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mlsum-fr-1701
Le camp de Jénine, en Palestine, une des étapes de l’odyssée de Christiane Jatahy. Thomas Walgrave C’est la ville où tout est plus grand que grand : Sao Paulo, 22 millions d’habitants, quatrième plus grosse agglomération du monde, une forêt de gratte-ciel à perte de vue, à faire pâlir New York. C’est là que, début mai, la metteuse en scène brésilienne Christiane Jatahy a créé son nouveau spectacle, O Agora que Demora (« Le présent qui déborde »), avant de le présenter à Avignon – où elle vient pour la première fois –, du 5 au 12 juillet, au gymnase du lycée Aubanel. Une création qui s’est menée dans un contexte électrique, celui des premiers mois de gouvernance du président Jair Bolsonaro, élu le 28 octobre 2018, entré en fonctions le 1er janvier 2019. En ces journées de mai, les partisans de Bolsonaro, nombreux, descendent dans la rue pour demander la dissolution du système parlementaire, tandis que la Cour suprême bloque les mesures demandées par le nouveau président, rendant le pays ingouvernable. « C’est shakespearien », résume sobrement Christiane Jatahy. Avec Le présent qui déborde, elle signe le deuxième volet de son diptyque inspiré par L’Odyssée d’Homère, après Ithaque, créé en mars 2018 à l’Odéon-Théâtre de l’Europe, où la metteuse en scène est artiste associée. Un deuxième volet qui est comme le double inversé du premier, et où Christiane Jatahy, à l’issue de sa propre odyssée, revient dans son Ithaque à elle : le Brésil. A la rencontre de réfugiés « C’est le désir de travailler sur la migration, sur l’exil, qui m’a menée vers L’Odyssée », rappelle Christiane Jatahy, installée dans un des espaces calmes et lumineux du Sesc Pinheiros, un des nombreux et vastes centres culturels qui font de Sao Paulo l’une des villes au monde les plus en pointe sur le plan artistique. « Mais ce Présent qui déborde est bien différent d’Ithaque, où le travail documentaire, mené notamment avec des réfugiés venus d’Afghanistan et de Syrie, avait servi à nourrir une fiction inspirée par le voyage d’Ulysse, poursuit la metteuse en scène. Ici, c’est le documentaire qui est au premier plan, et qui est soutenu par une fiction, l’épopée d’Homère elle-même, telle que se l’approprient les êtres que nous avons rencontrés. » « L’Odyssée » d’Homère est ici le viatique qui permet à ces réfugiés, qui tous ont un rapport avec le théâtre, d’exprimer le sentiment de l’exil. Pendant des mois, à partir d’août 2018, Christiane Jatahy, accompagnée par Thomas Walgrave, son scénographe, compagnon et principal collaborateur, et par deux caméras, a mené sa propre odyssée, à la rencontre de réfugiés. Le voyage les a menés du camp palestinien de Jénine, en Cisjordanie, à la vallée de la Bekaa, au Liban, où se sont installés des Syriens qui gèrent eux-mêmes une série de petits camps, et où ils sont « dans une situation effroyable », précise Christiane Jatahy. De Johannesburg, la capitale de l’Afrique du Sud, où vivent des populations venues du Zimbabwe et du Malawi, à la Grèce, bord de l’Europe où échouent, sans pouvoir y entrer, les exilés venus d’Irak ou de Syrie, notamment.
Des réfugiés croisés en Palestine, au Liban ou en Grèce aux Indiens kayapo d’Amazonie : dans « Le Présent qui déborde », la metteuse en scène fait résonner Homère avec un périple en forme de retour introspectif vers son Brésil natal.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/05/au-festival-d-avignon-christiane-jatahy-presente-son-odyssee-interieure_5485626_3246.html
mlsum-fr-1702
L’EPR de Flamanville (Manche), le 2 février 2018. CHARLY TRIBALLEAU / AFP Editorial du « Monde ». La décision de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) de demander à EDF des travaux complémentaires – la réparation de huit soudures défectueuses – sur le chantier de l’EPR de Flamanville (Manche) est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle pour la filière nucléaire française. Incontestablement, elle met en difficulté EDF, obère la capacité à développer de nouveaux réacteurs en France et rend improbable l’exportation de l’EPR à brève échéance. Mais elle revêt également une dimension positive : elle témoigne de la haute qualité du travail réalisé par l’ASN pour garantir la sûreté des installations nucléaires en même temps que de son indépendance. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après le nouveau retard de l’EPR de Flamanville, la filière nucléaire dans l’impasse La France a souvent tendance à douter de la réalité de ses contre-pouvoirs, volontiers considérés comme faibles, coûteux et sans réelle efficacité. L’ASN a longtemps été la cible de cette critique. On lui a reproché d’être trop proche de l’industrie nucléaire, dans une consanguinité que les associations écologistes ont dénoncée à de nombreuses reprises par le passé. En acceptant de prendre, en novembre 2018, le poste de président de l’ASN dans un tel contexte, Bernard Doroszczuk savait qu’il aurait à faire des arbitrages compliqués et qu’il serait soumis à une pression maximale. Une autorité essentielle Il fait ici la démonstration de sa rigueur : sa décision de demander de nouveaux travaux à Flamanville ne convient ni à EDF, ni aux différentes entreprises de la filière nucléaire, ni même au gouvernement. Elle a des conséquences potentiellement désastreuses pour un secteur qui se trouve déjà fragilisé. Mais elle illustre le caractère souverain d’une autorité essentielle pour le fonctionnement démocratique. Dans d’autres pays, comme aux Etats-Unis, d’anciens régulateurs du nucléaire ont mis en lumière leur difficulté à conserver leurs distances avec cette industrie et à prendre des décisions qui assurent le respect des règles de sûreté. Au Japon, l’absence de transparence et d’indépendance de l’autorité de sûreté, pendant la catastrophe de Fukushima de mars 2011, a contribué à aggraver la situation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’EPR, un réacteur de troisième génération difficile à vendre à l’étranger L’ASN est certainement l’une des autorités les plus sévères au monde. Son fonctionnement fait du reste référence parmi ses homologues étrangers. Pour prendre sa décision sur l’EPR de Flamanville, elle a réuni des dizaines d’experts français et internationaux, a consulté les spécialistes de la filière aussi bien que les opposants au nucléaire. Elle ne s’est pas contentée d’une position de compromis avec l’industrie, dont le risque aurait été de susciter dans l’opinion publique des craintes renouvelées vis-à-vis du nucléaire civil. D’une certaine façon, elle a au contraire montré que la « maison nucléaire » était bien gardée. En annonçant sa décision, le gendarme du nucléaire a souligné qu’à ses yeux ni la conception de l’EPR ni ses « avancées indiscutables » en matière de sûreté, par rapport aux réacteurs des précédentes générations, n’étaient en cause. Il a plutôt appelé les industriels à « se mobiliser » pour retrouver une expertise et des compétences émoussées par l’absence de grand chantier nucléaire depuis vingt ans. Cette ferme manifestation d’indépendance entraînera-t-elle des retards et des surcoûts supplémentaires pour l’EPR de Flamanville ? Assurément. Est-ce une catastrophe pour EDF ? A court terme, il est difficile de ne pas s’en alarmer. Mais la confiance est essentielle – et elle se paie parfois à un prix élevé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le patron d’EDF veut scinder son groupe en deux et le privatiser en partie Le Monde
Éditorial. L’Autorité de sûreté nucléaire demande à EDF d’effectuer des travaux qui risquent de retarder encore le chantier de l’EPR de Flamanville. Cette décision témoigne de la rigueur et de l’indépendance du « gendarme » de l’atome.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/21/nucleaire-le-prix-de-la-confiance_5479572_3232.html
mlsum-fr-1703
L’universitaire et critique littéraire américain Harold Bloom, dans les années 1990. YALE DAILY NEWS C’était un personnage comme on en croise peu. Véritable institution au sein de Yale (New Haven, Connecticut), où il enseignait les humanités depuis plus de soixante ans, Harold Bloom était à la fois universitaire, professeur, théoricien de la littérature, auteur d’une vingtaine d’ouvrages dont de nombreux best-sellers, et l’un des critiques littéraires les plus célèbres des Etats-Unis. Membre de l’Académie américaine des arts et des lettres, lauréat de nombreux prix, il est mort lundi 14 octobre à l’hôpital de New Haven, dans le Connecticut. Il était âgé de 89 ans. Lorsqu’il se trouvait à Manhattan, Harold Bloom recevait dans sa maison de Washington Square. Colossale silhouette carrée dans un large fauteuil-trône, il ressemblait à un monarque régnant sur un océan de livres. Mais un monarque un peu las, le sourcil en bataille et la lippe pendante. Désabusé ? « Les dinosaures comme moi ont perdu la bataille, cela ne fait aucun doute », lâchait-il ces dernières années. Il avait toujours défendu l’idée d’une « haute » littérature fondée sur un petit nombre de textes matriciels et canoniques – le « canon occidental » représentant à ses yeux, en poésie comme en prose, le modèle esthétique indépassable (The Western Canon, Harcourt Brace, 1994, non traduit). Grand pourfendeur de ce qu’il appelait « l’école du ressentiment » – dans laquelle il incluait pêle-mêle les féministes, les marxistes, les néo-historicistes ou encore les représentants des « cultural studies » – Harold Bloom condamnait tous ceux qui, selon lui, avaient pris la littérature en otage pour défendre à travers elle des causes sans rapport avec sa véritable essence. Tous ceux qui, d’après lui, oubliaient ou faisaient mine d’oublier que la lecture de fiction est avant tout un moyen de plonger dans « l’abîme universel du soi ». Un « monstre » de lecture A contre-courant de tous les mouvements liés aux thématiques identitaires, ses positions, souvent qualifiées de misogynes et de réactionnaires, lui valaient des critiques constantes. On lui reprochait de travailler à renforcer la suprématie supposée de la littérature occidentale, masculine et blanche. Bloom n’en avait cure, il s’en gaussait même. « Ils ont décidé que je suis Satan, et j’ai décidé qu’ils ne sont qu’un groupe de harpies et de pom-pom girls », déclarait-il au Monde en 2003. Il disait aussi : « Le vrai critique marxiste, c’est moi, mais plutôt côté Groucho que côté Karl… »
Professeur à l’université de Yale, théoricien de la littérature, ce spécialiste éminent de l’œuvre de Shakespeare, des romantiques et des préromantiques anglais est mort le 14 octobre, à l’âge de 89 ans.
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/10/17/harold-bloom-universitaire-et-critique-litteraire-americain-est-mort_6015892_3382.html
mlsum-fr-1704
Tribune. La consultation citoyenne est à la mode, hier le grand débat, aujourd’hui les consultations sur les retraites. Pourtant, le dialogue social ne fonctionne pas. Certes, les vertus du concept sont louées, mais lorsque l’on quitte les éléments de langage, les belles idées se transforment alors en autant d’éléments de blocages. Blocages sociaux tous azimuts dont la crise des « gilets jaunes » représente sans doute l’événement le plus saillant. Car, indépendamment de la violence qui s’est exprimée, cette crise est le symptôme d’un dysfonctionnement du dialogue social qui touche peu ou prou tous les secteurs, de la politique aux entreprises. En effet, tant que les réformes seront présentées par les gouvernants comme s’imposant logiquement et rationnellement (et donc sans autres possibilités), il continuera d’être inutile d’en discuter, et préférable de les appliquer rapidement. Réformes conçues en « chambre » La crise de la représentation qui touche aujourd’hui le monde politique est proche de celle qui touche les entreprises et altère la bonne conduite du dialogue social. De fait, il peine aujourd’hui à jouer son rôle de régulation ou à garantir la cohésion sociale. Pourquoi ? Prenons le cas d’une restructuration d’entreprise. Les décisions stratégiques sont prises d’en haut. Les modalités de mise en œuvre de la décision sont conçues « en chambre » par des experts qui établissent ensemble une organisation cible. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La démocratie participative est aujourd’hui davantage une injonction qu’une pratique installée » Les organisations cibles font ensuite l’objet d’une consultation auprès des instances représentatives du personnel. Les remarques formulées par ces dernières peuvent être prises en compte par les décideurs pour améliorer le projet, mais elles peuvent ne pas être prises en compte, et les décideurs mettront en œuvre le projet tel qu’initialement conçu. Ce mouvement, à peine caricatural, est proche de la manière dont sont menées les réformes publiques, conçues en « chambre » par des experts, puis présentées aux organisations syndicales qui font part de leurs amendements. Ensuite débattues au Parlement, validées ou complétées, dans le cas où le 49.3 n’est pas activé. Enfin présentées aux Français de manière technique et rationnelle. Effet de dupe Très schématiquement, je décide d’un cap, j’en conçois les modalités de mise en œuvre, j’en informe les corps intermédiaires, je les consulte sur les modalités de mise en œuvre, et quel que soit leur avis, je suis tout à fait libre de ne rien changer dans les limites fixées par le droit.
Dans une tribune au « Monde », la philosophe Sophie Berlioz et le sociologue Philippe Emont décrivent l’effet de dupe de l’actuel modèle de consultation français, qui aboutit à l’absence de dialogue social, en raison du refus d’écouter la parole exprimée.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/12/la-crise-de-la-representation-du-monde-politique-est-proche-de-celle-qui-touche-les-entreprises_6015226_3232.html
mlsum-fr-1705
Dans l’extrême nord du Mozambique, la province du Cabo Delgado où ont eu lieu les combats des forces de défense contre djihadistes, le 5 octobre 2019. Google Maps Neuf combattants islamistes ont été tués la semaine dernière dans l’extrême nord du Mozambique au cours de violents affrontements avec l’armée, a annoncé, mardi 8 octobre, le ministère mozambicain de la défense dans un communiqué. Cette déclaration officielle est la première dans laquelle les autorités du Maputo reconnaissent que des combats les opposent au mystérieux groupe djihadiste qui sème la terreur depuis deux ans dans la province du Cabo Delgado. Lire aussi Le pape au Mozambique pour marteler son appel à la paix Ces combats « contre les malfaiteurs » se sont déroulés samedi et « ont abouti à l’élimination de neuf d’entre eux », a indiqué le ministère, sans donner d’autres détails. Selon des sources locales, l’opération de l’armée visait un camp djihadiste situé dans les forêts proches du village de Mitope, dans le district de Mocimboa da Praia. « Cet endroit est considéré comme la plus importante base des insurgés dans la région », a déclaré à l’AFP une source locale. « Les insurgés ont riposté et tué un citoyen russe qui accompagnait les troupes du gouvernement, a précisé sous couvert d’anonymat à l’AFP un responsable local. De nombreux insurgés ont été tués lors de l’attaque, mais leur nombre reste encore à confirmer. » Présence russe Désignés sous le nom d’Al-Chabab (les jeunes en langue arabe), ces djihadistes ont multiplié depuis deux ans les attaques meurtrières dans le Cabo Delgado, tuant au moins 300 civils et faisant des dizaines de milliers de déplacés. Le gouvernement du président Filipe Nyusi a déployé d’importants renforts dans la région, qui abrite de grandes réserves sous-marines de gaz, et promis d’éradiquer ces islamistes, sans résultats pour l’instant. L’armée n’avait jusque-là jamais confirmé avoir affronté ceux qu’elle continue de désigner comme des « criminels ». En 2018, Maputo a signé avec Moscou un accord sur l’envoi de conseillers militaires russes dans ce pays où ils étaient très présents à l’époque soviétique. Depuis septembre, les médias locaux ont rapporté la présence de militaires russes, équipés notamment d’hélicoptères, dans le Cabo Delgado. Le ministère mozambicain de la défense s’est refusé à le confirmer. Interrogé mardi sur la mort d’un soldat russe au Mozambique, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a nié tout déploiement de militaires de son pays. « Il n’y a pas de soldats russes là-bas », a assuré M. Peskov à la presse. Les « Chabab » n’ont jamais revendiqué aucune des opérations qui leur ont été attribuées. L’Etat islamique (EI) s’est récemment dit l’auteur de plusieurs attaques survenues au Mozambique, mais de nombreux experts restent sceptiques au sujet de son influence dans la région. Des élections présidentielle, législatives et provinciales sont prévues le 15 octobre au Mozambique. Elles semblent promises au Frelimo, au pouvoir depuis 1975.
C’est la première fois que ministère de la défense mozambicain reconnaît s’être opposé à des « djihadistes », « malfaiteurs insurgés » dans l’extrême nord du pays.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/08/au-mozambique-neuf-islamistes-tues-dans-des-combats-avec-l-armee_6014700_3212.html
mlsum-fr-1706
LA LISTE DE LA MATINALE À Rochefort (Charente-Maritime), tout près de l’« Hermione », activité accro-mâts. JC.FLAC Amateurs de sensations fortes et d’eau chaude ? Direction la Bavière et la bulle géante avec toboggans vertigineux du domaine Allgäu. Des enfants férus de chevaliers et de Moyen Age ? Ils trouveront leur bonheur à Briançon et sa fête médiévale avec troubadours et fauconniers. En Sologne, piscine et poulailler Au coeur de la Sologne, une belle bâtisse en lisière de forêt pour accueillir les familles. LES VIEUX GUAYS Voilà la maison de famille qu’on aurait rêvé d’avoir. Entre les châteaux de la Loire et le vignoble de Sancerre, au cœur de la Sologne, les Vieux Guays propose cinq chambres d’hôte et un gîte où l’on se sent (presque) chez soi, et où les familles nombreuses sont accueillies à bras ouverts. Dans le grand jardin sécurisé, en plus de la très belle piscine, tout a été prévu pour les bambins : aire de jeux avec toboggan, balançoire, cabane, trampoline. Vos enfants se lèvent tôt le matin ? Direction le poulailler pour aller ramasser les œufs frais, avant de faire un tour dans le potager pour observer les légumes pousser « pour de vrai », puis chercher les canards dans l’étang. Des vélos de toutes tailles sont aussi à la disposition des visiteurs, pour découvrir la jolie forêt environnante. Le petit plus : dans la grande bâtisse, la cuisine est accessible à tout moment de la journée… ou de la nuit, pour le biberon de 3 heures du matin. Les Vieux Guays, route des Hauteraults, Cerdon (Loiret), chambre famille 140 €, gîte 600 € par semaine ou 105 € par nuit (trois nuits minimum), Tél. : 02-38-05-08-52/06-80-16-53-76. En Bavière, toboggans géants et balade en forêt Au Center Parcs Allgäu, en Bavière (Allemagne), Aqua Mundo pour les enfants et spa pour les grands. CENTER PARCS Une bulle géante (l’Aqua Mundo) avec des toboggans à sensations et de l’eau chaude, d’immenses aires de jeux intérieures, des cottages cosy et des restaurants child friendly : on ne change pas une recette qui gagne ! Le dernier-né des Center Parcs, le domaine Allgäu, s’est installé fin 2018 en Allemagne sur 184 hectares, entre le Bade-Wurtemberg et la Bavière. Loin du tourisme de masse, au pied des Alpes, à seulement trente minutes de l’Autriche et de la Suisse, l’endroit est idéal pour les grandes balades à vélo dans la forêt, les randonnées et les après-midi accrobranches. A une heure du domaine, il faudra aussi aller voir le splendide château de Neuschwanstein sorti tout droit d’un conte de fées… si, et seulement si, les enfants acceptent de sortir de l’eau. Domaine Park Allgäu, Center Parcs, cottage quatre personnes à partir de 499 € la semaine. A Rochefort, accro-mâts et escape game A Rochefort (Charente-Maritime), tout près de l’« Hermione », activité accro-mâts. JC.FLAC Vous êtes en vacances en Charente-Maritime ? Evitez l’île de Ré, trop bondée, pour filer visiter le très bel arsenal de Rochefort. Tous les lundis soir d’été (à partir du 15 juillet), l’endroit et ses quatre sites-phares s’animent, avec une programmation culturelle variée. Il faudra bien sûr aller voir l’Hermione, réplique impressionnante de la frégate de La Fayette, qu’on peut visiter ambiance « quart de nuit ». Les enfants devraient adorer grimper à l’accro-mât, sorte d’accrobranche sur bateau installé juste à côté de l’Hermione, mais aussi l’escape game à bord de la réplique du radeau de la Méduse, au Musée national de la marine. Les plus petits aimeront les lectures de contes au potager du Roy, les ados les concerts électro et les projections de films, comme Océans, en plein air. Les lundis de l’Arsenal à Rochefort Océan, tous les lundis de l’été à partir du 15 juillet, de 19 heures à 23 heures. Se loger : Citotel, Hôtel de France, un deux étoiles charmant au cœur de la ville, face à l’office du tourisme, chambre familiale à partir de 100 €. A Briançon, troubadours et chevaliers À Briançon (Hautes-Alpes), ambiance médiévale et bestiale... CC BY-NC-SA 2.0 Vos petits passent leur vie à se déguiser en chevaliers ? Profitez de l’été pour leur faire un petit cours sur le Moyen Age, grandeur nature. Les 6 et 7 juillet, la magnifique Cité Vauban de Briançon fait un saut au XIIe siècle lors d’une grande fête médiévale (qui a lieu chaque année depuis 2005). Dans les ruelles pavées de la vieille ville, jonchées de paille et décorées de fanions, on croise des chevaliers, des fauconniers portant leurs rapaces à bout de bras et des troubadours qui s’arrêtent pour pousser la chansonnette. Un marché médiéval avec soixante exposants s’installe tout le week-end dans la ville, et les journées sont rythmées par des spectacles étonnants, du funambulisme au lancer de drapeau, en passant par la déambulation d’un attelage médiéval tiré par des bœufs, et le concert de musique médiévale tendance punk de Luc Arbogast. Dépaysement temporel assuré. Fête médiévale de Briançon, les 6 et 7 juillet. Se loger : Suite Home Briançon, résidence trois étoiles bien située, avec piscine intérieure, chambre familiale pour quatre personnes à partir de 120 €. En Crète, plage de rêve et club enfants En Crète, bronzer sur un transat pendant que les petits sont au Fun Club... KAPPA CLUB Envie de profiter des enfants sans les avoir toute la journée sur le dos ? Envie de bien manger sans avoir à faire la cuisine midi et soir ? Vous êtes faits pour l’option « all inclusive » + « club enfants ». Pour cet été, Directours propose des séjours tout compris en Crète, au Kappa Club Capsis. Un cinq-étoiles idéalement situé sur l’île, tout près du village de pêcheurs d’Aghia Pelaghia, sur une péninsule privée. Certes, c’est grand – 465 chambres, sept piscines –, mais le jardin luxuriant et les petits bungalows donnent tout de même l’impression de ne pas être dans une usine à touristes. Pendant que vous bronzez à la plage, sublime, vos enfants iront faire du tir à l’arc, des jeux de piste ou du water-polo au « Fun Club », où des animateurs prennent en charge les 4-18 ans (il y a même une crèche pour les plus petits). Un parc d’attraction de 4 000 mètres carrés, conçu autour de la culture minoenne, est adossé à l’hôtel : au programme, atelier poterie, labyrinthe pour retrouver Ariane, cabanes dans les arbres. Mais vous avez aussi le droit de rester sur un transat.
« La Matinale » vous invite au voyage. Cette semaine, l’école est finie, ou presque. Pour que tout le monde y trouve son compte, notre sélection de séjours avec activités, pour petits et grands, de Rochefort-sur-Mer à la Crète.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/06/30/vive-les-vacances-meme-avec-enfants-cinq-virees-kids-friendly_5483300_4497319.html
mlsum-fr-1707
Le projet « Parques del rio », à Medellin (Colombie) prévoit d’enterrer des kilomètres de voies urbaines. Andres Carmona Arango pour « Le Monde » Dans le nouveau parc qui borde la rivière Medellin, il fait encore nuit quand les joggeurs les plus matinaux arrivent. Ils se dispersent entre palmes et papyrus. Sur l’autre rive, les bulldozers allument leur moteur. Medellin s’éveille. Et change. Le premier jardin du projet urbain « Parques del rio » (« parcs de la rivière ») a été inauguré en 2016, le deuxième devrait l’être en décembre. Neuf hectares de verdure auront alors été gagnés sur le béton. Et ce n’est qu’une première étape. Au total, 320 hectares doivent être réaménagés et une dizaine de parcs construits le long des 17 kilomètres de rivière que compte la deuxième ville de Colombie. Avec ce projet, le nom de Medellin, qui, dans l’imaginaire de la planète, reste ­associé à celui du narcotrafiquant Pablo Escobar, s’impose un peu plus comme synonyme d’innovation urbaine. Jardins suspendus « Parques del rio est beaucoup plus qu’un ensemble de jolis jardins au bord de l’eau. C’est une stratégie, un plan structurel et structurant de développement urbain », affirme l’urbaniste Jorge Perez Jaramillo, ancien directeur du plan de la municipalité de Medellin. Le projet prévoit, ici, d’enterrer des kilomètres de voies urbaines, là, de construire des jardins suspendus. Sous le jardin où courent les joggeurs, une rutilante six-voies souterraines donne une idée de l’ampleur des ­travaux envisagés. « La construction de l’ensemble du réseau de transport et des parcs devrait durer entre vingt-cinq et quarante ans », rappelle l’architecte ­Sebastian Monsalve, qui en a conçu les plans. Mais, déjà, Parques del rio accumule les prix d’urbanisme. « Sur le long terme, Parques del rio reste évidemment vulnérable aux aléas de la ­politique », rappelle l’ingénieur Juan Pablo Lopez, qui a travaillé à l’élaboration du projet. Chaque maire arrive avec ses priorités et le « système des dépouilles » bouleverse tous les quatre ans les organigrammes administratifs, qui changent au gré des alternances. Pour maintenir la pression sur les pouvoirs publics et assurer la pérennité du projet, M. Lopez a fondé l’association Les amis de Parques del rio. Le premier jardin du projet urbain « Parques del rio », à Medellin (Colombie), a été inauguré en 2016. Andres Carmona Arango pour « Le Monde » En 2013, Sebastian a 27 ans lorsqu’il remporte, avec son ami et associé Juan David Hoyos, âgé de 28 ans, le concours international organisé par la municipalité de ­Medellin pour le réaménagement des berges de la ville. Cinquante-sept participants, en provenance de treize pays, ont présenté des projets. « Depuis que la loi colombienne oblige les collectivités territoriales à respecter le secret des concours, la jeunesse a ses chances », souligne Juan ­David, qui voit dans la relève générationnelle un facteur de changement. Six ans plus tard, les deux architectes à la tête du plus ambitieux programme urbain de la ville ont toujours l’air de gamins. « Recentrer la ville » Chef-lieu du département d’Antioquia, Medellin compte aujourd’hui 2,5 millions d’habitants, l’agglomération urbaine (qui regroupe dix municipalités) plus de 4 millions. Coincée au fond de la vallée de l’Aburra, la ville a grandi en repoussant les pauvres sur les flancs des montagnes. « Le projet Parques del rio s’inscrit dans une volonté sur le long terme de densifier et de recentrer la ville », explique M. Perez. Le projet « Parques del rio », à Medellin (Colombie), est synonyme d’innovation urbaine. Andres Carmona Arango pour le Monde A la différence de leurs homologues européennes qui se sont développées autour des fleuves, les grandes villes latino-américaines les ignorent. En ­Colombie, pays sans train, les trois villes les plus dynamiques – Bogota, Medellin et Cali – sont bizarrement nichées dans les Andes, loin de la mer et des grands cours d’eau. Berceau de l’industrie colombienne, Medellin devait se relier au reste du pays. Dans les années 1930, la rivière cristalline qui serpentait au fond de la vallée de l’Aburra a été canalisée à grand renfort de ciment, « tel un fou ligoté sur son lit », dira le ­célèbre urbaniste et peintre Pedro Nel Gomez. Vingt ans plus tard, comme toutes les autres villes du monde, Medellin se rend à la voiture et au béton. La voie ferrée – il y en a eu une de ­construite – et les routes optent pour le tracé le plus ­facile, à savoir la partie plate de la ville au bord du cours d’eau. Dans les années 1990, le métro fera de même. « Rendre vie à la rivière » Le rapide développement industriel de la région a transformé la rivière en cloaque malodorant sans que, pendant longtemps, les pouvoirs publics s’en soucient. Enchâssée entre les voies rapides et les rails, coupée du tissu urbain, la rivière suit son triste cours loin du regard des ­habitants de la ville et de ses politiciens. Il faut attendre le début des années 1990 pour que soit mis en place un programme d’assainissement des eaux. Ses résultats sont spectaculaires mais encore imparfaits et la rivière, alimentée par des dizaines de ruisseaux qui dévalent des favelas, reste impropre au contact humain. Il n’est pas prévu que les poissons, chassés par la force du courant depuis que les eaux ont été canalisées, reviennent. Le nouveau jardin de « Parques del rio », à Medellin. Andres Carmona Arango pour le Monde « Les ponts ayant été pensés pour les voitures, traverser la rivière à pied est difficile, voire dangereux », rappelle Jorge Perez ­Jaramillo. En montrant de la main les deux passerelles appelées à relier les deux premiers jardins, Sebastian Monsalve explique : « Ce sont les deux seuls passages pour piétons construits en plus de soixante-dix ans. » Le parc est devenu le seul point de contact, sur plusieurs kilomètres, entre la ville et sa rivière. « Historiquement, la rivière a été comme une cicatrice qui coupe en deux la ville, le projet Parques del rio entend la suturer », résume l’ancien fonctionnaire. Sur le ­papier où il a tracé un sommaire plan de la ville, il dessine une fermeture Eclair. Et rappelle que Parques del rio a été conçu pour « rendre vie à la rivière, rendre la ­rivière à la ville et rendre la ville à ses habitants ». La « suture » ne sera pas seulement physique. Les ponts sur la rivière, les espaces publics, les points de rencontre et la verdure ont aussi une fonction sociale dans une ville fracturée par les inégalités. Prix innovation urbaine, mode d’emploi Créés en 2016, les prix de l’innovation urbaine - « Le Monde » Cities ­récompensent des solutions concrètes au service du bien-vivre des ­habitants, de la justice sociale et de l’adaptation de la ville à la transition radicale liée au réchauffement climatique. Cent onze projets ont été soumis au jury par un comité de sélection présidé par Francis Pisani et composé de 28 personnalités du monde entier, experts des mutations urbaines : élus, chercheurs, dirigeants d’entreprise ou de fondation, ­architectes, urbanistes… Composé par les journalistes du Monde qui ­suivent, au quotidien, les champs couverts par ces prix, le jury, présidé par Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, a récompensé dans cette ­sélection des innovations développées à l’initiative de municipalités, d’entreprises, de start-up comme d’associations, d’ONG, de fondations, de citoyens ou groupes de citoyens, dans cinq catégories (mobilité, ­énergie, habitat, urbanisme et participation citoyenne). Le Grand Prix, doté de 20 000 euros, sera décerné vendredi 28 juin à celui qui, parmi ces cinq projets, se distingue par son approche innovante, l’ampleur de son impact potentiel et sa possibilité de reproduction. Les prix de l’innovation urbaine - « Le Monde » Cities sont organisés par « Le Monde », avec le soutien du groupe La Poste, d’Enedis, de Saint-Gobain, de Citeo et de Linkcity. Inutile de dire que Parques del rio a eu ses détracteurs. Ingénieurs et citoyens ont contesté l’utilité du projet et dénoncé son coût. La politique s’en est mêlée. Le maire actuel, Federico Gutierrez, tente de faire oublier qu’il a fait campagne, en 2015, contre ce projet applaudi sur la scène internationale. « Les gens ont ­encore du mal à comprendre la transformation à l’œuvre, sa dimension tout à la fois urbaine, sociale, et environnementale. Rapporté au seul nombre de mètres carrés de jardins, le projet semble très cher », ­explique M. Lopez. Craignant de voir le futur parc pris ­d’assaut par les indigents, les habitants du quartier résidentiel de Conquistadores, qui jouxte le premier jardin, ont tenté d’en empêcher la construction. Certains – adeptes du président américain Donald Trump ? – ont même demandé un mur pour isoler le parc. Le début des travaux n’a pas contribué à calmer les esprits. « Il faut comprendre les gens. Quand vous ­entendez le son d’un marteau-piqueur à minuit sous vos fenêtres, il est difficile de penser à l’intérêt général et aux vertus des espaces verts pour les prochaines générations », explique Sebastian. Conférence « Libertés, égalité, viabilité : la ville-monde face aux défis du siècle », vendredi 28 juin, de 9 heures à 12 h 30, à Ground Control­ (Paris 12e). Participent à cette matinée de conférences et de tables rondes interactives : Carlo Ratti (Senseable City Lab, MIT et agence Carlo Ratti Associati), Ross Douglas (Autonomy Paris), Christian Buchel (Enedis), Nathalie Chiche (Data Expert), Renaud Epstein ­(maître de conférences en sciences politiques), Dominique Alba (APUR), Sonia Lavadinho (Ecole polytechnique ­fédérale de Lausanne et Bfluid), Robin ­Rivaton (auteur de La Ville pour tous, ­Editions de l’Observatoire, 190 p., 17 €), ­Jeffrey Raven (New York Institute of Technology), Léa Massaré di Duca ­ (projet Wide Open), Cécile Maisonneuve (La Fabrique de la Cité), Nicolas Gilsoul (architecte et paysagiste), Carlos Moreno (Paris-I-Panthéon-Sorbonne), John ­Rossant(New Cities Foundation), Kjetil Thorsen(architecte, agence Snohetta). Et les lauréats des prix de l’innovation ­urbaine Le Monde - Cities. Entrée libre sur inscription : ­Weezevent.com/lemonde-cities-paris-remise Le mécontentement a évidemment dépassé les limites du quartier. « Cent vingt mille voitures passent ici tous les jours, c’est dire que toute la ville ou presque a souffert pendant les travaux d’excavation du tunnel », poursuit le jeune architecte. Convaincre les habitants de la ville des vertus du projet a été pour lui le plus grand défi des quatre dernières années. « Voir aujourd’hui la satisfaction des usagers n’a pas de prix », ajoute Juan David. « Maintenant que cette première étape du parc est finie, tout le monde est satisfait », confirme Luis Mateo Cardozo, qui, à 6 heures du soir, promène son bouledogue dans le parc. Lui est carrément heureux : dans six mois, quand le parc de la rive occidentale sera fini, il pourra aller à pied au travail et au théâtre. « Il y a des gens qui, en privé, s’inquiètent à l’idée de voir bientôt les secrétaires et les ouvriers venir déjeuner sur l’herbe de ce côté-ci de la rivière, admet le promeneur. Mais le débat public a pris fin et c’est tant mieux. »
La deuxième ville de Colombie collectionne les récompenses pour ses projets d’innovation urbaine. Celui de « Parques del rio » reçoit le prix « Le Monde » - Cities de la catégorie « urbanisme ».
https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2019/06/27/a-medellin-adieu-le-beton-vive-la-verdure_5482023_4811534.html
mlsum-fr-1708
L’ancien président indonésien Bacharuddin Jusuf Habibie, en mars 2007 à Djakarta. Achmad Ibrahim / AP L’ancien président indonésien Bacharuddin Jusuf Habibie est mort mercredi 11 septembre soir à l’âge de 83 ans, ont annoncé sa famille et les autorités. M. Habibie est décédé dans un hôpital militaire de Djakarta après des problèmes cardiaques. Le président indonésien actuel, Joko Widodo, a rendu hommage à son prédécesseur, ingénieur aéronautique de formation, en saluant « un scientifique de haut niveau » et le « père des technologies en Indonésie ». Né en 1936 dans une petite ville au sud de l’archipel de Célèbes, Bacharuddin Jusuf Habibie avait étudié la construction aéronautique en Allemagne et aux Pays Bas avant de rentrer en Indonésie dans les années 1970. Suharto lui avait demandé de l’aider à favoriser l’industrialisation du plus grand pays d’Asie du Sud-Est. Il a longtemps présidé la société publique aéronautique Industri Pesawat Terbang Nusantara, puis a été pendant une vingtaine d’années ministre de la recherche et de la technologie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le Timor oriental est devenu un petit « miracle » démocratique Référendum surprise sur le Timor-Oriental Deux mois après avoir été nommé vice-président par Suharto, il lui a succédé à la présidence en 1998, quand le dictateur a quitté le pouvoir après un soulèvement. Habibie a permis la transition vers la démocratie du pays comptant la plus importante population musulmane au monde en organisant des élections l’année suivante. Il a aussi contribué à stabiliser l’économie, frappée de plein fouet par la crise financière asiatique et affaiblie par la corruption. Sa décision surprise d’autoriser un référendum sur l’indépendance du Timor-Oriental, ancienne colonie portugaise dirigée par l’Indonésie, a ouvert la voie à la séparation du territoire avec l’Indonésie. Les Timorais ont voté à une écrasante majorité pour l’indépendance, déclenchant une répression sanglante de l’armée et des forces indonésiennes. Après dix-sept mois à la présidence, Bacharuddin Jusuf Habibie avait cédé le pouvoir à Abdurrahman Wahid, élu président d’Indonésie en octobre 1999. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des avis mitigés autour du transfert de la capitale indonésienne
Durant son mandat de dix-sept mois entre 1998 et 1999, il avait permis la transition du pays vers la démocratie après la chute du dictateur Suharto.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/12/l-ancien-president-indonesien-habibie-est-mort-a-83-ans_5509407_3210.html
mlsum-fr-1709
Un ouvrier du bâtiment retire un revêtement d’amiante. Alain Le Bot / Photononstop / Alain Le Bot / Photononstop La Cour de cassation a annulé, mercredi 11 septembre, les arrêts de la cour d’appel de Metz qui avait débouté en juillet 2017 plus de 700 mineurs des Charbonnages de France (ex-Houillères du bassin de Lorraine). Ils demandaient des dommages et intérêts au titre du préjudice d’anxiété et au manquement de l’employeur à son obligation de sécurité. Le préjudice d’anxiété permet l’indemnisation de personnes qui ne sont pas malades, mais s’inquiètent de le devenir. Les hauts magistrats ont étendu la jurisprudence sur le préjudice d’anxiété à d’autres substances que l’amiante. Le préambule à ce changement avait eu lieu le 5 avril. L’assemblée plénière de la Cour de cassation avait ouvert droit à l’indemnisation du préjudice d’anxiété des salariés exposés à l’amiante sur le fondement des règles de droit commun de la responsabilité civile. Dès lors, tout salarié qui justifiait d’une exposition à l’amiante générant un risque élevé de développer une pathologie grave était en droit de se retourner contre son employeur pour manquement à son obligation de sécurité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Amiante : « La réparation du préjudice d’anxiété n’est pas automatique » « Décision magnifique » Le 11 septembre, la Cour de cassation s’est également appuyée sur les « règles de droit commun régissant l’obligation de sécurité de l’employeur » (art. L 4121-1 et L 4121-2 du code du travail), en les appliquant cette fois à tout « salarié qui justifie d’une exposition à une substance nocive ou toxique générant un risque élevé de développer une pathologie grave et d’un préjudice d’anxiété personnellement subi résultant d’une telle exposition ». L’Association des victimes de l’amiante et autres polluants (AVA) s’est félicitée mercredi de cette décision, mais s’inquiète des difficultés à prouver le préjudice subi. « C’est une décision magnifique. Des centaines d’anciens ouvriers des mines de Lorraine vont pouvoir prétendre à une indemnisation, du fait de leur exposition à l’amiante comme à d’autres substances toxiques », a déclaré à l’AFP Me Manuela Grévy, l’avocate des mineurs. Les mineurs lorrains, exposés à des substances cancérogènes, faisaient notamment valoir une exposition à la poussière de silice et aux hydrocarbures polycycliques, dont ils étaient mal protégés. Les témoignages rapportés dans l’arrêt de la Cour de cassation sont accablants : « Pour nous protéger de toute cette poussière, il nous fallait des masques de protection, lorsqu’on avait la chance d’en avoir, ce qui était rare, ils étaient rapidement inutilisables ou hors service », rapporte l’un d’eux. A la décharge de l’employeur, de nombreux rapports de représentants du personnel font apparaître que lorsque des observations étaient faites sur la sécurité, l’exploitant y apportait une réponse. La cour d’appel de Metz avait jugé que « l’employeur avait pris toutes mesures nécessaires de protection ». Ceci sans donner de « base légale à sa décision », a estimé la Cour de cassation. L’affaire est renvoyée devant la cour d’appel de Douai. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’avocate générale requiert le rejet du « préjudice d’anxiété » pour plus de 700 mineurs de Lorraine
Tout salarié exposé à une substance nocive ou toxique pourra demander réparation à son employeur, du fait des obligations de sécurité de ce dernier.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/11/apres-l-amiante-la-cour-de-cassation-elargit-le-perimetre-du-prejudice-d-anxiete-a-toute-substance-toxique_5509253_3224.html
mlsum-fr-1710
Centrales à charbon à Witbank, en Afrique du Sud, en septembre 2016. MUJAHID SAFODIEN / AFP Chute des investissements, suppressions d’emplois, hausse du prix des carburants et de l’électricité… Dans un climat économique fragile, l’industrie sud-africaine craint le pire de la nouvelle taxe carbone, malgré son montant extrêmement faible. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Afrique du Sud, la course d’obstacles pour décrocher un emploi En dépit de la forte résistance des gros émetteurs de CO 2 , l’Afrique du Sud, 14e pollueur au monde selon Greenpeace, est devenu le 1er juin le premier pays du continent à introduire une taxe carbone, entièrement à la charge des entreprises. Cet impôt, qui existe déjà dans de nombreux pays comme le Canada, la Colombie, la France ou la Suède, vise à réduire les gaz à effet de serre, responsables du réchauffement de la planète. Importance symbolique Les ONG environnementales comme le Fonds mondial pour la nature (WWF) ont salué « une première étape significative », très rare dans un pays émergent, mais ont immédiatement regretté la faiblesse de la taxe. Son montant a été fixé à 120 rands (8 euros) par tonne de CO 2 émise. Mais compte tenu d’abattements fiscaux pouvant aller jusqu’à 95 %, son montant variera entre 6 et 48 rands (de 0,4 à 3 euros). Très loin des 40 à 80 dollars d’ici à 2020 recommandés pour se conformer aux objectifs de l’Accord de Paris. « La taxe carbone est plutôt faible, mais très importante symboliquement », reconnaît lui-même Ismail Momoniat, directeur général adjoint du Trésor, qui promet déjà sa réévaluation à partir de 2023. Il n’empêche, l’industrie s’indigne en agitant le spectre des licenciements et des fermetures d’usines. Dans les mines, un secteur déjà en crise, « 6 800 emplois directs et indirects » vont être supprimés dans les deux prochaines années à cause de la taxe carbone, prévient la Chambre nationale des mines. A compter de 2023, la situation va encore se détériorer avec « environ 6 000 emplois perdus par an ». La puissante organisation patronale Busa dénonce une taxe qui va « décourager les investissements étrangers et nationaux » dans un contexte déjà difficile de « chômage, de pauvreté et d’inégalités ». En Afrique du Sud, au moins 27 % de la population active est sans emploi. Un taux qui dépasse 50 % chez les jeunes. Pour l’entreprise Transalloys, fabricant d’alliages de fer qui emploie 400 personnes, réduire les émissions de CO 2 est tout simplement impossible, affirme son PDG Theo Morkel. « Pour moi, la seule façon de les faire baisser est de fermer mes fourneaux », assure-t-il à l’AFP, très en colère. Les effets de la taxe sont pourtant « très faibles pour les gros émetteurs » d’ici à 2023, assure Noëlle Garcin de l’organisation African Climate Reality Project. Tellement faibles qu’elle ne va probablement pas, selon les ONG, permettre de réduire significativement les émissions de CO 2 . « On a l’impression qu’on va perdre trois ans, ce qu’on ne peut pas se permettre » compte tenu de l’urgence à agir, s’inquiète Noëlle Garcin : « Le fardeau va reposer encore plus sur la prochaine génération… et je ne sais même pas si on peut encore parler de prochaine génération. » Face aux inquiétudes de l’industrie, elle appelle à penser autrement, et à voir dans le défi climatique de « splendides opportunités » pour l’économie. Les syndicats, « soucieux » de l’impact de la taxe carbone sur l’emploi mais aussi des « conséquences de la pollution sur les travailleurs les plus pauvres », ne disent pas autre chose. Le changement climatique offre « une opportunité parfaite » de créer des emplois, assure Matthew Parks de la Cosatu, la principale centrale syndicale en Afrique du Sud. Et de citer la construction de voitures propres ou le développement de l’énergie solaire dans un pays qui abrite de nombreuses usines automobiles et bénéficie d’un ensoleillement exceptionnel. Mais « les entreprises qui ne pensent qu’au profit sont très réticentes au changement » et le gouvernement « ne pense qu’à taxer sans proposer un juste plan de transition », dénonce M. Parks. Centrales à charbon Sur le terrain, l’industrie pétrolière a déjà répercuté la taxe sur les consommateurs en augmentant le prix des carburants de 0,09 à 0,1 rand (moins de 0,06 euro) par litre. La compagnie nationale d’électricité Eskom, plombée par une dette de 26 milliards d’euros, attendra 2023. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La mort de Johnny Clegg, « Zoulou blanc » engagé contre le régime raciste de l’apartheid D’ici à quatre ans, « le poids de la taxe carbone pour Eskom devrait être de l’ordre de 11,5 milliards de rands (725 millions d’euros) par an », prévient Gina Downes, chargée de l’économie de l’environnement dans l’entreprise. Eskom, qui fournit l’essentiel de son électricité avec des centrales à charbon, est le plus gros pollueur d’Afrique du Sud, responsable de 30 % de ses émissions de CO 2 , selon Greenpeace. Le groupe promet de graduellement remplacer ces centrales très polluantes, quand « elles atteindront leur fin de vie ». Mais la mutation prendra du temps. Eskom a encore mis récemment en service deux mégacentrales à charbon.
Le pays émergent est le premier du continent à mettre en place une fiscalité destinée à faire baisser les émissions de gaz à effet de serre.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/18/l-industrie-sud-africaine-vent-debout-contre-la-toute-nouvelle-taxe-carbone_5490772_3212.html
mlsum-fr-1711
Aux Galeries Lafayette, à Paris, en juin 2014. JACQUES DEMARTHON / AFP Les Français savent désormais combien l’industrie textile est polluante. C’est pourquoi ils sont prêts à acheter davantage de vêtements fabriqués de manière écoresponsable. Las ! Ils peinent à les trouver en magasin. Tel est l’un des enseignements de l’étude réalisée par la Chaire Institut Français de la Mode - Première Vision et publiée mercredi 18 septembre, à l’occasion de la tenue du salon professionnel des fournisseurs de l’industrie textile, à Paris. Près d’un Français sur deux (45,8 %) a déjà acheté un vêtement ou une paire de chaussures relevant de la mode écoresponsable en 2019, d’après cette étude menée auprès de 5 000 consommateurs en France, aux Etats-Unis, en Italie et en Allemagne. Dans l’Hexagone, ils auraient pu être bien plus nombreux à choisir des articles de mode fabriqués dans des matières naturelles ou recyclées. Mais « les freins au développement du marché de la mode durable demeurent », reconnaît Gildas Minvielle, directeur de l’Observatoire Economique de l’Institut Français de la Mode (IFM). Parmi eux figurent le manque d’information et le déficit d’offres spécifiques en magasin. « Beaucoup de Français savent qu’ils peuvent acheter un tee-shirt en coton bio, par exemple, mais ils ne savent pas où », souligne cet économiste. La moitié d’entre eux déclare ne pas disposer d’informations sur le sujet. « Ils attendent des clarifications sur les labels, entre autres », estime M. Minvielle. Malgré le développement de gammes écoresponsables au sein de grands magasins, dont les Galeries Lafayette, seuls 22 % des citoyens sont capables de citer une marque de mode vendant des modèles éco-conçus. Et 40 % d’entre eux affirment ne pas savoir où trouver des vêtements de ce type. « Une carte à jouer » A l’inverse du marché des produits alimentaires et cosmétiques bio, qui s’est imposé dans tous les magasins, y compris les hypermarchés, les vêtements dits durables ne sont pas encore suffisamment visibles dans les points de vente. La marque française de jeans 1083, fondée en 2010, le constate. « Seuls quelques sites de vente en ligne et magasins s’intéressent à ce segment », regrette son fondateur, Thomas Huriez. Et pourtant cette marque de jeans fabriqués en coton bio ou fibres recyclées à Romans-sur-Isère (Drôme) sent le vent tourner. Elle a vendu 30 000 jeans cette année. « Nous n’en sommes qu’au début du processus de développement », veut également croire Gildas Minvielle. Car, lors d’achat de vêtements, ceux qui souhaitent s’habiller de manière écoresponsable tâtonnent. Ils portent leur choix sur des matières naturelles censées être moins polluantes que les matières synthétiques, à en croire l’étude de l’IFM. Ce critère de sélection devance celui des conditions de fabrication, objet de débats au sein de l’industrie textile depuis l’effondrement de l’immeuble du Rana Plaza (plus de 1 100 morts), une usine textile située à Dacca, la capitale du Bangladesh, en avril 2013. Cette attention à la composition des vêtements est une « carte à jouer » pour les fabricants français de tissus, juge M. Minvielle. La mode durable pourrait alors représenter un levier pour reconquérir les consommateurs français et relancer les ventes d’habillement, en berne depuis plus de dix ans sur le territoire national. A fin août, le marché était en recul de 1,6 %, d’après l’IFM.
Une étude montre que les Français sont prêts à acheter davantage de vêtements et d’articles textiles produits dans le respect de l’environnement, mais peinent à les trouver en magasin.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/18/le-secteur-de-la-mode-se-convertit-lentement-a-l-ecoresponsabilite_5511922_3234.html
mlsum-fr-1712
Des porte-conteneurs en provenance d’Asie sont à quai dans le port de Long Beach, en Californie, le 1er août. MARK RALSTON / AFP La dégringolade est sévère. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a abaissé, mardi 1er octobre, ses prévisions de croissance du commerce mondial de marchandises à 1,2 % en 2019, contre 2,6 % attendus jusqu’ici. Pour l’année 2020, l’OMC reste optimiste, ses prévisions n’étant que légèrement revues en baisse, à 2,7 %, contre 3 % auparavant. C’est en Amérique du Nord et en Asie, deux régions touchées par la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, que la chute est la plus spectaculaire. Le rythme de croissance du commerce extérieur pourrait tomber en Amérique du Nord de 4,3 % en 2018 à 1,5 % en 2019 et de 3,8 % à 1,8 % en Asie. Le commerce des services, plus difficile à mesurer, a commencé à stagner. « Le commerce mondial prend la direction d’une croissance nulle », prédit Sébastien Jean, directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). L’OMC invoque le ralentissement de la croissance mondiale et les tensions commerciales pour justifier ces nouvelles prévisions. En 2019, les Etats-Unis ont continué d’augmenter leurs droits de douane sur une partie des importations chinoises, principalement des biens intermédiaires et menacent de les étendre à l’ensemble des produits importés d’ici à la fin de l’année. Ces tensions sapent la confiance des entreprises, qui préfèrent reporter leurs investissements. L’OMC mesure la montée des incertitudes de deux manières. D’abord en utilisant l’indice Global Economic Policy Uncertainty, qui calcule la fréquence des mots-clés relatifs à l’incertitude dans les rapports et études publiés dans le monde entier. Celui-ci a triplé en un an. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La guerre commerciale s’envenime entre Pékin et Washington « Phase de maturité » L’organisation prend aussi en compte l’indice de confiance des entreprises pour les nouvelles commandes à l’exportation. Cet indice, mesuré par IHS Markit, a chuté depuis 2018 et se retrouve à son niveau de 2012, l’année sombre de la crise des dettes souveraines. Ces incertitudes pourraient même monter d’un cran si une nouvelle bataille commerciale éclate entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Une décision imminente de l’OMC doit fixer le montant des sanctions commerciales que les Etats-Unis vont pouvoir appliquer aux entreprises européennes dans le vieux conflit qui oppose Boeing et Airbus, les deux groupes s’accusant mutuellement de bénéficier de subventions illégales. Bruxelles, qui dit privilégier un règlement à l’amiable, a prévenu qu’elle riposterait.
