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mlsum-fr-2001
Le gouvernement espagnol s’était dit prêt, l’Organisation des Nations unies (ONU) l’a confirmé vendredi 1er novembre : la 25e conférence internationale sur les changements climatiques (COP25) se tiendra du 2 au 13 décembre à Madrid, en Espagne. L’événement devait à l’origine se tenir au Chili, qui a dû y renoncer en raison de la crise sociale que connaît le pays. We are pleased to announce the COP Bureau has agreed that #COP25 will take place from 2-13 December in Madrid, Spai… https://t.co/bY6e9khQdJ — PEspinosaC (@Patricia Espinosa C.) Le président chilien, Sebastian Piñera, avait annoncé mercredi que son pays, aux prises avec une contestation sociale qui ne faiblit pas, renonçait à accueillir la COP25 en décembre, ainsi que le sommet du Forum de la coopération économique Asie-Pacifique, qui devait avoir lieu à Santiago à la mi-novembre. L’ONU, plongée dans l’incertitude par ce retrait brutal, avait fait savoir mercredi qu’elle « étudiait les alternatives » pour accueillir la COP25. Jeudi, M. Piñera avait annoncé que le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, lui avait « généreusement proposé d’organiser la COP25 à Madrid aux mêmes dates auxquelles cette conférence était programmée au Chili ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chili : face à la crise sociale, le gouvernement annule la COP25 Le gouvernement espagnol a confirmé cette proposition, faite « vu le court délai disponible et l’importance de garantir que la COP25 se tienne normalement », et Patricia Espinosa, la responsable climat de l’ONU, lui a apporté son soutien. Greta Thunberg à la recherche d’une embarcation Environ 25 000 délégués, dont la jeune militante suédoise Greta Thunberg, étaient attendus à Santiago pour la conférence. « J’ai besoin de trouver un moyen pour traverser l’Atlantique en novembre… Si quelqu’un pouvait me trouver un moyen de transport, je serais extrêmement reconnaissante », a tweeté vendredi l’adolescente de 16 ans, après avoir parcouru la moitié du globe « dans le mauvais sens ». As #COP25 has officially been moved from Santiago to Madrid I’ll need some help. It turns out I’ve traveled half ar… https://t.co/VgzUsivfK4 — GretaThunberg (@Greta Thunberg) Refusant de prendre l’avion, moyen de transport très polluant, l’égérie de la lutte contre le réchauffement climatique avait déjà traversé l’Atlantique à la voile afin de se rendre à la COP25. A l’origine d’un mobilisation mondiale, elle était partie en août de Plymouth, en Angleterre, avec son père à bord d’un voilier de course zéro carbone, jusqu’à New York. L’embarcation avait été skippée par Pierre Casiraghi, fils de la princesse Caroline de Monaco. Elle a participé en septembre au sommet de l’ONU sur le climat à New York, puis traversé les Etats-Unis et le Canada. « Puisque la COP25 a été déplacée de Santiago à Madrid, je vais avoir besoin d’aide. Il s’avère que j’ai traversé la moitié du globe dans le mauvais sens », a-t-elle ironisé. Greta Thunberg était attendue vendredi à Los Angeles pour participer à une marche hebdomadaire pour le climat, Fridays for Future.
Après le renoncement du président chilien, Sebastian Piñera, en raison des troubles dans le pays, l’Espagne organisera la conférence aux dates prévues, du 2 au 13 décembre.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/11/01/apres-le-desistement-du-chili-la-cop25-sera-finalement-organisee-en-espagne-en-decembre_6017736_3244.html
mlsum-fr-2002
Des habitants des îles Abacos sont évacués après le passage de l’ouragan Dorian, le 8 septembre. LOREN ELLIOTT / REUTERS Ce qui reste de leur vie d’avant tient dans le bagage cabine qu’ils traînent, l’air hagard, sur le tarmac de la société privée Odyssey Aviation, toute proche de l’aéroport international de Nassau qui, avec la National Emergency Management Agency (Agence nationale de gestion des urgences) des Bahamas et les ONG nationales et internationales, coordonne les arrivées des évacués. Hommes, femmes, adolescents, bébés… ils sont 76 à débarquer d’un coup, lundi 9 septembre, de l’avion de Bahamasair en provenance de Marsh Harbour, l’aéroport international des îles Abacos remis en service il y a trois jours, après que l’ouragan Dorian a dévasté Great Abaco et Grand Bahama, les deux langues de terre situées le plus au nord de cet archipel qui compte 700 îles, dont une vingtaine sont habitées. Alors que le bilan officiel très provisoire se monte à 45 morts – dont 37 à Abaco – et que de nombreuses personnes sont toujours portées disparues, les rescapés sont près de 4 000 à avoir débarqué par voie aérienne dans la capitale ces trois derniers jours. Une semaine dans un abri Dans son tee-shirt blanc à paillettes multicolores, Darlene Sawyer, 63 ans, tente de faire bonne figure après une semaine passée dans un abri d’Abaco dont elle garde les ongles noircis et le visage froissé. Avec ses vents à 290 km/h et ses pluies torrentielles, Dorian, tempête de catégorie 5 qui a rôdé au-dessus de la tête des habitants du nord de l’archipel durant quarante heures, ne s’est pas contenté d’écorner méchamment l’image de carte postale de ces deux îles, prisées pour leurs parcours de golf et leurs marinas. Il n’a fait qu’une bouchée de la maison de Treasure Cay, îlot confetti des Abacos, dans laquelle elle vivait depuis 1977 et qu’elle était parvenue à conserver malgré le décès de son mari, il y a quatre ans. Forte de son expérience du violent ouragan Floyd, au même endroit, il y a exactement vingt ans, elle se croyait pourtant parée Forte de son expérience du violent ouragan Floyd, au même endroit, il y a exactement vingt ans, elle se croyait pourtant parée. « Dorian a été 50 fois pire », souffle-t-elle, tremblante. Elle évoque le baromètre dont l’aiguille baisse à vue d’œil, les hurlements du vent et sa bâtisse aux « trois chambres et deux salles de bain » secouée comme un prunier. Son frère, Lester Curry, avait sécurisé la porte d’entrée avec une visseuse électrique. Mais la porte n’a pas résisté. Avec lui et son épouse, Una, Darlene s’est réfugiée dans la pièce du fond et tous les trois ont dû s’adosser de toutes leurs forces contre une autre porte pour l’empêcher de voler en éclats. Vingt bonnes minutes d’une lutte désespérée, mais finalement victorieuse, contre les éléments qui leur ont semblé « aussi longues qu’une journée ».
Des réfugiés à Nassau, capitale des Bahamas, témoignent du passage de l’ouragan, qui a dévasté Abaco et Grand Bahama et tué 45 personnes, selon un bilan provisoire.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/10/pour-des-rescapes-de-dorian-vingt-minutes-aussi-longues-qu-une-journee_5508538_3244.html
mlsum-fr-2003
Mais que vient donc faire Christophe Girard dans le 18e arrondissement ? A la surprise de beaucoup, l’adjoint à la culture de Bertrand Delanoë puis d’Anne Hidalgo s’apprête non seulement à mener campagne pour un nouveau mandat – ce serait le quatrième d’affilée –, mais à tenter sa chance cette fois-ci dans l’arrondissement de Montmartre et de la Goutte-d’Or, dans la partie nord-est de la capitale, alors qu’il avait jusqu’à présent été fidèle au centre de Paris. Aux municipales de mars 2020, cette figure parisienne devrait se trouver en position éligible sur la liste commune des socialistes et des communistes, menée par le maire Eric Lejoindre et soutenue par Anne Hidalgo. A l’Hôtel de ville, certains expliquent ce transfert en toute simplicité : « Il fallait un point de chute pour Christophe, alors que les places dans le nouveau secteur regroupant les quatre premiers arrondissements étaient déjà prises. On lui a trouvé le 18e. » L’intéressé voit la situation autrement. « Je viens de l’entreprise, de Saint-Laurent, de LVMH, j’ai été maire d’arrondissement, je connais le monde de la culture, mon expérience peut aider la majorité à être offensive dans le 18e, avance-t-il. Je ferai tout pour que cet arrondissement reste à gauche. » Arrondissement partagé Le 18e peut-il basculer en 2020 ? « A priori, non, veut croire un hiérarque socialiste. Ou si le 18e bascule, tout Paris bascule. » Mais d’autres proches d’Anne Hidalgo se montrent moins catégoriques. Et ses rivaux sont prêts à partir à l’assaut de cet arrondissement, un des plus peuplés de Paris, donc l’un de ceux qui envoient le plus de conseillers à l’Hôtel de ville. Le 18e, un vrai patchwork de six kilomètres carrés, avec des zones de grande richesse et des poches de pauvreté, des migrants et des bobos, des touristes et des dealeurs, constitue en cela un arrondissement test. Un Paris en petit, dont la situation reflète toutes les incertitudes de la campagne électorale actuelle à l’échelle de la capitale. Jamais le jeu n’a paru aussi ouvert. Sur le papier, le Parti socialiste tient bien cet ancien bastion de droite à la conquête duquel quatre mousquetaires socialistes, Lionel Jospin, Claude Estier, Bertrand Delanoë et Daniel Vaillant, s’étaient lancés au milieu des années 1970. Depuis leur victoire, le 18e a toujours voté PS… ou presque. Car l’arrivée d’Emmanuel Macron et la montée des préoccupations concernant l’environnement ont, ici comme ailleurs, bousculé l’ordre établi. Sans oublier l’embourgeoisement de l’arrondissement, où les prix de l’immobilier ont grimpé de 27 % en cinq ans.
PS affaibli, écologistes ambitieux, macronistes divisés : le nord-est de la capitale reflète toutes les incertitudes de la campagne.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/23/municipales-a-paris-la-bataille-du-18e-arrondissement-est-lancee_6012677_823448.html
mlsum-fr-2004
Quelque 232 paquets de drogues ont été saisis par les douanes maritimes près de Toulon, le 25 mai. SYLVAIN THOMAS / AFP Il aura fallu plus d’un an pour que le projet se décante. La réforme des services chargés de la lutte contre le trafic de drogue, dont les derniers détails ont été fignolés lors d’une réunion interministérielle fin mai, devrait être présentée dans les jours qui viennent au président de la République, selon les informations du Monde. Emmanuel Macron avait appelé de ses vœux ce « plan stup », en mai 2018, pour une présentation en juillet de la même année. Mais, entre l’affaire Benalla, la démission de Gérard Collomb du ministère de l’intérieur et la crise des « gilets jaunes », la Place Beauvau n’avait jamais trouvé le temps de rendre sa copie. C’est désormais chose faite. Laurent Nunez, le secrétaire d’Etat auprès de Christophe Castaner, ministre de l’intérieur, a pris la main sur ce dossier complexe. Sur le modèle de ce qui a été fait avec la DGSI De nombreuses entités travaillent aujourd’hui sur la lutte contre les stupéfiants : l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (l’Ocrtis, qui dépend de la police judiciaire), les sûretés départementales, les douanes, les sections et brigades de recherche des gendarmes… Le tout plus ou moins en lien direct avec les magistrats des juridictions interrégionales spécialisées (JIRS). Une multitude d’acteurs qui opèrent parallèlement, voire en concurrence. « L’idée directrice du plan est de décloisonner le fonctionnement des nombreux services qui travaillent sur la lutte contre les stupéfiants et de mieux partager les informations », explique-t-on place Beauvau. Les ministères de l’intérieur et de la justice, sous le contrôle de Matignon, ont fini par se mettre d’accord pour désigner un nouveau chef de file de la filière « stup », sur le modèle de ce qui a été fait avec la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour la lutte antiterroriste. Un Office central antidrogue (OCAD) va être créé, en remplacement de l’Ocrtis, avec un rôle de centralisation de toutes les informations. Il sera sous la coupe de la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ), grande gagnante du bras de fer. Au désarroi des gendarmes, qui participeront bien à la nouvelle entité, mais auraient préféré la diriger. Le ministère de la justice avait aussi espéré un temps placer un magistrat à la tête de cet office. Cette refonte nationale s’accompagne de la création de cellules de renseignement opérationnelles sur les stupéfiants, au niveau départemental. Faire coup double
L’Office central antidrogue va remplacer l’actuel Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants, dont le fonctionnement a fait l’objet de polémiques. Il aura pour mission de centraliser toutes les informations.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/05/les-services-de-lutte-contre-les-stupefiants-en-passe-d-etre-reformes_5471561_3224.html
mlsum-fr-2005
« Tout parlementaire est libre de défendre un amendement qui lui a été suggéré, voire rédigé par Greenpeace, Monsanto, le Medef (…). Cela est légitime dès lors, selon nous, que cette démarche est totalement transparente. » (Photo : l’Assemblée nationale le 28 juin 2017.) DPA / Photononstop Tribune. Les organisations non gouvernementales Transparency International et WWF ont récemment appelé à faire la transparence sur le lobbying dans une pétition à l’attention des responsables politiques. Nous saluons cette démarche et voulons affirmer la nécessité absolue d’une évolution des pratiques publiques et politiques en matière de transparence ; une transparence qui n’est ni une « dictature de l’opinion » comme le dénoncent certains, ni une limitation de notre liberté parlementaire. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Les lobbys sont une force de sensibilisation et de mobilisation des citoyens » Car le monde change. Les politiques publiques, qu’elles soient locales ou nationales, qu’elles relèvent d’un exécutif ou du législateur, doivent se coconstruire. Elles associent aujourd’hui de plus en plus les parties prenantes, et évaluent avec elles leur impact pour s’améliorer continuellement. Cela signifie que l’intérêt général se construit dans le dialogue et l’écoute des citoyens, bien sûr, mais aussi avec des associations qui plaident pour une cause, telle que le développement durable – forte exigence citoyenne – ou des entreprises qui portent des intérêts économiques privés. C’est là le sens de la loi Pacte [plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises] : reconnaître la responsabilité sociétale des entreprises et les considérer comme des partenaires à part entière de l’action publique. Une véritable exigence démocratique Cette réalité rend plus que jamais indispensable une nouvelle approche des interactions des pouvoirs publics avec ce que l’on appelle pudiquement les « représentants d’intérêts » et plus communément les « lobbys ». Celle-ci doit se fonder sur l’absence totale de conflits d’intérêts, une prise de décision libre et non faussée, mais aussi sur une logique volontariste et assumée de transparence. C’est plus qu’une nouvelle approche méthodologique : c’est aujourd’hui une véritable exigence démocratique sur laquelle nous devons refonder l’action politique. C’est pourquoi il nous faut développer de nouvelles pratiques politiques qui permettent à l’ensemble des citoyens de mieux comprendre la façon dont se construit la loi et de saisir la réalité des relations entre décideurs publics et représentants d’intérêts. En ce sens, la transparence des agendas des députés dans le cadre de leurs rencontres avec les lobbys est fondamentale. C’est en montrant ce que nous faisons au quotidien que nous parviendrons à redonner confiance aux citoyens dans l’action publique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Lobbys : « Nouvelle année, nouvelles pratiques » Il en est de même pour le sourcing des amendements, c’est-à-dire l’expression en toute transparence de l’origine de l’amendement porté par un parlementaire lorsque celui-ci a été proposé par un représentant d’intérêts. Tout parlementaire est libre de défendre un amendement qui lui a été suggéré, voire rédigé par Greenpeace, Monsanto, le Medef, l’association de défense des abeilles, le Comité national olympique, ou bien encore la Fédération des SCOP. Cela est légitime dès lors, selon nous, que cette démarche est totalement transparente. C’est le sens de l’initiative qu’ont pris plusieurs groupes politiques et de nombreux députés à l’Assemblée nationale en cette rentrée parlementaire.
Trois cent vingt-deux députés de la majorité présidentielle s’engagent dans une tribune au « Monde » à respecter la transparence de leurs agendas dans le cadre de leurs rencontres avec les lobbys et à indiquer les sources des amendements parlementaires.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/09/lobbying-pour-des-pratiques-radicalement-nouvelles-et-volontaristes-en-matiere-de-transparence_6014751_3232.html
mlsum-fr-2006
Une agence immobilière, à Paris. LIONEL BONAVENTURE / AFP Le député La République en marche (LRM) de Haute-Garonne Mickaël Nogal a remis mardi 18 juin au chef du gouvernement, Edouard Philippe, et au ministre chargé de la ville et du logement, Julien Denormandie, son rapport intitulé « Louer en confiance », qui avance trente-sept mesures visant à améliorer les rapports entre propriétaires et locataires. « Je ne propose rien de révolutionnaire, précise-t-il d’entrée, le cadre législatif et réglementaire est globalement équilibré entre locataires et propriétaires. Je souhaite juste dénouer quelques points de conflit empêchant un fonctionnement apaisé et fluide du marché locatif, qui accueille 23 % des ménages. » Le dépôt de garantie équivalent à un mois de loyer, par exemple, est source de contentieux : 65 % des litiges portés devant les commissions départementales de conciliation le sont surtout par des locataires qui peinent à récupérer cette somme après leur départ. Car, dans le système actuel, c’est le propriétaire qui la conserve tout au long du bail : « Les locataires ont donc le réflexe de ne pas payer le dernier mois de loyer pour se rembourser d’avance, ce qui crée un système perdant-perdant », juge M. Nogal. Il propose donc que ce dépôt de garantie soit confié à un organisme tiers, agréé par l’Etat, qu’il produise des intérêts au bénéfice du locataire et soit restitué après l’accord des parties, l’éventuel avis de la commission de conciliation ou celui du juge. C’est l’exemple britannique, en vigueur depuis 2007, qui a inspiré M. Nogal : « Un organisme spécifique me paraît plus simple, neutre et transparent que le dépôt dans une banque, comme c’est le cas en Allemagne, en Suisse ou en Belgique », argumente-t-il. Cette proposition fait bondir l’Union nationale des propriétaires immobiliers : « Nous nous sentons trahis et sommes sous le choc car cette mesure n’a jamais été évoquée dans nos dialogues. C’est une confiscation du dépôt de garantie, un hold-up qui ne restaurera nullement la confiance », réagit Christophe Demerson, son président. Lire aussi Comment résoudre un litige entre un propriétaire et son locataire « Quelques adaptations législatives » Deuxième point de friction : la sélection impitoyable entre candidats locataires, dont certains sont discriminés parce que dans l’incapacité de présenter une caution suffisante. Cette mésaventure, M. Nogal l’a connue, lorsque, jeune étudiant issu d’une famille modeste, il a débarqué à Paris, venu de Toulouse. Depuis la loi pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR), du 24 mars 2014, un bailleur doit choisir entre souscrire une assurance contre les impayés de loyers ou exiger la caution d’un garant. Il ne peut cumuler les deux, sauf pour louer à un étudiant. La caution consiste en un simple engagement écrit signé par la personne garante, un dispositif gratuit mais qui fonctionne mal, avec un risque élevé d’annulation, notamment pour vice de forme, par le tribunal. C’est pourtant la solution privilégiée par les particuliers gérant en direct leur patrimoine et qui constituent la grande majorité (65 %) des propriétaires-bailleurs, dont seuls 35 % font appel à un gestionnaire professionnel qui, lui, les poussera à souscrire une assurance loyers impayés, sur laquelle il perçoit une commission !
Parmi les pistes évoquées dans un rapport remis au premier ministre, la caution d’un mois de loyer pourrait à l’avenir être déposée auprès d’un organisme tiers, agréé par l’Etat.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/18/des-propositions-pour-restaurer-la-confiance-entre-proprietaires-et-locataires_5477678_3224.html
mlsum-fr-2007
Sikka. En 1961, l’Inde est indépendante depuis moins de vingt ans. A Ahmedabad, riche ville du Gujarat, dans l’ouest du pays, un groupe d’industriels, dont beaucoup ont fait fortune avec des usines de coton, veulent construire une université pour former une nouvelle génération de manageurs. Ils rêvent d’un enseignement fondé, comme aux Etats-Unis, sur l’échange entre étudiants et professeurs, le dialogue entre les disciplines. Et non sur le rapport hiérarchique entre le maître qui sait et l’élève qui absorbe son savoir. Une petite révolution dans la société indienne si hiérarchisée. Deux grands industriels du textile, Vikram Sarabhai et Kasturbhai Lalbhai, créent l’association de management d’Ahmedabad. Ils reçoivent l’aide, en pleine guerre froide, de la Fondation Ford, qui les mettra en contact avec plusieurs universités américaines, dont Harvard. Ils réussissent à obtenir du gouvernement la construction du campus de l’Institut indien du management (IIM) dans leur ville. Et en confient la réalisation à l’architecte américain Louis Kahn, qui vient de terminer les plans de l’Assemblée de la province orientale du Pakistan, futur Parlement du Bangladesh. Des ouvertures pour favoriser les échanges Né en Estonie en 1901, exilé avec sa famille aux Etats-Unis pendant son enfance, Louis Kahn s’est spécialisé dans des bâtiments favorisant la vie communautaire. Ainsi, à Ahmedabad, il prévoit une grande cour au centre du campus. Comme si, pour apprendre, il fallait sortir des salles de classe. Et revenir aux sources de l’enseignement, dans un lieu informel qui privilégie les interactions. « Les écoles ont commencé avec un homme au pied d’un arbre qui ne savait pas qu’il était instituteur, en train de discuter avec d’autres personnes qui ne savaient pas qu’ils étaient ses élèves. (…) Plus tard, des bâtiments furent construits et la première école vit le jour », écrira-t-il. « Avec la simplicité des matériaux utilisés, c’est un bâtiment adapté à son environnement et au climat local, à l’allure indienne et universelle, conçu pour entrer dans l’éternité », témoigne l’architecte Stéphane Paumier, Français installé en Inde qui a, lui, conçu l’université O. P. Jindal, près de New Delhi, à la fin des années 2000. Les ouvertures géométriques permettent à l’air de circuler et de rafraîchir le lieu qui connaît des températures élevées pendant l’été tandis que les épais murs de brique le protègent de la chaleur. Avec son architecture sobre, ses vastes murs percés de cercles ou de demi-lunes, le campus a une allure monumentale, non par sa taille mais parce qu’il est impossible à dater, hors du temps.
Bien avant les architectes stars sollicités dans le monde entier, des pionniers ont laissé leur empreinte sur des terres lointaines. En 1962, l’Américain Louis Kahn réalise l’Institut indien du management à Ahmedabad. Un campus à la beauté sans âge, photographié par Bharat Sikka.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/26/le-harvard-indien-imagine-par-l-architecte-louis-kahn_5493809_4500055.html
mlsum-fr-2008
La chorégraphe Chantal Loïal (au premier plan) fait danser le public du Monde Festival sur la scène du Palais Garnier, le 7 octobre 2018. ODHRAN DUNNE POUR « LE MONDE » C’était il y a un an, le 7 octobre 2018 exactement, dans le cadre du Monde Festival : les chorégraphes Chantal Loïal et José Montalvo avaient fait danser le public, soit plus de 200 personnes, sur le plateau du Palais Garnier, à Paris. Un succès fou. Une danse chorale et cosmique. Nous n’avions jamais vu ni vécu un raout aussi festif, une fête communautaire aussi joyeuse, avec des participants qui s’enroulaient les uns autour des autres en chavirant du bassin. Nous avons eu envie de recommencer. Mais en changeant de lieu, en voyant encore plus grand. Vous êtes conviés cette fois sur l’immense plateau de l’Opéra Bastille, pour danser – sur la scène – ou regarder – depuis la salle. Article réservé à nos abonnés Lire aussi José Montalvo déploie un arc-en-ciel de sensations au Musée d’Orsay Pour avoir une idée de ce qui vous attend, revenons sur la danse de 2018. Deux heures avant de participer à ce « bal », personne ou presque ne se connaissait. A la fin de la matinée, tout le monde repartait en riant, heureux d’avoir tenté l’aventure, et fredonnait le refrain de la petite danse de Chantal Loïal, « Paris-Pointe-à-Pitre, une fesse pour toi, une fesse pour moi ». Pic de ce « bal », le cercle mis en place par Chantal Loïal, épaulée par deux percussionnistes et deux interprètes de sa compagnie Difé Kako (« ça va chauffer », en créole), avait été impeccablement introduit par l’échauffement du chorégraphe José Montalvo, figure du spectacle vivant depuis les années 1980, directeur de la Maison des arts de Créteil (Val-de-Marne). « Performances corporelles ludiques et décalées » Conjuguant tout au long de son parcours création et invention de danses participatives, « performances corporelles ludiques et décalées », selon sa formule, Montalvo sait entraîner les gens dans des envolées gestuelles simplement belles qui connectent chacun avec ce qu’il est tout en ouvrant large les écoutilles de l’imaginaire. « Ces propositions chorégraphiques permettent à ceux qui le souhaitent, quels que soient leur condition physique et leur âge, à entrer dans la danse, explique le chorégraphe. A travers une expérimentation qui apporte une perturbation douce de leurs repères et autorise une relation sensible, charnelle, palpable, concrète, directe au mouvement. » José Montalvo avait ouvert le bal par une série d’exercices doux et faciles. Les bras parallèles, levés haut vers le ciel, battant l’air tranquillement à droite et à gauche, chacun a commencé à se relaxer, à contempler, à se métamorphoser en éponge sensorielle. Chacun a pris part à cette mer de mouvements. Puis les participants ont marché les yeux fermés sur les cordelettes fixées sur le plateau en jouant les funambules, couru dans l’espace, fait voler leurs bras… La musique choisie par le chorégraphe est un matelas parfait pour poser ses gestes pendant qu’il encourage les uns et les autres à respirer et avoir confiance. Le tandem Montalvo-Loïal repose sur une longue complicité artistique et un goût affirmé pour la rencontre. Pour Chantal Loïal, née en Guadeloupe, passée par les traditions antillaises et africaines, longtemps interprète dans des orchestres et des troupes chorégraphiques de premier plan, comme celle de Kanda Bongo Man, « le mouvement est résistance à la tristesse, sourire et rire toujours ». Pour José Montalvo, fils d’immigrés espagnols, arrivé dans le sud de la France à l’âge de 5 ans, danser s’enracine dans les fêtes qui rassemblaient Espagnols, Italiens, Portugais, Algériens, dans des envolées lyriques. Le rendez-vous « Une danse à l’Opéra », le 5 octobre, sera bien un moment offert à savourer. Revivez les conférences et spectacles du Monde Festival 2019 sur le thème « Imagine » ! La rédaction du Monde a organisé, du 4 au 7 octobre à Paris, un festival de débats, spectacles et rencontres avec une centaine de personnalités. Revivez les moments forts du Monde Festival Paris 2019 Portfolio : ils ont imaginé le monde de demain au Monde Festival Retrouvez les vidéos intégrales des débats du Monde Festival 2019
Après le succès remporté l’année dernière par la rencontre de danse participative proposée par le Monde Festival, le public est à nouveau invité à monter sur la scène de l’Opéra Bastille, à Paris, le 5 octobre, toujours sous la direction des chorégraphes Chantal Loïal et José Montalvo.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/10/04/entrez-dans-la-danse-au-monde-festival-le-public-sur-la-scene-de-l-opera-bastille_6014168_4415198.html
mlsum-fr-2009
Ghassan Salamé, l’émissaire de l’ONU pour la Libye, au Conseil de sécurité, à New York, le 21 mai 2019. Brendan McDermid / REUTERS L’émissaire de l’ONU pour la Libye, Ghassan Salamé, a appelé mercredi 4 septembre le Conseil de sécurité à s’entendre pour mettre fin au conflit dans le pays, sauf à risquer sa prolongation indéfinie ou une intensification des soutiens aux belligérants. « De nombreux Libyens se sentent abandonnés par une partie de la communauté internationale et exploités par d’autres », a rapporté Ghassan Salamé, lors d’une liaison vidéo avec le Conseil de sécurité. « Sans un soutien sans équivoque de ce Conseil et de la communauté internationale dans son ensemble, deux scénarios très désagréables » pointent, a-t-il averti. D’une part « la poursuite d’un conflit persistant et de faible intensité », d’autre part « une intensification des soutiens militaires » à l’une ou l’autre partie qui « plongerait l’ensemble de la région dans le chaos ». Or « l’idée de donner une chance à la guerre, et qu’une solution militaire est possible, représente une chimère », a ajouté l’émissaire qui s’est souvent plaint dans le passé du manque d’unité du Conseil et des soutiens apportés par certains de ses membres aux belligérants. Depuis début avril, les troupes de l’homme fort de l’est du pays, le maréchal Khalifa Haftar, qui cherchent à conquérir Tripoli, sont en guerre avec celles du gouvernement de Fayez Al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale. Ce dernier est soutenu par la Turquie et le Qatar, alors que Khalifa Haftar bénéficie d’appuis à différents niveaux de l’Egypte, des Emirats arabes unis, des Etats-Unis, de la Russie ou de la France. Militante de l’ONG Avocats pour la justice en Libye, Marwa Mohamed a aussi déploré devant le Conseil de sécurité l’absence de « message clair » à l’égard de la Libye. Multiples violations de l’embargo sur les armes Lors de la discussion, plusieurs pays – Koweït, Afrique du Sud, Indonésie, Allemagne… – ont dénoncé les ingérences en Libye et les multiples violations depuis cinq mois de l’embargo sur les armes imposé à ce pays en 2011. Plusieurs grandes puissances (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni) n’ont pas pris la parole, réservant leurs interventions pour une session à huis clos organisée dans la foulée. A l’issue de celle-ci, le président en exercice du Conseil en septembre, l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia, a assuré que tous les membres de l’instance avaient montré « un degré d’unité plutôt fort ». « Tout le monde est d’accord pour dire qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit, que les parties doivent arrêter les hostilités dès que possible, annoncer un cessez-le-feu et revenir à un processus politique », a ajouté le diplomate russe. Lire aussi Les combats près de Tripoli ont fait un millier de morts en trois mois Vassily Nebenzia a aussi affirmé que les membres du Conseil voulaient tous voir respecter l’embargo sur les armes et soutenaient le plan en trois points proposé cet été par Ghassan Salamé : l’instauration d’une trêve, l’organisation d’une réunion internationale puis d’une réunion des parties libyennes. Lors de la réunion, la Russie n’a cependant pu faire adopter une déclaration unanime du Conseil, selon des diplomates. Les Etats-Unis s’y sont opposés, estimant qu’il ne fallait pas interférer avec la négociation en cours sur le renouvellement du mandat de la mission de l’ONU en Libye, qui expire le 15 septembre.
Pour Ghassan Salamé, émissaire onusien dans le pays, il s’agit d’éviter une prolongation indéfinie du conflit ou une intensification des soutiens aux belligérants.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/05/guerre-en-libye-le-conseil-de-securite-de-l-onu-appele-a-s-entendre_5506730_3212.html
mlsum-fr-2010
Faire entrer la nouvelle garde sans froisser l’ancienne, tout en courtisant des élus locaux cruciaux dans la survie du parti aux élections municipales de mars 2020. L’équilibre de la nouvelle direction a été dévoilé mercredi 23 octobre par Christian Jacob, dix jours après son élection à la présidence du parti Les Républicains (LR). L’heure de la récompense a sonné pour le député du Loir-et-Cher Guillaume Peltier, qui a refréné ses ambitions pour la tête du parti. De vice-président, celui qui entend incarner une droite populaire devient vice-président délégué, second dans l’ordre hiérarchique. Par rapport à Guillaume Larrivé et Julien Aubert, incarnations comme lui de cette génération de quadras de la droite frustrés par l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, « c’est finalement celui qui se sortira le mieux de la situation, il reste sur la ligne de flottaison », note un de ses collègues. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Chez Les Républicains, les chantiers du nouveau président, Christian Jacob A un autre poste-clé, la députée Annie Genevard perd celui de secrétaire générale pour prendre la présidence du conseil national, appelé à devenir une « véritable assemblée du parti après les municipales », assure l’ancienne filloniste. A sa place, Christian Jacob fait entrer du sang neuf en la personne du remuant député du Lot Aurélien Pradié, 33 ans, et auteur récemment d’un coup d’éclat : faire voter à la majorité parlementaire une proposition de loi signée LR sur la lutte contre les violences conjugales. Pour celui qui réfute être un homme d’appareil et veut tirer la droite sur des sujets de société éloignés de ses habitudes de pensée, le poste, qui implique avant tout de faire fonctionner la machine interne, s’annonce comme un défi. Mission de réflexion Pour la stabilité, enfin, Eric Ciotti continue de présider la commission nationale d’investiture et Daniel Fasquelle les finances du parti. Jean Leonetti, après avoir assuré l’intérim, prend la tête d’une mission de réflexion sur une fondation du parti, à l’heure où de nombreux LR rêvent d’une version française de la Fondation Konrad Adenauer de la CDU pour alimenter en idées une droite asséchée par la concurrence du parti présidentiel. Au-delà de ce premier cercle exécutif, six vice-présidents et six secrétaires généraux adjoints sont nommés pour incarner le rassemblement tant promis par Christian Jacob : parmi les premiers, la présidente du conseil régional des Pays de la Loire, Christelle Morançais, proche de Bruno Retailleau, les députées Valérie Bazin-Malgras et Virginie Duby-Muller, mais aussi les sarkozystes Frédéric Péchenard et Gilles Platret, et le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau. Parmi les seconds, on trouve notamment les jeunes députés Fabien Di Filippo (déjà en poste sous Laurent Wauquiez), Pierre-Henri Dumont à « la jeunesse et la rénovation » et Raphaël Schellenberger. A un troisième rang et dans des intitulés encore plus longs, les treize postes de « secrétaires généraux adjoints délégués », un par région, font de la place aux élus locaux, jeunes en particulier : Alexandre Vincendet, le maire de Rillieux-la-Pape et ancien proche de Jean-François Copé, Constance de Pélichy, la maire de La Ferté-Saint-Aubin, mais aussi Julien Dive, le député proche de Xavier Bertrand. Rares sont les membres du « comité de renouvellement » créé à l’été 2019 par la jeune garde de LR à ne pas se retrouver dans l’organigramme. Le rôle de porte-parole supprimé Au conseil stratégique, noyau dur décisionnaire « où se font les aiguillages essentiels » selon un député, le président de l’Association des maires de France, François Baroin, objet de spéculations régulières sur ses envies de candidature en 2022, fait son entrée. Avec lui, les premiers vice-présidents des deux autres associations d’élus (ADF et ARF) siègent aux côtés de personnalités déjà installées, comme le président du Sénat, Gérard Larcher, et le président du groupe LR, Bruno Retailleau. Lot de consolation, Julien Aubert et Guillaume Larrivé y sont aussi nommés. Enfin, nouveauté, une commission « chargée de la réforme des statuts » prend forme, peut-être pour rassurer sur la rénovation des structures reportée après les municipales. Comme un symbole, le rôle de porte-parole, qui avait été galvaudé par le départ notable de Laurence Sailliet pour devenir chroniqueuse de Cyril Hanouna ou encore la lourde charge portée contre son camp par l’eurodéputé Geoffroy Didier au lendemain des élections européennes, est supprimé. Rajeunis et tournés vers les municipales, LR verraient-ils la vie en rose ? Il reste quelques perdants pour relativiser. Julien Aubert, par exemple : « Christian Jacob aurait pu faire un choix unitaire, associer à son équipe ceux qui représentent 40 % des voix des militants, il en a fait un autre, je m’y plie. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pour exister entre Le Pen et Macron, LR se radicalise sur l’immigration
La nouvelle direction de LR a été annoncée mercredi. François Baroin fait son entrée au conseil stratégique du parti.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/23/chez-les-republicains-une-equipe-renouvelee-et-des-tenors_6016579_823448.html
mlsum-fr-2011
di Idir. Antoine Reinartz à Paris, le 10 juillet. JULES FAURE POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » « T’aimes les Smarties ? » A peine acquiesce-t-on qu’Antoine Reinartz s’en va fouiller dans son sac et revient en déballant sur la table des mini-cartons pleins de ces dragées multicolores chocolatées, mais aussi un paquet de gâteaux au chocolat noir, un autre de gâteaux aux figues, une bouteille de thé glacé, des compotes à la fraise… « J’ai toujours peur de manquer de sucre », s’excuse l’acteur. A 34 ans, voix grave pincée et sourire irrésistible qui découvre largement ses dents, il emporte toujours avec lui ses goûters à boulotter entre les prises. Une crise d’hypoglycémie, survenue lors d’une désastreuse séance d’essais pour 120 battements par minute, le film de Robin Campillo qui l’a révélé en 2017, lui a laissé un souvenir cuisant… Un polar et une comédie Loin de cette interprétation de militant d’Act Up-Paris combatif qui lui a valu un César du meilleur second rôle, Reinartz a caché ces derniers mois ses friandises sur les plateaux de Roubaix, une lumière, d’Arnaud Desplechin (avec Roschdy Zem, Léa Seydoux et Sara Forestier), et La Vie scolaire, de Grand Corps Malade et Mehdi Idir. Un polar et une comédie aux antipodes, mais deux personnages d’agents du service public en détresse : policier dont l’enquête patine d’un côté, prof en burn-out de l’autre. « Ce sont deux hommes en échec qui se heurtent à un réel trop violent. Mais, chez Desplech’, il y a la foi catholique qui aide ce lieutenant. Une foi intime, moderne, pas prosélyte et, comme souvent chez lui, teintée de psychanalyse. » C’est pour lui que « Desplech’» a écrit le rôle. « J’ai travaillé comme un fou en préparation, mais, sur le tournage, j’ai fait une rechute de l’hyperacousie que j’ai depuis qu’on m’a envoyé un son trop volumineux dans les oreilles, au théâtre, il y a trois ans. Tous les sons me parvenaient amplifiés, le bruit du clap m’était insupportable. Mais je n’ai rien dit à personne jusqu’à aujourd’hui, même pas à Arnaud. Je ne voulais pas d’excuse. » Ces derniers mois, ce mal lui a fait fréquenter les hôpitaux, multiplier les traitements, mais le voilà à nouveau sur pied. Il s’interrompt lui-même : « Oh ! là ! là ! le discours de l’acteur qui a des failles, ça fait victime ! Abusé ! » Bosseur, angoissé et séducteur Chez lui, rire et second degré ont toujours raison des tourments. « J’adore Isabelle Adjani et Julianne Moore, j’aurais voulu être un tragédien, mais je suis un petit acteur comique malgré moi », s’amuse-t-il. Elève brillant, il a suivi un sage parcours universitaire : prépa versaillaise, école de commerce, stages au Japon, à New York et à Genève.
Révélé en militant d’Act Up-Paris dans « 120 battements par minute », l’acteur garde la cadence. Après « Roubaix, une lumière », d’Arnaud Desplechin, le 21 août, on le verra le 28 août dans « La Vie scolaire », de Grand Corps Malade et Mehdi Idir.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/16/antoine-reinartz-dans-un-rythme-effrene-de-films_5500012_4500055.html
mlsum-fr-2012
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky examine une carte en compagnie d’officiers, le 14 octobre dans la région de Donetsk. STR / AFP Il s’est élancé devant les parlementaires, les poings levés et le sourire triomphant. Ce 3 septembre, Volodymyr Zelensky, 41 ans, savoure sa victoire. La Rada, le parlement de Kiev, vient de voter en première lecture un texte levant l’immunité parlementaire en cas de poursuites pénales. Après avoir raflé 73 % des suffrages en avril, le parti du président, le « serviteur du peuple », a remporté la majorité absolue aux élections législatives de juillet. Assez pour imposer à son pays, où les affaires politiques ne sont jamais très éloignées des oligarques crapuleux, un calendrier de réformes, au pas de course. « Quick wins, big promises » (succès rapides, grosses promesses), titre le site anglophone Kyiv Post, égrainant la trentaine de mesures attendues, pour la plupart d’ici aux six prochains mois. « Nous avons une chance unique de mener à bien les réformes nécessaires. Et je le veux. La seule chose qui nous manque, c’est le temps. La société n’attendra pas quelques années pour qu’on se mette au travail », lance-t-il à ses équipes. Las. Quinze jours plus tard, l’homme pressé est emporté dans une tempête géopolitique. Sans même l’en informer, la Maison Blanche révèle le ­contenu d’une conversation téléphonique qu’il a tenue avec Donald Trump, ouvrant la voie à une procédure d’impeachment visant le 45e président des Etats-Unis. Lors de cet échange, daté du 25 juillet, l’ancien magnat de l’immobilier réclame avec insistance la réouverture d’une enquête sur Hunter Biden, le fils d’un de ses rivaux démocrates, Joe Biden, du temps où il était ­administrateur d’une société ­gazière ukrainienne. Volodymyr Zelensky, gêné, tente de ne pas le contrarier pour ne pas renoncer à une aide militaire de plusieurs centaines de millions de dollars. « Un chantage mafieux », dénonce l’opposition américaine. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Impeachment : la défense de Trump s’affaiblit dans l’affaire ukrainienne De ce coup de fil, les Ukrainiens retiendront les flagorneries de leur président vantant le confort de la Trump Tower, à New York, ou assurant à son homologue : « C’est vrai, vous avez totalement raison. A 100 %, non, vous avez ­raison à 1 000 % ». Et puis cette petite phrase assassine au sujet du nouveau procureur ukrainien : « Comme nous avons remporté la majorité absolue au Parlement, le prochain procureur général sera choisi à 100 % par moi, ce sera mon candidat ». En quelques mots, Volodymyr Zelensky, qui promettait de dépoussiérer le pays, prend des airs de « débutant » manipulé et manipulable par les grandes puissances.
Critiqué pour sa conversation téléphonique avec Donald Trump, le président est en outre accusé de faiblesse face à la Russie.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/30/en-ukraine-volodymyr-zelensky-entre-deux-tempetes-geopolitiques_6017424_3210.html
mlsum-fr-2013
Donald Trump lors de son arrivée à la Maison Blanche à Washington, le 28 octobre. MANUEL BALCE CENETA / AP La mise en accusation de Donald Trump va franchir un pas décisif, jeudi 31 octobre, avec un premier vote de la Chambre des représentants. Après l’avoir longtemps repoussé en rappelant qu’un tel scrutin n’était pas obligatoire selon la Constitution pour lancer d’ores et déjà des investigations, la speaker (présidente) démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (Californie), s’est ravisée lundi. Dans une lettre adressée à ses collègues démocrates, majoritaires à la Chambre, elle a indiqué que la résolution, qui sera soumise aux voix, a pour but de renforcer l’enquête en cours menée par trois commissions et notamment « les demandes de documents, d’assignations à comparaître pour les témoins » et toute autre procédure jugée nécessaire. Le texte précisera également la marche à suivre « pour les audiences ouvertes au peuple américain », c’est-à-dire publiques, et autorisera la publication « des transcriptions des dépositions » déjà recueillies. Il présentera enfin les étapes à suivre qui pourraient déboucher éventuellement sur un vote formel de mise en accusation. Il reviendrait alors au Sénat, où les républicains sont majoritaires, de se prononcer sur une destitution qui doit recueillir une majorité qualifiée, une hypothèse pour l’heure peu probable. Revirement de Nancy Pelosi La procédure en cours a été ouverte formellement le 24 septembre par une déclaration solennelle de la speaker. Donald Trump est soupçonné d’avoir abusé de sa fonction à des fins personnelles. Il lui est reproché d’avoir gelé une aide destinée à l’Ukraine pour obtenir de Kiev l’ouverture d’enquêtes contre ses adversaires démocrates. Tout est parti du signalement d’un lanceur d’alerte après une conversation téléphonique jugée alarmante entre le président et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, le 25 juillet. Le revirement de Nancy Pelosi vise à prendre à revers la stratégie de défense de Donald Trump. Débordée jusqu’à présent par le rythme imposé par les démocrates, la Maison Blanche a concentré jusqu’à présent ses critiques sur une procédure jugée non conforme aux deux précédentes mises en accusation, celles de Richard Nixon et de Bill Clinton. Le conseiller juridique de Donald Trump, Pat Cipollone, a considéré qu’il était fondé à juger la démarche « illégale » dans un courrier expédié le 8 octobre aux responsables démocrates de la Chambre. Cet argument controversé a permis de justifier le refus de la moindre coopération, qu’il s’agisse de l’autorisation donnée à des conseillers de témoigner, ou de la communication de documents en lien avec l’Ukraine.
La Chambre des représentants américaine a décidé de voter, jeudi, pour la première fois en séance plénière une résolution formalisant l’enquête en vue de destituer le président et autorisant des auditions publiques.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/29/la-bataille-de-la-mise-en-accusation-de-donald-trump-s-intensifie_6017272_3210.html
mlsum-fr-2014
Les familles des disparus de la « Minerve » devant le mémorial des sous-mariniers de Toulon, le 14 septembre. N.G. / « LE MONDE » Des cris d’enfants percent l’atmosphère, et même les klaxons trop forts d’un mariage à proximité. Mais dans le groupe compact qui se tient face à la mer, c’est le silence, les larmes. Devant le mémorial des sous-mariniers de Toulon, samedi 14 septembre, l’heure, enfin, est au deuil : dans la chaleur lourde de la fin de l’été, on honore comme il se doit les 52 disparus de la Minerve, coulée au large de la ville le dimanche 27 janvier 1968, lors d’un entraînement, et retrouvée le 22 juillet 2019, après cinquante et un ans d’obscurité totale, par 2 300 mètres de fond. Dans quelques heures, dimanche matin, leurs familles embarqueront à bord du porte-hélicoptères Tonnerre, que l’armée a mis à disposition pour que tous puissent aller jeter une rose sur la sépulture marine. Il fallait ce gros navire, la petite frégate prévue au départ n’était évidemment pas suffisante pour accueillir 250 personnes venues de toute la France se recueillir. Jean-Marc Meunier, dont le frère François était missilier à bord, a entraîné 31 membres de sa famille avec lui. Il attendait ce moment « depuis si longtemps ». Souvenirs d’une jeune épouse Josianne était la toute jeune épouse de l’opérateur radio du sous-marin, Bernard Helmer, 21 ans à peine. Ils s’étaient mariés six mois plus tôt. Elle est venue d’Alsace avec toute la famille, qui n’a jamais cessé de l’entourer. « Bernard était très beau. Quelques jours avant la disparition, je m’étais glissée à bord du bateau avec la complicité de ses amis pour lui faire une surprise. Ils étaient en escale à Nice. Je me souviens de tout. » Francis, le cousin aujourd’hui septuagénaire, a lui aussi roulé depuis Thionville pour rejoindre la cérémonie. « J’ai toujours regretté Bernard, confie-t-il les yeux mouillés. Le président de la République avait dit à l’époque que ces marins sacrifiés avaient fait leur devoir. Mais pour les parents, il n’y avait plus de fils. » Le père de Bernard était mineur de fond. « Souvent, ce sont les enfants de familles pauvres qui entrent dans l’armée. C’est aussi quelque chose qui me serrait le cœur. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nouvel espoir pour les familles des victimes du sous-marin « Minerve », cimetière au fond des mers Une cérémonie qui ravive les larmes Les frères, les veuves devenues de frêles femmes âgées soutenues par leurs petits-enfants, les fils et filles de la Minerve se serrent, il n’y a pas assez de chaises pour la foule sur la pelouse. Hervé Fauve, le fils du commandant, prend la parole pour évoquer la solitude et la résignation de ce demi-siècle pendant lequel la marine nationale a opposé le secret-défense aux questions des proches. « Le plus dur fut d’exposer notre douleur aux yeux de tous », rappelle-t-il. Puis, lors du cinquantenaire de l’accident, les familles ont obtenu l’ouverture des archives, et la reprise des recherches. Retrouver l’épave, « le seul bâtiment des marines occidentales dont les marins manquaient à l’appel », fut une nouvelle « inimaginable ».
Les familles se sont recueillies à Toulon samedi avant d’aller en mer dimanche avec un navire de la marine nationale au-dessus de l’épave.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/14/une-ceremonie-pour-enterrer-enfin-les-disparus-de-la-minerve_5510542_3224.html
mlsum-fr-2015
tranger. Elle a recopié sa sentence à la main. C’est la procédure dans les tribunaux révolutionnaires iraniens. La somme des peines donne le tournis : sept ans et six mois de prison pour « collusion en vue de nuire à la sécurité nationale », 74 coups de fouet pour être apparue sans voile en public, un an et six mois pour « acte de propagande contre l’Etat », sept ans et six mois pour « appartenance à un groupe illégal », trois ans et 74 autres coups de fouet pour diffusion de fausses informations, deux ans pour trouble à l’ordre public et douze ans pour avoir encouragé la « corruption » et la « dépravation ». Cette dernière peine, la plus lourde, s’impose aux autres. Nasrin Sotoudeh, avocate et militante des droits humains, devra donc passer les douze prochaines années de sa vie entre les murs de la prison d’Evin, à Téhéran. Au risque d’en faire une martyre, la justice de son pays a résolu de faire disparaître cette quinquagénaire au visage pâle et osseux. Des manifestants demandent la libération de l’avocate Nasrin Soutoudeh devant l’ambassade d’Iran, à Paris, le 13 juin 2019. FRANCOIS GUILLOT / AFP Peu d’Iraniens ignorent son parcours, riche de plus d’un quart de siècle de combats. Née quinze ans avant la révolution de 1979, Nasrin Sotoudeh a grandi dans la petite classe moyenne du centre de Téhéran. Son père, un commerçant sans éducation, fut, dit-elle, malheureux de voir naître une fille. Sa mère est pieuse et porte le voile, mais sans l’imposer à cette adolescente retorse et brillante. A l’examen national d’entrée à l’université, celle-ci arrivera dans le peloton de tête : 53e sur 300 000 candidats. Elle fera du droit, discipline prestigieuse et masculine ; surtout depuis la révolution et la prise de contrôle par des clercs de l’institution judiciaire. En pleine guerre contre l’Irak (1980-1988, plus de 500 000 morts des deux côtés), ceux-ci bricolent un fatras législatif fondamentalement hostile aux femmes. Un peu de droit divin, beaucoup de droit du plus fort, une marge effrayante pour l’arbitraire. La jeune Nasrin, elle, trace sa voie à l’université Chahid-Behechti, où elle s’affirme féministe et laïque. Un drôle d’oiseau dans l’Iran de ces années-là. Diplômée en 1995, elle est déjà suspecte, et signalée par ses professeurs comme « élément perturbateur ». Le barreau de Téhéran la fera lanterner huit ans avant de lui accorder le droit d’exercer. L’intelligentsia de Téhéran Pour vivre, elle écrit dans des journaux réformateurs. Elle y croise un graphiste, Reza Khandan, qu’elle épouse bientôt. Tous deux respirent l’air de liberté qui souffle dans le pays après l’élection du président Mohammad Khatami (1997-2005). Ils croient à la capacité de ce religieux, entouré d’esprits progressistes, de réformer le « système »… Leur déception, face à son échec, ne s’effacera jamais.
