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mlsum-fr-1801
Clémentine Autain, lors d’une première initiative pour un référendum sur la privatisation d'ADP, à Saint-Denis, le 19 juin. JULIE GLASSBERG POUR LE MONDE Ils veulent se retrouver. Et, pourquoi pas, construire ensemble une nouvelle offre politique. Les députées Clémentine Autain (Seine-Saint-denis, La France insoumise, LFI) et Elsa Faucillon (Hauts-de-Seine, Parti communiste français, PCF) réunissent leurs soutiens et leurs amis dimanche 30 juin à Paris au Cirque Romanès (16e). Des représentants de toute la gauche sont attendus, d’Olivier Besancenot (Nouveau Parti anticapitaliste, NPA) à l’écologiste Noël Mamère (en message vidéo) en passant par Guillaume Balas, le bras droit de Benoît Hamon au sein de Génération.s. Par ailleurs, deux collectifs ayant lancé des appels dans le même sens (Gauche : un sursaut nécessaire et Convergeons !) seront également présents. Lire aussi La France insoumise ne parvient pas à régler ses tensions internes Des acteurs associatifs et syndicaux sont aussi conviés comme Philippe Martinez, patron de la CGT, ou Aurélie Trouvé, la dirigeante d’Attac. Des artistes et des intellectuels soutiennent cette initiative tels les écrivains François Bégaudeau et Patrick Chamoiseau, ainsi que le philosophe Etienne Balibar. L’une des tables rondes annoncées revêt une importance particulière. Il s’agit d’un débat stratégique entre les tenants de la gauche, du populisme et de l’écologie, animé par des représentants de trois revues de la gauche critique : Le vent se lève, Regards (dirigé par Clémentine Autain et Elsa Faucillon) et Politis. « Ce triptyque n’a jamais été posé comme cela. On doit se nourrir des uns et des autres. On pense que ces trois points sont irréconciliables ? On va montrer que c’est faux », avance Clémentine Autain qui se réclame de la « gauche écologiste et populaire ». Une forme de « front populaire » Cette réunion est partie d’une tribune publiée dans Le Monde au lendemain des élections européennes. Plus d’un millier de signataires soutenaient l’initiative de Mmes Autain et Faucillon et demandaient « un big bang (…) nécessaire pour construire une espérance capable de rassembler et de mobiliser ». Les initiatrices ajoutaient : « Le pire serait de continuer comme avant, de croire que quelques microaccords de sommet et de circonstances pourraient suffire à régénérer le camp de l’émancipation, que l’appel à une improbable “union de la gauche” à l’ancienne serait le sésame. » En clair : il n’est pas question d’un accord au sommet ou « une soupe de logos », mais une forme de « front populaire » alliant forces associatives, syndicales, politiques, mais aussi citoyens lambda. Une formule qui a un certain succès à gauche puisque Jean-Luc Mélenchon (LFI) comme Fabien Roussel (PCF) et David Cormand (Europe Ecologie-Les Verts, EELV) appellent, avec des nuances parfois importantes, à des solutions similaires.
La députée La France insoumise, qui remet en cause la stratégie de Jean-Luc Mélenchon, convie des élus, des syndicalistes et des associatifs, dimanche à Paris.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/29/clementine-autain-reunit-son-big-bang-pour-regenerer-la-gauche_5483116_823448.html
mlsum-fr-1802
La fumée s’échappe de l’usine Lubrizol, en feu, à Rouen, le 26 septembre. PHILIPPE LOPEZ / AFP Tribune. C’est à 500 mètres de l’actuelle usine Lubrizol de Rouen qu’eut lieu la première grande pollution industrielle chimique en France, au cours des années 1770, dans le quartier Saint-Sever, sur la rive gauche : les fumées corrosives d’une fabrique d’acide sulfurique détruisirent la végétation alentour et on les soupçonna de menacer laa santé publique. Malédiction sur le site ou simple coïncidence ? Ni l’un ni l’autre : mais c’est au miroir du passé que l’on peut mieux comprendre comment le risque industriel et les pollutions sont encadrés aujourd’hui. Le procès instruit en 1772-1774 après la mise en cause de la fabrique d’acide, a en effet produit un basculement dans l’ordre des régulations environnementales, un vrai changement de paradigme lourd de conséquences. Une mise en lumière du processus historique aide à répondre à un panache de questions, telles que : « Seveso, quèsaco ? », « Une usine dangereuse dans la ville, est-ce possible ? », « Tire-t-on les leçons d’une catastrophe industrielle ? » Ou encore : « l’industriel : responsable, pas coupable ? » Article réservé à nos abonnés Lire aussi « On veut la vérité, on ne veut pas crever » : après l’incendie de Lubrizol, les Rouennais en colère Les directives européennes Seveso L’usine d’additifs pour essence et lubrifiants Lubrizol est classée « Seveso – seuil haut ». Elle est donc parfaitement connue des autorités de régulation, à savoir l’Inspection des établissements classés, qui dépend du ministère de la transition écologique et solidaire, et qui a un rôle préventif et de surveillance. Le classement Seveso découle d’une harmonisation européenne des règles de droit des différents Etats régissant les industries les plus dangereuses. Il tire son nom de celui de la ville de Lombardie où, en juillet 1976, l’usine chimique Icmesa laisse s’échapper un nuage toxique de dioxine qui contamine les environs. Pour prévenir ce type d’accident, trois directives européennes Seveso sont successivement adoptées en 1982, 1996 et 2012 (entrée en vigueur en 2015). Une telle exposition des faits pourrait laisser penser que, tirant les leçons de l’expérience (un accident), les autorités réagissent et fondent un droit protecteur, sans cesse amélioré. Il n’en est rien. D’une part parce qu’avant la mise en place des directives Seveso, les Etats avaient déjà leur propre réglementation, parfois plus sévère. D’autre part parce que les centrales nucléaires, par exemple, y échappent. Enfin, parce que l’on peut douter de l’efficacité du dispositif. En matière d’industrie dangereuse, l’accident n’est pas exceptionnel, c’est la norme. Les accidents dans les établissements classés français sont passés de 827 en 2016 à 978 en 2017, et 1 112 en 2018 et près de la moitié d’entre eux laissent s’échapper dans l’environnement des substances dangereuses. Les établissements Seveso contribuent sensiblement à cette progression : pour 15 % en 2016, 22 % en 2017 et 25 % en 2018.
En 1770, la première grande pollution industrielle chimique en France avait eu lieu à 500 mètres du site de Lubrizol. Un héritage de l’industrialisation à tout crin, estime l’historien Thomas Le Roux.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/01/deja-a-rouen-au-cours-des-annees-1770-la-premiere-grande-pollution-industrielle-chimique-en-france_6013698_3232.html
mlsum-fr-1803
Les « Rendez-vous aux jardins », organisés comme chaque année dans toute la France par le ministère de la culture, se tiendront dans 3 000 parcs et jardins. A cette occasion, des lieux habituellement fermés au public seront exceptionnellement ouverts. Le but est d’inciter les visiteurs à découvrir des jardins historiques ou contemporains, et à les apprécier comme autant d’espaces patrimoniaux à conserver et à protéger. « Les animaux au jardin » sont le thème retenu cette année. Il englobe aussi bien les « nuisibles » comme la pyrale du buis que les auxiliaires ou les pollinisateurs – coccinelles ou abeilles. Leur présence physique – oiseaux de volière, cygnes, paons ou... poissons – ou leur représentation dans la statuaire ou la décoration seront aussi mises en valeur. Le site du ministère de la culture a établi une liste des jardins ouverts, exhaustive et interactive, y compris pour la vingtaine de pays européens associés. A voir sur rendezvousauxjardins.culture.gouv.fr/ En attendant, voici quelques suggestions. L’arboretum de Chèvreloup, près de Versailles Floraison printanière à l’arboretum de Chèvreloup. SNEZANA GERBAULT Situé à l’emplacement de l’ancien domaine de chasse de Louis XIV, à proximité du Petit Trianon, l’arboretum de Chèvreloup appartient au Muséum national d’histoire naturelle. Ses 200 hectares sont ouverts au public, et les amoureux des arbres y trouveront leur bonheur. Arboretum de Chèvreloup, 30, route de Versailles, à Rocquencourt. Horaires et tarifs sur arboretumdeversailleschevreloup.fr/ Une exposition des photographies de Snezana Gerbault, « Chèvreloup : impressions nature », est présentée au pavillon d’accueil. L’abbaye Saint-André, à Villeneuve-lès-Avignon Le jardin à l’italienne de l’abbaye Saint-André, à Villeneuve-lès-Avignon. L. JEDWAB/« LE MONDE » L’abbaye Saint-André, à Villeneuve-lès-Avignon, jouit d’une vue à couper le souffle sur le Palais des papes, de l’autre côté du Rhône. Ses magnifiques jardins en terrasses, parsemés d’authentiques ruines, trahissent des influences toscanes et méditerranéennes. Abbaye Saint-André, fort Saint-André, rue Montée-du-Fort, à Villeneuve-lès-Avignon. Horaires et tarifs sur abbayesaintandre.fr/ Les 8 et 9 juin, concerts et visites avec le jardinier, Olivier Ricomini. Exposition des peintures de Jan Dilenschneider, jusqu’au 23 juin. Les jardins du château de La Roche-Guyon, dans le Val-d’Oise Vue d’une cour extérieure du château de La Roche-Guyon. L. JEDWAB/« LE MONDE » Le potager-fruitier de La Roche-Guyon et le jardin anglais, rarement ouvert au public, justifient à eux seuls la visite. Immortalisé par le « peintre des ruines » Hubert Robert, le château, avec son donjon médiéval, domine toujours la vallée de la Seine.
Les 7, 8 et 9 juin, 3 000 parcs et jardins publics et privés seront ouverts au public dans toute la France. Le thème de l’édition 2019 : « Les animaux au jardin ».
https://www.lemonde.fr/cotecourscotesjardins/article/2019/06/05/abeilles-carpes-et-paons-ont-rendez-vous-aux-jardins_5471655_5004225.html
mlsum-fr-1804
Imaginez, sur votre smartphone, une application permettant de planifier le meilleur trajet pour aller, par exemple, de Melun à Paris, en utilisant tous les transports possibles : covoiturage Blablacar, puis bus Transdev, puis RER SNCF, puis trottinette Lime, puis métro RATP, pour finir par une course en taxi G7 ou VTC Uber. Et cette application va, innovation suprême, vous permettre de réserver, payer, valider vos billets. C’est ce que dans le jargon du transport on appelle la « Maas » (Mobility As A Service), traduit en français par mobilité servicielle, autrement dit un super-outil numérique de mobilité universelle. Le concept de Maas commence, de façon souvent embryonnaire, à voir le jour en Europe (Londres, Stockholm, Helsinki, Vienne…) ou dans l’Hexagone (Saint-Etienne, Annemasse, Mulhouse, Rennes…). Ile-de-France Mobilités (IDFM), l’autorité organisatrice des transports dans la région-capitale, a décidé de prendre elle aussi le train du Maas. Elle a présenté, mercredi 9 octobre, sa « stratégie de mobilité servicielle » à son conseil d’administration, qui l’a approuvée. Le projet se décline en un principe, un pilier, deux objectifs et une série d’expérimentations concrètes. Réduire la part de la voiture individuelle Le principe d’abord : l’autorité organisatrice publique est le pilote central du projet, « ne serait-ce que parce que nous centralisons l’ensemble des données de transport public, sans lesquels aucune mobilité servicielle ne peut exister », indique Laurent Probst, directeur général d’IDFM. Il y a aussi un but poursuivi derrière cette volonté de pilotage public : réduire la part de la voiture individuelle dans les déplacements en Ile-de-France. Cette primauté n’empêche pas des acteurs privés d’exister, soit pour offrir des services spécifiques, soit pour s’intégrer aux outils publics existants. Le pilier ensuite : IDFM va construire une plateforme régionale d’information multimodale, une sorte de super-serveur agrégeant toutes les données numériques venant de tous les acteurs du transport en région parisienne. La région va mettre 40 millions d’euros sur la table pour édifier cette gigantesque arrière-boutique numérique, d’ici 2024 (date de l’organisation des Jeux olympiques à Paris). Suite logique, la région a pour objectif de proposer son propre service ou plutôt deux services distincts : l’un à destination des particuliers, l’autre pour les entreprises et les collectivités. Le premier et le plus stratégique, nommé « Ma Mobilité », « accompagnera les voyageurs franciliens et occasionnels dans toutes les étapes de leurs déplacements », dit IDFM, le tout dans un esprit agnostique. « Nous n’aurons aucun intérêt particulier à privilégier tel transport plutôt que tel autre », souligne M. Probst. Le service « Ma Mobilité » sera lancé fin 2020. Sept expérimentations Pour parvenir à construire cet édifice, IDFM met en place sept expérimentations, qui sont autant de briques du futur service Maas francilien. Outre des projets portant sur le calcul d’itinéraire, la billétique, l’information voyageur, les services aux touristes, l’intégration des automobilistes et un concours de start-up (avec 200 000 euros de récompense), IDFM lance le test immédiat d’une application pilote. Baptisé « Maax », ce service conçu par la RATP, va permettre à 2 000 Franciliens d’expérimenter dès cet automne et durant six mois un outil Maas en conditions réelles, à Paris en petite et en grande couronne. Maax intégrera une vingtaine de modes de mobilité : tous les types de transport en commun mais aussi VTC, vélos, trottinettes et scooters en libre-service, covoiturage, autopartage et des parkings pour les automobilistes. « Dix modes sont directement intégrés dans l’application », explique Vania Ribeiro, directrice du numérique à la RATP. « Pour développer Maax, nous nous appuyons sur l’expérience menée par notre filiale RATP Dev à Annemasse », indique Marie-Claude Dupuis, la directrice de l’innovation de la RATP. Depuis 2018, l’application Tac Mobilités, de l’agglomération d’Annemasse (Haute-Savoie), calcule des itinéraires en temps réel des transports disponibles en intégrant la voiture individuelle et les parkings et permet le paiement mobile des tickets de bus.
La région met 40 millions d’euros dans l’édification de sa stratégie de « mobilité servicielle ». Dans ce cadre, la RATP va tester une application pilote, permettant de planifier, réserver, payer, valider pour dix modes de transport différents.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/09/l-ile-de-france-met-en-route-son-projet-d-application-numerique-de-mobilite-universelle_6014862_3234.html
mlsum-fr-1805
Un soldat israélien ferme un portail à la frontière, le 10 novembre à Naharayim (Baqoura en arabe), dans l’est d’Israël. MENAHEM KAHANA / AFP Des Israéliens n’ont pas pu accéder, dimanche 10 novembre, aux terres agricoles que la Jordanie leur avait prêtées pendant le dernier quart de siècle, trouvant parfois les portails cadenassés. En effet, les annexes du traité de paix jordano-israélien de 1994, qui autorisaient la « mise à disposition gratuite » de terres dans les régions de Baqoura (en arabe, Naharayim en hébreu) et Ghoumar (appelé Tsofar en hébreu) à des propriétaires privés israéliens pour une période initiale de vingt-cinq ans, sont arrivées à échéance dimanche. « Je proclame la fin de la validité des annexes de l’accord de paix (…) et le rétablissement de notre souveraineté totale sur ces territoires », a déclaré le roi Abdallah II de Jordanie devant le Parlement, à Amman. En Israël, le ministère des affaires étrangères a dit « regretter la décision de la Jordanie ». Lire aussi La Jordanie revient sur deux annexes du traité de paix avec Israël Baqoura est une zone de quelque 6 kilomètres carrés située au confluent du Jourdain et du Yarmouk, sur la partie nord de la frontière israélo-jordanienne. Ghoumar est une zone d’environ 4 kilomètres carrés, sur la ligne séparant les deux pays dans le sud. Dimanche, à Naharayim, deux portails jaunes menant à un ancien barrage et plus loin à un poste-frontière étaient enchaînés et verrouillés, empêchant ainsi l’accès au site désormais sous contrôle jordanien. Selon des responsables locaux, des soldats israéliens étaient venus sur place la veille en fin de journée pour cadenasser l’accès au site, côté israélien. Sur une colline de l’autre côté, des véhicules militaires circulaient et un drapeau jordanien flottait entre deux grandes tentes où doit avoir lieu lundi une cérémonie en présence du chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi. Aucune entente trouvée pour maintenir le statu quo Pour les commerçants israéliens, comme Adva Algarisi, gérante d’une entreprise locale de tourisme qui amenait régulièrement des visiteurs sur ce site lors de tours guidés, « c’est une grande perte ». « C’est près du lac [de Tibériade], de sites chrétiens, de lieux saints (…). Nous y évoquions la relation avec la Jordanie, le processus de paix, la coexistence avec nos voisins, c’est un site unique », a déclaré la femme de 46 ans qui a grandi dans cette région du nord-est d’Israël. Les agriculteurs de deux kibboutz avoisinants y cultivaient céréales, fruits et légumes. « Il y a deux semaines, et la semaine dernière encore, j’ai demandé aux Jordaniens de pouvoir y ensemencer et y travailler la terre, mais ils m’en ont interdit », a souligné Shay Hadar, 47 ans. C’est que la reprise par la Jordanie de ces terres n’est pas une surprise. En octobre 2018, le roi Abdallah II avait notifié à Israël sa volonté de récupérer ces secteurs frontaliers. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, avait alors répondu vouloir ouvrir des négociations pour maintenir le statu quo, mais aucune entente n’est intervenue pour proroger l’accord, ce qui irrite nombre d’Israéliens sur place. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trois semaines sous haute tension entre Israël et la Jordanie Pour apaiser les frustrations, les autorités jordaniennes ont précisé dimanche qu’elles allaient autoriser les agriculteurs israéliens à cultiver leurs champs de l’autre côté de la frontière, mais après avoir reçu un visa de l’ambassade de Jordanie à Tel-Aviv. Or cela semble compromis pour l’instant : la Jordanie a rappelé fin octobre son ambassadeur à Tel-Aviv pour protester contre la détention sans inculpation en Israël de deux jeunes Jordaniens, qui ont toutefois été libérés ces derniers jours.
Un traité de paix jordano-israélien autorisait la « mise à disposition gratuite » de terres des régions de Baqoura et Ghoumar à des Israéliens, de 1994 à aujourd’hui.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/11/la-jordanie-recupere-des-terres-pretees-a-israel-dans-le-cadre-d-un-accord-de-paix_6018720_3210.html
mlsum-fr-1806
Après avoir laissé entendre n’en rien savoir, Mike Pompeo a confirmé, mercredi, avoir participé à l’appel entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky ALBERTO LINGRIA / REUTERS Après avoir laissé entendre qu’il n’en savait rien, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a confirmé, mercredi 2 octobre, avoir participé à l’appel entre Donald Trump et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, au centre d’une procédure de destitution à l’encontre du président américain. Les démocrates reprochent au président américain d’avoir demandé à M. Zelensky, lors d’une conversation téléphonique il y a deux mois, d’enquêter sur l’ancien vice-président Joe Biden, bien placé alors pour porter les couleurs démocrates en 2020. « J’étais sur l’appel », a confirmé le secrétaire d’Etat, qui a fait l’objet d’une injonction formelle de trois commissions du Congrès pour leur livrer des documents nécessaires à leur enquête. M. Pompeo s’exprimait dans une conférence de presse à Rome au côté de son homologue italien Luigi Di Maio. "I was on the phone call." Secretary of State Mike Pompeo confirms during a news conference that he had listened i… https://t.co/FxuQ3ssyeE — nytimes (@The New York Times) Donald Trump doit s’exprimer mercredi sur cette affaire, lors d’une conférence de presse prévue à 14 heures (20 heures à Paris) dans les salons de la Maison Blanche. En milieu de matinée, Nancy Pelosi, chef des démocrates à la Chambre des représentants, et Adam Schiff, qui supervise l’enquête sur les soupçons d’une utilisation par le président américain de la puissance de la diplomatie américaine à des fins politiques personnelles, s’exprimeront pour leur part depuis le Congrès. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Affaire Trump-Zelensky : « Pour son malheur, l’Ukraine se retrouve victime de la fange trumpienne » L’Italie après l’Australie En parallèle, plusieurs médias italiens affirment mercredi que le premier ministre italien a donné l’autorisation à des rencontres entre un haut responsable américain et les services secrets italiens dans le cadre des efforts de Donald Trump pour discréditer l’enquête Mueller sur ses liens avec la Russie. Giuseppe Conte a donné l’autorisation à deux rencontres, en août et en septembre, entre le ministre de la justice américain William Barr et le chef du renseignement italien, le général Gennaro Vecchione, a révélé le Corriere della Sera. M. Barr a eu des contacts avec des responsables officiels et des services secrets en Australie, en Grande-Bretagne et en Italie pour rassembler des éléments, afin également de discréditer l’enquête Mueller, révélait le New York Times, samedi. Lire aussi Impeachment : Donald Trump fragilisé par de nouvelles révélations Selon les médias italiens, M. Barr a demandé aux services secrets italiens de lui fournir un maximum d’informations sur Josef Mifsud, un professeur d’université maltais qui enseignait à Rome, que les Américains soupçonnent d’être un espion à la solde des Italiens ou des Britanniques. Depuis Moscou, le président Vladimir Poutine a tenté de porter secours au président américain : « Je ne vois rien de compromettant dans la conversation entre Trump et Zelensky », a-t-il déclaré, ironisant à propos d’une éventuelle interférence russe dans l’élection présidentielle américaine de 2020 : « Je vais vous confier un secret : oui ! Nous allons le faire sans faute. Mais ne le dites à personne. »
Les démocrates puis le président Donald Trump doivent s’exprimer sur l’affaire ukrainienne à l’origine d’une procédure de destitution, qui fait peser une lourde menace sur la fin de mandat du 45e président.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/02/impeachment-mike-pompeo-confirme-avoir-participe-a-l-appel-entre-trump-et-zelensky_6013971_3210.html
mlsum-fr-1807
ive ? Un visage émacié s’affiche sur l’écran ; Walter Siti croit reconnaître l’écrivain et cinéaste Pier Paolo Pasolini. L’étudiant italien, qui lui a consacré une thèse, est venu se détendre dans un sauna parisien, prisé des homosexuels. Les vapeurs du bain embuent le téléviseur. Il se frotte les yeux : oui, ce 2 novembre 1975, les infos parlent bien de Pasolini, tué au petit matin près de Rome. « Comme tout le monde, j’ai cru qu’il s’agissait du résultat de ses vagabondages sexuels », se souvient Siti. Lire la critique du film « Pasolini » : Un jeu de miroirs entre Abel Ferrara et son sujet Dans l’Italie encore très catholique des années 1970, ça ne fait guère de doute : le réalisateur, assassiné le Jour des morts, a payé pour ses péchés. Très rapidement, un prostitué de 17 ans, Giuseppe Pelosi, alias « Pino la grenouille », confesse le crime. Une prestation sexuelle qui aurait mal tourné, d’après lui. Très mal : c’est tout juste si l’on parvient à identifier le cadavre, broyé par des pneus de voiture. Le procès est expéditif, la sentence maximale pour un mineur : neuf ans et sept mois de prison. Avec le temps, la thèse d’un crime politique finira, malgré tout, par s’affermir « Je suis un affreux matou qui mourra écrasé par une nuit noire dans une ruelle obscure », prophétisait celui dont le corps sera retrouvé à l’aube, sur un terrain boueux d’Ostie, à 30 kilomètres de la capitale. Cette funeste prédiction, Pasolini l’avait réservée à l’une de ses plus virulentes adversaires, la journaliste Oriana Fallaci. Maintenant qu’il est mort, celle-ci ne croit guère à la piste Pelosi. Pour elle, de bien plus féroces créatures grenouillent derrière le batracien. Quelques jours après le meurtre, elle publie un scoop dans L’Europeo : Pino disposait de plusieurs complices, témoigne un anonyme. Loin d’écouter la reporter, on la condamne à quatre mois avec sursis pour refus de livrer ses sources. Lire le compte rendu : La justice italienne rouvre le dossier sur la mort de Pier Paolo Pasolini Avec le temps, la thèse d’un crime politique finira, malgré tout, par s’affermir. En 2005, Pelosi se rétracte, dans une interview à la RAI. « On l’a exécuté. Ils étaient cinq. Ils lui criaient : “Sale pédé, sale communiste” et ils le tabassaient dur. Moi, ils m’avaient immobilisé. Je ne l’ai même pas touché. J’ai même essayé de le défendre… », jure-t-il, assurant ne pas avoir parlé plus tôt par peur de représailles. Las : jusqu’à sa mort, en 2017, « Pino la grenouille » pataugera d’une version à l’autre. « C’était un homme fragile, il a joué un rôle d’appât, promettant à Pasolini de lui rendre des bobines qu’on lui avait dérobées : le coupable idéal, en somme », tranche Walter Siti. Depuis l’assassinat, l’ex-thésard est devenu l’un des principaux spécialistes de Pasolini, dont il a dirigé l’édition des œuvres complètes. Il a gagné un peu d’embonpoint. Et beaucoup d’aplomb : « Désormais, j’en suis certain, affirme-t-il. La mort de Pasolini est liée à celle d’Enrico Mattei. »
Les six morts d’Enrico Mattei (3/6). L’écrivain et cinéaste italien, tué près de Rome en 1975, s’était intéressé à la disparition du patron de la compagnie pétrolière ENI dans un crash aérien, en 1962. Y a-t-il pour autant un lien entre ces deux événements qui hantent encore la mémoire collective ?
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/21/l-assassinat-de-pasolini-un-crime-lie-a-la-fin-tragique-d-enrico-mattei_5501411_4415198.html
mlsum-fr-1808
Kingsley Coman, le 10 septembre, au Stade de France. LIONEL BONAVENTURE / AFP Les Bleus étaient au rendez-vous, mardi 10 septembre, contre Andorre (3-0), faisant le plein de points dans la course à l’Euro 2020. Mais la qualification est toutefois loin d’être acquise. Il y a la fête, et le comptable. Côté fête : un Stade de France en joie devant les multiples occasions que se sont procuré les tricolores pour leur 100e match dans leur enceinte fétiche depuis son inauguration en 1998. Côté comptable : trois points de plus dans la besace des champions du monde, à ajouter aux trois unités glanées samedi contre l’Albanie (4-1). Ce qui fait, en tout, 15 points sur 18 possibles depuis le début de cette campagne. Un bilan partagé par la Turquie, victorieuse mardi soir en Moldavie (4-0). Si l’Islande, battue en Albanie (4-2), a enfin lâché du lest, ce n’est pas le cas des Turcs. Les retrouvailles le 14 octobre au Stade de France promettent d’être électriques, après la claque subie par les Bleus à Konya (2-0 en juin). Et il aura fallu, trois jours plus tôt, négocier un déplacement difficile à Reykjavik contre des Islandais en quête de points. Coman récidive Sans trois de ses habituels titulaires – Kylian Mbappé, N’Golo Kanté et Paul Pogba étaient blessés –, Didier Deschamps sort du mois de septembre confiant. Et avec une certitude : son réservoir de joueurs a l’envie et le talent pour exister en Bleu. Après son doublé de samedi contre l’Albanie, Kingsley Coman a récidivé en réveillant le Stade de France (18e). Jonathan Ikoné, 21 ans et buteur express samedi pour ses débuts en sélection, a encore impressionné, à l’image de sa passe millimétrée vers Coman sur le premier but. Associé pour la première fois à Raphaël Varane, Clément Lenglet s’est aussi montré à l’aise, comme sur ce but de la tête, son premier en Bleu à sa troisième sélection (52e). Il faudra toutefois revoir ces deux-là contre des adversaires plus accrocheurs. Après avoir encaissé un but à la 88e en Turquie trois jours plus tôt, la 136e nation mondiale a bien résisté mardi, grâce notamment à un solide Gomes dans les buts. Notamment face à Antoine Griezmann (28e) qui a raté son deuxième penalty de rang. Mais Gomes a finalement plié sur le coup franc parfait du Barcelonais vers la tête de Lenglet. Et n’a rien pu faire sur le troisième but, signé Wissam Ben Yedder en toute fin de match (90e+1).
La France reste donc première ex aequo de son groupe avec la Turquie. Mais la qualification est toutefois loin d’être acquise.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/10/eliminatoires-de-l-euro-2020-la-france-s-impose-contre-andorre-3-0_5508818_3242.html
mlsum-fr-1809
Bafoussam, chef-lieu de la région de l’Ouest, au Cameroun, en 2014. Geugeor / Creative Commons Ils ont changé le lieu du rendez-vous à trois reprises. Finalement ils sont là, assis sur des tabourets en bambou, dans le salon d’une maison en terre battue entourée de champs d’arachides et de maïs. Les trois hommes, la vingtaine, viennent de Lébialem, dans le Sud-Ouest, une des deux régions anglophones du Cameroun avec le Nord-Ouest. Ils racontent avoir « combattu les militaires, kidnappé les ennemis ». Ont-ils tué ? Ils éludent la question à plusieurs reprises : « Il y a des morts des deux côtés, nous nous battons pour l’indépendance de l’Ambazonie », cet Etat imaginaire que les séparatistes veulent voir naître. Episode 1 Au Cameroun, le calvaire des déplacés des régions anglophones Aris, John et Seh (les prénoms qu’ils donnent) sont venus « se reposer » dans ce village de la région francophone de l’Ouest. Depuis deux ans, la crise qui secoue le Cameroun anglophone s’est transformée en conflit armé. Les combats entre les forces de défense et de sécurité camerounaises et les séparatistes ont poussé 530 000 personnes à fuir pour se réfugier dans les forêts environnantes et les régions francophones, selon l’ONU. Les régions du Cameroun. Wikimedia Commons L’Ouest, frontalier des régions anglophones, accueille plus de 65 000 déplacés. Parmi ceux-ci se trouvent des sympathisants de la cause ambazonienne, des anciens combattants en fuite, mais aussi des séparatistes armés toujours actifs. C’est le cas des trois jeunes hommes, qui assurent avoir quitté la ligne de front « pour quelques jours » après de violents combats. « Ici, personne ne nous soupçonne » « On va repartir. On le fait tout le temps. Ici, personne ne nous soupçonne. On passe par la brousse et on arrive. On reprend des forces », confie John, 22 ans. Le plus jeune des trois explique que « beaucoup de frères sont dans les forêts francophones ». Il sort son smartphone à l’écran fissuré et fait défiler des dizaines de photos. Ici, on le voit tenant une arme, le regard dur. Là, il est accompagné de plusieurs autres combattants, en pleine forêt. « Nous nous battons pour que notre peuple ne souffre plus, pour qu’il n’y ait plus de marginalisation. Ils ont voulu nous coloniser. Des enseignants, des juges, des médecins, des travailleurs du gouvernement, tous francophones. Ils voulaient éradiquer les anglophones », s’emporte Aris. « Nous n’avons pas de problème avec les habitants francophones », tempère Seh. Les trois amis jurent qu’ils n’attaquent pas « les francophones innocents ». « Ce sont les “fake ambas” [faux séparatistes] qui le font, affirme Seh. Nous n’intervenons que dans notre territoire, en Ambazonie. Nous n’attaquons ailleurs que lorsque notre peuple est menacé. » Pourtant, l’Ouest subit régulièrement des incursions attribuées aux séparatistes. Depuis le début de la crise, des villages, des établissements scolaires, des centres de santé, des marchés de cette région ont été attaqués, détruits ou incendiés. Des habitants ont été kidnappés et certains tués. Plusieurs villages francophones frontaliers se sont vidés, gonflant le rang des déplacés et augmentant les besoins humanitaires. Face à cette situation, les autorités locales ont interdit ou restreint, selon les localités, la circulation des motos-taxis, moyen de transport privilégié des groupes armés. La sécurité a également été renforcée. D’après Awa Fonka Augustine, le gouverneur de l’Ouest, depuis six mois les attaques séparatistes ont « sensiblement » baissé et ne sont plus « quotidiennes comme avant ». « On a une maîtrise du terrain et nous n’allons en aucun cas permettre qu’il y ait une base arrière. L’Ouest est contre les séparatistes », assure-t-il, expliquant que le gouvernement a pris des dispositions pour mettre un terme aux activités des sécessionnistes, où qu’ils soient. Base de repli et zone d’approvisionnement Selon Joseph Léa Ngoula, analyste politique et expert sécuritaire à la tête du cabinet Orin Consulting Group, les attaques enregistrées dans l’Ouest sont souvent le fait de bandes armées qui profitent du chaos pour s’approvisionner à travers la contrebande, les rackets, les enlèvements, le grand banditisme et le pillage. Cependant, note-t-il, lorsque les séparatistes attaquent les localités francophones, ils le font généralement « en représailles contre certaines communautés perçues comme alliées des forces gouvernementales ou hostiles vis-à-vis des déplacés anglophones ». Selon lui, les sécessionnistes voient l’Ouest comme une base de repli et une zone d’approvisionnement. L’Ouest n’est pas la seule région francophone attaquée. Le Littoral, frontalier du Sud-Ouest, accueille une forte population de déplacés et subit lui aussi des incursions, mais à plus faible intensité. Selon une source sécuritaire, cette différence s’explique par le fait que l’Ouest et les régions anglophones ont beaucoup en commun : elles partagent, suivant les localités, les mêmes cultures, les mêmes langues, les mêmes activités économiques, et beaucoup d’habitants se sont mariés de part et d’autre de la frontière. « Cette proximité fait que les séparatistes s’infiltrent plus facilement dans l’Ouest », souligne notre source. Episode 3 Les régions anglophones du Cameroun sont au bord de la faillite Ernest Folefack, professeur de droit à l’université de Dschang et président de l’association Fountain of Justice Cameroon, ne cache pas son inquiétude. Il constate, de plus en plus, « une radicalisation » des déplacés qui peinent à manger, à se loger et à envoyer leurs enfants à l’école. « La situation humanitaire se détériore, déplore-t-il. En l’absence d’aide suffisante, les déplacés sont de plus en plus amers. Ils plongent dans un monde irréel, l’Ambazonie, où tous leurs problèmes seront résolus. » « L’indépendance est la seule solution », tonne un ancien adjudant-chef âgé de 72 ans. L’homme a servi pendant trente-six ans sous le drapeau camerounais. Aujourd’hui, cet anglophone et cinq de ses amis sexagénaires réfugiés à Dschang et se présentant comme « séparatistes » assurent encourager « les troupes sur tous les terrains, y compris nos enfants qui sont avec nous et qui veulent partir combattre ». Et de conclure : « Trop c’est trop ! » « Ils vont créer un monstre » La colère est telle que les détenus anglophones des prisons de Kondengui, à Yaoundé, et de Buea, dans le Sud-Ouest, ont organisé des mutineries pour protester contre leurs conditions d’emprisonnement, les lenteurs judiciaires et exiger leur libération. A Yaoundé, 244 détenus ont été « interpellés » pour être interrogés hors de la prison, dont Mamadou Mota, vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), l’un des principaux partis d’opposition. Ils sont accusés de « rébellion », « vol en co-action » et « tentative d’évasion ». Originaire de l’Ouest, Maurice Kamto, le président du MRC, arrivé officiellement deuxième à l’élection présidentielle d’octobre 2018 et qui clame sa victoire, est emprisonné depuis janvier. De nombreux cadres et militants ont subi le même sort. Selon des membres du parti, le gouvernement, incapable de résoudre la crise anglophone qui dure depuis 2016, cherche des « boucs émissaires ». Episode 4 Au Cameroun anglophone, le business des rapts et des rançons Christopher Ndong, le secrétaire général du MRC, assure que « tout le monde » connaît les conditions de détention « inhumaines », la maltraitance des détenus, la surpopulation carcérale, l’interdiction pour certains de voir un médecin, leur avocat ou, parfois, des membres de leur famille. « Nos militants n’étaient en complicité avec personne, martèle-t-il. Bientôt, le pouvoir dira que c’est le MRC qui est derrière la crise anglophone, alors que nous avons été les premiers à reconnaître qu’il y avait un problème et à donner des solutions. » Au siège de son association, Ernest Folefack reçoit constamment les déplacés. Pour lui, il faut « urgemment mettre fin à la crise », car les combats en zone anglophone, les incursions dans l’Ouest et la colère grandissante des déplacés font craindre le pire. « Si rien n’est fait, ils vont créer un monstre », avertit-il.
Le conflit au Cameroun anglophone (5/5). Frontalière de la zone revendiquée par les séparatistes, cette partie francophone du pays subit de nombreuses attaques.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/09/au-cameroun-la-region-de-l-ouest-sur-le-qui-vive_5497952_3212.html
mlsum-fr-1810
Griedge Mbock (au centre) et Kadidiatou Diani (à gauche), face à la Corée du Sud au Parc des Princes à Paris, le 7 juillet. Lucy Nicholson / REUTERS Jusqu’à preuve du contraire, et au moins jusqu’au possible heureux dénouement d’une finale le 7 juillet à Lyon, le palmarès de l’équipe de France sonne toujours creux. Depuis 2013, les Bleues ont enchaîné quatre éliminations en quarts de finale des grandes compétitions. Vendredi 28 juin, face aux favorites américaines, elles mettront tout en œuvre pour briser cette malédiction. On rebat souvent les oreilles des Bleues sur la dichotomie entre l’absence de trophée international et les innombrables titres gagnés par les Lyonnaises en club, notamment par les plus expérimentées que sont la capitaine Amandine Henry, la défenseuse Wendie Renard ou la meilleure buteuse en activité Eugénie Le Sommer. Mais, parmi les vingt-trois joueuses tricolores, certaines peuvent s’enorgueillir d’avoir déjà gagné sous le maillot de la sélection nationale. Elles sont ainsi cinq à être à la fois championnes d’Europe 2016 des moins de 19 ans et, surtout, à avoir décroché un titre de championnes du monde 2012 des moins de 17 ans : les Parisiennes Grace Geyoro (21 ans) et Kadidiatou Diani (24 ans), les Lyonnaises Griedge Mbock (24 ans) et Delphine Cascarino (22 ans), auxquelles il faut ajouter la Madrilène Aïssatou Tounkara (24 ans). Il y a sept ans, en Azerbaïdjan, ces jeunes filles remportaient le premier titre du football féminin français en battant en finale la Corée du Nord. « C’est essentiel de sentir que l’on peut gagner. Nous, on l’a déjà fait en sélection de jeunes. Cela prouve aussi que la France a les capacités. Les compétitions se jouent à des détails, j’espère qu’en tant que jeunes, on va réussir à les apporter à l’équipe », expliquait au Monde, avant le début du tournoi, l’ailière Delphine Cascarino. « Reproduire ce que l’on a vécu » Pour s’imposer, les Bleuettes ont dû cravacher. Elles ont d’abord concédé deux matchs nuls au premier tour, déjà contre la Corée du Nord et contre les Etats-Unis, qu’elles n’ont devancés qu’à la différence de buts pour s’extraire du groupe. En quarts de finale et en finale, elles ont dû affronter deux terribles séances de tirs au but. « C’était une compétition avec des hauts et des bas. Ça a été difficile de sortir de la poule mais avoir failli être éliminées a fait notre force, se souvient Delphine Cascarino, également lucide sur la difficulté supplémentaire qui les attend. Une compétition avec les A, c’est autre chose, notamment au niveau de l’enjeu et de l’engouement. » Pour Grace Geyoro, qui attend son heure sur le banc de touche malgré deux courtes entrées en jeu depuis le début de ce Mondial, l’expérience construite lors de ces succès peut servir à l’équipe de France au moment opportun : « On veut tenter de reproduire ce que l’on a vécu, cet état d’esprit de la gagne. On aimerait apporter ce petit quelque chose qui n’a pas fonctionné dans le passé. » Avant le huitième de finale face au Brésil, où son sauvetage incroyable en prolongation a maintenu les Bleues en vie, l’impressionnante défenseuse Griedge Mbock, titulaire indiscutable au côté de Renard, évoquait également l’importance de l’épopée de 2012 : « Ce que j’ai comme souvenir, c’est la victoire tout simplement. Avec cette équipe, ce que j’aimerais vivre lors de cette Coupe du monde, c’est la même sensation. » Depuis la large victoire en ouverture (4-0, le 7 juin), les joueuses de la sélectionneuse Corinne Diacre ont parfois eu du mal à développer un jeu collectif huilé. Mises en difficulté par des Norvégiennes hyperorganisées, puis par de rugueuses Nigérianes et, enfin, par les expérimentées Brésiliennes, les Bleues ont pu compter sur de fortes individualités. Si certaines « anciennes », comme Amandine Henry, la gardienne Sarah Bouhaddi ou la défenseure Wendie Renard ont répondu présent, la génération 2012 s’est illustrée. « Ne pas se sous-estimer » Hormis Mbock, dont les mérites ont déjà été vantés, l’attaquante Kadidiatou Diani a été la vraie révélation. Alignée, soit à droite soit dans l’axe de l’attaque, elle a souvent fait vivre un calvaire à ses opposantes. Il ne lui manque plus qu’un but. « Que la coach me fasse débuter en pointe ou sur le côté, ça ne me pose aucun souci. J’ai déjà joué au poste d’avant-centre avec les 17 ans, confiait-elle à deux semaines de la compétition, affichant une confiance inébranlable. Si on n’y croit pas, ça va être dur de gagner. On ne doit pas se sous-estimer, bien au contraire. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde féminine : Griedge Mbock, de l’ombre à la lumière Pas loin de l’équipe type, Delphine Cascarino, qui a, pour le moment, participé aux quatre rencontres du Mondial (deux titularisations), aura certainement un rôle à jouer. En janvier, elle avait réalisé un énorme match face à des Américaines en rodage, martyrisant l’arrière gauche, Emily Fox, qui n’est pas du voyage en France. Pour sa première grande compétition avec les Bleues, celle qui avait manqué l’Euro 2017 à cause d’une grave blessure pourrait connaître un déclic face aux Etats-Unis. Au Parc des Princes, Diani devrait, elle, être une nouvelle fois titulaire, certainement au côté d’une autre jeune joueuse, la buteuse Valérie Gauvin (23 ans), auteure de deux buts jusqu’à présent. Cette dernière n’était pas de l’aventure victorieuse en 2012 mais elle avait, en revanche, accompagnée ses coéquipières lors du Mondial des moins de 20 ans, en 2016, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, achevé à une place de finaliste. Plus que jamais, les Bleues pourront s’appuyer sur cette ambitieuse jeune garde qui a déjà brillé. A l’image des quatre champions du monde 2018 de Didier Deschamps – Florent Thauvin, Alphonse Aréola mais surtout Samuel Umtiti et Paul Pogba – qui avaient aussi décroché, en 2013, un premier titre mondial dans la catégorie des moins de 20 ans. Mbock, Diani, Cascarino et les autres ne rêvent que de les imiter.
L’équipe de France peut s’appuyer sur le talent des championnes du monde 2012 des moins 17 ans pour affronter les Américaines.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/28/coupe-du-monde-feminine-la-nouvelle-vague-bleue-a-la-conquete-des-etats-unis_5482406_1616938.html
mlsum-fr-1811
Le message a-t-il été entendu ? Des réponses devraient être données aux demandes d’amélioration de la démocratie interne à La France insoumise (LFI), lors de l’assemblée représentative qui se réunit samedi 22 et dimanche 23 juin à Paris. Depuis plusieurs semaines, des figures du mouvement ne cessent d’alerter la direction, notamment Manuel Bompard (dirigeant statutaire) et Jean-Luc Mélenchon (dirigeant de fait), des dysfonctionnements en termes de démocratie interne. Cette « crise » a atteint son paroxysme début juin quand Le Monde s’est procuré une longue note interne rassemblant ces griefs. Ce texte de cinq pages signé par une quarantaine de cadres et militants « insoumis », dénonçait « un fonctionnement dangereux pour l’avenir du mouvement ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Une note interne à La France insoumise dénonce « un fonctionnement dangereux pour l’avenir du mouvement » Deux jours après cette publication, Charlotte Girard, ex-responsable du programme, a annoncé son départ de LFI. Une décision qui a marqué les militants − l’universitaire est très populaire chez les « insoumis » − et qui ne pouvait pas rester lettre morte. Surtout que ce n’est pas le premier départ fracassant de LFI : de nombreuses personnalités « insoumises » ont fait de même depuis un an. Plusieurs d’entre elles, comme Mme Girard et les anciens porte-parole Djordje Kuzmanovic et François Cocq, ont signé une tribune dans Le Journal du dimanche appelant à sortir de la logique institutionnelle et de créer des contre-pouvoirs populaires, notamment par des « cercles constituants ». Ce texte est cosigné par des membres actuels de LFI comme Hélène Franco ou Manon Le Bretton, responsable de l’école de formation du mouvement. Débats « contradictoires » exigés Devant une telle situation, la direction ne pouvait donc pas rester inactive. Deux réformes devaient être proposées au cours du week-end. Tout d’abord, la mise en place d’une « coordination des espaces » du mouvement. Dans le langage « insoumis », les espaces sont les différents lieux qui structurent LFI : il y a le groupe parlementaire (élargi désormais aux eurodéputés) ; l’équipe opérationnelle (la direction) ; l’espace des luttes (qui rassemble les associatifs, les syndicalistes, etc.) ; l’espace politique (les différents partis composant LFI), etc. Une vingtaine de personnes serait donc chargée de mettre en musique ces différentes entités pour gagner en cohérence et en unité du discours. Autre proposition : la création d’un groupe de travail chargé de l’amélioration de La France insoumise. Il devra prendre en compte les demandes de démocratie interne exprimées depuis plusieurs semaines. « Il faut une réponse collective qui permette de relégitimer le fonctionnement du mouvement pour repartir et envoyer un message non seulement en interne et aussi aux électeurs, tient à préciser Manon Le Bretton, responsable de l’école de formation de LFI et signataire de la note interne du 5 juin. Il ne faut pas que ce soit un outil de communication. »
Des cadres et des militants du mouvement de Jean-Luc Mélenchon observent des dysfonctionnements au sein du parti depuis plusieurs semaines.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/22/la-france-insoumise-va-mettre-en-place-un-groupe-de-travail-pour-repondre-aux-tensions-internes_5480052_823448.html
mlsum-fr-1812
« Les Nouveaux Souffles », de Kianoush Ayari. DR « Il était une fois 1979 ». Pour la 7e édition du festival de cinéma iranien qui s’achève mardi 18 juin, l’association Cinéma(s) d’Iran a choisi pour thème les 40 ans de la révolution iranienne. Au Nouvel Odéon, à Paris, les spectateurs ont pu découvrir une sélection de documentaires et de films iraniens portant, de près ou de loin, sur cette période charnière de l’histoire du pays, avec une attention particulière portée aux réalisateurs contemporains. En 1979, le pays est en grève. Raffineries, grandes usines, écoles, universités sont fermées. Les fonctionnaires battent le pavé dans les grandes villes. En février, le régime du chah ne résiste plus à la pression de la rue. Le même mois, l’ayatollah Khomeyni revient à Téhéran après une longue période d’exil. Accueilli en héros par la foule, il joue un rôle-clé dans l’instauration de la République islamique. Loin d’être une césure nette entre deux périodes politiques, la révolution iranienne est le fruit de longs mois de mécontentement populaire. Une période transitoire où l’ébullition de la société iranienne était palpable. Et celle-ci s’est traduite dans l’art. Dans son texte d’introduction, l’association Cinéma(s) d’Iran décrit la révolution comme un événement qui a permis au cinéma iranien de « prendre un nouveau souffle », à la fois « puissant et contradictoire ». « Printemps de la Liberté » C’est l’un des défis que relève ce festival : bousculer l’imaginaire social autour de cet événement historique, souvent présenté comme une période de violences et de drapeaux américains brûlés. Projété mardi 18 juin à 18 heures, le documentaire Les Nouveaux Souffles (1980), de Kianoush Ayari, montre ainsi un Iran postrévolutionnaire euphorique et flâneur. Durant l’été 1979, le jeune homme de 33 ans, diplôme de journalisme en poche, se lance dans les rues de Téhéran avec sa caméra super-8. Les images sont inédites : brutes, sans voix off, elles montrent une société en pleine effervescence. Vendeurs de livres ambulants, jeunes femmes sans voile distribuant des tracts, amateurs de skate dévalant la pente d’un parc ou encore théâtres éphémères où est parodié le chah, toutes les scènes témoignent d’une grande joie, à l’exception de quelques séquences filmées dans les banlieues et bidonvilles du pays, montrant l’extrême pauvreté d’une partie de la population. Ce documentaire s’inscrit sans doute dans le « printemps de la liberté » que vit la société iranienne entre la fin du règne chah et les premières années de la République islamique. Une brève période de liberté d’expression où de nombreux livres et journaux étaient autorisés à la diffusion.