L’Organisation mondiale du commerce a fortement baissé sa prévision de croissance des échanges commerciaux à 1,2 % pour 2019, contre 2,6 %, attendu jusqu’ici.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/02/l-omc-revoit-a-la-baisse-ses-previsions-de-croissance-du-commerce-mondial_6013934_3234.html
mlsum-fr-1713
Le nouveau bâtiment de la Méca à Bordeaux, le 21 mai 2019. LAURIAN GHINITOIU Impossible de passer à côté de l’impressionnant bâtiment blanc, visible dès l’arrivée dans la métropole bordelaise. La Méca (Maison de l’économie créative et de la culture en Nouvelle-Aquitaine) a ouvert ses portes vendredi 28 juin, après trois ans de travaux. Une arche de 18 000 m2 qui a l’ambition d’être à la fois une colocation créative de trois grands acteurs culturels du territoire, mais aussi un lieu ouvert au public. Lire le focus : Une arche de béton aux généreux volumes signée Bjarke Ingels en bord de Garonne Au commencement, il y a les besoins d’un nouvel espace pour le FRAC (Fonds régional d’art contemporain de Nouvelle-Aquitaine), à l’étroit entre les murs de ses bâtiments des bassins à flot, près de la Cité du vin. En 2007, la réflexion est lancée, qui évoluera considérablement au fur et à mesure des années et du comité de pilotage. La région étudie alors la possibilité de créer un lieu réunissant l’ALCA (Agence livre, cinéma et audiovisuel en Nouvelle-Aquitaine), l’OARA (Office artistique de la région Nouvelle-Aquitaine), consacré au spectacle vivant, et le FRAC, afin de façonner un véritable laboratoire culturel bordelais. Financée à 94 % par la région, la Méca entend soutenir la création artistique sans se couper des visiteurs Douze ans plus tard, le lieu sort enfin de terre. Si l’idée de créer un espace multi-acteurs a quelque peu déstabilisé les trois entités culturelles, la cohabitation semble être désormais acquise. Alain Rousset (PS), président de la région Nouvelle-Aquitaine, précise : « L’inquiétude du départ, qui était que le président de la région voulait tout fusionner, ce qui n’était pas du tout mon choix, est aujourd’hui un métissage réussi. Le fait que l’art contemporain côtoie le cinéma, ou que le livre fréquente l’art, c’est une belle intuition et je suis content du résultat. » « Soutenir la jeune création » Financée à 94 % par la région pour un coût total de 60 millions d’euros (4 millions d’euros ont été versés par le ministère de la culture), la Méca entend soutenir la création artistique sans se couper des visiteurs. L’OARA et l’ALCA ont la volonté de venir en aide aux artistes en les accueillant, gratuitement, au sein de cette nouvelle structure, grâce à des salles de projection, un studio et une scène. Les artistes en résidence seront rémunérés à l’issue de l’incubation. Une aide essentielle pour la pérennité de la création artistique. « Il est important que les artistes aient leur maison », estime Alain Rousset. Dès le départ, l’idée a été d’installer cette « maison créative » près de la gare Saint-Jean, pour attirer tous les publics, acteurs de la vie culturelle comme scolaires. Mais aussi de faire venir les promeneurs le long du fleuve, grâce à un espace propice à la flânerie imaginé autour de la Méca. « La balade du week-end d’un public qui viendra de toute l’agglomération », espère Alain Rousset.
Inaugurée le 28 juin, la Maison de l’économie créative et culturelle, ouverte au public, réunit trois grands acteurs du territoire aquitain et dispose d’une résidence d’artistes.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/29/la-meca-nouveau-temple-culturel-bordelais_5483099_3246.html
mlsum-fr-1714
Guéparde dans la série « Premiers pas dans la Savane ». ONE PLANET Pull motif croco et mini-houppette sur le crâne, Nicolas, le patron du Café Marcel, à Paris, tient à son rituel quotidien. Après le service du déjeuner, il repasse chez lui pour se glisser dans son lit et se caler sur la chaîne 61 de sa Freebox TV, Nat Geo Wild. « Parfois, ça agace mon petit ami parce qu’il y a des documentaires animaliers qu’on a déjà vus, mais pour moi ce n’est pas grave, confie-t-il. Ces programmes me relaxent, j’ai l’impression qu’ils libèrent de l’endorphine, comme au sport. » Suffisamment, en tout cas, pour le requinquer avant le service du soir. Si le restaurateur ne se lasse pas de voir des gnous en transhumance traverser une ­rivière et se faire dévorer par des crocos (le grand classique de la prédation), des suricates en vigie au bout d’une branche ou des canetons sauter d’un nid à quinze mètres de hauteur, c’est peut-être parce que ce bol d’air pur sur petit écran produirait « des effets bénéfiques sur notre bien-être, notre santé mentale et physique », ­selon l’étude « Real Happiness Project », menée par la BBC et l’université californienne Berkeley, en 2017. Alors que les programmes animaliers, du temps de la télévision à six chaînes, distrayaient les insomniaques, qui les préféraient encore aux rediffusions de « Motus » ou « Pyramide », ils se bousculent aujourd’hui sur les chaînes spécialisées (Animaux, Discovery, National ­Geographic, Nat Geo Wild, Planète +, ­Ushuaïa TV…), généralistes (France Télévisions et Arte essentiellement), mais aussi sur les plates-formes numériques. 33 millions de vues pour « Notre planète » Suricate (suricata suricatta) adulte avec deux jeunes à l'affût. Désert du Kalahari, Afrique du Sud. THOMAS DRESSLER / BIOSPHOTO Deux d’entre eux ont récemment fait exploser les audiences : Notre planète, vu par plus de 33 millions de curieux, vient d’intégrer le top 10 des séries les plus vues sur Netflix en 2019. Quelques mois plus tôt, Planète animale, best of de la série Planet of Earth II, de la BBC, diffusé en prime time en août sur France 2, avait conduit plus de 4,4 millions de téléspectateurs à encourager un bébé iguane des îles Galapagos à échapper à une horde de serpents. « Mais attention, les cases “animalier” de l’après-midi sur France 5 ou Arte, c’est encore “peanuts”, nuance le ­réalisateur de documentaires Frédéric ­Febvre. Tout le monde adore mais personne ne regarde ! » Encore plus quand sa série La France sauvage est rediffusée en même temps que la finale de la Coupe du monde de football, en 2018.
Le genre s’est renouvelé pour répondre à une passion grandissante pour nos amies les bêtes. Et les audiences suivent.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/08/le-monde-animalier-nouvelle-star-de-la-tele_6018499_4497916.html
mlsum-fr-1715
Les corps d’Oscar Alberto Martinez Ramirez et de sa fille Valeria, sur la rive mexicaine de Matamoros (Mexique), le 24 juin. JULIA LE DUC / AP Les deux corps gisent sur le ventre, côte à côte, enserrés dans un même tee-shirt sombre qui devait empêcher le courant de les éloigner l’un de l’autre. Le dernier geste désespéré d’un père pour protéger sa fille, dont le petit bras se cramponne encore à son cou. Ils sont morts ensemble, dans les bouillons du Rio Grande, ce fleuve qui marque la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, et que tentent chaque année de traverser, au péril de leur vie, des milliers d’hommes et de femmes attirés par le « rêve américain ». Publiée par le quotidien mexicain La Jornada, la photographie de ces deux corps inertes, visages encore enfouis dans l’eau boueuse, a fait le tour du monde. Grâce à Julia Le Duc, la journaliste mexicaine qui a réalisé le cliché lundi 24 juin, ces noyés du Rio Grande ont retrouvé un nom : ils sont Oscar Alberto Martinez Ramirez, 26 ans, et sa fille, Valeria, 23 mois. Leur histoire, pourtant tristement banale, est devenue « l’incarnation poignante des conséquences tragiques et souvent éclipsées derrière le débat cynique et bruyant sur le contrôle des frontières », rappelle le journal américain The New York Times. Attente interminable Oscar Alberto Martinez Ramirez était Salvadorien. Avec sa femme, Tania Vanessa Avalos, 21 ans, et leur fillette, ils avaient quitté leur domicile de San Martin le 3 avril pour tenter de gagner les Etats-Unis. Mais après deux mois d’attente dans un centre d’accueil de Tapachula (Mexique), où leurs procédures pour demander l’asile semblaient indéfiniment suspendues, la famille a décidé de poursuivre sa route, en traversant tout le pays. Selon l’enquête de Julia Le Duc, tous les trois étaient arrivés dimanche matin au poste-frontière de Matamoros pour y déposer leurs formulaires de demande d’asile. Le bureau américain était fermé pour le week-end. Surtout, trois cents personnes attendaient déjà de pouvoir faire de même – sachant que le bureau n’offre, depuis la dernière réforme migratoire décidée par Donald Trump, plus que trois rendez-vous par semaine pour étudier les demandes. Pour eux, cela signifiait encore de longues semaines d’attente avant même d’entamer toute procédure.
Publiée par le quotidien mexicain « La Jornada », la photographie de ces deux corps inertes cramponnés l’un à l’autre remet en lumière les drames de l’immigration.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/26/sur-la-route-du-reve-americain-un-pere-et-sa-fille-se-noient-dans-le-rio-grande_5481810_3210.html
mlsum-fr-1716
L’ancien président Robert Mugabe à Harare, au Zimbabwe, le 29 juillet 2018. JEKESAI NJIKIZANA / AFP L’ex-président du Zimbabwe, Robert Mugabe, est toujours hospitalisé à Singapour, où il est soigné depuis quatre mois, a déclaré, lundi 5 août, son successeur à la tête du pays, Emmerson Mnangagwa. M. Mugabe, qui est âgé de 95 ans, réagit bien au traitement, a ajouté M. Mnangagwa dans un communiqué, sans préciser de quelle maladie souffre l’ancien chef de l’Etat. « Le président fondateur et père fondateur de notre nation, Robert Mugabe, est toujours retenu dans un hôpital à Singapour, où il reçoit des soins médicaux, a écrit M. Mnangagwa. Dans le passé, l’ancien président n’avait besoin que d’environ un mois [de soins], mais ses médecins ont décidé cette fois qu’il serait gardé en observation bien plus longtemps lorsqu’il s’y est rendu en avril pour son contrôle de routine. » Lorsque le gouvernement avait annoncé, en avril, que M. Mugabe avait gagné Singapour pour y être soigné, il avait précisé qu’il était censé rentrer dans le pays mi-mai. « Des progrès réguliers » M. Mnangagwa, qui avait annoncé en novembre que Robert Mugabe ne pouvait plus marcher à cause de sa mauvaise santé et de son âge, indique avoir dépêché la semaine dernière à Singapour une équipe comprenant notamment son chef de cabinet, Misheck Sibanda, pour prendre des nouvelles de l’ex-président. « Je suis très heureux d’informer la nation que l’ancien président continue de faire des progrès réguliers vers un rétablissement total et que son état de santé est remarquablement stable pour son âge », a assuré M. Mnangagwa. Lire aussi Au Zimbabwe, quand des mamies remplacent le psy Les services de santé publique du Zimbabwe se sont pratiquement effondrés et ceux qui en ont les moyens partent se faire soigner en Afrique du Sud, voire plus loin à l’étranger. Lorsqu’il était au pouvoir, Robert Mugabe s’est presque toujours fait soigner à Singapour. Les spéculations vont bon train, depuis des années au Zimbabwe, sur son état de santé. Au pouvoir depuis l’indépendance du Zimbabwe, en 1980, il avait été contraint à la démission en novembre 2017 par un coup de force de l’armée et de son parti, la ZANU-PF. Il a été remplacé par son ancien vice-président, Emmerson Mnangagwa, qui a ensuite été élu à la présidence en juillet 2018.
Les spéculations vont bon train sur l’état de santé de l’ex-chef de l’Etat, 95 ans, hospitalisé depuis quatre mois.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/06/zimbabwe-l-ancien-president-robert-mugabe-en-soins-prolonges-a-singapour_5497028_3212.html
mlsum-fr-1717
Après l’agression d’un contrôleur de la RTM (Régie des transports métropolitains), les bus, les métros et trams de Marseille sont totalement à l’arrêt samedi : les agents ont arrêté le travail après l’agression d’un des leurs dans un dépôt de bus au petit matin. « Un agent de contrôle a été victime d’une agression commise par un homme cagoulé et armé qui s’est introduit dans le dépôt Saint-Pierre de la régie des transports métropolitains », a annoncé la métropole Aix-Marseille-Provence dans un communiqué. « En réaction, les chauffeurs de la RTM ont décidé d’exercer un mouvement de solidarité », entraînant la paralysie des réseaux, a-t-elle poursuivi. « Les discussions entre la direction de la RTM et les représentants du personnel sont en cours pour une reprise du service dans les meilleurs délais. » Deux agressions en deux jours Les faits se sont produits à 5 heures du matin, lorsqu’une voiture a fait irruption dans le dépôt. « Un homme s’est dirigé droit vers le bâtiment des vérificateurs », les contrôleurs, a déclaré Bernard Gargiolo, secrétaire général de la CGT à la RTM. « Il a sorti une arme de poing, a braqué l’un des agents et l’a fait mettre à genoux avant de s’enfuir », a-t-il poursuivi. Les agents du dépôt ont exercé leur droit de retrait, et leurs collègues du reste de Marseille ont cessé le travail « par solidarité », a-t-il précisé. La CGT demande notamment la présence de vigiles le matin dans les dépôts. Vendredi, une autre agression avait entraîné une paralysie d’une partie des transports métropolitains, cette fois sur la ligne d’autocars qui relie Marseille à Aix-en-Provence.
Une agression s’est déroulée à l’aube, samedi, dans le dépôt de la RTM. Les chauffeurs ont fait valoir leur droit de retrait.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/05/les-transports-publics-marseillais-a-l-arret-apres-une-agression_6014377_3224.html
mlsum-fr-1718
M. Qi a obtenu le prix de la liberté de la presse de RSF en 2016. Gillian Wong / AP Les Etats-Unis ont appelé, jeudi 1er août, à la libération immédiate du fondateur du site d’information 64 Tianwang, condamné lundi à douze ans de prison en Chine pour « divulgation de secrets d’Etat ». « Les Etats-Unis sont profondément inquiets de la condamnation de l’activiste en ligne Huang Qi », a déclaré dans un communiqué la porte-parole du département d’Etat, Morgan Ortagus. Le cyberdissident « a été plusieurs fois honoré par Reporters sans frontières pour son courage dans l’exposition de la corruption et des violations des droits humains en Chine », a rappelé la porte-parole qui estime que cet emprisonnement « souligne la répression continue par la Chine des droits humains et des libertés fondamentales, dont la liberté d’expression ». Un opposant qui gêne La peine à laquelle M. Huang, 56 ans, a été condamné est l’une des plus lourdes prononcées ces dernières années à l’encontre d’un dissident en Chine. Huang Qi est régulièrement dans le collimateur des autorités depuis l’an 2000, et selon des organisations de défense des droits humains, il est aujourd’hui en mauvaise santé. Il avait été arrêté en 2016, peu après avoir obtenu le prix Reporters sans frontières-TV5Monde de la liberté de la presse. Mercredi, dans un communiqué commun, la France et l’Allemagne se sont également dites « préoccupées » par sa condamnation. « Au vu de son état de santé actuel, nous appelons les autorités chinoises à le libérer immédiatement pour raisons humanitaires », ont déclaré Paris et Berlin. Lire aussi Le journaliste chinois Huang Qi condamné à douze ans de prison
Le cyberdissident chinois, condamné à douze ans de prison, est régulièrement visé par des procédures judiciaires depuis les années 2000.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/01/washington-demande-la-liberation-immediate-du-journaliste-huang-qi_5495605_3210.html
mlsum-fr-1719
Elisabeth Borne et Bruno Le Maire suivis par le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, à Bercy, le 28 octobre. ERIC PIERMONT / AFP Comment avoir l’air le plus sévère possible face aux dérives de la filière nucléaire française, tout en préparant le terrain pour la construction de nouveaux réacteurs ? C’est l’exercice périlleux auquel s’est livré le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, lundi 28 octobre, lors de la présentation du rapport de Jean-Martin Folz sur les déboires de l’EPR de Flamanville (Manche). Cet audit, demandé par le ministre début juillet à la direction d’EDF – qui a choisi l’ancien PDG de PSA pour conduire ce travail – dresse un réquisitoire contre les errements du chantier du réacteur de troisième génération. « Flamanville est un échec pour la filière électronucléaire française », a tancé Bruno Le Maire, lors d’une conférence de presse, aux côtés de la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, et du PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy. Le ministre a dénoncé des « problèmes de qualité industrielle », tout en demandant au patron de l’énergéticien de lui remettre, avant la fin novembre, un « plan d’action » portant notamment sur la « gouvernance des grands projets » et sur la mise en place d’un « plan de compétences ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Une perte de compétences généralisée » : le rapport Folz dresse un bilan sévère de l’« échec » de l’EPR de Flamanville Fin septembre, M. Le Maire s’en était vivement pris au groupe, sur RTL, estimant que celui-ci ne pouvait pas être « un Etat dans l’Etat », et dénonçant les « dérives » de la filière nucléaire. Un calendrier délicat Cet exercice d’autocritique de la part de l’entreprise et de son principal actionnaire – l’Etat détient 83 % du capital – intervient alors que, dans le même temps, le gouvernement et la filière travaillent à un plan de construction de six nouveaux EPR sur les quinze prochaines années. Les mots durs du ministre de l’économie et la sévérité du rapport de M. Folz contrastent avec les intentions de l’exécutif en la matière. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nucléaire : comment le gouvernement travaille en catimini à la construction de six nouveaux EPR Après avoir étrillé le chantier de Flamanville, la conclusion de ce document fixe un horizon assez clair : « Il s’agit concrètement d’afficher des programmes stables à long terme de construction de nouveaux réacteurs en France. » Une formule notée avec délectation sur les réseaux sociaux par certains défenseurs du nucléaire. L’exécutif se retrouve en réalité face à un calendrier délicat. Lors de la présentation de la feuille de route énergétique de la France, fin novembre 2018, le président de la République a demandé à l’énergéticien de lui présenter un plan complet pour étudier la construction de nouveaux réacteurs nucléaires à la mi-2021. A cette date, EDF espère que l’EPR de Flamanville sera déjà opérationnel. A quelques mois de la présidentielle, le probable futur candidat Macron pourrait ainsi décider – ou pas – du lancement de nouveaux chantiers, en se basant sur le retour d’expérience du réacteur normand.
L’exécutif hausse le ton face à EDF tout en soutenant la volonté de construire de nouveaux réacteurs de troisième génération.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/28/nucleaire-le-numero-d-equilibriste-du-gouvernement-dans-le-debat-sur-les-nouveaux-epr_6017223_3234.html
mlsum-fr-1720
Drapeaux des 54 pays du continet africain. Siphiwe Sibeko / REUTERS Certains y verront le legs lointain du père du panafricanisme, Kwame Nkrumah. Pour assurer son émancipation économique, « l’Afrique doit s’unir », écrivait, en 1963, l’ancien président du Ghana. Cette doctrine semble avoir guidé la création de la nouvelle zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), dont l’entrée en vigueur sera célébrée lors d’un sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) à Niamey (Niger), dimanche 7 et lundi 8 juillet. Heureuse surprise pour les promoteurs de ce vaste marché commun : le Nigeria a annoncé, mardi 2 juillet, son intention de signer l’accord. Jusqu’ici, la deuxième plus grosse économie du continent, forte de 190 millions d’habitants, avait suspendu sa participation à un projet suscitant des craintes parmi les dirigeants d’entreprise. Avec ou sans le géant d’Afrique de l’Ouest, la Zlecaf compte, de toute façon, un nombre suffisant de ratifications (24 pays sur plus d’une cinquantaine de signataires) pour pouvoir être lancée officiellement. « C’est un acte politique fort qui doit permettre de créer la zone tarifaire la plus grande de la planète en nombre de pays participants », se réjouit Carlos Lopes, ancien secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU et l’un des artisans de cet accord. A terme, le nouvel ensemble est censé rassembler les 55 membres de l’UA, soit un marché de 1,2 milliard de personnes. Doper le développement du commerce régional Concrètement, les droits de douane devront être supprimés sur 90 % des produits dans un délai de cinq à dix ans. Une libéralisation qui vise à doper le développement du commerce régional : actuellement, celui-ci n’absorbe que 15 % des exportations du continent lorsqu’il atteint 68 % en Europe, 61 % en Asie ou 20 % en Amérique latine. Selon Carlos Lopes, la suppression des barrières tarifaires pourrait augmenter de plus de 50 % les échanges intra-africains. Un nouveau marché unique doit aussi encourager la venue des opérateurs étrangers alors que l’Afrique capte dix fois moins d’investissements directs étrangers que l’Asie. Ces desseins sont-ils réalistes ? « Il ne faut pas crier victoire tout de suite, nous en sommes juste au point où le vrai travail commence », avertit le Sénégalais Abdou Diop, associé du cabinet Mazars et installé au Maroc. Le lancement de la Zlecaf pose un cadre, mais tout le contenu doit encore être clarifié. Pour M. Diop, le diable peut se nicher dans les détails. « Que mettront les pays dans les 10 % de lignes tarifaires qui seront protégées ?, interroge cet expert des marchés africains. Si chacun ne veille qu’à ses intérêts, on risque d’exclure tout ce qu’on pourrait commercer en Afrique. » Définir les règles d’origine, l’autre chantier Un autre chantier concerne la définition des règles d’origine, soit les caractéristiques autorisant un produit à se labelliser « made in Africa » et ainsi à bénéficier de droits de douane préférentiels. Des débats qui s’annoncent à la fois sensibles et complexes. Or, les sceptiques rappellent que l’Afrique compte déjà huit communautés économiques régionales au sein desquelles les discussions sont ardues. Comment réussir à plus de cinquante ce que l’on peine à réaliser entre quelques pays ? Par ailleurs, si le commerce intra-africain peine à décoller, « c’est aussi à cause de contraintes structurelles inhérentes au continent », souligne Ruben Nizard, économiste spécialiste de l’Afrique chez l’assureur-crédit Coface. La logistique est ainsi un frein majeur, compte tenu d’un déficit de routes et de voies ferrées qui alourdit les délais et renchérit les coûts. Dans une étude publiée en 2016, le Nepad, une agence de coordination des politiques économiques africaines, rapportait qu’il était « plus facile et moins coûteux pour Coca-Cola, en tant que fabricant de boissons gazeuses au Kenya, d’acheter ses fruits de la passion en Chine, de les transporter jusqu’au Kenya, (…) que d’acheter directement ses fruits à l’Ouganda voisin ». Faiblesse du tissu industriel africain Un autre handicap réside dans la faiblesse du tissu industriel africain. Les exportations africaines, destinées pour l’essentiel aux autres continents, sont majoritairement constituées de matières premières. A titre d’exemple, le Mali et son voisin le Burkina Faso, les deux champions du coton en Afrique de l’Ouest, n’ont pas grand-chose à échanger entre eux. Les avocats de la Zlecaf font le pari qu’une meilleure intégration régionale accélérera la diversification des économies en offrant aux entreprises locales un marché de plus d’un milliard de consommateurs. « Mais pour cela, il faudrait des politiques industrielles qui permettent d’identifier dans chaque pays les filières capables de s’intégrer dans des chaînes de valeur régionales et mondiales », estime Abdou Diop. Lire aussi En Afrique de l’Ouest, un projet risqué de monnaie commune Encore faudra-t-il vaincre les craintes de nombreux pays. Certains redoutent les effets d’une plus grande compétition sur leur industrie naissante. D’autres soulignent la disparition de revenus douaniers, un motif d’inquiétude pour des Etats en mal d’impôts. Avec l’instauration d’un marché commun, « on sait que certains pays gagneront plus que d’autres, mais aucun n’y perdra », veut rassurer M. Lopes. Reste que la volonté politique du plus grand nombre sera déterminante pour avancer. La célérité avec laquelle le Nigeria ratifiera l’accord après l’avoir signé aura sans aucun doute valeur de test.
Un sommet de l’Union africaine doit célébrer l’entrée en vigueur d’une zone de libre-échange continentale, mais les négociations sur son contenu ne font que commencer.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/04/le-marche-commun-africain-un-immense-potentiel-mais-encore-beaucoup-de-travail_5485310_3234.html
mlsum-fr-1721
Kingsley Coman lors du match face à l’Albanie. GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Souvent blessé, parfois malchanceux, la vie en bleu de Kingsley Coman n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. En inscrivant un doublé face à l’Albanie, samedi 7 septembre au Stade de France (4-1), le joueur du Bayern Munich s’est rappelé au bon souvenir de son sélectionneur et du public français. Il pourrait de nouveau se voir offrir une chance, mardi 10 septembre, face à la modeste équipe d’Andorre pour le compte des qualifications à l’Euro 2020. Le Parisien de naissance a, cette fois, su saisir sa chance en profitant de l’absence de plusieurs joueurs, Kylian Mbappé en premier lieu. Intenable sur le front de l’attaque, tranchant dans ses déplacements, ne rechignant pas à faire les allers-retours sur son côté pour les tâches défensives, Coman a, en outre, eu la bonne idée d’inscrire deux jolis buts pour parfaire sa prestation face à l’Albanie. En quatre-vingt-dix minutes, il a donc marqué deux fois plus de buts que lors de ses 17 premières sélections en bleu (un seul but, en mars 2016 dès sa troisième sélection). « C’est la première fois que je suis ovationné ici, en France » Formé au Paris-Saint-Germain, mais exilé très jeune à la Juventus Turin puis au Bayern Munich, Kingsley Coman, 23 ans, a pour une fois été célébré sur ses propres terres. « Ça fait chaud au cœur, souriait-il au terme de la rencontre. C’est la première fois que je suis ovationné ici, en France. » Mais loin de lui l’idée de s’enflammer, il ne sait que trop bien que la suite de sa carrière est conditionnée par une saison pleine, sans blessures. « Je suis professionnel et je sais que ce n’est qu’un match. Tant mieux s’il s’est bien passé, mais il reste un match mardi et une saison derrière. » Le joueur et l’homme reviennent, en effet, de loin. Handicapé par deux grosses blessures à la cheville depuis le début de sa carrière et, par une multitude de petits pépins physiques, Coman n’a jamais pu s’imposer comme titulaire indiscutable en club et en sélection, en dépit de son éclatant talent. S’il avait intégré le groupe tricolore pour l’Euro 2016, il avait manqué le sacre mondial en 2018 en Russie en raison de ses blessures. « Trop, c’est trop. Peut-être que mon pied n’est pas au niveau, j’irai faire ma vie de mon côté », avait-il alors commenté, laissant penser qu’il pourrait mettre un terme à sa carrière. Une déclaration qu’il avait tenue à relativiser par la suite : « Quand je me suis blessé, c’était vraiment la fin du monde. J’avais tout mis en ordre dans ma vie parce que j’avais en vue la Coupe du monde. Je relativise aujourd’hui et je me contente vraiment de peu. » Présent sur la feuille de match contre Andorre en juin, le Bavarois avait dû renoncer à la dernière minute en raison de tensions musculaires. Plus tôt, en mars, c’est vingt-quatre heures avant France-Islande qu’il avait déclaré forfait pour des douleurs au dos. « Cela fait plaisir de le revoir à un tel niveau » « Cela fait plaisir de le revoir à un tel niveau », a déclaré, après la rencontre face à l’Albanie, Didier Deschamps, qui a toujours apprécié le profil et le caractère du Munichois. « Il y a un moment que Kingsley est avec nous, il était là avant l’Euro, il était plus jeune. Aujourd’hui son match est plus à l’image de ce qu’il fait depuis un an avec le Bayern parce qu’il est plus efficace, plus attiré par le but. Il a toujours eu cette capacité de déstabiliser l’adversaire », a commenté le sélectionneur, ajoutant qu’« il faut faire en sorte qu’il ne lui arrive rien sur le plan athlétique ». Le joueur est à un moment charnière de sa carrière. Désormais titulaire au Bayern Munich depuis les départs de Franck Ribéry et Arjen Robben cet été, il sait aussi que l’Euro 2020 se joue dès maintenant. Sa performance face à l’Albanie est-elle en mesure de redistribuer les cartes au sein de l’attaque de l’équipe de France ? Cela impliquerait soit un changement de système, soit le sacrifice d’un attaquant. « Tous ceux qui étaient titulaires face à l’Albanie veulent jouer. Ce ne sera pas la même équipe qui débutera mais Kingsley est un élément important et il aura un rôle à jouer », a déclaré, lundi, Didier Deschamps. L’ancien joueur du PSG s’était montré confiant, dans un entretien accordé à L’Equipe le 6 septembre, dans le fait que son « heure arrivera ». C’est peut-être déjà le cas.
Auteur d’un doublé face à l’Albanie samedi, le joueur du Bayern Munich, dont la carrière a été freinée par de nombreuses blessures, pourrait de nouveau se voir offrir une chance, mardi, face à Andorre.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/09/09/football-enfin-l-envol-en-bleu-pour-kingsley-coman_5508276_1616938.html
mlsum-fr-1722
La maison d’accueil spécialisée (MAS) Virginie, aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). GOOGLE STREET VIEW En quelques jours, les procédures visant la maison d’accueil spécialisée (MAS) Virginie, aux Pavillons-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), se sont accélérées. Le sort de la structure, qui accueille une vingtaine d’adultes en situation de handicap, en majorité autistes ou atteints d’autres troubles envahissants du développement, est désormais suspendu à plusieurs enquêtes, administratives et pénales. Début juillet, une mère de famille dont le fils de 29 ans, Tedrick, vit là depuis huit ans et demi, tire la sonnette d’alarme. Monique François vient de recevoir de manière anonyme une vidéo, sur laquelle on entend un des encadrants menacer son fils de lui « péter les dents » avant de lui asséner un coup avec un bâton, lors d’une sortie organisée dans un stade. Des photographies lui sont aussi envoyées, montrant des blessures sur le corps du jeune homme. « Un gros hématome sur la cuisse et une brûlure de cigarette sur le dos du pied, détaille-t-elle, images à l’appui. J’ai décidé de porter plainte au commissariat et ma fille a averti l’établissement de ces problèmes. » Une éducatrice à qui elle se confie alors l’encourage d’ailleurs à « faire quelque chose pour son enfant », affirme-t-elle, désireuse de ne pas jeter l’opprobre sur toute l’équipe. La direction, après vérification des faits, entame rapidement une procédure de licenciement contre le salarié mis en cause. Mais l’affaire n’en reste pas là. L’Agence régionale de santé (ARS) d’Ile-de-France, alertée, diligente elle aussi une enquête. C’est la troisième en cinq ans visant cette structure, ouverte fin 2011, et la deuxième qui fait suite à un signalement pour violences. A compter de 2014, plusieurs signalements, liés à des dysfonctionnements divers, lui sont parvenus, dont treize depuis 2016. « Mesure d’urgence » Le 25 juillet, les inspecteurs de l’ARS toquent donc à la porte de la MAS Virginie. Lors de cette visite surprise, ils obtiennent confirmation des récents faits de maltraitance et relèvent notamment des carences de personnels. Verdict : « La sécurité des usagers n’est pas garantie. » La sanction ne tarde pas. Cinq jours plus tard, le 30 juillet, le placement sous administration provisoire de l’établissement, fondé en 2011 et géré par une association de parents d’enfants porteurs d’un handicap, l’AIPEI, est prononcé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le désarroi des familles d’enfants autistes face aux soupçons des services sociaux La décision revient à déléguer la gestion du lieu à une autre structure, en l’occurrence l’établissement public de santé mentale de Ville-Evrard, aussi situé en Seine-Saint-Denis. Il s’agit d’une « mesure d’urgence prise en raison de la gravité des faits, afin d’assurer que les personnes accueillies puissent bénéficier d’une bonne prise en charge », précise-t-on à l’ARS.
L’Agence régionale de santé d’Ile-de-France a placé sous administration provisoire l’établissement. Trois familles ont déposé plainte pour des violences au cours des douze derniers mois.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/02/une-maison-d-accueil-specialisee-pour-les-adultes-autistes-mise-en-cause-pour-des-maltraitances_5495769_3224.html
mlsum-fr-1723
Sur les boulevards des Maréchaux du 17e arrondissement de Paris, Lakhdar – les noms des indicateurs et des policiers ont été modifiés – désigne un bar à l’auvent défraîchi. « Je vais le faire fermer, annonce-t-il tout en conduisant sa voiture jaune citron. Dans ce trou à rats, il n’y a que des tapins [des prostituées]. Le patron, c’est le frère de ma femme. Il dit du mal de moi. Je l’ai balancé cette semaine à la police. Ils vont s’occuper de lui. » Plus loin, les jardins suspendus du nouveau tribunal de grande instance, édifice dominant tout le Nord-Ouest parisien, se découpent sur un ciel blanc. « Si l’affaire se passe bien, poursuit Lakhdar, je toucherai une prime et la Préfecture renouvellera mon APS [autorisation provisoire de séjour]. » Dos voûté, traces de brûlures dans le cou, lunettes de vue relevées sur le front : cet homme de 57 ans, ancien proxénète, dealeur occasionnel de cocaïne, ressemble davantage à un retraité nécessiteux qu’à un informateur de la police judiciaire. Après avoir fui le Maroc, au milieu des années 1980, où ses vols répétés lui avaient attiré bien des ennuis, il s’était d’abord réfugié chez un cousin installé à Marseille. Mais la cité phocéenne l’a déçu : « J’étais venu voir la France, et il n’y avait que des Arabes ! » Une semaine plus tard, il prenait un train pour Paris. « Je suis arrivé à la gare de Lyon sans un sou, raconte-t-il. J’ai rencontré une vendeuse dans un magasin. Le coup de foudre ! On s’est mariés et je l’ai mise sur le trottoir, avenue Foch. » Lakhdar est devenu indicateur au début des années 2000, en sortant de la prison de Fleury-Mérogis, où il purgeait une peine de deux ans pour « proxénétisme ». « Un ancien détenu m’a présenté le commandant Christophe [son officier traitant au sein de la police judiciaire parisienne]. C’est la seule personne que je ne trahirai jamais. » Et pour cause : c’est de lui qu’il tient son pouvoir. Avant toute considération morale, Lakhdar cherche d’abord à dominer son entourage, de préférence ceux qui lui ressemblent : les membres de sa famille, les proxénètes à la petite semaine, les dealeurs sans envergure. C’est là sa revanche sur une existence misérable. Elle illustre à merveille les consignes que donnaient les services de renseignement soviétiques, au temps de la guerre froide, pour recruter des traîtres à l’Ouest : « Cherchez d’abord des gens que le destin ou la nature a blessés, (…) qui souffrent d’un complexe d’infériorité, qui rêvent de pouvoir et d’influence. » Le même principe s’applique à l’échelle de Lakhdar : l’appétit d’autorité prime sur le reste. Le prestige est préférable à l’honneur.
Alexandre Kauffmann, auteur du « Troisième Indic » (à paraître chez Flammarion le 25 septembre), s’est immergé dans le monde des informateurs de la police, où gravitent petits dealeurs et escrocs sans envergure et où tout se monnaye, surtout les confidences.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/24/tontons-cousins-ou-balances-les-indics-se-mettent-a-table_6012764_3224.html
mlsum-fr-1724
La polémique sur le rapport de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) au sujet de la mort de Steve Maia Caniço est telle que ses dirigeants sortent du silence pour justifier l’enquête administrative. La directrice du service, Brigitte Jullien, et le chef de l’unité de coordination des enquêtes, David Chantreux, ont défendu la synthèse de neuf pages, dans les colonnes de Libération , dimanche 4 août. Une mise au point qui intervient au lendemain de heurts entre des manifestants venus rendre hommage à Steve Maia Caniço, dans le centre de Nantes, et les forces de l’ordre présentes sur place. « Nous n’avons jamais eu la volonté de blanchir qui que ce soit », a affirmé David Chantreux, qui rappelle que l’enquête administrative ne constitue pas « la fin de l’histoire ». Une procédure judiciaire a été ouverte par le procureur de Nantes, mardi 30 juillet, alors que l’enquête de l’IGPN est, elle, « prédisciplinaire », a expliqué Brigitte Jullien. « L’emploi de la force était légitime » Brigitte Jullien, directrice de l’IGPN, le 13 juin, à Paris. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Accusés de protéger les fonctionnaires de police même lorsqu’ils font un usage disproportionné de la force, les fonctionnaires ont maintenu que la riposte était, ici, justifiée. « L’emploi de la force était légitime en réaction à des jets de projectiles », affirme la directrice du service. Même son de cloche pour M. Chantreux : « A partir du moment où ils prennent ces projectiles, pour nous, juridiquement, ils sont légitimes à riposter. » Et ce, malgré la proximité du fleuve. Les deux interviewés se refusent aussi à évoquer une quelconque « charge policière ». Les vidéos qu’ils ont visionnées ne montrent pas de « policiers (qui) courent, clairement, en groupe, vers l’avant, munies d’armes de maintien de l’ordre », soutient M. Chantreux. Quant au fait que la synthèse ignore les témoins qui affirment dans les médias être tombés à l’eau à cause de l’intervention policière, Mme Jullien botte en touche : « Peut-être que nos enquêteurs ne l’ont pas vu, je ne sais pas. » Cependant, « on ne dit pas qu’il n’y a aucune possibilité qu’il y ait un lien entre la chute de Steve et l’intervention de police, ou que la victime est tombée pour une tout autre cause. On dit simplement qu’on n’a pas établi un lien avec les moyens d’une enquête administrative », a affirmé M. Chantreux. Lire nos informations : Des secouristes décrivent une intervention policière « totalement disproportionnée » à Nantes Les moyens d’une enquête administrative JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP Les dirigeants de la police des polices ont insisté sur les moyens limités qu’ils possèdent en comparaison avec le corps judiciaire. « Il n’est par exemple pas possible d’accéder aux procès-verbaux de plainte. On ne peut pas non plus convoquer des tiers, ils doivent se présenter spontanément », a énuméré Mme Jullien. Les fonctionnaires ont aussi rappelé que la justice n’avait pas le droit de leur fournir des pièces de l’enquête judiciaire, l’IGPN étant considérée comme n’importe quelle administration. Ils doivent rester entièrement indépendants. « Nos enquêtes, leurs conclusions, ne sont jamais lues par qui que ce soit avant que je les signe. Ni par le directeur général [Eric Morvan] ni par le ministre de l’intérieur [Christophe Castaner] », a affirmé Mme Jullien. Les responsables ont aussi été invités à évoquer la question des violences policières – une expression qu’ils réfutent –, de manière plus globale. Quand un civil est blessé ou meurt lors d’une opération de maintien de l’ordre, il est difficile d’identifier le policier ou les policiers responsables à l’origine des violences. Pour M. Chantreux, interrogé sur les enquêtes sur les « gilets jaunes » blessés, « des policiers de l’IGPN ont parfois visionné des centaines d’heures de vidéos pour parvenir à une authentification », ce qui pourrait « interroger sur le coût que ça représente pour le contribuable ». Pas sûr que les manifestants qui ont perdu un œil partagent son analyse. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Christophe Castaner empêtré dans les polémiques sur les violences policières
La polémique sur le rapport publié la semaine dernière est telle que les dirigeants de l’IGPN sortent du silence.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/05/nous-n-avons-jamais-eu-la-volonte-de-blanchir-qui-que-ce-soit-les-dirigeants-de-l-igpn-s-expliquent-sur-le-dossier-steve-maia-canico_5496648_3224.html
mlsum-fr-1725
C’est une petite révolution culturelle qu’a accomplie EDF ces derniers mois : se lancer dans la bataille concurrentielle avec des offres de marché distinctes du tarif réglementé de vente (TRV), plus connu sous le nom de « tarif bleu ». Si près de 80 % des foyers français – soit plus de 25 millions de ménages – sont abonnés à ce tarif régulé par l’Etat, l’opérateur historique perd 100 000 clients par mois depuis plus de deux ans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment le patron d’EDF veut scinder son groupe en deux et le privatiser en partie Il faut dire qu’en face la concurrence est de plus en plus rude : une quarantaine d’acteurs se disputent le marché en proposant des offres souvent moins chères que celles d’EDF. En 2018, plus d’un foyer sur deux a été démarché par des fournisseurs alternatifs pour les convaincre de quitter EDF. « C’est normal de perdre des clients, tout est organisé par le régulateur pour qu’on en perde », justifiait en février Jean-Bernard Lévy, le PDG du groupe. Le groupe est coincé Pour faire face à cette compétition, le groupe a présenté, mardi 18 juin, une nouvelle offre baptisée « Mes jours zen » et lancée ce jeudi 20 juin. Elle permet de bénéficier d’un tarif légèrement moins cher les week-ends et les jours fériés, et éventuellement un jour par semaine, au choix. Pour cela, l’usager doit déplacer ses consommations d’électricité aux jours les moins chers pour réaliser des économies. Cette offre est réservée aux clients disposant d’un compteur Linky, qui permet de mesurer la consommation quotidienne. EDF affirme avoir attiré 300 000 clients sur ses offres alternatives en dix-huit mois « Mes jours zen » vient s’ajouter à l’offre « Vert électrique », lancée en 2017 par l’électricien, qui est vendue à un tarif plus cher que le tarif réglementé de vente, mais garantit une électricité d’origine renouvelable. Au total, EDF affirme avoir attiré 300 000 clients sur ses offres alternatives en dix-huit mois, et espère en attirer 700 000 de plus d’ici à fin 2020. Le groupe public est coincé : il ne peut rester inactif face à la concurrence, mais n’a pas intérêt à ce que ses clients délaissent les tarifs réglementés. « Notre stratégie ne repose plus sur le seul tarif bleu, ce qui était largement le cas jusqu’alors », assure Fabrice Gourdellier, directeur du marché des clients particuliers du groupe, qui prévient pourtant : « On ne convertit pas notre portefeuille de clients au “tarif bleu” vers nos offres de marché, ce n’est pas notre stratégie actuellement. » Autrement dit : il s’agit de convaincre des foyers qui déménagent ou qui ont déjà quitté EDF pour un concurrent.
L’électricien, qui perd 100 000 clients par mois, lance jeudi 20 juin une nouvelle offre pour tenter de convaincre les particuliers de revenir.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/20/edf-veut-endiguer-la-perte-de-clients-particuliers_5478803_3234.html
mlsum-fr-1726
Dans le centre de santé de Bocabo, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, en décembre 2018. Guillaume Binet pour Action contre la faim C’est un drôle de nom pour une exposition. Pour ses quarante ans d’existence, l’ONG française Action contre la faim (ACF) a intitulé « Ce que je vois » le parcours photographique qu’elle présente à la galerie Wanted, à Paris, jusqu’au dimanche 27 octobre. L’organisation a confié un appareil photo à 20 hommes et femmes de tout âge issus de communautés où elle intervient pour qu’ils racontent leur quotidien, leur histoire et délivrent le message qui leur tient à cœur. La qualité du résultat tient autant à ce que ces artistes d’un jour réussissent à capter de leur environnement qu’à l’effort de récit auquel ils s’attellent. Pour réussir à « s’extérioriser », comme le dit l’Ivoirienne Mariam Diarrassouba. Parfois des fulgurances esthétiques, l’instant décisif qui résume tout, surgissent. Souvent, les photos sont brutes, et toujours intimes, parce que la plupart choisissent de raconter comment ils en sont arrivés « là ». Là, c’est loin de chez eux. Dans un camp de réfugiés en Jordanie, un autre au Bangladesh. Là, cela peut être aussi « au village », dans un hameau de montagne du Guatemala ou à Adiopodoumé, l’un des quatorze quartiers qui constituent la commune populaire de Yopougon de plus d’un million d’habitants, aux confins des faubourgs d’Abidjan. « Un début de résilience » Pour mener à bien ce projet entre décembre 2018 et avril 2019, le photoreporter indépendant Guillaume Binet s’est rendu en Côte d’Ivoire, en Jordanie, au Guatemala et au Bangladesh afin de rencontrer les participants de ces ateliers photographiques. Cinq personnes sont retenues par atelier et, après quelques heures consacrées aux secrets du récit par l’image, les apprentis reporters se lancent, appareil photo en main, avec cet ultime conseil : « Prenez beaucoup d’images ! », raconte Nicolas Ossard, du pôle édition pour ACF, qui a travaillé en tandem avec Guillaume Binet sur le projet. Vendeuse de rue à Adiopodoumé, en banlieue d’Abidjan, en décembre 2018. Fatoumata Dosso pour Action contre la faim Tous les jours durant une semaine, les photographes néophytes se montrent leur moisson et en débattent pour confronter les points de vue, avancer sur leurs récits. « Ce retour sur soi, sur ce que l’on veut raconter et s’interroger sur le fait qu’il faut que son récit puisse intéresser les autres, n’était pas facile, se souvient Guillaume Binet. Certains participants ont vécu de graves traumatismes, mais il fallait les amener à dégager un point de vue. Non pas leur dire ce qu’il fallait raconter ou pas, mais commencer à faire un travail d’analyse, qui permet aussi un début de résilience. » Pour les encourager, le reporter professionnel raconte ses propres difficultés, partage parfois aussi ses images « ratées », réalisant les portraits des participants et des photos du contexte dans lequel ils vivent. Dans les rues d’Adiopodoumé, en banlieue d’Abidjan, en décembre 2018. Faustin Gapka pour Action contre la faim D’atelier en atelier, les motivations s’affinent, les difficultés pointent. Il faut « montrer la cohésion de notre communauté. Que, dans la différence, on peut vivre ensemble », avance Faustin Gapka, 46 ans, habitant d’Adiopodoumé. « Moi je veux révéler au monde entier l’état de santé de ma ville, dénonce Innocent Dago, 50 ans, pasteur du « village ». Car même l’analphabète peut lire la photographie. » Etudiante sans emploi de 26 ans, Fatoumata Dosso fait taire l’assistance sans le vouloir : « Je veux raconter les histoires des femmes de ma société, puisque je vois qu’elles travaillent plus que les hommes. » Comment obtenir le consentement des futurs photographiés, qui lancent parfois un ironique « Tu fais le Blanc là avec ton appareil » ? Innocent propose : « Moi je m’assois et je dis : est-ce que je peux vous prendre un peu d’image ? » Adiopodoumé, en banlieue d’Abidjan, en décembre 2018. Yves Koffi pour Action contre la faim Au Guatemala, chez les Mayas des montagnes de Chiquimula, le changement climatique domine les échanges, la déforestation pour la culture du café qui détruit tout, les conditions de vie très « rudes » mais « solidaires » transcendant les motivations. Dans les camps jordaniens, où les participants sont plus « aisés » et manient bien les réseaux sociaux, « il leur a fallu désapprendre, se souvient Guillaume Binet. Laisser tomber les codes de la photo d’illustration, retravaillée, pour développer une expression plus personnelle, sans artifice, aller au-delà de la promotion de soi. » « Continuer ma poésie » Enfin, à Kutupalong, plus grand camp de réfugiés au monde, où le Bangladesh accueille 1,2 million de Birmans rohingya, minorité musulmane persécutée, c’est encore la sidération après les villages dévastés, les viols et les massacres perpétrés depuis août 2017. Les yeux sont baissés, les voix timides. « Garder notre douleur pour nous, ça ne sert qu’à la rendre plus grande. Il vaut mieux la partager », tente Minara Habib Ahmed, 28 ans, arrivée au camp avec ses trois enfants. Muhammad Suhail Siddique Ahmed, 20 ans, ajoute : « Partager mon expérience me ferait sentir plus léger. Je suis plein de chagrin à l’intérieur. » « Nous mangeons, mais sans joie. Nous ne vivons pas, nous survivons, laisse couler Yasmin Nurul Amin, 18 ans. Notre histoire, c’est celle des gens sans adresse permanente. » Dans le camp de réfugiés de Kutupalong, au Bangladesh, qui accueille 1,2 million de Birmans royinga qui ont fui persécutions et massacres, en avril 2019. Minara Habib Ahmed pour Action contre la faim Des personnalités artistiques émergent, des consciences politiques s’osent, des rêves de nouveaux départs aussi. L’Ivoirienne Mariam, 35 ans et deux enfants, se promet de « continuer [sa] poésie ». Elle a réussi à « sortir » d’elle un texte à la première personne et à le mettre en images. Devant son groupe, elle scande en montrant du doigt photo après photo : « Le jour se lève, lueur d’espoir ? Une fois encore, je dois me lever Ces tâches qui me volent mon enfance Enfance perdue Adolescence sacrifiée Mes tristes mains de jeune fille Sur cette planche à laver J’ai si mal… Sous le poids de ce bidon Mon frêle corps qui s’atrophie Oh maman ! Comme les autres filles Je voudrais être Je n’en peux plus de cette spatule Cette vapeur, elle me brûle le visage Et ce feu-là ! Vois mes mains à la tâche Elles ne m’appartiennent plus » Un silence. Les applaudissements sortent, les larmes aussi. Partager sa faim d’espoir, au-delà de l’écrasant quotidien. Exposition photographique « Ce que je vois » à la galerie Wanted, 23, rue du Roi-de-Sicile, 75004 Paris. Entrée libre jusqu’au 27 octobre, de 10 heures à 20 heures. Ce que je vois, photographier pour témoigner, ouvrage photographique collectif, éd. Autrement, 25 euros, 214 pages. Sandrine Berthaud-Clair
Pour ses 40 ans, l’ONG Action contre la faim a confié un appareil numérique à 20 bénéficiaires de quatre pays, dont la Côte d’Ivoire, pour raconter leur quotidien.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/24/exposition-ce-que-je-vois-un-parcours-photographique-a-hauteur-de-vie_6016798_3212.html
mlsum-fr-1727
Mario Draghi termine son mandat au bazooka. Le président de la Banque centrale européenne a annoncé jeudi 12 septembre un grand paquet de mesures de relance afin de soutenir une économie européenne en plein ralentissement. Comme attendu, il a baissé le taux d’intérêt de dépôt de – 0,4 % à – 0,5 %. Plus surprenant, alors que le conseil des gouverneurs de la BCE était divisé sur le sujet, il reprend aussi le fameux « quantitative easing » (QE), ce programme qui consiste à acheter des titres sur les marchés (essentiellement des obligations du Trésor). Il va même jusqu’à ne pas donner de date de fin du QE, affirmant que celui-ci continuera « tant que nécessaire ». De quoi offrir, au total, un « stimulus significatif », selon ses mots. M. Draghi ne cache pas son pessimisme quant à la conjoncture de la zone euro. S’il estime le risque d’une récession « faible », il constate, en revanche, que « le ralentissement est plus marqué que prévu ». La BCE prévoit seulement 1,1 % de croissance cette année. Quant à l’inflation, elle demeure obstinément très loin de l’objectif officiel d’être juste en dessous de 2 %, avec une prévision de 1,1 % cette année et 1,2 % l’année prochaine. Message très politique Mais bien au-delà des mesures, M. Draghi a utilisé l’avant-dernière conférence de presse de son mandat, qu’il quitte fin octobre, pour envoyer un message très politique. En termes à peine déguisés, il demande à l’Allemagne de desserrer les cordons de la Bourse en faisant de la relance budgétaire. « Les gouvernements qui ont une marge de manœuvre budgétaire doivent agir rapidement. » Il affirme que le conseil des gouverneurs est uni sur le sujet. « [A sa réunion], il y avait unanimité que la politique budgétaire doit devenir le principal instrument. (…) Les 11 millions d’emplois créés [depuis la fin de la crise], le retour de la croissance [dans la zone euro], sont principalement venus de la politique monétaire. Il est maintenant grand temps que la politique budgétaire prenne le relais. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Allemagne balaie la perspective d’une relance budgétaire M. Draghi insiste d’autant plus sur le sujet qu’il reconnaît que les taux d’intérêt négatifs présentent des « effets secondaires » négatifs. Le plus direct est le coût que cela représente pour les banques. Selon les calculs de la banque Jefferies, les banques européennes perdaient 7,1 milliards d’euros par an par ce biais, avant même la baisse du taux de dépôt à – 0,5 %. « Si les politiques budgétaires étaient en place, les effets secondaires de la politique monétaire seraient moins forts (…) et il y aurait moins besoin de garder les taux négatifs longtemps », ajoute M. Draghi. Une façon de dire aux tenants d’une stricte orthodoxie budgétaire, qui sont aussi mal à l’aise avec l’activisme de la BCE, qu’il faut choisir entre les deux : plus l’arme budgétaire sera utilisée, moins l’arme monétaire sera nécessaire. Colère de Donald Trump Les décisions de la BCE ont provoqué la colère de Donald Trump. Le président américain, qui était déjà intervenu dans le débat, a fait connaître son déplaisir sur Twitter. « La BCE (…) essaie, et a réussi, à déprécier l’euro face à un dollar TRES fort, ce qui pénalise les exportations américaines. Et la Fed [la banque centrale américaine] attend, attend, attend… ». De fait, les annonces de M. Draghi ont fait fléchir l’euro quelques heures à peine, avant de revenir à son niveau de la veille dès l’après-midi de jeudi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Fed prise au piège de Donald Trump A ce ton de guerre des monnaies, qui permet à Donald Trump de mettre la pression sur sa propre banque centrale, M. Draghi répond de façon glaciale : « Nous ne visons pas le taux de change [dans nos décisions]. » Il ajoute que le « consensus du G20 » est de ne pas se livrer à des dévaluations compétitives et qu’il s’attend à ce que « tous les Etats le respectent ». Dans le détail, le nouveau plan de relance de la BCE demeure bien inférieur à son activisme employé au plus fort des difficultés de la zone euro. Les achats de titres commenceront à 20 milliards d’euros par mois à partir de novembre, à comparer à un pic de 80 milliards d’euros pendant la crise. Mais M. Draghi laisse à sa successeur, Christine Lagarde, qui prend ses fonctions le 1er novembre, une banque centrale plus que jamais clé de voûte de la zone euro.