Cette avocate de 56 ans est aujourd’hui la prisonnière la plus célèbre de la République islamique. Son cas fait l’objet d’une mobilisation importante à l’étranger.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/20/nasrin-sotoudeh-martyre-du-regime-iranien-et-icone-des-droits-humains_5478791_3210.html
mlsum-fr-2016
Coucher de soleil à Cayeux-sur-Mer (Somme), le 29 juin. PASCAL ROSSIGNOL / REUTERS Les coups de chaud s’enchaînent. Vingt et un départements du sud-ouest et du centre-est de la France ont été placés en vigilance orange pour canicule à partir du lundi 22 juillet à 6 heures par Météo-France. Moins d’un mois après une vague de chaleur déjà exceptionnelle, ce nouvel épisode caniculaire « épargnera peu de régions », précise l’organisme météorologique. « A partir de lundi, la hausse des températures maximales va être spectaculaire », a prévenu dimanche l’institut, qui voit notamment une augmentation d’« une dizaine de degrés par rapport à la veille sur le Sud-Ouest ». Pour l’heure, cette vigilance orange concerne l’Ardèche, l’Ariège, l’Aveyron, la Charente, la Charente-Maritime, la Corrèze, la Dordogne, la Drôme, la Haute-Garonne, le Gers, la Gironde, l’Isère, les Landes, le Lot, le Lot-et-Garonne, les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, le Rhône, le Tarn, le Tarn-et-Garonne et la Haute-Vienne. Selon Météo-France : « La masse d’air chaude et sèche à l’origine de cette hausse spectaculaire gagnera peu à peu vers le nord. La vigilance orange canicule s’étendra donc rapidement à de nombreuses régions. Il faudra attendre vendredi pour que les températures commencent à fléchir par la façade atlantique. » La ministre de la santé, Agnès Buzyn, a demandé la diffusion « dès lundi matin sur les antennes télévisuelles et radiophoniques des spots rappelant les conseils de prévention », selon un communiqué diffusé dimanche. La plate-forme d’information Canicule Info Service, accessible au 0800 06 66 66 (numéro vert), reprendra également du service. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Canicule : « En ville, planter des arbres est la solution la plus intéressante pour éviter la montée des températures » Une avance pour les éleveurs Cette nouvelle canicule va s’installer sur la France alors que le pays souffre déjà d’un manque de pluie (73 départements sont concernés par des restrictions d’eau) et va de nouveau mettre à l’épreuve les habitants des grandes villes, soumis à des températures plus chaudes et au risque de pollution à l’ozone. Pour aider les éleveurs, le ministre de l’agriculture a annoncé que neuf départements supplémentaires seraient concernés par la clause de force majeure pour leur permettre de « faucher les jachères, pour pouvoir nourrir leurs animaux, car il n’y a tout simplement plus d’herbe dans les pâturages pour les alimenter ». Vingt-quatre départements du Centre et du Sud étaient déjà concernés depuis le 1er juillet par cette mesure exceptionnelle, acceptée par l’Union européenne. Le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, a aussi annoncé dimanche soir au Parisien que le gouvernement allait demander le versement anticipé d’une partie des aides européennes aux agriculteurs, soit une avance de trésorerie de 1 milliard d’euros. Lire aussi Le retour de la canicule va aggraver la sécheresse qui touchait déjà la France En juin, une canicule exceptionnelle par sa précocité et son intensité avait fait suffoquer une grande partie du pays pendant plusieurs jours. Les 46 °C ont été atteints pour la première fois dans l’Hexagone. Il y a une semaine, le mercure atteignait 21 °C à Alert, endroit habité le plus au nord de la planète, à moins de 900 km du pôle Nord, établissant un « record absolu » de chaleur pour cette station.
Moins d’un mois après une chaleur déjà exceptionnelle, 21 départements sont en vigilance orange, avec des températures supérieures à à 42 °C.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/07/21/la-canicule-fait-son-retour-dans-21-departements-places-en-vigilance-orange_5491840_3244.html
mlsum-fr-2017
Moussa Faki Mahamat, président de la Comission de l’Union africaine à Niamey, au Niger, le 4 juillet 2019. ISSOUF SANOGO / AFP « Le processus a été éprouvant. » La confession est de Prudence Sebahizi, conseiller technique en chef de la Commission de l’Union africaine (UA) sur la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Eprouvant, « mais aussi excitant ». Après quatre années de négociations, l’heure est aux célébrations à Niamey (Niger), où les chefs d’Etat et de gouvernement africains vont lancer la « phase opérationnelle » de ce marché commun, à l’occasion d’un sommet extraordinaire de l’UA, dimanche 7 et lundi 8 juillet. Lire aussi L’Ethiopie, membre prudent du nouveau marché commun africain « Gardez à l’esprit que les négociations ont commencé en 2015. Nous sommes maintenant en 2019. La première phase est presque terminée. Un tel accord ratifié en quatre ans, c’est remarquable ! Cela montre l’engagement politique » des dirigeants, se réjouit David Luke, coordinateur du Centre africain pour les politiques commerciales à la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU, qui a accompagné l’UA dans le processus de négociations. « Ils devaient réagir » Ce projet phare de l’UA avait déjà été imaginé par les pères fondateurs de son ancêtre, l’Organisation de l’unité africaine. Evoqué à plusieurs reprises, le projet était pourtant resté dans les tiroirs jusqu’en 2012, quand une décision de l’UA sur la stimulation du commerce intra-africain a finalement été adoptée. La décision de lancer le processus de négociations pour une zone de libre-échange a été prise trois ans plus tard. Les choses se sont ensuite accélérées, surtout à partir de la signature de l’accord par 44 pays, le 21 mars 2018 à Kigali, au Rwanda. « Le leadership actuel [de l’UA] a davantage la volonté politique de faire en sorte que cela fonctionne », pense Talkmore Chidede, chercheur au Centre juridique sud-africain Tralac. Pour Melaku Desta, consultant indépendant auprès de la Commission de l’Union africaine, ce coup d’accélérateur résulte en partie d’une prise de conscience des dirigeants africains, inquiets d’être « les grands perdants de l’échec du processus multilatéral ». Alors que les négociations du cycle de Doha, menées au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), se désagrégeaient, un certain nombre d’accords régionaux ont commencé à s’esquisser : l’Europe et les Etats-Unis parlaient d’un traité de libre-échange transatlantique, l’administration Obama portait l’accord sur le partenariat transpacifique. « Les dirigeants africains ont compris que les règles commerciales seraient désormais élaborées dans le cadre d’arrangements régionaux excluant le continent. Ils devaient réagir », analyse M. Desta. Lire aussi Le marché commun africain : un immense potentiel mais encore beaucoup de travail La solution ? Doper le commerce interafricain en intégrant davantage des marchés aujourd’hui très fragmentés. Un vaste chantier, compte tenu des contraintes tarifaires mais également des barrières dites non tarifaires comme la corruption aux douanes, le temps d’attente aux frontières, ou la piètre qualité des infrastructures. Autant d’obstacles qui ont jusqu’à présent limité le commerce entre les pays du continent. Les négociations n’ont pas été un long fleuve tranquille. « Lorsque 55 pays siègent ensemble, chacun d’eux propose un agenda différent et le plus petit problème peut facilement mener à une impasse », poursuit M. Melaku. Une telle ouverture commerciale, prévoyant la suppression de 90 % des barrières tarifaires, a inévitablement suscité des craintes. Ainsi le Nigeria n’a-t-il cessé de tergiverser, de peur que ce marché commun ne compromette son programme d’industrialisation. Tout en participant aux négociations, les autorités de la deuxième plus grosse économie africaine ont multiplié les consultations avec les syndicats et le patronat. Dans un tweet laconique, le président Muhammadu Buhari a finalement annoncé, mardi, son intention de signer l’accord à Abuja. Sans montrer autant d’hésitations, l’Afrique du Sud s’est aussi montrée très pointilleuse, d’après M. Chidede. « Les entreprises sud-africaines, telles que l’industrie automobile, essaient de tirer le meilleur parti de l’accord en veillant à ce que les règles d’origine et les listes de concession tarifaires leur soient favorables », explique-t-il. « Une erreur historique à corriger » Il a fallu de la patience aux négociateurs pour rassurer les plus frileux, et tenter de répondre aux interrogations, sur l’avenir des communautés économiques régionales par exemple, au nombre de huit à l’UA, et des accords bilatéraux avec des entités non africaines. « Les négociations ont été accompagnées d’un certain nombre d’études techniques, menées tout du long. Nous avons dû passer par un long processus pour expliquer à tous les Etats membres quels sont les défis et les avantages », explique M. Sebahizi. Un groupe de sept pays s’est également constitué pour faire entendre leur voix et demander des flexibilités. Ils devraient obtenir gain de cause, en se voyant octroyer des périodes de transition plus longues. « Mais ils devraient atteindre le même niveau de libéralisation que les autres d’ici à quinze ans », selon Guillaume Gerout, consultant auprès de la CEA qui rappelle que ces négociations se traitent au plus haut niveau, par le champion de la Zlecaf, le président de la République du Niger, Mahamadou Issoufou. Lire aussi En Afrique de l’Ouest, un projet risqué de monnaie commune « Les défis auxquels nous sommes désormais confrontés sont énormes. Ce que nous avons fait, c’est une promenade dans le parc qui ne nous a pas préparés à ce qui nous attend », pense Melaku Desta. Mais, pour David Luke de la CEA, le jeu en vaut la chandelle : « Une anomalie historique est en cours de correction. La manière dont l’Afrique a été intégrée à l’économie mondiale par le colonialisme il y a plusieurs siècles a eu pour effet que le commerce des produits africains n’est dirigé que hors du continent. Ce n’est pas normal. Partout ailleurs, vous commercez avec vos voisins. Le colonialisme a déformé ce qui devrait être la croissance naturelle du commerce. »
Inquiets d’être les grands perdants des grands accords mondiaux, les dirigeants africains ont donné un coup d’accélérateur aux négociations débutées en 2015.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/07/zone-de-libre-echange-africaine-ratifier-un-tel-accord-en-quatre-ans-est-remarquable_5486558_3212.html
mlsum-fr-2018
« Le véhicule était engagé » sur les voies, a déclaré le procureur de la République de Reims. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP Une assistante maternelle et trois enfants qu’elle transportait sont morts, lundi 15 juillet, dans une collision entre leur véhicule et un TER, à un passage à niveau de la commune d’Avenay-Val-d’Or (Marne). Quatre voyageurs du TER ont été légèrement blessés, pris en charge par les pompiers, et le conducteur du train est extrêmement choqué, selon la SNCF qui a détourné la circulation ferroviaire. Une enquête de gendarmerie est en cours. « Sous réserve de l’enquête, les premières constatations semblent montrer que la signalisation et les barrières étaient en état de fonctionnement. La barrière est pliée dans le sens route vers voie », a indiqué au Monde une source qui a eu accès aux comptes rendus initiaux de l’accident. La barrière était « enfoncée » et le « véhicule engagé » sur les voies, a confirmé le procureur de la République de Reims. « Aucun élément ne permet de savoir à cette heure pour quel motif le véhicule s’était engagé alors que les signaux et le système de barriérage semblaient inviter à ne pas franchir le passage à niveau à l’approche d’un train », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse. Selon la préfecture, l’accident s’est produit vers 9 h 54, sur la D201 reliant Ay-Champagne à Avenay-Val-d’Or, entre une voiture et le TER qui assurait la liaison entre Epernay et Reims. Le parquet de Reims a décidé d’ouvrir une enquête en recherche des causes de la mort. La section de recherche de Reims et la brigade de recherche d’Epernay sont cosaisies. Lire aussi Les questions qui se posent après la collision entre un car scolaire et un TER à Millas Centre d’accueil La préfecture de la Marne a ouvert un centre d’accueil des impliqués à la salle communale d’Avenay-Val-d’Or afin d’accueillir les passagers du train. Une cellule d’urgence médico-psychologique a également été mise en place et elle est tenue par le SAMU. Les sapeurs-pompiers et la gendarmerie nationale sont rapidement intervenus, sous le pilotage de la préfecture, pour secourir les passagers et sécuriser la route. Douze véhicules de pompiers et 28 sapeurs-pompiers sont sur place. Sont également sur les lieux la section de recherche de Reims, un hélicoptère de la section aérienne de Metz, la directrice de cabinet de la préfecture, le substitut du procureur de la République et le commandant du groupement de gendarmerie de la Marne. D’après un tweet de TER Grand Est, la circulation ferroviaire entre Reims et Epernay « devrait reprendre (mardi) ». Ce drame ravive la mémoire de la catastrophe de Millas, dans les Pyrénées-Orientales. Le 14 décembre 2017, six enfants ont trouvé la mort après que leur car scolaire a été percuté à un passage à niveau. On compte en France 15 405 passages à niveau, selon le récent rapport commandé après l’accident de Millas à la députée (LRM) des Pyrénées-Orientales, Laurence Gayte. Ils ont été le théâtre de 96 collisions l’an dernier qui ont provoqué la mort de 16 personnes. En France, la SNCF consacre 120 millions d’euros par an à l’amélioration de la sécurité, éliminant en priorité les passages à niveau classés comme les plus dangereux. Ces derniers sont aujourd’hui au nombre de 155. Mais ni le passage à niveau d’Avenay-Val-d’Or, ni celui de Millas n’entraient dans cette catégorie.
Selon le maire d’Avenay-Val-d’Or, « le véhicule aurait percuté la barrière fermée » du passage à niveau au moment où le train passait.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/15/marne-une-femme-et-trois-enfants-tues-dans-une-collision-entre-un-ter-et-une-voiture-a-un-passage-a-niveau_5489639_3224.html
mlsum-fr-2019
Top 5 des véhicules électriques en entreprise 1. RENAULT ZOE : 5 019 immatriculations Renault ZOE. Renault Déjà numéro 1 des ventes de voitures électriques en France et numéro 2 en Europe, la Renault Zoe est proposée désormais dans une nouvelle version mieux équipée et surtout dotée d’une puissance de 130 ch. Avec sa batterie de 52 kWh et son autonomie poussée à 400 km, la Zoe devrait offrir de nouveaux usages à ses utilisateurs et résister à l’arrivée de la version électrique de la nouvelle Peugeot 208. Prix : à partir de 23 900 €. 2. TESLA MODEL 3 : 1 783 immatriculations Tesla model 3. Tesla Tesla vient de commercialiser la Model 3, déjà numéro 1 des ventes en Europe. Cette élégante berline familiale est dotée de toute l’originalité mais aussi des technologies d’avant-garde proposées depuis ses origines par la marque californienne. Il en va ainsi du système « autopilot », permettant à son conducteur de bénéficier de la conduite semi-autonome. Ce modèle offre une autonomie réelle de 346 km à 500 km selon le pack de batteries choisi. Prix : à partir de 48 600 €. 3. NISSAN LEAF E+ : 883 immatriculations Nissan LEAF. Nissan Avec une autonomie de 385 km, la Nissan Leaf E+ s’aligne sur ses concurrentes. Principale nouveauté de ce modèle, sa capacité de batterie est portée à 62 kW et la puissance grimpe à 217 ch contre 150 ch auparavant. Mais l’attrait particulier de la nouvelle Nissan Leaf se porte sur son système de conduite e-pedal, qui permet d’accélérer, de freiner et s’arrêter en n’ayant à utiliser que la pédale d’accélérateur. Prix : 43 700 €. 4. BMW i3 : 687 immatriculations BMW i3. BMW Lancée en 2013, la petite BMW i3 sera-t-elle renouvelée sur ce segment premium électrique ? Rien n’est moins sûr. Ses ventes ont pourtant connu un regain depuis que l’an passé, la marque a porté son autonomie à 310 km grâce à une capacité de batterie de 42 kWh. Cossu et dynamique, avec une puissance de 170 ch (125 kW), ce modèle au design novateur passe de 0 à 100 km/h en 7,3 secondes. D’où une consommation électrique annoncée pour 13 kWh/100 km qui peut s’élever rapidement. Prix : 39 950 €. 5. KIA e-NIRO : 434 immatriculations Kia e-Niro. Kia Cinquième meilleure vente aux entreprises depuis le début de l’année dans le domaine des voitures électriques, le SUV Kia e-Niro séduit par son confort, son prix raisonnable et la taille de sa batterie, qui lui accorde une autonomie de près de 455 km. Avec 64 kWh, celle-ci alimente un moteur de 204 ch qui développe un couple de 395 Nm et abat le 0 à 100 km/h en 7,8 secondes. Autre source de son succès, le Kia e-Niro est garanti 7 ans ou 150 000 km. Prix : 42 500 €. Top 5 des voitures hybrides rechargeables en entreprise VOLVO XC 60 T8 : 1 052 immatriculations Volvo XC60. Volvo Zen sur la route, bien finie et très confortable, la Volvo XC 60 est une véritable alternative aux modèles premium allemands de sa catégorie ; notamment dans cette version T8 Twin Engine qui lui accorde un surcroît de puissance et d’aisance. Cette version hybride rechargeable aligne en effet une puissance de 407 chevaux, 620 Nm de couple et près de 40 km d’autonomie électrique. Cet hybride qui réalise le 0 à 100 km/h en 5,3 secondes est aussi annoncé pour 2,1 l/100 de consommation mixte et 49 g de CO 2 /km. Prix : 67 380 €. RANGE ROVER SPORT : 899 immatriculations Range Rover sport. Range Rover Premier véhicule hybride rechargeable de la gamme Land Rover, ce luxueux 4 x 4 gagne en sportivité et en performance tout en échappant au malus. Ainsi « électrifié », le Range Rover Sport P400e développe la bagatelle de 404 ch et réalise le 0 à 100 km/h en 6,7 secondes. L’autonomie électrique du Range Rover Sport se limite à 40 km, ce qui lui permet cependant d’être homologué pour une consommation de 3,1 l/100 km et des émissions de 71 g de CO 2 /km. Prix : 91 700 €. MINI COUNTRYMAN SE eALL4 : 729 immatriculations Mini Countryman SE. www.guenterschmied.com La Mini Countryman SE avec son look de petit SUV et sa motorisation hybride rechargeable trouve une part de sa clientèle parmi les flottes d’entreprise. Elle est dotée d’un moteur 1,5 I de 136 ch à l’avant associé à un moteur synchrone à aimant de 88 ch sur l’essieu arrière. Ainsi équipée, cette Mini hybride dispose ainsi de l’équivalent d’une transmission de 4 x 4 et peut parcourir une trentaine de kilomètres en mode électrique. Prix : 42 700 €. VOLVO XC90 T8 : 699 immatriculations Volvo XC90. Volvo Du luxe, du bien-être, de la technologie et de la sécurité, le premium selon Volvo est illustré par son SUV XC90 dans sa version T8 hybride rechargeable. Doté d’une puissance globale de 420 ch, le porte-drapeau de la marque suédoise affiche seulement 48 g/km de rejet de CO 2 pour une consommation de 2,1 I/100 km. Commercialisé aux entreprises à 40 % dans cette version Plug-in, le XC90 permet de couvrir 43 km en mode électrique. Prix : à partir de 80 900 €. MITSUBISHI OUTLANDER PHEV : 427 immatriculations Mitsubishi Outlander. Mitsubishi Bien installés sur le marché des SUV hybrides rechargeables, le Mitsubishi Outlander PHEV vient de faire peau neuve, est homologué désormais avec des émissions de CO 2 de 40 g/km et offre une autonomie de 54 km en mode électrique. Il conserve toujours la même technologie associant un moteur 2,4 l de 135 ch et deux moteurs électriques de 82 et 95 ch. Ce modèle bénéficie d’une garantie de 5 ans et de 8 ans pour sa batterie. Prix : 36 990 €.
Voici les top 5 des immatriculations, pour les neuf premiers mois de 2019, des deux catégories en flotte d’entreprise, selon les chiffres de l’Arval Mobility Observatory.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/10/22/flottes-d-entreprise-le-hit-parade-de-l-electrique-et-de-l-hybride_6016461_3234.html
mlsum-fr-2020
Ni les façades en aluminium doré ni les couloirs noirs graphés façon street art de l’hôtel Jo&Joe ne le laissent deviner : une structure entièrement en bois porte les sept étages de cet établissement qui réinvente les codes de l’auberge de jeunesse. Ouvert en avril le long du périphérique à Gentilly (Val-de-Marne), l’hôtel du groupe Accor témoigne de l’incroyable propagation de la construction en bois dans l’Hexagone. Une banalisation dont le meilleur signe est que le bois… est invisible. « On l’utilise comme n’importe quel matériau, sans dogmatisme », assume Jean-Paul Viguier. L’architecte de l’hôtel mène plusieurs projets en bois, dont une tour de dix-sept étages pour Eiffage immobilier, « Hypérion », actuellement en chantier à Bordeaux. Les sept étages de l’hôtel Jo&Joe à Gentilly, conçu par l’architecte Jean-Paul Viguier, sont formés d’une structure entièrement en bois, recouverte d’aluminium anodisé. TAKUJI SHIMMURA Le paradoxe laisse songeur : pendant qu’architectes et gouvernants se demandent s’il ne faut pas rebâtir en métal ou en béton la charpente en chêne de Notre-Dame, la construction en bois connaît une brusque montée de sève. Ensembles de logements et immeubles de bureaux en bois fleurissent dans toute la France, atteignant dix ou quinze étages. Le mouvement amorcé il y a cinq ans dans la foulée du plan Nouvelle France industrielle d’Arnaud Montebourg s’est emballé. Au point d’obliger la filière comme le secteur de la construction à s’adapter dare-dare. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La construction en bois prend de la hauteur en France La métropole de Strasbourg inaugure mardi 11 juin un immeuble de 146 logements, « Sensations », dont les onze étages utilisent du bois des murs aux planchers en passant par les cages d’ascenseurs. Culminant à 38 mètres de haut, ce bâtiment construit par Bouygues Immobilier sera pour un temps le plus haut de France en bois… A Nanterre, se prépare l’« Arboretum », un campus de 130 000 mètres carrés de bureaux en bois massif ; à Saint-Denis se construit « WoodWork », un bâtiment de 9 000 m2 de bureaux… On pourrait continuer longtemps. « Ce n’est pas un effet de mode, c’est une lame de fond qui révolutionne le paysage immobilier, analyse Julien Pemezec, le président du promoteur Woodeum, qui s’est spécialisé dans la construction en bois. Les gens ont de plus en plus la volonté de faire un investissement responsable. » A Strasbourg, l’immeuble en bois « Sensations », construit par Bouygues Immobilier, culmine à onze étages et 38 mètres de haut. INFIME
L’utilisation de plus en plus fréquente du bois pour de grands projets urbains dans toute la France met la filière économique au défi de s’adapter.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/10/des-gratte-ciel-aux-jeux-olympiques-la-ville-a-l-heure-du-bois_5474039_3234.html
mlsum-fr-2021
Une station-service à Luanda, en Angola, en novembre 2018. RODGER BOSCH / AFP L’Angola, l’un des principaux producteurs de brut d’Afrique subsaharienne, va se doter d’une seconde raffinerie afin de réduire sa dépendance aux importations des dérivés du pétrole et tenter de limiter les pénuries de carburant, a annoncé la Sonangol, la compagnie pétrolière nationale. « La Sonangol et United Shine ont signé un accord […] pour la construction d’une raffinerie de pétrole brut » dans la province angolaise de Cabinda (nord), selon un communiqué de la société angolaise publié à l’occasion de la conférence « Gaz et Pétrole en Afrique » qui se tenait du mardi 4 au jeudi 6 juin à Luanda. La raffinerie traitera 60 000 barils de brut par jour pour produire des dérivés du pétrole, comme du diesel, de l’essence et du fuel. Lire aussi Une nouvelle unité de Total entre en production au large de l’Angola La Sonangol a par ailleurs annoncé l’augmentation, d’ici à deux ans et demi, de la capacité de production de la raffinerie de Luanda. Ce projet, conclu avec la société italienne ENI, doit permettre de « quadrupler la production d’essence riche en octane […] afin de réduire les besoins d’importations », selon un autre communiqué de la Sonangol. Pénuries de carburant Ces deux initiatives devraient aussi réduire les pénuries de carburant qui paralysent régulièrement l’Angola. « Compte tenu du fait que l’Angola importe environ 80 % des dérivés du pétrole qu’il consomme par manque de capacité de raffinage, l’exécutif a fait de la construction » de raffineries l’une de ses priorités, a déclaré le président Joao Lourenço lors de la conférence à Luanda. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Angola, la quête périlleuse du pétrole en haute mer L’Angola produit plus de 1,4 million de barils de brut par jour, juste derrière le Nigeria. Mais comme le pays ne dispose actuellement que d’une raffinerie, l’essentiel de son brut est raffiné à l’étranger. Depuis la chute en 2014 des cours du pétrole, principale ressource du pays, l’économie de l’Angola peine à se relever. La Sonangol rencontre elle-même de sérieuses difficultés financières. Joao Lourenço, qui fait souffler un vent nouveau sur l’Angola depuis son arrivée au pouvoir en 2017, s’est fixé comme objectif de relancer l’économie du pays.
Le pays produit 1,4 million de barils de brut par jour, dont l’essentiel est pour l’instant raffiné à l’étranger.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/06/07/l-angola-va-construire-une-seconde-raffinerie-de-petrole_5472787_3212.html
mlsum-fr-2022
M Le magazine du Monde Du sexe avec Zep Zep, le dessinateur suisse, publie une nouvelle série de gags autour de la vie amoureuse et sexuelle de ses contemporains, dix ans après un premier volume remarqué sur le même sujet (350 000 exemplaires vendus). Il fait assaut de drôlerie pour se moquer des mille et une façons de chercher le plaisir au lit (ou ailleurs), revisitant les pratiques d’aujourd’hui et l’actualité du moment. Si le sexe n’échappe pas aux promesses que font miroiter les technologies, les enjeux ne changent pas, nous dit Zep – ainsi la difficulté universelle des hommes à trouver le clitoris. Entre fanfaronnades et fantasmes, les hommes en prennent pour leur grade dans ce petit précis d’érotisme. Happy Sex 2, de Zep, Delcourt, 64 pages, 17,50 €. Un petit déj’ éphémère Hors des sentiers battus, nombreux sont les jeunes chefs à abandonner le format du restaurant classique. Luca Pronzato, ancien du Noma, sommelier et entrepreneur, a imaginé ONA, un concept de pop-up restaurants qu’il décline dans le monde entier. A chaque fois, il réunit un lieu exceptionnel, un jeune chef et des producteurs locaux pour une expérience inédite. Après Lisbonne, au printemps, il s’installe du 27 septembre au 7 octobre dans un appartement avec rooftop dans le quartier du Châtelet, à Paris. L’adresse est gardée secrète jusqu’au moment de la réservation. En cuisine, Michael Watson et la chef pâtissière Charlotte Billecoq imaginent un petit déjeuner et un goûter en plus de dix services. Loin du simple pain beurré, ils proposent des repas gastronomiques et contemporains pendant dix jours… Ils reviendront à Paris avec un nouveau concept avant la fin de l’année. Réservations pour l’ONA. 50 € le petit déjeuner, 40 € le goûter. Des menus de verdure Au Polichinelle, à l’Hôtel Yooma, à Paris, le duo Steve Buggraf (fondateur de Big Fernand) et le pâtissier Christophe Michalak propose un lieu « bon, beau et vivant ». Ni viande ni poisson parmi la profusion de mets : on a ici affaire à un buffet légumier. Tout respecte le trio bio-local-de saison. Parmi les plats qui font envie, on retient surtout les tartes sucrées et salées proposées au mètre, et la mousse au chocolat qui fait la fierté de Michalak. Un potager sur le toit alimente les cuisines et surtout le bar à cocktails, dirigé par Jennifer Le Néchet, championne du monde de cocktails 2016. Là encore, Polichinelle mise sur le tout-français avec une carte « à forte teneur en fruits, légumes et aromates ». Polichinelle, 51-53, Quai de Grenelle, Paris 15e. Une expo dansante A Paris, les visiteurs se pressent à l’exposition « Back Side » au Musée Bourdelle, où le commissaire Alexandre Samson s’intéresse à la manière dont les créateurs ont travaillé le dos des tenues. Pour un autre point de vue, direction La Haye, aux Pays-Bas. Le Musée municipal y consacre une exposition aux liens entre la mode et la danse. « Parmi les 150 modèles que nous exposons, nous retrouvons les créations des couturiers Viktor & Rolf, Christian Lacroix, Yves Saint Laurent ou encore Iris van Herpen réalisées pour des ballets, détaille la commissaire Madelief Hohé. Mais aussi des pièces streetwear dérivées du hip-hop, des tutus et des robes de bal datant du XVIIIe siècle pour les plus anciennes, lorsque les ballets de cour étaient chorégraphiés de manière comparable aux Fashion Weeks d’aujourd’hui ; des tenues des films de danse comme celles réalisées par Rodarte pour Black Swan ». Côté scénographie, l’exposition se divise en quinze pièces et autant d’ambiances différentes : reconstitution d’une salle de danse, décoration à la versaillaise ou encore décor de Ballets russes où l’on trouve une robe signée Mariano Fortuny, portée sur scène par Isadora Duncan. « Let’s Dance ! Le vêtement entre dans la danse : des tutus aux sneakers », Gemeentemuseum Den Haag, La Haye, du 28 septembre au 12 janvier 2020. Des recettes coquines Qui aurait cru que des recettes de zuppa inglese et de salade de poissons puissent être considérées comme cultes ? En 1969, l’artiste américaine Dorothy Iannone, objet d’une rétrospective à Beaubourg, conçoit un livre de cuisine où s’entremêlent envolées érotiques, réflexions sur la nourriture et références à l’art brut. Longtemps introuvable, l’ouvrage, qui a acquis une dimension légendaire, est aujourd’hui disponible. Dorothy Iannone, Cookbook, Presses du réel, 60 pages, 30 €. Un café arty En chemin vers la rétrospective Iannone, faire un arrêt au Central. Sur la mezzanine du Centre Pompidou, les frères Costes ont installé un snack-bar dont le décor a été pensé par Jaime Hayón. Cet Espagnol venu au design par le skate et le graff cultive un style singulier fait de courbes et de couleurs franches. Pour structurer l’espace, il a fait ériger de hautes parois de verre coloré qu’il a parsemées de ses dessins à main levée, entre street-art et Joan Miró. Depuis ces alcôves préservées du bruit, le regard porte sur le hall rempli des files d’attente de visiteurs. Dans le reste de l’espace, Hayón a disséminé des assises élaborées pour Magis et Viccarbe et des chapelets de lampes aux formes bigarrées. Un décor qui tranche avec la carte, sans éclat. Le Central, Centre Pompidou, rue Beaubourg, Paris 4e. Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 11 heures à 21 heures, le jeudi jusqu’à 23 h. Des blancs sains Boire après sa séance de yoga : et pourquoi pas ? Mais, une fois détendu, le corps n’a pas envie d’être bousculé par des saveurs mordantes, tanniques ou trop acides. Sec et tranquille, le blanc 2015 du Domaine Chevrot et Fils est tendre, onctueux, tout en étant dense : bref, idéal. Pour ne rien gâter, il est bio, pur, on le croirait presque capable d’ouvrir les chakras… Un millésime que l’on peut garder, mais déjà bien en place. Le corps et l’esprit trouveront aussi un bon équilibre avec ce Domaine Luneau-Papin, porté aux nues par cette excellente cuvée. Ce muscadet (bio) minéral, à la matière déliée, se distingue par ses saveurs salines et ses notes citronnées dénuées d’agressivité. Un vin qui fait vraiment du bien.
Un livre, une exposition ou un restaurant ? Suivez les recommandations de « M Le magazine du Monde », qui goûte à tous les domaines afin de vous proposer une activité par jour.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/30/bd-de-zep-vin-post-yoga-cuisine-erotique-les-7-idees-de-la-semaine_6013574_4500055.html
mlsum-fr-2023
(De gauche à Droite) Pascal Razakanantenaina, Romain Metanire, Thomas Fontaine, Jerome Mombris, Marco Ilaimaharitra, Melvin Adrien, Anicet Andrianantenaina, Ibrahim Amada et Charles Andriamahitsinoro en pleine Coupe d’Afrique des Nations 2019 (CAN), le 30 juin 2019. (Photo de Giuseppe CACACE / AFP) GIUSEPPE CACACE / AFP Un vent de liesse souffle sur la Grande île depuis le 16 octobre 2018. C’est ce jour-là que la sélection nationale malgache a arraché la première qualification de son histoire pour la CAN. Au stade Vontovorona, à une heure de la capitale, où l’équipe jouait contre la Guinée, Njiva Rakotoharimalala a marqué à la 37e minute le but qualificateur, soutenus par des supporters venus en foule en taxi-brousse, malgré la chaleur de la saison sèche et la piste cahoteuse qui amène à l’enceinte. Et ce n’était qu’un début… Le « Petit Poucet » malgache - comme la surnomme affectueusement Nicolas Dupuis, son sélectionneur a depuis battu le « Goliath » nigérian, et décroché sa place pour les huitièmes de finale. Dans ce pays où 75 % de la population vit avec moins de deux euros par jour et où les salaires des joueurs restent modestes, la performance de l’équipe de la Grande île est unanimement saluée. Ce parcours sans faute des Barea de Madagascar était totalement inattendu puisque en 72 ans d’existence ils n’avaient jamais participé à un tournoi continental ou international, à l’exception de la Coupe COSAFA (compétition qui oppose les équipes nationales d’Afrique Australe). Derrière cette prouesse, il y a ces joueurs, devenus les idoles. Lalaina Nomenjanahary C’est sans conteste le buteur star de la sélection de Nicolas Dupuis. Surnommé “Bolida” en raison de sa vitesse, la star a commencé à jouer dans la rue. Repéré à 9 ans et formé à l’Ajesaia (Association des jeunes sportifs de l’avenir inter-arrondissement ; club de football de la capitale qui possède aussi une école), Lalaina Nomenjanahary y reste jusqu'à son bac. Il se révèle au Racing Club de Lens, avant de s’envoler vers le Paris FC en 2016, un club de Ligue 2. Faneva Imà Andriatsima C’est le capitaine emblématique des Barea. L’attaquant joue actuellement au Clermont Foot 63, en Ligue 2. Avant il avait été repéré par le FC Nantes alors qu’il évoluait encore dans un club de foot de la capitale dont il est originaire. Avec 13 buts à son actif, c’est le meilleur buteur de la sélection nationale, dont il fait partie depuis 2010. Jérémy Morel Dernier arrivé dans la sélection, Jérémy Morel est le joueur le plus expérimenté. Il a débuté sa carrière au FC Lorient, et a exercé par la suite à l’Olympique de Marseille puis à l’Olympique Lyonnais. En dépit de ce temps passé en France, la naissance de son père à Diego-Suarez, dans le nord de l’Île, a permis à Jérémy Morel de rejoindre la sélection nationale le 26 octobre 2018. Lire aussi CAN 2019 : le président malgache affrète un avion spécial pour les supporteurs des Zébus Carolus Andriamanitsinoro De son vrai prénom Charles, c’est l’attaquant-héros du match contre le Nigéria. Sacré meilleur buteur du championnat d’Arabie Saoudite, il a joué durant sept années pour plusieurs clubs en Algérie, pays dont il possède la nationalité. Anicet Andrianantenaina Abel Privé de terrain pendant 8 mois à cause d’une blessure, Abel Anicet a finalement été appelé par Nicolas Dupuis. Enfant de l’Ajesaia, il part à 14 ans rejoindre le club d’Auxerre et effectue la totalité de son parcours professionnel en Bulgarie comme milieu de terrain. Il est le premier malgache à marquer lors de la CAN et inscrit le premier but de la sélection contre la Guinée le 22 juin 2019 lors d’un des matches de poule.
C’est la belle surprise de la Coupe d’Afrique des nations. Ce dimanche 7 juillet, les Zébus ont éliminé les Léopards de la République démocratique du Congo en huitièmes de finale. C’est parti pour les quarts !
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/07/can-les-cinq-footballeurs-cle-du-succes-de-madagascar_5486530_3212.html
mlsum-fr-2024
Vincent échange une balle de tennis avec sa mère Jeanine, dans un parc à Cébazat, près de Clermont-Ferrand, le 14 juillet. NABILA EL HADAD / HANS LUCAS POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Aujourd’hui, Vincent Lambert est mort. Et Jeanine Zanatta roule une cigarette. Elle ne veut pas faire part tout de suite de ce qu’elle ressent à l’annonce de cette nouvelle d’ampleur nationale. Elle préfère, d’abord, fumer un mélange agréable de tabac doux et légèrement sucré, puis raconter que son fils, un autre Vincent, bien plus anonyme, a eu son accident de la route dans la nuit du 14 au 15 juillet 2012. Il était plombier, il venait de finir de construire sa maison, il avait 26 ans. C’était il y a sept ans, quasiment jour pour jour. C’est pour cela qu’aujourd’hui son histoire n’est pas facile à raconter. Elle se souvient que, quand elle l’a vu pour la première fois, après, allongé sur le lit des urgences du CHU de Clermont-Ferrand, les dégâts étaient imperceptibles de l’extérieur, son fils avait un visage magnifique, mais, à l’intérieur de sa tête, tout était devenu à la fois très vide et très compliqué. Pour le médecin, ce jour-là, le corps vivant de Vincent était même devenu une tombe, la tombe de son cerveau ébréché. En état de conscience minimale Après plusieurs examens, elle se souvient qu’un autre médecin lui a dit sans un sourire et avec une grande économie de mots : « Votre fils restera dans un pur état végétatif. » Elle se souvient qu’elle s’est sentie humiliée et angoissée, et qu’elle s’est entendue répondre : « Mais, moi, j’en ai rien à faire de ce que vous me dites. » Jeanine Zanatta a tenu parole, elle n’a jamais accepté cette situation. Vincent a mis trois ans pour lui rendre son premier sourire. « Un jour, on se promenait dans le jardin et mon ami a voulu faire le clown, il a pris un plot de chantier, vous savez les cônes orange et blanc, pour lui faire du bruit dans les oreilles. Vincent a sursauté et puis, après, il a éclaté de rire. C’était il y a quatre ans. Depuis, il rit beaucoup. Et depuis trois mois, aussi, il dit quelques mots. Comme “yaourt”. Il les aime pour le dessert. Et il aime quand sa grand-mère lui donne à manger, le soir. » Tout à l’heure, Jeanine Zanatta montera dans sa voiture, roulera jusqu’à la clinique des 6 Lacs, à Chamalières (Puy-de-Dôme), elle ira le coucher et le border. L’établissement a ouvert un service de confort de douze lits pour des patients en état de conscience minimale, dit « pauci-relationnel », ou cérébrolésés. Selon la loi Leonetti de 2005, l’avis est laissé au patient, ou à défaut à une personne de confiance, d’arrêter ou non les traitements médicaux. Ils sont environ 1 700 en France à poursuivre une vie différente. Des patients dont le corps n’est pas forcément blessé mais dont le cerveau, traumatisé, est très abîmé ; une activité cérébrale altérée qui les fait ressembler à des spationautes dérivant dans l’espace, ce qui fait aussi que leur destin est beaucoup plus tordu que celui des gens ordinaires.
Ils s’appellent Hugo, Vincent et Antoine. Leur cerveau a été gravement atteint à la suite d’un accident. Mais ces jeunes hommes ont réalisé des progrès après des années de soutien. Une joie pour leurs mères, dont les avis divergent sur le débat provoqué par la mort de Vincent Lambert, le 11 juillet.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/19/vivre-aux-cotes-de-ces-malades-au-cerveau-casse_5490974_4500055.html
mlsum-fr-2025
LA LISTE DE LA MATINALE Biographies, études thématiques sur un genre ou une période, souvenirs autobiographiques, dictionnaires, recueil façon « cent meilleurs disques »… L’édition fait régulièrement la part belle aux ouvrages consacrés à la musique, au sein de structures spécialisées ou dans des maisons généralistes. La rubrique musiques du service culture a retenu quelques parutions récentes. « Power pop – Mélodie, chœurs & rock’n’roll, 1970-2019 », de Christophe Brault Au début des années 1970, alors que les Beatles viennent de se séparer, une nouvelle génération de groupes émerge, adepte de mélodies sucrées et du durcissement des guitares. Quelque part entre pop-rock et hard rock, le genre Power Pop était né. Mais derrière l’insouciance de leurs mélodies et harmonies vocales, nombre d’entre eux ne récoltent que l’indifférence du grand public, voire tout au mieux un succès éphémère (tel My Sharona de The Knack). Christophe Brault, ancien disquaire, collaborateur radio et déjà auteur d’un ouvrage sur le rock garage chez le même éditeur, Le Mot et le reste, dresse un panorama complet et chronologique sur cette mouvance regorgeant de trésors méconnus (surtout entre 1977 et 1981), du pionnier Emitt Rhodes en passant par les figures Dwight Twilley, The Flamin’ Groovies, The dB’s… et quelques destins tragiques aussi (Badfinger, Phil Seymour…). Il faut saluer la volonté de mettre en avant certains disques plutôt que d’autres plus familiers (Wish You Were Here de Badfinger, Utopia, par la formation du même nom emmenée par Todd Rundgren) sans négliger non plus la première division (Blondie, Bangles, Cars…). On pourrait regretter au sein de cette sélection de 100 disques l’absence de Tommy Keene et des contemporains The Shins et The New Pornographers. Mais c’est aussi l’éternel dilemme inhérent à l’exercice. Franck Colombani « Power pop – Mélodie, chœurs & rock’n’roll, 1970-2019 », de Christophe Brault, éd. Le Mot et le reste, 252 p., 20 €. « The Big Love – Vie et mort avec Bill Evans », de Laurie Verchomin Ils se sont rencontrés après un concert, à Edmonton, en Alberta, au Canada, en avril 1979. Elle, Laurie Verchomin, jeune femme de 22 ans, alors serveuse. Lui, Bill Evans, pianiste de jazz, maître de l’impressionnisme musical. Bientôt amoureux, ils se retrouvent ici et là, finissent par vivre ensemble. Bill Evans meurt le 15 septembre 1980, des suites d’une hémorragie interne, détruit par ses addictions à l’héroïne et la cocaïne – qu’il s’injecte à la fin de sa vie –, une hépatite mal soignée, les tournées épuisantes, l’âme brisée par le suicide récent de son frère Harry. Cette vie commune de dix-huit mois, Laurie Verchomin l’avait écrite, dans The Big Love : Life and Death with Bill Evans, publié en 2010, à partir de souvenirs, de notes manuscrites, de lettres échangées, dorénavant traduit en français par Mario Paradis pour Jazz & Cie, la structure d’édition du mensuel Jazz magazine. Récit qui traite du quotidien du couple, y compris son intimité, ses joies, ses moments sombres, de l’acte artistique, du milieu du jazz. En accompagnement, un disque vinyle (33-tours au format 17 cm, celui des 45-tours), permet de revivre un instant de bonheur simple. Le 16 août 1979, l’anniversaire des 50 ans de Bill Evans est fêté chez un ami. Il se met au piano, joue quelques morceaux. Dont Laurie, dédiée à son amante, sa muse, son soutien, composition sur laquelle il est en train de travailler depuis quelques semaines. Sylvain Siclier « The Big Love – Vie et mort avec Bill Evans », de Laurie Verchomin, éd. Jazz & Cie, 144 p., avec 1 disque vinyle, 19,90 € . « Life From a Window – Paul Weller et l’Angleterre pop », de Nicolas Sauvage Ecrire (et publier) en France une somme de plus de 500 pages sur Paul Weller est un pari éditorial risqué. Icône du rock britannique depuis 40 ans, l’ancien chanteur de The Jam et du Style Council, auteur d’une prolifique œuvre solo depuis 1992, n’a jamais réussi à exporter chez nous la ferveur dont il fait l’objet outre-Manche. Richement documenté, méticuleusement analytique et toujours soucieux de mise en perspective, l’ouvrage de Nicolas Sauvage donne toutes les clés pour pénétrer l’univers d’un des plus passionnants songwriters de la pop insulaire. Voix singulière de l’effervescence punk au sein d’un trio, The Jam, séparé en 1982 au sommet de la gloire, soulman romantique se libérant du conservatisme rock avec The Style Council, avant de réussir un come-back et une carrière solo célébrée par une génération d’admirateurs (Oasis, Blur, The Libertines, Arctic Monkeys…), cet éternel Modernist n’a cessé de se renouveler, tout en restant fidèle à de vieilles racines. Son dernier album, True Meanings (2018), n’est d’ailleurs pas pour rien l’un des sommets de sa discographie. Stéphane Davet « Life From a Window – Paul Weller et l’Angleterre pop », de Nicolas Sauvage, éd. Camion blanc, 529 p., 32 €. « Catherine Ringer et les Rita Mitsouko », de Stan Cuesta A l’heure où Catherine Ringer reprend la route, réinterprétant avec une verve éblouissante le répertoire du groupe qu’elle formait avec son compagnon, le guitariste Fred Chichin, jusqu’à la mort de ce dernier, en 2007, on se replonge avec plaisir dans l’histoire de la chanteuse des Rita Mitsouko, diva hors norme de la pop française. En choisissant dix temps forts du parcours de la dame, Stan Cuesta décrypte dans un style vivant et concis, l’alchimie qui permit au duo de cristalliser « la modernité, l’audace visuelle et musicale qui frémissaient dans les années 1980 » (comme l’explique, dans sa préface, Alfredo Arias). Se distinguant par leurs profils atypiques d’enfants de la bohème et de la fugue, ayant fréquenté l’avant-garde théâtrale, la danse contemporaine, la scène punk, les comédies musicales, les marges et les interdits – la prison pour lui, les films X pour elle –, les Rita condenseront ces expériences avec un art fantasque du bricolage. Une rayonnante singularité que Catherine Ringer préserve aujourd’hui, en transcendant les clivages musicaux. Cet ouvrage à la maquette aérée et illustrée de nombreuses photos, paraît dans une nouvelle collection, Les Indociles, qui publie au même moment un livre de Nicolas Comment consacré à Jacques Higelin. S. D. « Catherine Ringer et les Rita Mitsouko », de Stan Cuesta, éd. Hoëbeke/Les Indociles, 224 p., 25 €. « L’Obsession rap, classiques et instantanés du rap français », d’Abcdrduson Il est encore rare d’apprendre de nouvelles choses sur l’histoire très récente du rap français, tant le genre musical aujourd’hui populaire a suscité de nombreuses publications chez les éditeurs. C’était sans compter les acharnés du webzine, Abcdrduson. Ce site Internet créé en 2000 par « trois potes » au fin fond de la banlieue parisienne dans les Yvelines n’a jamais rien fait comme tout le monde. Dans L’Obsession rap, version papier au grain très épais et aux photographies mates, ses chroniqueurs ont choisi de raconter cette histoire par le prisme de ceux qui œuvrent dans l’ombre : les beatmakers, les Djs, les réalisateurs, les directeurs artistiques de maisons de disques ou quelques rares journalistes comme Toma Blondeau et David Dufresne. Hormis quelques articles consacrés à des icônes actuels (Booba, Nekfeu, Orelsan, Kaaris…), L’Obsession rap s’attache à mettre en lumière les héros méconnus du genre comme Sameer Ahmad, Vîrus, Grems… Très masculin (seulement deux articles consacrés à Diams et à Casey), très pointu et bien écrit, L’Obsession rap est à l’image de ce site exigeant et nécessaire. Stéphanie Binet « L’Obsession rap, classiques et instantanés du rap français », d’Abcdrduson, éd. Marabout, 255 p., 39 €.