Pour sa 7e édition, le festival Cinéma(s) d’Iran commémore la révolution de 1979. Quarante ans après, le cinéma iranien peine à transmettre un regard neutre sur cette date charnière del’histoire du pays.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/18/cinema-quarante-ans-apres-la-revolution-iranienne-revisitee_5477752_3246.html
mlsum-fr-1813
Boris Johnson, lors de sa conférence presse dans une caserne de police du Yorkshire, le 5 septembre. DANNY LAWSON / AFP Il passe nerveusement la main dans ses cheveux, cherche un peu ses mots, jure qu’il « préférerait crever dans le fossé » plutôt que d’aller quémander un report du Brexit à Bruxelles, finit par s’inquiéter de l’heure quand une policière s’affaisse, juste derrière lui, manifestement prise d’un malaise pour avoir trop longtemps attendu qu’il veuille bien commencer sa conférence de presse. Boris Johnson n’a pas non plus l’air en forme, jeudi 5 septembre, dans le Yorkshire (nord de l’Angleterre), pour cette visite de caserne qui a tout d’un lancement de campagne électorale. Sauf que cette dernière n’a pas officiellement commencé, et c’est bien le problème pour le premier ministre britannique, qui n’a plus d’autre choix qu’un retour aux urnes pour sortir de l’impasse totale du Brexit. Le matin même, il a essuyé un nouveau revers. Particulièrement sévère : Jo, son petit frère, mêmes cheveux couleur paille mais avec quelques kilos en moins, a annoncé sa démission sur Twitter. Il renonce à son poste de ministre des universités, et même à son siège de député conservateur. Ce n’est un secret pour personne : Jo et Boris s’opposent sur le Brexit. Le petit frère, 47 ans, est un « remainer », partisan d’un second référendum. Son entrée, fin juillet, dans un gouvernement prêt à aller au « no deal », en avait étonné plus d’un. « Jo est un garçon fantastique, il n’est pas d’accord avec moi sur l’UE mais c’est comme cela, dans les familles, le Brexit est un sujet qui divise », a reconnu M. Johnson, dans le Yorkshire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Boris, Jo, Rachel et les autres... L’incroyable famille Johnson Jo Johnson explique quitter le navire parce qu’il est « déchiré entre la loyauté familiale et l’intérêt du pays », au moment où Boris, 55 ans, affronte une crise de défiance sans précédent dans ses propres rangs. Mardi 3 septembre, le premier ministre a décidé de limoger du groupe parlementaire conservateur une grosse vingtaine d’élus modérés – dont des figures très respectées (Kenneth Clarke, Nicholas Soames), pour avoir osé défier sa stratégie du Brexit « do or die » et voté une loi l’obligeant à demander un report du Brexit. « Même votre frère ne croit plus à votre stratégie » « Comment les gens peuvent-ils vous croire quand même votre frère ne croit plus à votre stratégie ? », l’interrogent par trois fois les journalistes qui l’ont suivi dans le Yorkshire. « Vous devriez être à Bruxelles en train de négocier plutôt qu’ici ! », lui lance un passant, dans une rue de Wakefield, la petite ville où le premier ministre a osé s’aventurer après sa conférence de presse. Des séquences particulièrement malheureuses pour M. Johnson, qui, aux Communes, n’a pas réussi à convaincre qu’il travaillait d’arrache-pied à un nouveau deal avec les Européens.
Le premier ministre britannique a été lâché par son frère, Jo, qui a annoncé jeudi sa démission du gouvernement. Et n’a plus de solutions pour sortir de l’impasse.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/06/brexit-le-chemin-de-croix-politique-et-familial-de-boris-johnson_5506955_3210.html
mlsum-fr-1814
SÉVERIN MILLET C’est le genre d’affaires qui met les policiers hors d’eux. Ils ne sont pas près d’oublier le cas de « M. Jean-Jacques » (le prénom a été modifié), un gros bonnet du trafic de stupéfiants qui fait dans l’importation de cannabis à grande échelle, en Ile-de-France. Lorsque ce récidiviste, incarcéré à quatre reprises, a mis 110 000 euros sur la table pour l’achat d’un appartement, les enquêteurs étaient certains de pouvoir le coincer à nouveau, en traçant l’origine – douteuse, étaient-ils convaincus – des fonds. Raté. L’apport personnel de « M. Jean-Jacques » est on ne peut plus licite : il correspond à la somme versée par le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions (FGTI). Le trafiquant a en effet bénéficié de la solidarité nationale pour avoir été « plombé à Créteil » : il a reçu une balle dans la jambe au cours d’un règlement de comptes et en a gardé des séquelles. « C’est hallucinant qu’un délinquant notoire puisse être dédommagé au même titre qu’une “vraie” victime, s’insurge un haut gradé de la police nationale. Un coup d’œil à son casier et ça devrait être réglé. Il faut arrêter les conneries, pas question de lui verser un euro ! » Car c’est la collectivité qui paie. Créé en 1986 après une vague d’attentats et financé par une contribution annuelle de 5,90 euros prélevée sur chaque contrat d’assurance (auto, habitation…), le FGTI ouvre des droits à indemnisation à toute victime de terrorisme. Mais aussi, depuis 1990, à toute victime d’infraction de droit commun (viol, agressions sexuelles, violences, tentative d’homicide…), ou à ses ayants droit en cas de décès. Lire aussi Indemnisation des victimes du terrorisme : une garantie apportée pour les policiers et militaires 340 millions d’euros alloués aux victimes en 2018 C’est même l’essentiel des dossiers traités par l’organisme : plus de 16 000 en 2018 (contre 661 pour les victimes d’actes de terrorisme) ; 553,2 millions d’euros de contributions ont été perçus en 2018, et 340 millions d’euros ont été alloués aux victimes. Les montants individuels vont de quelques milliers d’euros à plusieurs millions. « Nous n’avons pas vocation à indemniser les gangsters !, réagit Julien Rencki, le directeur général du FGTI. Ce n’est pas parce qu’une personne a un casier judiciaire bien rempli qu’elle ne peut pas être réellement victime d’une infraction. La loi ne nous autorise pas à juger du comportement de la victime au vu de son passé, nous n’instruisons que les faits du jour J, sur la base des éléments de l’enquête transmis par le parquet. » Il a été conclu que les activités de « M. Jean-Jacques » étaient sans lien direct avec les faits.
Victimes de viol, de règlements de comptes, de violences... Comment le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d’autres infractions décide des indemnités à leur verser et de leurs montants. Cas d’école et cas de conscience.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/02/plongee-dans-le-systeme-d-indemnisation-des-victimes_5484046_3224.html
mlsum-fr-1815
La philosophe Marlène Zarader, à Paris, en 2014. Editions Verdier Ses étudiants et ses lecteurs le savent, la philosophe Marlène Zarader a cette qualité rare de savoir affronter les auteurs ­réputés les moins accessibles avec une clarté de cristal. Que ce soit en chaire, dans ses livres ou dans son bel appartement à tomettes situé dans le centre de Montpellier, à deux pas du Musée Fabre, cette femme discrète, professeure émérite d’histoire de la phi­losophie contemporaine à l’université Paul-Valéry Montpellier-III, aplanit les aspérités retorses des philosophes pour en ­arracher les questions les plus enfouies. Elle aime s’étonner sur les textes, en particulier sur ceux de Martin Heidegger (1889-1976), dont elle est en France l’une des spécialistes. Depuis quelques années, son travail a cependant pris un cours autonome. Si son livre qui s’est le mieux vendu reste un cours sur la première partie d’Etre et temps (Lire « Etre et temps » de Heidegger, Vrin, 2012), excellente introduction à un continent philosophique souvent impénétrable, ses derniers ouvrages s’aventurent dans des territoires « autres », plus personnels, explorant les tribulations de l’identité moderne ou, au contraire, la sourde tentation de ne plus être, comme dans son nouvel essai, Cet obscur objet du vouloir. Ses chemins de pensée passent désormais aussi par la littérature, incarnée notamment par le poète Yves Bonnefoy (1923-2016), qu’elle a bien connu ; mais également par le cinéma, puisqu’elle prend pour point de départ de sa réflexion deux films de Krzysztof Kieslowski, Décalogue 6. Tu ne seras point luxurieux (1988) et Trois couleurs. Rouge (1994). Rien de macabre chez Marlène Zarader Humble, elle qui est la mère de la réalisatrice Laure Bourdon Zarader affirme n’avoir pas un usage « informé » du cinéma. Mais cela ne l’empêche nullement de « solliciter toutes les œuvres qui donnent à penser », suivant en cela la leçon de Heidegger, dont le mérite consiste à avoir intégré à la philosophie des objets non philosophiques, telle la poésie, comme outils du penser à côté des ­concepts. « En entendant deux personnages de Kieslowski prononcer la réplique “Je ne veux rien”, raconte-t-elle, j’ai été saisie d’un étonnement auquel je ne pouvais apporter de réponse et qui a suscité le corpus partiel que j’analyse dans mon livre. » D’où ce parcours consacré non seulement à la volonté de s’abandonner à l’amour de Dieu ou d’autrui, mais aussi à celle de mourir, qui structure, sur le mode de l’impensé ou de la part maudite, notre existence.
Après avoir longtemps travaillé sur Heidegger, elle explore désormais l’identité contemporaine, en empruntant à la poésie et au cinéma.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/02/marlene-zarader-resiste-a-l-obscur_5470452_3260.html
mlsum-fr-1816
Frances Westall, géologue, directrice du groupe d'exobiologie du CBM, Centre de biologie moleculaire du CNRS, à Orléans, en 2013. RGA/REA Enfant, Frances Westall se rêvait archéologue. Aujourd’hui, elle explore un passé bien plus lointain, distant de 3 à 4 milliards d’années. Comment la vie est-elle apparue ? « C’est l’une des principales questions de l’humanité », assure-t-elle. A 64 ans, elle dirige le groupe de recherche exobiologie au Centre de biophysique moléculaire (CBM) du CNRS d’Orléans. Quelques planches de BD des aventures martiennes de Calvin et Hobbes affichées à l’entrée de son bureau donnent le ton : l’exobiologie est intimement liée à l’exploration spatiale. Il s’agit tout autant de comprendre l’origine de la vie sur Terre que d’en rechercher les possibles signes extraterrestres. La prochaine mission d’exploration ExoMars 2020 ambitionne d’ailleurs de trouver d’éventuelles traces de vie primitive sur la Planète rouge. Car, sur Terre, l’intense activité tectonique a empêché toute préservation de signatures biologiques antérieures à 3,5 milliards d’années. A bord du rover de l’Agence spatiale européenne (ESA), l’instrument d’imagerie de pointe codéveloppé par la chercheuse devrait fournir des informations cruciales sur la géologie du terrain et des échantillons prélevés par le robot. « Les scénarios d’apparition de la vie doivent correspondre à un environnement terrestre réaliste, martèle la scientifique. Et la géologie peut apporter des réponses quant à cet environnement. » La contribution de Frances Westall s’étend aussi au choix du site d’atterrissage de la mission. « Je ne peux rien imaginer de plus excitant et de plus passionnant que de participer à l’exploration de Mars », s’exalte celle qui se décrit comme une « vagabonde scientifique ». La recherche en itinérance Elle passe les premières années de sa vie à Johannesburg. Sa famille, d’origine anglaise, quitte l’Afrique du Sud à sa sortie du Commonwealth, en 1961, pour retourner au Royaume-Uni. Mais son pays natal comporte l’une des formations géologiques les plus anciennes de la planète, la « ceinture de roches vertes » de Barberton. Une aubaine pour qui étudie les premières traces de la vie. Frances Westall y effectuera de nombreuses expéditions scientifiques. En mai, elle a publié une incroyable découverte, celle des plus vieux dépôts de matière organique d’origine extraterrestre jamais identifiés sur Terre Avec un confrère chimiste, elle a publié en mai une incroyable découverte, celle des plus vieux dépôts de matière organique d’origine extraterrestre jamais identifiés sur Terre. L’objet de l’étude ? Une roche de 3,33 milliards d’années rapportée de Barberton, conservée dans une boîte en plastique entre deux piles de documents. La chercheuse confie : « Elle traînait sur mon bureau depuis dix ans avant que mon collègue ne se penche dessus. »
De la géologie à l’exploration de Mars, et de Johannesburg à Orléans en passant par Bologne et Houston, la quête des sources premières de la vie s’impose comme le fil rouge du parcours de cette chercheuse inlassable.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/11/02/frances-westall-a-la-poursuite-des-origines-de-la-vie_6017811_1650684.html
mlsum-fr-1817
Gaëlle Krikorian, responsable du programme sur l’accès aux médicaments au sein de Médecins sans frontières. MSF Il est 18 heures, à deux pas de la place de la Bastille dans une annexe du siège ­parisien de Médecins sans frontières (MSF). Gaëlle Krikorian rentre de Bruxelles et repart le lendemain matin pour Genève, deux places fortes pour les joutes entre représentants de l’industrie pharmaceutique, des institutions sanitaires internationales et des organisations non gouvernementales (ONG). Et sur les murs de son bureau mansardé équipé d’un canapé-lit, on découvre les affiches de la Campagne pour l’accès aux médicaments essentiels (CAME) de MSF. Car au sein de ce département créé en 1999 et comptant une soixantaine de personnes, Gaëlle Krikorian a pour mission de défendre la politique de MSF dans ce domaine et de réfléchir aux conditions d’un accès équitable, dans les pays du Sud comme dans ceux du Nord. Une manière pour cette ancienne militante d’Act Up de renouveler son engagement en ­faveur des valeurs qui l’habitent. « J’ai besoin d’avoir une dynamique de résistance, sinon ça m’étouffe, et Act Up, ça a surtout été une école. Cela nous a appris à déconstruire, à décrypter », confie-t-elle. « Je suis toujours aussi militante que je l’étais à l’époque, mais j’ai appris à intégrer les codes de mes interlocuteurs, à ne plus réagir frontalement », poursuit-elle. Indignation Dans sa voix, l’indignation demeure, mais elle est adoucie par des années d’expérience qui ont façonné sa vision nuancée mais sans compromis de ses combats. « Elle est d’une haute exigence politique et intellectuelle envers elle-même et envers les autres. En termes de militante, c’est la crème de l’activisme car elle a une pensée stratégique et tactique et en même temps concrète », témoigne François Berdougo, de la Société française de santé publique, qui l’a connue à Act Up. « Elle est très forte pour attaquer un sujet à son point de blocage afin de trouver des solutions durables. S’intéresser à la question de la propriété intellectuelle plutôt qu’au ­financement des marchés du médicament a permis de travailler à des solutions pérennes qui ne sont plus dépendantes des sources momentanées de financement », précise-t-il. « Elle est à la fois intelligente, courageuse et sûre d’elle-même et, à l’époque d’Act Up, elle était très ferme sur ses positions. Aujourd’hui, elle a acquis une sagesse et une capacité à travailler avec les autres qu’elle n’avait pas toujours à cette époque », nuance Marie de Cenival, une autre ancienne d’Act Up et fondatrice du collectif féministe La Barbe. « Elle a beaucoup d’écoute et c’est quelqu’un qui inspire le respect », complète Frédérique Chabaud, dont elle fut la collègue au sein du Parti vert au Parlement européen de 2011 à 2015. « C’est quelqu’un qui sait faire bouger les lignes en assumant avec cohérence ses postures anticonformistes », poursuit-elle.
La chercheuse en sciences sociales défend la politique de Médecins sans frontières pour l’accès équitable aux traitements essentiels dans les pays du Sud comme ceux du Nord.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/01/gaelle-krikorian-negociatrice-sans-concessions-pour-l-acces-aux-medicaments_5470135_1650684.html
mlsum-fr-1818
Le terme « féminicide » s’est imposé lors des mobilisations contre les violences conjugales : peint en noir sur des torses nus façon Femen, le mot côtoyait, dans les cortèges, des banderoles dénonçant le patriarcat et la domination machiste. Il est ensuite apparu peu à peu dans les titres de la presse, puis, dans la bouche de nombreux responsables politiques : la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, l’emploie couramment. En France, le terme est sorti peu à peu des cercles militants et universitaires : depuis 2015, il figure d’ailleurs dans Le Robert. Tiré du latin femina (femme) et caedere (tuer), le mot désigne le meurtre d’une femme par un homme « en raison » de sa condition de femme. C’est une sociologue et militante féministe sud-africaine, Diana Russell, qui l’a utilisé publiquement pour la première fois, en 1976, pour qualifier « le meurtre de femmes par des hommes motivés par la haine, le mépris, le plaisir ou le sentiment d’appropriation des femmes ». Seize ans plus tard, elle en a fait le titre d’un livre coécrit avec la professeure de criminologie anglaise Jill Radford (Femicide, The Politics of Woman Killing, Open University Press, non traduit). « Utiliser ce mot est un acte politique puissant : il consiste à reconnaître le caractère systémique de ces meurtres », l’historienne Lydie Bodiou Dans cet ouvrage, les deux chercheuses définissent le féminicide comme « le meurtre misogyne de femmes par des hommes » (the misogynist killing of women by men). « Pour elles, les féminicides constituent le point extrême des violences masculines contre les femmes, résume l’historienne Lydie Bodiou, qui a collaboré à l’ouvrage collectif On tue une femme. Le féminicide, histoire et actualités (Hermann, 460 pages, 35 euros). Cette mise à mort s’inscrit, selon elles, dans un continuum des violences contre les femmes. Utiliser ce mot est un acte politique puissant : il consiste à reconnaître le caractère systémique de ces meurtres. » C’est en Amérique latine que le terme s’est imposé le plus facilement. Sur ce continent où la violence machiste fait des ravages, dix-huit pays se sont, depuis 2007, dotés de législations pour lutter contre ce fléau. « Le premier féminicide inscrit dans la mémoire collective, celui qui a connu un écho international, est celui des sœurs Mirabal en 1960, qui étaient des opposantes à Rafael Trujillo, le dictateur de la République dominicaine, rappelle Lydie Bodiou. C’était à la fois un assassinat politique et un acte commis contre des femmes parce qu’elles étaient des femmes – l’une des sœurs s’était refusée au dictateur. » Le jour de leur mort, le 25 novembre, est devenu un symbole : l’Organisation des Nations unies (ONU) en a fait la date de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Pour conférer un sens politique aux crimes que l’on disait « passionnels », une sociologue féministe a forgé, en 1976, le terme « féminicide », cherchant ainsi à insister sur le caractère systémique de ces actes.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/03/histoire-d-une-notion-feminicide-des-milieux-militants-au-terrain-politique_5505854_3232.html
mlsum-fr-1819
Nabil Karoui, magnat tunisien des médias et candidat à l’élection présidentielle, le 2 août 2019 à Tunis (Tunisie). HASNA / AFP L’un des deux candidats au second tour de la présidentielle en Tunisie, Nabil Karoui, actuellement incarcéré, a déposé, mardi 8 octobre, un recours en justice afin de demander le report de ce scrutin prévu le 13 octobre, a indiqué l’un de ses avocats. Le tribunal administratif a confirmé l’avoir reçu, sans détailler dans quel délai il pourrait y répondre. Ce recours fait valoir que l’égalité des chances n’est pas respectée entre les deux candidats, a précisé l’avocat de M. Karoui, Me Nazih Souei, qui demande le report de l’élection jusqu’à ce que son client soit libéré pour faire campagne. Nabil Karoui, un homme d’affaires et des médias dont le parti, fondé il y a six mois, serait arrivé second aux législatives de dimanche, selon plusieurs sondages , est en prison depuis le 23 août dans le cadre d’une enquête pour blanchiment. Lire aussi La Tunisie face au risque d’un Parlement fragmenté après les élections législatives Soupçons d’instrumentalisation de la justice Il avait déposé, le 30 septembre, une demande officielle à l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE) pour « pouvoir se déplacer dans tous les gouvernorats pendant la campagne, et être en contact direct avec les médias », a indiqué son parti, Qalb Tounes, dans un communiqué. « En l’absence de réponse, de la part de l’ISIE, nous avons demandé le report du second tour jusqu’à l’expiration des motifs de l’inégalité des chances », selon le même communiqué de son parti. « M. Nabil Karoui tient à son droit de se présenter au deuxième tour de la présidentielle anticipée », écrit son parti, démentant des « rumeurs » selon lesquelles il envisagerait de se retirer. Lire le portrait : Nabil Karoui, le Rastignac des médias L’ISIE, ainsi que de nombreux responsables politiques tunisiens et des observateurs internationaux, avaient appelé à ce que M. Karoui puisse faire campagne de façon équitable. La date de l’arrestation de ce candidat, peu avant la campagne présidentielle, et ses modalités juridiques, ont alimenté des soupçons d’instrumentalisation de la justice. Le candidat arrivé en tête au premier tour de la présidentielle, l’universitaire Kais Saied, a annoncé samedi qu’il cessait de faire campagne afin de respecter l’égalité des chances avec son adversaire en prison. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avis de turbulences politiques en Tunisie avant les élections législatives et présidentielle
Le patron du média Nessma TV, actuellement incarcéré et empêché de faire campagne, a déposé un recours en justice pour « inégalité des chances ».
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/08/tunisie-le-candidat-nabil-karoui-demande-le-report-de-la-presidentielle_6014719_3212.html
mlsum-fr-1820
Le cours du bitcoin a rebondi après sa violente chute en 2018. Il s’approche de nouveau de la barre des 10 000 dollars. DADO RUVIC / REUTERS Qu’on les admire ou qu’on les déteste, les cryptomonnaies sont désormais installées. L’annonce de Facebook, le 18 juin, de lancer la sienne – le libra – l’illustre. Et si le cours du bitcoin continue à osciller furieusement, il a rebondi après sa chute en 2018, et il s’approche de nouveau de la barre des 10 000 dollars, soit 8 784 euros (après un pic à 17 000 dollars fin 2017 et un creux à 3 000 dollars l’année suivante). Si bien que les régulateurs des principales places financières de la planète commencent à mettre en place des cadres pour ces ovnis de la finance. De Singapour à Londres en passant par Paris, les shérifs débarquent au Far West des monnaies virtuelles. La France, qui préside cette année le G7, a décidé de mettre sur pied un groupe de travail consacré aux projets de cryptomonnaies dont celui de Facebook. Certains acteurs du marché affirment les accueillir à bras ouverts. « Le nerf de la guerre sera d’être régulé », revendique Lionel Fournier. Cet ancien de la BNP et de Bank of America Merrill Lynch travaille depuis 2018 pour BitSpread, une start-up de douze personnes installée à Singapour et à Londres. Lui qui a longtemps été sceptique face à l’essor des cryptomonnaies estime qu’elles sont en train de se normaliser. « L’objectif est de convaincre l’argent traditionnel, celui des fonds de pension ou des gérants institutionnels, de venir vers cette nouvelle frontière. Mais il faut, pour cela, avoir des structures pérennes et sûres. » Ce qui nécessite d’être reconnu et encadré par les régulateurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Libra : à long terme, la cryptomonnaie de Facebook sera-t-elle un défi pour les banques centrales ? Un foisonnement sans doute impossible à arrêter Ces derniers commencent à le faire. Singapour et la Suisse ont fait partie des précurseurs. En France, la loi Pacte vient d’autoriser les fonds d’investissement en cryptomonnaies. Au Royaume-Uni, le régulateur, la Financial Conduct Authority (FCA), a lancé une consultation sur le sujet et doit publier sa stratégie cet été. « Pour l’instant, une cryptomonnaie au Royaume-Uni n’est pas régulée, elle est traitée comme s’il s’agissait d’argent liquide, explique Jérôme Lussan, directeur de Laven Partners, une société spécialisée dans la régulation financière. Cela signifie qu’on peut arriver de n’importe où et mettre son argent dans des cryptomonnaies sans qu’aucune question ne soit posée. » Il demande que la FCA classe le bitcoin et les autres cryptomonnaies comme des « instruments financiers ». Automatiquement, les règles contre le blanchiment d’argent s’appliqueraient.
Les régulateurs commencent à vouloir encadrer les cryptomonnaies dont celle de Facebook. Un mouvement que saluent certains acteurs.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/25/monnaies-virtuelles-les-sherifs-de-la-regulation-debarquent_5480952_3234.html
mlsum-fr-1821
Julie Balagué pour M Le magazine du Monde Ingrédients pour 4-6 personnes 1 poulet fermier 2 beaux oignons 1 grosse poignée d’herbes aromatiques du jardin, cueillies quand le soleil est au plus fort (thym, hélichryse, serpolet, romarin…) 1 grosse pincée de reines-des-prés (Filipendula ulmaria) séchées Sel non raffiné, poivre du moulin, huile d’olive et huile de pépins de raisin Pour l’accompagnement 1 kilo de pommes de terre nouvelles 1 grosse poignée de têtes d’orties fraîches, récoltées jeunes Etape 1 : la préparation Quelques heures à l’avance, assaisonner le poulet de gros sel et poivre du moulin (peau et intérieur) et le fourrer éventuellement de quelques branches d’herbes. Peler et ciseler les oignons grossièrement. Hâcher finement les herbes au couteau, en ôtant les parties ligneuses. Etape 2 : la cuisson Dans une grande cocotte en fonte, faire chauffer 4 cuillérées d’huile (idéalement un mélange pépins de raisin et olive) et faire revenir rapidement les oignons. Ajouter le poulet, le faire dorer sur toutes les faces, puis parsemer les herbes hachées et les reines-des-prés. Verser 1 verre d’eau sur la bête. Dès que l’eau bouillonne au fond de la cocotte, ajouter un demi-verre, couvrir, et ainsi de suite jusqu’à atteindre le tiers de la hauteur du poulet. Laisser mijoter à couvert et à feu doux de 30 à 45 min, selon la taille de la volaille, en la retournant de temps à autre, et en ajoutant un peu d’eau si le jus commence à se figer ou à trop caraméliser. Ajuster l’assaisonnement et vérifier la cuisson en piquant le poulet jusqu’à ce qu’il ne produise plus d’exsudat et que la chair commence à se détacher des cuisses. Etape 3 : le dressage Servir avec les pommes de terre nouvelles revenues à la sauteuse avec un peu d’huile, et les jeunes orties finement hachées.
Un poulet fermier, des herbes aromatiques du jardin et des pommes de terre nouvelles. Une préparation rapide avec trois fois rien, et une cuisson longue, en cocotte.
https://www.lemonde.fr/les-recettes-du-monde/article/2019/07/05/le-poulet-aux-herbes-sauvages-la-recette-rapide-d-eric-lenoir_5485815_5324493.html
mlsum-fr-1822
Tribune. Il y a des vies qui naissent à quelques années de la haine. Quelques mois parfois, ou même en plein dedans. A la naissance, il y a déjà des ennemis. Des mots à répéter, d’autres à ne pas prononcer. Devenues adultes, ces vies-là mesurent la distance à parcourir et les mots à retrouver pour se rapprocher. Gal Hurvitz, Ines Tanovic-Sijercic, Yannick Kamanzi et Amir Hassan ont grandi à Tel-Aviv, Sarajevo, Kigali et Gaza. Ils héritent d’un conflit ou vivent à l’intérieur. Ils n’ont pas de haine, on leur demande souvent pourquoi. Ils se sont tous croisés et ont partagé leur idée de la réconciliation. Nous sommes en août 2018, Ines revient là où elle a grandi, à Mostar, en Bosnie. Elle traverse les champs de tabac de l’Herzégovine, longe la Neretva, s’arrête à la terrasse d’un restaurant. A quelques tables, un visage familier. Elle reconnaît Dragan Covic, président de l’Union démocratique croate de Bosnie-Herzégovine. Ce visage la renvoie à des sentiments d’enfant et de mauvais souvenirs. « Cet homme assis là dirigeait pendant la guerre une usine qui avait demandé que les prisonniers musulmans viennent y travailler gratuitement. » Le père d’Ines, qui faisait partie des détenus, aurait pu être concerné. Vingt-cinq ans plus tard, à la terrasse du café, elle ne s’est pas levée, n’a rien dit. Ines n’a jamais cherché à se venger : à 9 ans, elle est touchée dans la cour de l’immeuble par un obus bosniaque, alors qu’elle courait pour ne pas rater un épisode de Santa Barbara. Son père est emprisonné par les Croates. Elle fait partie de ces enfants de couples « mixtes » à Mostar : un père bosniaque, une mère croate. Le schéma ne résiste pas aux années 1990, qui opposent les deux communautés de la ville. Encore aujourd’hui, la cinquantaine de morceaux de métal qui restent sous sa peau lui font mal quand le ciel est bas. Pas évident de savoir à qui en vouloir. « On se crie tout ici ! » Dans les années 1990, Gal grandit à Tel-Aviv. A 9 ans, elle accompagne sa mère à une manifestation pour la paix. Nous sommes le 4 novembre 1995, place des Rois d’Israël. « Quand j’étais enfant, le mot “paix” était un mot légitime : on en parlait à l’école, à la télévision. Aujourd’hui, on ne l’entend presque plus. La discussion autour de la paix est devenue un truc de gauche. » Ce 4 novembre, Gal marche avec sa mère, elles ont des places pour le concert d’une pianiste japonaise dans le même quartier. Avant la première note, elles entendent des bruits sourds. Ne pensent pas à quelque chose de grave. A l’entracte, la mère de Gal reçoit un appel de son père, se met à pleurer. Yitzhak Rabin vient d’être assassiné. Le concert ne reprend pas. La réconciliation sera retardée.
Se réconcilier (4/6). Dans le quotidien de jeunes adultes nés en Bosnie, au Rwanda, en Israël ou en Palestine se joue le rapprochement avec « l’ennemi » d’hier, relate la journaliste Aurélie Charon.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/22/les-mots-a-retrouver-pour-se-rapprocher_5501629_4415198.html
mlsum-fr-1823
L’infection prénatale au cytomégalovirus peut entraîner des séquelles, allant du simple trouble auditif au retard psychomoteur sévère. Burger/Phanie Sur les sièges colorés, 5 ou 6 jeunes femmes patientent. Seules, ou accompagnées d’une mère ou d’un compagnon. Leur point commun : un ventre-ballon impressionnant. Nous sommes dans le service d’obstétrique et de médecine fœtale du professeur Yves Ville, à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris (AP-HP). Plus précisément, dans la consultation de diagnostic prénatal. « C’est ma deuxième grossesse. Mon aîné a 21 mois et il est gardé en crèche, raconte Muriel. Tout se déroulait parfaitement jusqu’à l’échographie du troisième trimestre. Cet examen a détecté une petite anomalie du cerveau du bébé : un ventricule gauche un peu dilaté. Très vite, j’ai été orientée ici. Une amniocentèse [analyse d’un prélèvement de liquide amniotique] a révélé que le bébé était infecté par un virus que je ne connaissais pas, le cytomégalovirus. Et l’IRM a montré qu’il avait un kyste au cerveau. » Mais le suivi du bébé montre un développement rassurant. « La seule incertitude concerne un éventuel déficit auditif, qu’on ne pourra détecter qu’après la naissance. » Le nouveau-né sera alors étroitement suivi dans le Centre national de référence des infections à CMV, à Necker, que dirige le docteur Marianne Leruez-Ville. Le cytomégalovirus : qui a entendu parler de ce virus au nom étrange ? Il est pourtant responsable d’infections fréquentes mais bénignes, qui passent inaperçues ou se traduisent par un banal syndrome grippal. Mais ce caractère anodin est trompeur. Car ce germe réserve sa nocivité aux fœtus, quand ils sont infectés dans le ventre maternel. « Environ 0,3 % des grossesses sont à risque. Plus précisément, 1 % des femmes enceintes vont faire une infection au CMV, dont un tiers en début de grossesse. Or nous avons montré que seules les infections acquises lors des douze premières semaines de grossesse entraînent un risque de handicap neurosensoriel pour l’enfant à naître », résume Yves Ville. « Un vrai problème de santé publique » L’importance du problème a été reconnue, en février 2018, par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) : « Effectivement l’infection en période prénatale représente un vrai problème de santé publique puisque de 0,7 % à 0,8 % des nouveau-nés sont infectés pendant la grossesse, avec un taux de transmission de 30 % à 40 % pour les primo-infections. Le pourcentage d’enfants présentant une atteinte à la naissance est de l’ordre de 13 %, dont 30 % à 40 % garderont des séquelles variables, allant du simple trouble auditif au retard psychomoteur sévère. » En France, « on pourrait évaluer de 1 000 à 1 500 [le nombre des] enfants nés avec séquelles chaque année », avance le CNGOF. Pour les cas les plus lourds, les parents peuvent décider d’une interruption médicale de grossesse.
En France, de 1 000 à 1 500 enfants naîtraient chaque année avec des séquelles neurosensorielles parfois sévères, à la suite d’une infection par ce virus lors d’une grossesse.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/25/cytomegalovirus-chez-la-femme-enceinte-des-risques-meconnus-et-negliges_5481043_1650684.html
mlsum-fr-1824
« Le Captif de Malte. Récit autobiographique d’un cadi ottoman », de Ma‘cûncizâde Mustafa Efendi, traduit du turc ottoman et présenté par Hayri G. Özkoray, Anacharsis, « Famagouste/EPHE », 112 p., 15 € « Je souhaite que Dieu anéantisse Malte. » « Que Dieu détruise cette bande d’hérétiques. » Ma‘cûncizâde Mustafa Efendi enrage dans sa cellule. Le 16 mai 1597, après une nuit de bataille, le navire sur lequel il voguait vers Chypre, où il devait s’installer dans ses fonctions de cadi (juge, notaire, adminis­trateur…) de l’Empire ottoman, a été pris par les hommes de Saint-Aubin, « le maudit capitaine français » de l’ordre de Saint-Jean. Le voici dans la prison de La Valette, sur l’île de Malte, bastion de l’ordre, dont les escadres, qui rayonnent à travers la Méditerranée, multiplient les assauts contre les forces ­ottomanes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Une mer jalousée », de Guillaume Calafat : une histoire du partage de la Méditerranée Ma‘cûncizâde va rester deux ans dans ses geôles, ces « grottes de souffrance (…) tortueuses comme les étages inférieurs de l’Enfer ». Alors, il écrit, raconte, se plaint, dénonce, médite, prie, cite le Coran, compose des poèmes, dans un texte à la fois fébrile et ­savant, raffiné et impétueux, qui doit lui servir de sauf-conduit auprès des autorités ­ottomanes : si elles le lisent, sans doute prendront-elles en pitié un homme aussi pieux, aussi cultivé, doté d’un tel talent littéraire, et paieront la rançon exigée par l’ordre de Saint-Jean. Ce qui se passera, en effet, au ­printemps 1599. Le cadi n’a pas travaillé en vain. Les boîtes d’archives s’ouvrent D’autant moins que son manuscrit, conservé à la bibliothèque Selim Aga d’Istanbul, est l’un des rares témoignages sur la vie des nombreux musulmans alors détenus par les troupes chrétiennes de Méditerranée. Et que ce document, ô combien précieux pour les historiens, se révèle tout aussi réjouissant pour le simple ­curieux. En le publiant pour la première fois en français ce Captif de Malte, les éditions Anacharsis creusent un peu plus le sillon tracé par leur collection « Famagouste » : celui de la ­confiance dans la force de l’archive comme lieu de savoir et, tout à la fois, de plaisir ­littéraire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un électron libre dans la Méditerranée connectée du XVIe siècle Ce livre inaugure une nouvelle série au sein de « Famagouste », menée en collaboration avec l’Ecole pratique des hautes études (EPHE), à l’initiative du chercheur Nicolas Vatin. Un deuxième volume ­paraît en même temps : Les Faux-Monnayeurs d’Istanbul (textes présentés et traduits du turc ottoman par Marc Aymes, 204 p., 18 €), où sont rassemblées les pièces d’une instruction criminelle de 1844. Un ou deux titres paraîtront chaque année, qui toucheront bientôt à d’autres domaines que le monde ottoman. « On envisage des traductions de toutes les ­langues ­étudiées à l’EPHE, et de toutes les époques », précise Charles-Henri Lavielle, cofondateur d’Anacharsis. Les boîtes ­d’archives vont continuer de s’ouvrir, et les ­laboratoires de recherche avec elles. La vie circule, toutes les vies dormantes, que l’histoire réveille.
Rendez-vous de l’histoire. Les éditions Anacharsis publient le récit de captivité d’un turc fait prisonnier de chrétiens en Méditerranée à la fin du XVIe siècle. Un plaisir de lecture.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/03/le-captif-de-malte-de-ma-cuncizade-mustafa-efendi-l-archive-nue_6014032_3260.html
mlsum-fr-1825
Exposition à Londres des photographies des dessins et slogans, aujourd’hui effacés pour la plupart, qui émaillent les manifestations au Soudan depuis février 2019. TOLGA AKMEN / AFP Jumana Amir, 20 ans, passe et repasse devant la petite trentaine de photos exposées dans une salle d’université à Londres et montrant des œuvres de street art réalisées lors du sit-in antigouvernemental à Khartoum : ces images, « c’est tout ce qu’il nous en reste », glisse-t-elle à l’AFP, émue. A Khartoum le 5 juillet 2019. ASHRAF SHAZLY / AFP Car, depuis la dispersion du sit-in dans le sang le 3 juin, « beaucoup » de ces peintures murales ont été « effacées », assure Marwa Gibril, membre de la branche britannique du Syndicat de médecins soudanais, SDU UK, qui organise cette exposition éphémère consacrée à « l’art révolutionnaire soudanais » dans l’enceinte de l’Université SOAS, spécialisée dans l’étude de l’Afrique, de l’Asie et du Moyen-Orient. Ce n’est pas la première fois que Jumana Amir voit ces fresques. Originaire du Soudan, elle est arrivée au Royaume-Uni à l’âge de 3 ans avec ses parents, mais sa famille restée à Khartoum est « très active » dans les manifestations. Lire aussi Comment militaires et opposants se sont mis d’accord sur la transition politique au Soudan « Ils étaient au sit-in, je les appelais en mode vidéo et je voyais ces peintures » derrière eux, raconte-elle. « Malheureusement, tout est parti maintenant », déplore la jeune fille aux tresses mêlées de rouge et de vert – les couleurs du Soudan – et venue spécialement de Cardiff, où elle étudie, pour l’exposition programmée vendredi 12 juillet et samedi 13 juillet. Ses œuvres préférées : celles montrant des femmes, qu’elle considère comme « une des principales forces » du mouvement. Exposition à Londres des photographies des dessins et slogans, aujourd’hui effacés pour la plupart, qui émaillent les manifestations au Soudan depuis février 2019. TOLGA AKMEN / AFP Comme cette large peinture colorée représentant deux Soudanaises qui s’adressent aux foules le poing levé et parées des lourdes boucles d’oreille traditionnelles. Ou encore ce visage de femme aux sourcils froncés, dessiné en noir, avec ces mots en arabe qui s’échappent de sa bouche grande ouverte : « La voix d’une femme est une révolution. » L’imposant graffiti est signé Esra Awad, le 24 avril. « On connaît le nom de certains artistes, et parmi ceux-là, certains ont disparu. Après la fin du sit-in, ils n’ont jamais été retrouvés. On ne sait pas s’ils sont vivants ou morts », souligne Marwa Gibril. « Langage universel des artistes » Depuis le 3 juin, la répression a fait 136 morts, dont une centaine dans la seule dispersion du sit-in, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités, elles, parlent de 71 morts depuis la même date. Le 5 juillet, un accord a été conclu entre le pouvoir et la contestation sur une instance de transition, premier signe d’une sortie de crise dont l’épicentre a été le sit-in. Le sit-in, débuté le 6 avril devant le quartier général de l’armée, était « comme un Etat dans l’Etat (…) avec des gens qui s’organisaient par eux-mêmes », se rappelle avec fierté le docteur soudanais Ahmed Hashim, qui exerce à Londres mais qui a pris plusieurs des photos exposées lors d’un court séjour à Khartoum en avril. A Khartoum, au Soudan, slogan vu durant les manifestations du 27 juin 2019 : « Je dirai tout à Dieu ». Umit Bektas / REUTERS « Je les ai vus peindre (…) sur les murs mais aussi sur le sol, se souvient-il. Il y avait des stands de soins médicaux, une estrade sur laquelle des chanteurs interprétaient des chants révolutionnaires. » Un film diffuse ces scènes de vie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Trente ans après le coup d’Etat, les Soudanais exigent « tout le pouvoir aux civils » Grâce à l’exposition, « n’importe qui peut regarder et comprendre ce qui se passe » au Soudan, même sans parler arabe, se réjouit Jumana Amir, alors que la plupart des photographies amateurs ne sont pas légendées. « C’est pour ça que les artistes sont notre plus grande arme. Ils parlent un langage universel », estime-t-elle. Parmi les œuvres représentées, deux sont d’ailleurs inspirées du travail du célèbre artiste de rue britannique Banksy. Exposition à Londres des photographies des dessins et slogans, aujourd’hui effacés pour la plupart, qui émaillent les manifestations au Soudan depuis février 2019. TOLGA AKMEN / AFP Mais les organisateurs exigent plus qu’un coup d’œil ou une oreille tendue. « Nous vous demandons votre solidarité, pas seulement votre curiosité », est-il écrit sur une feuille A3 scotchée sur un poteau. Et sur une banderole à la sortie : « Leurs balles ne nous tueront pas, ce qui tue c’est votre silence. »
De nombreuses fresques et peintures réalisées lors des manifestations populaires qui ont conduit à la chute du dictateur Omar Al-Bachir en avril ont été détruites.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/08/la-revolution-soudanaise-et-son-street-art-efface-s-exposent-a-londres_5486859_3212.html
mlsum-fr-1826
Mamadou Konté, fondateur du festival Africa Fête de Marseille. Africultures Chronique. Le mercredi 19 juin a marqué le 22e anniversaire de la disparition de Mamadou Konté. Pour cette occasion, aucune cérémonie officielle, mais des proches éparpillés aux quatre coins du monde qui ont échangé photos souvenirs et témoignages chaleureux. Car si la biographie officielle de Mamadou Konté se résume à une poignée de dates, sa légende est, elle, riche et vivace. Je n’ai jamais rencontré la longue silhouette filiforme de Mamadou Konté. Pourtant, son éternel chapeau rond vissé sur ses dreadlocks, son sourire proverbial et sa barbichette en bataille me sont aussi familiers que les traits de mon propre père. Né vers 1945 ou 1946 en pays soninké, Mamadou Konté se joue des assignations à domicile. Pour certains, il est malien. Pour d’autres, il reste sénégalais de cœur. Passé l’adolescence, il s’embarque pour l’aventure comme beaucoup de jeunes de sa région. Après une traversée clandestine dans les soutes d’un vieux paquebot, le voilà à Marseille en 1965. Il apprend à lire à partir de tracts politiques Quelques mois plus tard, Mamadou Konté est ouvrier en région parisienne. Comme ses congénères, il partage son temps entre l’usine et le foyer Sonacotra où il est logé. Illettré, jeune, noir, immigré et musulman, personne ne parierait un franc sur le sort du Soninké censé finir ses jours là où il a commencé sa carrière : au plus bas de l’échelle dans la France du deuxième gouvernement de Georges Pompidou. Lire aussi Au Festival gnaoua d’Essaouira, des fusions musicales tous azimuts Mais c’était sans compter avec l’esprit libertaire de Mai 68 qui parvient à changer radicalement le destin du Sahélien. Des militants d’extrême gauche se lient d’amitié avec des jeunes ouvriers africains. Le courant passe. Mamadou Konté apprend à lire à partir des tracts politiques. En 1969, il organise avec une poignée de camarades les grèves de loyers dans les foyers de travailleurs immigrés. Les ouvriers gagnent la partie contre les gérants de foyers insalubres. Une première. Arrivé au pouvoir en 1974, le président Giscard d’Estaing lance une politique d’aide au retour pour les immigrés s’engageant à quitter l’Hexagone. Mamadou Konté et les siens créent une association d’aide au retour des travailleurs africains. Il s’agit de préparer intelligemment le retour au pays de ceux qui le désirent. Ce travail collectif a pour principal vecteur le champ culturel. L’intuition de Konté est payante. Les liens entre le monde immigré et les artistes se renforcent à partir de 1976. Et le chanteur français François Béranger compose dans la foulée le célèbre tube Mamadou m’a dit, un plaidoyer caustique pour la fraternité toujours d’actualité. Le festival Africa Fête prend son essor en 1978. Quelque 10 000 personnes se tassent dans l’hippodrome de Pantin. Un succès qui en appelle d’autres. La crème des chanteurs engagés (Béranger, Lavilliers, Nougaro, Mouloudji…) est là à communier avec les artistes africains, désireuse de faire découvrir les musiques africaines au plus grand nombre. Mamadou Konté a réussi son pari. Il ne retournera plus à l’usine, il plantera des rêves. Lire aussi Au Sénégal, le jazz contre vents et marées En 1981, François Mitterrand hisse la gauche au pouvoir et redonne espoir aux franges populaires, dont les immigrés. De Xalam aux Touré Kunda, de Pierre Akendengué à Toto Bissainthe, de Salif Keita à Youssou Ndour et Baaba Maal, tous les artistes africains et afro-caribéens ont été poussés par Mamadou Konté. A partir de 1985, sa réputation franchit les frontières. Associé au célèbre Chris Blackwell (le fondateur du label Island Records qui mit sur orbite notamment Bob Marley et Fela Kuti), le festival Africa Fête magnétise les foules à Dakar comme à New York. De 1993 à 2001, on ne compte pas moins de six grandes tournées annuelles, chacune attirant plus de 100 000 spectateurs, pour mettre en valeur des artistes neufs et talentueux, à l’instar d’Oumou Sangaré, d’Angélique Kidjo, de Papa Wemba ou encore de Femi Kuti. C’est l’apogée pour Mamadou Konté qui n’a jamais perdu sa boussole africaine. Dès 1994, il crée la Villa Tringa, un centre culturel dans la banlieue dakaroise, réunit les acteurs de la profession, fonde un syndicat des producteurs et éditeurs phonographiques du Sénégal, prend sous son aile des jeunes gens passionnés. La vie est un perpétuel mouvement. A partir de 1998, Africa Fête connaît d’insurmontables difficultés financières. Mamadou Konté meurt en 2007 dans un relatif isolement, mais il était écrit que l’aventure continuerait, comme il l’a souhaité, après sa disparition. Le festival renaît à Marseille en 2006 porté par Cécile Rata, sa fidèle et jeune collaboratrice. Le plus vieux des festivals de musiques africaines fait peau neuve à Marseille. Pour sa 15e édition, du 15 au 30 juin, il fait la part belle aux artistes et aux ressortissants des îles (Cap-Vert, Maurice, Madagascar, les Comores, Sao Tomé-et-Principe, Haïti, les Caraïbes), faisant battre le cœur de la cité phocéenne au rythme des musiques africaines. Le plus bel hommage à Mamadou Konté. Abdourahman A. Waberi est un écrivain franco-djiboutien, professeur à la George-Washington University et auteur, entre autres, de Moisson de crânes (2000), d’Aux Etats-Unis d’Afrique (2006) et de La Divine Chanson (2015).
