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mlsum-fr-601
Entre 2009 et 2013, Rachida Dati aurait perçu 600 000 euros de Renault pour un rôle de conseil. JACQUES DEMARTHON / AFP Le groupe automobile français Renault envisage des poursuites contre son ancien patron Carlos Ghosn après avoir indiqué, mardi 4 juin, à l’issue de son conseil d’administration, que ce dernier avait engagé 11 millions d’euros de « dépenses suspectes » au sein d’une filiale commune avec Nissan, établie aux Pays-Bas. Ces dépenses identifiées dans l’audit interne, mené conjointement depuis des mois par Renault et Nissan au sein de leur filiale néerlandaise RNBV, et réalisé par le cabinet Mazars, engagent la responsabilité de Carlos Ghosn, patron déchu, mis en examen au Japon pour de possibles malversations. Ces 11 millions recouvrent des « surcoûts de déplacements de M. Ghosn par avion », qui pourraient être des trajets personnels en jet privé, « certaines dépenses engagées par M. Ghosn » et des « dons ayant bénéficié à des organismes à but non lucratif », ont précisé les administrateurs du constructeur automobile dans un communiqué. RNBV va, par ailleurs, faire désormais l’objet d’une enquête du Parquet national financier (PNF), comme l’a révélé Marianne. Après un mois de réflexion, le PNF a décidé, vendredi 31 mai, d’ouvrir une enquête préliminaire pour « corruption » après avoir reçu, à la fin avril, la plainte d’un actionnaire de Renault dénonçant le fonctionnement de la filiale néerlandaise du groupe. C’est l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales qui a été saisi. Tout comprendre : Le point sur les 5 affaires judiciaires de Carlos Ghosn « Les faits sont prescrits » La plainte vise nommément l’ancien patron de l’alliance automobile franco-japonaise, Carlos Ghosn, et son épouse, Carole, ainsi que l’actuelle maire du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, candidate à la Mairie de Paris, et le consultant sur les questions de sécurité Alain Bauer. Les avocats de Mme Dati, Mes Hervé Lehman et Olivier Pardo, ont annoncé mercredi dans un communiqué que leur cliente attaquait le plaignant, pour dénonciation calomnieuse, et l’avocat de cette dernière, pour diffamation. Ils dénoncent une « campagne de presse calomnieuse (…) diffusant à l’envi des propos diffamatoires constituant de fausses informations (…)». Peu de temps après, l’avocat de M. Bauer, Me François Binet, a de son côté annoncé dans un communiqué avoir « reçu instruction pour lancer toute action judiciaire adéquate concernant les procédures mensongères et diffamatoires émises à l’encontre de [son] client. » Selon Me Baduel, rédacteur de la plainte, la société RNBV aurait été mise en place « pour échapper à tout contrôle des actionnaires français et étrangers » et pourrait avoir permis de distribuer des « rémunérations opaques, voire occultes ». D’après l’AFP, les noms de Mme Dati et M. Bauer sont cités dans le rapport final de l’audit du cabinet Mazars, mais les sommes les concernant ne feraient pas partie des 11 millions. Mme Dati aurait ainsi perçu près de 900 000 euros, à raison de 300 000 euros annuels, entre 2010 et 2012 pour des missions de conseil effectuées en tant qu’avocate. L’avocat Me Baduel s’interroge sur les possibles conflits d’intérêts qui pourraient résulter des activités de l’eurodéputée devenue avocate d’affaires après avoir demandé sa mise en disponibilité de la magistrature. Son avocat, Me Olivier Pardo, dénonce le « caractère opportuniste » de cette plainte au moment où Mme Dati a fait part de son intention de se lancer dans la campagne pour les municipales à Paris. Il confirme, par ailleurs, qu’elle a bien travaillé pour le groupe Renault au Maroc, en Algérie et en Iran et qu’une convention d’avocat a été signée avec le directeur juridique de Renault. « Les faits sont prescrits », souligne-t-il également. Interrogé sur le fait de savoir s’il était possible d’avoir connaissance des travaux de Mme Dati, Me Pardo a argué du secret professionnel de sa cliente – avocate – qui n’a pas à communiquer le détail des missions qu’elle a effectuées. Un million d’euros entre 2012 et 2016 Alain Bauer aurait, pour sa part, été missionné par le conseil d’administration de l’entreprise pour repenser la sécurité au sein du groupe après la vraie fausse affaire d’espionnage chinois qu’avait connue l’entreprise en 2011. Sa société, AB