Pour sa dernière décision avant de quitter son poste, Mario Draghi annonce un grand plan de relance, mais appelle surtout l’Allemagne à desserrer son budget.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/12/la-bce-baisse-ses-taux-et-relance-son-aide-monetaire_5509642_3234.html
mlsum-fr-1728
Claudio, interprété par Dario Grandinetti dans le film « Rojo ». Condor Films L’avis du « Monde » - A voir Les deux premières séquences de Rojo promettent un film hors du commun. Malgré l’acuité intellectuelle et esthétique du jeune réalisateur argentin Benjamin Naishtat, le reste de son troisième long-métrage ne retrouve pas la force et la cruauté de ces premiers moments, qui sont à la fois le prologue d’une tragédie intime et les prolégomènes de l’analyse d’une catastrophe – le basculement de l’Argentine dans le totalitarisme, en 1976. Il ne faut pas non plus exagérer le hiatus entre ce début magistral et le reste de Rojo : cette œuvre trouvera de toute façon une place éminente dans la somme historique qu’ont constituée les jeunes cinéastes argentins nés pour la plupart sous ou après (c’est le cas de Naisthat, né en 1986) la dictature militaire. On voit d’abord une maison, un pavillon suburbain filmé depuis le trottoir opposé d’une rue peu passante. Un par un, des gens bien mis en sortent, les bras chargés de mobilier. La première fois on se dit qu’un voisin est venu récupérer un objet prêté, la seconde fois que les occupants déménagent à la cloche de bois. A force de répétition, la réalité du moment s’impose : c’est par le pillage d’un domicile abandonné que commence Rojo. Un carton a prévenu, l’histoire se passe à l’extérieur de Buenos Aires, en 1975. Au moment où la présidente élue, Isabel Peron, voit son autorité vaciller à force de compromis avec les militaires, où une partie de la gauche a choisi la lutte armée, où les forces de l’ordre forment les escadrons de la mort. Sans transition, la deuxième séquence s’installe dans un restaurant bourgeois. Un homme à l’air affable, que l’on appelle « docteur » (il est avocat) attend son épouse. Un autre client, plus jeune, aux cheveux longs (Diego Cremonesi), apostrophe le garçon en dénonçant ce client qui occupe une table sans consommer alors que lui a faim et est prêt à manger, là, tout de suite. L’avocat lui cède sa place et, une fois debout, entame une tirade, chef-d’œuvre de rhétorique du bon sens, qui retourne à la fois la salle et le personnel contre l’intrus jusqu’à ce que celui-ci soit expulsé du restaurant. La soirée est loin d’être terminée. Lorsque le soleil se lèvera, Claudio (Dario Grandinetti, que les Européens avaient découvert dans Parle avec elle, d’Almodovar) aura ourdi, en partie à son corps défendant, la disparition de l’importun. Mise en scène hyperactive Cette disparition présage celles de milliers d’Argentins, enlevés, détenus et torturés dans des prisons clandestines avant d’être assassinés. L’ambition de Naishtat est de disséquer la société qui a toléré, voire encouragé, l’amputation à vif de tant de ses membres. Cette volonté analytique se heurte à ses aspirations formelles. Le récit est découpé en tableaux qui sont autant d’arguments – la fille de Claudio, lycéenne, répète un spectacle inspiré de la colonisation espagnole ; une bande d’adolescents de bonne famille se heurte à un garçon issu d’un milieu moins favorisé ; une visite sur un élevage, le jour de la castration des veaux, illustre la brutalité du système latifundiaire. Cette architecture un peu froide se heurte au style qu’a adopté le cinéaste. Les couleurs, les mouvements de caméra, le montage, évoquent le cinéma de l’époque, l’américain (Lumet, Pakula) comme l’italien (Rosi, Petri). Cette mise en scène hyperactive tire le récit vers une vivacité qu’interdit la structure du scénario. Il incombe à Dario Grandinetti de faire cohabiter les termes de ce paradoxe : il met l’intelligence, la sensibilité, même, de son personnage au service d’une infinie médiocrité morale. Sur ce chemin vers l’abîme, il croisera le chemin d’un détective privé chilien (Alfredo Castro, l’acteur de prédilection de Pablo Larain), venu enquêter sur le sort du mystérieux dîneur. L’apparition tardive de ce personnage autorise l’injection d’une dose d’humour (très noir, certes) dans l’univers étouffant de Rojo. L’enquêteur fait semblant de jouer les Hercule Poirot, poussant l’avocat dans ses derniers retranchements. Ce moment absurde n’est qu’un détour : malgré son comportement d’histrion, le détective chilien reste avant tout le messager d’une autre tragédie – le coup d’Etat de Pinochet en 1973 – dont il porte la contagion. Film argentin de Benjamin Naishtat, avec Dario Grandinetti, Andrea Frigerio, Alfredo Castro (1 h 49). Sur le Web : www.condor-films.fr/, facebook.com/CondorDistribution
Le film du réalisateur argentin Benjamin Naishtat dissèque la société qui a toléré, voire encouragé les enlèvements et tortures de la dictature argentine.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/03/rojo-prelude-pour-un-massacre_5484677_3246.html
mlsum-fr-1729
Après l’échec des négociations entre le groupe au losange et son concurrent Fiat Chrysler Automobiles (FCA), l’Etat est prêt à réduire sa part dans le constructeur français afin de consolider l’alliance Renault-Nissan, a déclaré samedi 8 juin le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire dans un entretien à l’AFP, en marge des réunions des ministres des finances et banquiers centraux du G20 à Fukuoka, au Japon. L’Etat possède 15 % du capital de Renault, qui détient 43,4 % de Nissan. Le groupe japonais possède 15 % de Renault, mais sans droit de vote. Cette relation est depuis longtemps jugée déséquilibrée par Nissan. Les relations entre les deux partenaires se sont fortement détériorées depuis l’affaire des malversations présumées du bâtisseur du partenariat franco-japonais, Carlos Ghosn. Et le fait que Renault n’ait pas prévenu son allié japonais des discussions avec FCA n’a pas arrangé les choses. Bruno Le Maire s’exprimait deux jours après le coup de tonnerre provoqué par le retrait par FCA de son projet de fusion de 30 milliards d’euros avec le constructeur français. « Consolidation de l’alliance » « Remettons les choses dans le bon ordre, a expliqué Bruno Le Maire. Dans le bon ordre, ça veut dire d’abord la consolidation de l’alliance, et ensuite la consolidation (avec d’autres partenaires), et pas l’un avant l’autre, parce que sinon vous risquez que tout s’effondre comme un château de cartes. » « Nous pouvons réduire la part de l’Etat dans le capital » de Renault, a ajouté le ministre. « Cela ne pose pas de difficultés sous réserve qu’au bout du compte on ait une alliance plus solide entre les deux grands constructeurs automobiles que sont Renault et Nissan. » A propos d’autres éventuels rapprochements, « nous sommes ouverts à toutes les possibilités de consolidation sous réserve que l’ensemble des partenaires soient d’accord », a poursuivi Bruno Le Maire. Mais « sur des sujets qui engagent des centaines de milliers d’emplois, il faut prendre son temps, nous n’agirons pas dans la précipitation ». Jeudi, le ministre de l’économie avait déclaré que l’Etat français restait ouvert à des opérations de rapprochement pour Renault mais menées sans précipitation et garantissant les intérêts industriels du constructeur automobile comme de la France. Ni Renault ni Nissan n’étaient disponibles dans l’immédiat pour commenter cette interview. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jean-Dominique Senard affaibli, Renault enlisé : le coût de la fusion ratée avec Fiat
Le ministre de l’économie Bruno Le Maire s’est exprimé depuis le Japon, deux jours après l’échec des négociations entre Renault et son concurrent Fiat Chrysler.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/08/l-etat-se-dit-pret-a-reduire-sa-part-dans-renault-pour-consolider-l-alliance-avec-nissan_5473480_3234.html
mlsum-fr-1730
« Je fais suivre : boycottez les conserves Bonduelle… » C’est sous cet intitulé que la rumeur véhicule un message, attribué à « une habitant de la banlieue de Rouen » : « Bonduelle [est] en train de récolter les haricots et les flageolets à 80 km de Rouen sans aucun scrupule !!! Mon mari est chauffeur et c’est lui qui [les] ramène à la conserverie !!! On est en train de nous mettre des cancers en boîte chez Bonduelle. Mais les petits producteurs même chez nous dans le nord [ont l’interdiction] de vendre ou consommer leurs cultures et le lait… » Facebook.com / Anonymous France Ce message a été partagé des milliers de fois sur Facebook depuis la mi-octobre, notamment sur la page Facebook Anonymous France (un compte sans lien avec le mouvement Anonymous et qui diffuse un grand nombre de fausses informations). POURQUOI C’EST FAUX Des restrictions de vente jusqu’au 18 octobre Les agriculteurs de 206 communes de cinq départements (Seine-Maritime, Oise, Somme, Aisne et Nord) ont dû se plier à des restrictions de vente de produits alimentaires après l’incendie de l’usine Lubrizol. Ces mesures ont été prises en réaction au panache de fumée et aux suies d’hydrocarbure qui sont retombées au nord-est de Rouen, pour certains à plus de 80 km. La liste des produits concernés comprenait aussi bien les céréales que les fruits et légumes, le lait, le miel, etc. – et ce, sans distinction entre « petits » et « grands » producteurs. L’Agence nationale de sécurité sanitaire et de l’alimentation (Anses) a publié, le 18 octobre, un avis basé sur les résultats de 502 analyses sur des produits soumis à restriction entre le 28 septembre et le 10 octobre. Selon l’Anses, les produits testés sont « conformes dans leur forme consommée et présentent des résultats en deçà des valeurs réglementaires », à l’exception de quatre échantillons de légumes prélevés dans la Somme, qui ne correspondaient pas à des formes directement consommables (ils n’étaient ni lavés ni pelés). Toutes les restrictions de commercialisation sur les produits agricoles ont été levées à la suite de la publication de cet avis, vendredi 18 octobre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’économie locale fait ses comptes après l’incendie à l’usine Lubrizol près de Rouen Bonduelle assure avoir respecté les restrictions Qu’en est-il de Bonduelle ? Les premières traces de cette rumeur sur Facebook remontent à la mi-octobre, quelques jours avant la levée des interdictions de vente. Nous n’avons, en revanche, pas retrouvé la trace de la supposée « habitante de la banlieue Rouen » qui aurait écrit ce message. Impossible, donc, d’avoir plus de précisions sur les lieux de récoltes, qui ne sont pas précisés dans le message. Du côté de Bonduelle, une porte-parole assure au Monde avoir pleinement respecté les arrêtés : « Rien n’a été récolté là où il y avait une interdiction. » L’entreprise a toutefois pu se fournir en légumes dans des zones alentour qui n’étaient pas visées par les arrêtés, ce qui était parfaitement légal. Mais Bonduelle assure avoir, « par précaution », mis de côté les conserves issues de ces récoltes dans l’attente des expertises publiques. Après avoir pris connaissance de l’avis de l’Anses, l’entreprise a décidé, lundi 21 octobre, de commercialiser ces produits. Par ailleurs, Bonduelle précise que « la plupart des haricots verts ont été récoltés avant le 25 septembre ». Des deux légumes cités par la rumeur, ce sont plutôt les flageolets qui seraient concernés pendant la période. En résumé, rien ne permet, en l’état, d’accuser Bonduelle de ne pas avoir respecté les réglementations qui ont suivi l’incendie de Lubrizol, survenu le 26 septembre. Si des produits ont pu être récoltés dans les régions aux alentours du site, l’entreprise s’est fiée aux analyses de l’Anses qui ont montré que les produits récoltés dans la région étaient conformes aux normes réglementaires.
Une rumeur affirme que l’entreprise commercialiserait des légumes contaminés par la catastrophe industrielle. L’entreprise dit avoir respecté les restrictions.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/10/21/non-bonduelle-ne-met-pas-des-cancers-en-boite-depuis-l-incendie-de-lubrizol_6016347_4355770.html
mlsum-fr-1731
Une employée d’un centre des impôts aide, le 11 mars 2003, à Falaise, une contribuable à remplir sa feuille de déclaration sur laquelle figure le pacs. MYCHELE DANIAU / AFP A l’époque, ses opposants y voyaient « l’apocalypse de notre civilisation ». Le 13 octobre 1999, le pacte civil de solidarité (pacs) a été définitivement adopté par les députés, après une âpre bataille parlementaire. Vingt ans plus tard, cette grande réforme sociétale des années Jospin, lointaine précurseuse du mariage pour tous, rencontre un succès qui ne se dément pas. Plusieurs fois réformé, le pacs talonne désormais le mariage, en déclin depuis cinquante ans — 400 000 mariages étaient célébrés en 1970 contre 230 000 en 2017. Cette même année, les couples homosexuels ont d’ailleurs été plus nombreux à signer des pacs (7 336) qu’à célébrer leur mariage (7 244). Pour Irène Théry, sociologue du droit et de la famille, directrice d’études à l’EHESS (Ecole des hautes études en sciences sociales) et autrice du rapport ministériel « Filiation, origines et parentalité » (Odile Jacob, 2014), le pacs répond à une évolution de la société, qui a vu une multiplication du nombre de couples hors mariage désireux de donner des droits à leur vie commune. Lire aussi Le pacs s'est imposé dans le paysage nuptial français Dans quel contexte la loi sur le pacs a-t-elle été adoptée il y a vingt ans ? Irène Théry : A partir des années 1970, on a vu émerger des mouvements donnant plus de visibilité à l’homosexualité. Mais ce qui a précipité le pacs est l’épidémie de sida. Au moment où la France découvrait, dans la tragédie, la force de l’amour homosexuel, les compagnons des malades faisaient l’expérience dramatique de se voir chassés du domicile à la mort du conjoint, interdits d’obsèques par la famille, spoliés des objets communs… De ce choc est née l’exigence de changer la loi. On se souvient des opposants au pacs criant « les pédés au bûcher », de la députée Christine Boutin et de sa Bible. Mais on a oublié que parmi les défenseurs des droits des homosexuels, il y avait une divergence majeure. Pour nombre d’entre eux, à commencer par la ministre de la justice de l’époque, Elisabeth Guigou, il fallait donner des droits, mais sans instituer en droit un couple de même sexe. Elle redoutait que cela n’ouvre la porte à la question de la famille. Jusqu’à son dernier discours avant le vote, elle a insisté sur le fait que le pacs pouvait être contracté par deux amis ou deux collègues. Mais pour d’autres, à commencer par Aides, la grande association de soutien aux malades, l’enjeu majeur était au contraire de changer la définition pluriséculaire du couple. Robert Badinter s’engagea au Sénat : « Les homosexuels doivent entrer dans le droit par la grande porte du code civil ». Il parvint, avec les rapporteurs Jean-Pierre Michel et Patrick Bloche, à assurer cette redéfinition du couple par l’ajout d’un article sur le concubinage. On vota le pacs sans avoir tranché sur son sens, et il fallut un avis du Conseil constitutionnel pour confirmer qu’il était bien le contrat d’un couple ! Aujourd’hui, on a du mal à se remémorer ces débats, tant le pacs symbolise la reconnaissance des couples de même sexe en France. Le nombre de personnes pacsées ne cesse d’augmenter, comment expliquer cet engouement ? Le pacs à la française, ouvert à tous mais donnant au départ très peu de droits, et avec une rupture unilatérale par simple lettre recommandée, a été une exception en Europe. Les autres pays ont choisi plutôt à l’époque une « union civile » pour les couples homosexuels, identique au mariage excepté du point de vue de la filiation. Du coup, on s’interrogeait : le pacs est-il plutôt une sorte de « sous-mariage », ou plutôt une sorte de « sur-concubinage » ? Avec le temps, la réponse est devenue parfaitement claire : le sens social du pacs est d’être une « déclaration officielle de concubinage ». C’est la réponse que notre société a trouvée au développement massif de la cohabitation hors mariage. Vous voulez simplement vivre ensemble en revendiquant des droits sociaux et fiscaux liés à cette cohabitation, par exemple l’imposition commune : vous faites un pacs. Vous le ressentez non pas comme un « sous-mariage », mais comme une déclaration de vie en commun, que l’on peut rompre sans formalité si la cohabitation cesse. Il est donc logique qu’il soit aussi bien plébiscité par les couples hétérosexuels qu’homosexuels – du moins s’ils ne pensent pas à la mort, le partenaire pacsé n’étant pas héritier. Le pacs peut être une première étape vers le mariage. Mais ce peut être aussi un choix de vie alternatif. C’est en effet souvent un statut intermédiaire entre l’union libre et le mariage. Qu’a apporté le pacs à la conjugalité ? Ce qui me paraît l’essentiel, c’est de ne pas dramatiser artificiellement des « modèles » opposés. Les mêmes qui ont adoré l’union libre se retrouvent un jour, surpris et enchantés, à se jurer fidélité dans l’apparat de la salle des mariages. Union libre, pacs, mariage, le grand et vrai changement, c’est que depuis la loi de 2013 sur le mariage, cette pluralité des choix puisse être pour deux femmes ou pour deux hommes, comme pour un homme et une femme. Le couple de même sexe a désormais sa place au cœur de nos institutions, et avec la PMA pour toutes, la filiation homoparentale lui emboîte le pas. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La lutte contre l’homophobie demande une égalité des droits civils et familiaux »
En vingt ans, le pacte civil de solidarité a su se faire une place à côté du mariage, permettant aux couples de donner des droits à leur union, explique Irène Théry, sociologue du droit et de la famille.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/16/irene-thery-le-pacs-n-est-pas-un-sous-mariage-mais-une-declaration-de-vie-en-commun_6015741_3224.html
mlsum-fr-1732
un pan de l’histoire humaine qui s’y trouve représenté. L’occasion de quelques belles échappées dans la région, au-delà de Barcelone. Cripta de la Colònia Güell - Imagen MAS - ACT De remarquables peintures rupestres Au sud de Tarragone, le site de Cabra Feixet contient les restes d’un sanctuaire actif il y a plus de 35 000 ans. Au cœur du lieu, dans une grotte perchée à flanc de canyon, se trouve une série de peintures rupestres uniques représentant des scènes de chasse, dans de riches tons rouges et noirs. Plus au nord, proche de Balaguer, la grotte de Els Vilars recèle quant à elle près de trente dessins datant de l’âge de bronze ; parmi eux, on remarque une scène de danse et un étonnant hommage à une divinité solaire. Peintures rupestres de la Grotte dels Vilars - Terres de Lleida - Imagen MAS - ACT À Tarragone, les vestiges d’une cité romaine florissante La ville de Tarragone a été édifiée sur l’emplacement de Tarraco, une brillante cité romaine active entre le IIIe siècle av. J.-C. et le Ve siècle de notre ère. Tarraco étant alors la capitale d’une moitié de la péninsule Ibérique, elle fut dotée de monuments prestigieux – un forum, un cirque, un aqueduc – dont les restes constituent aujourd’hui un ensemble archéologique de premier plan. Une agréable promenade le long de la muraille permet d’appréhender l’ensemble du site. L’amphithéâtre, construit au IIe siècle, remarquablement conservé, surplombe la mer Méditerranée et constitue l’un des temps forts de la visite. Amphitéâtre de Tarragone - Adeline Gressin - Blog voyagesetc.fr La Route des monastères cisterciens Serpentant à flanc de collines, le GR 175 offre une belle randonnée qui permet de relier les trois grands monastères cisterciens de Catalogne : Santes Creus, Vallbona de les Monges, et Santa Maria de Poblet. Fondé en 1151, ce dernier s’est vu inscrire au patrimoine mondial en 1991 pour la richesse et la qualité de son architecture. Aux XVe et XVIe siècle, il constituait un important centre intellectuel, culturel et spirituel pour la région : la remarquable bibliothèque, l’église et le cloître reflètent ce dynamisme. La Ruta del Cister, Poblet - Adeline Gressin - Blog voyagesetc.fr Les églises romanes catalanes de la Vall de Boí Au cœur des Pyrénées catalanes, un chapelet d’églises rurales parfaitement conservées témoigne du riche passé médiéval de la région. De Sant Joan de Boí à Santa Eulàlia d’Erill la Vall, on contemple avec plaisir les formes simples et harmonieuses de ces édifices de pierre nichés dans un cadre superbe. Il s’agit de la plus forte concentration d’art roman en Europe. Vall de Boí - Adeline Gressin - Blog voyagesetc.fr Le modernisme d’Antoni Gaudí L’ensemble de l’œuvre du grand architecte catalan figure au patrimoine mondial depuis 1984. Si ses réalisations les plus connues se trouvent à Barcelone, on retient ici la Colònia Güell, à quelques kilomètres de la capitale. Il s’agit d’une cité ouvrière moderniste et innovante dont Gaudí a notamment signé l’étonnante crypte, une église aux formes baroques et aux motifs floraux qui servit de laboratoire d’étude pour la Sagrada Família. Faute de financement, le projet fut toutefois laissé inachevé. Intérieur de la Cripta de la Colònia Güell- Imagen MAS - ACT Les traditions catalanes, patrimoine immatériel Plusieurs rituels festifs sont protégés par l’UNESCO en reconnaissance de leur caractère unique et propre à l’âme catalane. Les Castells font partie de la liste, ces tours humaines dont les participants – les Castellers – se juchent les uns sur les autres au son de musiques traditionnelles, à l’occasion de fêtes annuelles. Citons aussi la Patum de Berga, une célébration populaire qui voit défiler des effigies profanes et religieuses pendant plusieurs jours au printemps. Enfin, les Falles d’Isil marquent le solstice d’été par une pratique rituelle autour du bois et du feu et culminent en un grand feu de joie. Castellers à la Festa Major - Lluís Carro - ACT Pour plus d’informations sur le patrimoine catalan, visitez le site : https://culture.catalunyaexperience.fr/
Riche d’un passé millénaire, la Catalogne compte pas moins de onze sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Des peintures rupestres aux églises romanes, des monastères médiévaux aux œuvres modernistes d’Antoni Gaudí, c’est tout un pan de l’histoire humaine qui s’y trouve représenté. L’occasion de quelques belles échappées dans la région, au-delà de Barcelone.
https://www.lemonde.fr/balade-culturelle-en-catalogne/article/2019/09/06/catalogne-le-patrimoine-mondial-a-l-honneur_6012125_154.html
mlsum-fr-1733
En cette rentrée, alors que de nombreux jeunes diplômés font leurs premiers pas dans le monde de l’entreprise, Le Monde Campus explore la question du travail. Quelles sont les raisons qui nous poussent à travailler, et à choisir telle ou telle activité ? La « quête de sens » est-elle une illusion, un luxe ? Thomas Schauder, professeur de philosophie et chroniqueur pour Le Monde Campus, tente de répondre à cette question. Neil Webb/Ikon Images / Photononstop Chronique Phil’d’actu. Notre époque est paradoxale. D’un côté, le progrès technique bouleverse nos manières de travailler, au point que certains auteurs parlent d’une troisième révolution industrielle. Les machines ne se contentent plus de faire : elles pensent à notre place. Le phénomène de l’ubérisation a bouleversé l’organisation de la production, en supprimant les intermédiaires. Google nous promet la voiture qui se conduira toute seule ; Amazon des livraisons par drone. D’un autre côté, un nombre croissant de personnes désirent un travail qui ait du sens. Mais qu’est-ce que le travail ? Que peut-on en attendre ? Le travail a quatre fonctions. La première, c’est de permettre de gagner sa vie, de produire ou d’acheter les biens nécessaires. Il n’y a plus guère de sociétés de chasseurs-cueilleurs aujourd’hui qui trouvent dans la nature les moyens de subsister. La plupart des peuples transforment cette nature pour la mettre au service des besoins humains – même si dans le cadre de notre économie capitaliste mondialisée, cette transformation peut impliquer violence et irrespect. « Que faites-vous dans la vie » ? Nous en arrivons ainsi à la deuxième fonction du travail : l’intégration sociale. Nous bénéficions du travail de nos ascendants et de nos contemporains, et nous travaillons pour nos contemporains et nos descendants : le travail nous permet de payer notre dette à l’égard de la société. De plus, le travail nous définit socialement, il indique qui nous sommes. Chaque métier a ses traditions et une image lui est accolée. D’ailleurs, quand nous rencontrons quelqu’un, la première question qu’on lui pose concerne son nom, et la deuxième son travail : « que faites-vous dans la vie » ? Au point, malheureusement, qu’on puisse se sentir stigmatisé soit parce qu’on fait un travail qui a « mauvaise réputation », soit parce qu’on n’a pas de travail. Pour certaines personnes, celui qui ne fait rien n’est rien. Ainsi, il n’est pas seulement question de faire partie du corps social, mais d’y être situé. Autrement dit : notre travail fixe notre place dans une hiérarchie sociale. L’image a son importance : un médecin, un juge ou un chef d’entreprise sont globalement respectés, même lorsqu’ils ne gagnent pas beaucoup d’argent. Mais il est évident qu’à l’heure actuelle, où notre statut social est en grande partie déterminé par les biens qu’on possède (voiture, télévision, smartphone, etc.), le niveau de rémunération joue un rôle décisif : celui qui ne gagne rien n’est rien. Pour certains théoriciens, ce sont là les deux seules fonctions du travail : réaliser notre nature animale (survie) et sociale. Si on s’en tient là, le travail apparaît comme un mal nécessaire. Pour les Grecs et les Latins, pour les aristocrates jusqu’à une période récente et même pour certains penseurs socialistes ou anarchistes, l’être humain digne de ce nom doit être oisif et le travail réservé à l’esclave, ou aux machines. Paul Lafargue, gendre de Karl Marx, écrit ainsi à la fin de son célèbre pamphlet Le Droit à la paresse que : « la machine est le rédempteur de l’humanité. (…) Le Dieu qui lui donnera des loisirs et la liberté. » « Fierté » et éthique personnelle Mais tout le monde n’est pas d’accord sur ce point et d’aucuns pensent, au contraire, que c’est le travail qui confère à l’homme sa dignité. Le « libérer du travail » serait faire son malheur. Pour eux, le travail a une troisième fonction : la réalisation, l’accomplissement de soi. C’est souvent à cette dimension que se réfèrent ceux qui réclament un travail qui ait du sens, qui ne veulent pas seulement gagner de l’argent, mais être fiers d’eux, se sentir bien dans ce qu’ils font. Cet accomplissement, on peut le ressentir dans des tâches très différentes : manger les légumes qu’on a fait soi-même pousser, soigner ou aider les autres, contempler l’objet qu’on a fabriqué ou réparé de ses mains… Le travail n’a ainsi pas seulement une dimension morale (ne pas travailler, ce serait mal, ce serait vivre aux crochets des autres, être un assisté, etc.), mais aussi une dimension éthique : ce que je fais engage mon rapport à moi-même, aux autres et au monde. De ce point de vue, faire un travail inutile ou nuisible peut produire une véritable souffrance (bore out, brown out…). C’est ce qui arrive également à ceux à qui on ne donne pas les moyens de faire correctement leur métier, par exemple, les personnels hospitaliers en sous-effectif chronique ou les professeurs aux classes surchargées. Travailler pour ne pas s’ennuyer ? Enfin, on peut proposer une quatrième fonction qui expliquerait aussi pourquoi il nous semble évident qu’il faut travailler : c’est la peur de l’ennui. Pour beaucoup de gens (et sans doute encore plus aujourd’hui où le rapport à l’attente, à l’inactivité est devenu extrêmement problématique), s’ils ne travaillaient pas, ils ne sauraient pas quoi faire de leur journée. Blaise Pascal avait déjà mis en lumière dans ses Pensées que « tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre ». Le travail nous sert de divertissement, c’est-à-dire nous permet de ne pas penser à notre condition d’êtres humains, faibles et mortels. Mais si le travail sert à nous fuir, à nous oublier, comment expliquer qu’on lui accorde tant d’importance ? Est-ce que les souffrances qu’il engendre, les maladies professionnelles, les soucis du quotidien et les luttes pour le conserver en valent la peine ? Avons-nous raison de consacrer tant d’énergie à travailler ? Le travail devrait-il prendre moins de place dans nos vies ? Nous tenterons de répondre à toutes ces questions la prochaine fois.
Indépendance, intégration sociale, réalisation de soi ou simple occupation face à l’ennui : Thomas Schauder, professeur de philosophie, explique les multiples dimensions de ce qui est au cœur de nos vies.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/09/10/sens-reconnaissance-argent-que-peut-on-attendre-de-son-travail_5508659_1698637.html
mlsum-fr-1734
Célébrations du 70e anniversaire du régime chinois, à Pékin, le 1er octobre. NG HAN GUAN / AP Quinze mille soldats, des centaines de chars, missiles et avions de combat ont défilé, mardi 1er octobre, à Pékin devant les plus hauts dirigeants du pays rassemblés au balcon de la place Tiananmen, l’endroit même où Mao Tsé-toung proclama la République populaire le 1er octobre 1949. « Rien ne peut ébranler les fondations de notre grande nation. Rien ne peut empêcher la nation et le peuple chinois d’aller de l’avant », a lancé le président Xi Jinping, habillé en costume Mao sombre, en donnant le coup d’envoi des célébrations. Des milliers d’invités rassemblés sur l’immense place ont agité une mer de fanions rouges face au président chinois, qui venait de passer les troupes en revue, avant le départ du défilé, le plus grand jamais organisé par la Chine, selon le quotidien nationaliste Global Times. Des hélicoptères ont ouvert le défilé aérien en deux formations dessinant le chiffre « 70 » dans le ciel de la capitale chinoise, voilé par un indésirable nuage de pollution. La pointe de la technologie militaire chinoise a été exhibée, notamment le missile nucléaire intercontinental DF-41, qui a défilé pour la première fois. Cet engin, d’une portée supposée de 14 000 km, pourrait en théorie atteindre le territoire des Etats-Unis. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chine : soixante-dix ans de règne de l’Etat-parti Des centaines de chars ont défilé sur la place Tiananmen, à Pékin, le 1er otobre. NG HAN GUAN / AP « Journée de colère » à Hongkong L’événement vise à faire vibrer la fibre patriotique en célébrant l’émergence de la République populaire au cours des dernières décennies et son statut de deuxième puissance économique mondiale. Mais à 2 000 km au sud de Pékin, les manifestants hongkongais, qui défient le régime communiste depuis près de quatre mois, ont appelé à une « journée de colère » ce mardi, également férié dans l’ancienne colonie britannique rendue à la Chine en 1997. « Nous nous attendons à ce que la situation demain soit très, très dangereuse », a averti lundi John Tse, haut responsable de la police locale dans le territoire autonome. « Les émeutiers radicaux sont en train d’élever leur niveau de violence. La profondeur et l’ampleur de leur violence et de leur projet montrent qu’ils se livrent de plus en plus à des actes de terrorisme », a-t-il accusé. Dès mardi matin, les autorités de Hongkong ont intensifié les contrôles d’identité et les fouilles dans les rues et les transports en commun alors que plus d’une douzaine de stations de métro ont été fermées. Les manifestants entendent profiter des célébrations pour crier encore plus fort leur ressentiment à l’encontre du régime chinois, dénoncer le recul des libertés et la violation, selon eux, du principe « Un pays, deux systèmes » qui avait présidé à la rétrocession de 1997. Le président chinois Xi Jinping salue le passage de la parade célébrant les 70 ans du régime, à Pékin, le 1er octobre. GREG BAKER / AFP « L’unité, c’est le fer et l’acier » S’exprimant lundi soir, Xi Jinping s’est engagé à poursuivre l’application de ce principe, tout en défendant l’unité nationale. « L’unité, c’est le fer et l’acier. L’unité est source de force », a-t-il lancé, alors que son régime a laissé planer ces derniers mois le spectre d’une intervention pour rétablir l’ordre. Trente ans tout juste après la répression sanglante du mouvement démocratique de la place Tiananmen à Pékin, qui avait donné un coup d’arrêt au développement économique chinois, nombre d’experts doutent cependant que le régime communiste prenne un tel risque dans un centre financier international comme Hongkong. Xi Jinping, qui a encore renforcé l’autorité du Parti communiste chinois (PCC) depuis son arrivée au pouvoir fin 2012, est parfois considéré comme le plus puissant dirigeant chinois depuis le règne de Mao (1949-1976). Un groupe de manifestants appelle la Grande-Bretagne à faire pression sur Pékin, à Hongkong, le 1er octobre. MOHD RASFAN / AFP Feu d’artifice colossal Le pouvoir glorifie le rôle historique de Mao Tsé-toung comme fondateur du régime, tout en gommant ses aspects dramatiques. Selon un bilan avancé par de nombreux sinologues à l’étranger, les campagnes politiques et économiques du Grand Timonier se sont traduites par la mort de 40 à 70 millions de personnes. La puissance chinoise est contestée par le président américain Donald Trump, qui a déclenché l’an dernier une guerre commerciale contre Pékin à coup de droits de douane punitifs. L’économie chinoise a commencé à accuser le coup. Les festivités se déroulent sous très haute surveillance : seul un public trié sur le volet est admis sur l’immense avenue de la Paix éternelle pour voir passer le défilé. Le défilé militaire est suivi d’une grande parade rassemblant quelque 100 000 figurants enthousiastes autour de 70 chars de carnaval, un drapeau national géant et un portrait de Mao. La journée doit s’achever par un feu d’artifice colossal tiré depuis la place Tiananmen. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Xi Jinping, le nouveau timonier Infographie : Le Monde
Quinze mille soldats, des centaines de chars, des missiles et des avions… Pékin a fait une démonstration de force alors qu’à Hongkong des manifestants ont promis de gâcher la fête.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/01/pekin-commemore-en-fanfare-le-70e-anniversaire-du-regime_6013721_3210.html
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Auteur de La gauche du XXIe siècle (La Découverte, 2017), Christophe Aguiton, l’un des fondateurs de l’organisation altermondialiste Attac, est enseignant en sciences sociales à l’université Paris-Est. Il livre son analyse sur l’état de la gauche en France et en Europe, au lendemain des élections européennes. Un sentiment d’impasse semble toucher toute la gauche. Serait-elle morte ? Elle doit faire face à la conjonction de deux difficultés. La première tient au fait que la gauche de gouvernement s’est alignée sur les thèses néolibérales depuis le milieu des années 1980 et le tournant de la rigueur. Les électeurs sont en droit de se demander pourquoi voter pour les sociaux-démocrates si c’est pour voir appliquer des politiques qui ne sont pas très différentes de celles du centre droit. Cette tendance lourde explique l’érosion électorale générale des socialistes et des sociaux-démocrates en Europe. A cela s’ajoute le fait que le corps doctrinal qui avait uni les gauches de transformation sociale au XXe siècle est en voie d’épuisement. Cette vision traditionnelle qui allie l’importance de l’Etat, les nationalisations, la planification de l’économie, une approche hiérarchique de l’arrivée au pouvoir avec le primat à la classe ouvrière et un parti structuré hiérarchiquement … tout ça ne tient plus. Il y a un besoin tangible de refondation d’une pensée doctrinale. Celle-ci est en train d’émerger sur les questions écologiques, les biens communs, et sur tout ce qui permet à la société de s’exprimer sans passer par des structures étatiques. L’expression directe était une des bases du populisme de gauche. Comment expliquez-vous son déclin, perceptible avec Podemos et La France insoumise ? La force des expériences populistes, comme Podemos en Espagne, a été de reprendre le type d’organisation mis en place par un mouvement social très important – les indignés – avec des modes de participation novateurs, basés sur le numérique, et une organisation tels les cercles ouverts sans carte, où l’on ne reçoit pas d’ordre du parti. Mais Podemos et La France insoumise (LFI) ont aussi fondé leur stratégie sur l’hypothèse que, pour arriver au pouvoir, tout passe par les élections. Il faut donc parvenir à une victoire rapide : c’est l’idée d’une « guerre éclair ». Cela explique l’importance de la communication dans ce mouvement, Podemos comme LFI ayant été infiniment plus efficaces dans l’utilisation des réseaux sociaux que tous leurs concurrents. Ensuite, ils ont une certitude : puisqu’ils vont renverser la table, ils n’ont pas besoin d’alliances. En Espagne, cela s’est traduit par la dénonciation de la « caste », Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et Parti populaire (PP) mélangés ; en France, par le dégagisme cher à Jean-Luc Mélenchon. Les deux mouvements pensaient qu’ils allaient gagner tout seuls et qu’une fois la victoire acquise, viendrait le temps des alliances. Cela ne s’est pas passé ainsi. Enfin, quand on est dans une bataille électorale de type blitzkrieg, la démocratie n’apparaît pas essentielle.
Les partis socialistes qui s’en sortent le mieux aujourd’hui en Europe sont ceux qui ont « fait un tournant à gauche », explique le sociologue et militant Christophe Aguiton au lendemain des élections européennes.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/01/la-gauche-n-a-pas-disparu-dans-ce-pays_5470143_823448.html
mlsum-fr-1736
Yann Legendre Portrait. Les rares touristes qui ont traversé il y a une vingtaine d’années ce petit hameau de la Drôme, croisant des bergers, auront sans doute remarqué une fillette qui promenait son âne, des livres sous le bras. Une belle image en extérieur, où la petite Laélia, sans télévision et très peu de radio, passait le plus clair de son temps. A l’intérieur, où le salaire de la mère, professeure certifiée, faisait vivre – parfois difficilement – un couple et ses trois filles, c’était une autre histoire. Nettement moins reluisante. L’angoisse, si fréquente, n’y était pas que financière. Attablée dans le jardin d’une bien plus paisible demeure, à deux pas de la gare de Meung-sur-Loire (Loiret), Laélia Véron interrompt son récit. Une fois n’est pas coutume, cette jeune trentenaire, agrégée de lettres modernes, maîtresse de conférences en stylistique à l’université d’Orléans, cherche ses mots, soucieuse de ne pas alimenter un feu resté incandescent si longtemps après : « Vous n’aurez qu’à dire que je connais de près le sujet des violences conjugales. » Voilà qui est fait, dans la seule mesure où ce passé contribue à éclairer nombre de ses engagements personnels et professionnels. Elle-même le reconnaît d’ailleurs au fur et à mesure qu’elle raconte son parcours, y décelant comme possible fil conducteur une « confrontation à la violence », dans une « démarche de résilience ». Sa passion : le langage Il lui a fallu attendre de quitter le domicile familial pour se libérer de l’emprise paternelle. Dans cette maison d’enfance où si peu de personnes passaient, son père « pérorait » pour asseoir sa domination. A Lyon, où elle découvre tout et tant à 17 ans, Laélia Véron « reprend le pouvoir sur les mots », et se construit en rupture avec son père, cet « ex-soixante-huitard devenu partisan des thèses de Renaud Camus sur le grand remplacement ». Ce sera la gauche de la gauche. Le féminisme, « vital ». Et le souci constant de faire de sa passion, le langage, non un outil de domination mais au contraire un instrument de libération. Au service de tous, et en particulier de ceux qui, le maîtrisant moins, en sont ou s’en croient exclus. Le « capital culturel » que lui avait transmis sa mère grandit et prospère. Une prépa littéraire, des études à l’Ecole normale supérieure, où elle passe l’agrégation avant d’y enseigner… Son parcours est brillant. Bien vite, pourtant, elle éprouve le besoin de quitter cet environnement privilégié. « J’étudiais et j’enseignais à l’ENS. J’avais l’impression de perpétuer une bulle », se souvient-elle. Pour en sortir, elle donne des cours d’alphabétisation, puis se rapproche du Genepi, une association d’étudiants intervenant en prison. L’agrégée de lettres éprouve un choc. Du jour au lendemain, elle se met à intervenir auprès de « beaucoup de personnes illettrées ou analphabètes », qui parfois « n’ont jamais entendu parler du Petit chaperon rouge ».
La jeune femme a compris depuis l’enfance que les mots peuvent être des armes. Aujourd’hui maîtresse de conférences en stylistique, elle est convaincue que le langage doit être un outil d’émancipation et mène le combat notamment sur Twitter.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/02/laelia-veron-l-action-du-verbe_5505240_3232.html
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manche. Publié le 29 juin 2019 à 06h36 - Mis à jour le 29 juin 2019 à 10h30 Ils étaient des millions de personnes à arborer les couleurs de l’arc-en-ciel de la communauté homosexuelle sous toutes les déclinaisons possibles, en ce mois de juin. La World Pride 2019 – sixième édition d’un événement lancé à Rome en 2000, qui se veut le plus grand rassemblement mondial de la communauté LGBTQ – a été officiellement lancée mercredi 26 juin sous la forme d’un concert de bienfaisance à Brooklyn, animé par l’actrice Whoopi Goldberg, avec Cyndi Lauper et Chaka Khan en vedettes. Mais les festivités se sont déroulées durant tout le mois de juin, dans le monde entier. A Séoul, en Corée du Sud, le 1er juin. ED JONES / AFP La Corée du Sud ne fait pas exception : ils étaient des milliers à se rassembler dans les rues de Séoul, le 1er juin, pour défendre les droits homosexuels. A Jérusalem (Israël), le 6 juin. AMIR COHEN / REUTERS Le drapeau arc-en-ciel est décliné à l’infini durant la Gay Pride. A Jérusalem, on le retrouve même sur des chaussettes. Israël est reconnu comme un pays avancé en matière de visibilité et d’égalité pour la communauté LGBT, jusqu’au sein d’institutions comme l’armée. A Rome, en Italie, le 8 juin. YARA NARDI / REUTERS A Athènes, en Grèce, le 8 juin. ARIS MESSINIS / AFP Des Grecs ont déposé des affiches « Nous ne resterons pas silencieux » dans le magasin où Zak Kostopoulos, un activiste gay de 33 ans, est mort le 21 septembre 2018, après avoir été lynché en public. A Sofia, en Bulgarie, le 8 juin. DIMITAR DILKOFF / AFP A Tel-Aviv, en Israël, le 14 juin. RONEN ZVULUN / REUTERS A Vienne, en Autriche, le 15 juin. JOE KLAMAR / AFP A Santiago, au Chili, le 22 juin. MARTIN BERNETTI / AFP A Kiev, en Ukraine, le 23 juin. GENYA SAVILOV / AFP Plus de 8 000 personnes ont défilé à Kiev, en Ukraine. Les forces de l’ordre ont étroitement encadré l’événement après que des activistes d’extrême droite ont tenté d’en perturber le déroulement. NACHO DOCE / REUTERS A Sao Paulo, au Brésil, le 23 juin. MIGUEL SCHINCARIOL / AFP Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche 23 juin pour la Gay Pride de Sao Paulo, en dépit du climat politique conservateur au Brésil sous la présidence de Jair Bolsonaro. A Ciudad Juarez, au Mexique, le 23 juin. HERIKA MARTINEZ / AFP A San José, au Costa Rica, le 23 juin. JUAN CARLOS ULATE / REUTERS A New York, aux Etats-Unis, le 28 juin. SPENCER PLATT / AFP De nombreuses festivités ont démarré mercredi 26 juin à New York, pour commémorer le 50e anniversaire des émeutes de Stonewall, tournant historique de la lutte pour les droits homosexuels. Elles vont se terminer par un défilé géant, dimanche.
A New York, qui célèbre le cinquantième anniversaire des émeutes de Stonewall, les festivités ont débuté mercredi et doivent culminer par un défilé géant dimanche.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/29/de-seoul-a-sao-paulo-un-mois-de-gay-pride-a-travers-le-monde_5483041_3224.html
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Adèle Haenel (à gauche) et Noémie Merlant (à droite) dans « Portrait de la jeune fille en feu ». PYRAMIDE DISTRIBUTION LA LISTE DE LA MATINALE Deux jeunes femmes amoureuses dans la Bretagne du XVIIIe siècle, un documentaire édifiant sur des ateliers citoyens à Paris, une odyssée spatiale autant qu’œdipienne avec Brad Pitt en astronaute parti sur les traces de son père, les émois de deux adolescents néerlandais et une nouvelle comédie romantique un brin désenchantée de Woody Allen : le cinéphile aura l’embarras du choix cette semaine. « Portrait de la jeune fille en feu » : l’embrasement Pour que Marianne (Noémie Merlant) et Héloïse (Adèle Haenel) se rencontrent, il faut passer la mer. Sur une rive, une jeune femme peintre, convoquée par une comtesse qui voudrait qu’elle fasse le portrait de sa fille, afin de l’envoyer au fiancé de cette dernière, un aristocrate italien. Sur l’autre rive, qui borde une île ou un promontoire entouré par l’Atlantique, la promise à peine sortie du couvent, où elle aurait dû passer sa vie si son aînée n’était pas morte. Au lendemain de son arrivée nocturne dans un manoir presque vide, Marianne apprend qu’elle devra cacher sa véritable identité. Héloïse, qui ne veut pas se marier, a déjà éconduit un portraitiste. La mère marieuse (Valeria Golino) dispose les rouages de la supercherie, avec l’assistance d’une camériste, Sophie (Luana Bajrami). Pour son quatrième long-métrage, Céline Sciamma a construit un microcosme habité par seulement quatre personnes, qui suffisent à ouvrir toutes les failles divisant l’humanité. Celle qui court entre les aristocrates et le tiers état, celle qui sépare les artistes et les amateurs d’art, celle qui dresse les conformistes contre les originaux. Dans le cadre du Portrait de la jeune fille en feu, le masculin est aboli, physiquement tout au moins. Plutôt que de jouer sur la confusion née du mensonge, d’en faire jaillir du rire ou des révélations, Céline Sciamma installe une tension qui pèse sur tous les personnages. Puis la comtesse s’en va, laissant seules les trois jeunes femmes, Marianne, Héloïse et Sophie, et le Portrait tient la promesse d’embrasement de son titre. Thomas Sotinel « Portrait de la jeune fille en feu », film français de Céline Sciamma, avec Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luana Bajrami, Valeria Golino (1 h 59). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cinéma : « Portrait de la jeune fille en feu », tableau d’une révolution amoureuse « Nous, le peuple » : les Constituants Voilà beau temps que Claudine Bories et Patrice Chagnard, chacun de son côté depuis les années 1970, puis ensemble depuis 1995, trimardent sur les routes du cinéma documentaire. La notoriété leur tombe sur le paletot sans crier gare, en 2010, avec Les Arrivants. Formidable film, en forme de plongée palpitante, éclaboussante d’humanité, dans les locaux de la Coordination de l’accueil des familles, dans le 20e arrondissement de Paris, qui accompagne les migrants dans la préparation de leur demande d’asile. Suit, en 2014, Les Règles du jeu, tourné cette fois dans une société privée du Nord-Pas-de-Calais mandatée par Pôle emploi pour former des jeunes en difficulté à l’entrée dans le monde du travail. C’est à une semblable situation d’invisibilité sociale et d’intercession ardue, faussée, sinon impossible, que s’attache Nous le peuple. L’étincelle qui le fait naître est le vœu d’Emmanuel Macron de réformer la Constitution française au nom d’un « renouveau démocratique » et la création d’un groupe de réflexion ad hoc à l’Assemblée nationale, dirigé par la députée La République en marche des Yvelines Yaël Braun-Pivet. Parallèlement, les réalisateurs, désireux de mettre en lumière les impasses de notre démocratie, entrent en contact avec l’association d’éducation populaire Les Lucioles du doc, qui organise des ateliers « constituants » auprès de populations en souffrance sur le territoire de la République. Trois ateliers sont filmés par Bories et Chagnard. L’un regroupe des détenus de Fleury-Mérogis (Essonne), l’autre des femmes des associations de quartier de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), le troisième des lycéens de Sarcelles (Val-d’Oise). Soit une utopie en marche. C’est l’autre axe du film, que les auteurs travaillent comme un suspense, au moyen d’un montage parallèle entre les débats au Parlement et ceux de l’« assemblée citoyenne » constituée par ces ateliers. Jacques Mandelbaum « Nous, le peuple », documentaire français de Claudine Bories et Patrice Chagnard (1 h 39). Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Nous le peuple », documentaire sur la constitution des sans-voix « Ad Astra » : voyage vers le père Avouons-le, on fut étonné en apprenant que James Gray – styliste néoclassique fiévreux, auteur de films noirs palpitants, propagateur de tragédie grecque dans le septième art et, pour ces quelques raisons au moins, l’un des plus grands cinéastes américains actuels – s’était lancé dans la réalisation d’un « space opera ». C’est mercredi 18 septembre, en France, que tous ceux qui tombèrent pareillement des nues à cette nouvelle sont invités à y remonter pour juger sur pièce. Brad Pitt interprète, dans un futur qui se veut proche, Roy McBride, astronaute missionné dans le plus grand secret pour voyager jusqu’à Neptune et y découvrir la cause de l’émission d’ondes électromagnétiques surpuissantes qui mettent en danger la vie sur Terre. Eloigné de son père depuis l’adolescence, lui portant le sentiment qu’un fils peut cultiver à l’égard d’un géniteur ayant toujours fait passer son ambition professionnelle avant sa famille, Roy est devenu lui-même un être froid, raisonné, le pouls bloqué à 80, y compris en période de fin du monde. Sa mission vers Neptune sacrifie à quelques magnifiques scènes d’action inhérentes au genre. Plus essentiellement encore, cette mission devient un voyage vers le père. L’antienne de l’apocalypse qui menace notre planète exténuée explique à elle seule le regain des (tous remarquables) films spatiaux depuis quelques années. Gravity (2013), d’Alfonso Cuaron, Interstellar (2014), de Christopher Nolan, Seul sur Mars (2015), de Ridley Scott, First Man (2018), de Damien Chazelle, High Life (2018), de Claire Denis. James Gray met ce trouble au cœur du récit et nous invite à envisager le voyage spatial qui en résulte comme un immense détour par le vide destiné à nous ramener à nous-mêmes. J. M. « Ad Astra », film américain de James Gray. Avec Brad Pitt, Tommy Lee Jones, Ruth Negga, John Ortiz, Liv Tyler, Donald Sutherland (2 h 04). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cinéma : « Ad Astra », une odyssée astrale et œdipienne « Ma folle semaine avec Tess » : vertiges de l’enfance Joyeux comme on peut l’être dans une famille aimante qui vous entoure et vous aide à grandir, Sam (Sonny Coops van Utteren), 11 ans, pense à la mort. Craignant qu’elle le surprenne, il s’astreint chaque jour, et sur une durée qu’il consigne dans un carnet, à rester seul pour, plus tard, être prêt et aguerri quand tout le monde autour de lui sera parti. C’est dans un trou, de la dimension d’une tombe, qu’on le découvre d’ailleurs, en plan serré, au début du film. Adapté du roman éponyme d’Anna Woltz (édité en France par Bayard), Ma folle semaine avec Tess élève, à la hauteur des adultes que nous sommes devenus, un monde de l’enfance où légèreté et gravité s’accordent sans heurt, emportées toutes deux dans l’énergie vitale de la jeunesse. C’est cette dualité harmonieuse et dynamique que met en scène, avec une intelligence émotionnelle rare, Steven Wouterlood dans son premier long-métrage. Le réalisateur filme les jeux de gosses avec sérieux et saisit les pensées sombres avec gaieté, fait sourire ses personnages quand les traverse le chagrin, et sèche leurs larmes dans un rayon de soleil. Ce rythme rapide qui donne l’énergie au film provoque une succession de rencontres. En premier lieu, celle qui met Tom en présence de Tess (Josephine Arendsen), jeune fille vit sur l’île avec sa mère. Tess et Tom apprennent à se connaître, dans le mouvement impatient du temps court qui leur est dévolu. Véronique Cauhapé « Ma folle semaine avec Tess », film néerlandais de Steven Wouterlood. Avec Sonny Coops van Utteren, Josephine Arendsen, Jennifer Hoffman (1 h 23). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cinéma : « Ma folle semaine avec Tess », le portrait d’une enfance au cœur battant « Un jour de pluie à New York » : l’éternel recommencement Tout commence à quelques centaines de kilomètres de Central Park dans une université du Nord-Est, où Gatsby Welles (Timothée Chalamet) a été exilé par sa mère, pilier de la bonne société new-yorkaise, qui espère que son rejeton y cultivera plus son intellect que ses dons pour le poker et le piano de tripot. Le jeune homme y a séduit Ashleigh (Elle Fanning), héritière d’un banquier texan, dont les réserves d’enthousiasme valent celles du pétrole de son état natal. En quelques plans, Woody Allen obtient de ces deux comédiens ultramodernes la réincarnation d’un couple sorti d’une comédie de l’âge d’or hollywoodien. La mondanité lasse qu’affiche Gatsby, l’effervescence d’Ashleigh pourraient être celles de Cary Grant et Ginger Rogers. Il est alors temps de les faire monter dans le bus pour New York. Là-bas, l’étudiante en journalisme doit interviewer Roland Pollard (Liev Schreiber), metteur en scène tourmenté qui en est à l’heure de terminer la postproduction de son dernier long-métrage, et des interrogations existentielles de milieu de vie. L’étudiant en lettres, plein aux as après une longue nuit de poker, espère que l’entretien sera vite bouclé, afin de faire durer le plus longtemps possible la tournée des bars d’hôtel qu’il a imaginée pour sa petite amie. A peine foulé le pavé de Manhattan, les deux trajectoires se séparent. Comme des générations d’acteurs avant lui, de Kenneth Branagh à Jesse Eisenberg, Timothée Chalamet se glisse dans cette incarnation du mâle new-yorkais telle que Woody Allen l’avait élaborée, du temps où il s’attribuait le premier rôle. T. S. « Un jour de pluie à New York », film américain de Woody Allen. Avec Timothée Chalamet, Elle Fanning, Selena Gomez, Liev Schreiber, Diego Luna (1 h 32). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cinéma : « Un jour de pluie à New York », Woody Allen à la recherche d’un Manhattan perdu
« Portrait de la jeune fille en feu », « Ad Astra », « Un jour de pluie à New York« ... Quel film aller voir au cinéma cette semaine ?