A l’occasion du festival Africa Fête, qui se déroule du 15 au 30 juin à Marseille, notre chroniqueur rend hommage à son fondateur.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/28/mamadou-konte-l-inventeur-de-la-world-music-a-la-francaise_5482854_3212.html
mlsum-fr-1827
Une plate-forme pétrolière dans le golfe de Guinée, en janvier 2017. JUSTIN TALLIS / AFP C’est une société pétrolière particulièrement opaque qui préfère ne pas dévoiler son chiffre d’affaires ni sa structure de gouvernance. Le groupe familial franco-britannique Perenco n’apprécie guère de devoir s’expliquer sur les préjudices environnementaux présumés causés par son activité en République démocratique du Congo (RDC). Unique entreprise pétrolière opérationnelle dans cet immense pays d’Afrique centrale, où elle extrait 25 000 barils par jour de ses champs onshore et offshore situés dans la province du Kongo Central (ouest), elle est régulièrement vilipendée par les populations locales et des ONG congolaises et occidentales pour ses atteintes à l’environnement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Muanda, le petit royaume pétrolier de Perenco « Ce sont des accusations classiques d’ONG », balaie un cadre de Perenco, joint par téléphone au siège parisien du groupe. « Nos activités congolaises sont gérées par notre filiale qui est indépendante. Nous, à Paris, nous ne faisons qu’apporter un support », précise ce responsable qui préfère ne pas préciser son nom. Quelques semaines plus tôt, jeudi 12 septembre, Perenco, a refusé l’entrée dans ses locaux du XVIIe arrondissement de Paris à un huissier de justice. « Je ne vous donnerai rien. Je ne vous laisserai pas faire votre mission », a lâché Tobias Daroczi, responsable juridique du groupe, à l’attention de l’huissier. Opacité de l’entreprise Appelés, des policiers ont constaté sur procès-verbal le refus de Perenco de permettre l’exécution d’une décision de justice. Celle-ci avait été prononcée le 2 août par le tribunal de grande instance de Paris, et autorisait un huissier à se présenter sans prévenir pour procéder à la recherche de preuves de la responsabilité de Perenco dans la pollution dénoncée sur le territoire congolais de Muanda où elle opère depuis 2000. Et ce, sur requête formulée par les associations Sherpa et Les Amis de la Terre qui, démunies face à l’opacité de l’entreprise, ont fini par recourir à une procédure civile d’exception. Une façon d’éviter le débat contradictoire pour récupérer des documents en vue d’un procès qui permettrait d’obtenir la reconnaissance de préjudices écologiques. En vain. « La requête est un tissu de mensonges », selon un conseil de Perenco cité dans le procès-verbal de l’huissier. « Il est inacceptable qu’une entreprise puisse, en toute impunité, faire obstacle à l’exécution d’une décision de justice », déplorent les avocats des ONG, lesquelles disent désormais redouter la destruction de documents éventuellement compromettants par la société pétrolière, dans l’attente d’un procès.
La société franco-britannique est accusée de préjudices écologiques. Elle a contesté une décision judiciaire et a refusé à un huissier l’entrée dans ses locaux parisiens.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/09/perenco-boite-noire-petroliere-et-toxique-en-rdc_6014880_3212.html
mlsum-fr-1828
« Greta n’est plus seule, comme au début du mouvement qu’elle a lancé. En Inde, en Ouganda, au Sénégal, en Argentine, aux Etat-Unis, en Pologne, en Russie et dans tant d’autres pays, des jeunes se sont levés » (Greta Thunberg, le 23 septembre, aux Nations unies). Jason DeCrow / AP Tribune. Greta Thunberg dérange, et fait l’objet de critiques renouvelées depuis son discours aux Nations unies, à New York. Certains parlementaires français avaient déjà tenté de la décrédibiliser en juillet. D’autres, souvent de vieux messieurs, s’abaissent à critiquer son apparence ou sa prétendue « maladie mentale ». Greta est surdouée, et elle comprend les enjeux de la crise climatique bien mieux que la plupart des dirigeants politiques ou économiques. J’en suis témoin, moi qui suis physicien et climatologue depuis près de quarante ans, et ai été vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). J’ai vu Greta pour la première fois à Katowice (Pologne), lors de la COP24, en décembre 2018. Elle était seule à répondre aux questions d’un animateur et du public. Elle n’a pas de fiches, mais répond sans hésiter, parfois en disant simplement : « Je ne sais pas, je n’ai que 15 ans, demandez aux experts. » Elle en sait pourtant déjà beaucoup, et dit avoir appris que « nul n’est trop petit pour faire la différence. » Greta a déjà dû expliquer à des décideurs politiques ce qu’était la courbe de Keeling, ou le cercle vicieux « réchauffement - fonte de la glace - réchauffement amplifié » : ils tombaient des nues. Je suis soufflé par la justesse de ses propos, appuyés sur une sérieuse connaissance des mécanismes à l’œuvre et des causes de la crise climatique… Quelques jours plus tard, vers 23 heures, Greta est invitée à prendre la parole dans la salle plénière de la COP. Il n’y a plus grand monde à cette heure, mais je suis resté pour l’écouter. « En 2078, j’aurai 75 ans. Le jour de mon anniversaire, mes petits-enfants seront peut-être autour de moi, et ils me demanderont pourquoi vous n’avez rien fait alors qu’il était encore temps d’agir. Vous dites que vous aimez vos enfants plus que tout, alors que vous êtes en train de leur voler leur futur devant leurs yeux », dit Greta. La vidéo fera le tour du monde. Son cœur parlait Travaillant sur les changements climatiques depuis longtemps, aux Etats-Unis, à l’Université catholique de Louvain, avec le GIEC, et ayant participé à presque toutes les COP [Conférence des parties], je n’ai jamais entendu un discours aussi fort. Entendre cette jeune fille dire les choses si simplement, si clairement, m’a profondément ému. Son cœur parlait, et elle avait raison. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Greta Thunberg, l’icône climatique qui déchaîne la vindicte Greta a lu les rapports du GIEC. Elle a compris les risques immenses que l’accumulation de nos gaz à effet de serre fait courir à l’habitabilité de la planète. Elle jongle avec les probabilités de succès associées aux différents « budgets carbone ». Elle ne confond pas le trou dans la couche d’ozone et la crise climatique… Peu de dirigeants peuvent en dire autant.
Climatologue et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), Jean-Pascal van Ypersele fait part dans une tribune au « Monde » de son admiration pour Greta Thunberg. Il salue sa connaissance des enjeux climatiques et la force de son discours.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/01/jean-pascal-van-ypersele-greta-derange-comme-la-verite_6013798_3232.html
mlsum-fr-1829
En 2015, Margaret Atwood (au centre) fut la première contributrice de la « bibliothèque du futur », imaginée par Katie Paterson (à gauche). KRISTIN VON HIRSCH Comment écrire un livre pour des lecteurs qui ne sont pas encore nés et dont la réalité sera sans doute bien différente de celle de l’auteur ? Pour un écrivain, c’est une chose que d’espérer passer à la postérité. C’en est une autre que de rédiger un texte qui ne sera lu par aucun de ses contemporains, sans jamais connaître l’accueil qui lui sera réservé. Acclamé pour son autobiographie en six tomes, le Norvégien Karl Ove Knausgaard a confirmé, le 20 octobre, qu’il était le sixième romancier à avoir accepté de relever ce défi vertigineux. Depuis quelques mois, il travaille en secret sur un manuscrit, dont il ne révélera que le titre, le 23 mai prochain, lors d’une cérémonie symbolique, organisée dans la forêt de Nordmarka, au nord d’Oslo, où un millier d’épicéas ont été plantés, en mai 2014. Conservés sous clé Son texte sera alors déposé dans un casier creusé dans la paroi d’une pièce spécialement aménagée au dernier étage de la nouvelle bibliothèque d’Oslo, la New Deichman, en construction sur le port de la capitale norvégienne. Chaque année, un nouveau manuscrit viendra l’y rejoindre. Tous seront conservés sous clé, jusqu’en 2114. Alors, les boîtes seront ouvertes. Les épicéas de la forêt de Nordmarka seront abattus, pour fabriquer le papier sur lequel seront imprimés les livres – une grosse imprimante professionnelle va d’ailleurs être stockée dans les locaux de la bibliothèque, pour s’assurer que le jour venu, dans cent ans, les conservateurs de ce trésor littéraire auront tout le matériel nécessaire pour publier les livres. Ceux qui le souhaitent peuvent déjà réserver une anthologie des cent ouvrages inédits, en payant 900 euros en échange d’un certificat – il y en a mille – à faire valoir par leurs descendants. « Y aura-t-il du papier en 2114 ? Y aura-t-il encore des humains pour lire les livres ? » – Katie Paterson L’idée folle de cette « bibliothèque du futur » est née il y a une dizaine d’années dans la tête de l’artiste écossaise Katie Paterson. Le promoteur immobilier norvégien Bjorvika Utvikling, en charge de la réhabilitation du port d’Oslo, lui avait demandé une œuvre d’art. La municipalité d’Oslo a cédé un coin de la forêt de Nordmarka. A travers les livres, Katie Paterson espère « communiquer avec les générations futures ». Le projet interroge : « Y aura-t-il du papier en 2114 ? Y aura-t-il encore des humains pour lire les livres ? » La bibliothèque du futur invite, estime-t-elle, à « arrêter de penser sur le court terme et à réfléchir à l’héritage que nous laissons aux générations futures ».
Six auteurs, dont la Canadienne Margaret Atwood, ont accepté d’écrire un livre pour une anthologie qui ne sera pas publiée avant 2114. Au total, cent manuscrits inédits vont ainsi être rassemblés au fil du siècle.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/04/la-bibliotheque-du-futur-d-oslo-prepare-la-rentree-litteraire-2114_6017933_4500055.html
mlsum-fr-1830
Ce mercredi 11 septembre 1968, le temps est idéal. Ciel bleu sur toute la ligne entre Ajaccio et Nice. Pas un nuage à l’horizon, aucune turbulence à prévoir. Il est 10 h 30. Le vol AF 1611 a décollé de l’aéroport Campo Dell’Oro il y a une vingtaine de minutes et son atterrissage à Nice-Côte d’Azur est imminent. Dans le cockpit de la Caravelle, le commandant Michel Salomon, 36 ans, 8 745 heures de vol, a prévenu l’équipage. Son copilote, Emile Duvinage, 33 ans, 4 225 heures de vol, et le mécanicien Roger Juan, 39 ans, 4 304 heures de vol, sont fin prêts pour négocier une approche a priori sans problème. A bord, les 89 passagers et les 3 membres d’équipage ont attaché leurs ceintures. Soudain, à 10 h 31, la tour de contrôle niçoise reçoit ce message : « J’ai le feu à bord. On va crasher, c’est sûr ! » Silence. Deux minutes interminables s’écoulent. A 10 h 33, la tour de contrôle annonce : « Contact perdu à 20 milles au sud d’Antibes. » L’appareil a disparu des radars. Il s’est abîmé dans l’eau à proximité de la côte. Moins d’une heure plus tard, les premiers secours arrivent sur zone. Ils repêchent des débris de carlingue, des cadavres déchiquetés, des affaires personnelles… Seuls quinze corps, ou ce qu’il en reste, sont identifiés. Ils seront enterrés au cimetière d’Ajaccio, où un mémorial leur sera consacré. Mathieu Paoli avait 24 ans. Sa mère, Toussainte, et son père, Ange-Marie, sont morts ce jour-là. Il n’a plus que le porte-monnaie de sa mère, retrouvé au milieu de centaines d’objets épars flottant sur la Méditerranée. Ce 11 septembre, Ange-Marie et Toussainte effectuaient l’un de leurs derniers allers-retours entre l’île, où ils préparaient leur retraite au village familial de Pastricciola, et le continent. Cinquante et un ans ont passé. Comme les membres des 35 autres familles meurtries par ce drame, Mathieu et son frère cadet Louis veulent toujours savoir pourquoi cet avion, un modèle récent sorti des chaînes de montage en avril 1968, a soudainement décroché. Le 14 décembre 1972, le Journal officiel publie le rapport final sur l’accident, qui évoque un « incendie » d’origine indéterminée. Le feu serait parti du fond de la cabine. Une cigarette mal éteinte – à l’époque on avait le droit de fumer dans les avions ? Un court-circuit ? L’enquête ne conclut rien, mais la thèse d’un départ de feu inexpliqué laisse sceptiques de nombreux professionnels et connaisseurs de l’aviation civile. S’il y avait eu un départ de feu, les extincteurs installés dans la cabine auraient été utilisés, selon les procédures d’usage. Or, ils sont restés accrochés à leurs supports.
Le 11 septembre 1968, à 10 h 33, la Caravelle du vol AF 1611 disparaît des radars. Les familles des 95 victimes du crash suspectent l’armée d’avoir cherché à cacher sa responsabilité. Leurs représentants doivent être reçus vendredi à l’Elysée.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/10/le-mystere-du-vol-ajaccio-nice_6014912_3224.html
mlsum-fr-1831
Eric Zemmour lors d’un débat sur l’Europe, le 25 avril dernier à Paris. LIONEL BONAVENTURE / AFP Pour la seconde fois, Eric Zemmour est définitivement reconnu coupable de provocation à la haine raciale. Mardi 17 septembre, la Cour de cassation a rejeté son pourvoi, établissant ainsi une condamnation définitive. Le polémiste – essayiste, journaliste, chroniqueur ou encore animateur – a été condamné, en mai 2018, à 3 000 euros d’amende par la cour d’appel de Paris. Lors de l’émission « C à vous » diffusée le 6 septembre 2016 sur France 5, Eric Zemmour avait affirmé qu’il fallait donner aux musulmans « le choix entre l’islam et la France ». Selon lui, la France vivrait « depuis trente ans une invasion », et d’ajouter que, « dans d’innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées », se jouerait une « lutte pour islamiser un territoire », « un djihad ». Dans son jugement du 3 mai 2018, la cour d’appel de Paris avait estimé que ces deux passages « visent les musulmans dans leur globalité et contiennent une exhortation implicite à la discrimination ». Le chroniqueur au Figaro avait également été condamné à verser 1 euro symbolique à l’association CAPJPO EuroPalestine, qui avait engagé les poursuites, et 1 000 euros au titre des frais de justice, qui viennent s’ajouter aux 2 000 euros prononcés en première instance en 2017. Lire l’analyse : Les médias face au cas Eric Zemmour « Les propos incriminés (…) contenaient un appel à la discrimination » La cour d’appel n’avait alors pas retenu trois autres passages de l’émission, pour lesquels Eric Zemmour avait été condamné en 2017. Le journaliste polémique soutenait notamment que « tous les musulmans, qu’ils le disent ou qu’ils ne le disent pas » considéreraient les djihadistes comme de « bons musulmans ». La cour d’appel avait jugé que ces passages ne comportaient « pas d’exhortation, même implicite, à la provocation à la haine ». Selon une jurisprudence récente, une « incitation manifeste » ne suffit pas à caractériser le délit : il faut désormais « pour entrer en voie de condamnation » que les propos relèvent d’un « appel » ou d’une « exhortation ». Mardi, la Cour de cassation a estimé que la cour d’appel avait « exactement retenu que, par leur sens et leur portée, les propos incriminés, qui désignaient tous les musulmans se trouvant en France comme des envahisseurs et leur intimaient l’obligation de renoncer à leur religion ou de quitter le territoire de la République, contenaient un appel à la discrimination ». A l’issue de ce pourvoi, Eric Zemmour devra payer 2 500 euros supplémentaires à l’association au titre des frais de justice. Eric Zemmour avait déjà été condamné en 2011 pour provocation à la haine, après avoir déclaré à la télévision que « la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c’est comme ça, c’est un fait ». Le tribunal avait alors jugé que le contributeur du Figaro avait « dépassé les limites autorisées de la liberté d’expression ». En revanche, poursuivi pour avoir notamment affirmé dans un journal italien que les musulmans « ont leur code civil, c’est le Coran », il avait été relaxé en appel l’an dernier. Lire l’interview de Gérard Noiriel : « Eric Zemmour légitime une forme de délinquance de la pensée »
Le chroniqueur et animateur a vu mardi sa demande de pourvoi en cassation rejetée. Il est condamné à 3 000 euros d’amende.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/20/eric-zemmour-definitivement-condamne-pour-provocation-a-la-haine-raciale_6012389_3224.html
mlsum-fr-1832
Jeudi, une quinzaine d’élèves du collège Pierre-Hyacinthe-Cazeaux, à Morez (Jura), ont été victimes de malaises et de convulsions lors d’un cross. SEBASTIEN BOZON / AFP Pourquoi une quinzaine de collégiens ont-ils été victimes de malaises, jeudi, lors d’un cross à Morbier, dans le Jura ? Vendredi 4 octobre, le procureur de la République de Lons-le-Saunier, Lionel Pascal, a expliqué qu’aucune piste ne se dessinait vingt-quatre heures plus tard. Aucune piste n’est donc privilégiée ni écartée pour l’heure, « y compris celle d’un acte volontaire ». « C’est inhabituel et mystérieux (…) on est très loin de trouver un fil conducteur », a relevé M. Pascal, sans écarter l’hypothèse de « troubles psychosomatiques » chez certains élèves si « les analyses ne montraient rien ». Jeudi, vers 15 h 30, lors d’un cross disputé par 80 élèves du collège Pierre-Hyacinthe-Caseaux, à Morbier (Jura), une quinzaine d’entre eux avaient été pris de douleurs, de convulsions et de malaises après être passés sur un stand de ravitaillement. Cinq jeunes filles ont dû été hospitalisées, dont deux dans un état d’« urgence absolue ». Le pronostic vital de l’une d’elles, héliportée vers l’hôpital de Besançon, a même été un temps considéré comme « engagé ». Cette adolescente de 14 ans était vendredi matin la seule encore hospitalisée, selon la préfecture du Jura, qui a précisé qu’elle se trouvait « dans un état stationnaire ». Les autres élèves ont pu regagner leur domicile. L’eau dans les pichets, un « point commun » Si aucune piste ne se dessine, « un point commun » a été identifié, a rapporté le procureur : l’eau mise à disposition des collégiens dans des pichets que l’Autorité régionale de santé (ARS) n’a pas pu contrôler « car elle était saisie, sous main de justice ». Dans un premier temps, les autorités locales avaient affirmé que l’eau potable consommée par les collégiens était mise hors de cause, mais n’avait pas évoqué ces pichets. Le procureur attend des « résultats ciblés » des analyses d’ici à une semaine. « On courait et une copine est tombée, comme si elle faisait une crise », a raconté à l’Agence France-Presse une collégienne de 14 ans. « Moi j’ai continué jusqu’au stand, j’ai mangé des brioches et bu du sirop et après j’ai eu mal au ventre, j’ai eu des crampes. » L’adolescente a été prise en charge et confinée jusqu’à 19 heures. Elle s’est rendue au collège vendredi matin. « Quand la fille la plus durement touchée est tombée, y en a plein qui sont tombées par terre », a témoigné une autre élève. Une copine « me parlait, elle buvait du sirop et elle est tombée, elle avait les yeux qui battaient ». Deux autres adolescentes ont elles évoqué « des réactions en cascade » : « Au début y avait cinq personnes qui ont fait des sortes de crise d’asthme et après, avec l’angoisse, il y a plein de monde qui est tombé. »
Le procureur a évoqué un incident « inhabituel et mystérieux » après que les adolescents ont été victimes de malaises. Seule une jeune fille de 14 ans est encore hospitalisée.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/04/jura-aucune-piste-privilegiee-apres-l-intoxication-d-une-quinzaine-de-collegiens-lors-d-un-cross_6014252_3224.html
mlsum-fr-1833
xistence… C’est un jour comme un autre dans Sarajevo assiégée. Un samedi de février sans intempéries, ni neige ni pluie. Un matin juste un peu froid, comme tous les matins d’hiver, et un peu triste, comme tous les matins du siège. Zeineba Hardaga vient de monter, accompagnée de sa fille Aida, de son gendre et de sa petite-fille, dans un autobus qui doit l’emmener à jamais loin de sa ville natale. Servet Korkut est montée dans le même car. Nul ne sait si les deux vieilles dames se connaissent, ni si elles se parlent. Un fil invisible relie pourtant leurs vies. C’est un samedi ordinaire de 1994 parmi les 1 395 jours du siège d’une ville aux confins d’une Europe qui, en cette fin de XXe siècle, n’en peut plus des guerres, des carnages et des drames. Il aurait pu être oublié, comme tant d’autres jours avant et après lui. A Sarajevo, il ne le fut pas. Aux alentours de midi, un poste d’artillerie de l’armée serbe tire, depuis une colline environnante, une salve d’obus de mortiers. Après avoir frôlé un toit, un obus de 120 mm s’abat sur le marché de Markale, rue Marsala-Tita. L’explosion fauche les corps des marchands et des badauds. Non pas qu’il y ait tant à vendre et à acheter dans Sarajevo encerclée et affamée, mais cette ville est ainsi : dès qu’un matin s’annonce vaguement calme, et même en sachant que les bombardements vont reprendre, les habitants déambulent, se retrouvent, partagent une cigarette, discutent des nouvelles des familles et du front. Février 1994, 212 personnes fauchées par un seul obus Cet obus entre dans l’histoire comme étant le plus meurtrier de la guerre : 68 morts, 144 blessés. Si la longue enquête de la justice pénale internationale conclut à un tir délibéré de l’armée serbe contre le marché de Markale et que certains de ses généraux seront plus tard condamnés pour ce crime de guerre, l’artilleur lui-même ne sait probablement pas, ce jour-là, qu’il va établir un record macabre dans l’histoire de l’artillerie : 212 personnes fauchées par un seul obus. Aux éclats de la bombe s’ajoutent les fragments d’étals en métal et d’autres objets susceptibles de déchirer les corps. L’horreur du carnage et son écho international font oublier qu’au même moment, ce 5 février 1994, à cinq cents mètres de là, rue Dobrovoljacka, des autobus démarrent pour emmener Zeineba Hardaga, Servet Korkut et trois cents autres Sarajéviens hors de la ville. Comme les journalistes sont occupés à courir du marché à l’hôpital, de l’hôpital à la morgue, puis de la morgue à leur téléphone satellitaire, leur histoire passe inaperçue.
Sarajevo-Jérusalem (1/6). A travers l’histoire des juifs de Sarajevo, voyage dans ces deux villes en quête d’universalité, symboles des peuples du Livre, épicentres des conflits modernes, sur les traces d’une certaine idée, réelle ou imaginaire, de la coexistence…
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/11/les-heros-ordinaires-de-la-jerusalem-de-l-europe_5498561_4415198.html
mlsum-fr-1834
Marcel Proust sur la méridienne, photo non datée. Heritage Images/Getty Images « Proust, prix Goncourt. Une émeute littéraire », de Thierry Laget, Gallimard, 262 p., 19,50 €. Si l’on en croit Céleste Albaret, fidèle servante de Marcel Proust (1871-1922) qui inspira le personnage de Françoise, l’auteur d’A l’ombre des jeunes filles en fleurs voyait dans le Goncourt, juste avant que celui-ci ne couronne le deuxième tome de son entreprise débutée par Du côté de chez Swann en 1913, le seul « prix de valeur aujourd’hui, parce qu’il est décerné par des hommes qui savent ce qu’est le roman ». Etonnant hommage de sa part : l’assemblée des « dix » réunissait alors les représentants de courants littéraires dépassés, situés à l’écart des lieux de consécration (symbolique du moins), telle LaNouvelle Revue française. En effet, depuis 1903, le jury chargé de distinguer le meilleur roman de l’année, conformément au testament d’Edmond de Goncourt, se composait d’auteurs que la gloire avait fuis déjà (comme le dramaturge Emile Bergerat, connu avant tout pour avoir inventé le mot « tripatouillage »), ou que la postérité oublierait à leur tour. Quel crédit Proust accordait-il à cette ­assemblée dominée par les « naturalistes » ? Tout, dans la passionnante histoire du prix Goncourt 1919 que reconstitue ici le romancier Thierry Laget (qui participa à l’édition de la Recherche dans « La Pléiade » de Jean-Yves Tadié), donne l’impression d’une série de malentendus. A commencer par le fait que le couronnement des Jeunes filles… fut à la fois le choix le plus polémique de l’Académie et néanmoins le plus décisif de son histoire puisque, Roger Gouze le notait en 1973 dans Les Bêtes à Goncourt (Hachette), bien des auteurs ont eu le Goncourt, mais « c’est le Goncourt qui a eu Proust » – depuis lors, l’annonce du nom du lauréat reste un moment in­contournable de la vie culturelle française. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Proust avant Proust » : Bernard de Fallois aux prémices de la « Recherche » Un contexte de vibrant patriotisme Tout événement de ce type engendre son lot de rivalités et de polémiques ; le prix de 1919 tourna à la guerre de tranchées. Grand favori de la presse et d’une partie des membres du jury, Roland Dorgelès s’imposait, avec Les Croix de bois, dans un contexte de vibrant ­patriotisme où, depuis cinq ans, les récits de guerre triomphaient sans discontinuer. Bien plus, Edmond Goncourt avait exigé dans son testament que priorité fût donnée « à la jeunesse, à l’originalité du talent, aux tentatives hardies ». Or Proust atteignait presque le demi-siècle. Sa situation de rentier, sa réputation de mondain, la complexité de son style… : les obstacles ne manquaient pas, parmi lesquels l’antisémitisme virulent de Léon Daudet, le plus tonitruant des « dix ». Or le collaborateur de L’Action française, aiguillonné par ses proches (dont son frère, Lucien, grand amide Proust, ou son épouse, Marthe Allard), assura à l’inverse son succès auprès de ses ­confrères et défendit ensuite son choix dans les ­colonnes de son journal – là même où, Proust en fit la remarque à l’un de ses amis, le polémiste écrivait d’ordinaire « Mort aux juifs ». Faut-il y voir encore un malentendu, ou plutôt l’une de ces étranges scènes de reconnaissance qui ponctuent la Recherche ?
Le romancier et proustien Thierry Laget retrace la passionnante histoire de l’attribution du prix Goncourt à « A l’ombre des jeunes filles en fleurs », il y a un siècle, en 1919.
https://www.lemonde.fr/critique-litteraire/article/2019/07/18/proust-prix-goncourt-thierry-laget-raconte-le-moment-marcel-proust-de-1919_5490850_5473203.html
mlsum-fr-1835
A Paris, en 2007. THOMAS COEX / AFP Franz-Olivier Giesbert, qui court les plateaux de télévision depuis quatre jours, est triste, comme s’il pleurait un être cher. « Chirac ? C’était quelqu’un d’extrêmement sympathique et qui n’a jamais abîmé la fonction », confesse celui qui, en mars 2006, dans La Tragédie du président (Flammarion), n’avait pourtant pas ménagé l’ancien chef de l’Etat, le décrivant comme l’incarnation du « déclin français » et de « l’impuissance politique ». Mais à l’heure de sa mort, ce sont d’autres images qui remontent, le Chirac jeune, boute-en-train, charismatique qui, à sa sortie de l’ENA, avait réussi, contre tous les usages, à faire clamer son nom par l’huissier alors qu’il n’était que seizième, tout simplement parce que l’huissier était devenu son copain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jacques Chirac sera inhumé au côté de sa fille à Paris L’homme Chirac a fasciné ses biographes comme il fascine aujourd’hui les Français. Auteur en 2007 de L’Inconnu de l’Elysée (Fayard), Pierre Péan, aujourd’hui décédé, décrivait l’ancien président de la République comme « un ami ». L’historien Jean-Luc Barré qui a aidé Jacques Chirac à rédiger les deux tomes de ses Mémoires en 2009 et 2011 (NiL) s’est attelé depuis à la rédaction d’un livre Ici, c’est Chirac. Ses dernières confidences (Fayard, 396 p., 20 €) à paraître mercredi 2 octobre, fasciné par la complexité de l’homme. Seul Eric Zemmour échappe à la « chiracomania » ambiante. Dans L’Homme qui ne s’aimait pas (Balland) écrit en 2002, avant le choc du 21 avril, le journaliste devenu polémiste et invité, samedi 28 septembre, à une convention autour de Marion Maréchal, dresse un portrait historique et psychologique de Jacques Chirac. Il en fait une sorte d’antihéros, « beau gosse intrépide qui, au départ, croit que la politique peut tout et termine sa vie résigné en pensant que la politique ne sert qu’à accompagner ». A l’heure de la mort, son jugement reste lapidaire : « Il aura tout bazardé pour survivre ! » « Je connais mieux mon mari que vous ! » A la différence des autres, Eric Zemmour n’a pas approché l’intimité de Jacques Chirac. Il n’a pas eu l’occasion, comme Franz-Olivier Giesbert, de déguster avec lui dans un restaurant de Bort-les-Orgues au fin fond de la Corrèze un fromage « pourri et dégoulinant », grand souvenir de partage olfactif et culinaire. Il n’a pas pris de « cuite » avec l’ancien président ; il n’a pas reçu, comme Pierre Péan, des dizaines d’appels de Jacques Chirac alors que, victime d’une crise cardiaque six jours après avoir achevé la rédaction de son livre, le journaliste était cloué sur un lit d’hôpital au Val-de-Grâce.
Franz-Olivier Giesbert, Pierre Péan, Eric Zemmour et Jean-Luc Barré racontent leurs difficultés à percer l’homme derrière le président de la République.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/30/un-ami-tres-anxieux-l-impuissance-politique-jacques-chirac-vu-par-ses-biographes_6013626_823448.html
mlsum-fr-1836
Tribune. La réforme du lycée marque la fin des travaux personnels encadrés. En juillet, les toutes dernières notes de ces TPE seront données aux candidats au bac 2020, en même temps que celles de l’épreuve anticipée de français. Faut-il les regretter ? Depuis les années 2000, cette épreuve interdisciplinaire, bien qu’obligatoire, fonctionne comme une épreuve facultative : seuls les points au-dessus de la moyenne sont pris en compte dans la note du bac. L’objectif est de mettre en activité les élèves dans un cadre différent de celui de la classe. Par ce rapport plus décomplexé à la note, d’abord, mais aussi par une relation avec l’enseignant moins verticale, l’élève se devait d’être plus autonome. Il devait planifier son travail, trouver un sujet au croisement de deux matières, le problématiser, faire preuve d’initiative. Il apprenait à travailler en groupe pendant plusieurs mois sur des thèmes aussi variés que les tueries de masse aux Etats-Unis, au croisement de l’enseignement de l’anglais et de la sociologie, ou le déclin de l’industrie du liège, à l’intersection de l’économie et de l’histoire. Les élèves (par groupe de deux ou quatre) avaient dix-huit semaines, à raison de deux heures par semaine pour remettre une production à un jury de deux professeurs. Ensuite, ils devaient présenter devant ce même jury leur production. La note prenait en compte le travail de l’année, la production en tant que telle, et sa présentation orale. Méfiance des enseignants Il faut reconnaître que cette innovation, dès son lancement, a suscité la méfiance de bien des professeurs. Certains expliquent ce manque d’enthousiasme par le conservatisme de professeurs. Mais ils avaient aussi compris que la création des TPE se faisait en diminuant le nombre d’heures par discipline, sans compenser les heures perdues. Il y eut la méfiance des politiques, aussi. En 2004, le ministre de l’éducation François Fillon a voulu les supprimer pour des raisons d’économies budgétaires. Finalement, à la suite des protestations d’élèves, seuls les TPE de classe de terminale seront supprimés en 2005. Mais le dispositif a eu beau s’installer dans le paysage éducatif, des professeurs lui sont restés hostiles. En raison de la notation non pénalisante qui, estiment-ils, encourage les élèves à la paresse. Ils regrettent des productions souvent très superficielles. Ce reproche n’est pas infondé, mais rappelons que les élèves devaient initialement avoir des TPE en 1re et en terminale, pour faire toutes les erreurs qu’on peut faire dans ce domaine, puis remettre des productions plus solides l’année suivante. Ajoutons que dans les emplois du temps, les TPE peuvent être une variable d’ajustement. De quoi démotiver certains enseignants encadrants, d’autant plus face à des élèves qu’ils ne connaissent pas toujours…
« De nombreux professeurs regrettent déjà les travaux personnels encadrés » qui disparaissent avec la réforme du lycée, estime dans une tribune au « Monde » Claude Garcia, professeur de sciences économiques et sociales et blogueur.
https://www.lemonde.fr/education/article/2019/06/10/les-tpe-disparaissent-a-20-ans-a-peine-mais-pour-une-reforme-de-l-education-c-est-un-age-respectable_5474310_1473685.html
mlsum-fr-1837
Deux chouettes effraies, une rousse, une blanche. ALEXANDRE ROULIN « Zoologie ». Mais comment a-t-on pu haïr à ce point les chouettes effraies ? Pourquoi, de génération en génération, s’est-on transmis pareilles inepties ? « Qui ouvre la bouche devant une chouette effraie perdra ses dents… Qui laisse une effraie sortir vivante de la maison perdra un proche… Qu’une femme enceinte voie une effraie sans la tuer et son bébé mourra…, énumère Alexandre Roulin, professeur de biologie évolutive à l’université de Lausanne. Chaque pays avait sa légende, aussi noire que stupide. » Le cri strident de la « dame blanche », son vol silencieux, sa vie nocturne et sa pâleur de fantôme : tout semblait bon pour nourrir la peur. Le chercheur suisse, lui, ne cache pas son amour pour l’animal. Trente ans qu’il colle aux plumes de Tyto alba, la suit sur les cinq continents – « Elle est partout, sauf en Antarctique » –, la scrute sous tous les angles. De la génomique au comportement, de l’écologie à la recherche biomédicale, son laboratoire lui dédie l’intégralité de ses travaux. Sa dernière découverte, publiée lundi 2 septembre au terme de cinq années d’études dans la revue Nature Ecology & Evolution, explique comment le plumage des chouettes blanches aide celles-ci à chasser. Un dispositif élégant Au départ, cette teinte tient pourtant du mystère. Pour un animal nocturne, se dissimuler, tant de ses prédateurs que des proies qu’il convoite, apparaît essentiel. Or, une des particularités des effraies est leur polymorphisme de couleur. Majoritairement rousses au nord de l’Europe, elles sont surtout blanches au sud. « En France et en Suisse, c’est 50/50, précise le biologiste. Comment ce blanc a-t-il pu persister ? Aucune autre espèce nocturne n’est blanche. » Les chercheurs ont alors eu l’intuition d’étudier le rôle de la Lune. Ils ont croisé leur base de données de vingt ans de succès reproductif de centaines d’individus avec les cycles de l’astre. « Et on a trouvé un lien : certains cycles semblaient favoriser les chouettes blanches. » Restait à comprendre comment. En équipant des oiseaux de GPS, ils ont d’abord constaté que, par nuit claire et lune importante, les attaques des chouettes rousses étaient moins souvent fructueuses. Mais c’est au laboratoire, avec un dispositif particulièrement élégant, qu’ils ont imposé leur démonstration.
Par nuit de grande lune, la réflexion de la lumière sur les plumes blanches de l’oiseau pétrifie ses proies.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/08/comment-la-chouette-effraie-eblouit-les-souris_5507942_1650684.html
mlsum-fr-1838
n monde. La musette avec les sandwichs beurrés à l’intérieur, les chaussures Mephisto aux pieds – peu esthétiques mais très confortables –, la mini-serviette dans la poche arrière pour s’éponger le front en cas d’efforts répétés, et la tête des bons jours, celle qui se met à rire brusquement toutes les quinze secondes comme si on lui caressait la plante des pieds avec une plume de canard colvert. Alors, non, Gérard Larcher ne part pas tout guilleret à la chasse, sa passion, il poursuit plutôt une tournée politique sans fin, ce qui, dans son cas, n’est finalement pas très différent. Il est partout, « Gégé » Il entame son 78e déplacement depuis le début de l’année. « Je suis heureux ! » Présentement, il est installé dans une voiture de première classe du Paris-Nantes de 12 h 8. Il tapote une grosse pile de dossiers en regardant la France qu’il aime, celle des sous-bois et des bocages, défiler sous un beau soleil. Oui, aucun doute, il est aussi heureux que s’il venait d’avaler tout un champ de morilles. Dans quelques minutes, il sera accueilli par Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains (LR) au Sénat, et par tous les caciques de la droite du Grand Ouest, avec les honneurs dus à son rang de président de la Chambre haute. Un programme politique copieux qui l’empêchera de déjeuner et de dîner convenablement, d’où les sandwichs : visite d’une usine et d’un centre de formation professionnelle, prise de notes frénétique – « Tous les jours, j’apprends quelque chose » –, discours devant un parterre de militants LR qu’il exhorte à ne pas céder « à la sinistrose ambiante » – « Je suis de nature profondément optimiste » –, et surtout ne pas rater le dernier train pour enchaîner le lendemain, dès potron-minet, avec un déplacement dans le Cher, où il se livrera à la même gymnastique. « Tout part du bas, du terrain et des territoires », répète-t-il. Le jour suivant, ce sera la Saône-et-Loire, puis Le Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis) avec la présidente du conseil régional d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, etc. Il est partout, « Gégé » – on se permet, ses copains sénateurs l’appellent ainsi. Et il n’a pas l’intention de ralentir sa grande vadrouille pétaradante. Il a aussi un livre d’entretiens à vendre, Contre-pouvoir, à paraître le 16 octobre (éditions de L’Observatoire), au titre aussi éloquent que prometteur. Ah ! si, samedi 14 septembre, il a soufflé… Oui, mais ses 70 bougies. Et dévoré des ris de veau, une autre de ses nombreuses passions.
A 70 ans, le président du Sénat fait figure de dernier recours. Un rôle majeur qui est sans doute aussi le dernier pour cet archétype de l’ancien monde.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/01/le-moment-gerard-larcher_6013696_4500055.html
mlsum-fr-1839
Spécialiste de la Révolution et de l’Empire, l’historien Patrice Gueniffey est directeur de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Ne dissimulant pas son plaisir d’historien à renouer avec le genre de la biographie – il est l’auteur d’un Bonaparte (1769-1802) (Gallimard, 2013) –, il défend une vision de l’histoire de France qui ne renonce pas à ses grands hommes. Il est l’auteur de Napoléon et de Gaulle. Deux héros français (Perrin, 2017) et des Grandes Décisions de l’histoire de France (Perrin-Le Point, 2018), ouvrage codirigé avec François-Guillaume Lorrain. Dans l’un de vos ouvrages récents, vous décriviez une société qui, « ne croyant plus avoir de prise sur l’avenir, se détourne du passé ». Pourtant, certains événements ou périodes historiques sont de plus en plus souvent convoqués pour expliquer les situations présentes : cela ne traduit-il pas un besoin d’histoire dans la société ? « Ce que le mouvement des “gilets jaunes” a d’inédit est masqué par la référence aux révoltes d’Ancien Régime » De telles références sont fréquentes dans les discours politiques ou médiatiques, mais je ne suis pas sûr qu’elles frappent beaucoup l’opinion publique. Il y a bien sûr des éléments de comparaison. On parle de jacquerie à propos des « gilets jaunes » ; effectivement, c’est un mouvement de protestation qui vient de la France périphérique, la vraie « province » d’aujourd’hui, porté par des gens qui ne sont pas organisés et s’estiment exclus de la représentation politique. Ça éclate tout d’un coup, sans sommation, et c’est en train de retomber de la même façon – jusqu’à la prochaine fois. Mais ce que ce mouvement a d’inédit est masqué par la référence aux révoltes d’Ancien Régime. A cet égard, le niveau de violence est inédit lorsqu’on le rapporte à l’aversion habituelle des sociétés démocratiques envers celle-ci. Cela en dit long sur le fossé qui sépare l’appareil d’Etat et une partie de la société française. C’est cela qui est nouveau et qui n’a d’équivalent ni en Mai 68 ni dans les mouvements syndicaux des années précédentes, comme en 1995. En fait, l’histoire ne se répète jamais, et je ne suis pas certain qu’elle puisse aider à comprendre l’actualité. Toute situation historique est absolument spécifique et non reproductible. Je ne crois pas à la phrase de Marx selon laquelle « l’histoire se répète toujours deux fois, la première fois comme une tragédie, la deuxième fois comme une farce ». Si la « France périphérique » est au cœur du mouvement des « gilets jaunes », cette France-là, délaissée et abandonnée par l’Etat, n’existait pas il y a un demi-siècle. C’est un phénomène sans précédent dans l’histoire française, où l’Etat, monarchique puis républicain ou jacobin, s’est toujours beaucoup préoccupé d’assurer, en échange de la paix civile et d’un minimum de facilités, un contrôle équilibré sur le territoire. Comme le disait Valéry, l’histoire, « c’est la science des choses qui ne se répètent pas ».
