborer, à développer votre créativité, à prendre confiance en vous… Vous apprendrez bien plus que la musique », promet Marianne Blayau, déléguée générale de l’association Orchestre à l’école, qui compte près de 37 000 élèves bénéficiaires de ce programme à l’échelle nationale. « Cela paraît beaucoup mais c’est peu », reconnaît-elle, comparé, notamment, au 1,2 million d’écoliers en REP.
L’agglomération de Château-Thierry a reçu l’attribution du label 100 % EAC qui a pour vocation de démocratiser l’accès à la culture.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/20/a-l-ecole-de-l-art-pour-tous_6012357_3246.html
mlsum-fr-1264
pression. Chaussures, vêtements, sac à main, mais aussi pâtes, sauces et vin mousseux... Léontine G. guette les bonnes affaires tout au long de l’année. CHARLOTTE YONGA POUR M LE MAGAZINE DU MONDE Les deux imposants cartons entreposés dans la chambre du fils contenaient déjà tout et l’improbable. Des sacs imitation cuir recouvraient des cahiers d’écolier, une vingtaine de pagnes qualité supérieure, des lots de brosses à dents et laits pour le corps, les rollers trop petits de sa fille, des paquets de fusillis, de la sauce tomate, des écouteurs, un rouleau de sacs-poubelle, quand Léontine G. a posé deux gros oreillers moelleux sur le dessus. « C’est pour la vieille », sa mère de 84 ans, a expliqué cette fille de charpentier qui est née et a grandi en Côte d’Ivoire avant d’arriver en France au début des années 2000. Le lendemain, dernier jeudi de juin, une société devait venir chez elle, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis, récupérer ces colis qu’elle avait mis des mois à préparer et dans lesquels plus un centimètre cube ne pouvait rentrer. Trois semaines plus tôt, dans un appartement du Val-de-Marne, c’est le mari de Fatoumata B., juché sur le haut d’une barrique – comme on nomme ces fûts en plastique de plus de 200 litres –, qui enfonçait ses pieds dans la montagne de vêtements amassés par son épouse pour aider celle-ci à glisser dans les espaces ainsi créés deux dernières chemises, trois ou quatre tee-shirts et un pantalon. Le tout devait être expédié par bateau et atteindre Abidjan, port et capitale économique de la Côte d’Ivoire, dans un bon mois. Leurs paquets ficelés, Léontine G. et Fatoumata B. pouvaient passer à la deuxième étape du programme : caser tout le reste de ce qu’elles envisagent d’emporter, cet été, en Afrique, dans deux grosses valises et un troisième sac, qu’elles présenteront bourrés à craquer à l’enregistrement, le jour du départ. A l’intérieur, quelques effets personnels, mais surtout, encore et toujours, ce qu’elles nomment pudiquement « les cadeaux » pour la famille, auxquels elles auront consacré une énergie considérable et la quasi-totalité de leurs économies de l’année. C’est ainsi chaque fois qu’elles retournent au pays. « Obligation morale » On ne soupçonne pas le casse-tête que représentent ces préparatifs d’avant départ pour les femmes – car c’est avant tout une affaire de femmes – de cette diaspora. Entre l’« envie de faire plaisir », l’« obligation morale » et la « pression » confiée par certaines, la frontière est ténue. La plupart sont originaires d’Afrique de l’Ouest, mais aussi du Maghreb ou d’Haïti. En creux se dessinent les relations ambiguës avec la famille restée au pays. Là-bas, tous attendent la sœur ou la cousine installée en Europe comme le Messie, avec tout ce que cette image comporte de fantasmes sur la vie que celles-ci auraient ici.
Gardes d’enfants, cantinières ou vendeuses en France, ces femmes originaires d’Afrique de l’Ouest ou du Maghreb sont loin d’être riches. Pourtant, quand elles rentrent au pays, elles offrent à leur famille des monceaux de cadeaux obligés, qui font peser sur elles une énorme pression.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/12/les-cadeaux-pour-la-famille-casse-tete-des-africaines-qui-retournent-au-pays_5488644_4500055.html
mlsum-fr-1265
L’Autrichien Dominic Thiem (numéro 4), vainqueur de Novak Djokovic en cinq sets 6-2, 3-6, 7-5, 5-7, 7-5, laisse éclater sa joie à l’issue de la demi-finale de Roland-Garros samedi 8 juin. CHARLES PLATIAU / REUTERS Le numéro un mondial Novak Djokovic n’aura pas sa quatrième victoire d’affilée en Grand Chelem tant espérée. Il a été stoppé net par l’Autrichien Dominic Thiem (numéro 4), vainqueur en cinq sets 6-2, 3-6, 7-5, 5-7, 7-5 en demi-finale de Roland-Garros samedi 8 juin, à l’issue d’un match joué sur deux jours. La demi-finale entre Djokovic et Thiem a été hachée en quatre morceaux à cause des conditions météo capricieuses. Entamée vendredi après-midi, elle a été interrompue brièvement une première fois à cause de la pluie, puis reportée à samedi alors que les deux joueurs avaient remporté chacun un set (6-2, 3-6) et que l’Autrichien avait l’avantage trois jeux à un dans la troisième manche. La troisième balle de match convertie par Thiem De retour sur le court Philippe-Chatrier à la mi-journée samedi, Djokovic et Thiem ont été une nouvelle fois renvoyés aux vestiaires après un peu plus de deux heures de jeu alors que l’Autrichien n’était plus qu’à deux jeux d’une victoire de prestige et de s’offrir une deuxième finale consécutive à Roland-Garros : le jeu a été interrompu à 4-1 en sa faveur, 40-40 sur le service de Djokovic. Après un peu plus d’une heure d’interruption, le Serbe aux quinze trophées majeurs a écarté une deuxième balle de 5-1, a réduit l’écart à 4-3 mais s’est retrouvé dos au mur quand Thiem a de nouveau breaké (5-3) et s’est procuré deux premières balles de match. L’Autrichien a alors enchaîné quatre fautes directes permettant à « Djoko » d’y croire encore. Mais le numéro 1 mondial a fini par craquer, à 6-5 sur son service, sur la troisième balle de match de Thiem, convertie d’un ultime coup droit gagnant. Réédition de la finale de l’an dernier Comme l’an dernier, le tennisman de 25 ans affrontera donc en finale dimanche Rafael Nadal. L’Espagnol, deuxième au classement ATP, est en quête d’un douzième sacre record sur la terre battue parisienne. Il a, lui, écarté le Suisse Roger Federer vendredi (6-3, 6-4, 6-2). La finale 2019 sera donc une réédition de celle d’il y a un an, entre Nadal et Thiem. Le champion espagnol avait alors remporté son onzième titre à Roland-Garros en s’imposant 6-4, 6-3, 6-2. Le numéro un mondial Novak Djokovic n’aura pas sa quatrième victoire d’affilée en Grand Chelem tant espérée. THOMAS SAMSON / AFP Cette défaite de Djokovic met un terme à sa quête de Grand Chelem à cheval sur deux saisons, lui qui n’en était plus qu’à deux victoires après ses titres à Wimbledon et à l’US Open en 2018, puis à l’Open d’Australie en janvier, et qui l’avait déjà réalisé une première fois dans sa carrière, entre 2015 et 2016. Même Federer et Nadal, les deux joueurs les plus décorés de l’histoire en Grand Chelem (20 et 17 respectivement), se sont cassés les dents sur cet exploit rarissime dans l’histoire du tennis. Seuls l’Américain Donald Budge, en 1938, et l’Australien Rod Laver, en 1962 et 1969, ont fait mieux en complétant le Grand Chelem sur une même saison, mais à leur époque, tous les tournois majeurs, à l’exception de Roland-Garros, se jouaient sur gazon.
Comme en 2018, Dominic Thiem affrontera dimanche Rafael Nadal. Novak Djokovic s’est battu jusqu’au bout, mais a fini par craquer au terme de cette demi-finale hachée.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/08/roland-garros-thiem-domine-djokovic-et-se-qualifie-en-finale-du-tournoi_5473705_3242.html
mlsum-fr-1266
C’était hier Kieran Read avec sa médaille de bronze, le 1er novembre 2019. Aaron Favila / AP Les Gallois étaient prévenus : les All Blacks n’avaient pas perdu deux matches de Coupe du monde à la suite depuis 1999 et n’avaient pas perdu du tout contre leurs adversaires du jour depuis 1953. Les séries ont beau être faites pour être brisées, celles-ci vont tenir encore quelques mois. Les Néo-Zélandais n’ont fait qu’une bouchée du XV du Poireau lors du match pour la troisième place, vendredi (40-17). Les All Blacks ont vite pris les devants, et même si les Gallois ont tenté un retour en milieu de première période, deux essais de Ben Smith ont permis aux Blacks de s’envoler à la mi-temps (28-10). Au retour des vestiaires Ryan Crotty a tué le suspense. Un dernier essai de Mo’Unga a clos la fête et permet à Kieran Read, Sonny Bill Williams, Ben Smith et leur sélectionneur Steve Hansen de quitter la sélection nationale sur une dernière victoire et une troisième place en Coupe du monde, la troisième de leur histoire, après deux titres consécutifs. « Il va me falloir du temps pour me remettre de cette Coupe du monde, a déclaré le capitaine néo-zélandais Kieran Read après la rencontre. Mais avec le temps, j’en aurai de bons souvenirs. » C’est aujourd’hui Jérôme Garcès, le 3 octobre 2019. Christophe Ena / AP Le jour de gloire est arrivé ! Pour Jérôme Garcès, c’est la plus grande marche d’une carrière bien remplie. Les 80 dernières minutes (voire plus en cas de prolongations) de ce Mondial 2019 seront arbitrées par le Béarnais, qui prendra sa retraite sportive à l’issue du match. Au-delà du couronnement du Frenchie (et de Romain Poite, son assistant), cette rencontre va aussi servir à sacrer l’Angleterre ou l’Afrique du Sud. Les Anglais visent un deuxième titre mondial et les Sud-Africains un troisième. Les compositions sont les mêmes que celles affichées par les deux équipes en demi-finales (remportées par les Anglais contre la Nouvelle-Zélande, et face au Pays de Galles pour les Sud-Africains). Seule modification, le retour de Cheslin Kolbe à l’aile dans le XV springbok. Cheslin Kolbe, contre le Japon, le 20 octobre 2019. Mark Baker / AP Ce n’est pas vu S’ils perdent en finale, les Anglais pourront toujours dire que c’était de la faute des Japonais. Le staff anglais n’a en effet pas pu utiliser ses drones pour enregistrer les entraînements, car le terrain est trop proche d’un aéroport et l’utilisation de ces appareils est strictement interdite, rapporte le Guardian. Les joueurs anglais à l’entraînement, le 1er novembre. ODD ANDERSEN / AFP C’est d’autant plus dommage que comme l’écrit le quotidien anglais, les drones sont devenus un composant clé des sessions d’entraînement anglaises et « tout au long de la Coupe du monde, Eddie Jones et son staff ont répété l’importance du travail des joueurs loin du ballon et tout cet aspect a été mis en lumière avec l’introduction des drones lors des sessions d’entraînement, à partir de novembre 2016 ». C’est dit « Mon pote a perdu son portefeuille, dans lequel se trouvaient les billets qui, maintenant, valent très, très cher. On ne se souvient pas d’où on est allé, donc on ne sait pas comment y retourner et les retrouver. » Cette soirée risque de ne pas laisser de très bons souvenirs à deux amis néo-zélandais. Les deux hommes ont raconté à la radio RNZ avoir perdu leurs billets lors d’une soirée passée à Tokyo. Une perte d’autant plus dommageable que s’ils veulent retrouver des billets pour ce dernier match de la compétition, la facture risque d’être salée. RNZ rapporte que sur les sites de revente, le billet le moins cher de la catégorie D se revendait pour, au moins, trois fois plus cher que ce qu’il coûtait à l’origine. Et cela pouvait prendre des tournures complètement folles. Sur Stubhub, par exemple, le billet le plus cher était revendu pour 16 900 euros, vendredi midi, alors qu’au moment de leur mise en vente, les billets les plus chers ne coûtaient « que » 752 euros. Point positif : pour ce prix, le coût de l’envoi était compris. C’est nommé Pas d’Owen Farrell, pas de Maro Itoje, mais deux Sud-Africains, un Anglais, un Américain, un Néo-Zélandais et un Gallois. World Rugby a révélé les cinq nommés pour son titre de joueur de l’année : Cheslin Kolbe, Pieter-Steph Du Toit, Tom Curry, Joe Taufete’e, Ardie Savea et Alun Wyn Jones. Six players have been nominated for the World Rugby Men’s 15s Player of the Year 2019, in association with… https://t.co/RPUCie5Nk7 — WorldRugby (@World Rugby) Pour trouver un représentant français, il faut se tourner du côté des féminines. Pauline Bourdon fera face à trois Anglaises (Sarah Bern, Katy Daley-Mclean et Emily Scarrat) et à la Néo-Zélandaise Kendra Cocksedge pour tenter de succéder à sa compatriote, Jessy Trémoulière. 🤩Très fière de représenter la France, en étant nommée pour le prix de meilleure joueuse au monde 2019 🇫🇷 https://t.co/3RBULRl77a — PaulineBourdon9 (@Pauline Bourdon) Comme pour les révélations de l’année, les résultats seront connus dimanche.
On y est : six semaines après le début de la Coupe du monde, on saura samedi qui va succéder aux Néo-Zélandais, doubles champions du monde en titre, qui ont remporté la médaille de bronze en battant le Pays de Galles, vendredi.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/11/02/la-gazette-de-la-coupe-du-monde-de-rugby-2019-finale-drones-interdits-et-une-francaise-dans-le-top-5_6017784_3242.html
mlsum-fr-1267
Selon les autorités burkinabées, plus de 1 500 personnes déplacées par des violences dans le nord du pays sont arrivées à Ouagadougou depuis le 7 juin 2019. Sophie Douce Des baluchons poussiéreux, des marmites vides et quelques nattes s’entassent désormais dans la cour de l’école. Et dans les petites classes, un étrange silence a remplacé le chahut des enfants et la voix des professeurs. « Ça fait dix jours que l’on vit ici, on cuisine là et on dort à côté par terre, il n’y a pas assez de place dans les salles », indique en langue moré Zacharia Ouedraogo*, en montrant un petit terrain de sable ocre, transformé en dortoir à ciel ouvert. Comme lui, 220 déplacés originaires du village de Silgadji, dans le nord du Burkina Faso, ont trouvé refuge sur la parcelle de cet établissement, vide en ce début de vacances scolaires, situé à Pazani, un quartier périphérique de la capitale. « On a fui pour échapper à la mort », explique ce père de cinq enfants, qui a dû parcourir plus de 200 km à l’arrière d’un camion de marchandises avec sa famille pour rejoindre Ouagadougou. Il y a trois semaines environ, douze personnes de son village ont été exécutées par des « hommes enturbannés et armés de kalachnikovs ». Pour ce rescapé, c’était l’attaque de « trop ». Lire aussi Au Burkina Faso, la dégradation de la situation sécuritaire gagne du terrain Depuis le 7 juin, selon les chiffres des autorités locales, plus de 1 500 personnes en provenance du nord du Burkina ont investi des écoles, des mosquées et des terrains vagues de cet arrondissement de Ouagadougou, où les zones dites « non loties » sont nombreuses. « C’est la première fois qu’on assiste à une arrivée massive de déplacés dans la capitale, on essaie de s’organiser comme on peut, des voisins donnent quelques vivres, mais on est dépassés, c’est à l’Etat de gérer ce problème », souligne Amadé Savadogo, adjoint au maire de l’arrondissement 9. Et la situation risque de s’aggraver : selon nos informations, de nouveaux convois continueraient à arriver sous l’effet des violences. Après une nouvelle attaque terroriste à quelques kilomètres de Silgadji qui a fait 17 morts mardi 18 juin. Depuis, le village se serait vidé et les derniers rescapés auraient pris la fuite vers d’autres localités. Climat de terreur Zacharia Ouedraogo raconte la peur qui s’est installée à Silgadji. « Les terroristes sont arrivés pour la première fois il y a trois mois à Silgadji, témoigne, encore hébété, l’ancien orpailleur. Ils ont d’abord tiré en l’air au marché, brûlé des motos et exigé la fermeture des débits de boisson, puis ils sont revenus plusieurs fois pour tuer des habitants, et, le 12 mai, ils ont attaqué l’église protestante. » Ce dimanche-là, six fidèles, dont un pasteur, ont été tués en pleine messe par un groupe d’assaillants. Ces derniers auraient ensuite menacé de tuer ceux qui préviendraient la police ou la gendarmerie, selon ce témoin. Dans ce climat de terreur, les agents de l’administration, les enseignants et les médecins auraient tous fui le village. « Nous vivions dans la peur, nous étions livrés à nous-même là-bas, les enfants ne pouvaient même plus aller à l’école », se désole Zacharia. « Les djihadistes venaient prêcher chez nous. Une fois, ils ont rassemblé tous les habitants, environ 200 personnes, et ont menacé de couper la tête de ceux qui ne respecteraient pas les règles du Coran », ajoute un jeune homme, assis sur une natte à l’ombre d’un grand cédrat, en touchant ses pieds endoloris par son long périple. Lui vient tout juste d’arriver après sept jours de marche, à sillonner la moitié du pays sur des pistes en terre et sous un soleil de plomb, pour rejoindre la capitale avec son bétail. « La route a été très difficile et éprouvante, les terroristes ne voulaient pas nous laisser passer à la sortie de Silgadji, mais on a réussi à leur échapper », raconte cet ancien cultivateur, avant de lâcher en soupirant : « Et maintenant comment allons-nous faire ici ? » Selon les autorités burkinabées, plus de 1 500 personnes déplacées par des violences dans le nord du pays sont arrivées à Ouagadougou depuis le 7 juin 2019. Ces réfugiés de l’intérieur s’installent où ils peuvent, notamment dans les écoles. Sophie Douce Sur ce camp de fortune, entouré de cases en terre cuite délabrées et de constructions en ciment inachevées, beaucoup se posent la même question. « On avait un métier, une maison et des terres là-bas, nous étions des cultivateurs et des commerçants, je ne sais pas quel travail on va pouvoir faire ici, la vie dans la capitale est difficile », souligne, fatigué, un vieil homme portant une barbe blanche et un long boubou vert. « Il nous manque des nattes pour dormir par terre, des moustiquaires et des médicaments, des enfants sont malades et on n’a rien pour les soigner », pointe une jeune femme de 20 ans, en donnant le sein à son bébé de 1 an. « On est inquiet pour notre avenir, mais pas question de retourner là-bas. Les terroristes vont nous tuer sinon », prévient-elle, terrorisée par « ces hommes armés » venus plusieurs fois « battre » ses voisines et « violer » dans d’autres hameaux. « On rentrera seulement quand la paix reviendra, et ça prendra du temps, on le sait », affirme un autre. « Notre quartier souffre déjà » Rester ? Le sujet est sensible. Si les autorités ont commencé à distribuer des repas et de l’eau sur la dizaine de camps de déplacés que compte désormais l’arrondissement 9 de la capitale, la question d’une installation de longue durée fait tiquer certains. « Nous ne pourrons pas soutenir une telle charge longtemps, notre quartier souffre déjà assez », explique-t-on à la mairie. « Pour l’instant les propriétaires des lieux tolèrent les déplacés, mais à la rentrée des classes, par exemple, ou à la longue, cela risque de poser problème », s’inquiète un autre fonctionnaire qui ajoute : « Sur le terrain, des agents de l’Etat tentent de les convaincre de migrer vers d’autres sites d’accueil dans la région du centre-nord. » Tous tentent d’échapper aux attaques qui se sont multipliées au nord, à l’est et au centre-nord du Burkina Faso ces derniers mois. Assassinats ciblés, attaques contre des lieux de culte chrétiens et représailles intercommunautaires : les groupes armés n’épargnent plus les civils désormais. L’ONG Acled dénombre 500 morts dans des attaques terroristes au Burkina Faso depuis 2015 et le nombre de déplacés ne cesse d’augmenter : 170 000 personnes ont déjà fui leur foyer, plus de la moitié depuis le début de l’année, selon les estimations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA). Le 10 juin, le ministre de l’administration territoriale burkinabé Siméon Sawadogo, qui s’est rendu sur place, a promis d’aider à la prise en charge des déplacés de la capitale. *Le nom a été changé
Selon l’ONU, environ 90 000 Burkinabés ont quitté leur foyer depuis le début de l’année, poussés par les violences dans le nord du pays.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/20/on-a-fui-pour-echapper-a-la-mort-plus-de-1-500-deplaces-debarquent-a-ouagadougou_5479221_3212.html
mlsum-fr-1268
Le Guide suprême Ali Khamenei, à Téhéran, le 19 juin. AP Clément Therme est chercheur pour le programme Moyen-Orient de l’International Institute for Strategic Studies (IISS) de Londres. Ce fin connaisseur de l’Iran rejoindra le programme Nuclear Knowledges de Sciences Po en septembre 2019 comme chercheur post-doctorant. Comment expliquer la stratégie suivie par Téhéran depuis le retour des sanctions américaines et le retrait de Washington de l’accord nucléaire, en mai 2018 ? La République islamique entend mettre en œuvre une double stratégie fondée sur la dissuasion et le contournement des sanctions. Pour dissuader le président Trump de poursuivre l’escalade guerrière voulue, planifiée et peut-être même rêvée par certains membres de son entourage politique comme [le conseiller à la sécurité nationale] John Bolton ou [le secrétaire d’Etat] Mike Pompeo, Téhéran essaie de démontrer le caractère contre-productif de la politique de « pression maximale » de Washington, en reprenant ses activités nucléaires volontairement suspendues après l’accord international de 2015. De plus, Téhéran menace Donald Trump d’une guerre régionale s’il décide de recourir à l’option militaire contre la République islamique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La difficile médiation de Paris sur le nucléaire iranien Vu de Téhéran, les préoccupations de politique intérieure américaine finiront par l’emporter, dans la stratégie de Washington, jusqu’aux élections présidentielles prévues en 2020. Selon cette vision, M. Trump ne peut pas se permettre une guerre ouverte avec l’Iran. Néanmoins, malgré le caractère erratique des décisions du président Trump, il n’en reste pas moins que la guerre économique menée par les Etats-Unis constitue un nouveau défi pour la stabilité politique intérieure de l’Iran. Le risque d’un effondrement économique est réel – une récession d’au moins 6 % est annoncée pour 2019. La perte de légitimité populaire des institutions de la théocratie, qui est apparue dans l’espace public à partir de 1999, date des manifestations étudiantes de Téhéran, s’accompagne désormais d’une capacité de redistribution amoindrie de l’Etat iranien à ses clients, en raison de la chute des exportations pétrolières. Ces dernières sont tombées à moins de 500 000 barils par jour au mois de juin, sous l’effet des sanctions américaines. Des manifestants protestent contre la possibilité d’une guerre avec l’Iran, devant la Maison Blanche, le 20 juin. JACQUELYN MARTIN / AP Au-delà de la reprise de l’enrichissement d’uranium, quels leviers la République islamique peut-elle enclencher pour réagir aux pressions ? Sur le plan diplomatique, pour contourner les sanctions, l’Iran entend diviser la communauté internationale en jouant la carte asiatique. Il renforce ses relations avec la Chine mais aussi avec la Russie, qui est intégrée dans cette stratégie orientale de la République islamique. Au niveau régional, Téhéran s’efforce également d’empêcher le projet de l’administration Trump de constituer un front anti-iranien dans le golfe Persique. Pour ce faire, Téhéran s’appuie sur le sultanat d’Oman, le Koweït et le Qatar, qui ont des positions plus équilibrées par rapport à leur voisin iranien.