Conseil, aurait pour cela touché un million d’euros entre 2012 et 2016. Contacté, ce dernier confirme avoir effectué plusieurs missions pour le groupe entre 2010 et 2017. « Des missions qui ont mobilisé près de six personnes et dont vous pouvez trouver trace des conclusions dans la presse de l’époque », précise-t-il. Il s’interroge par ailleurs sur le sens de cette plainte portée par « un avocat qui défend l’une des personnes mises en cause dans l’affaire de faux espionnage ». M. Bauer est aussi l’objet, depuis 2014, d’une autre enquête ouverte par le parquet de Paris pour « abus de biens sociaux » et « détournement de fonds publics », relative notamment à une commande de notes sur la sécurité en France et dans le monde, facturée 200 000 euros annuels à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) par la société AB Conseil, tandis que, dans le même temps, la CDC avait acheté « plusieurs milliers d’exemplaires » du guide gastronomique Champérard, dont Alain Bauer était alors directeur de la publication. M. Bauer a été entendu librement à la fin de l’année dernière, et l’enquête touche à sa fin. Avec l’ouverture d’une enquête par le PNF, c’est un deuxième front judiciaire qui débute en France sur l’affaire Renault. Le parquet de Nanterre avait, en effet, lancé une enquête préliminaire en mars, portant notamment sur le financement du mariage de Carlos Ghosn au château de Versailles. Selon les informations du Monde, un ancien directeur financier de Nissan et un ex-responsable de la division Asie-Pacifique du groupe ont récemment été entendus, à la demande du Japon, par les policiers français. Ils auraient indiqué ne pas être au courant de certains flux financiers litigieux mis au jour par les différentes enquêtes en cours et mettant en cause M. Ghosn. Interrogé sur BFM-TV et RMC, mercredi 5 juin au matin, Bruno Le Maire, ministre de l’économie, a assuré que « l’Etat transmettra à la justice tous les éléments dont il dispose sur Carlos Ghosn et qu’il y aura plainte ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Renault referme violemment la porte sur les années Ghosn
L’ancienne garde des sceaux et le criminologue sont soupçonnés d’avoir perçu des fonds potentiellement suspects par l’intermédiaire de la structure néerlandaise de Renault-Nissan BV.
https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2019/06/04/affaire-carlos-ghosn-rachida-dati-et-alain-bauer-vises-par-une-enquete-du-parquet-national-financier_5471465_1653578.html
mlsum-fr-602
Dominique Meyer, à l’Opéra de Vienne, le 22 février 2017. GEORG HOCHMUTH / AFP Un Français va bientôt diriger l’un des temples de l’opéra italien. Dominique Meyer, actuellement directeur de l’Opéra de Vienne, a été nommé vendredi 28 juin au poste de directeur de la Scala de Milan, a annoncé Giuseppe Sala, le maire de la ville italienne et président de la Fondation de la Scala. Dominique Meyer, 64 ans, qui a été auparavant directeur des opéras de Paris et de Lausanne (Suisse), succédera à l’Autrichien Alexander Pereira. Ce dernier, en poste depuis septembre 2014, a été mis à mal par une controverse autour de fonds saoudiens, qui auraient servi à financer la Scala. Pendant près d’une année, toutefois, les deux hommes se côtoieront : Dominique Meyer prendra ses fonctions à compter de la « mi-2020 » et Alexander Pereira les conservera jusqu’à la mi-2021, a précisé Giuseppe Sala. Des faits d’armes et des critiques A la tête de l’Opéra de Vienne depuis 2010, Dominique Meyer peut se targuer d’avoir drainé les foules, avec quelque 610 000 spectateurs par saison. Il a également développé des diffusions en direct et payantes et fait venir l’ancien danseur étoile français Manuel Legris comme directeur de ballet. Des critiques lui reprochent toutefois une certaine timidité dans sa programmation et une piètre gestion en ressources humaines, avec le départ du chef d’orchestre français Bertrand de Billy en 2014, suivi la même année de celui du directeur de la musique autrichien Franz Welser-Möst. Une enquête a d’autre part été ouverte à l’Académie de ballet de l’Opéra de Vienne sur des accusations selon lesquelles des étudiants auraient été victimes de harcèlements physiques, mentaux et sexuels de la part de deux enseignants. L’un des deux a démissionné en janvier. Certains ont reproché enfin à Dominique Meyer de ne pas avoir attiré des talents internationaux de renom.