Le lundi, le service Culture du « Monde » propose aux lecteurs de « La Matinale » un choix de concerts, de festivals, d’ouvrages…
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/21/power-pop-bill-evans-les-rita-mitsouko-notre-selection-de-cinq-livres-sur-la-musique_6016252_3246.html
mlsum-fr-2026
Manifestation contre la réforme des retraites, le 16 septembre à Paris. LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE » La RATP a lancé, vendredi, le mouvement de manière spectaculaire. La mobilisation contre la réforme des retraites reprend lundi 16 septembre avec, cette fois-ci, des professions « qui n’ont pas l’habitude de manifester ». Avocats, médecins et paramédicaux, pilotes, hôtesses et stewards… descendent dans la rue pour défendre leurs « régimes autonomes » de retraite contre le « système universel » voulu par l’exécutif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Le rapport Delevoye sur les retraites ne prend pas en considération les particularités de la profession d’avocat » « Pour la première fois dans l’histoire sociale de ce pays, des avocats, des professionnels du soin et des salariés du transport aérien réunis en collectif défileront ensemble pour dénoncer le projet de captation sans sommation de leurs régimes autonomes de retraite », a souligné dans le Journal du dimanche le collectif SOS Retraites, créé par ces professions pour défendre la spécificité de leurs régimes. En pointe de la mobilisation, le Conseil national des barreaux (CNB) a débuté son rassemblement, place de l’Opéra, avant un défilé jusqu’à Nation, et s’attend à une « mobilisation extrêmement forte » des avocats contre la réforme voulue par le président de la République Emmanuel Macron. Cette manifestation est doublée d’une grève des audiences qui s’annonce très suivie, avec la quasi-totalité des 164 barreaux français « mobilisés » selon la Conférence des bâtonniers. Grosse mobilisation des avocats contre la réforme des retraites. « Nous le ne lâcherons rien », prévient Marie-Aimé… https://t.co/aecfZlh1AO — JBJacquin (@JB Jacquin) Aucune affaire plaidée Partout ou presque, les avocats ont décidé de ne plaider aucune affaire et de demander le renvoi des procès. Il n’y aura pas non plus de commis d’office, de consultations gratuites ou de permanences pénales. Seule exception, le contentieux de la liberté (garde à vue, détention provisoire…) restera assuré. Désertant les palais de justice, « des trains entiers d’avocats monteront vers Paris », selon la présidente du CNB, Christiane Féral-Schuhl. A Paris, où exerce près de la moitié des 70 000 avocats français, la bâtonnière Marie-Aimée Peyron fait état d’une « mobilisation sans précédent », car « c’est l’avenir de la profession qui est en jeu ». Le « système universel », promis par le chef de l’Etat, doit en effet se traduire par une forte hausse des cotisations « que bon nombre d’entre nous ne pourrons pas supporter », affirme-t-elle. Cette réforme doit aussi entraîner la disparition de la caisse nationale des barreaux (CNBF) et ses 2 milliards d’euros de réserves financières dont Mme Féral-Schuhl craint la « spoliation ». Les infirmières, kinésithérapeutes, pilotes et hôtesses on bien du mal à exister face à la masse des avocats venus… https://t.co/q8fwtpDYvV — JBJacquin (@JB Jacquin) Ces craintes sont partagées par les autres membres du collectif SOS Retraites : syndicats de pilotes de ligne, hôtesses et stewards ainsi que plusieurs organisations de médecins, infirmières et kinés libéraux. Aux nombreuses robes noires se mêleront donc costumes bleu marine et blouses blanches, qui ne veulent pas « faire les frais du dogmatisme consistant à fusionner tous les régimes dans un seul régime universel ». « Nos professions n’y résisteront pas », préviennent-ils. Reprise de la concertation Pour contenir la fronde, le premier ministre Edouard Philippe a chargé le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, de rencontrer « d’ici le 15 octobre » les représentants des 42 régimes amenés à s’éteindre, pour « dresser un état des lieux » et « fixer un calendrier de travail ». « Il y a des solutions pour chacune des professions », avec « des durées de transitions adaptées à chacun des cas », assure le haut-commissaire, qui veut « lever les inquiétudes injustifiées ». M. Delevoye et la garde des sceaux, Nicole Belloubet, recevront ainsi mardi matin les responsables du CNB, de la CNBF et de la Conférence des bâtonniers. Dans le même temps, la concertation avec les organisations syndicales et patronales, débutée il y a près de deux ans, va reprendre « jusqu’au mois de décembre », pour tenter de trouver enfin un accord sur l’âge de départ ou la durée de cotisation. Le haut-commissaire va ainsi enchaîner les entretiens toute la semaine. Des « consultations citoyennes » s’étaleront en parallèle de fin septembre à « la fin de l’année », via des réunions publiques et une plate-forme numérique. Toutes ces discussions doivent déboucher sur un projet de loi qui sera adopté « d’ici l’été prochain », d’après M. Philippe. En attendant, le dialogue passera aussi par la rue : Force ouvrière et la CGT manifesteront respectivement samedi 21 et mardi 24 septembre. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a appelé dimanche « à généraliser les grèves ». « Ce qu’ont fait les salariés de la RATP, c’est un bon signe qu’il faut généraliser », a-t-il estimé. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Age d’équilibre » à 64 ans, fin des régimes spéciaux : ce que préconise Delevoye pour la réforme des retraites
Après les agents de la RATP vendredi, les avocats descendent à leur tour dans la rue en compagnie d’autres professions pour une « mobilisation sans précédent » contre la réforme des retraites.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/16/avocats-medecins-pilotes-dans-la-rue-lundi-apres-la-ratp-les-manifestations-contre-la-reforme-des-retraites-continuent_5510829_3224.html
mlsum-fr-2027
Les moules-frites d’Eric Birlouez. Julie Balagué pour M Le magazine du Monde Ingrédients pour 4 personnes Pour les frites : 2 kg de pommes de terre Bintje Huile de friture Sel Pour les moules : 3 litres de moules (1,5 kg) 30 g de beurre 2 oignons pelés et émincés 3 échalotes pelées et émincées 2 gousses d’ail écrasées 1 feuille de laurier 1 branche de céleri 20 cl de vin blanc sec ⅓ botte de persil ciselé Poivre du moulin Etape 1 : la préparation des moules Nettoyer les moules : les ébarber et gratter les coquilles. Les placer dans une grande bassine d’eau froide et les brasser en les frottant les unes contre les autres. Recommencer jusqu’à ce que l’eau soit claire. Vider l’eau et réserver à sec dans la bassine. Etape 2 : la préparation des frites Nettoyer et peler les pommes de terre. Les tailler en bâtons, les rincer et les sécher méticuleusement avec un torchon propre (plus elles seront sèches, meilleures elles seront). Pour la cuisson, faire chauffer un bain d’huile à 170 °C, et procéder au double bain pour un croustillant maximum : une première fois pour les blanchir, repos, puis une deuxième fois pour les dorer. Saler les frites aussitôt sorties du 2e bain. On peut aussi cuire les frites au four mais le résultat ne sera pas le même. Etape 3 : la cuisson des moules Dans une grande sauteuse, faire suer les échalotes et les oignons dans le beurre. Ajouter les moules, l’ail, le laurier, le céleri et verser le vin blanc. Monter à feu vif, remuer, couvrir, laisser pendant 3 minutes. Ajouter quelques tours de moulin à poivre, le persil, remuer et couvrir. Laisser cuire encore quelques minutes en remuant fréquemment, jusqu’à ce que toutes les moules soient ouvertes. Servir aussitôt, avec les frites maison.
Le sociologue et historien de l’alimentation propose un plat universel, apprécié des plus riches et accessible aux plus pauvres, qu’il parfume avec des échalotes, du laurier et du céleri.
https://www.lemonde.fr/les-recettes-du-monde/article/2019/08/30/les-moules-frites-la-recette-d-eric-birlouez_5504611_5324493.html
mlsum-fr-2028
C’est une préoccupation pour beaucoup : empêcher les curieux de pénétrer dans leur smartphone et de consulter leurs informations privées. Les fabricants de mobiles ont donc fait des efforts pour simplifier le verrouillage des appareils et son corollaire, le déverrouillage sécurisé. Désormais, beaucoup de smartphones Android intègrent un lecteur d’empreintes directement caché sous l’écran. Quant aux iPhone, ils peuvent être déverrouillés plus naturellement en présentant son visage à l’écran, grâce à la technologie Face ID. Le lecteur d’empreintes ou la reconnaissance du visage servent aussi à sécuriser l’accès à des applications bancaires ou autoriser des paiements dans l’App Store et le Play Store, les magasins d’applications d’Apple et Google. Malheureusement, une série de problèmes récents fait craindre que ces armures numériques soient friables. Le cas Samsung Une utilisatrice anglaise a ainsi constaté début octobre que le lecteur d’empreintes de son Samsung S10, directement accessible sur l’écran, déraillait quand on l’équipait d’une coque intégrale en silicone transparent. Son mari est parvenu à le déverrouiller. Nous n’avons pas réussi à reproduire ce problème, mais Samsung a reconnu son existence. Le constructeur coréen croit avoir identifié sa cause : la coque en silicone étant très souple, elle prendrait la marque des empreintes digitales de son propriétaire. Le 23 octobre, Samsung a mis à disposition de ses clients coréens un remède logiciel. En attendant que les consommateurs français puissent le télécharger, le constructeur déconseille l’usage de protections transparentes recto verso. Ce n’est pas la première fois qu’un smartphone Samsung est critiqué pour les faiblesses de sa sécurité. Pendant des années, le système de reconnaissance du visage maison pouvait être trompé en lui présentant une simple vidéo de l’utilisateur. Une astuce à la portée de tous, qui pourrait cependant avoir été corrigée récemment, puisque notre dernière tentative a été infructueuse. En 2017, une simple photo suffisait à tromper la reconnaissance faciale du Samsung S8. Des ratés chez Google et Apple De son côté, Google a équipé ses nouveaux smartphones, les Pixel 4, d’un système de reconnaissance faciale très sophistiqué inspiré de celui de l’iPhone : il combine un projecteur de points lumineux invisibles à l’œil nu et deux caméras infrarouges. Cela permet, par exemple, de pouvoir déverrouiller son smartphone en le regardant la nuit. Mais cette sécurité peut être contournée facilement : il suffit d’attendre que son propriétaire fasse la sieste pour placer le smartphone devant son visage. Contrairement à beaucoup d’autres smartphones, le Pixel 4 ne vérifie pas que les yeux de son utilisateur sont ouverts avant de se déverrouiller. Nous avons pu reproduire cette faiblesse et, selon le média américain ZDNet, Google travaille, lui aussi, à un correctif logiciel. Il existe aussi des bugs. Nous avons, par exemple, été témoins d’un problème du système de protection du côté d’Apple. Nous avons ainsi observé un enfant déverrouiller un iPad Pro 11 pouces sous iOS 13.1.2 pourtant protégé par la reconnaissance faciale Face ID de ses parents. Une manœuvre qu’une demi-douzaine de personnes a pu répéter par la suite sur le même appareil et sous notre contrôle. Selon nos constatations, l’appareil refusait de passer en mode « verrouillé » quand nous le passions en veille, ce qui semble relever d’un problème logiciel, assez rare du reste, car nous n’en avons guère trouvé trace sur les forums utilisateurs et les produits d’Apple sont plutôt réputés pour leur fiabilité en la matière. Nous avons pu le résoudre simplement, en désactivant puis en réactivant Face ID. Contacté par Le Monde, Apple a déclaré ne pas avoir entendu parler de ce problème. La prudence s’impose Ces failles, ou ces erreurs de logiciels, ont un point commun : pour en profiter, nul besoin d’être un expert en sécurité, nul besoin de mouler un doigt ou de sculpter un visage. N’importe qui peut en tirer profit lorsqu’il la détecte. La protection biométrique n’est pas parfaitement infaillible et c’est un problème qui dépasse le simple déverrouillage des appareils. Pour mieux se protéger, faut-il revenir à des méthodes plus classiques comme le code à quatre ou six chiffres ? Pas nécessairement, car cette façon de déverrouiller les smartphones est laborieuse, elle pousse donc à adopter un code facile à deviner. En outre, il est parfaitement possible d’observer ce code par-dessus notre épaule et de le mémoriser. Faut-il donc remplacer le mot de passe par un schéma qu’on dessine à l’écran, comme le propose Android ? Mieux vaut éviter : cette méthode est jugée encore moins sûre par une étude conjointe de l’université du Maryland et de l’Académie navale des Etats-Unis. En l’absence d’une meilleure solution, mieux vaut donc s’appuyer sur la reconnaissance du visage et des empreintes, en évitant toutefois de leur accorder une confiance excessive. Contrôler périodiquement leur efficacité est conseillé, en vérifiant que d’autres personnes n’arrivent pas à déverrouiller les smartphones et tablettes ainsi protégés. Et autant que possible, il faut se garder de laisser traîner ces appareils sans surveillance. Une double protection ? Peut-on combiner deux méthodes de déverrouillage pour compliquer la tâche des personnes indiscrètes ? Sur beaucoup de smartphones, il est malheureusement impossible de demander deux vérifications successives, en combinant par exemple la reconnaissance du visage à celle d’empreintes. En revanche, une fois le mobile réveillé, certaines applications – services bancaires ou logiciels d’e-mail, par exemple – peuvent profiter d’un deuxième niveau de sécurité. Mieux vaut alors employer une autre méthode que celle qui sert à déverrouiller le smartphone, par exemple en tapant un mot de passe – de préférence complexe, comme nous l’expliquons dans cette vidéo.
La sécurité des smartphones et tablettes de Samsung, Google et Apple est compromise par les ratés de leurs déverrouillages par empreinte digitale et par reconnaissance faciale.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/23/smartphones-peut-on-faire-confiance-a-la-reconnaissance-des-empreintes-et-des-visages_6016636_4408996.html
mlsum-fr-2029
Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au Laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes ; CNRS, Sorbonne Université), travaille sur les conséquences biologiques, écologiques et sociétales de l’acidification des océans. Il est membre de l’Institut de développement durable et des relations internationales. Quelle est la spécificité de ce rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ? Il traite à la fois de l’océan et de la cryosphère, ce qui lui donne du sens car ce sont deux éléments essentiels du système climatique. Pour ma part, j’ai coordonné le premier chapitre sur le contexte du rapport et les connaissances préexistantes – notamment les capacités et les limites dans les échanges entre océan et atmosphère –, j’ai aussi contribué à ceux sur la montée des eaux, à la situation des petites îles… Mais nous ne nous sommes pas cantonnés aux études sur la température, l’acidification de l’eau de mer, l’oxygène, les courants… Nous avons aussi travaillé sur les impacts biologiques des changements en cours, notamment sur la production des plantes – planctons, algues – et des animaux, ainsi qu’aux conséquences pour les sociétés humaines, comme la pêche. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’alarme du GIEC sur un océan en surchauffe Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur l’océan ? La désoxygénation et l’acidification ont des impacts sur la survie des espèces et le maintien des écosystèmes, mais la problématique la plus immédiate, selon moi, est l’élévation de la température. Elle cause le blanchissement des coraux, de profondes modifications de la distribution des espèces, y compris celles que cible le secteur de la pêche commerciale, ce qui va d’ailleurs poser un énorme problème dans les régions intertropicales, car les poissons migrent vers les pôles. Le réchauffement va aussi contribuer à l’intensification des inondations et des cyclones qui vont frapper les côtes. Le rapport ne conclut pas qu’il y aura davantage de tempêtes tropicales, mais qu’elles seront plus fortes. Devons-nous redouter la perte d’oxygène dissous, liée au réchauffement climatique ? L’océan a perdu entre 0,5 % et 3 % de son oxygène entre 1970 et 2010, en raison d’une réduction des échanges avec l’atmosphère et du réchauffement qui accroît la respiration des bactéries, aussi produisent-elles davantage de CO₂. Les aires en hypoxie, dites « zones mortes », se sont étendues de 3 % à 8 % durant cette même période, dans le golfe du Mexique, au nord-ouest de l’océan Indien, au large du Pérou… Et cela va continuer. Les experts du GIEC ont revu à la hausse leurs projections sur l’élévation du niveau de la mer. Pourquoi ? Cela est dû à la fonte de la glace en Antarctique, qui se produit plus rapidement que le rapport global de 2013 ne l’avait prévu. Or, 680 millions de personnes habitent dans des régions dont l’altitude ne dépasse pas 10 mètres. En outre, 4 millions peuplent la zone Arctique et voient leurs milieux bouleversés par la fonte des glaces et la montée des eaux. Le rapport aborde leur vulnérabilité, mais aussi leurs savoirs vis-à-vis de la nature dans le chapitre où des pistes de solutions sont proposées. Il montre bien qu’il existe de réelles différences, selon le scénario d’émissions de gaz à effet de serre qui sera suivi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rapport du GIEC : la débâcle des glaces menace la stabilité du climat Que dit le rapport au sujet de la circulation océanique ? La circulation Atlantique – dont le Gulf Stream –, qui apporte les eaux chaudes des Caraïbes à travers l’Atlantique, les pousse notamment vers la Bretagne avant de plonger dans l’Arctique, s’est affaiblie depuis l’ère préindustrielle. Cela devrait continuer, bien qu’un arrêt total semble improbable. Cela aura des conséquences sur la production marine dans l’Atlantique Nord, entraîner plus de tempêtes en Europe du Nord, une diminution des cyclones tropicaux en Atlantique et une baisse des précipitations au-dessus du Sahel. C’est tout l’équilibre du système Terre qui est en jeu… En effet. Les petites îles du Pacifique vont être particulièrement touchées par le réchauffement, alors qu’elles ont peu de moyens pour s’adapter, mais elles sont bien organisées et bien présentes dans les rencontres internationales, ce qui n’est pas le cas de l’Arctique. C’est injuste, car ces parties du monde ne sont pour presque rien dans les changements climatiques. Cependant, ce rapport fournit un message positif malgré des projections d’impact très inquiétantes si les rejets de gaz à effet de serre ne sont pas réduits drastiquement. Il montre qu’un scénario d’émission compatible avec l’accord de Paris [décembre 2015] permet de stabiliser ou de modérer les conséquences. L’état de l’océan futur est entre nos mains.
Le réchauffement, qui interfère dans le blanchissement des coraux et la distribution des espèces marines, va contribuer aussi à l’intensification des inondations et des cyclones, s’inquiète le chercheur Jean-Pierre Gattuso.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/25/680-millions-de-personnes-habitent-dans-des-regions-dont-l-altitude-ne-depasse-pas-dix-metres_6012969_3244.html
mlsum-fr-2030
Voilà un rapport qui devrait fournir de nouveaux arguments à ceux qui réclament la fin de l’exonération fiscale dont bénéficie le kérosène (la Cour des comptes), une « contribution climat » sur le prix des billets (les ONG environnementales) ou l’interdiction des vols intérieurs lorsqu’ils ne sont guère plus rapides que le train (les députés Delphine Batho et Fançois Ruffin). Publiée jeudi 19 septembre par l’International Council on Clean Transportation (ICCT), l’organisation indépendante à l’origine de la révélation du « dieselgate », l’étude dresse le premier inventaire mondial des émissions de dioxyde de carbone (CO 2 ) du secteur de l’aviation civile. En 2018, l’ensemble des vols commerciaux (passagers et marchandises) ont émis 918 millions de tonnes de CO 2 . Ce qui représente 2,4 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la planète. Une contribution en forte progression (+ 32 % en cinq ans) et qui devrait encore s’amplifier dans les prochaines années. L’Association internationale du transport aérien (IATA) prévoit en effet une explosion du trafic. Selon ses estimations, le nombre de passagers devrait bondir de 4,3 milliards (2018) à 8,2 milliards en 2038 et celui des avions doubler (de 24 000 à 48 000) sur la même période. Le nombre de vols (38 millions en 2018) devrait suivre la même courbe exponentielle. L’inventaire dressé par l’ICCT permet d’identifier les plus gros pollueurs selon le pays ou la zone de départ. Les Etats-Unis occupent la première marche du podium avec 182 millions de tonnes de CO 2 , soit un quart (24 %) de toutes les émissions liées au transport de passagers à travers le monde. Autre enseignement, 69 % des émissions américaines sont dues à des vols intérieurs. L’Union européenne décroche la médaille d’argent avec 142 millions de tonnes de CO 2 (19 % des émissions mondiales) dont 47 % sont le résultat de vols au sein de l’UE. La Chine complète le trio de tête avec 95 millions de tonnes CO 2 . Comme pour les Etats-Unis, la principale source provient des vols intérieurs (69 %). L’ICCT a également établi un classement à partir du nombre total de kilomètres parcourus par tous les passagers en provenance d’un pays. La hiérarchie reste inchangée. Les Etats-Unis caracolent en tête avec 1975 milliards de kilomètres accomplis en avion, devant l’UE (1 678 milliards) et la Chine (1 141 milliards). Avec 220 milliards de kilomètres, la France arrive en onzième position, derrière des pays comme le Royaume-Uni (4e, 350), l’Allemagne (6e, 247) et, plus surprenant, l’Espagne (9e, 232). Destinations privilégiées des compagnies à bas coût, les stations balnéaires de la Costa del Sol, d’Andalousie ou des Baléares boostent le trafic dans ce pays.
Les vols en partance des Etats-Unis sont responsables d’un quart de ces rejets, les court-courriers d’un tiers. Une étude dresse un premier inventaire mondial.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/20/ce-qu-il-faut-savoir-sur-la-pollution-generee-par-le-trafic-aerien_6012443_3244.html
mlsum-fr-2031
Ernest Pignon-Ernest, au Musée d'art moderne de Nice, en juin 2016. FRANCK FERNANDES / MAXPPP Depuis les années 1960, Ernest Pignon-Ernest fait vibrer les murs des villes en y collant des portraits grandeur nature, tracés au fusain : Rimbaud à Charleville-Mézières, Pasolini à Rome, Maurice Audin à Alger… Pionnier du street-art, l’artiste présente quatre cents de ses œuvres au Palais des papes d’Avignon à partir du 29 juin. Dans l’atelier parisien où il met la dernière main à cette rétrospective, il évoque son parcours, entre dessin et politique. Je ne serais pas arrivé là si… Si je n’étais pas parti de Nice pour m’installer dans le Vaucluse, en 1966. J’avais 23 ans. Je travaillais déjà depuis l’âge de 15 ans et demi. Je dessinais à mi-temps chez un architecte, et j’ai vu que l’argent que j’avais gagné me permettrait de me consacrer pendant un an à la peinture. Depuis longtemps, j’avais la perspective d’être peintre. J’achète donc une camionnette, des rouleaux de toile, des tas de pinceaux, et je pars vers un Vaucluse un peu mythique, celui chanté par Pétrarque et René Char, celui du mont Ventoux. Sur place, je découvre un café abandonné, et j’en fais mon atelier. Vous voici donc peintre… C’est le projet. Or, à ce moment-là, apparaissent sur les murs de la région les affiches « La Provence Point Oméga » cosignées par Picasso et René Char, contre la force de frappe atomique, dont j’apprends l’installation à quelques kilomètres. Le nucléaire a marqué ma génération née pendant la guerre. Le thème s’imposait, il fallait peindre cette terrible confrontation entre la force atomique et les plus beaux paysages de France. Mais… Mais je ne suis pas Picasso ! Il m’était impossible de figurer ces centaines d’Hiroshima en sommeil sous les lavandes. La peinture ne pouvait être à la hauteur. C’était sur les lieux porteurs de ces tensions eux-mêmes qu’il fallait intervenir. J’avais découvert cette fameuse photo prise au lendemain d’Hiroshima, où l’éclair nucléaire a brûlé le mur, et ne reste que l’ombre portée d’un homme décomposé par l’explosion. A partir de cette photo, j’ai découpé un pochoir et je suis allé imprimer cette image sur les rochers, les murs, les routes vers le plateau d’Albion. Comme un fantôme noir qui stigmatise les lieux. Pour la première fois, j’inscrivais un signe humain, grandeur nature, dans des lieux, pour les révéler. Sans le savoir, je définissais ainsi ce qui serait une permanence de mon travail pendant cinquante ans. Tant pis pour les rouleaux de toile et la grande peinture, donc ? Oui. Selon Pline l’Ancien, l’ombre portée serait à l’origine du dessin : la fille du potier Ditubade aurait tracé sur un mur celle de son fiancé. C’est un peu la même chose ici, sauf que la lumière vient non du soleil, mais de l’éclair atomique.
Je ne serais pas arrivé là si… Le pionnier du street-art évoque l’impact de la guerre et des idées politiques sur son travail.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/16/ernest-pignon-ernest-le-dessin-est-le-seul-truc-qui-me-valorisait_5476854_3246.html
mlsum-fr-2032
Victor Osimhen, auteur d’un doublé pour son premier match pour Lille, le 11 août. PHILIPPE HUGUEN / AFP Lille, dauphin surprise du Paris-SG en mai, a repris ses bonnes habitudes en commençant la nouvelle saison par un succès contre Nantes (2-1), obtenu à l’arraché dimanche au stade Pierre-Mauroy grâce à sa recrue Victor Osimhen. Orphelins de Nicolas Pépé, auteur de 22 buts et 11 passes décisives lors du dernier exercice et parti à Arsenal, les Dogues ont validé au moins pour cette semaine leur mercato estival, car c’est l’attaquant nigérian de 20 ans Osimhen, arrivé dix jours avant la reprise, qui a offert la victoire aux Nordistes (19e, 80e). Victoire logique Largement dominateur en première période, le LOSC, qui a manqué de réalisme, a baissé le pied après la pause et a concédé l’égalisation sur but contre son camp de Zeki Celik (51e). Mais les joueurs de Christophe Galtier ont finalement réussi à arracher une victoire logique. Alors que Patrick Collot, ancien adjoint de Vahid Halilhodzic, devait diriger les Canaris, c’est bien le nouvel entraîneur, Christan Gourcuff, qui s’est engagé jeudi avec le FCN, qui était sur le bord du terrain. La prestation de ses joueurs aura été plutôt cohérente. Le début de match est équilibré entre des Lillois entreprenants et des Nantais bien en place. La malchance frappe rapidement les Canaris, qui perdent l’attaquant Marcus Coco, touché au genou gauche et remplacé par Samuel Moutoussamy (14e). Comme la saison dernière, le LOSC assomme son adversaire en contre sur sa première occasion : devant sa surface, José Fonte dégage fort dans l’axe pour Osimhen, qui réalise un superbe contrôle de la poitrine en pleine course, avant d’aller battre Alban Lafont (1-0, 19e). Recrutement prometteur Lille prend alors clairement l’ascendant sur Nantes et multiplie les occasions par Jonathan Bamba, qui est contré (22e), Zeki Celik (33e) et Domagoj Bradaric (36e), qui ne trouvent pas le cadre. En face, les Canaris peinent à se montrer dangereux et inquiètent les Dogues seulement par Girotto, dont la frappe est bloquée par Maignan (31e). Au retour des vestiaires, les joueurs de Christian Gourcuff affichent plus de mordant et sont rapidement récompensés : après un joli raid, Kalifa Coulibaly sert en retrait Abdoulaye Touré, qui prolonge pour Girotto, dont la frappe est déviée par Celik et prend le portier nordiste à contre-pied (1-1, 50e). Les joueurs du FCN poursuivent sur leur lancée et se montrent dangereux par Touré (53e), Charles Traoré (54e) et surtout Moutoussamy, qui bute sur Maignan dans une position idéale (71e). Les Nordistes finissent par se réveiller et reprennent leur domination. Après un coup franc juste au-dessus de Yusuf Yazici (78e), Osimhen se montre encore décisif en offrant la victoire aux Dogues d’une magnifique frappe sous la barre dans un angle très fermé (2-1, 81e). Même s’il a perdu des joueurs majeurs cet été, le LOSC a montré que son recrutement semblait prometteur. Il faudra désormais confirmer ces bonnes sensations dans les semaines à venir, avant le très attendu retour en Ligue des champions en septembre. Saint-Etienne et Rennes confirment, Bordeaux coule Pour les représentants français en Ligue Europa, ça part fort. Saint-Etienne s’est imposé à Dijon (2-1) grâce à des buts rapidements marqués de Romain Hamouma (5) et Jean-Eudes Aholou (10). La recrue en défense Harold Moukoudi et le gardien Stéphane Ruffier ont ensuite assuré la solidité de l’édifice stéphanois. Pour Rennes aussi, le feu est vert : grâce à sa recrue Jérémy Morel, auteur de son premier but en championnat en quatre ans, et son gardien remplaçant Romain Salin, qui a arrêté le penalty d’Andy Delort, les Bretons ont empoché un succès précieux à Montpellier (1-0). Tête de pont du projet bordelais, le défenseur international Laurent Koscielny, arrivé mardi, a vu du banc sa nouvelle équipe prendre l’eau à Angers (3-1). Le coach Paulo Sousa doit s’impatienter de pouvoir aligner sa recrue, tant son arrière-garde a souffert face au SCO et son milieu Mathias Pereira Lage, buteur et passeur décisif. Nice n’a pas eu l’allant des Angevins, mais a su donner autant de frissons à ses fans, en s’imposant au bout des arrêts de jeu grâce à son capitaine Dante (90+5), face à des Amiénois réduits à dix depuis la 27e. Brest, tenu en échec par Toulouse (1-1), pourra nourrir des regrets. Les promus ont raté un penalty, par Gaëtan Charbonnier (84). Cinq minutes plus tard, le Grec Efthymios Koulouris égalisait pour leur rappeler que l’apprentissage de la Ligue 1 n’est jamais facile. Les résultats de la première journée de Ligue 1 Vendredi 9 août Monaco - Lyon : 0 - 3 Samedi 10 août Marseille - Reims : 0 - 2 Brest - Toulouse : 1 - 1 Angers - Bordeaux : 2 - 1 Montpellier - Rennes : 0 - 1 Dijon - Saint-Etienne : 1 - 2 Nice - Amiens : 1 - 0 Dimanche 11 août Lille - Nantes : 2 - 1 Strasbourg - Metz : 1 - 1 PSG - Nîmes : 3 - 0
L’attaquant nigérian Victor Osimhen a inscrit un doublé permettant au LOSC de s’imposer (2-1) face au FC Nantes de Christian Gourcuff.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/08/11/ligue-1-lille-reussit-sa-rentree-face-a-nantes-grace-a-sa-nouvelle-recrue_5498526_1616938.html
mlsum-fr-2033
Dans ses conditions d’utilisation, le site Luscious assure à ses utilisateurs que leurs informations personnelles sont en sécurité, grâce à « différentes mesures de sécurité », comme « le serveur sécurisé » sur lequel il repose. Pourtant, ce site pornographique a laissé exposée, sans protection aucune, une base de données contenant des informations sur ses membres, soit 1,2 million de personnes, a révélé lundi 19 août l’entreprise de sécurité informatique VpnMentor. Luscious est un site spécialisé dans le « hentai », genre qui désigne généralement des dessins ou dessins animés pornographiques à l’esthétique manga. Les internautes qui le souhaitent peuvent s’y créer un compte, pour y publier des images, des vidéos, écrire des billets ou des commentaires. Jeudi 15 août, des chercheurs en sécurité informatique de VpnMentor ont découvert qu’il était possible d’accéder à une base de données du site, laissée librement accessible en ligne, « ni sécurisée ni chiffrée », soulignent-ils. Elle contenait des informations sur chacun des utilisateurs enregistrés, à commencer par leur adresse e-mail. Or, certains utilisaient leur adresse personnelle, à leur vrai nom, pour se connecter au site. Des dizaines de milliers d’adresses en « .fr » Parmi les autres données accessibles : leur nom d’utilisateur, leur lieu de résidence, les images et vidéos qu’ils ont publiées sur le site, mais aussi les commentaires et billets postés. « Certains de ces billets de blog étaient très personnels – certains contenus évoquaient la dépression ou d’autres vulnérabilités – et se voulaient anonymes », notent les chercheurs. Aucun mot de passe n’apparaissait toutefois dans le fichier. VpnMentor précise avoir trouvé 13 000 adresses e-mail en « .fr », mais estime que « le nombre d’utilisateurs français est trois fois plus élévé : environ 40 000 ». Un calcul au doigt mouillé, qui prend en compte « le nombre de Français qui utilisent des services de mails comme Gmail – qui se terminent en “.com” ». L’entreprise dit aussi avoir trouvé « de nombreux » utilisateurs s’étant inscrits avec des adresses e-mails liées à des institutions gouvernementales brésiliennes, australiennes, italiennes, malaisiennes et australiennes. Découvert le 15 août, le fichier n’est plus accessible depuis le 19 août. On ne sait pas depuis quand celui-ci était ainsi disponible en ligne. Ni si d’autres acteurs que VpnMentor ont mis la main dessus.
Des chercheurs en sécurité informatique ont découvert que le site Luscious n’avait pas protégé une base de données recensant plus d’un million de ses membres. Le nom de certains apparaissait dans leur adresse e-mail.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/08/20/des-informations-d-utilisateurs-d-un-site-pornographique-librement-accessibles_5501035_4408996.html
mlsum-fr-2034
Germaine Berton (1902-1942). Caroline Andrieu « Germaine Berton. Une anarchiste passe à l’action », de Frédéric Lavignette, L’Echappée, 280 p., 24 €. Paris, rue de Rome, un jour de janvier 1923. Germaine Berton (1902-1942), une jeune femme de 20 ans, pénètre dans les bureaux de L’Action française, le quotidien monarchiste de Charles Maurras (1868-1952). Elle n’est pas inconnue des maurrassiens : quelques jours auparavant, elle avait demandé à rencontrer le polémiste Léon Daudet (1867-1942), cofondateur du journal. Se présentant comme une anarchiste repentie, la jeune femme aurait des documents à donner au virulent monarchiste. Daudet absent, c’est Marius ­Plateau qui la reçoit. Agé de 36 ans, l’ingénieur est secrétaire général de la Ligue d’Action française et chef de son groupe armé, les Camelots du roi. Ils conviennent de se revoir le lundi 22. Le jour dit, Plateau fait entrer Germaine Berton dans son bureau. Au bout de ­quelques minutes, des tirs retentissent. Berton a abattu Plateau en lui tirant dans le dos, avant de tenter de se suicider. ­Blessée légèrement, elle dira avoir voulu ­venger Jean Jaurès (assassiné en 1914 par Raoul Villain, un étudiant nationaliste) et protester contre l’occupation de la Ruhr par les armées française et belge. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Articles politiques », d’Errico Malatesta : la chronique philosophique de Catherine Malabou Le procès de Germaine Berton défraie la chronique et sert de tribune politique à la gauche, qui se presse pour soutenir la militante. Défendue par le ­célèbre avocat Henry Torrès, elle est acquittée. Une sorte de compensation judiciaire à un autre acquittement survenu quatre ans auparavant : celui de Raoul Villain. Berton, bien qu’anarchiste, n’a cessé pendant le procès de se réclamer de Jaurès, qu’elle voit comme un trait d’union entre tous les révolutionnaires. En cela, l’ouvrière métallurgiste se montre fidèle à son père, un ­jauressien convaincu, républicain et laïcque C’est ce fait divers emblématique de l’entre-deux-guerres que le journaliste Frédéric Lavignette reconstitue à partir d’archives et de coupures de presse. Le livre est un bel objet, de grand format, avec plus de 500 documents – « unes », illustrations diverses, publicités… Il est construit chronologiquement, comme une collection de journaux (une trentaine sont utilisés), où les titres de chapitres tiennent lieu de manchettes. Fortes tensions politiques « Je m’intéresse aux mouvements des marges politiques. Je veux comprendre, pas juger les actions », explique au « Monde de livres » Frédéric Lavignette, qui a conçu son ouvrage comme un immense puzzle politico-judiciaire. « J’ai croisé les textes en relevant les éléments communs. Cela donne une illusion de ­vérité », continue-t-il.
En 1923, la jeune anarchiste tue le chef des Camelots du roi. C’est ce fait divers emblématique de l’entre-deux-guerres que le journaliste Frédéric Lavignette a reconstitué.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/10/27/biographie-germaine-berton-revolutionnaire-des-annees-1920_6017076_3260.html
mlsum-fr-2035
Les joueuses d’Arsenal célèbrent leur victoire en finale contre Manchester, à Borehamwood (Royaume-Uni), le 11 mai. Action Images via Reuters/John Sibley Il a fallu attendre la 88e minute, mais Arsenal a conclu sa saison par une victoire sur Manchester City (1-0), grâce à une belle frappe tendue de la défenseuse Emma Mitchell. La foule s’est levée pour saluer. Les Gunners étaient déjà assurées d’être sacrées championnes de la Super League, le championnat féminin anglais de football, mais leur succès lors du dernier match de l’année, le 11 mai, a couronné le tout d’un air de fête. Pendant près d’une heure, les joueuses ont savouré, saluant les supporteurs, sabrant le champagne, prenant des selfies. Sur le côté de la pelouse, les spécialistes de la chaîne de télévision BT Sport ont analysé la saison, après avoir retransmis le match en direct. Dans les gradins, des petites filles ont demandé à leurs idoles de signer des drapeaux d’Arsenal. Champagne. John Sibley / Action Images via Reuters Scènes banales de succès footballistique, à ceci près qu’elles se passent à Borehamwood, une petite ville de la lointaine banlieue londonienne, où évolue aussi une équipe masculine de cinquième division. Capacité du stade : 4 500 places. En moyenne, les footballeuses d’Arsenal jouent devant 1 500 personnes, loin de la jauge du stade Emirates, celui des hommes – 60 000 places, la plupart du temps occupées. Sur les bords de la pelouse, les publicités pour le concessionnaire automobile local et un loueur de camions évoquent le monde du football semi-amateur. La Super League féminine anglaise, équivalent financier et populaire de la cinquième division masculine ? La comparaison est à peu près correcte. Le salaire annuel moyen d’une joueuse y était de 26 752 livres (30 353 euros) en 2017-2018, soit… 99 fois moins que la moyenne des hommes, selon l’étude Global Sport Salaries. Le nombre de spectateurs est cinquante fois inférieur, et l’intérêt des sponsors à peu près proportionnel. L’écosystème fait vivre un peu moins de 300 joueuses. « C’est maintenant une carrière possible » Ce constat masque cependant les progrès réalisés ces dernières années. « Je n’aurais jamais imaginé cela quand j’étais enfant, s’enthousiasme Rachel Yankey, 129 sélections en équipe nationale anglaise, qui a quitté Arsenal en 2016. Le football pour les femmes est devenu professionnel, c’est maintenant une carrière possible. Et il y a le choix entre plusieurs équipes de haut niveau : Arsenal, Chelsea, Manchester City, Liverpool… » Arsenal et Liverpool ont été les premières équipes à devenir professionnelles, au début des années 2010. Progressivement, les autres grands clubs ont suivi. Pour la première fois, la saison 2018-2019 a été entièrement constituée d’équipes professionnelles. Onze formations où les joueuses s’entraînent cinq fois par semaine. « On a deux entraîneurs, deux préparateurs physiques, deux kinés et un médecin, énumère Pauline Peyraud-Magnin, la gardienne en titre d’Arsenal, remplaçante en équipe de France. On vit dans des conditions extraordinaires. »
Pour la première fois cette saison, le championnat anglais féminin était entièrement professionnel. Mais les difficultés sont encore nombreuses.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/22/mondial-2019-en-angleterre-les-premiers-pas-balbutiants-du-football-professionnel_5480031_1616938.html
mlsum-fr-2036
Jacques Chirac s’est éteint, et une pluie d’hommages dépassant les clivages partisans s’est abattue sur la France, jeudi 26 septembre. D’abord dans sa famille politique, orpheline. Alain Juppé, son lieutenant préféré, fait part de « l’immense tristesse qui [l’]étreint » : « pendant plus de quarante ans, j’ai vécu avec Jacques Chirac une relation exceptionnelle de fidélité, de confiance, d’amitié réciproque, qui n’était pas seulement politique, mais d’abord personnelle. » Après avoir eu une relation plus conflictuelle, son successeur à l’Elysée, Nicolas Sarkozy, déplore : « C’est une part de ma vie qui disparaît aujourd’hui. » L’ancien président de 2007 à 2012 salue également « la stature imposante et la voix si particulière de Jacques Chirac » qui « ont accompagné la vie politique française pendant un demi-siècle ». Pour le chef de file des députés Les Républicains, Christian Jacob, l’un des grognards de la campagne présidentielle de 1995, resté fidèle au Corrézien, « la famille gaulliste perd un de ses plus grands inspirateurs ». « Ma peine immense est à la hauteur du respect, de l’admiration et de l’affection que je lui portais », ajoute-t-il. François Baroin, autre « bébé Chirac », dit le pleurer « comme un fils ». François Fillon, deux fois ministre sous sa présidence, estime que « c’est un lion de la politique française qui disparaît ». Le président du Sénat, Gérard Larcher, souligne le « contact charnel qu’il entretenait avec les Français » et résume ainsi sa vie : « Jacques Chirac aura incarné l’âme de la France pendant plus d’un demi-siècle. » Le Corrézien part avant certains de ses anciens adversaires politiques. L’ancien président Valéry Giscard d’Estaing, dont il a été premier ministre, a dit son « émotion ». Tout comme Edouard Balladur, ancien premier ministre et « ami de trente ans » au sein du RPR, qui avait finalement perdu face à lui à l’élection présidentielle de 1995. « L’histoire de France tourne une page » Au sein de l’opposition aussi, l’hommage est unanime. « J’ai eu le privilège de gouverner la France sous sa présidence », écrit Lionel Jospin, son premier ministre de cohabitation pendant quatre ans. Tout en reconnaissant des divergences sur le plan intérieur, il souligne qu’« en politique étrangère, nous avons veillé tous deux à ce que notre pays parle d’une seule voix et soit respecté sur la scène internationale ». La maire de Lille et ancienne numéro deux de ce gouvernement de cohabitation, Martine Aubry, évoque « la mémoire de celui qui, à des moments cruciaux, a su se mettre à la hauteur de l’histoire et a grandi la France ». Pour le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, « l’histoire de France tourne une page. Recevons la tristesse, car elle a ses raisons. Il aimait la France mieux que d’autres depuis. » Parmi ses amis comme ses adversaires, on salue l’homme du non français à la guerre en Irak porté par le discours de Dominique de Villepin à l’ONU. Pour ce dernier, c’est « une part de la France qui s’en va ». « Bien qu’ayant été un adversaire politique du Front national pendant des décennies, nous nous souviendrons de son refus de participer à la seconde guerre d’Irak en 2003, qui fut l’un des derniers actes de souveraineté d’un chef d’Etat français », écrit la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, comme pour marquer sa distance avec la haine tenace liant son père à l’ancien président. Son adversaire du coup de tonnerre politique le 21 avril 2002, Jean-Marie Le Pen, est lapidaire : « Mort, même l’ennemi a droit au respect. » Registres de condoléances Bruno Le Maire, qui l’a servi à l’Elysée, rappelle son rôle de rempart : « J’ai aimé Jacques Chirac pour sa constance à dire non aux extrêmes, à toutes les forces de haine et de mépris qui, elles, hélas, ne meurent jamais. » A Paris, les hommages sont appuyés envers l’ancien maire (de 1977 à 1995), qui avait fait de l’Hôtel de ville son tremplin vers l’Elysée. « Pour nous, les Parisiennes et les Parisiens, il sera à jamais notre maire, aimant passionnément sa ville et ses habitants », écrit Anne Hidalgo, annonçant l’ouverture de registres de condoléances. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Jacques Chirac, l’ambition d’une vie Son successeur Jean Tiberi se souvient d’« un grand président, surtout un grand maire de Paris. Les choses n’étaient pas simples au départ et il l’a fait avec passion. » Candidat pour l’élection municipale dans la capitale, le député LRM Cédric Villani salue sa mémoire : « Il a porté la voix de l’universalisme français dans le monde et alerté l’humanité face au dérèglement climatique. » De même que son rival LRM Benjamin Griveaux, qui dit sa « grande tristesse ». « Un formidable partenaire et ami » Sur la scène internationale, la chancelière allemande, Angela Merkel, honore « un formidable partenaire et ami », le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, regrette que « l’Europe perd[e] une de ses figures de proue, la France un grand homme d’Etat, et moi un ami fidèle ». Le premier ministre libanais, Saad Hariri, salue l’un des « plus grands hommes » de la France. A Moscou, le président Vladimir Poutine, qui l’a côtoyé en tant que chef d’Etat entre 2000 et 2007 et avait déjà professé son admiration à son égard, regrette un « dirigeant sage et visionnaire ayant toujours défendu les intérêts de son pays ». Le premier ministre britannique, Boris Johnson, salue en anglais « un leader politique formidable qui a façonné le destin de son pays », avant d’adresser en français ses condoléances « à sa famille, à ses proches et au peuple français ». Vendredi, le président chinois Xi Jinping a salué « un vieil ami de la Chine ». On pleure aussi le Parisien de naissance, député de Corrèze qui avait su incarner les campagnes. « L’amour de Jacques Chirac pour la Corrèze, pour Paris et pour la France lui était rendu par les Français, qui perdent aujourd’hui un père de la République », souligne Dominique Bussereau, son ancien ministre et président de l’Assemblée des départements de France. François Hollande, qui partageait son ancrage corrézien et avait bénéficié de son soutien surprise en 2011 face à Nicolas Sarkozy, abonde : « Il aimait les gens, qui lui rendaient en affection ce qu’il leur avait offert en sympathie. » Jacques Chirac en quelques dates 29 novembre 1932 Jacques René Chirac naît à Paris (5e), de Marie-Louise Valette et d’Abel François Chirac. Mars 1956-juin 1957 Le sous-lieutenant Chirac se porte volontaire pour la guerre. d’Algérie, où il dirige un peloton du 3e escadron du 6e régiment de chasseurs d’Afrique. 12 mars 1967 Elu député dans la circonscription d’Ussel (Corrèze). 8 avril 1967 Secrétaire d’Etat à l’emploi dans le gouvernement de Georges Pompidou. 12 juillet 1968 Secrétaire d’Etat à l’économie dans le gouvernement de Maurice Couve de Murville, puis de Jacques Chaban-Delmas. 18 mars 1970 Président du conseil général de Corrèze. 6 juillet 1972 Ministre de l’agriculture et du développement rural dans le gouvernement Messmer. 27 mai 1974 Premier ministre du président Valéry Giscard d’Estaing. 25 août 1976 Il claque la porte de Matignon, considérant ne pas disposer des moyens nécessaires pour gouverner. 5 décembre Fondation, à Paris, à la porte de Versailles, du Rassemblement pour la République (RPR), dont il prend la présidence. 25 mars 1977 Premier maire de Paris depuis Jules Ferry, il conservera les clés de l’Hôtel de ville pendant dix-huit ans. 6 décembre 1978 Victime d’un accident de la route, il lance l’« appel de Cochin », depuis son lit d’hôpital, dénonçant le « parti de l’étranger », pour critiquer la politique européenne de Valéry Giscard d’Estaing. 26 avril 1981 Eliminé au premier tour de l’élection présidentielle. 20 mars 1986 Vainqueur des législatives, il inaugure la première cohabitation en devenant le premier ministre du président socialiste François Mitterrand. 8 mai 1988 Lourde défaite au second tour de l’élection présidentielle (45,98 %) face à François Mitterrand. 7 mai 1995 Avec 52,6 % des suffrages, il devient, à 62 ans, le 22e président de la République. 13 juin Il décide la reprise des essais nucléaires à Mururoa, en Polynésie française, qui se soldera par six tirs jusqu’en janvier 1996. 16 juillet Commémorant la rafle du Vélodrome d’Hiver, il est le premier président à reconnaître la responsabilité de la France dans la déportation des juifs sous le régime de Vichy. 26 octobre Elu pour réduire la « fracture sociale », il prend le tournant de la rigueur pour entrer dans l’euro. 22 février 1996 Création d’une armée de métier. 21 avril 1997 Sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale conduit à la défaite de son camp et ouvre une période de cinq ans de cohabitation avec Lionel Jospin. 5 mai 2002 Opposé à Jean-Marie Le Pen, il est réélu avec 82,21 % des voix. 10 mars 2003 Brandissant la menace d’un veto au Conseil de sécurité de l’ONU, il s’oppose à l’intervention militaire en Irak voulue par les Etats-Unis. 15 mars 2004 Pour défendre la laïcité, il fait voter une loi interdisant le port de signes religieux ostensibles à l’école. 29 mai 2005 Il soumet au référendum le Traité constitutionnel européen, qui est repoussé par 54,67 % des Français. 2 septembre 2005 Victime d’un accident vasculaire cérébral, il est hospitalisé au Val-de-Grâce. 8 novembre 2005 Pour contrer les émeutes en banlieue, l’état d’urgence est décrété. 20 juin 2006 Il inaugure le Musée des arts premiers, quai Branly, à Paris. 16 mai 2007 Après douze ans, il quitte l’Elysée, cédant ses pouvoirs à Nicolas Sarkozy. 15 décembre 2011 Au terme d’un procès tenu en son absence pour raisons de santé, il est condamné à deux ans de prison avec sursis dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. 14 avril 2016 Mort de sa fille Laurence, à l’âge de 58 ans. 26 septembre 2019 Mort à l’âge de 86 ans.
A Paris, dans les campagnes et sur la scène internationale, la mort de l’ancien président de la République suscite l’émotion parmi les dirigeants politiques.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/26/en-france-comme-a-l-etranger-les-hommages-a-jacques-chirac-se-multiplient_6013175_823448.html
mlsum-fr-2037
ALEXANDER NEMENOV / AFP Armés d’un masque, et d’un culot inédit… ils se sont fait passer pour le ministre Jean-Yves Le Drian auprès de riches personnalités, leur extorquant plus de 50 millions d’euros : sept suspects impliqués dans cette escroquerie viennent d’être renvoyés en correctionnelle à Paris. Ces sept hommes, issus principalement du milieu franco-israélien, devront répondre à des degrés divers d’« association de malfaiteurs », d’« escroquerie en bande organisée » ou de « prise du nom d’un tiers », selon une ordonnance des juges Clément Herbo et Aude Buresi, datée du 30 août. Au centre de la bande : deux hommes bien connus de la justice française, Gilbert Chikli, 54 ans, et Anthony Lasarevitch, 35 ans. Le premier est considéré comme l’inventeur des arnaques aux « faux ordres de virement » (Fovi) ou au « faux président », un procédé devenu classique par lequel des malfaiteurs se font passer pour des chefs d’entreprises afin de se faire transférer de grosses sommes d’argent par des collaborateurs. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Allô ? C’est votre président… » Ce Franco-Israélien, dont l’histoire a inspiré un film (Je compte sur vous), a été condamné en 2015 à sept ans de prison par contumace et un million d’euros d’amende pour avoir escroqué plusieurs grandes entreprises, comme HSBC ou Alstom. En fuite, il a été arrêté en 2017 en Ukraine en compagnie de M. Lasarevitch. Après l’extradition de ces derniers, les enquêteurs français ont vite été convaincus de tenir les cerveaux de la bande, compte tenu des expertises vocales, de l’exploitation de leur correspondance et de la sonorisation de leurs parloirs. Lire aussi L’escroc Gilbert Chikli a été incarcéré en France Masque d’Albert II de Monaco Dans les téléphones des deux suspects, qui nient toute responsabilité dans cette affaire, les enquêteurs découvriront même les prémices du prochain coup prévu, l’usurpation de l’identité du prince Albert II de Monaco, et la photo d’un premier essai – peu concluant – de masque en silicone représentant celui-ci. L’affaire dite du « faux Le Drian » avait commencé à l’été 2015, lorsque le ministère de la défense, alors dirigé par l’actuel ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait signalé à la justice le fait que des escrocs usurpaient l’identité du ministre et de ses collaborateurs auprès de plusieurs ambassades et de dirigeants d’entreprises. Paiement de rançons pour libérer des otages, financement d’opération secrète ou de lutte contre le terrorisme : les aigrefins avancent différentes raisons pour convaincre leurs interlocuteurs de verser sans délai plusieurs millions d’euros, contre la promesse d’un remboursement ultérieur par la France. A l’époque, la bande de malfrats tente même une fausse vente de quatre hélicoptères Tigre à la Tunisie pour 19 millions d’euros, sans succès. Selon les enquêteurs, plus de 150 cibles seront approchées, parmi lesquelles des chefs d’Etats africains, comme Ali Bongo, des associations humanitaires telles que le Sidaction, ou des dignitaires religieux, comme le cardinal Barbarin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le mythe fondateur des escroqueries au virement : « l’affaire de l’agence postale » Quatre victimes identifiées Au bout du compte, quatre victimes identifiées tomberont dans le piège en 2016, en premier lieu le chef spirituel des musulmans chiites ismaéliens, le prince Karim Al-Hussaini, dit Karim Aga Khan IV, à la fortune colossale. Persuadé de s’être entretenu au téléphone avec le ministre français, le philanthrope, alors âgé de 79 ans, ordonne pour 20 millions d’euros de virement de sa fondation AKDN, en mars 2016, sur des comptes en Pologne, en Chine et en France. Trois versements sur cinq seront finalement bloqués, mais 8 millions d’euros disparaissent dans la nature. Un mois plus tard, l’enquête était confiée à des juges d’instruction parisiens, tandis que les escrocs multipliaient les tentatives tous azimuts, jusqu’à piéger l’une des toutes premières fortunes turques, Inan Kirac. Ce dernier, croyant avoir été sollicité par le ministre pour réunir une rançon pour deux journalistes retenus en otages en Syrie, versera plus de 47 millions de dollars sur des comptes en Chine et aux Emirats en décembre 2016. « Mes clients sont satisfaits que cette affaire, qui a donné lieu à de vastes investigations internationales, aboutisse à un procès et, j’espère, à des condamnations », a réagi auprès de l’Agence France-Presse, Me Delphine Meillet, avocate du ministre français et de quatre anciens collaborateurs. En parallèle du procès à venir, l’information judiciaire se poursuit, pour finir de mettre au jour le circuit de blanchiment.