La montée des tensions avec Washington place le débat en Iran sur le seul terrain de la sécurité et de la loyauté. La politique américaine affaiblit le processus de démocratisation du pays, estime Clément Therme, spécialiste du Moyen-Orient.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/12/clement-therme-la-crise-irano-americaine-renforce-les-durs-a-teheran_5488604_3210.html
mlsum-fr-1269
Gayle Smith, lors d’une conference sur l’Afghanistan, à Bruxelles, le 4 octobre 2016. Thierry Monasse / AP Spécialiste de l’Afrique, Gayle E. Smith est aujourd’hui présidente et directrice générale de ONE, une ONG qui lutte contre les pauvretés et les maladies évitables. Cette ancienne journaliste a également occupé les fonctions d’adjointe spéciale auprès des présidents Bill Clinton et Barack Obama et de directrice principale sur les questions africaines, de démocratie et de développement au Conseil national de sécurité, avant de diriger l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (Usaid). Comment expliquez-vous que l’extrême pauvreté reste encore un enjeu majeur? C’est l’inégalité fondamentale. Ces dernières décennies, des centaines de millions de personnes ont vu leur sort s’améliorer, mais il reste quelque 700 millions de personnes dans le monde vivant dans une extrême pauvreté, avec moins de 2 dollars [1,80 euro] par jour. D’ailleurs, l’extrême pauvreté croît à nouveau en Afrique subsaharienne. Or l’extrême pauvreté fait régresser les sociétés. Il faut tirer la sonnette d’alarme. C’est une question de justice élémentaire. L’un des lieux où il possible d’agir est le G7 [Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni]. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ces inégalités » que le G7 ne peut pas « laisser se développer » Est-il possible de remporter ce combat ? Ces dernières années ont vu s’accomplir de grands progrès, notamment dans la lutte contre le VIH, sur la santé maternelle et celle des enfants. L’un des indices le démontrant est par exemple la diminution du nombre de femmes qui meurent pendant l’accouchement. Le combat contre le sida donne des résultats sensibles, même s’ils peuvent aussi avoir un effet pervers : face à un virus qui n’est plus perçu comme forcément mortel, la vigilance est en baisse. En matière économique, des pays autrefois lourdement dépendants des aides des pays riches sont aujourd’hui devenus des Etats donateurs. A cet égard, le cas de la Corée du Sud est l’un des plus emblématiques [en 2018, elle a rejoint la liste des Etats procurant une aide alimentaire aux pays en développement]. L’enjeu crucial demeure l’éducation, particulièrement celle des filles. Les entrepreneurs, essentiels au développement, ne peuvent apparaître que dans une population en bonne santé et instruite. Dans les pays les plus pauvres, ni les garçons ni les filles n’ont accès à l’éducation, mais c’est encore plus difficile pour ces dernières. Or nous constatons qu’investir dans l’éducation des filles a un impact positif. Elles ne se marient plus toutes jeunes, elles ont des enfants plus tard, et leur productivité est meilleure car elles accèdent à de meilleurs emplois. C’est un bon investissement pour l’ensemble de la communauté.
L’experte en développement international demande plus de transparence dans l’organisation du G7, et espère que la France, qui organise le sommet fin août à Biarritz, aide à affirmer l’utilité de l’organisation, avant que les Etats-Unis prennent le relais en 2020.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/28/gayle-smith-preserver-le-multilateralisme-est-devenu-un-defi_5482711_3210.html
mlsum-fr-1270
Le président iranien Hassan Rohani à Téhéran, le 5 novembre. HO / AFP C’est un nouvel accroc au traité de juillet 2015 (Joint Comprehensive Plan of Action, JCPoA) mettant sous contrôle international le programme nucléaire iranien. Comme annoncé, les autorités iraniennes ont encore un peu réduit leurs engagements en matière nucléaire en annonçant, mardi 5 novembre, la reprise d’un enrichissement, dans l’usine souterraine de Fordo, à quelque 180 kilomètres au sud de Téhéran, qu’elles avaient gelé en vertu de l’accord de Vienne. Cette mesure correspond à la quatrième phase du plan de réduction des engagements iraniens en riposte à la dénonciation unilatérale de l’accord de Vienne par Washington. Depuis mai, Téhéran a commencé à produire de l’uranium enrichi à 4,5 %, un taux supérieur au plafond de 3,67 % prévu par l’accord mais loin des 90 %, le taux nécessaire pour un usage militaire. L’Iran accumule désormais 5 kilos d’uranium enrichi par jour s’affranchissant de la limite de 300 kilos maximum de stock imposée par le JCPoA. Stratégie de « pression maximale » L’annonce du président Hassan Rohani survient au lendemain de l’expiration d’un délai donné par Téhéran afin que les autres parties – toujours signataires au traité – l’aident à contourner les conséquences du retrait en mai 2018 des Etats-Unis de ce pacte signé entre les 5 +1 (les membres permanents du Conseil de sécurité plus l’Allemagne) et l’Iran. Un an plus tard, en mai 2019, l’administration Trump, décidée à appliquer une stratégie de « pression maximale », avait encore durci ses sanctions unilatérales avec la suppression des exemptions dont bénéficiaient encore les huit principaux clients du brut iranien dont, notamment, la Chine, l’Inde et le Japon. Cette stratégie d’accrocs répétés au traité vise à isoler les Américains tout en évitant l’irréparable. Hassan Rohani a ainsi précisé que les centrifugeuses de Fordo seraient maintenues sous le contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), comme le reste des activités nucléaires de l’Iran, soumis au régime d’inspection le plus strict jamais mis en place par cet organe de l’ONU. Il a aussi tenu à rappeler que les mesures prises par la République islamique étaient « réversibles » et que Téhéran était prêt à revenir à l’application complète de ses engagements dès lors que les autres parties à l’accord de Vienne respecteront les leurs. Il ne ferme donc pas la porte à une reprise des négociations alors que la dernière décision risque de faire à nouveau monter la tension dans la région. Inquiétude générale « Des négociations en coulisse continuent avec certains pays », a assuré le président iranien. Paris s’est posé en médiateur entre Washington et Téhéran. Emmanuel Macron avait tenté d’organiser à New York, en marge de l’assemblée générale des Nations unies, fin septembre, une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani. Ce dernier avait refusé au dernier moment le face-à-face tout en affirmant, lors de son retour à Téhéran, que « le plan français aurait pu être acceptable, d’une certaine façon ». Le président français proposait un plan en quatre points prévoyant que l’Iran se remette en conformité avec ses engagements de l’accord de juillet 2015 et accepte des négociations pour les prolonger après 2025, mais aussi qu’il mette un terme à sa politique agressive dans la région. En contrepartie, Téhéran obtiendrait la levée des sanctions américaines et pourrait disposer de ses revenus pétroliers. On restait dans le flou à propos du programme balistique iranien, point sur lequel le régime reste intransigeant. Le nouvel accroc à l’accord complique la donne. « Nous exhortons l’Iran à revenir sur ses décisions contraires à l’accord et à coopérer pleinement avec l’AIEA », a déclaré la porte-parole du ministère français des affaires étrangères. L’inquiétude est générale. « Nous sommes très préoccupés », a déclaré la porte-parole de Federica Mogherini. La Chine et la Russie estiment que chaque réduction supplémentaire des engagements iraniens rend plus compliqué le sauvetage de ce texte. Avant même l’annonce de Téhéran, l’administration Trump annonçait des sanctions à l’encontre de neuf membres de l’entourage de l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution iranienne, dont l’un de ses fils et son chef de cabinet. La date choisie correspond au quarantième anniversaire de la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La « diplomatie de l’audace » d’Emmanuel Macron, un volontarisme aux résultats mitigés
Comme prévu, l’Iran a encore un peu réduit ses engagements en annonçant la reprise de l’enrichissement dans une usine souterraine.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/05/nouvel-accroc-iranien-a-l-accord-sur-le-nucleaire_6018134_3210.html
mlsum-fr-1271
Ugo Mola lors de sa demi-finale contre La Rochelle, dimanche 8 juin à Bordeaux. NICOLAS TUCAT / AFP Le vieux mur se dresse entre le parking, la boutique et les terrains. Un monument pour recenser le « palmarès national » du Stade toulousain. « Quand vous connaissez l’histoire du club », rappelle Ugo Mola, vous en connaissez aussi « les moments sans titre ». Samedi 15 juin, à Saint-Denis, le club le plus récompensé du pays affrontera Clermont en finale pour un 20e titre de champion de France (à partir de 21 heures). Depuis sa prise de fonction à Toulouse, en 2015, l’entraîneur se prépare à sa première finale. Mais il en a vécu d’autres, joueur, avec ce même Stade : trois en championnat (1994, 1995, 1996) et une en Coupe d’Europe (1996) remportées avec pour entraîneur Guy Novès, auquel il a désormais succédé. Mola relativise. Si les Rouge et Noir attendent leur prochain bouclier de Brennus depuis 2012, ils ont déjà patienté plus longtemps : entre 1927 et 1947, puis entre 1948 et 1985, par exemple. De quoi dédramatiser un peu les commentaires hâtifs ou péremptoires. Le quadragénaire a l’habitude des comparaisons délicates, ayant succédé, après seulement cinq saisons d’entraîneur en Top 14 (Castres, Brive) et une en Pro D2 (Albi), à l’homme le plus titré du rugby français (dix championnats de France, quatre Coupes d’Europe). « Il a d’abord fallu baisser la tête parce que ça cognait fort comme rarement. » Dit autrement, il a fallu supporter les critiques et faire accepter l’idée que reconstruire une équipe « en fin de cycle » nécessiterait du temps. En 2017, le Stade toulousain finit à la douzième place du Top 14 : sa première absence d’une phase finale du championnat depuis quatre décennies. Mola reste finalement en poste. Cette même année, son prédécesseur au Stade toulousain connaît un sort différent avec le XV de France : Guy Novès se voit licencié à mi-mandat, une rupture abusive selon les prud’hommes. « La saison 2016-2017 a été un peu compliquée, euphémise Mola. On jouait moins bien, et donc on se montrait moins audacieux. » L’ancien arrière international, ou ailier, persiste pourtant. Il se réclame toujours de René Deleplace, de Pierre Villepreux. Bref, des entraîneurs qui ont théorisé ce rugby de mouvement cher au Stade toulousain. « On ne véhicule pas que l’évitement, la passe et’ce jeu de baballe’, on véhicule cette adaptation permanente et cette intelligence situationnelle : nous adapter à l’adversaire, mais aussi à nous, aux conditions, aux situations. » « Réflexes communs » A Toulouse, ces préceptes valent des petits aux grands, y compris pour l’équipe des minimes (moins de 14 ans) où joue aujourd’hui le fils d’Ugo Mola. « Le club essaye de décliner ça. Vous ne pouvez pas demander à des gamins de 10 ans de jouer comme ceux de 16 ans, mais, pour autant, il faut qu’il y ait des réflexes communs, la volonté de déplacer les hommes et les ballons. Cela passe aussi par moins d’affrontements, ou plutôt moins de ralentissements, moins de passages au sol, que nous considérons comme des accidents. » Pour appliquer ces idées à l’équipe première, qu’il vient aussi de mener jusqu’en demi-finale de Coupe d’Europe, Ugo Mola s’est appuyé cette saison sur un staff élargi. Autour de lui, cinq adjoints qui ont tous auparavant joué au club : Régis Sonnes (coentraîneur), Jérôme Cazalbou (manageur), Clément Poitrenaud (« skills », pour tout le bagage technique), Jean Bouilhou (touche) et William Servat (avants) – ce dernier ayant déjà prévu de quitter le « Stade » à l’issue de la saison pour prendre place dans l’encadrement du XV de France, après la Coupe du monde 2019 au Japon. Rencontré au mois de mars, Ugo Mola a reçu Le Monde dans la salle vidéo de l’effectif professionnel. Un regard, puis : « Vous voyez, il y a entre 45 et 50 chaises ici. » L’idée étant d’associer le plus possible, pendant la semaine, les jeunes du centre de formation aux séances d’entraînement de l’équipe première « On travaille avec 60 joueurs même si, entre les sélections et les blessures, il n’y en a jamais 60 ensemble. Si on doit prendre des décisions [et intégrer des jeunes dans l’équipe], il faut qu’on connaisse les mecs, et le meilleur moyen de les connaître, d’avoir un avis sur eux, reste de les entraîner. » Le technicien justifie cette décision « pour baigner tout le monde dans la culture du jeu et du rugby qu’on veut faire », avec sans doute l’intention d’en livrer à nouveau la démonstration contre des Clermontois en quête d’un troisième titre national. Une première depuis l’introduction des barrages Toulouse et Clermont se sont déjà affrontés à quatre reprises en finale du championnat de France (1994, 1999, 2001, 2008), pour autant de victoires toulousaines. L’affiche de samedi soir aura cependant quelque chose d’inédit : depuis l’introduction des matchs de barrage, lors de la saison 2009-2010, c’est la première fois que les deux clubs ayant fini à la première et à la deuxième places de la saison régulière – et donc toujours qualifiés d’office pour les demi-finales – se retrouveront en finale du Top 14. La saison précédente, par exemple, Castres a remporté le titre après avoir fini 6e de la saison régulière ; puis éliminé Toulouse en barrages ; le Racing en demi-finales ; et, enfin, Montpellier en finale.
L’entraîneur de Toulouse a déjà gagné trois titres de champion de France et une Coupe d’Europe en tant que joueur. Il vivra samedi soir, contre Clermont, sa première finale de Top 14 depuis qu’il a remplacé Guy Novès en 2015.
https://www.lemonde.fr/rugby/article/2019/06/15/rugby-ugo-mola-le-plaisir-retrouve-d-une-finale-avec-le-stade-toulousain_5476584_1616937.html
mlsum-fr-1272
C’était une décision « correcte » : la Chine a défendu dimanche 2 juin la répression sanglante des manifestations de la place Tiananmen il y a trente ans. Il s’agit d’une rare mention officielle de l’événement, à quelques jours de l’anniversaire de l’écrasement du « printemps de Pékin ». Début juin 1989, la place Tiananmen de Pékin était depuis sept semaines l’épicentre de manifestations jamais vues de la part d’étudiants et d’ouvriers qui demandaient des réformes démocratiques et la fin de la corruption. Dans la nuit du 3 au 4 juin, la répression du mouvement par l’armée a fait des centaines de morts. Trente ans après, cette période de l’histoire de Chine reste taboue mais les rares fois où les autorités évoquent l’événement, en particulier auprès de publics étrangers, elles justifient à chaque fois les décisions prises. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trente ans après Tiananmen : « Les nouveaux intellectuels chinois ne sont pas dans la confrontation avec le pouvoir » Toute référence à Tiananmen expurgée d’Internet Le ministre chinois de la défense n’a pas fait exception à la règle. « Cet incident était une turbulence politique et le gouvernement central a pris les mesures pour mettre un terme à ces turbulences, ce qui a été la décision correcte » à prendre, a dit le général Wei Fenghe devant le forum de sécurité du Dialogue de Shangri-La, réuni à Singapour. S’exprimant devant des ministres de la défense, des militaires de haut rang et des experts, le général Wei s’est demandé pourquoi le monde disait toujours que la Chine n’avait « pas géré correctement » l’événement. « Ces trente dernières années ont prouvé que la Chine a vécu des changements majeurs », a-t-il lancé. Grâce aux mesures prises à l’époque par le gouvernement chinois, « la Chine a joui de stabilité et de développement », a-t-il justifié. En Chine même, grâce à la grande muraille informatique et aux censeurs du parti, toute référence à la répression est expurgée d’Internet. Les discussions sur les manifestations et la répression sont interdites tandis que les autorités mettent en garde chaque année les militants, les avocats et les journalistes à la veille de l’anniversaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trente ans après Tiananmen : en Chine, « l’hiver du militantisme »
C’est l’une des rares expressions des autorités chinoises sur cette répression sanglante, qui a fait des centaines de morts en juin 1989.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/02/trente-ans-apres-le-massacre-de-tiananmen-pekin-dit-avoir-pris-une-decision-correcte_5470441_3210.html
mlsum-fr-1273
SÉVERIN MILLET Quel est le contenu de mon assiette ? Est-ce bon pour ma santé ? Ces questions reviennent aujourd’hui comme un leitmotiv dans le quotidien des Français. Au point que 13 millions de nos concitoyens ont déjà téléchargé l’application Yuka, prêts à brandir leur smartphone dans les rayons des magasins pour scanner le code-barres d’un produit et décider si oui ou non, en fonction de sa note, il aura le droit de se glisser dans le panier de courses. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les marques à la merci des applis de notation « Yuka est une révolution », n’hésite pas à déclarer Augustin Paluel-Marmont, cofondateur de la marque Michel et Augustin. Les notes qui donnent des sueurs froides aux entreprises agroalimentaires sont concoctées dans les cuisines de l’application à la carotte. Avec une base forte, le Nutri-Score. « Il représente 60 % de la notation », explique Julie Chapon, qui a fondé la start-up avec les frères Benoît et François Martin, en 2017. Adopté en France par arrêté ministériel, le 31 octobre 2017, pour un usage facultatif, ce système d’étiquetage nutritionnel gagne du terrain. A l’aide d’une échelle de couleurs (du vert au rouge) et de lettres allant de A à E, il offre une manière simple pour le consommateur de comparer et de choisir biscuits, plats préparés ou confiseries…, en fonction de leur teneur en gras, en sucre et en sel. Deux ans après son entrée en vigueur, le Nutri-Score agrandit le cercle de ses adeptes, emboîtant le pas aux pionniers comme Fleury Michon, Danone, Bonduelle ou Marie. « Deux cents entreprises et marques l’ont adopté », se réjouit le professeur Serge Hercberg, l’ancien président du Programme national nutrition santé. Et ce, sans compter le ralliement au Nutri-Score, en juin, du leader mondial de l’agroalimentaire, le suisse Nestlé. Ni celui de Carrefour, qui vient d’annoncer vouloir l’apposer sur 7 000 de ses produits propres d’ici à 2022. « D’ici à la fin de 2019, 70 % de nos produits ultra-frais auront le marquage Nutri-Score », précise Laurence Peyraut, secrétaire générale de Danone. Surtout, cet étiquetage étend sa couverture géographique. Après la France, la Belgique, la Suisse et l’Espagne, c’est au tour de l’Allemagne de s’en emparer. « La ministre de l’agriculture allemande [Julia Klöckner] a officialisé cette décision le 30 septembre, à la suite d’une étude qui a démontré que 57 % des personnes interrogées soutenaient le Nutri-Score. C’est une étape importante pour son adoption en Europe », estime M. Hercberg. Pour passer du statut d’étiquetage volontaire à celui d’étiquetage obligatoire, une initiative citoyenne européenne, baptisée « Pro-Nutri-Score », a été lancée, en mai, par des associations de consommateurs dont UFC-Que choisir. Il lui faut réunir plus de 1 million de signatures d’au moins sept pays.