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/18/brad-pitt-en-orbite-le-retour-de-woody-allen-deux-femmes-amoureuses-notre-selection-cinema_5511651_3246.html
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OTTO DETTMER / IKON IMAGES / PHOTONONSTOP Laura (le prénom a été modifié) n’a jamais « compté les moutons » avant de s’endormir. Elle n’avait même jamais compris littéralement cette phrase qui relevait pour elle du « dicton débile », aussi métaphorique que l’expression « pleuvoir des cordes ». Jusqu’au jour où elle a appris que la plupart des gens étaient réellement capables d’imaginer des moutons. C’était il y a trois ans. Sur l’écran de son ordinateur, elle découvrait le témoignage de Blake Ross, cofondateur du logiciel libre Mozilla Firefox, qui racontait ce à quoi ressemblait la vie d’un « aveugle de l’imagination ». « C’était édifiant, je fonctionnais exactement comme lui », raconte cette traductrice de 32 ans, alors « stupéfaite » de se rendre compte que les personnes autour d’elle ont un « projecteur dans la tête » dont elle ne concevait même pas l’existence. Comment l’aurait-elle pu, elle pour qui il est impossible d’imaginer visuellement la naissance de ses enfants, sa maison, son dernier lieu de vacances, une plage ou un rhinocéros ? « Je sais que c’est quelque chose de plutôt gros, de gris, avec deux cornes, énumère-t-elle en se concentrant. J’en reconnaîtrais un sans problème dans la réalité, mais mon esprit ne le “voit” pas. Ce n’est qu’un concept pour moi. » Pas d’« œil mental » Cette incapacité à former consciemment des images mentales a été évoquée pour la première fois à la fin du XIXe siècle par Francis Galton puis par le docteur Désiré Bernard, qui a travaillé auprès du neurologue Jean-Martin Charcot à Paris. Il a cependant fallu attendre 2015 pour qu’une équipe de neuropsychologues britanniques mette un nom sur ce trouble : l’aphantasie, du grec phantasia, « imagination ». La recherche, encore balbutiante, estime que 2 % de la population en serait affectée. Difficile cependant de savoir à quoi est due cette absence d’« œil mental ». « Nous savons seulement que le cerveau du premier patient que j’ai étudié [aphantasique à la suite d’une opération lors de laquelle il aurait fait un bref accident vasculaire cérébral] n’arrivait pas à “activer” les zones visuelles lorsqu’il essayait de former une image mentale », explique Adam Zeman, coauteur de l’étude de 2015. Avec son équipe de la faculté de médecine d’Exeter, il compare actuellement des données d’imagerie cérébrale de personnes aphantasiques (ou afantaisistes, les deux termes existent en français), hyperphantasiques (dont les images mentales sont très vives) et dotées d’imagerie moyenne. Aucun résultat n’est encore publié, mais le chercheur note qu’il « semble exister des différences intéressantes ».
Environ 2 % de la population n’aurait pas « d’œil mental », et serait incapable de se représenter un animal ou le visage d’un proche.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/06/21/un-jour-j-ai-compris-que-les-gens-avaient-vraiment-des-images-dans-la-tete-l-aphantasie-quand-l-imagination-est-aveugle_5479548_4415198.html
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La première grande étape des Pyrénées a livré un verdict réjouissant pour le cyclisme français, sous les yeux d’Emmanuel Macron, seul sifflé sur le podium : Thibaut Pinot remporte sa troisième victoire d’étape dans le Tour de France et se rapproche au classement général, tandis que Julian Alaphilippe, deuxième, conforte son maillot jaune après avoir décroché Geraint Thomas. Julian Alaphilippe, le 20 juillet. GONZALO FUENTES / REUTERS La caravane du Tour abrite un devin, l’entraîneur d’une grande équipe qui, au bout d’une discussion sur le cas Alaphilippe, lâchait en nous quittant : « Il peut gagner aujourd’hui, mais il fera deux, parce qu’il commence à recevoir des questions gênantes. » Ainsi Julian Alaphilippe a-t-il terminé deuxième au sommet du col du Tourmalet sans paraître forcer son effort dans les 500 derniers mètres, au moment où Thibaut Pinot partait remporter sa première étape dans les Pyrénées – sans rien ôter au mérite du leader de la Groupama-FDJ, visiblement le plus fort aujourd’hui. Lire aussi Tour de France 2019 : le classement par étape Interrogé sur son choix de rester dans la roue du Néerlandais Steven Kruijswijk (Jumbo-Visma) plutôt que d’aller disputer le sprint à Pinot, Alaphilippe répond : « Je préfère forcément que ce soit quelqu’un que j’apprécie qui gagne plutôt qu’un autre. J’aurais certainement pu sauter dans sa roue mais j’étais aussi à la limite. Je suis content que ce soit Thibaut qui ait gagné. » Thibaut Pinot lors de l’étape du Tour de France, au col du Tourmalet, le 20 juillet. CHRISTOPHE ENA / AP Le spécialiste des efforts explosifs, capable de régler au sprint un peloton de 60 coureurs, comme sur la course Tirreno-Adriatico en mars, distribue désormais les prébendes à 2 115 mètres d’altitude, au bout d’efforts de plus de 50 minutes. La veille, à Pau, on l’avait vu reprendre du temps à Geraint Thomas sur la partie finale du contre-la-montre, plate comme une pelle à pizza. Le matin, il s’arrête pour les enfants et le soir, fait rire la caméra quand Emmanuel Macron parle derrière lui. Difficile, en fin de compte, de savoir si l’on assiste à un numéro de cirque ou à une course cycliste. Même les clowns d’hier ont le maquillage qui coule : « Je sais bien qu’un maillot jaune transcende, mais je ne savais pas qu’il faisait voler », confiait Alexander Vinokourov, manager d’Astana, à L’Equipe, après le contre-la-montre. Geraint Thomas décroche L’acteur principal est impeccable dans le rôle de Cédric Vasseur, celui du petit Français qui aurait pris le maillot jaune sur un coup de bol (Vasseur l’avait porté cinq jours en 1997) et en savourerait chaque goutte comme un vieil Armagnac, avant de tomber de sa chaise quand les grands sortent le brutal. Sauf que le brutal était sur la table dans le Tourmalet, et que de grands favoris du Tour eurent la tête qui tourne bien avant lui. Le Soulor, avalé grand train par une Movistar dont la science tactique figurera un jour dans les livres d’histoire – le leader de la formation espagnole, Nairo Quintana décrocha à mi-pente du Tourmalet –, avait noyé Romain Bardet, en détresse, et Adam Yates. Sous un ciel gris, les pentes impitoyables du Tourmalet, exploitées par le coéquipier de Pinot, David Gaudu, aux naseaux fumants – « à un moment j’ai accéléré, je me suis retourné et j’étais seul, je me suis dit “mais ils sont passés où ?” » –, firent leur office : adieu Dan Martin, Richie Porte et Enric Mas – furieux à l’arrivée, lui qu’on aurait cru satisfait de voir son leader toujours en jaune. On montait dans les pâturages et le bouc était toujours là, quoique en queue d’un troupeau s’effritant sans cesse. Il se relançait en danseuse dans la roue de Geraint Thomas, qui devait se gratter la tête, lui qui disait au départ de Tarbes : « On s’attend à ce qu’il ralentisse un peu, il a couru si fort toute l’année, donc ça va être intéressant de voir comment il se situe sur un long col. On va rester dans ce qu’on sait faire, il n’y a pas de raison d’être obsédé par Alaphilippe. » Sous la flamme rouge, après qu’une Jumbo-Visma en surnombre - quel numéro aussi ! - a longtemps remué le couteau, l’Allemand Emanuel Buchmann mettait un dernier coup. En lieu d’Alaphilippe, c’est Thomas, à son tour, qui perdait pied, maillot et bouche ouverts, 36 secondes de débours à l’arrivée. Le maillot jaune dodelinait des épaules mais s’accrochait et dans le sprint, agitait ses jambes qui le porteront on ne sait où. « Transcendé » Depuis sa victoire dans le contre-la-montre, bien sûr, plus grand monde ne gobe son « je prends le Tour jour après jour », son mantra depuis la prise de pouvoir d’Epernay. Citons quand même : « Je défends le maillot du mieux que je peux, je suis encore sur un petit nuage après ma victoire d’hier. J’ai fait le maximum aujourd’hui pour défendre le maillot, vu de grands coureurs péter avant moi, ça m’a transcendé pour me battre jusqu’à la ligne. Une journée de plus en jaune, que puis-je demander de mieux ? » La réponse, il la connaît, bien sûr : qu’il en suive six autres, jusqu’à Paris. Un coup d’œil au classement situe ses plus proches poursuivants, Geraint Thomas et Steven Kruijswijk, à plus de deux minutes. Les autres, Bernal, Buchmann et Pinot, à plus de trois. Ineos, qui arrivait sur ce Tour avec un problème de riches, a un problème tout court. Le reste des favoris aussi. Et l’on ne vous parle pas des journalistes. Le Tour du comptoir : Tarbes Après chaque étape, « Le Monde » vous envoie une carte postale depuis le comptoir d’un établissement de la ville de départ. Où l’on n’est pas tout à fait sûr. Dans la définition de l’infiniment petit, voici un nouvel élément de réflexion : quelles sont les chances de croiser le cousin de Frank Vandenbroucke au comptoir du bar La Crémaillère, à Tarbes ? Au départ, c’est Tony Carrier qui s’interroge : « La dernière fois que le Tour est passé à Tarbes, ma mère vivait encore, mon cousin vivait encore, donc c’était au moins il y a six ans. » Son voisin pense que ça fait plutôt quatre, et ses souvenirs semblent plus précis. Mais Tony insiste : « Si si, j’avais eu un passe pour le village départ grâce à mon cousin. » On se dit que ce cousin est un phare pour Tony, un repère temporel autant qu’un passe-partout. Là-dessus, Tony précise : « Je connais le vélo, mon cousin c’était Frank Vandenbroucke. » Stupeur. Tony, la cinquantaine (estimation En Danseuse), n’a pas du tout l’air de se foutre de nous, et en même temps, il n’a pas du tout l’air d’être un cousin de Frank Vandenbroucke, mais après tout qui sommes-nous pour dire à quoi devrait ressembler un cousin de Frank Vandenbroucke ? Pierre, derrière son comptoir, a l’air surpris, et pourtant il ne doit plus y avoir grand-chose qui le surprend après 24 ans à débiter des pressions à La Crémaillère. On s’enquiert : « C’est possible ? » « Bof, il me l’avait jamais dit, mais il est quand même Belge. » L’autre gars au comptoir, un bouclé sympathique, dit que pourquoi pas, ça lui dit quelque chose. Tony voit bien qu’on a flairé l’entourloupe, le gag qu’on joue au Parisien avec son accréditation du Tour. Mais il détaille : « J’ai bien connu Jean-Luc, son père, qui était directeur sportif (vrai, ndlr), et son frère Jean-Jacques, qui était mécano (vrai aussi, ndlr). Ils habitaient à Ploegsteert, mais moi je suis de Mouscron. J’ai quitté la Belgique il y a 30 ans. Ma mère a conduit Jean-Luc et Jean-Jacques à l’école. » Cela devient sérieux. On a encore un doute, car depuis que Frank Vandenbroucke est mort en 2009 au Sénégal, le Tour est bien passé à Tarbes, en 2015. Et puis Tony n’a pas l’air au clair sur son arbre généalogique, « et (sa) mère n’est plus là » pour le détailler. Si sa mère amenait Jean-Jacques Vandenbroucke, père de Frank, à l’école, et que Tony et Frank sont cousins, est-ce à dire que Jean-Jacques était le frère de la mère de Tony ? Plongé dans une intense réflexion, sous le regard amusé du reste du bar, on voit à peine Tony sortir fumer une roulée, et on se dit qu’on en aura le cœur net quand il l’aura grillée. Mais voilà, Tony file voir les coureurs, le vélo il adore ça, et nous laisse seul avec nos questions, et sans qu’on ait pu le prendre en photo. On ne saura jamais vraiment. Un autre client se pointe, d’origine italienne : « Ah, il a dit ça ? Tu peux noter que moi je suis le cousin de Gimondi ! » Pierre, 76 ans, a fait du vélo dans sa jeunesse, en FSGT. Il a même fait deuxième d’une course de trois tours après s’être planqué pendant un tour et avoir repris sa place dans le peloton, comme si de rien n’était. Y’a prescription. La pendule s’est arrêtée.
Derrière Thibaut Pinot, vainqueur au col du Tourmalet, Julian Alaphilippe s’est affirmé comme le nouveau favori du Tour en renforçant son maillot jaune. Geraint Thomas a montré des signes de faiblesse.
https://www.lemonde.fr/blog-du-tour-de-france/article/2019/07/20/tour-de-france-2019-alaphilippe-le-tour-de-magie-continue_5491680_5326505.html
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Assemblée générale des salariés en grève de Radio France, mardi 18 juin. TAIMAZ SZIRNIKS / AFP La présidente de Radio France, Sibyle Veil, est mélomane. Mais il n’est pas sûr qu’elle ait apprécié la version combative de la neuvième de Beethoven chantée, mardi 18 juin, par le chœur de Radio France à l’occasion de la journée de grève pour protester contre le plan d’économies qu’elle veut mettre en œuvre jusqu’en 2022 : « Unis dans la même chaîne CDI et CDD. Ecoutez ce chant sans haine, celui des cœurs révoltés. Face au plan de Mme Sibyle, nous sommes tous mobilisés pour que la radio publique continue de rayonner. » Pas vraiment une ode à la joie. Plutôt un appel à la lutte et à la mobilisation. Il a été suivi par 1 289 salariés, soit un taux de participation de 41,6 % sur la journée, selon la direction. Comment ça commence un AG à Radio-France ? #OnlyInRadiofrance https://t.co/5PD5wndS09 — FabSintes (@Fabienne Sintes) Dans un contexte de rigueur imposée par l’Etat à l’ensemble de l’audiovisuel public pour cette période – soit moins 20 millions d’euros pour Radio France –, Mme Veil s’inquiète d’une trajectoire budgétaire qui, si rien n’est fait, assure-t-elle, se traduira par 40 millions d’euros de déficit, en raison de la hausse des charges de personnel et de la nécessité d’investir dans le numérique. Il y a une dizaine de jours, elle expliquait au Monde vouloir consacrer 20 millions d’euros à ce sujet, pour « construire la plateforme française de référence de l’audio sur le numérique, qui alliera qualité de nos contenus et diversité de nos offres ». Cependant, les efforts demandés au personnel sont lourds : la direction a évoqué entre 270 suppressions de poste – si les organisations syndicales acceptent de rogner sur les jours de congés et de revoir l’organisation du travail afin d’éviter le recours aux CDD – et 390 si elles disent non à son plan. Elle a proposé aux syndicats un accord de méthode, mais ces derniers ont refusé, dénonçant un chantage inacceptable. Audiences excellentes Les salariés rassemblés mardi dans l’agora, au centre de la Maison de la radio, ne comprennent pas cette volonté de couper une nouvelle fois dans les effectifs, alors que les audiences des différentes chaînes sont excellentes – France Inter est même devenue au premier trimestre la radio la plus écoutée de l’Hexagone devant RTL – et que le groupe a renoué avec l’équilibre financier. « Au moment où toutes les audiences sont au beau fixe, ce plan d’économies constitue une opération programmée de destruction massive », s’inquiète un représentant du personnel. Syndicats et direction devaient se retrouver mardi après-midi pour un comité social et économique (CSA) mais, en raison du mouvement de grève, cette rencontre aura lieu mercredi. Dans un communiqué, l’intersyndicale juge que : « Les besoins de financement doivent être accompagnés par l’Etat, qui ne peut continuer à casser le service public en le privant de moyens. Sibyle Veil doit écouter les salariés et retirer son plan dangereux et destructeur ». Assemblée générale des salariés en grève de Radio France, mardi 18 juin. TAIMAZ SZIRNIKS / AFP De son côté, la direction, tout en prenant « acte de la mobilisation de ce jour, des inquiétudes et du très fort attachement à l’audiovisuel public et à ses missions qui se sont exprimés », « réaffirme sa volonté de construire un avenir durable pour Radio France et pour ses salariés et propose aux partenaires sociaux de poursuivre le dialogue pour construire avec eux un équilibre entre les efforts indispensables et les perspectives apportées à l’entreprise et à ses salariés ». Appel à poursuivre le mouvement en septembre Les représentants des salariés jugent, eux, que cette journée de mobilisation constitue un « coup de semonce » et appellent à poursuivre la mobilisation en septembre. Ils remettent aussi en cause les chiffres de la direction, en s’appuyant sur le rapport d’un cabinet indépendant, Tandem, qui, mandaté par le comité social de Radio France, a qualifié les économies de « surdimensionnées » : la hausse des charges de personnel sur les prochaines années a été, selon ce cabinet, surévaluée de 8,7 millions d’euros, et Radio France pourrait s’épargner 118 suppressions de poste. La direction de Radio France a contesté ce rapport lundi soir, évoquant une « méthodologie erronée ». Selon Marie Message, directrice des opérations et des finances, le cabinet Tandem s’est appuyé sur l’année 2018 pour calculer la hausse de la masse salariale, alors que cette année a vu peu d’embauches, du fait d’une vacance à la tête du groupe pendant quelques semaines, due à la succession de l’ex-PDG Mathieu Gallet – remplacé par Sibyle Veil en avril 2018. En 2015, Radio France avait connu une grève historique de vingt-huit jours pour protester contre un plan d’économies.
L’appel des syndicats de la radio publique à cesser le travail pour protester contre le plan d’économies de la présidente Sibyle Veil a été très suivi, avec un taux de participation de 41,6 %.
https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2019/06/18/a-radio-france-une-journee-de-greve-qui-sonne-comme-un-coup-de-semonce_5478066_3236.html
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Mauro Colagreco, chef du Mirazur à Menton, et son équipe, à Singapour, le 25 juin. Feline Lim / REUTERS Les Français vont-ils être plus tendres envers le 50 Best maintenant qu’un restaurant hexagonal s’est (enfin) hissé à la première marche du podium ? Mardi 25 juin, à Singapour, le classement a élu le Mirazur du chef Mauro Colagreco meilleur restaurant du monde. Globalement, 2019 n’est pas un mauvais cru pour la France, qui est représentée par cinq tables dans la liste des 50 premiers : outre le Mirazur, l’Arpège d’Alain Passard se hisse à la 8e place, Septime, de Bertrand Grébaut à la 15e, le restaurant d’Alain Ducasse au Plaza Athénée à la 16e, et le Pavillon Ledoyen de Yannick Alléno à la 25e. Ce qui fait de la France le troisième pays le plus représenté après l’Espagne (sept restaurants classés) et les Etats-Unis (six). 2019 est indéniablement l’année de Mauro Colagreco, qui s’est vu décerner trois étoiles au guide Michelin en février. Son succès est mérité : dans son restaurant de Menton, dans les Alpes-Maritimes, avec vue sur la Méditerranée, l’Argentin propose une cuisine acidulée, végétale et originale, à base de fruits et légumes qu’il cultive dans son potager situé juste à côté. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mauro Colagreco, chef trois étoiles : « Parler cinq langues m’a aidé à faire connaître ma cuisine » Par ailleurs, le chef de 42 ans a l’avantage d’être polyglotte et toujours prompt à voyager, à rendre visite à un confrère à l’étranger, à organiser un repas à quatre mains avec un autre étoilé, à inviter les journalistes à déguster sa nouvelle carte. Mauro Colagreco est sans doute le cuisinier qui a le mieux compris son époque, et l’importance de la communication dans la restauration. Car pour grimper dans le classement 50 Best, il faut que les 1 040 « gourmets », chefs et journalistes qui composent le panel de votants, aient mangé dans votre restaurant lors des dix-huit derniers mois. Les bonnes adresses sont tellement nombreuses, en particulier en France où la concurrence est très rude, que, pour émerger, il ne suffit pas d’être un bon cuisinier : il faut aussi être un excellent VRP. Des critiques enflammées Le 50 Best, qui est né dans la rédaction du magazine Restaurant à Londres, en 2002, avec l’ambition d’être un classement léger et subjectif, est devenu avec le temps un vrai petit business. Dorénavant géré par le groupe de médias anglais William Reed, son financement passe par un sponsoring musclé, qui inclut aussi bien des marques comme San Pellegrino que des pays ou régions partenaires hébergeant les festivités – comme Singapour, cette année. L’absence de critères et le manque de rigueur dans le contrôle des votes a toujours valu au 50 Best des critiques enflammées de la part du reste de la profession. Pour balayer les doutes planant quant au sérieux de leurs méthodes, le groupe a mandaté depuis 2015 le cabinet Deloitte pour auditer la procédure de vote. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jessica Préalpato prêche dans le dessert Mais cette mesure n’a pas vraiment calmé les esprits, notamment ceux des Français, qui se sont longtemps sentis mis à l’écart de ce classement plutôt enclin à faire émerger des régions encore peu mises en avant sur la carte de la food, comme la Scandinavie ou l’Amérique latine. En 2015, en riposte et sous l’impulsion du Quai d’Orsay, « La Liste » a été lancée avec la même vocation : classer les meilleures tables du monde. En dépit de toutes les initiatives concurrentes, l’influence du 50 Best sur le monde de la gastronomie se confirme – et c’est ce qui fait enrager ses détracteurs. En témoignent deux « unes » récentes qui consacrent des figures emblématiques du classement : en avril, le magazine GQ France a mis l’Italien Massimo Bottura en couverture, et Les Echos week-end le Péruvien Virgilio Martinez en juin. Quel titre de presse français aurait fait ce choix il y a encore quelques années ?
Le Mirazur, à Menton, a été élu « meilleur restaurant du monde ». Quatre autres chefs français font partie du classement : Alain Passard, Bertrand Grébaut, Alain Ducasse et Yannick Alléno.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/06/26/le-world-s-50-best-couronne-a-son-tour-mauro-colagreco-et-un-peu-la-france_5481761_4497319.html
mlsum-fr-1743
Des manifestants des associations CLAP 33 et Collectif Quatre Couleurs rendent hommage à Steve Maia Caniço, mardi 30 juillet, à Bordeaux. MEHDI FEDOUACH / AFP Les deux juges d’instruction de Nantes chargés de l’enquête sur la mort de Steve Maia Caniço ont envoyé une requête à la Cour de cassation afin d’être dessaisis du dossier, selon des sources concordantes de l’Agence France-Presse confirmant une information de Libération. La demande, transmise jeudi 1er août à la Cour de cassation, est assez rare et souligne l’aspect explosif du dossier que les magistrats aimeraient dépayser. Dans la nuit du 21 au 22 juin, à 4 heures du matin, des policiers se sont rendus sur le quai Wilson à Nantes pour faire respecter l’heure limite de diffusion de la musique. Des échauffourées ont éclaté et des participants au concert ont raconté avoir été aveuglés par un nuage de gaz lacrymogène ; certains, désorientés, ont chuté dans le fleuve. Steve Maia Caniço était porté disparu depuis cette soirée, jusqu’à ce que son corps soit retrouvé lundi. Le lendemain de cette découverte, Pierre Sennès, le procureur de la République de Nantes a ouvert une information judiciaire pour « homicide involontaire ». Mais, alors que leur travail ne faisait que débuter, les deux magistrats ont demandé à être dessaisis. Leur requête ne sera pas examinée par la chambre criminelle avant la mi-septembre, a-t-on appris de source judiciaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mort de Steve Maia Caniço : cinq semaines d’enquête laborieuse Garantir la sérénité de l’enquête « La poursuite des investigations va nécessiter de rechercher toutes les responsabilités dans la mort du jeune homme, et donc potentiellement celles de partenaires institutionnels habituels du tribunal de grande instance de Nantes », explique le procureur général près la cour d’appel de Rennes dans un communiqué. Le dépaysement permet donc de « garantir la sérénité de l’information judiciaire et l’impartialité objective de la juridiction saisie », a-t-il ajouté. L’avocate de la famille de Steve Maia Caniço, Me Cécile de Oliveira, a salué la demande de dépaysement des juges d’instruction. « C’est difficile [pour les juges d’instruction], car ce sont les personnes avec qui ils travaillent au quotidien », a-t-elle expliqué. Castaner s’interroge sur l’usage des lacrymos En marge d’un déplacement à l’aéroport d’Orly, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, s’est également exprimé sur l’affaire, vendredi 2 août. Il a estimé qu’il y avait toujours un « questionnement (…) sur l’opportunité d’avoir déclenché l’usage des lacrymogènes » lors de l’intervention policière le soir de la Fête de la musique à Nantes. « J’ai pu voir comment les moments de fin de concert ont été difficiles, pas seulement d’ailleurs pour les forces de sécurité (…). Ce que je sais, c’est que maintenant il faut faire toute la vérité, nous le devons aux parents, nous le devons aux Français, c’est un évènement grave, un homme est mort. » De son côté, l’inspection générale de la police nationale (IGPN) a jugé, dans un rapport rendu public mardi, qu’aucun « lien » ne pouvait être établi entre l’intervention des forces de l’ordre et la noyade du jeune homme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mort de Steve Maia Caniço : le témoin « oublié » de l’IGPN
Les juges d’instruction ont fait cette demande parce que leur enquête pourrait s’intéresser à des « partenaires institutionnels habituels du tribunal de grande instance de Nantes », selon le procureur général près la cour d’appel de Rennes.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/02/mort-de-steve-maia-canico-les-deux-juges-de-nantes-veulent-etre-dessaisis_5496003_3224.html
mlsum-fr-1744
Des manifestants défilent contre la politique économique du gouvernement argentin, à Buenos Aires, le 30 août. RONALDO SCHEMIDT / AFP « Ne laissons pas la résignation l’emporter sur l’espoir. » Les traits tirés, Mauricio Macri a tenté, une nouvelle fois, fin août, de rassurer les Argentins, frappés de plein fouet par une grave crise économique et sociale. Effondrement du peso, emballement de l’inflation, hausse de la pauvreté… A quelque deux mois des élections générales et de la présidentielle, le chef d’Etat de centre droit, qui brigue un second mandat, semble s’avancer inexorablement vers une défaite le 27 octobre. Face à lui, Alberto Fernandez, le candidat d’une opposition unifiée, fait déjà figure de prochain président. Il a obtenu 49 % des voix lors des élections primaires du 11 août, contre 33 % pour Macri. En campagne aux côtés de l’ex-présidente péroniste Cristina Kirchner (2007-2015), qui brigue le poste de vice-présidente, le chef de cette coalition de centre-gauche promet de redresser la croissance de l’Argentine, en chute libre depuis deux ans. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Argentine, crise de légitimité pour Macri à deux mois de la présidentielle Le score du duo Fernandez-Kirchner a provoqué l’inquiétude des milieux financiers, plus favorables à l’ancien homme d’affaires Mauricio Macri. Le peso a perdu près de 30 % de sa valeur face au dollar en quelques semaines, poussant le gouvernement à imposer un contrôle des changes, une mesure que Macri avait pourtant inlassablement critiquée durant le gouvernement de Cristina Kirchner. Au bord du défaut de paiement, l’Argentine a également demandé un rééchelonnement de sa dette au Fonds monétaire international (FMI). L’institution financière a accordé un prêt de 57 milliards de dollars (51,7 milliards d’euros) au pays, en échange duquel elle a exigé des mesures d’austérité qui ont affecté le quotidien des Argentins et les ont conduits à voter massivement pour l’opposition. 2019 devrait se terminer avec 55 % d’inflation « Tout a changé à une vitesse vertigineuse. Entre 2016 et 2017, lors de son retour sur les marchés financiers, l’Argentine faisait figure de star et avait émis des titres de dette d’une valeur de 100 milliards de dollars, un record historique », rappelle Pablo Nemiña, sociologue au Conseil national de recherches scientifiques et techniques. Comme bon nombre de ses confrères, il estime que M. Macri n’avait « pas vraiment d’autre option » que d’appeler le FMI à l’aide après la soudaine dépréciation du peso en avril 2018. « L’erreur de départ a été de faire revenir le pays sur les marchés trop brusquement. M. Macri pensait que les investissements étrangers allaient arriver tout de suite. » Mais la « pluie d’investissements » promise par le gouvernement n’est jamais tombée. Seuls sont arrivés ceux que l’on surnomme les « capitaux hirondelles », des investissements à court terme vite repartis vers d’autres terres plus prometteuses. « L’Argentine a constamment oscillé entre un modèle de développement et un autre. Au Chili, on investit dans le secteur minier. Ici, il n’y a pas de spécialité, et les conditions économiques sont tout sauf stables, alors pourquoi un investisseur viendrait-il ? », s’interroge Emiliano Libman, économiste au Centre d’études de l’Etat et de la société et à l’Université nationale de San Martin.
Loin des engagements de campagne de 2015 de Mauricio Macri, la pauvreté, l’inflation et l’endettement public ont explosé sous la présidence du chef de l’Etat argentin, qui semble promis à la défaite aux élections du 27 octobre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/06/l-argentine-au-bord-du-defaut-de-paiement-macri-sur-la-sellette_5507008_3210.html
mlsum-fr-1745
Lisa Ginzburg, en avril. Mathieu Bourgois/©BOURGOIS/Opale via Leemage De la difficulté d’être « fille ou fils de »… Lisa ­Ginzburg connaît cela on ne peut mieux. Très vite, dans la conver­sation, elle aborde d’ailleurs ce qu’elle appelle « le problème ». « Le problème que ce nom si ­important a représenté dans ma vie. » Car Lisa Ginzburg n’est pas seulement la fille de Carlo Ginzburg, le grand historien italien, l’éminent représentant de la « microhistoire », qui a fêté cette année ses 80 ans. Elle est aussi la petite-fille de Natalia Ginzburg (1916-1991), figure ­centrale et lumineuse des lettres italiennes de l’après-guerre, auteure des Mots de la tribu (prix Strega, 1963) et de Tous nos hiers, que rééditent les éditions Liana Levi (338 pages, 12 euros). « Bénémalédiction » Et comme si cela ne suffisait pas, ses deux grands-pères, eux aussi, ont ­marqué l’histoire de son pays. « Ils étaient ensemble en prison. Deux grands noms de l’élite antifasciste », raconte-t-elle en parlant de Leone Ginzburg – un critique littéraire d’origine russe proche de l’écrivain Cesare Pavese (1908-1950) et de l’éditeur Giulio ­Einaudi (1912-1999), torturé à mort dans les geôles de Mussolini en 1944 – et de Manlio Rossi-Doria, illustre résistant lui aussi, devenu sénateur socialiste à la fin des ­années 1960. « Bref, résume-t-elle, je suis née dans un contexte mythique. » On lui fait ­remarquer que les Anglais ont une ­expression pour ça : a blessing and a curse, « une ­bénédiction et une malédiction » tellement imbriquées qu’on pourrait en faire un néologisme – une « bénémalédiction ». Elle sourit. « Oui, dit-elle, tous ces récits, toutes ces valeurs, tout cet héroïsme… » Elle ne finit pas sa phrase, mais son silence pèse aussi lourd que « l’héritage enva­hissant » qu’elle vient de décrire. Les maux de la tribu ? « Disons qu’il m’a longtemps été difficile d’entrer en ­contact avec moi-même. » A 53 ans, l’écrivaine publie son premier roman, traduit en français, par Martin Rueff. « C’est cela, dit-elle, c’est la fiction, qui m’a permis de m’approcher du but. » Cela aura pris du temps. L’auteure a d’abord étudié la philosophie, comme son père ; elle a été traductrice, comme sa grand-mère – qui avait notamment traduit en italien les deux premiers volumes d’A la recherche du temps perdu. Elle a travaillé dans l’édition et à la radio (elle collabore toujours à ­divers journaux italiens). Et puis un jour, le grand salto : elle s’est auto­risée à écrire « pour elle ».
Issue d’une illustre lignée d’intellectuels italiens, cette romancière et journaliste voit l’un de ses romans traduit pour la première fois en France, où elle vit.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/16/rencontre-lisa-ginzburg-en-son-nom_5476927_3260.html
mlsum-fr-1746
L’usine Orano de la centrale nucléaire du Tricastin, en 2018. JEFF PACHOUD / AFP Devant le stade municipal de la petite ville de Gueugnon (Saône-et-Loire), une esplanade goudronnée, entièrement vide, est ceinturée d’un grillage métallique haut de deux mètres. « Accès interdit », annonce en lettres rouges un panneau. Sur cet ancien terrain vague, la commune avait prévu d’aménager un parking pour les jours d’affluence. Car le Football Club de Gueugnon a eu son heure de gloire : champion de France de deuxième division en 1979, vainqueur de la coupe de la Ligue en 2000 face au PSG. Là, sous le bitume, reposent plus de 20 000 tonnes de déchets radioactifs déversés par une ancienne usine de traitement de minerai d’uranium, exploitée, de 1955 au début des années 1980, par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), puis par la Cogema, devenue Areva et aujourd’hui Orano. « A certains endroits, ça crache ! Les émanations de radon [un gaz cancérigène formé par la désintégration de l’uranium] sont énormes », affirme le physicien Roland Desbordes, porte-parole et ancien président de la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad), qui a mené plusieurs campagnes de mesures. Fermé au public depuis 2009, le terrain n’a longtemps été gardé que par de simples barrières. En octobre 2018 encore, lors d’un match, des dizaines de supporteurs y ont pénétré pour se garer. Ce n’est que début 2019 qu’a été posé un grillage et que le site a été intégré à une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), englobant une ancienne sablière où ont été transvasées 220 000 tonnes de boues uranifères, recouvertes d’une butte de terre. Sans que nul ne s’en émeuve à l’époque. Au point qu’avait été aménagé, tout autour, un parcours de santé démonté depuis. « Informations tronquées et tendancieuses » Le cas de Gueugnon est loin d’être isolé. Entre 1947 et 2001, près de 250 gisements d’uranium ont été exploités dans l’Hexagone, pour la fabrication de l’arme atomique puis l’alimentation en combustible des réacteurs nucléaires. Ils ont laissé comme héritage 51 millions de tonnes (environ 40 millions de mètres cubes) de résidus stockés dans les enclaves minières, mais aussi 170 millions de tonnes (plus de 100 millions de mètres cubes) de stériles : des roches extraites pour accéder au minerai, qui contiennent des métaux lourds radioactifs. Ces stériles ont été entassés çà et là en « verses », lorsqu’ils n’ont pas été réutilisés, sans autre précaution, pour remblayer des chemins, aménager des terrains de sport, voire servir de soubassement à des habitations.
En France, 200 millions de mètres cubes de résidus à vie longue n’ont pas de filière de gestion. Seuls 1,6 million de mètres cube sont pris en charge par l’Andra.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/11/la-contamination-sans-fin-des-dechets-radioactifs-oublies_5474470_3244.html
mlsum-fr-1747
Clotilde Hesme dans « Stallone », le 7 octobre. HUMA ROSENTALSKI « Non, je ne vais pas enfiler de gants de boxe ! Pas sur les mains, en tout cas… », prévient en riant Clotilde Hesme. Oui, mais où, alors ? Pour le savoir, il faut découvrir Stallone, qui voit la reine Clotilde revenir au théâtre, dans ce Festival d’automne où elle est à l’affiche en compagnie d’autres belles actrices – Jeanne Balibar avec Frank Castorf, Jolente De Keersmaeker avec le tg STAN et Tiago Rodrigues… Clotilde Hesme ne joue pas non plus Sylvester Stallone, acteur qu’elle trouve pourtant très largement « mésestimé, parce qu’il a caché sa sensibilité et son intelligence derrière ses muscles ». Ce qu’elle joue, c’est à la fois le récit et l’héroïne d’une nouvelle, fulgurante comme un uppercut, d’Emmanuèle Bernheim. Dans Stallone, l’écrivaine et critique de cinéma, disparue en 2017, imagine une héroïne qui lui ressemble. Une jeune femme qui s’appelle Lise, et qui décide de reprendre les rênes de sa vie après avoir vu Rocky III, l’œil du tigre, de et avec Sylvester Stallone. L’inoxydable Rocky Balboa et l’acteur qui l’incarne vont accompagner Lise tout au long de son existence, comme un de ces secrets qui vous aident à vivre, n’ont de sens que pour vous, mais sont un des ressorts essentiels de votre destinée. Le projet de porter cette histoire au théâtre, imaginé en compagnie du cinéaste Fabien Gorgeart, avec qui elle a tourné Diane a les épaules (2017), va bien à Clotilde Hesme, grande fille qui aime « être libre dans [son] genre ». Une féminité inédite Le mot de « genre » est ici à prendre à tous les sens du terme. Clotilde Hesme, avec sa beauté de longue liane brune aux yeux verts, a inventé une forme de féminité inédite dans le théâtre et le cinéma français : une féminité qui ne reproduit pas les clichés du féminin, et qui ne copie pas ceux du masculin. Libre dans son genre, aussi, elle qui a débuté avec Philippe Garrel, mais revendique de « n’appartenir à aucune famille », elle qui est surtout connue du grand public par le cinéma, mais ne s’est jamais éloignée longtemps du théâtre, comme colonne vertébrale essentielle. « Ce qui me touche énormément dans le texte d’Emmanuèle Bernheim, c’est ce récit de la manière dont une œuvre d’art peut changer votre vie. C’est une idée qui fait fortement écho chez moi. » « Ce qui me touche énormément dans le texte d’Emmanuèle Bernheim, c’est ce récit de la manière dont une œuvre d’art peut changer votre vie. C’est une idée qui fait fortement écho chez moi », raconte-t-elle, elle qui a grandi à Troyes, dans une famille modeste éloignée du cinéma et du théâtre, en compagnie de ses deux sœurs, Annelise Hesme et Elodie Hesme, également actrices. ARCHIVES PERSONNELLES / CLOTHILDE HESME En 2013, la comédienne de Chocolat, le film de Roschdy Zem, et des Revenants, la série de Fabrice Gobert, après avoir joué au théâtre avec Bruno Bayen, Luc Bondy ou Christophe Honoré, devait incarner Rosalinde, l’héroïne travestie de Comme il vous plaira, de Shakespeare, sous la direction de Patrice Chéreau. Et puis Chéreau est mort, en octobre de cette année-là, et Clotilde Hesme a eu envie de tout arrêter. « Je suis restée bloquée dans la forêt d’Arden [lieu où se situe la pièce] pendant un bon moment, se souvient Clotilde Hesme avec son humour léger. Avec Luc Bondy, Bruno Bayen et Patrice Chéreau, j’ai eu la chance de rencontrer des hommes fabuleux, qui m’ont énormément apporté, mais qui appartenaient à une autre époque. » Luc Bondy l’a rattrapée par la peau du cou, en 2014, pour jouer Elmire dans Tartuffe aux côtés de Micha Lescot. Puis Luc Bondy est mort, lui aussi, en 2015, ainsi que Bruno Bayen, en 2016. « Je me suis demandé si je n’appartenais pas à une autre époque, moi aussi, sourit Clotilde Hesme. Hormis François Orsoni, que je connais depuis longtemps, les jeunes metteurs en scène ne s’intéressaient pas à moi. Et puis les actrices vieillissent beaucoup plus vite que les acteurs, vous avez remarqué ? A l’approche de la quarantaine, les propositions ne se bousculent plus. » Clotilde Hesme, à Paris, en 2017. BENOÎT TESSIER / REUTERS A 40 ans tout juste, qu’elle vient d’avoir, le 30 juillet, Stallone a donc la saveur d’une renaissance. « J’avais très envie d’une parole plus intime, plus personnelle, mais sans être dans l’autofiction ou l’autobiographie. Fabien Gorgeart m’a fait découvrir Emmanuèle Bernheim, avec l’idée d’adapter au cinéma son récit Tout s’est bien passé, que nous tournerons dans quelques mois. Parallèlement, on s’est dit que Stallone pourrait donner lieu à une adaptation théâtrale. Il y a dans la nouvelle cette dimension, que j’aime beaucoup, où l’intime peut devenir universel et populaire. » Une belle partition Et, de fait, Stallone, véritable « précipité de vie » (et de mort) est une belle partition pour sa vitalité, sa fraîcheur, son humour, son jeu dénué de lourdeur et de pathos, sa manière de se promener librement dans les identités féminine et masculine – après avoir joué Baal, le monstre de Brecht, avec François Orsoni, elle sera Coriolan, le chef de guerre shakespearien, la saison prochaine, avec le même metteur en scène. « C’est comme des poupées russes, analyse-t-elle : moi, qui suis une actrice, je joue une jeune femme qui mène une vie tranquille et ordinaire, mais qui s’identifie à un acteur et à ses personnages de films d’action violents, films d’action qu’adorait Emmanuèle Bernheim, double de son héroïne. » Par le biais d’un genre cinématographique mineur, le film d’action, on retrouve le rôle fondamental du théâtre, qui est bien d’offrir une catharsis à la violence que chacun porte en soi. On est là loin de la littéralité qui empoisse tellement l’époque, et qui souvent ne sert qu’à réassigner aux êtres leurs identités construites par la société. Et, par le biais d’un genre cinématographique mineur, le film d’action, on retrouve le rôle fondamental du théâtre, qui est bien d’offrir une catharsis à la violence que chacun porte en soi. Ce genre de détour sied bien à Clotilde Hesme et à son élégance, elle qui a la capacité de vivre les rôles qu’elle joue avec une grande intensité, mais sans se laisser contaminer par eux. Un jour, il y a longtemps de cela, plus de vingt ans – elle avait à peine 18 ans –, un des cinéastes portugais les plus flamboyants et irrécupérables, Joao Cesar Monteiro (disparu en 2003), avec qui elle devait jouer dans une adaptation de La Philosophie dans le boudoir, de Sade (projet qui n’a pas abouti), lui avait dit : « Tu as une lumière dans le regard, il ne faut pas que tu la perdes. » Clotilde Hesme n’a pas oublié. Elle a une lumière, oui. Avec des ombres dessinées derrière elle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Clotilde Hesme fait danser Sylvester Stallone « Stallone », d’après Emmanuèle Bernheim (Gallimard). Conçu par Fabien Gorgeart et Clotilde Hesme. Au Centquatre-Paris, jusqu’au 26 octobre. L’intégrale du programme du Festival d’automne est à retrouver sur : www.festival-automne.com Cet article est extrait d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le Festival d’automne à Paris.
La comédienne est à l’affiche de « Stallone » pièce qu’elle a conçue avec Fabien Gorgeart, adaptée d’une nouvelle d’Emmanuèle Bernheim. L’histoire d’une jeune femme qui reprend sa vie en main grâce à « Rocky III »
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/02/au-theatre-clotilde-hesme-retrouve-l-il-du-tigre_6013932_3246.html
mlsum-fr-1748
Bruno Le Maire, à l’Elysée, le 3 juillet. « La France est un Etat souverain, elle décide souverainement de ses dispositions fiscales », a déclaré , jeudi 11 juillet, le ministre de l’économie au Sénat, lors de l’adoption définitive de la taxe sur les services numériques. LUDOVIC MARIN / AFP Davantage taxer les grandes entreprises du numérique dans son pays n’est pas une tâche aisée. « La France est un Etat souverain, elle décide souverainement de ses dispositions fiscales », a asséné, jeudi 11 juillet, Bruno Le Maire, au Sénat, lors de l’adoption définitive de la taxe sur les services numériques, souvent surnommée « taxe GAFA », en référence à Google, Apple, Facebook et Amazon. « Entre alliés, nous pouvons et nous devons régler nos différends autrement que par la menace », a ajouté le ministre de l’économie. Ces sentences étaient une réponse – ferme – aux menaces de rétorsion brandies la veille par l’administration du président américain Donald Trump. Washington a annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête contre la France, suggérant que Paris, « avec cet impôt, cible de manière inéquitable certaines entreprises technologiques américaines ». Les vins ou d’autres produits français pourraient être taxés outre-Atlantique, en réponse au prélèvement français de 3 % du chiffre d’affaires sur les entreprises réalisant plus de 750 millions d’euros dans le monde et 25 millions en France d’activités numériques. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’administration Trump riposte à la « taxe GAFA » française Face au coup de semonce de M. Trump, le gouvernement français a été soutenu par les autres groupes politiques qui ont tous voté le projet de loi. Rare consensus national… « Ce texte représente un symbole important, la réaction américaine le montre. Cela nous invite à mettre en œuvre avec force cette taxe », a déclaré Sophie Taillé-Polian (Val-de-Marne) du groupe socialiste et républicain. « Nul doute que la France sera une fois encore une voix d’accélération de l’adoption d’une solution internationale, quelles que soient les menaces de Donald Trump », a ajouté Sylvie Vermeillet (Jura) du groupe Union centriste. Des entreprises françaises victimes collatérales Toutefois, l’adversité est forte. Comme souvent, Google, Facebook ou Apple n’ont pas souhaité réagir, mais les syndicats professionnels dont ils sont membres ont mis la pression. « En voulant surtaxer unilatéralement des acteurs américains, Bruno Le Maire a déclenché une guerre commerciale qui pénalise la tech française aujourd’hui et pénalisera demain de nombreux secteurs qui font la réussite de l’économie française dont le vin, l’automobile, et le luxe », a déclaré Giuseppe de Martino, président de l’Association des services Internet communautaires. « Cette taxe dit aux start-up et aux investisseurs d’emmener leur innovation et leur entreprise ailleurs qu’en France », a ajouté Christian Borggreen, de la branche européenne de la Computer & Communications Industry Association. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Taxe GAFA : Bruno Le Maire répond aux entreprises du numérique Interrogées, les associations Tech in France ou France digitale regrettent aussi que des sociétés restées françaises comme Criteo ou rachetées comme Leboncoin ou Rakuten (ex-Price Minister), soient des victimes collatérales de la taxe, qui visera une trentaine d’entreprises. Un traitement spécifique Tous soulignent qu’une solution mondiale serait préférable, même M. Le Maire : « Cette taxe est temporaire : dès que l’OCDE [Organisation de coopération et de développement économiques] aura adopté une solution crédible de taxation des activités du numérique, la France la retirera », a-t-il rappelé, tout en ajoutant : « Je veux redire à nos partenaires américains que cette taxe nationale doit être une incitation à accélérer encore plus les travaux pour atteindre une solution internationale. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi La taxe GAFA à la française, un petit pas hautement symbolique Mais, à l’OCDE aussi, les débats sont sensibles. Les Etats-Unis sont agacés par la France, car ils ont depuis 2018 ouvert la porte – autrefois fermée – à une négociation fiscale internationale, qui a mené à un accord politique de 127 pays puis à un programme de travail fin mai. Washington pousse une solution qui dépasserait le cadre des « entreprises numériques » et taxerait davantage les bénéfices des multinationales dans le pays où leurs produits sont distribués, moins dans leur pays d’origine. Ce big bang fiscal toucherait les groupes français exportateurs comme Louis Vuitton en Chine… La France se dit ouverte à l’idée de ne pas se cantonner au numérique, mais continue de réclamer un traitement spécifique de ce secteur. Elle note que le Royaume-Uni a lui aussi voté une « taxe GAFA », ce jeudi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Vers un accord mondial pour mieux taxer Google, Amazon, Facebook et Apple ? « Espérons que, malgré les tensions, le vote de la taxe française facilitera la conversation globale au G7 la semaine prochaine », exhorte Pascal Saint-Amans, directeur du centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE. Les ministres des finances des pays du G7 se rencontrent les 17 et 18 juillet, à Chantilly, dans l’Oise. L’OCDE espère un accord sur une solution commune d’ici à octobre 2020. Pour ne rien manquer de l’actualité économique Cet article est paru dans notre newsletter « La lettre éco ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre quotidienne en suivant ce lien. Chaque jour à 12 h 30, vous y retrouverez les informations du Monde et son regard sur l’actualité économique, à travers notamment la chronique « Pertes & profits ».
Le prélèvement français sur les services numériques défendu par le ministre de l’économie a été adopté jeudi. Les débats restent encore sensibles à l’international.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/12/taxation-des-gafa-bruno-le-maire-avance-dans-l-adversite_5488532_3234.html
mlsum-fr-1749
Malgré leurs efforts et leur jeu toujours enthousiasmant, les Japonais n’ont jamais vraiment pu rivaliser avec les Sud-africains, beaucoup plus puissants. Eugene Hoshiko / AP Il n’y a pas eu de second miracle. Dimanche 20 octobre, Tokyo n’était pas Brighton. Si l’équipe du Japon avait créé la surprise dans le petit monde du rugby mondial lors de la précédente Coupe du monde en Angleterre en 2015, en dominant l’Afrique du Sud en match de la phase de poules, les Brave Blossoms - surnom des joueurs nippons - n’ont pas pu rééditer, en quart de finale du Mondial 2019, leur exploit face aux mêmes Sud-africains. Malgré leurs efforts et leur jeu toujours enthousiasmant, ils n’ont jamais vraiment pu rivaliser avec leurs adversaires, beaucoup plus puissants. Ils se sont inclinés 26 à 3, laissant les Springboks se qualifier pour les demi-finales face au Pays de Galles le 27 octobre à Yokohama. Après le match, l’entraîneur des Japonais, Jamie Joseph a fait part de son « immense fierté » pour ce que son équipe a accompli. « On a tout fait pour gagner mais, aujourd’hui, l’équipe sud-africaine était vraiment très forte, a déclaré le capitaine, véritable star, Michael Leitch. Je remercie du fond du cœur nos fans ». L’incertitude n’aura duré qu’un mi-temps La ferveur dans stade de Tokyo tout en rouge et blanc et les « Nippon, Nippon » scandés par le public n’ont donc pas suffi. Après la rencontre, la déception était visible et l’équipe nippone a fait un long tour du terrain pour remercier un public des plus fidèles et en larmes ce dimanche soir. Le stade a diffusé ce qui est devenu un hit accompagnant l’équipe nippone : « Uma to shika » (Le cheval et le daim), chanson thème d’une série télévisée intitulée No side game, centrée sur le rugby et qui a connu des records d’audience avant la Coupe du monde. « C’est triste, mais quelque part, c’est assez normal », observait un fan. L’incertitude n’aura duré qu’une mi-temps. Les Sud-africains ont posé la main sur la partie dès la première mêlée à la 4e minute, qui a amené leur premier essai, par l’ailier Makazole Mapimpi. Mais, profitant d’un carton jaune délivré au pilier sud-africain Tendai Mtawarira, les Brave Blossoms ont ensuite développé leur jeu léché et rapide, fait de passes croisées et de dédoublements, perturbant les Springboks Pas au point de faire céder ces derniers toutefois. Les défenses étant hermétiques, et les deux équipes s’en remettant au jeu au pied, avec force chandelles, la première mi-temps s’est terminée sur le score de 5 à 3 pour les Springboks. Domination physique Le ton a été totalement différent en seconde période. Dès la reprise, les Sud-africains s’installaient dans le camp nippon et ne le quittaient quasiment plus. Ils bénéficiaient de pénalités qui leur permettaient de creuser leur avantage. Après la 60e minute, c’est la domination physique sud-africaine qui a fait la différence. A la 65e, sur une touche, on a ainsi vu le pack sud-africain progresser de plus de 30 mètres, et libérer la voie pour un essai du demi de mêlée Faf de Klerk, désigné joueur du match. Les Japonais ne sortaient plus de leur camp et encaissaient deux autres essais. Plusieurs joueurs sortaient sur blessure. Les « Ferraris du Japon », les ailiers Kotaro Matsushima et Kenki Fukuoka, n’ont jamais pu passer la vitesse maximale. « Ça a été une grosse débauche d’énergie pour nous de continuer à aller au combat, mais je dois féliciter les gars, on s’est bien battus et on a fini par y arriver », a déclaré le capitaine Springbok, Siya Kolisi. Création d’une ligue professionnelle Le Japon sort de son mondial en ayant atteint son objectif, à savoir se qualifier pour les quarts de finale, une première. Par leur jeu rapide, enthousiasmant et généreux, les Brave Blossoms ont dominé des adversaires aussi prestigieux que l’Irlande et l’Ecosse dans la phase de poules et réussi le pari de susciter l’enthousiasme de tout un pays. Les audiences télévisuelles de leurs matchs ont dépassé tous les records. Pour la rencontre contre l’Ecosse le 13 octobre, la chaîne NTV a atteint pas moins de 53,7 % de parts d’audience, soit 54,8 millions de téléspectateurs. Les quatre matchs de poule du Japon occupent désormais les quatre premières places au classement des audiences télévisées japonaises. « Ces chiffres, qui reflètent le pouvoir qu’a le sport d’unir une nation, signalent l’éveil du Japon au rugby dans le sillage de Brave Blossoms héroïques qui ont marqué les esprits dans le monde entier », s’est félicité, le 19 octobre, le président de World Rugby, Bill Beaumont. Le succès de l’équipe nationale est également prometteur, ouvrant la voie à la création d’une ligue professionnelle qui devrait attirer d’importants sponsors et lui permettre de s’installer durablement dans le haut du classement mondial. « Le rugby japonais est dans une bonne position aujourd’hui avec une équipe incroyable », a pu se féliciter Jamie Joseph.