Il succédera, à la mi-2020, à l’Autrichien Alexander Pereira dont le mandat a été perturbé par une controverse autour de fonds saoudiens qui auraient servi à financer la Scala.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/29/le-francais-dominique-meyer-nomme-directeur-de-la-scala-de-milan_5482959_3246.html
mlsum-fr-603
OCS City, lundi 10 juin à 21 heures, série Ce fut un vrai coup de cœur. Adaptée du livre Petits secrets, grands mensonges (Albin Michel) de l’Australienne Liane Moriarty, Big Little Lies (2017) conjuguait tant de talent(s), de charme et de couleurs comico-dramatiques que l’on aurait souhaité que le spectacle durât encore longtemps. Inauguré par Nicole Kidman et Reese Witherspoon, le projet de cette série emporta ensuite l’adhésion du talentueux scénariste et producteur David E. Kelley (Ally McBeal, The Practice), qui l’adapta, et celle de Jean-Marc Vallée (Dallas Buyers Club, Sharp Objects), qui en réalisa les sept épisodes. Sans compter l’entrée dans la distribution de Laura Dern, Shailene Woodley et Zoe Kravitz, aux côtés de Kidman et Whiterspoon – qui interviennent aussi en tant que productrices exécutives. Cinq femmes, brillamment interprétées, chacune dans un registre différent, baladaient le spectateur de la comédie satirique au drame poignant, en passant par le mélodrame à la limite du soap. Lire la critique de la saison 1 : « Big Little Lies », des violences si bien dissimulées L’histoire de ces femmes, de cette bande d’amies vivant avec mari et enfants dans la ville cossue de Monterey, sur la côte californienne, devait prendre fin, comme le roman, avec la mort d’un des maris. Mais l’attachement du public et les prix remportés amenèrent HBO à décider de prolonger Big Little Lies. Une deuxième saison fut commandée : on demanda à la romancière Liane Moriarty de se remettre au travail, ce qui fut fait sous la forme d’un court roman. David E. Kelley l’adapta pour le petit écran et Andra Arnold remplaça Jean-Marc Vallée derrière la caméra, ce dernier restant producteur exécutif. Liées par un secret Etait-il pertinent de donner une suite aux sept superbes premiers épisodes ? Sans conteste, ne serait-ce qu’au vu des trois premiers épisodes visionnés, oui, cent fois oui ! D’autant qu’à la bande des « cinq de Monterey », comme on les dénomme dans la ville, est venue s’adjoindre une sixième femme, Mary Louise, l’acide belle-mère de Celeste (Nicole Kidman), interprétée par Meryl Streep… Comme en première saison, Big Little Lies offre plusieurs niveaux de plaisir, du plus léger ou cocasse au plus grave. L’on y retrouve cette Côte ouest aux maisons luxueuses, aux paysages océaniques grandioses et magnifiquement filmés, ainsi que ces mères et amies se retrouvant autour d’un café après avoir emmené leurs petits pour leur premier jour d’école. Des flash-back – trop nombreux en début de saison – rappellent que ces cinq femmes sont liées par un secret qu’il s’agit à tout prix de préserver, surtout face à l’intrusive Mary Louise. Comme en première saison, « Big Little Lies » offre plusieurs niveaux de plaisir, du plus léger ou cocasse au plus grave Mais, surtout, cette deuxième saison approfondit encore ce qui meut et émeut chacune de ces femmes, dans leur relation à leur passé, à leur conjoint et à leurs enfants. Voilà enfin une série où les suites d’un viol, de violences conjugales ou d’un mariage malheureux ne se voient pas passées sous silence. Les tourments des hommes n’étant pas pour autant gommés, même si ces derniers, en cette saison, ne gagnent toujours pas le premier plan de la scène. Au centre, enfin, ces petits mensonges enfouis, qui corrodent de l’intérieur, qui amènent ces femmes à des actes qu’elles ne comprennent pas elles-mêmes et qui, au final, notamment au travers de leur rôle de mère, ramènent à la surface des vérités fondamentales sur soi. Big Little Lies, saison 2, série de David E. Kelley. Avec Reese Witherspoon, Nicole Kidman, Meryl Streep, Laura Dern, Shailene Woodley, Zoe Kravitz (EU, 2019, 7 × 52 min). Un épisode par semaine. www.ocs.fr/big-little-lies-saison-2