Les suspects auraient usurpé l’identité du ministre et de ses collaborateurs, lorsqu’il était aux affaires étrangères, et réussi à extorquer des dizaines de millions d’euros à de riches personnalités.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/09/20/sept-hommes-renvoyes-en-correctionnelle-dans-l-affaire-du-faux-le-drian_6012328_1653578.html
mlsum-fr-2038
Un ouvrier réalise les travaux de décontamination des cours du groupe scolaire Saint-Benoît, dans le 6e arrondissement de Paris, le 8 août. MARTIN BUREAU / AFP Des hommes masqués en combinaison blanche pulvérisant un liquide bleuâtre sur la marelle, des engins de chantier circulant autour du toboggan…, cette scène étrange marque le début des travaux de décontamination, jeudi 8 août, dans les écoles maternelle et élémentaire de Saint-Benoît, dans le 6e arrondissement de Paris. Le groupe scolaire, qui accueillait des enfants en centre de loisirs durant la période estivale, avait fermé ses portes le 25 juillet, en raison de taux de plomb élevés mesurés dans les cours de récréation extérieures. L’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 avril, a provoqué la fusion et la dispersion de près de 400 tonnes de plomb. L’Agence régionale de santé (ARS) avait alors recommandé des prélèvements dans un périmètre de 500 mètres autour de la cathédrale, avant de l’élargir, dans le courant de juillet, à 800 mètres. « Dès qu’on nous a dit que les écoles Saint-Benoît faisaient partie du périmètre à tester, on a fait les mesures tout de suite, garantit Bérénice Delpal, directrice des affaires scolaires de la Ville de Paris. Quand on a su qu’il y avait un taux trop élevé [une moyenne de 7 000 microgrammes par mètre carré (µg/m²), supérieure à la limite de 5 000 µg/m² définie par l’ARS], on a fait déplacer le centre de loisirs. » La Mairie de Paris, accusée par des riverains, des associations et des syndicats d’avoir tardé à réagir, joue aujourd’hui la carte de la transparence et veut montrer sa rapidité. Les sols des cours de récréation vont être entièrement refaits Après un nettoyage scrupuleux des cours de récréation, le taux a diminué « à peu près de moitié », affirme Agnès Lefranc, chef du service parisien de santé environnementale, qui dépend de la Ville de Paris. « Il n’existe pas de référence sur la contamination par le plomb à l’extérieur, précise-t-elle toutefois. Donc l’agence régionale de santé d’Ile-de-France a mis en place une cellule d’aide à la décision, que nous pouvons solliciter au cas par cas. » Après avoir initialement fixé une référence à 5 000 µg/m², l’ARS a établi une limite, pour les lieux fréquentés par les enfants, à 1 000 µg/m². Le choix retenu a finalement été de refaire entièrement les sols des cours de récréation. Les travaux sont prévus jusqu’au 24 août, pour un coût de plus de 200 000 euros. « L’enjeu est d’être prêt pour la rentrée scolaire », affirme Bérénice Delpal. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Pollution au plomb à Notre-Dame de Paris : de nouvelles mesures avant la reprise du chantier Sur la surface de plus de 1 850 m², cinq centimètres de revêtement vont être retirés. Afin d’éviter que le contaminant contenu dans les sols ne se libère dans l’air durant les travaux, les ouvriers utilisent un produit bleuâtre, du surfactant, « qui permet de piéger et de coller les poussières de plomb », explique Mickael Prestavoine, le chef de chantier et directeur des opérations industrielles de Séché Urgences Interventions. Le liquide bleu durcit, et au bout de trente minutes les ouvriers peuvent « décroûter » le béton avec les pelleteuses. Ils poseront ensuite un enrobé de cinq centimètres de la même qualité. Des mesures sur les parcs et jardins du périmètre Deux autres écoles ont présenté des taux de plomb supérieurs à 5 000 µg/m² dans leurs cours extérieures : l’école maternelle Saint-André-des-Arts (6e arrondissement), et l’école maternelle Verneuil (7e arrondissement). Dans ces établissements, les endroits contaminés peuvent être isolés des enfants, puisqu’il s’agit respectivement d’un patio fermé et d’un jardin privé. Les travaux à Saint-André-des-Arts débuteront prochainement. Contrairement à celui du groupe scolaire Saint-Benoît, le sol ne sera pas refait. La technique du gel (celle qui est utilisée sur le parvis de Notre-Dame) a été retenue. « On a pensé que c’était la méthode la plus adaptée », justifie Bérénice Delpal. La Mairie de Paris attend l’approbation du propriétaire du jardin privé jouxtant l’école Verneuil pour commencer tout chantier. Le risque d’un empoisonnement au plomb est plus élevé pour les enfants, ceux-ci jouant parfois à même le sol, portant parfois à la bouche des objets qui ont pu être contaminés. « La ville réalise actuellement des mesures sur l’ensemble des parcs et jardins qui sont compris dans la zone définie par l’ARS », affirme Agnès Lefranc, qui se veut rassurante. Elle assure que la Ville adaptera les lieux de jeux en fonction des niveaux mesurés, de façon à garantir la santé des petits qui fréquentent ces espaces. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les maîtres verriers de Notre-Dame, les plus exposés au plomb
L’opération concerne quatre écoles où des taux de plomb supérieurs à la moyenne recommandée ont été mesurés après l’incendie.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/09/pollution-au-plomb-les-travaux-de-decontamination-ont-commence-dans-les-ecoles_5498088_3244.html
mlsum-fr-2039
Séverin Millet Ils sont en première ligne dans la lutte contre les événements indésirables chez les personnes prenant des médicaments. Les pharmacologues médicaux ont l’expertise pour analyser des effets inattendus au regard des connaissances pharmacologiques ou d’une gravité inhabituelle et déterminer s’ils sont imputables au médicament. Peu connus du grand public, ces hospitalo-universitaires des centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV), constituent la pierre angulaire de la sécurité du médicament. Et sont souvent sous le feu des critiques lors des crises sanitaires. Ce fut le cas dans le scandale du Mediator. Pourtant, dès 1999, soit dix ans avant son retrait du marché, le CRPV de Marseille avait remonté à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) un cas d’atteinte des valves cardiaques qu’il suspectait d’être imputable au médicament du laboratoire Servier. Elle n’en avait pas tenu compte. C’est à partir d’un premier signalement par le CRPV de Tours que le Protelos, traitement préventif des fractures dues à l’ostéoporose du même laboratoire, a fini sa carrière en 2017. Celui de Montpellier fut à l’origine du signal sur l’augmentation du risque de cancer de la vessie lié à l’utilisation des antidiabétiques à base de pioglitazone. Ceux-ci furent suspendus en France en 2011 mais laissés sur le marché par l’Agence européenne du médicament avec un ajout dans la notice de contre-indications et de précautions d’emploi. Dans le dossier de l’antiépileptique Dépakine, où la décision de contre-indiquer ce médicament au cours de la grossesse a été prise en 2010, les risques avaient été évoqués dès 2004-2005 au sein du comité technique de pharmacovigilance, qui réunit tous les centres, à l’occasion de quatre cas marquants. « Deux de ces cas ont été transmis au groupe de travail “Grossesse et allaitement” [de l’ANSM], sans suites connues au vu des comptes rendus », constatait en 2015 le rapport de l’Inspection générale des affaires sociales. Dans une tribune publiée le 24 avril dans Le Monde, des responsables de ces centres s’étaient alarmés du projet de décret – qui leur était présenté après deux ans de discussions avec le ministère de la santé – prévoyant de réformer l’ensemble de la vigilance sur les produits de santé. Ils y voyaient « un risque de dérive vers un système trop administratif ou trop territorialisé » et invitaient les ­pouvoirs publics à « mesurer le risque qu’il y aurait à déstructurer le ­réseau des CRPV ».
La pharmacovigilance, qui a pour mission de détecter les effets indésirables des traitements médicaux, est en cours de réforme. Les autorités ont dû revoir leur copie, tenant compte des critiques des acteurs de terrain.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/06/10/une-reforme-seme-le-doute-chez-les-vigies-du-medicament_5474321_1650684.html
mlsum-fr-2040
L’édition 2019 de la manifestation « Lausanne Jardins », qui investit tous les cinq ans la capitale vaudoise, a pour thème la « pleine terre ». Celle-ci a quasiment disparu de notre champ visuel, sous le béton et le bitume, et elle ne réapparaît dans les rues ou sur les places qu’à l’occasion d’excavations pour la création d’un parking, de fouilles archéologiques ou pour la plantation d’arbres. Dans les parcs et jardins, seule sa partie supérieure affleure – quand elle n’est pas enherbée – autour des plantes et arbustes. Et même là elle tend à disparaître, dissimulée sous le compost, plus sombre, engrais naturel produit par la décomposition de feuilles, de tonte d’herbes et de déchets organiques. Le mulchage, de plus en plus répandu dans les jardins, qui consiste à recouvrir le sol sous des copeaux de bois ou des morceaux d’écorces de pin, la dissimule aux regards. L’utilité du mulch est néanmoins avérée : il permet, entre autres, de limiter de manière naturelle la pousse des plantes adventices et de réduire l’évaporation – et donc les besoins en eau des plantes et arbustes. « L’Incise », parc de Valency. Le terrain a été... incisé de façon à capter l’attention des visiteurs. L’installation inclut une table d’orientation et des panneaux explicatifs sur la nature des éléments constitutifs du sol. L. JEDWAB/« LE MONDE » La « balade des jardins » qui traverse Lausanne de part en part a pour axe la ligne de bus n° 9. Elle se déroule du parc de Valency, à l’ouest, espace public verdoyant préservé de l’urbanisation dans la première moitié du XXe siècle, au parc Guillemin, à l’est, une ancienne propriété appartenant aujourd’hui à la commune de Pully. Entre ce point de départ et ce point d’arrivée, c’est une trentaine de jardins et d’installations que l’on peut découvrir. Et s’il est pratique de suivre l’ordre indiqué sur le Carnet de route qui accompagne la manifestation (entièrement gratuite), il n’est pas interdit de prendre le chemin des écoliers... L’incise réalisée dans le sol du parc de Valency est la première installation du parcours suggéré, et elle met au jour « la face cachée du sol », grâce à un dispositif subtil qui ne laissera pas de cicatrice à la terre. La petite fille munie d’un arrosoir ou d’un seau et d’un transplantoir qui figure sur plusieurs murs de la ville nous rappelle, quant à elle, que les « mauvaises herbes » ont aussi leur utilité, à commencer par leur présence éminemment poétique. « Place to Live ». La petite fille espiègle créée par les artistes Maria Vill et David Mannstein a pris possession de plusieurs murs de la ville afin d’attirer le regard – et le changer... – sur ces herbes dites « mauvaises » qui poussent dans les interstices. L. JEDWAB/« LE MONDE » Les œuvres sont aussi diverses que le Jardin des souches, avec ses troncs décomposés par les champignons, les boules de verdure suspendues des kokedamas de la cour Galfetti ou les frênes recouverts de chaux du « Verger de la paix ». Une installation retient particulièrement l’attention : le Ciné-parc de la terre – quelques voitures vertes dont le coffre est rempli... de terre, stationnant face à un paysage sublime. Elles y occupent, sur le parvis d’une église toute contemporaine, sur un tapis provisoire de verdure synthétique, de vraies places de parking... avec vue sur le lac Léman. Autre clin d’œil mi-facétieux mi-sérieux, le Cadran solaire (nous sommes en Suisse...) de la taupe, conçu par le paysagiste et jardinier Gilles Clément, qui nous rappelle, au milieu de fleurs des champs, que la terre retournée par ce petit mammifère décrié possède plein de qualités. L’exposition « Toujours la vie invente », constituée autour de son cabinet de curiosités, et complétée par un « Abécédaire » poétique et subversif, est présentée au Service des parcs et domaines de la ville de Lausanne, à l’ouest de la ville, jusqu’au 22 septembre.
La manifestation « Lausanne Jardins » investit la capitale du canton de Vaud jusqu’au 12 octobre. Gilles Clément y présente son exposition « Toujours la vie invente ».
https://www.lemonde.fr/cotecourscotesjardins/article/2019/07/09/a-lausanne-de-la-terre-et-des-jardins-dans-la-ville_5487288_5004225.html
mlsum-fr-2041
A la Bourse de New York, lundi 16 septembre. SPENCER PLATT / AFP Après les attaques contre le complexe pétrolier de Saudi Aramco, samedi 14 septembre, en Arabie saoudite, l’incertitude régnait encore sur les marchés, mardi 17 septembre, au matin. Le cours du baril de brent, qui fait référence au niveau mondial, était en légère hausse à l’ouverture, à 68,15 dollars (61,90 euros). Lundi 16 septembre, il avait bondi de 14,6 %. Une envolée d’une ampleur historique. Les places américaines ont clôturé dans le rouge, lundi, et la Bourse de Tokyo a commencé la séance de mardi en légère baisse. Toutefois, « la réaction des marchés a été relativement modérée et pourrait être plus importante, si l’on considère l’ampleur des capacités de production touchées », observe Sara Vakhshouri, présidente du cabinet de conseil SVB Energy International, situé aux Etats-Unis. Les attaques ont réduit de plus de la moitié la production saoudienne, ce qui correspond à 5 % de l’offre mondiale. Soit une perte de 5,7 millions de barils par jour. Riyad a assuré, lundi, que le pays pourrait rapidement rétablir un tiers de sa production. Mais, selon l’agence Bloomberg, qui cite un responsable saoudien, il faudra « des semaines, voire des mois » avant un retour complet à la normale. Risque de pénurie a priori exclu à court terme En attendant, l’Arabie saoudite dispose de réserves au Japon, aux Pays-Bas et en Egypte. D’après le cabinet de conseil Rystad Energy, les stocks du premier exportateur mondial de brut représentent environ vingt-six jours d’exportations. Plusieurs pays possèdent également des réserves nationales, à l’instar de la France, qui a l’équivalent de trois mois de stocks dans ses différents dépôts. Si le risque de pénurie est donc a priori exclu à court terme, il est difficile de prévoir l’incidence de ce climat d’incertitude sur le niveau des prix. « Le marché sous-estime le risque d’un conflit dans le Golfe », expliquait, avant l’été, l’analyste Helima Croft de RBC Capital. La vulnérabilité des installations saoudiennes a replacé la question géopolitique au centre des préoccupations. Rien ne dit qu’une telle attaque ne se reproduira pas. Ou qu’une riposte saoudienne serait sans conséquences sur la production pétrolière régionale. « On ne peut pas non plus exclure l’hypothèse selon laquelle l’Arabie saoudite a surjoué l’ampleur de l’attaque dans un contexte où le marché risquait d’être excédentaire », estime Philippe Chalmin, professeur à l’université Paris-Dauphine et directeur du rapport Cyclope sur les marchés mondiaux de matières premières. L’Agence internationale de l’énergie tablait sur une moindre hausse de la demande de pétrole en raison du tassement de la croissance mondiale en 2020, doublée d’une augmentation de la production dans les Etats non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.
Après les attaques contre un complexe pétrolier en Arabie saoudite, l’Asie serait la région la plus affectée par une hausse durable des cours de l’or noir.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/17/la-flambee-du-petrole-menace-l-economie-mondiale_5511386_3234.html
mlsum-fr-2042
David Cameron (à droite) et le locataire actuel du 10 Downing Street, Boris Johnson (à gauche), à Londres, en 2015. JACK TAYLOR / AFP David Cameron sort de son silence. Dans le cadre d’une opération promotionnelle rondement menée, l’ancien premier ministre britannique, par qui le référendum sur l’Union européenne (UE) est arrivé, s’est confié dans une interview-fleuve au Times, vendredi 13 septembre. Le journal a par ailleurs égrainé, durant tout le week-end, les bonnes feuilles de ses Mémoires (For The Record, chez HarperCollins, non traduit), en vente à partir du 19 septembre. Que cherche l’ex-député conservateur, 52 ans, qu’une large majorité de la population considère comme responsable de la profonde crise politique dans laquelle le Royaume-Uni est plongé ? Manifestement, à rétablir sa vérité. Il règle aussi beaucoup ses comptes, notamment avec l’actuel premier ministre, Boris Johnson. Et soulage – un peu – sa conscience. « J’ai échoué », reconnaît David Cameron, qui avait été obligé de démissionner quelques jours après le référendum, gagné par les Brexiters à 51,8 %. Cet échec, « j’y pense tous les jours », assure l’ex-chef du gouvernement au Times, qui avoue même des épisodes dépressifs. Pas question, cependant, de regretter l’organisation de cette consultation populaire, qui a pourtant divisé le pays comme jamais, et complètement paralysé sa classe politique. Un référendum « inévitable » Le référendum était « inévitable », assure-t-il, « spécialement depuis la crise de la zone euro, l’UE changeait sous nos yeux, et notre situation précaire en son sein devenait encore plus difficile à tenir ». Un des moindres paradoxes de cette consultation populaire, c’est qu’elle était aussi destinée à réconcilier une bonne fois pour toutes le parti conservateur autour de la question européenne, mais qu’elle l’a fracturé au point qu’il est désormais menacé de schisme. Dimanche, un nouveau député tory, Sam Gyimah, ex-étoile montante du cabinet de Theresa May, a annoncé sa défection pour rejoindre le Parti des démocrates libéraux. M. Cameron reconnaît quand même qu’il a peut-être soulevé « trop d’espoirs » autour des concessions qu’il espérait décrocher de Bruxelles, avant de lancer la campagne référendaire, au printemps 2016. Les Européens lui ayant accordé des réformes essentiellement symboliques, la presse « lui est tombée dessus ». « J’aurais dû aussi davantage parler des vraies réussites de l’UE », admet M. Cameron, qui avait surtout beaucoup critiqué la construction commune, avant d’en dire enfin du bien, sur les trois derniers mois avant le référendum.
L’ancien premier ministre britannique, 52 ans, qui a déclenché le référendum sur le Brexit en 2016, s’est confié au « Times » et publie ses Mémoires le 19 septembre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/15/brexit-cet-echec-j-y-pense-tous-les-jours-david-cameron-regle-ses-comptes-dans-un-livre_5510735_3210.html
mlsum-fr-2043
Avocats, médecins et paramédicaux, pilotes, stewards ont manifesté pour défendre leurs « régimes autonomes » de retraite, à Paris, le 16 septembre. LAURENCE GEAI POUR LE MONDE Chronique. Marine Le Pen cherchait un os à ronger, elle l’a trouvé. En quelques phrases assassines, la présidente du Rassemblement national (RN) a étrillé la réforme des retraites portée par le très consensuel Jean-Paul Delevoye. « La retraite à points fera que personne ne pourra plus savoir à quel âge il partira à la retraite ni quel sera le montant de sa pension. C’est là l’organisation d’une insécurité dans toute la vie professionnelle », a jugé la dirigeante du RN, dimanche 8 septembre, depuis son fief d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). La charge, violente, donne une idée de l’âpreté du débat qui est en train de se nouer autour du projet de remplacer les quarante-deux régimes de retraite existants par un régime universel, par répartition, dans lequel chaque euro cotisé donnerait le même droit à pension pour tous. Là où le haut-commissaire, habile négociateur, s’emploie à anesthésier les oppositions en vantant « le dialogue constructif » qu’il a engagé avec les partenaires sociaux depuis deux ans, Mme Le Pen joue sur la dimension anxiogène inhérente à toute la réforme. Et quand le premier vante « une refondation qui garantira une retraite plus simple et plus juste pour tous », la seconde dénonce un risque accru d’insécurité. Le problème est que M. Delevoye et Mme Le Pen ont raison tous les deux, et qu’il serait dangereux pour le gouvernement de balayer d’un revers de main les arguments de la seconde. Une série d’exceptions Sur le papier, tout est simple : 100 euros cotisés donneront droit à 5,50 euros de retraites par an à chaque travailleur pour un même taux de cotisation fixé à 28 %. Rien de plus transparent, rien de plus équitable, comparé au système actuel, où, selon le régime auquel vous appartenez, la date de départ à la retraite, le taux de cotisation et la période prise en compte pour calculer le montant de votre pension peuvent très sensiblement varier, creusant, à salaire égal, des inégalités liées au statut. Mais, sur le schéma extrêmement simple décrit par le haut-commissaire, vient se greffer toute une série d’exceptions : il faut par exemple garantir un minimum de pension aux Français ayant eu des revenus très modestes, assurer le niveau de vie des veuves et des veufs grâce aux pensions de réversion, accorder des points supplémentaires pour chaque enfant élevé, tenir compte de la pénibilité de telle ou telle profession. Le tout sans augmenter le montant de ce que la nation consacre au financement des retraites, soit 14 % du produit intérieur brut.
Il serait dangereux pour le gouvernement de balayer d’un revers de la main l’argument dénonçant un risque accru d’insécurité pour les futurs retraités, estime, dans sa chronique, Françoise Fressoz, éditorialiste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/17/seule-la-maturite-de-l-opinion-peut-sauver-la-reforme-des-retraites_5511209_3232.html
mlsum-fr-2044
Gaten Matarazzo joue le chef-d’orchestre de cette télé-réalité en forme de traquenard horrifique. Courtesy of Netflix NETFLIX - À LA DEMANDE - TÉLÉ-RÉALITÉ Ces « rencontres piégées » tombent à pic au moment d’Halloween. Et c’est bien évidemment la raison pour laquelle Netflix vient d’ajouter cette série – qui n’est pas de la fiction, mais de la télé-réalité truquée – à son menu, déjà assez copieux en ce qui concerne le registre de l’horreur. Les amateurs de la série Stranger things retrouveront avec joie aux manettes de Prank Encounters le plus marquant (et marrant) des jeunes acteurs qui s’y produisent, Gaten Matarazzo. Ce jeune luron frisé, à qui longtemps manqua une incisive, mène la danse jusqu’au final de cet ensemble de huit épisodes de vingt à vingt-cinq minutes. Dans chacun d’entre eux, deux « naïfs », candidats à un emploi, ne savent rien de ce qui les attend et ignorent que les personnes les entourant sont des acteurs au courant des événements, parfois traumatisants, qui vont se déclencher : une route meurtrière en forêt, un ours en peluche tueur, un camp de vacances dans lequel circule un meurtrier (variation sur le thème du « slasher » illustré par la saison 9 de la série American Horror Story : 1984, de Ryan Murphy et Brad Falchuk), un chirurgien fou, un astronaute dont les entrailles sont envahies par un corps étranger, un goûter d’anniversaire qui tourne au cauchemar, etc. Pris au piège de l’effroi Vues de ce côté rassurant de la lorgnette, les situations semblent délicieusement puériles et un peu tirées par les cheveux. Mais on se demande ce que, en pareille posture, on aurait bien pu faire en se trouvant soi-même pris au piège de l’effroi… On sursaute, on frémit, mais on se trouve tout autant pris de fou rire : plus les victimes sont terrorisées et hurlent, plus on se gondole sur le canapé… La Toile bruit d’une interrogation probablement inévitable en pareille situation : les innocents bernés ne seraient-ils pas eux aussi des acteurs contrefaisant le naturel présumé de leurs réactions, faisant du spectateur le dindon de cette farce en l’incluant dans une mise en abyme savamment concoctée (dans laquelle, d’ailleurs, la série Stranger Things est même évoquée par l’une des victimes) ? On avoue qu’on a pris le parti d’y croire – et on a plaisir à confirmer que cela marche. Prank Encounters, série créée par Doug Perkins et Davis Storrs, réalisée par Anthony Gonzales. Avec Gaten Matarazzo, Peter Giles, David Storrs (EU, 2019, 8 x 20, 24 min.). Netflix à la demande.
Netflix propose une série de farces et coups montés horrifiques dans lesquels sont entraînés des « naïfs » censés ne pas être au courant du subterfuge…
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/31/conseil-pour-fremir-ou-rire-le-soir-d-halloween-regarder-prank-encounters_6017571_3246.html
mlsum-fr-2045
Michel Platini a été suspendu fin 2015, pour une durée de quatre ans, par le comité d’éthique de la FIFA pour un versement de 2 millions de francs suisses (1,8 million d’euros) que lui avait fait le prédident de la FIFA, Sepp Blatter, en 2011. SEBASTIAN DERUNGS / AFP De retour au premier plan depuis un mois, après quatre années de suspension, Michel Platini multiplie les contre-attaques. L’ex-joueur a déclaré, vendredi 8 novembre à l’Agence France-Presse (AFP), qu’il réclame à l’Union des associations européennes de football (UEFA), instance qu’il a dirigée entre janvier 2007 et octobre 2015, le paiement d’arriérés de salaire et d’un bonus « prévus dans son contrat » ainsi que le paiement de frais d’avocats. « Le bonus, c’était quelque chose que le responsable des finances devait au président pour l’organisation de l’Euro », explique M. Platini. Quant aux frais d’avocats, « c’était au moment où j’étais président et l’UEFA avait promis de ce fait de les payer ». L’AFP, s’appuyant sur des sources proches du dossier, indique que Michel Platini demande des arriérés de salaires de 5,5 millions pour « la période allant de 2016 à 2019 », un bonus de 1,8 million « pour sa contribution au succès de l’Euro-2016 en France » et le paiement de 636 000 euros de frais d’avocats. S’il assure demander « via [ses] avocats, l’application des éléments contractuels », l’intéressé assure que les montants évoqués « sont faux ». « Nous avons réclamé un solde de salaire, qui est selon nous dû contractuellement », a ajouté dans un courriel à l’AFP Vincent Solari, avocat de l’ancien Ballon d’Or. « Nous n’avons pas réclamé le bonus que vous indiquez, ni en l’état un montant de salaire tel que celui que vous mentionnez, mais largement moins », a tempéré l’avocat. Me Solari a ajouté qu’il allait « sans doute devoir engager une procédure » aux prud’hommes « car l’UEFA, après avoir longuement temporisé, vient de nous indiquer qu’elle contestait cette prétention, sans aucune motivation ». Plainte contre X recevable Il y a quelques jours, la plainte contre X qu’avait déposée Michel Platini en septembre 2008, pour « dénonciation calomnieuse » et « association de malfaiteurs en vue de commettre le délit de dénonciation calomnieuse », avait été jugée recevable par le parquet de Paris. Cette plainte vise à faire la lumière sur les conditions de sa suspension décidée par le comité d’éthique de la Fédération internationale de football (FIFA) et qui l’avait contraint à renoncer à briguer la présidence de cette instance, en janvier 2016. Michel Platini estime avoir été victime d’un complot. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Fin de la suspension de Michel Platini : comment le Français a été le grand perdant d’un ménage à trois au sein de la FIFA Au terme de son enquête préliminaire, la justice française a « officiellement dénoncé les faits » au Département fédéral de la justice et de police de la Confédération helvétique. Les enquêteurs suisses vont devoir procéder à des auditions et reconstituer l’engrenage qui a conduit à la chute de l’ex-capitaine des Bleus. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans « Entre nous », Michel Platini revient sur les dessous de sa chute
L’ex-dirigeant du football européen réclame le paiement d’arriérés de salaire, d’un bonus et de frais d’avocats. Son avocat envisage d’« engager une procédure » aux prud’hommes contre l’UEFA.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/11/08/football-michel-platini-reclame-de-l-argent-a-l-uefa_6018470_3242.html
mlsum-fr-2046
Portail d’entrée de l’abbaye Sainte-Croix. GUILLAUME SOUVANT / AFP Cachée au bout d’un petit chemin qui part de la départementale 741, sur la commune de Saint-Benoît (Vienne), à sept kilomètres au sud de Poitiers, l’abbaye Sainte-Croix n’a que peu d’intérêt architectural. Le bâtiment, à la façade austère, date des années 1960 et du transfert du monastère depuis le centre-ville. On peut y admirer, gardée par une demi-douzaine de moniales bénédictines de la congrégation du Sacré-Cœur, une relique de la sainte croix. On peut aussi passer une nuit dans l’une de ses douze chambres. Et jusqu’à il y a peu, on pouvait y recevoir d’étonnants soins, qui valent à l’endroit une subite notoriété dont les moniales se seraient bien passées. L’affaire a été rendue publique le 19 septembre lorsque l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a interdit des « essais cliniques », qualifiés d’« illégaux », qui se déroulaient dans l’abbaye. Vendredi 27 septembre, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire, notamment pour « abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse d’une personne vulnérable » et « exercice illégal de la profession de pharmacien ». « On nage en plein mystico-médical », constate-t-on au diocèse de Poitiers, où l’on assure avoir découvert l’affaire dans la presse. Vigilance de quelques médecins Au cours de l’année 2018, l’abbaye a accueilli près de 400 personnes, pour la plupart âgées, auxquelles a été proposé, moyennant « entre 1 000 et 2 500 euros », un « patch » cutané supposé traiter les troubles du sommeil, mais surtout deux maladies incurables, Alzheimer et Parkinson. Un traitement développé et testé de manière clandestine par deux anciens professeurs septuagénaires et fervents catholiques, Henri Joyeux et Jean-Bernard Fourtillan – ce dernier n’a pas souhaité nous répondre. « Une histoire pareille, c’est extrêmement rare. » A l’ANSM, on n’a pas souvenir d’un tel précédent : un essai clinique mené de façon totalement clandestine, découvert uniquement grâce à la vigilance de quelques médecins, étonnés des confessions de leurs patients souffrant d’Alzheimer, de Parkinson ou de troubles du sommeil. « Un confrère m’a alerté », raconte le professeur Philippe Damier, neurologue au centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes, qui a donné l’alerte. Le fonds de dotation Josefa a été créé en 2015 pour financer la recherche sur la valentonine, molécule révélée – « divinement » comme il l’explique sur le site Internet du fonds – au professeur Fourtillan en avril 1994. Le nom de cette structure, chargée de financer le développement de cette substance proche de la mélatonine, est un hommage à la sœur Josefa Menendez, religieuse espagnole du Sacré-Cœur de Jésus, morte en 1923 à Poitiers, après avoir reçu toute sa vie des « messages » d’amour divin.
On trouve aussi bien l’un des actionnaires du Rugby Club de Toulon qu’un expert externe de l’Agence nationale de sécurité du médicament.
https://www.lemonde.fr/sante/article/2019/10/03/a-l-abbaye-sainte-croix-des-essais-cliniques-illegaux-aux-etonnants-promoteurs_6014003_1651302.html
mlsum-fr-2047
Distribution de tracts à la Fête de « L’Humanité », à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), le 14 septembre. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP Les militants communistes les plus aguerris le savent : « Le parti a toujours raison », mais la réalité le rattrape souvent. Près d’un an après leur congrès, où Fabien Roussel fut élu secrétaire national en promettant une candidature communiste autonome à chaque élection, les travées de la Fête de L’Humanité (qui se tient du 13 au 15 septembre à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis) bruissaient d’une musique un peu différente : le PCF a mis en sourdine, pour les prochaines élections municipales de mars, l’identité communiste et mis en avant un autre aspect de son discours, celui de « l’union dès le premier tour » partout où c’est possible. « Nous avons la main tendue et le stylo Bic ouvert », a ainsi déclaré M. Roussel. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Ian Brossat : « Personne, à gauche, ne peut gagner seul » Le score de la liste menée par Ian Brossat, qui a recueilli 2,5 % des voix, a sans doute agi comme un révélateur : l’urgence est désormais de sauver ce qui peut l’être. Le parti de la place du Colonel-Fabien garde toujours une implantation locale forte, c’est l’un de ses atouts : « 800 maires et 7 000 élus », selon M. Brossat, porte-parole. « Salade, tomates, union » « Si la gauche est unie dès le premier tour, on peut trouver une dynamique et l’emporter face à la droite, voire à l’extrême droite », plaide encore Fabien Roussel. Avec son sens de la formule habituelle, il résume : « Ici, le sandwich, c’est salade, tomates, union. Mais à la sauce marxiste. » Les cadres PCF en ont conscience : ils jouent très gros pour les élections municipales. Plusieurs bastions sont menacés de tomber, en raison d’une multiplication des listes à gauche. Le meilleur exemple est la ville de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Plus grosse municipalité PCF (118 000 habitants), elle pourrait arriver dans l’escarcelle du socialiste Mathieu Hanotin. En effet, outre la liste conduite par la majorité municipale, il pourrait y avoir une liste La France insoumise (LFI), voire une liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV), si ces derniers décident de partir sous leurs propres couleurs. « Ça va être chaud à force que tout le monde joue aux imbéciles », lâche le maire, Laurent Russier. « Ce n’est pas une cause perdue : EELV est très marqué à gauche dans le département. Et l’accord passé entre nous à Aubervilliers laisse bon espoir », ajoute-t-il. M. Russier pointe par ailleurs le « risque » que Saint-Denis ne s’embourgeoise sous le mandat d’un maire socialiste, comme ce fut le cas, selon lui, de Pantin et des Lilas.
Dans un discours à la Fête de « L’Humanité », qui se tient jusqu’à dimanche à La Courneuve, Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, a « tendu la main » à ses partenaires de gauche.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/09/14/fete-de-l-humanite-pragmatiques-les-communistes-cherchent-l-union-a-gauche-avant-les-municipales_5510498_823448.html
mlsum-fr-2048
David Marcus (au premier plan), le responsable de la monnaie numérique de Facebook, le libra, auditionné devant la Commission des finances, à Washington, le 17 juillet. Andrew Harnik / AP « Libra est dans tous les esprits », confiait à la presse, mercredi 17 juillet, le ministre allemand des finances, Olaf Scholz, lors de la réunion avec ses homologues et les banquiers centraux du G7, à Chantilly (Oise). Le même jour et la veille, la Chambre des représentants et le Sénat des Etats-Unis avaient auditionné longuement David Marcus, le responsable pour Facebook de ce projet de monnaie numérique. Après avoir créé la surprise, le libra, dont le lancement est prévu en 2020, semble presque faire l’unanimité contre lui, au sein des gouvernements du G7 qui peinent à s’entendre sur la taxation des géants du numérique, comme parmi les républicains et les démocrates américains. « Aujourd’hui, les conditions ne sont pas réunies pour que cette monnaie telle qu’elle a été proposée par Facebook puisse être en fonction », a déclaré le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, déterminé à ne pas autoriser une entreprise privée « à se doter d’une monnaie souveraine ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La taxe GAFA et la cryptomonnaie libra, principaux sujets de discussion entre ministres des finances du G7 Alors qu’ils avaient laissé les autres innovations financières (Applepay, Paypal…) de paiement se développer, tout en les surveillant, les grands argentiers du G7 ont ici changé de philosophie : « Aucun des projets tels que libra ne pourra démarrer avant que nous ayons obtenu des réponses claires », assène le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, appelant au respect « des standards de régulation les plus élevés, notamment en matière de lutte antiblanchiment et de protection des consommateurs ». Chargé de piloter un groupe de travail sur le sujet, le Français Benoît Cœuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), a présenté à Chantilly les premières lignes d’un rapport attendu en octobre. Le conseil de stabilité financière, qui regroupe les grands régulateurs de la planète, poursuivra ensuite les réflexions sur l’encadrement des « stable coins », ces devises numériques qui, comme le libra, sont assises sur une réserve de monnaies traditionnelles. « Facebook s’est comporté jusqu’ici comme un gamin avec une boîte d’allumettes », a taclé Sherrod Brown, le sénateur démocrate de l’Ohio A la Chambre des représentants des Etats-Unis, M. Marcus s’est vu plusieurs fois demander de s’engager à un « moratoire » sur le projet. « Je fais le serment que Facebook ne lancera pas le libra tant que nous n’aurons pas obtenu les autorisations nécessaires », a répondu le responsable. « Donc, c’est un non de votre part », a sèchement rétorqué Maxine Waters, la présidente de la commission des finances, qui a déjà rédigé une proposition de loi « interdisant aux géants du numérique d’entrer dans la finance ». Dans le même esprit, l’Inde, dont le marché de transferts d’argent est visé par Facebook, a interdit les « cryptomonnaies » qui, comme le libra, utilisent la technologie sécurisée de transmission d’informations « blockchain ».
Son lancement est prévu en 2020. Mais aux Etats-Unis comme en Europe, les régulateurs, banquiers centraux et gouvernements se méfient.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/07/18/pluie-de-critiques-sur-la-monnaie-de-facebook_5490765_3234.html
mlsum-fr-2049
Supporteurs de l’Algérie à Lyon, vendredi soir 19 juillet. JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP Une enquête a été ouverte par la justice, samedi 21 juillet, pour éclaircir les circonstances dans lesquelles un jeune homme a été blessé à l’œil à Lyon, vendredi soir, lors des célébrations de la victoire de l’Algérie en finale de la Coupe d’Afrique des nations, a appris l’Agence France-Presse auprès du parquet. Informé samedi matin de l’hospitalisation d’un homme présentant « une blessure au visage susceptible d’avoir été occasionnée au cours des événements de la nuit », le procureur de la République de Lyon, Nicolas Jacquet, a indiqué à l’AFP avoir « immédiatement » diligenté une enquête. Audition de la victime « dès que possible » Selon France 3 Rhône-Alpes, qui a révélé l’information, le jeune homme de 20 ans, originaire des monts du Lyonnais, était venu vendredi soir dans le centre-ville de Lyon pour fêter la victoire de l’Algérie face au Sénégal et aurait perdu un œil après avoir reçu un projectile. Ses proches, interrogés par la chaîne régionale, accusent les forces de l’ordre d’avoir atteint le jeune homme avec un lanceur de balles de défense. L’état de santé de la victime ne permettait pas, samedi, de procéder à son audition et à un examen médico-légal, a précisé M. Jacquet, assurant que ceux-ci seront réalisés « dès que possible ». Des scènes de liesse, la plupart du temps bon enfant, se sont déroulées dans les rues de Lyon vendredi soir, dès la victoire de l’Algérie à la Coupe d’Afrique des nations, face au Sénégal. Un bref accrochage avait opposé supporters de l’Algérie et forces de l’ordre, visées par des projectiles sur le pont de la Guillotière. Les assaillants avaient été rapidement dispersés après quelques jets de grenades lacrymogènes, avait alors constaté un journaliste de l’AFP.
Les proches du jeune homme de 20 ans suspectent les forces de l’ordre d’être responsables de sa blessure à l’œil, le soir de la finale de la Coupe d’Afrique des nations.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/21/lyon-enquete-ouverte-apres-la-blessure-d-un-homme-a-l-il-le-soir-de-la-victoire-de-l-algerie_5491806_3224.html
mlsum-fr-2050
Tribune. Appelés aux urnes pour la deuxième fois en six mois, les Espagnols, en dépit de leur scepticisme sur la nécessité de ce nouveau scrutin, ont voté massivement (70 %) le 10 novembre. Et les résultats révèlent la fluidité du corps électoral, amplifiée par une proportionnelle à fort biais majoritaire. La carte électorale, entre avril et novembre, a été profondément remaniée. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les scrutins en série et les jeux de pouvoir lassent les Espagnols Depuis 1982, le système partisan espagnol s’organisait autour du clivage gauche-droite. A partir des années 1990, il a dû faire une place aux nationalistes catalans et basques, dont le concours se révélait essentiel pour la configuration d’une majorité parlementaire. En 2015, à l’issue d’une législature dominée par le Parti populaire (PP) et marquée par une politique d’assainissement financier sévère, les électeurs espagnols avaient abandonné le bipartisme et installé dans le paysage politique deux nouveaux partis. A gauche, Podemos, conduit par Pablo Iglesias, espérait « cannibaliser » le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et devenir le Syriza espagnol. Au centre, Ciudadanos (C’s), né en Catalogne en 2005, entendait introduire de la souplesse dans le système en refusant la logique de l’affrontement gauche-droite et en se présentant comme parti charnière. A eux deux, ils rassemblèrent plus d’un tiers des voix et quelque 110 députés. Perturbant l’ordonnancement du bipartisme, leur irruption avait obligé à répéter les élections en juin 2016. Cette fois-ci, le PP avait pu, avec le soutien de C’s, gouverner jusqu’en juin 2018, avant qu’une motion de censure ne porte Pedro Sanchez (PSOE) à la présidence du gouvernement. « En avril, la montée en puissance de la droite la plus radicale avait été freinée par la mobilisation de l’électorat de gauche » En avril 2019, le PSOE l’avait emporté (28,7 %, 123 sièges), le PP s’était effondré (16,7 %, 66 élus). Le grand vainqueur du scrutin fut Ciudadanos (15,9 %, 57 députés), qui entendait disputer l’hégémonie de la droite au PP. Podemos reculait, victime du rééquilibrage à gauche (14,3 % et 42 sièges). Vox, une scission du PP, qui, en 2015, n’obtenait que 0,2 % des voix, faisait une entrée fracassante au Parlement avec 10,3 % des voix et 24 élus. Toutefois, cette montée en puissance de la droite la plus radicale avait été freinée par la mobilisation de l’électorat de gauche et par la modération profonde de l’électorat espagnol. Pari perdu pour Sanchez
L’idéal centriste, qui remonte à la transition démocratique, est affaibli par la montée en puissance des partis séparatistes et de Vox lors du scrutin du 10 novembre, estime, dans une tribune au « Monde », l’historien Benoît Pellistrandi.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/11/11/les-elections-en-espagne-revelent-l-affaiblissement-du-consensus-constitutionnel_6018770_3232.html
mlsum-fr-2051
Jeanne Moreau et Marie-France Pisier dans « Souvenirs d’en France » (1975), d’André Téchiné. 1975 TIGON FILM DISTRIBUTORS – IMPEX-FILMS. TOUS DROITS RÉSERVÉS Avec le temps, André Téchiné (Ma saison préférée, Les Roseaux sauvages) est devenu, à lui seul, une possible incarnation du cinéma d’auteur français, remuant traits et thèmes qui ont pris valeur de paradigmes : roman familial, attaches régionales (le Sud-Ouest natal du cinéaste), curiosité pour le fait divers, passions intempestives… Or, plus l’on remonte le fil de sa filmographie vers son origine, à la charnière des années 1960 et 1970, plus l’on rencontre de films intrigants, atypiques de par leur ton et leur forme, sortis du sillon de la modernité. Après Paulina s’en va (1969), conte psychiatrique et petite bulle d’étrangeté, Souvenirs d’en France (1975), son deuxième long-métrage que le distributeur Carlotta ressort en salle dans une version fastueusement restaurée, poursuivait cette veine distanciée, élevée au degré plus ambitieux d’une fresque familiale épousant le cours houleux du XXe siècle. Dans une petite ville du Sud-Ouest, au début des années 1930, les Pédret, famille d’industriels à la tête d’une usine métallurgique, célèbrent les noces du cadet, Prosper (Claude Mann), avec la prétentieuse Regina (Marie-France Pisier), fille de bonne famille aux airs pincés. Berthe (Jeanne Moreau), humble blanchisseuse, entretient une relation officieuse avec l’aîné, Hector (Michel Auclair), chef d’atelier qui ne tarde pas non plus à lui passer la bague au doigt. Elle se retrouve ainsi projetée au cœur du clan, de ses légendes, de ses tensions, entre l’hostilité de sa belle-mère, Augustine (la pagnolienne Orane Demazis), et la reconnaissance d’un patriarche venu d’Espagne au début du siècle, au même parcours de transfuge de classe. Au fil des années, du Front populaire aux années 1970, en passant par les années de guerre et d’occupation, Berthe, auréolée de son concours à la Résistance, se hisse progressivement dans la hiérarchie familiale jusqu’à en gouverner les affaires. Capitalisme industriel et familial Alors qu’une telle fresque pouvait verser dans l’académisme bon teint ou le bal costumé de la reconstitution historique, Souvenirs d’en France échappe à ces deux écueils pour leur substituer un imparable bréviaire politique sur les destinées, espoirs et mirages confondus, du capitalisme gaullien, amené à connaître son apogée dans les « trente glorieuses ». Le film est d’ailleurs moins une fresque qu’une frise, tant il fait preuve d’un formidable esprit de synthèse. Son récit elliptique, à base de courtes scènes tranchées, brasse le cours du siècle à pas de géant tandis que sa scénographie ressaisit les soubresauts de l’histoire par le biais des crises familiales. La mise en scène souligne les structures invisibles de la famille, sa verticalité parfois écrasante, mais aussi les rapports de classe qui définissent son rapport à l’extérieur – parallèlement à l’ascension de Berthe, on suit le parcours d’un ouvrier, Pierre, joué par Pierre Baillot.
Le deuxième long-métrage d’André Téchiné ressort en salle dans une belle version restaurée. Il est projeté au festival Cinemed de Montpellier le lundi 21 octobre.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/09/reprise-souvenirs-d-en-france-sous-le-roman-familial-un-breviaire-politique-sur-les-espoirs-du-capitalisme_6014770_3246.html
mlsum-fr-2052
Le premier ministre Edouard Philippe lors des questions au gouvernement le 15 octobre à l’Assemblée nationale. JULIEN MUGUET POUR LE MONDE Il a tenu à remobiliser les troupes. Le premier ministre, Edouard Philippe, a souligné la volonté de l’exécutif de mener à bien la réforme des retraites, mardi 5 novembre, lors de la réunion du groupe macroniste à l’Assemblée nationale. « Ne doutez pas de la détermination de l’exécutif ! On le fera », a-t-il affirmé aux députés de la majorité, en soulignant l’ambition du gouvernement en la matière. « La vérité, c’est que cette réforme, par son ampleur, est plus importante que toutes celles, cumulées, qui ont été menées depuis 1993. » Alors que la CGT, FO, la FSU et Solidaires ont appelé à « une première journée » de grève interprofessionnelle le 5 décembre contre la réforme, rejoignant plusieurs syndicats de la SNCF et de la RATP, Edouard Philippe a répété son intention de transformer le système actuel en « un régime universel par points », tout en maintenant le système « par répartition actuel ». Ressouder les troupes Lors de ce discours volontairement offensif, le premier ministre a demandé aux députés de La République en marche (LRM) de davantage monter au créneau pour défendre le projet du gouvernement. « Il faut que vous alliez davantage dans les médias pour en parler », leur a-t-il lancé. Avec un objectif clair : tordre le cou à l’idée selon laquelle l’exécutif ferait preuve de fébrilité. « Ne laissez pas nos opposants dire qu’on recule ! » « Ne laissez pas prospérer la fausse musique, qui dit qu’on repousserait la mise en œuvre de la réforme ! », a-t-il encore déclaré, en soulignant la « fermeté » et « la détermination à toute épreuve » du pouvoir. Une manière de ressouder les troupes, en les appelant à faire bloc face à la contestation à venir. Pas question de donner des signes de faiblesse, alors que les syndicats tentent de mobiliser pour imposer un rapport de forces. Et que l’exécutif semble prêt à reculer pour éviter un blocage du pays, notamment en repoussant la mise en œuvre de cette réforme censée fusionner les 42 régimes existants. Récemment, le gouvernement a ainsi évoqué l’application de la « clause du grand-père », qui consisterait à n’appliquer la retraite par points qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Réforme des retraites : le gouvernement va-t-il reculer en évoquant la « clause du grand-père » ? Récemment, Emmanuel Macron a lui aussi affiché la détermination de l’exécutif, en assurant le 28 octobre sur RTL qu’il n’aurait « aucune forme de faiblesse ou de complaisance » face aux mobilisations contre sa réforme des retraites même si cette dernière devait le rendre « impopulaire ». « Dynamite sociale » Pourtant, au sein de la majorité, plusieurs députés jugent le contexte social trop inflammable pour mener à bien ce projet de loi, considéré comme le plus important du quinquennat. Celui de tous les dangers, aussi, qui constitue un vrai test de la capacité réformatrice du chef de l’Etat. « Sur la réforme des retraites, on doit avancer à petits pas car le climat social est trop explosif. Entre les agriculteurs, les pompiers, les policiers, les hôpitaux, la SNCF… La France est en colère ! C’est trop tendu en ce moment. Ce n’est pas le moment de réformer à grand pas, alors que les gens sont à cran. On arrive en terrain miné, met ainsi en garde le député LRM de l’Hérault, Patrick Vignal. La période est trop compliquée et trop sensible pour qu’on bouscule encore les Français. La politique est un temps long. » Un avis partagé par plusieurs membres du gouvernement, qui restent traumatisés par la mobilisation des « gilets jaunes ». D’autant que ces derniers, qui cherchent à se relancer un an après le début de leur mobilisation, le 17 novembre 2018, ont appelé à rejoindre la grève du 5 décembre. « Le risque de se retrouver débordés par la rue existe », redoute un ministre. « On touche là à de la dynamite sociale donc on est très prudent », assure une source au sein de l’exécutif. Avant de conclure : « Les retraites, c’est un vrai sujet car rien que le mot seul crée de l’inquiétude. » L’exécutif donne l’impression de souffler le chaud et le froid sur ce dossier ultra-sensible, entre sa volonté d’afficher son volontarisme et son souci de ne pas mettre de l’huile sur le feu. Le discours mobilisateur du premier ministre à sa majorité, à usage interne, tranche en effet avec le ton beaucoup plus prudent employé par le même, il y a près de trois semaines, à destination du public. Le 17 octobre, devant une petite centaine de personnes venues échanger avec lui sur la réforme à Lons-le-Saunier (Jura), Edouard Philippe avait surtout donné l’impression de vouloir déminer. « Je ne suis pas du tout le pied sur l’accélérateur », avait-il ainsi précisé, en se montrant prêt à la concertation et à d’éventuels aménagements. « Il faut prendre le temps de discuter », avait-il souligné, s’employant, pendant plus de deux heures, à rassurer. Loin du message de combat à ses troupes, visant à les regonfler avant l’épreuve sociale.
Le premier ministre a demandé mardi aux députés macronistes de davantage monter au créneau sur la réforme des retraites alors qu’une grève interprofessionnelle est prévue le 5 décembre.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/11/05/retraites-edouard-philippe-reaffirme-la-determination-de-l-executif_6018127_823448.html
mlsum-fr-2053
Avec les premières averses diluviennes qui s’abattent sur Bombay depuis le 24 juin, la mousson fait à nouveau planer une menace qui donne des insomnies aux élus : l’effondrement des bâtiments les plus vétustes. Par précaution, la municipalité a identifié cette année 499 immeubles à risque et ordonné l’évacuation de 23 d’entre eux, dont Esplanade Mansion, un trésor architectural qui abritait autrefois le fameux Watson’s Hotel. Un chef-d’œuvre de l’ère victorienne C’est dans cet établissement de l’époque victorienne qu’Auguste et Louis Lumière organisèrent la première projection cinématographique du sous-continent, en 1896. On raconte aussi que l’écrivain américain Mark Twain et Mohammad Ali Jinnah, futur fondateur du Pakistan, y séjournèrent. La charpente du Watson’s Hotel – du nom d’un drapier qui avait fait fortune –, appelé aujourd’hui Esplanade Mansion, avait été construite en Angleterre puis acheminée par bateau. INDRANIL MUKHERJEE/AFP Avec ses 130 chambres et une vingtaine de suites offrant, depuis de longs balcons courant sur cinq étages, une vue imprenable sur la mer d’Arabie, l’hôtel triait sur le volet sa clientèle. La légende veut ainsi que Jamsetji Tata, fondateur du futur empire industriel Tata, se vit refuser l’entrée en raison de sa couleur de peau et décida, pour se venger, d’acquérir à quelques centaines de mètres de là une parcelle au bord de l’eau, pour y ouvrir, en 1903, le somptueux Taj Mahal Palace et sa coupole de tuiles inspirée du Duomo de Florence. Le Watson’s Hotel devait initialement abriter les bureaux de John Watson, un drapier anglais ayant fait fortune grâce à la Compagnie des Indes orientales. Une vocation commerciale que l’édifice retrouvera en 1960, en accueillant dans ses murs toutes sortes de négociants et pléthore d’avocats, du fait de la proximité immédiate de la Haute Cour de Bombay. Un squelette de fonte qui avait fait sensation C’est d’ailleurs sur ordre de la justice que les derniers locataires et squatteurs ont fait leurs valises, puis que les portes ont été scellées et des palissades métalliques dressées mi-juin le long des trottoirs, pour interdire toute intrusion. Le squelette de fonte qui fit sensation lors de son inauguration, en 1869, menace à tout moment de s’affaisser. Et, au désespoir des conservateurs des monuments historiques, il n’est même pas certain que des experts soient autorisés à pénétrer à l’intérieur afin d’évaluer la faisabilité technique d’une réhabilitation. « Sa construction, il y a cent cinquante ans, fut un exploit, cela justifie que des moyens soient trouvés pour le maintenir debout. » Vikas Dilawari, expert du patrimoine Au printemps, l’Indian Institute of Technology, la plus prestigieuse école d’ingénieurs de Bombay, a rédigé un rapport sans appel. Selon lui, « la structure d’Esplanade Mansion a perdu sa rigidité, une restauration ne serait ni logique ni économiquement viable ». De quoi soulever une fronde dans le petit milieu des architectes. « Esplanade Mansion est très important d’un point de vue historique et culturel », affirme Vikas Dilawari, l’un des experts du patrimoine les plus en vue de Bombay.