Plus physiques et plus organisés, les Springboks ont largement dominé les Brave Blossoms en quarts de finale dimanche (26-3) et retrouveront en demi-finales le Pays de Galles.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/20/coupe-du-monde-de-rugby-2019-les-espoirs-japonais-brises-par-les-sud-africains_6016239_3242.html
mlsum-fr-1750
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chine : « Une intervention militaire ou policière à Hongkong semble très improbable » Les présidents américain et chinois, Donald Trump et Xi Jinping, en marge du sommet du G20 à Osaka, au Japon, le 29 juin. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP Jusque-là discret sur la crise qui secoue Hongkong depuis plus de deux mois, Donald Trump est sorti de sa réserve mercredi 14 août. « En Chine, des millions d’emplois disparaissent pour aller dans des pays qui ne sont pas sujets aux taxes douanières. Des milliers d’entreprises quittent le pays. Bien sûr que la Chine veut passer un accord [avec les Etats-Unis]. Qu’ils travaillent avec humanité avec Hongkong d’abord ! », a écrit le président américain sur son compte Twitter. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les jeunes de Hongkong sont même prêts à mourir pour la cause » Peu après, dans un autre tweet à la tonalité différente, il a assuré que le président chinois, Xi Jinping, pourrait faire preuve de cette même humanité, suggérant au passage une « rencontre en personne ». « Je connais très bien le président chinois Xi. C’est un grand leader qui a tout le respect de son peuple. Il est également bon dans “les affaires à la dure”. Je n’ai aucun doute que si le président Xi veut résoudre rapidement et avec humanité le problème à Hongkong, il peut le faire », a-t-il écrit avant d’ajouter : « Rencontre en personne ? », semblant s’adresser directement au dirigeant chinois. I know President Xi of China very well. He is a great leader who very much has the respect of his people. He is als… https://t.co/5cpiEfnhdk — realDonaldTrump (@Donald J. Trump) Les Etats-Unis « très préoccupés » Aux Etats-Unis, les critiques se sont multipliées contre le président républicain pour son apparente bienveillance à l’égard de Pékin, avec qui Washington est impliqué dans d’importantes – et ardues – négociations commerciales. Plus tôt dans la journée, un porte-parole de la diplomatie américaine avait déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) que les Etats-Unis étaient « très préoccupés » par « les mouvements paramilitaires chinois » à la frontière avec Hongkong. L’ex-colonie britannique traverse sa plus grave crise depuis sa rétrocession à Pékin en 1997. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chine : « Une intervention militaire ou policière à Hongkong semble très improbable » Dans le dossier américano-chinois, Donald Trump veut forcer Pékin non seulement à réduire son excédent commercial avec les Etats-Unis mais aussi à mettre fin à des pratiques qu’il juge déloyales, comme le vol de propriété intellectuelle par exemple. Déjà 250 milliards de dollars de marchandises et matériaux chinois sont taxés par les Américains depuis un an.
Le président américain a laissé entendre qu’il pourrait lier ses discussions commerciales avec Pékin à la résolution de la crise à Hongkong.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/15/crise-a-hongkong-trump-espere-que-la-chine-agira-avec-humanite_5499580_3210.html
mlsum-fr-1751
Des manifestants marchent contre le changement climatique, à Bordeaux, le 21 septembre. GEORGES GOBET / AFP C’est une brochure d’une dizaine de pages, qui n’est pas sans rappeler le « Livret du pouvoir d’achat » annexé au premier budget Macron, à l’automne 2017. En quelques cas types simples, ce dernier se faisait fort d’expliquer aux Français en quoi les mesures prises par le nouveau gouvernement allaient profiter à leur portefeuille. Cette année, le fascicule est vert, et intitulé « Livret de la transition écologique ». Epinglé au projet de loi de finances (PLF) pour 2020, qui doit être examiné en séance à l’Assemblée nationale à partir de lundi 14 octobre, il se veut le symbole de l’attention que l’exécutif assure porter à la lutte contre le réchauffement climatique. Parmi l’arsenal écolo du gouvernement figurent le verdissement de la prime automobile à la conversion, le recentrage du crédit d’impôt transition énergétique (CITE) sur les plus modestes, ou l’évolution de la fiscalité sur les déchets. Aux côtés du pouvoir d’achat, du social et des sujets régaliens, l’« urgence climatique » est en effet affichée comme l’un des principaux axes de ce PLF. Mi-juillet, au moment du débat d’orientation des finances publiques, Bercy en faisait l’une de ses « grandes priorités pour la deuxième partie du quinquennat ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi « L’écologie est au cœur de l’acte II du quinquennat » Le 25 septembre, l’inspection générale des finances publiait même une étude présentée comme le premier « budget vert » de l’Etat – en fait, un recensement des recettes et dépenses 2019 selon leur degré d’impact sur l’environnement. « En 2021, nous aurons à la fois une lecture comptable et une lecture qui permette de dire si [le budget] est compatible ou non avec l’environnement », assurait alors Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics. Volontarisme affiché La semaine dernière, les questions de fiscalité verte se sont effectivement invitées dans les débats de la commission des finances de l’Assemblée. Le sujet devrait monter un peu plus encore en séance cette semaine, avec la présence au banc du ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, et de Gérald Darmanin. Car le volontarisme affiché du gouvernement est loin de convaincre les parlementaires. « Un vrai budget vert, c’est un budget qui investit assez dans la transition écologique, et compatible avec une limitation du réchauffement climatique à 1,5 degré. On en est encore loin ! Pour cela, il faut une volonté politique, que je ne retrouve pas dans les faits », déplore Matthieu Orphelin, député (ex-La République en marche, LRM) du Maine-et-Loire. Selon ce proche de Nicolas Hulot, qui avait claqué la porte de la majorité en février, la France devrait investir 25 milliards d’euros par an dans des infrastructures de transport et autres rénovations énergétiques pour tenir ses engagements en matière de réduction de gaz à effet de serre. Dont au moins 5 milliards d’argent public, soit 0,2 % du produit intérieur brut.
Le projet de loi de finances est débattu à l’Assemblée cette semaine. La fiscalité verte, étincelle de la fronde des « gilets jaunes », crispe de nouveau les débats.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/14/ecologie-le-budget-2020-affiche-un-vert-encore-bien-pale_6015371_823448.html
mlsum-fr-1752
Vue d’artiste du projet, qui prévoit des logements, des bureaux, des stations de métro, un parc, des commerces... Distrito Castellana Norte, S.A. (DCN) / Rogers Stirk Harbour + Partners Près du squelette en béton d’un immeuble inachevé, un petit bidonville, avec ses baraques en tôle, est tapi au creux de vastes terrains vagues. Un peu plus loin, en contrebas d’une ancienne chapelle murée et couverte de graffitis, une vieille cimenterie s’active, soulevant une épaisse couche de poussière. Derrière, une succession d’entrepôts abandonnés borde la petite route qui longe les voies ferrées infranchissables de la station de train de Chamartin… Bienvenue sur les terrains de « Madrid Nuevo Norte », au nord de la capitale espagnole, non loin des quatre majestueux gratte-ciel en verre de Madrid. C’est ici que doit bientôt démarrer « le plus grand projet de régénération urbanistique d’Europe », selon ses promoteurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Espagne, la fièvre immobilière fait craindre une nouvelle bulle Qu’il soit le plus grand ou presque, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur 5,6 kilomètres de long, au nord du Paseo de la Castellana, la principale artère de la capitale espagnole, cette opération immobilière englobe 3,3 millions de m2, dont 1,6 million de m2 destinés à des bureaux et commerces et 1 million de m2 à des immeubles résidentiels. Trois nouvelles stations de métro et une station de train de banlieue sont prévues. Une partie des voies ferrées de la vieille gare de Chamartin sera recouverte d’une dalle sur laquelle sera façonné un parc urbain de 13 hectares. La gare elle-même sera transformée en la plus grande et la plus moderne station TGV d’Espagne, reliée directement à celle d’Atocha. Quatre ponts connecteront les quartiers aujourd’hui séparés par les rails. Près de 250 000 m2 de terrains seront occupés par des bâtiments publics : écoles, centres de santé, édifices culturels…. Au nord, près de 10 500 logements, dont 20 % à prix modérés, devraient être mis en vente. Au sud, trois tours dont l’une pouvant atteindre 300 mètres de haut, et des dizaines d’immeubles de bureaux, compléteront les quatre gratte-ciel déjà existants pour former un vaste quartier d’affaires. De longues négociations Après 25 ans de paralysie, de va-et-vient administratifs et de remodelage du projet, la ville a enfin débloqué « l’opération Chamartin ». A l’unanimité, tous les partis formant le conseil municipal madrilène – de la gauche alternative à l’extrême droite en passant par les socialistes, les conservateurs et les libéraux –, ont approuvé le 29 juillet la modification du plan d’aménagement du territoire pour permettre le lancement de ce projet pharaonique. Il aura fallu pour y parvenir de longues négociations entre la précédente équipe municipale, menée par la maire de gauche alternative Manuela Carmena, l’entreprise ferroviaire publique ADIF, propriétaire de près de la moitié du foncier, et surtout la société DCN, détenue à 73 % par la banque BBVA et à 27 % par l’entreprise San Jose Construction, titulaire depuis 1994 de la concession sur les terrains, à 70 % publics. Le nouveau maire conservateur, José Luis Martinez Almeida, au pouvoir depuis le 15 juin, a décidé de le soumettre au vote du conseil municipal sans y toucher. Pas question de prendre le risque d’un nouveau blocage. La mairie estime les retombées économiques attendues à 16 milliards d’euros et 200 000 emplois.
Après vingt-cinq ans de blocage, l’un des plus grands projets de rénovation urbaine d’Europe peut démarrer. Il fera de la gare de Chamartin et ses alentours, qui séparent le nord-ouest et le nord-est de Madrid, un quartier d’affaires d’un nouveau type.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/13/madrid-nuevo-norte-la-folie-des-grandeurs_5509916_3234.html
mlsum-fr-1753
Ce dimanche 18 août, à 1 h 30 du matin, lorsque l’officier de permanence du commissariat d’Annecy reçoit l’appel, il n’a d’abord aucune certitude. Au téléphone, une voix masculine explique que son frère conduit une voiture venue d’Italie et en direction d’Annecy. Il lui aurait dit avoir fait une « grosse connerie » et placé sa compagne morte dans une valise. Elle serait dans le coffre. Le policier note les éléments donnés par son interlocuteur : le modèle du véhicule, son numéro d’immatriculation, le portable du frère. Ces précisions obtenues, l’agent prévient immédiatement sa hiérarchie. Outre les patrouilles de police, les gendarmes des alentours sont mobilisés. Le portable du conducteur est géolocalisé en urgence. A 5 h 25, les membres d’un peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie arrêtent un véhicule familial juste avant un rond-point, sur la commune de Doussard (Haute-Savoie), au sud du lac d’Annecy. Au volant, un homme de 45 ans, Driss Ouhmid. Sur la banquette arrière, un garçon de 9 ans et une fille de 6 ans, assoupis. Dans le coffre, une valise. Les gendarmes l’entrouvrent. Suffisamment pour voir que s’y trouve, recroquevillé, le corps d’une femme. Ils la referment puis appellent une dépanneuse pour emmener la voiture au commissariat. Le jour même, la presse mentionne brièvement ce féminicide, le 93e de l’année en France – la barre symbolique des 100 a depuis été franchie, juste avant le début du Grenelle des violences conjugales, qui s’ouvre mardi 3 septembre. Celui-ci reste, deux semaines après, l’un des plus énigmatiques. « Le meilleur des papas » Lors des 48 heures de sa garde à vue, Driss Ouhmid n’a rien dit, ou presque. « Il ne me paraissait pas du tout nerveux, raconte le vice-procureur Pierre Filliard, alors de permanence. Plutôt déconnecté de la réalité. Comme s’il n’arrivait pas à accepter la situation dans laquelle il se trouvait. » Face à ce silence, les questions restent nombreuses. Comment expliquer la présence de la femme dans la valise ? Pourquoi le suspect revenait-il d’Italie, alors que, de source judiciaire, la famille était déjà rentrée à Annecy, le 14 août, de « quelques jours de vacances » dans ce pays ? Que s’est-il passé entre le 14 et le 18 août, période durant laquelle Marianne C., la mère de 37 ans retrouvée dans la valise, n’a pas donné de signe de vie ?
Une femme a été retrouvée dans le coffre d’une voiture le 18 août, près du lac d’Annecy. Le conducteur – son compagnon – a été mis en examen pour assassinat.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/03/a-annecy-la-justice-tente-d-eclaircir-un-mysterieux-feminicide_5505717_3224.html
mlsum-fr-1754
Des sauveteurs portent un crocodile à Vadodara, vendredi 2 août. STRINGER / REUTERS Des crocodiles écumaient les rues inondées de la ville indienne de Vadodara, dont les quelque 50 centimètres de précipitations reçues en vingt-quatre heures ont causé la mort de cinq personnes, a annoncé, vendredi 2 août, la police locale. Les eaux restaient par endroits à hauteur de hanche vendredi dans cette ville de l’Etat du Gujarat (ouest de l’Inde), où la principale gare et la plupart des rues étaient fermées en raison des pluies de la mousson. Heavy rains chaos! Evacuation of stranded rail passengers by Army trucks at Vadodara on @WesternRly https://t.co/RD8EtKgqPz — rajtoday (@Rajendra B. Aklekar) Quelque 5 000 personnes ont été évacuées de leur maison, alors que les eaux ont fait déborder la rivière Vishwamitri, infestée de crocodiles, les reptiles se répandant alors dans cette ville de 1,2 million d’habitants. Attaques de crocodiles Une vidéo diffusée par Times of India et devenue virale sur les réseaux sociaux montre un crocodile attaquant un chien. Il a, par la suite, été capturé par des défenseurs des animaux. #VadodaraRains : Crocodile enters Rajstambh society near Lalbaug; attacks dog. https://t.co/LQ51d2gMlp — TOIVadodara (@TOI Vadodara) Selon la police, deux autres incidents avec des crocodiles ont été recensés dans des zones habitées. De nombreux ponts au-dessus de la rivière étaient fermés, coupant du monde de nombreux districts de la ville. Des habitants s’organisent pour tenter de capturer les animaux qui circulent trop près des maisons. After massive #VadodaraRains, there is a flood like situation in #Vadodara. Also , crocodiles are entering into res… https://t.co/79bycbB1SM — kumarmanish9 (@Kumar Manish) Deux personnes sont mortes électrocutées et deux ouvriers ont péri dans l’effondrement d’un mur fragilisé par les eaux, selon les autorités. Le corps d’un homme de 60 ans a également été découvert flottant dans l’eau. La cause de la mort n’était pas connue dans l’immédiat. Les autorités ont dépêché à Vadodara des équipes médicales d’autres parties du Gujarat pour contenir les infections et maladies. La mousson a coûté la vie à au moins 460 personnes en Inde cette année. Des habitants de Vadodara à bord d’un bateau de sauvetage, jeudi 1er août. STR / AFP
Quelque 5 000 personnes ont été évacuées de cette ville d’1,2 million d’habitants après que les eaux ont fait déborder une rivière infestée de crocodiles.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/02/des-inondations-font-cinq-morts-dans-une-ville-indienne-envahie-par-les-crocodiles_5495917_3210.html
mlsum-fr-1755
Tous les contrats de location signés dans Paris intra-muros à partir du 1er juillet 2019 seront soumis à l’encadrement des loyers. Un loyer maximum sera fixé en fonction du quartier, du nombre de pièces et de la période de construction de l’immeuble. Une trentaine de villes, dont une bonne partie en banlieue parisienne, pourraient suivre cet exemple dans les prochains mois. La loi « Elan » du 23 novembre 2018 permet, en effet, aux 28 agglomérations de plus de 50 000 habitants où les niveaux de loyers sont élevés et où une pénurie de logements est constatée, de mettre en place ce dispositif. « La métropole Aix-Marseille-Provence envisage également cette solution car les loyers sont élevés compte tenu des ressources de la population mais les élus attendent de voir si cela n’a pas comme conséquence de décourager les bailleurs et de donc faire diminuer le nombre de logements disponibles », explique Thierry Moallic, directeur de l’Agence départementale d’information sur le logement (Adil) des Bouches-du-Rhône. Les villes ayant mis en place l’encadrement devront d’ailleurs toutes tirer un bilan de la mesure car la loi Elan prévoit que la mesure est prise pour 5 ans, à titre expérimental. Se renseigner avant de mettre un logement en location Avant de renouveler un bail ou de mettre un logement en location, il est donc conseillé de se renseigner à la mairie pour savoir si les loyers sont encadrés. Il faut ensuite trouver quel est le loyer maximum fixé pour le logement : c’est le préfet qui fixe un loyer de référence et surtout un loyer majoré supérieur de 20 % au loyer de référence. Le loyer demandé ne peut pas être supérieur à ce loyer de référence majoré. Pour les bailleurs parisiens, la préfecture d’Ile-de-France a mis en place une carte interactive sur le site http://www.referenceloyer.drihl.ile-de-france.developpement-durable.gouv.fr/qui permet de trouver le loyer maximum immeuble par immeuble. Il est aussi possible de trouver les informations sur le site www.paris.fr dans la rubrique actualités. Outre l’adresse du logement, Il faut connaître la date de construction de l’immeuble concerné et indiquer si l’on souhaite louer le logement vide ou meublé car le montant du loyer est plus élevé dans ce dernier cas. Le montant est exprimé en euros par mois par m2. « Pour un appartement de 75 m2 situé dans le 14e arrondissement de Paris, si le loyer de référence majoré est de 24,50 euros/m2. Le loyer ne peut pas dépasser 1 837,50 euros par mois hors charge », explique Estelle Laurent, porte-parole de Crédixia, courtier en crédit. Amende de 5 000 euros Si le bailleur décide de demander un loyer de 2000 euros par mois pour l’appartement cité en exemple, il devra justifier dans le bail que le logement présente des caractéristiques particulières de confort supérieures aux logements équivalents situés dans le même secteur. Il peut s’agir d’une vue exceptionnelle, de la présence d’une terrasse, d’un jardin ou d’un parking dans un secteur qui en manque. Lire aussi Conflits de voisinage : la médiation devient obligatoire Si le loyer est supérieur au maximum autorisé, le préfet peut demander au bailleur de se mettre en conformité dans un délai de deux mois et le bailleur dispose d’un mois pour se justifier. S’il ne le fait pas, Il risque une amende de 5 000 euros s’il est une personne physique et 15 000 euros pour un bailleur moral comme une SCI par exemple. Le locataire qui se rend compte que le loyer est supérieur au maximum prévu peut aussi agir dans un délai d’un mois à compter de la prise d’effet du bail et saisir la Commission départementale de conciliation (CDC) afin de trouver une solution. Reste à voir si le dispositif d’encadrement ne sera pas annulé en justice car l’Union nationale de la propriété immobilière (Unpi) a déjà annoncé sa volonté de contester cette mesure qu’elle estime inefficace et décourageante pour les bailleurs. Lire aussi Des nouveaux services pour les jeunes qui cherchent à louer un logement
A partir du 1er juillet, les loyers seront plafonnés dans Paris. D’autres villes comme la métropole Aix-Marseille Provence pourraient bientôt suivre cet exemple.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/06/27/comment-va-fonctionner-l-encadrement-des-loyers_5481992_1657007.html
mlsum-fr-1756
« Même si les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se soucier d’éthique, il est rare qu’une campagne de boycott réussisse à ébranler de manière durable les ventes d’un grand groupe. » Tribune. Comment les investisseurs réagissent-ils lorsque les entreprises cotées sont à l’origine d’accidents industriels ou de scandales éthiques de grande ampleur ? Il y un an précisément, la société Lafarge, encore fleuron du CAC 40, était mise en examen pour « complicité de crimes contre l’humanité », accusée d’avoir soutenu financièrement l’organisation Etat islamique en Syrie. Examiner l’évolution du cours boursier du premier cimentier mondial depuis cette date, revêt un intérêt tout particulier dans un contexte où l’investissement socialement responsable est devenu une thématique majeure de la finance. Revenons un peu en arrière. L’affaire, dévoilée dans Le Monde en 2016, n’a, au départ, aucun impact sur le cours de bourse. Le fait que l’entreprise reconnaisse publiquement certains des faits incriminés en 2017 à l’issue d’une enquête interne, n’ébranle pas davantage les marchés. Il faut attendre décembre 2017 précisément, et la mise en examen de plusieurs cadres dirigeants de Lafarge, accusés, entre autres, de « financement d’une entreprise terroriste », pour qu’une évolution soit perceptible. En dix jours, alors que l’entreprise est la cible d’une première vague médiatique impressionnante (près de 400 articles négatifs en un mois), le cours boursier perd… 2 %. Le groupe réagit rapidement et remanie son comité exécutif fin 2017 en écartant certains dirigeants dans un souci d’apaisement et probablement d’expiation des errements passés. Lafarge a par ailleurs démarré, à partir de juin 2017, un programme de rachat d’actions, rassurant ainsi la communauté financière sur ses perspectives de croissance et contribuant à maintenir les cours. D’après la recherche que nous avons menée sur plusieurs grands scandales et accidents industriels dans l’étude « Negative Press and Corporate Policy » présentée, en octobre 2018, au congrès annuel de la FMA à San Diego (Californie), le choix de racheter ainsi des actions en période de forte turbulence médiatique est coutumier des grands groupes dès lors que ceux-ci peuvent s’appuyer sur de bons fondamentaux. Pas de chocs médiatiques Dans tous les cas, lorsque deux ONG portent plainte au mois de mars 2018, les rachats cessent. Dépenser la trésorerie de l’entreprise afin de rassurer les marchés s’avère désormais plus risqué. De fait, la mise en examen, quelques semaines plus tard, de l’entreprise elle-même, en tant que personne morale, constitue un choc très rude. En l’espace de dix jours, en juin 2018, alors qu’un deuxième pic médiatique se produit (environ 250 articles en un mois), le cours boursier du groupe perd, cette fois, 7 % en deux semaines et 14 % au total dans les six mois qui suivent.
Il y a un an, la société Lafarge était mise en examen pour « complicité de crimes contre l’humanité » la chercheuse Marie-Aude Laguna constate dans une tribune au « Monde » que seule la procédure judiciaire a eu un impact sur les investisseurs.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/28/lafarge-la-responsabilite-societale-des-entreprises-n-est-clairement-pas-encore-au-c-ur-des-decisions-des-investisseurs_5482645_3232.html
mlsum-fr-1757
INFOGRAPHIE « LE MONDE » Emmanuel Macron a annoncé lundi 24 juin qu’il rencontrerait « en aparté » son homologue américain, Donald Trump, pour évoquer le dossier iranien, en marge du G20 qui doit se tenir en fin de semaine au Japon. Avec pour objectif affiché de calmer les tensions entre l’Iran et les Etats-Unis, ravivées par l’attaque, le 13 juin, de deux pétroliers, norvégien et japonais, dans le détroit d’Ormuz, commandée par Téhéran selon Washington. Samedi, des médias américains avaient rapporté que les Etats-Unis avaient lancé des cyberattaques contre des systèmes de lancement de missiles et un réseau d’espionnage iraniens. Selon le Washington Post, une des cyberattaques a visé des ordinateurs servant à contrôler des lancements de missiles et de fusées. Selon Yahoo! News, l’autre attaque informatique a frappé un réseau d’espionnage chargé de surveiller les passages de navires dans le détroit d’Ormuz. Le groupe, lié aux gardiens de la révolution, procéderait notamment en créant des profils sur les réseaux sociaux pour converser sous une fausse identité avec des marins américains et connaître ainsi leurs déplacements. Cette technique est connue des services de sécurité américains et des entreprises spécialisées depuis au moins cinq ans, mais les Iraniens l’auraient récemment perfectionnée. L’unité de renseignement est soupçonnée d’avoir participé au sabotage de six navires pétroliers en mer d’Oman depuis la mi-mai. L’Iran a assuré, le 24 juin, n’avoir subi aucun dégât à la suite de « présumées cyberattaques ». Le ministre iranien des télécommunications, Mohammad Javad Azari-Jahromi, a affirmé que cette opération avait échoué. « Les médias s’interrogent sur la véracité de présumées cyberattaques contre l’Iran. Je dois dire que cela fait longtemps que nous faisons face au cyberterrorisme (…) et à l’unilatéralisme » des Etats-Unis, a-t-il déclaré sur Twitter. « Aucune de leurs attaques n’a réussi, alors qu’ils font beaucoup d’efforts en ce sens », a-t-il affirmé. « L’an dernier, nous n’avons pas fait échouer une attaque, mais 33 millions » grâce à un nouveau système de défense informatique, a-t-il ajouté. Frappes annulées au dernier moment Un hélicoptère américain survole le détroit d’Ormuz, le 21 décembre 2018. HAMAD I MOHAMMED / REUTERS Signe d’une volonté de maintenir une pression militaire sur Téhéran, cette attaque informatique, d’une ampleur limitée, a été validée par le président américain Donald Trump. Elle fait suite à son renoncement, in extremis, à lancer des frappes aériennes contre des batteries de missiles et des radars iraniens, en réplique à l’attaque d’un drone de surveillance américain dans le golfe Persique, le 20 juin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Dix minutes avant la frappe, je l’ai stoppée » : les douze heures où Trump a failli attaquer l’Iran Planifiée depuis des semaines, cette cyberattaque a été conçue comme une réponse aux sabotages de tankers attribués par Washington à l’Iran. Elle montre une nouvelle fois la posture de plus en plus agressive des Etats-Unis dans le cyberespace. L’unité de l’armée américaine chargée des cyberattaques, le Cyber Command, dispose depuis peu de nouveaux pouvoirs et de plus d’autonomie pour mener ses opérations et, selon les médias américains, elle a récemment mené plusieurs attaques d’envergure, en particulier en Russie. Les tensions numériques s’étaient accrues entre l’Iran et les Etats-Unis avant même cette attaque et les accrochages dans le détroit d’Ormuz. Selon plusieurs sociétés spécialisées, des groupes de pirates connus pour leur grande proximité avec Téhéran ont récemment multiplié les tentatives d’infiltration visant des entreprises et des administrations américaines, en particulier dans le domaine de l’énergie. Les autorités américaines ont même alerté les entreprises industrielles américaines contre ce regain de tensions, craignant que le régime iranien n’utilise ces outils si les tensions avec Washington venaient à perdurer. Les sociétés visées et le mode opératoire habituel de ces groupes font craindre, outre l’espionnage, des attaques cherchant à provoquer des dégâts physiques. « Le régime iranien et ses proxies utilisent de plus en plus d’attaques destructives, au-delà du simple vol de données ou de fonds », a averti Christopher C. Krebs, directeur de l’Agence de cybersécurité au sein du département de la sécurité intérieure. Mises en garde Samedi, dans un geste d’ouverture adressé à Téhéran, le président Trump a dit apprécier le fait que l’Iran ait frappé un simple drone, le 20 juin, et non un avion américain avec son équipage. Il affirmait pouvoir devenir « le meilleur ami » de l’Iran, si le pays renonçait à construire des armes nucléaires. Le renseignement américain estime pourtant que l’Iran a mis à l’arrêt son programme militaire supposé dès 2003, avant d’abandonner l’essentiel de ses travaux nucléaires en 2015, en signant l’accord international que M. Trump a dénoncé l’an dernier. Dans le même temps, le conseiller à la sécurité nationale américain, John Bolton, et le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, partisans d’un changement de régime à Téhéran, ont multiplié au fil du week-end les mises en garde martiales. En visite en Israël, M. Bolton a rappelé que « personne n’a accordé de permis de chasse [aux Iraniens] au Proche-Orient. Comme l’a dit le président Trump jeudi, notre armée est reconstruite, neuve et prête à frapper. » Lundi, le président américain a signé un décret imposant, selon lui, des sanctions « dures » visant le Guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. « Les sanctions contenues dans ce décret empêcheront le Guide suprême, son équipe et d’autres qui lui sont étroitement liés d’avoir accès à des ressources financières essentielles », a précisé M. Trump. Dans une première réaction à l’annonce des sanctions – évoquées plus tôt dans la journée par M. Pompeo, en visite en Arabie saoudite, proche alliée de Washington et grande rivale régionale des Iraniens –, le porte-parole des affaires étrangères iranien, Abbas Moussavi, a affirmé : « Nous ne savons vraiment pas ce que sont [ces sanctions] ni où ils veulent encore frapper davantage, mais nous estimons qu’elles n’auront aucun résultat. » « Nous prenons néanmoins au sérieux toute [nouvelle] sanction, que nous considérons comme un acte hostile conforme au terrorisme économique et à la guerre économique lancés contre notre nation », a-t-il ajouté. Alliée de l’Iran, la Russie a d’ores et déjà qualifié les sanctions promises d’« illégales ». De son côté, le commandant en chef de la marine iranienne, le contre-amiral Hossein Khanzadi, a averti que la destruction du drone américain, le 20 juin, « riposte ferme » aux Etats-Unis, pouvait « se reproduire ». Crise diplomatique Iran – Etats-Unis : le Conseil de sécurité de l’ONU appelle « au dialogue » Le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé lundi 24 juin dans une déclaration approuvée par ses 15 membres « au dialogue » et à des mesures pour mettre fin aux tensions dans le Golfe, où les attaques contre des pétroliers sont « condamnées ». Une tentative des Etats-Unis d’inclure dans le texte une mention sur la responsabilité d’un « acteur étatique » dans les récentes attaques contre des pétroliers a été refusée par la Russie, selon une source diplomatique.
Selon des médias américains, les Etats-Unis ont lancé des cyberattaques sur des infrastructures iraniennes. Macron et Trump évoqueront le sujet en marge du G20.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/24/l-iran-dit-n-avoir-subi-aucun-degat-a-cause-de-presumees-cyberattaques-americaines_5480582_3210.html
mlsum-fr-1758
OCS City, lundi 17 juin, à 21 heures, série En surfant à son tour sur la vague des séries pour ados – que Netflix a enfourchée depuis longtemps –, la chaîne américaine HBO (Game of Thrones, Girls…) ne recherche peut-être pas le scandale – elle est connue pour tenter de repousser les frontières du représentable –, mais s’assure que tout le monde en parle. Il est vrai qu’Euphoria effraiera pas mal de parents… quand nombre de jeunes l’assimileront sans doute à une fiction du réel. Une sorte de documentaire ne représentant certes qu’une mince frange de lycéens américains en mal d’enivrement et de repères, mais une série qui frappe (enfin) au cœur des tensions et tentations qui les travaillent. L’on y rencontre Rue, 17 ans, alors qu’elle vient de passer l’été en désintoxication – elle avait failli mourir d’une overdose de petites pilules – et qu’elle se précipite chez son dealeur habituel. Une partie de son histoire, en cette rentrée scolaire, nous sera contée en voix off, ce qui, contrairement à nombre d’autres cas, s’avérera très à-propos. Rue n’est pas la seule du lycée à rechercher l’ivresse, mais elle y est accro, là où ses camarades en (ab) usent régulièrement pour simplement se détendre ou faire la fête. Peut-être, au bout du compte, l’amitié qui la lie à ses copines la sauvera-t-elle – nous n’avons pu voir que la moitié de la série. C’est, en tout cas, l’espoir que laisse entrevoir sa très douce rencontre avec une nouvelle lycéenne qui vient d’emménager dans le quartier, l’adorable Jules (une fille transgenre, tant dans la série que dans la vie). Mais si Euphoria risque de faire grand bruit aux Etats-Unis, c’est que ces adolescents, nés sous l’ère du porno 2.0 disponible à tous et à toute heure, ont une sexualité… Et que l’on y voit des pénis, filmés frontalement lorsque les garçons se douchent après le sport, et même parfois en érection, dans les sextos que les ados s’envoient – « une simple façon de dire “bonjour” », expliquait déjà une ado, dans Casual (2015). Un vent nouveau sur la quête d’identité adolescente Pourtant, l’important n’est pas là. Quelques lourdeurs dans les deux premiers épisodes n’invalident en rien la qualité de cette série qui, sous des aspects de déjà-vu – des fêtes dans de grandes maisons avec piscine, des gosses de familles aisées, des parents plutôt branques –, fait souffler un vent nouveau, folle vigueur, sur cette quête d’identité qui entraîne les adolescents à tâtonner et prendre des risques. Adaptée d’une création israélienne par Sam Levinson (réalisateur d’Assassination Nation en 2018, et qui a raconté avoir lui-même traversé l’enfer de l’addiction aux drogues), Euphoria met en scène un casting d’enfer et des personnages très attachants, au-delà de leur apparente superficialité, surtout pour ce qui concerne les filles. Zendaya Coleman elle-même, qui interprète Rue, se pose en révélation, après avoir fait les beaux jours des enfants pour Disney. Navigue dans son entourage la ronde Kat (Barbie Ferreira, brillante de décomplexion), qui, horrifiée que sa défloraison de dos ait été filmée et remporte un franc succès sur une plate-forme porno, va apprendre à monétiser son corps par webcam pour des fétichistes. Une même force de vie se retrouve chez Cassie, interprétée par Sydney Sweeney (Sharp Objects, Everything Sucks !), qui se traîne une fausse réputation de fille facile mais ne désarme pas. Autant dire qu’Euphoria cache fort bien son jeu. Sous la violence et la frivolité de ces ados, voire l’aspect trash de leurs relations sexuelles – Jules, par exemple –, pointe la vigueur de jeunes pousses féminines qui ont toute leur tête. Euphoria, série créée par Sam Levinson. Avec Zendaya Coleman, Hunter Shafer (E.-U., 2019, 8x60 min). Un épisode le lundi en US + 24.
La nouvelle série de la chaîne câblée, diffusée en France sur OCS, frappe au cœur des tensions et tentations adolescentes.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/17/avec-euphoria-hbo-s-adresse-brillamment-aux-ados_5477618_3246.html
mlsum-fr-1759
L’écrivain belge Jean-Philippe Toussaint, devant l’entrée des Editions de Minuit, à Paris, en 2017. Eric Garault/Pascoandco « La Clé USB », de Jean-Philippe Toussaint, Minuit, 192 p., 17 € (en librairie le 5 septembre). En 2003, dans le cadre d’une enquête sur ce qu’« écrire l’Europe » veut dire, Jean-Philippe Toussaint proposait que sa réponse ne fût pas traduite en anglais – comme il est de règle dans les publications internationales –, mais plutôt en chinois, car, notait-il, « j’ai l’intention de faire un détour par l’Asie, afin de trouver la distance nécessaire pour saisir la possible spécificité européenne de mes livres ». On sait que le décentrement et la translation sont des moteurs essentiels de l’œuvre de l’écrivain. Dans La Clé USB, son premier vrai « roman » depuis 2013 et la fin du cycle de Marie (M.M.M.M., Minuit, 2017), entamé en 2002, l’Asie joue à nouveau un rôle de court-circuit. « Bruxelles où je suis né et où je vis toujours » A l’origine de ce nouveau livre, indique Toussaint, se trouvaient en effet deux éléments très différents : « Le premier, c’est l’envie très ancienne que j’avais d’évoquer Bruxelles dans un roman, Bruxelles qui est la ville où je suis né et où je vis toujours, Bruxelles qui est le siège de l’Union européenne. C’est à la mort de mon père, en 2013, que j’ai senti que l’heure était venue de m’atteler à la tâche. C’est comme s’il me passait symboliquement le relais, comme si l’écriture de ce livre était un acte de filiation. Le deuxième élément, qui est venu se greffer là-dessus, c’est la proposition que m’a faite un ami anglais de présenter un de mes romans lors d’une retraite de prospective qu’il organisait près de Londres. Je ne connaissais quasiment rien de la prospective stratégique à l’époque, et j’ai découvert là un continent fascinant. » Mais, se dit Toussaint, la prospective (qui consiste à imaginer des scénarios d’avenir pour des gouvernements ou des entreprises) n’est pas un sujet suffisamment « affriolant » pour emplir à elle seule un roman. « Une grande partie du travail d’écriture se fait mentalement, lors de mes balades sur la plage d’Ostende ou le long de routes corses désertes » D’où l’idée d’ajouter un élément de mystère et de suspense : une clé USB égarée contenant des documents secrets. Par ailleurs, l’auteur de Fuir (Minuit, 2005) avait envie de situer à nouveau un roman en Chine. « Pas seulement parce que cela me plaisait (ce qui aurait pu être une raison suffisante), mais parce que la Chine représente à mes yeux le monde ­contemporain, le monde tel qu’il est en train de changer sous nos yeux. C’était déjà vrai en 2005, ça l’est d’autant plus aujourd’hui. » Et voilà comment, d’aéroports en halls d’hôtel et de Bruxelles à Tokyo, on se retrouve à Dalian, en Chine, où tournent des usines de minage de bitcoins. Le sujet initial du roman est détourné une première fois grâce à des révélations sur une porte dérobée insérée dans le code d’une machine à miner fabriquée en Chine – on se rappelle que Huawei, entre autres, a été soupçonné d’avoir intégré des backdoors dans ses équipements pour pirater les données de ses utilisateurs : « J’ai découvert un monde trouble, avec des enjeux géostratégiques complexes et un arrière-plan de cybercriminalité. »
Histoire d’un livre. Pour nouveau roman, pseudo-thriller et véritable retour à soi, l’écrivain belge s’est mué en spécialiste de la prospective et des cryptomonnaies.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/09/01/avec-la-cle-usb-jean-philippe-toussaint-revient-a-bruxelles-via-la-chine_5505080_3260.html
mlsum-fr-1760
Dans la tétralogie cinématographique, l’héroïne Katniss Everdeen est interprétée par Jennifer Lawrence. Lions Gate Onze ans après les débuts de sa trilogie à succès, la romancière américaine Suzanne Collins a annoncé, lundi 17 juin, qu’elle allait écrire une préquelle à Hunger Games. Bien que le nouveau roman n’a pas encore de nom, l’autrice a précisé, dans une déclaration auprès de l’agence de presse AP, que ce dernier devrait sortir en mai 2020 et que l’histoire se déroulerait dans la nation fictive de Panem, soixante-quatre ans avant l’intrigue principale de cette dystopie. Exciting news, Hunger Games fans: A prequel novel set 64 years before the events of The Hunger Games is coming May… https://t.co/vOwhBpw5iV — Scholastic (@Scholastic) Véritable phénomène de la littérature « young adult », la trilogie initiale – Hunger Games (2008), L’Embrasement (2009) et La Révolte (2010) – s’est écoulée à plus de 100 millions d’exemplaires dans le monde et a été traduite dans plus de 50 langues. Une rébellion réprimée Adapté au cinéma avec Jennifer Lawrence dans le premier rôle, Hunger Games raconte dans un futur non daté la survie et la rébellion d’une adolescente, Katniss Everdeen, dans un Etat totalitaire bâti sur les cendres de l’Amérique du Nord. Elle y participe à un jeu de télé-réalité, les « Hunger Games », obligeant des jeunes citoyens venus de chaque district à s’entre-tuer. D’après les informations d’AP, le nouveau roman devrait aborder la période de reconstruction, appelée « Jours sombres » (« Dark Days » en anglais), dix ans après la guerre entre les survivants de nombreuses catastrophes naturelles. Les premiers romans expliquaient que, soixante-quatorze ans avant la participation de Katniss, l’héroïne, aux « Hunger Games » – et donc dix ans avant cette nouvelle intrigue –, les 13 districts de Panem ont tenté de se rebeller contre la capitale et que le Capitole, lieu du pouvoir central autoritaire, a réprimé la révolte.
Le livre devrait se dérouler soixante-quatre ans avant la participation de Katniss Everdeen aux macabres « jeux de la faim ».
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/17/suzanne-collins-annonce-un-nouveau-roman-hunger-games_5477533_4408996.html
mlsum-fr-1761
Un coursier Uber Eats, à Paris, le 7 août. CHARLES PLATIAU / REUTERS Aux yeux de Pôle emploi, Uber Eats et consorts sont des employeurs comme les autres. Au début de l’été, des annonces pour recruter des « coursiers partenaires indépendants » pour Uber Eats ont été publiées sur les pages Facebook de plusieurs agences régionales de l’opérateur public. Des offres d’emploi qui n’ont pas manqué de susciter quelques remous sur les réseaux sociaux. « Vous recherchez un complément de revenus ou une activité à temps plein, avec la liberté d’exercer quand et où vous le voulez ? Participez à la prochaine réunion d’information collective le 24 juin à 14 heures dans les locaux du Pôle emploi de Vierzon », affiche ainsi la page Facebook de l’agence en question. De même, il est possible de trouver en quelques clics des offres directement sur le site de Pôle emploi pour devenir coursier chez Uber Eats. En plein conflit Deliveroo, alors que les coursiers du service de livraison de repas manifestaient contre leurs conditions de travail, ces annonces ne sont pas passées inaperçues. Sur Facebook et Twitter, des commentateurs se sont émus de voir Pôle emploi relayer des annonces d’une plate-forme connue pour recruter sous le régime d’autoentrepreneur. Une forme d’emploi qui ne garantit aux coursiers ni rémunération minimale mensuelle, ni complémentaire santé, ni allocation chômage. Lire aussi Des livreurs dénoncent la nouvelle grille tarifaire de Deliveroo « Après la Ligue 1 de foot [l’entreprise est devenue en juin le partenaire officiel de la compétition, qui s’appellera Ligue 1 Uber Eats dès 2020], Uber Eats se paye Pôle emploi. Tellement gerbant !!! », a déploré sur Twitter Jérôme Pimot, figure de proue de la fronde des coursiers Deliveroo. « Ce n’est pas le travail de Pôle emploi de proposer de créer son entreprise. Son boulot, c’est de proposer des emplois salariés », estime, de son côté, la CGT-Chômeurs rebelles du Morbihan. Après la ligue 1 de foot, Uber Eats se paye Pôle Emploi Tellement gerbant !!! https://t.co/CBtxky3yII — Eldjai (@Jérôme PIMOT) « Fortement créateur d’emplois » Interrogé, le service communication de la direction générale de Pôle emploi confirme que l’agence travaille non seulement avec Uber Eats, mais aussi avec Deliveroo. Actuellement, une cinquantaine d’offres du service de livraison de repas à domicile pour recruter des « coursiers partenaires » sont diffusées sur le site de Pôle emploi. L’ubérisation ne paraît plus être une ligne rouge à ne pas franchir pour l’opérateur public. Sur le site de Pôle emploi, Uber est d’ailleurs présenté comme un prestataire « fortement créateur d’emplois ». Plus globalement, le travail en freelance est promu comme un moyen de « se remettre rapidement en selle ».
Des annonces de recrutement de « coursiers partenaires » pour les deux plates-formes Deliveroo et Uber Eats ont été diffusées par l’opérateur public. Elles n’ont rien d’illégal, assure Pôle emploi.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/08/20/pole-emploi-main-dans-la-main-avec-deliveroo-et-uber-eats_5500867_1698637.html
mlsum-fr-1762
Dans la mine à ciel ouvert de cobalt et de cuivre de Mutanda, en République démocratique du Congo, en août 2012. BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES Qu’est-il arrivé au cobalt, le plus prometteur des métaux de la planète ? La hausse de ses cours (environ 300 % en deux ans) semblait liée à l’inéluctable essor de l’industrie des batteries lithium-ion, dont il est l’un des composants les plus importants, alors que le secteur automobile se convertit progressivement à la propulsion électrique. Partie de 11 dollars en 2016, la livre de ce minerai s’échangeait à un peu plus de 40 dollars à la mi-2018. En pleine ruée vers le cobalt, les groupes miniers se disputaient alors les gisements de la République démocratique du Congo (RDC), le pays qui concentre la plus grande partie des réserves (65 % de la production mondiale, selon le courtier londonien Darton Commodities). Cette envolée paraissait n’être qu’un début : les projections de la demande de cobalt, fondées sur l’utilisation des batteries électriques, à la fois dans l’automobile et pour de nombreux autres outils et objets, devaient excéder la capacité de production minière dans un avenir proche. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Matières premières : les bleus du cobalt Mais avant d’en arriver là, les cours se sont infléchis dès la mi-2018. Cette tendance s’est confirmée, et même accélérée, au premier semestre 2019. Au London Metal Exchange (où s’échangent 80 % des métaux non ferreux du globe), la livre de minerai ne trouve désormais acquéreur qu’à environ 12 dollars. Entre janvier et juin, l’ancien métal vedette a décroché de 58 %. Il a entraîné dans sa chute les résultats d’exploitation de Glencore, le groupe de trading devenu également minier, qui exploite deux sites d’extraction, dont le plus important du monde pour cette matière première, en RDC. Traitement de choc La mine de Mutanda était le joyau de l’entreprise anglo-suisse et produisait 27 000 tonnes de cobalt (sur une production mondiale de 135 000 tonnes), ainsi que du cuivre. Le cobalt est un sous-produit, dans 90 % des cas, de l’exploitation d’autres minerais, essentiellement du cuivre et du nickel, dont les prix ont aussi décru, quoique dans de moindres proportions. Pour faire face à l’impact de la chute des cours sur ses revenus, Glencore a annoncé avoir procédé à des changements dans ses équipes, et prévoit de mettre en veille Mutanda fin 2019, pour deux ans. Une forme de traitement de choc pour tenter de remettre à l’heure la grande pendule du cobalt. Car, alors que cette ressource ne sera pas – à en croire toutes les prévisions – disponible en quantité suffisante pour faire face à la demande de l’industrie des batteries, pourquoi son cours s’est-il effondré ?
Entre janvier et juin, le prix du métal, essentiel à la fabrication des batteries, a décroché de 58 %, malgré la progression de l’électrique dans l’industrie automobile.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/14/la-chute-paradoxale-du-cours-du-cobalt_5499169_3234.html
mlsum-fr-1763
Face au mouvement de grève qui menace d’embraser l’ensemble des services d’accueil des urgences (SAU) du pays, le gouvernement change de ton. Accusée ces dernières semaines de n’avoir pas mesuré l’ampleur du malaise et de l’épuisement des soignants qui y travaillent, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, a reconnu, jeudi 6 juin, au congrès des urgentistes, à Paris, leur « détresse ». « Le quotidien est devenu insupportable pour beaucoup d’entre vous », a-t-elle admis, ajoutant : « Ces difficultés, je ne les regarde pas avec une distance froide de gestionnaire. » A quelques heures d’une manifestation rassemblant à Paris des infirmiers et des aides-soignants venus des quelque 80 services en grève à travers toute la France, la ministre a annoncé le lancement d’une mission nationale chargée d’élaborer une « stratégie d’ensemble » pour « adapter nos urgences aux nouveaux besoins de santé ». Sans donner de montant chiffré, elle a également demandé aux agences régionales de santé d’apporter « plus directement et plus spontanément » leur soutien financier aux hôpitaux « qui font face à un surcroît d’activité et à des afflux exceptionnels ». « Prime sécurité » relevée Mme Buzyn a également fait un geste en direction des soignants en grève qui réclament une augmentation de salaire de 300 euros net mensuel. Elle a fait part de son souhait que la « prime sécurité » soit relevée « partout où cela est justifié ». Certains personnels des urgences touchent déjà en partie cette prime forfaitaire de risque d’un montant de 97,69 euros brut par mois. « Cette prime n’est pas portée partout à son juste niveau, des inégalités existent entre hôpitaux pour des situations pourtant analogues », a fait valoir la ministre. Après avoir récemment assuré qu’elle n’avait pas de « solution miracle » pour les urgences, notamment pour résoudre la pénurie de médecins, Mme Buzyn a donc lâché un peu de lest, tout en veillant à ne pas réveiller les demandes des personnels d’autres services. La veille, Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement, avait assuré les soignants des urgences « de toute la solidarité du gouvernement », et avait dit « comprendre (…) ce qu’est leur colère, parfois leur désespoir ». L’ordre des médecins avait, lui, appelé à la tenue d’une « concertation d’urgence », la « souffrance » des professionnels de santé « face aux conditions de travail actuelles » devant être « entendue ».