La deuxième saison de la série HBO débute formidablement bien et voit Meryl Streep rejoindre la bande des cinq femmes.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/10/big-little-lies-ces-petits-mensonges-qui-corrodent-de-l-interieur_5474218_3246.html
mlsum-fr-604
Mis en avant par les banques les packages doivent être étudier de près. Mike Kemp/Rubberball / GraphicObsession Acheter en lot c’est, la plupart du temps, plus avantageux que d’acheter à l’unité, lorsqu’il s’agit d’un paquet de biscuits ou de pots de yaourt, c’est beaucoup moins vrai quand cela concerne des services bancaires. Les packages bancaires, c’est-à-dire des offres qui réunissent plusieurs services (carte bancaire, l’assurance perte ou vol, ou accès aux services en ligne…), pour un tarif mensuel fixe, s’avèrent le plus souvent plus coûteux que lorsqu’on souscrit les services un par un selon une étude menée par Meilleurebanque.com, un comparateur de tarifs bancaires, dont nous publions les résultats en exclusivité. « Malgré la pression des autorités publiques pour les rendre plus « adaptables », les packages ne doivent toujours pas être souscrits les yeux fermés ! » explique Maxime Chipoy, responsable de Meilleurebanque.com. Souvent, « Ils ont été rendus artificiellement intéressants par la pratique des frais de tenue de compte, création récente des banques et inclus systématiquement dans les packages. Une manière de surtaxer les clients ne prenant pas de packages… », ajoute t-il. Tout dépend des profils de consommation indique l’étude. Pour un jeune, et en dépit des réductions offertes (souvent 50 % de moins que le tarif « normal »), le package est généralement moins intéressant que les services à l’unité : sur 156 banques proposant une offre pour ce profil, il ne domine que dans 71 établissements. Les jeunes ont donc, dans 54 % des établissements, intérêt à ne prendre qu’un simple compte et à utiliser les services au coup par coup. Et quand les services à l’unité sont plus intéressants, ils permettent une économie moyenne de 14 % et soit… 14 euros par an. Lire aussi Il est possible de ne rien payer sur vos retraits et vos paiements bancaires à l’étranger Pour les actifs, l’écart est encore plus marqué dans 57 % des cas, l’avantage reste aux services à l’unité. « Pour les actifs, les packages sont facturés « plein pot ». Pas de tarifs préférentiels tels que chez les jeunes ou les seniors, et donc des offres peu avantageuses même si les actifs consomment plus de services. » analyse Maxime Chipoy, responsable de Meilleurebanque.com. Là, quand l’offre à la carte est la moins chère, elle permet une économie moyenne de 7 %, et de 20 euros. Judicieux pour les séniors Ce n’est que pour le profil « Seniors » que les packages deviennent plus judicieux, dans 85 cas sur 156, soit 54 % des offres. Les seniors utilisant moins souvent les services bancaires en ligne – où les opérations sont gratuites – ils ont plus souvent intérêt à opter pour des packages. Ces packages permettent une économie moyenne de 19 euros par an (soit 6 %) par rapport à l’offre à l’unité dans la même banque. Même les packages les plus récents ne permettent pas des économies substantielles, loin de là. Ainsi, « Ogoon » d’Axa Banque est plus chère de 12 euros par an que la version précédente « Oligo » (soit 18 % d’augmentation). Face à des tarifs à l’unité très compétitifs – et bien moins chers qu’Ogoon - l’intérêt de ce nouveau package est limité. La « Convention Etoile » du groupe Crédit du Nord paraît séduisante : 12 % moins cher que la précédente convention « Norplus ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Quelle