L’appétit des consommateurs pour les applications qui scannent nos assiettes est tel que les industriels et les distributeurs sont désormais obligés d’en tenir compte.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/14/le-nutri-score-et-yuka-bousculent-l-agroalimentaire_6015367_3234.html
mlsum-fr-1274
Une vue aérienne montre le toit endommagé de Notre-Dame de Paris lors de travaux de restauration, trois mois après l’incendie qui a dévasté la cathédrale de Paris, le 14 juillet. PHILIPPE WOJAZER / REUTERS Trois mois après l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de Paris, le Parlement a définitivement adopté mardi 16 juillet le projet de loi pour la cathédrale, qui doit répondre à l’ambition fixée par le président Emmanuel Macron de restaurer l’édifice dans le délai controversé de cinq ans. Le texte, qui n’a pas fait consensus malgré l’émotion unanime des parlementaires, a été approuvé par 91 voix, avec 8 votes contre et 33 abstentions. Le projet de loi entend organiser et contrôler le recueil et l’utilisation des dons qui ont afflué et coordonner les travaux délicats à mener sur un joyau du patrimoine. Chef-d’œuvre de l’art gothique, la cathédrale de Paris a été frappée le 15 avril par un incendie qui a détruit sa charpente et la flèche de Viollet-le-Duc. « Le plus dur est devant nous. Il faudra consolider encore et toujours la cathédrale puis la restaurer », a lancé le ministre de la culture, Franck Riester, appelant les députés à soutenir le texte « pour permettre demain à Notre-Dame de retrouver sa splendeur ». Précipitation Si l’ensemble de l’opposition a approuvé l’objectif, exprimant son déchirement face à la dégradation de ce monument national presque millénaire, elle a dénoncé une « loi d’exception inutile » menée dans « la précipitation » et instaurant des « dérogations inadmissibles » aux règles du patrimoine. « Vouloir imposer d’en haut un délai de cinq ans n’a aucun sens », a ainsi dénoncé Brigitte Kuster (Les Républicains), appelant à restituer la cathédrale « dans son dernier état visuel connu ». « C’est une œuvre d’art qu’il faut considérer comme achevée », a-t-elle dit. « Tout ce projet de loi part de l’inconséquence des propos du président Macron » sur l’objectif de cinq ans, a approuvé Marie-George Buffet (PCF). « Il faut accepter que le temps de la reconstruction ne soit pas celui du politique ou de l’évènementiel, et rien ne justifie que l’Etat s’autorise ce qu’il interdit dans le droit commun », a dénoncé la socialiste Michèle Victory. Après deux lectures à l’Assemblée et au Sénat entrecoupées de l’échec d’une commission mixte paritaire sur un texte de compromis, le dernier mot revient aux députés sur un texte assez peu modifié à l’issue des débats parlementaires. Le projet de loi entend répondre à l’ambition fixée par le président Emmanuel Macron de voir l’édifice restauré en cinq ans. « Un délai ambitieux, volontariste, qui permet de mobiliser l’ensemble des équipes concernées », a avancé M. Riester, l’opposition dénonçant un objectif irréaliste motivé par les Jeux olympiques de Paris en 2024. « Nous ne confondons pas vitesse et précipitation », s’est défendu le ministre rappelant que la cathédrale n’est pas encore « totalement sauvée », et qu’il existe toujours « un risque » d’effondrement. « Prudence sur les dons » Le texte entérine l’ouverture au 16 avril d’une souscription nationale pour recevoir les dons promis par les particuliers, des entreprises et des collectivités, dont le montant annoncé dépasserait les 850 millions d’euros. Le ministre a cependant appelé à la prudence ceux qui évoquaient déjà des excédents : « Seuls un peu plus de 10 % des promesses de dons ont été concrétisées » et « le coût des travaux n’est pas encore chiffré », a-t-il souligné. Le projet de loi accorde une déduction fiscale exceptionnelle de 75 %, dans la limite de 1 000 euros aux donateurs particuliers, contre 66 % dans le droit commun. Un dispositif contesté notamment par Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) pour qui ces dégrèvements d’impôts seront au bout du compte payés par le reste des contribuables. Au regard de l’ampleur des sommes en jeu, des mécanismes de contrôle ont été prévus pour s’assurer de leur bonne gestion. Un établissement public à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministre de la culture, sera chargé d’assurer la conduite et la coordination des études et des travaux avec l’aide d’un conseil scientifique. Quid des règles d’urbanisme ? Mais la principale pomme de discorde entre majorité et oppositions a porté sur les dérogations aux règles d’urbanisme et de protection de l’environnement prévues dans le texte pour accélérer les travaux. En réponse aux critiques, le gouvernement a accepté de figer dans la loi certaines d’entre elles, concernant « l’architecture préventive », « la durée d’instruction des autorisations temporaires » ou encore « l’autorisation de certaines publicités sur des bâches ou des palissades de chantier ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Notre-Dame : la pollution au plomb, un « risque sanitaire majeur », alertent des associations Mais d’autres, portant sur la voirie, l’urbanisme ou le code de l’environnement seront fixées par ordonnances, contrairement au souhait des sénateurs. « Ces assouplissements dépendent d’un projet qui n’est pas encore défini », a plaidé le ministre. La question architecturale a également été discutée, même si elle n’est pas abordée directement dans le texte. Ainsi, certains parlementaires, inquiets de l’expression « geste architectural contemporain » utilisée par Emmanuel Macron à propos de la future flèche, ont exigé sans succès l’engagement d’« une reconstruction à l’identique » ou « fidèle à son dernier état visuel connu ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Notre-Dame de Paris, plongée au cœur d’un chantier hors norme
Le Parlement a donné son feu vert définitif au projet de loi qui doit encadrer sa restauration, un texte qui n’a pas fait consensus malgré l’émotion unanime des parlementaires.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/16/le-projet-de-loi-de-restauration-de-notre-dame-de-paris-definitivement-adopte-au-parlement_5490105_3224.html
mlsum-fr-1275
Des touristes britanniques à hôtel Les Orangers à Hammamet, en Tunisie, le 23 septembre 2019. ANIS MILI / AFP Il n’a fallu que quelques jours pour que Thomas Cook, le vénérable opérateur de tourisme britannique, né en 1841, passe d’une situation de grande difficulté à la faillite. Elle a été annoncée, par le conseil d’administration et les autorités, dans la nuit du dimanche 22 au lundi 23 septembre, au terme d’un week-end d’ultimes tractations entre ses dirigeants, ses banques créancières, l’actionnaire chinois Fosun et le gouvernement. L’Autorité britannique de l’aviation civile (Civil Aviation Authority, CAA) a indiqué que l’opérateur « a cessé ses activités avec effet immédiat ». « Toutes les réservations Thomas Cook, vols et séjours, sont désormais annulées », a-t-elle ajouté. Ce sont donc 600 000 clients à travers le monde qui devront être rapatriés dans les jours à venir, dont 150 000 Britanniques. Le gouvernement a activé un plan d’urgence baptisé « opération Matterhorn », du nom d’une campagne de bombardement américaine, lors de la seconde guerre mondiale. Pour le ministère des transports, c’est « l’opération de rapatriement de civils la plus importante de l’histoire en temps de paix ». Elle devrait durer jusqu’au 6 octobre, avec l’aide d’avions spécialement affrétés et de vols commerciaux existants. « Les clients qui sont à l’étranger doivent consulter le site Internet Thomas Cook et ne se rendre à l’aéroport que lorsqu’ils ont un vol alternatif confirmé », précise la CAA, qui fournit les numéros des lignes téléphoniques ouvertes pour aider les voyageurs brtitanniques. Il ajoute qu’il va « faire son possible pour ramener les gens chez eux aussi près que possible de la date prévue », qu’ils soient ou non couverts par une garantie britannique. Mais, en raison de l’ampleur inédite des rapatriements, la CAA prévient que « quelques perturbations sont inévitables ». Une dette de 1,7 milliard de livres Du côté français, on se veut rassurant. Il y a actuellement 9 842 voyageurs concernés, selon la filiale française, qui a mis en place un numéro d’urgence (01 41 05 40 81). Elle informe ses clients que les remboursements pourront avoir lieu « si et lorsque Thomas Cook France se placera en cessation de paiements ». La faillite de la maison mère « n’entraîne cependant pas l’insolvabilité immédiate de Thomas Cook France », ajoute-t-elle dans son communiqué. En application de la directive européenne du 11 décembre 2015, la loi oblige les voyagistes à assurer le retour de leurs clients, mais aussi à rembourser les acomptes versés avant le départ. La France dispose pour cela d’une caisse de garantie, l’Association professionnelle de solidarité du tourisme (APST), alimentée par les cotisations de ses membres, dont Thomas Cook fait partie. « Les clients seront rapatriés en France, ou dédommagés s’ils se sont pas encore partis », rappelle Emmanuel Toromanof, son secrétaire général, qui ajoute que « l’APST dispose de plusieurs dizaines de millions d’euros et d’un patrimoine immobilier ».
Après cette faillite abrupte, près de 600 000 personnes devront être rapatriées d’un peu partout dans le monde et 22 000 salariés risquent de perdre leur emploi.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/23/dette-concurrence-et-brexit-ont-entraine-la-faillite-du-voyagiste-britannique-thomas-cook_6012679_3234.html
mlsum-fr-1276
Ligne de production dans l’usine Aspen de Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime). Aspen Une vaste pelouse accueille le visiteur. « Ici, était installé le plus ancien atelier de l’usine. On l’a supprimé après avoir déménagé la ligne de production de seringues dans un bâtiment tout neuf. On va y créer des zones de repos à destination des salariés et de leur bien-être. Nous voulons également installer une ruche », précise Vincent Philibert, le directeur des ressources humaines et de la communication de l’usine pharmaceutique d’Aspen à Notre-Dame-de-Bondeville (Seine-Maritime), un bourg au nord-ouest de Rouen. De quoi rendre la vie un peu plus douce aux quelque 750 personnes qui y travaillent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Attractivité internationale : la France résiste mieux que ses voisins Pas question pour autant de se reposer pour cette société pharmaceutique sud-africaine qui réalise quelque 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires et emploie 10 000 personnes dans le monde. « Depuis cinq ans, et le rachat du site à GlaxoSmithKline (GSK), il s’est passé plus de choses que lors des dix années précédentes cumulées. C’est frénétique ! », confie Jean-Charles Rousset, le directeur général français de l’usine. Aspen ne regrette pas d’avoir choisi la France. Le sud-africain a investi pas moins de 70 millions d’euros dans le développement d’une nouvelle ligne de remplissage de seringues préremplies de Fraxiparine, d’Arixtra et de Mono-Embolex, des anticoagulants utilisés pour lutter contre les événements thromboemboliques. Le site s’est équipé d’un laboratoire d’expertise sur les procédés, la caractérisation des produits. Une trentaine de personnes y préparent l’industrialisation de nouveaux principes actifs. 165 millions de doses Aujourd’hui, le site fabrique quelque 165 millions de doses, et en exporte 92 % dans plus d’une centaine de pays. Et demain, la production devrait encore largement progresser, autour d’un demi-milliard de produits injectables. L’unique usine française d’Aspen – l’un des trois sites de production européens de ce groupe créé en 1997 pour fabriquer en Afrique du Sud des médicaments antirétroviraux contre le sida – est en pleine croissance. Plus de 90 millions d’euros de nouveaux investissements ont été actés depuis 2018 Plus de 90 millions d’euros de nouveaux investissements ont été actés depuis 2018 avec l’objectif de recruter près d’une centaine de personnes. « Dans un bassin industriel un peu chahuté, on trouve pas mal de candidats, notamment pour la maintenance de lignes de production », précise M. Philibert. « Une troisième ligne de remplissage haute performance de seringues est en cours d’installation, reprend le dirigeant. Elle sera capable de produire deux fois plus que les deux premières lignes, grâce à une double tête de remplissage des seringues. Et puis, nous allons optimiser toute la ligne. »
La firme a repris un site normand de GSK et y accroît sa production de produits injectables après un investissement de 70 millions d’euros.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/04/aspen-groupe-sud-africain-de-pharmaceutique-rapatrie-de-l-activite-en-france_5471180_3234.html
mlsum-fr-1277
LETTRE DE WASHINGTON Une statue de Thomas Jefferson à Charlottesville (Virginie), dont était originaire l’ancien président et père fondateur américain, en 2014. MLADEN ANTONOV / AFP De nouveaux fronts se sont ouverts ces derniers jours dans la guerre sans fin qui oppose deux camps irréconciliables aux Etats-Unis. D’un côté, ceux qui veulent voir rayer du panthéon de l’histoire américaine toute allusion aux Confédérés, ces Etats du sud esclavagistes, défaits lors de la guerre civile (1861-1865). De l’autre, ceux qui voient dans les références aux sudistes, un hommage à la bravoure d’un camp qui défendait ses « idéaux ». Mais cette fois les cibles choisies ne font pas l’unanimité même chez les tenants d’une relecture raisonnée de cette période fratricide. En demandant à l’équipementier Nike de retirer du marché un modèle de chaussures portant un drapeau américain à treize étoiles, correspondant aux treize premiers Etats de l’Union, le joueur de football américain Colin Kaepernick, icône de la marque, réputé pour ses déclarations politiques et son refus de se recueillir lors de l’hymne national, a laissé sceptiques nombre d’historiens. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ces Américains qui s’agenouillent pour protester De même, en remplaçant la fête qui marquait, depuis 1945, l’anniversaire de la naissance de Thomas Jefferson, troisième président américain, par un jour férié célébrant la marche pour la Libération et la liberté [des esclaves], la ville de Charlottesville (Virginie), berceau de l’université créée par ce « Père fondateur », a aussi fait lever quelques sourcils. La demande de M. Kaepernick, à laquelle Nike a immédiatement accédé, reposait sur sa conviction que ce drapeau, connu sous le nom de « Betsy Ross », en hommage à une couturière de Philadelphie (Pennsylvanie) – selon la légende, elle aurait confectionné ce premier étendard postrévolutionnaire à la demande de Georges Washington –, représentait un symbole de la période esclavagiste des Etats-Unis. Le « Betsy Ross » hissé pour Obama Or, s’il a bien été brandi à quelques reprises par des suprémacistes nostalgiques d’une Amérique dominée par des hommes blancs, ce drapeau est loin d’être un symbole revendiqué par ces courants. Ils lui préfèrent généralement le drapeau confédéré (un étendard rouge barré d’une croix bleu portant le nombre d’Etats sécessionnistes) ou des symboles nazis ; ce fut le cas lors des défilés de l’extrême droite à Charlottesville à l’été 2017, qui protestait contre le déboulonnage d’une statue du général confédéré Robert E. Lee, et au cours de laquelle une jeune contre-manifestante avait été tuée. Même la puissante Anti Defamation League, attentive aux faits et gestes des mouvements nazis, considère que le drapeau à treize étoiles ne constitue pas un « symbole de haine ». Le « Betsy Ross » a même été hissé lors de la cérémonie d’inauguration de Barack Obama, flottant parmi d’autres drapeaux historiques.
La polémique sur la place des symboles liés à l’histoire esclavagiste des Etats-Unis a resurgi ces derniers jours, mais cette fois les mises en cause font débat.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/11/thomas-jefferson-et-nike-dernieres-cibles-de-la-guerre-culturelle-americaine_5487933_3210.html
mlsum-fr-1278
Mobilisation pour revendiquer l’accès à la PMA pour toutes, pendant la Marche des fiertés à Paris, le 29 juin. CHARLES PLATIAU / REUTERS Lors du travail en commission, les débats ont été courtois, malgré de profondes divergences. A partir de mardi 24 septembre et jusqu’au mercredi 9 octobre, dans l’hémicycle, l’Assemblée nationale verra-t-elle les discours s’enflammer et les oppositions se durcir ? Pour le moment, les députés promettent un climat serein. A droite, on assure vouloir éviter les invectives du mariage pour tous de 2013 sur un texte de bioéthique complexe. L’exécutif n’est qu’« apaisement » et la gauche semble quasi unanime pour appuyer le projet de loi. Cinquante heures, trente-deux articles, quelque 2 400 amendements, le programme est chargé. Mais les points les plus débattus seront aussi ceux qui s’adressent à une minorité de Françaises : l’élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) devrait concerner « autour de 2 000 femmes par an », selon la ministre de la santé, Agnès Buzyn. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les questions que pose l’ouverture de la PMA à toutes les femmes « C’est le texte de tous les dangers », soulignait Emmanuel Macron devant les parlementaires de la majorité, le 16 septembre, mais jusqu’ici tout va bien, se félicite la Macronie. « L’entrée en mêlée est beaucoup plus apaisée que pour le mariage pour tous », note le député (La République en marche, LRM) des Français de l’étranger, Roland Lescure. Le chef de l’Etat souhaitait que les opposants soient entendus et associés au maximum afin de désamorcer le caractère conflictuel du texte. Ce qui ne veut pas dire dévier de ses principes, comme l’a rappelé la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. « Il ne faut pas confondre la recherche d’un débat où tout le monde peut s’exprimer avec la recherche d’un consensus », a prévenu Frédérique Vidal dans un entretien à l’AFP. Les opposants ne s’avouent pas vaincus Même ceux qui peuvent se montrer réservés au gouvernement, comme Bruno Le Maire (économie) ou Gérald Darmanin (comptes publics), deux transfuges de droite, le font savoir mezza voce (pour le premier) ou assurent avoir évolué (pour le second). Si discorde il doit y avoir, ce ne sera pas dans leur camp, jure-t-on. Au contraire. « Ça met Marine Le Pen mal à l’aise et ça divise Les Républicains [LR] », sourit un ministre de poids. Chez LR, la liberté de vote prévaudra, certains se prononceront pour le projet de loi, d’autres sont tentés par l’abstention. Mais les opposants à la PMA, majoritaires, ne s’avouent pas vaincus. « Il y a deux visions qui s’affrontent clairement », tranche la députée (LR) du Doubs Annie Genevard, pour qui seule la forme des débats peut être qualifiée d’« apaisée ».