La ministre de la santé, Agnès Buzyn, annonce la création d’une mission pour élaborer une « stratégie d’ensemble ». Infirmiers et aides-soignants manifestent, jeudi, à Paris pour dénoncer leurs conditions de travail.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/06/la-grande-fatigue-des-personnels-soignants-des-urgences-devenues-des-usines-a-patients_5472081_3224.html
mlsum-fr-1764
A l’hôpital Phebe, à Bong Town, dans le centre du Liberia, le 27 mai 2019. ZOOM DOSSO / AFP Le corps d’une jeune femme est allongé aux urgences de l’hôpital Phebe. Sa mère arrive en courant et tend un sachet de médicaments au médecin, qui secoue la tête : trop tard. Le deuxième hôpital du Liberia manque de tout, ou presque. « Quand les malades arrivent, nous sommes obligés de dire aux parents de repartir pour aller acheter les médicaments. Parfois, avant qu’ils ne reviennent, le malade est mort », soupire Jefferson Sibley, médecin en chef de l’établissement situé dans la province de Bong (centre). « Les gens meurent sous nos yeux et nous ne pouvons rien faire », comme pour cette patiente de 25 ans, emportée fin mai par le paludisme, déplore le docteur Sibley. Chirurgie à la lampe-tempête L’inflation galopante qui frappe ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest – plus de 22 %, soit la quatrième la plus élevée du continent, après un pic à 28 % en décembre 2018 – n’épargne pas le secteur de la santé, déjà sinistré par l’épidémie d’Ebola entre 2014 et 2016. L’hôpital Phebe, d’une capacité de 200 lits, doté de sept médecins, doit répondre aux besoins des quelque 400 000 habitants de la province, sans compter ceux qui viennent des environs pour les urgences. Selon les statistiques de l’établissement, il accueille environ 500 patients par mois. A 30 km de là, dans le village de Jenepeleta, Regina Kollie, 45 ans, une mère de cinq enfants, ne sait plus comment faire descendre la température de sa toute dernière fille, 4 ans, brûlante de fièvre depuis plusieurs jours. L’hôpital Phebe, à Bong Town, dans le centre du Liberia, le 27 mai 2019. Faute d’avoir pu payer le carburant, les ambulances sont à l’arrêt. ZOOM DOSSO / AFP Comme la grande majorité de la population de Bong, elle a opté pour la médecine traditionnelle. Sur les conseils d’un guérisseur, elle a cueilli des feuilles pour laver son enfant, sans résultat. La mère de famille n’a de toute façon guère le choix, car l’hôpital est devenu quasiment inaccessible. « Je n’ai pas d’argent pour emmener ma fille à Phebe. C’est l’ambulance qui nous aidait dans ces cas-là, mais on ne la voit plus », dit-elle, en larmes. Car, faute de moyens, les deux ambulances de l’hôpital sont à l’arrêt. « Ce service a permis de sauver des vies », souligne le Dr Sibley, en particulier « les personnes âgées, les femmes enceintes et les enfants dans les villages dépourvus de transports en commun ». « De tous nos problèmes, le plus criant est le manque de financement, surtout pour le fonctionnement quotidien de l’hôpital. Le gouvernement pourvoit aux besoins du personnel, mais pas de l’établissement », indique le médecin chef. « Nous nous retrouvons donc endettés auprès de nos fournisseurs. Ceux à qui nous achetons les médicaments et le carburant pour faire fonctionner les générateurs ne veulent plus nous approvisionner parce que nous leur devons beaucoup d’argent », précise-t-il. Résultat : l’hôpital est souvent privé d’électricité et, lors d’opérations d’urgence, le chirurgien doit parfois être éclairé à la lampe-tempête, raconte le Dr Sibley. Nouvelles lignes de crédit Même dans la capitale, Monrovia, à l’hôpital Kennedy, le plus grand du pays, si le problème de l’électricité ne se pose pas, la pénurie de médicaments se fait sentir, selon le médecin chef, le Dr Jerry Brown. « Il nous arrive de manquer de médicaments, surtout ceux qu’on ne peut pas trouver localement », mais qu’il est interdit à l’hôpital d’acheter à l’étranger, en raison des réglementations gouvernementales, explique le Dr Brown. « Nous sommes en train de négocier avec le ministère de la santé et celui des finances pour qu’ils nous autorisent à nous fournir directement » hors du pays et pas seulement auprès des pharmacies libériennes ou via le Service national des médicaments (NDS), ajoute-t-il. Le 27 mai 2019, à la maternité de l’hôpital Phebe, à Bong Town, dans le centre du Liberia, les soignants accueillent au mieux les futures mamans, malgré le manque de médicaments et les coupures d’électricité. ZOOM DOSSO / AFP Pour la ministre de la santé, Wilhelmina Jallah, ces problèmes relèvent de l’héritage du gouvernement précédent. « Ces douze dernières années, les hôpitaux ont acheté à crédit du carburant et des médicaments sans payer. Les dettes se sont tellement accumulées que les fournisseurs ne veulent plus faire crédit, a-t-elle déclaré à l’AFP. « Nous devons rembourser une partie de ces dettes pour pouvoir ouvrir de nouvelles lignes de crédit. »
Les centres hospitaliers du pays, qui souffre d’une importante inflation, sont très endettés et ne peuvent plus fournir de médicaments aux malades.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/17/au-liberia-l-hopital-manque-de-tout_5477400_3212.html
mlsum-fr-1765
Ce mardi 3 septembre marque l’ouverture du Grenelle des violences conjugales, qui doit s’achever le 25 novembre. Cet événement organisé par le gouvernement va réunir des proches de victimes, des associations, des élus nationaux et locaux, afin de tenter d’enrayer le phénomène dramatique des féminicides. Le Grenelle se réunit dans un contexte particulier. On dénombre déjà cent femmes mortes depuis le début de l’année 2019. En 2018, le ministère de l’intérieur avait recensé 121 féminicides pour toute l’année. Cela fait plusieurs mois et années que des associations féministes tirent la sonnette d’alarme. Parmi elles, les collectifs #noustoutes ou Osez le féminisme ont cité en exemple l’Espagne, qui a adopté un budget d’un milliard d’euros pour lutter contre les violences faites aux femmes. « S’il n’y a pas d’argent, les politiques publiques ne suivront pas. En Espagne, ils ont sorti un milliard d’euros supplémentaires en cinq ans pour en finir avec les violences. En France, il faudrait deux milliards », déclaraient, dès novembre 2018, des militantes de #noustoutes. Pour Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, cet argument n’est pas un bon exemple. Elle estime en effet que ce chiffre est « un mythe ». Ce qu’elle a dit Sur BFM-TV, le 3 septembre, Marlène Schiappa a déclaré : « J’entends plein de gens dire : “L’Espagne a mis un milliard d’euros pour lutter contre les violences.” (…) Ce n’est pas vrai, c’était un engagement théorique des partis politiques, même [l’ancien premier ministre conservateur] Mariano Rajoy, qui n’est pas un féministe radical, le dit. Il n’y a pas eu un milliard. Ce n’est pas une question d’un milliard. » Deux mois plus tôt, le 8 juillet sur France Inter, elle expliquait déjà : « Ce milliard d’euros n’existe pas en Espagne, c’est un mythe. On ne le voit que dans les médias français. (…) Je vous invite à consulter les documents budgétaires du gouvernement espagnol et vous constaterez que ce milliard d’euros n’existe pas. D’ailleurs, Mariano Rajoy, qui n’est pas un féministe radical, a lui-même convenu que ce milliard d’euros n’avait pas été engagé. C’était un objectif théorique des partis sur cinq ans. Un milliard, vous le divisez déjà par cinq, et qui ensuite n’a pas été engagé. Ce qui a été engagé c’est 100 millions donnés aux régions (…) et sans demande de compte rendu et de contrôle. » POURQUOI C’EST PLUS COMPLIQUÉ En juillet 2017, un « pacte d’Etat contre la violence de genre » a bien été approuvé en Espagne. Le plan comporte deux cents mesures et un budget d’un milliard d’euros sur cinq ans (donc 200 millions par an) pour lutter contre les violences faites aux femmes. Or, comme l’avaient déjà rapporté nos confrères de Checknews et 20 Minutes, une bataille avait alors été engagée pour faire respecter les engagements pris par le gouvernement de Mariano Rajoy. En mai 2018, plusieurs associations féministes espagnoles avaient manifesté pour réclamer que la totalité de l’argent prévu soit mobilisée. En effet, avaient-elles constaté, le budget prévisionnel gouvernemental 2018 ne consacrait au pacte que 80 millions d’euros sur les 200 millions prévus, distribués à différents ministères. Le reste des fonds, 120 millions d’euros, devait être réparti entre les communautés autonomes et les municipalités du pays, mais cela ne figurait pas dans le budget gouvernemental. Un amendement, présenté notamment par le parti socialiste (PSOE), alors dans l’opposition, a été adopté pour contraindre le gouvernement à mettre les 120 millions d’euros dans le budget gouvernemental afin de répartir ensuite cette somme localement. L’Espagne semble respecter son agenda budgétaire En juin 2018, le socialiste Pedro Sanchez est devenu le nouveau chef du gouvernement espagnol. Son service de presse a confirmé à 20 Minutes que le montant prévu pour 2018 avait bien été versé. En janvier 2019, le gouvernement socialiste a même alloué 220 millions d’euros dans le cadre du pacte. L’Espagne semble donc, malgré quelques obstacles, respecter son agenda budgétaire avec plus de 400 millions d’euros dépensés depuis 2017. En revanche, l’utilisation précise des fonds dans les ministères manque de transparence, comme l’a déploré la Cour des comptes en mars 2019. Sur le site du gouvernement espagnol, les distributions régionales et locales sont détaillées. Ce document, par exemple, liste les répartitions budgétaires pour l’année 2018 dans les différentes communautés autonomes espagnoles. Une partie est consacrée à la lutte contre les agressions sexuelles, une autre est destinée à la garde d’enfants et aux assistants sociaux, etc. Une autre note détaille comment s’opère la répartition des fonds au sein des différentes municipalités.
Marlène Schiappa affirme que cette annonce du gouvernement espagnol en 2017 n’était qu’« un engagement théorique » et que cette somme n’a pas été versée.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/03/le-milliard-d-euros-debloque-par-l-espagne-contre-les-feminicides-est-il-un-mythe_5505955_4355770.html
mlsum-fr-1766
Le restaurant Polichinelle, dans le 15e arrondissement, à Paris. Thomas Deron La promesse Selon le communiqué de presse diffusé à l’occasion de l’ouverture de Polichinelle mi-septembre : Christophe Michalak (pâtissier star) et Steve Burggraf (fondateur des restaurants de burgers Big Fernand) disent vouloir proposer un « répertoire légumier auquel même les plus grands viandards ne sauraient résister, sans se ruiner ». Le tout dans une « adresse spectacle », au sein de l’Hôtel Yooma, quartier de Beaugrenelle, dans le 15 e arrondissement de Paris. Dans ce restaurant situé sous « le plus grand potager urbain de France, cultivé sans pesticides, où Polichinelle fait pousser ses propres plantes aromatiques et légumes saisonniers », le légume sera servi « dans tous ses états » sous la forme d’un « buffet bon, beau et vivant ». arrondissement de Paris. Dans ce restaurant situé sous « le plus grand potager urbain de France, cultivé sans pesticides, où Polichinelle fait pousser ses propres plantes aromatiques et légumes saisonniers », le légume sera servi « dans tous ses états » sous la forme d’un « buffet bon, beau et vivant ». A ne pas manquer : la terrasse de 70 couverts avec vue sur la tour Eiffel. L’épreuve du réel Dès l’arrivée quai de Grenelle, une chape d’austérité tombe alors même que les gratte-ciel s’élèvent. Sobre, la petite tour qui abrite l’Hôtel Yooma surplombe la terrasse de Polichinelle, qui se révèle sous le ciel bas de ce début d’automne. Déjeuner dehors pour admirer la tour Eiffel présentant un risque non négligeable de torticolis, les cadres des bureaux alentour se pressent à l’intérieur, avides de découvrir cette version moderne du buffet. Chaleureuse, l’équipe d’accueil met à l’aise dans un décor d’allure internationale, aux banquettes rebondies. Parfois les restaurants d’hôtels partagent avec les business lounge d’aéroport une atmosphère aseptisée. Pas sûr que ce soit le but recherché à Polichinelle, où tout se voudrait différent : les assiettes en self-service de salade César au tofu, ou de panacotta légumière, sont présentées sur un lit de riz noir. Le potager, qui, après vérification auprès du service de presse, n’est finalement que « l’un des plus grands potagers urbains de France », ne fournit pour l’instant que les aromates et les aubergines… La tarte au mètre : pâte feuilletée, moutarde à l’ancienne, tomates cerise bio confites, courgettes aux gaines de coriandre confites, figues rôties au piment d’Espelette, parmesan et câpres à queue. Servie avec un pesto préparé à partir d’aromates de saison. Romain Buisson Un délicieux cocktail sans alcool nommé Exode fait office de lever de rideau avant l’entrée en scène de « la tarte au mètre » (concept michalakien), dont la pâte feuilletée imbibée de l’eau des tomates déçoit malgré la fraîcheur des légumes. L’acidité de la câpre associée à la texture de la figue fraîche a le caractère malencontreux des sangrias préparées à la va-vite. Heureusement, la panacotta est plus gracieuse entre tomates du potager, olives de Kalamata, feta et pistaches concassées : l’idée audacieuse de mêler entremets et hors-d’œuvre est honorée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Cuisine : rendez-vous au buffet ! Le talent de Christophe Michalak et de Steve Burggraf se découvre dans l’alliance réussie du sucré et du salé, incarnée par le pâtisson rôti laqué au miso, pêches rôties, caviar d’aubergine et beurre blanc au miso. Malgré un aspect gloubi-boulga une fois dans l’assiette, le plat intrigue tout en rassurant, nous donne l’impression d’être un aventurier en goguette sur son canapé. Difficile d’en bouger, d’ailleurs, après avoir gobé l’île flottante, trop sucrée à tous les niveaux : le caramel dans la crème anglaise et les éclats de nougatine sont superflus. Cloué au sol, le convive n’attend plus, pour retourner au bureau, que la voix suave d’une hôtesse au sol qui annoncerait un embarquement imminent. L’adresse Polichinelle, 51, quai de Grenelle, Paris 15e. Tél. : 01-87-44-69-14. Du lundi au vendredi de midi à 15 h 30 et de 19 h 30 à minuit, jusqu’à 0 h 30 le samedi et jusqu’à 22 heures le dimanche. Brunch le dimanche de 11 h 30 à 16 h 30. L’addition Menu déjeuner 23 € (entrée + plat ou plat + dessert) ou 29 € (entrée + plat + dessert). Buffet à volonté le soir et le samedi midi : 39 €. L’incontournable L’Exode, un cocktail sans alcool : jus de concombre, fenouil et citron jaune, eau gazeuse et sirop d’orgeat. La sentence Ni enchanteur ni décevant, Polichinelle n’est pas un restaurant de destination. Mais, de passage dans le quartier, cela reste un lieu agréable pour les personnes en quête d’originalité soft.
L’établissement ouvert par Christophe Michalak et Steve Burggraf à proximité de la tour Eiffel se distingue par son équipe d’accueil chaleureuse et par la fraîcheur de ses légumes.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/12/restaurant-polichinelle-un-buffet-de-jardin_6015262_4497319.html
mlsum-fr-1767
Moins de soixante-douze heures après l’agression mortelle à Rouen du jeune universitaire guinéen Mamoudou Barry, qui a suscité un fort émoi pour son caractère présumé raciste, un homme de 29 ans, avec des antécédents psychiatriques, a été interpellé, lundi 22 juillet, mais sa garde à vue a été levée pour raison médicale. Dans la soirée, le procureur de Rouen, Pascal Prache, a annoncé l’ouverture d’une information judiciaire pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner avec la circonstance que les faits ont été commis à raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, de la victime à une ethnie ou une nation, une prétendue race ou religion déterminée ». Cette infraction de nature criminelle « fait encourir une peine de vingt ans de réclusion ». Né en 1990, le suspect, de nationalité française et d’ascendance turque, a été interpellé « ce matin à Rouen à 9 h 30 », selon une source policière. Il présente des « antécédents psychiatriques » et est « sous curatelle renforcée ». C’est le signalement d’un proche qui a permis de localiser le suspect « dans un hôtel de Sotteville-lès-Rouen où les policiers se sont rendus ». L’état de cet homme « n’est pas compatible avec la garde à vue, il va être hospitalisé au Rouvray », l’hôpital psychiatrique du secteur de Rouen, a ajouté cette source. « C’est un petit voyou connu pour des délits mineurs, comme de stupéfiants », a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) une autre source policière, précisant que le suspect était originaire de Canteleu, dans la banlieue de Rouen, où s’est déroulée l’agression, mais n’y habite plus. Selon cette même source, le suspect portait « un maillot du club turc de Galatasaray », un club de football d’Istanbul, au moment des faits qui ont eu lieu vendredi vers 20 h 20, peu avant la finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) entre l’Algérie et le Sénégal. Selon l’avocat de la famille de Mamoudou Barry, Me Jonas Haddad, « il s’agit d’un crime raciste, sans aucun doute, mais rien ne permet d’établir que c’est en lien avec la finale de la CAN ». Une marche blanche doit être organisée vendredi. De son côté, le père du suspect a déclaré, par la voix de son avocat, Me Selçuk Demir : « Mon fils n’est pas raciste et je n’imagine pas une seconde qu’il ait été à l’origine de ce crime raciste ou xénophobe. Il a grandi dans une cité populaire et a de nombreux amis de toute origine. Mon fils n’est pas un meurtrier », a-t-il ajouté. « Vous, les sales Noirs » Vendredi soir, Mamoudou Barry, enseignant-chercheur à l’université Rouen-Normandie, a été invectivé par son agresseur, à la hauteur de l’arrêt de bus Provence à Canteleu, alors qu’il rentrait chez lui en voiture avec son épouse, selon des proches de la victime et l’avocat. « L’agresseur les a pointés du doigt et a dit : “Vous, les sales Noirs, on va vous niquer ce soir” », selon des témoins qui ont raconté l’agression à Kalil Aissata Kéita, enseignant-chercheur à l’université Rouen-Normandie, lui aussi guinéen et « ami proche » de la victime, arrivé sur la scène du drame peu après les faits. M. Barry serait descendu de sa voiture pour demander des explications. L’agresseur « l’a frappé à coups de poings et de bouteilles », puis « la victime est mal tombée, il a perdu beaucoup de sang. Quelqu’un a tenté de lui faire un massage cardiaque », a expliqué Me Haddad. Transporté au CHU de Rouen, Mamoudou Barry, père d’une petite fille, est mort samedi. Agée de 31 ans, la victime avait soutenu une thèse de droit le 27 juin à Rouen sur les « politiques fiscales et douanières en matière d’investissements étrangers en Afrique francophone », selon le site de l’université. « Le racisme à en pleurer » Cette agression mortelle a suscité une cascade de réactions politiques. Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a déclaré dimanche sur Twitter que « tout était mis en œuvre pour identifier et interpeller l’auteur de l’agression ». Il précise qu’« il appartiendra à la justice de faire toute la lumière sur cet acte odieux. Mes premières pensées vont à ses proches dont je partage l’émotion et l’indignation ». « Le racisme à en pleurer. Une femme, une fille dévorées par le chagrin parce que la vie de celui qu’elles aimaient a rencontré un abruti », s’est indigné pour sa part le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure. « L’enquête doit nous apporter toutes les réponses et mettre ses agresseurs face à leurs responsabilités. Nous le devons à sa femme et son enfant », a commenté sur Twitter la députée La République en marche de Paris Laetitia Avia, elle-même cible constante de propos racistes sur les réseaux sociaux. Le député Les Républicains Eric Ciotti s’est dit, quant à lui, « scandalisé par ce crime barbare », tandis que la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, s’est dite également « choquée ». Lundi, le président guinéen, Alpha Condé, s’est déclaré « très touché ». « Le gouvernement guinéen suit de très près l’évolution des enquêtes diligentées par les autorités françaises », indique un communiqué de la présidence, en précisant que le chef de l’Etat « s’entretiendra avec l’ambassadeur de France en Guinée pour la suite à donner ». L’ex-premier ministre guinéen et opposant Sidya Touré s’est, lui aussi, dit « très peiné par la mort du jeune enseignant Mamoudou Barry dans des conditions aussi tragiques ». A Dakar, le président sénégalais, Macky Sall, a condamné sur Twitter un « crime odieux ». Dans un communiqué diffusé lundi, SOS Racisme estime que « toute la lumière doit être rapidement faite sur les circonstances de cet acte barbare. En effet, il flotte sur cet acte criminel un parfum de racisme sur lequel les services enquêteurs doivent rapidement se prononcer ».
L’homme de 29 ans est soupçonné d’être l’auteur de l’agression qui a causé la mort de Mamoudou Barry, chercheur à l’université Rouen-Normandie.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/21/ouverture-d-une-enquete-apres-la-mort-d-un-homme-agresse-pres-de-rouen_5491825_3224.html
mlsum-fr-1768
turels. Les 18 et 19 juin, le sous-sol du 213, rue Saint-Honoré à Paris, s’est transformé en salle de cinéma. Dans ce qui était le fameux « bar à eaux » du magasin Colette, reconverti depuis ­mi-juin en emblématique boutique de la marque française Saint Laurent – appelée Rive Droite en clin d’œil à la fameuse marque Rive Gauche lancée en 1966 –, étaient disposés de lourds fauteuils noirs. Après s’être inscrits en ligne, les spectateurs ­assistaient à la projection de Lux Æterna, moyen-métrage signé Gaspar Noé. Soit le récit d’un ­tournage imaginaire où Béatrice Dalle ­réaliserait son premier film, avec Charlotte Gainsbourg comme actrice principale. Anthony Vaccarello (à droite), directeur créatif de Saint Laurent, en compagnie de l’équipe de « Lux Æterna » sur les marches cannoises, le 18 mai. Jean-Marc Haedrich/Laurent VU/SIPA Pendant quarante-cinq minutes, la caméra suit les aléas ­techniques, les­ ­relations chaotiques entre la metteuse en scène et son producteur, les habilleurs et coiffeurs qui n’ont pas le temps de ­s’occuper des actrices, les assistants stressés… Une atmosphère survoltée, typique du cinéma du Franco-Argentin, auteur d’ Enter the Void, Love et Climax. Au générique de fin, de simples prénoms s’affichaient à l’écran. Parmi eux, « Anthony ». Comme Anthony Vaccarello, le directeur créatif de Saint Laurent à l’origine de ­l’initiative. Des liens qui se resserrent sans cesse Fin 2018, le créateur lançait le projet Self, une carte blanche vidéo ­laissée à un artiste. Après les photographes Daido Moriyama et Vanessa Beecroft, puis l’écrivain Bret Easton Ellis, c’est au tour de Gaspar Noé d’être convié. Et Anthony Vaccarello de déclarer au sujet de son invité : « C’est un metteur en scène classique avec des références précises, mais une vision moderne. Ce qui est la direction vers laquelle je veux amener Saint Laurent. » Mode et cinéma sont deux univers ­cousins, dont les liens se resserrent sans cesse. Si, de longue date, les réalisateurs recourent à des couturiers pour des costumes – Buñuel faisait déjà appel à des robes signées Yves Saint Laurent pour son Belle de Jour (1967) –, les mutations des deux industries les ont rapprochées. Les réalisateurs ont travaillé pour les marques, comme Baz Luhrmann et son film publicitaire pour Chanel en 2001, avec Nicole Kidman. Puis, les marques se sont mises à accompagner des films. Signe de la force de frappe du luxe Ainsi, Miu Miu offre des cartes blanches à des réalisatrices pour les Women’s Tales, notamment présentées à Venise. Pour Chanel, Karl Lagerfeld a réalisé des séries de films autour de Gabrielle Chanel. Quant à Fendi, sa créatrice Silvia Fendi a été ­productrice associée d’Amore (2010) de Luca Guadagnino, cinéaste qu’elle a invitée à participer à sa récente collection masculine.
Mi-juin, Saint Laurent a diffusé dans sa nouvelle boutique parisienne un film réalisé par Gaspar Noé et présenté à Cannes un mois plus tôt. Le signe d’une porosité entre la mode et le cinéma, qui voit les marques tenter de se reconvertir en producteurs culturels.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/28/les-noces-du-luxe-et-du-cinema_5482654_4500055.html
mlsum-fr-1769
Une nouvelle infraction au code la route du Tour est apparue cette année : « obstruction d’un coureur pour empêcher la progression d’un autre coureur », 500 francs suisses d’amende, 10 secondes de pénalité. JEFF PACHOUD / AFP On connaissait les amendes que les commissaires de l’Union cycliste internationale (UCI) infligent quotidiennement aux coureurs pour « sprint irrégulier », « abri derrière véhicule », « ravitaillement irrégulier » (le fameux « bidon collé » qui permet de se faire tracter en agrippant un bidon tendu, sans le lâcher, par un directeur sportif depuis sa voiture), ou encore pour l’ineffable « comportement inconvenant », consistant à soulager sa vessie dans une zone où se trouve du public. Une nouvelle infraction au code la route du Tour est apparue cette année : « obstruction d’un coureur pour empêcher la progression d’un autre coureur », article 2.12.007/6.1 du règlement, 500 francs suisses d’amende et 10 secondes de pénalité. Trois coureurs ont été sanctionnés depuis le début du Tour : dans des manœuvres tactiques, ils ont empêché des confrères de s’extraire du peloton, soit en barrant ostensiblement le passage, soit à l’aide d’un subtil coup d’épaule qui aurait pu envoyer sa victime dans le fossé. « Ce point de règlement existait déjà depuis plusieurs saisons, mais les faits d’obstruction sont plus sévèrement punis depuis la saison dernière dans le cadre d’une refonte de la table des sanctions, explique-t-on du côté de l’UCI. Il s’agit de favoriser les comportements fair-play en course. Cela s’adresse aux coureurs, afin d’éviter que certains ne créent des rideaux pour empêcher un autre coureur de prendre une échappée, mais aussi aux voitures des équipes, à qui il peut arriver de bloquer un coureur pour l’empêcher de remonter sur le peloton. » « Faire un peu d’antijeu, c’est vieux comme le vélo » « C’est une bonne chose que l’UCI s’occupe de ça. Ce n’est pas correct de mettre un mec dans le fossé parce qu’il a envie d’aller dans l’échappée, admet Philippe Mauduit, directeur sportif de l’équipe Groupama-FDJ. Cela dit, on joue avec les éléments. Si, sur une route étroite, il n’y a pas la place pour passer, ce n’est pas de la faute des coureurs. » « C’est une règle à double tranchant, estime Tom Steels, directeur sportif de l’équipe Deceuninck-Quick Step, dont deux coureurs ont été punis. Ce n’est pas toujours facile de savoir ce qui mérite une amende et ce qui n’en mérite pas. » « Ce qui n’est pas normal, c’est quand un coureur commence à être violent, dit Nicolas Portal, directeur sportif de la formation Ineos. En revanche, être devant et contrôler, quitte à faire un peu d’antijeu, c’est vieux comme le vélo. » Il n’est pas rare de voir l’équipe britannique du vainqueur sortant, Geraint Thomas, occuper toute la largeur de la chaussée pour annihiler les velléités offensives lorsque la physionomie de la course et de l’échappée lui convient.
Des amendes ont été infligées à des coureurs ayant fait obstruction à des confrères qui cherchaient à s’extraire du peloton. Ce point de règlement ne fait pas l’unanimité chez les directeurs sportifs.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/19/tour-de-france-2019-tout-n-est-pas-permis-pour-empecher-une-echappee_5491042_3242.html
mlsum-fr-1770
Sur la toile « Death of an American President JFK » de Sam Adoquei, on reconnaît le chanteur des Strokes Julian Casablancas, en uniforme de policier. SAM ADOQUEI Pendu à une barre de métal, un crâne vous dévisage crânement. Vous changez de pièce ; vous voilà nez à nez avec un masque à gaz, des effigies africaines, un casque de pompier, de la fourrure d’animal. Ainsi est l’atelier de Samuel Adoquei, encombré de bricoles et de vanités. « Ces objets rappellent à quel point la beauté physique est périssable », médite le plasticien. De la musique sacrée indo-pakistanaise couvre le barouf new-yorkais. Puis, grand bruit de papier froissé : le peintre exhume un tableau de ses archives. Sur la toile, on croit reconnaître une bouille familière : ce jouvenceau jovial, veste sombre et cravate rouge, serait-ce Fabrizio Moretti, le batteur d’un des groupes de rock les plus influents du millénaire, The Strokes ? Adoquei acquiesce : « Fabrizio était mon apprenti, il y a une vingtaine d’années. Parfois, il posait pour moi. » Julian Casablancas, qui n’était pas encore le leader du quintette, les avait présentés l’un à l’autre. « Fab » était son camarade de classe ; « Sam », son beau-père. Depuis que leur premier album, Is This It (2001), les a fait accéder à une notoriété planétaire, le chanteur des Strokes loue sans répit cette figure tutélaire. « Gamin, tu grandis avec la certitude que ce qu’on t’enseigne à l’école est merdique, confiait-il au magazine spécialisé Billboard, en 2018. Sam est la première personne à m’avoir fait penser autrement. Quand j’ai commencé à jouer de la guitare, il m’a dit : “Tu seras le prochain Jimi Hendrix !” » Au Guardian, en 2009, il racontait déjà combien sa vie avait changé le jour où Sam lui avait offert une cassette des Doors. Auparavant, éludait Julian Casablancas, il n’écoutait que du Phil Collins : « Sam est derrière tout ce qu’il y a de positif dans ma vie. » Le 21 juillet, à l’hippodrome ParisLongchamp, le chanteur fera hennir les foules du festival Lollapalooza, dont les Strokes sont tête d’affiche. Quelques semaines plus tard, Samuel Adoquei cavalera lui aussi par l’Hexagone : comme tous les étés depuis deux décennies, il plantera son chevalet sur les rives de la Dordogne, dans les environs de Pomport, dont il a été nommé citoyen d’honneur. La terre de Cyrano est son Auvers-sur-Oise, son Giverny : « J’y peins mes plus beaux paysages. Serait-ce parce que peu d’artistes, avant moi, les ont regardés avec intensité ? » Un coup de pinceau Julian Casablancas a 40 ans, Sam Adoquei dix-sept de plus ; le temps n’a guère de prise sur leur amitié. En 2014, le plasticien a dessiné la pochette du premier album de The Voidz, le sextette que son beau-fils anime en parallèle des Strokes. Réciproquement, le rockeur publie les essais de son beau-père sur Cult, un label qu’il transforme en maison d’édition ad hoc. En 2013, il préfaçait l’un d’eux, Origin of Inspiration. Ce précis de développement personnel, où les citations de Mike Tyson percutent celles de Montaigne, commence ainsi : « Je dois tout à Sam, écrit Julian Casablancas. Il m’a appris à penser l’art, et en fin de compte à m’y attaquer. Tout artiste a besoin d’un mentor, et pour moi Sam a été le meilleur qu’on puisse imaginer. »
Il a joué les pygmalions pour le groupe mené par Julian Casablancas, son beau-fils, en concert le 21 juillet à Paris.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/19/portrait-dans-l-atelier-new-yorkais-de-sam-adoquei-le-sixieme-strokes_5491286_3246.html
mlsum-fr-1771
Des urologues chinois rapportent dans le prochain numéro daté de septembre 2019 de la revue Urology Case Reports le cas d’un homme de 28 ans admis aux urgences pour douleurs abdominales basses et difficulté à uriner. Cinq heures plus tôt, il s’est introduit dans l’urètre de petites billes magnétiques qui ont fini par se retrouver dans la vessie. Cette observation d’un patient présentant un corps étranger intravésical est l’occasion de préciser que trois possibilités expliquent la présence d’un corps étranger dans la vessie : l’introduction volontaire, l’accident iatrogénique (effet secondaire d’un soin mal effectué, comme l’oubli d’un morceau de ballonnet de sonde urinaire ou d’une compresse chirurgicale), la migration interne (déplacement accidentel d’un dispositif intra-utérin, perforation du côlon par un petit os avec passage dans la vessie). Un corps étranger intravésical peut provoquer une douleur, une infection, une hématurie (présence de sang dans les urines), une dysurie (sensation de brûlure ou douleur à la miction) ou aucun symptôme particulier. Inventaire des corps étrangers intravésicaux La liste des corps étrangers intravésicaux décrits dans la littérature médicale témoigne de la singularité et de la rareté de ces situations cliniques : crayon, gomme, stylo, cartouche de stylo, clou, vis, aiguille à tricoter, câble téléphonique, ampoule électrique, billes magnétiques, petit aimant, paille, ressort, fil de pêche, hameçon, brosse à dent, pile électrique, épingle à cheveux, balle de fusil, tuyau de pipe, trombone, tube métallique, pointe de style bille, pièce de monnaie, bâton de sucette, fourchette, thermomètre, brosse à dent, hameçon, tube en caoutchouc type durite d’essence de motocyclette, dispositif intra-utérin contraceptif (stérilet), os, boule de chewing-gum, cire de bougie chaude, colle, autocollant adhésif, coton-tige, tampon hygiénique, foin, haricots rouges. Encore plus déroutant, certains individus n’hésitent à introduire de petits animaux dans leur urètre : ver, poisson, serpent, sangsue, queue d’écureuil. Mais revenons au patient chinois. C’est la première fois que ce patient célibataire, sans antécédent psychiatrique, se livre à cette activité masturbatoire, précisent les médecins du département d’urologie de l’hôpital JiShuiTan de Pékin. Le patient est agité et présente des douleurs au bas ventre. Les examens sanguins montrent une élévation du nombre de globules blancs, évoquant une infection aiguë. Il n’y a pas de signes témoignant d’une atteinte de la fonction rénale. Une radiographie de l’abdomen et de bassin décèle dans la vessie un amas de corps étrangers composé de petites billes magnétiques adhérant fortement entre elles. Intervention en urgence Les chirurgiens décident d’intervenir en urgence, sous rachianesthésie (anesthésie loco-régionale), pour retirer la totalité des corps étrangers intra-vésicaux. Les urologues vont utiliser la gaine souple d’un rectoscope, un instrument permettant habituellement de visualiser le rectum, pour protéger la muqueuse de l’urètre. Il convient en effet de retirer plusieurs dizaines de billes magnétiques alignées à la queue leu-leu, si vous me passez l’expression. Par ailleurs, un instrument d’optique, muni d’une grande pince, permet de visualiser l’intérieur de la vessie et de saisir les billes magnétiques. L’intervention est rendue compliquée par l’attraction réciproque entre les petits objets magnétiques. Les urologues parviennent à retirer les billes une par une. Chacune fait 0,5 cm de diamètre. Au bout d’une heure, ils en extraient 159. Il s’agit très probablement d’un record mondial. En effet, les équipes ayant rapporté de tels cas dans la littérature médicale durant la dernière décennie ont le plus souvent indiqué un nombre de billes compris entre 25 et 150. L’histoire ne nous dit pas si le jeune homme a repris ses billes. Marc Gozlan (Suivez-moi sur Twitter, sur Facebook) Toute reproduction interdite. Toutes les informations reproduites sur cette page sont protégées par des droits de propriété intellectuelle. Pour en savoir plus : Liu ZH, Zhu XF, Zhou N. Retrieval of 159 magnetic balls from urinary bladder: A case report and literature review. Urol Case Rep. 2019 Jul 23;26:100975. doi: 10.1016/j.eucr.2019.100975 Li Y, Gao Y, Chen X, Jiang S. Rare foreign body in bladder: A case report. Medicine (Baltimore). 2018 Apr;97(17):e0519. doi: 10.1097/MD.0000000000010519 LIRE aussi : Prendre sa vessie pour un sac de billes (des cas cliniques étonnants, avec une surprenante iconographie et une importante bibliographie) Des haricots rouges dans la vessie
Des urologues chinois rapportent le cas d’un homme qui a introduit dans son urètre des billes qui ont fini leur course dans sa vessie.
https://www.lemonde.fr/blog/realitesbiomedicales/2019/08/14/on-lui-retire-159-billes-magnetiques-de-la-vessie/
mlsum-fr-1772
Les attaques de groupes armés ont fait plus de 600 morts et occasionné près de 500 000 déplacés internes au Burkina Faso. L’année 2019 est particulièrement meurtrière. ISSOUF SANOGO / AFP Si la violence des attaques djihadistes a placé le Mali sous les projecteurs le 1er novembre, la liste des victimes burkinabées s’est allongée ces dernières semaines. Quinze civils ont été tués à Pobé-Mengao, province du Soum, les 26 et 27 octobre. Le lendemain, c’est un policier qui a succombé à une attaque dans la province du Bam (Centre-Nord) et le surlendemain, cinq corps « criblés de balles » ont été découverts près de Dori, dans le nord du pays (région Sahel). De plus en plus fréquentes et meurtrières, les attaques de groupes armés ont fait plus de 600 morts et occasionné près de 500 000 déplacés internes. Une situation à laquelle le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) se trouve confronté au quotidien. De passage à Paris, Patrick Youssef, le directeur régional adjoint pour l’Afrique du CICR, dresse un tableau préoccupant de la situation humanitaire et sécuritaire dans le pays. Quel tableau avez-vous envie de brosser de la situation sécuritaire et humanitaire ? Patrick Youssef L’année 2019 a été particulièrement grave. Le Burkina Faso n’est plus un acteur secondaire de la crise au Sahel, comme ça l’a été les années précédentes lorsque le Mali en était l’épicentre. Les développements démontrent que ce pays est malheureusement devenu une partie intégrante de cette crise. Sa population fait face à des besoins humanitaires croissants dans le Soum, dans le centre et dans l’extrême nord du pays. Si l’on compare à 2018, on constate une nette augmentation du nombre de déplacés qui, rien que pour le nord, est passé de 280 000 au mois de mai à 480 000 actuellement. Près de 100 centres de santé ont fermé soit par manque de matériel, soit à cause l’insécurité, et environ 2 000 écoles ont aussi fermé leurs portes. Cette évaluation de la situation nous amène à des scénarios assez sombres. Quels scénarios ? Nous redoutons que l’insécurité se propage davantage. Aujourd’hui, elle concerne surtout le nord. Il y a quelques jours, le village de Beybey a été attaqué. On compte plusieurs morts et des blessés. Surtout, l’attaque a été suivie par un mouvement de population d’une centaine de milliers de personnes qui ont bougé vers Djibo. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, mais cela signifie que de nouvelles personnes ont besoin de nourriture, d’eau, d’assainissement, d’accès aux soins de santé. Ce sont des personnes qui ont laissé derrière elles leur bétail, leurs semences, leurs terres. Déjà difficile, leur situation économique, est devenue encore plus précaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’EI joue une partie de son avenir loin de ses terres La ville de Djibo ne peut pas accueillir plus de déplacés qu’aujourd’hui. Son marché a des problèmes d’approvisionnement. Les centres de santé n’arrivent pas à suivre, d’autant que la communauté humanitaire n’est pas encore bien installée dans cette région pour répondre aux besoins. Avec la Croix-Rouge burkinabé nous étions préparés, au CICR, à ces scénarios. Plus de 50 000 personnes ont déjà reçu un soutien en nourriture et biens de base. Des forages d’eau ont été réalisés, des stations réparées. Nous avons apporté des médicaments, réhabilité des centres de santé. Mais nous ne faisons que répondre à une situation d’urgence alors que cela va de mal en pis. Parvenez-vous à décrypter la stratégie des groupes armés ? Je pense que nous sommes dans une période de transition qui rend difficile la compréhension et l’interprétation de certaines attaques. Ceci dit, ce n’est pas là notre travail. Dans les situations de violences, chaque partie liée au conflit peut décider de la meilleure façon d’établir un contrôle territorial. Ce que nous voyons dans le nord du Burkina Faso, c’est le contrôle de quelques zones à la frontière avec le Mali. Mais dans quel but ? Notre rôle est de protéger les personnes affectées par ce conflit, en totale violation du droit international et des droits humains. Les attaques contre les civils n’aboutissent à aucun gain militaire, bien au contraire. Elles provoquent le chaos et des besoins humanitaires alors que les gens sont déjà dans une situation de précarité aggravée par les aléas climatiques, la pauvreté, des problèmes démographiques. Autant de problèmes qui font du Burkina Faso un pays difficile sur le plan économique et social. Quelle est la situation dans l’est du pays ? Elle est différente du nord, où prévaut une situation de conflit armé entre des groupes djihadistes et les forces de sécurité. La ville de Fada, notamment, est sous contrôle du gouvernement et le dialogue existe avec les autorités locales, mais la situation reste tendue, notamment sur la frontière avec le Ghana et le Togo. Des rumeurs y font état de la présence de groupes armés. Globalement, tout le pays est en état de choc et l’est ne fait pas exception. Comment dans ces conditions parvenez-vous à travailler hors des villes ? Nos équipes, composées d’expatriés mais surtout de résidents, ne s’aventurent pas dans les régions dont nous ne parvenons même pas à évaluer les besoins. C’est principalement le cas dans le Liptako-Gourma, ce fameux triangle à cheval sur le Mali, le Niger et le Burkina où l’activité militaire est intense. Lire aussi Le Burkina Faso au bord de l’effondrement Nous y sommes en permanence à la recherche de personnes, de contacts, d’intermédiaires, de chefs militaires ou religieux qui nous permettent d’établir un lien de confiance avec tous ceux – je veux dire les porteurs d’armes – qui ont un effet direct ou indirect sur la vie des gens afin de pouvoir apporter de l’aide en toute sécurité. Vous peinez à identifier des personnes ressources ? En 2019, l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS) et plusieurs autres groupes armés ont accentué leur présence, leurs activités et leurs attaques, notamment dans le Liptako-Gourma. L’identification des personnes dépend des régions, de l’ancrage du CICR, de nos partenaires locaux et du contexte. Mais, dans certaines régions, il est extrêmement difficile de trouver des interlocuteurs qui peuvent nous assurer un accès sécurisé.
Patrick Youssef, responsable régional en Afrique pour la Croix-Rouge internationale, décrypte la situation sanitaire après les dernières attaques djihadistes.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/05/le-burkina-faso-est-devenu-partie-integrante-de-la-crise-au-sahel_6018055_3212.html
mlsum-fr-1773
Le Crazy Horse Memorial est un monument à la gloire du chef indien, situé dans le Dakota du Sud, aux États-Unis. FRANCESCO TOMASINELLI / AGF FOTO / PHOTONONSTOP Tous les cinéphiles en rêvent, se rendre sur les lieux où Alfred Hitchcock situa, à défaut d’y filmer, l’épilogue de La Mort aux trousses (1959) : le mont Rushmore, où sont sculptées dans la montagne les têtes géantes des présidents américains et d’où risquèrent d’être précipités dans le vide par des espions soviétiques l’étourdi Cary Grant et la platine agent double Eva Marie Saint. Las, on ne s’y rend pas par hasard. Cary Grant avait pris l’avion pour Rapid City, il faudra faire de même pour rejoindre les Black Hills (« les collines noires », en français), dans le Dakota du Sud. Le lieu est un hymne à la nation américaine. Quatre présidents en granite qui incarnent le rêve américain. George Washington, le père de la nation. Thomas Jefferson, qui rédigea la Déclaration d’indépendance et ouvrit l’Ouest à la colonisation en achetant pour une bouchée de pain la Louisiane à Napoléon, en 1803. Abraham Lincoln, qui maintint l’unité du pays, au prix d’une guerre civile (1861-1865), et abolit l’esclavage. Et enfin Theodore Roosevelt, inventeur de l’impérialisme américain (il conquit Cuba, creusa le canal de Panama) et des parcs nationaux américains. Une glorification de l’Amérique triomphante, mais aussi une œuvre d’art, conçue par le sculpteur Gutzon Borglum, qui dynamita, mina, piqua la roche pendant quinze ans, jusqu’à sa mort en 1941, et laissa l’œuvre inachevée. Le célèbre mont Rushmore et ses quatre présidents, symbole de l’Amérique triomphante, à Keystone, dans le Dakota du Sud. DAVID ZALUBOWSKI / AP Objectif, laisser aux générations futures un monument explicite, plus que ne furent les pyramides d’Egypte. Il avait été question de sculpter des figures emblématiques de la conquête de l’Ouest, telles Buffalo Bill, mais il fut décidé d’avoir une incarnation plus large de l’Amérique. Curieux paradoxe que de consacrer les valeurs américaines dans ces « collines noires », sur un territoire volé aux Sioux Lakota, en dépit de tous les traités – la Cour suprême des Etats-Unis l’a confirmé en 1980, jugeant que les tribus avaient droit à compensation financière. Un verre au saloon Ce conflit des mémoires est perceptible en se rendant à 25 kilomètres de là. Un projet concurrent n’en finit pas de sortir de la montagne, la statue géante du chef indien Crazy Horse, à cheval, scrutant l’horizon. Celui qui n’avait jamais signé le moindre traité avec l’homme blanc mourut tué à l’âge de 36 ans, en 1877. Rares sont ceux qui atteignent les Black Hills. Les touristes européens choisissent en priorité l’époustouflant Grand Canyon du Colorado, via Las Vegas, ou les geysers et les grizzlis de Yellowstone, dans le Wyoming. Et pourtant, visiter ces collines noires, c’est plonger dans les guerres indiennes et la conquête du Far West, avec ses mines d’or, ses bandits et ses bisons, dont on avait oublié qu’elles n’existaient pas qu’au cinéma. Calamity Jane demanda à être enterrée aux côtés de son amant éphémère, Wild Bill Hickok, gâchette légendaire du Far West. On peut voir leur tombe dans le cimetière qui surplombe Deadwood. Tout a commencé en 1874 par une expédition dans ces fameuses collines du colonel Custer – qui finira tué à la bataille de Little Bighorn, dans le Wyoming, en 1876. Il cherchait de l’or, et le malheur, c’est qu’il en a trouvé. L’affaire a provoqué une ruée des prospecteurs et une expropriation illégale des Indiens, en dépit du traité de Fort Laramie, signé en 1868, qui faisait des Black Hills un sanctuaire. Le voyage permet de revivre l’épopée, dans des lieux et des bâtiments souvent d’époque qui tranchent avec les habituelles reconstitutions de pacotille à la Disney. En longeant la rivière French Creek, où passa l’expédition de Custer, et en remontant au nord à Deadwood, ville-champignon de chercheurs d’or, de mineurs et de bandits accourus de l’Est. Calamity Jane en faisait partie. Prostituée occasionnelle qui accompagna la construction du chemin de fer, elle se lia avec Wild Bill Hickok, gâchette légendaire du Far West, qui mourut en 1876 tué d’une balle dans la nuque alors qu’il jouait au poker. Calamity Jane demanda à être enterrée aux côtés de son amant éphémère, et on peut voir leur tombe dans le cimetière qui surplombe la ville. Calamity Jane lorsqu’elle était éclaireuse pour le général Crook dans les Black Hills (Dakota du Sud), dans les années 1900. PHARCIDE / MARY EVANS PICTURE LIBRARY / PHOTONONSTOP A Deadwood, Main Street a conservé ses bâtiments et son atmosphère d’antan. On peut entrer dans le bar historique de l’assassinat, boire un verre dans le bar-saloon, où des photos remontant au XIXe siècle retracent la légende. Légende faite de souffrance dans un pays au climat rugueux – en choisissant de voyager début mai, on voulait éviter la foule, on a aussi trouvé la pluie, le brouillard et la neige – et au labeur épouvantable. On le comprend en visitant la mine d’or de Lead, à quelques kilomètres de là. Elle fut longtemps la première mine d’or de l’hémisphère Nord (1 200 tonnes de métal jaune extraites) – exploitée en sous-sol puis à ciel ouvert jusqu’en 2001. Elle abrite désormais un accélérateur de particules. Main Street, la rue principale de Deadwood (Dakota du Sud), et son ambiance saloon. SIME / PHOTONONSTOP Les Américains ont des opinions mitigées envers Custer – il est surtout reproché à cette brute d’avoir fait massacrer ses hommes par les Sioux en refusant des renforts et des armes automatiques et en sous-estimant grandement les forces rassemblées par son adversaire, Sitting Bull. Ils ont baptisé de son nom le parc d’Etat, qui abrite quelque 1 500 bisons (ils étaient quasi éteints au début du XXe siècle). On en aperçoit un au loin, massif. Puis trois en contrebas de la route, que l’on filme en sortant de la voiture, alors qu’il est interdit de s’approcher à moins de trente mètres. Puis, au détour d’une colline, l’immensité d’un troupeau de plus de deux cents bêtes avec leurs petits qui traversent la route. Bisons et serpents à sonnette A Wounded Knee, un cimetière avec fosse commune surplombe la plaine désolée et détrempée. Ici, a eu lieu le dernier massacre par l’armée américaine, en décembre 1890, d’un campement de guerriers, de femmes et d’enfants à la mitrailleuse, juste après le meurtre du chef légendaire Sitting Bull. Le lieu est glauque ; cinq Amérindiens, à tour de rôle, demandent avec insistance un ou deux dollars. Mieux vaut prendre la direction des Badlands. Badlands comme « mauvaises terres », car lorsqu’on arrivait en chariot après des centaines de kilomètres de prairie, ces contrées étaient inhospitalières. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sitting Bull, symbole de la résistance des Sioux Ce parc national abrite en effet de curieuses concrétions, datant de 75 à 25 millions d’années, érodées par le vent. Rien à voir avec le Grand Canyon (entre 1,8 milliard et 270 millions d’années pour les couches les plus jeunes). Il s’agit d’érosion récente, entamée depuis 500 000 ans seulement. Et dans 500 000 ans, celle-ci aura fini son œuvre et les Badlands auront disparu. Le temps presse. Comme aux Black Hills, l’Ouest américain est ici à échelle humaine. Superbe, coloré avec des ocres et des beiges qui se détachent de l’herbe verte. Pas d’ours ici, mais des bisons, des chiens de prairie et des panneaux invitant à se méfier des serpents à sonnettes. Pas de danger normalement, les rattlesnakes se nichent dans les herbes folles de la prairie ou les anfractuosités et vous alertent avec leur cascabelle. On peut aussi y observer des combats de mouflons, aller camper à l’aventure entre monts et prairies. En revanche, l’aventure culinaire attendra, avec un restaurant dans le parc qui ne sert plus après 18 h 30. Devils Tower est un monolithe naturel situé dans le Wyoming, au nord ouest des Etats-Unis. GETTY IMAGES Il faut enfin quitter le Dakota du Sud pour faire une incursion dans le Wyoming. Direction Devils Tower, immense cône de lave, haut de 265 mètres, mystérieusement dégagé par l’érosion. Le lieu a servi au tournage du film de science-fiction Rencontres du troisième type (1977), de Steven Spielberg. Il est sacré pour les Indiens, mais les grimpeurs n’en ont cure. « Devils Tower est sacré pour moi aussi », explique Frank Sanders, qui tient un bed and breakfast avec vue imprenable sur la tour. Si vous y logez, ce redneck vous gratifiera, sans vous laisser le choix, d’un long bénédicité avant de partager le repas et emmènera les amateurs faire l’ascension mythique – il existe autant de voies que de colonnes de lave. Il n’y a pas d’âge pour tenter l’escalade, mais la simple montée prend quand même plus de cinq heures. D’en bas, la vue est superbe aussi.
Explorer les Black Hills, c’est partir sur les traces de Calamity Jane, Buffalo Bill ou Sitting Bull. Une plongée au cœur du mythe américain de la ruée vers l’or et des guerres indiennes.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/07/15/balade-memorielle-dans-les-collines-du-far-west_5489403_4497319.html
mlsum-fr-1774
Le poste de commandement du colonel Rol-Tanguy que l’on pourra visiter, sur réservation, par groupes de 18 personnes au maximum. PIERRE ANTOINE, MUSÉE DE LA LIBÉRATION DE PARIS C’est tout à la fin du parcours que l’émotion saisit vraiment le visiteur. Après avoir zigzagué dans le musée, il faut pousser la lourde porte blindée, se courber pour entrer dans le sas, puis descendre un escalier mal éclairé. Un boyau gris de plus de 100 marches. Des tuyaux sales sont accrochés aux murs en béton brut. Tout en bas, à 26 mètres sous terre, encore une vieille porte rouillée à franchir, et l’on se retrouve dans une sorte de bunker. Un dédale de galeries où la température ne dépasse jamais 16 degrés. Aucun meuble, sinon un central téléphonique en ruine et un « cyclo-pédaleur », un de ces vélos qui produisaient de l’électricité, par exemple pour faire fonctionner la ventilation. Dans le couloir, une indication inscrite à la va-vite en 1944 a été conservée : « PC Rol », au-dessus d’une flèche. Lire aussi Le nouveau musée de la Libération finalise sa scénographie Bienvenue dans l’ancien poste de commandement de Rol-Tanguy, place Denfert-Rochereau (14e arrondissement), l’abri secret d’où a été coordonnée l’insurrection de Paris en août 1944. Ce lieu chargé d’histoire était jusqu’à présent demeuré invisible. Le grand public va enfin pouvoir y accéder. Soixante-quinze ans jour pour jour après la fin de l’occupation de la capitale, c’est ici que sera inauguré, le 25 août, le nouveau Musée de la Libération de Paris. Avec ses salles d’exposition au rez-de-chaussée, et son trésor : ce PC militaire en sous-sol, que les curieux pourront découvrir par groupes de 18 personnes au maximum, et sur inscription. Le Musée de la Libération de Paris existait déjà à Montparnasse depuis 1994. Il rassemblait d’intéressantes pièces sur le général Philippe Leclerc de Hauteclocque et sur Jean Moulin. Mais son emplacement, sur la dalle au-dessus de la gare, le rendait difficile à trouver. Le public n’était pas au rendez-vous. A peine 10 000 à 14 000 visiteurs par an, surtout des groupes scolaires. « C’était insuffisant par rapport aux ambitions de la Ville », reconnaît la directrice, Sylvie Zaidman. Des faux papiers de Jean Moulin Décision a donc été prise, en 2015, de transférer le musée dans un site plus approprié et de revoir toute la muséographie. Vingt millions d’euros de travaux plus tard, le résultat est spectaculaire. Les salles de plain-pied, pédagogiques, permettent toujours de parcourir l’histoire de Paris durant la seconde guerre mondiale en suivant les pas du « chef de guerre » Leclerc et de Jean Moulin, l’unificateur de la Résistance. Deux hommes qui, sans s’être croisés, ont joué l’un et l’autre un rôle-clé dans la lutte contre l’occupant allemand.