Le propriétaire de ce monument historique et culturel, rebaptisé Esplanade Mansion, mise sur les dégâts causés par les pluies… pour pouvoir vendre le terrain à prix d’or.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/07/05/a-bombay-le-watson-s-hotel-menace-par-la-mousson_5485829_4500055.html
mlsum-fr-2054
Le passage à la retenue à la source ne va aucunement vous dispenser de s’intéresser à votre déclaration de revenus. Pascal BROZE/Onoky / GraphicObsession En 2019, 70 % des foyers fiscaux ont déclaré leurs revenus en ligne, soit 25 millions de foyers. Soit 2 millions de foyers de plus que l’année dernière. On est encore loin du tout numérique malgré la généralisation de la déclaration en ligne à l’ensemble des contribuables (l’année dernière cette obligation ne concernait que ceux dont les revenus étaient supérieurs à 15 000 euros). Dès l’année prochaine, « près d’une douzaine de millions de contribuables – ceux qui n’ont rien à modifier à leur déclaration préremplie – n’auront plus rien à faire », a confirmé Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics. Même si le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu permet aux contribuables de s’acquitter quasiment en temps réel de l’impôt sur leurs revenus courants, il ne les libère pas de toute formalité. Au contraire. Il s’agit d’une idée reçue – parmi d’autres – que dénonce le Cercle des fiscalistes dans un ouvrage publié aux Editions Francis Lefebvre « Les intox fiscales ». « Le passage à la retenue à la source ne va aucunement restreindre l’étendue des obligations déclaratives des contribuables », explique Jean-Yves Mercier, coauteur de l’ouvrage. Lire aussi Que faire pour échapper aux sanctions si on n’a pas envoyé sa déclaration de revenus à temps En effet, même pour ceux qui n’ont que des revenus préremplis déclarés par des tiers (employeurs, caisse de retraite…), le dépôt d’une déclaration restera toujours indispensable pour leur permettre de déclarer les charges qu’ils peuvent déduire de leurs revenus (pensions alimentaires, frais professionnels, cotisations versées sur un produit d’épargne retraite…) ou pour profiter des crédits et réductions d’impôt auxquels ils ont le droit : frais de garde des jeunes enfants, frais de scolarisation des collégiens, lycéens et étudiants, dons aux œuvres… Apprendre à gérer son impôt Pire, la mise en place du prélèvement à la source pourrait contraindre les contribuables à gérer leur impôt – ce qu’ils ne faisaient pas jusqu’à présent – s’ils ne veulent pas se retrouver avec des prélèvements trop élevés en cas de baisse significative de leurs revenus. Certes avec le prélèvement à la source, les retenues mensuelles sont censées s’adapter automatiquement aux variations de salaires, de pensions de retraite, d’allocations-chômage… Mais en cas de baisse significative – départ en retraite, chômage…- cette diminution ne sera sans doute pas suffisante du fait de la progressivité du barème de l’impôt. Car le taux appliqué restera le même au moins jusqu’en août de l’année suivante. Dans le meilleur des cas, il ne sera réactualisé que neuf mois après la baisse de revenus et dans le pire des cas, cette régularisation n’interviendra que vingt-et-un mois plus tard (baisse survenant en début d’année). Lire aussi Comment la suppression de l’ISF, la hausse de la CSG et le prélèvement à la source ont impacté la générosité des Français Par exemple, pour une personne partant en retraite en juillet 2019, ce n’est qu’à partir de septembre 2020, après le dépôt de la déclaration de revenus de 2019, que le taux du prélèvement pourra tenir compte, mais en partie seulement de la baisse de revenus, dans la mesure où la personne a continué à percevoir son salaire pendant six mois. Au final, ce n’est qu’à partir de septembre 2021 que son taux correspondra vraiment à sa nouvelle situation… Pour éviter cela, il est possible de demander à moduler son taux à la baisse pour tenir compte de la chute de ses revenus. Mais attention, si le contribuable se trompe, il s’expose à une majoration si les prélèvements sont inférieurs de plus de 10 % à ce qu’ils auraient dû être. Or c’est là que le bât blesse. Car le contribuable doit faire face à de nombreuses incertitudes : celle liée à l’évolution de ses revenus professionnels, celle portant sur l’évolution de ses autres revenus (revenus fonciers par exemple) et « l’incertitude attachée aux niveaux des revenus de son conjoint. Or, et c’est là, le piège, l’insuffisance s’apprécie en considération du taux effectif imposition des revenus pris dans leur ensemble », explique Jean-Yves Mercier.
Le cercle des fiscalistes fait l’inventaire des fausses vérités qui sont souvent mises en avant lorsqu’on parle d’impôt. L’idée que le prélèvement à la source simplifie la vie de tous les contribuables en est une.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/06/26/impot-sur-le-revenu-soyez-vigilant-le-prelevement-a-la-source-ne-simplifie-pas-toujours-les-choses_5481493_1657007.html
mlsum-fr-2055
Cristiane a porté le Brésil à bout de bras, dimanche 9 juin à Grenoble. DENIS BALIBOUSE / REUTERS Même sans Marta, considérée comme l’une des meilleures joueuses au monde mais blessée, même avec une équipe vieillissante, le Brésil sait marquer et gagner. C’est le message envoyé par les Canarinhas après ce premier match de groupe, dimanche 9 juin à Grenoble, et cette victoire 3-0 contre les Jamaïcaines qui disputaient le tout premier match de leur histoire dans la compétition. Un large succès acquis sur un triplé d’une revenante, Cristiane. Après une série de neuf défaites en matchs amicaux cette année, l’équipe du Brésil n’apparaît pas parmi les favorites de ce Mondial. La Seleçao, toujours présente en Coupe du monde féminine depuis sa création en 1991, se présente cette année avec la deuxième équipe la plus âgée du tournoi. Un avantage pour ce premier match de poule où les cadres historiques ont assuré face à l’équipe la plus jeune de cette Coupe du monde, la Jamaïque, qui affiche une moyenne d’âge de 23 ans et 7 mois. Triplé pour Cristiane, la revenante Dire que l’état de forme de Cristiane, 34 ans, soulevait des inquiétudes avant le match... De retour de blessure pour disputer sa cinquième Coupe du monde, l’attaquante de Sao Paulo a finalement réussi son retour avec trois gestes de grande classe pour offrir la victoire aux siennes. Un triplé qui porte à 141 buts son total en équipe nationale. D’abord une tête impeccablement placée au quart d’heure de jeu ; puis une frappe forte au second poteau à la 50e, les deux fois sur des centres d’Andressa ; et, enfin, un coup franc puissant à l’entrée de la surface à l’heure de jeu. « C’était un nouveau début pour moi », glisse après la rencontre la joueuse du Paris-Saint-Germain, qui avait renoncé à la sélection en septembre 2017 et qui est revenue seulement à la fin de 2018 pour gagner la Copa America. Autre atout des Brésiliennes, l’infatigable Formiga est devenue, à 41 ans et 98 jours, la joueuse la plus âgée de l’histoire de la Coupe du monde féminine. La joueuse du PSG qui disputait son septième Mondial, était de toutes les actions, sauvant plusieurs fois ses coéquipières sur les assauts répétés des Jamaïcaines, menées par leur jeune attaquante Khadija « Bunny » Shaw. Shaw - Formiga, le choc des générations Les deux se sont retrouvées en même temps aux micros des journalistes après la rencontre. « Elle est impressionnante », reconnaît Formiga après le match en jetant un œil à la Jamaïcaine, juste à côté d’elle. Alors que Shaw découvre la Coupe du monde cette année en France, Formiga a connu sa première en 1995, deux ans avant la naissance de « Bunny ». La future joueuse de Bordeaux n’a pas rendu la partie facile à la Seleçao, gagnant plusieurs duels, et provoquant deux cartons jaunes distribués à Formiga et Daiane. Bien aidée par sa carrure imposante, la Jamaïcaine d’1,80 m s’est même créé plusieurs occasions. Toutes arrêtées par une autre cadre brésilienne, la gardienne Barbara, 31 ans, qui dispute sa quatrième Coupe du monde et qui a sauvé plusieurs de ses tirs. « C’est notre premier match de Coupe du monde, on a tout donné, maintenant que c’est fait, on pourra arriver plus relax au prochain match », confie la jeune femme de 22 ans après la rencontre. Si le manque d’expérience a fait défaut aux « Reggae girlz », elles ont impressionné par leur physique et leur jeune gardienne, Sydney Schneider, a marqué les esprits. Le score aurait pu être plus sévère sans ses sauvetages. A 19 ans à peine, la joueuse de l’Université de Caroline de Nord, en championnat universitaire américain, a remporté plusieurs duels face aux Brésilienns. Et même stoppé un penalty d’Andressa en début de rencontre. La maladresse des « Canarinhas », de ce point de vue, est inquiétante. « Je pense que les joueuses auraient pu mieux faire dans le dernier geste, nous aurions pu plus marquer », regrette l’entraîneur brésilien, Vadao, après la rencontre. En défense non plus, le Brésil n’a pas été des plus rassurants et s’est égaré plus d’une fois, comme s’il cherchait encore à remplacer ses cadres blessées avant même l’entame du tournoi (Rafaelle, Benittes et Erika manqueront tout le Mondial). Contre la Jamaïque, ce fut sans dommage. Mais l’issue pourrait être plus douloureuse contre les prochaines adversaires de ce groupe C : dans l’autre match, les Italiennes ont surpris l’Australie (2-1), pourtant sixième au classement mondial de la FIFA. Trier les matchs par groupe Trier les matchs par date
A l’expérience, les Brésiliennes ont surclassé (3-0) les novices jamaïcaines dimanche à Grenoble. Un large succès qu’elles doivent à leurs cadres : l’attaquante Cristiane, à créditer d’un triplé, mais aussi la milieu Formiga et la gardienne Barbara.
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/06/09/coupe-du-monde-feminine-l-age-donne-raison-aux-bresiliennes_5473972_1616938.html
mlsum-fr-2056
A gauche et en haut, Raya Martigny pour Maison Margiela. A droite, Lea T pour Redken. En bas, Dara Allen pour M.A.C. MAISON MARGIELA FRAGRANCES EN PARTENARIAT AVEC I-D MAGAZINE X2, REDKEN, M.A.C COSMETICS Le visage nu et les cheveux tirés, Teddy Quinlivan applique au gros pinceau de la poudre dorée sur ses joues et son front, avant de maquiller ses cils de noir et ses lèvres de rouge grenadine. La vidéo, un tutoriel beauté comme on en voit souvent sur YouTube, a été postée le 22 août sur l’Instagram de Chanel Beauty, un compte aux plus de 3 millions d’abonnés consacré aux cosmétiques de la maison parisienne. Le petit film de vingt-cinq secondes a suscité beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux et dans la presse, et pas uniquement en raison du poids de la marque dans le secteur de la beauté : Teddy Quinlivan n’est pas un modèle comme les autres. La jeune femme de 25 ans est une mannequin trans, née dans un corps d’homme, ce qu’elle avait révélé en 2017, après des débuts prometteurs sur les podiums. Une évolution durable Le 26 août, dans la foulée de Chanel Beauty, elle postait sur son compte personnel un texte décrivant son parcours, d’enfant martyrisé à l’école jusqu’au métier de mannequin : « J’ai défilé deux fois pour Chanel avant mon coming out. Je savais qu’en révélant ma transidentité j’allais devoir arrêter de travailler pour certaines marques, je pensais ne jamais pouvoir collaborer à nouveau avec une maison iconique comme Chanel. Mais me voilà dans cette campagne de publicité Chanel Beauty. Je suis la première personne transgenre qui travaille pour la maison Chanel et c’est un grand honneur et une grande fierté pour moi de représenter ma communauté. » Même si, selon le vocabulaire du milieu, elle n’est pas « égérie » ni « amie de la maison ». La jeune Américaine, révélée en 2015 par Nicolas Ghesquière, directeur artistique des collections femme de Louis Vuitton, n’est pas la seule de sa profession à avoir révélé publiquement sa transidentité. Comme elle, la Brésilienne Valentina Sampaio, l’Américaine Hari Nef et, avant, l’Australo-Bosnienne Andreja Pejic et la Brésilienne Lea T ont posé pour des magazines et défilé pour des marques de luxe. KALEN HOLLOMON POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » « On a compté trente-deux mannequins transgenres pendant la Fashion Week de septembre, souligne Géraldine Bouchot, directrice éditoriale tendances et prospective chez Carlin. Il y a un vrai phénomène de visibilité. » Une cadre dirigeante d’une grande maison de luxe abonde : « Ça n’est pas un phénomène ponctuel, mais une évolution durable. L’indicateur, c’est que le secteur de la beauté, beaucoup plus conservateur que celui de la mode, s’en empare. »
Après avoir longtemps ignoré les mannequins transgenres, les grandes marques de parfums et de cosmétiques, désireuses de prouver leur progressisme, font appel à elles. A condition que leur physique réponde à certaines normes et que leur discours ne soit pas clivant.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/01/la-beaute-mise-sur-les-transgenres_6017652_4500055.html
mlsum-fr-2057
« A partir du 1er janvier 2020, les droits acquis chaque année au titre d’une retraite chapeau seront désormais plafonnés à 3 % de la rémunération annuelle, et leur cumul global ne pourra pas excéder 30 % du revenu annuel de référence. » Mark Airs/Ikon Images / Photononstop A la suite d’une énième polémique autour des parachutes dorés et de l’enveloppe de 1,3 million d’euros empochée par l’ex-patron d’Airbus Tom Enders, le gouvernement avait annoncé en avril son intention d’encadrer davantage les retraites chapeaux. C’est chose faite : le 4 juillet dernier, une ordonnance parue au Journal officiel apporte un nouveau cadre à ces prestations, qui garantissent à leurs bénéficiaires un certain niveau de revenus à leur retraite en venant compléter les pensions versées par les régimes obligatoires. Principale innovation apportée par l’ordonnance du 4 juillet : à partir du 1er janvier 2020, les droits acquis chaque année au titre d’une retraite chapeau seront désormais plafonnés à 3 % de la rémunération annuelle, et leur cumul global ne pourra pas excéder 30 % du revenu annuel de référence. Aucun plafond en valeur absolue n’a toutefois été fixé. « Les entreprises ont déjà mis des limites aux retraites chapeaux » En l’occurrence, les nouvelles limitations apportées par le texte ne changent pas fondamentalement la donne aux yeux de Christel Bonnet, consultante retraite senior chez Mercer France : « Les entreprises ont déjà mis des limites aux retraites chapeaux, fait valoir l’experte. En réalité, très peu vont au-delà de 3 %. » Vilipendées par l’opinion publique, les retraites chapeaux ont déjà connu plusieurs tours de vis. La loi Breton de 2005 soumet ces prestations à l’aval du conseil d’administration. Le code de bonne conduite Afep-Medef recommande de plafonner les retraites chapeaux à 45 % du salaire, mais ce code n’a pas force de loi. La loi Macron pour la croissance et l’activité de 2015 vient aussi encadrer plus sévèrement les retraites chapeaux, en limitant à 3 % leur augmentation annuelle pour certaines catégories de dirigeants (président, directeur général, directeurs généraux délégués). L’ordonnance du 4 juillet constitue donc le prolongement de ce texte. Lire aussi Carlos Ghosn, Tom Enders et les excès des rémunérations des patrons Autre disposition introduite par la loi Macron de 2015, que l’ordonnance du 4 juillet étend aux mandataires sociaux et aux bénéficiaires dont le salaire annuel fait plus de huit fois le plafond de la Sécu (324 000 euros par an) : l’obligation de résultats. Pour ces catégories de bénéficiaires, « l’acquisition des droits supplémentaires est subordonnée au respect de conditions liées à [leurs] performances professionnelles », indique l’ordonnance, sans plus de précisions. Auprès de qui devront-ils rendre des comptes et sur quels critères ? « Le texte ne le précise pas », souligne Christel Bonnet.
Le 4 juillet, une ordonnance parue au « Journal officiel » est venue encadrer davantage les prestations sur les retraites chapeaux. Le point sur les nouveautés apportées par le texte.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/07/17/retraites-chapeaux-ce-qui-change-vraiment_5490214_1698637.html
mlsum-fr-2058
L’affaire de la vidéo de Sevran (Seine-Saint-Denis), sur laquelle on voit un policier frapper un employé municipal lors d’une interpellation mercredi 11 septembre, prend une tournure politique, sur fond de guerre larvée entre grands patrons de police. La préfecture de police de Paris avait indiqué dans un communiqué, jeudi 12 septembre, que le fonctionnaire impliqué avait été suspendu : « Afin d’établir les circonstances exactes de cette interpellation, le préfet de police Didier Lallement a demandé la saisine administrative de l’Inspection générale de la police nationale [IGPN] et ordonné la suspension immédiate du fonctionnaire de police. » Que nenni, a rétorqué le directeur général de la police nationale, Eric Morvan, qui a fait savoir vendredi que son cas était toujours à l’étude. Le policier est actuellement en arrêt maladie. Un imbroglio administratif qui cache en réalité une lutte de pouvoir entre les deux grandes entités policières que sont la préfecture de police de Paris (qui a autorité sur la capitale et la petite couronne) et la Direction générale de la police nationale (qui gère le reste du pays mais a, techniquement, sous ses ordres l’ensemble des fonctionnaires, y compris parisiens). Le préfet de police de Paris ne peut en effet ordonner la suspension d’un agent, il doit en faire la demande, et seuls le Directeur général de la police nationale et le ministre de l’intérieur sont habilités à se prononcer. Habituellement, les demandes du préfet de police aboutissent automatiquement à une décision positive, mais pas cette fois-ci. Le policier revient à la charge à plusieurs reprises La décision initiale du préfet de police avait pour vocation de faire retomber la pression à Sevran, en indiquant que cette affaire serait traitée en toute impartialité. La vidéo de l’altercation a en effet suscité l’indignation sur les réseaux sociaux. Selon la préfecture, il s’agissait d’une « interpellation d’un individu pour outrage », qui s’est déroulée à 18 h 25, mercredi 11 septembre. Sur les images, on voit un policier discuter avec un jeune homme noir. Soudain, le fonctionnaire tente de plaquer les jambes de son interlocuteur qui le repousse. L’agent assène ensuite des coups de poing tandis que l’autre répond, en position défensive. Il est finalement immobilisé par un tir de pistolet à impulsion électrique, avant d’être interpellé. Placé en garde à vue mercredi soir, il a été transféré à l’hôpital, avant d’être finalement libéré. Le parquet de Bobigny a par ailleurs ouvert une enquête pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique » et l’IGPN a été saisie. Opération « commissariat mort » En ne validant pas la suspension du fonctionnaire, le Directeur général de la police nationale, lui, envoie un message à sa base et notamment aux syndicats de police. Car si du côté de la préfecture de police, on précise bien que la suspension était « une mesure à titre conservatoire et en aucun cas une sanction », elle a provoqué un vif émoi chez les gardiens de la paix. Les policiers du secteur se sont rassemblés jeudi devant le commissariat d’Aulnay-sous-Bois, la ville voisine, aux cris de « pas de police, pas de justice ». Unité SGP Police-FO, majoritaire au sein du ministère de l’intérieur, avait appelé à une opération « commissariat mort » dans le département vendredi, déplorant que le policier ait appris sa suspension sur Twitter. « Il s’agit, une fois encore, d’une décision scandaleuse et qui démontre l’absence de soutien de l’administration à l’égard de ses fonctionnaires », a expliqué le syndicat. Les relations entre les fonctionnaires et leur hiérarchie sont actuellement très tendues. Les syndicats de l’ensemble des corps de la police nationale ont appelé à « une marche de la colère », le 2 octobre, pour alerter sur la vague de 49 suicides depuis le début de l’année et dénoncer les conditions de travail. Une façon également d’accroître la pression sur les autorités en période de réforme des retraites et de préparation d’une nouvelle loi de programmation de la sécurité intérieure.
La préfecture de police avait annoncé la suspension du fonctionnaire de police jeudi. Une mise à pied démentie le lendemain par le Directeur général de la police nationale.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/09/13/un-policier-suspendu-apres-une-interpellation-controversee-en-seine-saint-denis_5509697_1653578.html
mlsum-fr-2059
« Le port du voile comme son incitation à le porter ou, au contraire, à le retirer sont étroitement dépendants des circonstances dans lesquelles ils s’inscrivent » (A Toulouse, en 2011). REMY GABALDA / AFP Tribune. A en croire un point de vue souvent exprimé ces dernières semaines en France, le voile serait un objet de soumission de la femme et l’instrument d’une idéologie politique liée à l’islam, ce qu’il peut être objectivement dans certaines sociétés actuelles (Iran, Arabie saoudite) ou passées (Egypte de Nasser face à la confrérie des Frères musulmans…). En Iran comme en Arabie saoudite, le port du voile est une prescription d’Etat. Inversement, le régime socialiste et panarabiste du Raïs égyptien, Gamal Abdel Nasser, avait toujours refusé d’en faire une injonction étatique en récusant les initiatives « fréristes » visant à rendre obligatoire le port du voile dans la société. Syllogisme Du point de vue des principales concernées, on constate aujourd’hui qu’un double mouvement est en train de s’opérer : là où il est une obligation, les femmes cherchent à s’en libérer, tandis qu’elles s’opposent à l’entrave qui leur est faite de le porter là où il est leur permis de le faire. Aux prémisses du raisonnement antivoile, il y a le syllogisme suivant : toutes les femmes voilées véhiculent une idéologie liée à l’islam, or le voile est un instrument de soumission à visée politique, donc toutes les femmes portant le voile sont des agents de dissémination d’une idéologie politique qui est l’islamisme. Ce saut logique ne résiste cependant pas à l’observation et méconnaît les usages différenciés relatifs aux modalités historiques d’appropriation et de désappropriation du voile selon les contextes nationaux, sociaux et politiques. Le port du voile comme les incitations à le porter ou, au contraire, à le retirer sont étroitement dépendants des circonstances dans lesquelles ils s’inscrivent. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Féministes, nous sommes solidaires avec les femmes voilées » Si la norme religieuse visant à l’incitation du port du voile était de tout temps et en tout lieu immuable, nous n’assisterions pas à l’alternance de périodes où les femmes musulmanes, pour certaines raisons et dans des circonstances particulières, ont considéré qu’elles ne porteraient pas le voile, et d’autres périodes, au contraire, où elles ont considéré que c’était pour elles une affirmation de soi que de le porter. En ce qui concerne la France, le port du voile par une partie significative des femmes musulmanes ne répond pas au scénario qu’on avait prévu pour elles : celui de victimes de l’islam politique. Coupables de s’être voilées alors qu’on avait parié sur leur dévoilement, elles deviennent ainsi, selon leurs détracteurs, complices de l’islamisation politique de la société en un temps où il est attendu qu’elles se désolidarisent de cette part visible de l’islam saturée par les crimes terroristes au nom du djihad.
Le port du voile ne répond pas au scénario prévu pour les musulmanes : coupables de s’être voilées alors qu’on avait parié sur leur dévoilement, on les assigne à une identité essentialisée et trompeuse, explique le chercheur Chaïb Benaïssa dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/10/29/chaib-benaissa-le-cliche-de-la-femme-voilee-portant-l-agenda-cache-d-un-islam-politique-ne-correspond-pas-au-reel_6017289_3232.html
mlsum-fr-2060
Lundi 8 juillet, alors que les premiers élèves de terminale qui devaient passer l’oral du bac se retrouvaient dans les lycées le matin, les professeurs correcteurs grévistes, eux, accompagnés d’autres enseignants ou de parents d’élèves qui soutiennent leur mouvement, se retrouvaient devant le rectorat de Montpellier. Ils avaient fait le choix de rapporter les copies collectivement à 11 heures et l’avaient fait savoir, histoire de mettre en scène cette action. Une petite centaine de personnes ont ainsi défilé, du palais de justice au rectorat, sous les drapeaux de la FSU et de SUD, la plupart habillées de rouge ; quelques-unes avaient revêtu un gilet jaune. « Notre mobilisation est historique. Jamais les personnels n’ont été contraints d’utiliser aussi massivement cet ultime moyen d’action : la grève pendant les examens du brevet et du bac, lançaient-ils. (…) Nous déplorons cette inégalité de traitement des candidats. C’est précisément ce que la réforme du baccalauréat va généraliser. » A 11 h 30 passées, les responsables de la sécurité du rectorat laissent entrer les porteurs d’enveloppe, cinq par cinq, pour faciliter l’enregistrement des documents. Car, à l’intérieur, tout est prêt pour ce qui s’apparente à une course contre la montre : dans une salle, six équipes de deux salariés du rectorat attendent de vérifier le contenu des enveloppes (recompter les copies), avant de les passer à toute une équipe mise spécifiquement en place pour la saisie des notes afin que cela soit fait pour 14 heures. Lire aussi Résultats bac 2019 : les questions qui se posent autour des résultats provisoires « Nous attendons 2 000 copies » Dans la matinée, les oraux ont commencé pour les lycéens, mais Franck Cutillas, le directeur de cabinet de la rectrice, relativise les passages du matin : « Nous avons déjà récupéré un millier de copies en fin de semaine dernière, et sur l’ensemble, seuls deux candidats avaient des notes meilleures que celles qui leur avaient été attribuées avec le contrôle continu. Cette fois-ci, nous attendons 2 000 copies et nous sommes prêts à la fois pour saisir les notes le plus vite possible et contacter les candidats si jamais les notes attribuées par les correcteurs changent leur situation. » Quelques parents et bacheliers potentiels avaient fait le déplacement pour essayer d’obtenir des informations sur leur dossier. Ainsi, Chloé, élève en terminale ES à Lattes (Hérault), en banlieue de Montpellier, a fait le déplacement avec sa maman, très remontée contre les grévistes : « Vous prenez nos enfants en otage, c’est inadmissible », affirme-t-elle sans détour au délégué SUD qui accompagne les professeurs correcteurs grévistes. Chloé fait en effet partie des lycéens concernés par le mouvement. « J’ai déjà redoublé, et là, j’ai une note provisoire en philo : un 8. Le fait que cette note soit provisoire n’apparaît pas sur mon livret de notes, c’est un de mes professeurs qui m’a avertie. J’espère vraiment avoir au moins un point de plus avec la copie que j’ai rendue au bac, et cela changera beaucoup de choses, dit la jeune fille. Pour l’instant, je n’ai pas mon bac, alors qu’avec un point de plus, je vais au rattrapage et passe l’oral. Je pense vraiment avoir fait mieux lors de l’épreuve du bac. » Selon elle, elle aurait eu plus de « chance » si le professeur gréviste avait été celui de sciences économiques et sociales. « J’aurais eu ma note de contrôle continu, soit 10-11, alors que j’ai eu 5 à l’épreuve du bac. Coefficient 9… Pour moi, cette grève joue dans le mauvais sens. Sans doute que pour d’autres, cela va dans le bon sens. » Chloé avait demandé psycho en premier choix dans son dossier Parcoursup. En attente dans cette matière, elle a été prise et a finalement choisi d’aller en lettres… sous réserve de l’obtention du bac. Les responsables du rectorat prennent immédiatement le numéro de téléphone de Chloé et lui promettent des nouvelles dès la saisie des notes. Pendant ce temps, un difficile dialogue s’installe entre sa maman et le délégué syndical…
Lundi matin, des professeurs de l’Hérault ont défilé en direction du rectorat pour remettre leur paquet de copies. Les élèves devraient être contactés rapidement pour savoir s’ils ont l’examen.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/08/a-montpellier-les-professeurs-grevistes-mettent-en-scene-le-rendu-des-copies_5486946_3224.html
mlsum-fr-2061
Capture d’écran de la carte satellitaire de la NASA montrant des départs de feu en Afrique. NASA Abondamment relayée depuis que les incendies font rage en Amazonie, une carte satellitaire de la NASA montre en rouge incandescent la zone des départs de feu de l’Atlantique à l’océan Indien, au niveau du Gabon et de l’Angola. Le sud de l’Afrique brûlerait-il encore plus intensément que l’Amazonie ? « La forêt brûle également en Afrique subsaharienne. Nous sommes en train d’examiner la possibilité d’y lancer une initiative similaire à celle que nous venons d’annoncer pour l’Amazonie », a effectivement commenté le président français, Emmanuel Macron, sur Twitter, lundi 26 août. Mais ces incendies ne sont pas de même nature et leurs causes sont différentes. Communément comparée au « deuxième poumon vert » de la planète, après l’Amazonie, la forêt du bassin du Congo couvre une superficie d’environ 2 millions de kilomètres carrés sur plusieurs pays et, comme l’Amazonie, absorbe des tonnes de CO 2 . Elle sert aussi de sanctuaire à des espèces en voie de disparition. Cependant, les feux observés en Afrique sur les cartes de la NASA « ne sont pas dans cette zone (de forêt), mais plutôt en Angola, en Zambie, etc. », relève Guillaume Lescuyer, spécialiste de l’Afrique centrale pour le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement. Lire la tribune du directeur de l'Irsem : « Il faut mieux protéger l’Amazonie » Des feux pour de meilleures récoltes Dans un communiqué, l’Angola s’est agacé des comparaisons hâtives avec le Brésil, « qui peuvent conduire à une dramatisation de la situation, et une désinformation des esprits les plus imprudents ». Ces feux sont ordinaires en cette fin de saison sèche, ajoute le ministère de l’environnement angolais : « Il se trouve qu’à cette époque de l’année, dans plusieurs régions de notre pays, il y a des incendies provoqués par les agriculteurs en phase de préparation des terres, en raison de la proximité de la saison des pluies. » « La forêt brûle en Afrique mais pas pour les mêmes causes », détaille Tosi Mpanu Mpanu, ambassadeur et négociateur climat pour la République démocratique du Congo (RDC) aux conférences climat des Nations unies. « En Amazonie, la forêt brûle essentiellement à cause de la sécheresse et du changement climatique. Mais en Afrique centrale, c’est essentiellement dû aux techniques agricoles », explique-t-il. Pratique millénaire et artisanale, aux antipodes des cultures intensives de soja au Brésil, l’agriculture itinérante sur brûlis est la première cause de la déforestation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendies en Amazonie : il faut que « la forêt debout rapporte plus que le déboisement » Une déforestation massive et inquiétante La déforestation est cependant bien réelle. « Au rythme actuel d’accroissement de la population et de nos besoins en énergie, nos forêts sont menacées de disparition à l’horizon 2100 », s’est inquiété la semaine dernière le président congolais, Félix Tshisekedi. Aux risques d’incendies s’ajoutent la déforestation qui menace les essences (okoumé du Gabon, Afrormosia de la RDC…) et l’exploitation des ressources naturelles (pétrole et mines). « A long terme, les gouvernements doivent mettre fin à toutes les activités industrielles à l’intérieur de la deuxième forêt humide tropicale au monde », a réagi Greenpeace dans un communiqué. « On estime que le couvert forestier de la RDC est passé de 67 % à 54 % du territoire entre 2003 et 2018 », explique l’ambassadeur Tosi Mpanu Mpanu. « La RDC a pris un engagement international de stabiliser son couvert forestier à 63,5 % de son territoire (2,3 millions de km2). Et l’on est en train de perdre ce combat-là », regrette-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Incendies en Amazonie : « Le bolsonarisme apparaît dans toute sa puissance destructrice »
Une carte de la NASA montrant de nombreux incendies en Afrique centrale inquiète. Mais si ces feux sont ordinaires à cette période et dus à l’agriculture locale, la déforestation reste massive dans la région.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/27/en-afrique-centrale-aussi-la-foret-brule_5503434_3212.html
mlsum-fr-2062
Ils se disent « positifs et non dépressifs », « confiants et non défaitistes » ou encore « ouverts et non élitistes ». Mais les créateurs de Suavelos se revendiquent surtout comme « nationalistes blancs » et même, tout simplement, comme « racistes ». Ce site Internet, prisé d’une partie de l’extrême droite française, défend l’idée que la question « ethnique » prime sur les autres. Ces messages nationalistes exposent la mouvance à la modération des plates-formes comme Facebook et YouTube, qui ont durci le ton en 2019, après l’attentat de Christchurch et la fusillade d’El Paso, perpétrés par des suprémacistes blancs. Pourtant le réseau Suavelos ne désarme pas, face à ce qu’il considère comme de la « censure », et multiplie les initiatives : pages Facebook secondaires, chaînes Telegram, cagnottes en ligne, association aux fins dissimulées… Nous avons démêlé les fils de cette pelote avec l’ONG belge EU Disinfo Lab, spécialisée dans la recherche sur la désinformation en Europe. Et il apparaît que l’équipe de Suavelos ne manque pas d’imagination pour diffuser sa pensée raciste, et tenter de toucher un public plus large que la frange nationaliste. Une idéologie ouvertement raciste Le site Suavelos.eu a été créé en 2016 par deux activistes d’extrême droite : Yann Merkado et Daniel Conversano. A première vue, le site présente quelques similarités avec un autre blog d’extrême droite, Fdesouche. Présenté comme une « simple revue de presse », il dénonce les supposés ravages de l’immigration sur la société et rejette « la société multiraciale transformant les blancs en minorité ». On y trouve de nombreux articles inspirés de faits divers – « Clermont-Ferrand : elle rentre de vacances et trouve un migrant installé chez elle » – qui sont souvent partagés des milliers de fois sur les réseaux sociaux. « Je ne conteste pas être raciste » Mais contrairement à Fdesouche, fondé par l’ancien cadre du Front national Pierre Sautarel, Suavelos ne se contente pas d’un propos allusif, il est ouvertement discriminatoire. Sa rubrique « Qui sommes-nous ? » joue ainsi carte sur table, se revendiquant du « nationalisme blanc » et clamant « l’affirmation du droit du blanc à être chez lui ». « Je ne conteste pas être raciste, s’amuse Daniel Conversano, joint par téléphone. J’ai toujours trouvé la civilisation européenne supérieure aux autres, je préfère Mozart au djembé. Chez nous, la question ethnique est centrale. » Des propos tout à fait communs dans la bouche du militant, pour qui il faudrait « mettre dans la Constitution que la France est un pays blanc et doit le rester majoritairement ». Pas question, en revanche, de faire la promotion de la violence à l’encontre des « non-blancs ». « On ne veut pas ça », jure Daniel Conversano. Mais « je ne vois pas comment un blanc pourrait ne pas se venger au bout du dixième attentat islamiste. Ce qui s’est passé avec Breivik en Norvège va finir par arriver chez nous », estime-t-il, en référence à l’attentat perpétré en 2011 par ce militant d’extrême droite sur l’île d’Utoya. Reste qu’il tient lui-même des propos appelant à la violence : il affirmait ainsi dans une vidéo (restreinte à un accès privé depuis) qu’il souhaitait voir « des douaniers avec des flingues » tirer sur « les mecs à la nage », avait repéré BuzzFeed en 2017. Une galaxie de sites et pages Facebook Pour diffuser son discours, Suavelos s’est adapté aux codes de l’information en ligne et des réseaux sociaux. Le site comprend par exemple une section News, mais aussi une version féminine, Madame Suavelos. La galaxie Suavelos compte aussi les sites Bellica.fr (qui défend un « féminisme occidental »), BuzzBeed.com (un site prétendument parodique qui a parfois servi à diffuser de fausses informations) ou encore Fluideracial.com, un site de caricatures xénophobes, apprécié notamment de l’ancien président des jeunes Front national Julien Rochedy. Ces sites ont aussi des antennes sur Facebook, Twitter, Instagram ou YouTube. La virilité c’est comme les armes. Interdisez la, déconstruisez la, moquez la : les gentils obéissent, et à la fin,… https://t.co/SfohLHgEut — JRochedy (@Julien Rochedy) Mais au-delà de ces relais « officiels », Suavelos s’appuie sur des faux nez pour cibler un lectorat plus large sur les réseaux sociaux. Plus d’une dizaine de pages Facebook, comme « Je soutiens la police » ou « J’aime et je défends les animaux », partagent ainsi régulièrement des publications de la galaxie Suavelos, alors qu’elles n’ont pas de liens déclarés avec eux. Une stratégie couramment utilisée par les sites sensationnalistes pour décupler leur audience. A gauche, un message de la page Facebook Je soutiens la police, qui relaie un article de Suavelos.eu. A droite, la page J’aime et je défends les animaux partage un post de Yann Merkado, cofondateur de Suavelos. Facebook Dans cette myriade de profils, on trouve aussi la page Beautés occidentales, qui partage régulièrement auprès de ses quelque 5 000 fans des photos érotiques, mais exclusivement de femmes dites « occidentales ». Administrée par Yann Merkado, cette dernière illustre à elle seule le caractère opportuniste de la mouvance : d’un côté, des antennes comme Bellica.fr défendent un « féminisme » soluble dans l’idéologie des nationalistes blancs. De l’autre, les créateurs de Suavelos multiplient les propos misogynes. Le 9 septembre, Daniel Conversano se gargarisait ainsi sur sa chaîne publique Telegram d’avoir trouvé la recette pour qu’une femme « [garde] un homme avec presque certitude ». Et de détailler : « Bien lui faire à manger. Bien le sucer (assez souvent), et le valoriser pendant le sexe. » Financement participatif et publicité Critiquées pour leur passivité face aux discours haineux, notamment dans la foulée de l’attentat de Christchurch début 2019, les plates-formes comme Facebook et YouTube ont durci le ton. « C’est de pire en pire, estime Daniel Conversano. Avant, Facebook supprimait tout ce qui était contraire à la loi. Maintenant, j’ai l’impression qu’il supprime tout ce qui critique la politique migratoire. » Joint par Le Monde, un porte-parole de Facebook nous a indiqué que Daniel Conversano, Yann Merkado et Suavelos ont été bannis du réseau mercredi 11 septembre dans le cadre d’une enquête menée en interne qui courait depuis plusieurs mois. « Les personnes et les groupes qui diffusent des messages haineux, des attaques ou des appels à exclure les autres en fonction de leur identité n’ont pas leur place au sein de nos services et en sont bannis », en application des standards de la communauté concernant les individus et les groupes dangereux, fait-il valoir. « Les comptes que nous avons bannis aujourd’hui ont violé ces conditions d’utilisation et ne seront plus autorisés à être présents sur Facebook et Instagram », a-t-il ajouté. Les messages de soutien à leur égard seront également proscrits. « Ce ne sont pas des décisions que nous prenons à la légère », commente également Facebook. Les principales pages rattachées officiellement à Suavelos (Madame Suavelos, Suavelos News, Occidentalisme…) ainsi que les profils de Yann Merkado et Daniel Conversano n’étaient pas accessibles mercredi 11 septembre. Plus d’une vingtaine de pages indirectement liées au mouvement restaient cependant en ligne. C’est aussi pour déjouer la vigilance des réseaux sociaux que la mouvance multiplie les antennes, ce qui évite de tout perdre en cas de fermeture d’un profil. Cette dispersion lui permet aussi de passer sous les radars dans bien des cas. Ainsi, Daniel Conversano utilise la plate-forme de financement participatif Tipeee pour subventionner ses activités numériques : 129 membres de sa communauté lui versent par ce biais un total de 947 euros par mois. Contactée, la plate-forme n’a pas commenté le cas des gérants de Suavelos, nous indiquant simplement qu’elle signalait aux autorités les profils suspects et les supprimait lorsque leurs propriétaires avaient « été condamnés ou – à défaut – sont clairement condamnables pour les propos qu’ils y tiennent ». La nature ouvertement raciste du site Suavelos ne l’empêche pas non plus de se financer par la publicité. Il collaborait ainsi jusqu’ici avec la plate-forme publicitaire Taboola : concrètement, des liens sponsorisés apparaissaient en bas des articles du site, et lui permettaient de monétiser son audience. Mais après avoir été sollicité par Le Monde mardi 10 septembre, le dirigeant de Taboola, Adam Singolda, nous a indiqué avoir suspendu définitivement son contrat avec Suavelos, jugeant le contenu du site contraire à sa charte (qui proscrit notamment les contenus haineux). Des publicités du module Taboola apparaissent sur le site news.suavelos.eu. Suavelos.eu Une e-boutique domiciliée au CCAS de Grenoble La mouvance Suavelos peut aussi compter sur une autre source de revenus : la commercialisation de tee-shirts nationalistes, aux relents islamophobes ou même fascistes – l’un d’entre eux met ainsi en scène un émoji Adolf Hitler – sur son propre site de vente en ligne Alabastro.eu. Exemples de tee-shirts vendus sur le site Alabastro.eu. Alabastro.eu Une activité dont Daniel Conversano a relativisé l’importance auprès de nous, se disant défavorable au « merchandising ». Le militant est pourtant directement impliqué dans le montage de cette plate-forme de vente. Alabastro.eu est en effet édité par une association, Erasme 3000, créée en 2018, afin de « promouvoir le patrimoine historique et culturel de l’Europe », selon sa déclaration au Journal officiel. Le site de vente en ligne, tout comme l’association, sont officiellement domiciliés au 28, galerie de l’Arlequin à Grenoble, qui est l’adresse du centre communal d’action sociale (CCAS). Contactée, la direction du CCAS a assuré ne pas être au courant de cette situation. La structure permet en effet à qui en fait la demande, en principe une personne sans domicile fixe, de bénéficier d’une adresse pour recevoir des courriers et entreprendre des démarches administratives. Mais Daniel Conversano l’a utilisée pour y établir son association et le site d’Alabastro. Une démarche irrégulière, selon le CCAS de Grenoble, qui affirmé avoir contacté le déclarant et la préfecture pour faire modifier l’adresse d’Erasme 3000 après notre appel. « Quand on mène le combat que je mène, on est prudent » L’intéressé nous a confirmé qu’il était responsable de la domiciliation de l’association. Est-il lui-même sans abri pour avoir demandé à recevoir du courrier au CCAS ? « Je refuse de répondre », nous a-t-il rétorqué, ajoutant tout de même : « Quand on mène le combat que je mène, on est prudent. » Des propos qui laissent entendre que son recours à la boîte aux lettres du CCAS avait pour simple but de ne pas dévoiler sa vraie adresse. Daniel Conversano n’a pas souhaité entrer dans les détails du fonctionnement de cette association, mais il pourrait bien s’agir d’une structure déjà évoquée dans une vidéo de Fréquence occident (une émission YouTube de Suavelos) début 2019. Les membres de la mouvance y expliquaient avoir créé une association pour « développer les projets communautaires », dans le but de « devenir autonomes économiquement ». Les membres de Suavelos reconnaissaient également dans cette vidéo ne pas avoir déclaré l’association comme « nationaliste » pour des raisons juridiques. De fait, la loi prévoit qu’une structure qui incite à la discrimination ou à la haine raciale peut être dissoute par décret. Contactée, la préfecture de l’Isère explique que la situation d’Erasme 3000 mériterait examen et pourrait relever de ce cas.
Ce site Internet, qui défend le « nationalisme blanc », s’efforce de déjouer les lois et les conditions d’utilisation des plates-formes pour attirer de nouveaux publics en ligne.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/09/11/la-galaxie-suavelos-vitrine-d-un-racisme-decomplexe_5509154_4355770.html
mlsum-fr-2063
Paris - 2015 MARTIN BUREAU / AFP Sur les réseaux sociaux, l’émotion qu’exprime ces derniers jours la communauté enseignante est, pour la seconde fois en trois mois, à la hauteur du drame. Le suicide d’un enseignant des Alpes-de-Haute-Provence, le 2 mai, à la suite du signalement d’un parent d’élève et l’annonce maladroite de sa suspension « à titre conservatoire » par sa hiérarchie – comme le révélait le 8 juin Le Dauphiné – a réveillé la vague d’indignation qui avait suivi la mort de Jean Willot. Le 15 mars, cet autre instituteur s’est donné la mort après le dépôt de plainte pour « violence aggravée sur mineur » de la mère d’un élève avec qui il avait eu, la veille, une discussion disciplinaire. Ces évènements incarnent pour beaucoup d’enseignants un point de non-retour dans la dégradation de leurs relations avec les parents d’élèves et leur institution. Depuis mars, les témoignages spontanés se sont multipliés pour dénoncer la multiplication des mises en cause et des accusations de parents, la « sacralisation de la parole de l’enfant » et le manque de soutien de leur hiérarchie. « J’aime mon métier plus que tout. Mais il faut imaginer ce que c’est que de venir travailler, parfois, avec la peur au ventre qu’un élève, ou ses parents, interprète mal un mot ou un geste de ma part, et porte contre moi une accusation, voire dépose une plainte », explique Rina Linou (le nom a été modifié), enseignante en lettres dans l’académie de Dijon et l’une des administratrices de la page Facebook ouverte après le drame du mois de mars. Ce groupe a lancé une pétition signée par près de 15 000 personnes demandant au parquet de poursuivre les parents coupables de « dénonciation calomnieuse » contre des enseignants. Accusations récurrentes En quinze ans, plus d’une étude a confirmé la dégradation des relations entre parents et enseignants. « L’école semble être devenue un bien de consommation pour certaines familles qui n’hésitent pas à accuser les enseignants lorsque le “service” fourni ne leur convient pas », décoche Maxime Reppert, secrétaire national aux conditions de travail et au climat scolaire du Snalc, syndicat dit de droite, même s’il le récuse. Il égrène ces accusations dont font selon lui régulièrement l’objet des professeurs : harcèlement moral, violence physique, délit de faciès, racisme, sexisme, manque d’éthique ou de professionnalisme. Les relations sont cordiales avec une « majorité de parents », tempère Stéphane Crochet, du SE-UNSA, syndicat réformiste. Néanmoins, « de plus en plus de familles contactent le chef d’établissement, le directeur d’école ou l’inspecteur pour se plaindre d’un professeur, comme on se plaindrait d’un produit à la caisse d’un supermarché », regrette-t-il.
En mars, le suicide d’un enseignant après une plainte d’un parent pour « violence aggravée sur mineur » a provoqué une vive émotion.
https://www.lemonde.fr/education/article/2019/06/10/apres-l-affaire-jean-willot-mieux-accompagner-les-enseignants-qui-font-l-objet-d-accusation_5474303_1473685.html
mlsum-fr-2064
Des manifestantes affichent leur soutien à la journaliste Hajar Raissouni, devant un tribunal de Rabat, le 9 septembre. FADEL SENNA / AFP La tension est palpable, ce lundi 30 septembre, dans la salle d’audience du tribunal de Rabat, au Maroc, où le procès de Hajar Raissouni, accusée d’« avortement illégal » et de « débauche », approche de la fin. La journaliste de 28 ans au voile bleu orné de petits motifs blancs s’entretient avec son avocat. Les prévenus sont amenés à la barre. Au premier rang, sa sœur, nœud rouge dans ses cheveux noirs lâchés sur les épaules, a le regard anxieux. Le jugement tombe : un an de prison ferme pour Hajar Raissouni et son fiancé ; deux ans pour le médecin, ainsi que l’interdiction d’exercer son métier pendant deux années supplémentaires ; huit mois avec sursis pour la secrétaire ; et un an avec sursis pour l’anesthésiste. La décision du juge à peine prononcée, des proches fondent en larmes avant de crier le prénom « Hajar » et de lever les bras, les doigts en V. C’est ce même signe qu’adressera Hajar Raissouni à sa famille et aux journalistes entre la porte de sortie du tribunal et le véhicule des forces de l’ordre qui la ramène en prison. Une photo volée de ce moment fera le tour des réseaux sociaux marocains, où s’exprime un large soutien pour la jeune femme. Un jugement « dur et injuste » La défense avait plaidé la libération des prévenus. Abdelmoula El Marouri, avocat de la journaliste, sort de la salle d’audience les yeux humides. C’est avec la même amertume que Myriam Moulay Rchid, avocate du médecin, part précipitamment du tribunal de Rabat, sans vouloir commenter l’affaire tant qu’elle n’a pas « consulté le jugement ». La semaine dernière, elle avait présenté des éléments médicaux expliquant que Hajar Raissouni ne pouvait pas être enceinte au moment de la consultation gynécologique. Les deux avocats ont annoncé qu’ils feraient appel dès le lendemain du jugement. « Le jugement est dur et injuste », estime Souleymane Raissouni, oncle de la journaliste et rédacteur en chef du quotidien indépendant Akhbar Al Yaoum, dans lequel la jeune femme travaille. La reporter a raconté ne pas avoir avorté mais avoir consulté pour une hémorragie interne, confirmée par son gynécologue. Elle a aussi maintenu avoir été « contrainte à faire un examen médical sans son accord » à la suite de son interpellation. Un acte que ses avocats assimilent à de la « torture ». « Pourquoi ont-ils forcé une femme à ouvrir ses jambes devant un médecin pour fouiller son vagin ? C’est atroce ! », s’indigne Khouloud, un proche de la jeune femme. Dans cette photo du site Belpresse, Hajar Raissouni salue ses soutiens et sa famille alors qu’elle quitte un tribunal à Rabat, le 30 septembre. BELPRESSE / AP Pour Souleymane Raissouni, la réponse est simple : c’est une affaire politique. « L’opinion publique marocaine et internationale dit que Hajar est accusée à cause de ses opinions, de ses positions, de celles du journal et de sa famille. Le jugement l’a aujourd’hui confirmé », lance-t-il. Même constat chez Youssef Raissouni, un autre oncle de Hajar Raissouni, membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). « Ce verdict s’inscrit dans un contexte marocain caractérisé par un non-respect des lois et des libertés », analyse-t-il une fois l’émotion passée. Des lois « obsolètes » et « liberticides » Pour Ibtissame Betty Lachgar, militante féministe, ce procès va au-delà du volet politique, « qui est indiscutable ». « C’est le procès d’une journaliste, mais aussi d’une femme qui, encore une fois, est victime de lois rétrogrades et misogynes », explique-t-elle, évoquant les lois qui pénalisent l’avortement et les relations sexuelles hors mariage. Dans ce royaume de 36 millions d’habitants, la justice a poursuivi 14 503 personnes pour « débauche » et 73 pour « avortement » en 2018, selon les chiffres officiels. « Nous sommes dans une société conservatrice et patriarcale, où le poids du religieux freine le changement des mentalités », analyse encore la féministe, pas du tout surprise du verdict. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Nous, citoyennes et citoyens marocains, déclarons que nous sommes hors la loi » Pendant cette dernière audience, pratiquement personne ne s’était déplacé devant les grilles du tribunal pour manifester en faveur de Hajar Raissouni. L’affaire fait pourtant polémique, notamment après la publication, le 23 septembre, du manifeste des 490 « hors-la-loi », parmi lesquels de nombreuses personnalités marocaines, qui demandent une abrogation de ces lois « obsolètes » et « liberticides ». Sans être venu au procès, le collectif a publié un communiqué dès l’annonce du jugement. « Nous souhaitons exprimer notre inquiétude car cela délivre à notre jeunesse […] un message bien sombre sur l’état de nos libertés individuelles. Plus que jamais, nous demandons que soient abrogées [ces] lois. » Un appel auquel peu de responsables politiques ont répondu pour le moment.