Les députés entament, mardi, l’examen du projet de loi bioéthique dans un climat politique beaucoup plus calme qu’en 2013. Si le passage dans l’Hémicycle peut enflammer les discours dans l’opposition, le risque d’un embrasement semble loin.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/24/bioethique-les-deputes-appeles-a-un-debat-affable_6012781_3224.html
mlsum-fr-1279
Lors de l’acte III des « gilets jaunes », à Paris, le 1er décembre 2018. STEPHANE MAHE / REUTERS Tribune. Tenir un discours distancié sur les relations entre la population et les forces de l’ordre n’est point chose aisée en France, tant le débat sur la question s’est polarisé ces dernières années. D’un côté, la longue liste des polémiques qui ont entaché l’image des forces de l’ordre françaises, dont la mort de Steve Maia Caniço est un nouvel exemple tragique après les controverses liées à la gestion policière de la crise des « gilets jaunes », les décès de Rémi Fraisse ou d’Adama Traoré ou encore le maintien de l’ordre jugé trop musclé autour des manifestations contre la loi travail en 2016, vient apporter de l’eau au moulin des contempteurs des services de sécurité intérieure. Méthodes agressives et impunité des policiers auteurs de violences illégitimes sont au cœur des récriminations émises par une constellation d’acteurs allant du monde associatif à des organismes officiels comme le Défenseur des droits, récriminations que les conclusions du rapport de l’IGPN sur le décès de Steve ne viendront que renforcer. L’affaire, comme d’autres auparavant, n’a d’ailleurs pas manqué de raviver les accusations de partialité de ce service du fait de son rattachement hiérarchique au directeur général de la police nationale et au ministère de l’intérieur, là où d’autres pays ont fait le choix de mettre en place des services d’inspection indépendants. En France, les forces de sécurité sont d’abord un outil au service du pouvoir plus que du citoyen De l’autre, le camp des « pro-police » souligne les violences dont les représentants de la force publique sont victimes au quotidien, les exactions commises à leur égard par des « gilets jaunes » autour de l’Arc de triomphe, le 1er décembre, en ayant été un exemple spectaculaire et médiatisé. Le drame de Viry-Châtillon (Essonne) à l’automne 2016, quand un véhicule de police fut attaqué au cocktail Molotov, blessant très grièvement deux policiers, s’inscrit également dans ce contexte de travail très difficile. L’usage de la force par les policiers ne constituerait ainsi qu’une réponse à des agressions de plus en plus brutales dont serait victime une profession par ailleurs en crise, entre accumulation d’heures supplémentaires (plus de 23 millions d’heures non soldées dans la police nationale) et suicides (presque un tous les cinq jours depuis le début de l’année 2019). Conflit de récits Ces dernières années, nous assistons à un conflit de récits, dont chacun comporte sa part de vérité : citoyens blessés ou tués d’un côté et policiers violemment pris à partie de l’autre sont deux faces de la même pièce, à savoir une situation de tension entre une partie de la population et les forces de l’ordre. Il s’agit notamment de comprendre et d’analyser ce qui se passe du côté de ces dernières. La sociologie professionnelle des policiers montre qu’il existe un certain nombre de traits caractéristiques qui traversent les frontières : solidarité face au danger et à une société jugée hostile, certitude d’incarner des valeurs d’ordre et de discipline ayant tendance à s’estomper par ailleurs, suspicion, pragmatisme.
Mathieu Zagrodzki, spécialiste des questions pénales, affirme, dans une tribune au « Monde », que les forces de l’ordre, « maltraitées et malheureuses », ne peuvent, dans ces conditions, nouer une relation apaisée avec le reste de la société.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/02/les-conditions-de-travail-des-policiers-deplorables-doivent-etre-ameliorees_5495729_3232.html
mlsum-fr-1280
Tribunal de Salé, au Maroc. AFP Ce sont les mots lourds d’une mère, celle de Louisa Vesterager Jespersen, cette jeune touriste danoise décapitée dans le Haut-Atlas marocain le 17 décembre 2018, au nom du groupe Etat islamique (EI) : « Pensez, si quelqu’un avait fait ça à votre enfant. Ne serait-ce pas juste de donner à ces bêtes la peine de mort ? » Lue par l’avocat de la famille, Me Khalid Al-Fataoui, la lettre s’adresse aux juges du tribunal antiterroriste de Salé, près de la capitale Rabat, à l’ouverture d’une nouvelle audience du procès, jeudi 11 juillet. Lire aussi Témoignages et sueurs froides lors du procès du double meurtre de touristes au Maroc La victime danoise, âgée de 24 ans, a été assassinée avec son amie norvégienne, Maren Ueland, 28 ans, alors qu’elles campaient au pied du mont Toubkal, dans la région touristique du Haut-Atlas. Au total, 24 hommes ont été arrêtés, notamment pour « apologie du terrorisme », « atteinte à la vie de personnes avec préméditation » ou « constitution de bande terroriste ». Pour les trois principaux suspects qui ont avoué avoir décapité les deux jeunes femmes, filmé leurs actes puis diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux, le parquet a requis la peine de mort. Une peine capitale qui n’a pas été exécutée depuis 1993 au Maroc. En plus de la perpétuité demandée pour un prévenu, les autres peines requises vont de dix à trente ans de réclusion criminelle. « Victimes de leur ignorance » Pour leurs plaidoiries, face au juge Abdellatif Amrani, les avocats de la défense – la plupart commis d’office – ont joué sur la corde sociale. « Ces personnes vivent dans la pauvreté et n’ont aucune formation. Sans maîtrise des préceptes de l’islam, ils sont victimes de leur ignorance et des médias », commence Me Hafida Meksaoui, avocate des trois principaux suspects, dont Abdessamad Al-Joud, présenté comme le cerveau de la cellule terroriste. « La nature du crime ne peut être le fait de personnes saines d’esprit », argumente encore l’avocate marocaine, qui demande une expertise psychiatrique pour vérifier leur responsabilité pénale. La situation précaire des accusés est mise en avant pour plaider l’innocence ou réclamer des réductions de peine. Chacun rappelle les déclarations des prévenus niant toute relation avec les principaux accusés ou une organisation terroriste. « Le seul crime de mon client est d’habiter dans le même village que M. Al-Joud », s’indigne l’un des avocats. « Regarder des vidéos de Daech [acronyme arabe pour Etat islamIque] n’est pas une accusation suffisante », ajoute Me Meksaoui. Lire aussi Touristes tuées au Maroc : le quartier de deux des suspects marqué par la précarité et le salafisme L’audience s’attarde aussi sur le sort du ressortissant hispano-suisse, Kevin Zoller Guervos, accusé d’avoir participé à la radicalisation des principaux suspects. Seul étranger parmi les prévenus, il clame son innocence, mais risque vingt ans de prison. Installé au premier rang dans la salle d’audience, le jeune homme suit avec attention la longue plaidoirie de son avocat, Me Saad Sahli, accompagné d’un traducteur. Assise plus loin, sa femme Fatima prend des notes. « Kevin a eu la malchance de tomber au Maroc sur de mauvaises personnes qui lui ont mal expliqué l’islam. Quand il m’a connue, moi et ma famille, il a changé ses idées », assure la jeune Marocaine, un voile noir sur les cheveux. « Déclarations en arabe » C’est l’un des arguments défendus par Me Sahli. A plusieurs reprises, il rappelle que Kevin, qui ne parle pas arabe, a coupé les ponts avec les principaux suspects un an et demi avant l’acte terroriste. « Monsieur le Président, il nous faut des preuves matérielles, ce n’est pas suffisant de se baser sur le procès-verbal de police et sur les déclarations d’un accusé », argumente-t-il, en donnant au juge des livres sur l’islam modéré lus par Kevin et des photos de famille présentées comme des preuves de son ouverture d’esprit. Une démonstration retoquée par Me Al-Fataoui. « Je pense que l’accusé suisse cache beaucoup de choses. Les polices suisse et marocaine doivent approfondir l’enquête », réclame-t-il. Photographies de la Suédoise Louisa Vesterager Jespersen et de la Norvégienne Maren Ueland, assassinées le 17 décembre 2018 par des islamistes marocains dans le Haut-Atlas. FADEL SENNA/AFP La famille de Kevin est aussi accompagnée par une avocate du barreau de Genève, Me Saskia Ditisheim. « Mon client suisse n’a pas eu droit à un procès équitable et ses droits fondamentaux ont été violés. Il a été forcé de signer des déclarations en arabe qu’il ne comprenait pas. Il a été coupé constamment pas le juge en audience et il n’avait pas accès à une traduction fiable », observe-t-elle. A la fin de sa plaidoirie, Me Sahli demande que son client « prenne la parole sans qu’on lui pose de questions » lors de la prochaine audience, qui se tiendra le 18 juillet et qui entendra une dernière fois les accusés. Les verdicts pourraient tomber le même jour. Théa Ollivier (Salé, Maroc, envoyée spéciale)
24 personnes sont sur le banc des accusés pour l’assassinat de Louisa Vesterager Jespersen et Maren Ueland. Les verdicts pourraient tomber le 18 juillet.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/12/au-maroc-proces-du-double-meurtre-de-touristes-et-si-quelqu-un-avait-fait-ca-a-votre-enfant_5488778_3212.html
mlsum-fr-1281
JACK GUEZ / AFP Tribune. Le continent africain fait preuve d’un engouement inouï pour le bitcoin. Le Nigeria totalise à lui seul 8 % des transactions mondiales. Ce nouveau moyen de paiement gagne également du terrain dans d’autres pays, comme l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya et le Soudan. Son adoption résulte de choix individuels qui préoccupent les autorités monétaires africaines. Faut-il s’en réjouir ou s’en inquiéter ? L’Union africaine s’est engagée sur un projet d’intégration monétaire à l’échelle du continent à l’horizon 2063. Les enjeux liés à l’utilisation d’une monnaie commune au sein d’un continent sur lequel circulent pas moins de quarante devises officielles sont bien réels. Les flux marchands entre pays sont entravés par l’aléa des variations de change et les coûts de conversion. L’intégration monétaire africaine permettrait de faciliter les échanges commerciaux, comme l’euro facilite les échanges au sein de la zone euro, et ainsi concourir au développement économique du continent. Lire aussi En Afrique de l’Ouest, un projet risqué de monnaie commune Les enjeux de l’adoption d’une devise commune sont également politiques. La constitution d’une union monétaire requiert la stabilité politique des Etats membres. Il en est ainsi des statuts actuels de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui prévoit la supervision des échéances électorales des Etats membres, quitte à recourir à une intervention militaire en cas de conflit postélectoral, comme ce fut le cas en Gambie en janvier 2017 avec l’opération Restore Democracy. Inflation à deux ou trois chiffres L’agenda de l’intégration continentale est jalonné d’étapes intermédiaires régionales. Comme l’adoption d’une monnaie commune à la zone franc CFA d’Afrique de l’Ouest et à des pays limitrophes, dont le Ghana et le Nigeria, sur lequel travaille actuellement la commission de la Cédéao dans son projet de fusion de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la zone monétaire d’Afrique de l’Ouest (ZMAO). L’intégration permet par ailleurs de parler d’une seule voix sur la scène internationale. Elle constitue un instrument de diplomatie et d’expression de pouvoir, notamment dans un contexte mondial marqué par des mutations technologiques et économiques majeures. Le groupement permet d’asseoir la défense d’intérêts communs face à des partenaires commerciaux puissants, comme la Chine, l’Inde, les Etats-Unis ou la France. Lire aussi Le marché commun africain : un immense potentiel mais encore beaucoup de travail En attendant l’intégration monétaire, nombre de citoyens du continent n’ont d’autre choix que de s’accommoder bon an mal an de politiques monétaires nationales imprudentes et porteuses d’inflation annuelle à deux chiffres, comme actuellement en Egypte, au Ghana, au Nigeria, au Malawi, au Mozambique et au Zimbabwe. Voire à trois chiffres, comme au Soudan du Sud, où l’inflation a dépassé les 500 % entre 2016 et en 2017 en raison notamment de la baisse des revenus pétroliers sur fond de conflits internes. Le bitcoin est adopté par les populations comme moyen d’assurance contre l’inflation galopante. La demande locale est parfois telle que son niveau de change s’en trouve fortement apprécié par rapport son cours mondial, comme au Zimbabwe, où il était du double avant que les autorités monétaires ne décident purement et simplement d’en bannir l’utilisation. Une décision inspirée de l’Algérie, dont la loi de finances 2018 interdit toute monnaie « utilisée par les internautes à travers le web ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Il faut « clarifier au plus vite le statut des cryptomonnaies » En plus de s’affranchir de politiques monétaires inflationnistes qui érodent mécaniquement l’épargne, les cryptomonnaies permettent d’économiser des frais de transactions exorbitants. Le manque d’infrastructures bancaires sous-jacent au faible niveau de bancarisation de l’Afrique subsaharienne, où plus de 80 % des ménages ne possèdent pas de compte bancaire, contribue à renchérir les coûts des transactions financières. Lorsqu’une personne travaillant en Afrique du Sud désire envoyer de l’argent à l’un de ses proches situé dans un pays limitrophe comme le Mozambique, elle doit acquitter plus de 20 % de frais de transactions auprès des intermédiaires financiers. Avec le bitcoin ces frais sont quasi nuls. Volatilité et piratage L’usage du bitcoin sur le continent africain n’est toutefois pas sans danger. La première faiblesse de la cryptomonnaie la plus populaire est sa volatilité digne des montagnes russes. Le bitcoin vaut aujourd’hui dix fois plus qu’il y a trois ans, et cinq fois moins qu’il y a un an. Autant dire que convertir ses économies en bitcoin revient à les jouer au casino. Un autre inconvénient majeur est lié à la sécurisation. Le bitcoin, comme d’autres instruments de paiement numérique, est l’objet d’incessantes attaques pirates. La monnaie virtuelle est sécurisée par cryptographie. Or, parmi les plus grands spécialistes mondiaux de ce procédé, figurent des pointures mal intentionnées. Le procès d’Alexander Vinnik, le pirate russe soupçonné du détournement de 650 000 bitcoins, dont la France a récemment obtenu de la Cour suprême grecque l’extradition, devrait faire couler beaucoup d’encre à son ouverture. Lire aussi Et si le bitcoin remplaçait le franc CFA ? En raison de sa volatilité et de l’attrait qu’il suscite auprès des pirates, le bitcoin n’est pas suffisamment adapté au continent africain. Les populations l’utilisent faute de mieux, mais restent en demande d’une cryptomonnaie plus stable et plus sécurisée. La technologie blockchain, système de certification décentralisé sous-jacent aux cryptomonnaies, permet de nombreuses innovations, dont certaines pourraient être associées à des projets qui servent directement les populations. On pourrait par exemple imaginer une cryptomonnaie adossée à un registre vérifiant la contrefaçon de médicaments. C’est le potentiel actuellement développé par la cryptomonnaie Afro, lancée en décembre 2018, qui ambitionne de remplacer le bitcoin sur le continent. L’Afrique est en pleine mutation technologique et l’innovation ne se soucie guère de l’agenda des politiques. Les autorités monétaires se sentent actuellement menacées par l’adoption de monnaies numériques décentralisées. Au risque de se laisser dépasser, il va leur falloir prendre position rapidement. Les cryptomonnaies auront au moins pour effet de donner un coup de fouet au processus d’intégration monétaire africaine. Jérôme Mathis est professeur d’économie à l’Université Paris-Dauphine et Daniel Ouedraogo est docteur en économie de l’Université Paris-Dauphine. Jérôme Mathis et Daniel Ouedraogo
Les autorités du continent doivent prendre position sur les monnaies numérisées décentralisées, plaident les économistes Jérôme Mathis et Daniel Ouedraogo.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/30/en-afrique-les-cryptomonnaies-vont-donner-un-coup-de-fouet-au-processus-d-integration-monetaire_5494998_3212.html
mlsum-fr-1282
Evelyne Richard gravit les marches du perron de l’Elysée et salue avec une pointe de nostalgie les journalistes qui patientent derrière un cordon. La septuagénaire est un fil tendu entre deux présidents de la République, deux époques distantes d’un demi-siècle : celle de Georges Pompidou, qu’elle a servie comme attachée de presse dès son élection, en 1969, et d’Emmanuel Macron, son dernier patron. Celui qu’elle a connu au moment de tirer sa révérence, en 2017. En cette fin d’après-midi, mercredi 19 juin, « l’impératrice de l’Elysée », comme l’appelaient certains rédacteurs, est venue écouter le chef de l’Etat rendre hommage à son lointain prédécesseur, à l’occasion du cinquantenaire de son élection. M. Macron devait d’abord s’exprimer en ouverture d’un colloque organisé, le lendemain, par l’institut Georges-Pompidou. Mais c’était sans compter les obligations du Conseil européen, qui se réunit au même moment à Bruxelles. Le président de la République a donc invité les protagonistes du colloque à boire une coupe de champagne sous la verrière de la salle des fêtes de l’Elysée. Alain Pompidou, le fils du défunt président, est là, tout comme l’historien Eric Roussel, auteur d’une biographie de référence sur le natif de Montboudif (Cantal). Les journalistes Michèle Cotta et Patrice Duhamel, deux témoins de l’époque, ont aussi fait le déplacement. Marronnier du « c’était mieux avant » « Je ne pouvais pas laisser sans rendez-vous cette occasion », souffle Emmanuel Macron au début de son discours. Il eût été dommage, en effet, de ne pas saisir l’opportunité de célébrer un homme qui aurait eu sa place parmi les mythologies de Roland Barthes. De ne pas chercher à placer ses pas dans ceux du gaulliste, à l’heure où son électorat se déporte de plus en plus à droite. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le chef de l’Etat continue d’envoyer des signaux à la droite Symbole de la réussite industrielle de la France des « trente glorieuses », Georges Pompidou incarne avec le recul « une France nouvelle », « heureuse » dans sa « capacité à embrasser la modernité », estime M. Macron, « à prendre ses risques ». Celle du plein-emploi, de la fusée Ariane, de la DS, de l’art contemporain, du premier ministère de l’environnement. Celle que l’on retrouve aujourd’hui en couverture d’hebdomadaires, qui ont fait de la figure du successeur du général de Gaulle une sorte de marronnier du « c’était mieux avant ». La case de la modernité étant déjà cochée pour Emmanuel Macron – promoteur revendiqué de la « start-up nation », élu président de la République à 39 ans –, il convenait de rendre aussi hommage à Pompidou le conservateur, l’Auvergnat. Ou plutôt l’« enraciné », pour reprendre l’expression du chef de l’Etat, qui emprunte ici au vocabulaire de la droite. « L’enfant du Cantal ne reniera jamais ce qui était la vieille France », rappelle M. Macron, à savoir un « mélange de fierté, de bonhomie, de tolérance ». « L’art d’être Français » Mieux, avec ses sourcils broussailleux et ses joues pleines, Georges Pompidou « avait une tête de Français », estime Emmanuel Macron : « Il incarnait la France. » Jusque dans ses « permanences », donc, mais tout en répondant aux « défis de l’avenir ». « Il pensait à la fois vieille France et nouvelle France », martèle le chef de l’Etat, dans une tentative apparente de réconciliation entre « ancien » et « nouveau monde ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’hommage de Macron à Pompidou, président d’une France « heureuse » A l’automne 2017, un autre amoureux de Georges Pompidou, le désormais ex-président du parti Les Républicains, Laurent Wauquiez, croyait distinguer chez Emmanuel Macron une absence d’« amour charnel pour la France », une « haine de la province ». Cette image de « golden-boy de la mondialisation », le locataire de l’Elysée cherche à s’en défaire, en particulier depuis la crise des « gilets jaunes ». Il met donc en avant son amour des répliques truculentes à la Michel Audiard ; vante « l’art d’être Français ». En la matière, le gaulliste Pompidou serait un maître pour le héraut revendiqué du progressisme. « Les leçons qu’il a livrées doivent encore nous inspirer », reconnaît Emmanuel Macron.