Le passé éclaire-t-il le présent ? (2/6). Il ne faut pas attendre d’une histoire nationale désormais fragmentée qu’elle donne à nos contemporains une ligne de conduite, estime, dans un entretien au « Monde », l’historien Patrice Gueniffey.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/16/toute-situation-historique-est-absolument-specifique-et-non-reproductible_5489835_4415198.html
mlsum-fr-1840
John Williams Across the Stars Musiques de films de John Williams interprétées par Anne-Sophie Mutter (violon) et The Los Angeles Recording Arts Orchestra sous la direction du compositeur Pochette de l’album « Across The Stars », de John Williams. DEUTSCHE GRAMMOPHON / UNIVERSAL MUSIC L’affiche est digne d’une superproduction hollywoodienne : la star allemande du violon mise en scène par le maître américain de la musique de film ! Pourtant, cette rencontre au sommet ne verse pas dans l’imagerie en technicolor. John Williams a révisé quelques-unes de ses partitions les plus célèbres pour permettre à Anne-Sophie Mutter de jouer avec les multiples cordes de sa personnalité. La virtuosité, bien sûr, mais aussi le lyrisme, l’élégance et la finesse. L’orchestration a donc subi des changements. Moins, toutefois, pour offrir un écrin luxueux à la soliste que pour lui donner la possibilité de s’exprimer dans les mêmes conditions qu’au concert. Certaines pages relèvent de l’Ouverture (dans l’esprit de Copland pour l’extrait de Far Away), d’autres, du mini-concerto (avec une savoureuse cadence pour le recyclage de Harry Potter et la pierre philosophale). Si Star Wars favorise plusieurs envolées dans les étoiles, La Liste de Schindler dote ce parcours supersonique d’une conclusion élégiaque. Pierre Gervasoni 1 CD Deutsche Grammophon/Universal Music. Goran Kajfes Subtropic Arkestra The Reason Why vol. 3 Pochette de l’album « The Reason Why vol. 3 », du Goran Kajfes Subtropic Arkestra. HEADSPIN RECORDINGS-CRISTAL RECORDS / SONY MUSIC Né en 1970, à Tyresö, près de Stockholm, le trompettiste, guitariste et compositeur Goran Kajfes est l’un des musiciens les plus actifs de la scène suédoise, depuis le début des années 2000. Parmi les différentes formations qu’il mène, son Subtropic Arkestra – tentette fondé en 2012 –, témoigne de ses envies d’assemblage de différents courants musicaux. Un premier volume était plus particulièrement marqué par une couleur rock, avec des éléments de musiques orientales et du Brésil, des virées vers des ambiances planantes. En 2014, un deuxième volume menait, ici et là, vers l’afrobeat de Fela Kuti, et une manière plus aérée. Ce que prolonge ce troisième volume, enregistré en 2017. Encore plus réussi, par son choix de reprises (Le monde avait 5 ans de Bernard Fèvre, I’m On My Way du groupe psyché US’69, You Can Count On Me de Panda Bear…), une écriture qui combine sens de l’espace, densité orchestrale – les vents, saxophones et trompette, le tricotis des deux guitares –, contrastes entre apaisement et flamboyance. Sylvain Siclier 1 CD Headspin Recordings-Cristal Records/Sony Music. Laurent Coulondre Michel on My Mind Pochette de l’album « Michel on My Mind », de Laurent Coulondre. NEW WORLD PRODUCTION / L’AUTRE DISTRIBUTION Le Michel qui est dans l’esprit, les doigts, l’interprétation du pianiste Laurent Coulondre, c’est Michel Petrucciani, mort le 6 janvier 1999, à l’âge de 36 ans. Coulondre lui rend hommage avec une sélection des compositions du grand du jazz, parmi lesquelles Brazilian Like, Looking Up, Rachid ou Colors, et également avec deux thèmes qu’il a écrits, dont la superbe ballade Michel on My Mind, qui donne son titre à l’album et Les Grelots, thème de l’organiste Eddy Louiss (1941-2015), qui joua en duo avec Petrucciani. Le lyrisme mélodique, l’allégresse, la sensibilité musicienne de Petrucciani sont merveilleusement fêtés par Coulondre au piano et à l’orgue, Jérémy Bruyère, à la contrebasse et la basse et le batteur André Ceccarelli. Tous trois en complicité de swing délié, d’attention à leur sujet. S. Si. 1 CD New World Production/L’Autre Distribution. Lorenzo Sex In the City Pochette de l’album « Sex In the City », de Lorenzo. MFC Lorenzo, rappeur originaire de Brest, se prétend irrécupérable. En effet depuis son apparition dans le collectif Columbine sous le nom de Larry Garcia, cet ancien réalisateur de clips vidéo s’évertue à se montrer plus irrévérencieux, bête et méchant qu’il ne l’est vraiment. Sur le premier titre Kekchose, cet Elmer Food Beat du rap prévient d’ailleurs : « Les parents, élevez vos gosses/Ce n’est pas moi qui les éduquerai. » Même son morceau anti-flic Nique la Bac n’est surtout pas à prendre au sérieux. Avec lui, on est dans le troisième voire quatrième degré, et surtout dans une tradition propre au rap : la provocation. Pas étonnant donc de retrouver sur ce disque Orelsan, qui se délecte d’en faire « toujours plus » avec son petit camarade breton. Preuve qu’elle a de l’humour, la chanteuse Shy’m a aussi accepté son invitation pour une roucoulade zouk-reggaeton, Nous deux. Mis en musique par, entre autres, Vladimir Cauchemar (Vald, Roméo Elvis…) et Seezy, Sex In the City est une gourmandise de fin d’été, dansante à souhait, légère, alors que son auteur voulait surtout se montrer bien lourd. Stéphanie Binet 1 CD MFC. Oum Daba Pochette de l’album « Daba », de Oum. LOF MUSIC-MDC / PIAS Enregistré à Berlin, le cinquième album (en comptant Lik’Oum et Sweety, parus au Maroc en 2009 et 2012) de cette ancienne élève de l’école d’architecture de Rabat est le plus palpitant, le plus inspiré et le plus enivrant que la chanteuse, auteure et compositrice Oum El Ghaït Benessahraoui ait conçu. Nomade et intemporel, d’une sophistication racée, il vibre d’échos avant-gardistes, de soul et de jazz épris d’Orient, avec un soupçon de sonorités électroniques. Accompagné par un quintette impeccable (Yacir Rami – oud ; Camille Passeri – trompette et bugle ; Carlos Mejias – claviers, programmation, saxophone ; Damian Nueva –basse et contrebasse ; Amar Chaoui – percussions), pour mettre en musique sa poésie et ses images, ses odes à la nature, ses messages humanistes, écrits et chantés en darija, l’arabe dialectal marocain (hormis un titre, Kemmy, en tamazight), la chanteuse a trouvé une complice idoine en la personne de la compositrice palestinienne Kamilya Jubran. Réalisatrice artistique de cet album, celle-ci y signe deux compositions sur lesquelles Oum a posé ses mots. Patrick Labesse 1 CD Lof Music-MDC/PIAS.
A écouter notamment cette semaine : du jazz épris de nomadisme, un rappeur très provocateur, des reprises flamboyantes, un hommage festif à Michel Petrucciani…
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/30/selection-albums-oum-lorenzo-john-williams-anne-sophie-mutter-laurent-coulondre_5504676_3246.html
mlsum-fr-1841
Halimah Nakaayi est championne du monde du 800 m. AHMED JADALLAH / REUTERS Lundi 30 septembre, lorsque le coup de starter de la finale du 800 m féminin des championnats du monde d’athlétisme a retenti, c’est, paradoxalement, une absence qui pesait sur la piste du stade Kahalifa à Doha : celle de Caster Semenya. L’athlète sud-africaine n’a pas pu s’aligner sur cette épreuve dont elle est triple championne du monde. Motif ? Un règlement de la Fédération international d’athlétisme (IAAF) interdit aux femmes hyperandrogènes − c’est-à-dire présentant taux de testostérone naturellement plus élevé que la moyenne, ce qui est son cas − de prendre le départ des courses dont la distance est comprise entre 400 et 1 500 m. Difficile dans ces conditions, en l’absence de la meilleure au monde (qui a couru trois secondes plus vite que toutes ses rivales cette année), de considérer la méritante Ougandaise Halimah Nakaayi, victorieuse en 1 min 58 s 04, comme la meilleure spécialiste du moment du double tour de piste. Plus d’une dizaine d’athlètes exclues Caster Semenya n’est pas la seule concernée par ce règlement de l’IAAF, qui limite le seuil naturel autorisé de testostérone. Plus d’une dizaine d’athlètes hyperandrogènes, qui auraient dû s’aligner sur ces différentes épreuves, en ont été exclues. Le 3 mai, Caster Semenya participait au 800 m lors du meeting de Diamond League de Doha. Quelques mois après, elle est interdite de course lors des Mondiaux. Kamran Jebreili / AP Hormis la Sud-Africaine, la plupart des autres athlètes concernées sont anonymes. Certaines fédérations ont quand même choisi de laisser fuiter les noms. Juste avant les Mondiaux, la fédération kényane a identifié deux de ses athlètes, l’une spécialiste du 400 m et l’autre du 800 m, interdites de déplacement au Moyen-Orient car elles présentaient, selon les dernières analyses effectuées, des taux de testostérone « non réglementaires ». C’est le premier titre mondial sur 800 m conquis à Berlin en 2009 par la Sud-Africaine, alors âgée de 18 ans, qui a conduit l’instance internationale de l’athlétisme à se lancer dans une tentative de réglementation, un sujet qui a pris, dès lors, de l’ampleur médiatique, mais sur lequel elle s’était engagée dès les années 1950 (les premiers règlements datent de 1951). Quelques heures avant cette finale du 800 m, l’IAAF avait officialisé son enquête sur le sexe de Semenya. Bataille juridique L’IAFF avait alors imposé à l’athlète un choix cornélien : l’arrêt de la compétition ou la prise de traitements médicaux aux effets secondaires lourds. La Sud-Africaine avait choisi dans un premier temps la seconde solution, censée faire baisser son taux de testostérone naturellement plus élevé que la moyenne. A son retour après onze mois d’arrêt, rien n’avait changé, aussi bien les moqueries et les doutes que sa propension à gagner, notamment deux autres titres mondiaux et deux titres olympiques. Sous l’impulsion de son directeur du département sciences et santé, Stéphane Bermon, l’IAAF est revenue à la charge et a édicté un nouveau règlement qui ne concerne plus toutes les épreuves (contrairement au premier, suspendu en justice en 2015), mais seulement celles du 400 au 1 500 m, sur la base d’une supposée inégalité par rapport aux autres athlètes. Sa conclusion : si elles veulent poursuivre leur sport, les athlètes hyperandrogènes doivent soit courir chez les hommes, soit subir un traitement médical (médicaments ou chirurgie) ou… changer de discipline. Caster Semenya refuse catégoriquement et engage une bataille juridique devant le Tribunal arbitral du sport (TAS, à Lausanne), mais aussi la justice suisse, dont elle perd le dernier épisode devant la Cour suprême helvète. Combative et non résignée, elle attend maintenant la décision en appel. Ablation de la glande Le 27 septembre, jour de l’ouverture des Mondiaux, la chaîne allemande ARD a diffusé un documentaire dans lequel témoignent deux athlètes hyperandrogènes, à qui l’on aurait fait subir en 2012, sans les informer correctement, une opération afin de procéder à l’ablation de la glande responsable de leur production de testostérone, une gonadectomie. Dans ce reportage, l’une de ces deux athlètes, l’Ougandaise Annet Negesa, livre à visage découvert un témoignage bouleversant (l’autre a préféré rester anonyme par crainte pour sa vie dans son pays d’origine), racontant une consultation à Nice et le renvoi vers un hôpital ougandais avec les consignes transmises par le docteur de l’IAAF pour procéder à l’opération. Agée d’à peine 20 ans à l’époque, elle explique qu’elle pensait qu’on allait lui faire « une simple injection » pour enlever « sa testostérone », mot qu’elle prononce difficilement. Au matin, elle se réveille avec « deux entailles en bas de l’abdomen ». Negesa fell so ill after the operation she travelled back to her village as she thought she would die. "Because I… https://t.co/ftCDy1MjGY — honestsport_ew (@Edmund Willison) Depuis, toutes deux souffrent de problèmes de santé physiques et psychiques, aucune n’a retrouvé le chemin des stades et elles affirment n’avoir jamais reçu un quelconque suivi médical, ce que conteste l’IAAF. L’ARD promet d’autres révélations. En attendant, si Caster Semenya a eu les armes pour refuser cette opération traumatisante, imposée sans motif médical, la championne sud-africaine et les autres athlètes hyperandrogènes subissent toujours ce que l’IAFF a reconnu, devant le TAS, être une discrimination.
L’Ougandaise Halimah Nakaayi s’est imposée lundi à Doha. Une victoire en demi-teinte, en l’absence d’athlètes hyperandrogènes, comme Caster Semenaya, écartées par la Fédération internationale.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/30/mondiaux-d-athletisme-l-ombre-des-athletes-hyperandrogeniques-plane-sur-la-finale-du-800-m_6013685_3242.html
mlsum-fr-1842
u Japon. Ce vendredi 12 juillet, les experts-comptables de Bourgogne-Franche-Comté l’ont eu rien que pour eux : Fabien Galthié en personne, conférencier en chef de leur congrès, au Parc des expositions de Dijon. Deux bouteilles d’eau, un écran géant derrière lui, des centaines d’yeux devant. Son thème : « Innover et savoir imposer de nouvelles idées pour faire avancer un groupe ». Cette fois, il avait opté pour une mise décontractée : tennis blanches, tee-shirt assorti, blue-jean. Non loin de l’estrade, il y avait un sac à dos frappé du coq, l’emblème de la Fédération française de rugby (FFR). Le matin même, il se trouvait à Marcoussis, en banlieue parisienne, au Centre national de rugby, sans lunettes mais en short. Il essayait justement de « faire avancer un groupe », en l’occurrence l’équipe de France, à l’arrêt depuis des mois… Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde de rugby : le XV de France veut tout de même y croire En ce début d’été, l’ordre régional des experts-comptables le présente déjà sur les réseaux sociaux comme le « futur sélectionneur du XV de France ». De fait, c’est bien le destin de Fabien Galthié. Des années et des années qu’il rêve de cette fonction. Il y accédera sitôt après la Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre). Pour l’heure, depuis le mois de mai, il est l’entraîneur adjoint du sélectionneur en place, Jacques Brunel. Un « adjoint comme les autres », d’après ce même Brunel. En réalité, le numéro un officieux. Lire aussi Rugby : ultimes remaniements pour le XV de France avant la Coupe du monde Galthié, 50 ans, consultant sur France 2 pendant plus de douze ans, est l’un des rares visages du rugby français identifiable par le grand public. Idem pour les entreprises, prêtes à payer cher pour l’entendre discourir, silhouette affûtée et accent du Sud-Ouest, sur l’importance des relations humaines et l’art de la confiance en soi. Un jour, le voici avec les employés d’une enseigne de produits de sport, un autre, avec ceux d’une chaîne de restaurants de sushis. Un tacticien pointu C’est tout le paradoxe de cet homme précisément connu, dans le milieu du rugby, pour sa nature clivante. « Vous écrivez un article en bien ou en mal ? », s’enquiert d’entrée de jeu Jean-Luc Sadourny, son ancien coéquipier du temps de Colomiers, en périphérie de Toulouse. Lui préfère retenir le Fabien originel, le « Galette » d’autrefois, le fan de Nino Ferrer, capable de chanter Le Sud. Durant sa carrière d’entraîneur, Fabien Galthié a connu quelques succès : un titre de champion dès sa troisième année avec le Stade français (2007), une finale aux commandes de Montpellier (2011). Mais ses deux dernières expériences ont abouti à son licenciement précipité, sur fond de problèmes relationnels et d’un bilan sportif jugé insuffisant : quatre ans et demi à Montpellier (2010-2014) conclus par une victoire aux prud’hommes, puis une petite année à Toulon (2017-2018).
Le futur sélectionneur du XV de France, actuellement entraîneur adjoint, est un personnage clivant. Très attentif à son image, il incarne la tentative de relance de cette équipe, bien mal en point avant son premier match en Coupe du monde contre l’Argentine, samedi au Japon.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/20/coupe-du-monde-de-rugby-2019-fabien-galthie-l-art-du-rebond_6012344_3242.html
mlsum-fr-1843
COLCANOPA Le projet de loi de finances (PLF) pour 2020 entame son marathon devant les parlementaires. Il devait être examiné par la commission des finances de l’Assemblée nationale, du mardi 8 au jeudi 10 octobre, avant un débat dans l’Hémicycle à partir du 14 octobre et un vote définitif d’ici la fin décembre. Si ce troisième budget du quinquennat Macron présente « moins d’aspérités » que ses prédécesseurs, selon la formule de Christine Pires-Beaune, députée socialiste du Puy-de-Dôme, certains sujets ne manqueront pas de faire débat avec les oppositions, voire de diviser la majorité. A commencer par la réforme de la fiscalité locale. Rendue nécessaire par la disparition programmée de la taxe d’habitation pour les 20 % des Français les plus aisés entre 2021 et 2023, elle oblige à trouver des ressources pour compenser le manque à gagner des collectivités. Or, ces dernières ont découvert que l’exécutif veut geler les bases et les taux de la taxe d’habitation au titre de 2020, au lieu de l’habituelle revalorisation en fonction de l’inflation. Une décision à 250 millions d’euros, qui devrait jeter encore un peu plus d’huile sur le feu d’une réforme déjà explosive. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les départements ne digèrent toujours pas la réforme fiscale « Forcément, le sujet va se politiser à la veille des municipales. Ça peut chauffer un peu », redoute-t-on au sein du groupe La République en marche (LRM), où l’on n’exclut pas de pousser à des ajustements : « On n’est pas en situation de guérilla avec le gouvernement, mais ca va discuter. » « On va essayer de trouver un atterrissage intelligent. Mais si on revient sur tous les sujets qui permettent de boucler un budget, on ne le boucle plus, avertit le député LRM Laurent Saint-Martin. Un budget, ça se défend. Et ce sera d’autant plus difficile qu’on a déjà lâché du lest sur beaucoup de points. » Baisse de l’IR : les classes moyennes ciblées Mesure-phare d’un budget vendu par le gouvernement comme « celui des baisses d’impôts » – plus de 9 milliards d’euros pour les ménages, 1 milliard pour les entreprises –, la modification du barème de l’impôt sur le revenu (IR) a été abondamment documentée dans les annexes du PLF. Selon ces données, pour un célibataire, c’est en déclarant 2 000 euros de revenus par mois que le gain (en valeur absolue) sera le plus important après la réforme : il ne paiera plus que 1 066 euros contre 1 615 cette année (– 549). Pour un couple avec un enfant, les gagnants seront ceux déclarant 5 100 euros de revenus mensuels (– 898 euros d’IR). Et avec deux enfants, ceux déclarant 5 600 euros par mois (– 908 euros). Ces seuils suscitent peu de critiques pour le moment. « Le cœur de la cible – les classes moyennes – est le bon, même si elle est large : la baisse va jusqu’aux classes moyennes supérieures. Toutefois, le fait que le gouvernement réduise la part de l’un des derniers impôts progressifs [qui pèse davantage sur les plus aisés que les plus modestes] est plutôt de nature à creuser les inégalités », regrette Mme Pires-Beaune.
Le projet de loi de finances 2020 sera examiné en commission de mardi à jeudi avant d’être débattu dans l’Hémicycle à partir du 14 octobre.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/08/impot-sur-le-revenu-niches-fiscales-les-points-chauds-du-budget_6014654_823448.html
mlsum-fr-1844
« Il paraît d’un autre âge le temps où le général de Gaulle voyait dans la Commission de Bruxelles « quelque aréopage technocratique, apatride et irresponsable ». » Xavier Richer / Photononstop Tribune. Le « déficit démocratique » n’est pas toujours du côté où on le croit. A Bruxelles se déroulent jusqu’au mardi 8 octobre les auditions des commissaires européens. Un examen de passage redoutable, sans équivalent dans nos démocraties nationales. Au Parlement européen, c’est devenu une tradition établie. Chaque commissaire désigné par son gouvernement – pour la France, Sylvie Goulard – doit répondre, durant près de trois heures, aux députés européens, qui lui ont adressé un premier questionnaire. Les élus du suffrage universel interrogent, publiquement, en direct et avec traduction simultanée, les futurs membres de la Commission sur leurs compétences dans le champ d’intervention qui les attend, sur leurs convictions européennes et sur leurs capacités de communication. En son temps, Jacques Barrot comparaît la préparation de cette audition « au grand O de l’Ena ». Le jury parlementaire ne fait en général pas de cadeau. Chaque futur collège de commissaires a ses recalés. On se souvient comment, en 2004, les députés européens avaient refusé leur confiance à l’aspirant commissaire Rocco Buttiglione, désigné par Silvio Berlusconi, pour des propos jugés homophobes. D’autres auditions dans le passé ont obligé le président de la Commission à revoir les attributions qu’il comptait confier à tel ou tel commissaire. La démocratie représentative retrouve de son éclat L’absence de conflit d’intérêts et une solide connaissance des dossiers pèsent lourdement dans l’appréciation des élus. Pour les présentes prestations, le Parlement européen a déjà montré ses muscles. Frustrés de n’avoir pu investir l’un des siens au profit d’Ursula von der Leyen, qui a été élue de justesse, les députés européens comptent bien influer de tout leur poids dans la composition de la prochaine Commission. Avant même le début des auditions, l’examen préalable des dossiers en commission juridique du Parlement européen a conclu les candidatures hongroise et roumaine irrecevables pour cause de conflits d’intérêts. Les gouvernements de ces deux pays ont aussitôt proposé un autre postulant. La vie parlementaire prend ainsi du relief. Et la démocratie représentative que fustigent les nationaux populistes retrouve de son éclat. Il paraît d’un autre âge le temps où le général de Gaulle voyait dans la Commission de Bruxelles « quelque aréopage technocratique, apatride et irresponsable ». Pour un commissaire – terme qui demeure on ne peut plus malheureux pour se rapprocher du citoyen –, l’audition devant le Parlement européen, aussi pénible soit-elle, lui offre l’occasion de recevoir l’onction démocratique des élus.
Mercredi 2 octobre, la candidate française à la Commission européenne, Sylvie Goulard, est auditionnée par les eurodéputés. Cet exercice renforce la démocratie au sein de l’Union et reste sans équivalent chez les Etats membres, signale, dans une tribune au « Monde », Sébastien Maillard, de l’Institut Jacques-Delors.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/02/les-auditions-au-parlement-europeen-des-commissaires-designes-contribuent-a-restaurer-la-confiance-dans-la-democratie-representative_6013945_3232.html
mlsum-fr-1845
Lundi 2 septembre, un attentat au tracteur piégé, commandité par les talibans, a fait au moins trente morts et une centaine de blessés dans le centre de Kaboul. ANDREW QUILTY POUR « LE MONDE » Depuis un an, les Etats-Unis cherchent à conclure un accord avec les talibans pour entamer le retrait de leurs troupes en Afghanistan, envoyées en 2001 par le gouvernement Bush après les attentats du 11-Septembre. Ces derniers jours, des éléments de cet accord, sur le point d’être signé, ont filtré, provoquant une vive inquiétude du côté du gouvernement afghan et de certains observateurs, qui craignent une recrudescence des violences dans le pays. Une peur attisée par l’augmentation des attentats commandités par les talibans ces dernières semaines. Lire aussi Trump veut garder 8 600 soldats en Afghanistan après la signature d’un accord avec les talibans Gilles Dorronsoro, enseignant-chercheur à la Sorbonne et spécialiste de l’Afghanistan, explique au Monde ce qui se joue actuellement à Doha, au Qatar – où ont lieu les discussions – et les conséquences que cet accord pourrait avoir sur l’Afghanistan, déchiré par la guerre depuis plus de quarante ans. Où en est l’accord entre les Etats-Unis et les talibans ? Les Américains ont, pour l’essentiel, lâché l’Afghanistan. Les négociateurs ont laissé entendre qu’un retrait de cinq mille hommes sur trois à quatre mois [13 000 à 14 000 soldats américains sont actuellement déployés] est envisageable, et parlent d’évacuer la plupart de leurs bases. On voit que la dégradation de la situation militaire a conduit les Etats-Unis à une position beaucoup plus souple. Les Américains avaient, avant la présidence Trump, une position très dure : les talibans devaient déposer les armes et reconnaître le gouvernement. Mais à partir du moment où Zalmay Khalizad [le négociateur américain] a pris les négociations en main, il a renoncé à toutes les préconditions. Le plus important pour Donald Trump, c’est de conclure un accord avant l’élection présidentielle de 2020. Il n’est plus question d’obliger les talibans à reconnaître le gouvernement ou à déposer les armes, ce sont aujourd’hui des négociations strictement limitées aux intérêts nationaux des Etats-Unis. Le deal, c’est : on ne vous impose pas de sanctions et en échange vous liquidez l’organisation Etat islamique (EI) et vous tenez Al-Qaida sous contrôle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Afghanistan : « L’accord entre les Etats-Unis et les talibans est un curieux donnant-donnant » Pourquoi l’accord tarde, alors que Donald Trump souhaitait une signature dès le 1er septembre ? Le retard peut venir d’un blocage avec le régime de Kaboul qui, en ce moment, est dans une situation complexe, puisqu’il y a une campagne pour l’élection présidentielle qui doit se tenir le 28 septembre. Mon hypothèse, c’est que les Américains sont en train de faire pression sur le président, Ashraf Ghani, pour annuler l’élection et lancer, à ce moment-là, une négociation interafghane. Or M. Ghani n’aurait très probablement pas été élu en 2014 sans les fraudes massives qui ont eu lieu. S’il renonce à l’élection présidentielle, il sera fini politiquement. Il cherche donc à contraindre les talibans à le reconnaître comme interlocuteur [ce qui n’est plus exigé par les Etats-Unis], mais les insurgés sont en position de force, donc je ne vois pas pourquoi ils accepteraient. Avec environ 50 % du territoire sous leur contrôle et un effondrement des forces de sécurité afghanes, le temps joue en leur faveur. Y a-t-il tout de même un espoir pour que la paix s’installe dans le pays après la signature de l’accord ? Certes, les talibans sont considérés dans la région comme des interlocuteurs responsables, contrairement à l’idée que le public occidental s’en fait. Ils ont été reçus par la plupart des puissances de la région, car ils représentent un mouvement nationaliste qui respecte les frontières internationales. De plus, ils luttent contre l’EI, ce que le gouvernement actuel n’est pas capable de faire. Pour autant, il est exclu pour eux de participer à des élections concurrentielles, car leur soutien populaire est limité. De plus, la paix signifierait fusionner les troupes talibanes et l’armée régulière, ce qui paraît très difficile. Il est peut-être envisageable d’avoir un cessez-le-feu avec un cantonnement des troupes dans des lieux séparés, mais la situation serait extrêmement instable. Paradoxalement, le plus simple est de se mettre d’accord sur une Constitution, car la classe politique afghane est globalement fondamentaliste et idéologiquement pas si éloignée des talibans, mais la question des élections serait compliquée à gérer. Donc, le plus probable, c’est que les Américains se contentent d’un accord sur la sécurité internationale avec les talibans. Avec une forte probabilité de voir la guerre civile continuer en Afghanistan. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Nangarhar, au sein d’une milice coincée entre l’EI et les talibans
Gilles Dorronsoro, spécialiste de l’Afghanistan, analyse l’accord que les Etats-Unis tentent de conclure avec le mouvement fondamentaliste islamiste des talibans.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/06/gilles-dorronsoro-les-americains-se-contentent-d-un-accord-sur-la-securite-internationale-avec-les-talibans_5507158_3210.html
mlsum-fr-1846
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou renonce. Il a annoncé lundi 21 octobre au soir sur son compte Facebook qu’il renonçait à former un gouvernement après les législatives du 17 septembre, dont les résultats étaient très serrés. « Il y a peu de temps j’ai annoncé au chef de l’Etat [Réouven Rivlin] que je renonçais à former un gouvernement », a expliqué M. Nétanyahou dans une vidéo qui s’adresse aux « citoyens israéliens ». Il a accusé Benny Gantz d’avoir fait échouer toutes ses tentatives pour former un gouvernement d’union nationale. Tous les groupes de la Knesset, le Parlement israélien, vont être informés que « le président a l’intention de transférer le mandat pour former le gouvernement, dès que possible, au président de Bleu Blanc, le député Benny Gantz », selon un communiqué des services de M. Rivlin, qui précise que ce transfert doit avoir lieu jeudi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, Benyamin Nétanyahou rate son pari Vingt-huit jours pour former un gouvernement M. Gantz, un ancien chef de l’armée, disposera comme son prédécesseur de vingt-huit jours pour remplir à bien cette tâche qui s’annonce d’ores et déjà difficile. Car à l’issue des élections, MM. Nétanyahou et Gantz ont récolté respectivement les soutiens de 55 et 54 élus pour diriger le prochain gouvernement, mais sans atteindre le seuil de 61 députés leur permettant de former une union majoritaire. « Le temps est venu pour agir », a estimé dans un communiqué le parti Bleu Blanc, lundi soir. Il a affirmé sa détermination « à former un gouvernement d’union libéral » ce qui signifie qu’il cherchera à limiter l’influence des partis religieux dans la formation d’un gouvernement de coalition. Selon les analystes, l’ancien chef de l’armée Benny Gantz est susceptible lui aussi d’échouer à former un gouvernement d’union. Dans ce cas, le président Rivlin pourrait demander à une majorité de députés de désigner un candidat. Il a dit à plusieurs reprises qu’il ferait tout son possible pour éviter d’autres élections – qui seraient les troisièmes depuis avril – mais la poursuite de l’impasse politique pourrait les rendre inévitables. Des négociations bloquées Le président Rivlin avait mandaté M. Nétanyahou, qui cherche à prolonger son règne, déjà le plus long de l’histoire d’Israël, pour tenter de rallier M. Gantz dans un gouvernement d’union mais les pourparlers n’ont pas abouti. Lors des négociations des dernières semaines, le Likoud (parti de Benyamin Nétanyahou) a tenté de faire accepter par les centristes de Bleu-Blanc un compromis, élaboré par le président Rivlin, selon lequel MM. Nétanyahou et Gantz occuperaient le poste de chef de gouvernement à tour de rôle. Cette proposition prévoyait que Benyamin Nétanyahou soit le premier à occuper la fonction de premier ministre, mais soit remplacé, dès sa probable inculpation pour corruption d’ici la fin de l’année, par M. Gantz. Mais ce dernier a estimé qu’ayant obtenu le plus grand nombre de sièges le 17 septembre – 33 à Bleu-Blanc contre 32 au Likoud – il devait être le premier à occuper le poste de chef du gouvernement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, les avocats de Benyamin Nétanyahou face au procureur général Il a aussi affirmé à plusieurs reprises que son parti ne siégerait pas dans un gouvernement dirigé par un premier ministre sous le coup d’une inculpation pour corruption. Benyamin Nétanyahou, de son côté, a également compliqué les discussions en promettant qu’il n’abandonnerait pas les petits partis religieux de droite qui l’avaient soutenu au Parlement, affirmant qu’il représentait l’ensemble du bloc de droite, fort de 55 députés, dans les négociations. M. Gantz a estimé cette condition inacceptable, car elle le reléguerait à un rôle de partenaire secondaire d’un gouvernement Nétanyahou. Lire aussi Qui a vraiment gagné les élections israéliennes ?
Le président Réouven Rivlin va demander au chef de file du parti centriste Bleu-Blanc, Benny Gantz, de composer un exécutif.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/21/israel-benyamin-netanyahou-renonce-a-former-un-gouvernement_6016371_3210.html
mlsum-fr-1847
Le professeur Bruno J. Strasser, en 2015. Carmen Püntener Bruno Strasser, biologiste et historien des sciences, professeur à l’université de Genève (Suisse) et de Yale (Etats-Unis), est l’auteur de Collecting Experiments, Making Big Data Biology (University of Chicago Press, 392 p, non traduit). Le monde scientifique fait face à une avalanche de données numériques, appelées « big data ». Ce concept est-il si nouveau ? Non, le big data, qui évoque tout autant une quantité massive de données qu’une surcharge informationnelle à traiter, est évoqué depuis des siècles dans le monde scientifique. Dans son livre Too Much to Know (Yale University Press, 2011), l’historienne Ann Blair décrit comment, submergés par les quantités d’informations écrites, les savants de la Renaissance inventaient des classements de bandelettes de papiers sur des crochets thématiques. Même sentiment de submersion des naturalistes au XVIe siècle quand les bateaux du Nouveau Monde reviennent avec dix fois plus d’espèces, plantes et animaux, que celles alors connues en Europe. Au XVIIe, Leibnitz se plaint devant cette masse grandissante d’ouvrages, désespéré à l’idée qu’on n’arrivera plus à tout lire… Ces époques de « big data » sont-elles régulières dans l’histoire ? Ces moments où surgit le sentiment d’explosions de données s’inscrivent dans des périodes historiques particulières de découvertes, d’accélération technologique, etc. Bien sûr, les quantités de données sont moins importantes que celles évoquées aujourd’hui avec le numérique, mais cela reste massif si on regarde le rapport entre quantités accessibles et capacité de l’époque à les traiter. Certaines sciences ont-elles été plus rapidement touchées ? Cela concerne, au départ, des sciences dites de collection – histoire naturelle, paléontologie, archéologie –, et les données se retrouvent dans des musées, jardins botaniques ou bibliothèques. Chaque tradition scientifique va ensuite s’adapter au cours des siècles. Au XIXe, dans les sciences expérimentales, en physique ou en biologie, par exemple, on mesure et on produit du chiffre en grande quantité. Au XXe, l’impact le plus emblématique d’un nouvel outil est le CERN, qui produit des masses de données qui n’existaient pas avant les années 1950. L’accès aux données n’est pas simple, est-ce nouveau pour le monde scientifique ? En 1953, le grand naturaliste Ernst Mayr a édicté, dans un livre de bonnes pratiques, les normes et valeurs de son champ. Aux futurs naturalistes, il dit : si vous collectez quelque chose, référencez-la bien et rendez-la accessible publiquement, en la donnant à un musée, par exemple. Puis, s’adressant aux musées : il faut que tout le monde puisse avoir accès à ces données. Vous en êtes les dépositaires, la collection vous appartient, mais paradoxalement pas les éléments qui la composent. L’idée était aussi d’éviter que le spécimen soit enfermé dans le bureau du curateur, qui en tire un profit tout personnel en écrivant une monographie. Ce sont ces règles, tout comme les échanges de spécimens entre musées à des visées de recherche, qui ont permis à l’histoire naturelle de grandir. Le Musée de zoologie des vertébrés en Californie, créé en 1900, est réutilisé actuellement pour comprendre les questions du changement climatique.
Les données collectées par les plates-formes ont une forte valeur scientifique et intellectuelle : leur étude permettrait de mieux comprendre le monde social, politique, épidémiologique. Pourtant, ces informations ne sont pas mises pas en commun.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/16/bruno-strasser-une-grande-part-de-la-connaissance-numerique-produite-n-est-pas-rendue-visible_5511104_1650684.html
mlsum-fr-1848
Un visiteur passe devant la pochette d’« Abbey Road », le 28 mai 2009, lors de l’ouverture du Musée des Beatles, à Hambourg. Fabian Bimmer / ASSOCIATED PRESS Des Beatles, on sait tout, ou presque. Comment ils se sont rencontrés, ont été auditionnés et rejetés par la maison de disques Decca, comment ils ont conquis l’Angleterre, puis l’Amérique et le reste du monde, révolutionné l’histoire de la musique… avant de se séparer. Chacune de leur session d’enregistrement est documentée. On le sait essentiellement grâce au travail de Mark Lewisohn. A 61 ans, cet auteur britannique fait figure d’historien officiel des Beatles. Il a travaillé pour la maison de disques EMI, pour McCartney Productions Ltd (MPL, la holding de Paul McCartney) et Apple Corps (maison de disque des Beatles) et publié en 1988 The Complete Beatles Recording Sessions : The Official Story of the Abbey Road Years, un ouvrage qui raconte sous forme de journal, jour après jour, chaque session d’enregistrement des Beatles, entre le 4 septembre 1962 et le 2 avril 1970. Avec lui, les Beatles deviennent plus « humains ». On apprend qui a joué sur chaque titre, le nombre de prises, d’overdubs, de mixages et quels ingénieurs du son ont participé à la session, etc. Grâce à lui et au travail d’archives entrepris par EMI à l’occasion de la série Anthology 1, 2 et 3, puis des rééditions d’albums clés comme Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band (2017) ou The Beatles (2018), on découvre aussi ce qu’ils mangent et boivent pendant les enregistrements. Comme au début de la While My Guitar Gently Weeps (third version, take 27), lorsqu’on entend George Harrison commandant « a cheese and lettuce and Marmite sandwich. And coffee » (« un sandwich fromage, laitue, Marmite. Et un café ».) Une cassette audio destinée à Ringo Starr A quelques jours du 50e anniversaire de la publication d’une nouvelle réédition d’Abbey Road, le dernier disque enregistré par les Beatles (sorti le 26 septembre 1969), Mark Lewisohn a lâché une petite bombe. Il a fait entendre au Guardian l’enregistrement réalisé par John Lennon d’une réunion, dix-huit jours plus tôt, le 8 septembre, à Savile Row, le QG d’Apple Corps, la maison de disques des Beatles. Cet enregistrement, exploité par l’auteur dans un spectacle intitulé Hornsey Road, qui retrace les derniers mois du groupe et qui sera joué au Royaume-Uni à partir du 18 septembre, éclaire d’un jour nouveau les désaccords à l’origine de leur séparation, écrit le Guardian. Ce jour-là, Ringo Starr, qui souffre de douleurs à l’intestin, est à l’hôpital pour des examens. En son absence, John Lennon a apporté un magnétophone portable, lance l’enregistrement et déclare : « Ringo, tu ne peux pas être avec nous, mais c’est pour que tu puisses entendre ce dont nous discutons. » Autour de la table, John Lennon, Paul McCartney et George Harrison évoquent le projet d’un futur album, dont un single pourrait sortir pour Noël. Les auteurs des « livres nous ont toujours dit qu’ils savaient qu’Abbey Road était leur dernier album et qu’ils voulaient finir sur un sommet. Mais non, ils discutent d’un nouvel album. Et John, qui passe pour celui qui voulait la séparation du groupe, est dans une attitude qui suggère le contraire. Voilà qui réécrit à peu près tout ce que nous pensions savoir », observe M. Lewisohn. Préparation d’un nouvel album Dans cet enregistrement, John suggère encore que chacun propose des chansons qui pourraient figurer sur le prochain single, prévu avant Noël. Il évoque également une nouvelle formule pour ce disque : quatre chansons de Paul, de George et lui-même et deux de Ringo, « s’il le veut », ajoute John. Lors de cet échange, John propose de tordre le cou au « mythe » du partenariat « Lennon-McCartney » : les chansons de Lennon seront créditées Lennon et celles de McCartney seront créditées McCartney. Jusqu’au moment où Paul lance une vacherie à George, qui, selon la rumeur en vogue à l’époque, rivalisait désormais avec John ou lui. « Je croyais que les chansons de George n’étaient pas très bonnes jusqu’à cet album [Abbey Road] », explique-t-il, faisant référence à Something et Here Comes the Sun, passant par profits et pertes While My Guitar Gently Weeps, qui n’a pourtant rien à envier aux compositions de Lennon-McCartney. Ce à quoi George répond : « C’est une question de goût. Depuis le début [de notre carrière], les gens aiment mes chansons. » John intervient et remarque que personne, dans le groupe, n’a aimé Maxwell’s Silver Hammer, titre d’Abbey Road signé Paul, et que ce dernier serait peut-être plus avisé s’il donnait des chansons de ce genre aux artistes sous contrat chez Apple Records (qui fait partie d’Apple Corps), comme Mary Hopkins. Dans son livre, Revolution in the Head (1994), le critique musical britannique Ian MacDonald écrivait à propos de ce titre : « Si un seul enregistrement montre pourquoi les Beatles se sont séparés, c’est Maxwell’s Silver Hammer. » Yoko Ono est donc réhabilitée.
L’historien Mark Lewisohn, spécialiste des Beatles, vient de dévoiler une cassette audio dévoilant les projets du groupe après « Abbey Road » et les tensions entre ses membres.
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/09/12/cinquante-ans-apres-abbey-road-l-enregistrement-qui-reecrit-a-peu-pres-tout-ce-que-nous-pensions-savoir-sur-les-beatles_5509679_4832693.html
mlsum-fr-1849
Photogramme extrait de « Blow-Up » de Michelangelo Antonioni, 1966. MGM « Double feinte. Territoire des fictions secondes », d’Eric Rondepierre, Tinbad, « Essai », 188 p., 22 €. Eric Rondepierre est un artiste aux multiples facettes, qui construit depuis la fin des années 1980 une œuvre photographique à partir d’images qu’il ne prend pas lui-même, mais qu’il extrait de films existants, sans savoir à l’avance ce qu’il va trouver dans les archives dormantes du cinéma. Ce qui le fascine ? Des images érodées, malades, confidentielles, scandaleuses, auxquelles il offre une nouvelle vie – un autre chemin vers la fiction. Mais il ne se contente pas de les prélever. Il écrit sur elles, aussi. Il a notamment publié en 2005 un très beau récit, La Nuit Cinéma (Seuil), dans lequel il explore ce lien fécond qui l’unit aux images. La séquence finale de « Blow-Up » Double feinte marque une ­évolution de son travail. C’est en ­critique que Rondepierre s’interroge désormais sur la fiction, en identifiant, dans des œuvres ­cinématographiques, photographiques ou littéraires, des points de bascule, le surgissement de modes incongrus de fonctionnement, marqués par la simulation – gestes ou actes joués pour de faux. Ce sont par exemple des personnages dans une photographie de Paul Nougé qui trinquent sans verre. Des corps habillés mimant une orgie sexuelle dans une image d’Edouard Levé. Ou encore, au cinéma, la séquence finale de Blow-Up, de Michelangelo Antonioni (1967) : une partie de tennis jouée sans balles ni raquettes sous le regard du héros, qui semble flotter entre deux mondes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La photographie sur fond de cinéma Dans ces moments où les codes de la vraisemblance se dérobent, le spectateur fait une expérience paradoxale. L’illusion ne fonctionne plus, mais il n’est pas exclu de ce qu’il regarde, bien au contraire. Car jouer à faire semblant convoque un esprit d’enfance, réanime l’origine de nos fictions intimes. Qui ne s’est pas un jour fait son cinéma intérieur en donnant la réplique à des êtres inventés ? Un jeu très sérieux L’imagination, pour Rondepierre, n’est pas du côté de l’évasion. Elle cherche à représenter un réel absent ou esquivé. C’est un jeu très sérieux qui ne perd ­jamais de vue le monde extérieur pour, écrit-il, « s’approcher du cœur palpitant de nos vies ». Si ces « fictions secondes » revêtent une dimension potentiellement comique, elles peuvent aussi signaler un danger. Comme dans cette œuvre du photographe Jeff Wall où, dans une rue, un homme en position de tir tient entre ses mains une arme imaginaire.