carte bancaire pour votre ado ? Cependant, le moindre supplément d’options est facturé 36 euros par an, et la garantie achats complémentaires ne fait plus partie du lot. Le package « Cristal Essentiel » de la Banque Populaire1 doit être réservé aux moins de 28 ans, qui paient cette offre 36 euros par an, voir 12 euros par an pour les moins de 25 ans. Quand à « Sobrio » par Société Générale lancé il y a un an en remplacement de « Jazz », est facturé 82,80 euros par an contre 102 euros par an précédemment, soit une baisse de 23 %. Toutefois, le nombre de retraits déplacés gratuits passe de 6 à 3. Plus que jamais, il faut comparer avant de s’engager.
Ces offres qui regroupent plusieurs services (carte, assurance perte ou vol, accès aux services en ligne…) équipent environ un client sur deux en France.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/07/04/services-bancaires-des-packages-pas-toujours-avantageux_5485154_1657007.html
mlsum-fr-605
Le PSG Handball peut s’appuyer sur un effectif toujours aussi impressionnant, où figurent, entre autres, les internationaux Mikkel Hanssen et Sander Sagosen, les Bleus Luka Karabatic, Luc Abalo et Nedim Remili. PATRIK STOLLARZ / AFP Le Trophée des champions a donné le ton. Samedi 31 août, à Limoges, devant une salle presque comble (4 660 spectateurs), Paris Handball s’est largement imposé (34-27) face au Montpellier Handball (MHB). Auteurs d’un match en demi-teinte, les Montpelliérains n’ont rien pu faire pour inquiéter les Parisiens. Une quatrième supercoupe en poche, le PSG a ainsi lancé un message clair : il se pose en candidat à sa propre succession pour le championnat de France, qui débute mercredi 4 septembre. Pas question de laisser son rival espérer. Pas plus cette saison que les précédentes. Ces deux équipes-là se connaissent bien. Depuis que les Qataris ont racheté le club parisien en 2012, le PSG et le MHB se disputent le titre national. Au point que Paris-Montpellier est devenu le classico des années 2010, comme Montpellier-Chambéry l’avait longtemps été il y a quelques années. Le PSG règne en maître sur le championnat depuis la saison 2012-2013, avec six titres remportés, dont cinq d’affilée depuis 2014-2015. Trois fois sur ces cinq saisons (dont les deux dernières), il a eu le même dauphin : Montpellier. « Quand on parle du championnat, c’est difficile de ne pas parler de Paris, reconnaît l’entraîneur montpelliérain Patrice Canayer, qui entame sa vingt-sixième saison à la tête du club. Paris domine cette compétition comme Montpellier l’a dominée. » Le MHB reste le club français le plus titré au plan national avec 14 sacres de champion et deux séries d’invincibilité (de 2002 à 2006 puis de 2008 à 2012). « Un match particulier à chaque fois » Il y a deux ans, les hommes de Canayer avaient fini à égalité avec le PSG, qui les avait devancés au goal-average. Un regret amer pour le capitaine Valentin Porte, son club ayant été leader de la 8e à la 24e journée : « Il y a deux ans on s’est tiré une balle dans le pied. Titiller le PSG, on est capables de le faire sur un match, c’est sûr. Sur une saison, c’est beaucoup plus compliqué. Mais on a des nouveaux visages, de l’ambition et on va tout faire pour terminer premier. » Même appuyé sur un effectif toujours aussi impressionnant, où figurent entre autres les internationaux Mikael Hanssen et Sander Sagosen, les Bleus Luka Karabatic, Luc Abalo et Nedim Remili, et malgré la retraite de son gardien de but Thierry Omeyer, Paris redoute néanmoins le club héraultais. « Montpellier est une équipe très difficile, une des meilleures équipes du monde, reconnaît Raul Gonzales, l’entraîneur du PSG. En match, il ne faudra pas faire d’erreurs car ils sont très rapides. » « Paris contre Montpellier, c’est un match particulier à chaque fois, confirme Luka Karabatic, le