Le chef de l’Etat recevait, mercredi, les participants à un colloque consacré à l’ancien président de la République. Il a célébré un homme « enraciné » et « moderne », qui « pensait à la fois vieille France et nouvelle France ».
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/20/a-l-elysee-emmanuel-macron-celebre-la-figure-mythologique-de-georges-pompidou_5478755_823448.html
mlsum-fr-1283
ociété. « Encore une maison de mode qui a commis une erreur scandaleuse. Aucune justification, aucune excuse ne pourront effacer ce genre d’insultes », déplorait Dapper Dan, célèbre tailleur de Harlem, en février, sur Instagram. L’objet de sa colère ? La mise en vente sur le site de Gucci d’un pull passe-montagne noir pourvu d’une ouverture au niveau de la bouche, ourlée de rouge. Avec ces lèvres surdimensionnées, évoquant pour plusieurs internautes un « blackface » – pratique qui consistait, au XIXe siècle, à se grimer le visage en noir pour caricaturer les personnes de couleur –, Gucci fait face à des accusations de racisme. Plusieurs personnalités afro-américaines appellent au boycott, notamment le rappeur 50 Cent, qui publie une vidéo dans laquelle il brûle un tee-shirt de la marque. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Plagiat, racisme ou sexisme… La traque des justiciers de la mode sur Instagram La maison italienne s’empresse de présenter ses excuses sur Twitter et retire de la vente le produit litigieux. Quelques semaines plus tard, elle lance publiquement un programme, baptisé « Gucci Changemakers », qui met notamment en place un comité d’experts chargés de la guider en matière de « diversité », d’« inclusion » et de « culture ». Parmi eux, des figures intellectuelles américaines dont l’écrivain Michaela Angela Davis, la poétesse Cleo Wade, le militant DeRay Mckesson et Eric Avila, professeur d’histoire à UCLA, spécialiste entre autres, de l’histoire du « blackface ». Contexte tendu Prada, sous le coup d’un scandale similaire en décembre 2018, a elle aussi créé une assemblée consultative consacrée à la promotion de la diversité, coprésidée par l’artiste américain engagé Theaster Gates, enseignant à l’université de Chicago. « Ces scandales reflètent un manque flagrant de connaissances historiques et de sensibilité culturelle. Ils signalent l’obligation de promouvoir la diversité aussi bien auprès des équipes créatives que des équipes managériales, souligne Eric Avila. Je pense que les intellectuels ont un rôle important à jouer pour aider les designers à sortir de leur bulle et à comprendre leur rôle dans un monde globalisé et interconnecté. » Dans ce contexte tendu, les marques sont de plus en plus nombreuses à solliciter des intellectuels influents, et surtout à communiquer sur leurs noms. Dans le cadre de son défilé croisière organisé en mai à Marrakech, Dior a fait appel aux services de l’anthropologue française Anne Grosfilley, auteure de l’ouvrage Wax & co. Anthologie des tissus imprimés d’Afrique (La Martinière, 2017). Sur place, la chercheuse répond aux journalistes sur les questions d’appropriation culturelle qui animent actuellement l’industrie de la mode. « Les marques cherchent un capital symbolique qui leur permet de légitimer leurs pratiques. » Agnès Rocamora, sociologue Il s’agit d’éviter les controverses : les silhouettes en wax de la collection printemps-été 2018 de Stella McCartney avaient, par exemple, suscité un flot de critiques sur le Web. La styliste était accusée de s’être inspirée de vêtements traditionnels portés par les femmes africaines, comme le kaba camerounais, sans y faire référence. Plus récemment, en juin, Kim Kardashian a été contrainte de changer le nom de sa marque de sous-vêtements, baptisée Kimono. Accusée de déshonorer cet habit traditionnel, la star de la télé-réalité a même reçu une lettre du maire de Kyoto lui demandant de « reconsidérer [sa] décision d’utiliser le nom Kimono pour [sa] marque », faisant référence à un élément inhérent à la culture japonaise. « En communiquant sur leur collaboration avec des experts, les marques cherchent une caution intellectuelle, un capital symbolique qui leur permet de légitimer leurs pratiques. C’est aussi une façon de montrer qu’elles font bien les choses », souligne Agnès Rocamora, sociologue et professeure au London College of Fashion. Lire aussi Mode et féminisme, le mariage de raison Dans le cadre de son défilé automne-hiver 2019-2020, Dior a mis en avant la poétesse et écrivaine américaine Robin Morgan et l’artiste italienne Tomaso Binga, deux figures renommées du féminisme, pour communiquer sur ce sujet sensible. Ainsi, le titre de la célèbre anthologie éditée par Robin Morgan, Sisterhood is Powerful, ouvrage qui a inspiré Maria Grazia Chiuri, s’imprime sur des tee-shirts. Quant à Tomaso Binga, elle a signé le décor du défilé : un abécédaire géant – 174 lettres représentées par un corps féminin nu – qui tapisse les murs de la salle. « Les marques de mode se sentent aujourd’hui très fragilisées. Elles craignent, et c’est totalement nouveau, de ne pas saisir les transformations culturelles en cours, de ne pas capter leur époque », constate Stéphane Hugon, sociologue et cocréateur du cabinet stratégique Eranos, qui collabore avec des marques de luxe. Quête de sens Les nouvelles représentations de la féminité et de la masculinité, les questions de genre, l’écologie, l’inclusion, le dialogue des cultures sont autant de problématiques qui préoccupent actuellement la société et donc les marques. Faire appel à un chercheur s’inscrit aussi dans une quête de sens. Ainsi, la Fondation d’entreprise Hermès s’est adjoint les services du sociologue Hugues Jacquet, auteur de L’Intelligence de la main (L’Harmattan, 2012), et lui a confié la publication d’une série d’ouvrages de la collection « Savoir et faire », coéditée avec Actes Sud ; chacun traitant d’un matériau brut façonné par la main de l’homme, comme le bois, la terre, le métal – une manière d’enrichir le discours de la marque à l’heure du numérique. « Sans la bonne lecture de la culture d’un pays, le marketing censé amplifier un message ne sert à rien. » Luca Marchetti, sémioticien « Les sciences humaines n’avaient pas leur place dans les stratégies de développement des marques de luxe jusqu’alors. Les décideurs commencent à comprendre leur utilité car la complexité des enjeux requiert une pluralité de compétences. En intervenant en amont, au moment de la prise de décision, la sociologie et l’anthropologie agissent comme des réducteurs de risques », ajoute Stéphane Hugon. C’est aussi l’avis du sémioticien et analyste culturel Luca Marchetti, professeur à l’école supérieure de mode de l’ESG UQAM. « Sans la bonne lecture de la culture d’un pays ou d’une communauté ciblée, le marketing censé amplifier un message ne sert à rien aujourd’hui, explique ce spécialiste, qui peut intervenir jusque dans les briefs créatifs (recommander des couleurs, des formes, des matières selon la problématique soulevée ou une certaine manière de représenter le corps selon les cultures). Une marque de luxe n’est plus seulement un référent commercial. C’est aussi un référent culturel de plus en plus important dans l’imaginaire collectif. Elle incarne une forme de savoir, ce qui induit davantage de responsabilités sociétales. » Qui a dit que la mode était superficielle ?
Face à la multiplication des attaques pour sexisme ou appropriation culturelle, les marques de luxe n’hésitent plus à recourir à des « experts » en sciences humaines. Une caution intellectuelle qui leur permet de comprendre les nouveaux enjeux de société.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/07/le-luxe-s-entoure-d-experts-pour-eviter-les-faux-pas_5507620_4500055.html
mlsum-fr-1284
Thierry Breton, à l’Elysée, en décembre 2018. LUDOVIC MARIN / AFP La politique et l’entreprise. C’est entre ces deux mondes que Thierry Breton, à la fois ancien ministre de l’économie de Jacques Chirac et redresseur d’entreprises en difficulté, navigue depuis la fin des années 1980. A 64 ans, celui qui a été proposé par Emmanuel Macron comme nouveau membre français de la Commission européenne – après le rejet de la candidature de Sylvie Goulard –, avait pourtant l’air définitivement stabilisé. Depuis 2008, l’ingénieur de Supélec pilote l’entreprise Atos, spécialisée dans le numérique. Le dirigeant, qui avait il y a quelques années prolongé la limite d’âge du poste de PDG à 75 ans, a même fait renouveler son mandat au printemps à la tête du groupe informatique pour une durée de trois ans. Finalement, ses fonctions ont dû être scindées en deux : Thierry Breton restera président du conseil d’administration jusqu’à son éventuel départ. Il sera remplacé dans ses fonctions opérationnelles par l’actuel directeur général délégué, Elie Girard. Lire aussi Thierry Breton, le nouveau choix de Macron pour la Commission européenne Son arrivée à la tête de la petite société, à l’époque bien mal en point, n’avait rien d’évident, tant le costume paraissait étroit pour l’ancien ministre, qui avait déjà ­dirigé Thomson et France Télécom. Pendant dix ans, ce passionné de physique, qui ne se sépare jamais d’une mallette remplie d’ouvrages scientifiques, a mené des acquisitions tambour battant, doublant le chiffre d’affaires à plus de 12 milliards d’euros, et propulsant le résultat net de 23 millions à 907 millions d’euros en 2018. « Médecin urgentiste » Présent à l’origine dans trois pays, Atos est devenu un groupe mondial de 110 000 personnes. En 2017, la société est même entrée au CAC 40. La réussite d’Atos a directement profité à M. Breton, qui avait obtenu un grand nombre de stock-options à son arrivée, et qui s’est enrichi à la faveur de l’explosion du cours de la Bourse. Jamais rassasié, Thierry Breton a tenté de racheter en 2017 le fabricant de cartes à puce Gemalto pour 4 milliards d’euros. Las, ce dernier lui a préféré Thales, avec l’assentiment de l’Etat. L’ingénieur a battu en retraite, visiblement soucieux de ne pas se mettre à dos les pouvoirs publics. Ne lui prêtait-on pas, à l’époque, des intentions chez Airbus ? Avant Atos, l’ancien ministre avait déjà redressé trois autres entreprises : Bull dans les années 1990 – l’ancien fleuron français de l’informatique est passé dans l’escarcelle d’Atos. Thomson – qu’Alain Juppé voulait brader pour 1 franc symbolique en 1996 – et France Télécom, qui ployait en 2002 sous une dette de 70 milliards d’euros. « C’est une sorte de médecin urgentiste : il a une vraie capacité de réanimation », expliquait au Monde Gervais Pellissier, directeur général délégué d’Orange, qui l’a connu chez Bull.
Nouveau choix de Macron pour la Commission européenne, l’ancien ministre de l’économie et ex-dirigeant de France Télécom a multiplié les allers-retours entre sphère publique et secteur privé.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/24/de-la-direction-d-atos-a-bruxelles-thierry-breton-un-patron-tres-politique_6016742_3210.html
mlsum-fr-1285
Le préfet de Normandie, Pierre-André Durand, le 3 octobre à Rouen. LOU BENOIST / AFP Il n’y a pas que cette odeur de fioul et de pneu brûlé qui persiste au fond de l’air à Rouen. Dix jours après l’incendie de l’usine Lubrizol, classée Seveso seuil haut, dans la nuit du 25 au 26 septembre, il y a aussi les doutes, la méfiance, et les zones d’ombre. Chaque communication des autorités semble amener autant de nouvelles questions que de réponses. En témoigne la conférence de presse du vendredi 4 octobre : au milieu d’un certain nombre de résultats d’analyses rassurants, le préfet a annoncé que la quantité de produits partis en fumée n’était pas de 5 253 tonnes comme communiqué mardi. Ce chiffre ne concerne en fait que ce qui a brûlé sur le site même de Lubrizol, alors qu’une grande partie du site de l’entreprise mitoyenne, Normandie Logistique, non classée Seveso, a également été ravagée par les flammes – ce qui n’était pas apparu jusqu’alors de façon explicite. Un de ses trois entrepôts de stockage a entièrement brûlé, les deux autres partiellement. Ils contenaient, en tout, 9 050 tonnes de marchandises. Or, contrairement à Lubrizol, l’entreprise n’a pas été capable, à ce jour, de dire précisément quels produits avaient brûlé et en quelle quantité. Des produits « de chez Lubrizol », « de manière déportée » « Mais, attention, ce n’est pas le même type de produits qu’à Lubrizol », s’est empressé de préciser le préfet de Normandie, Pierre-André Durand. « Ce site, créé en 1947, est un peu ce qu’on appelait avant des « magasins généraux » : vous y trouvez aussi bien de la gomme arabique [un émulsifiant] que de la bauxite pour faire de l’aluminium », a-t-il d’abord expliqué. Avant d’annoncer quelques minutes plus tard, à la surprise générale, que Normandie Logistique hébergeait également des produits « de chez Lubrizol ». « Ils étaient là de manière déportée, avant d’être rapatriés sur le site de Lubrizol », a-t-il précisé, indiquant avoir ouvert une enquête administrative pour savoir si cette situation était « régulière ou pas ». Pressées par les journalistes, les autorités ont reconnu qu’il y avait là « un point de vigilance » et des questions encore sans réponse : quelles étaient la quantité et la nomenclature précise des produits qui ont brûlé ? Leurs conditions de stockage répondaient-elles aux normes de sécurité drastiques imposées sur le site de Lubrizol ? Les autorités avaient-elles connaissance de cette situation ? A Rouen, le 1er octobre. JULIEN PAQUIN POUR « LE MONDE » « L’enquête administrative permettra de dire si la combinaison des nomenclatures, des quantités et du régime juridique aboutit à une situation bien régulière. Jusqu’ici nous n’avons pas d’élément qui permette de dire de manière immédiate qu’il y a eu une grosse irrégularité », a temporisé Patrick Berg, directeur régional de l’environnement, de l’aménagement et du logement. « On nous a parlé de 5 000 tonnes, et finalement c’est peut-être le double ! » En attendant les réponses de l’entreprise, les autorités ont mis en ligne à des fins de « transparence » l’inventaire des produits stockés. On y apprend ainsi que 4 157 tonnes sont des « produits Lubrizol », répartis dans les trois entrepôts. Il est question de « 12 700 fûts ». La préfecture explique qu’il s’agit de « matières premières et des produits finis », ce qui ouvre une infinité de possibilités. Etaient également stockés 3 000 litres de gazole non routier (combustible pour engins de manutention) ou encore 63,6 tonnes de bitumes. De quoi alimenter encore la colère et l’inquiétude de la population. « On nous a parlé de 5 000 tonnes, et finalement c’est peut-être le double !, s’emporte Jacky Bonnemains, le président de l’association de protection de l’environnement Robin des Bois. Je ne comprends pas que la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement n’ait pas inclus Normandie Logistique dans la zone Seveso pour la soumettre à des contrôles. » « C’est la Russie de Poutine ? » Guillaume Blavette, administrateur de France Nature Environnement (FNE) en Normandie, se dit « sidéré » : « C’est la Russie de Poutine, où les magnats de l’industrie font ce qu’ils veulent ? ». M. Blavette siège pour FNE au conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques. « En cinq ans, je n’ai jamais vu passer d’arrêté permettant à Lubrizol de stocker des produits chez Normandie Logistique, qui n’est pas une installation classée, s’étonne M.Blavette. Cela ressemble aux vieilles méthodes des industriels qui, pour déclarer moins de produits et échapper aux contrôles, en stockent sur les sites d’autres entreprises. » A Rouen, le 1er octobre. JULIEN PAQUIN POUR « LE MONDE » Braqués sur Lubrizol depuis dix jours, les regards assaillent désormais Normandie Logistique. Forts d’analyses de photos des flammes sur les réseaux sociaux, certains se demandent même si ce n’est pas sur ce site qu’aurait pu débuter l’incendie – ce que ne corroborent pas les premiers éléments de l’enquête judiciaire. « Aucun indice ne nous dit que le feu est parti de chez nous », commente la direction de Normandie Logistique. D’habitude accessible, Christian Boulocher, son directeur, par ailleurs président de l’Union portuaire rouennaise, ne peut plus être joint directement : l’entreprise a fait appel à une agence de communication parisienne, Burson Cohn & Wolfe. « Lubrizol est de longue date un client de Normandie Logistique, précise au Monde un de ses communicants. L’entreprise n’étant pas classée Seveso, les produits stockés n’étaient pas des produits dangereux ni explosifs. Je suis catégorique. » Les salariés muets Ajoutant encore au flou général, les salariés de Lubrizol ne veulent pas s’exprimer. Tous ceux que Le Monde a contactés ont décliné, disant avoir reçu « des consignes » de la direction. L’intersyndicale CFDT, CFTC, CFE-CGC n’avait pas non plus pris la parole. Elle a finalement publié un premier communiqué vendredi soir. « Nous sommes choqués par cet incendie et les extrapolations médiatiques qui en sont faites, écrivent les délégués syndicaux. Nous n’arrivons pas à nous expliquer [son] départ (…). La sécurité est un des piliers de notre culture d’entreprise », insistent-ils. Ils vont faire appel à une expertise indépendante pour évaluer l’impact de l’incendie sur la santé des employés du site. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Nous avons pris nos décisions seuls » : des habitants de Rouen racontent l’absence de communication après l’incendie Les Rouennais restent sur le qui-vive. Vendredi, quand une institutrice a découvert, dans sa cour, un objet « non identifié » de 1 cm2, décision a été prise de fermer l’école élémentaire Benjamin-Franklin. A la demande de 100 requérants et de l’association Respire, la juge des référés du tribunal administratif de Rouen a par ailleurs nommé un expert en produits chimiques et industriels pour procéder à « un constat des conséquences environnementales » de l’incendie. Alors que l’Assemblée nationale a déjà ouvert une mission d’information, le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau, a déposé une proposition de résolution, cosignée par l’ensemble des autres présidents de groupes politiques, afin de créer une commission d’enquête transpartisane. Pour comprendre, notamment, les conditions dans lesquelles l’Etat contrôle les installations classées et prend en charge les accidents qui y surviennent.
Une grande partie du site d’une entreprise voisine a également brûlé, le 26 septembre. Plus de 4 000 tonnes de produits Lubrizol y étaient stockés.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/04/rouen-deux-communes-portent-plainte-contre-x-pour-mise-en-danger-de-la-vie-d-autrui_6014285_3244.html
mlsum-fr-1286
Janna C. appuie nonchalamment la main sur la barre du box des prévenus. D’épaisses tresses encadrent le visage juvénile de la prévenue de 21 ans, qui comparaît pour avoir envisagé de commettre une attaque terroriste en 2016, au nom de l’organisation Etat islamique. « J’étais dans mon délire », avance la jeune femme, vendredi 12 juillet, devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris devant laquelle elle comparaissait détenue. Interpellée à Clermont-Ferrand le 10 août 2016, peu après les attentats de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), Janna C. est alors à peine majeure et sort de quelques semaines d’incarcération après de petits délits. Elle se sent seule et passe ses journées à consulter des images de propagande islamiste sur l’application cryptée Telegram, prisée des djihadistes. Elle échange avec de nombreuses autres jeunes femmes et commence à envisager un attentat-suicide. Sur Internet, elle multiplie des recherches équivoques : elle tape « comment fabriquer un gilet explo », et cherche à connaître le processus de fabrication du TATP, un explosif. Elle trouve un fournisseur potentiel pour des ceintures explosives. Se veut apprentie djihadiste au féminin : à une mineure poursuivie dans un autre dossier, elle dit sur Telegram qu’elle se sent « prête » et que « si on doit faire un truc, c’est entre sœurs ». « J’étais dans ma bulle » « C’était banal pour moi de parler d’attentat, affirme Janna C. – C’est grave, c’est monstrueux mais tout sauf banal, martèle la présidente du tribunal. La prévenue croise les bras sur son haut bleu-blanc-rouge. Elle cherche ses mots. – J’étais dans ma bulle. – Pourquoi vous aviez projeté de tuer des gens ?, lui demande-t-on. – C’est un tout, répond-elle. Je voyais des vidéos sur ce qui se passait en Syrie, en Irak et tout. » Pour autant, selon ses dires, le projet d’attentat restait encore flou. « Y’avait pas vraiment de projet. » Pour tuer qui ? Face à l’insistance du tribunal, elle finit par lâcher qu’elle ne visait pas les civils, mais « ceux qui représentent la France, les fonctionnaires ». Des policiers, des militaires ? « Voilà, tout ça. » Janna C. enchaîne les réponses laconiques, maladroites. Un assesseur compare son comportement et ses déclarations à ceux d’une « adolescente ». Le tribunal évoque l’enfance difficile de Janna C., la séparation de ses parents. Originaire des environs de Troyes, elle est placée plusieurs fois par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Elle est vite déscolarisée, et commence dès 2013 à utiliser les vêtements liés à l’islam rigoriste. Elle porte notamment le jilbab, long habit ample qui ne laisse voir que l’ovale du visage.