Dans son nouveau livre, l’artiste et critique interroge des images « irréelles » issues d’œuvres ­cinématographiques, photographiques ou littéraires.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/08/08/double-feinte-eric-rondepierre-a-la-recherche-du-sens-de-l-incongru_5497749_3260.html
mlsum-fr-1850
olumbia. C’était un soir d’automne, de retour de l’aéroport de La Guardia. Dans un taxi jaune, ces taxis immortalisés en 1976 par Robert de Niro, dans Taxi Driver, le film de Martin Scorsese. « Agresser un chauffeur est puni de vingt-cinq ans de prison » : seul cet écriteau rappelle les temps anciens, ceux de la violence new-yorkaise, lorsque les junkies et autres drogués pouvaient tuer ou assassiner un chauffeur pour lui dérober quelques dizaines de dollars. Désormais, une vitre sépare les passagers du conducteur et on paie par carte de crédit. Celui-ci ne s’appelle pas Travis, comme dans le film, mais Mohamed. Mohamed Rahman, immigré du Bangladesh qui nous raccompagne sur les voies défoncées menant à Manhattan. Allez savoir pourquoi, il nous prend pour un Allemand, et la conversation s’engage dans la langue de Goethe. Aujourd’hui âgé de 63 ans, Mohamed Rahman travaillait dans les années 1980 à Francfort, en Allemagne de l’Ouest. Mais il rêve d’Amérique et postule au début des années 1990 à la loterie qui permet d’obtenir une carte verte et d’émigrer définitivement aux Etats-Unis. Bingo, direction New York avec son épouse. Pour ces immigrés relégués, l’East River, qui sépare Manhattan du Bronx et du Queens, est la frontière entre deux mondes. Le premier où un deux-pièces est loué 4 000 dollars (3 650 euros), où la garderie d’enfants coûte au bas mot 2 000 dollars par mois et l’assurance santé plus de 20 000 dollars par an. Le second, où l’on s’entasse dans des appartements minuscules pour quelques centaines de dollars, vivotant grâce à l’aide médicale et l’école publique. Plus débordée qu’un ministre Comment faire autrement, quand on sait que les chauffeurs de taxi ne gagnent que 32 000 dollars par an, quand les salaires moyens new-yorkais sont de 77 000 et ceux dans la finance de 420 000 ? « Vous vivez dans un logement social ? ». « Oh non », réplique Rahman, avec un ton de mépris pour ces logements insalubres, qui font la honte de la mairie de New York. On s’afflige pour cette population prisonnière à jamais de son district. Jusqu’à ce que Mohamed Rahman évoque sa fille. Fièrement. « Elle étudie la médecine à Columbia. Vous pouvez regarder sur Google. » Ainsi donc, la fille d’un chauffeur de taxi immigré du Bangladesh peut décrocher une place dans une des plus prestigieuses universités des Etats-Unis. Le rêve américain existe encore, et l’on va essayer de le rencontrer. On farfouille dans les mails des étudiants de Columbia pour entrer en contact. A 21 ans, Lamia Rahman est comme tous les étudiants : plus débordée qu’un ministre, mais l’on finit par la retrouver sur les marches de la bibliothèque de Columbia, superbe bâtiment perché sur les hauteurs d’Harlem. Jeune femme élégante, maquillée, piercings et talons hauts, elle vit désormais sur le campus : « Je voulais aller à Columbia ; c’est la seule université de l’Ivy League à New York, [ces huit universités prestigieuses de la Côte est fondées le plus souvent avant l’indépendance américaine] et je voulais rester proche de la maison pour des raisons familiales. »
New-Yorkais(e)s (2/6). Fille d’un chauffeur de taxi venu du Bangladesh, la jeune femme a été soutenue par une association qui aide des familles pauvres à franchir le cap de l’université. Elle suit aujourd’hui des études de médecine à la prestigieuse université Columbia.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/13/lamia-rahman-du-queens-au-reve-americain_5498901_4415198.html
mlsum-fr-1851
Affiche de la 25è édition du festival Toros y Salsa. Ville de Dax Toros y Salsa, c’est quoi ? La page Wikipédia de la manifestation parle de « festival musico-sportif ». Concrètement, qu’est-ce que ça veut dire ? 1995. La municipalité de Dax (Landes) fait appel à François Charpentier pour organiser l’animation musicale de la dernière fête taurine de la temporada. Depuis 25 ans, ce sont au total six concerts gratuits qui démarrent dès la fin des corridas chaque premier vendredi, samedi et dimanche du mois de septembre dans l’ombre des casetas plantées au pied des arènes. Au fil des ans, François Charpentier a construit une manifestation culturelle reconnue et réputée, il faut bien le dire dans l’indifférence polie des aficionados. Charpentier, on ne comprend pas trop ce qu’il fait, mais il a l’air de connaître son affaire. Défrichage, légendes et coups d’éclats Reconnue et réputée ? On parcourra l’histoire du festival pour s’en persuader. Des piliers de la salsa, Larry Harlow, Jimmy Sabater, José Mangual jr, Tito Allen, Frankie Vázquez, Ray de la Paz, Menique, aux stars de la salsa cubaine comme Issac Delgado ou Maraca en passant par les plus belles formations traditionnelles cubaines : le Changüi de Guanatanamo, le Septeto National ou encore le Septeto Santiaguero. François Charpentier n’hésite pas à programmer toutes les nuances du latin jazz, du vibraphoniste Dorance Lorza au percussionniste Yuvisney Aguilar en passant par le pianiste Ramón Valle. Toros y Salsa fut le premier festival à accueillir des groupes en devenir tels que Bio Ritmo, La Excelencia, Tromboranga. Le directeur artistique peut s’enorgueillir de quelques coups d’éclats comme le dernier concert de Ray Barretto, celui de Batacumbele, le pendant portoricain d’Irakere ou encore une prestation inoubliable de la formation portoricaine de bomba et plena Truco Y Zaperoko . Alors qui pour célébrer ce vingt-cinquième anniversaire ? L’édition des 25 ans s’est déroulée les 6, 7 et 8 septembre 2019. Au programme : Ray de la Paz, Moncho Rivera, Jimmy Bosch, Tromboranga, Diabloson et C4 Trio. Ray de la Paz, inoubliable voix du Spanish Harlem Orchestra. On en oublierait presque son passé prestigieux au côté de Louie Ramírez et de Ray Barretto. Heureusement, ce week-end se chargera de nous rafraîchir la mémoire. Sonero dans l’âme, Ray promène sur la scène savoir-faire et nonchalante élégance, un véritable gentleman de la salsa. Moncho Rivera, le neveu d‘Ismael Rivera, certainement l’un des plus aimés (avec Hector Lavoe) des chanteurs portoricains. Maelo enregistra 17 albums avec son compatriote Rafael Cortijo. Incontestablement, le gars sait chanter et improviser. Sans posséder toutes les subtilités de son oncle, Moncho a un timbre et des intonations suffisamment proches pour nous embarquer. La surprise de l’édition fut la présence de Mercadonegro. Il fallait un orchestre chevronné pour accompagner Moncho Rivera et Ray de la Paz. La formation, qui s’est forgé ses lettres de noblesse en jouant avec Celia Cruz, s’est fait la spécialité d’accompagner les stars du genre. Si on a longtemps pu leur reprocher leur manque d’aspérité, les personnalités se sont affirmées et le tout nouvel album, Somos Del Barrio, est une excellente surprise. Le tromboniste Jimmy Bosch le 6 septembre 2019 au festival Toros y salsa (Dax). Yannick Le Maintec Jimmy Bosch a marqué les années 2000 avec quatre albums incontournables. A chacun de ses déplacements, le tromboniste new-yoricain rencontre un franc succès auprès du public européen, comme en 2018 au festival Tempo Latino. Jimmy n’a plus enregistré depuis une dizaine d’années. C’est sûrement pour ça qu’on lui en veut un peu. Pour accompagner Jimmy, non pas Mercadonegro mais -surprise- le nouveau poids lourd de la salsa mondiale, Tromboranga, une formation née à Dax issue du sexteto Bloqué 53. Les Barcelonnais avaient un peu de mal à surprendre depuis Al Mal Tiempo, Buena Salsa, l’album qui a établi leur son, inspiré des trombones de l’Orquesta Narváez, formation new-yorkaise des années 70. Quelle évolution ! Travail choral, chorés milimétrées, trombones qui font le show, plongée dans la foule et surtout un répertoire inédit pour un plaisir renouvelé. Mention spéciale pour les régionaux de l’étape, Diabloson qui ont assuré le concert principal du samedi et la nouvelle trouvaille de Charpentier, le C4 Trio, un quatuor vénézuélien réputé constitué d’un bassiste et de trois joueurs de cuatros (guitares typiques à quatre cordes), qui a pu destabiliser une partie du public et pourtant impressionnants de dextérité. Et toujours la descarga en ligne de mire Le plaisir de François Charpentier : choisir les musiciens, mélanger les ingrédients propices à déclencher la combustion, créer l’alchimie qui verra naître la descarga. La descarga ? La jam-session des musiques afro-cubaines, un genre gravé pour la première fois dans l’acétate en 1957 par le contrebassiste cubain Israel Cachao López. Le premier acte de la soirée dimanche verra un condensé du week-end avec au programme Moncho Rivera, Ray de la Paz, Jimmy Bosch et les orchestres Mercadonegro, Tromboranga, Diabloson et même les C4, pour une réinterprétation des standards : El Nazareo, Las Caras Lindas, La Soledad, El Negro Bembo, Mentirosa, Que vien Te Ve, La Malanga, Otra Oportunidad, Agua Que Va Caer, une plongée dans le répertoire passé, présent et à venir. Descarga au festival Toros y Salsa, le 8 septembre 2019 à Dax (Landes). Yannick Le Maintec Il suffira que le Vénézuélien Gerardo Rosales s’installe à ses congas pour voir débuter le ballet des musiciens. Le parrain du festival n’a pas son pareil pour mettre en place et mener une descarga. Si Toros y Salsa est si couru chez les musiciens, c’est bien en raison de cette fameuse descarga. Où ailleurs peut-on assister à des bœufs aussi incroyables ? Sur scène vingt, trente, quarante musiciens ? Qu’importe. Les chanteurs improvisent sur les standards, les pianistes se succèdent les uns aux autres, compétition de cuivres et autres concours de percussions. Véritable festin musical, la descarga est le Saint-Graal de la salsa.
Depuis 1995, la paisible cité thermale de Dax accueille le méconnu festival Toros y Salsa, pourtant l’un des plus réputés de la scène salsa.
https://www.lemonde.fr/le-jazz-et-la-salsa/article/2019/09/24/toros-y-salsa-entretient-la-flamme-de-la-salsa-depuis-25-ans_6012854_5324427.html
mlsum-fr-1852
Des bénéficiaires du programme Thimo travaillent comme employées communales à Abidjan. Youenn Gourlay Malgré son prénom, Elvis Akouany n’est pas une rock star. Mais à M’pouto, il a plutôt la cote. « Bonsoir le boss », « Bonsoir M. Elvis », lui lance-t-on à tout bout de champ dans ce quartier lagunaire d’Abidjan. Ici, « je suis devenu quelqu’un », note, sourire en coin, l’Ivoirien de 32 ans. Il y a trois ans, il a lancé son petit commerce de location de bâches et d’accessoires dans l’événementiel : tables, chaises, couverts… « Nous sommes dans un quartier où il y a tout le temps des fêtes traditionnelles, il y avait un besoin », explique-t-il. Rapidement, l’affaire a bien marché et Elvis a pu mettre de l’argent de côté. L’entrepreneur a même ouvert un bar puis un pressing, à quelques rues, et emploie plusieurs personnes de M’pouto en fonction des besoins. Alors qu’il était un peu perdu après avoir raté son BTS en gestion commerciale, Elvis gagne désormais plus de 200 000 francs CFA par mois (plus de 300 euros), l’un des meilleurs salaires du quartier. Le trentenaire a bénéficié du tout premier programme Thimo (Travail à haute intensité de main-d’œuvre) développé par le gouvernement ivoirien en 2015. Il s’agit de l’un des instruments de politique de protection sociale et d’emploi les plus utilisés dans le monde, notamment en raison de sa simplicité. En 2015, 94 pays avaient un programme Thimo en cours, tous légèrement différents en fonction des réalités régionales. Le dispositif est souvent utilisé dans les situations de crise (post-conflit, insécurité alimentaire…) pour augmenter à court terme les revenus, la consommation ou la santé des individus. Des volontaires tirés au sort En Côte d’Ivoire, il permet aux personnes dites « vulnérables », prioritairement des femmes, des jeunes ou des handicapés, de bénéficier d’un appui de l’Etat dans la réinsertion professionnelle. Les volontaires sont tirés au sort et réalisent durant six mois des travaux d’intérêt public, souvent dans les communes. En contrepartie, ils bénéficient d’un petit revenu, d’un programme d’épargne volontaire et de formations. L’objectif est de les relancer sur le chemin de l’emploi et, idéalement, de les faire passer du monde informel (92 % des travailleurs ivoiriens) au secteur formel. En Côte d’Ivoire, 60 % de la population n’a pas terminé le cycle d’enseignement primaire, ce qui se traduit plus tard par des petits boulots mal payés. Dans la commune huppée de Cocody, on trouve aussi cette population précaire, peu ou pas qualifiée, « que la vie a éloignée de l’école et donc de l’emploi », détaille Fernand Yapi, responsable du programme dans cette partie de la ville. Ces gens presque invisibles parmi les villas et les centres commerciaux modernes sont souvent « des mères de famille d’une trentaine d’années avec des enfants en bas âge », détaille-t-il. Durant six mois, certains ont travaillé comme employés communaux. Dans leur combinaison orange, ils ont ratissé, ramassé, débroussaillé les espaces verts pour une somme mensuelle de 55 000 francs CFA – presque un SMIC ivoirien –, répartie en salaire (35 000 francs CFA) et en épargne (20 000) sur un compte bancaire ouvert par le Bureau de coordination des projets de l’emploi (BCPE), qui chapeaute le programme dans le pays et accompagne ses bénéficiaires durant six mois supplémentaires afin de bien investir les 120 000 francs CFA épargnés. « 35 000 francs, c’est peu », constate Mireille Ouattara, 35 ans, qui a travaillé toutes les semaines de 8 heures à 14 heures. Mais avec ces horaires, « ils peuvent retourner à leur petit boulot l’après-midi pour arrondir les fins de mois », explique Fernand Yapi. Cette approche n’a pas tout de suite fait l’unanimité. « Lorsqu’on a réuni les gens du quartier pour expliquer le projet, la moitié de la salle s’est vidée. Mais si on donne plus d’argent, on ne touche plus les plus vulnérables, ceux qui ont réellement besoin d’aide », note Léopoldine Aka du BCPE. Malgré tout, la demande est trois fois supérieure à l’offre. « Un filet social à court terme » Pour les travailleuses de Cocody, ce sont les derniers jours du programme. « Ça nous a vraiment aidées », insiste Edwige Galon, fière du chemin parcouru. Durant six mois, elle et ses collègues, habituellement vendeuses de fruits, de cigarettes ou de perruques dans la rue, disent avoir trouvé un cadre, une équipe et gagné un peu mieux leur vie. Elles ont suivi des cours d’entrepreneuriat et de gestion pour mieux gérer leur petite affaire, voire lancer une nouvelle entreprise. Car en Côte d’Ivoire, comme le révèle une des études consacrées au programme Thimo, le dispositif crée surtout du travail indépendant. « Je vais reprendre mon salon de mèches, mais en plus gros », annonce par exemple Dorothée Mel. Si le programme est présent dans de nombreux pays en développement et notamment en Afrique (Ethiopie, Malawi…), la Côte d’Ivoire est le seul à avoir réalisé une étude d’impact rigoureuse. « Elle confirme globalement son efficacité en tant que filet social à court terme », note Alicia Marguerie, économiste à la Banque mondiale. Le gain est positif pour les revenus de l’individu et du ménage, entraînant une hausse des dépenses de nécessité : alimentation, éducation et santé. « Surtout, il améliore le bien-être et le comportement des participants, ce qui augmente les chances d’obtenir un travail par la suite », écrit Alicia Marguerie. Certains effets bénéfiques, comme le fait d’obtenir un meilleur emploi que le précédent, sont atténués ou disparaissent à moyen terme (entre 18 et 21 mois après le programme). Mais l’estime de soi et la gestion de l’épargne progressent et les différentes formations permettent d’envisager l’avenir un peu plus sereinement. En 2021, quelque 8 000 Ivoiriens auront bénéficié de cette aide. Trop peu ? « On fait avec les moyens du gouvernement », élude Charles Assoumou, secrétaire exécutif de la Plateforme de services de Côte d’Ivoire, un dispositif local d’insertion. Pensé à court terme, le programme Thimo ne dispose d’aucune étude sur les effets à plus longue échéance, mais certains volontaires s’en sont sortis. C’est le cas de José-Léon Gueï, qui a lancé sa boutique de produits phytosanitaires dans le quartier très populaire des Oliviers, à Cocody. Il pourrait reprendre à son compte cette devise qu’Elvis a inscrite sur son petit bureau blanc : « Un des plus grands plaisirs de la vie est de faire ce que les autres nous croient incapables de faire. »
L’Afrique au défi de l’emploi (2/5). L’Etat propose aux personnes vulnérables des travaux d’intérêt public en échange d’un petit revenu, d’un programme d’épargne et de formations.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/22/en-cote-d-ivoire-balayer-la-rue-pour-retrouver-le-chemin-de-l-emploi_6016507_3212.html
mlsum-fr-1853
L’attentat à Kaboul a fait au moins 22 morts, le 17 septembre. Ebrahim Noroozi / AP Les négociations entre talibans et Américains, commencées il y a un an pour établir la paix en Afghanistan, n’avaient pas ralenti le rythme des attentats sur le sol afghan. Mais leur rupture brutale, dans la nuit du 7 septembre, par le président des Etats-Unis, Donald Trump, a encore aggravé la violence. Au lendemain de l’arrêt des pourparlers, les deux camps s’étaient menacés des pires représailles. Une menace qui s’ajoutait à la promesse du mouvement taliban de tout faire pour empêcher l’organisation de l’élection présidentielle, le 28 septembre, et de continuer à frapper le gouvernement de Kaboul qu’il considère « illégitime ». Au moins 48 personnes ont, ainsi, été tuées pour la seule journée du mardi 17 septembre, lors de deux attentats. Deux actes revendiqués par les talibans. La première attaque, menée par un kamikaze à moto, s’est produite en fin de matinée à Charikar, une localité de la province de Parwan, lors d’un meeting électoral du président afghan, Ashraf Ghani. L’explosion, survenue près du premier checkpoint donnant accès à la réunion électorale, a fait 26 morts et 42 blessés, un bilan considéré, mardi soir, comme provisoire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Afghanistan : récit du pari diplomatique raté de Donald Trump Le président Ghani n’a pas été blessé et a été évacué par son service de sécurité. Ayant lancé sa campagne dès le mois de juillet, il visite l’ensemble du pays pour sa réélection. Selon une source locale, l’explosion a retenti alors qu’il s’adressait à ses partisans. Aucun membre de son escorte n’a été atteint. En revanche, des personnes qui attendaient de pouvoir entrer comptent parmi les victimes, dont des femmes et des enfants. Dans un communiqué, les talibans ont assuré que « l’attaque visait une réunion faisant la promotion des élections fantoches ». Cet attentat est le plus meurtrier depuis le début de la campagne électorale, en juillet. Une attaque avait fait 20 morts, le 28 juillet, après l’assaut mené par les insurgés talibans contre les bureaux de l’Afghanistan Green Trend, un mouvement politique fondé par Amrullah Saleh, candidat sur la liste d’Ashraf Ghani au poste de premier vice-président. Les intérêts américains visés Une heure après l’attaque-suicide de Parwan, une autre explosion a retenti, à Kaboul, près de la place Massoud, toute proche de l’ambassade des Etats-Unis et située sur l’axe, souvent bondé, qui mène à l’aéroport. Elle aurait fait 22 morts, dont six militaires, et 38 blessés, selon un premier bilan, transmis par le ministère de l’intérieur. Là, également, des femmes et des enfants figurent parmi les victimes. Dans leur revendication, les talibans affirment avoir visé des intérêts américains. Les observateurs internationaux craignent désormais le pire en matière de sécurité dans le pays. La situation ne peut que se dégrader alors que la paix est, à nouveau, au point mort, en dépit d’un déplacement, le 14 septembre, d’une délégation talibane en Russie pour discuter de la perspective d’un retrait d’Afghanistan des troupes américaines. Les représentants insurgés doivent également se rendre en Chine, en Iran et dans les ex-républiques d’Asie centrale pour entretenir leurs relations diplomatiques avec les pays de la région. Les relations talibano-américaines relèvent désormais de la surenchère. Le 11 septembre, le président américain avait assuré que les forces américaines « avaient frappé [leur] ennemi plus fortement qu’ [elles ne l’avaient] jamais fait, et cela va continuer ». Ce à quoi les talibans avaient répondu : « Il lui reste encore à saisir le genre de nation auquel il a affaire. Ses conseillers doivent lui faire comprendre que l’Afghanistan est le cimetière des empires. »
Une des attaques, qui a fait 26 morts, est survenue dans la provence de Parwan à proximité d’un meeting électoral du président Ashraf Ghani. Les talibans ont revendiqué les deux attentats.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/17/afghanistan-attentat-lors-d-un-meeting-du-president-ghani_5511429_3210.html
mlsum-fr-1854
Affiche de sensibilisation au travail des enfants à Abidjan, en avril 2012. SIA KAMBOU / AFP La tâche s’annonce ardue mais Aïssatou se sent prête. C’est en écoutant une syndicaliste à la radio qu’elle s’est décidée à exiger que son employeur la déclare. Contrairement à tant d’autres, la jeune femme de 22 ans ne subit aucune violence domestique. En revanche, elle ne supporte plus les journées de quinze heures, les jours de repos aléatoires et les brimades des enfants. Encore moins son statut de petite bonne sans droit et son qualificatif humiliant de « servante ». En 2018, 3 533 travailleuses domestiques ont été déclarées à Abidjan alors que les Aïssatou sont des centaines de milliers. Personne ne sait vraiment combien d’ailleurs. Pas même les autorités qui, après une tentative avortée en 2014, ont à nouveau convié les acteurs de la société civile à participer, fin novembre, à la rédaction d’une loi pour encadrer ce secteur. « On est ravis de cette nouvelle initiative, mais on reste vigilants, déclare Chantal Ayemou, la directrice du Réseau ivoirien pour la défense des droits de l’enfant et de la femme (Riddef). En 2014, après de longues discussions, il ne s’est rien passé, sans que l’on comprenne vraiment pourquoi. » Esclavage moderne Son association a publié en 2015 l’une des rares études chiffrées (à partir d’un échantillon) sur la servitude domestique à Abidjan. Les violences subies par les bonnes non déclarées y sont listées, laissant entrevoir l’étendue des chantiers auxquels devrait s’attaquer la future loi. On y apprend qu’une travailleuse sur quatre est victime de violences sexuelles, et que plus d’un tiers d’entre elles (35 %) n’a droit à aucun jour de repos, à aucun salaire et subit, au quotidien, humiliations, séquestrations et privations de nourriture. Si l’Organisation internationale du travail (OIT) et les Nations unies qualifient ces situations de « servitude », les associations sur le terrain n’hésitent pas à parler d’esclavage moderne. Le rapport confirme également qu’en Côte d’Ivoire une travailleuse domestique sur quatre est mineure. Déscolarisées, les fillettes viennent de zones rurales reculées du nord et de l’est du pays, parfois même, du Bénin, du Mali ou du Burkina Faso. Car, « pour ces familles pauvres, Abidjan, c’est l’Eldorado », résume Mariame Ouattara, la directrice de l’association Cavoequiva, qui leur vient en aide. Si la travailleuse sociale fait mention des familles, c’est que certaines jeunes filles sont confiées directement par leurs parents à des tiers. Autrefois, ce tiers avait un lien de parenté. Il s’agissait d’une cousine, d’un oncle ou d’une « tantie ». Aujourd’hui, ce dernier terme ne sert plus qu’à désigner une personne qui vient ravir une jeune fille à sa famille, sans que ni un lien de famille, ni même un lien communautaire ne puissent être établis. Dans l’affaire, les parents sont souvent trompés, comme l’explique Séraphin Kouame, conseiller politique à la Fondation allemande Friedrich-Erbert, très active sur la question des servantes mineures : « On dit aux parents : “Confie-moi ta fille, je vais m’en occuper. A Abidjan, elle sera scolarisée et elle apprendra un métier, la coiffure ou la couture par exemple.” » Pour ce spécialiste de la question, les employeurs se couvrent en prétextant « l’œuvre sociale » qu’ils accomplissent envers ces familles issues de communautés marginalisées, mais aussi envers la jeune fille, à qui ils promettent d’être mieux lotie à Abidjan que dans son village natal. C’est encore leur « humanité » que les employeurs mettent en avant pour justifier les faibles salaires qu’ils versent à leur bonne. « Elle mangeait difficilement deux repas par jour dans son village alors que, chez moi, elle est nourrie trois fois par jour, et elle dort dans un espace climatisé. C’est un coût, donc je le déduis de son salaire », admet sans sourciller Stéphane, chef d’entreprise dans la commune huppée de Cocody. D’après l’étude du Riddef, 80 % des employées de maison touchent 22 000 francs CFA par mois (35 euros), soit le tiers du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), fixé à 60 000 francs CFA en Côte d’Ivoire. En plus des tâches ménagères qu’elles effectuent au quotidien, les mineures, elles, sont rarement payées. Elles sont d’ailleurs souvent encouragées, une fois le travail terminé, à faire du petit commerce dans la rue pour rapporter quelques francs supplémentaires au foyer. Double peine donc, pour ces fillettes. « Ce secteur n’est pas réglementé, chacun fait ce qu’il veut, tonne Sylvia Apata, juriste reconnue et consultante en droit des femmes. Tout le monde profite du fait que ces femmes et ces filles ne connaissent pas leurs droits, elles sont piégées dans un purgatoire juridique. » Et pour cause. La Côte d’Ivoire n’a toujours pas ratifié la convention C189 sur les travailleuses et travailleurs domestiques portée par l’OIT. Par conséquent, le statut des travailleuses domestiques est en théorie défini par le Code de travail ivoirien, mais celui-ci reste « méprisé » par les employeurs d’après Sylvia Apata, qui ajoute ne pas trop croire le gouvernement quand celui-ci annonce la ratification prochaine de la convention et la rédaction d’une future loi. Pour les autorités, l’aspect privatif des abus et l’informalité de ce secteur rendent en effet les contrôles difficiles. « Agences de placement » Le gouvernement a en revanche commencé à mettre de l’ordre dans le « trafic de bonnes ». Côté répression, les services de sécurité et de justice ont été sensibilisés et formés afin de prêter assistance aux femmes victimes de traite et d’exploitation et sanctionner les employeurs-exploitants. Par ailleurs, des cliniques juridiques ont été mises en place dans l’objectif d’épauler les femmes vulnérables qui souhaitent bénéficier d’une assistance et sortir de la spirale infernale de la servitude domestique. Pour l’instant, ces actions pèsent peu face au marketing du business de la servitude. Depuis de nombreuses années en effet, des « agences de placement » proposent, grâce à des panneaux accrochés dans toute la ville, les services d’une « servante ». Ces agences se plient aux desiderata des clients, qu’il s’agisse de travail non déclaré, de refus de payer le SMIG, ou d’imposer des horaires extensibles. En retour, l’agence demande au client d’être payé à la place de la travailleuse en lui assurant qu’elle se chargera de lui remettre son salaire. Or, d’après l’enquête du Riddef, cet intermédiaire ne remet à la travailleuse qu’une infime somme du montant perçu. Pour beaucoup d’urbains, le travail de ces légions de femmes est un mal nécessaire qui comble un manque criant de services de l’Etat et notamment celui de la garde d’enfants, trop cher et trop rare à Abidjan. L’une des missions d’Aïssatou qui s’occupe des deux enfants de son employeur. Ou plutôt c’était. Son employeur a estimé que sa demande de régularisation relevait du « caprice » et qu’il n’aurait aucun mal à trouver une autre Aïssatou, plus disposée qu’elle à travailler comme servante et à valoriser les avantages en nature qui lui sont offerts.
Plus d’un tiers des « servantes » sont esclavagisées et violentées, selon un rapport. Abidjan annonce l’ouverture de travaux fin novembre pour aboutir à un projet de loi.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/16/le-gouvernement-ivoirien-veut-s-attaquer-aux-abus-du-travail-domestique_6015771_3212.html
mlsum-fr-1855
Le négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit, Michel Barnier, à Bruxelles, le 11 octobre. KENZO TRIBOUILLARD / AFP Il n’y a donc pas eu de sortie du tunnel entre les équipes du négociateur en chef du Brexit et celles de Boris Johnson. Elles sont pourtant restées en discussion tout le week-end pour trouver une solution à la question nord-irlandaise, la dernière à poser problème dans le traité de divorce. « Il reste encore beaucoup de travail », a jugé Michel Barnier, dimanche 13 octobre au soir. A seulement quatre jours d’un Conseil européen décisif, les chances d’un accord dans les temps paraissent objectivement faibles. Pourtant, un optimisme prudent demeurait à Londres comme à Bruxelles. Car, désormais, plusieurs sources convergentes l’assurent : l’Union européenne (UE) et le Royaume-Uni veulent vraiment aboutir à un « deal ». A Bruxelles, après deux ans et demi de négociations et deux décalages successifs du divorce, la fatigue du Brexit se fait fortement sentir. M. Barnier a qualifié de « constructives » les discussions du week-end. « Il a envie de trouver un accord avec les Britanniques, les Etats membres aussi, mais on n’y est pas encore », décrypte un diplomate. Boris Johnson dos au mur « Il y a une voie pour un accord respectant nos intérêts, l’accord du Vendredi saint [de paix en Irlande du Nord, signé en 1998], permettant de nous débarrasser du “backstop” [assurance européenne contre le retour d’une frontière en Irlande], et de réaliser le Brexit au 31 octobre », a dit M. Johnson à des membres de son cabinet dimanche, selon un porte-parole de Downing Street. Le premier ministre est dos au mur : s’il ne tient pas la promesse qu’il réitère quotidiennement depuis la fin de juillet, de « réaliser le Brexit au 31 octobre », il risque de le payer très cher dans les urnes – et tout le Parti conservateur avec lui. Par ailleurs, le Benn Act, la loi parlementaire votée contre sa volonté, lui impose de réclamer à Bruxelles un décalage du Brexit au 31 janvier 2020 s’il n’a pas conclu un accord avant le 19 octobre… C’est la raison pour laquelle, le 10 octobre, lors d’une rencontre bilatérale avec Leo Varadkar, le premier ministre irlandais, il a fini par accepter de revenir sur la proposition faite aux Européens le 2 octobre, jugée inacceptable par ces derniers. M. Johnson avait alors accepté que l’Irlande du Nord reste alignée sur les règles du marché intérieur pour les échanges de biens. Mais exigeait jusqu’à présent que la province sorte de l’union douanière européenne. Les deux parties travaillent à un nouveau schéma, dans lequel les contrôles douaniers se feraient entre l’Irlande du Nord et la Grande-Bretagne, et non pas sur l’île d’Irlande, comme proposé par Londres début octobre.
Les chances d’un accord avant le sommet européen des 17 et 18 octobre sont faibles, même si les deux parties semblent décidées à aboutir.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/14/brexit-les-discussions-se-poursuivent-entre-bruxelles-et-londres_6015362_3210.html
mlsum-fr-1856
Saïd Bouteflika, le frère cadet d’Abdelaziz Bouteflika, le 4 mai 2017 à Alger. Sidali Djarboub / AP Le procès de l’issaba (la « bande »), selon le nom donné au clan Bouteflika par l’homme fort du pays, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’armée algérienne, s’est ouvert, lundi 23 septembre, au tribunal militaire de Blida (à 50 kilomètres au sud d’Alger), sous très haute surveillance et sans la présence des journalistes. Sur le banc des accusés se retrouvent des personnages tout-puissants du régime du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Parmi eux, son frère cadet et conseiller, Saïd Bouteflika, dont le poids s’était considérablement renforcé dès 2012 avec la maladie du chef de l’Etat, devenant ainsi un « régent » de fait. Mais aussi l’ex-général de corps d’armée, Mohamed Médiène, dit « Toufik », qui a dirigé les services secrets algériens – le département du renseignement et de la sécurité – de 1990 à 2015, si puissant qu’il avait été affublé du qualificatif de « Rab Dzayer » (Le « dieu de l’Algérie »), et son successeur, le général à la retraite Athmane Tartag dit « Bachir ». L’ancien ministre de la défense, le général Khaled Nezzar, en fuite à l’étranger, ainsi que son fils et un homme d’affaires qui lui est lié, sont également poursuivis et jugés par contumace. Aux trois hommes du pouvoir présents au tribunal militaire de Blida s’ajoute Louisa Hanoune, secrétaire générale d’une petite formation politique, le Parti des travailleurs (trotskiste). Les charges retenues contre eux sont lourdes : « atteinte à l’autorité de l’armée », passible de cinq à dix ans de prison, et « complot contre l’autorité de l’Etat », qui peut leur valoir la peine capitale. Un communiqué final devrait être rendu public par la juridiction militaire à l’issue du procès, selon l’agence de presse officielle, APS. « Réunions suspectes » Ce procès juge l’ultime tentative de peser sur l’après-Bouteflika de la part d’un clan présidentiel déstabilisé par des manifestations pacifiques d’une ampleur sans précédent depuis l’indépendance. Les Algériens, depuis le 22 février, défilent en masse dans les rues chaque vendredi. Fin mars, le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, longtemps fidèle à Bouteflika, le lâche brusquement. Il réclame la mise en œuvre de l’article 102 de la Constitution prévoyant l’empêchement du président pour raisons de santé. Saïd Bouteflika tente alors d’organiser une transition dirigée par l’ancien chef de l’Etat, le général Liamine Zéroual. Deux réunions sont organisées à cet effet entre les membres du groupe. Mais Liamine Zéroual, venu le 30 mars de Batna à Alger, à la demande du général « Toufik », décline l’offre qui lui est faite. Ces ultimes tentatives de gérer la sortie du président exaspèrent le chef de l’armée. Le 2 avril, multipliant les gestes censés satisfaire la population, il dénonce publiquement des « réunions suspectes » destinées à « comploter contre les revendications du peuple et adopter des pseudo-solutions en dehors du cadre de la Constitution afin d’entraver les démarches de l’Armée nationale populaire ». Abdelaziz Bouteflika démissionne le jour même après deux décennies au pouvoir. Les semaines et mois qui suivent sont marqués par une vague d’arrestations. Demande de report Aujourd’hui, Miloud Brahimi, avocat de « Toufik » et de Saïd Bouteflika critique un procès « politique ». Interrogé par le site d’information TSA, il s’est dit favorable à une retransmission des audiences en direct à la télévision pour « que le peuple algérien sache que le dossier est vide ». Le parti des travailleurs réfute, quant à lui, les accusations de complot portées contre Louisa Hanoune. Celle-ci a bien assisté à une réunion le 27 mars 2019 avec Saïd Bouteflika, a confirmé un dirigeant du parti, Ramdane Youssef Tazibt. Mais, assure-t-il, Mme Hanoune aurait surtout plaidé la « démission d’Abdelaziz Bouteflika, le départ du gouvernement, la dissolution des deux chambres du Parlement, la parole au peuple pour élire une Assemblée constituante. » Les demandes de mise en liberté provisoire de l’ancienne chef du parti des travailleurs, à cause de son état de santé, ont été rejetées à trois reprises. Lire aussi L’élection présidentielle en Algérie fixée au 12 décembre Le général « Toufik » serait aussi malade, au point que ses avocats ont demandé un report du procès, selon la télévision publique. « Il est affaibli, il a perdu 14 kg. La chute qu’il a faite [en cellule] a engendré une fracture à l’épaule », a déclaré l’un d’eux, Farouk Ksentini, au journal El Watan. Alors que le procès pour « complot » s’ouvrait à Blida, un autre ancien ministre, celui des transports et des travaux publics, Boudjemaa Talai, était placé en détention provisoire pour des faits de corruption à la prison d’El-Harrach. Il rejoint deux anciens chefs de gouvernement, plusieurs ministres, des hommes d’affaires et des cadres de l’Etat poursuivis pour les mêmes chefs d’inculpation. Le mouvement de contestation se poursuit en Algérie, réclamant le départ de tous les anciens piliers du « système ».
Sur le banc des accusés se trouve notamment Saïd Bouteflika, le frère cadet du président déchu, devenu « régent » de fait à partir de 2012.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/24/en-algerie-le-proces-a-huis-clos-du-regime-bouteflika_6012808_3212.html
mlsum-fr-1857
La Française Sylvie Goulard, lors de sa seconde audition devant le Parlement euroépen, à Bruxelles, le 10 octobre 2019. FRANCOIS LENOIR / REUTERS Tribune. Depuis leur succès aux élections européennes en mai, les quatre partis proeuropéens au Parlement, le Parti populaire européen (PPE, conservateurs), les sociaux-démocrates du S&D, les Verts ainsi que les libéraux de Renew Europe (où siègent les députés de La République en marche), peinent à convaincre. S’ils ne demandent pas à la nouvelle Commission européenne d’adopter un programme politique commun en échange de leur soutien, ils risquent de perdre toute crédibilité à force de s’épanouir dans des jeux de politique politicienne. Lire aussi Europe : la nouvelle Commission entrera en fonction le 1er décembre Le rejet de trois candidats par le Parlement, dont la Française Sylvie Goulard, a entraîné le report du vote de confiance à Ursula von der Leyen et à sa Commission, initialement fixé au 23 octobre, ce qui devrait empêcher l’entrée en fonctions de l’exécutif européen à la date prévue, le 1er novembre. Si ce renvoi démontre la fragilité du soutien à la candidate allemande, les partis proeuropéens devraient profiter de ce gain de temps pour négocier un « contrat de coalition » avec la nouvelle Commission. Pour les « anciens grands partis », le PPE et le S&D, cela devrait débuter par la prise en compte du nouveau paysage politique européen. En effet, sans majorité absolue au Parlement, il faudrait qu’ils négocient, avec leurs concurrents proeuropéens de Renew Europe ou des Verts, un programme politique qui serait ensuite adopté par la nouvelle Commission, lors du vote de confiance. Capacité de blocage Or, si les parlementaires ne se montrent pas à la hauteur de leur responsabilité démocratique, il existe une réelle menace d’un nouveau rejet des citoyens vis-à-vis du projet européen. Car les problèmes du nouveau Parlement avaient déjà commencé avant son élection, avec la tentative du PPE d’imposer son Spitzenkandidat, son candidat « tête de liste », Manfred Weber, à la présidence de la Commission. Au-delà de l’opposition du président Macron, c’est l’absence de majorité parlementaire pour Manfred Weber qui explique son échec. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Emmanuel Macron veut reprendre la main sur l’agenda européen La tentative des sociaux-démocrates d’installer le Néerlandais Frans Timmermans à la tête de l’exécutif européen ne fut guère plus convaincante. Pour expliquer son échec, on avança la résistance de trois chefs de gouvernement d’Europe de l’Est qui, dans le passé, s’étaient heurtés à la détermination de M. Timmermans à défendre l’Etat de droit. Quelle meilleure référence pour le poste de président de la Commission ? Mais, au lieu de le soutenir, le Parlement renonçait à exercer ses prérogatives et laissait l’initiative aux chefs d’Etat et de gouvernement. A la surprise générale, ces derniers présentaient la ministre allemande de la défense, Ursula von der Leyen, qui n’était ni candidate aux élections européennes ni à la présidence de la Commision. Si ce coup de force pouvait passer face à un Parlement désuni, la manière dont la présidente a été désignée a laissé des traces.
Alberto Alemanno et Stefan Seidendorf, spécialistes de la politique européenne, considèrent, dans une tribune au « Monde », que les parlementaires européens, en refusant tout accord avec la nouvelle Commission, se posent en coupables désignés du blocage institutionnel de l’Union.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/23/le-parlement-europeen-peut-perdre-toute-credibilite-a-des-jeux-de-politique-politicienne_6016524_3232.html
mlsum-fr-1858
L’obligation concerne les petits litiges entre voisins ou propriétaires locataires portant sur un montant inférieur à 5000 euros. Anna Huber/Westend61 / GraphicObsession Si un voisin fait trop de bruit ou en cas de différend entre propriétaire et locataire, il va désormais être obligatoire de passer devant un conciliateur de justice ou un médiateur pour tenter de trouver une solution amiable avant toute action en justice. La loi du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme de la justice impose cette étape afin de désengorger les tribunaux et « de favoriser des modalités plus apaisées et plus rapides de règlement des différends pour les citoyens », explique le ministère de la justice. Lire aussi Des nouveaux services pour les jeunes qui cherchent à louer un logement Cette obligation concerne les petits litiges portant sur un montant inférieur à 5 000 euros. Un décret en conseil d’Etat devrait confirmer ce montant prochainement. Tous les types de recours, c’est-à-dire administratif, pénal ou civil, sont concernés et si le requérant ne respecte pas cette étape, le juge peut refuser de traiter le litige. Au-delà de 5 000 euros, le juge pourra être saisi directement, même s’il reste possible de réaliser une médiation. « Cette évolution est salutaire car, bien souvent, les gens en conflit ne se parlent pas et les positions se cristallisent. Une médiation permet de discuter des raisons sous-jacentes au conflit et de trouver des solutions », explique Pascaline Déchelette-Tolot, avocate au cabinet LPA-CGR. Si la médiation échoue, il sera toujours temps de porter l’affaire en justice. Des conciliateurs et des médiateurs Les justiciables vont donc devoir s’adresser à des conciliateurs de justice et à des médiateurs. Leur travail est similaire et ils sont régis par un code de déontologie strict. Mais les conciliateurs peuvent se voir nommer par un juge pour trouver un accord en cas de conflit et celui-ci s’impose ensuite à tout le monde. Les médiateurs, quant à eux, sont généralement saisis par les parties même s’ils peuvent aussi être nommés par un juge mais avec l’accord des requérants. Autre différence : la conciliation imposée par un juge est gratuite alors que la conciliation ou la médiation demandées par les requérants est payante. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’appartement à vendre et son encombrant voisin Des aides sont néanmoins prévues pour les personnes aux revenus modestes. « Il faut compter entre 150 et 300 euros de l’heure, ce qui peut sembler élevé, mais la médiation est moins longue qu’un procès, quelques réunions pendant trois mois environ et 1 500 euros peuvent suffire », estime Pascaline Déchelette-Tolot. Les coûts sont généralement partagés entre les parties mais il n’existe pas de règle dans ce domaine sauf si un juge ordonne une conciliation. Dans ce cas, il fixe aussi les modalités de paiement. Trouver un professionnel de la médiation Pour trouver un médiateur, il est possible de se rendre sur le site de la Chambre nationale des praticiens de la médiation (www.cnpm-mediation.org), sur celui de l’Association des médiateurs européens (AME) (www.médiateurseuropeens.org). Le barreau de Paris vient de mettre en place une plate-forme de médiation sur le site (https://mediation.avocatparis.org). Les conciliateurs, quant à eux, se trouvent en téléphonant aux greffes des tribunaux ou sur le site du ministère de la justice www.justice.gouv.fr (mettre « conciliateur » dans la zone de recherche). « Le problème de ces nouvelles règles est que cela va faire double emploi avec la commission départementale de conciliation (CDC) qui existe depuis longtemps et peut résoudre un certain nombre de conflits entre bailleur et locataire. Cela risque de créer de la confusion chez les requérants », prévient David Rodrigues, juriste à l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV). Pour autant, la CDC est surtout compétente pour les problèmes liés aux loyers mais pas sur les conflits liés au contenu du bail comme l’état des lieux du logement ou sur le bail mobilité et ne peut donc être saisie dans ce cadre. Dans ce cas, la médiation devra prendre le relais. Lire aussi Le prix de toutes les transactions immobilières est désormais accessible à tous
Pour toutes les disputes liées au logement et à l’immobilier, la médiation est rendue obligatoire avant toute action en justice.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/06/05/conflits-de-voisinage-la-mediation-devient-obligatoire_5471543_1657007.html
mlsum-fr-1859
« Jardin du Palais-Royal à Paris, 1985. Chacun a ses propres préoccupations sans réaliser vraiment ce qu’il se passe de l’autre côté. Et c’est exactement ce qui m’a plu dans ma vie de photographe : saisir ces instants où l’humain et ses émotions occupent le tout premier plan. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019 « Ces lavandières en Bretagne sont devenues l’une de mes photographies emblématiques. Il était devenu assez rare à l’époque de croiser encore des femmes lavant au lavoir ou, comme ici, à la rivière. J’étais heureuse de trouver cette scène sur mon passage. J’attache depuis toujours dans mon travail une très grande importance au cadrage et à la composition. Cette photographie en est un bon exemple. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019 « Au détour d’une rue, je croise ces trois Bretonnes qui discutaient. Voyant que je sortais mon appareil, elles m’ont fait face avec amusement et plaisir. Elle ne se doute pas que les parapluies les encadrent si joliment. C’est une photographie que j’affectionne particulièrement et qui dépasse, pour moi, l’anecdote. » SABINE WEISS / FESTIVAL PHOTO DE LA BAIE DE SAINT-BRIEUC, 2019 Pour célébrer sa 8e édition, le Festival de photographie de la baie de Saint-Brieuc (une baie de la Manche bordant une partie du littoral des Côtes-d’Armor en France) réunit jusqu’au 17 novembre dix photographes. On y trouve notamment une sélection de clichés de Sabine Weiss, née le 23 juillet 1924 à Saint-Gingolph et qui fête cette année ses 95 ans. Cette exposition – qui propose en même temps une série de photographies sur le thème des amoureux – est l’occasion de plonger dans ces quelques moments uniques du passé mêlant scènes de rue, brodeurs et brodeuses en costume, lavandières ou peintre du dimanche. « La lumière et la composition renforcent ce que j’ai à dévoiler de l’être. Je cherche à être touchée : que la photo ne soit pas une image, mais un témoin de la joie, du chagrin, du recueillement, de la solitude ou de l’amour – comme une complicité d’un regard avec l’autre », écrit Sabine Weiss, qui commente ici une série de photographies.
Une exposition intimiste rend un bel hommage à cette photographe d’origine suisse, figure du courant humaniste qui marqua les années 1950 en France.
https://www.lemonde.fr/culture/portfolio/2019/10/19/festival-photo-de-saint-brieuc-dans-l-objectif-humaniste-de-sabine-weiss_6016130_3246.html
mlsum-fr-1860
Tokyo, mercredi 11 septembre. Le premier ministre japonais Shinzo Abe (premier rang au centre) et son nouveau gouvernement. Eugene Hoshiko / AP Soucieux d’accélérer la délicate et guère populaire réforme de la constitution pacifiste, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, remanie son gouvernement et la direction du Parti libéral démocrate (PLD), qu’il préside. D’une teinte fortement nationaliste, voire révisionniste, le quatrième cabinet formé depuis son retour au pouvoir en 2012 est entré en fonction mercredi 11 septembre après une cérémonie au palais impérial. Organisé autour des fidèles, Yoshihide Suga, secrétaire général et stratège de l’administration, et Taro Aso, vice premier ministre et ministre des finances – par ailleurs à la tête d’une puissante faction au sein du PLD –, il compte treize novices à ce niveau, sur dix-neuf. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Après trente ans de « soft power », le Japon veut devenir un « pays normal » Figure marquante de ce remaniement, Shinjiro Koizumi est nommé à l’environnement, un poste mineur de l’administration Abe. Fils de l’ancien premier ministre Junichiro Koizumi (2001-2006), M. Koizumi, 38 ans, est élu du fief familial de Kanagawa, au sud de Tokyo. Diplômé de la modeste université Kanto Gakuin, le séduisant héritier, pressenti pour succéder à M. Abe, a jusque-là plus brillé par ses apparitions médiatiques que pour ses activités politiques. C’est devant une foule de caméras qu’il a annoncé en août, et depuis les bureaux du premier ministre, son mariage avec une présentatrice franco-japonaise, Christel Takigawa. Féminisation limitée Outre Shinjiro Koizumi, d’autres personnalités, toutes membres de l’organisation nationaliste Nippon Kaigi et proches du premier ministre, décrochent leur premier portefeuille. Koichi Hagiuda, connu pour son révisionnisme historique, prend la charge de l’éducation. Isshu Sugawara, ex-adjoint de M. Suga, va diriger le ministère de l’économie, administration choyée par M. Abe. M. Sugawara remplace Toshimitsu Motegi qui va gérer la diplomatie à la place de Taro Kono, nommé à la défense dont le sortant, Takeshi Iwaya, a été jugé trop doux dans la gestion de la crise actuelle avec la Corée du Sud. La féminisation du gouvernement reste par ailleurs limitée. Il y avait une ministre. Il y en a désormais deux : Sanae Takaichi, proche de l’extrême droite jusqu’à s’afficher avec un militant néonazi, Kazunori Yamada, reprend le portefeuille de la gestion publique qu’elle avait occupé de 2014 à 2017. L’ancienne patineuse de vitesse et cycliste olympique Seiko Hashimoto obtient celui des Jeux de Tokyo 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Entre Séoul et Tokyo, une guerre de la mémoire Remanié après sa victoire aux sénatoriales du 21 juillet, le nouveau gouvernement doit maintenir l’image d’une administration dont le taux de soutien tourne autour de 45 %, et faire avancer la réforme de la Constitution de 1947 qui interdit le recours à la guerre. M. Abe voudrait concrétiser cette ambition avant la fin de son mandat, en septembre 2021. Celui qui deviendra, en novembre, le premier ministre ayant occupé ce poste le plus longtemps au Japon concrétiserait une ambition familiale. Son père, l’ancien ministre des affaires étrangères Shintaro Abe et son grand-père, le premier ministre Nobusuke Kishi (1957-1960), avaient milité en ce sens.