Le 25 août sera inauguré le nouveau site, à l’endroit où Rol-Tanguy a coordonné l’insurrection de la capitale durant une semaine de l’été 1944.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/19/a-paris-l-abri-secret-des-ffi-devient-un-saisissant-musee-de-la-liberation_5500555_3246.html
mlsum-fr-1775
C’est un Jean-Dominique Senard combatif qui a animé, mercredi 12 juin, sa première assemblée générale en tant que président de Renault, devant quelque 900 porteurs de parts. Il a défendu la stratégie mise en place depuis sa nomination en janvier, confirmant vouloir donner la priorité au partenariat avec les constructeurs automobiles japonais Nissan et Mitsubishi. « Il n’y aura pas de réussite du groupe Renault sans réussite de l’Alliance », a affirmé M. Senard, poursuivant : « Aujourd’hui, l’Alliance [Renault-Nissan-Mitsubishi] prend un nouveau départ et elle est et doit rester plus que jamais à la fois un pilier et un moteur du développement de chacun de ses membres. » Mariage avorté avec Fiat M. Sénard est aussi revenu sur sa tentative infructueuse de faire fusionner le groupe Renault avec Fiat-Chrysler (FCA), en raison des réticences de Nissan et de l’Etat français, premier actionnaire de l’ex-Régie. Il a indiqué que l’idée lui avait été suggérée par le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, et il a profondément regretté la décision de l’Etat de finalement ne pas soumettre la proposition de fusion au vote du conseil d’administration le 5 juin. « Dans ma vie d’industriel j’ai rarement vu une fusion qui pouvait apporter autant de synergies positives et qui mettait au passage à l’honneur les plates-formes Renault », a-t-il affirmé. Lire notre récit : Renault - Fiat Chrysler : la folle nuit qui a vu sombrer le projet de fusion M. Senard a reconnu que le délai avec lequel Nissan a été prévenu du projet « était court mais qu’il était impossible de faire autrement. L’ensemble du conseil d’administration à l’exception d’un vote contre l’avait approuvé avec enthousiasme, a-t-il poursuivi, et les représentants de Nissan s’étaient abstenus de façon très positive. Tout ceci ouvrait la voie à la validation de l’accord dans sa première étape. Malheureusement les représentants de l’Etat ne partageaient pas cette analyse et le vote n’a pas pu avoir lieu, ce qui, je vous le dis franchement, me désole. » Le spectre de l’affaire Ghosn Applaudi régulièrement par les porteurs de titres – notamment lorsqu’il fustigeait le traitement médiatique du mariage avorté avec Fiat –, M. Senard a obtenu lors d’un vote de confiance près de 91 % des voix de l’assemblée générale approuvant sa nomination pour quatre ans au conseil d’administration de Renault. Il s’agissait de la première assemblée générale depuis la chute de Carlos Ghosn, embourbé dans une affaire de malversations présumées au Japon. Le feuilleton judiciaire, qui a démarré par son arrestation sur l’Archipel en novembre 2018, a miné la confiance au sein du partenariat franco-japonais. Renault a annoncé récemment qu’il envisageait des poursuites contre M. Ghosn pour avoir engagé 11 millions d’euros de dépenses suspectes au sein d’une filiale commune avec Nissan, sise aux Pays-Bas. Lire aussi S’y retrouver dans les affaires judiciaires de Carlos Ghosn L’affaire Ghosn aura aussi coûté cher aux actionnaires de Renault. Depuis l’arrestation de l’homme d’affaires, architecte de l’alliance avec Nissan et Mitsubishi qu’il a hissée au premier rang automobile mondial, l’action du constructeur français évolue en Bourse à ses plus bas niveaux, aux alentours de 55 euros. En un an, le titre a perdu un tiers de sa valeur. Le groupe au losange souffre aussi, comme l’ensemble du secteur, d’une conjoncture internationale morose et de bouleversements technologiques qui imposent de lourds investissements dans les motorisations électriques, sans garantie de rentabilité. Le constructeur français a affiché, en 2018, un résultat net de 3,3 milliards d’euros, en recul de plus d’un tiers par rapport à l’année précédente, notamment à cause des difficultés de Nissan, dont Renault détient 43 % du capital. Et l’exercice 2019 s’annonce encore plus difficile. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La gouvernance de Renault-Nissan est si mal ficelée que les deux entreprises sont paralysées »
Jean-Dominique Senard est revenu sur sa tentative infructueuse de faire fusionner le groupe avec Fiat-Chrysler, regrettant la décision de l’Etat de ne pas la soutenir.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/12/le-president-de-renault-plaide-pour-renforcer-l-alliance-avec-nissan-devant-ses-actionnaires_5475438_3234.html
mlsum-fr-1776
« Peut-être est-il possible de regarder ce que font les autres pays et par exemple, pourquoi pas, du côté de The Film Foundation de Martin Scorsese ? » (Francis Ford Coppola dirige une scène d’« Apocalypse Now Final Cut », dernière version de son film culte), légèrement modifié et restauré pour l’occasion. Chas Gerretsen / AP Tribune. Alors que le cinéma reste une machine à rêve, les films de patrimoine, ce qui fait son histoire, ont un risque de ne plus être restaurés. Deux phénomènes structurels se conjuguent : l’un purement budgétaire, l’autre est lié à la nature même du support du film et aux évolutions technologiques. La baisse des aides publiques entraîne une raréfaction des budgets. Le principal pourvoyeur, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), est aujourd’hui sous les feux des projecteurs : il a décidé de réorienter une partie de sa capacité de financement vers d’autres univers que le cinéma stricto sensu. Les aides du CNC à la restauration de films ont ainsi diminué, passant de 9 millions d’euros en 2018 à 2,8 millions d’euros en 2019. Le coût moyen de la restauration d’un film étant de 100 000 euros, on va ainsi passer de 160 à 50 restaurations de films soutenues par an. Le CNC souhaite compléter cette source de financement en développant le mécénat mais le dispositif encadré qu’il propose (choix du catalogue et sélection des laboratoires éligibles) a provoqué une levée de boucliers auprès des cataloguistes (les éditeurs de film de patrimoine). Course technologique Autre élément structurel que l’on oublie souvent, c’est qu’un film n’est jamais restauré « une fois pour toutes ». Ceci peut paraître contre-intuitif mais deux raisons font que la restauration d’un film est une « histoire sans fin ». D’une part, les films de patrimoine ont parfois bénéficié (ou subi, c’est selon) de plusieurs montages. Les studios peuvent demander à raccourcir un film (contre l’avis du réalisateur), on peut aussi retrouver une pellicule en meilleur état, des scènes perdues qui nécessitent de numériser à nouveau. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Crise de financement de la restauration des films anciens D’autre part, la course technologique fait que les standards de projection évoluent tous les trois ans environ (2K, 4K, 8K, etc.). Pour proposer le meilleur de ces films classiques aux spectateurs, qu’ils soient cinéphiles ou grand public, on a donc besoin, je dirais même le devoir, de retravailler cette matière. Les avantages d’une fondation Alors que faire ? Se battre pour maintenir le niveau d’aide du CNC au moins au niveau des années précédentes : oui, bien sûr ! mais pas que… Peut-être est-il possible de regarder ce que font les autres pays et par exemple, pourquoi pas, du côté de The Film Foundation, de Martin Scorsese ? Cette fondation financée principalement par des cinéastes ainsi que des grands médias dont Netflix (pour qui le patrimoine n’est pas le cœur de ses préoccupations) a permis en 2017 de restaurer 35 films dont L’Atalante de Jean Vigo.
Sauvegarder le patrimoine filmique est un enjeu culturel et économique de tous les instants rappelle, dans une tribune au « Monde », le cinéphile Eric Seive.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/08/eric-seive-un-film-n-est-jamais-restaure-une-fois-pour-toutes_5507847_3232.html
mlsum-fr-1777
cembre. ERWAN FAGES « Juger, c’est aimer écouter, essayer de comprendre, et vouloir décider », avait dit la présidente, Cécile Louis-Loyant, à l’ouverture du procès France Télécom, lundi 6 mai. Deux mois se sont écoulés, l’audience entre dans sa dernière phase. Après les plaidoiries des parties civiles, les deux procureures prononceront leur réquisitoire vendredi 5 juillet. La défense des prévenus s’exprimera ensuite jusqu’au 11 juillet. Trois d’entre eux – l’ancien président Didier Lombard, son ex-numéro deux Louis-Pierre Wenès et le directeur groupe des ressources humaines Olivier Barberot – ainsi que l’entreprise France Télécom sont poursuivis pour « harcèlement moral ». Quatre autres prévenus répondent de complicité de ce délit. Les débats ont été denses, parfois tendus. Les situations de chacune des trente-neuf personnes retenues comme victimes par l’instruction – dont dix-neuf se sont suicidées – ont été examinées. Leurs familles, leurs collègues de travail ont témoigné. Des experts de la souffrance au travail ont déposé. La mutation de l’entreprise, passée en quelques années du statut de service public en situation de monopole à celui de société cotée en Bourse, ouverte à la concurrence et confrontée à une révolution technologique, a été radiographiée. Morceaux choisis de cette plongée dans l’histoire d’un monument national. Feuille de route ERWAN FAGES En ce lundi 6 mai, la présidente, Cécile Louis-Loyant, ouvre son rapport de l’affaire France Télécom. De part et d’autre des bancs, on la scrute, on la jauge. Un procès est d’abord un enjeu de pouvoir. Cécile Louis-Loyant le sait d’expérience, elle a été juge assesseure au procès de l’ « Angolagate », un gigantesque dossier de vente d’armes et de corruption, et à celui de l’affaire Clearstream, qui opposait le prévenu et ancien premier ministre Dominique de Villepin à la partie civile, Nicolas Sarkozy, président de la République. Elle mesure aussi qu’une part de son autorité se joue là, maintenant, dans cet instant qui va donner un ton, un climat à l’audience. Elle emprunte ses premiers mots à un grand magistrat, Pierre Drai, ceux-là mêmes qui courent à l’entrée du nouveau tribunal de Paris, aux Batignolles : « Juger, c’est aimer écouter, essayer de comprendre et vouloir décider. » « Ces mots ont aujourd’hui une puissance exceptionnelle, poursuit-elle. L’attente de parler et de comprendre est forte, elle dure depuis dix ans, elle est douloureuse. Les voix de certaines victimes se sont éteintes. Le tribunal veut comprendre le fonctionnement d’une entreprise, qui comprenait plus de 100 000 salariés, répartis sur 23 000 sites, et comptait des centaines de métiers. Pourquoi des salariés ont porté plainte contre leur employeur. Pourquoi certains se sont suicidés en laissant des mots accusateurs. L’attente est forte car elle est aussi porteuse d’avenir. Les audiences vont peut-être raviver la douleur des proches, des victimes. L’émotion sera présente, sourde ou violente. Mais déposer devant un tribunal implique de la contenir. Le temps peut cicatriser les plaies. Il permet aussi une réécriture involontaire ou volontaire des événements. Le tribunal le sait et en tiendra compte. »
Sept anciens membres de la direction de l’entreprise publique comparaissent depuis le 6 mai devant le tribunal correctionnel de Paris pour « harcèlement moral » ou complicité de ce délit. Le jugement est mis en délibéré jusqu’au 20 décembre.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/02/france-telecom-instants-d-audience_5484104_3224.html
mlsum-fr-1778
Deux chars M1A1 Abrams et d’autres véhicules blindés qui devraient participer au 4-Juillet, sur une voie de garage, à Washington D.C., le 2 juillet 2019. MARK WILSON / AFP Il y aura deux chars d’assaut, M1A2 Abrams, deux véhicules blindés Bradley, un survol par Air Force One, un bombardier B-2, des chasseurs F-35, les Blue Angels… Le président Donald Trump qui avait promis de bouleverser l’ordonnancement de la fête nationale américaine, le 4-Juillet, a vu les choses en grand. Le président a insisté cette semaine sur sa capacité à rassembler les Américains : « Je le crois, je pense que mon message passe auprès de la plupart des Américains », a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche. Ce 4-Juillet « va être très différent, il va être spécial », a-t-il ajouté. Il y aura « des avions au-dessus de nous, les meilleurs avions de chasse au monde » et « nous aurons quelques chars », a-t-il précisé. President Trump: "We're going to have a great 4th of July in Washington DC... We're going to have planes going over… https://t.co/kwfty85NtU — thehill (@The Hill) Cerise sur le gâteau, le président a décidé de bouleverser un peu plus ces célébrations du Jour de l’Indépendance, en prononçant un discours « hommage à l’Amérique » sur les marches du Lincoln Memorial, monument à la gloire d’Abraham Lincoln, 16e président et défenseur de l’unité du pays pendant la guerre civile. Un meeting de campagne Le président apparaîtra à 18 h 30 (00 h 30 à Paris) sur les marches du Lincoln Memorial, à l’extrémité du National Mall, l’immense esplanade de la capitale où se dressent bâtiments officiels, musées et monuments. En pleine campagne électorale, l’initiative de Donald Trump, qui vient d’annoncer sa candidature à un nouveau mandat, fait grincer des dents, d’autant que la Maison-Blanche distribue des billets VIP à des donateurs républicains et à des personnalités proches du GOP, qui assisteront au discours du président, ce qui suscite la colère des élus démocrates. Le président apparaîtra à 18 h 30 (00 h 30 à Paris) sur les marches du Lincoln Memorial, à l’extrémité du National Mall. MARK WILSON / AFP Le National Park Service, l’agence chargée de gérer les parcs nationaux, les monuments nationaux, débloque près de 2,5 millions de dollars pour couvrir les coûts de l’événement organisé par Donald Trump, écrit le Washington Post. Plusieurs élus démocrates du Congrès lui ont adressé une lettre le mettant en garde contre la tentation de transformer le Jour de l’Indépendance en « un meeting de campagne partisan et télévisé sur le Mall ». Betty McCollum, élue démocrate du Minnesota résume leur point de vue : « M. Trump détourne la célébration et la transforme en un rassemblement politique partisan, financé par les contribuables, qui vise davantage à promouvoir un culte de la personnalité de l’esprit d’indépendance et de liberté américain. » Impressionné par le défilé du 14-Juillet à Paris en 2017 Car la tradition du 4-Juillet américain est très différente de celle du 14-Juillet français, où le milliardaire républicain a puisé son inspiration. A Washington, des groupes de musique jouent pour le Jour de l’Indépendance, des fanfares défilent et on tire un grand feu d’artifice. La journée est très patriotique mais sans véritable dimension militaire. Invité par son homologue français il y a deux ans pour le défilé militaire du 14-Juillet sur les Champs-Elysées, Donald Trump avait été impressionné par son déroulement coloré, solennel et minutieusement réglé. « Il va falloir que nous fassions mieux », s’était-il exclamé. L’idée initiale avait été d’organiser la parade militaire américaine pour Veterans Day, en novembre, mais un coût de 100 millions de dollars l’avait fait reculer. Le département de la défense ne s’était pas montré particulièrement empressé non plus. Le gouvernement local du district de Columbia a répondu au président « Tanks, but no tanks » (jeu de mot sur « Merci, mais non merci », façon polie de dire « non »), reprenant l’argument avancé par le Pentagone qui avait déjà prévenu, l’année dernière, que les chenilles des blindés risquaient d’endommager les rues de la capitale fédérale. We have said it before, and we’ll say it again: Tanks, but no tanks. (PS: The @DeptofDefense agrees, see highlighte… https://t.co/QfwieyGeHi — councilofdc (@Council of DC) Les opposants à Donald Trump seront aussi de la partie. L’organisation de gauche Code Pink déploiera dans le ciel de Washington le « Baby Trump », immense personnage gonflable représentant un bébé colérique à l’effigie du président américain. Deux organisations d’anciens combattants prévoient aussi d’arborer et de distribuer des tee-shirts honorant John McCain, le feu sénateur républicain et héros de la guerre du Vietnam qui était aussi l’un des principaux ennemis du président sur la scène politique américaine.
Le président américain a changé une cérémonie très codifiée après avoir été inspiré par le déroulement solennel et minutieusement réglé du 14-Juillet.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/03/pluie-de-critiques-contre-l-organisation-des-celebrations-du-4-juillet-par-donald-trump_5484815_3210.html
mlsum-fr-1779
Inondations à Milton Keynes, Angleterre, en septembre 2019. ANDREW BOYERS / REUTERS Tribune. Canicules, sécheresses, inondations, ouragans, tempêtes : l’urgence de prendre en compte le dérèglement climatique dans les choix d’aménagement des villes s’impose depuis plusieurs décennies. Citons les canicules de cet été, qui ont atteint des pics de températures en France, notamment, aggravant les sécheresses et les problèmes de santé publique, particulièrement dans les grandes métropoles, comme Paris. Rappelons les inondations catastrophiques de l’automne 2018 dans l’Aude, qui ont assailli des villes plus petites, comme Villegailhenc, Couffoulens, ou encore celles qui ont secoué une nouvelle fois le Québec en 2019. Métropole, ville moyenne, petite commune, activités agricoles, industrielles, tertiaires, les conséquences des dérèglements climatiques n’épargnent aucune collectivité, aucun secteur. Certains appellent à un changement de paradigme vers une nécessaire vision résiliente et durable de nos actions. D’autres s’entêtent dans un discours catastrophiste où les conséquences des changements actuels seraient sans issue. Les rapports des scientifiques, comme ceux du GIEC, sont pourtant clairs : nous sommes dans une phase de changement qui touche toutes les sphères de l’environnement, la terre, l’air, les océans et il est impératif de se préparer, de s’adapter. La sévérité des événements impose en urgence de travailler non seulement sur la prise de conscience, la mobilisation de tous, mais aussi sur la mise en place d’actions réfléchies visant à renforcer l’adaptation et la résilience. Si la mobilisation citoyenne à travers le monde tend à croître, les villes ne sont pas en reste. Au cours des douze derniers mois, 365 municipalités du Québec, pour ne citer qu’elles, ont déclaré l’urgence climatique, à l’invitation de leurs habitants, soit l’équivalent de 77 % de la population québécoise. Cela dit, est-ce suffisant ? Comment passer des enjeux à l’action ? Quels sont les ingrédients d’un avenir résilient ? Vulnérabilité sociale et territoriale Agir de manière résiliente nécessite déjà une solide connaissance des enjeux. Un risque est composé de la vulnérabilité sociale et territoriale, et de l’exposition à l’aléa. Chaque ville doit disposer d’une évaluation précise et actualisée des risques. Si cette exigence relève du bon sens, elle est loin d’être évidente. Car la fabrique urbaine résiliente exige une approche systémique de la ville, laquelle doit être considérée comme un système complexe avec sa personnalité, ses spécificités propres. Ainsi, pour cerner les vulnérabilités locales, plusieurs critères doivent être analysés, qu’il s’agisse du vieillissement de la population, du chômage, de l’accessibilité aux infrastructures essentielles, de l’activité économique, des ressources en nourriture ou en eau… Les aléas doivent également être connus, comme les zones inondables, les risques de tremblement de terre, d’attaque terroriste, d’explosion chimique… L’ensemble de ces connaissances permet de travailler sur la prévention et l’anticipation des crises, et ainsi de limiter les dommages. Sept solutions pour se protéger des crues ou les limiter Aussi, la résilience ne consiste pas juste à réaliser un aménagement durable et des bâtiments neutres en carbone, adaptés aux possibles chocs. Il s’agit également de préparer la société civile ; de renforcer sa connaissance du risque, des réseaux sociaux informels et de solidarité. A ce titre, la communication sur les enjeux et les actions possibles constitue un pilier de la résilience, afin d’améliorer les apprentissages et l’autonomie. Au Québec, les villes pilotes de Coaticook et Venise-en-Québec travaillent actuellement à l’élaboration d’outils visant à faire prendre conscience des risques et éduquer la population aux gestes responsables tant au sein de leur habitat que dans l’espace public. Un retour d’expérience des inondations précédentes a, de fait, montré que plusieurs citoyens n’étaient pas conscients des risques et que certains outils utilisant les réseaux sociaux ne touchaient pas les populations vulnérables, comme les personnes âgées. Impliquer l’ensemble des acteurs de la ville Un leadership fort et une gouvernance intégrée, autrement dit une implication de l’ensemble des acteurs, des parties prenantes sont deux ingrédients incontournables de la résilience. Ce afin de s’assurer de la coconstruction de solutions adaptées aux différentes réalités des territoires locaux. Outre les changements organisationnels à mettre en œuvre au sein de la collectivité et leurs coûts prévisionnels, un plan de résilience se doit nécessairement d’intégrer un cadrage avec des critères de résilience afin de favoriser le développement de projets pilotes efficaces. Plusieurs villes à l’international se sont munies de plans afin de stimuler l’action. A Montréal, qui a fait l’annonce de devenir neutre en carbone en 2050 avec une cible de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, un groupe d’experts travaille actuellement sur un plan climat. L’objectif en est non seulement de fixer les cibles à atteindre, mais aussi de créer un cadre réglementaire et incitatif, qui permette de mettre en œuvre des projets pilotes menant vers la neutralité carbone et l’adaptation. Il s’agit d’intégrer la connaissance locale et de mettre en œuvre des solutions en mobilisant la population. Interview avec la physicienne Ursula Eicker : « Il n’existe pas encore de villes intelligentes » Enfin, la résilience appelle fondamentalement un changement de paradigme en matière d’aménagement. Concernant les risques d’inondations par exemple, plutôt que de résister à l’eau en continuant à construire des digues et en aménageant des nouveaux quartiers en situation vulnérable, il s’agit de redonner de la place à l’eau et réfléchir à la façon de vivre avec. Par exemple, au sein du Gentilly Resilient District, à la Nouvelle Orléans, ont été créés des jardins de pluies, des corridors verts et bleus pouvant absorber et filtrer l’eau, et un espace naturel, le Mirabeau Water Garden, a été réaménagé pour qu’y soient intégrés des bassins végétalisés pouvant capter des millions de mètres cubes d’eau. A Romorantin, en France, le quartier Romo 1, ancienne friche industrielle située en pleine zone inondable, a été redessiné avec des immeubles surélevés et des stationnements ouverts permettant la circulation de l’eau. Ou encore, le projet Bleue Montréal vise à faire couler à nouveau à ciel ouvert rivières et cours d’eau, longtemps enfouis, afin de redonner sa place à l’eau dans le paysage urbain. C’est par une démarche intégrée, collective, des actions adaptées aux enjeux locaux et aux réalités des collectivités qu’une ville devient résiliente et favorise implicitement un changement de comportement. Isabelle Thomas est codirectrice de l’ouvrage La ville résiliente (Presse de l’université de Montréal, 2018). Elle interviendra lors de la conférence « Réinventer la ville : agir… vite ! » organisée par Le Monde Cities, dans le cadre du Monde Festival à Montréal, le 25 octobre, de 8 h 30 à 12 h 45. Accès libre sur inscription. Isabelle Thomas (Professeure d’urbanisme à l’université de Montréal)
Dans une tribune au « Monde », Isabelle Thomas, professeure à l’université de Montréal, explique en quoi consiste une démarche urbaine de résilience, face à l’urgence climatique. Elle participera vendredi 25 octobre au Monde Festival Montréal.
https://www.lemonde.fr/smart-cities/article/2019/10/22/climat-la-resilience-des-villes-passe-par-une-demarche-integree-et-collective_6016471_4811534.html
mlsum-fr-1780
rement ». Le terrain était presque vierge la première fois qu’Anne et Bruno Lorthiois y ont mis les pieds. Pas de plantations de légumes ni d’arbres fruitiers, pas de maisons aux murs colorés, d’outils à énergie solaire, ni de panneaux de bois bigarrés pour se repérer dans le foisonnement d’initiatives qui fleurissent aujourd’hui sur ces 2 hectares bordant une route départementale du nord de Vauvert, dans le Gard. En 1997, ils sont jeune institutrice pour l’une, jeune agriculteur pour l’autre, et ils cherchent un terrain pour que Bruno installe un élevage d’escargots. Il a choisi l’agriculture après des études de physique-chimie, ne se voyant pas travailler dans une centrale nucléaire. Vingt-deux ans plus tard, l’élevage a disparu. L’imposant escargot de bois qui accueille chaque visiteur à l’entrée du domaine n’est resté qu’en tant que symbole de la décroissance et de l’adaptation au changement climatique, dont le couple a fait son credo. Rendez-vous au Monde Festival : Comment vivre dans un monde effondré ? La ferme agricole s’est muée en écolieu alternatif (EchoVert) où Bruno et Anne, 47 ans tous les deux, veulent « inventer un autre mode de vie » et « témoigner d’un autre possible ». Ils y vivent désormais avec leurs trois enfants et au moins cinq à six autres personnes, volontaires de passage pour quelques semaines ou résidents permanents sur plusieurs mois, voire plusieurs années, pour partager l’expérience de vie des Lorthiois. A l’entrée du terrain, plusieurs panneaux de bois pour se repérer sur le domaine, un chauffe-eau solaire qui fonctionne sans électronique ni électricité (à gauche) et une serre bioclimatique (à droite). CAMILLE MICHEL POUR « LE MONDE » Chercher des solutions d’autonomie A leur arrivée à Vauvert, l’écologie est pour eux un combat plus qu’un mode de vie. Conscients « très tôt » de « l’impasse écologique dans laquelle est la société », ils luttent, s’engagent, militent. Mais leur expérience des modes de vie alternatifs se limite alors à la consommation de produits bio. La bascule s’est opérée progressivement. « L’arrivée des enfants, le sentiment de responsabilité vis-à-vis de l’environnement qu’on leur donne et qu’on leur laissera, ont été un moteur considérable : on a décidé de sortir du seul constat négatif et d’agir à notre échelle », raconte Anne, aujourd’hui institutrice à mi-temps. La nécessité a fait le reste. A la naissance de leur aîné en 2003, l’urgence de refaire l’isolation de la maison et l’impossibilité de financer des travaux poussent Bruno à « chercher des solutions d’autonomie ». Ce bricoleur autodidacte découvre que la laine de mouton, déchet agricole peu cher, est un excellent isolant et il en enrobe sa maison. Leur consommation d’énergie baisse d’emblée de 75 %. Il relate :
Convaincus de l’incohérence de nos modes de vie actuels, ils ont fondé un lieu de vie alternatif sur 2 hectares de terre en Petite Camargue. Quatrième volet de notre série sur celles et ceux qui préparent l’« après-effondrement ».
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/10/dans-leur-ecoferme-du-gard-bruno-et-anne-lorthiois-misent-sur-un-autre-possible_5487577_4415198.html
mlsum-fr-1781
Dix-sept millions de dollars néo-zélandais, soit près de 10 millions d’euros, c’est la somme que va débourser, dans les quatre ans à venir, la Nouvelle-Zélande pour se doter d’une équipe d’enquêteurs spécialisée dans la traque de contenus extrémistes violents en ligne. En mars, un terroriste d’extrême droite s’était introduit dans deux mosquées du pays, à Christchurch, et avait ouvert le feu sur les fidèles, tuant 51 personnes. Il avait retransmis l’attentat en direct sur Facebook pendant dix-sept minutes. Le temps que le réseau social la supprime, la vidéo avait été vue 4 000 fois et avait été copiée puis diffusée sur d’autres canaux. Deux mois plus tard, la France et la Nouvelle-Zélande lançaient « l’appel de Christchurch », visant à lutter contre toutes les formes de « contenus terroristes et extrémistes violents ». Un texte non contraignant, signé par une cinquantaine d’Etats, d’entreprises et d’organisations, aux engagements consensuels – ils étaient déjà généralement respectés par les grandes plates-formes du Web. Même démarche que pour la pédopornographie La création d’une unité spéciale d’enquêteurs en Nouvelle-Zélande s’inscrit dans cette lignée. « Nous aurons une équipe formée à traquer et à lutter contre les contenus extrémistes violents sur nos réseaux numériques », a déclaré la première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern. « Elle travaillera de façon similaire à ce que nous faisons pour lutter contre les contenus pédopornographiques, en collaborant avec les hébergeurs de contenus pour trouver et supprimer ces contenus nuisibles. » Cette unité sera composée de 17 enquêteurs spécialisés. Jeudi 10 octobre, un autre terroriste d’extrême droite s’en est pris à une synagogue et un restaurant turc à Halle, en Allemagne, tuant deux personnes. Il avait retransmis ses actes en direct, pendant une trentaine de minutes, sur Twitch, une plate-forme appartenant à Amazon.
Le pays a été traumatisé en mars par l’attentat de Christchurch, perpétré par un homme qui avait retransmis le massacre en direct sur Facebook.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/14/la-nouvelle-zelande-se-dote-d-enqueteurs-charges-de-traquer-l-extremisme-en-ligne_6015434_4408996.html
mlsum-fr-1782
Thorsten Grumbel, Chiara Skerath et Johanni van Oostrum au Théâtre des Champs-Elysées dans « Le Freischütz ». Vincent PONTET Œuvre fondatrice de l’opéra allemand, Le Freischütz de Weber est une denrée trop rare sur les scènes françaises. C’est pourquoi il faut courir aux représentations que dirige Laurence Equilbey pour ses débuts au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris. La chef d’orchestre française est une familière de cet ouvrage qu’elle a monté, dès 2011, à l’Opéra de Toulon, avant d’y revenir, cette fois à la tête de ses troupes – le chœur Accentus et l’Insula Orchestra – dans une production déjà présentée à Caen (création en février), Aix-en-Provence, puis en Allemagne et au Luxembourg, avant d’aborder la capitale et de poursuivre les 15 et 17 novembre à l’Opéra de Rouen puis au Barbican Centre de Londres. La mise en scène a été confiée à la Compagnie 14:20, artisans de la « magie nouvelle », qui conjugue arts visuels et circassiens, et nouvelles technologies. Foin du folklorisme germanique (bois et forêt, fusil et trophée de chasse) ! L’imaginaire se veut atemporel afin de mieux servir le fantastique de l’œuvre. Ecrit d’après un conte populaire, Der Freischütz relate en effet l’histoire du jeune chasseur Max, le meilleur tireur des environs, que la malchance poursuit. Censé gagner un concours de tir pour prétendre à la main d’Agathe, sa fiancée, il devra conclure un pacte avec le diable. Des animations qui importunent Chorégraphies en apesanteur à l’aide de filins invisibles, lévitations, hologrammes, ombres chinoises, effets visuels et jeux d’optique ouvrent une porte vers l’inconscient. Mais si on s’attendait à des visions subjuguantes, c’est raté. Force sera de reconnaître quelques animations bienvenues quand elles apparaissent pour la première fois (les fameuses balles lumineuses jonglées), avant que leur récurrence ne finisse par lasser, voire importuner. Le temps paraît long, l’ennui guette. Heureusement, il y a la musique et, précisément, les chanteurs. Ainsi la pieuse cavatine d’Agathe « Und ob die Wolke sie verhülle » traversée de brèves signalétiques lumineuses, un morse électrique qui contrarie visuellement l’orbe et l’ordre de la musique. Idem pour la fameuse scène de la « Gorge aux loups », qui voit fondre les balles magiques sous la houlette du diable, avec de fulgurantes vidéos griffant l’espace en accéléré, dont l’impact se verra freiné par la maladresse de corps rampant au sol. Une mise en scène ? Plutôt une mise en espace. Focalisés sur leur boîte noire magique, Clément Debailleul et Raphaël Navarro ont totalement zappé la direction d’acteurs, livrant les chanteurs à eux-mêmes, lesquels chantent au proscenium (l’avantage, c’est qu’on les entend) dans des poses on ne peut plus convenues. Le temps paraît long, l’ennui guette. Heureusement, il y a la musique et, précisément, les chanteurs.
Le ténor Stanislas de Barbeyrac est impressionnant tandis que Laurence Equilbey fait des débuts mitigés au Théâtre des Champs-Elysées et que la mise en scène de cet opéra est ratée.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/21/un-freischutz-de-weber-contrarie-par-des-balles-lumineuses_6016296_3246.html
mlsum-fr-1783
Emmanuel Macron et Mohammed VI à Rabat, le 15 novembre 2018. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP Tribune. Depuis 2011, hormis la petite Tunisie, qui s’essaie à la démocratie, les pays arabes sont divisés entre ceux qui ont sombré dans la guerre civile et ceux que distingue leur immobilisme. Le Maroc prétend échapper à ces classifications, en mettant en avant l’« alternance » politique impulsée par Hassan II dès 1997-1998, que son fils Mohammed VI avait prolongée dans un premier temps. Hassan II (1929-1999) avait été contraint d’ouvrir le système politique pour corriger l’image du royaume en matière de droits de l’homme et rejoindre les nations qui comptent sur la scène internationale. Mais, en dépit des ouvertures opérées, la communication sur le changement et sur l’« exception » marocaine a été plus importante que le changement lui-même. Réfractaire à toute ouverture En 2011, pour répondre aux revendications politiques et sociales du « printemps arabe », le pouvoir a modifié à chaud la Constitution. L’offre royale, saluée par la France et l’Union européenne (UE), ne modifiait pourtant en rien le système en place et ne constituait que marginalement une réponse aux demandes exprimées par les Marocains. Le pouvoir a fait mine de clore ses négociations avec les protestataires du « 20 février », le mouvement revendicatif dont les membres ont été par la suite cooptés par le régime pour certains ou condamnés à la prison pour d’autres. Mais les protestations n’ont jamais cessé, s’exprimant régulièrement dans l’espace public. La détermination des protestataires de la région du Rif en 2016-2017 a contribué à rendre le pouvoir fébrile et réfractaire à toute ouverture. Par étapes, les libertés acquises en 1997-1998 ont paru se déliter. Lire aussi Le Maroc va rétablir le service militaire obligatoire La phase offensive du terrorisme salafiste, apparu au Maroc en 2003, avait déclenché une brutale réaction de l’appareil sécuritaire, jugée disproportionnée. En 2011, le Palais a agi avec stratégie en offrant la direction du gouvernement aux islamistes du Parti de la justice et du développement (PJD). Il espérait ainsi les décrédibiliser, comme Hassan II avait réussi à le faire dix ans plus tôt avec ses ennemis historiques de gauche. Le royaume compterait à nouveau des centaines de « prisonniers politiques », ce que le pouvoir récuse en parlant de « délinquants » et de « hooligans » Aussi, au cours des années 2010, les réponses du Palais aux demandes émanant des islamistes, des berbéristes, des syndicats, des étudiants, des diplômés chômeurs, des protestataires du Rif et de la province frontalière de l’Algérie, des Sahraouis… furent de plus en plus souvent coercitives. D’après des organisations non gouvernementales (Amnesty International et Human Rights Watch), le royaume compterait à nouveau des centaines de « prisonniers politiques », ce que le pouvoir récuse en parlant, comme par le passé, de « délinquants » et de « hooligans ». Le Maroc a-t-il renoué avec son système ancien ?
En échange de la « bonne conduite » du royaume sur les questions des migrants ou du radicalisme religieux, l’UE se montre peu regardante sur les droits de l’homme au Maroc, soulignent les universitaires Khadija Mohsen-Finan et Pierre Vermeren, dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/27/le-maroc-partenaire-prefere-d-une-europe-obnubilee-par-les-risques-de-destabilisation_5494030_3232.html
mlsum-fr-1784
La centrale de Gardanne (ici en 2017) a été rachetée le 4 juillet par EPH au groupe allemand Uniper. BORIS HORVAT / AFP C’est un calendrier pour le moins étonnant : quelques jours après que l’Assemblée nationale a voté le dispositif de fermeture des dernières centrales à charbon françaises, le groupe tchèque EPH a annoncé, jeudi 4 juillet, qu’il signait le rachat des centrales de Saint-Avold (Moselle) et Gardanne (Bouches-du-Rhône). Le milliardaire Daniel Kretinsky (actionnaire indirect et minoritaire du Monde) avait engagé, en décembre 2018, des négociations exclusives avec le groupe allemand Uniper, qui souhaitait se désengager du marché français. Le groupe EPH possède des centrales électriques, des gazoducs et des distributeurs d’électricité et de gaz dans plusieurs pays européens, notamment en Slovaquie et en République tchèque, mais aussi en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Gardanne : « S’ils arrêtent le charbon, on met le feu au département » Des sites rachetés à « un prix très bas » C’est une vente d’un type assez rare : le groupe EPH rachète deux sites qui doivent fermer au 1er janvier 2022, selon les modalités définies dans la loi en discussion au Parlement. Ce qui laisserait à l’industriel tchèque au mieux dix-huit mois d’opérations avant de devoir fermer et gérer l’indemnisation et le reclassement des salariés concernés. C’est d’ailleurs cet engagement d’Emmanuel Macron qui avait décidé Uniper à vendre ces sites. « La décision du gouvernement français de fermer ces deux centrales à charbon, bien avant la fin de leur vie opérationnelle, aurait affecté l’ensemble de nos activités », a ainsi précisé jeudi Eckhardt Rümmler, chef d’exploitation d’Uniper, dans un communiqué. Ce rachat est d’autant plus surprenant que la centrale de Gardanne, dont les salariés sont en grève depuis plusieurs mois, est totalement à l’arrêt. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Charbon : pourquoi Macron ne pourra pas tenir sa promesse Alors pourquoi racheter des centrales dans cette situation ? Si EPH ne communique pas sur le prix du rachat, une source proche des négociations évoque un « prix très bas », compte tenu de la volonté d’Uniper de ne pas gérer la fermeture. D’autant que le rachat comporte aussi une centrale à gaz, qu’EPH s’est déjà engagé à revendre à Total pour une somme non communiquée. Selon plusieurs sources, la revente des tranches gaz à Total couvrirait le rachat des centrales à charbon. Vient ensuite la question de l’indemnisation : le cadre fixé par la loi en discussion n’autorise les opérateurs de centrales à charbon à n’opérer que quelques heures par an, rendant l’exploitation déficitaire. L’objectif du ministère et des députés avec cette mesure est d’éviter que les exploitants sollicitent une indemnisation en contrepartie de la fermeture imposée par l’Etat puisque les opérateurs (EPH et EDF pour deux autres centrales) fermeraient par eux-mêmes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La France pourrait brûler encore un peu de charbon jusqu’en 2024 Continuer à produire de l’énergie « Je ne pense pas qu’on va aller au clash », assure pourtant une source proche de Daniel Kretinsky. EPH peut espérer un soutien fort de l’Etat et des collectivités locales pour gérer le futur des salariés des deux sites. Daniel Kretinsky a, par ailleurs, pris l’engagement que les fonds dégagés par cette vente seront consacrés au redéveloppement de ces sites dans le secteur énergétique. Autrement dit : les sites de ces centrales à charbon ont vocation à continuer à produire de l’énergie. Mais ce chantier est à un stade très peu avancé : le groupe de Daniel Kretinsky s’intéresse notamment à la biomasse – mais le gouvernement français est très réticent sur l’usage de bois pour produire de l’électricité. La centrale de Gardanne possède déjà une tranche de production d’électricité à partir de biomasse, mais elle est en mauvais état et fonctionne un nombre d’heures réduit dans l’année, avec une grande partie de biomasse importée. « C’est une manière pour nous de mettre un pied dans le secteur de l’énergie en France », estime un proche de Daniel Kretinsky. Le groupe EPH s’installe ainsi dans un domaine très largement dominé par EDF – qui produit plus de 85 % de l’électricité du pays. « La discussion avec les pouvoirs publics se passe très bien », insiste l’entourage de Daniel Kretinsky. Une manière de prouver qu’EPH a l’intention de se comporter en bon élève, pour espérer remporter d’autres positions dans l’Hexagone. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Pologne, Daniel Kretinsky cède déjà les anciennes radios du groupe Lagardère « Une logique de chasseur de primes » Une attitude qui inquiète les organisations environnementales, qui reprochent au milliardaire tchèque d’avoir fait sa fortune en redonnant vie à des centrales à charbon et donc de contribuer fortement au réchauffement climatique. « C’est une transaction à haut risque pour la sortie du charbon en France », dénonce Cécile Marchand de l’ONG Les Amis de la Terre, qui souligne que la disposition législative sur la fermeture des centrales à charbon est « très floue » et « laisse à EPH toute marge de manœuvre pour prolonger la durée de vie des centrales ». « Et nous sommes d’autant plus inquiets sur la transition pour les salariés : si Uniper a revendu ces actifs, c’est pour se débarrasser d’un conflit qu’il n’a pas envie de gérer et le vend à un groupe qui peut se permettre de mal fermer les sites », estime Mme Marchand. « Disons qu’Uniper a pour habitude de faire des plans sociaux qui coûtent cher et sont très généreux. EPH fera son beurre sur cette différence et sur sa capacité à ne pas laisser les collectivités locales insensibles. C’est une logique de chasseur de primes », analyse un ancien d’Uniper. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le charbon, le pari gagnant de Daniel Kretinsky
Le groupe tchèque EPH a officialisé jeudi le rachat de deux des dernières centrales à charbon françaises au groupe allemand Uniper.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/04/daniel-kretinsky-signe-le-rachat-de-deux-centrales-a-charbon-en-france-dix-huit-mois-avant-leur-fermeture_5485410_3234.html
mlsum-fr-1785
Kyriakos Mitsotakis, premier ministre grec, le 20 juillet 2019, à Athènes. Alkis Konstantinidis / REUTERS Restriction du droit de grève, suppression de conventions collectives, développement des explorations pétrolières… le « grand projet de loi pour la croissance » du premier ministre conservateur, Kyriakos Mitsotakis, a déjà provoqué deux jours de grève générale fin septembre et début octobre. Ce texte, qui sera soumis au vote du Parlement d’ici mi-octobre, prévoit aussi de faciliter les privatisations et vise à attirer davantage les investisseurs étrangers. Toutes ces mesures sont censées stimuler l’économie et permettre au pays d’afficher une progression de 2,8 % de son PIB en 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après dix ans de crise, la Grèce « peine à se relever » Pour la Confédération générale grecque du travail, principal syndicat du privé, « ces mesures restreignent la liberté d’action syndicale et permettent aux employeurs et à l’Etat de passer outre les droits des travailleurs ». « C’est un retour aux politiques d’austérité. Les conventions collectives vont être supprimées et les licenciements facilités », dénonce le parti d’opposition de gauche Syriza. Les organisations de défense de la nature soulignent, eux, une mesure qui prévoit de délivrer plus rapidement les permis de construire aux investisseurs sans étude environnementale approfondie. La branche grecque du WWF s’étonne, par exemple, que la superficie d’un parc industriel puisse être augmentée de 15 % sans autorisation préalable. Poursuite de l’extraction d’or dans les mines de Skouries Le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis inquiète d’autant plus les associations écologistes qu’il a autorisé, il y a quelques jours, la poursuite de l’extraction d’or dans les mines de Skouries dans le nord de la Grèce – un projet suspendu par Alexis Tsipras en 2015 – et les explorations pétrolières en mer Ionienne et au large de la Crète. Le coup est rude pour les groupes écologistes et les habitants de la région qui se mobilisent depuis des années contre ce projet porté par l’entreprise canadienne Eldorado Gold. Ils soulignent que des substances toxiques, comme de l’arsenic, sont utilisées pour extraire les métaux. Les nappes phréatiques, l’air et le sol en subiraient les dommages… De même, l’exploration pétrolière et gazière en mer Ionienne et au large de la Crète « pourrait avoir lieu même dans des zones protégées », s’indignent le WWF et Greenpeace. L’île de Zante et le rivage nord-ouest du Péloponnèse sont, notamment, le refuge de tortues marines Caretta caretta, une espèce menacée et protégée par l’Union internationale pour la conservation de la nature.
La réforme annoncée du marché du travail par le gouvernement conservateur du premier ministre Kyriakos Mitsotakis a déjà provoqué deux jours de grève générale depuis la rentrée.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/08/en-grece-un-projet-de-loi-pour-la-croissance-herisse-syndicats-et-ong_6014668_3234.html
mlsum-fr-1786
Heurts entre les manifestants et les forces de l’ordre à Bagdad, le 25 octobre. AFP C’est dans une violence sans commune mesure qu’a repris, vendredi 25 octobre, le mouvement de contestation contre le pouvoir en Irak. Après une semaine de manifestations au début du mois, qui avaient fait 157 morts et plus de 6 000 blessés, et trois semaines d’une trêve implicite ­durant le pèlerinage chiite de l’Arbaïn, des milliers d’Irakiens, des jeunes hommes pour la ­plupart, se sont à nouveau réunis à Bagdad et dans les villes chiites du sud du pays pour dénoncer la corruption et l’incurie de la classe politique. Plus de 40 personnes ont été tuées et 2 300 autres blessées, selon des sources de sécurité et la Com­mission irakienne des droits de l’homme. Les manifestations avaient débuté dans une atmosphère bon enfant, jeudi soir. Aux cris de « tous des voleurs », les manifestants avaient commencé à affluer place Tahrir, à Bagdad, pour réclamer « la chute du régime ». Dans la nuit et toute la journée de vendredi, les forces de sécurité leur ont opposé des barrages de gaz lacrymogènes, de balles assourdissantes et des tirs de sommation pour les empêcher d’accéder à la zone verte, le quartier ultrasécurisé qui réunit les institutions du pays et les représentations étrangères. Au moins huit personnes ont été tuées, dont plusieurs touchées à la tête par des cartouches de gaz lacrymogènes. Le ministre de l’intérieur, Yassin Al-Yasseri, était pourtant venu sur l’emblématique place du centre de Bagdad, dire aux manifestants que les policiers les protégeraient. Dans une allocution télévisée après minuit, le premier ministre, Adel Abdel Mahdi, avait assuré que la liberté de manifester serait garantie, mais qu’aucune violence ne serait tolérée. « Où sont les snipers, oh Adel ? Dans ma poche ? », l’interpellaient, moqueurs, de jeunes hommes, en dénonçant les écueils du rapport d’enquête gouvernemental sur les violences de début octobre. A Bagdad, le 25 octobre. THAIER AL-SUDANI / REUTERS Le rapport n’apporte aucune réponse sur la présence de « tireurs non identifiés » dans les manifestations. Il se borne à reconnaître un usage « excessif » de la force, alors que 70 % des manifestants ont été touchés à la tête et au torse, et dédouane la classe politique de toute responsabilité. Quelques dizaines de commandants des forces de sécurité à Bagdad et dans le sud du pays ont été congédiés. « Je ne pense pas que ce soit la réponse adéquate. L’enquête n’a pas apporté de réponse sur le fond. Il y a eu plus de 150 morts et on n’ose pas dire qui a commis ce carnage », déplore un responsable irakien qui a requis l’anonymat. Pour les manifestants aussi, les véritables responsables restent impunis. « L’Iran dehors, l’Irak restera libre », ont-ils à nouveau scandé, dénonçant l’ingérence de Téhéran dans les affaires du pays par l’intermédiaire des puissantes milices chiites qui dominent les unités de la Mobilisation populaire (MP), une formation paramilitaire, et la coalition Al-Fatah, deuxième bloc au Parlement. Ce sont elles que les manifestants accusent d’être à la manœuvre dans la répression. Si le porte-parole de la MP, Ahmed Al-Asadi, a réfuté ces accusations, deux hauts responsables de sécurité les ont corroborées à l’agence Reuters. Selon eux, les snipers présents dans les manifestations « étaient membres de milices répondant directement à leurs ­commandants plutôt qu’au commandant en chef des forces armées. Ils appartiennent à un groupe très proche des Iraniens. »
Au moins quarante personnes ont été tuées lors de rassemblements à Bagdad et dans le sud chiite du pays, vendredi, pour dénoncer le gouvernement, les milices chiites et, à travers elles, l’Iran.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/25/le-mouvement-antigouvernemental-reprend-en-irak_6016824_3210.html
mlsum-fr-1787
Lilian Calmejane lors de la présentation des équipes, le 4 juillet à Bruxelles. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS Il y a deux ans, la France a découvert le tempérament de Lilian Calmejane, vainqueur en solitaire d’une grande étape du Jura, malgré des crampes dans les derniers kilomètres de la montée vers la station des Rousses. Ce succès couronnait une deuxième année professionnelle tonitruante et le consacrait leader de l’équipe Direct Energie. Cette saison, Calmejane, 26 ans, se cherche, en particulier sur ce Tour de France où ses jambes ne sont pas celles qu’il voudrait. Mercredi 17 juillet, il s’est donné une raison de sourire en s’échappant au départ d’Albi, sa ville. La veille, Le Monde l’a rencontré durant la journée de repos du Tour, pour évoquer les aléas de la vie de coureur. Vous êtes le leader de votre équipe, celui dont on attend qu’il gagne une étape. Le fait que peu d’opportunités soient offertes aux baroudeurs vous met-il sous pression ? A l’inverse, ça me galvanise. Je ne suis pas assez fort ni mentalement ni physiquement pour le classement général. Ce que vit Thibaut Pinot, tous ces coureurs mobilisés pour toi, je ne pourrais pas le vivre. J’aime me dire : « Calmej’, t’as quatre étapes et ces quatre étapes, tu vas être un sniper. » Ces matins-là, je ne suis pas comme d’habitude. Ces matins-là, les avez-vous connus jusqu’à présent, dans ce Tour ? Pas du tout, parce que je n’ai pas les jambes. Je laisse passer les jours. C’est un Tour difficile pour moi, car je ne suis physiquement pas au niveau. Je ne suis pas Calmejane, et je ne parle même pas du Calmejane de 2017. J’ai pourtant tout bien fait : entraînement, repos, nutrition, tout va bien dans ma vie personnelle… Ce dernier point est important ? Si j’avais des problèmes personnels, je serais moins fort sur le vélo. Ma vie personnelle est plus importante. Je suis pas un crève-la-dalle qui n’a que le vélo. C’est cool, j’en fais mon métier, je gagne pas mal d’argent avec, mais… Le plaisir est-il toujours là ? Je le perds dès lors que je ne fais pas les choses pour moi. Dès lors que je sens que je dois rendre des comptes à un employeur. Je fais du vélo pour moi, pas pour les autres. Ce qui me pèse le plus dans mon métier, c’est de devoir à tout prix répondre à certaines attentes que je ne m’étais pas fixées. Je veux gagner les courses qui me font envie, pas forcément celles qu’on m’a demandé de gagner. Et quand ça ne marche pas, ça m’affaiblit : j’ai du mal à me détacher du jugement des autres. Lorsque tu as le statut de leader et que tes résultats sont en dents de scie, personne ne te le dit en face ; mais par derrière, tout le monde te chie dessus.
Lilian Calmejane, chouchou du public après sa victoire d’étape sur le Tour de France 2017, évoque pour « Le Monde » les difficultés du statut de leader quand les jambes ne suivent plus.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/18/le-velo-c-est-cool-je-gagne-de-l-argent-mais_5490599_3242.html
mlsum-fr-1788
Le premier ministre britannique Boris Johnson, à Bruxelles, le 17 octobre. Julien Warnand / AP Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé la conclusion d’un nouvel accord sur le Brexit entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, jeudi 17 octobre, à quelques heures d’un sommet européen crucial. Boris Johnson, qui s’est réjoui d’« un excellent nouvel accord », doit convaincre les députés britanniques de voter le texte, samedi, lors d’une séance exceptionnelle du Parlement. Le premier ministre britannique n’est pas assuré d’obtenir une majorité : les unionistes nord-irlandais ainsi que le chef de l’opposition travailliste ont déjà appelé à voter contre cet accord. Nos journalistes Cécile Ducourtieux et Virginie Malingre, correspondante à Londres et à Bruxelles, ont répondu à vos questions lors d’un tchat. Alcede : cet accord est-il le même que celui initialement proposé par l’Union européenne et rejeté par Theresa May ? Cécile Ducourtieux : Non, ce n’est pas la même chose. Ce que les équipes de M. Barnier avaient proposé à Theresa May, début 2018, était une assurance contre le retour d’une frontière dure en Irlande. Une solution a priori transitoire, le temps que les Britanniques et l’Union européenne parviennent à rendre fluides les échanges entre Irlande du Nord – province britannique – et République d’Irlande – dans l’Union européenne –, grâce à des progrès technologiques ou à un futur accord de libre-échange entre l’Union et le Royaume-Uni. La solution sur laquelle les parties se sont entendues ce jeudi 17 octobre est une solution permanente. Elle s’appliquera à partir de la fin de la période de transition, a priori fin 2020. Paul : quelle est la différence pour l’Irlande du Nord entre ce nouvel accord et le premier « deal » ? Virginie Malingre : Dans l’accord tel qu’il est désormais dessiné, l’Irlande du Nord n’est pas dans l’union douanière européenne mais dans l’union douanière britannique. C’était une demande des Unionistes protestants qui souhaitaient que la province britannique soit entièrement dans le Royaume. Dans le précédent « deal », le Royaume-Uni était dans son intégralité dans l’union douanière européenne, ce qui ne convenait pas aux « brexiters » durs. Lombe : cet accord a-t-il une chance d’être voté par les Parlements européen et britannique ? Cécile Ducourtieux : L’accord doit en effet être ratifié à la fois par le Parlement européen et par le Parlement britannique. Pour le premier, ça ne devrait pas poser de problème : sa priorité était liée au traitement des ressortissants européens après le Brexit et leur sort a déjà été agréé il y a des mois avec Theresa May. Il est conservé tel quel dans l’accord « Boris » : les expatriés au Royaume-Uni, arrivés avant la fin de la période d’extension, pourront rester et bénéficier des mêmes droits qu’avant.