Le parquet a réclamé dix ans de prison contre la jeune femme, soupçonnée d’avoir préparé une attaque et « recruté » d’autres candidates au djihad.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/13/au-proces-de-janna-c-accusee-de-terrorisme-a-18-ans-c-etait-banal-pour-moi-de-parler-d-attentat_5488896_3224.html
mlsum-fr-1287
Devant un magasin Marks & Spencer, à Londres, en juin 2018. TOLGA AKMEN / AFP Marks & Spencer ne remplit plus aucun des critères. Pas même ceux de l’indice FTSE 100 de la Bourse de Londres. L’enseigne en a été pourtant l’un des piliers, depuis sa création en 1984, aux côtés d’autres figures de l’économie britannique dont la marque de luxe Burberry ou le fabricant de cigarettes British American Tobacco. Trente-cinq ans plus tard, sa trop faible valeur en Bourse lui interdit d’évoluer dans cette première division du Footsie. Marks & Spencer va être exclu de l’indice FTSE, le 23 septembre, à la faveur de sa réévaluation trimestrielle, a annoncé le FTSE Russell, fournisseur d’indices du London Stock Exchange, peu après la clôture de la Bourse, mercredi 4 septembre. L’enseigne, dont l’action s’échangeait 193,10 pences, mercredi 4 septembre, vaut désormais 3,77 milliards de livres en Bourse, soit un peu plus de 4 milliards d’euros ; c’est moitié moins qu’en 2015. Cette valorisation la classe au 115e rang du classement des principales capitalisations du marché londonien. Or le FTSE Russell n’intègre dans le FTSE 100 que les 110 premières capitalisations de la place. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les difficultés de Marks & Spencer illustrent la crise des commerces au Royaume-Uni Un groupe concurrencé de toutes parts, en centre-ville et en ligne La future relégation de Marks & Spencer au sein du FTSE 250, second indice du Footsie, risque d’affecter sa réputation auprès des fonds d’investissement. Elle n’est toutefois pas une surprise. La menace planait depuis près d’un an. Car les analystes de la City, dont les avis influencent le cours de l’action MKS, n’ont plus confiance envers l’enseigne aux 1 400 magasins. Rares sont ceux à parier que l’entreprise fondée, à Leeds, à la fin du XIXe siècle, parviendra à relever les défis de la grande distribution. Et notamment au Royaume-Uni, où elle réalise les deux tiers de ses ventes. Connu pour ses sortes d’hypermarchés de produits alimentaires et d’habillement, le groupe est, en fait, tombé en disgrâce, au cours de la dernière décennie. Depuis, son enseigne est concurrencée de toutes parts, en centre-ville et en ligne, tant sur le marché des produits alimentaires que sur celui de l’habillement. Les discounters type Aldi ou Lidl et la livraison à domicile de produits alimentaires via Amazon ou Ocado ont sapé son métier d’épicier. La mode des magasins Primark et celle livrée à domicile par Asos ont aussi happé sa clientèle. En outre, la chute de la livre sterling, qui affecte la consommation outre-Manche, lui complique la tâche. Dès lors, son activité s’est contractée de 3 % au cours de l’exercice 2018-2019, clos fin mars, pour s’établir à 10,3 milliards de livres (11,3 milliards d’euros). Sa rentabilité a, elle, chuté de prés de 10 % au cours de cet exercice. L’enseigne n’a pas réussi à échapper à la vague de fermetures de magasins qui sévit dans toutes les rues du Royaume-Uni. Pour redresser la barre, Steve Rowe, son directeur général depuis trois ans, a annoncé, en mai, vouloir fermer une centaine de magasins d’ici à 2022, après avoir tiré le rideau d’une trentaine en 2018.
Le distributeur britannique a été exclu du FTSE 100 et devrait intégrer le FTSE 250. Un coup dur pour l’enseigne aux 1 400 magasins.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/05/marks-spencer-relegue-en-seconde-division-de-la-bourse-de-londres_5506767_3234.html
mlsum-fr-1288
Viviane Lambert, la mère de Vincent Lambert, avant sa prise de parole devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève, le 1er juillet. FABRICE COFFRINI / AFP La nutrition et l’hydratation artificielles qui maintiennent Vincent Lambert en vie ont de nouveau été interrompues, mardi 2 juillet, pour la troisième fois en six ans. Dans un courriel adressé à chacun des membres de la famille de cet ancien infirmier âgé de 42 ans, en état végétatif irréversible depuis un accident de la circulation en 2008, le docteur Vincent Sanchez, chef du service de soins palliatifs et de l’unité de patients cérébrolésés du CHU de Reims (Marne), a appelé « à la responsabilité de chacun pour que l’accompagnement de Vincent Lambert soit le plus paisible, intime et personnel possible ». Le précédent protocole d’arrêt des traitements avait été interrompu le 20 mai, quelques heures après le début de sa mise en œuvre, par une décision de la cour d’appel de Paris, saisie en référé par Pierre et Viviane Lambert, les parents de Vincent Lambert. Mais la « remontada », comme l’avait alors qualifiée Me Jean Paillot, l’un de leurs deux avocats, lors d’un rassemblement des partisans du maintien en vie sur les Champs-Elysées, aura été de courte durée. Saisie par l’Etat et le CHU de Reims, la Cour de cassation a jugé, le 28 juin, que la cour d’appel n’avait pas à statuer sur ce dossier, au sujet de laquelle le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) s’étaient déjà prononcés. L’épilogue de cette affaire qui déchire la famille Lambert depuis des années semble donc désormais proche. Strictement encadré par la loi Claeys-Leonetti de 2016, le protocole mis en œuvre mardi par l’équipe médicale doit mener à la mort de Vincent Lambert en quelques jours. Outre l’arrêt de la nutrition et de l’hydratation artificielles, une sédation profonde et continue jusqu’au décès a été mise en place. Des antalgiques devaient aussi être administrés pour répondre à une éventuelle douleur. Menaces de procès « Je suis rassurée que le médecin n’ait pas craqué et ne se soit pas senti menacé par les promesses de procès », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Marie-Geneviève Lambert, sœur de Vincent Lambert et favorable à l’arrêt des traitements, disant toutefois craindre que le processus ne se fasse « pas dans la plus grande sérénité ». En mai 2013, un premier arrêt des traitements avait été interrompu au bout de trente et un jours sur injonction du tribunal administratif, au motif que les parents n’avaient pas été informés de cette décision. Lundi 1er juillet, Viviane Lambert, proche des catholiques intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, avait lancé un « appel au secours » devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (CDPH), à Genève, qu’elle avait saisi quelques semaines plus tôt. « Sans votre intervention, mon fils Vincent Lambert sera euthanasié par un médecin en raison de son handicap cérébral », a-t-elle fait valoir devant l’organisme qui avait demandé, le 4 mai, à la France de suspendre toute décision d’arrêt des soins le temps de pourvoir examiner le dossier sur le fond. Les deux avocats des parents avaient annoncé, le 28 juin, qu’ils engageraient des poursuites pénales pour « meurtre » contre les médecins et les ministres qui se rendraient coupables de l’arrêt des traitements. Ils ont ensuite indiqué que les parents seraient « favorables à une médiation par l’intermédiaire d’une institution internationale pour discuter avec le gouvernement français, pour qu’en l’état actuel les mesures provisoires soient effectives ».
Cette annonce fait suite à la décision de la Cour de cassation du 28 juin de lever la reprise des soins qui avait été ordonnée par la cour d’appel de Paris le 20 mai.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/02/nouvel-arret-des-traitements-pour-vincent-lambert_5484313_3224.html
mlsum-fr-1289
Les acteurs Djanis Bouzyani et Karim Ait M’Hand, à l’affiche dans « Tu mérites un amour », de Hafsia Herzi. LES FILMS DE LA BONNE MÈRE Qui a dit que ça allait mal ? Vous êtes au Festival du film francophone d’Angoulême, le FFFA, et tout va bien. Jacqueline Bisset est la lumineuse présidente du jury de cette douzième édition, qui a commencé le 20 août et s’achève dimanche 25. Dans le centre historique, la radio locale diffuse en boucle les bonnes nouvelles du cinéma français, algérien, québécois, belge, etc. entre deux tubes des années 1970 ou 1980. Ce mercredi 21 août au matin, la douce voix de Charlotte Gainsbourg se mêlait à l’odeur du croissant chaud dans la rue piétonne : l’actrice racontait le tournage de Mon chien Stupide, le film de son compagnon Yvan Attal, adapté du roman éponyme de John Fante. Cette comédie grand public a été projetée en ouverture, mardi 20 août, avant sa sortie le 30 octobre. Gainsbourg et Attal y incarnent joyeusement un couple usé avec quatre enfants, dont la vie bascule avec l’arrivée d’un bon gros chien dans leur quotidien. « Les gens sont sortis heureux de la projection », s’est réjoui le producteur et ancien agent de stars Dominique Besnehard, délégué général du festival avec Marie-France Brière, elle-même productrice, réalisatrice et ancienne responsable de programmes télévisés (« Dimanche Martin », « Collaro Show », « Fort Boyard »). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Festival d’Angoulême, cabine d’essayage du cinéma français Au fil des ans, les deux piliers du FFFA ont élaboré une habile programmation, mélange de cinéma d’auteur (en compétition) et de films grand public (présentés lors d’avant-premières) avec leur cortège de personnalités. Après Grand Corps Malade, dont le film La Vie scolaire sort en salles le 28 août, Catherine Deneuve est attendue ce week-end – elle est à l’affiche de Fête de famille, de Cédric Kahn. Un temps annoncés, Gérard Depardieu et Mathieu Amalric ne viendront finalement pas. Capitale de la bande-dessinée, Angoulême déroule pour le septième art son tapis bleu, chaque été, à la fin du mois d’août. Pendant ces quelques jours précieux qui précèdent la reprise du travail et des batailles. Fondé en 2008 avec le soutien de Ségolène Royal, alors présidente de la région Poitou-Charente, le FFFA a toujours vu défiler des responsables socialistes « qui venaient respirer à Angoulême, comme ils disaient, avant d’aller se disputer à l’Université d’été à la Rochelle », raconte Dominique Besnehard. Lui-même a orchestré la campagne présidentielle de Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy, en 2007. Avant que les relations ne se détériorent avec la candidate du PS.
Le Festival du film francophone mêle habilement films d’auteurs et grosses productions, frères ennemis le reste de l’année.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/23/angouleme-jours-de-treve-du-cinema-francais_5502184_3246.html
mlsum-fr-1290
Le président américain, Donald Trump, le 23 octobre à Washington. SAUL LOEB / AFP Une vingtaine d’élus républicains ont fait irruption, mercredi 23 octobre, dans la pièce sécurisée dans laquelle la commission du renseignement de la Chambre des représentants, qui compte pourtant dans ses rangs de nombreux membres du Grand Old Party, devait entendre un responsable du Pentagone. L’audition a été retardée de plusieurs heures. Il s’agissait pour les protestataires, non habilités à assister à la séance, de dénoncer les modalités de l’enquête consacrée par la majorité démocrate à un éventuel abus de pouvoir à des fins politiques de Donald Trump. Il pourrait lui valoir une mise en accusation (impeachment). Cette démonstration de dépit témoigne de l’inconfort et de l’impuissance de ces élus face à une accumulation de révélations. Elles concernent une affaire déclenchée par le signalement d’un lanceur d’alerte, initialement bloqué par le département américain de la justice, après une conversation jugée troublante entre Donald Trump et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, le 25 juillet. Mardi, un nouveau témoignage a conforté les soupçons démocrates. Le chargé d’affaires des Etats-Unis à Kiev, William Taylor, qui avait pris ses fonctions après le limogeage brutal de l’ambassadrice Marie Yovanovitch, en mai, a assuré, lors d’une audition, qu’une aide pour l’Ukraine avait été conditionnée par le président américain à l’ouverture d’enquêtes par la justice ukrainienne. Elles concernent notamment le fils de l’un de ses adversaires politiques, l’ancien vice-président démocrate et candidat à l’investiture présidentielle pour 2020, Joe Biden. Hunter Biden a siégé au conseil d’administration d’une société gazière privée de 2014 à 2019. Aucune infraction n’a jamais été signalée à son propos. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un nouveau témoin-clé contredit la version de Donald Trump dans l’affaire ukrainienne Stratégie d’obstruction Dans son propos liminaire, William Taylor, ancien ambassadeur en Ukraine au temps de l’administration républicaine de George W. Bush, a déploré en outre la mise en place d’une diplomatie parallèle. Elle a été conduite, selon lui, par l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland – un riche donateur propulsé à ce poste par Donald Trump –, par l’ancien envoyé spécial Kurt Volker, et par le secrétaire à l’énergie démissionnaire Rick Perry, en coordination avec l’avocat personnel du président, Rudy Giuliani. William Taylor s’était inquiété, dans une conversation par SMS, d’un donnant-donnant, jugé « dingue », entre cette aide et les enquêtes. Il a confirmé ses propos datant du début du mois de septembre et il a indiqué que Gordon Sondland s’était efforcé de justifier ce geste par le passé de Donald Trump. « Lorsqu’un homme d’affaires est sur le point de signer un chèque à quelqu’un qui lui doit quelque chose, l’homme d’affaires demande à cette personne de payer avant qu’il ne signe le chèque », lui aurait-il dit.
Les efforts d’obstruction des républicains n’ont pas empêché les auditions d’une dizaine de conseillers et de diplomates, et l’apparition de nouveaux témoignages.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/24/donald-trump-s-enlise-dans-l-affaire-ukrainienne_6016749_3210.html
mlsum-fr-1291
Des agents de police anti-émeutes pendant une manifestation à Hongkong, le 6 septembre. VINCENT YU / AP Le torchon brûle entre les Hongkongais et leur police. La colère des habitants de la région administrative spéciale se cristallise désormais sur les forces de l’ordre – au moins autant que sur le gouvernement, qui a attendu trois mois de la pire crise qu’ait connue la cité depuis son retour dans le giron chinois pour enterrer un projet de loi permettant les extraditions, notamment vers la Chine. Les manifestants exigent à présent une commission d’enquête indépendante sur les violences policières, que le gouvernement refuse. Lire aussi A Hongkong, les heurts entre les manifestants et les policiers sont devenus quotidiens Face aux agents, des protestataires que la presse ne qualifie plus de « pacifiques » : les éléments les plus radicaux érigent des barricades, lancent des cocktails Molotov, allument des feux et résistent aux charges à coups de barres métalliques. Plusieurs stations de métro ont été partiellement vandalisées. L’hostilité est telle qu’un déploiement de routine d’une petite unité peut suffire à déclencher, sinon des heurts, au moins une cascade d’insultes à l’égard des policiers : « Assassins », « parasites », « triades » (mafieux), « chiens » et autres injures épicées dont le cantonais regorge. Lors des face à face avec les manifestants, les policiers se voient également adresser des slogans comme : « Les hommes bien ne deviennent pas policiers ». De leur côté, les policiers traitent ouvertement les protestataires de « cafards », malgré plusieurs rappels à l’ordre de leurs supérieurs. « Une insulte à leur serment » Les réseaux sociaux et les médias locaux abondent de vidéos documentant des abus flagrants, y compris sur des passants, des secouristes, des journalistes, ou même des adolescents. « En ce moment, ils sont complètement fous, constate un ancien policier de 34 ans, qui a quitté la police pendant le « mouvement des parapluies » – trois mois d’occupation de grandes artères de la troisième place financière mondiale en 2014, pour réclamer l’élection des dirigeants politiques au suffrage universel. Ils ne contrôlent plus leurs émotions ni leurs armes. On nous apprend très clairement à éviter la tête avec les matraques, car cela peut tuer. Mais on dirait qu’ils font tout ce qu’ils peuvent pour blesser le suspect. La manière dont je les ai vus jeter un suspect au sol après lui avoir lié les mains dans le dos, en lui cassant même les poignets, c’est totalement contraire à ce que l’on apprend. Et c’est devenu routinier. Leur comportement est une insulte à leur serment. » Lui était déjà alarmé par la mentalité qui commençait à régner chez ses collègues. « Ils sont convaincus que leurs dérives ne seront jamais punies. Pékin et le gouvernement ne font que les encourager », ajoute-t-il.
Autrefois adulés, les agents de la ville cristallisent désormais la haine des manifestants, qui réclament une commission d’enquête indépendante sur les violences policières. Des actions sont prévues aujourd’hui.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/14/a-hongkong-la-police-face-au-peuple_5510299_3210.html
mlsum-fr-1292
« Faire le jeu de l’extrême droite. » L’un des poncifs les plus coutumiers de la vie politique française fait son grand retour à l’occasion du débat sur l’immigration voulu et lancé par Emmanuel Macron. Rendez-vous est donné, lundi 7 octobre, à l’Assemblée nationale. Marine Le Pen a déjà annoncé une conférence de presse, peu avant de se lancer dans une arène qu’elle pourra transformer en scène de meeting, le temps des cinq minutes qui lui ont été dévolues en sa qualité de députée du Pas-de-Calais. Le parti d’extrême droite ne cache pas être « heureux » de ce débat, selon le terme d’un proche de la patronne du Rassemblement national (RN). Lors de sa rentrée politique à Fréjus (Var), mi-septembre, elle-même glissait non sans ironie : « Vous le voyez, avoir voté RN aux européennes, ça sert ! Même Macron se met à parler d’immigration. » Son père et cofondateur de l’ex-Front national Jean-Marie Le Pen est même allé jusqu’à qualifier ce débat de « grâce ». En face, persuadés de voir revenir le sujet au cœur de la campagne de 2022, les fidèles du chef de l’Etat martèlent l’obsession présidentielle : ne pas abandonner la question migratoire à la droite et à l’extrême droite. « Ce serait une erreur de dire que la question migratoire est une question taboue ou qu’on ne pourrait la poser que quand il y a des crises », a asséné le président de la République dans une interview à Europe 1, le 25 septembre. Une stratégie qui suscite quelques doutes au sein de sa propre majorité. « Ça leur donne une tribune, regrette un député macroniste historique. Et c’est du perdant-perdant : on ne répondra pas au sentiment d’insécurité des classes populaires, et on ne répondra pas à ceux qui nous demandent plus d’humanité. On risque de perdre sur tous les plans. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi La majorité mal à l’aise avant le débat sur l’immigration Tremplin pour l’extrême droite Nicolas Sarkozy, cas d’école en la matière, avait bien réussi à siphonner l’électorat frontiste en 2007 en usant de la sémantique lepéniste et du discours répressif de la droite de la droite. Mais combien de ses anciens électeurs croisés depuis sont bien vite (re) partis gonfler d’autant plus fort les voiles électorales de l’ex-Front national, jurant qu’on ne les y reprendra plus… Parler d’immigration serait donc forcément un tremplin pour l’extrême droite ? C’est ce qu’ont mesuré scientifiquement des chercheurs de la Paris School of Economics (PSE) et de Sciences Po, lors de la campagne présidentielle de 2017 (« Facts, Alternative Facts, and Fact Checking in Times of Post-Truth Politics »), en soumettant plusieurs groupes à de fausses informations ou à des faits réels sur l’immigration. Leur conclusion : insister sur la thématique migratoire augmente le vote en faveur de l’extrême droite, quelles que soient les informations dont les électeurs disposent par ailleurs.