Le premier ministre fait entrer des figures nationalistes dans le but d’affranchir son pays de l’interdiction de recours à la guerre datant de 1947.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/11/japon-shinzo-abe-remanie-son-gouvernement-pour-tenter-de-reformer-la-constitution_5509250_3210.html
mlsum-fr-1861
Une affiche de campagne représentant Benny Gantz, à Tel-Aviv (Israël), le 9 septembre. AMMAR AWAD / REUTERS Après que Benyamin Nétanyahou a créé la surprise, jeudi 19 septembre matin en Israël, en appelant son rival à former un gouvernement d’union nationale, Benny Gantz n’a pas tardé à lui répondre. D’accord pour un tel gouvernement qui sortirait le pays de l’impasse politique, mais à condition d’en être premier ministre. « Les Israéliens veulent un gouvernement d’union », a estimé dans l’après-midi M. Gantz. Mais « je vais former ce gouvernement avec moi à sa tête. (…) Nous écouterons tout le monde, mais n’accepterons pas qu’on nous dicte des choses », a-t-il ajouté avant une réunion avec les cadres de sa formation. « Le parti Bleu Blanc a gagné et, à l’heure où je vous parle, nous avons 33 sièges alors que Nétanyahou n’a pas obtenu la majorité suffisante pour former une coalition comme il l’espérait », a fait valoir cet ancien chef de l’état-major de l’armée israélienne. Deux jours après les législatives, aucune majorité ne s’est dégagée. Les résultats encore provisoires créditent le Likoud de M. Nétanyahou de 32 sièges sur les 120 de la Knesset (le Parlement israélien), contre 33 pour le parti Kahol Lavan (Bleu Blanc) de l’ancien général Benny Gantz. Et en ajoutant leurs alliés respectifs et potentiels, des partis religieux et/ou très marqués à droite pour M. Nétanyahou, et des formations à gauche ou arabes, pour M. Gantz, le compteur tombe à 56 députés dans chaque camp, sous la barre de 61 pour obtenir une majorité à la Knesset. « Il n’y a pas d’autres choix » « Lors des élections, j’ai appelé à la mise en place d’un gouvernement de droite, a déclaré, jeudi matin, M. Nétanyahou dans un message vidéo. Malheureusement, les résultats des élections montrent que cela n’est pas possible. Le peuple n’a pas tranché entre les deux blocs. Par conséquent, il n’y a pas d’autre choix que de former un gouvernement d’union, aussi large que possible. (…) Benny, nous devons mettre en place un gouvernement d’union le plus large possible aujourd’hui. Le peuple attend de nous deux que nous prenions nos responsabilités et que nous agissions en coopération. » Mercredi soir, le premier ministre israélien affirmait pourtant que le pays n’avait que deux choix : soit un gouvernement de droite dirigé par lui, soit un « gouvernement dangereux qui repose sur les partis arabes », une attaque indirecte contre M. Gantz, qui avait promis d’ouvrir des discussions avec les formations arabes dans l’espoir d’arriver à une coalition Le président israélien, Réouven Rivlin, entamera dimanche « un tour de consultations avec tous les partis élus à la Knesset », ont d’ores et déjà annoncé ses services. Il « poursuivra ensuite ses discussions avec les candidats recommandés pour former le gouvernement ». A l’issue de ces consultations qui devraient durer deux jours, M. Rivlin fera son choix entre les deux prétendants au poste de premier ministre. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, Benyamin Nétanyahou rate son pari
Le président israélien, Réouven Rivlin, entamera, dimanche, les consultations pour désigner le futur premier ministre, alors que les rivaux Benyamin Nétanyahou et Benny Gantz lorgnent tous deux ce poste.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/19/israel-netanyahou-appelle-gantz-a-former-un-gouvernement-d-union-nationale_5512275_3210.html
mlsum-fr-1862
A Hongkong, le 30 juillet. TYRONE SIU / REUTERS Après Twitter et Facebook, la plate-forme vidéo YouTube a annoncé jeudi 22 août avoir agi à son tour contre une vaste campagne de propagande menée par les autorités chinoises sur les réseaux sociaux pour discréditer la mobilisation en faveur de réformes démocratiques à Hongkong. YouTube a désactivé 210 chaînes après avoir découvert qu’elles agissaient « de manière coordonnée en mettant en ligne des vidéos liées aux manifestations en cours », a expliqué Shane Huntley, analyste chargé de la sécurité au sein du groupe Google, qui possède la plate-forme. « Nous avons mis au jour le recours à des VPN [réseau virtuel permettant notamment de dissimuler l’origine géographique réelle de la connexion Internet] et d’autres méthodes pour masquer l’origine de ces comptes », a précisé l’expert. « Cette découverte est cohérente avec les observations et actions récemment effectuées par Facebook et Twitter concernant la Chine. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Hongkong, une révolution 2.0 qui broie du noir « Semer la discorde politique » Les deux autres géants technologiques avaient porté, lundi, des accusations similaires contre Pékin, soulignant avoir fermé un millier de comptes actifs liés à cette campagne de désinformation. Twitter avait précisé avoir aussi fermé 200 000 autres comptes avant qu’ils ne soient réellement actifs. « Ces comptes cherchaient délibérément et spécifiquement à semer la discorde politique à Hongkong et notamment à saper la légitimité et les positions politiques du mouvement de protestation sur le terrain », a expliqué le réseau social. Facebook avait précisé, de son côté, que certaines publications des comptes suspendus comparaient les manifestants hongkongais aux combattants du groupe djihadiste Etat islamique, les qualifiant de « cafards » et leur attribuant de soi-disant projets de meurtres au moyen de lance-pierres. Influencer l’opinion Région semi-autonome du sud de la Chine, Hongkong traverse depuis juin sa plus grave crise politique, avec des manifestations et d’autres actions presque quotidiennes pour demander davantage de libertés. La mobilisation a souvent tourné en affrontements ces dernières semaines entre militants radicaux et forces de l’ordre. Cela s’est traduit par des menaces d’intervention plus pressantes du gouvernement central chinois, qui a qualifié le mouvement de « terroriste ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La Chine accroît la pression sur Hongkong en arrêtant un employé du consulat britannique Pékin a cependant officiellement laissé les coudées franches à l’exécutif local et à sa police pour régler la situation. En coulisse, le gouvernement central déploie d’importants efforts pour tenter d’influencer l’opinion, affirment cependant Twitter, Facebook, et désormais Google. Le ministère des affaires étrangères chinois a assuré par l’intermédiaire de son porte-parole « ne pas être au courant de la situation ».
La plate-forme a désactivé 210 chaînes visant à discréditer le mouvement démocratique. Twitter et Facebook ont porté, lundi, des accusations similaires contre Pékin.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/23/youtube-agit-a-son-tour-contre-la-propagande-de-la-chine-sur-hongkong_5501854_4408996.html
mlsum-fr-1863
Une batterie de missiles russes S-400, en mai 2018 à Moscou, lors de la répétition d’un défilé militaire. KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP Sous la pression des Etats-Unis et de l’OTAN, il n’est pas certain que les militaires turcs qui sont actuellement en formation en Russie sur les systèmes de défense antiaérienne S-400 s’en servent prochainement. Quoi qu’il en soit, au final, Moscou a déjà atteint plusieurs objectifs en signant avec Ankara, en 2017, la vente de ces performantes batteries de radars et de missiles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’achat d’un système anti-aérien russe par la Turquie met à mal sa relation avec les Etats-Unis Après le S-300, vendu dans une vingtaine de pays dont l’Iran, l’Algérie, mais aussi la Grèce, membre de l’OTAN, cet armement est pleinement entré dans la panoplie des outils de la politique étrangère russe. Les S-400 permettent à la fois de compliquer les opérations militaires occidentales, par leurs performances militaires, et de creuser les divisions du camp otanien autour du dossier turc, explique Isabelle Facon, directrice adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique à Paris : « La position russe intègre clairement la problématique du bras de fer stratégique qui l’oppose aux Etats-Unis et à l’OTAN. » Plus largement, ces armements servent l’axe asiatique de la politique russe et « la nécessité de le poursuivre de manière équilibrée », souligne cette chercheuse. La Chine fut le premier acquéreur du S-400, en 2015 – subissant par conséquent des sanctions –, suivie de l’Inde, en 2018. Au Moyen-Orient, ces exportations alimentent l’idée russe d’un déclin des autorités occidentales et d’un retour de Moscou comme acteur central – un argument employé dans les pays du Golfe qui ne sont pas des clients traditionnels des matériels militaires russes. Même si peu l’ont concrétisé à ce jour, dix pays de la région ont déclaré leur intérêt, de l’Arabie saoudite à l’Iran. « Publicité indirecte » De quoi faire oublier le « Russia doesn’t make anything » (« la Russie ne fabrique rien ») lancé par le président américain Barack Obama en 2014, note Isabelle Facon. « Les S-400 lui offrent une image de puissance technologique et industrielle de premier ordre, qui lui permet de répondre à l’émergence de la Chine sur le marché des armes antiaériennes et de se crédibiliser face à l’OTAN. » Deux nouvelles usines ont été construites depuis 2011 par le producteur, Almaz-Anteï – intégré au conglomérat militaire Rostec –, afin d’honorer les commandes pour la modernisation de la défense aérienne russe et l’export. Au final, « la publicité indirecte qu’offrent les tensions internationales liées à l’export de S-400 permet à Almaz-Anteï de gommer certaines difficultés, comme des retards dans la mise en service de produits-phares, des problèmes de maintenance ou des limites technologiques », précise Isabelle Facon. Elle souligne ainsi que « le rôle de l’Etat dans la promotion des S-400 est visible et actif ». Le contrat turc « a été financé à un peu plus de 50 % par un prêt russe ».
L’achat de missiles antiaériens russes par la Turquie provoque une crise avec Washington, à la grande satisfaction de Moscou.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/09/comment-la-diplomatie-russe-des-s-400-cree-des-tensions-au-sein-de-l-otan_5487101_3210.html
mlsum-fr-1864
Pio Marmaï et Léa Drucker dans « Je promets d’être sage », de Ronan Le Page. APOLLO FILMS L’AVIS DU « MONDE » - À VOIR Il devrait avoir un César du meilleur espoir des décors. Les débuts au cinéma du Musée des beaux-arts de Dijon dans Je promets d’être sage sont à la fois spectaculaires et salutaires. La seule idée d’avoir inséré les tribulations romantiques et amoureuses de Franck (Pio Marmaï) et Sibylle (Léa Drucker) entre gisants et pleurants, parmi les silhouettes tourmentées et grotesques de cette collection médiévale donne au premier long-métrage de Ronan Le Page une longueur d’avance sur la plupart des comédies françaises, puisqu’il s’agit bien d’une comédie. Bien sûr, toutes les idées qui sont passées par la tête du metteur en scène et scénariste ne sont pas aussi fructueuses, et ce foisonnement désordonné ralentit parfois le film, qui aspire de toute évidence à la frénésie des comédies américaines de l’âge d’or. Reste que ces défauts valent la plupart des qualités que l’on trouve au restant de la production. Dans cet éden de l’ordinaire, fait de conflits et de joies aussi minuscules les uns que les autres, vit un serpent Quand on rencontre Franck, il vit ses derniers moments d’artiste. Metteur en scène de théâtre, il propose à un public hébété par tant d’agressivité une création qui met en péril les tenues des premiers rangs de spectateurs. Exaspéré par la timidité de sa troupe, le jeune homme s’engage lui-même sur scène jusqu’au désastre. De ce big bang sort un nouveau Franck, décidé à rentrer dans le rang, celui – en l’occurrence – des gardiens du Musée des beaux-arts de Dijon. Malgré le scepticisme de ses proches, l’artiste défroqué se plie aux règles de l’administration et de la précarité (il est en CDD), arborant la physionomie doucement illuminée d’une novice entrant au carmel (ce que Pio Marmaï fait à merveille). Mais dans cet éden de l’ordinaire, fait de conflits et de joies aussi minuscules les uns que les autres, vit un serpent. « Je promets d’être sage » raconte les tribulations amoureuses de Franck et Sybille, gardiens au Musée des beaux-arts de Dijon. APOLLO FILMS Une espèce de sorcière séduisante Si l’on a été salarié plus de quinze jours au sein d’un groupe, on a forcément connu cette figure du/de la collègue que personne ne supporte et qui ne supporte personne (à moins de l’avoir été soi-même). C’est un facile objet de dérision, une figure comique évidente. Léa Drucker et Ronan Le Page en font un être presque surnaturel, une espèce de sorcière séduisante et terrifiante. Le scénario offre quelques hypothèses quant aux chemins qui ont mené cette femme d’autorité en bas de l’échelle du pouvoir. La mise en scène les présente un peu lourdement, mais heureusement brièvement. Léa Drucker préfère porter haut la liberté de cette femme qui décide, perversement, de faire dérailler le projet de normalité de son nouveau collègue Parce qu’on s’en fiche de savoir pourquoi la mémoire à court terme de Sibylle est pleine de courts-circuits. Qu’elle ait reçu un coup sur la tête ou qu’elle souffre d’un désordre neurologique, ce qui importe, c’est son appétit insatiable : d’argent, de revanche, de pouvoir, d’amour… Mis à part les ébauches de diagnostic évoquées plus haut, on ne trouvera aucune excuse au comportement de cette pillarde des réserves du musée, de ce parasite de la confiance d’autrui. D’ailleurs, son interprète ne lui en cherche pas. Plutôt que de susciter l’empathie en fouillant dans les souffrances de son personnage, Léa Drucker préfère porter haut la liberté de cette femme qui décide, perversement, de faire dérailler le projet de normalité de son nouveau collègue. Pio Marmaï se retrouve dans la position du clown blanc, désarçonné par la furie et l’imprévisibilité de sa partenaire, effrayé à la perspective de replonger dans la dissidence. Entamé, après son spectaculaire prologue burlesque, sur le ton de la comédie quotidienne, Je promets d’être sage se transforme en road movie, une version mixte de Thelma et Louise (il y a même une falaise au bout du chemin). La jolie petite galerie de portraits que Ronan Le Page a installée dans les parties du musée interdites au public (avec, au premier rang, celle du collègue hypocondriaque et altruiste que joue Gilles Privat) cède la place à un enchaînement d’arnaques et de fugues qui sortent Je promets d’être sage des territoires de chasse habituels du cinéma français et donnent envie de découvrir la suite des aventures de son réalisateur. Film français de Ronan Le Page. Avec Léa Drucker, Pio Marmaï, Gilles Privat, Mélodie Richard (1 h 32). materiel.apollo-films.com
Mené au rythme des comédies de l’âge d’or américain, le premier long-métrage de Ronan Le Page s’avère prometteur pour la suite de sa carrière.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/13/je-promets-d-etre-sage-big-bang-au-musee-des-beaux-arts-de-dijon_5498928_3246.html
mlsum-fr-1865
Des bureaux de Raytheon à San Diego, en Californie, le 10 juin. Mike Blake / REUTERS Pertes & profits. Il y a, paraît-il, embouteillage pour grimper l’Everest en ce printemps. Audacieux et inconscients s’y bousculent et parfois y laissent leur vie. Une dizaine de morts en ce seul mois de mai 2019. Les entreprises rêvent également de grimper toujours plus haut. Sans vraiment en mesurer les risques, ni réaliser qu’à ces altitudes le jugement s’émousse et l’oxygène se fait rare. Leur altimètre à elles est le chiffre d’affaires. Plus il est gros, plus on sera fort, à la fois vis-à-vis de ses clients, de ses fournisseurs et de ses actionnaires. C’est ce que pense Fiat, qui a échoué à mettre la main sur Renault, pourtant consentant. Mais les champions du monde de la course à la taille restent les Américains. Dernier exemple en date, la fusion annoncée ce lundi 10 juin entre deux des plus gros équipementiers aéronautiques mondiaux, United Technologies (UTC) et Raytheon. L’ensemble, qui réunira sous un même toit les missiles Patriot et Tomahawk, le contrôle aérien, les moteurs d’avion Pratt & Whitney et les équipements de cockpit, sera la troisième société aéronautique mondiale, juste derrière Boeing et Airbus. Lire aussi Le duopole Airbus-Boeing renforce son hégémonie Un cas d’anthologie en matière de complexité puisque le même UTC est à la fois en phase d’absorption de son concurrent Rockwell, acheté en 2018 pour près de 30 milliards de dollars (26 milliards d’euros), et en train de se séparer de ses activités historiques, les ascenseurs Otis et la climatisation Carrier, sous la pression des fonds activistes. La direction financière est en surchauffe, pour le grand bonheur des banques conseils et des avocats qui font leur miel de l’optimisme indécrottable de grands patrons. Ils pensent, comme des alpinistes au camp de base, que le ciel leur appartient pourvu que la météo leur soit favorable. Surestimer ses forces et sous-estimer les difficultés est un des symptômes de l’ivresse des sommets et un grand classique des fusions. Elles se signent dans l’allégresse des « mariages entre égaux », avant de se terminer par de sérieuses gueules de bois. Mauvais pour la concurrence United Technologies, l’un des derniers très grands conglomérats américains, orchestre sa propre disparition. Ses actionnaires seront majoritaires dans le nouvel ensemble, mais son nom va s’effacer, au profit de celui de sa cible Raytheon, et il quittera son siège historique du Connecticut. Le patron d’UTC, Greg Hayes, promet des prix plus bas pour les clients et des dividendes plus élevés pour les actionnaires. Mais le premier client de Raytheon, l’armée américaine, en doute.
Les plus gros équipementiers aéronautiques mondiaux ont annoncé leur mariage, lundi. Enivrées par la course à la taille, les entreprises sous-estiment toujours les difficultés, explique dans sa chronique Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/11/united-technologies-raytheon-l-ivresse-des-sommets-un-grand-classique-des-fusions_5474612_3234.html
mlsum-fr-1866
Le président Emmanuel Macron lors d’une conférence à Bruxelles, le 18 octobre 2019. JOHANNA GERON / REUTERS « Ce qu’on est en train de vivre, c’est la mort cérébrale de l’OTAN. Il faut être lucide. » Emmanuel Macron provoque le débat parmi ses alliés, dans une très longue interview consacrée à la souveraineté de l’Europe accordée à The Economist le 21 octobre, et publiée jeudi 7 novembre par l’hebdomadaire britannique, en anglais et en français. Des « mots radicaux » pour la chancelière Angela Merkel, qui s’est détachée de façon inhabituellement nette de son homologue. « Je ne pense pas qu’un tel jugement intempestif soit nécessaire, a-t-elle réagi à Berlin, même si nous avons des problèmes, même si nous devons nous ressaisir. L’OTAN reste vitale pour notre sécurité. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Josep Borrell : « C’est la désunion affichée par l’Europe qui la paralyse » « L’OTAN reste un des partenariats stratégiques les plus déterminants de l’Histoire », a enchéri de son côté le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, en visite en Allemagne, à l’occasion des commémorations de la chute du mur de Berlin, voici trente ans. Mais le sénateur démocrate de New York Chris Murphy s’inquiétait sur Twitter : « Les attaques constantes de Trump sur l’OTAN et son indifférence envers les alliés ont ébranlé la confiance dans la sécurité collective. C’est un désastre. » Tandis que le ministre des affaires étrangères britannique, Dominic Raab, appelait les alliés à honorer leur engagement de dépenser 2 % de leur PIB pour leur défense d’ici à 2024 : « C’est le moyen le plus sûr de renforcer plutôt que d’affaiblir la relation transatlantique. » Mme Merkel a précisé jeudi que son pays pourrait atteindre cet effort « en 2031 ». « Junior partner » des Américains A un mois du mini-sommet des 70 ans de l’OTAN à Londres, qui est organisé sous la forme d’une courte réunion en vue d’éviter un mauvais Tweet de Donald Trump, Emmanuel Macron justifie son propos par le changement stratégique venu de Washington : la remise en cause de la garantie apportée par les Etats-Unis au système de valeurs occidentales, portées depuis 1945 par une Europe « construite comme le “junior partner” des Américains ». Le tournant a été opéré il y a dix ans, précise le chef de l’Etat : « Il ne s’agit pas que de l’administration Trump. C’est l’idée théorisée par le président Obama : “Je suis le président du Pacifique.” Donc les Etats-Unis regardent ailleurs. » Pour « la première fois, la politique américaine se désaligne de ce projet » européen. Or, ajoute le président français, « l’OTAN est forte de ses Etats membres, et ça ne marche que si le garant en dernier ressort fonctionne comme tel ».
Les propos du chef de l’Etat surprennent, en pleine commémoration des 30 ans de la chute du mur de Berlin.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/08/pour-macron-l-otan-se-trouve-en-etat-de-mort-cerebrale_6018471_3210.html
mlsum-fr-1867
Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, à Francfort (ouest de l’Allemagne), le 25 juillet. DANIEL ROLAND / AFP Chaque semaine, l’horizon conjoncturel du Vieux Continent semble s’obscurcir un peu plus. Mercredi 31 juillet, les chiffres publiés par Eurostat ont confirmé le ralentissement observé depuis plusieurs mois déjà : au deuxième trimestre, le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,2 % seulement, en zone euro comme dans l’Union européenne (UE). C’est deux fois moins que les 0,4 % enregistrés sur les trois premiers mois de l’année. « Ces chiffres soulignent que l’économie européenne a baissé de régime, alors que l’aggravation des conditions extérieures et la hausse des incertitudes continuent de peser », résume Nicola Nobile, d’Oxford Economics. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La croissance s’essouffle dans l’ouest de l’Europe Dans le détail, la croissance française a plafonné à 0,2 %, soit un dixième de point de moins qu’au premier trimestre, et le PIB espagnol a crû de 0,5 %, au plus bas depuis cinq ans. Une performance jugée décevante au regard des trimestres précédents, où il culminait plutôt autour de 0,7 %. « Cela suggère que la résilience de l’économie de la péninsule ibérique fléchit », relève M. Nobile. L’Italie, elle, a enregistré une croissance nulle. Le pays reste englué dans la stagnation, alors qu’il n’a toujours pas retrouvé son niveau de production de 2008. « Outre les incertitudes pesant sur la situation politique, l’économie italienne, plus ouverte que celle de la France, est davantage exposée au ralentissement des échanges extérieurs et aux difficultés traversées par l’industrie allemande », souligne Nadia Gharbi, spécialiste de la zone euro chez Pictet WM. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment l’Italie est devenue l’homme malade de l’Europe Le PIB allemand ne sera pas dévoilé avant le 14 août. Mais les derniers indicateurs laissent présager qu’il ne ressortira à guère plus de 0,1 %, loin des 0,4 % du premier trimestre. Les tensions commerciales et les difficultés du secteur automobile continuent de pénaliser lourdement l’activité, comme le moral des entreprises. Et cela n’augure rien de bon pour la deuxième partie de l’année. Sans surprise, la morosité européenne tient pour beaucoup à l’imprévisibilité qui prévaut à l’échelle mondiale. Les menaces de sanctions américaines planent toujours sur l’industrie automobile, tandis que la bataille commerciale entre Pékin et Washington n’emprunte guère la voie de l’apaisement. Les derniers messages comminatoires lancés par Donald Trump sur Twitter laissent en outre craindre que celle-ci se double d’une guerre des monnaies. Pour affaiblir le cours du dollar et soutenir la compétitivité de ses exportateurs, les Etats-Unis pourraient intervenir sur le marché des changes.
Au deuxième trimestre, la progression du produit intérieur brut de l’union monétaire a été ramenée de 0,4 % à 0,2 % seulement. Un ralentissement en grande partie lié aux incertitudes qui s’accumulent au niveau international.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/01/la-croissance-de-la-zone-euro-marque-le-pas_5495494_3234.html
mlsum-fr-1868
Devant la Cour de cassation pendant un procès évaluant le préjudice d’anxiété de travailleurs exposés à l’amiante, à Paris, le 22 mars. VINCENT ISORE / IP3 PRESS / MAXPPP En moins d’une semaine, les magistrats instructeurs du Pôle de santé publique de Paris chargés des dossiers d’exposition à l’amiante viennent d’ordonner deux non-lieux généraux dans des affaires vieilles de vingt-trois ans liées à cette fibre tueuse, reconnue cancérogène par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 1973, mais interdite en France depuis 1997 seulement. Le 11 juillet, c’était dans le dossier du fabricant d’amiante-ciment Eternit, dans lequel avaient été mis en examen plusieurs directeurs d’usine pour l’exposition de leurs salariés. Puis le 17 juillet dans celui de l’équipementier automobile Ferodo-Valeo de Condé-sur-Noireau (Calvados) qui impliquait cinq ex-responsables d’usine. Les personnes visées dans ces deux affaires étaient mises en examen pour « homicides et blessures involontaires ». Ces décisions s’ajoutent à d’autres, analogues, prises depuis un peu plus d’un an dans les affaires de la centrale EDF d’Arjuzanx (Landes), d’Everite-Saint-Gobain, de DCN (chantiers navals militaires), des Charbonnages de France… Le parquet n’a jamais précisé le nombre de dossiers amiante en cours mais les associations de victimes estiment qu’il en reste une dizaine à régler. Me Michel Ledoux, avocat des victimes dans les affaires Eternit et Ferodo-Valeo, gage que la quinzaine de dossiers toujours au Pôle Santé seront voués au même sort. « Dans la mesure où le parquet est hostile aux victimes, on s’attend à une pluie de non-lieux motivés par les mêmes arguments dans les semaines à venir, prévient-il. On peut même se demander si le fait de nous les notifier en période de vacances n’est pas une manœuvre supplémentaire pour tenter de nous faire oublier le délai de dix jours pour faire appel. » Dans un communiqué, l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (Andeva) a pour sa part dénoncé un « véritable permis de tuer sans crainte de poursuites pénales » délivré par les juges. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’impossible procès de l’amiante Matériau naturel massivement utilisé dans le monde entier pour ses propriétés isolantes et ignifuges, l’amiante cause des pathologies qui peuvent apparaître jusqu’à trente à quarante ans après la première exposition. Il est notamment à l’origine d’un cancer spécifique et incurable de la plèvre : le mésothéliome pleural. Les motivations des ordonnances de non-lieux qui se succèdent sont de véritables copier-coller qui, tous, puisent leur argumentation dans un rapport d’expertise définitif de février 2017. Ce dernier, selon l’interprétation des magistrats, affirme l’impossibilité d’établir la date d’une éventuelle faute ayant entraîné la contamination puis l’intoxication des victimes, et donc d’imputer avec certitude la responsabilité à une personne physique.
Deux nouveaux non-lieux viennent d’être prononcés dans des affaires d’exposition à la « fibre tueuse ». Elles s’ajoutent à une série de décisions similaires et obligent les victimes à changer de stratégie judiciaire.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/20/face-a-l-echec-des-instructions-penales-des-victimes-de-l-amiante-adoptent-une-autre-strategie-judiciaire_5491411_3244.html
mlsum-fr-1869
Le Malien Adama Traoré (à gauche) face au Mauritanien Aly Abeid lors de la Coupe d’Afrique des nations, à Suez, le 24 juin 2019. FADEL SENNA / AFP A quel moment se joue le sort d’un match de football ? Quand se situe le point de bascule où la victoire choisit son camp ? La Mauritanie a raté son premier match et son rendez-vous historique en Coupe d’Afrique des nations (CAN), lundi 24 juin en Egypte. La déception de l’équipe était grande en retournant au camp de base d’Aïn Soukhna, à environ 80 km du stade de Suez. Les Mourabitounes se sont inclinés 4-1 face à un adversaire malien plus puissant, plus technique et plus expérimenté. Les Mauritaniens ont pourtant fait jeu égal avec leurs adversaires pendant les vingt-cinq premières minutes de la partie, sans toutefois se créer d’occasions franches. « On était peut-être crispés par l’enjeu, inhibés par ce premier match de la CAN, analyse le milieu de terrain Ibrahima Coulibaly. Les Maliens ont l’expérience du très haut niveau, certains connaissent la Ligue des champions. Ils ont attendu avant de devenir menaçants. » « Le coach nous a dit de rester solidaires » A base de passes courtes, les hommes de Mohamed Magassouba se sont approchés du but de plus en plus dangereusement. A la 37e minute, une frappe imparable d’Abdoulaye Diaby, à l’entrée de la surface de réparation, a trouvé la lucarne de Brahim Souleymane. Puis, juste avant la pause – soit au pire moment –, Moussa Marega a transformé un penalty suite à une faute grossière du gardien mauritanien dans sa surface. En allant au vestiaire, les Maliens menaient 2-0, la victoire semblait avoir choisi son camp. « Le coach nous a dit de rester concentrés et solidaires, et c’est ce que nous avons fait », rappelle le milieu Khassa Camara. Mais après la mi-temps (55e), Adama Noss Traoré dribble plusieurs Mauritaniens et inscrit un nouveau but. C’est à ce moment précis, alors qu’ils n’ont plus rien à perdre, que les joueurs de Corentin Martins vont se décomplexer et se montrer le plus inspiré. A une touche de balle comme ils le font chaque jour lors d’exercices d’entraînement, ils vont poser leur jeu et voir leurs efforts récompensés par un penalty transformé par El Hacen El Id, auteur du premier but de la Mauritanie dans l’histoire de la CAN. Mais les maigres espoirs de l’équipe seront de courte durée. Deux minutes plus tard, Adama Traoré (qui a remplacé Adama Noss Traoré), d’une frappe enroulée, va tromper une nouvelle fois le gardien mauritanien. Prochains adversaires : l’Angola et la Tunisie La compétition n’est pas terminée pour les Mourabitounes, petits poucets de la CAN avec le Burundi et Madagascar, mais elle est mal engagée. Après le Mali, l’équipe doit rencontrer l’Angola (le 29 juin) puis la Tunisie (le 2 juillet), deux solides adversaires. « Ne regardez pas le passé, allez de l’avant ! », martèle Corentin Martins à ses hommes lors de chacune de ses interventions. C’est plus que jamais ce qu’ils doivent faire. Pour motiver ses hommes, l’ancien n° 10 de l’équipe de France a demandé à ses adjoints de préparer un montage vidéo des meilleurs moments qu’a connus l’équipe depuis 2015. Dans ce film de quatorze minutes rythmé par une chanson entraînante écrite par plusieurs artistes mauritaniens pour encourager l’équipe, on voit des buts, de la joie, des cris… Le montage s’achève par des images tournées à Nouakchott le soir de la qualification contre le Botswana, le 19 novembre. On y retrouve une capitale en liesse, des drapeaux qui flottent au vent sur des voitures, des supporteurs heureux et des joueurs qui se congratulent. Le film s’achève par des mots simples : « Continuons d’avancer encore ! » C’est justement le défi qui attend les Mourabitounes aujourd’hui. « Nous [le staff] avons plus confiance en vous que vous-même, a déclaré un jour Corentin Martins lors d’une causerie d’avant-match. Restez solidaires et libérez-vous ! » Après ce premier échec, il reste deux matchs à jouer pour espérer sortir de la poule et se qualifier pour les huitièmes de finale. La Mauritanie n’a plus rien à perdre, il lui reste beaucoup à gagner. Avec « Le Monde Afrique », suivez la CAN 2019 sur WhatsApp
Face au Mali, les hommes de Corentin Martins se sont lourdement inclinés (4-1) lors de leur premier match en Coupe d’Afrique des nations.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/25/can-2019-la-mauritanie-manque-son-entree-dans-la-competition_5481128_3212.html
mlsum-fr-1870
Donald Trump, le 11 octobre à Washington. NICHOLAS KAMM / AFP Les Etats-Unis ont tenté de sortir de leur état de sidération sur le dossier syrien, lundi 14 octobre. Une semaine après avoir pris acte de la volonté de la Turquie de s’attaquer aux alliés kurdes de Washington dans le nord-est de la Syrie, retirant en conséquence les forces spéciales américaines déployées à la frontière, Donald Trump a changé de ton au cours d’une nouvelle conversation téléphonique avec son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan. Selon le vice-président des Etats-Unis, Mike Pence, qui va se rendre très prochainement à Ankara avec le conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien, Donald Trump a « très clairement indiqué » que Washington « souhaite que la Turquie mette un terme à l’invasion, mette en œuvre un cessez-le-feu immédiat et entame des négociations avec les forces kurdes en Syrie afin de mettre fin à la violence ». Une fermeté tardive, les Etats-Unis s’étant dans un premier temps contentés de juger que cette offensive était « une mauvaise idée », alors que Donald Trump a répété sur Twitter, lundi encore, sa volonté de se désengager de la région. « Quiconque veut aider la Syrie à protéger les Kurdes me convient bien, que ce soit la Russie, la Chine ou Napoléon Bonaparte. J’espère qu’ils vont tous très bien, nous sommes à 7 000 miles ! », a écrit le président des Etats-Unis avec désinvolture. Il n’a pas caché son désir de se concentrer sur une autre frontière, celle qui sépare son pays du Mexique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Donald Trump commente en observateur l’offensive turque en Syrie Des sanctions surtout symboliques « Pendant des années, les Etats-Unis et nos partenaires kurdes syriens se sont battus héroïquement pour piéger l’organisation Etat islamique [EI] et détruire son califat », a déploré, lundi, le chef de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell. « Abandonner cette lutte maintenant et retirer les forces américaines de la Syrie recréeraient les conditions » d’une résurgence djihadiste, s’est-il inquiété. Sans doute pour tenir compte du mécontentement que sa gestion de l’offensive turque a provoqué dans les rangs républicains, Donald Trump a signé un décret exécutif imposant des sanctions surtout symboliques contre les ministres de l’énergie, de la défense et de l’intérieur de Turquie. Leurs éventuels avoirs aux Etats-Unis sont gelés et leurs transactions internationales en dollars sont bloquées. De même, des taxes visant l’acier produit en Turquie ont été rétablies. Washington a enfin gelé des négociations en vue d’un accord commercial. Le secrétaire américain à la défense, Mark Esper, doit par ailleurs se rendre à Bruxelles pour inviter les autres membres de l’OTAN, dont est membre Ankara, « à prendre des mesures diplomatiques et économiques collectives et individuelles en réponse à ces odieux actes turcs ».
Le président américain a décidé de prendre des sanctions, surtout symboliques, contre plusieurs ministres d’Ankara et le rétablissement de taxes sur l’acier turc.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/15/donald-trump-change-tardivement-de-ton-sur-la-syrie_6015525_3210.html
mlsum-fr-1871
François Hollande le 14 avril 2018 dans une librairie de Tulle. GEORGES GOBET / AFP Lorsque Nicolas Sarkozy s’est rendu en Corse, le 13 août, pour une séance de dédicaces, « les gens ont fait trois heures de queue sous le cagnard, témoigne son éditrice, Muriel Beyer. On ne voit pas cela tous les jours. Et il a fait huit cents signatures en trois heures… » Les Editions de l’Observatoire avancent le chiffre de 230 000 exemplaires facturés aux librairies depuis la sortie de Passions, fin juin. « Un énorme succès de librairie », se félicite Mme Beyer. L’ancien président de la République (2007-2012), qui signera son livre dans une librairie de Nice le 26 août, est un habitué des succès éditoriaux. La France pour la vie (Plon, 2016) avait déjà réalisé une belle performance (190 000 exemplaires). « Nicolas Sarkozy, poursuit Mme Beyer, a toujours suscité la curiosité. Et avec lui, on est toujours dans l’excès, qu’on l’aime ou qu’on le déteste. Il a un côté rockstar de la politique. » Quoique empêtré dans plusieurs procédures judiciaires, Nicolas Sarkozy semble avoir « mis à distance les aspects les plus polémiques de la fin de son mandat, considère Bruno Cautrès, chargé de recherche CNRS, et il retrouve une partie de son crédit des années 2006-2008. » Pour un électorat déboussolé par la déconfiture du parti Les Républicains (LR), l’ancien chef de l’Etat symbolise malgré tout une époque dorée de la droite. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Il faut s’attendre à ce que Sarkozy et Hollande publient encore et toujours » Cependant, le phénomène dépasse largement la personnalité de Nicolas Sarkozy. Son successeur, François Hollande, a lui aussi connu un succès éditorial avec Les Leçons du pouvoir (Stock, 2018). Selon son éditeur, « autour de 200 000 exemplaires » se sont écoulés. Son entourage affirme qu’il a tenu des séances de dédicaces dans plus de cent vingt villes. Certaines ont duré « plus de neuf heures », comme à Plérin, à côté de Saint-Brieuc, en mai 2018, « où près de mille personnes sont venues à sa rencontre. Le président est reparti à 2 heures du matin ». « C’était énorme, se félicite Sylvie Delassus, directrice éditoriale chez Stock. Je n’avais jamais vu ça. » Les Mémoires de Jacques Chirac, publiés en deux tomes chez NiL Editions en 2009 et 2011, ont atteint 500 000 exemplaires au total. Et que dire du général de Gaulle, dont les Mémoires d’espoir (Plon, 1970) ont eux aussi constitué, en leur temps, un vrai phénomène de librairie. Jacques Chirac en séance de dédicaces le 7 novembre 2009, à Brive-la-Gaillarde. JEAN-PIERRE MULLER / AFP « Culte du chef » L’Elysée fait vendre du papier. « Il s’agit d’un phénomène structurel lié à la Ve République et au talent littéraire de son fondateur, décrypte Bruno Cautrès. L’ombre de Charles de Gaulle porte toujours, et l’idée s’est installée qu’écrire un livre fait partie des attributs de la fonction présidentielle. » De fait, Georges Pompidou a écrit une Anthologie de la poésie française (Hachette, 1961) qui a fait date. Valéry Giscard d’Estaing, membre de l’Académie française depuis 2003, a publié quatorze ouvrages, essais et romans. François Mitterrand, qui en a une vingtaine à son actif, a exercé une sorte de « pouvoir littéraire », indique le chercheur du Centre de recherches de Sciences Po (Cevipof) en rappelant que le président socialiste tenait les Essais de Montaigne sur sa photo officielle. Quant à Emmanuel Macron, il a placé sur la sienne Les Nourritures terrestres de Gide, Le Rouge et le Noir de Stendhal et… Les Mémoires de guerre du général de Gaulle.
Des « Mémoires » de De Gaulle aux « Passions » de Sarkozy, les récits des présidents tournent souvent au best-seller.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/24/quand-l-elysee-fait-vendre-du-papier_5502308_823448.html
mlsum-fr-1872
La haute représentante Federica Mogherini, le 20 juin à Bruxelles. JULIEN WARNAND / AFP Ils seront trois Européens, des représentants français, allemand et britannique, au côté d’un Chinois, d’un Russe et d’un Iranien, vendredi 28 juin, à Vienne, pour une mission de plus en plus complexe : sauver l’accord sur le nucléaire iranien, signé en 2015 dans la capitale autrichienne, et apaiser les tensions entre Washington et Téhéran. « Il s’agit d’examiner les moyens de relever les défis découlant du retrait et de la réimposition de sanctions par les États-Unis, ainsi que des récentes annonces de l’Iran concernant la mise en œuvre de ses engagements nucléaires », indique le service diplomatique de l’Union européenne (UE). Les Etats-Unis, qui se sont retirés en mai 2018 de l’accord cosigné par Barack Obama et ont imposé plusieurs trains de sanctions, mettant fin aux exemptions d’abord accordées aux pays qui importent du pétrole iranien, seront évidemment absents de cette réunion, au résultat incertain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Iran, la société civile prise entre deux feux Ballottée entre son souhait de maintenir à tout prix l’accord, sa volonté de ne pas rompre avec Washington et la récente menace des Iraniens de dépasser la limite de 300 kg d’uranium faiblement enrichi que leur octroie le plan de 2015, la haute représentante, Federica Mogherini – qui présidera la réunion de Vienne –, marche sur une corde raide. Elle refuse, expliquait-elle récemment, de blâmer quiconque : « Nous n’avons jamais fait mystère du fait que préserver l’accord n’est pas un exercice facile. Mais notre but n’est pas de chercher les responsables d’un possible échec. » L’administration Trump accentue, en tout cas, les pressions sur les Européens, et l’Iran exige la concrétisation des promesses qu’ils lui ont faites : la fin des sanctions doit se traduire par un bénéfice économique, en échange de l’abandon du programme nucléaire, qui pourrait faire peser une menace directe sur le territoire de l’Union. A la mi-mai, les Iraniens lançaient un ultimatum de soixante jours à l’UE : il faut des résultats concrets ou ce sera le retour au programme nucléaire, décrétaient-ils. « Pas convenable », jugeait le ministre français Jean-Yves Le Drian. La crainte d’un dérapage Problème : la marge d’action des Européens est faible, depuis l’instauration des sanctions américaines. Et leur promesse d’œuvrer « pour le peuple iranien » en instaurant un commerce et des investissements légitimes avec Téhéran par le biais du mécanisme Instex – une sorte de bourse d’échanges avec un système de paiements alternatifs – produit des résultats quasiment nuls. Les échanges ne concernent que des biens alimentaires et des médicaments fournis par des PME, en quantité très insuffisante.
Le mécanisme mis en place pour permettre aux entreprises de commercer avec l’Iran n’a pour l’instant produit aucun effet.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/25/crise-entre-l-iran-et-les-etats-unis-embarrasses-les-europeens-tentent-de-rassurer-teheran_5481186_3210.html
mlsum-fr-1873
l’été. C’est un potin qui galope depuis un petit mois, avec buzz réglementaire, prenant à revers le landerneau germanopratin de l’édition. Un vent de panique né d’un article riquiqui dans Paris Match : un livre sous X sera(it) imprimé à 250 000 exemplaires et publié en septembre, pour la rentrée littéraire. 250 000 ?! L’équivalent du lâchage d’une bombe thermonucléaire sur un secteur pas vraiment florissant. De quoi submerger les bonnes librairies, et les autres aussi. Sous X : c’est-à-dire qu’on ne connaît rien de l’ouvrage. Qui l’a écrit ? Quel en est le sujet ? Et l’éditeur ? Personne n’en a la moindre idée, mais tout le monde s’échauffe et fouine dans les moindres recoins. « Tout le monde cherche. On reçoit des dizaines de SMS… “Je sais que c’est chez vous !” » Sophie Charnavel, DG de Plon Une chose est presque acquise : Stock, bien que très honoré qu’on lui prête de telles ambitions, jure qu’il n’a rien de tel dans ses cartons. Reste une incertitude contagieuse, à la hauteur de l’émoi fiévreux qui parcourt l’échine de toutes les grandes maisons de la place : « On cherche. Tout le monde cherche. On reçoit des dizaines de SMS de journalistes, de collègues… “Je sais que c’est chez vous !” “Ah bon ? Mais c’est super !” De toute façon, que tu dises oui ou non, personne ne va te croire », raconte Sophie Charnavel, directrice générale de Plon qui, selon les derniers ragots, serait la fameuse éditrice qui publierait le fameux bouquin d’un fameux auteur récemment décédé. Nom de code fameux : Versailles. « Tout le monde est sur les dents et fantasme sur le 250 000, poursuit Sophie Charnavel. Comme si un éditeur avait trouvé la martingale. » Car, en l’espèce, la paternité de l’ouvrage mystère fait presque moins rêver que le nombre d’exemplaires annoncés. Selon une triangulation calculée sur l’indice de notoriété de l’auteur putatif, l’audace de l’éditeur et le goût versatile du public de masse, le champ des possibles se réduit considérablement. Voici les hypothèses les plus plausibles, selon un micro-trottoir réalisé par nos soins. Il y a ceux qui parient leur bibliothèque sur un essai de Brigitte Macron à sortir chez XO Editions. Pas idiot : Emmanuel Macron y avait publié Révolution, en 2016, et en avait vendu 25 000 exemplaires dès la première semaine. Hypothèses tous azimuts Les tenants de la thèse « Laeticia Hallyday sort ses quatre vérités » ne sont pas à négliger ; ils s’appuient à la fois sur l’inextinguible popularité de Johnny et sur les réseaux politico-médiatico-économiques de la veuve du chanteur. En challengeur : les Mémoires d’Alain Delon écrits à la troisième personne et les dernières rêveries de Nicolas Hulot…
Ouvrage sous X, tirage annoncé à 250 000 exemplaires, parution prévue en septembre : il n’en fallait pas plus pour agiter le petit monde de l’édition avant l’été.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/12/pour-la-rentree-litteraire-un-livre-mystere-affole-les-editeurs-parisiens_5488629_4500055.html
mlsum-fr-1874
Simona Halep célèbre sa victoire et son titre, à Wimbledon, le 13 juillet. TIM IRELAND / AP On pourrait épiloguer et noircir des pages et des pages sur ce troisième échec de Serena Williams à égaler le record de vingt-quatre trophées en Grand Chelem en simple de l’Australienne Margaret Court. Samedi 13 juillet, l’Américaine, pétrifiée par le poids de l’histoire, a rendu en finale de Wimbledon l’une des pires copies de sa carrière, face à la Roumaine Simona Halep, vainqueure 6-2, 6-2. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le service de Williams, d’ordinaire son arme maîtresse ? Indolore, malgré 68 % de premières balles, et deux maigres aces en tout et pour tout. Sa volée, qu’elle avait eu l’occasion de peaufiner en disputant le double mixte avec le Britannique Andy Murray ? Chancelante : quatre petits points gagnés pour seulement onze montées au filet. Mais surtout, une avalanche de fautes directes : vingt-six sur tout le match contre... trois pour son adversaire. Détermination On arrêtera là l’analyse de la contre-performance de l’Américaine, sept fois titrée au All England Club, car ce serait faire offense à Simona Halep. La Roumaine de 27 ans, qui n’avait jusqu’ici gagné qu’une seule fois face à l’Américaine en dix affrontements, a livré « le match de sa vie », devait résumer prosaïquement l’intéressée. Pendant les cinquante-six minutes que dura sa démonstration, la géomètre du circuit était « dans la zone » : service, longueur de balle, précision... elle menait déjà 4-0 après onze minutes de jeu, faisant visiter le court à Serena Williams. Le service de l’Américaine, d’ordinaire surpuissant, étouffe quasi systématiquement ses adversaires. Mais samedi, c’est elle qui s’effondrait sous le poids des premières balles de la Roumaine de 1,68 m, sous l’œil incrédule des duchesses de Cambridge et de Sussex, au premier rang de la Royal Box. Et si Serena Williams s’est montrée un peu plus appliquée au début de deuxième set, hurlant sa rage sur chaque balle au point de dissiper les spectateurs du Centre Court, Halep n’a jamais perdu sa concentration ni sa détermination. Les rares fois où elle s’est retrouvée menée dans l’échange, elle réussissait des retours improbables en bout de course. Son adversaire ne pouvait qu’applaudir. Un signe ne trompa pas : le fighting spirit de l’Américaine était aux abonnés absents durant quasiment tout le match. Désabusée, elle finit par baisser les bras – littéralement – la mine basse, après chaque frappe. Et c’est presque comme un soulagement qu’elle vit sa rivale écourter son cauchemar après moins d’une heure de jeu.