tout nouveau capitaine du PSG. Montpellier est un club historique et Paris est en train de le devenir. Ce sont vraiment deux places fortes dans le paysage du handball français. » Sur la scène européenne, c’est le MHB qui brille. Il est le seul club français à avoir remporté deux Ligues des Champions. La dernière victoire remonte à 2018 lors d’une édition historique où le podium était entièrement tricolore : Nantes avait pris l’argent, Paris le bronze. La saison dernière, le PSG a échoué en demi-finale. L’entraîneur de Montpellier Patrice Canayer brandit le trophée devant ses joueurs après avoir remporté la finale de la Ligue des Champions contre Nantes, à la Lanxess Arena de Cologne, le 27 mai 2018. FEDERICO GAMBARINI/ AP Des joueurs qui circulent entre les deux clubs Qui de mieux placé que Vincent Gérard pour parler de la rivalité entre ces deux clubs ? Le joueur arrive tout juste à Paris, après quatre années à Montpellier. Les handballeurs ont pour coutume de circuler entre ces deux clubs, à l’image des frères Karabatic, qui ont débuté au MHB avant d’atterrir dans la capitale. « Pour franchir une étape de plus dans ma carrière, j’ai pensé à Paris car c’est un des quatre plus gros clubs européens, explique le gardien de but. Je ne regrette pas mes années au MHB, mais j’avais envie de voir autre chose. J’espère juste que Montpellier restera deuxième maintenant que je suis à Paris ! » Avec un « portier » qui connaît très bien les Montpelliérains, la tâche de ces derniers risque d’être encore plus ardue. « Vincent ? On le connaît trop bien !, s’amuse Valentin Porte. Ça va rajouter une difficulté, c’est sûr. Notre objectif sera de lui mettre la misère… Et je me doute qu’il a le même ! » Montpellier a aussi perdu Michaël Guigou (parti à Nîmes), mais le club a recruté sept jeunes. Sans oublier la présence de Melvyn Richardson, élu meilleur joueur du championnat 2018-2019. Le joueur de 22 ans a beau être tout sourire, il ne compte pas se laisser marcher dessus, et encore moins par ses partenaires chez les Bleus : « Avant le match, on fait les retrouvailles, c’est sympa. Mais sur le terrain, c’est fini ! Chacun pense à son équipe, son jeu. » Coéquipiers chez les Bleus, rivaux en club C’est aussi ce que disent Valentin Porte et Luka Karabatic, qui évoluent depuis six ans côte à côte en équipe de France et s’affrontent en club depuis belle lurette. Pour eux, cette saison qui débute aura toutefois un petit goût particulier : c’est la première fois qu’ils seront tous deux capitaines. Valentin Porte l’est depuis 2018. Luka Karabatic succède cette saison à son frère Nikola. En ce samedi à Limoges, debout l’un à côté de l’autre, les mains dans les poches et l’air décontracté, les deux coéquipiers tricolores ont le sourire. « « Je suis content de taper dans la main d’un ami avant le match plutôt qu’avoir un con en face ! Luka est un ami et il le mérite », avance le Montpelliérain. Karabatic est plus réservé, même si on sent déjà son envie d’en découdre : « On s’entend très bien avec Valentin, c’est marrant d’être tous les deux capitaines de nos clubs respectifs et de se retrouver en équipe de France. » Le premier face-à-face en championnat entre les deux joueurs et leurs deux clubs n’interviendra que le 13 novembre. D’ici là, le PSG et le MHB se jaugeront à distance. Le championnat en intégralité sur BeIn Sports L’intégralité des matchs du champîonnat de France de handball sera diffusée sur beIN Sports. Le 27 août, lors de la conférence de rentrée du championnat, le président de la Ligue nationale de handball, Olivier Girault a présenté l’accord avec la chaîne pour les quatre prochaines saisons : pour la première fois en France, un sport collectif en salle sera couvert intégralement. 182 matchs de Starligue seront ainsi retransmis en direct. De quoi régaler les amateurs de handball.