Dans un tchat, Cécile Ducourtieux et Virginie Malingre, correspondantes du « Monde » à Londres et à Bruxelles, ont répondu à vos questions sur l’accord décroché par Boris Johnson, jeudi 17 octobre, auprès de l’Union européenne.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/17/brexit-si-boris-johnson-n-arrive-pas-a-faire-le-plein-des-voix-des-brexiters-son-accord-est-mort_6015925_3210.html
mlsum-fr-1789
Maylis de Kerangal, le 29 septembre 2018. JOEL SAGET / AFP Dans ma relation avec Le Monde, je ne suis pas loin de ce que l’on appelle le “syndrome de Diogène”, autrement dit la manie de tout conserver : ce journal ayant la particularité d’être un quotidien qui dure, j’ai longtemps gardé des coupures, soit pour mes enfants quand ils sont devenus grands, soit surtout pour ma documentation personnelle. Certains articles sont d’ailleurs devenus des ressources pour mes livres. Je suis très attentive aux suppléments et notamment à celui des sciences, qui met des sujets complexes à la portée des lecteurs. Finalement, Le Monde est le seul quotidien à donner des nouvelles d’une manière aussi déployée, dans tous les domaines. Aujourd’hui, je suis passée à la version numérique, mais je continue d’acheter le papier à certaines occasions, notamment quand il se passe quelque chose d’important. Quoi qu’il en soit, sur le Web, je ne lis jamais le fil d’actualité, uniquement la version PDF, dont j’aime les caractères immuables et, bien sûr, l’ordonnancement. Je suis très attachée au primat donné à l’international. J’aime le parti pris qui consiste à dire que le monde est plus important que le pays. Un signe très fort J’aime aussi ce grand format qui permet à plusieurs sujets différents de cohabiter dans un même espace, d’une manière presque fictionnelle. Les échos ou les dissonances qui en résultent créent des effets imaginaires. Quand je suis arrivée du Havre, à l’époque où j’étais étudiante en hypokhâgne, je voyais des tas de gens lire Le Monde avec les bras grands ouverts, dans le bus qui m’emmenait de porte de la Muette à Havre-Caumartin. Cela me fascinait. Du reste, la découverte de ce journal est très liée dans mon esprit à celle de la capitale. Chez mes parents, on lisait plutôt la presse régionale et Le Figaro. Je viens d’un milieu cultivé mais pas intellectuel, où une seule personne, un oncle professeur de médecine, était abonnée au Monde. C’était une marque de distinction. D’où l’importance de la première fois où l’un de mes romans, Naissance d’un pont (Verticales), a fait l’ouverture du « Monde des livres », en 2010. Pour ma famille, c’était un signe très fort. La preuve d’une attention portée à mon travail. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ecrire pour donner forme à mon obsession, par Maylis de Kerangal Une chose me surprenait beaucoup, à l’époque, et je continue de trouver cela intrigant : cette façon de jouer avec les dates. Un journal de l’après-midi qui porte la date du lendemain, cela crée un rapport assez fictionnel, là encore, entre la prédiction et le retour sur les événements. L’ennui, c’est que cela ne facilite pas les recherches : combien de fois me suis-je cassé la tête pour retrouver un article ! Je me disais, c’est paru tel jour, mais Le Monde, lui, indiquait une autre date. J’ai aussi mis un peu de temps à m’habituer au fait que « Le Monde des livres » soit daté du vendredi, alors que le jour de la littérature, en France, est traditionnellement le jeudi. Finalement, tout cela montre que Le Monde est pour moi un rituel, sa lecture donne forme à la journée. A tel point que j’aime même le petit temps que met l’édition numérique à se charger sur ma tablette ! Maylis de Kerangal, romancière, auteure de « Naissance d’un pont » (Verticales), prix Médicis 2010. Derniers livres parus : « Un monde à portée de main » (Verticales), « Kiruna » (La Contre Allée). Revivez les conférences et spectacles du Monde Festival 2019 sur le thème « Imagine » ! La rédaction du Monde a organisé, du 4 au 7 octobre à Paris, un festival de débats, spectacles et rencontres avec une centaine de personnalités. Revivez les moments forts du Monde Festival Paris 2019 Portfolio : ils ont imaginé le monde de demain au Monde Festival Retrouvez les vidéos intégrales des débats du Monde Festival 2019 propos recueillis par Raphaëlle Rérolle
Série « Le Monde » et moi. A l’occasion des 75 ans du quotidien, la romancière, Prix Médicis 2010, fait part de ses étonnements liés au journal, dont elle conserve nombre d’exemplaires papier.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/10/maylis-de-kerangal-j-aime-ce-parti-pris-le-monde-est-plus-important-que-le-pays_5498276_4415198.html
mlsum-fr-1790
En cas d’accident, les justiciables qui demandent que le centre équestre les indemnise de leur préjudice sont très souvent déboutés. uwe umstätter/ImageBroker / Photononstop A la rentrée, nombre d’enfants se sont inscrits dans des clubs hippiques. Gare aux chutes ! Il s’en produit évidemment, pendant l’apprentissage ; mais des cavaliers confirmés aussi peuvent être blessés par un cheval qui, effrayé pour une raison inconnue, se cabre ou s’emballe. Hélas, les justiciables qui demandent que le centre équestre les indemnise de leur préjudice sont très souvent déboutés : ils doivent en effet mettre en cause sa responsabilité contractuelle (article 1147 ancien du code civil, devenu 1231-1). Or, celle-ci ne prévoit qu’une obligation de sécurité de moyen, et non de résultat, compte tenu du rôle actif du cavalier. Dès lors que l’exploitant a mis en œuvre les moyens humains et matériels nécessaires (personnel qualifié, harnachement en bon état), il échappe à toute condamnation, comme le montrent les exemples suivants. Le 31 mars 2009, pendant un cours collectif au manège, un cheval donne un coup de sabot à celui qui le suit, lequel se cabre, et fait tomber sa cavalière, Romane, 11 ans, ainsi victime d’un traumatisme crânio-médullaire. Les parents assignent le centre, en affirmant que le maître de manège a commis une faute en s’absentant, ce qui a « énervé » les animaux, puis en imposant à Romane, titulaire d’un « Galop » (diplôme) de niveau 3, de faire du galop collectif. Preuves de dangerosité La cour d’appel de Rennes, qui statue le 25 mars 2015, considère qu’ils ne « démontrent » pas ce qu’ils disent. Elle juge que le coup de sabot, « sauf comportement caractériel habituel, ne peut être constitutif d’un manquement à la sécurité reprochable à un organisme enseignant l’équitation. » En outre, elle ne voit « aucune inadéquation entre le niveau des cavaliers et les exercices effectués au cours de la reprise ». Les parents ont tout intérêt à souscrire pour leur enfant une assurance individuelle qui, en cas d’accident, couvre les frais médicaux restés à leur charge Nombre de victimes affirment que le centre a commis une faute dans le choix de la monture, mais elles ne parviennent pas à le prouver. La mère d’Alexandre, 10 ans, tombé après une ruade de son poney, et blessé au visage, assure que la responsable du club a manqué de prudence, en confiant au garçon un animal « rétif, dont la preuve de la dangerosité résulte des faits tels qu’ils sont décrits ». La responsable et son assureur lui opposent « l’absence de preuves d’une faute, que le seul constat d’un accident ne suffit pas à démontrer ». Ils observent que « la ponette était habituellement employée pour les reprises de Galop 1 ou 2, et que le garçon [titulaire d’un Galop 4] la montait depuis une heure trente lorsque l’accident est survenu, au pas ». Ils assurent que l’enfant est tombé « parce qu’il avait une mauvaise position, et qu’il a glissé vers l’arrière, effrayant ainsi l’animal qui a rué par défense ». La cour d’appel de Paris leur donne raison, le 2 décembre 2015.
Le cavalier victime d’un accident doit, pour être indemnisé de son préjudice, démontrer une faute du centre équestre, qui n’est redevable que d’une obligation de sécurité de moyen. Il parvient rarement à prouver que la monture n’était pas adaptée à son niveau.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/09/14/equitation-quand-le-cheval-se-cabre_5510333_1657007.html
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Ce devait être une occasion pour le Likoud de serrer les rangs, dans l’adversité, autour de Benyamin Nétanyahou. Mais jeudi 10 octobre au soir, ils étaient à peine 300 cadres du grand parti de la droite israélienne à prêter un serment d’allégeance à leur chef, dans un hall quasiment vide du quartier général du parti à Tel Aviv. M. Nétanyahou lui-même avait fait savoir dans la soirée qu’il ne s’y rendrait pas, tout comme 3 000 autres membres du comité directeur. A quoi bon cette motion solennelle, votée comme une évidence ? M. Nétanyahou demeure le seul candidat du parti pour former un gouvernement. Les absents en conviennent, pour l’heure, malgré les doutes et l’usure. Le premier ministre a échoué par deux fois à trouver une majorité dans les urnes cette année, aux législatives d’avril puis à celles du 17 septembre. Ses rivaux refusent depuis deux semaines de le rencontrer, pour négocier la formation d’un gouvernement d’union sous son autorité. Ils attendent son inculpation probable d’ici la fin novembre, pour des faits de corruption, d’abus de confiance et de fraude. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, les avocats de Benyamin Nétanyahou face au procureur général Ils espèrent que M. Nétanyahou finira par s’épuiser, qu’il tombera sous la pression de la justice ou dans un sursaut de son parti, ce Likoud dont tous ses rivaux ont claqué la porte ou se taisent encore. Mais jusqu’à quand ? La peur d’apparaître comme un « traître » aux yeux des électeurs M. Nétanyahou montre lui-même des signes de fébrilité, alors que la perspective de troisièmes élections législatives dans l’année se dessine. Le 4 octobre, il a retiré prestement sa proposition, lancée le jour même, d’organiser des primaires au sein du Likoud, les premières depuis 2016. Dans l’intervalle, le principal candidat à sa succession, Gideon Saar, avait osé relever le défi. Dans un tweet liminaire, il s’était dit « prêt » à concourir. Cette rébellion de M. Saar, 52 ans, était pourtant bénigne. Dès le lendemain, il réaffirmait sa fidélité au chef. Cet ancien ministre de l’intérieur avait quitté le parti en 2014, écœuré par l’autoritarisme de M. Nétanyahou. Depuis un an qu’il est revenu en politique, le premier ministre et son entourage ont multiplié les attaques contre lui, mais il ne répond pas. Comme tous les autres successeurs putatifs, il refuse de se distinguer. L’ex-maire de Jérusalem, Nir Barkat, le président du Parlement, Yuli Edelstein, le ministre des affaires étrangères, Israel Katz… Tous sont paralysés à l’idée d’apparaître comme un « traître » aux yeux des électeurs de base, fidèles contre vents et marées à « Bibi ».
Le parti de droite du premier ministre sortant a réaffirmé jeudi son soutien à son chef de file au moment où ce dernier négocie son maintien à la tête du pays.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/11/en-israel-benyamin-netanyahou-se-garde-d-une-trahison-du-likoud_6015046_3210.html
mlsum-fr-1792
Roschdy Zem interprète le commissaire Daoud et Léa Seydoux joue Claude, l’une des deux meurtrières, dans « Roubaix, une lumière », d’Arnaud Desplechin. LE PACTE L’AVIS DU « MONDE » - À NE PAS MANQUER Inaugurée en 1990 avec La Vie des morts, la Télémachie cinématographique d’Arnaud Desplechin – « cinéfils » en quête éternelle de filiation – amorce depuis 2007 le mouvement d’un retour à Ithaque, autrement nommée Roubaix où, cette année-là précisément, la maison familiale du cinéaste fut mise en vente. Il en ressortira le documentaire L’Aimée (2007), les fictions Un conte de Noël (2008), Trois souvenirs de ma jeunesse (2015), Les Fantômes d’Ismaël (2017), titres auxquels s’ajoute aujourd’hui Roubaix, une lumière. La séquence est éloquente. Autour de la maison d’enfance, l’amour et la cruauté, la tendresse et la folie tendent au cinéaste les spectres de la hantise dissociative en même temps que le havre auquel on ne peut faire autrement que revenir. On y est. Mais Roubaix, une lumière apporte, dans ce registre, deux nouveautés d’importance. Le fait divers et le polar. Inspiré d’un documentaire immersif qui fit sensation pour avoir enregistré le terrible aveu d’un assassinat – Roubaix, commissariat central, affaires courantes de Mosco Boucault, diffusé en 2008 sur France 3 – le film de Desplechin lui reste étonnamment fidèle dans son découpage, au point d’en paraître bizarrement ficelé. Lutte pour la survie et souffle de l’imposture Plusieurs pistes partent ainsi de la première partie du film – à l’instar du documentaire naviguant au gré des urgences de Police secours – sur les pas du commissaire Daoud et de son équipe, confrontés à la misère sociale et humaine de la ville. Bagarre de voisinage, escroquerie à l’assurance, fugue d’une mineure, viol d’une toute jeune fille, incendie dans un immeuble. Mais déjà, quelque chose s’éloigne irrémédiablement du réalisme documenté à la « Dardenne », ce pourquoi d’ailleurs, nordistes pour nordistes, les Dardenne sont les Dardenne et Desplechin est Desplechin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Arnaud Desplechin : « Roubaix est une ville que je n’arrête pas de filmer avec culpabilité » Ce quelque chose est la ligne secrètement active qui sépare l’ombre et la lumière, allégorisant rapidement la trivialité du matériau. L’ombre, c’est Roubaix poussé au (film) noir, sa nuit rougeoyante, sa dure pauvreté, sa lutte poisseuse pour la survie. La lumière, c’est Daoud – et avec lui la grandeur de l’acteur Roschdy Zem – commissaire de police et enfant du cru, d’emblée méta réel dans les deux registres. Origine maghrébine, souvenirs amers plein la hotte mais sourire absolu, déterminé, supra conscient, ultra-lucide. Daoud, c’est le miracle de Noël fait homme. Là où il paraît, la lumière s’allume. Son jeune lieutenant, Louis, l’admire d’autant plus qu’il trompe quant à lui dans le corps policier une vocation avortée à la direction sacerdotale des âmes. Daoud, au fond, on le connaît. C’est un artiste dans la lignée du paria biblique Ismaël, tel que Herman Melville, Ingmar Bergman, Arnaud Desplechin lui-même, le transfigurent respectivement dans Moby Dick, Fanny et Alexandre, Rois et Reine. Hétérodoxe, médiumnique, inquiétant et rayonnant à la fois. Tout cela se précise dans la seconde partie du film. Parce que l’incendie dans la cour d’immeuble n’a pas fini de parler. Il masque le cadavre d’une vieille femme détroussée dans son appartement, un acte criminel abject et deux jeunes suspectes, voisines de cour croisées au cours de l’enquête. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Roschdy Zem en pleine lumière On a nommé le couple d’amantes déglinguées et décavées Claude et Marie, causes d’un malaise possible dans la réception du film. Le souffle tiède de l’imposture saisit en effet à la vision de Léa Seydoux et Sara Forestier affublées des stigmates ostensibles de la misère, le rouge au nez, le tic aux lèvres, la graisse aux cheveux. On est pourtant ici au cœur du film. Et le défi y est double. Les imposer d’abord au risque de l’invraisemblance, précisément au nom des puissances de la fiction. Les humaniser ensuite au cours du marathon mental que constitue l’interrogatoire mené par Daoud et son équipe. Claude qui résiste et qui manipule l’affaire, au nom de sa fillette. Marie qui n’a rien d’autre que Claude dans sa vie pour ne pas mourir sur le champ et qui au contraire les charge toutes deux. Etrange ballet d’aveux et de dénégations, d’arguments retors et de besoin d’expiation, où l’abjection et l’amour se cognent violemment l’un à l’autre. Elles avaient tout de même étranglé la vieille femme pour lui dérober sa télé et du produit vaisselle… Le témoignage d’une humanité perdue A travers le fait divers roubaisien de 2002 remonte à la mémoire le carnage passé à la postérité des sœurs Papin, ces deux jeunes domestiques qui, le 2 février 1933 au Mans, massacrèrent sauvagement leurs patronnes. L’homicide, dans sa dimension de juste revanche sociale, a depuis lors nourri l’imaginaire des surréalistes et de Jean Genet (Les Bonnes) puis, au cinéma, de Claude Chabrol (La Cérémonie, 1995) et Jean-Pierre Denis (Les Blessures assassines, 2002). Rapporté à cette tradition anarcho-révolutionnaire, on voit combien le film d’Arnaud Desplechin s’en éloigne. Le crime comme symptôme social, comme violence expiatoire et climax passionnel ne l’intéresse pas. Il ne le représente d’ailleurs même pas. Le crime comme témoignage de l’existence et de l’opacité du Mal, sa reconstitution comme reconquête maïeutique – par les mots et par les gestes – d’une humanité perdue, voilà en revanche qui justifie sa recherche sur la possible représentation de l’abjection. Cette longue et poignante reconstitution de l’acte sur les lieux du crime est d’ailleurs le moment du film où le polar hollywoodien croise le documentaire génocidaire français. Les ombres de Shoah de Claude Lanzmann ou de S21 de Rithy Panh, dont on sait en quelle estime les tient Desplechin, s’insinuent furtivement sur la scène du crime. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Festival de Cannes 2019 : « Roubaix, une lumière », la légende du saint commissaire selon Arnaud Desplechin Dernière chose enfin, par quoi Roubaix, une lumière se rattache à notre époque. Le fait divers de 2002 diverge, en effet, de celui de 1933. La lutte des classes n’y offre même plus la possibilité d’un horizon d’intelligibilité. Deux pauvres filles y tuent une pauvre vieille dans l’espoir de lui voler des économies dont elle ne dispose même pas. C’est le propre d’un système qui, tenant pour non profitable à ses intérêts le droit des plus démunis à un minimum de dignité, envoie en connaissance de cause à la casse un peuple de reclus. Roubaix, une lumière montre qu’en vérité ce spectacle nous concerne et cette violence nous atteint. Film français d’Arnaud Desplechin. Avec Roschdy Zem, Sara Forestier, Léa Seydoux, Antoine Reinartz (1 h 59).
Arnaud Desplechin montre, sur le ton du polar, la misère sociale et humaine à partir d’un fait divers macabre, qui a déjà fait l’objet d’un documentaire.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/21/roubaix-une-lumiere-le-flic-lumineux-et-les-deux-amantes-deglinguees_5501223_3246.html
mlsum-fr-1793
Des migrants au large de la Libye, le 8 septembre. Renata Brito / AP S’il y a, en 2019, quatre fois moins de traversées de la Libye vers l’Italie qu’en 2018, il y a, pour ceux des migrants qui tentent malgré tout le voyage, trois fois plus de risques d’y laisser leur vie. Surtout si les opérations de surveillance organisées par l’Union européenne aboutissent à ce que, faute d’échange d’informations, des naufrages se produisent. Or, c’est bien cette situation que dénoncent des organisations non gouvernementales (ONG), appuyées par des juristes, en invoquant des manquements graves aux règles du droit maritime international. Quelque 16 600 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes en 2018 contre 3 000, à ce stade, en 2019. Mais une embarcation sur 17, selon divers experts, court désormais le risque de chavirer. C’est trois fois plus qu’il y a un an. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Il y a « une crise des morts » en Méditerranée, et l’UE ne trouve aucun accord pour gérer les migrants Les causes ? Elles sont multiples. D’abord, la politique très restrictive mise en place par l’ex-ministre de l’intérieur italien Matteo Salvini (Ligue, extrême droite) qui a abouti à une quasi-fermeture des ports italiens, entraînant la baisse automatique du nombre d’arrivants. Ensuite, pour ce qui est de l’augmentation du risque de naufrages, l’implication beaucoup plus faible de la marine italienne, qui participe moins aux opérations de sauvetage alors qu’elle jouait, auparavant, un rôle clé dans le repérage des embarcations. Surveillance aérienne réduite Désormais, les navires italiens se sont nettement éloignés de la zone de sauvetage libyenne, où opèrent des garde-côtes formés et payés par l’Union européenne, au nom de la lutte contre le trafic d’êtres humains. En outre, les garde-côtes italiens, maltais et libyens, refusent désormais de transmettre les signaux de détresse aux navires d’ONG qui sillonnent la zone. L’accusation est portée notamment par Médecins sans frontières et Human Rights Watch. Elle vise aussi l’opération Sophia EUNAVFOR Med, lancée en 2015, au plus fort de la crise migratoire. Son commandement ne partagerait plus les informations récoltées par ses avions et ses drones. Et Sophia, qui a sauvé quelque 45 000 vies depuis 2015, ne dispose plus de bateaux : sous la pression du gouvernement italien de l’époque, les autres États membres ont – contre l’avis de la Commission – réduit, en mars 2018, sa mission à la surveillance aérienne. Les responsables de l’opération Sophia se défendent : ses pilotes transmettent leurs observations aux services nationaux de surveillance, à l’agence européenne de garde-frontières et garde-côtes Frontex et n’ont pas à les diffuser à des tiers. C’est aux pays concernés qu’il appartient ensuite de lancer et coordonner d’éventuelles opérations de sauvetage, soulignent-ils. « Les centres nationaux ont l’obligation précise d’informer les bateaux présents dans la zone et de coordonner un soutien éventuel, explique Tove Ernst, porte-parole à la Commission de Bruxelles. L’Union européenne ne joue aucun rôle à cet égard ». Un avion de la mission Sophia repérant une embarcation en danger doit donc informer les autorités nationales « conformément aux conventions internationales ». Le règlement de Frontex prévoit pour sa part le sauvetage de toute embarcation « en danger ». Délit grave Le quotidien belge De Standaard a indiqué, samedi 7 septembre, que le livre de bord de l’Ocean Viking, navire humanitaire de SOS Méditerranée, mentionnait des événements survenus les 9 et 10 août derniers : des appareils appartenant, selon l’ONG, à l’opération Sophia auraient repéré des canots en difficulté mais n’auraient pas communiqué cette information à l’ONG. Quand le commandant de l’Ocean Viking a tenté d’entrer en contact avec ces avions et avec les services des garde-côtes, il n’a pas reçu de réponse. Il a finalement sauvé 166 personnes, dont une cinquantaine de mineurs. S’ils omettent d’avertir des navires présents à proximité d’un bateau en détresse, des pays commettent un délit grave, estime Human Rights Watch. Sam Turner, responsable de MSF à Tripoli, met lui en cause, dans De Standaard, l’Union européenne : c’est bien elle, dit-il, qui, en faisant tout pour contenir les migrants en Libye, a incité à la quasi fin des sauvetages. Jeudi 12 septembre, SOS Méditerranée indiquait avoir mené d’autres opérations de sauvetage au cours des derniers jours et avoir encore 82 rescapés à bord d’Ocean Viking, l’un des deux seuls navires de sauvetage encore actifs en Méditerranée centrale. Le nouveau gouvernement italien affirmait de son côté avoir trouvé un accord avec d’autres pays européens pour les accueillir.
Des organisations non gouvernementales se plaignent de ne plus recevoir les informations nécessaires au repérage des embarcations en difficulté en Méditerranée.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/13/l-europe-accusee-de-manquements-graves-dans-le-sauvetage-de-migrants_5509979_3210.html
mlsum-fr-1794
Fatih Terim, entraîneur de Galatasaray, lors du premier match de Ligue des champions à Bruges, le 18 septembre 2019. François Lenoir / Reuters Il a déjà cette fougue et ce style qui se veut sérieux, costume sombre et cravate longue, le cheveu rare sur le haut du crâne et la légère rondeur de celui qui a arrêté le sport de haut niveau. Fatih Terim n’est pas encore « l’Empereur » ; Jean-Michel Larqué, aux commentaires de ce Paris Saint-Germain-Galatasaray, l’appelle Terim Fatih. C’est l’époque de la Coupe des Coupes le jeudi soir, des matches européens en clair sur TF1, des fumigènes par dizaines qui ne coûtent rien aux clubs. Il y a 23 ans, en octobre 1996, Galatasaray Istanbul et le Paris Saint-Germain s’affrontent pour la première fois, en huitièmes de finale d’une compétition où Paris ne trébuchera qu’en finale, face au FC Barcelone (ce poteau sortant de Patrice Loko…). De ce double affrontement brûlant (4-2 à Istanbul, 4-0 à Paris), restent trois acteurs ce mardi soir au Parc des Princes : Leonardo, buteur et deux fois passeur, est passé de la pelouse aux tribunes ; Ümit Davala, de la pelouse au banc de touche ; et Fatih Terim, toujours sur le banc. Depuis qu’Arsène Wenger a quitté Arsenal, aucun entraîneur n’incarne aussi bien son club. C’est son quatrième mandat en tant qu’entraîneur des Cimbom. Quand il n’y est pas, c’est qu’il dirige la sélection turque. Il fut avant cela joueur et capitaine du Galatasaray (327 rencontres disputées). Lorsqu’il est revenu le diriger en 1996, pour son premier poste d’entraîneur en club, il a orchestré les travaux du camp d’entraînement et aménagé en bureau son ancienne chambre de joueur. Il se vante d’avoir choisi les plantes du complexe. Sur le mur de son bureau, écrivait en 2018 le magazine Soccer Bible, est suspendue une photo le représentant face à un mur de fumigènes, lors d’une séance d’entraînement au stade Türk Telekom. Il avait convié les ultras du club, qu’il a su mettre dans sa poche, à quelques jours d’un derby à Fenerbahce. « Ce club, c’est mon unique destination, c’est un aller sans retour. Bien sûr, je suis parti physiquement, mais le club est toujours resté quelque part en moi. » Fatih Terim « La vérité, c’est que je ne considère pas Galatasaray comme l’endroit où j’ai signé un contrat en 1974 et fait mon métier. Je suis dévoué au club et je ressens un sentiment d’appartenance, qui me définit moi et ma vie toute entière, disait-il à Soccer Bible. J’entends des choses comme “la première fois qu’il est parti”, “son deuxième retour”, “son troisième retour”, mais moi je n’ai jamais vu ça comme des départs ou des retours. Ce club, c’est mon unique destination, c’est un aller sans retour. Bien sûr, je suis parti physiquement, mais le club est toujours resté quelque part en moi. » Puis, parce qu’il reste rarement modeste : « J’ai eu beaucoup d’offres, bien sûr, des offres dont beaucoup rêveraient, et j’aurais pu les accepter si je voyais les choses rationnellement. Mais je ne mène pas toujours ma vie de façon rationnelle, je la mène avec mon cœur et mon âme. Donc je ne quitte pas cet endroit. » Peut-on dire non à un club qui vous appelle L’Empereur et où les supporters agitent des drapeaux géants à votre effigie ? La victoire en Coupe de l’UEFA acquise en 2000 face aux Frenchies d’Arsenal (Wenger, Henry, Vieira et autres) a valeur de totem d’immunité depuis deux décennies. Il n’en a pas besoin : huit championnats remportés sur dix possibles. Ses retours au club provoquent l’émeute. Terim est l’unique star de Galatasaray. Galatasaraylı Fatih Terim yuvasına dönmüştür! #İmparatorYuvasında https://t.co/yskQD41X86 — GalatasaraySK (@Galatasaray SK) « C’est clairement lui le chef. Quand on partait en déplacement, il montait le dernier dans le car ou l’avion et derrière lui, les portes se fermaient, se souvient le Congolais Ali Lukunku, qui fut son avant-centre durant la saison 2002-2003. Il a son style, mais il n’a pas un égo démesuré. » « Une bonne moitié de la population ne le supporte plus » « Il est très vieille école et certains, particulièrement les supporteurs de Galatasaray, aiment son charisme et son agressivité, observe John McManus, anthropologue à l’Institut britannique d’Ankara et auteur d’un livre sur le football dans la société turque, “Welcome to Hell ?” (W & N, 2018, 400 p., non traduit). En termes de valeurs, il incarne l’ancienne génération d’hommes turcs. Vu de l’étranger, on s’imagine que tous les Turcs apprécient ce style impétueux, provocateur, mais ce n’est plus le cas : il divise l’opinion et une bonne moitié de la population ne le supporte plus depuis plus de dix ans. » Le Prix Nobel de littérature Orhan Pamuk lui reprocha, en 2016, son nationalisme exacerbé. Ce à quoi Terim avait répondu que Pamuk ne l’était pas assez. En guerre permanente, en particulier contre la presse pour protéger ses joueurs, Terim incarne la figure du kabadayi, un terme du XIXe siècle désignant des hommes impulsifs, attachés au code d’honneur et prêts à se battre pour défendre leurs proches. Galatasaraylı Fatih Terim yuvasına dönmüştür! #İmparatorYuvasında https://t.co/yskQD41X86 — GalatasaraySK (@Galatasaray SK) Sa virilité exacerbée, à 66 ans, lui vaut toujours des soucis. Sept matches de suspension, la saison dernière, pour s’être impliqué dans une bagarre contre Fenerbahce. Renvoyé dans les tribunes lors du match du titre contre Basaksehir. Il y a deux ans, il fut pris dans un scandale après avoir parcouru 500 kilomètres avec des amis pour faire le coup de poing. La victime était en conflit avec son gendre pour… une affaire de restaurant. Fatih Terim fut limogé de son poste de sélectionneur. Confiance communicative Dans un football turc bousculé par la crise économique, Terim demeure un point de repère. Il dégage une confiance communicative, qui a souvent débouché sur des retournements de situation spectaculaires. Il utilise le nous de majesté. Il retient de son court passage en Italie (2000-01) son titre de Commendatore de l’Ordre du mérite, plus que ses échecs relationnels à la Fiorentina puis au Milan AC. Durant ses quatre règnes sur la rive européenne du Bosphore, il ne s’est jamais trouvé un joueur pour s’élever contre lui ou critiquer sa gestion. « Il a une aura très importante. Quand on est dans un vestiaire, on n’a qu’une seule envie c’est de le suivre, dit Ali Lukunku, aujourd’hui consultant pour la chaîne belge Voo Sport. C’est un motivateur hors-norme. Avant chaque match, son discours faisait l’effet d’un coup de fusil. Personne ne veut le décevoir, car il a une relation père-fils avec tous ses joueurs, et il travaille énormément sur le plan tactique. » Les héros de la campagne de 2000 l’accompagnent toujours au sein de son staff - Ümit Davala, Hasan Sas, Claudio Taffarel sont ses adjoints. A 66 ans, pour s’être aliéné la fédération et tous les autres grands clubs turcs, son avenir semble s’inscrire à Galatasaray et nulle part ailleurs. Mais, prévient John McManus, « on ne peut jamais écarter Fatih Terim. Il est revenu de situations dont les gens ordinaires ne reviendraient jamais. »
Déjà sur le banc du Galatasaray lors du premier match contre le PSG en 1996, cet entraîneur un brin mégalomane est une légende dans son club, mais divise la Turquie. Il sera sur le banc turc face à Paris, mardi à 21 h.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/01/ligue-des-champions-fatih-terim-toujours-empereur-du-galatasaray_6013772_3242.html
mlsum-fr-1795
Le 2 octobre 2017, un mois après la rentrée scolaire, l’Etat sénégalis avait fermé les 8 écoles Yavuz Selim de Dakar, leur retirant l’autorisation d’enseigner. SEYLLOU/AFP Les grilles des huit écoles Yavuz Selim au Sénégal restent encore closes en cette rentrée 2019. Trois ans déjà que l’Etat sénégalais a retiré l’autorisation d’enseigner à ce groupe scolaire formant les élites de la nation. Malgré la fermeture de ses écoles, Madiambal Diagne, le président du conseil d’administration de Yavuz Selim ne désarme pas et envisage même un nouveau projet éducatif qu’il nomme Concorde. Des écoles, de la maternelle au bac, qui suivraient le cursus français. Il y a « une forte demande de l’intelligentsia sénégalaise, dit-il, et les écoles françaises sont toutes complètes ». Le projet sera financé sur ses deniers personnels, sans investisseurs étrangers. « Pas question d’être encore victimes de tractations diplomatiques ou de guerres internes à d’autres pays », tempête-t-il, se remémorant l’aventure de ses écoles turques, les précédentes. En octobre 2017, le ministère de l’intérieur sénégalais avait déployé un cordon de policiers empêchant les élèves d’accéder à leur classe. Le geste avait suscité une grande indignation, puis été suivi d’explications confuses, qui se sont éclaircies lorsque le gouvernement a demandé que les écoles Yavuz Selim soient transférées sous l’administration de la fondation Maarif, propriété de l’Etat turc. « Chasser les terroristes » Fondé en 1997, le groupe scolaire Yavuz Selim fait partie de l’Hizmet, le vaste réseau éducatif et humanitaire du prédicateur turc Fethullah Gülen. Cet ancien allié, devenu ennemi juré, du président Recep Tayyip Erdogan est accusé par ce dernier d’avoir fomenté la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 en Turquie. En représailles, le président turc a lancé une entreprise mondiale de démantèlement des réseaux de la confrérie Gülen, et c’est en Afrique que cette traque est la plus intense. Alors, depuis trois ans, le président Erdogan multiplie les visites diplomatiques et les tractations commerciales durant lesquelles il exige des gouvernements africains de l’aider à « chasser les terroristes gülénistes » en fermant les écoles et les ONG affiliées à l’Hizmet, puis en les rouvrant sous l’égide de la fondation gouvernementale Maarif. Une stratégie payante dans la plupart des pays du continent, où les investissements turcs sont un appui précieux au développement. Ainsi, l’Etat turc a réussi à récupérer des écoles « gülénistes » au Cameroun, au Niger, en Côte d’Ivoire, au Mali, au Maroc, en Guinée, au Soudan du Sud, en Somalie, au Tchad et en Guinée équatoriale. Lire aussi Comment l’Etat turc a asséché les réseaux gülénistes en Afrique Au Sénégal, si Ankara a obtenu la fermeture des écoles, elle n’a pas pu en récupérer les locaux pour y installer ses professeurs. En 2018, Yavuz Selim a gagné son procès contre l’Etat et « pu empêcher que les écoles soit mises sous l’administration provisoire sénégalaise, contrairement au Mali ou à la Guinée », explique Me Moussa Sarr, son avocat. Si les bâtiments ont été préservés, le groupe scolaire n’a pas récupéré son autorisation d’exercer. Les classes sont vides et risquent de le rester encore longtemps. « Nous avons gagné cette bataille judiciaire, mais les élèves ont dû s’inscrire ailleurs ». A regret. Echanges économiques au beau fixe L’élite sénégalaise était très attachée à ces écoles d’excellence qui affichaient régulièrement les meilleurs taux de réussite au brevet et au bac. La fondation Maarif a bien ouvert des établissements à Dakar, Thiès et Saint-Louis, mais « leurs classes sont vides, car les parents ne croient pas en leur projet éducatif, alors que notre école était considérée comme la meilleure de la place », affirme Madiambal Diagne. Le discours rodé du président Erdogan accusant les professeurs des écoles du réseau Hizmet de propager une idéologie islamiste dangereuse, prosélyte, et de former les têtes pensantes d’un gouvernement de l’ombre, n’a pas pris au Sénégal. Parmi les 3 600 élèves des écoles Yavuz Selim, nombreux étaient les enfants de membres du gouvernement. Ceux d’Abdou Mbow, vice-président de l’Assemblée nationale par exemple ou, plus étonnant, la fille de Serigne Mbaye Thiam, alors ministre de l’éducation nationale. Lire aussi En Côte d’Ivoire, des écoles en plastique recyclé « Nos enfants n’ont jamais été radicalisés, contrairement à ce que le gouvernement turc dit, il n’y avait pas de manipulation idéologique, assure Bassirou Kébé, président de l’Association des parents d’élèves de Yavuz Selim. Les professeurs et le cadre d’enseignement étaient excellents, les classes ne dépassaient pas vingt-quatre élèves. A part l’apprentissage du turc, qui n’était pas obligatoire, les cours suivaient le curriculum sénégalais. » A l’annonce de la fermeture de l’école, Bassirou Kébé et les autres parents ont dû se démener pour trouver aux milliers d’élèves des places vacantes dans des classes, alors que la rentrée venait de démarrer. Pour l’Etat sénégalais, le pari s’est avéré gagnant. Après avoir fermé les écoles Yavuz Selim, Macky Sall a inauguré en décembre 2017 le nouvel aéroport international Blaise-Diagne dont les travaux ont été achevés par les sociétés turques Summa et Limak. Puis, en janvier 2019, un mois avant sa réélection, il a coupé les rubans du marché international et de la gare des gros-porteurs de Diamniadio construits par la société stambouliote DM. Entre la Turquie et le Sénégal, les échanges économiques sont au beau fixe. De 2004 à 2014, leur volume a été multiplié par dix, atteignant 144 millions d’euros et devrait atteindre 1,8 milliard d’euros d’ici à 2023.
L’Afrique fait sa rentrée (2). Le réseau d’éducation, privé d’autorisation d’enseigner depuis 2017 sur demande de l’Etat turc, ambitionne de rouvrir ses établissements d’excellence sur le modèle français.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/10/au-senegal-encore-une-rentree-ratee-pour-les-ecoles-yavuz-selim_5508468_3212.html
mlsum-fr-1796
L’écrivaine Cécile Coulon, à Clermont-Ferrand, en mars 2019. Ed Alcock/M.Y.O.P. « Une bête au Paradis », de Cécile Coulon, L’Iconoclaste, 348 p., 18 €. C’est Marianne qui avait planté la pancarte à l’entrée du chemin de terre, là où s’arrêtait la route. « Vous êtes arrivés au Paradis. » Mais comment donc s’appelait celui qui, des siècles avant, avait, le premier, donné ce nom édénique à ce coin de terre ? On était religieux à ces époques et, sans doute, le bonhomme avait-il en tête le psaume de David qui parlait de verts ­pâturages et d’eaux tranquilles. « Rien ne saurait me manquer. » Il faut bien reconnaître qu’en arpentant le domaine, on ressentait une sorte de plénitude. Car enfin, tout y était. Des champs, de larges prairies, un chapelet d’étangs dont le plus grand faisait comme une mer intérieure, des bois à l’horizon. Des générations s’étaient succédé à la ferme, avaient semé, planté, récolté. S’étaient occupées du bétail, des couvées. Sans jamais ménager ni les efforts ni la peine. Au point d’ailleurs que la vie au Paradis devait ressembler plutôt à un épuisant purgatoire. Le père de Marianne, « un bougre de travail », en était mort à la tâche. Sa femme, Emilienne, avait pris la relève. Forte, inébranlable. A 18 ans, Marianne, l’héritière, ne se sentant pas de rivaliser avec sa mère, était partie à la ville. Elle était rentrée, quelques années plus tard, avec un Etienne. Un étudiant en géographie assez ignorant de la campagne, mais qui, grâce à elle, et pour elle, était tombé sous le charme de l’endroit. Jours heureux. La pancarte date de ce temps-là. Sauf que Marianne et Etienne se sont tués en voiture. Laissant à Emilienne deux petits orphelins. Blanche, 5 ans, et Gabriel, 3 ans. Une bête au Paradis, le nouveau roman de Cécile Coulon, déroule une histoire de famille, de lignée, d’attachement à la terre. Il est construit comme une tragédie, où chacun des protagonistes entrant en scène ne peut échapper au destin qui ­l’attend. Le domaine du Paradis est en ­effet un huis clos barbelé. Les frontières sont fermement posées autour de sa vaste étendue. Chacun vieillit, grandit, aime, souffre, à l’intérieur de ses limites. Il se révèle une prison pour les uns, un piège pour les autres. Violence contenue Au centre, la ferme, avec son logis, les chambres chargées d’inquiétante mémoire. Autour, les bâtiments, les dépendances : granges, étable, poulailler, souille aux cochons. On vit à l’heure des bêtes, au rythme des saisons. La violence est contenue. Elle fuse quelquefois, mais le plus souvent en dehors de cet étrange fief : au marché, au bar du village. Emilienne fait régner l’ordre dans la maisonnée. Auprès de ses petits-enfants et de Louis aussi, un adolescent d’une dizaine d’années plus âgé qu’eux, et qu’elle a recueilli alors qu’il se faisait battre sans cesse par son père. De lui, elle fera « un homme utile », mais il restera, toujours, malgré son absolue fidélité, sa soumission, une simple pièce rapportée. « Tais-toi, Louis. »
La romancière déroule, dans le domaine du Paradis, une histoire de famille et d’attachement à la terre, construit comme une tragédie. Peut-être son livre le plus intime.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/08/29/une-bete-au-paradis-un-conte-cruel-de-l-amour-et-de-la-folie-signe-cecile-coulon_5504158_5473203.html
mlsum-fr-1797
Un ventilateur dans une maison de retraite à Souffelweyersheim dans le Bas-Rhin, lundi 24 juin. PATRICK HERTZOG / AFP « Je n’avais jamais vu cela. Dimanche matin, avant l’ouverture du Bricorama plus d’une cinquantaine de clients faisaient déjà la queue devant la grille », raconte un agent de sécurité du centre commercial Italie 2 dans le 13e arrondissement de Paris. Tous venaient pour acheter ventilateurs et autres climatiseurs mobiles en prévision de l’épisode caniculaire qui frappe la France depuis lundi. Les chiffres battent, en effet, tous les records. Fnac Darty a écoulé samedi 22 juin sept fois plus de ventilateurs que le même week-end de 2018, cette catégorie de produits réalisant son meilleur mois de juin depuis vingt ans. Son seul magasin de République dans le 11e arrondissement de la capitale a vendu 1 000 ventilateurs samedi. Un record. Partout la tendance est identique : l’enseigne Castorama en a facturé cinq fois plus ce week-end que l’an dernier à la même période. Et l’afflux ne faiblit pas, lundi après-midi, ils étaient encore une trentaine de clients à attendre pour obtenir leur produit au Bricorama de la place d’Italie. « Nos magasins se sont préparés à une telle affluence en demandant un réapprovisionnement quotidien du stock de ventilateurs », explique-t-on chez Fnac Darty. Le ventilateur reste la solution la moins chère, et donc privilégiée, malgré l’émergence des climatiseurs portables, plus gourmands en énergie. Avec une consommation électrique jusqu’à 500 fois supérieure à celle du ventilateur, la climatisation ne représente pas une solution durable à ce pic de chaleur. « Une clim revient à laisser une porte de frigo ouverte », raille Stéphane Thirouin, créateur du ventilateur Williwaw. Maxime Goletto
Les magasins d’électroménagers sont pris d’assaut par des consommateurs à la recherche de solutions pour contrer les fortes chaleurs annoncées cette semaine.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/24/canicule-les-francais-se-ruent-sur-les-ventilateurs_5480906_3234.html
mlsum-fr-1798
Brexit : le vote sur le « deal » Johnson reporté, le feuilleton continue Des manifestants anti-Brexit à Londres samedi. NIKLAS HALLE'N / AFP Tout avait pourtant bien commencé. Jeudi, le premier ministre britannique, Boris Johnson, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, arrivaient triomphants en salle de presse, brandissant un accord négocié in extremis pour – enfin – enclencher le processus du Brexit, avant la date limite du 31 octobre. Lors d’une séance exceptionnelle à la Chambre des communes, samedi 19 octobre, les députés britanniques devaient voter pour ou contre cet accord dit « Johnson ». Mais c’était sans compter le vote d’un amendement surprise – celui du député Oliver Letwin – qui a contraint Boris Johnson à demander un report du Brexit, le temps que soit adoptée toute la législation nécessaire à la mise en œuvre de l’accord qu’il a décroché à Bruxelles. Ce qu’il a fait dans la forme afin de ne pas violer la loi, tout en précisant qu’il ne comptait pas négocier de nouveau délai. Bruxelles, pour sa part, poursuit le processus de ratification. Durant les débats, à l’extérieur de Westminster, des centaines de milliers de personnes ont défilé dans les rues de Londres, s’accrochant à un dernier espoir d’organiser un deuxième référendum. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour les anti-Brexit, la manifestation du dernier espoir Coupe du monde de rugby : le XV de France éliminé Sébastien Vahaamahina quitte le terrain après avoir reçu un carton rouge. Christophe Ena / AP Un point d’écart, et la fin de l’aventure mondiale pour les Français. Le pays de Galles a battu la France 20 à 19, dimanche 20 octobre à Oita au Japon, et se qualifie pour les demi-finales de la Coupe du monde de rugby. Le quinze de France, qui menait 19-10 à la mi-temps, a été réduit à quatorze à la 49e minute après l’exclusion du deuxième-ligne Sébastien Vahaamahina pour brutalité. Vingt-cinq minutes plus tard, le pays de Galles passait en tête sur un essai de Ross Moriarty. Les Gallois affronteront, dimanche 27 octobre, en demi-finales l’Afrique du Sud. Les Springboks ont battu dimanche 26 à 3 le Japon, mettant fin au rêve du pays hôte de remporter la compétition. Samedi 26 octobre, l’autre demi-finale opposera l’Angleterre à la Nouvelle-Zélande. Samedi, la première a écrasé l’Australie (40-16), tandis que la seconde n’a laissé aucune chance à l’Irlande (46-14). SNCF : reprise progressive du trafic après trois jours de perturbations La SNCF a connu trois jours de perturbations, conséquence d’un accident survenu mercredi. BERTRAND GUAY / AFP Tous les TGV et les Ouigo devraient circuler normalement lundi 21 octobre, selon ce qu’annonce la SNCF dans un communiqué de presse ce dimanche en fin d’après-midi, notant une nette amélioration du trafic sur de nombreuses lignes dès la fin de matinée dimanche. Voici les prévisions de trafic annoncées par la compagnie pour lundi : TGV et Ouigo : service normal sur tous les axes. service normal sur tous les axes. Transilien et RER : les trains d’Ile-de-France devraient connaître la même reprise. les trains d’Ile-de-France devraient connaître la même reprise. TER et Intercités : trois trains sur quatre circuleront finalement, contrairement à ce qui avait été annoncé plus tôt, quand deux trains sur trois étaient assurés de fonctionner. Le service devrait revenir à la normale en région Bourgogne, Bretagne, Languedoc-Roussillon, Alsace, Limousin et Normandie. Mais « des disparités pourraient demeurer selon les régions », fait savoir le communiqué de la SNCF. Lire aussi Mouvement social à la SNCF : la direction promet une amélioration du trafic et le remboursement des billets Dimanche, la circulation restait « très difficile » dans certaines régions, comme l’Occitanie ou la Champagne-Ardenne, a expliqué la direction de la SNCF. Tout a commencé vendredi, quand des dizaines de contrôleurs et de conducteurs ont débrayé sans préavis partout en France, faisant valoir leur droit de retrait, après un accident impliquant un TER survenu mercredi dans les Ardennes. Le conducteur était le seul agent SNCF à bord du train. Les syndicats contestent ce mode de fonctionnement, qui permet de faire circuler des trains sans contrôleur. La direction de la SNCF fait valoir qu’il « existe depuis des dizaines d’années ». Quant au premier ministre, Edouard Philippe, il a dénoncé samedi un « détournement du droit de retrait qui s’est transformé en grève sauvage ». Et aussi : Hongkong. La foule défie la police après l’agression de deux militants prodémocratie. Liban. Manifestations pour dénoncer la corruption de la classe politique. Chili. Après de violentes manifestations, la hausse du prix des transports suspendue Boeing. Un échange entre salariés révèle qu’ils savaient que le système antidécrochage rendait l’avion 737 MAX difficile à piloter en simulateur. Disparition. Mort de l’architecte Pierre Parat, concepteur du Palais omnisports de Paris-Bercy. Rouen. Après l’incendie de Lubrizol, « il y a un sentiment de trahison ».
Vous n’avez pas suivi l’actualité ? Retrouvez ici les grandes informations des samedi 19 et dimanche 20 octobre.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/10/20/brexit-coupe-du-monde-de-rugby-sncf-les-informations-a-retenir-du-week-end_6016232_4355770.html
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La Banque d’Angleterre prévoit une croissance à 1,3 % en 2019 et 2020. Hannah Mckay / REUTERS Le Brexit et la période d’incertitude qui le précède vont peser sur la croissance britannique. La Banque d’Angleterre a abaissé, jeudi 1er août, ses prévisions de croissance pour 2019 et 2020, dans un contexte économique mondial déjà dégradé. Dans son rapport trimestriel sur l’inflation publié jeudi, l’institution a signalé qu’elle prévoyait dorénavant une croissance à 1,3 % en 2019 et 2020 contre respectivement 1,5 % et 1,6 % dans son précédent rapport, datant de mai. Elle table néanmoins sur un rebond de 2,3 % en 2021. Craintes sur l’investissement Elle explique cette révision à la baisse pour cette année et la prochaine par les incertitudes du Brexit et le ralentissement de la croissance mondiale qui « devraient continuer à peser sur la croissance à court terme et de façon plus marquée que ce qui avait été anticipé dans le rapport de mai ». Il y a trois mois, les responsables de la Banque d’Angleterre (BoE) avaient relevé leurs prévisions de croissance, prenant acte de la bonne santé de l’économie du Royaume-Uni et de la résilience de l’économie mondiale. En juin, les membres du Comité de politique monétaire (MPC) avaient, cependant, commencé à rectifier leur tir, en accusant la montée des risques économiques. Selon une enquête citée par le MPC, de plus en plus d’entreprises considèrent que l’incertitude du Brexit, prévu désormais le 31 octobre après avoir été reporté à deux reprises, va se poursuivre pendant plusieurs années. Environ 30 % des sociétés interrogées jugent même que l’incertitude va s’étendre au-delà de 2020, ce qui risque de peser sur l’investissement dans le pays. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : les entreprises britanniques à nouveau confrontées au Brexit La peur du « no deal » déjà répercutée sur la livre « La probabilité d’un Brexit sans accord a augmenté pour les participants du marché » depuis le mois de mai, ont, en outre, une nouvelle fois déclaré les responsables de la BoE, qui tablent, pour leur part, toujours sur un accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Les craintes d’un Brexit abrupt se sont accentuées avec l’arrivée au pouvoir, la semaine dernière, de Boris Johnson, qui a promis de sortir de l’UE fin octobre quoi qu’il arrive. « Dans le cas d’un Brexit sans accord, le taux de change de la livre reculerait probablement, l’inflation augmenterait et la croissance du PIB ralentirait », a d’ailleurs prévenu la BoE, même si elle ne fait, pour l’instant, pas de cette hypothèse son scénario central. La peur grandissante d’un no deal s’est déjà répercutée sur la livre sterling, qui est tombée jeudi à un niveau sans précédent depuis 2017 face au dollar. Comme annoncé en juin, la Banque d’Angleterre s’attend dorénavant à une croissance nulle au deuxième trimestre, après avoir enregistré une hausse de 0,5 % au premier trimestre. « Les données officielles sur les biens exportés montrent une nette baisse au deuxième trimestre [ce qui] reflète probablement la faiblesse de la demande mondiale et le contrecoup de la constitution de stocks en Europe au premier trimestre », ont jugé les membres du MPC. Tensions commerciales Alors que la date limite du Brexit avait été initialement prévue le 29 mars, de nombreuses entreprises au Royaume-Uni et sur le continent avaient augmenté leurs stocks par précaution en cas de désordre sur la chaîne d’approvisionnement. Selon la BoE, « la contribution négative de ces stocks pour le deuxième trimestre devrait être légèrement plus importante que l’impact positif observé au premier trimestre ». Sur le plan international, les responsables de la Banque d’Angleterre ont considéré que « les tensions commerciales sont restées élevées, comparées à la période précédent le rapport de mai, bien qu’elles se soient un peu apaisées depuis que les Etats-Unis et la Chine ont accepté de reprendre leurs discussions », qui ont débuté cette semaine. L’institution a également observé, à l’instar des banques centrales américaine et européenne qui se sont lancées dans un processus d’assouplissement monétaire, que la croissance mondiale restait « faible ». Lire aussi Brexit : la mise en garde déguisée de Bruxelles à la City
Les incertitudes autour de la sortie de l’UE et le ralentissement de la croissance mondiale devraient conduire à une croissance limitée en 2019 et en 2020, selon la Banque d’Angleterre.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/01/brexit-les-previsions-de-croissance-pour-le-royaume-uni-revues-a-la-baisse_5495601_3234.html
mlsum-fr-1800
« Les contribuables qui ne déclarent pas leurs revenus spontanément perdent le bénéfice du crédit d’impôt de modernisation du recouvrement. » INGRAM / PHOTONONSTOP Avis aux retardataires ou aux étourdis ! Si pour une raison ou pour une autre, vous n’avez pas déposé votre déclaration de revenus dans les délais – déclaration qui devait être envoyée avant le 16 mai par courrier ou faite sur Internet avant le 6 juin (après le délai de 48 heures accordé par Bercy en raison de difficultés techniques sur le site) vous vous exposez à devoir payer, en plus des habituelles pénalités pour retard ou défaut de déclaration, l’impôt sur vos revenus de 2018 à titre de sanction, au lieu de bénéficier de « l’année blanche ». Cette dernière prévoit en effet que l’impôt dû sur vos revenus de 2018 sera annulé grâce à la mise en place d’un crédit d’impôt spécifique, dénommé « crédit d’impôt de modernisation du recouvrement » (CIMR) ! Il est toutefois encore temps d’y échapper… si vous vous adressez à un expert-comptable, à un avocat fiscaliste ou à un groupement professionnel ou si vous déclarez vos revenus en ligne sur un site, comme celui proposé par Tacotax.fr, ayant la qualité de « partenaires de la Direction générale des finances publiques ». Ces professionnels agréés qui transmettent les déclarations de leurs clients via une procédure dématérialisée ont obtenu un délai supplémentaire pour tenir compte des particularités de la déclaration de revenus de 2018 liées à l’année blanche. Ils ont jusqu’au 25 juin pour transmettre au fisc les déclarations de leurs clients, quel que soit le numéro de leur département. Majorations et intérêt de retard Passé ce délai, il sera toujours possible de déposer une déclaration. Mais attention, n’attendez pas d’avoir été mis en demeure de le faire par le fisc… « Car si les contribuables ne déclarent pas leurs revenus spontanément, ils perdent le bénéfice du crédit d’impôt de modernisation du recouvrement », prévient Béatrice Hingand, directeur de rédaction aux Editions Francis Lefebvre. Conséquence : l’impôt dû sur les revenus de 2018 – y compris sur les revenus courants –, ne pourra pas être effacé et il sera intégralement dû. « En plus de l’impôt à payer, les contribuables devront s’acquitter des sanctions habituellement prévues en cas de défaut ou de retard de déclaration », poursuit la spécialiste. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Déclaration de revenus : ce qu’il faut savoir pour la remplir après la mise en place du prélèvement à la source Concrètement, si vous déposez votre déclaration avant d’avoir été mis en demeure de le faire par le fisc, la majoration est de 10 % seulement et vous ne perdez pas le bénéfice du CIMR. En revanche, si vous la déposez après avoir été mis en demeure de le faire, non seulement vous n’aurez plus droit au CIMR et devrez payer l’impôt dû, mais en plus l’impôt sera assorti d’une majoration de 20 % si vous déposez votre déclaration dans les trente jours suivants et de 40 % si vous la déposez plus de trente jours après la mise en demeure ou si vous vous abstenez de le faire. En plus de la majoration, s’appliquera un intérêt de retard de 0,20 % par mois de retard, décompté à partir du 1er juillet, et calculé comme la majoration sur l’impôt dû. Lire aussi Comment bien déclarer ses revenus exceptionnels de 2018
Faute de déclaration effectuée dans les temps, l’impôt sur les revenus de 2018 ne bénéficiera pas de l’effet « année blanche » et il sera intégralement dû.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/06/07/que-faire-pour-echapper-aux-sanctions-si-on-n-a-pas-envoye-sa-declaration-de-revenus-a-temps_5472533_1657007.html