La Roumaine a remporté samedi son premier titre à Wimbledon (6-2, 6-2), le deuxième tournoi du Grand Chelem de sa carrière, privant l’Américaine d’un record.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/07/13/a-wimbledon-face-a-serena-williams-simona-halep-livre-le-match-de-sa-vie_5489113_3242.html
mlsum-fr-1875
Mina Farid (Naïma) et Zahia Dehar (Sofia) dans « Une fille facile », de Rebecca Zlotowski. JULIAN TORRES / LES FILMS VELVET L’AVIS DU « MONDE » - À NE PAS MANQUER Après l’ambitieuse fresque historico-spiritiste de Planetarium (2016), Rebecca Zlotowski, qui trace, depuis Belle Epine (2010), l’un des parcours les plus brillants au sein du jeune cinéma français, revient pour son quatrième long-métrage à une forme plus modeste et plus ramassée. Une fille facile ne diffère pas fondamentalement des précédents films de la réalisatrice, qui examinaient, non sans recul analytique, la montée et l’ivresse du désir physique. Cette matière inflammable est ici réinvestie à la faveur d’un conte cruel de l’adolescence, nourri des prestiges et des simulacres du monde moderne, de ses rêves de réussite et de ses signes extérieurs de richesse. Car sous sa simplicité apparente, le film n’offre rien moins qu’une relecture de la lutte des classes à l’aune du matérialisme le plus avancé. A Cannes, alors que les cours font place aux vacances d’été, Naïma (Mina Farid), 16 ans, fille d’une femme de ménage, s’apprête à passer une audition avec son meilleur ami Dodo (« Riley » Lakdhar Dridi). C’est alors qu’arrive de Paris sa cousine Sofia (Zahia Dehar), une jeune femme à la sexualité libérée qui n’hésite pas à tirer profit de ses charmes. Inséparables, écumant plages et boîtes de nuit, les deux complices ne tardent pas à faire la rencontre d’Andres (Nuno Lopes) et Philippe (Benoît Magimel), un collectionneur d’art et son entremetteur attitré, deux hommes riches qui les invitent à monter sur leur yacht. Sofia détourne alors l’adolescente de sa réalité quotidienne, pour l’entraîner dans le monde du luxe, de l’opulence, de la haute couture, des grands restaurants, des somptueuses villas méditerranéennes. Ce monde où tout paraît possible, Naïma le découvre ébahie, en même temps que la monnaie d’échange qui le rend accessible aux filles de son milieu : les rapports sexuels qui ont lieu le soir entre Andres et Sofia. Lire le portrait de Benoît Magimel : Eloge de l’homme mûr Luxe illusoire Du conte, le film retient précisément la tournure : une jeune fille s’aventure, non pas dans une forêt sombre, comme le Petit Chaperon rouge, mais dans une dimension irréelle de l’existence, cet univers des riches qui semble ne rencontrer aucune résistance, tout simplement parce qu’il relève de l’illusion. Illusoire est, en effet, l’invitation faite aux cousines de monter sur le yacht, car elles peuvent en être chassées d’un moment à l’autre et leur privilège disparaître comme le carrosse de Cendrillon. Illusoire est ce luxe qui les entoure et dont elles ne voient jamais le carburant réel, à savoir l’argent sur lequel il se fonde (scène éloquente où elles s’achètent des articles de mode exorbitants sur le compte de leur hôte, mais n’ont pas les moyens de se payer un croissant). Illusoires sont les relations d’affabilité qui les lient aux deux hommes, car entièrement suspendues au désir versatile d’Andres pour Sofia. Visitant ainsi le côté somptuaire de l’existence, Naïma traverse l’été comme un rêve auquel elle n’appartiendra jamais complètement.
Pour son quatrième long-métrage, la cinéaste Rebecca Zlotowski met en scène Zahia Dehar dans le rôle d’une nymphette avide de luxe.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/26/une-fille-facile-un-conte-cruel-de-l-adolescence_5503111_3246.html
mlsum-fr-1876
Le chef d’état-major des armées, François Lecointre, le 20 juillet 2017 à Istres, dans le sud de la France. CLAUDE PARIS / AP Le général François Lecointre, 57 ans, a pris ses fonctions de chef d’état-major des armées en juillet 2017. Opérations extérieures, menaces futures, réformes internes : à l’occasion du 14-Juillet, il a répondu en exclusivité aux questions du Monde. Sept mille de vos soldats sont déployés à l’étranger, dont plus de la moitié dans « Barkhane », la principale opération française consacrée au contre-terrorisme, au Sahel. La situation sécuritaire s’est dégradée dans l’année écoulée. Arrivez-vous vraiment à contenir les groupes armés ? Les décisions de la « stratégie Sahel » prises il y a un an et demi ont été mises en œuvre. Nous avons continué de traiter les groupes armés du nord du Mali par des opérations très ciblées sur leurs têtes de réseau, en maintenant une pression. Mais aussi travaillé avec les armées partenaires, notamment du Niger, du Burkina Faso et du Mali, et cherché à relancer les opérations du G5 Sahel. Notre effort s’est porté dans le Liptako, la région des trois frontières, en insistant auprès des forces maliennes pour les faire revenir dans la zone, et en les faisant monter en compétence pour pouvoir les laisser seules sur le terrain. Tout cela a été couplé avec des actions de l’Agence française de développement [AFD] et une réinstallation de l’administration malienne. L’AFD a fait un gros effort pour se rapprocher de la logique des armées, et réciproquement. Objectivement, là où cette stratégie de concentration des efforts se déploie, elle fonctionne. Les bandes armées qui prospèrent sur l’absence de l’Etat sont déstabilisées, affaiblies. Le gouverneur de Ménaka [dans le nord-est du Mali] a récemment déclaré que l’administration était en train de revenir. Mais, dans le même temps, la situation continue d’évoluer défavorablement ailleurs, avec un repli des groupes dans d’autres zones, au Niger et au Burkina Faso. La pression que nous exerçons joue sans doute, mais, si nous n’avions rien fait, les groupes se seraient étendus quand même. La contagion djihadiste à l’Afrique de l’Ouest, jusqu’à la côte, menace-t-elle ? On n’en est pas là. Et la lecture d’une contagion par l’ethnie peule, opposée aux Dogon, est simpliste. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] a une stratégie claire : pousser le désordre dans le centre du Mali pour conduire librement, au nord, ses opérations de trafics criminels. Il y a une tentative d’instrumentaliser des tensions locales anciennes, et un vrai risque d’implantation de la katiba Macina [un groupe djihadiste], avec une emprise de plus en plus forte sur la population. La situation nous contraint à renforcer nos partenariats.
Le chef d’état-major des armées fait le point les opérations militaires en cours et à venir à l’occasion du 14-Juillet.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/12/general-lecointre-l-indicateur-de-reussite-n-est-pas-le-nombre-de-djihadistes-tues_5488379_3210.html
mlsum-fr-1877
L’Hôtel du Palais et le phare de la pointe Saint-Martin, à Biarritz, le 22 août. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS C’est l’un des sites névralgiques du sommet du G7. Une sorte de « no-go zone », où seuls les chefs d’Etat accèdent, au sein du secteur déjà le plus sécurisé de Biarritz. Au sein de l’Hôtel du Palais, somptueux palace édifié sur l’océan par Napoléon III en l’honneur de l’impératrice Eugénie, sont logés les dirigeants des pays membres du G7, ainsi que huit autres chefs d’Etat conviés. La rumeur assurait que le président des Etats-Unis avait refusé d’y loger, et on lui a un temps prêté le souhait de passer la nuit sur un porte-avions américain, au large de Biarritz. « Il n’a jamais été question qu’il fasse bande à part », corrige Jean-Pierre Thébault, l’ambassadeur français chargé de la préparation du G7. Alors que le splendide hôtel avait entrepris, ces derniers mois, une rénovation d’ampleur, les services secrets américains ont inspecté les structures, les parquets et les tentures. Et Donald Trump séjournera dans l’une des plus belles suites de l’aile sud, qui ouvre sur la grande plage et l’Atlantique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi G7 à Biarritz : un budget aux contours flous C’est aussi à l’Hôtel du Palais qu’Emmanuel Macron conviera dimanche soir, pour un grand dîner, les membres du G7, les huit chefs d’Etat et les huit dirigeants d’organisations internationales exceptionnellement invités. C’est aussi là qu’ont lieu certains entretiens bilatéraux, même si la plupart des séances de travail ont lieu au Bellevue, ce centre des congrès très Belle Epoque à trois pas de l’Hôtel du Palais. Pour le premier dîner d’importance, samedi – qui doit réunir M. Macron, la chancelière allemande Angela Merkel, le premier ministre japonais Shinzo Abe, celui du Royaume-Uni Boris Johnson, le Canadien Justin Trudeau, l’Italien Giuseppe Conte et Donald Trump –, le président français a cependant choisi un cadre plus inattendu : le phare de Biarritz, édifié à la pointe Saint-Martin, un escarpement rocheux dominant la ville. L’endroit n’a rien d’un restaurant et il a fallu y improviser de toutes pièces une cuisine. Mais le phare, dont la lumière guide les navires, offre un cadre à la fois symbolique et original pour cette première rencontre, alors qu’à quelques kilomètres les alternatifs du contre-sommet contestent le manque de vision des pays les plus riches face aux défis du dérèglement climatique et de la pauvreté. Lire notre éditorial : Sommet du G7 : passer de la parole aux actes
Les dirigeants logent à l’Hôtel du Palais tandis que le phare de la pointe Saint-Martin fournira un cadre symboliquement fort au dîner du samedi.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/24/les-coulisses-du-g7-a-biarritz-un-phare-pour-diner-un-palace-pour-dormir_5502410_3210.html
mlsum-fr-1878
La politique d’investissement des fonds flexibles permet une grande liberté d’action au gérant. Dimitris Skordopoulos/Panther Media / GraphicObsession La promesse vendue par les promoteurs de fonds flexibles n’est-elle pas trop belle pour être vraie, à savoir capter les périodes de hausse de la Bourse, tout en atténuant ses mouvements de repli, afin de protéger le capital investi. En effet, force est de constater que cette promesse a été mise à mal au cours de la période récente. Ainsi, l’an dernier, « leur performance a été généralement très décevante, en particulier au moment de la correction boursière intervenue lors du dernier trimestre 2018 », comme le précise Mathieu Caquineau, responsable de la recherche sur les fonds actions chez Morningstar. Pourtant, sur le papier, la politique d’investissement des fonds flexibles a tout pour plaire : elle accorde une grande liberté d’action à leur équipe de gestion en leur offrant par exemple la possibilité d’investir sur le marché des actions en modulant leur exposition en fonction de leurs anticipations boursières. Pour ce faire, elle peut jongler avec d’autres classes d’actifs bien moins volatiles que les actions, en se positionnant par exemple sur le compartiment obligataire qui leur sert en quelque sorte d’amortisseur en cas de secousses boursières. Bref, de quoi gérer au mieux les périodes de retournement de marché, à condition bien évidemment de les avoir correctement anticipées. Les mains libres laissées aux gérants Il s’agit donc d’un style de gestion qui a tout son sens pour un épargnant souhaitant profiter du dynamisme de la Bourse, dans le cadre d’une volatilité maîtrisée. Pourtant, même en laissant les mains libres aux gérants de fonds flexibles, « rares sont ceux capables d’obtenir des résultats satisfaisants sur la durée en faisant preuve d’un bon market timing » pour Mathieu Caquineau. En effet, selon lui, « si l’on se penche sur leurs performances réalisées notamment en 2018, les résultats sont loin d’être convaincants pour bon nombre de produits de cette catégorie ». Principale explication, les marchés obligataires n’ont pas eu au cours des deux dernières années l’effet amortisseur qu’ils sont supposés procurer. Des mastodontes, comme le fonds Carmignac Patrimoine, un des fonds flexibles le plus important de la place de Paris, en termes d’encours sous gestion, ont vu par ailleurs leur performance « affectée par de mauvais choix en termes de sélection de titres et de devises » ajoute M. Caquineau. Lire aussi Des fonds de partage pour soutenir les bonnes causes A l’inverse, d’autres produits moins connus s’en sortent mieux en sortant des sentiers battus, « en utilisant une flexibilité mais pas au sens traditionnel du terme », précise David Wierzba, codirecteur du développement chez Varenne Capital Partners. Cela passe notamment par « le recours à des stratégies d’investissement complémentaires de décorrélation comme la vente d’actions à découvert, l’arbitrage de fusions-acquisitions ou encore des couvertures macroéconomiques », ajoute t-il. Marchés moins porteurs Le mieux est sans doute de se tourner vers une équipe de gestion expérimentée et qui affiche des résultats réguliers sur cinq ans au minimum. Idéalement, comme l’indique Mathieu Caquineau, « elle doit être capable de porter le poids des actions dans le portefeuille à son maximum lors des périodes de hausse de la Bourse et au contraire à son minimum pendant les périodes de correction », sachant que l’ajout à bon escient de stratégies d’investissement décorrélées peut également aider à booster la performance, notamment dans des marchés moins porteurs. Pour Ewout Van Shaick, responsable des portefeuilles multiclasses d’actifs chez NN Investment Partners (NN IP), la stratégie suivie par un fonds flexible se doit d’afficher sur une longue période un solide couple rendement-risque « qui reste le meilleur critère de sélection ». En clair, rapporter plus sur le moyen terme quand il est largement investi en actions, sinon préserver le capital. Cela est très loin d’avoir toujours été le cas ces dernières années. Et rien n’indique que ce sera le cas dans les prochains mois. Lire aussi Ces fonds qui jouent les valeurs familiales Romain Thomas
Protéger le capital investi tout en bénéficiant de la hausse de la Bourse l’idée est séduisante. Pourtant, elle est loin d’être réalisable dans la pratique.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/07/09/epargne-les-fonds-flexibles-tiennent-ils-leurs-promesses_5487084_1657007.html
mlsum-fr-1879
Christine Lagarde, présidente de Banque centrale européenne, en janvier 2019. Markus Schreiber / AP Chronique. Les appels à profiter des taux bas se multiplient, à l’instar de celui lancé par l’économiste Olivier Blanchard lors du forum de la Banque centrale européenne, le 17 juin. Pour rembourser les intérêts de la dette publique, pour réduire les inégalités, pour financer la transition écologique… Leur maintien par les banques centrales au niveau zéro, voire négatif, en Europe, ou à un niveau stable aux Etats-Unis, rassure aussi ceux qui voyaient dans la remontée des taux un possible catalyseur de crise financière. Il ne faudrait pas négliger pour autant l’incidence à terme de cette configuration de taux. Car des taux trop bas trop longtemps conduisent aussi tout droit à une crise financière. Etroit chemin de crête que celui qui se présente aux banques centrales dans les prochains mois. Bonne chance, Mme Lagarde ! Se réjouir du maintien des taux à un niveau bas, c’est oublier que la poursuite de l’endettement en situation de taux bas continue d’alimenter les bulles Les taux bas actuels sont le résultat des politiques monétaires de gestion de crise. D’abord, les banques centrales ont abaissé leurs taux directeurs (ceux auxquels elles prêtent aux banques, et celui auquel elles gardent leurs liquidités excédentaires). Puis, une fois ces taux au plancher, elles sont passées aux achats d’actifs (quantitative easing) sur les marchés, notamment sur ceux de la dette publique. Leurs achats ont fait monter le prix de ces titres et ont exercé une pression à la baisse sur les taux associés à ces titres à échéance longue. Les taux à 10 ans de certains émetteurs souverains sont ainsi passés en dessous de zéro. Actuellement, l’Etat allemand ou l’Etat français peut emprunter à 10 ans et rembourser dans 10 ans une somme égale ou légèrement inférieure à celle empruntée. Cela vaut pour certains Etats, mais pas pour tous, et pas pour les particuliers (pour le moment). Les prêts obtenus par ces derniers auprès de leur banque le sont certes à un niveau bas, mais pas négatif. Leur banque elle, emprunte à taux zéro auprès de la Banque centrale européenne si elle est de la zone euro, à 0,75 % auprès de la Bank of England si c’est une banque anglaise, à moins de 2,5 % auprès de la Réserve fédérale (FED) si c’est une banque américaine, etc., mais prête aux particuliers à un taux plus élevé, qui dépend notamment de l’échéance du prêt, du risque de non-remboursement… Cette situation est partie pour durer (« Et si les taux d’intérêt zéro étaient la nouvelle norme ? », Adair Turner, Project Syndicate, 29 mars 2019). Même aux Etats-Unis, où se profilait une remontée progressive des taux d’intérêt, la tendance est de nouveau au statu quo, et même à de nouvelles baisses de taux d’ici à la fin d’année. C’est ce qu’a annoncé Jerome Powell, président de la FED, le 19 juin, à l’issue de la réunion du Federal Open Market Committee. Autant dire qu’en cas de retournement du cycle américain des affaires dans les mois suivants les marges de baisse des taux seront très faibles.
Résultat des politiques monétaires de gestion de crise, les taux bas actuels peuvent représenter une opportunité comme un danger, prévient l’économiste dans sa chronique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/20/jezabel-couppey-soubeyran-les-taux-bas-sont-une-opportunite-pour-les-emprunteurs-un-probleme-pour-les-preteurs_5491444_3232.html
mlsum-fr-1880
Présentation Une représentation de la pièce d’Eschyle, Les Suppliantes, qui devait avoir lieu à la Sorbonne, en mars 2019, a été empêchée par des militants de la cause noire au motif que des acteurs portaient des masques sombres : ce « blackface » serait raciste. En 2018, le metteur en scène canadien Robert Lepage a dû annuler son spectacle Kanata, à Montréal : sa relecture de l’histoire de son pays n’avait pas été menée avec des Amérindiens. Les incidents de ce type se multiplient depuis peu dans le monde de la création, à l’université et dans la société occidentale en général. Chaque fois, deux antiracismes se font face. D’un côté, les universalistes invoquent les valeurs occidentales des Lumières – laïcité, primauté de la liberté d’expression et de création, quitte à bousculer des tabous et à heurter. De l’autre, des communautés, souvent minoritaires, estiment que les valeurs de l’Occident portent une forme de colonialisme et d’oppression. Elles pensent que des créateurs et universitaires occidentaux les offensent quand ils s’approprient des sujets et signes de leurs cultures, voire leurs histoires. Pour ces communautés, c’est un vol d’identité. Pour les universalistes, tout créateur ou universitaire peut s’exprimer dans le respect de la loi. Ces deux approches de l’histoire et de la création sont-elles irréconciliables ? Les tenants de ces deux points de vue peuvent-ils encore dialoguer afin de cerner ce qui les rapproche et ce qui les sépare ? Comment vivre, étudier et créer ensemble ? C’est l’ambition de ce débat qui réunit des universitaires de points de vue différents, invités à s’exprimer notamment à partir d’exemples visuels qui seront projetés sur la scène du Théâtre des Bouffes du Nord. Une rencontre animée par Michel Guerrin, journaliste au Monde.
« Le Monde » organise dans le cadre du Monde Festival un débat autour de la confrontation des antiracismes dans le monde de l’art et la production des savoirs. La conférence se tiendra samedi 5 octobre 2019 de 16 heures à 17 h 30, au Théâtre des Bouffes du Nord.
https://festival.lemonde.fr/programmation/blackface-appropriation-culturelle-decolonialisme-la-liberte-dexpression-est-elle-menacee/
mlsum-fr-1881
« Battletoads », batraciens à l’ancienne C’est une annonce qui arrachera un sourire nostalgique aux joueurs de la NES et de la Megadrive : les grenouilles bagarreuses de Battletoads reviennent sur Xbox One, dans un jeu d’action jouable à trois en coop. « Carrion », le plaisir de faire peur Et si l’alien, c’était vous ? C’est la proposition, simple et originale, de ce jeu qui vous met dans la peau d’un xénomorphe mutant petit à petit, tout en terrorisant les humains sur son chemin. Sur PC, en 2020. « Deathloop », la french touch On sait désormais à quoi est occupé le studio lyonnais Arkane, déjà responsable de l’indispensable dyptique Dishonored : leur prochain titre, Deathloop, opposera deux assassins dans un duel à mort. On devrait retrouver ce qui fait la spécificité des jeux Arkane, et notamment leurs environnements ouverts favorisant la liberté d’approche. « Commander Keen », vétéran rajeuni Après Doom et Wolfenstein, Bethesda redonne vie à une autre franchise phare du début des années 1990. Cette fois, sous la forme d’un jeu mobile à l’esthétique cartoon, prévu pour cet été. « Dragon Ball Z : Kakarot », Goku à l’action Ce n’est pas le premier des jeux adaptés de Dragon Ball, mais il fait suite à l’excellentissime Dragon Ball Fighter Z de 2017, et renouera avec un registre rarement abordé, celui du jeu de rôle mâtiné d’action. « Elden Ring », un trône pour deux stars On en sait encore peu sur Elden Ring, mais son pedigree suffit déjà à le placer très haut dans la liste des titres les plus attendus. Il s’agit en effet du produit de la collaboration entre Hidetaka Miyazaki (les jeux Dark Souls, BloodBorne, Sekiro) et George R. R. Martin (auteur de Game of Thrones). Rien que ça. « Fall Guys », le battle royale qui tombe à pic Après Fortnite pour les joutes armées, Tetris 99 pour les défis collectifs de remue-méninges, le prochain battle royale à la mode sera peut-être Fall Guys, et ses 100 petits marathoniens lâchés dans des parcours loufoques acidulés et semés d’embûches. Sur PC et PS4 en 2020. « Flight Simulator 2019 », redécollage immédiat Le somptueux Flight Simulator 2019, nouvel opus d’une série de simulations d’aviation dont le premier volet date de 1982, ramène une série laissée à l’abandon depuis 2012. Il est attendu en 2020 sur Xbox Game Pass (Xbox One, PC). « Forza Horizon 4 : LEGO Speed », de l’asphalte et des briques Une conférence Xbox sans jeu de voiture ? Impossible. Mais avec des petites autos en briques de Lego, voilà qui est moins commun… Cette relecture enfantine de la simulation de conduite de référence arrivera sous forme d’extension à la rentrée, sur Xbox One et PC. « GhostWire Tokyo », l’horreur à la japonaise Avant de mettre des zombies dans son plus célèbre jeu, Resident Evil, Shinji Mikami envisageait d’y placer des yôkai, des esprits farceurs japonais. Plus de vingt ans plus tard, l’occasion lui sera donnée avec ce nouveau jeu d’horreur teinté de surnaturel et de technologie. « Twelve Minutes », huis clos conceptuel Annapurna Interactive, studio indépendant responsable de l’un des meilleurs jeux de l’année 2019, Outer Wilds, a levé le voile sur un intrigant jeu d’enquête en huis clos, fondé sur une boucle temporelle. Inspirations cinématographiques revendiquées : Shining et Memento.
Dans la nuit de dimanche à lundi, Microsoft, Bethesda et Devolver ont présenté plusieurs dizaines de nouveautés à venir. Sélection des bandes-annonces les plus marquantes.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/10/e3-battletoads-commander-keen-dragon-ball-project-z-les-principaux-jeux-video-annonces-cette-nuit_5474191_4408996.html
mlsum-fr-1882
Un homme soudanais tient un drapeau de son pays, à Khartoum, le 5 juin 2019. REUTERS « Le mouvement de désobéissance civile commencera dimanche et ne se terminera que lorsqu’un gouvernement civil aura été annoncé » : dans un communiqué publié samedi 8 juin, l’Association des professionnels soudanais (SPA), acteur majeur de la contestation civile au Soudan depuis le début du mois d’avril, a encouragé la population à entamer un mouvement de désobéissance civile pour que le Conseil militaire de transition abandonne son emprise sur le pouvoir. Cet appel, le premier de la sorte depuis le début des manifestations et la destitution du président Omar Al-Bachir, le 11 avril, intervient au lendemain de la visite à Khartoum du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, venu en médiateur entre la contestation et le Conseil militaire de transition. Lire aussi : L’influence des parrains régionaux fait craindre une guerre civile Il survient aussi cinq jours après la violente dispersion par les forces de sécurité d’un sit-in organisé depuis le 6 avril devant les quartiers généraux de l’armée à Khartoum, dans le prolongement du mouvement de contestation déclenché en décembre. Qualifiée de « massacre » par la contestation – au moins 108 personnes sont mortes – cette dispersion a été suivie d’une vague de répression cette semaine. Selon des habitants, un climat de « terreur » s’est emparé de la capitale. Pour la SPA, la désobéissance civile constitue « un acte pacifique capable de mettre à genoux le plus puissant arsenal d’armes au monde ». Cette nouvelle forme d’action intervient après deux jours de grève générale, les 28 et 29 mai, pour faire pression sur l’armée. La forme que prendra cette « désobéissance civile » n’a pas été précisée, alors que les rues de Khartoum sont quasi désertes depuis lundi en raison de la répression. Lire aussi : Le Conseil militaire de transition écrase dans le sang le mouvement démocratique Négociations interrompues depuis le 20 mai Samedi encore, les rideaux de fer de la plupart des magasins étaient baissés dans la capitale soudanaise en ce dernier jour de vacances de la fête musulmane du Fitr, qui marque la fin du mois de jeûne de ramadan. Si la circulation avait légèrement repris, peu de piétons étaient visibles dans les rues. Des barricades de briques coupaient certaines routes des quartiers de Bahri et Burri, deux hauts lieux de la contestation à Khartoum. Elles ont été érigées par les manifestants pour notamment, disent-ils, se protéger des forces de sécurité. Dans d’autres rues, ces barrières de fortune étaient retirées à la main, brique par brique, par des soldats de l’armée régulière et par des hommes des Forces de soutien rapide (RSF). Ces paramilitaires sont accusés par la contestation d’être les principaux auteurs de la répression du mouvement depuis le 3 juin. Lire aussi : La capitale Khartoum livrée aux miliciens du Darfour Durant sa visite vendredi, le Premier ministre éthiopien avait appelé à « faire preuve de courage et de responsabilité en prenant des actions rapides vers une période de transition démocratique et consensuelle dans le pays », après une rencontre avec le président du Conseil militaire au pouvoir, le général Abdel Fattah al-Burhane, et plusieurs chefs de la contestation. Les militaires avaient entrepris des négociations avec les chefs de la contestation autour de la transition post-Béchir, qui ont toutefois été suspendues le 20 mai, chaque camp voulant en prendre la tête. Durant la visite du Premier ministre éthiopien, les généraux se sont dits « ouverts aux négociations » mais l’ALC a opposé des conditions, dont une enquête internationale sur le « massacre » du sit-in.
L’Association des professionnels du Soudan (SPA) veut faire pression sur les militaires au pouvoir, accusés de répression brutale contre les manifestants.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/08/les-chefs-de-la-contestation-au-soudan-appellent-a-la-desobeissance-civile-a-partir-de-dimanche_5473758_3212.html
mlsum-fr-1883
La visite du patron fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, à Washington, jeudi 19 septembre, a été rythmée par des rencontres privées avec des élus et une entrevue à la Maison Blanche avec Donald Trump, le président des Etats-Unis. « Bonne rencontre avec Mark Zuckerberg de Facebook dans le Bureau ovale aujourd’hui », a simplement tweeté Donald Trump, accompagnant son message d’une photo où l’on voit les deux hommes se serrer la main. Il n’a pas apporté plus de détails sur la teneur de leurs discussions. Au Congrès américain, dans la même journée, Mark Zuckerberg s’est entretenu lors d’un échange à huis clos avec le sénateur républicain Josh Hawley, l’un des critiques les plus virulents de Facebook. « Nous avons eu une conversation franche », a tweeté le sénateur. « Je l’ai mis au défi de faire deux choses pour montrer que Facebook est sérieux sur les questions de l’impartialité, de la protection des données personnelles et de la concurrence : “1) Vendez WhatsApp et Instagram ; 2) Soumettez-vous à un audit indépendant, extérieur sur la question de la censure.” Il a répondu non aux deux. » Le sénateur Hawley avait déjà poursuivi le réseau de ses foudres quand il était procureur général du Missouri. Une loi pour protéger les données personnelles Mercredi soir, M. Zuckerberg avait rencontré en privé d’autres élus lors d’un dîner animé, a confié le sénateur démocrate Mark Warner. « Il nous reste un long chemin à parcourir, mais j’apprécie sa sincérité et le fait qu’il ait pris nos inquiétudes au sérieux. J’espère que nous pourrons travailler ensemble pour répondre à ces défis », a-t-il tweeté. S’il veut une plus stricte régulation, M. Warner a précisé qu’il n’était pas, pour l’instant, partisan de démanteler le géant Facebook. « Je ne rejoins pas encore certains de mes amis qui veulent aller directement jusqu’à casser [le groupe] », a-t-il dit sur Fox Business Network. Le jeune magnat de la tech et les élus ont évoqué « de nombreux sujets », selon M. Warner, notamment la protection des données personnelles, la transparence, les contenus racistes, les moyens de mieux authentifier les identités ou encore les cryptomonnaies. Le Congrès planche sur une législation protégeant mieux la vie privée face aux géants de l’Internet, pour qui les données personnelles sont souvent la principale source de revenus. A la fin juillet, les autorités fédérales américaines avaient imposé à Facebook, qu’elles accusent d’avoir « trompé » ses utilisateurs, un contrôle indépendant de la manière dont il traite les données personnelles, en plus d’une amende record de cinq milliards de dollars. Lire aussi Comment 2018 est devenue une année noire pour Facebook
Lors d’une journée à Washington, le patron de Facebook a rencontré Donald Trump et a rejeté l’idée de scinder son entreprise pour répondre aux préoccupations concernant le poids du géant californien.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/20/facebook-mark-zuckerberg-refuse-de-vendre-instagram-et-whatsapp_6012356_4408996.html
mlsum-fr-1884
Le gouvernement tente de rassurer les marchés après une semaine d’incertitudes sur les marchés et une forte dépréciation de sa monnaie. Les entreprises argentines exportatrices devront provisoirement demander l’autorisation de la Banque centrale pour acheter des devises, aux termes d’un décret officiel publié dimanche. Ce contrôle des changes doit rester en vigueur jusqu’au 31 décembre 2019. Mercredi 28 août, l’Argentine a demandé au Fonds monétaire international (FMI) un rééchelonnement de sa dette de 57 milliards de dollars. Selon l’accord signé en 2018, les premiers remboursements doivent intervenir en 2021. Le FMI a réagi en assurant « continuer à être aux côtés » de l’Argentine « en ces temps difficiles » et étudier le dossier. Le peso argentin a fortement chuté au cours du mois d’août L’économie argentine, en récession depuis 2018, connaît une des inflations les plus élevées au monde (25,1 % entre janvier et juillet, 54,4 % sur les 12 derniers mois), une baisse de la consommation, des fermetures de commerces et une augmentation de la pauvreté (32 % en 2018) et du chômage (10,1 % cette année). Le peso argentin a perdu plus de 20 % depuis le 11 août et près de 70 % depuis janvier 2018. La crainte principale des marchés et des Argentins eux-mêmes est désormais le défaut de paiement. En 2001, le pays, incapable de faire face aux échéances de remboursement de sa dette, avait connu le plus important défaut de paiement de l’histoire et une grave crise économique et sociale qui avait traumatisé les Argentins et les marchés financiers. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’Argentine cherche à juguler une inflation galopante
La décision est entrée en application via un décret publié dimanche et doit rester en vigueur jusqu’à la fin de l’année 2019.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/01/l-argentine-impose-un-controle-des-changes-pour-rassurer-les-marches_5505226_3234.html
mlsum-fr-1885
Kristin Davis, Sarah Jessica Parker, Kim Cattrall et Cynthia Nixon dans la série « Sex and the City », créée par Darren Star. WARNER Dans le maelström des séries américaines qui déferle sur les écrans depuis quelques années, celles où les femmes peuvent – enfin – se reconnaître montent en puissance. Plus justes, plus actuels, moins stéréotypés, les personnages féminins se multiplient, se diversifient et gagnent en complexité. Certaines séries, souvent créées par des femmes, s’aventurent même à représenter le désir et la sexualité en se focalisant sur la perception qu’en ont les personnages féminins. De la masturbation au cunnilingus, de rapports insatisfaisants à l’orgasme avec des sextoys, commence ainsi à s’imposer un nouveau regard, plus réaliste et plus « égalitaire », sur la représentation de la sexualité féminine. Une évolution qui a pris son temps. Jusqu’aux années 1970, les femmes étaient en effet avant tout de pimpantes épouses, joyeuses de jouir… du plumeau et de l’aspirateur. Après leur enrôlement dans les usines pour vaincre les nazis, le retour au foyer s’imposait. Un frôlement des lèvres de leur époux et des lits jumeaux faisaient tout leur bonheur. « Sex and the City » aborde une foultitude de sujets intimes et tabous de manière très frontale pour l’époque A partir des années 1970, les choses commencent à « se gâter » (concomitamment, entre autres, à la démocratisation de la pilule contraceptive, réservée aux femmes mariées jusqu’en 1972 aux Etats-Unis). Apparaissent alors des séries centrées sur des femmes autres que des ménagères, parfois désireuses non plus d’un mari mais d’un partenaire. Pointe une nouvelle problématique : leur épanouissement personnel, qui passe par un métier et la recherche du bonheur en dehors de la domesticité. Le Mary Tyler Moore Show (1970-1977), par exemple, innove en mettant en scène Mary Richards, la trentaine et toujours célibataire. La série rompt avec le credo de l’époque qui veut qu’une femme, à cet âge-là, doive s’épanouir dans le mariage. Qui plus est, Mary Richards a des amants d’un soir… Puis débarque sur NBC la sitcom comique et à succès The Golden Girls (Les Craquantes, 1985-1992) : quatre célibataires d’âge mûr (entre 50 et 70 ans) vivant en colocation. De la « piquante » à la « cynique », en passant par la « crédule » et la « nymphomane », se dessine déjà le schéma de quatre amies que tout unit et tout oppose… Pour sa part, Murphy Brown, qui donne son nom à la série de CBS (1988-1998), « tombe » enceinte alors qu’elle est divorcée. A l’écran, elle sera la première femme à assumer d’être « mère célibataire », note l’universitaire Céline Morin dans Les Héroïnes de séries américaines (PUFR, 2017). A ce titre, Murphy Brown fera la « une » du New York Times, en mai 1992, ce choix de lèse-paternité ayant mis en émoi jusqu’à la Maison Blanche, le vice-président Dan Quayle et le candidat à la présidentielle Bill Clinton s’opposant sur l’image de la femme qui est alors proposée aux téléspectateurs.
Têtes de série (1|6). Cantonnés aux rôles de ménagères et d’épouses, les personnages féminins se diversifient à partir des années 1970 et affirment leur sexualité.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/19/femmes-dans-tous-leurs-ebats_5500800_4415198.html
mlsum-fr-1886
Power Trip, nouvelle école thrash originaire de Dallas (Texas). SOUTHERN LORD / JOSHUA ANDRADE L’enfer conserve manifestement bien : le heavy metal fêtera en 2020 son demi-siècle, si l’on fait remonter ses origines à l’album Paranoid (1970), de Black Sabbath. Snobé ou honni par le grand public, le genre a perduré et n’a cessé de se réinventer à travers une pléthore de sous-catégories metal (death, black, power, neo, prog…), parfois improbables (hair, viking, folk…). Parmi ces ramifications, le thrash metal a marqué au fer rouge l’histoire du rock lourd, grâce à trois groupes américains devenus des institutions planétaires : Metallica, géant des stades avec 110 millions d’albums vendus, Megadeth (50 millions) et Slayer (35 millions). Lire l’entretien avec le fondateur, Ben Barbaud : « Le Hellfest est le festival le plus cher de France » Si le terme « thrash » (traduit littéralement par « rossé ») se popularise au milieu des années 1980 sous l’impact des albums Ride the Lightning (1984), de Metallica, et Reign in Blood (1986), de Slayer, le mouvement a pris sa source quelques années plus tôt dans la baie de San Francisco (Californie). Au cœur de cette région réputée hippie, un réseau alternatif metal émerge, relayé par des fanzines (Metal Blade), des petites salles de concerts (Ruthie’s Inn) et des disquaires. Vitesse instrumentale hors norme Un de ses principaux activistes s’appelle Brian Slagel, futur patron de Metal Blade Records, qui publiera, en 1982, la compilation historique Metal Massacre. Sur cette cassette, une génération de rockeurs à la tignasse protubérante, dont Metallica, se distingue par une agressivité et une vitesse instrumentale hors norme, supérieure à la new wave of British heavy metal incarnée par Judas Priest, Iron Maiden et Def Leppard. L’influence du punk américain (Misfits, Ramones) se fait ressentir chez Exodus et Slayer, dont le batteur, Dave Lombardo, fils d’immigrés cubains, devient un virtuose de la double grosse caisse. Originaire de New York, le groupe Anthrax rallie la cause en insufflant une dose d’humour et de groove. Les paroles exploitent l’imagerie occulte et les thèmes de la démence et de la guerre Au sein de cette microscène, les rivalités sont un stimulant créatif : le guitariste Dave Mustaine, renvoyé sans ménagement de Metallica en 1983, fonde la même année Megadeth. Son remplaçant, le soliste Kirk Hammett, a fait ses armes chez Exodus aux côtés de Gary Holt. Depuis 2013, ce dernier officie pour Slayer, après la mort de Jeff Hanneman. Les paroles exploitent l’imagerie occulte et les thèmes de la démence et de la guerre, avec parfois une dimension politique chez Metallica ou Megadeth. Les groupes thrash se présentent comme une solution de rechange crédible au hair metal (Mötley Crüe, Bon Jovi), jugé trop superficiel et « permanenté ».
Le courant apparu dans les années 1980 avec Metallica et Slayer est revitalisé par une nouvelle génération emmenée par Power Trip.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/20/le-thrash-metal-une-agressivite-qui-a-fait-ecole_5478828_3246.html
mlsum-fr-1887
Les permanences du parti d’Emmanuel Macron continuent à être prises pour cible. Dans la nuit de mercredi 31 juillet au jeudi 1er août, c’était au tour de celle du délégué général de LRM, Stanislas Guerini, dans le 17e arrondissement de Paris. L’entourage du député Stanislas Guerini a confirmé la présence de « deux tags sur les vitrines : “La police tue” et “Non au CETA” ». M. Guerini a réagi sur Twitter, déplorant ces « tags » qui « s’ajoutent à une série trop longue de lieux de démocratie endommagés ». Le parquet de Paris a annoncé avoir ouvert une enquête de flagrance pour « dégradations de biens privés ». Les investigations ont été confiées au commissariat du 17e arrondissement de la capitale. La veille, les locaux de Fiona Lazaar à Argenteuil, de Guillaume Vuilletet à Méry-sur-Oise et de Cécile Rilhac à Herblay-sur-Seine, tous dans le Val-d’Oise, ont aussi été tagués. « CETA vomir », « LREMERDE » ou encore l’acronyme « ACAB » (« All cops are bastards », en français « Tous les flics sont des bâtards ») ont été bombés à la peinture noire sur la façade des bâtiments. Les policiers et le CETA visés Cibles d’insultes ou de violences au plus fort de la crise des « gilets jaunes » cet hiver, les parlementaires sont de nouveau visés depuis plusieurs jours, en particulier les députés LRM ayant voté, le 23 juillet, en faveur de la ratification du traité de libre-échange entre l’Europe et le Canada (CETA). Une quinzaine de permanences de députés ou de locaux du parti ont été murés, tagués ou vandalisés ces derniers jours, suscitant une condamnation de l’ensemble de la classe politique. Samedi, à Perpignan, des manifestants, dont certains cagoulés, avaient brisé toutes les vitres de la permanence où se trouvait le député de la majorité Romain Grau et tenté d’y mettre le feu, ce que le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, a comparé à un attentat. Aucune interpellation n’a pour l’heure eu lieu. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Ce climat de violence est inacceptable » : les députés LRM inquiets après de nouvelles dégradations de permanences
Trois permanences dans le Val-d’Oise et celle, à Paris, du délégué général du parti, Stanislas Guerini, ont été taguées ces derniers jours.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/01/de-nouvelles-degradations-de-permanences-lrm_5495621_823448.html
mlsum-fr-1888
Nigel Farage en meeting à Colchester, dans l’est de l’Angleterre, le 2 septembre. Stefan Rousseau / AP La pinte de bière est à 5 livres (5,50 euros), comme l’assiette de chili con carne. On peut aussi acheter le tee-shirt bleu ciel et blanc du Brexit Party (BP), et Denise – « un prénom français, s’amuse-t-elle, vous voyez qu’on n’a rien contre l’Europe » – l’arbore fièrement sous sa veste. Autour d’elle, ils sont peut-être 600 « ordinary people », comme chacun le répète, à attendre Nigel Farage, ce mercredi 4 septembre. Beaucoup de cheveux gris, un militaire avec ses décorations, des couples qui se tiennent par le bras, des voisins qui se retrouvent… On se croirait dans un de ces meetings du Front national, dans le Nord-Pas-de-Calais, avec les mêmes visages et les mêmes mots, dans cette Angleterre périphérique si semblable à la France périphérique, à 400 kilomètres de là. Denise n’a vu le leader du BP que sur YouTube et à la télévision, mais dans son salon de toilettage pour chien, la plupart de ses clients ont voté il y a trois ans pour la sortie de l’Union européenne. A Doncaster (Yorkshire), dans le nord de l’Angleterre, le oui au Brexit avait même frôlé les 70 %. C’est dire si la campagne menée alors parallèlement par Nigel Farage et Boris Johnson avait séduit cette ancienne cité minière de 110 000 habitants devenue ville du tertiaire, avec ses jobs de service et son nœud autoroutier. Aujourd’hui que le Brexit n’est toujours pas entré en vigueur, Denise n’entend parler autour d’elle que de « Farage », parce que « de tous les politiciens, il est le seul à vouloir respecter cette chose simple : quitter l’UE veut dire quitter l’UE ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : le Parlement inflige une claque retentissante à Boris Johnson Assis derrière elle, Michaël et Danuta ne disent pas autre chose. Bien sûr, reconnaît ce couple dont les parents polonais s’étaient installés dans les années 1950 à Doncaster pour travailler dans les mines de charbon, « Boris est déjà mieux que Theresa May »… Eux-même ont voté – « il y a longtemps » – pour les conservateurs, et le premier ministre Boris Johnson leur semble de bonne volonté. Mais dans cette circonscription tenue par le travailliste Ed Miliband, la plupart des gens autour d’eux considèrent que « la seule vraie alternative au Labour, ce ne sont plus les conservateurs, c’est le Brexit Party ». Ils rêvent d’un Royaume-Uni enfin séparé du continent, sans peur de ce Brexit sans accord qui a jusqu’à présent arrêté, sur le bord du parapet, la majorité des députés à Westminster. Sur la scène, dans l’une des grandes salles de cet hippodrome où a lieu le meeting de Nigel Farage, le responsable local du BP présente les candidats aux prochaines législatives : une jeune blonde pimpante, un quinquagénaire d’origine indienne venu du Labour et une jeune artiste noire. Ils ne ressemblent en rien à leurs électeurs, mais il s’agit ici de battre la gauche, et le leader local assure qu’ils sont aussi là « pour changer l’image » du BP, fondé pour les élections européennes de mai par M. Farage après qu’il a quitté l’année dernière le parti d’extrême droite UKIP, accusé d’être « raciste » et « tourné vers le passé ».