Les proches de la jeune femme dénoncent un procès politique lié à sa famille, à ses opinions et au journal dans lequel elle travaille.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/30/au-maroc-la-journaliste-hajar-raissouni-condamnee-a-un-an-de-prison-ferme-pour-avortement-illegal_6013681_3212.html
mlsum-fr-2065
Le Béninois Seidou Baraze suivi par le milieu de terrain du Sénégal Henri Saivet, au Caire, le 10 juillet. MOHAMED EL-SHAHED / AFP Les cantiques des supporteurs du Bénin dédiés à « Dieu » et à « Jésus le sauveur » n’ont pas suffi. Le Tout-Puissant a choisi son camp… Le Sénégal, après un match assez médiocre face au Bénin, file en demi-finale. Mercredi 10 juillet, au Stade du 30-Juin du Caire, les Lions de la Teranga ont réussi à se qualifier grâce à un but d’une frappe limpide d’Idrissa Gana Gueye à la 70e minute. Jusqu’à cette ouverture du score, la première affiche des quarts de finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) a été d’un triste ennui. Lire aussi CAN 2019 : le retour gagnant au Bénin du sélectionneur Michel Dussuyer Le jeu des Sénégalais a été, une nouvelle fois, décevant. Il y a bien quelques fulgurances du patron Sadio Mané et de beaux dribbles bien sentis, mais l’attaquant de Liverpool ne peut pas évoluer à tous les postes. « Ce n’est pas grave, on sait pourquoi on est là, c’est pour gagner la Coupe, insiste Abdouharame Dafe, un supporteur de 51 ans qui a fait le voyage depuis Dakar. Moi, je ne suis pas déçu par le jeu. On continue à le gérer discrètement. On a le mental pour aller jusqu’au bout. On ne va pas dévoiler tous nos secrets aux concurrents ! » « Les Ecureuils nous ont surpris » Pour le Bénin, la défaite n’est pas déshonorante. Contrairement au Maroc, éliminé vendredi, cette « petite » nation n’a pas subi et a même rivalisé avec son « grand » adversaire du soir. Les Ecureuils ont joué avec le cœur ; et même s’ils ont eu conscience de ne pas avoir les mêmes talents individuels que le Sénégal, ils ont tenu leur position en défense, s’offrant quelques coups francs dangereux. « Les Ecureuils nous ont surpris tout au long de cette CAN, ils ont même passé le premier tour, ce qui n’était jamais arrivé depuis l’indépendance [en 1960] pour atteindre les quarts, se réjouit Anatole Dalmeida, un fan qui s’occupe d’un club au pays. L’objectif a été largement dépassé, le reste, ce n’était que du bonus. » En quatre participations à la CAN, le Bénin n’a toujours pas gagné le moindre match… « Nous sommes venus en Egypte pour titiller les grands pays qui font la pluie et le beau temps dans le foot africain. Maintenant, nous allons défier toutes les équipes africaines », promet sans ciller Justin Alapini, 50 ans. Comme lui, les Béninois ont cru en leurs joueurs : en quatre-vingt-dix minutes, la fanfare enivrante des supporteurs ne s’est pas tue une seule seconde et même après le coup de sifflet final, malgré une chaleur écrasante. Une mélodie qui a mis de l’ambiance dans ce stade de 30 000 places tristement vide, occupé par un petit millier de supporteurs. « Si le vaudou marchait ? » Nathalie Tchétinnié a fait le déplacement depuis Evreux en Normandie, car, comme elle dit, son « origine » était sur le terrain. « Quand le sang nous appelle, il faut répondre présent », ajoute-t-elle. Après les Lions indomptables (Cameroun, 0-0), les Lions de l’Atlas (Maroc, victoire aux tirs au but), elle a voulu que son équipe « mange une nouvelle fois du Lion ». Le destin en a voulu autrement. Moussa Brahim Touré, 20 ans, étudiant au Caire, aurait tellement voulu que les Ecureils ramènent « la Coupe dans [s]on beau pays » et « remercie Dieu » pour ce parcours. Car, au Bénin, la croyance est omniprésente et certains supporteurs n’ont pas hésité à expliquer à des suiveurs de la CAN que la réussite de la sélection nationale était due à la magie vaudoue. « Mais c’était pour faire peur aux adversaires », souligne en riant Anatole Dalmeida. « C’est un mensonge : leur réussite, ils la doivent aux performances », insiste le jeune étudiant. « Si le vaudou marchait, pourquoi on n’a pas remporté de CAN avant ? Et pourquoi aucune équipe africaine n’a su prendre une Coupe du monde, argue Justin Alapini. Le vaudou ne joue pas au foot. » Le Sénégal rencontrera le vainqueur du match Madagascar-Tunisie, qui se joue jeudi 11 juillet à 21 heures. Encore une « petite » équipe face à un grand d’Afrique. Lire aussi Suivez la CAN 2019 sur WhatsApp
Les Lions de la Teranga se sont imposés (1-0) face à une sélection béninoise qui a bien résisté jusqu’à la 70e minute et le but d’Idrissa Gana Gueye.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/10/can-2019-face-au-benin-le-senegal-se-qualifie-sans-briller-pour-les-demi-finales_5487875_3212.html
mlsum-fr-2066
Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour donner la parole à des étudiants sur leurs parcours d’orientation. Ce sont eux qui rédigent, dans le cadre d’ateliers d’écriture encadrés par des journalistes, leur témoignage. Aujourd’hui, Mame, 26 ans, expose comment les études supérieures l’ont amené à voyager, autour de la planète comme entre les milieux sociaux. Mame, 26 ans, consultant dans un cabinet d’audit, passé d’un quartier peu favorisé de Seine-Saint-Denis à Sciences Po Paris, veut croire que « le périph n’est pas une barrière infranchissable ». La ZEP « J’ai grandi en banlieue parisienne, à Neuilly-sur-Marne, une ville de Seine-Saint-Denis assez mixte socialement. En primaire, j’ai déménagé dans la partie la moins favorisée de ma ville, et j’y habite toujours, chez mes parents. De 6 à 16 ans, je voulais devenir pilote de ligne. Parcourir le monde aux manettes d’un jumbo-jet était mon rêve. Je me voyais déjà traverser les aéroports du monde entier, paré des galons de commandant de bord sur les manches et les épaules. Quelques fâcheries avec les matières scientifiques au lycée et l’envie de changer le monde ont modifié mon itinéraire. Mais l’envie de voyager est restée et, lycéen, je me suis promis de le faire autant que possible. Quand j’étais en première S section britannique à Noisy-le-Grand, ma professeure d’anglais m’a proposé de participer aux « Jeunes Ambassadeurs », un programme de l’ambassade des Etats-Unis à destination de lycéens français engagés dans l’associatif. J’ai postulé avec beaucoup d’enthousiasme, et j’ai été pris. Je suis parti deux semaines aux Etats-Unis. Je ne me doutais pas que cette expérience, au-delà du voyage en lui-même, me permettrait de découvrir de nouveaux univers, d’élargir mes horizons scolaires et professionnels. Après mon bac, je me suis inscrit en licence d’économie à l’université Paris-I. En novembre 2012, à la veille de mes 20 ans, le Conseil économique social et environnemental (CESE) avait invité certains anciens du programme « Jeunes Ambassadeurs » à discuter. J’y ai rencontré Saïd Hammouche, fondateur de l’association Mozaïk RH, un cabinet de recrutement associatif qui promeut la diversité en entreprise. Je ne me doutais pas que démarrait ainsi mon périple professionnel : à l’été 2013, j’ai commencé mon premier stage chez eux. Un stage et un service civique Ce fut la découverte du monde du travail. Une expérience réjouissante, lors de laquelle j’ai pu développer des compétences en matière de ressources humaines et d’analyse statistique. De ce stage a découlé la suite de mon parcours. C’est par Mozaïk RH que j’ai pu obtenir mon second stage au sein d’une mission locale, notamment pour accompagner des jeunes en recherche d’une alternance. C’est ensuite par la mission locale que m’est venue l’idée de faire un service civique chez Starting-Block, une association de sensibilisation par le jeu aux problématiques du handicap, de l’environnement et de solidarité internationale. J’y ai gagné de la confiance en moi. Fort de ces expériences, et de ma fonction de président de l’association des Jeunes ambassadeurs Alumni, j’ai pu préparer et obtenir le concours de Sciences Po Paris. En intégrant Sciences Po, j’ai commencé un nouveau voyage. Au sein de mon master en management public international, la pratique de l’anglais, chaque jour, constituait déjà un premier moyen de me sentir ailleurs. Cela me faisait bizarre et en même temps me rendait un peu fier de devoir pratiquer l’anglais dans les rues de Paris. C’était nécessaire : mes nouveaux amis venaient des quatre coins du monde. Vittoria et Betta, mes amies italiennes, m’ont invité à séjourner dans leur Toscane natale. Un séjour génial ! Il y avait aussi Andy, mon ami américain républicain, avec lequel je débattais passionnément de l’élection américaine. C’est aussi à ce moment-là que j’ai eu l’occasion de partir en stage pendant sept mois à Singapour, et de voyager comme jamais auparavant : Hô Chi Minh-Ville, Kuala Lumpur, Surabaya, Bangkok, Phnom Penh, Angkor… Là aussi, une expérience géniale. L’accomplissement de mon rêve de gosse, la découverte de contrées lointaines. « Le périph n’est pas une barrière infranchissable » Depuis un an, je suis consultant dans un cabinet d’audit et de conseil. Je travaille auprès des collectivités publiques locales sur les politiques publiques en matière de logement et d’insertion. Mais tout au long de ces années, le voyage le plus riche, le plus inattendu et peut-être le moins simple, a été celui que j’ai réalisé entre différents univers sociaux. Passer de la réalité de Neuilly (sur-Marne, pas sur-Seine : c’est pas la même chose !) aux salons de l’ambassade américaine, aux salles de cours de Sciences Po, aux brunchs avec mes amis du monde entier a nécessité une certaine gymnastique intellectuelle et mentale. Cela m’a fait grandir, m’a appris à m’adapter à différents univers. Même si, à force de vouloir m’adapter, il m’était parfois difficile de savoir qui j’étais. J’ai réalisé que, après tout, les différences d’un milieu social à l’autre ne sont pas si grandes qu’on veut parfois nous le faire croire. Que le périph n’est pas une barrière infranchissable, comme cela arrangerait certains. Et que certaines contrées qui nous paraissent parfois lointaines ne le sont pas toujours. » La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. ZEP
Mame, 26 ans, diplômé de Sciences Po, est passé du « 9-3 » aux salons de l’ambassade américaine. Il raconte son périple d’un monde à un autre.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/07/02/de-la-seine-saint-denis-a-science-po-j-ai-appris-a-voyager-entre-differents-univers-sociaux_5484335_4401467.html
mlsum-fr-2067
Un participant à l’Ultra-Trail du mont Blanc de Chamonix en septembre 2018. JEFF PACHOUD / AFP Qu’importe le dénivelé, ils galopent tels des chamois, laissant loin derrière les randonneurs éberlués – pour ne pas dire agacés. En quelques années, les traileurs ont déferlé sur la montagne. Grâce à ces adeptes de la course à pied en altitude, Chamonix (Haute-Savoie) s’apprête même à vivre sa « meilleure semaine de l’année », selon l’office du tourisme et la mairie. Celle où tous les hôtels, gîtes, restaurants croulent sous les demandes de réservation. La semaine de l’UTMB, l’Ultra-Trail du mont Blanc, autoproclamé « sommet mondial du trail », débute lundi 26 août. Plus de 10 000 hommes et femmes, sélectionnés parmi 27 000 postulants, soit plus que la population de Chamonix ; trois pays traversés (France, Italie et Suisse) ; sept courses, dont l’épreuve reine, 171 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé positif, a été remportée l’an passé par Xavier Thévenard en 20 heures, 44 minutes et 16 secondes… « Quand il y a eu la première édition, ça a fait sourire, on les a un peu pris pour des bizarres, mais ça restait entre eux. Depuis, ça a tellement grossi… » David Autheman, guide de haute montagne L’UTMB de Chamonix est né en 2003. « Une seule épreuve, créée par une bande de copains avec 700 participants », se souvient Catherine Poletti. Au côté de son mari, Michel, elle dirige aujourd’hui la marque déposée UTMB qui essaime un peu partout dans le monde. Elle défend le plaisir du traileur : « Courir sur des sentiers et non au bord de l’autoroute, vivre autre chose que métro-boulot-dodo. Sortir ses tripes, exister. » Sauf que ces coureurs des cimes n’ont pas que des amis. « Quand il y a eu la première édition, ça a fait sourire, on les a un peu pris pour des bizarres, mais ça restait entre eux, se souvient David Autheman, guide de haute montagne et créateur du site TVMountain.com. Mais, depuis, ça a tellement grossi… Alors que notre société va de plus en plus mal, eux ne prônent qu’une chose, l’accélération. On ne contemple plus rien, on court. Jusqu’ici les gens consommaient des biens, maintenant ils consomment de l’espace et du temps. » Une philosophie que ne partagent pas la plupart des adeptes de la randonnée, habitués jusqu’à présent à avoir la montagne pour eux seuls, ou presque, en été. Il leur faut désormais partager : rien qu’en août se déroulent presque une centaine de trails en France. A Chamonix, on estime que, pendant l’UMTB, les 10 000 coureurs viennent accompagnés d’au moins deux personnes et restent de quatre à cinq nuits. De quoi donner à la ville des petits airs d’arrivée du Tour de France.
Sur les pentes du mont Blanc, certains voient d’un mauvais œil défiler les hordes de coureurs à pied. Une affluence à son pic lors de la semaine de l’UTMB, qui débute le 26 août.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/23/a-chamonix-des-montagnards-excedes-par-les-traileurs_5502098_4500055.html
mlsum-fr-2068
Le premier Congrès international d’histoire des entreprises à Paris Le premier Congrès international d’histoire des entreprises se tiendra à Paris, du 11 au 13 septembre 2019. Quarante sessions sont organisées autour de trois grands axes : le rôle des entreprises dans l’émergence d’un capitalisme « à la française » ; les défis de la mondialisation et de la modernité ; écrire aujourd’hui l’histoire des entreprises. La conférence inaugurale « A quoi sert l’histoire des entreprises ? » sera présentée à la Sorbonne par les professeurs Liliane Hilaire-Perez (EHESS) et Matthias Kipping (université York de Toronto). Trois tables rondes se dérouleront à l’ESCP Europe : « Les entreprises racontent-elles des histoires » (avec Corinne Lepage, ancienne ministre) ; « La fabrique de l’histoire des entreprises » ; « La place des femmes dans l’entreprise » (avec Nicole Notat et Danièle Fraboulet). Retrouvez le programme détaillé sur le site du congrès, organisé par l’ENS, le CNRS, les universités Paris-Dauphine, Paris-Nanterre et Evry, l’Ecole Polytechnique, la BNF, le CNAM, etc., avec le soutien d’entreprises (Saint Gobain, BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Renault, etc). Tribune. Pour écrire l’histoire des entreprises, il faut des archives, publiques et privées. Pour y avoir accès, il faut des archivistes et, dans le cas de l’histoire récente, des témoins porteurs de mémoire. Il faut des historiennes et historiens formés à leur interprétation, et des publics intéressés à l’établissement d’un récit vrai. Faire l’histoire des entreprises requiert aussi des échanges fructueux avec des dirigeants conscients de la fragilité des traces des activités passées. Cette conjonction n’a rien d’évident. Des universitaires, soutenus par des dirigeants et des archivistes d’entreprise, ont créé dans les années 1975-1995 des associations et comités qui ont stimulé de nouvelles recherches académiques. La conservation d’archives et de patrimoine a connu elle aussi un développement important. Le temps était loin où Jean Bouvier écrivait clandestinement l’histoire de la naissance d’une banque (Le Crédit lyonnais de 1863 à 1882, Ecole pratique des hautes études, 1961). Mais après ces années d’effervescence, les transformations des entreprises et de la recherche ont modifié le paysage. De façon positive, certes, avec la professionnalisation de la gestion des archives ou la constitution – à la suite de fusions – d’ensembles patrimoniaux remarquables ; de même, l’étude de périodes complexes (guerres, spoliations, colonisations) ou la demande d’histoire de salariés perplexes face aux recompositions des firmes ont renouvelé les stocks de connaissances. « L’historien doit convaincre du bien-fondé de son travail… » En revanche, l’éloignement de certaines entreprises de leurs métiers d’origine ou les changements de marque leur ont fait délaisser histoire et archives jugées « passéistes ». Dans un contexte de financiarisation de l’économie où se succèdent fusions, acquisitions, absorptions et cessions et où émergent de nouvelles activités, le patrimoine des entreprises a pu parfois disparaître. Dans le même temps, la réduction des débouchés pour les historiens et la course aux diplômes professionnels ont éloigné les étudiants de la recherche. Enfin, la judiciarisation du monde des affaires, dès la fin des années 1990, a progressivement renforcé la prudence des services juridiques et de communication vis-à-vis des chercheurs, le risque de réputation devenant plus complexe à maîtriser avec les réseaux sociaux. L’historien doit convaincre du bien-fondé de son travail… Réinventer le patrimoine L’histoire d’entreprise doit connaître aujourd’hui un nouvel élan, suivant trois pistes. La première est celle de la réinvention du patrimoine, terme polysémique qui a intégré de nouveaux intérêts pour le vernaculaire, les techniques, l’industrie, l’immatériel… Les entreprises se préoccupent mieux de la valorisation de leurs richesses architecturales, mémorielles et archivistiques.
Il faut rétablir un lien de confiance entre les entreprises, détentrices d’archives, et la recherche académique, plaide un collectif d’historiens dans une tribune au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/06/entreprises-l-historien-doit-pouvoir-faire-valoir-un-recit-objective-contre-un-passe-souvent-fantasme_5507286_3232.html
mlsum-fr-2069
Ihor Kolomoïsky, milliardaire et gouverneur de la région de Dnipropetrovsk (Ukraine), pose dans son bureau, le 24 mai 2014. VALENTYN OGIRENKO / REUTERS Valeria Gontareva a d’abord cru à un accident. En cette fin août, en plein cœur de Londres, quand la voiture lui fonce dessus alors qu’elle traverse le passage piéton, il fait encore jour. « Plein jour », insiste-t-elle, comme si la présence d’un soleil d’été suffisait à balayer ses mauvaises pensées. Quelques jours avant « l’accident », l’ancienne directrice de la banque centrale ukrainienne avait pourtant fait état à la BBC d’intimidations répétées sur lesquelles plane l’ombre de son ennemi juré, l’oligarque ukrainien Ihor Kolomoïsky. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « La jeune Ukraine est minée par de vieux démons et ces démons ont un nom : les oligarques » Elle égrène à nouveau pour nous ces cercueils reçus chez elle avec des cadavres factices, ses locaux professionnels vandalisés, ces allusions à un kidnapping pour la ramener à Kiev… Puis il y eut, en août, sa maison de famille, non loin de la capitale ukrainienne, dévastée par un incendie criminel. « En vingt-sept secondes, mon passé a été réduit en cendres. Des méthodes de professionnels », lâche-t-elle. Enfin, ce fut la voiture de sa belle-fille (qui porte le même nom qu’elle), qui brûla soudainement. Un feu de paille. Le hasard avait-il encore sa place ? Dans son appartement de Londres, où elle nous reçoit les jambes brisées dans un fauteuil roulant, celle qui vit désormais dans la capitale britannique, collaboratrice à la prestigieuse London School of Economics (LSE), se garde bien d’accuser sans preuve. Mais confie : « Kolomoïsky est capable de tout. » « Capable de tout » A quelque 2 500 kilomètres de là, jovial et débonnaire, chevelure et barbe blanches lui donnant les airs d’un gentil personnage de conte de Noël, Ihor Kolomoïsky, 56 ans, « pirate » des milieux d’affaires ukrainiens, rit de bon cœur. « Je suis de bonne humeur. Ecrivez-le ! » insiste-t-il. Ce 17 octobre, depuis ses bureaux de Kiev, le milliardaire badine, rejetant les accusations qui feraient de lui l’agresseur de l’ex-directrice de la banque centrale d’Ukraine. Une femme qu’il a récemment qualifiée « d’idiote mentalement instable et de folle ». L’avant-veille, l’homme, proche du chef d’Etat Volodymyr Zelensky, a perdu une bataille dans la guerre qui l’oppose à Valeria Gontareva. La cour d’appel de Londres s’est déclarée compétente pour juger de la légalité de la nationalisation de PrivatBank, la plus grande banque d’Ukraine, qu’Ihor Kolomoïsky détenait avec son associé, Guennadi Bogolioubov. La justice londonienne, il le sait, sera moins complaisante à son égard que celle de son pays. Mais, à l’entendre, il s’agit d’une bonne nouvelle. « Nous ferons entendre la vérité », dit-il.
L’oligarque est revenu en force dans le pays à la faveur de l’élection de Volodymyr Zelensky. En 2016, l’Etat avait repris la main sur PrivatBank, son établissement, après y avoir découvert un trou de 5,5 milliards de dollars.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/11/07/ihor-kolomoisky-le-cavalier-noir-de-la-presidence-ukrainienne_6018296_3210.html
mlsum-fr-2070
Chasse à l’homme à Gillam, près de Manitoba au Canada, le 26 juillet. RCMP MANITOBA / REUTERS C’est une opération de police qui tient le Canada en haleine depuis plus d’une semaine. Une chasse à l’homme pour retrouver deux adolescents, Kam McLeod, 19 ans, et Bryer Schmegelsky, 18 ans, soupçonnés des meurtres d’un botaniste et d’un couple qui visitait le pays. Le 12 juillet, ces deux amis d’enfance fraîchement diplômés ont quitté leurs domiciles respectifs de Port Alberni, en Colombie-Britannique – une province de l’ouest du pays –, en promettant à leurs familles qu’ils se lançaient à la recherche d’un emploi. Les soupçons se sont portés sur eux une semaine plus tard, le 19 juillet, lorsque le van à bord duquel les deux garçons voyageaient a été retrouvé calciné sur une aire d’autoroute à plus de 450 kilomètres de leur point de départ et à proximité du corps de Leonard Dyck, un professeur de botanique de Vancouver. Quatre jours plus tôt, la police canadienne avait fait une autre découverte macabre en Colombie-Britannique : un couple tué par balles alors qu’ils effectuaient un road trip dans la région. Pour les enquêteurs, les deux affaires sont liées. Capture d’écran d’une caméra de surveillance d’un magasin de Meadow Lake, dans la province du Saskatchewan, montrant Kam McLeod, 19 ans et Bryer Schmegelsky, 18 ans, de dos. HANDOUT / REUTERS Comment les deux suspects ont-ils ensuite rejoint la province du Manitoba, au cœur du Canada ? Sans doute à bord d’une Toyota volée, retrouvée, elle aussi calcinée, à Gillam, petite ville de 1 300 âmes, perdue au cœur des marais et devenue l’épicentre d’une vaste opération pour retrouver les deux fugitifs. Moustiques, loups et ours polaires La région où les adolescents seraient reclus est particulièrement inhospitalière. Les moustiques y sont féroces et la zone est fréquentée par des ours et des loups. La gendarmerie royale du Canada (GRC, la police fédérale) du Manitoba a d’ailleurs publié sur son compte Twitter une photo d’un ours polaire repéré samedi pendant les recherches à environ 200 km au nord de Gillam. Un ours polaire a été repéré pendant la recherche des suspects plus tôt aujourd'hui - à environ 200 km au nord de G… https://t.co/m8zIjoNvC4 — GRCManitoba (@GRC Manitoba) Il faut dire que les moyens déployés sont impressionnants. Chiens pisteurs, drones, hélicoptères, camion blindé… Des dizaines de policiers en tenue de combat arpentent aussi l’épaisse forêt autour de Gillam et en ratissent chaque recoin. La GRC a poursuivi pendant tout le week-end ses efforts, visitant plus de 250 résidences, mais sans succès. Les suspects n’ont pas été aperçus de nouveau. Les agents fouillent les chalets, voies d’eau et terrains le long de… https://t.co/mkxQoBGUUm — GRCManitoba (@GRC Manitoba) Renforts aériens Les forces de l’ordre peuvent aussi compter, depuis deux jours, sur l’aide de deux avions de l’armée de l’air canadienne : un C130 Hercules et un CP-140 Aurora – un appareil de patrouille à long rayon d’action disposant de matériel de surveillance sophistiqué, dont des caméras infrarouges. Dimanche soir, pourtant, changement de stratégie : la police a annoncé avoir envoyé de nombreux agents à York Landing, à 200 km au sud-ouest de Gillam. Elle a reçu un renseignement selon lequel les deux garçons pourraient se trouver dans la zone. Une information sans doute jugée plus fiable qu’une grande partie des 200 signalements reçus au cours des cinq derniers jours. Dans cette partie, le temps joue plutôt en faveur de la police : les deux garçons n’ont, selon les autorités, ni l’équipement ni l’entraînement requis pour survivre dans cet environnement hostile. Reste aussi à éclaircir leurs motivations. Le père de Bryer Schmegelsky a reconnu auprès de l’agence de presse canadienne The Canadian Press que son fils avait beaucoup souffert de la séparation de ses parents, lorsqu’il avait 5 ans. « Il veut que sa souffrance cesse. Ils vont tenter de finir leur aventure en apothéose », prédit-il.
Depuis plusieurs jours, deux jeunes de 19 et 18 ans défient la police dans les marais du Manitoba, une région difficile d’accès et infestée de moustiques.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/29/canada-vaste-chasse-a-l-homme-pour-retrouver-deux-adolescents-soupconnes-de-meurtres_5494491_3210.html
mlsum-fr-2071
Frédéric Chau (à droite) et Medi Sadoun (à gauche) dans « Made in China ». MARS FILMS L’avis du « Monde » – On peut éviter Las des moqueries et des discriminations dont il a fait l’objet, fatigué des sketchs caricaturant les Asiatiques, craignant d’être utilisé comme tel au cinéma, l’acteur Frédéric Chau a souhaité prendre les choses en mains. Et éclaircir ce qu’il avait sur le cœur dans un film, réalisé par Julien Abraham, dont il a co-écrit le scénario avec Kamel Guemra. Made in China emprunte donc à son histoire personnelle – il est né au Vietnam de parents chinois émigrés en France – pour aborder les affres de la crise identitaire. Dans le film, c’est un événement important de la vie de son personnage, François (qu’interprète lui-même Frédéric Chau), qui déclenche le questionnement de ses origines. Quand il apprend en effet que sa compagne, Sophie (Julie de Bona) attend un enfant, le trentenaire éprouve le besoin de renouer avec sa famille, et en particulier avec son père qu’il n’a pas vu depuis dix ans. La cause de cette séparation étant que le fils avait alors choisi d’être photographe alors que son paternel voulait qu’il devienne ingénieur. « Made in China » partage les défauts inhérents à toutes les mauvaises comédies françaises Flanqué de son meilleur ami, Bruno (Medi Sadoun), François entreprend donc son retour dans le XIIIe arrondissement de Paris, en quête d’une réconciliation qui l’oblige à renouer avec des origines auxquelles il pense être totalement étranger. Les clichés – les Chinois ont tous un accent à couper au couteau, mangent du chien, et ne vivent qu’entre eux – sont évoqués par l’intermédiaire du personnage de Bruno, bon mec gaffeur que les idées préconçues n’ont pas épargné, sur fond de repas de famille, mariage traditionnel, réunion karaoké, nouvel an chinois. Des dialogues attendus En une série de séquences esquissées qui alternent, sans prêter attention à aucune d’entre-elles, moments d’émotion et de comédie, un tableau se dessine aux contours incertains et flottants. A l’image des drones qui survolent et rasent les tours du Chinatown parisien, le film navigue à vue, tenant à peine la barre d’un récit qui, lui-même, ne sait pas bien quelle direction prendre. Made in China partage les défauts inhérents à toutes les mauvaises comédies françaises. Dialogues attendus et explicatifs, mise en scène approximative, personnages survolés (principalement les seconds rôles, au potentiel pourtant prometteur) contribuent à l’inconsistance du film dont on se demande bien ce qu’il défend. Si ce n’est que les Asiatiques ne sont pas ce que l’on imagine. Dans Made in China, les jeunes n’ont pas d’accent et ne sont pas tous informaticiens. Ils sont nés en France, sont et se sentent français. Le message est louable et nécessaire. Il ne suffit pas à réussir un film. Film français de Julien Abraham. Avec Frédéric Chau, Medi Sadoun, Julie de Bonna (1 h 28). www.facebook.com/MadeInChina.lefilm
Co-écrite par Frédéric Chau, la comédie réalisée par Julien Abraham échoue à mettre à bas les clichés véhiculés sur les émigrés asiatiques en France.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/26/made-in-china-un-message-louable-ne-suffit-pas-a-faire-un-film_5481858_3246.html
mlsum-fr-2072
La villa Myrtia, bâtie par l’architecte Marc Held, sur l’île de Skopelos, en Grèce. Marc Held/Klitsogiannis Kostas En 1989, vous décidez de quitter Paris et d’abandonner votre carrière pour vivre à Skopelos. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ? C’est le hasard qui m’a mené à Skopelos. Au départ, je ne devais y passer que quelques jours. J’étais sur le bateau et j’ai vu apparaître un village blanc, au loin. Puis je suis tombé amoureux de la sérénité qui se dégageait de cette île verte. J’ai été charmé par son relief tourmenté, par l’architecture locale de montagne influencée par le mont Athos, avec les maisons aux toits en pente et aux balcons en bois. Nous nous sommes installés avec mon épouse comme tout le monde devrait vivre : dans une toute petite maison au sein d’un cadre sublime. L’architecte et designer français Marc Held. Jean-Francois Jaussaud J’ai commencé à rédiger un livre sur l’architecture vernaculaire de Skopelos lorsqu’on est venu me demander de dessiner une villa. Le goût m’est alors revenu et, de fil en aiguille, j’ai fini par en concevoir quatorze ! Le livre qui sort ces jours-ci raconte le fruit de trente ans de travail solitaire et artisanal, dans un cadre presque vierge qu’il ne fallait surtout pas abîmer. Au contraire, je me suis appliqué à épouser le paysage. Pour chaque projet, vous avez tout dessiné, jusqu’aux meubles, et vous n’avez fait appel qu’à des artisans locaux… Un chantier est un tout. Pour moi, l’architecte doit dessiner la maison, mais aussi son aménagement, son mobilier et son jardin. A chaque fois que j’ai pu, j’ai associé mes savoir-faire d’architecte et de designer, et j’ai collaboré avec des ébénistes et des serruriers de l’île pour créer des pièces uniques. Ces trente années sont une bonne illustration de la façon dont il faudrait procéder en ville à l’avenir : un travail accompli par de petites équipes pour soutenir l’économie locale et pour un résultat qualitatif. Avec le néo-artisanat mécanisé et informatisé, et le développement des FabLabs, cela devient envisageable. A Skopelos, tous mes meubles ont été fabriqués à moins de dix kilomètres des villas. La villa Capsari, sur l’île de Skopelos, en Grèce. Deidi von Schaewen Vous avez pourtant été un chantre du design industriel, en collaborant notamment avec Prisunic dans les années 1970. Cette philosophie ne vous semble plus pertinente aujourd’hui ? « Le dernier projet auquel j’ai été associé, celui de la tour IBM à La Défense, m’a permis d’observer le pire de ce qu’un architecte pouvait vivre avec des promoteurs. » Marc Held Je suis effectivement opposé à la production de masse, alors que j’ai prôné le contraire dans les années 1960 et 1970. Nous pensions qu’elle allait améliorer la vie, mais devant la multitude de produits plus clinquants et jetables les uns que les autres, j’ai compris que c’était une erreur. C’est le même ordre d’idée qui m’a poussé à quitter Paris : je n’avais plus envie de gérer mon agence qui était devenue trop importante. Plus elle s’agrandissait et moins j’étais créatif… Le dernier projet auquel j’ai été associé, celui de la tour IBM à La Défense, m’a permis d’observer le pire de ce qu’un architecte pouvait vivre avec des promoteurs. Ça a été un déclic. J’ai confié mes projets en cours à mes collaborateurs et je suis parti dans cette île grecque.
L’architecte et designer français Marc Held vit sur l’île de Skopelos, en Grèce, depuis trente ans. A l’occasion de la sortie d’un ouvrage sur les quatorze maisons qu’il y a bâties, il revient sur ses choix de vie et sa pratique professionnelle.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/08/12/marc-held-l-architecte-doit-dessiner-la-maison-mais-aussi-son-mobilier-et-son-jardin_5498808_4497319.html
mlsum-fr-2073
L’ex-président français Nicolas Sarkozy à la rencontre des entrepreneurs de France, le 29 août à l’hippodrome de Longchamp à Paris. ERIC PIERMONT / AFP De toutes les écuries politiques représentées, jeudi 29 août, à la Rencontre des entrepreneurs de France (REF) du Medef, celle de la droite était sans doute la plus fournie. Anciens du parti Les Républicains (LR), faussement retirés de la vie politique ou volontairement à l’écart de la campagne interne qui agite le parti, un échantillon de ténors de la droite cultivant leur hauteur a foulé le gazon de l’hippodrome de Longchamp à Paris. A l’invitation de Geoffroy Roux de Bézieux, le président LR de la région PACA, Renaud Muselier, est intervenu sur les inégalités, Nicolas Sarkozy sur les questions géopolitiques, Valérie Pécresse sur la fiscalité, la tête de liste aux européennes François-Xavier Bellamy a participé à un débat sur l’éducation et le président des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, à une discussion sur le thème des fractures. Dans un autre registre, le maire (LR) de Crest (Drôme), Hervé Mariton, acteur à ses heures, a interprété un texte (Le Discours de Harvard) de l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne. Pour la droite, il s’agissait d’afficher ses liens avec un patronat séduit, à quelques mesures près, par le quinquennat d’Emmanuel Macron. Sous la présidence de Laurent Wauquiez, les relations entre l’organisation patronale et Les Républicains avaient été abîmées notamment par la révélation des propos au vitriol du chef de parti à des étudiants d’une école de commerce. « La seule chose qu’ils veulent, c’est encaisser l’argent », avait-il dit de l’organisation patronale, formule qui avait beaucoup déplu à son dirigeant d’alors, Pierre Gattaz. « Je ne fais plus de politique » Jeudi, Nicolas Sarkozy le premier a fait rire le patronat en assurant : « Je ne fais plus de politique. » S’affranchissant des questions qui lui étaient posées, il a fait étalage de son expérience de chef d’Etat devant un public conquis, en reprenant des éléments de l’éloge des hommes forts prononcé en 2018 à Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis. « Aujourd’hui tout le monde a le pouvoir de défaire et de s’opposer, personne n’a le pouvoir de faire, a-t-il lancé sous les applaudissements. La démocratie, c’est un vote pour une organisation verticale (…). Erdogan a fait l’un des plus grands aéroports du monde à Istanbul, des aéroports fantastiques se construisent en Asie, et nous, on met quarante ans à arrêter Notre-Dame-des-Landes ! » L’ancien chef de l’Etat a ironisé contre la militante écologiste suédoise Greta Thunberg, « si sympathique, si souriante, tellement originale dans sa pensée », a regretté le « contresens historique » du Brexit face auquel il a appelé l’Europe à un nouveau traité « qui permette de reposer la question aux Anglais ». Il s’est aussi prononcé pour un groupe associant l’Europe à la Turquie et la Russie et a salué dans la foulée l’invitation d’Emmanuel Macron à Vladimir Poutine cet été au fort de Brégançon (Var).
Loin des débats internes agitant le parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy, Valérie Pécresse et Xavier Bertrand se sont affichés, jeudi 29 août, au côté des chefs d’entreprise.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/08/30/au-medef-la-droite-en-operation-reconquete-des-patrons_5504342_823448.html
mlsum-fr-2074
Après avoir fui Boko Haram dans l’Etat de Borno, cette fillette de 12 ans a été recueillie par le camp du pasteur Folorunsho Solomona, à Benin City, puis a rejoint un camp de déplacés au centre du Nigeria, où elle vit désormais avec sa famille. FATI ABUBAKAR / AFP « Au début, il est discret, très doux. On se dit qu’il ne ferait pas de mal à une mouche », décrit un ancien collaborateur de Folorunsho Solomon. Puis le trouble se crée autour du célèbre pasteur évangélique nigérian qui a recueilli des milliers d’enfants ayant fui le conflit avec Boko Haram. Qui est vraiment cet « envoyé de Dieu » qui affirme avoir été « sauvé de Satan », soutenu par les puissants, adoré par ses fidèles, craint par ses anciens disciples et qui a la charge de 4 000 enfants et jeunes filles dans la plus grande opacité ? Benin City, Etat d’Edo, dans le sud chrétien du Nigeria. On est en 2013, Folorunsho Solomon est déjà réputé pour ses prêches et ses actions auprès des populations défavorisées lorsqu’il transforme son orphelinat en camp de déplacés pour les victimes d’un conflit islamiste qui se joue à plus de 1 000 kilomètres de là. Sur le site Internet de l’International Christian Centre for Missions (ICCM), on promet protection, soins, nourriture, éducation… et aussi « apprendre à connaître Dieu et à le suivre ». Lire aussi Au Nigeria, la spectaculaire remontée en puissance de Boko Haram Mais une quinzaine d’anciens missionnaires, d’enfants, de parents et d’employés des services sociaux rencontrés par l’AFP ces derniers mois sont unanimes : les petits y sont mal nourris, ont un accès restreint à l’eau et aux soins, le pasteur est violent et a des gestes déplacés à l’égard des jeunes filles – certains l’accusent même de harcèlement sexuel. Folorunsho Solomon dément tout : « Pas de mauvais traitements », assure-t-il à l’AFP. « Il donne des noms aux filles » Pourtant, lorsque le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) mène une mission d’évaluation en 2016 dans le camp, les conclusions sont édifiantes : « Il contrôle ce camp comme un roi dans son royaume. Il contrôle les faits et gestes de chaque personne, via un groupe de missionnaires et quelques enfants […] qui lui rapportent tout ce qui s’y passe. » Le rapport, confidentiel mais que l’AFP s’est procuré, poursuit : « D’après nos observations et les entretiens menés avec les enfants et le personnel […] le pasteur Solomon est engagé dans des activités sexuelles ou, au minimum, a un comportement inapproprié avec certaines jeunes filles. » Selon des témoins, une dizaine d’adolescentes travaillent pour l’évangéliste, l’aident à s’habiller, portent ses mouchoirs, ont droit à des traitements préférentiels. « Il m’appelle régulièrement pour me demander de revenir à Benin City, a confié une jeune fille de 16 ans qui a quitté le camp il y a quelques mois. Il donne des noms aux filles, il fait des commentaires si nos fesses ont grossi, ou bien il dit que notre poitrine ressemble à des ananas. » L’homme a une aura. Il est plutôt grand, mince, la voix est posée, les traits sont souriants. « Je l’aimais. J’aimais son charisme, confie un ancien disciple. Et puis un jour, je l’ai vu casser une chaise sur un enfant. Personne ne ressort de chez le pasteur Solomon sans cicatrice physique ou psychologique. » Tous les témoins, enfants et adultes sans distinction, affirment avoir été violemment frappés, au moins une fois, pour l’avoir contredit, menacé ou s’être plaint des conditions de vie. Il a fallu beaucoup de temps pour que ses anciennes victimes acceptent de parler à une journaliste de l’AFP. Elles sont parfois restées enfermées dans le silence pendant plus de vingt ans. C’est le cas de cette ancienne collaboratrice qui assure avoir été victime de son emprise et d’abus dès l’âge de 18 ans : « Il prend des filles de familles pauvres. Elles couchaient avec lui et en échange, il leur offrait une éducation. » Mais pas question pour elle de porter plainte dans ce pays où la justice donne le plus souvent raison aux riches. Vaudou et magie noire Très peu de voix osent d’ailleurs s’élever contre les pasteurs au Nigeria. « S’attaquer à lui, c’est comme s’attaquer à Dieu », résume un ancien missionnaire. D’autant que le pasteur est encadré par les institutions les plus puissantes du pays. Enregistré par l’Etat, l’ICCM est protégé (comme les autres camps officiels du pays) par l’armée et par des membres de l’Agence de sécurité d’Etat (DSS) qui montent la garde à l’entrée. Mais sa meilleure protection, c’est sans doute les croyances. Le long de la piste de terre qui mène jusqu’au camp, au milieu de la forêt tropicale du sud du Nigeria, des autels vaudous et des offrandes faites aux esprits rappellent que dans cette région, le « juju » (magie noire) dicte les prières et le quotidien. La peur du diable, dont le pasteur assure avoir été sauvé lorsqu’il était enfant, revient dans tous ses prêches et dans tous ses discours. « Si vous venez avec les yeux du diable, vous verrez le diable », prévient-il dans un entretien téléphonique avec l’AFP. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’abattoir de Maiduguri, cœur saignant de l’Etat de Borno et vivier pour Boko Haram Il reconnaît que « nourrir et soigner autant d’enfants au quotidien est un véritable défi » et que des épidémies d’hépatites, de gale et de varicelle se propagent dans le camp, sans avoir « fait de morts à [sa] connaissance ». Mais il réfute catégoriquement une quelconque violence. « Il n’y a aucun mauvais traitement ici, nous n’avons rien à cacher, assure-t-il. Nous aidons l’humanité. Nous avons besoin d’encouragements. » Le pasteur Solomon a surtout besoin d’argent. Pour nourrir 4 000 enfants et plus de 500 adultes, ses missionnaires assurent à la télévision locale avoir besoin chaque jour d’au moins quinze sacs de 50 kg de riz et dix sacs de manioc, soit des centaines d’euros uniquement pour la nourriture. Selon le rapport de l’Unicef et les témoignages, les enfants dorment seuls à 300 dans des hangars sur des nattes à même le sol, font leurs besoins dans la forêt, se plaignent de la faim, ne boivent pas à leur soif, ne se lavent pas. « Les Blancs sont très sensibles » Comment un seul homme a-t-il pu se retrouver à la tête d’un tel « royaume » ? Comme des milliers de pasteurs nigérians qui comblent les manquements d’un Etat défaillant et promettent un avenir meilleur à leur armée de fidèles, Folorunsho Solomon a fondé sa petite église en 1990. Dans sa mission d’évangélisation, il s’entoure d’une dizaine de jeunes femmes, âgées de 16 à 30 ans, et ils vivent ensemble dans le plus grand dénuement. Rapidement, à force d’arpenter la « jungle » pour y propager la parole divine, l’église prend de l’importance et compte des milliers d’adeptes. La mission s’agrandit dès 1992, avec la création d’une « maison pour nécessiteux » qui accueille une centaine d’enfants confiés par leurs parents pour y être scolarisés. Mais aux donateurs étrangers, le pasteur assure qu’il s’agit de petits orphelins, affirme une ancienne missionnaire alors chargée des programmes de parrainage. « Il était toujours sur Internet pour chercher de nouvelles églises » en Europe ou aux Etats-Unis, se souvient-elle : « Il disait toujours que les Blancs sont très sensibles. » Au début des années 2010, l’église compte 200 branches dans le sud du pays, une vingtaine de pasteurs et des dizaines de missionnaires qui sont nourris et logés mais ne perçoivent aucun salaire. Folorunsho Solomon devient une personnalité importante de l’Etat d’Edo, ses écrits sont traduits en six langues (dont le chinois et le russe), il est invité régulièrement dans des églises évangéliques à travers le monde. Au même moment, en 2013, un conflit s’intensifie à plus de 1 000 kilomètres de Benin City et des millions de personnes doivent quitter leur foyer. Le monde commence à s’émouvoir face aux atrocités commises par les djihadistes de Boko Haram, et certains de ses missionnaires partent dans le nord-est du Nigeria. Soutien public du gouverneur « Ils sont arrivés en 2014 à Maiduguri et ils ont convaincu les parents d’envoyer leurs enfants à Benin City, où ils recevraient une bonne éducation et de la nourriture, se souvient Rakiya, dont cinq des six enfants ont rejoint le camp. Au début, les parents qui emmenaient leurs enfants revenaient avec des sacs de riz, de l’argent, des bidons d’huile… Tout le monde disait “Benin c’est bien”, on ne parlait plus que de ça. » Comment ces enfants ont-ils été répertoriés ? Sont-ils en effet « pour la grande majorité des orphelins », comme l’assure le pasteur ? Personne ne le sait. Le pasteur maintient auprès de l’AFP « que l’armée et la DSS ont une copie des registres », mais cela n’a pas pu être confirmé. Qui les maintient à jour ? Combien d’enfants se sont enfuis ? Beaucoup sont-ils morts de maladies ou de mauvais traitements, comme l’affirment des témoins ? Cela reste un mystère. « L’Unicef et le CICR [Comité international de la Croix-Rouge] ont demandé une liste de tous les enfants. Le personnel n’a pas été capable ou n’a pas accepté de nous fournir ces informations », a écrit l’ONU dans un rapport soumis aux autorités locales en 2016 pour faire part d’« inquiétudes ». Mais le gouverneur de l’époque de l’Etat d’Edo, Adams Oshiomhole, actuel président du parti au pouvoir, l’All Progressive Congress (APC), ne donnera aucune suite. Au contraire, il affiche publiquement son soutien au pasteur et multiplie les dons. Au Nigeria, les églises sont enregistrées comme des ONG, n’ont aucune obligation de dévoiler leurs comptes et ne paient pas d’impôts. Impossible donc d’évaluer les sommes d’argent reçues par l’ICCM. Le personnel n’y a pas non plus accès. L’ICCM vit grâce à un solide réseau de donateurs, d’institutions locales ou d’églises évangéliques étrangères. Des bénévoles allemands Le pasteur allemand Gunther Geipel, « ami et frère » de longue date, invite régulièrement l’évangéliste nigérian dans sa petite église de Saxe pour échanger avec ses fidèles et « produire des miracles ». Depuis vingt ans, ses adeptes partent au Nigeria faire du bénévolat, organiser des collectes d’argent et de matériel. Selon lui, toutes les accusations portées contre Solomon sont « des racontars » de « jaloux ». Interpellé sur les accusations et les témoignages des enfants, le pasteur Geipeil assure ne pas pouvoir « imaginer que ce soit vrai » et veut continuer à admirer cet homme dont « le cœur brûle pour les perdus ». Peu de temps après son arrivée à la tête de l’Etat d’Edo, le nouveau gouverneur, Godwin Obaseki, a également visité le camp de Benin City, promettant que « le gouvernement continuerait à apporter son soutien ». Contactée par l’AFP, la nouvelle ministre locale des affaires sociales assure n’avoir jamais entendu parler d’un rapport onusien ou d’un quelconque dysfonctionnement dans le camp, mais reconnaît n’avoir jamais demandé de liste des enfants et dit ignorer même s’il en existe une. « Toutefois, je peux vous assurer qu’à partir de maintenant, nous allons surveiller tout cela », s’est engagée Maria Edeko, qui a pris ses fonctions il y a quelques mois : « Il en va de notre responsabilité. » « Si on se plaignait, le pasteur nous frappait » L’AFP a retrouvé une dizaine d’enfants qui ont passé plusieurs mois, parfois plusieurs années, dans le camp de déplacés du pasteur Solomon. Loin de leur famille, ils ont connu la faim, les maladies, les violences, le travail forcé… Certains ont réussi à s’enfuir ou ont été récupérés par leurs parents. Une adolescente originaire de l’Etat du Borno, au cœur du conflit avec Boko Haram, a passé deux ans dans le camp : « A l’époque, tout le monde allait chez le pasteur Solomon, c’était ça ou rester à Maiduguri. Je voulais aller à l’école, mais tu ne peux rien étudier quand ton estomac est vide, or on n’avait rien à manger jusqu’à 14 heures. Je n’ai jamais pu parler à mes parents. Il y a des téléphones mais il n’y a pas de crédit, ou alors je n’y avais pas accès. » Elle raconte que les filles de son âge (15 à 18 ans) « travaillent pour le pasteur » : « Elles l’habillent, elles portent ses téléphones. Une fois, une fille a refusé de travailler pour lui, elle a été punie et il l’a affamée. Moi, je devais lui apporter ses chaussures. » La petite Hauwa* est orpheline. Elle n’avait que 6 ans lorsque sa tante l’a envoyée à Benin City. Elle y est restée plus de trois ans, avant que sa famille ne revienne la chercher : « J’avais faim tout le temps, il n’y avait jamais assez à manger. On n’avait pas assez d’eau et si on se plaignait, le pasteur nous frappait. » Rakiya* a envoyé ses cinq enfants chez le pasteur Solomon : « Mes deux garçons se sont enfuis du camp et ils m’ont raconté ce qui se passait. Ils m’ont dit qu’il y avait un esprit maléfique, alors je suis partie chercher les autres. » Le jour de son arrivée, les employés du camp refusent qu’elle récupère ses enfants : « Ils m’ont dit que je ne les mettrais pas à l’école, qu’ils étaient bien ici. Mais j’ai insisté et finalement ils ont accepté que je les voie. Je suis restée trois jours dans le camp et en trois jours, j’ai vu trois personnes mourir. Je ne voulais pas dormir sous la tente où sont regroupés les visiteurs, on était au moins 200, alors j’ai dormi dehors et quand le pasteur Solomon m’a trouvée, il m’a frappée. » Rakiya poursuit : « Le pasteur déteste les garçons. Il adore les filles. Les plus grandes travaillent pour lui. L’une porte un mouchoir, il crache ou se mouche dedans et il le lui retend. Une autre lui nettoie ses chaussures quand il marche. Ma fille aînée de 16 ans veut rester là-bas. Elle dit qu’elle est assez grande pour endurer la faim et les difficultés. Je l’ai suppliée de partir mais elle dit que c’est sa seule chance d’avoir une éducation. » * Les prénoms ont été changés.