Le Rassemblement national se réjouit du réveil de cette thématique décidée récemment par Emmanuel Macron et discutée lundi à l’Assemblée nationale.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/07/immigration-a-qui-profite-le-debat_6014533_823448.html
mlsum-fr-1293
Neymar à Sao Paolo, le 13 juin. Andre Penner / AP L’enquête policière, première phase de la procédure, est terminée et la police brésilienne estime qu’il n’existe pas d’indices suffisants pour accuser la star du football Neymar d’avoir violé une jeune Brésilienne en mai à Paris, a annoncé, lundi 29 juillet, le parquet de Sao Paulo. Cette enquête doit être remise mardi au parquet, qui aura quinze jours pour décider ou non d’une inculpation, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) une porte-parole du ministère public de Sao Paulo. L’attaquant vedette du Paris-Saint-Germain est accusé d’avoir violé Najila Trindade Mendes de Sousa, une jeune mannequin brésilienne, le 15 mai dans un hôtel parisien. Neymar se dit innocent et affirme qu’il a eu avec la jeune femme une relation consentie. Lire aussi Face aux accusations de viol, Neymar aggrave son cas en tentant de se défendre Un complément d’enquête est possible La police de Sao Paulo, où Najila Trindade a porté plainte contre Neymar quinze jours après les faits allégués, considère qu’il n’existe pas d’indices suffisants pour accuser le footballeur d’avoir forcé la jeune femme à avoir une relation sexuelle et de l’avoir physiquement agressée. Le parquet peut à présent demander le classement sans suite du dossier, l’inculpation de Neymar ou un complément d’enquête. La décision finale reviendra aux juges. Neymar a été entendu le 13 juin dans un commissariat de police de Sao Paulo. Najila Trindade a été entendue deux fois, également à Sao Paulo, les 7 et 18 juin. Le joueur a, par ailleurs, été entendu par la police une première fois début juin pour avoir diffusé publiquement dans une vidéo, pour prouver son innocence, des conversations et des images intimes avec la jeune mannequin.
Le parquet a maintenant deux semaines pour décider d’inculper ou non le joueur du PSG de viol sur une mannequin brésilienne à Paris en mai.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/30/la-police-bresilienne-ne-dispose-pas-d-indices-pour-accuser-neymar-de-viol_5494775_3242.html
mlsum-fr-1294
Des timbres à paraître en 2020 et en 2021 sur la restauration de Notre-Dame de Paris sont annoncés par le Journal officiel du 15 septembre, en complément du programme des émissions pour 2021. Olympe de Gouges, Suzanne Lenglen, Boris Vian, Frédéric Dard, La Roche-sur-Yon ou le Service hydrographique et océanographique de la marine… : les émissions de timbres prévues en 2020, éclectiques, réservent quelques bonnes surprises, au rang desquelles la célébration du poète René-Guy Cadou (1920-1951) ou des auteures Jacqueline de Romilly (1913-2010) et Andrée Chedid (1920-2011). Un timbre de Corée du Nord, sur le fardier de Cugnot, en 1985. DR Ce programme répare un « oubli » de la philatélie française, le fardier de Nicolas Joseph Cugnot (1725-1804), qui n’avait jamais eu de timbre, sinon au Mali, à São Tomé-et-Príncipe ou… en Corée du Nord ! Nadar photographe, timbre paru en France en 1999 (création Claude Andréotto). DR/La Poste Et mis part Raphaël, on ne compte pas de « redites »… Ce qui n’a pas toujours été le cas par le passé… Pour Nadar, La Poste a émis un timbre en 1999 d’après un de ses clichés, « Debureau à la caméra ». Nadar aérostier, pendant la guerre de 1870-1871. Lettre d’une vente Behr, juin 2019 32 000 euros. DR/Behr Le cent-cinquantième anniversaire des ballons montés de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 renvoie plus ou moins directement à Nadar qui fut un des aérostiers vedettes de cette époque et dont certains courriers qu’il transporta comportent son cachet… Un timbre émis par La Poste au sein d’une série consacrée à des champions français, en 2015. DR/La Poste La joueuse de tennis Suzanne Lenglen apparaît au sein d’un « collector » de huit timbres autocollants paru en 2015, en compagnie de Yannick Noah, René Lacoste, Marguerite Broquedis, etc. La Poste a veillé à ne pas oublier les femmes, même si la parité n’est pas encore atteinte avec leurs homologues masculins timbrés. A titre de comparaison, par exemple, en 1974, aucune femme n’apparaît sur des timbres, à l’exception d’une sculpture de Maillol ! Pour s’en tenir à quelques années prises arbitrairement, en 1985, Pauline de Kergomard (1838-1925) et une allégorie féminine (« La France à ses morts ») ; en 1994 Joséphine Baker et Yvonne Printemps ; en 2005 l’aviatrice Adrienne Bolland, le personnage de Nadia (Titeuf), Bécassine, des Vierges de Raphaël et de Memmling, un personnage des Sims et Lara Croft et un timbre sur le dépistage du cancer du sein féminisent la philatélie française… Beaucoup de « fiction » dans tous ces personnages féminins… La route est longue ! Série commémoratifs et célébrités : Tricentenaire du Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) ; Centenaire de la naissance de René-Guy Cadou ; Suzanne Lenglen (1899-1938), à l’occasion du centenaire de sa médaille d’or aux Jeux olympiques d’Anvers, en 1920 ; 50 ans du GR 20 en Corse ; Le Fardier de Cugnot ; Lille, capitale mondiale du Design en 2020 ; Jacqueline de Romilly ; Andrée Chedid ; Centenaire de la naissance de Boris Vian (1920-1959) ; 50e anniversaire du décès de Luis Mariano (1914-1970) ; Frédéric Dard (1921-2000), le « père » de San-Antonio ; Olympe de Gouges (1748-1793), auteure de la Décla­ration des droits de la femme et de la citoyenne (1791) ; Le général de Gaulle (1890-1970) ; Boris Vian ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) ; 800 ans de la faculté de médecine-Université de Montpellier ; Pavillon de la France à l’Exposition universelle de Dubaï 2020 ; 93e Congrès de la Fédération française des associations philatéliques ; Salon philatélique de printemps 2020 ; Ariane 6, lancement inaugural ; Timbres Passion ; 80e anniversaire de l’Ordre de la Libération ; 400e anniversaire du rattachement du Béarn à la France. Un tableau représentant une vue de Bez-Bédène, signé André Lavergne, exposé dans le village de Bez-Bédène (photo de Pierre Jullien). DR/André Lavergne Série touristique : Château des ducs de Bourbon de Montluçon (Allier) ; Rodemack (Moselle) ; Le village élu village préféré des Français au cours de l’année 2019 ; Bez-Bédène (Aveyron), village source d’inspiration régulière du peintre et graveur André Lavergne ; La Roche-sur-Yon (Vendée). Série artistique : Raphaël (1483-1520) ; Félix Tournachon, dit Nadar (1820-1910) ; artiste contemporain en activité (à déterminer) et Marie-Guillemine Benoist (1768-1826). Emissions internationales : Europa : les anciennes routes postales ; Euromed : la gastronomie traditionnelle de Méditerranée. Lire aussi Votez Boris Vian ! Les « séries » qui reviennent chaque année proposent un choix très large de sujets : « Cœur » (Saint-Valentin et haute-couture) ; « Capitales européennes » : Dublin ; Croix-Rouge ; La Fête du Timbre ; « timbres de correspondance » : douze timbres ; « Les métiers d’art » ; « Les grandes heures de l’histoire de France » ; « Sports » ; « Poste aérienne » : cent-cinquantenaire des ballons montés ; « Jeunesse » ; « Faune et Flore » ; « La Terre et les hommes ». Une des trois maquettes du timbre sur Boris Vian à paraître en 2020, sur les lesquelles les internautes doivent se prononcer. DR/La Poste/Patte & Besset A noter que La Poste a proposé à la cohérie Boris Vian d’organiser un vote pour choisir le visuel du futur timbre consacré à Boris Vian qui sera émis le 9 mars 2020. Date limite de participation au vote le jeudi 26 septembre sur Facebook (@BorisVianOfficiel) ou sur Internet par le lien https://tinyurl.com/yyex3892. Flaubert et les fromageries Bel Pour 2021, une vingtaine de sujets ont été arrêtés, parmi lesquels Georges Brassens revient, après avoir été « interprété » par Raymond Moretti en 1990 dans le cadre d’une série sur la chanson française. Georges Brassens, timbre créé par Raymond Moretti, paru en 1990. DR/La Poste/Moretti Commémoratifs et divers : Gustave Roussy (1874-1948) ; Centenaire de la naissance de Georges Brassens (1921-1981) ; Bicentenaire de l’Ecole nationale des chartes ; Elsa Triolet (1896-1970) ; Bicentenaire de la mort de Napoléon Ier (1769-1821) – un personnage « multi-timbré » ; Bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert (1821-1880) ; Fromageries Bel (patrimoine industriel). Série touristique : Bibracte-Mont Beuvray (Morvan-Bourgogne) ; Chapelle royale de Dreux (Eure-et-Loir) ; Le village élu village préféré des Français au cours de l’année 2020. En 1969, bicentenaire de la naissance de Napoléon Bonaparte (1769-1821), timbre dessiné et gravé par Claude Haley. Emissions internationales : Europa : la faune en danger ; Euromed : les bijoux traditionnels de Méditerranée. Et pour les séries « traditionnelles » : Cœur ; Capitales Européennes : Ljubljana ; Croix-Rouge ; Fête du Timbre ; Timbres de correspondance (12 unités) ; Métiers d’art ; Restauration de Notre-Dame de Paris. A qui s’adresser Toute personne peut proposer un sujet de timbre-poste. Il suffit d’adresser une proposition de sujet de timbre à Phil@poste, service de La Poste qui s’occupe de la philatélie – de la conception à la vente des timbres. Le thème doit avoir une importance au moins nationale, voire internationale. La demande peut être accompagnée d’un visuel et doit être envoyée à Phil@poste, 3/5 avenue Gallieni 94257 Gentilly Cedex, ou, par Internet, à sav-phila.philaposte@laposte.fr Cette proposition peut être effectuée à n’importe quel moment de l’année, mais ne pourra aboutir que l’année suivante ou deux ans après, temps nécessaire à la validation du sujet puis à la conception du timbre. Deux arrêtés publiés au Journal officiel pris par le ministre chargé des postes, en l’occurrence le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire, après avis consultatif de la commission des programmes philatéliques, et sur le rapport du PDG du Groupe La Poste, fixent le programme philatélique officiel de l’année n + 2. La commission des programmes philatéliques se réunit quant à elle deux fois par an pour émettre un avis sur les suggestions reçues. La première partie du programme de l’année N + 2 est établie courant juin. La deuxième partie en fin d’année.
Le programme des émissions de timbres pour 2020 et 2021 a été publié au « Journal officiel ». Cugnot, Suzanne Lenglen, Jacqueline de Romilly se côtoient, parmi d’autres vignettes consacrées à Boris Vian, Bibracte ou La Roche-sur-Yon.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/09/19/elsa-triolet-notre-dame-napoleon-ier-georges-brassens-auront-droit-a-leur-timbre_6012290_1657007.html
mlsum-fr-1295
Dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Paris, les dossiers de « gilets jaunes » se succèdent à la barre, mercredi 5 juin. Comme les centaines de manifestants jugés depuis le début du mouvement, les prévenus comparaissent pour « groupement en vue de la préparation de violences ou de dégradations » et « port d’arme prohibé de catégorie D ». Ces comparutions ressemblent à tant d’autres procès organisés depuis le début du mouvement des « gilets jaunes ». Sauf que, cette fois, la salle d’audience est pleine. Des journalistes et des « gilets jaunes » se verront même refuser l’accès. Eric Drouet est à l’intérieur. Figure médiatique du mouvement, il comparaît pour avoir participé à un rassemblement non déclaré, avec dans son sac « une matraque », selon l’accusation, « un bâton en bois », pour la défense. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Il est comme ça… Eric Drouet « Ce que vous allez juger, c’est le mouvement des gilets jaunes », prévient Me Kheops Lara, l’avocat du routier de 34 ans, estimant que les juges doivent « avoir à l’esprit » que son client est jugé « car c’est une figure importante » des « gilets jaunes ». « Je ne défends pas un terroriste, je défends quelqu’un qui depuis 32 week-ends consécutifs réclame plus de démocratie et de justice sociale », rappelle Me Lara, dénonçant « une justice instrumentalisée en vue de réprimer ce mouvement ». Dans sa déclaration liminaire, le conseil réclame la nullité des poursuites, évoquant « une procédure viciée », dans laquelle les éléments permettant l’interpellation et le placement en garde à vue de son client n’ont pas été dûment remplis. Le tribunal décide de joindre cette requête au dossier et se prononcera lors du jugement, qui a été mis en délibéré en septembre. Le procès peut commencer. « Ils ont attrapé Eric ! » C’est à la suite d’une manifestation non déclarée qu’Eric Drouet a été interpellé dans l’après-midi du samedi 22 décembre, lors de l’acte VI du mouvement, dans le quartier parisien de la Madeleine – à distance des Champs-Elysées où avaient eu lieu des débordements. Déjà condamné le 29 mars à 2 000 euros d’amende, dont 500 avec sursis, pour l’« organisation » « sans déclaration préalable » de cette manifestation, Eric Drouet, qui a fait appel de la première décision, comparaissait cette fois « pour un bout de bois », résume son avocat, qui défend le caractère « pacifique » de cette manifestation du 22 décembre. Il en veut pour preuve deux vidéos tournées sur les lieux de l’interpellation du prévenu, rue Vignon, dans le 9e arrondissement de Paris. Sur les images diffusées à l’audience, un groupe de manifestants attend dans le calme de pouvoir sortir de la rue où les policiers les encerclent de tous les côtés. « Les CRS veulent Eric, mais nous, on le garde », lance une manifestante qui filme la scène. Adossé contre un mur, Eric Drouet discute avec quelques comparses, tout en pianotant sur son téléphone. Alors qu’un membre du groupe invective les policiers, les forces de l’ordre décident de charger les manifestants, et interpellent Eric Drouet en une fraction de seconde, devant une foule estomaquée. « Ils ont attrapé Eric ! Essayez de le sortir de là ! Ils sont en train de le massacrer les fils de pute », hurle la vidéaste, suffoquant sous les gaz lacrymogènes, alors que le reste du groupe appelle inlassablement « Eric ! » Le routier est alors conduit dans une fourgonnette à l’abri des regards. Là, les forces de l’ordre découvrent dans son sac une sorte de matraque. Il est placé en garde à vue. Lors de son audition, qui tient sur deux pages, le manifestant déclare que cet objet « se trouve toujours dans mon sac de travail » : « En tant que routier, on se fait souvent attaquer, c’est normal d’avoir de quoi se défendre. » Eric Drouet assure que cet objet est un souvenir de son père et précise qu’il n’avait pas l’intention de s’en servir. Il aurait par la suite accepté sa destruction, « parce qu’on ne m’a pas vraiment laissé le choix ». « Bout de bois » ou « matraque » ? Ce « bout de bois » peut-il être considéré comme une arme de catégorie D ? Cette question animera l’essentiel de ce procès sans grand enjeu. Pour le procureur, « il s’agit d’une arme, c’est une matraque, c’est incontestable ». Et de poursuivre : « M. Drouet vient d’ailleurs de préciser qu’il l’avait justement pour se défendre en tant que routier ». Dans sa plaidoirie, Me Kheops rappellera que « dans le droit français, une arme le devient lorsqu’il y a eu un usage de celle-ci, du moins dans le cas d’une arme de catégorie D, lorsqu’il ne s’agit pas d’un tonfa ou d’un bâton télescopique ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La justice face aux « gilets jaunes » : un nombre « colossal » de gardes à vue et un recours massif aux comparutions immédiates Pour le reste, à savoir le « groupement en vue de la préparation de violences ou de dégradations », le procureur estime également que les faits sont qualifiés, évoquant un message publié par Eric Drouet sur Facebook peu avant son interpellation : « Rejoignez-nous ! Besoin d’aide. » « On attendait juste que d’autres “gilets jaunes” viennent nous aider avec des avocats pour nous sortir de là », commentera Eric Drouet, le ton calme, bras croisés à la barre. « Volonté affichée de créer le désordre », rétorque le procureur, soulignant au passage que « participer à une manifestation non déclarée c’est rendre possible les violences ». Dans un réquisitoire dont il ne semble lui-même pas convaincu, le procureur ajoute que « venir à une manifestation avec une arme, tout en assurant que l’on s’y rend pacifiquement, c’est inaudible », réclamant ainsi quatre mois de sursis et 500 euros d’amende. Dans sa plaidoirie, Me Lara défend, lui, le caractère pacifique de cette manifestation, reprenant les propos de son client, selon qui « cette manifestation s’était déroulée dans le calme, sans dégradation, et sans violence de la part des gilets jaunes ». Appelant « au bon sens » des juges, Me Lara a plaidé la relaxe, avant de laisser les derniers mots à son client. « Ca va faire bientôt 31 actes que je viens sur Paris, tous les matins je pars aux aurores, après une nuit blanche passée à travailler. Je me suis toujours soumis aux fouilles, aux contrôles d’identité », rappelle le routier, estimant qu’« être accusé de ça aujourd’hui, c’est contradictoire avec mon attitude depuis le début. » Le délibéré sera rendu le 4 septembre.
A l’instar de nombreux manifestants, le routier était jugé pour « groupement en vue de la préparation de violences ou de dégradations ». Quatre mois de prison ont été requis contre lui.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/05/le-gilet-jaune-eric-drouet-juge-pour-port-d-arme-le-proces-ordinaire-d-une-figure-mediatique_5472028_3224.html
mlsum-fr-1296
L’équipe américaine après sa victoire contre le Royaume-Uni, à Lyon, le 2 juillet. FRANCOIS MORI / AP De l’équipe américaine de football, finaliste de la Coupe du monde féminine qui s’achève dimanche 7 juillet, on retiendra volontiers le score irréel de son premier match contre la Thaïlande (13-0), la puissance de jeu tout au long de la compétition ou la passe d’armes politique entre la milieu de terrain Megan Rapinoe et le président des Etats-Unis, Donald Trump. Mais une image restera aussi collée à cette formation, qui affronte les Pays-Bas en finale. Celle d’un groupe de jeunes femmes, majoritairement blanches, et donc partiellement représentatives d’un pays qui compte 18 % de Latinos, 12 % d’Afro-Américains et 5,6 % de personnes d’origine asiatique. Sur les vingt-trois sélectionnées dans l’équipe américaine, cinq sont certes Afro-Américaines ou métisses, un chiffre qui, en proportion, semble élevé mais qui n’apparaît guère sur le terrain, où, à l’exception notable de la défenseuse Crystal Dunn, l’écrasante majorité des titulaires régulières sont les joueuses blanches. L’absence de joueuse d’origine hispanique est tout aussi surprenante, alors que le football demeure l’un des sports les plus populaires dans cette communauté aux Etats-Unis. Environnement plutôt ouvert Ce déséquilibre peut paraître d’autant plus étonnant que cette équipe, conquérante, triple championne du monde et quadruple championne olympique, est devenue aux Etats-Unis le symbole de la défense des minorités sexuelles et de l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. La star Megan Rapinoe, homosexuelle affichée depuis 2012, défend les droits de la communauté LGBT et a récemment affirmé : « Vous ne pouvez pas gagner sans les gays dans votre équipe. » Par ailleurs, plusieurs joueuses ont lancé une action en justice pour obtenir un traitement équivalent à celui des footballeurs de l’équipe nationale, dont les revenus sont près de trois fois supérieurs, en dépit de leurs performances sportives décevantes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine 2019 : Megan Rapinoe, forte tête et porte-voix Comment alors, dans cet environnement plutôt progressiste et ouvert, justifier ce manque d’inclusion des minorités ethniques ? Des aspects financiers et culturels expliquent en grande partie le profil homogène des footballeuses américaines. Traditionnellement aux Etats-Unis, le football – soccer – est un sport pratiqué dans les familles aisées blanches des banlieues de grandes villes. Plus que les autres sports populaires, il demande un investissement financier et familial important. La soccer mom, cette mère de famille dévouée, parcourant des dizaines de kilomètres chaque week-end pour assister sur sa chaise pliante au match de ses enfants, illustre ce modèle. Les « soccerPlex », ces complexes sportifs aux multiples terrains de qualité, sont rarement accessibles par les transports en commun. Dès le plus jeune âge, participer à des championnats compétitifs suppose de se déplacer à travers le pays, en bus ou en avion, un modèle peu accessible aux familles les moins aisées.