Le tribun d’extrême droite, chef du Parti du Brexit, dénonce « le spectacle donné par le Parlement à Londres ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/05/royaume-uni-en-embuscade-nigel-farage-se-prepare-aux-elections_5506713_3210.html
mlsum-fr-1889
« Le Nouvel âge des femmes au travail », de Nathalie Lapeyre. Presses de Sciences Po, 224 pages, 19 euros. Le livre. Dans les années 1930, l’aviatrice américaine Amelia Earhart (1897-1937) traversa en solitaire les océans Atlantique et Pacifique. Hélène Boucher (1908-1934) battit, elle, de multiples records de vitesse. Caroline Aigle (1974-2007) fut la première femme pilote de Mirage 2000-5, et Danielle Décuré la première commandante de bord à Air France. Autant d’exemples illustres du rôle des femmes dans l’histoire de l’aviation, célébrées dans la vaste littérature consacrée au monde de l’aéronautique. « Il n’en reste pas moins qu’en 2019 comme au début du XXe siècle, que ce soit dans l’aviation civile, militaire ou même de loisirs, la culture misogyne de ce milieu reste vivace », regrette Nathalie Lapeyre dans Le Nouvel âge des femmes au travail (Presses de Sciences Po). Au-delà des pionnières du ciel, l’ouvrage s’intéresse au parcours de plusieurs générations de femmes entrées sur le marché du travail des cadres et dans des fonctions de manageures. « Leurs expériences professionnelles et sociales au sein d’une industrie de pointe éclairent les changements à l’œuvre en matière d’inégalités de genre et de rapports de pouvoir entre les femmes et les hommes. » Professeure de sociologie à l’université Toulouse-Jean-Jaurès, Nathalie Lapeyre a mené une enquête de plusieurs années au sein du groupe Airbus, qui souhaite atteindre un taux de 20 % de femmes à tous les échelons de la hiérarchie professionnelle d’ici à 2020. Développement de plans d’action, ouverture de fenêtres d’opportunités, existence de réseaux de femmes, transformation du rapport au travail pour les plus jeunes générations… la quatrième génération d’ingénieures, de diplômées et de femmes entrées sur le marché du travail depuis les années 2000 est confrontée à des enjeux nouveaux, qui « ont des effets non seulement sur leurs aspirations en termes de carrière et sur leurs trajectoires, mais également sur leur destin professionnel ». Solidarité fondée sur l’humour Le premier chapitre du livre est consacré aux dynamiques de féminisation de l’industrie aéronautique. L’auteure analyse le processus de féminisation qui s’opère par le haut comme par le bas de la hiérarchie socioprofessionnelle. Le deuxième chapitre se penche sur les acteurs de la diversité, « un “quatuor de velours” plus ou moins “désorchestré”, mêlant équipes de direction, réseau interne de femmes cadres, syndicats et partenaires externes, aux visions et aux méthodes parfois divergentes et peu coordonnées mais partageant un objectif commun. »
Nathalie Lapeyre s’intéresse au parcours de plusieurs générations de femmes entrées sur le marché du travail des cadres et dans des fonctions de manageures. Elle constate, à travers l’exemple d’Airbus, que les femmes salariées sont toujours tenues de s’adapter aux normes masculines des carrières, du fait de la robustesse du système organisationnel en vigueur.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/11/06/feminiser-l-industrie-malgre-elle_6018171_1698637.html
mlsum-fr-1890
Le vice-Premier ministre italien, ministre de l’Intérieur et secrétaire du parti de la Ligue, Matteo Salvini, donne une conférence de presse au Sénat, à Rome, en Italie, le lundi 26 août Claudio Peri / AP Tribune. Matteo Salvini a bousculé le paysage politique italien. En 2013, personne n’aurait deviné que la Ligue, le parti dont il est secrétaire depuis plus de cinq ans, gouvernerait le pays en 2018 et encore moins que son leader, un an plus tard, aurait eu la possibilité de provoquer la dissolution du gouvernement. En effet, les revendications fédéralistes et sécessionnistes de la Ligue du Nord en avaient fait un parti minoritaire. En 2013, elle avait gagné 18 sièges au Parlement avec un score électoral de 4,09 %, et gouverné en coalition avec la droite de Silvio Berlusconi. Aujourd’hui, le groupe parlementaire de la « Lega -Salvini Premier » siège au Parlement avec 125 députés, recueille environ 36 % des intentions de vote et appelle à des élections anticipées afin d’obtenir les « pleins pouvoirs », expression de Mussolini reprise récemment par Matteo Salvini, ce qui lui permettrait de constituer un gouvernement tel qu’il l’entend et de dicter son agenda. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Italie : l’Eglise s’offusque de l’usage des symboles religieux par Salvini Les observateurs étrangers s’interrogent : comment cette victoire a-t-elle été rendue possible ? Comment la promesse initiale formulée par la Ligue, celle de la séparation entre le nord et le sud du pays, a-t-elle pu être absorbée par un nationalisme identitaire et convaincre les Italiens ? Une confiance inaltérée Obtenir le pouvoir n’est pas chose facile, le conserver est plus ardu : néanmoins, après un an de gouvernement, malgré des scandales financiers et des enquêtes en cours visant le parti, la confiance des Italiens envers Matteo Salvini reste inaltérée. Sa politique destinée à créer un consensus autour de lui semble avoir été efficace. En quoi consiste-t-elle ? En un mélange efficient d’allusions explicites au fascisme, à l’ordre et à la sécurité, en l’invocation des symboles du catholicisme, en l’utilisation de la peur de « l’invasion « des immigrés provenant d’Afrique. Il s’agit d’outils connus, utilisés maintes fois par le passé et par d’autres formations politiques. Mais Matteo Salvini est un magicien du transformisme politique : ces outils lui ont servi à réaliser en quelques années la transition de « d’abord le Nord » à « d’abord les Italiens » et de prendre les rênes du gouvernement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Il est comme ça… Matteo Salvini Ce qui frappe le plus dans son discours politique est un nouveau rapport à la religion, un rapport renversé : à l’époque d’Umberto Bossi, son fondateur, la Ligue affichait ses inclinations néo-païennes et folkloriques, avec des références aux Celtes et au « dieu Pô » [le fleuve], l’usage de casques vikings, sur une base d’indifférence envers le christianisme.
La philosophe franco-italienne explique dans une tribune au « Monde » comment l’ancienne Ligue du Nord, dont le score électoral était de 4 % en 2013, est devenue, sous la direction de Matteo Salvini, un parti recueillant aujourd’hui 36 % des intentions de vote.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/28/anna-bonalume-en-italie-le-repli-sur-soi-s-est-empare-d-un-peuple-historiquement-ouvert-au-monde_5503559_3232.html
mlsum-fr-1891
Pépins de l’époque romaine dont l’ADN a pu être analysé. laurent.bouby@umontpellier.fr En France, plusieurs cépages sont restés presque inchangés depuis le Moyen Age ou l’Antiquité. Une équipe internationale impliquant l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), le CNRS et l’université de Montpellier vient d’en apporter la preuve par le truchement de la génétique. Jazmin Ramos Madrigal du Muséum d’histoire naturelle du Danemark et ses collègues ont séquencé l’ADN de vingt-huit pépins de raisin provenant de différents sites archéologiques. Ils affirment, dans la revue Nature Plant du 10 juin, avoir mis en évidence des relations de fortes parentés entre les vignobles anciens et actuels du territoire français. Selon eux, certaines variétés, comme le pinot noir ou la syrah ont à peine été modifiées depuis la période romaine. Et d’autres, comme le savagnin blanc, cultivé de nos jours dans le Jura et dont les chercheurs ont retrouvé la trace à Orléans il y a neuf cents ans, sont restés en l’état ! Voici deux millénaires, au Ier siècle de notre ère, Pline l’Ancien s’émerveillait déjà du patrimoine vinicole du sud de la France, riche, disait-il, d’un important savoir-faire technique en matière de « bouturage » et de « 91 variétés de raisin différentes ». Méthodes modernes de paléo-génomique Ces cépages – dont l’origine demeure inconnue – ont-ils été conservés ou ont-ils fini par disparaître, remplacés par d’autres, créés sur la base de croisement avec des vignes sauvages ou domestiques ? « Aucun élément ne permettait jusqu’à présent de répondre à cette question », indique Laurent Bouby, ingénieur de recherche CNRS à l’Institut des sciences de l’évolution à Montpellier. D’autant que le même problème se posait concernant la période du Moyen Age. Certes, des dénominations toujours en usage avaient été repérées dans les textes pour cette époque, mais les historiens n’étaient pas en mesure de certifier qu’elles servaient à décrire les mêmes cépages qu’aujourd’hui. D’où l’idée de recourir à des méthodes modernes de paléo-génomique afin de trancher définitivement le débat. L’équipe a commencé par prélever, sur neuf sites archéologiques répartis sur le territoire français, vingt-huit pépins de raisin datant de l’âge du fer (500 avant J.-C.), de l’époque romaine et du Moyen Age et qui, ayant été maintenus dans de l’eau à l’intérieur de latrines, de puits ou de fossés, avaient conservé du matériel génétique. Leur ADN a été comparé aux séquences contenues dans la banque de données des ressources génétiques de l’INRA, qui réunit pas moins de 900 variétés de vigne domestiques et sauvages actuelles.
L’étude du génome de vingt-huit pépins de raisin anciens montre que l’essentiel de la vigne a été conservé par bouturage.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/11/les-memes-cepages-francais-depuis-l-antiquite_5474688_1650684.html
mlsum-fr-1892
« Bernadette de Lourdes » se joue à l’Espace Robert Hossein de Lourdes jusqu’au 5 octobre. Ici, le 3 juillet. LAURENT FERRIÈRE / HANS LUCAS POUR « LE MONDE » Tous les ingrédients de la comédie musicale à gros budget sont réunis. Les décors et costumes stupéfiants de réalisme, la mise en scène pleine d’invention, les chansons ­calibrées pour devenir autant de tubes, les chœurs puissants, les solos émouvants, et le public qui joue des mains, pieds, briquets et téléphones pour quémander un rappel… Lumières rallumées, pourtant, l’ambiance diffère d’un soir de première au Palais des congrès. Yeux rougis, comme hébétés, les spectateurs, de tous âges, tiennent d’étranges propos. Ils ont « pris une baffe », « retrouvé les vraies valeurs », prévoient de « revenir pleurer souvent », d’aller « tout raconter aux copines de la vallée d’à côté » puisque « même sans croire, on est obligé de la croire ». Une religieuse extatique et un prêtre en soutane étreignent les chanteurs à peine sortis des ­loges, les félicitant d’ouvrir « une porte d’entrée vers le mystère » dans l’Espace Robert Hossein à Lourdes, transformé en mini-Zénith de 1 500 places doté d’un sous-titrage en trois langues. Jusqu’à la clôture de la saison des pèlerinages, en octobre, la comédie musicale Bernadette de Lourdes se jouera dans la cité mariale des Hautes-Pyrénées. Le show-business, ses producteurs, artistes et attachés de presse vibrionnants, ses paillettes et soirées cocktails, a investi les abords du lieu de prière où, le long d’une basilique de pierre grise, s’étirent les lentes processions de chariots pour malades tractés par des ­bénévoles en uniforme blanc. Choc des cultures. Champagne dans l’eau bénite. Telle Céline Dion à Las Vegas, Bernadette demeurera en résidence à Lourdes. Quatre-vingt-dix représentations programmées cette première année. Davantage encore en 2020, des Rameaux à la Toussaint. Les réservations affluent, déjà, pour Lourdes version Broadway. Révélation Costume propret de manageur, CV de ­directeur de radios puis producteur de comédies musicales, bagout de juré de télé-crochet, sensible aux signes du divin dans son quotidien, Roberto Ciurleo incarne à lui seul cette étonnante trinité : monde des affaires, spectacle et foi. Avant l’ouverture du rideau, il remercie, sur scène, « sainte Thérèse, sainte Bernadette et Marie ». Fils d’immigrés italiens, le quinquagénaire assure avoir envisagé la prêtrise jusqu’à ses 18 ans. « Enfant, j’avais reçu en cadeau un appareil à diapositives sur la vie du curé d’Ars, Jean-Marie Vianney. J’avais ressenti comme un appel. » Il ne décroche pas, finalement, mais, devenu directeur des programmes de NRJ, s’extrait souvent du funky pour le silence d’une chapelle voisine.
Bernadette Soubirous en chansons, fallait y penser. L’idée a germé il y a neuf ans dans la tête du producteur de « Robin des Bois ». Une bénédiction pour le Sanctuaire et la cité mariale qui ont saisi l’occasion de moderniser leur image.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/07/05/bernadette-de-lourdes-genese-d-une-comedie-musicale-pas-comme-les-autres_5485822_4497916.html
mlsum-fr-1893
L’ex-premier ministre Ehoud Barak, le 26 juin à Tel-Aviv. CORINNA KERN / REUTERS La rumeur courait depuis quelques jours dans les médias israéliens. Mercredi 26 juin, au cours d’une conférence de presse à Tel-Aviv, l’ex-premier ministre Ehoud Barak, âgé de 77 ans, a annoncé son retour sur la scène politique. Il a indiqué fonder un nouveau parti pour « renverser le règne » de l’actuel chef de gouvernement, Benyamin Nétanyahou, en vue du scrutin législatif du 17 septembre. S’érigeant en défenseur de la démocratie en Israël, Ehoud Barak a fustigé les manœuvres du premier ministre : après son échec à former un gouvernement de coalition, celui-ci aurait convoqué de nouvelles élections pour « perturber la procédure judiciaire » dont il fait l’objet. Visé depuis fin février par une triple procédure d’inculpation, M. Nétanyahou voudrait, en effet, en retarder le développement afin d’assurer, entre-temps, son immunité parlementaire par la voie législative. « Benyamin Nétanyahou est parvenu à la fin de sa carrière politique », a poursuivi M. Barak. Il a ensuite appelé « Bibi » à « rentrer [chez lui] » pour ne pas plonger le pays dans « le chaos » en voulant « échapper à la prison ». La veille de la conférence de presse, le 25 juin, la presse israélienne annonçait que le premier ministre envisagerait d’annuler le scrutin du 17 septembre et de former un gouvernement d’union nationale, notamment avec la formation centriste Bleu Blanc. Le projet serait motivé par des sondages défavorables qui placent son parti, le Likoud (droite), en difficulté. « Détruire la démocratie » « Nétanyahou réalise qu’il va perdre les élections et cherche, dès lors, des solutions magiques », a commenté Benny Gantz, l’un des dirigeants de Bleu Blanc, après avoir a nié tout accord avec le Likoud. « Jamais, auparavant, les membres du gouvernement et leurs collaborateurs ne s’étaient lancés dans une campagne déclarée pour détruire la démocratie et sauver le suspect de graves actes criminels. Honte », réagissait Ehoud Barak sur Twitter. Son intervention du lendemain à Tel Aviv répondait aussi à ce énième rebondissement. Mercredi soir, M. Barak était accompagné de l’ex-chef d’état-major adjoint, Yaïr Golan, de l’entrepreneur Kobi Richter et de la professeure de droit Yifat Biton, qui a concouru au scrutin du 9 avril dans le parti Gesher d’Orly Abecassis. Ces trois personnalités devraient être les chefs de file du nouveau parti, lequel n’a pas encore de nom et se structurera dans les prochaines semaines. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Jérusalem, l’impuissance des gardiens jordaniens de l’esplanade des Mosquées Ancienne figure du parti travailliste, premier ministre entre 1999 et 2001, Ehoud Barak ne jouit cependant pas d’une grande popularité en Israël. Il est plutôt considéré comme un homme politique arrogant et opportuniste. Ses adversaires lui reprochent notamment l’échec du sommet de Camp David en juillet 2000, une des tentatives diplomatiques de résolution du conflit israélo-palestinien, qui conduit à la seconde Intifada, en septembre de la même année dans les territoires palestiniens. Son départ du Parti travailliste, en 2011, pour rester dans le gouvernement de M. Nétanyahou, en tant que ministre de la défense, est perçu par certains comme une trahison : il fonde alors le parti Haatzmaout (« Indépendance »), dissous en 2013 lorsqu’il quitte la vie politique. « Assez de carrure pour se mesurer à M. Nétanyahou » Mais Ehoud Barak a pour lui son expérience politique et ses exploits militaires, qui sont autant de points forts en Israël. « Il est brillant, déterminé et a le souci de son pays. Aujourd’hui, il est peut-être la seule personne avec assez de carrure pour se mesurer à M. Nétanyahou, et incarner le combattant [issu] du camp libéral », commente Moty Cristal, qui a fait partie de l’équipe de M. Barak dans le cadre des négociations de Camp David. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, la formation de Benny Gantz reconnaît sa défaite Il est encore difficile d’évaluer l’impact du retour d’Ehoud Barak en politique, le second après celui de 2005, ainsi que la durée de vie de son parti. Mercredi soir, il a appelé à l’union des forces de centre gauche pour contrer le bloc de droite, mais sans préciser s’il l’envisageait avant ou après les élections de septembre. S’il fait cavalier seul jusqu’à l’issue du scrutin, « il risque de fragmenter encore davantage l’opposition », prévoit le professeur Abraham Diskin, de l’université hébraïque de Jérusalem : « Son parti pourrait prendre un certain nombre de voix à Bleu Blanc, mais aussi aux travaillistes et à Meretz [parti de gauche] qui risqueraient de ne pas franchir le seuil électoral », indique-t-il. Selon un sondage paru le 26 juin sur la chaîne télévisée 13, en cas d’élections aujourd’hui, le parti d’Ehoud Barak remporterait six sièges. Bleu Blanc et le Likoud en perdraient trois, les ramenant chacun à 32 sièges. Article réservé à nos abonnés Lire aussi A Gaza, le chef du Hamas met en cause l’indécision israélienne
Retiré de la vie politique depuis 2013, il s’en prend régulièrement sur les réseaux sociaux à Nétanyahou, dénonçant les pratiques « corrompues » du premier ministre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/26/l-ex-premier-ministre-ehoud-barak-fonde-un-nouveau-parti-et-defie-benyamin-netanyahou_5481893_3210.html
mlsum-fr-1894
Arnaud Desplechin lors de la présentation de son film « Roubaix, une lumière » à Cannes en mai 2019. PAOLO VERZONE / AGENCE VU POUR « LE MONDE » Avec Roubaix, une lumière, Arnaud Desplechin, figure de proue de la génération post-Nouvelle Vague des années 1990, poursuit ses retrouvailles avec sa ville natale vue, cette fois, à travers les rondes quotidiennes d’un commissariat, sous un jour beaucoup plus sombre. Le film pratique surtout une expérience de cinéma hors du commun : le remake fictionnel d’un documentaire – Roubaix, commissariat central : affaires courantes (2008), de Mosco Boucault – resté dans les mémoires pour avoir suivi de bout en bout une enquête pour homicide et recueilli les aveux des principales suspectes, deux jeunes femmes inoubliables. Qu’est-ce qui a retenu votre attention dans le documentaire de Mosco Boucault ? La relation entre les deux jeunes femmes suspectées, pour lesquelles on se prend d’affection avant même de savoir qu’elles ont commis des choses de plus en plus répréhensibles, jusqu’à l’irréparable. Je n’arrivais pas à me décrocher de leur mystère. L’une est un peu comme Jeanne d’Arc, elle veut monter au bûcher, l’autre a une noblesse innée, comme Tess d’Urberville. Jeanne d’Arc et Tess réunies, c’était un bon début de fiction ! Pourquoi une adaptation aussi proche, presque à la lettre ? C’est une idée qui vient du théâtre, sans doute pas étrangère à mon expérience à la Comédie-Française, où j’ai mis en scène Père, d’August Strindberg : j’ai considéré le documentaire originel comme un texte à part entière, devant lequel je me suis incliné, le reprenant tel quel, hormis d’infimes ajouts. L’art de la mise en scène, c’est de servir un texte. Votre film est à rebrousse-poil du genre policier : on n’y débusque pas des monstres, mais des êtres humains… J’ai beaucoup révisé la série Mindhunter, de David Fincher, construite sur des interrogatoires de serial killers qui semblent très normaux, mais, dans le fond, sont des monstres. Et c’est vrai que la tâche du commissaire Daoud, joué par Roschdy Zem, est à l’inverse : reconnaître dans le suspect ce qui n’est jamais qu’humain, trop humain. C’est un personnage qui ne demande pas « pourquoi » mais « comment ». Suspendre le « pourquoi » restitue son humanité au suspect. C’est quelque chose qu’on trouve dans « Crime et Châtiment », de Dostoïevski. Raskolnikov, coupable d’un assassinat, a très fort en lui ce désir d’avouer, de se faire prendre par l’inspecteur : flic et criminel tendent tous les deux vers une même vérité. Vos policiers semblent là pour soulager le suspect d’un poids. Ne sont-ils pas un peu médecins ?
Le réalisateur de « Roubaix, une lumière » évoque le documentaire qui l’a largement inspiré et les liens qui l’unissent à sa terre natale.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/21/arnaud-desplechin-roubaix-est-une-ville-que-je-n-arrete-pas-de-filmer-avec-culpabilite_5501214_3246.html
mlsum-fr-1895
Le président américain Donald Trump entouré de membre du parti républicain, le 9 octobre, à la Maison Blanche. Alex Edelman/Bloomberg via Getty Images Gardes de jour On pourrait croire qu’un parterre d’experts capillaires est venu inspecter la toison de Donald Trump pour mesurer l’évolution de sa calvitie du vertex, mais la réalité est beaucoup moins passionnante. En ce jour d’octobre, à l’occasion de la signature de deux décrets obligeant les agences gouvernementales à faire preuve de plus de transparence dans leur travail, une escouade de Républicains est simplement venue rappeler qu’il faut être un homme blanc, avoir plus de 40 ans et porter un costume informe pour exister en ce moment aux États-Unis. Redoutable. Couve-chef J.J. Goicoechea est vétérinaire, propriétaire d’un ranch dans le Nevada et président de la commission du comté d’Eureka. Contrairement aux apparences, ce n’est donc pas un homme de l’ombre mais bien un homme de style. De fait, il porte ici le « cattleman hat », le chapeau traditionnel des éleveurs de bétail américains. Efficace contre le soleil et l’humidité, pratique pour attiser un feu de camp et même susceptible de servir de récipient pour abreuver un cheval, celui-ci est reconnaissable à sa couronne pincée permettant de le saisir et de le retirer sans mal. Ce que, visiblement, J.J. Goicoechea ignore. Mise en Sharpie Décidé à tout faire moins bien que ses prédécesseurs à la Maison Blanche, Donald Trump soigne les détails. C’est ainsi qu’il a renoncé au stylo plume habituellement utilisé par les présidents américains (« un stylo très cher qui n’écrit pas bien, horrible ! », avait déclaré Donald) pour adopter un Sharpie, soit un stylo feutre bas de gamme inventé par la Sanford Ink Company en 1964, avec lequel il se plaît désormais à apposer, en bas de tous les documents officiels lui passant sous le nez, d’épaisses et grasses signatures. Impayable. Bureau de bébé « Ça ressemble à un bureau d’enfant. C’est le plus petit bureau que j’aie jamais vu », avait raillé Donald Trump, en 2017, en découvrant cette table, installée dans la Roosevelt Room, une salle d’appoint utilisée pour des réunions diverses et des annonces officielles. « Très, très glamour, n’est-ce pas ? » avait-il renchéri. Deux ans après, comment ne pas voir dans cette phrase un véritable éclair de lucidité ? De fait, si le vrai « Resolute desk » du président, installé dans le bureau Ovale et offert par la reine Victoria au président Rutherford B. Hayes en 1880, apparaît souvent démesuré, ce « pupitre » semble taillé sur mesure pour Donald Trump. Nœud du problème Comme souvent, le président américain porte une cravate rouge, un modèle à rayures dit « cravate club ». Qu’en dire ? Qu’elle est peu attirante, qu’elle est aussi trop longue ou mal nouée (une partie dépasse sous le bureau !), et qu’il y a pire encore, surtout quand on se fait le chantre du patriotisme. Ainsi, le sens des rayures, partant de son épaule gauche pour descendre vers son flanc droit, montre que c’est une cravate de fabrication européenne, alors que, par exemple, celle de l’homme en gris à sa droite, aux rayures opposées, est de fabrication américaine. Impayable, on vous disait.
… mais pas pour notre chroniqueur Marc Beaugé. Le 9 octobre, Donald Trump signait deux décrets imposant davantage de transparence aux agences gouvernementales. La photo en dit plus que de longs discours.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/21/a-la-maison-blanche-c-est-peut-etre-un-detail-pour-vous_6016297_4500055.html
mlsum-fr-1896
retour. Ils ont connu leur heure de gloire en vidéo : mais comment gérer « la vie après YouTube » ? Bientôt quinze ans que la plate-forme vidéo de Google est entrée dans notre quotidien. Près de 70 % des Français la visitent chaque mois. A l’heure où être youtubeur est devenu pour certains un métier, Le Monde s’est penché sur le cas des premiers « retraités » francophones de YouTube. Nous avons rencontré trois personnalités, Adèle Castillon, Morsay et DiabloX9, qui publiaient respectivement trois genres de vidéos populaires sur le YouTube francophone : l’humour, le clash et le jeu vidéo. Leurs trajectoires personnelles et professionnelles ont marqué leur époque. Qu’ils aient ensuite arrêté YouTube au profit de leur vie privée, pour s’épanouir dans un autre domaine artistique, qu’ils ralentissent leur rythme de publication, ou qu’ils s’accrochent coûte que coûte à leur notoriété, tous ont en commun le fait que YouTube a changé leur vie. Qu’en retirent-ils aujourd’hui ? Dans un film, il serait ce personnage revenu de tout. Benoît Moreillon, alias Diablox9, est une légende sur YouTube. Il a été le premier vidéaste jeux vidéo – ou gaming – francophone à dépasser le million d’abonnés. Un vieux de la vieille, qui a débuté sur la plate-forme il y a près de dix ans, à une époque où Cyprien s’appelait Monsieur Dream et Norman parlait ping-pong, et non paternité. Mais, depuis 2017, silence radio. Après des mois à courir après lui, on le rencontre entre mer et montagne, sur les berges du lac Léman, à Lausanne. Un « retour aux sources » pour ce Suisse de 26 ans, à l’œil bleu qui frise derrière ses lunettes de geek. Après une retraite prolongée (dégoût pour la plate-forme, problèmes familiaux…), Diablox9 attend son heure. Et affirme : « Je vais revenir. » La naissance du « gaming » sur le YouTube francophone « J’ai grandi avec Internet. Vers 11 ans, j’ai découvert les “gaming lives” de Franck et Rivaol sur Jeuxvideo.com, les tests de jeux de Hooper… », se rappelle-t-il. En 2007, il ouvre sa première chaîne Dailymotion. Benoît sort de courtes vidéos, dites de « let’s play », où il filme son écran en commentant la partie, sans montage. Progressivement, il atteint les milliers de vues. « J’ai été le premier gameur à tourner en français, sans draguer le public anglophone », affirme-t-il. En 2010, il migre sur YouTube. Diablox9 – du nom des bonshommes qu’il dessinait en cours – donne le ton avec ses vidéos sur les jeux de tir Call of Duty ou Battlefield. Encore aujourd’hui, il est régulièrement cité. « C’est lui qui m’a le plus influencé », assure le youtubeur Squeezie dans une vidéo du Club. « Sans ce type, vos youtubeurs préférés seraient en train de retirer les cornichons de nos Big Mac », résume un fan sur Twitter. « En un an et demi, ma chaîne a explosé », se remémore Benoît. Début 2013, il devient le premier vidéaste jeux vidéo francophone à franchir le cap du million d’abonnés. Il talonne alors les humoristes Rémi Gaillard, Norman ou Cyprien. « Je faisais 10 millions de vues par mois, à la grande époque ! » Il quitte son école de commerce. « Un matin, après avoir fini une vidéo à quatre heures, je me suis rendu compte que je gagnais le double de mon prof. » Soit environ 7 000 euros par mois. Dépression et haine en ligne Rien d’exceptionnel aujourd’hui, où plus de 300 chaînes françaises ont passé la barre du million d’abonnés. Mais, à une époque où l’argent sur YouTube est tabou, Benoît est l’un des premiers à nouer des partenariats et à faire des vidéos promotionnelles. Il vit alors à cent à l’heure, chouchouté par les éditeurs de jeux vidéo. Il couvre, en 2013, le Tokyo Game Show, l’Electronic Entertainment Expo (E3), le plus gros salon du jeu vidéo, à Los Angeles… De quoi aussi attiser, en retour, la haine des Internautes. « C’est exponentiel. 100 000 personnes te regardent, 1 000 te détestent. J’avais la plus grosse notoriété, donc je prenais toutes les critiques, explique Benoît. Le succès m’a apporté une stabilité financière mais n’a pas comblé un vide dans ma vie. » Vivre avec un père rongé par son divorce et l’alcool n’arrange rien. « Je regrette les heures passées à faire des vidéos alors que mon père se morfondait dans la pièce à côté. Si j’avais su qu’il se laisserait autant aller… » En 2013, il se met en retrait. « Ça n’allait pas dans ma tête. L’erreur a été de trop m’exposer auprès de ma communauté », regrette-t-il aujourd’hui, regard noyé dans le lac. Sur Jeuxvideo.com ou les réseaux sociaux, les trolls s’en prennent à lui. On commente allègrement sa vie privée, ses relations. Au décès de son père, fin 2014, on l’accuse même sur Facebook de l’avoir laissé tomber et d’afficher une « pseudo-tristesse ». Benoît raconte : « Tous les jours, je me levais, on me pourrissait sur Internet. J’ai été incapable de gérer ce qu’il se passait. » Près d’un an après, en novembre 2015, il annonce un « vrai retour », où il se livre sur les raisons de son silence. Mais ce retour n’arrivera pas. « Je n’avais pas fait le deuil. Il a fallu que je me protège en coupant tous les réseaux sociaux. J’ai dû relancer Twitter moins de cinq fois et sur Facebook il y avait des milliers de notifications en attente. C’était traumatisant », explique-t-il, lucide. Dans cette même période, burn-out, dépression et harcèlement n’étaient pas pris au sérieux sur la plate-forme. « Les youtubeurs ne sont généralement pas dans la transparence. Ils ont un discours construit, entre témoignage et conseil. On ne parle pas de ce qui est trop personnel ou inutile. La mise en scène de leur intimité est ultra-maîtrisée : on ne les verrait jamais dans une situation défavorable. Quelqu’un qui ne pose pas de limite sur le sujet est, au contraire, stigmatisé », rappelle Claire Balleys, docteure en sociologie de la communication et des médias, dont les recherches portent sur la gestion de l’intimité sur Internet. Dégoût des réseaux sociaux Après 613 vidéos, Benoît estime aujourd’hui être « un des premiers survivants de l’expérience YouTube ». Depuis quelques années, ses vidéos ne lui permettent plus de gagner sa vie, on l’arrête moins dans la rue… Redevenu spectateur, Benoît fustige maintenant la « course au narcissisme » sur la plate-forme. « Pour moi, YouTube est ce truc sincère créé chez mon père, loin de la clim et de la fausse chambre d’ado chez Webedia. » Pour la chercheuse, « les youtubeurs sont très vite pris dans les sollicitations de leur communauté, qui attend leur nouvelle vidéo comme un épisode de Game of Thrones. Ils doivent constamment se justifier, de peur de perdre l’effet de proximité qu’ils ont eux-mêmes créé, de ne plus correspondre à l’image qu’on se fait d’eux. » Benoît a donc tenté une reconversion professionnelle en s’engageant dans la voie empruntée par ses deux parents : le journalisme. Après quelques essais pour Jeuxvideo.com ou Gameblog, il a rejoint, en 2016, Couleur 3, la troisième station de radio publique de Suisse romande (RTS), pour des chroniques high-tech dans l’émission hebdomadaire « Point barre ». L’expérience n’est pas sans accroc. L’animateur de l’émission, Stéphane Laurenceau, raconte : « J’ai embauché Benoît Moreillon, pas Diablox9. La station voulait profiter de sa notoriété, il a refusé, et je le comprends. En revanche, j’ai eu beaucoup de mal à travailler avec lui. Il fait le mort facilement et a flingué une ou deux émissions en ne venant pas. » Difficile d’accès, Benoît compte ses proches sur les doigts d’une main et a coupé les ponts avec ses amis youtubeurs d’avant. De quoi renforcer sa réputation d’ermite. Malgré son côté sauvage et méfiant, « il a beaucoup d’aisance. Je l’aurais bien vu en animateur remplaçant… », précise Stéphane Laurenceau. Leur collaboration prend fin en 2018. « Pour moi, il s’est fait grignoter par le système. C’est le syndrome PewDiePie à la suisse », analyse son ancien patron. « Nécessité financière » Loin du premier youtubeur gaming mondial, Benoît se sent aujourd’hui acculé. Après avoir vécu en huit ans le décès de trois membres de sa famille et un burn-out, vient la question de l’argent. « J’ai dû éponger énormément de dettes pour eux. Sans YouTube, je serais à l’aide sociale. Retourner sur cette plate-forme est une nécessité financière. Et je n’ai aucune raison de ne pas en profiter : c’est devenu un métier ! Le blé que je gagnerai, ce sera pour bouffer. » Revenu chez lui, il rêve de vidéos de jeux, de reportages, d’humour. Sur la table de son vaste séjour, recouverte de plats suisses – galettes de pommes de terre et crème double de gruyère arrosés de soda au petit-lait –, son téléphone vibre. Texto d’Amixem. L’actuel deuxième youtubeur gaming de France (plus de 5 millions d’abonnés) lui propose un happening dans une future vidéo. De quoi amorcer son retour. « Faudrait que je sois en France à cette période… Mais les planètes s’alignent ! », veut croire Benoît.
La vie après YouTube (3/3). Il y a près de dix ans, le vidéaste suisse spécialisé en jeux vidéo a donné le ton sur la plate-forme. Avant de la quitter brutalement, brisé. Après des années d’arrêt, il veut faire son retour.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/04/diablox9-le-premier-survivant-de-youtube_5496449_4408996.html
mlsum-fr-1897
Jeudi 25 juillet, Pedro Sanchez cherchera à remporter le soutien d’une majorité simple de députés. SERGIO PEREZ / REUTERS Il a dorénavant deux jours pour obtenir le soutien de la gauche radicale dans de difficiles tractations. Pedro Sanchez a perdu le premier vote de confiance des députés espagnols, qui ont refusé, mardi 23 juillet, de reconduire le chef du gouvernement socialiste sortant. Arrivé en tête lors des élections législatives du 28 avril, avec 28 % des voix et 125 députés (sur 350), Pedro Sanchez n’a toujours pas scellé le moindre accord avec d’autres partis pour compléter sa majorité. Pedro Sanchez n’a obtenu que 124 oui alors qu’il lui en fallait 176 pour être reconduit au premier tour. 170 députés ont voté contre lui et 52 se sont abstenus, dont ceux de la formation de gauche radicale Unidas Podemos, avec laquelle les socialistes sont engagés depuis vendredi dans d’âpres négociations. Ils ont jusqu’à jeudi à la mi-journée, date du second tour où il suffit d’une majorité simple, pour parvenir à un accord sur un gouvernement de coalition. Le groupe Unidas Podemos changerait alors son abstention en oui, débloquant l’investiture. Et l’Espagne irait vers son premier gouvernement de coalition de gauche depuis 1936, quand a éclaté la guerre civile. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Espagne, l’investiture de Pedro Sanchez compromise Un second tour puis deux mois de négociations Mais le chemin vers la reconduction est semé d’embûches, tant les rapports entre Pedro Sanchez et le chef d’Unidas Podemos, Pablo Iglesias, sont tendus. Pedro Sanchez a lui-même reconnu qu’il courait le risque de ne pas obtenir la confiance de la chambre. Car lundi, les échanges avec Pablo Iglesias, qui a accepté comme l’exigeait le socialiste de renoncer à entrer au gouvernement, ont tourné à l’échange de reproches et de menaces. M. Iglesias a même conclu son intervention en avertissant que sans accord de coalition, Pedro Sanchez ne serait « jamais président » du gouvernement. La gauche radicale accuse en effet les socialistes de lui avoir refusé tous les ministères régaliens et d’autres portefeuilles comme le travail, les finances, la transition écologique ou l’égalité. « Si nous mettons de côté les différences et les dénigrements (...) peut-être pourrons-nous arriver à un accord », leur a répondu mardi Pedro Sanchez, mettant en avant les nombreuses propositions marquées à gauche qu’il a égrenées dans son discours de politique générale. S’ils échouent à trouver un accord, Pedro Sanchez aurait deux mois pour retenter sa chance, faute de quoi de nouvelles législatives, les quatrièmes en quatre ans, auraient lieu le 10 novembre. Pour en savoir plus, lire nos explications : Ultimes et difficiles négociations entre Pedro Sanchez et Podemos pour gouverner en Espagne La Catalogne s’invite dans le casse-tête A ces négociations est venue s’ajouter la brûlante question catalane. L’indépendantiste catalan Gabriel Rufian, dont le groupe doit au moins s’abstenir pour permettre à Pedro Sanchez d’être reconduit, a accusé d’emblée les socialistes de « jouer au poker avec l’espoir » des électeurs. Au premier tour, les 14 députés présents de son groupe ont voté non. « Ne tenez pas pour acquise notre abstention. (...) Vous avez 48 heures maximum pour vous mettre d’accord » avec la gauche radicale, l’a-t-il prévenu, lui reprochant d’avoir à peine mentionné, dans son discours de politique générale, la Catalogne. Pedro Sanchez, fermement opposé à la principale revendication des séparatistes d’un référendum d’autodétermination, n’a pas bougé d’un iota, deux ans après que ces derniers ont tenté de faire sécession de l’Espagne. « Si le message que fait passer l’indépendantisme est que vous recommenceriez, (...) l’Espagne défendra l’unité territoriale », lui a répondu le socialiste. L’autonomie de la Catalogne avait été suspendue, son gouvernement démis et son Parlement régional dissous dès que les séparatistes avaient proclamé l’indépendance en octobre 2017. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Catalogne, la dérive intolérante des indépendantistes
Pedro Sanchez n’est pas parvenu, mardi, à obtenir la majorité absolue au Parlement. Jeudi, il cherchera à remporter le soutien d’une majorité simple de députés.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/23/le-chef-du-gouvernement-espagnol-sortant-n-est-pas-reconduit-au-premier-tour_5492554_3210.html
mlsum-fr-1898
SEVERIN MILLET C’est la réforme fiscale la plus ambitieuse et la plus difficile jamais tentée au plan mondial, qui devra mettre d’accord aussi bien Donald Trump que Xi Jinping, Emmanuel Macron que Boris Johnson, Angela Merkel que Narendra Modi. Mercredi 9 octobre, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) devait dévoiler sa proposition détaillée de taxation des géants du numérique et, au-delà, des multinationales actives dans de nombreux marchés sans y avoir de présence physique imposable – autant d’entreprises ultraprospères, dont les profits échappent aujourd’hui massivement à l’impôt du fait de règles fiscales dépassées, privant ainsi les Etats de ressources capitales. Très attendue par les Etats et les ONG militant pour plus de justice fiscale, la proposition de l’OCDE sera soumise à la validation politique des ministres des finances du G20 – les dix-neuf pays les plus riches et l’Union européenne –, lors de leur réunion des 17 et 18 octobre à Washington. Puis, si le texte est approuvé, il sera discuté et adapté au sein du comité des affaires fiscales de l’OCDE, cette instance qui compte désormais à son bord pays riches et pays en développement, avec 134 Etats membres. Une petite révolution fiscale « On espère que va s’ouvrir une vraie négociation, avec une vraie chance d’aboutir », déclare au Monde Pascal Saint-Amans, le directeur du Centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE. Le revirement des Etats-Unis, qui ont fait leur propre réforme fiscale et sont prêts à reconnaître de nouveaux droits à taxer hors de leurs frontières, a levé un important point de blocage. S’il est complexe, le texte vise un but simple : remplacer un modèle d’imposition vieux de plus d’un siècle, qui ne permet pas de taxer correctement les bénéfices des entreprises mondialisées et « digitalisées », c’est-à-dire en contact avec leurs clients par Internet, par « un nouveau modèle de taxation taillé pour le XXIe siècle », selon les termes de l’OCDE. Il s’agit, au fond, pour la communauté internationale, de lever plus d’impôts et de les répartir de manière plus équitable, entre les pays où se trouvent les sièges sociaux des entreprises et ceux où elles ont leurs marchés et leurs clients, entre pays du Nord et pays du Sud. Le tout en neutralisant, au passage, les stratégies d’optimisation fiscale agressives des grands groupes dans les paradis fiscaux. Rien de moins, donc, qu’une petite révolution fiscale, pour cette réforme que les médias ont baptisé du nom explicite de « taxe GAFA » – l’acronyme pour Google, Apple, Facebook et Amazon.
Le projet sera soumis aux ministres des finances du G20, réunis les 17 et 18 octobre à Washington. Les profits de ces entreprises ultraprospères échappent aujourd’hui massivement à l’impôt, du fait de règles fiscales dépassées.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/09/l-ocde-devoile-les-contours-de-la-taxe-gafa_6014806_3234.html
mlsum-fr-1899
« En 2020 le volume de production automobile en France va décroître de près de 22 % par rapport à 2019 : près de 500 000 véhicules ne seront plus fabriqués sur le territoire français » DPA / Photononstop Tribune. Après l’annonce de la fusion de PSA et Fiat, les commentaires de la presse sont unanimement élogieux. Tout d’abord, cette fusion à 50/50 donnera naissance au numéro 4 mondial du secteur automobile et permettra au nouveau groupe d’atteindre la taille critique. Le nouveau groupe devrait dégager alors des synergies estimées à 3,7 milliards d’euros. Puis, les usines des deux groupes seraient complémentaires, et permettront à PSA d’être présent aux Etats-Unis. Lire aussi PSA et Fiat Chrysler annoncent officiellement leur projet de fusion Enfin, face à la révolution de la voiture électrique, le nouveau groupe pourra mieux faire face aux importants investissements nécessaires. Ainsi, les décisions critiques sont déjà tranchées : Les actionnaires respectifs vont détenir chacun la moitié du capital. FCA (Fiat Chrysler Automobiles) va distribuer à ses actionnaires un dividende de 5,5 milliards d’euros ainsi que ses parts dans Comau (qui regroupe des constructeurs de machines-outils du secteur automobile) et PSA va distribuer ses parts de l’équipementier Faurecia à ses propres actionnaires pour un montant estimé à 2,75 milliards. Pour le gouvernement français qui plaide toujours pour la création de champions français ou européens, cette fusion est donc une excellente nouvelle. On peut, cependant ne pas partager cet enthousiasme. Le bénéfice de cette fusion repose sur l’hypothèse que plus une entreprise a une grande taille, meilleures seront ses performances. Comme de nombreux travaux économiques le montrent, cela n’est pas nécessairement le cas. Des doublons sur le marché En outre, les deux entreprises qui vont fusionner, présentent des doublons sur le marché européen et cela impliquera à terme des restructurations et des fermetures d’usines. Enfin, cette fusion va laisser Faurecia, qui est un des plus gros équipementiers de l’automobile français, beaucoup plus vulnérable à une OPA hostile ou à une opération financière. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mariage PSA-Fiat Chrysler : Paris et Rome affichent une bienveillante neutralité Mais au-delà de ces questions sur la fusion, le vrai problème posé à la France, c’est l’avenir de la production automobile sur le territoire français. Pour les travailleurs français et la santé économique de notre pays, c’est un sujet bien plus important que la naissance du numéro 4 mondial de l’automobile. En 2017, le chiffre d’affaires du secteur automobile représentait 399 milliards d’euros en Allemagne contre seulement 98 milliards d’euros en France et la crise de 2008 a affecté aussi plus durement le secteur automobile en France qu’en Allemagne, avec une augmentation de 53 % du chiffre d’affaires de l’industrie automobile allemande entre 2008 et 2017 contre seulement 17 % en France.
Le cocorico des autorités françaises concernant la création d’un numéro 4 mondial du secteur automobile est-il justifié, s’interroge dans une tribune au « Monde » l’économiste Pierre-André Buigues.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/05/fusion-psa-fiat-le-vrai-probleme-c-est-l-avenir-de-la-production-automobile-sur-le-territoire-francais_6018128_3232.html
mlsum-fr-1900
A l’entrée du tribunal de la prison de Silivri, près d’Istanbul, le 24 juin. Ibrahim Mase / AP Grande comme un terrain de football, la salle d’audience du procès des seize intellectuels turcs qui s’est ouvert, lundi 24 juin, au tribunal de la prison de haute sécurité de Silivri, à la périphérie d’Istanbul, révèle à quel point cette affaire judiciaire, suivie bien au-delà des limites d’Istanbul, est surdimensionnée, théâtrale, irréelle. La fine fleur de l’intelligentsia turque se retrouve sur le banc des accusés, entre autres le philanthrope Osman Kavala et Yigit Aksakoglu, le représentant de la fondation néerlandaise Bernard van Leer en Turquie, tous deux écroués depuis des mois à la prison de Silivri. Les autres prévenus comparaissent libres, dont l’architecte Mucella Yapici, l’urbaniste Tayfun Kahraman et la documentariste Cigdem Mater. Réfugiés en Europe, les artistes Mehmet Ali Alabora et Ayse Pinar Alabora, ainsi que le journaliste d’opposition Can Dündar sont jugés en leur absence. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Turquie : seize personnalités risquent la perpétuité L’audience de lundi a été consacrée aux auditions d’une partie des accusés, ponctuées par les applaudissements, les éclats de rire et les clameurs de la salle remplie par les amis, la famille, des députés turcs de l’opposition, des militants des droits humains, des diplomates étrangers et des observateurs du Parlement européen. Malgré la pesanteur de la situation – la perpétuité a été requise par les procureurs –, le juge a laissé l’assistance applaudir à plusieurs reprises avant de la prier courtoisement de cesser son chahut. Une détente attribuée par certains à l’élection, la veille, d’Ekrem Imamoglu, le candidat de l’opposition qui a ravi la mairie d’Istanbul aux islamo-conservateurs, leur fief depuis vingt-cinq ans. Sa victoire, son assurance tranquille, sa libre parole ont contribué à estomper la peur qui s’est emparée de la société turque ces dernières années. Il n’est pas certain que ce moment de grâce ait un effet réel sur ce procès. Auditionné, Osman Kavala, visiblement amaigri après six cents jours de détention, a réfuté toutes les accusations portées contre lui. Non, il n’a jamais cherché à « renverser le gouvernement », comme on le lui reproche. « Je n’ai jamais été, de ma vie, partisan du changement de gouvernements autrement qu’à travers des élections libres », a-t-il rappelé. Yigit Aksakoglu, son co-accusé, a demandé pour sa part à retrouver sa liberté au plus vite, afin d’« aller chercher les enfants à l’école ». Procès fabriqué de toutes pièces Les crimes qui leur sont reprochés remontent au printemps 2013. A l’époque, 3,5 millions de Turcs étaient descendus dans la rue pour s’élever contre l’autoritarisme croissant de Recep Tayyip Erdogan, alors premier ministre, aujourd’hui président. Partie d’un projet d’urbanisme controversé consistant à couper des arbres dans le centre d’Istanbul, la contestation, appelée « mouvement de Gezi », s’est rapidement propagée à l’ensemble du pays, jusqu’à devenir la première grande manifestation organisée contre la gestion autoritaire du numéro un turc. Violemment réprimé – neuf morts, des milliers de blessés –, le mouvement prit fin après quelques semaines.
Accusés d’avoir tenté de « renverser le gouvernement » de Recep Tayyip Erdogan lors d’un vaste mouvement de contestation en 2013, seize intellectuels risquent la perpétuité.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/25/a-istanbul-le-philanthrope-osman-kavala-devant-les-juges_5481167_3210.html