A Benin City, une église évangélique promet protection, nourriture et éducation, mais de nombreux témoignages font état de mauvais traitements et de violences, parfois sexuelles.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/29/il-a-recueilli-4-000-enfants-fuyant-boko-haram-au-nigeria-l-obscur-royaume-du-pasteur-solomon_6017327_3212.html
mlsum-fr-2075
David Sassoli au Parlement européen de Strasbourg, le 3 juillet. VINCENT KESSLER / REUTERS Elu mercredi après-midi à la présidence du Parlement européen au deuxième tour de scrutin, avec 345 voix, l’eurodéputé social-démocrate (PD-PSE) italien David Sassoli a commencé son discours de remerciements par un éloge de son prédécesseur et compatriote, Antonio Tajani (Forza Italia-PPE, conservateur), avec qui il présente plusieurs points communs. D’abord, tout comme lui, David Sassoli est journaliste de profession. Il a été l’un des visages les plus connus de l’audiovisuel public italien pour lequel il a travaillé plus de vingt ans, présentant, au milieu des années 2000, le prestigieux journal télévisé de 20 heures de Rai 1. Ensuite, son parcours journalistique est intimement lié à un engagement politique qui remonte à la prime jeunesse. Né à Florence en 1956 d’une famille originaire de la ville voisine de Calenzano et liée à la démocratie-chrétienne de Giorgio La Pira – qui fut maire de Florence –, religieuse mais très ouverte aux discussions avec les laïcs et la gauche, il a grandi à Rome sans renier cette parenté intellectuelle. Prêt à réformer les accords de Dublin sur l’immigration David Sassoli est entré en politique active sous le parrainage du maire de Rome du début des années 2000, Walter Veltroni, et a participé à la fondation du Parti démocrate (PD) en 2007. En 2009, il est élu au Parlement européen. Il tentera sans succès de se faire désigner comme candidat du PD à la mairie de Rome, en 2012, ce qui reste sa dernière tentative en date sur la scène politique nationale. A l’échelle européenne, il s’engagera pleinement dans la vie du Parlement, où il s’attirera une réputation d’élu travailleur et consensuel. Dans son premier discours en tant que président du Parlement européen, David Sassoli a affirmé, mercredi, sa volonté de parvenir à une réforme des accords de Dublin sur les demandeurs d’asile et assuré que « sous [sa] présidence, le Parlement sera toujours ouvert aux ONG ». Des propos qui n’ont pas été du goût de l’homme fort du gouvernement italien, Matteo Salvini (Ligue, extrême droite), qui semble peu apprécier le fait que le seul visage de son pays au sommet des institutions européennes soit l’un de ses adversaires politiques. Dans une vidéo diffusée en direct sur Facebook, Matteo Salvini a ironisé sur cette élection qui, selon lui, ne respecte ni le vote des Italiens ni celui des Européens. « Là-bas, ils continuent à se répartir les postes », a-t-il ensuite accusé. Il est vrai qu’au sein du Parlement européen, affilié à un groupe marginal de 73 eurodéputés et sans alliés à l’extérieur de celui-ci, le ministre italien de l’intérieur n’a aucun moyen de peser. Le PD, en revanche, est dans l’opposition en Italie et loin derrière la Ligue dans les sondages, mais sa délégation est la deuxième du groupe social-démocrate au Parlement, qui est membre de la coalition majoritaire. Autrement dit : il pèse beaucoup moins en Italie, mais beaucoup plus en Europe.
Le nouveau président social-démocrate, dont le parti est dans l’opposition en Italie, acquiert un vrai poids à l’échelle européenne. Au grand dam du gouvernement populiste de son pays.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/03/apres-l-election-de-david-sassoli-a-la-presidence-du-parlement-europeen-matteo-salvini-ironise_5485065_3210.html
mlsum-fr-2076
Christian Estrosi et Eric Ciotti, en 2015. VALERY HACHE / AFP Aucune décision du parti n’est attendue avant octobre, mais le duel entre Eric Ciotti et Christian Estrosi pour l’investiture Les Républicains (LR) aux élections municipales de mars 2020 à Nice n’en finit pas de se tendre. Le premier, député des Alpes-Maritimes, a appelé, lundi 29 juillet, le maire sortant à une « clarification », l’accusant d’avoir sollicité pour ce scrutin une investiture de La République en marche (LRM) en même temps que du parti de droite. Après la publication de cette lettre au vitriol, l’entourage de M. Estrosi a sorti l’artillerie lourde pour défendre l’édile. Ce regain de tension entre les anciens associés a débuté après la publication d’un article du Journal du dimanche (JDD) du 28 juillet mentionnant deux entretiens du maire, il y a une dizaine de jours : le premier avec le délégué général du parti présidentiel, Stanislas Guerini, le second avec le président du MoDem, François Bayrou. Et selon Le JDD, la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, était également à Nice lundi ; un déplacement non inscrit à l’agenda aux airs de mission officieuse, à l’heure où la majorité semble privilégier un accord avec M. Estrosi. Au ministère, sans démentir cette visite, on explique que la ministre (originaire de Monaco) y « passera une partie de ses congés ». « Au moment où vous sollicitiez l’investiture LR, vous discutiez avec En marche ! pour obtenir également l’investiture de ce mouvement, a accusé M. Ciotti. Le temps de la clarification est venu. On ne peut être en même temps LRM et LR. Il est temps aujourd’hui d’arrêter ce double langage et ce pas de deux permanent. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elections municipales 2020 : LR prépare le scrutin sans trancher les cas épineux de Nice et Marseille « Mettre la pression à droite et à gauche » Si Christian Estrosi a exclu de répondre à Eric Ciotti, son entourage s’est empressé de démentir par un communiqué toute demande d’investiture LRM. « Ces rendez-vous n’avaient rien de secret », ont réagi la députée des Alpes-Maritimes Marine Brenier, conseillère municipale de M. Estrosi, et la sénatrice Dominique Estrosi-Sassone, toutes deux membres de la commission nationale d’investiture de LR : « Cela a été l’occasion pour Christian Estrosi, qui ne sollicite pas l’investiture de LRM, de rappeler qu’il souhaite que les partis politiques, dont le sien, laissent une totale liberté aux maires pour constituer leur liste, comme l’ont fait en leur temps Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. » Sollicitée, Marine Brenier assure qu’« à aucun moment M. Estrosi n’a demandé l’investiture de LRM ». « On a l’impression que M. Ciotti essaie de justifier l’injustifiable, de légitimer une candidature illégitime », poursuit-elle, tout en dénonçant sa position de juge, en tant que président de la commission nationale d’investiture, et partie, en tant que candidat potentiel aux municipales. « M. Ciotti a une sorte de complexe d’Œdipe à l’égard de celui qui lui a permis d’exister en politique, dit-elle de l’ancien premier adjoint au maire. Il profite de la période estivale pour essayer de mettre la pression à droite et à gauche, mais son courrier est un tissu de mensonges. »
Les proches du maire du chef-lieu des Alpes-Maritimes réfutent le fait qu’il brigue une double étiquette LR-LRM pour les élections municipales de 2020.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/30/a-nice-eric-ciotti-et-christian-estrosi-a-couteaux-tires_5495000_823448.html
mlsum-fr-2077
Le président russe au sommet du G20 à Osaka, le 28 juin. LUDOVIC MARIN / AFP A la veille de l’ouverture du G20 au Japon, Vladimir Poutine déroule, dans une longue interview au quotidien économique britannique Financial Times, publiée vendredi 28 juin, sa vision pour le moins cynique d’un ordre mondial où les valeurs libérales seraient « dépassées ». Il y ajoute des contre-vérités. Valeurs libérales et migrants Pour le chef du Kremlin, « la pensée libérale est devenue obsolète » car « elle est entrée en conflit avec les intérêts de l’écrasante majorité de la population » des pays occidentaux. Vladimir Poutine ne propose aucune alternative. Il se contente d’appuyer sa démonstration sur le thème des migrants, « qui peuvent tuer, piller et violer en toute impunité parce que leurs droits doivent être protégés », en qualifiant d’« erreur monumentale » la décision prise en 2015 par la chancelière allemande, Angela Merke,l d’accueillir un million de réfugiés du Moyen-Orient, en majorité des Syriens. « Le libéralisme suppose que rien ne doit être fait », poursuit-il. Cette déclaration du président russe est parfaitement conforme au récit des médias russes pilotés depuis le Kremlin qui ont, dès 2016, consacré une large couverture à la « crise migratoire » en Europe, à grand renfort de reportages virulents sur les exactions, viols et agressions qu’auraient commis les nouveaux arrivants. L’Allemagne, où plusieurs femmes ont été agressées par des demandeurs d’asile le soir du Nouvel An, à Cologne (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), était particulièrement visée. L’histoire d’une jeune Berlinoise d’origine russe prétendument violée par des étrangers, a ainsi été fabriquée de toutes pièces et soutenue, malgré les démentis des enquêteurs allemands, par le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Cette campagne agressive qui a ciblé bien d’autres pays a permis à Moscou de s’immiscer dans un débat sensible en décrivant une Europe affaiblie et plongée dans l’insécurité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’inquiétante propagande russe sur la crise des réfugiés en Europe Homophobie Autre sujet mis en avant par Vladimir Poutine pour dénoncer le multiculturalisme : la question de la diversité sexuelle. « Je n’essaie pas d’insulter qui que ce soit parce que nous avons déjà été condamnés pour notre prétendue homophobie, mais n’avons aucun problème avec les personnes LGBT +. » En 2017, des homosexuels ont été battus et torturés en Tchétchénie, un territoire du Caucase membre de la Fédération de Russie, et finalement contraints de fuir. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Nouvelles accusations de persécutions contre les homosexuels en Tchétchénie Aucune poursuite et encore moins de condamnations ne sont venues sanctionner ces répressions. Tout au contraire, une nouvelle vague d’arrestations s’est produite moins de deux ans plus tard. Les marches des fiertés LGBT + ne sont pas plus tolérées en Russie. Dépénalisée depuis 1993, l’homosexualité reste un tabou. Toute référence publique à l’homosexualité peut tomber sous le coup de la loi promulguée en 2013 par Vladimir Poutine qui interdit la « propagande homosexuelle » auprès des mineurs.
Il s’est livré, dans une interview au « Financial Times », à une attaque contre un libéralisme « obsolète ».
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/28/les-grandes-lecons-illiberales-de-vladimir-poutine-au-financial-times_5482876_3210.html
mlsum-fr-2078
t-up. Jeudi 29 novembre 2018, au siège de l’association Vieilles maisons françaises, au cœur du 7e arrondissement de Paris, un jeune homme en pantalon beige, chemise à carreaux et veste sombre commente des images projetées sur grand écran devant une douzaine de personnes. Face à lui, au premier rang, ordinateur sur les genoux, un homme en costume sombre, front légèrement dégarni et petites lunettes sur le nez, coanime la réunion. Leurs explications sont complétées par une élégante femme blonde en tailleur assise dans un coin. Bienvenue au séminaire « Quel modèle économique pour mon château », le premier organisé par la société Rêve de châteaux. Bienvenue, surtout, dans l’univers des Guyonnaud fils, père et mère, heureux propriétaires du château de Barbirey, à Barbirey-sur-Ouche, en Côte-d’Or. Chez les Guyonnaud, l’art d’être châtelain est une affaire de famille, maîtrisée de A à Z. Ensemble, Véronique et Jean-Bernard, 64 ans tous les deux, et leur aîné Colas, 32 ans, ont réponse à la quasi-totalité des questions que se posent les propriétaires. Rien ne leur échappe, des grands travaux au coût annuel d’un ensemble draps-serviette-tapis de bain (6 euros), en passant par le chiffre d’affaires d’un mariage, l’organisation d’un événement culturel, la communication sur les réseaux sociaux ou les avantages du property management system (PMS, système de réservation en ligne), développé par le fils de la famille. Même l’odeur de la cuisson des croissants qui réveille les hôtes le matin et l’impact sur les clients des œufs brouillés du paternel sont théorisés. La façade ouest du château de Barbirey, en Bourgogne, le 1er mai. RIP HOPKINS / AGENCE VU POUR LE MONDE Cousins, cousines On ne devient pas par hasard spécialistes de la gestion des belles demeures. L’histoire familiale a joué. « Nous avons tous deux vécu dans de très jolies propriétés, raconte Véronique. Pour moi, c’était une grande maison dans le Pas-de-Calais, entre Montreuil-sur-Mer et Le Touquet, un lieu magique, les jeux de l’enfance, où on était tous en liberté… » Le paradis de Jean-Bernard était dans la Haute-Vienne, au château de Condat, revendu par sa famille il y a quelques mois. « C’était les vacances, les cousins et cousines, les moissons l’été, se souvient-il. Mais dans ce genre d’endroit, quand on est très nombreux, les décisions sont lentes. Les autres membres de ma famille voulaient juste “garder”. Cela me donnait un sentiment de diminution progressive. Moi, je voulais “développer”. » Arrivé alors à la quarantaine, M. Guyonnaud a des envies de vacances ailleurs. Au printemps 2002, comme d’autres le font pour s’offrir quelques minutes de rêve, il feuillette les pages d’un magazine d’annonces immobilières de luxe. « Ça ne prêtait pas à conséquence, ça ne coûtait que le prix de la revue », sourit Mme Guyonnaud. Mais le couple tombe en arrêt devant la photo du château de Barbirey, son parc paysager à l’anglaise de 8 hectares, le potager et l’étang qui jouxtent la bâtisse.
Vies de château (2/6). Prolongeant une tradition familiale, les Guyonnaud ont acheté le château de Barbirey, en Bourgogne, en 2002. Après une rénovation importante, ils ont développé un modèle économique que leur fils diffuse grâce à sa start-up.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/23/le-chateau-de-barbirey-une-affaire-de-famille_5492391_4415198.html
mlsum-fr-2079
Le livre. « Je ne voulais pas d’une vie rangée. » Il a 18 ans, ce Britannique candidat malheureux à la Légion étrangère. Alors il sera journaliste. Vite propulsé correspondant de l’Agence France-Presse à Phnom Penh, Jon Swain a 22 ans en 1970 et une histoire à « couvrir » : les dernières années de la guerre américaine en Indochine. Ce qu’il relate ici, excellemment. Swain prend tous les risques. Il est avec les soldats, les civils, les vainqueurs et les vaincus, d’un camp ou d’un autre – au Cambodge, au Vietnam et au Laos. Mais River of Time – titre original conservé dans cette remarquable traduction – n’est pas qu’un récit puissant sur une tragédie. Pas seulement un des ouvrages de référence sur un chapitre de la guerre froide. Cette chronique est nourrie au feu d’une triple passion – pour l’Indochine, pour une femme et pour le goût des choses de la vie quand la mort rôde alentour. Swain ne tombe dans aucun des pièges du genre, le style Corto Maltese du journalisme en pays exotique. Il est trop honnête avec lui-même. Ces années sont, pour lui, des années heureuses, il le dit, même si on ne ressort pas indemne du spectacle de tant d’horreurs accumulées. « Les éléments d’une alchimie unique » étaient réunis : la beauté singulière de l’Indochine ; la guerre et cette étrange liberté qu’elle procure dans le chaos qui l’accompagne ; la femme aimée ; enfin, une histoire tragique et complexe à raconter. Le cœur du récit est à Phnom Penh, où se trouve Swain quand la ville tombe aux mains des Khmers rouges, en avril 1975. Il assiste à l’évacuation forcée de la capitale cambodgienne, épisode annonciateur de la folie génocidaire qui allait suivre. Ces pages sont un document historique. Pas de vantardise chez Swain : le journaliste est un privilégié – « protégé par sa peau blanche » à Phnom Penh, « passager » de luxe « en transit dans l’enfer vietnamien ». Il aime le risque : « la proximité de la mort dans des paysages d’une telle splendeur me procurait une ivresse, un accès de vitalité inatteignables ailleurs ». « L’après » est plus dur, fait de la culpabilité éprouvée pour les courageux fixeurs locaux, restés sur place, pour la femme aimée aussi, charmante franco-vietnamienne, perdue, retrouvée puis reperdue parce que le journaliste repart toujours, en quête « d’autres guerres pour se sentir vivant ». L’intervention américaine a semé la mort et le chaos. Mais la chute de Saïgon et, plus encore, celle de Phnom Penh ont ouvert la porte à d’autres drames : la fin des illusions marque le terme de ce séjour en Indochine. Ne reste que le souvenir du Mékong – « le fleuve de ma jeunesse ».
Jon Swain, journaliste britannique, a couvert les dernières années de la guerre américaine au Vietnam. Il chronique sa triple passion pour l’Indochine, pour une femme et pour la vie.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/08/29/chronique-anglaise-de-l-indochine-en-guerre_5503996_3232.html
mlsum-fr-2080
« Promare », de Hiroyuki Imaishi. L’AVIS DU « MONDE » - À VOIR C’est au creux de l’été que débarque en salles l’un des objets les plus démentiels qu’ait produit l’animation japonaise récente. Premier long-métrage produit par le jeune Studio Trigger, Promare, qui a fait sensation au dernier Festival d’Annecy, est un déferlement ahurissant de formes convulsives et de couleurs acidulées, qui s’infiltrent comme une solution psychotrope dans la rétine du spectateur. Le film est l’œuvre d’un duo formé par l’animateur Hiroyuki Imaishi, à la patte reconnaissable par son bouillonnement frénétique, et son scénariste attitré Kazuki Nakashima, tous deux révélés avec leur délirante série Kill La Kill (2013). Avant de fonder Trigger en 2011, Imaishi a fait ses classes au sein du prestigieux Studio Gainax, qui a marqué l’animation pour sa veine ultra-référencée et ancrée dans la culture « otaku » (terme désignant les aficionados obsessionnels de mangas et d’animés). Une expérience plastique renversante Pur produit de cette culture populaire très spécifique, Promare en arbore la plupart des fétiches adolescents (tendance « shonen », c’est-à-dire masculine) – cité futuriste, superpouvoirs, robots transformables –, mais avec une forme d’extravagance et de détachement ironique qui n’ignore par leur rôle de convention. Difficile à ce titre de résumer un récit qui n’est là, lui aussi, que pour s’offrir en tremplin à un pur déchaînement visuel. Dans un futur plus ou moins proche, l’humanité voit apparaître dans ses rangs une race de mutants pyromanes, dont certains se constituent en faction terroriste. Face à eux, une brigade dernier cri de pompiers pilotant des robots géants et réfrigérants, se tient toujours prête à intervenir. Si le film fait évidemment son miel de leurs affrontements homériques, il n’en est pas moins voué à déjouer son postulat manichéen, en amenant à reconsidérer les mutants comme une minorité opprimée par un pouvoir abusif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Festival d’Annecy : splendeurs et misères de l’animation japonaise Fondé sur l’intégration du dessin traditionnel à un environnement animé en images de synthèse, Promare offre une expérience plastique renversante, susceptible de provoquer aussi bien, c’est selon, la berlue ou une copieuse migraine. Survoltée mais pas si décervelée qu’il n’y paraît, l’action se décompose à travers un prisme graphique qui tend vers l’abstraction : torsion des lignes, motifs géométriques récurrents, à-plats de couleurs électriques, mobilité ébouriffante du point de vue dans l’espace, toutes choses qui mettent les formes en ébullition. Le film peut ainsi se voir comme un trip sous acide, au cœur des composantes mêmes de l’animation : une percée dans la fluorescence, une glissade à fleur de lignes. Tout « pop » et tapageur soit-il, l’enjeu d’un tel film réside non pas, bien entendu, dans un quelconque propos, mais dans l’horizon caressé d’une possible autonomie de l’animation, enfin affranchie de sa parenté cinématographique.
Le premier film d’animation du studio japonais Trigger met en scène des tyrans pyromanes dans un déchaînement visuel.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/31/promare-un-deferlement-de-formes-acidulees_5495164_3246.html
mlsum-fr-2081
En Chine, le basket est un sport très populaire. HECTOR RETAMAL / AFP Ils ont débarqué avec leur Bible, mais aussi avec « Les Treize Règles du basket ». Quand les missionnaires du YMCA (Young Men’s Christian Association) ont fondé la mission de Tianjin, dans le nord-est de la Chine, au milieu des années 1890, ils entendaient d’abord évangéliser les corps et les âmes. Si l’implantation religieuse a connu des hauts et des bas, le ballon orange, sport inventé quelques années auparavant par le pasteur canadien James Naismith à Springfield (Massachusetts), a rebondi dans l’empire du Milieu. Au point, plus d’un siècle plus tard, de s’être érigé en sport national du pays, qui organise du 31 août au 15 septembre la dix-huitième Coupe du monde de basket. Lire aussi : Le guide de la Coupe du monde de basket 2019 Sport américain par excellence dans l’imaginaire occidental, le basket est, parfois à la surprise de l’observateur qui arrive en Chine, très présent dans le pays. Introduit par ces missionnaires américains, il a rapidement été adopté par les élites, puis a été mis en avant par le Parti communiste chinois, en raison des valeurs collectives qu’il véhicule. A ce titre, le basket n’a pas été inquiété lors de la Révolution culturelle, à la différence de la majorité des éléments d’influence occidentale. Car, jusqu’à ce que la NBA (National Basketball Association) s’intéresse à la Chine, dans les années 1990, le basket chinois s’est développé une identité propre, s’imposant comme « le » sport collectif national – bien avant les volontés de développement du football. Il est devenu le sport auquel tout le monde joue. Comme le tennis de table. L’effet Yao Ming Yao Ming durant la cérémonie d’ouverture du Mondial de basket, à Pékin, le 30 août 2019. HOW HWEE YOUNG / AFP « Le basket est une partie intégrante de la culture chinoise, analyse Meng Wang, un commentateur de Tencent, la plate-forme qui diffuse la NBA en Chine, sur le site de la NBA. Bien avant l’engouement autour de Yao Ming et la NBA, ce jeu était largement pratiqué par la population. » Il serait en effet aisé d’associer le décollage de la fusée basket dans l’empire du Milieu à son plus grand représentant. Premier choix de la draft NBA en 2002, le géant Yao Ming (2,29 m) a, c’est certain, généré un engouement sans précédent dans le pays pour la plus grande ligue du monde. Multiple All-Star (bien aidé par les votes de plusieurs millions de ses compatriotes), porte-drapeau du pays lors des Jeux olympiques à domicile en 2008 (et de ceux de Londres quatre ans plus tard), le joueur a été désigné par la Fédération chinoise de basket en 2006 comme « l’athlète le plus influent de l’histoire du sport chinois. » Mais s’il a donné une visibilité XXL au basket chinois – notamment à l’étranger, où les Chinois demeurent une grande inconnue –, le développement de son sport le précède largement. Près de trois cent millions de Chinois pratiquent le basket, et selon le ministère des sports chinois, au moins six cent mille communes du pays possèdent leur terrain. Il n’est pas rare, dans les grandes villes ou les campagnes, d’assister à des parties endiablées de basket de rue. « Ils adorent le streetball ici, il y en a à tous les coins de rue ! » s’enthousiasme l’Américain Stephon Marbury, ancien meneur star de la NBA, qui évolue en Chine depuis dix ans. Si le meneur n’a jamais joué sur ces terrains, il a découvert la passion chinoise pour ce sport. Même l’enceinte de la vénérable Cité interdite, du haut de ses six siècles, veille sur deux playgrounds scrupuleusement entretenus, servant notamment aux employés de la citadelle. « Les racines sont profondes » « Les racines du basket sont profondes en Chine, insiste Stephon Marbury. Les Chinois pratiquent ce sport depuis très longtemps, et leur connaissance du sport est forte. Ils sont incollables sur le basket et les joueurs qui viennent ici. » Ancien enfant terrible de la NBA, il ne savait pas à quoi s’attendre quand il a franchi le pas et le Pacifique en 2009. Il a rapidement été adopté, en dépit de grosses difficultés à communiquer : « Parler chinois, c’est vraiment dur. Heureusement, on va dire que le basket est une langue universelle. » Assagie, l’ancienne gâchette des playgrounds new-yorkais est devenue le visage du développement de la CBA (Chinese Basketball Association), le championnat de basket chinois, et se félicite « d’avoir aidé à construire un pont » entre les Etats-Unis et la Chine. L’immense marché chinois n’a pas échappé aux yeux des décideurs de la NBA. Depuis la fin des années 1980, et les premiers droits télé cédés – gratuitement – à une télévision chinoise, la grande ligue nord-américaine s’est taillé la part du lion dans l’empire du Milieu. Aujourd’hui, plus de quatre cent cinquante millions de Chinois suivent la NBA. Des joueurs comme LeBron James ou James Harden sont adulés de Pékin à Shanghai. « Quand des partenaires potentiels s’intéressent à la NBA, ils voient deux grands marchés, les Etats-Unis et la Chine. Et j’ai bien l’impression qu’ils commencent à voir la Chine comme la plus grosse opportunité », explique à Forbes le patron de NBA China, Derek Chang. Un championnat qui se développe Longtemps réservé aux joueurs en fin de parcours, incapables de retrouver un club en NBA, le championnat chinois se développe également. Aujourd’hui, les salaires de la CBA sont – pour les joueurs étrangers tout du moins – souvent plus rémunérateurs qu’en Europe, et de nombreux Américains, parfois dans la force de l’âge, partent à la conquête de ce nouvel eldorado. Non conservé par les Boston Celtics au début de l’été, le Français Guerschon Yabusele a signé aux Nanjing Monkey Kings. « Retourner en Chine veut dire que je vais pouvoir retrouver la confiance et vraiment avoir la balle dans les mains. Je vais pouvoir être maître du jeu », a-t-il déclaré au Figaro. Important bémol à ce tableau : si le basket déploie ses ailes en Chine, son équipe nationale n’en bénéficie pas vraiment. Huit ans après la retraite de Yao Ming, le pays attend encore l’émergence d’une star, à même de faire gravir les sommets à sa sélection. Et s’il satisfait le public et les joueurs étrangers y évoluant, le championnat domestique ne forme pas ses joueurs locaux. Même si l’ancienne gloire NBA a mis en place un programme de développement du basket depuis deux ans, en s’inspirant des Etats-Unis. Si la Chine a écopé d’un tirage au sort favorable pour le premier tour de « son » Mondial – la Côte d’Ivoire, la Pologne et le Venezuela –, les joueurs de l’empire du Milieu aspirent à se hisser en quarts de finale, leur meilleur résultat au niveau mondial. Mais ils savent que, plus d’un siècle après les missionnaires du YMCA, d’autres Américains, ceux de l’équipe nationale, risquent de rester les derniers sur le terrain.
Le pays accueille la Coupe du monde pour la première fois de son histoire, à compter de samedi et jusqu’au 15 septembre.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/08/31/coupe-du-monde-de-basket-2019-comment-le-basket-a-conquis-la-chine_5504817_3242.html
mlsum-fr-2082
A la lecture du jugement rendu mardi 24 septembre par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), les avocats de Google ont dû pousser un grand soupir de soulagement. La CJUE vient en effet de donner raison au moteur de recherche en concluant que le droit au déréférencement, abusivement surnommé « droit à l’oubli », ne s’appliquait qu’à l’intérieur des frontières de l’Union européenne. Dans une seconde affaire, les juges ont aussi précisé les règles que devaient appliquer les moteurs de recherche lorsqu’ils étaient confrontés à une demande de déréférencement de données dites « sensibles ». Dans leur première décision, les juges de Luxembourg ont donné raison à Google face à la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) en affirmant que le droit au déréférencement – qui permet depuis 2014 à chaque internaute européen de faire supprimer sous conditions certains résultats le concernant des moteurs de recherche lorsqu’on y saisit ses noms et prénoms – ne pouvait s’appliquer à l’échelle mondiale. Un déréférencement cantonné à l’UE Jusqu’ici, les pages concernées par le déréférencement ne disparaissaient que lorsque l’internaute effectuait sa recherche sur les extensions de Google des pays de l’Union européenne (Google.fr, Google.de…). Constatant qu’il suffisait pour un internaute de se rendre sur une autre extension (Google.com par exemple) pour afficher le contenu retiré, la CNIL avait ordonné au moteur de recherche de procéder au déréférencement dans le monde entier et dans tous ses résultats de recherche. Face à son refus, la CNIL avait sanctionné Google, qui avait porté l’affaire devant le Conseil d’Etat. La CJUE a estimé mardi, à l’unisson de Google et des conclusions de l’avocat général, que cette solution souhaitée par la CNIL n’était pas satisfaisante, car elle allait conduire à l’application mondiale d’un droit européen. « L’équilibre entre la protection de la vie privée et la liberté d’expression des internautes est susceptible de varier à travers le monde », remarque ainsi la Cour. Chez Google, quelques jours avant la décision, on laissait clairement entendre qu’un important conflit légal allait se profiler avec les Etats-Unis, où la liberté d’expression est extrêmement protégée, si la Cour s’alignait sur le jugement de la CNIL. La porte à un déréférencement mondial reste ouverte « Nous sommes heureux de voir que la Cour a retenu nos arguments », a réagi un porte-parole de Google après l’annonce de la décision de la Cour. La Computer and Communications Industry Association – un groupe de lobbying qui représente les grandes entreprises du numérique, dont Google – s’est également déclarée satisfaite que la Cour ait « honoré le droit des Européens sans compromettre les droits constitutionnels des citoyens hors de l’Union européenne ». Cela alors que la justice européenne a aussi gravé dans le marbre le fait que les moteurs de recherche devaient prendre « des mesures suffisamment efficaces » pour que le déréférencement soit bien effectif dans toute l’Union européenne. La Cour leur demande ainsi d’accompagner ce retrait de mesures « empêchant ou décourageant » l’accès des internautes européens aux liens déréférencés. Avant cette décision, Google avait commencé à utiliser l’adresse IP – l’identifiant d’une connexion à Internet, qui peut révéler le pays où se trouve l’internaute – pour délimiter les frontières de ce déréférencement. La CJUE a aussi laissé la porte ouverte à un déréférencement mondial, dans certains cas particuliers. Elle a pour cela renvoyé la balle dans le camp des autorités nationales de protection des données (comme la CNIL en France) qui devront déterminer, le cas échéant et au cas par cas, si Google doit supprimer de ses résultats de recherche mondiaux certaines pages Web. La question des données sensibles Ces précisions viennent compléter les décisions rendues par la CJUE sur le sujet en 2014. En octroyant d’un trait de plume le droit au déréférencement aux Européens, la Cour avait alors créé la surprise et essuyé une volée de critiques, en particulier de Google, qui lui reprochait les nombreuses zones d’ombre. La deuxième décision, rendue par la Cour mardi, clarifie dans ce contexte une autre question qui avait été laissée de côté en 2014 : celle des données sensibles. Une catégorie spécifique de données personnelles que le droit européen protège plus que les autres. On y trouve par exemple l’appartenance sexuelle, l’orientation politique, l’origine ethnique ou les antécédents judiciaires. Imposer aux moteurs de vérifier avant tout référencement l’absence de données sensibles est parfaitement incompatible avec l’existence même des moteurs de recherche Après 2014, plusieurs particuliers avaient demandé à Google de supprimer de ses résultats des pages les concernant contenant ce type de données. Parmi les demandes, figuraient celle d’une ancienne responsable politique locale voulant supprimer de YouTube un photomontage suggérant une relation sexuelle avec un élu ; celle d’un homme condamné pour pédophilie désireux de ne plus voir sa condamnation apparaître dans les résultats de recherche ; ou encore, un ancien responsable de l’Eglise de scientologie souhaitant voir disparaître de Google un article de presse rappelant cette ancienne qualité. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’« online shaming », version moderne du goudron et des plumes sur les réseaux sociaux Google avait répondu que ces données, fussent-elles sensibles, n’en étaient pas moins d’intérêt public, et ne devaient donc pas être déréférencées. La CNIL, saisie en deuxième recours par les demandeurs, s’était déclarée cette fois d’accord avec Google. Les particuliers avaient donc porté l’affaire devant le Conseil d’Etat, qui a saisi l’occasion pour demander une explication de texte à la CJUE. Cette dernière s’est alignée, dans ses décisions rendues mardi, avec Google et la CNIL. Elle a confirmé que les moteurs de recherche devaient vérifier a posteriori (et seulement si on le leur demande) l’indexation et la présentation d’une page contenant des données sensibles, et non a priori. Comme le notait l’avocat général dans ses conclusions, imposer aux moteurs de vérifier avant tout référencement l’absence de données sensibles est parfaitement incompatible avec l’existence même des moteurs de recherche : cela reviendrait, pour Google, à devoir opérer un travail de vérification des données d’une page Web, avant même qu’il puisse l’indexer dans ses bases de données et l’afficher dans ses résultats de recherche. La Cour a aussi jugé que, dans la plupart des cas, le moteur de recherche devait obéir à la demande de déréférencement des pages contenant ce type de données, en raison de leur grande sensibilité et de la menace qu’elles font peser sur la vie privée des internautes. La Cour s’aventure dans l’algorithme de Google Cependant, le juge européen a bien précisé que, dans certains cas, lorsque l’intérêt des internautes à pouvoir accéder à ces informations est plus important que la vie privée des demandeurs, le moteur de recherche peut refuser le déréférencement. Dans le cas des données périmées liées à une procédure judiciaire (par exemple, l’annonce d’une mise en examen alors que l’internaute a été relaxé quelques mois plus tard), la CJUE a conclu que le moteur de recherche devait prendre en compte la gravité des faits, le rôle public de la personne concernée ou encore l’intérêt du public à connaître cette information pour décider si la page Web devait disparaître des résultats de recherche. La CJUE s’aventure même dans le détail de l’algorithme de Google. En effet, elle précise que si le moteur de recherche refuse de déréférencer l’annonce d’une mise en examen, alors qu’elle a été suivie, par exemple, d’une relaxe, le moteur de recherche doit s’arranger pour que les résultats de recherche reflétant « la situation judiciaire actuelle » de l’internaute apparaissent « en premier lieu » dans les résultats de recherche lorsqu’on saisit ses nom et prénom.
La Cour de justice de l’Union européenne a donné raison à Google, qui redoutait un conflit légal entre l’Union européenne et le reste du monde, notamment avec les Etats-Unis.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/24/le-droit-a-l-oubli-ne-s-applique-pas-au-monde-entier-tranche-la-justice-europeenne_6012818_4408996.html
mlsum-fr-2083
Le chef de file de la droite grecque, Kyriakos Mitsotakis, le 2 juillet à Volos. ARIS MESSINIS / AFP Le président de Nouvelle Démocratie (ND, droite), Kyriakos Mitsotakis, est le favori des élections législatives en Grèce, dimanche 7 juillet, après quatre années de pouvoir d’Alexis Tsipras et du parti Syriza (gauche radicale), en retrait dans les sondages. Lors des élections européennes, vous avez devancé de près de dix points l’actuel premier ministre Alexis Tsipras. Comment pensez-vous avoir convaincu les électeurs ? Durant toute notre campagne, où nous avons parcouru la Grèce (200 étapes au total), nous avons mis l’accent sur la nécessité d’une relance économique profonde. Les citoyens grecs font confiance à Nouvelle Démocratie pour créer une relance économique. Nous voulons une croissance entre 3 % et 5 % du PIB (contre environ 2 % ces deux dernières années) pour rendre un jour notre dette soutenable. Et pour arriver à une telle croissance, nous devons soutenir les exportations, l’innovation et les investissements privés, en baissant les impôts sur les entreprises et en mettant un terme à la bureaucratie, qui a ralenti certaines privatisations. Vous souhaitez baisser les impôts, sans supprimer les aides sociales, sans licencier de fonctionnaires. Vos partenaires européens vont-ils l’accepter ? Bien sûr. Nous ne voulons pas créer de déficits budgétaires. Si nous arrivons à Bruxelles avec un plan de réformes raisonnables qui soutient la croissance, je pense que la discussion d’abaisser les objectifs d’excédent budgétaire demandés à la Grèce [3,5 % du PIB jusqu’en 2022] pourra être possible. La croissance est une priorité pour la Grèce et pour l’Europe. Si nous présentons un plan qui assure que la croissance grecque sera de plus de 3 %, nos partenaires européens devraient voir cela d’un bon œil. Par ailleurs, ces objectifs d’excédent budgétaire ont été imposés car les Européens n’avaient plus confiance dans le gouvernement d’Alexis Tsipras. Maintenant, les marchés ont réagi positivement à une éventuelle victoire de Nouvelle Démocratie aux prochaines élections. La confiance des marchés et de nos partenaires européens semble restaurée, il n’y a pas de raisons que les objectifs ne puissent pas être renégociés. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grèce : Kyriakos Mitsotakis, l’héritier qui veut être un premier ministre « normal » Comment comptez-vous résoudre les problèmes migratoires ? J’étais à Samos [île de la mer Egée], mardi. La situation y est dramatique. Les Européens ont signé un accord avec la Turquie qui n’est que partiellement appliqué parce qu’il existe des problèmes du côté grec. La procédure d’asile est très longue. Nous voulons changer cela. Quelqu’un qui s’est vu offert la protection internationale en tant que réfugié a tout à fait le droit de rester en Grèce et sera le bienvenu. Mais si une personne n’a pas droit à cette protection internationale, elle doit être renvoyée en Turquie. C’est le seul moyen pour que ces îles ne soient pas débordées.
Le favori des élections législatives de dimanche 7 juillet fait de la croissance est une priorité et entend marquer la rupture avec Alexis Tsipras.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/06/kyriakos-mitsotakis-il-faut-un-gouvernement-grec-fort-pour-faire-avancer-les-reformes_5486182_3210.html
mlsum-fr-2084
Gounod Faust Avec Benjamin Bernheim, Véronique Gens, Andrew Foster-Williams, Jean-Sébastien Bou, Juliette Mars, Anas Séguin, Ingrid Perruche, Chœur de la Radio flamande, Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (direction). Pochette du livre-disque « Faust », version 1859, de Gounod. PALAZETTO BRU ZANE Le Palazzetto Bru Zane – centre de musique romantique française basé à Venise – célèbre ses dix ans en publiant, sous forme de livre-disque, le Faust originel (1859) de Charles Gounod, présenté en concert au Théâtre des Champs-Elysées en juin. Les dialogues parlés sont donc restitués, ce qui donne à l’ouvrage plus de cohérence psychologique et d’intelligibilité, même si l’air fameux du Veau d’or de Méphisto disparaît, cédant la place à un plus ancien Maître Scarabée. La direction, d’une élégance nerveuse, et le souci du détail de Christophe Rousset éloignent l’œuvre de toute fascination wagnérienne en cohérence avec le parti pris plus « théâtral » de cette première mouture. Quant à la distribution de haut vol réunie pour l’occasion, elle conjugue avec bonheur le triple talent du Faust tourmenté de Benjamin Bernheim, de la noble Marguerite de Véronique Gens, du Méphisto séducteur d’Andrew Foster-Williams. Marie-Aude Roux 3 CD Palazzetto Bru Zane. Marie-Nicole Lemieux Mer(s) Œuvres d’Edward Elgar, Ernest Chausson et Victorin de Joncières par Marie-Nicole Lemieux (contralto), le Chœur de l’Opéra national de Bordeaux et l’Orchestre national Bordeaux-Aquitaine, Paul Daniel (direction). Pochette de l’album « Mer(s) », de Marie-Nicole Lemieux. ERATO/WARNER CLASSICS Avec ses variétés de couleurs, l’orchestre symphonique – Debussy l’a prouvé mieux que d’autres – offre une palette idéale pour peindre la mer. Lui adjoindre la voix (donc un texte) tend à réduire quelque peu la portée de la transposition sonore en l’inscrivant dans un cadre figuratif. Celui de la poésie pour les Sea Pictures (1899) d’Edward Elgar, qui balayent tous les états, de la sensualité depuis le frémissement voluptueux jusqu’à l’extase, et celui du théâtre pour La Mer (1881) du totalement oublié Victorin de Joncières, fresque panthéiste qui célèbre la nature tour à tour accueillante et dévastatrice de la présence marine. D’une tout autre intensité, le célèbre Poème de l’amour et de la mer (1893) d’Ernest Chausson surfe sur la vague de l’infini artistique avec un bonheur qui vaut à Marie-Nicole Lemieux (adéquation des timbres, puissance de l’engagement) d’apparaître comme la tête de pont du vaisseau orchestral magnifiquement conduit par Paul Daniel. Pierre Gervasoni 1 CD Erato/Warner Classics. Post Malone Hollywood’s Bleeding Pochette de l’album « Hollywood’s Bleeding », de Post Malone. DEF JAM/UNIVERSAL MUSIC Post Malone est apparu dans le paysage musical avec le titre Rockstar, en duo avec le rappeur 21 Savage. Il en avait en effet tout l’attirail : les tatouages, les cheveux sales et une guitare en bandoulière, sauf que cet Américain chante autant qu’il rappe. Post Malone fait partie de cette vague de rappeurs qui ont le blues, puisent autant leurs références dans Nirvana que dans Tupac Shakur. Pour son troisième album, il prend un virage encore plus prononcé vers la pop sans renoncer à ce qui a fait son succès : des mélodies accrocheuses confrontées au flow de rappeurs de haut vol, DaBaby (Enemies), Future (Die For Me), Meek Mill et Lil Baby (On the Road) ou Young Thug (Goodbyes), en invitant aussi Ozzy Osbourne, le chanteur de Black Sabbath. On préférera finalement les titres en solo comme Allergic, très années 1980, ou le mélancolique Circles. Stéphanie Binet Sampa the Great The Return Pochette de l’album « The Return », de Sampa The Great. NINJA TUNE Née en Zambie, élevée au Botswana, Sampa the Great a développé sa musique en Australie, où elle a immigré pour poursuivre ses études. Après une première mixtape en 2017, la rappeuse se lance dans le grand bain avec cet album, un ravissement pour qui aime les douces collisions entre jazz, soul, hip-hop et musiques du monde. Le premier titre, Mwana, est une réminiscence des polyphonies sud-africaines, Time’s Up semble droit sorti du New York des années 1990 quand OMG est digne du meilleur grime. On a parfois l’impression d’entendre le duo britannique Floetry ou d’avoir retrouvé des maquettes cachées du collectif new-yorkais Native Tongues (Final Form). Un excellent premier album. St. B 1 CD Ninja Tune. Mike Patton et Jean-Claude Vannier Corpse Flower Pochette de l’album « Corpse Flower », de Mike Patton et Jean-Claude Vannier. IPECAC RECORDINGS Voilà un duo à la polarité hors norme. D’un côté, Jean-Claude Vannier, compositeur et arrangeur adulé pour avoir coécrit, avec Serge Gainsbourg, Histoire de Melody Nelson (1971). De l’autre, le chanteur du groupe de metal californien Faith No More. Si l’association peut surprendre, les initiés savent que Mike Patton peut se targuer d’une discographie dense et éclectique, que ce soit dans le rock expérimental, la variété italienne, l’avant-garde jazz ou les BO de films – il a participé jadis à des hommages à Gainsbourg et Burt Bacharach pour le label Tzadik. Corpse Flower dépasse le stade anecdotique de la curiosité, pour peu que l’on adhère à l’exubérance vocale de Patton lorsqu’il s’amuse à surjouer les crooners ou à prendre une voix grave de conteur. Le trublion américain procure une douce folie à l’ensemble, non dénuée de charme. Franck Colombani 1 CD Ipecac Recordings. Jeanne Cherhal L’An 40 Pochette de l’album « L’An 40 », de Jeanne Cherhal. BARCLAY/UNIVERSAL MUSIC On l’avait découverte au début des années 2000, avec un premier album et une tournée en formule piano-voix. Puis sont venus le jeu en groupe, des éléments parfois rock, des collaborations avec Vincent Ségal ou Albin de la Simone. Voici L’An 40, sixième album écrit, composé et arrangé par Jeanne Cherhal et réalisé par Sébastien Hoog, déjà présent pour Histoire de J. (2014). Sa voix toujours précise, aux modulations qui épousent le son et le sens des mots, chante les sentiments (Ton souvenir me prend ce soir, L’Art d’aimer), les désirs (Soixante-neuf), le corps (Le Feu aux joues), les joies (César, découverte du nouveau-né) de personnages féminins. Des portraits fins, mis en forme avec un ensemble de cuivres, des chœurs, des batteurs de référence (Jim Keltner, Matt Chamberlain), qui donnent de l’ampleur à l’intimité des propos. En conclusion, un souvenir, celui des obsèques de Jacques Higelin (1940-2018), avec Un adieu, où le personnel devient universel. Sylvain Siclier 1 CD Barclay/Universal Music. Rachid Taha Je suis africain Pochette de l’album « Je suis africain », de Rachid Taha. NAÏVE-BELIEVE On l’aimait bien, Rachid Taha. Sa belle impertinence, ses rimes à l’endroit et à l’envers, son côté brouillon, provoc et décalé, son humour subversif et militant, son allure de punk écorché, sa manière d’être romantique. Ce onzième album solo, publié un an après sa mort, le 12 septembre 2018, rappelle tout ce dont il était pétri. C’est un condensé de ses humeurs, mentales et musicales : violons orientaux, mandole, rock’n’roll, chaâbi, sons d’Afrique… Conçu avec Toma Feterman (chanteur et leader du groupe La caravane passe), un de ses potes de virée dans les nuits parisiennes, écrit et chanté en arabe, en français, en anglais de cuisine, parfois mélangés, il prête à sourire et à danser (Ansit, tube en puissance). Et Taha bouleverse quand il se met à nu (Striptease). Patrick Labesse
A écouter cette semaine : des symphonies chargées d’embruns, un élégant « Maître Scarabée », un chanteur de métal qui vire crooner, une rappeuse atypique…
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/20/selection-albums-rachid-taha-jeanne-cherhal-gounod-post-malone_6012448_3246.html
mlsum-fr-2085
Bafoussam est le chef-lieu de la région de l’Ouest, au Cameroun. Au moins 42 personnes ont péri, dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 octobre, dans un glissement de terrain qui a emporté une dizaine de maisons à Bafoussam, dans l’ouest du Cameroun, selon un bilan de la radio d’Etat. « Quarante-deux corps sont déjà » à l’hôpital et le bilan « reste provisoire », selon un communiqué officiel lu en début de soirée à l’antenne de la Cameroon Radio-Television (CRTV). Jusqu’alors, les médias d’Etat parlaient d’une trentaine de morts. Selon la radio, quatre femmes enceintes figurent parmi les personnes décédées. Le président Paul Biya a présenté ses condoléances aux familles des victimes dans un message lu également dans la soirée sur les ondes de la CRTV. Le drame s’est produit dans un quartier de cette ville située à quelque 300 km au nord-ouest de Yaoundé. Un pan d’une colline sur laquelle étaient bâties des habitations précaires a été emporté à la suite de deux journées consécutives de pluies intenses et incessantes, a expliqué à l’AFP, sous couvert d’anonymat, un haut responsable de l’administration de la région de l’Ouest, dont Bafoussam est le chef-lieu. « Les habitations qui se sont effondrées sont construites à flanc de colline dans une zone à risques, a précisé le responsable administratif. Les recherches se poursuivent. Nous craignons qu’il y ait d’autres morts. » Lire aussi En Centrafrique, Bangui victime des inondations Des photos circulant sur les réseaux sociaux montrent des maisons en briquettes ou en torchis, aux toits de tôle, effondrées sur le flanc ou au bas d’une colline de terre ocre rouge. Des hommes munis de casques de chantier et de pelles fouillent la boue épaisse en contrebas. La saison des pluies sévit en ce moment dans l’ouest du Cameroun, mais c’est quasiment l’ensemble de l’Afrique centrale qui est en proie, ces derniers jours, à des précipitations d’une très forte intensité. Dans cette région de l’Ouest, ce type d’éboulement reste relativement exceptionnel, mais les glissements de terrain dus aux intempéries ne sont pas rares plus dans le sud, notamment dans la région anglophone du Sud-Ouest. C’est là, dans la station balnéaire côtière de Limbé, que cinq personnes avaient trouvé la mort, le 25 juillet 2018, dans des éboulements provoqués par les inondations.
Le drame s’est produit à Bafoussam, où des habitations construites à flanc de colline se sont effondrées à la suite de fortes pluies.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/30/au-cameroun-un-glissement-de-terrain-fait-au-moins-42-morts_6017415_3212.html
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L’écrivain britannique R. J. Ellory au Livre sur la place, Nancy, 2018. ActuaLitté/CC BY-SA 2.0 « Le Chant de l’assassin » (Mockingbird Songs), de R. J. Ellory, traduit de l’anglais par Claude et Jean Demanuelli, Sonatine, 496 p., 22 €. LE SON DE R. J. ELLORY L’acier des barreaux d’une cellule forge les plus solides promesses. A sa libération, le jeune musicien Henry Quinn a juré de remettre une lettre à la fille d’Evan Riggs, son codétenu incarcéré depuis vingt ans et à jamais. Problème : Sarah se résume à un nom sur une enveloppe et à une ville de l’ouest du Texas, Calvary. Son propre père ne l’a jamais vue. Calvary. Un de ces endroits oubliés par Dieu, un territoire d’hommes à la peau dure où l’étranger n’est pas le bienvenu, un bout de terre broyé par le poids d’un passé que personne ne semble prêt à ­révéler. Henry vient d’atterrir au milieu d’un nid de serpents à sonnette, et il ­risque de le payer. Mais l’homme est de ceux qui, lorsqu’ils se font mordre au bras droit, tendent le gauche. Une ­teigne que Carson Riggs, le shérif du coin, a envie d’écraser du talon. Un duel au sommet se profile. Dès lors, l’implacable mécanique mise en place par R. J. ­Ellory est lancée, et le ténébreux Chant de l’assassin vous ouvre, doucement mais sûrement, les portes de l’enfer. Dans la riche palette qu’offre le genre du polar, l’écrivain britannique s’est créé un style unique qu’on pourrait ­appeler le slow motion thriller. Par la puissance de son écriture et la force des sentiments qu’il met en jeu, il préfère creuser les destins, explorer les failles de ses personnages plutôt que privilégier le sensationnel, ce qui n’enlève ­absolument rien au caractère addictif de ses histoires. Entre les mains de l’auteur, une simple enveloppe contenant une lettre agit comme le Mac­Guffin d’Hitchcock : on veut savoir. La faucheuse n’est jamais loin A travers une alternance passé-présent maîtrisée, Le Chant de l’assassin ­retrace le parcours de deux frères dont l’un finira shérif de Calvary, et l’autre pensionnaire à perpète de la prison de Reeves. L’addiction générée au fil des pages surgit d’un désir impérieux : comprendre ce qui a pu séparer les deux frères, détruire une famille et ­causer ces morts mystérieuses qui ­jalonnent le récit. Les secrets planent, le danger pèse, la faucheuse n’est jamais loin. Dans ce roman où les chapitres s’enclenchent comme les engrenages d’une machine infernale, Ellory explore tous ces passages de la vie qui peuvent incurver la courbe d’un destin et changer un homme, en bien comme en mal. Les femmes, les cartes et l’alcool, par exemple. « Les premières te bousillent le cœur, les deuxièmes le portefeuille, et le troisième le cerveau », comme le dit le père des frères Riggs.