Alors qu’elle rencontre les Pays-Bas en finale dimanche, la sélection américaine, symbole de la défense de minorités, est majoritairement composée de joueuses blanches.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/06/coupe-du-monde-feminine-les-etats-unis-en-manque-de-diversite_5486148_3242.html
mlsum-fr-1297
Suivez le bac 2019 avec « Le Monde » Retrouvez sur Le Monde Campus : 1- Les sujets tombés à l’examen, une heure quinze après le début des épreuves ; Sujets de philosophie Sujets de français Sujets d’histoire-géo Sujets d’anglais Sujets de physique chimie (S et ST2S) Sujets de SES (ES) Sujets Maths (S, ES et L spé maths) Sujets SVT (S), EAT et SI Sujets grec, latin, arts 2- Des corrigés exclusifs de tous les sujets de la voie générale dans les principales matières (philo, français, histoire-géo, maths, physique, SVT), réalisés par des enseignants, en partenariat avec Annabac. Ainsi que les corrigés de sciences éco ; Philosophie - corrigé du sujet 1 du bac S ; corrigé du sujet 2 du bac S ; corrigé sur sujet 3 du bac S (commentaire) - corrigé du sujet 1 du bac ES ; corrigé du sujet 2 du bac ES ; corrigé du sujet 3 du bac ES (commentaire) - corrigé du sujet 1 du bac L ; corrigé du sujet 2 du bac L ; corrigé du sujet 3 du bac L (commentaire) Français - Corrigés ES-S : corpus, dissertation, commentaire, invention - Corrigés L : corpus, disseration, commentaire, invention Histoire-géo - Corrigé des sujets série S - Corrigés des sujets séries ES-L SES - Corrigé des sujets Maths - Corrigé des sujets (S) Physique Chimie - Corrigés des sujets (S) SVT - Sujets et corrigés (S) 3- Des tchats dans lesquels vous pourrez poser des questions à des enseignants sur les sujets. Tchat « philo », avec Thomas Schauder, lundi 17 juin à partir de 9 h 15. Compte rendu ici Tchat « français », lundi 17 juin à partir de 17 heures. Compte rendu ici Tchat « histoire-géo », mardi 18 juin à partir de 11 h 30 (sujets dès 9 h 15) Compte rendu ici Tchat « sciences éco », jeudi 20 juin à partir de 11 h 30. Compte rendu ici Tchat « maths », vendredi 21 juin à partir de 11 h 30. 4- Retrouvez aussi... - Le calendrier des épreuves et résultats - Des conseils pour réviser matières par matières : les dix commandements pour décrocher une bonne note en philo, des conseils pour l’épreuve de français, des rappels méthodo en histoire-géo… - Des quiz pour tester ses connaissances, par exemple en histoire-géo, en sciences éco, en SVT, mais aussi en anglais, en philo ou en français. - Des listes de ressources pédagogiques, fiches ou vidéos à trouver en ligne pour réviser l’histoire, la géographie ou encore les sciences économiques et sociales. - Des articles du Monde pour enrichir une copie en histoire, en géographie et en sciences éco.
Les sujets de l’épreuve de philosophie pour le bac S ont été rendus publics par le ministère, lundi matin.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/06/17/bac-philo-2019-decouvrez-les-sujets-officiels-publies-de-la-serie-s-au-format-pdf_5477262_4401467.html
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Des Berlinois célèbrent la chute du mur, le 11 novembre 1989. STR / AFP LA LISTE DE LA MATINALE Trente ans après la chute du Mur, l’offre d’émissions est pléthorique pour revivre cet événement historique et en comprendre les conséquences. Petite sélection en français et dans la langue de Goethe. Des podcasts en français… « 1989, la fin des certitudes » : le tournant du siècle Que s’est-il passé exactement le 9 novembre 1989 ? C’est le point de départ de cette série présentée dans le cadre de l’émission « Le Cours de l’histoire » par Xavier Mauduit, qui analyse, en cinq volets, la chute du Mur et sa portée, en Allemagne comme à l’étranger, de 1989 à nos jours. Conviant à son micro historiens de tous âges et spécialistes de la période et du pays, le journaliste livre un documentaire passionnant, qui va bien au-delà du symbole et s’attache à montrer l’énormité de cet événement « inattendu, soudain, populaire ». Pour les plus pressés (et bons connaisseurs du sujet), le dernier volet, promenade dans le Berlin d’aujourd’hui à la recherche des traces du passé en compagnie de l’historien Nicolas Offenstadt, peut s’écouter indépendamment des autres. Audrey Fournier « Le Cours de l’histoire : 1989, la fin des certitudes », présenté par Xavier Mauduit, 5 épisodes de 52 min environ. Disponible sur France Culture, et les plates-formes de podcast. « 1989-2019, entretien avec Francis Fukuyama » : « La Fin de l’histoire », relue et corrigée Il y eut un avant et un après chute du Mur, que peu de philosophes ont su saisir et décrire comme Francis Fukuyama dans son ouvrage La Fin de l’histoire (1992). A l’occasion de ce trentième anniversaire, France Culture propose un grand entretien avec l’universitaire américain, mené par Guillaume Erner dans le cadre des « Matins », qui permet de revenir sur les circonstances dans lesquelles ce livre a été écrit, accueilli, critiqué puis révisé. Cette conversation de 45 minutes est également l’occasion pour Fukuyama d’analyser les soubresauts du monde actuel à l’aune des thèses développées dans La Fin de l’histoire. Au. F. « 1989-2019 : l’histoire continue. Entretien exceptionnel avec Francis Fukuyama », présenté par Guillaume Erner (45 min). Disponible sur France Culture et les plates-formes de podcast. « Berlin : les sons du Mur » : deux salles, deux ambiances Toujours sur France Culture, les mélomanes (ré)écouteront la très riche série musicale intitulée « Berlin, les sons du mur ». Présentée par Simon Rico, cette émission en cinq volets nous replonge dans une ambiance musicale kitsch à souhait – twist en allemand, Krautrock, avant-gardes diverses, Ostrock, chanson engagée et contestataire, punk… – et rappelle le rôle essentiel des radios dans la propagande, de part et d’autre du mur. Au. F. « Berlin : les sons du Mur », présenté par Simon Rico et réalisé par Alexandre Fougeron (5 x 58 min). Disponible sur France Culture et les plates-formes de podcast. Berlin, le 9 novembre 1989. Fabrizio Bensch / REUTERS « Dos au Mur, les héritiers de 89 » : dans l’Underground berlinois A l’occasion du trentième anniversaire de la chute du Mur, les étudiants de l’Ecole de journalisme de Lille ont arpenté la capitale allemande à la rencontre de Berlinois de leur génération. Et ce qu’ils en ont rapporté est étonnant. La qualité de leur travail est en effet d’avoir réussi, à partir de thèmes parfois mille fois traités – la Currywurst (saucisse recouverte de Ketchup et de poudre de curry), le naturisme, la Trabant – à entraîner l’auditeur sur des chemins de traverse inattendus, sans craindre de secouer certaines idées reçues. Certains podcasts sont particulièrement instructifs, notamment celui intitulé « Musique techno : pas de photos sous les strobos [pour stroboscopes] » : vingt minutes dans la nuit berlinoise, illustrées par quelques témoignages bien choisis qui rendent compte des évolutions en cours d’une ville qui tente de rester fidèle à la culture alternative des années post-chute du Mur, sans toujours parvenir à résister à une forme de normalisation dont l’un des aspects est la marchandisation de la scène underground berlinoise, autrement dit le risque de la négation même de la culture du « clubbing », cette vie nocturne idéalisée. Thomas Wieder (Berlin, correspondant) ... et en allemand « La chute du Mur » : trois temporalités, par trois reporters du « Spiegel » Etre au bon endroit au bon moment, un jour où l’histoire du monde bascule : le rêve de tout journaliste. En 1989, Stefan Aust était rédacteur en chef de la toute nouvelle unité de production audiovisuelle du Spiegel. Trente ans plus tard, il se souvient de ces folles journées de l’été et de l’automne 1989 où la forteresse est-allemande a craqué, avant que, contre toute attente, le mur, dont le vieil Erich Honecker – ancien dirigeant de la RDA, mort en exil à Santiago du Chili, le 29 mai 1994 – avait prédit quelques mois plus tôt qu’il serait là pour encore cent ans, soit à son tour pris d’assaut par les manifestants. A son témoignage d’un peu moins d’une demi-heure, dont l’intérêt est de se mêler aux archives sonores de l’époque, incitant le témoin à porter un regard rétrospectif sur ses commentaires d’alors, s’en ajoutent deux autres, de longueurs similaires : celui d’un cameraman qui se trouva sur l’un des premiers points de passage, le 9 novembre, et celui d’une journaliste qui, dans les semaines suivantes, assista notamment à l’occupation des bureaux de la Stasi, la police politique du régime, en janvier 1990. Un épisode qui, à l’époque, marqua profondément les esprits, symbole d’un régime définitivement à l’agonie. Th. W. Cinq Allemandes racontent la RDA au quotidien Si l’on nous dit « vie quotidienne en RDA », beaucoup d’entre nous pensent immédiatement, comme par réflexe, aux films Good Bye Lenin ! ou La Vie des autres, autrement dit Trabant, voiture emblématique de l’Allemagne de l’Est, d’un côté, et Stasi, de l’autre. C’est un bon début mais on peut aller plus loin. Et pour cela, les témoignages recueillis par Die Zeit sont autant de guides précieux pour s’aventurer dans les méandres d’une histoire passionnante. Ces récits sont ceux de cinq femmes qui ont grandi et fait carrière en République démocratique allemande (RDA) et qui racontent l’ordinaire de ce qu’était leur vie, intime et professionnelle, celle d’une institutrice, d’une médecin, d’une responsable des ventes dans une chaîne de grands magasins… L’immense intérêt de ce matériau, élégamment mis en scène sur le site de Die Zeit avec photos et résumés thématiques permettant d’accéder facilement à tel ou tel passage, est le temps – environ deux heures – réservé à chacun des témoignages. Un choix qui permet aux différentes protagonistes d’éviter les clichés et les jugements tout faits, pour dépeindre au final une société aux stratifications beaucoup plus complexes qu’on ne l’imaginerait à première vue. Th. W. Côté replays « Solidarnosc » : les racines polonaises de la chute du Mur 17000 ouvriers ont fait la grève durant 18 jours au chantier naval de Gdansk, Pologne, le 25 août 1980. - / AFP Pour ces trente ans de la chute du mur de Berlin, l’offre de programmes mis à disposition par la chaîne franco-allemande est, sans surprise, pléthorique. Parmi tous les documentaires disponibles en replay, ne manquez pas Solidarnosc - La chute du mur commence en Pologne, l’excellent documentaire réalisé par l’universitaire Ania Szczepanska. Ce film de 52 minutes riche en images rares et témoignages inédits (syndicalistes, ouvriers, membre du Parti communiste, ainsi que celui de la cinéaste Agnieszka Holland...) évoque avec puissance et précision les événements qui ont conduit à la création du syndicat indépendant polonais, qui a par la suite joué un rôle déterminant dans l’ébranlement du monde soviétique. Comme le dit l’un des témoins de l’époque : « Un ouvrier qui s’oppose au parti est bien plus dangereux qu’un intellectuel. » Au. F. « Solidarnosc - La chute du mur commence à Pologne », réalisé par Ania Szczepanska (All., 2019, 52 min). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 29 décembre. « L’art de l’évasion » : ruses et désespoir Autre programme intéressant et original, Berlin ou l’art de l’évasion, documentaire qui nous replonge dans une réalité oubliée : celle de l’époque où l’armée était omniprésente dans la ville scindée en deux, où le mur semblait en permanence en travaux pour renforcer son caractère infranchissable, et où chaque semaine voyait son lot de tentatives – parfois réussies – d’évasion, certaines rocambolesques, d’autres tragiques. A travers des images d’archives et des reconstitutions, qui rappellent, si besoin en était, la folle absurdité de cette entreprise de séparation d’un peuple, le documentariste Jean Bergeron redonne un visage, un nom et une histoire à ceux qui l’ont refusée. Au. F. « Berlin ou l’art de l’évasion », réalisé par Jean Bergeron (Fr./All./Can., 2019, 53 min). Disponible sur Arte.tv jusqu’au 3 janvier.
Chaque mois, « La Matinale » propose une sélection thématique de programmes à écouter ou visionner en différé.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/09/la-chute-du-mur-de-berlin-et-son-impact-en-six-podcasts-et-deux-replays_6018560_3246.html
mlsum-fr-1299
ière. Les berlines sombres s’arrêtent devant le numéro 700 de la 19e rue, où siège le Fonds monétaire international (FMI), non loin de la Maison Blanche. Ce 28 septembre, le Tout-Washington du pouvoir et des affaires a été convié à la fête donnée en l’honneur de la directrice générale du Fonds, Christine Lagarde, qui vient d’être nommée à la tête de la Banque centrale européenne (BCE). Le déroulé de la soirée a été précisé aux 250 invités : cocktail à 18 heures, « dîner formel » à 19 heures, « after party » à 21 h 15. L’austère hall en marbre a été décoré de tentures. S’y croisent le milliardaire indien Lakshmi Mittal, l’ancien président de la Réserve fédérale américaine (Fed, banque centrale) Alan Greenspan, ou encore David Rubenstein, cofondateur de Carlyle, l’un des plus puissants fonds d’investissement au monde. La « First Daughter », Ivanka Trump, est là, flanquée de son mari, Jared Kushner. La chef du service économie de ­Paris Match, Marie-Pierre Gröndahl, est présente pour couvrir ce dîner, dont elle fera le récit dans son article « Christine Lagarde : départ en fanfare », paru le 6 octobre. Se produisent orchestre et danseurs de ­claquettes, mais aussi une soprano et une étoile du Ballet de Washington, venue danser un bout du Lac des cygnes. Pendant le cocktail, la directrice générale, vêtue d’une robe Chanel, passe d’un groupe à l’autre : « Comment va la famille ? », « Et ton job ? »… « Elle a fait du Christine Lagarde, commente l’une des personnes présentes. En quarante-cinq minutes, elle avait salué les 250 invités. Je l’ai toujours vu faire ça. C’est sa méthode, sa force. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Christine Lagarde, choix controversé à la tête de la BCE Durant le dîner, auquel assistent son mari, l’homme d’affaire marseillais Xavier Giocanti, et son fils Thomas, les personnalités n’ayant pu venir se succèdent sur un écran géant pour rendre hommage à celle qui a dirigé le FMI entre 2011 et 2019. Bono, le leader du groupe irlandais U2, y va, lui aussi, de son compliment : « Quand je suis arrivé dans une petite station suisse où se retrouvent chaque année les puissants du monde, j’ai entendu des participants dire qu’une rock star était attendue à Davos et qu’elle allait secouer le sommet. J’étais assez flatté qu’on parle de moi en ces termes. Avant de réaliser que la rock star en question, ce n’était pas moi, mais Christine Lagarde ! » Les invités n’en croient pas leurs yeux quand la « rock star » s’empare du micro et se met à chanter Edith Piaf, sûre de son effet : « Non, rien de rien/Non, je ne regrette rien/Ni le bien qu’on m’a fait, ni le mal/Tout ça m’est bien égal… »
L’ancienne directrice générale du FMI doit prendre ses fonctions de présidente de la BCE le 1er novembre. Sans doute le poste le plus exposé de sa carrière.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/30/christine-lagarde-les-cles-d-une-ascension_6017380_823448.html
mlsum-fr-1300
Est-ce la faute de la France si le glyphosate est toujours autorisé en Europe ? C’est ce qu’a affirmé Ségolène Royal sur France Inter, lundi 17 juin, évoquant un « recul ». La position du gouvernement d’Edouard Philippe au sujet de l’herbicide peut se discuter, notamment du fait d’ambitions revues à la baisse. Mais il faut tout de même rappeler que la France a bien voté « contre » sa réautorisation en 2017. Explications. Lire aussi : le débat sur le glyphosate résumé en discussion pour/contre Ce qu’elle a dit « C’est à cause du changement du vote de la France que l’Europe a redonné une réautorisation » du glyphosate, a estimé Ségolène Royal. Le gouvernement français a « reconduit [le glyphosate] pour trois ans alors que la position de la France, avant l’arrivée de ce gouvernement [alors que Mme Royal était encore ministre], c’était non au renouvellement puisque Mosanto avait déjà eu dix ans pour se mettre aux normes ». POURQUOI C’EST FAUX La France a voté contre la réautorisation du glyphosate en 2017 Les vingt-huit Etats membres de l’Union européenne (UE) devaient se prononcer en novembre 2017 sur la prolongation de l’utilisation du glyphosate pour cinq ans. Pour qu’une telle décision soit prise, elle devait réunir une majorité qualifiée, c’est-à-dire au moins 55 % des Etats membres représentant au moins 65 % de la population de l’UE. Ce seuil n’a été dépassé que de justesse, puisque les dix-huit Etats qui ont voté en faveur de la réautorisation de l’herbicide ne représentaient que 65,71 % de la population. Le résultat de ce vote, considéré à l’époque comme inattendu par bon nombre d’observateurs, s’expliquait par les revirements de dernière minute de la Pologne et de l’Allemagne, qui ont voté « pour » alors qu’ils s’étaient abstenus lors d’un vote précédent. Contrairement à ce qu’a affirmé Ségolène Royal, la France d’Emmanuel Macron a, quant à elle, bien voté « contre » la prolongation de la licence du glyphosate pour cinq ans et réclamé une interdiction immédiate. On ne peut donc pas attribuer au gouvernement français la responsabilité de cette situation, tout en déplorant qu’il n’ait pas obtenu gain de cause. Glyphosate : le résultat du vote Votes des Etats membres de l’Union européenne sur le renouvellement de la licence du glyphosate pour cinq ans Les ambitions françaises revues à la baisse Ces précisions faites, il est en revanche vrai que les ambitions de la France sur le glyphosate ont été quelque peu revues à la baisse depuis 2017. Après son revers européen et le renouvellement de la licence de l’herbicide, Emmanuel Macron avait voulu faire preuve de volontarisme en l’interdisant complètement en France « au plus tard dans trois ans », c’est-à-dire vers la fin de l’année 2020. Tenir cet engagement aurait, de fait, placé la France à l’avant-garde sur ce dossier dans la perspective du débat à venir sur le sort du glyphosate au niveau européen, après 2022. Mais le président a, depuis, renoncé à sa promesse, la jugeant intenable lors d’un débat, le 24 janvier : « Je sais qu’il y en a qui voudraient qu’on interdise tout du jour au lendemain. Je vous dis : [ce n’est] pas faisable, et ça tuerait notre agriculture. Et même en trois ans on ne fera pas 100 %, on n’y arrivera, je pense, pas. » Précisons enfin que ce revirement est ultérieur à la prolongation de la licence de l’herbicide controversé.
L’ex-ministre de l’environnement, Ségolène Royal, a accusé le gouvernement d’Edouard Philippe d’avoir changé son « vote » sur l’herbicide controversé. C’est faux.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/06/17/ce-n-est-pas-a-cause-de-la-france-que-le-glyphosate-a-ete-reautorise-en-europe_5477379_4355770.html