Le championnat masculin de handball reprend mercredi. Le PSG, quintuple champion, fait figure de favori. Montpellier, son dauphin ces deux dernières saisons, se pose en challenger.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/09/04/handball-paris-veut-confirmer-son-statut-montpellier-veut-renouer-avec-son-glorieux-passe_5506174_3242.html
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M Le magazine du Monde/Michel Setboun/Corbis/Guetty Dans l’épisode 4, Sophie Grech, candidate « blonde et tatouée » du RN, se prépare à prendre la tête du 8e arrondissement de Marseille, contre la sénatrice-Maire ex-PS Samia Ghali. Il est 22 heures et Yvon Berland s’accorde une Desperados. La cravate a disparu, le premier bouton de la chemise immaculée est discrètement ouvert. Le professeur de médecine, 68 ans, frais retraité de la présidence d’Aix-Marseille université, sirote sa bière debout, au goulot. Il est, depuis juillet, le candidat de La République en marche (LRM) actif mais virtuel dans la course à la municipale 2020. À ce jour, « le profil le plus acceptable », selon Paris. Un novice en politique qui apprend à serrer les mains inconnues et à parler aux journalistes. Mais ne comprend pas pourquoi les dirigeants de LRM hésitent toujours sur le cas marseillais. Et sur le sien en particulier. Malaise au Mama Shelter Ce jeudi soir 17 octobre, le Mama Shelter Marseille est bondé. Petit frère du lieu parisien du même nom, cet hôtel branché, caché dans un recoin du 6e arrondissement, accueille le gala d’une association de lutte contre le cancer. Un événement aussi caritatif que mondain. En entrant, Yvon Berland tombe dans les bras d’un ami. Le sénateur Les Républicains (LR) Bruno Gilles, lui aussi candidat déclaré à la municipale. Chiraquien éploré, le parlementaire dispute l’investiture LR à Martine Vassal, patronne du département, qui peut se prévaloir du soutien de Gaudin. Il vient de perdre au baby-foot et se console avec un Perrier rondelle, la seule boisson qu’il s’autorise depuis sa greffe du cœur, fin 2017. « Alors, Yvon, cette investiture ? », s’enquiert-il. « Et toi, c’est pour quand ? », interroge le « marcheur ». Le dialogue fait se gondoler ceux qui l’entendent. Dans le fond de la salle, le DJ lance Je danse le Mia, le tube d’IAM. « Je crains dégun, je vous prends tous ici, un par un », promet la voix d’Akhenaton. Au photocall, les femmes posent en robes de soirée, les sportifs gonflent les pectoraux et la Team Yvon, ce groupe de militants qui accompagne partout le candidat Berland, s’affiche comme un pack joyeux et déterminé. Pourtant, la semaine a été dure. La plus démoralisante, peut-être, pour ce petit commando de campagne et son leader qui guettent depuis juillet, fébriles, la bénédiction parisienne. Commission d’investiture « On ne peut pas passer notre temps à attendre. Il ne nous manque que l’investiture », se plaint, paumes tournées vers le ciel, Clément, avocat. Arnaud, chargé de l’association La French tech, et Christine, infirmière, acquiescent. Vin blanc pour les uns, cosmopolitan pour les autres, au comptoir du Mama, l’équipe tente d’exorciser la claque prise trois jours plus tôt. Une fuite du bureau exécutif de LRM a fait écrire à La Provence que le mouvement ne choisirait pas de tête de liste. Mais seulement des leaders dans chacun des huit secteurs de Marseille. Yvon Berland et le député Saïd Ahamada, seuls candidats officiellement déclarés, ont encaissé. Les « marcheurs » locaux, lassés d’attendre un champion, se sont sentis humiliés. Depuis, Paris rétropédale.