Franck Thilliez salue le nouveau livre de l’écrivain britannique au style unique qu’on pourrait ­appeler le « slow motion thriller ».
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/06/08/le-chant-de-l-assassin-de-r-j-ellory-la-chronique-polar-de-franck-thilliez_5473680_3260.html
mlsum-fr-2087
Infographie LE MONDE Elle est à lui pour dix-huit heures, pas une minute de plus, alors il n’a pas l’intention d’en perdre une miette. En ce tout début d’été, le soleil ne se couchera pas cette nuit sur le Finnmark, dans l’extrême nord de la Norvège. Paul Inge Thomassen non plus. Lui qui est camionneur le reste de l’année a gagné à la loterie annuelle, gratuite pour les gens d’ici, le droit de régner trois jours durant sur la rivière Alta, ou du moins sur ce tronçon de près de 1 kilomètre de long qu’il ne quitte pas des yeux. La lumière du jour a beau être permanente, le froid est mordant, l’homme a allumé un brasero et dressé deux modestes tentes avec quelques amis. Entre 18 heures et midi, le cours d’eau puissant est à portée de sa canne à pêche, la sienne uniquement. Il n’y a pas un bateau en vue, pas même un de ses fins canoës de bois à moteur typiques de la région. Un sourire radieux aux lèvres, Paul Inge Thomassen contemple le fleuve qui bouillonne entre des forêts s’étirant à perte de vue, surlignées d’un reste de neige au loin. Il laisse filer à ses pieds le courant qui embrasse des îlots où se côtoient oiseaux de mer et canards, et dévale jusqu’à la mer de Barents. C’est précisément là que les saumons se lancent pour remonter la rivière, des saumons atlantiques (Salmo salar) exceptionnels, qui dépassent aisément les 20 kg. La veille, Espen, son fils de 15 ans, en a attrapé un de 8 kg. Avec une passion égale à la sienne. Dans le Finnmark, le saumon sauvage, capable de nager des kilomètres à contre-courant, de remonter des cascades en sautant, est érigé en animal totem, souvent relâché, plus rarement mangé. Il est interdit d’en attraper dix mois sur douze, et pas plus de deux spécimens par jour. Les gens d’Alta – une ville au charme exclusivement lié à son environnement naturel – se sont collectivement imposé des règles drastiques au sein d’une organisation locale de pêche qui date de… 1725. La rivière à saumons sauvages Alta dans la région du Finnmark, au nord de la Norvège, le 27 juin. La pêche, très réglementée, s’y pratique uniquement quelques semaines par an. JULIEN GOLDSTEIN POUR "LE MONDE" L’intérêt ne se limite pas au plaisir de méditer dans des paysages d’exception en guettant la touche qui fera d’eux une légende d’Alta. Comme en témoignent les jets privés sur le tarmac de l’aéroport local, le saumon sauvage génère des revenus non négligeables. Des étrangers fortunés sont prêts à dépenser beaucoup pour y goûter, faisant travailler une bonne centaine de guides, employés de gîtes de luxe, pilotes de canot. Même les lords anglais se plient aux impératifs de la légendaire rivière Alta – eux doivent se contenter de l’horaire 20 heures-4 heures –, avec néanmoins le sentiment ambigu d’un privilège révolu. Comme les autres espèces de saumons sauvages dans le monde, celui de l’Atlantique se fait de plus en plus rare.
Manger demain (4/6). A l’échelle mondiale, l’aquaculture se développe plus vite que n’importe quel autre secteur alimentaire. Un essor qui pose des problèmes environnementaux.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/04/le-saumon-industrie-a-grande-echelle-et-filon-pour-la-norvege_5506094_3244.html
mlsum-fr-2088
Oxmo Puccino, à Paris, le 2 septembre. EMMA PICQ POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Oxmo Puccino a toujours été ainsi : la classe avant tout. A la fin des années 1990, il lui arrivait de sortir un cigare pour rapper ses histoires à la radio. Dans les années 2000, il s’entourait de musiciens de jazz. Ce 6 septembre, le rappeur donne une petite réception dans un pavillon proche du Grand Palais et des Champs-Elysées pour célébrer la sortie de son septième album, La Nuit du réveil, et de la tournée à venir. Dans le salon, sous les tentures velours, les invités sirotent un alcool fort en l’attendant. Il y a la « famille » du cinéma, Kourtrajmé, représentée par le réalisateur Kim Chapiron et sa compagne, l’actrice Ludivine Sagnier, l’humoriste Yassine Belattar, croisé quand il était animateur sur la radio parisienne Générations, le footballeur Hatem Ben Arfa, le rappeur du 113 Rim’K et Le Célèbre Bauza, complice des débuts, copain de la place des Fêtes dans le 19e arrondissement, son quartier d’enfance… Tout un petit monde, divers, à l’image de la vedette du jour, figure à part dans le milieu du rap français. « Aujourd’hui, le rap, c’est de la chanson avec un peu d’autotune, de mélodie, des paroles répétitives. La catégorie rap, ce n’est qu’une question de mise en scène. » Oxmo Puccino A part le titre Mama Lova, extrait de la compilation de DJ Kheops, Sad Hill, en 1997, Abdoulaye Diarra, alias Oxmo Puccino, 45 ans, n’a jamais connu de succès commercial assez important pour se figer dans un style. Mais certains de ses morceaux sont devenus des classiques : L’Enfant seul, Black mafioso, L’Amour est mort, J’ai mal au mic, Mourir mille fois, Tirer des traits… En juin 2018, Opéra Puccino, son premier album sorti vingt ans plus tôt, était fêté en grande pompe à l’Olympia comme un des grands albums du rap français – « Le disque avait mis huit ans à être certifié disque d’or. Le temps que les gens comprennent, cela a pris trop de temps pour moi. » Pourtant, pendant toute sa carrière, son auteur a essayé de s’en éloigner, d’abord avec des jazzmen pour le projet Lipopette Bar (2006), avec le trompettiste Ibrahim Maalouf pour une adaptation d’Alice au pays des merveilles (2012) et en s’associant avec le chanteur M sur le projet Lamomali, enregistré dans son pays d’origine, le Mali (2017). Il s’est aussi essayé au cinéma comme scénariste en écrivant les premières ébauches du film Dans tes rêves, à la poésie (Mines de cristal, Au Diable Vauvert, 2009). Il a aussi publié une compilation de ses tweets (140 piles, 2014). Lui dit s’être toujours plus considéré comme un chansonnier que comme un rappeur. Assis sur le toit d’un hôtel de son 19e arrondissement, il précise : « Aujourd’hui, le rap, c’est de la chanson avec un peu d’autotune, de mélodie, des paroles répétitives. La catégorie rap, ce n’est qu’une question de mise en scène. C’est elle qui fait que ta musique est rap ou non. » A chaque disque, il dit se satisfaire de retrouver son public « dans la joie et la bonne humeur ». « Le reste n’est que boniments qui entourent la salade », ajoute-t-il.
Il se considère plus comme un chansonnier que comme un rappeur. Après vingt ans de carrière, l’artiste de 45 ans livre « La Nuit du réveil », son septième album en solo. Il y rend hommage à ses origines et au rap français qui l’a vu éclore.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/09/20/oxmo-puccino-compose-son-passe_6012435_4500055.html
mlsum-fr-2089
A Paris Photo, la foule était dense, et l’attente si longue le dimanche devant le Grand Palais que des revendeurs non officiels proposaient même aux visiteurs, devant le bâtiment, des tickets pour éviter la queue. L’édition 2019 de la grande foire de photographie, qui s’est achevée dimanche 10 novembre, était de bonne tenue, avec un grand nombre de stands monographiques organisés comme des mini-expositions de musées (August Sander chez Hauser & Wirth, Philippe Chancel chez Mélanie Rio, Yan Morvan chez Sit Down…). Cette année, la foire a fait la part belle aux photographes japonais et nombre d’hommages ont été rendus au photographe américain Robert Frank, mort il y a quelques semaines. Dans une vitrine, on pouvait ainsi découvrir Mary’s Book, un bel objet artisanal, entre la lettre et le livre de photos, qu’avait fabriqué l’artiste en 1949 pour celle qui serait sa première femme, Mary Lockspeiser : l’ouvrage appartient au galeriste Howard Greenberg, qui s’est engagé à en faire don au Musée des beaux-arts de Boston. Alors que l’ère de la photo argentique s’éloigne de plus en plus, on a pu voir, à Paris Photo et au Salon Approche – une foire off qui fête sa troisième édition –, beaucoup de jeunes photographes qui misent sur les techniques anciennes (calotype, photogramme…) : des procédés qui promettent souvent des épreuves uniques et qui offrent un rapport artisanal à l’image que la photographie numérique ne permet plus. Parallèlement, face à des visiteurs qui oublient comment on fabrique une photographie argentique, apparaissent sur la foire de plus en plus d’objets qui jouent sur cette méconnaissance : des planches contacts (tirages de travail destinés à l’origine à permettre au photographe de faire son choix) vendues encadrées comme s’il s’agissait d’œuvres achevées ou de travaux conceptuels (Irving Penn chez Johannes Faber). Ou des rééditions un peu bizarres de travaux anciens. Ainsi chez Hackelbury, on pouvait voir une étrange œuvre de William Klein : le photographe est connu pour être intervenu sur ses planches contact en les couvrant d’une épaisse couche de peinture. Mais ici, réédité sous forme de tirage numérique, son « contact peint » n’est plus ni une planche contact, ni de la peinture… 25 % d’artistes femmes sur les stands Si l’édition précédente avait mis à l’honneur les femmes photographes – ou plutôt leur absence criante sur les stands –, en 2019 ce thème a été mis en sourdine, alors que la situation n’a pas beaucoup évolué. Une discussion menée samedi 9 novembre à l’auditorium de la foire, par des militantes du collectif La Part des femmes, des sociologues et des historiennes a résumé la situation : la présence des auteures féminines sur la foire est passée de 21 % à 25 % de 2018 à 2019 sur les stands des galeristes, faible progrès.
La foire, qui s’est achevée le 10 novembre, a présenté nombre d’expositions monographiques et beaucoup d’hommages à Robert Frank.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/11/12/a-paris-photo-la-foule-et-les-ventes-au-rendez-vous_6018865_3246.html
mlsum-fr-2090
« Je ne vois pas comment (…) empêcher des citoyens, inquiets de ce projet de loi, de manifester », a déclaré l’archevêque de Reims, le 16 septembre. FRANCOIS GUILLOT / AFP Le Collège des bernardins, à Paris, est en passe de devenir le cadre privilégié des relations entre l’Eglise catholique et la République macronienne. Un an et demi après que le président de la République y eut mené une opération de séduction envers les catholiques et les eut encouragés à nourrir de leurs réflexions le débat sur la révision des lois de bioéthique, des figures de l’épiscopat ont exprimé, lundi 16 septembre, tout le mal qu’elles pensent du texte adopté samedi en commission par les députés, et qui viendra en séance publique à l’Assemblée nationale dès le 24 septembre. A ce stade du débat parlementaire, le moment était propice pour s’adresser à l’opinion catholique et l’alerter en particulier contre l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes et contre les risques de manipulation du génome humain perçus dans les dispositions du projet de loi. Sur l’estrade du grand auditorium des bernardins, retransmis en direct par la chaîne de télévision KTO, le panel d’orateurs composé par la Conférence des évêques de France (CEF) a élevé le ton. Lire aussi Loi de bioéthique : les articles concernant la PMA modifiés à la marge en commission « Nous devons constater que nos responsables politiques restent aveugles aux enjeux de ce qu’ils vont décider » et qu’ils ne « tiennent pas vraiment compte du résultat des états généraux » qui ont précédé la rédaction du projet de loi, a lancé Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la CEF. « Nous sommes dans l’ère du professeur Nimbus et des savants fous », a tonné Michel Aupetit, archevêque de Paris. « Une telle révolution dans le droit de la filiation est-elle voulue par le peuple français ? », s’est interrogé Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et spécialiste de la bioéthique à la CEF. Un « devoir » de manifester le 6 octobre Sur l’estrade, pas un de ces prélats n’a fait allusion à la manifestation organisée le 6 octobre par une vingtaine d’associations – dont La Manif pour tous – contre le projet de loi. En revanche, dans ce qui ressemblait à un soigneux partage des rôles, ce rendez-vous a été évoqué par deux laïcs invités à s’exprimer. Gaëlle et Bertrand Lionel-Marie, deux responsables des Associations familiales catholiques (AFC), ont appelé à y participer « pour promouvoir un monde meilleur, pas le meilleur des mondes ». « L’heure est grave, ont-ils lancé. Le modèle bioéthique français est en train de sombrer corps et âme. » A la sortie, des militants distribuaient des tracts pour la manifestation sur le thème : « Liberté, égalité, paternité. » Interrogé à l’issue de la réunion des bernardins, Mgr de Moulins-Beaufort a apporté tout son soutien au rendez-vous du 6 octobre. « Je ne vois pas, expliquait-il, comment nous pourrions empêcher des citoyens, catholiques ou non, inquiets de ce projet de loi, de manifester s’ils pensent que c’est un moyen utile pour se faire entendre et pour faire progresser le débat. Et j’aurais tendance à dire qu’ils ont le devoir de le faire. » Il a précisé que lui-même ne participerait pas à la manifestation, qui n’est pas « organisée par l’Eglise ». Mais « c’est un avertissement », a-t-il ajouté, « notre rôle est d’avertir la société ». Pour la sphère catholique, il est difficile d’échapper à la référence à la protestation de 2012-2013 contre le mariage pour tous. Ce mouvement avait certes redonné de la visibilité et de la confiance en soi à un courant qui s’estime souvent dénigré et marginalisé. Mais, pour massive qu’elle ait été, la mobilisation avait cependant échoué à faire reculer la majorité d’alors. Elle avait en outre divisé les catholiques, dont une partie n’avait pas apprécié certains accents homophobes et la présence d’évêques dans les cortèges. « Atteinte à la filiation » Depuis deux ans, la hiérarchie catholique n’a pas ménagé sa peine pour préparer ce nouveau rendez-vous sur des sujets complexes. Elle a d’abord donné des outils aux catholiques qui ont souhaité participer aux états généraux de la bioéthique en leur diffusant des fiches thématiques. Lundi, elle a exposé ses positions, résumées dans un livre rédigé par Mgr d’Ornellas, Bioéthique, quel monde voulons-nous ? (Codédition Bayard, les Editions du cerf, MAME). Le principal grief de la hiérarchie catholique porte sur l’extension de la PMA à toutes les femmes et les modifications dans la parentalité qu’elle entraîne. Elle « institue ab initio l’impossibilité légale d’avoir un père. Supprimer l’ascendance paternelle est une atteinte à la filiation », s’insurge le livre de Mgr d’Ornellas. « On livre la procréation à la manipulation médicale et la filiation au bricolage que la sophistication de nos sociétés est capable d’imaginer par toute une ingénierie juridique », a dénoncé lundi Mgr de Moulins-Beaufort. Mgr Aupetit a, pour sa part, insisté sur la nécessité de « donner un statut juridique à l’embryon humain ». Tous ont aussi mis en garde contre le risque d’un « eugénisme libéral », permis par la législation et décidé au cas par cas par les individus.
Une vingtaine d’associations, dont La Manif pour tous, ont appelé à défiler le 6 octobre contre le texte qui prévoit notamment l’extension de la PMA.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/16/bioethique-selon-le-president-de-la-conference-des-eveques-les-citoyens-inquiets-ont-le-devoir-de-manifester-le-6-octobre_5511176_3224.html
mlsum-fr-2091
siècles. « On va faire une minute de silence. » La femme tout en dynamisme qui parle, Laïla Nehmé, directrice de recherche au CNRS, est de ces personnes déterminées qui emportent beaucoup sur leur passage. Alors, quand elle demande le silence à la petite troupe de journalistes conviés sur le site antique d’Hégra par l’Institut du monde arabe (IMA) à l’occasion de son exposition sur la région d’Al-Ula, tout le monde s’assied à même la roche et se tait. Nous sommes dans le mahrameta, un lieu très particulier du site antique, un cirque naturel ceint de montagnes gréseuses qui, selon l’inclinaison des rayons du soleil, prennent des teintes jaunes, abricot, voire rougeâtres, comme partout à Hégra. L’endroit est presque clos. Partant du diwan – impressionnante salle taillée dans le rocher où, il y a deux mille ans, les membres d’une ou de plusieurs confréries religieuses se réunissaient –, seul un étroit défilé au sol recouvert de sable blond y conduit. Face à nous, une ouverture rectangulaire donne sur une citerne creusée dans la falaise. Lorsque se déclenchent les rares grosses pluies qui frappent en hiver cette région aride du nord-ouest de l’Arabie saoudite, deux canalisations elles aussi découpées dans le roc recueillent l’eau dégoulinant de la montagne, la déversent dans la citerne et peuvent la remplir en une poignée d’heures. Vue du « diwan », une salle où se réunissaient les confréries religieuses, situé à l'entrée de l'étroit passage conduisant à un espace sacré, le « mahrameta ». HUBERT RAGUET Atmosphère quasiment mystique « On va faire une minute de silence », répète Laïla Nehmé, sur un ton volontaire qui ne souffre pas la contestation, à l’adresse des retardataires qui flânaient dans le défilé. Le silence se fait, pour qu’on l’écoute. Une brise infime entre dans nos oreilles, quelques mouches vrombissent, un oiseau s’envole quelque part au fond du cirque ; on ne bouge plus pour ne pas entendre ses vêtements se froisser ; on se retient de déglutir et presque de respirer ; on finit par percevoir l’atmosphère quasiment mystique du mahrameta, littéralement le « lieu sacré ». Le temps est comme suspendu. Il faut le remonter par l’imagination pour comprendre Hégra et retourner au début de notre ère. Cela fait quelques décennies seulement que les Nabatéens s’y sont installés. Au départ, il s’agit d’un peuple de nomades. Au Ier siècle av. J.-C., l’historien grec Diodore de Sicile, se référant à des sources bien plus anciennes, écrit d’eux qu’« ils aiment passionnément la liberté » et qu’« ils ont pour coutume de ne pas semer de grains, de ne pas planter d’arbres fruitiers, de ne pas boire de vin et de ne pas construire de maisons ».
Ce site est à l’Arabie saoudite ce que Pétra est à la Jordanie : un témoignage creusé dans les falaises de la brillante civilisation nabatéenne, qui rayonna sur la région pendant deux siècles.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/07/sur-les-traces-des-maitres-d-hegra-perle-du-desert-arabe_6014559_1650684.html
mlsum-fr-2092
« Cadence of Hyrule » emprunte beaucoup à « A Link to the Past », mais aussi aux épisodes de la console NES. Nintendo Le pitch de Cadence of Hyrule (sorti le 13 juin sur Switch) est simple : et si on disait que les personnages du jeu Crypt of the Necrodancer avaient été transportés dans l’univers de The Legend of Zelda ? Et que Cadence, l’héroïne de Necrodancer, prêtait main-forte à Zelda et Link pour venir à bout, une fois n’est pas coutume, de l’affreux Ganon ? La rencontre, hautement improbable, ne se justifie ni par l’histoire des jeux, ni par celles de leurs développeurs respectifs (le petit studio canadien Brace Yourself et l’emblématique japonais Nintendo), dont on ignorait jusque-là qu’ils soient particulièrement proches. Pas grand-chose non plus à voir, a priori, entre le principe d’un Zelda, aventure au long cours se situant dans un vaste monde ouvert, et Crypt of the Necrodancer, jeu de rôle et jeu de rythme pensé pour des parties courtes et répétitives, puisqu’on y meurt à peu près toutes les cinq minutes, perdant toute sa progression au passage. Il y a dans cette relecture des premiers Zelda (Cadence of Hyrule emprunte beaucoup à A Link to the Past, mais aussi aux épisodes de la console NES) quelque chose d’évident. Comme dans Crypt of the Necrodancer, héros et ennemis s’y déplacent case par case, au rythme plus ou moins soutenu d’une musique hyperentraînante. Comme dans Crypt of the Necrodancer, on a moins l’impression de s’y battre que de danser : pas de bouton d’attaque, et le bouton de défense (pour se servir du bouclier) est totalement dispensable. Non, l’idée est d’analyser le comportement des ennemis, qui, comme les pièces d’un jeu d’échec, ont chacun leur façon de se mouvoir ; et de se déplacer de manière à ce qu’ils viennent s’empaler sur une des nombreuses armes aux propriétés tout aussi diverses qu’on trouvera en route. Dans « Cadence of Hyrule », on a moins l’impression de se battre que de danser. Nintendo Moins fin, mais plus accessible Le rapport avec le claustrophobique Necrodancer s’arrête là. Pas question, ici, de successions de cavernes : l’aventure se déroule dans un monde ouvert qui rappelle beaucoup A Link to the Past, avec ses villages, ses donjons et ses secrets bien cachés. C’est aussi à une aventure unique que l’on a affaire, figée dans sa structure générale, « scénarisée » même, quoique le mot soit un peu fort. Link, ou Zelda, découvrent la carte du jeu, gagnent des points de vie, des diamants, des armes et des objets qu’ils conservent dans la mort : encore une différence majeure avec Necrodancer, qui obligeait le joueur à recommencer quasiment à zéro au niveau de l’erreur. Des erreurs, on a d’ailleurs le droit d’en faire beaucoup dans ce Cadence of Hyrule, globalement bien moins punitif que son très exigeant modèle : les attaques des ennemis sont souvent moins violentes, et les développeurs ont de toute façon eu la générosité d’arroser le joueur de cœurs et de fées à même de régénérer la santé du personnage. Le résultat, c’est donc un jeu moins fin que Crypt of the Necrodancer, moins long aussi (il se finit en cinq heures, dix heures si on insiste pour faire l’aventure avec les deux personnages, ce qu’on pourra juger assez court pour un jeu à 25 euros), mais bien plus accessible. Dans « Cadence of Hyrule », les gants, la canne et le grappin permettent de résoudre des énigmes de façon créative. Nintendo Les quatre donjons sont ainsi très courts et pas spécialement mémorables, tandis que les nombreux objets, s’ils sont amusants à dégoter, sont, à quelques exceptions près, inutiles. Dommage, d’ailleurs. Quand aux gants, à la canne ou au grappin, ils permettent de résoudre des énigmes de façon créative. Cadence of Hyrule rappelle furtivement les meilleures heures de Breath of the Wild. C’est au prix de cette simplification que Cadence of Hyrule n’effrayera pas les joueurs de Zelda qui passeraient par là par hasard. Ceux-là seront d’ailleurs gâtés : Cadence of Hyrule est une déclaration d’amour à la série de Nintendo, multipliant les clins d’œil parfois pointus aux ennemis, aux objets, aux lieux, et aux gimmicks emblématiques des premiers épisodes, mâtinée de quelques références à Ocarina of Time ou Breath of the Wild. Jeu de rythme oblige, c’est la bande-son qui a fait l’objet d’un soin tout particulier. Le compositeur Danny Baranowsky (responsable des fabuleuses bandes originales des premières versions de Super Meat Boy et The Binding of Isaac) réalise ici un travail totalement fou, en faisant s’entremêler les thèmes de Zelda et de Crypt of the Necrodancer, au point qu’ils en deviennent indissociables ; et que s’amuser à reconnaître l’origine de telle ou telle mesure devient un jeu dans le jeu pour les fans enamourés. Dans « Cadence of Hyrule » la bande-son est composée par Danny Baranowsky. Nintendo En bref On a aimé : l’efficacité du concept de Crypt of the Necrodancer ; l’univers et l’aventure de Zelda ; la façon élégante et efficace dont les deux se mêlent. On n’a pas aimé : assez court et peu rejouable par rapport à Crypt of the Necrodancer, et pourtant près de deux fois plus cher. C’est plutôt pour vous si… vous avez un minimum le sens du rythme ; vous connaissez tous les thèmes de Zelda, même celui-là, un peu obscur, celui qui fait « tatadada, tatadada-dada » ; vous cherchez une initiation à Crypt of the Necrodancer avant de passer aux choses sérieuses. Ce n’est plutôt pas pour vous si… pour vous la batterie est une pièce de voiture ; pour vous la mandoline est un accessoire de cuisine ; pour vous le trombone est une fourniture de bureau ; pour vous le triangle est un polygone à trois côtés dont la somme des angles fait 180°. La note de Pixels « Tatadada »/« tatadada-dada ».
Les développeurs du très dansant « Crypt of the Necrodancer » s’emparent des codes et de l’univers des premiers « Zelda » le temps d’un hommage entraînant.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/06/19/jeu-video-cadence-of-hyrule-le-sens-du-rythme-et-de-l-hommage_5478396_4408996.html
mlsum-fr-2093
Une manifestante anti-Brexit devant la Cour suprême, à Londres, mardi 17 septembre. Alastair Grant / AP Agitation inhabituelle, mardi 17 septembre, face à l’entrée de la Cour suprême britannique, la juridiction la plus élevée du Royaume-Uni : quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés, brandissant des bannières « Don’t silent our MPs » (« ne bâillonnez pas nos députés »), ou « Save Democracy ». A l’intérieur du bâtiment néogothique, faisant face à l’abbaye de Westminster, onze juges siégeant en demi-cercle ont commencé à examiner un cas aussi inédit qu’épineux. Le premier ministre, Boris Johnson, a-t-il violé la loi britannique en décidant, le 28 août, de suspendre (par prorogation) le Parlement (Chambres des communes et des Lords) pendant cinq semaines ? Article réservé à nos abonnés Lire aussi Brexit : la stratégie de Boris Johnson paraît toujours aussi illisible Députés et Lords, à peine revenus de leur pause estivale, le 3 septembre, ont dû repartir en vacances forcées, et ce jusqu’au 14 octobre. Au motif, selon le premier ministre, qu’il avait besoin de temps pour préparer un « discours de la reine » (nouveau programme gouvernemental). Et alors que le pays est menacé d’un Brexit sans accord au 31 octobre. Une suspension « illégale » pour la Haute Cour d’Ecosse Deux recours ont été formulés, devant deux hautes cours différentes, ces dernières semaines : la Haute Cour d’Angleterre et du Pays de Galles, et la Haute Cour d’Ecosse, à Edimbourg. Si la première a rejeté les demandes des plaignants (la Haute Cour d’Angleterre et du Pays de Galles estimant que la décision de suspension est « politique » et qu’il ne lui revient pas de trancher), la juridiction d’Edimbourg a, en revanche, créé un électrochoc, en prenant leur total contrepied, mercredi 11 septembre. Les juges écossais ont considéré que la suspension cinq semaines durant du Parlement britannique était « illégale », car elle avait pour but « de l’entraver ». Cette décision du gouvernement de Boris Johnson est donc « nulle et sans effet », ont conclu les juges écossais. Qui a raison, des juges écossais ou anglais ? Qui a tort ? Quelles conséquences pour Boris Johnson, si la Cour suprême devait confirmer l’illégalité de la suspension ? La position que la Cour suprême prendra pourrait bien changer le cours du Brexit, si elle suit les juges écossais : le premier ministre serait au minimum obligé d’autoriser le Parlement à siéger à nouveau. Lady Hale, sa présidente, a quand même précisé dans son propos liminaire, mardi, que la décision des juges « ne déterminera pas » le Brexit. Les juges doivent se prononcer au plus tôt jeudi 19 septembre.
Onze juges ont commencé, mardi, à examiner un cas aussi inédit qu’épineux : Boris Johnson a-t-il violé la loi en décidant de suspendre le Parlement ? Décision attendue, au plus tôt, jeudi.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/17/brexit-decision-historique-attendue-a-la-cour-supreme_5511615_3210.html
mlsum-fr-2094
Simon L'Andrein Le premier jour Un matin d’août, je me lève et je décide que j’ai assez pleuré. Que ça suffit de pleurer tous les jours cette rupture mal digérée d’avec mon ex, celui que j’ai trompé, à qui je l’ai dit, celui qui était devenu mon ami, plus vraiment mon amant. C’est fini, il faut que je me reprenne en main, je vais de plus en plus au sport, extérioriser mes quatre-vingts heures de travail hebdomadaire à l’hôpital. Fitness, muscu : dans le milieu gay, on est obligé d’avoir un beau corps, musclé, viril, attirant. C’est un univers narcissique, pas mal porté sur le physique. Si je veux plaire, poursuivre ma vie de célibataire, je n’ai pas trop le choix. Je ne cherche rien, je sors assez peu, de temps en temps je fais des rencontres sur des applis, mais je n’ai pas de besoin compulsif ni de quête particulière. Ma salle de sport est petite, étriquée. Les murs sont peints en noir, il y a de grosses machines, très peu de femmes, beaucoup de ­testostérone, et ceux que j’appelle « les connasses » : ces hommes très centrés sur leur apparence, superficiels, sans grande empathie ni ­recherche de lien. Moi, je veux me marier, avoir des enfants. J’ai des rêves d’hétéro. Je suis en train de travailler mes triceps, j’ai un poids à la main, que j’avance et que j’éloigne. Sur le banc d’en face, il y a un homme, qui discute avec un copain. Il me regarde, j’ai l’impression qu’il dit à son ami que je lui plais. Il est grand et musclé lui aussi, mais il s’en va. Après ma séance de sport, je passe au sauna, il y est, et parle des voyages qu’il fait : je l’imagine steward, je pense à cette sous-catégorie de « connasses d’hôtesses de l’air », comme on les appelle en riant, ces hommes qui ne brillent pas par leur fidélité et multiplient les relations entre les avions. Dans le vestiaire, il passe à côté de moi tout ­habillé, il s’en va, va-t-il me demander mon numéro ? Il se contente d’un « Bon bah bonne soirée » et quitte la pièce. Heureusement, il y a les applis géolocalisées, il a un compte et moi aussi, et oui il m’y écrit, il n’est pas steward mais interprète, et me propose qu’on se revoie. Un dimanche soir, dans un restaurant de fruits de mer, fauteuils de velours rouge et lumière tamisée, il me parle de sa mère, qui est très malade. Je suis médecin, alors ça ­m’affecte, et ça le touche qu’on en parle, il est proche d’elle, c’est très dur, il est bouleversé et moi aussi. « C’est la première fois qu’un garçon que je vois s’intéresse à ça », se justifie-t-il. Je repense aux « connasses », à cette impression que, quand on est homo, gamin, on expérimente toujours une forme de rejet. Une honte qui fait qu’on se replie face à l’hétéronormalité de la société. Résultat : il n’y a plus que nous qui comptons, une forme d’égoïsme se développe. On vit dans un supermarché du corps et des sentiments. Alors qu’en le regardant je comprends qu’on est amoureux le jour où l’on aime même les défauts de l’autre.
Deux jours dans la vie des amoureux. Le premier parce que tout s’y joue, le dernier parce que tout s’y perd. Lorraine de Foucher a recueilli ces moments-clés. A chacun de deviner ce qui s’est passé entre-temps. Cette semaine, Vincent, 33 ans, témoigne.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/08/23/s-aimer-comme-on-se-quitte-il-est-odieux-je-m-en-vais-il-revient-je-le-reprends_5502115_4497916.html
mlsum-fr-2095
s doutes. J’ai 10 ans, Bidon, Jamais content, Ultra moderne solitude, C’est déjà ça, Foule sentimentale, Allô maman bobo… Ses chansons poétiques et mélancoliques, sur les musiques de son compagnon de création Laurent Voulzy, lui ont valu, en quarante-cinq années de carrière, neuf Victoires de la musique. A 75 ans, Alain Souchon sort, le 18 octobre, un nouvel album studio, Ame fifties avant une série de concerts. Je ne serais pas arrivé là si… Si je n’avais pas rencontré Laurent Voulzy, c’est évident. Je suis très amoureux de la musique, mais j’en suis un mauvais créateur. Laurent, lui, compose des airs simples avec des harmonies sophistiquées. C’est ça, le charme des grandes chansons, comme celles des Beatles. Il a charpenté mon travail, lui a apporté une finesse. Parce que l’important dans la chanson, c’est la musique. Le signal. Le « Pin-Pon ! » Après, seulement, on écoute les paroles. Parfois, avec Laurent, on se regarde. Il me dit : « Quand même, si tu n’avais pas écrit les paroles d’un tas de mes chansons, je n’en serais pas où je suis. » Je lui réponds : « Ni moi sans ta musique. » Grâce à lui, les gens me sourient dans le métro. J’éprouve une gratitude. On est un couple. Un duo de faiseurs de chansons. On ne couche pas ensemble, mais on a besoin l’un de l’autre. On se rassure, on s’entraide, c’est un compagnon de vie. Oh, il arrive qu’on reste six mois sans se voir. Mais on sait qu’on est là… Comment a commencé cette collaboration unique qui dure depuis quarante-cinq ans ? Par une invitation du PDG de la maison de disques RCA, pour un goûter dans son jardin, en 1973. Chacun venait avec sa guitare interpréter une chanson. Il y avait Antoine, Yves Simon, Laurent Voulzy qui faisait l’admiration de tous grâce à la finesse de ses accords de passage. Des pointures, tous ces mecs ! Et moi j’avais ma petite chanson : « Moi, l’amour 1830/Pathétique, romantique/Je trouvais ça démodé… » J’avais conscience d’être faible musicalement. C’était déjà ça… Et là je me suis retrouvé dans l’ascenseur avec Laurent, qui m’a assuré : « Ta chanson, elle est vachement bien. » J’ai cru qu’il se foutait de moi. J’ai gagné le prix de la presse au concours de la Rose d’or d’Antibes. Donc la maison de disques m’a commandé un album. Il me fallait un arrangeur qui ne coûte pas des milliards. Alors le directeur artistique de RCA, Bob Socquet, a pensé à « un chanteur très doué musicalement mais qui comme toi ne marche pas ». Laurent Voulzy. Je suis allé chez lui, à Nogent-sur-Marne. Je lui ai joué mes chansons musicalement nulles, il a eu l’élégance d’accepter d’en faire les arrangements. On est allés chercher ensemble, en métro, un manuel d’harmonisation des cordes, place de la Madeleine.
Je ne serais pas arrivé là si… « Le Monde » interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Cette semaine, le chanteur populaire raconte sa rencontre décisive avec Laurent Voulzy, le succès, mais aussi ses blessures et ses doutes.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/10/13/alain-souchon-je-n-etais-pas-credible-en-seducteur_6015305_3246.html
mlsum-fr-2096
Les députés se prononcent, mardi 23 juillet, pour ratifier ou non le traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada (CETA). Le vote, initialement prévu la semaine dernière, a été repoussé après que l’opposition a dénoncé une ratification « en catimini » et exigé un vote solennel. En cas de vote favorable, l’accord âprement négocié entre l’UE et le Canada poursuivrait son processus de ratification, Etat par Etat, dans l’Union. Si les députés s’y opposaient, il est probable que le CETA ne s’en remettrait pas. 1. Faut-il ratifier le CETA ? Passage en revue des principaux enjeux de l’accord commercial, des avantages que l’UE peut en tirer et des craintes qu’il suscite. 2. Les tribunaux d’arbitrage menacent-ils la démocratie ? Le mécanisme d’arbitrage permettant aux entreprises d’attaquer les Etats est l’un des principaux points de crispation du débat sur le CETA. Le système a pourtant été largement remanié pour prévenir les dérives observées par le passé. Le gouvernement français a lutté pour obtenir un « veto climatique » afin d’empêcher les juges-arbitres de condamner les Etats sur des décisions légitimes en matière de climat, de biodiversité ou de santé publique. Mais des incertitudes juridiques demeurent. 3. L’unité des agriculteurs français contre la ratification du CETA. Beaucoup de sujets opposent la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), la Confédération paysanne et la Coordination rurale, mais les trois organisations syndicales font partie d’un même front pour rejeter le CETA. Une unanimité suffisamment rare pour être soulignée. 4. Comment le gouvernement a cru que l’on ne pourrait pas importer de bœufs nourris aux farines animales. Malgré les nombreux démentis du gouvernement, les ONG avaient raison d’alerter sur la possibilité pour les éleveurs canadiens d’exporter vers l’Europe du bœuf nourri avec des farines animales. 5. Comment le Canada tente de saper les normes européennes. Contrairement aux idées reçues, les Canadiens ont une vision très différente des Européens sur la sécurité sanitaire. Et ils s’emploient, depuis des années, à façonner les règles européennes à leur avantage.
Négocié depuis des années, le traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne doit être ratifié, mardi, par la France.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/23/cinq-articles-pour-comprendre-les-enjeux-du-vote-sur-le-ceta_5492467_4355770.html
mlsum-fr-2097
Pierre Lambert, le père de Vincent Lambert, quitte l’hôpital Sébastopol de Reims le 8 juillet. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP Aucun recours ne viendra plus interrompre le processus de fin de vie de Vincent Lambert. Après six années de bataille judiciaire, Pierre et Viviane Lambert, ses parents, ont annoncé, lundi 8 juillet, dans une lettre ouverte, qu’ils ne tenteraient plus rien pour s’opposer à la décision d’arrêt des traitements de cet ancien infirmier âgé de 42 ans, en état végétatif irréversible depuis un accident de la circulation en 2008. « La mort de Vincent est désormais inéluctable » et « si nous ne l’acceptons pas, nous ne pouvons que nous résigner dans la douleur, l’incompréhension, mais aussi dans l’espérance », écrivent-ils. « Cette fois, c’est terminé. (…) Il n’y a plus rien à faire sinon prier et accompagner notre cher Vincent, dans la dignité et le recueillement », font-ils valoir dans un texte aussi signé par Anne Lambert, la sœur de Vincent, et par David Philippon, son demi-frère. Me Jérôme Triomphe et Me Jean Paillot, leurs avocats, ont de leur côté affirmé dans un communiqué que la mort de Vincent Lambert était désormais « médicalement irréversible ». La nutrition et l’hydratation artificielles qui maintiennent en vie ce patient ont, une nouvelle fois, été interrompues, le 2 juillet, pour la troisième fois en six ans. Avant de renoncer, lundi, les parents avaient de nouveau tout tenté pour enrayer le processus de fin de vie. Ils avaient saisi en urgence dès le 2 juillet le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. Leur recours avait été rejeté dès le lendemain, la décision d’arrêt des traitements ayant été validée par le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Plainte pour « tentative d’homicide volontaire » Le 28 juin, la Cour de cassation avait, pour sa part, estimé que le juge judiciaire n’était pas compétent et elle n’avait pas ordonné de renvoi devant une autre juridiction, confirmant que le recours engagé devant le Comité des droits des personnes handicapées des Nations unies n’était pas suspensif. Pierre et Viviane Lambert avaient par ailleurs déposé une plainte pour « tentative d’homicide volontaire », le 5 juillet contre le docteur Vincent Sanchez, chef du service de soins palliatifs et de l’unité de patients cérébrolésés du CHU de Reims (Marne), où est hospitalisé Vincent Lambert. Selon Franceinfo, le praticien aurait été entendu par la police judiciaire au cours du week-end, dans le cadre d’une audition libre. Se préparant à veiller son oncle une partie de la nuit, François Lambert, le neveu de Vincent Lambert, décrivait lundi soir au Monde un processus d’arrêt des traitements « extrêmement violent », avec « un corps qui lutte pour rester en vie, comme tous les corps le feraient ». Après avoir annulé un rassemblement lundi après-midi place Saint-Pierre, à Paris, le comité de soutien des parents de Vincent Lambert a appelé à une « veillée » mercredi 10 juillet devant l’église Saint-Sulpice. Lire aussi Affaire Vincent Lambert : tout comprendre en 8 dates
Le médecin de ce patient tétraplégique en état végétatif a engagé, le 2 juillet, un nouvel arrêt des traitements après une décision de la Cour de cassation.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/08/nous-ne-pouvons-que-nous-resigner-les-parents-de-vincent-lambert-ne-deposeront-plus-de-recours_5486818_3224.html
mlsum-fr-2098
Le camp de déplacés syriens de Rokbane, à le frontière syro-jordanienne, en novembre 2018. STRINGER / AFP Le camp de déplacés syriens de Rokbane se vide. Près de la moitié des occupants des tentes de fortune plantées dans le désert, à la frontière syro-jordanienne, ont quitté depuis mars ce lieu synonyme de malnutrition et d’insécurité. Une évacuation d’ampleur, sous l’égide des Nations unies, se profile au sein de ce no man’s land, épine dans le pied de multiples acteurs du conflit syrien, directs ou indirects. Une mission de l’ONU, interdite par Damas depuis février de convoyer sur place de l’aide humanitaire, doit prochainement entrer avec le Croissant-Rouge syrien dans le camp, situé dans une zone d’influence américaine, non loin de la base militaire d’Al-Tanf, pour déterminer le nombre de candidats au départ. L’évacuation, vers les zones du régime, aura lieu dans un second temps, tandis qu’un peu d’aide sera distribuée à ceux qui restent. Ce plan, élaboré par l’ONU, a reçu l’aval de Damas. « La stratégie est de pousser les civils jugés “réconciliables” à partir [vers les territoires gouvernementaux]. Les Américains essaient de trouver une solution pour les autres, pour qu’ils aillent vers le nord de la Syrie [dans une zone sous contrôle turc]. Tout le monde veut se débarrasser de la situation, intenable, dans le camp », indique une source diplomatique à Amman. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Washington et Ankara ajournent leurs désaccords sur la création d’une zone de sécurité en Syrie Les chiffres sont disputés, mais plusieurs milliers de déplacés sont toujours présents à Rokbane. L’estimation haute est celle de l’ONU, qui parle de 24 000 personnes. « Il s’agit de ceux qui n’ont pas eu les moyens financiers de partir jusqu’à maintenant, ou de ceux qui ne peuvent ou ne veulent pas partir : des combattants et leurs familles, ajoute cette source. Si l’on regarde la vitesse avec laquelle le camp s’est vidé jusqu’ici, on peut dire que la stratégie de la faim menée par le régime a fonctionné. » Compte-gouttes En même temps qu’il annonçait en février, avec son allié russe, l’ouverture de corridors pour les habitants de Rokbane vers la province de Homs (centre-ouest), d’où ils sont en grande partie originaires, Damas a aussi bloqué l’acheminement de l’aide humanitaire vers le camp. Un scénario déjà vu pendant la guerre, quand le régime n’a autorisé qu’au compte-gouttes l’entrée de convois dans des zones rebelles assiégées, pour obtenir leur reddition. Le sort de Rokbane est au cœur d’un bras de fer entre Damas et son allié russe d’une part, et les Etats-Unis d’autre part. Le contrôle de la région où sont amassés les réfugiés est en jeu. Pour Washington, le maintien de la base militaire d’Al-Tanf, où se trouvent ses soldats, à la frontière avec l’Irak, vise à contrecarrer l’expansion de l’Iran en Syrie. Des combattants installés à Rokbane, situé dans le périmètre de « déconfliction » autour d’Al-Tanf, agissent pour le compte des Etats-Unis au nom de la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI). Tant Damas que Moscou contestent la présence américaine et le maintien de rebelles dans cette extrémité du sud-est syrien.
Des tractations doivent mener à l’évacuation d’un camp abritant déplacés et combattants syriens près de la base américaine d’Al-Tanf.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/13/a-la-frontiere-syro-jordanienne-le-camp-de-rokbane-bientot-evacue_5499028_3210.html
mlsum-fr-2099
Emmanuel Macron assiste aux premières assises des maires bretons, à Saint-Brieuc (Côtes d’Armor), le 3 avril. DAMIEN MEYER/AFP Ce sont les cas les plus sensibles. Ceux qui suscitent déjà de fortes tensions, aussi bien dans les états-majors qu’au niveau local. Si La République en marche (LRM) a présenté, le 17 juin, ses 19 premiers candidats pour les élections municipales de mars 2020, elle a volontairement laissé de côté les plus grandes villes, où elle se retrouve confrontée à un immense casse-tête. Dans la plupart d’entre elles, l’attribution des investitures se révèle très complexe. Faut-il partir en solo pour promouvoir le renouvellement, comme le souhaitent les marcheurs ? S’allier avec un sortant bien implanté, afin d’avoir davantage de chances de l’emporter ? Entre les rivalités internes dans les villes où LRM peut gagner seul (Paris, Lyon), les cas complexes à démêler (Lille, Marseille) ou les alliances difficiles à nouer (Toulouse, Nice), les configurations demeurent très différentes, en fonction du rapport de forces local. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Elections municipales de 2020 : La République en marche bouleverse les rapports de force Griveaux favori dans « la pétaudière de Paris » La capitale est l’objet, depuis plusieurs mois, d’une bataille fratricide au sein même de la majorité. La possibilité de ravir la mairie à la socialiste Anne Hidalgo a libéré les ambitions de six candidats, qui se disputent l’investiture du parti présidentiel. Alors que Benjamin Griveaux fait figure de favori, quatre de ses rivaux – Cédric Villani, Anne Lebreton, Hugues Renson et Mounir Mahjoubi – ont réclamé la tenue d’une « consultation citoyenne » pour les départager. Sans succès pour l’instant. Pas question d’organiser une primaire, assure le patron de LRM, Stanislas Guerini. Le parti prévoit une audition des candidats, le 9 juillet, avant, en théorie, une annonce du vainqueur le lendemain. Si tout se passe bien… « Ce ne sera pas forcément conclusif le 10 juillet. Si on est partagés, on ne tranchera pas », précise le sénateur du Val-d’Oise Alain Richard, qui copréside la commission nationale d’investiture (CNI) en tandem avec la députée de l’Essonne Marie Guévenoux. Si les concurrents de M. Griveaux dénoncent un « verrouillage » de la procédure, l’opposition, elle, s’amuse de ce climat délétère. Le député (Les Républicains, LR) de la Manche Philippe Gosselin parle ainsi de « la pétaudière de Paris »… Marseille : LRM dans le flou La situation n’est pas moins complexe à Marseille, où LRM n’a ni acté sa stratégie ni trouvé le bon candidat. « On cherche encore une incarnation », admet un dirigeant. Une candidature en solo, plébiscitée par les « marcheurs » locaux, n’est pas exclue. Dans ce cas, trois postulants sont sur les rangs : le président d’Aix-Marseille Université (AMU), Yvon Berland ; le doyen de la faculté de droit d’AMU, Jean-Philippe Agresti ; et le député des quartiers nord, Saïd Ahamada. Si la direction de LRM hésite entre les deux premiers, M. Ahamada, lui, semble hors course. Son approche étant jugée « pas assez centrale ».
A Paris, Bordeaux, Lyon ou Marseille, le parti présidentiel est bien en peine de trancher, tant l’attribution des investitures se révèle complexe.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/06/26/municipales-le-casse-tete-de-lrm-pour-les-grandes-villes_5481443_823448.html
mlsum-fr-2100
Le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au siège de l’entreprise publique, le 28 février. ERIC PIERMONT / AFP C’est sa dernière rentrée en tant que patron de la SNCF, et Guillaume Pepy a admis ressentir « un petit pincement au cœur », jeudi 29 août, alors qu’il venait, sur RMC et BFM-TV, se féliciter de la forte augmentation de la fréquentation des trains cet été. L’emblématique dirigeant a confirmé qu’il ne serait plus en poste le 1er janvier 2020, qualifiant au passage d’« intox » les spéculations sur son maintien à la tête du groupe dans l’hypothèse où le gouvernement ne trouverait pas la personnalité idéale pour lui succéder. Le corps social ferroviaire trépigne. Qui prendra les rênes de la nouvelle SNCF post-réforme à naître en janvier prochain ? Qui remplacera l’homme qui préside aux destinées du rail français depuis 2008 ? L’impatience commence à monter, et le petit milieu tricolore du train est suspendu à la décision finale du président de la République présentée comme imminente – dans approximativement deux semaines, à en croire une source élyséenne. Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’ouverture à la concurrence va contraindre la SNCF à resserrer ses coûts C’est du côté des représentants des salariés que l’agacement est le plus patent. Fait inattendu, l’UNSA, deuxième syndicat de la SNCF derrière la CGT avec 24 % des voix aux élections professionnelles de novembre 2018, a publié, jeudi, un communiqué appelant « à connaître très rapidement le ou la prochain(e) dirigeant(e) de la SNCF, afin de pouvoir construire et anticiper l’ensemble des dossiers qui composent l’agenda social à venir. » « Notre positionnement est clair, poursuit le communiqué. L’UNSA-Ferroviaire exhorte le gouvernement à privilégier un candidat issu du sérail ferroviaire au profil industriel ! Nommer une personne étrangère au ferroviaire entraînerait une perte de temps incompatible avec les négociations cruciales actuelles et leurs échéances extrêmement serrées, auxquelles l’UNSA-Ferroviaire sera confrontée entre fin 2019 et début 2020. » « Disruption macronienne » Au sortir de l’été et à l’approche de la décision finale, deux options paraissent s’être détachées. La première est la candidature du PDG de SNCF Réseau, Patrick Jeantet, qui s’est officiellement déclaré en juillet. Elle a été validée par le cabinet de recrutement mandaté par le gouvernement, le prestigieux chasseur de têtes américain Heidrick & Struggles. Homme d’industrie, passé par des groupes public et privé, connaisseur du ferroviaire, le candidat Jeantet semble assez bien correspondre au « profil industriel » que l’UNSA appelle de ses vœux. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Patrick Jeantet, l’anti-Pepy qui rêve de diriger la SNCF La seconde option, à savoir un tandem dissociant la présidence du groupe de sa direction générale, semble avoir la préférence d’Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée, qui soufflera à l’oreille d’Emmanuel Macron les arguments définitifs avant la décision finale. Dévoilé par la publication confidentielle spécialisée La Lettre A, ce duo serait constitué d’un haut fonctionnaire passé par les cabinets de Xavier Bertrand et de Nicolas Sarkozy, Jean Castex, qui serait nommé président de la SNCF et flanqué d’une directrice générale, l’actuelle patronne des TGV et des trains grandes lignes Rachel Picard, laquelle, selon nos informations, a rencontré il y a peu M. Kohler.
La désignation du futur président de l’entreprise publique pourrait intervenir autour de la mi-septembre. Deux candidatures antagonistes semblent se détacher.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/30/sncf-le-monde-ferroviaire-presse-le-gouvernement-de-nommer-le-successeur-de-pepy_5504405_3234.html