En attendant les municipales de 2020, le correspondant du « Monde » raconte, à la façon d’une série, la bataille que se livrent les prétendants à la succession de Jean-Claude Gaudin. Cette semaine, Yvon Berland et Saïd Ahamada s’impatientent. La commission d’investiture nommera-t-elle enfin une tête de liste LRM ?
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/25/la-guerre-du-trone-a-marseille-episode-5-malaise-chez-les-candidats-en-marche_6016914_4500055.html
mlsum-fr-607
Ekrem Imamoglu, le nouveau maire d’Istanbul, dimanche 23 juin 2019. Onur Gunay / AP Editorial du « Monde ». L’éclatante victoire d’Ekrem Imamoglu, le candidat du Parti républicain du peuple (CHP), la principale force d’opposition turque, élu maire d’Istanbul, dimanche 23 juin, avec neuf points d’avance, ne constitue pas seulement un cinglant revers pour le président, Recep Tayyip Erdogan. EIle est aussi lourde de menaces pour l’avenir politique du leader islamiste dont le parti, l’AKP (Parti de la justice et du développement), règne sans partage sur la Turquie depuis novembre 2002. Bien plus qu’une élection municipale, ce vote avait valeur de test pour la popularité de M. Erdogan et de l’AKP, sur fond de graves difficultés économiques. Sous la pression de son entourage et après deux jours d’hésitation, le président turc avait décidé d’imposer l’annulation de l’élection d’Ekrem Imamoglu, remportée de justesse, le 31 mars, avec seulement 13 000 voix d’avance sur quelque 10 millions de votants. M. Erdogan a perdu son pari. Son virage autoritaire et nationaliste a effacé l’image de libéral pro-européen de ses débuts et l’a coupé des parties les plus dynamiques de la société turque, en particulier des classes moyennes urbaines. Pour l’emporter, cette fois, au vu de l’avance en voix du candidat de l’opposition, le régime aurait dû avoir recours à des fraudes massives. Double défaite Pour celui que ses partisans surnomment encore le « reis », il s’agit d’une double défaite. M. Erdogan, qui avait commencé son ascension politique comme maire de la métropole du Bosphore, aime à rappeler que « remporter Istanbul, c’est remporter la Turquie ». Perdre cette ville qui concentre un bon tiers de la richesse nationale, c’est aussi, pour le parti au pouvoir, perdre des ressources précieuses pour nourrir entrepreneurs amis et clientèles électorales. Cet échec est d’autant plus amer pour le président Erdogan qu’en imposant de rejouer le match, il a mis en selle son challenger pour la prochaine présidentielle de 2023. Celle-ci aura valeur de symbole : elle aura lieu l’année du centenaire de la République laïque, créée sur les décombres de l’Empire ottoman par Mustafa Kemal, en s’inspirant du modèle jacobin. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sur les traces d’Ekrem Imamoglu, nouvel espoir de la politique turque Inconnu du grand public il y a trois mois, lorsqu’il était simple maire d’arrondissement, Ekrem Imamoglu est devenu avec ce second scrutin, remporté beaucoup plus largement que le premier, le leader à même de réunir toutes les oppositions, comme il l’a fait dimanche. Laïc sans être laïcard, libéral et de centre gauche, né dans une famille plutôt conservatrice de Trabzon, sur la mer Noire, il a été capable de rassembler les suffrages des déçus de l’AKP aussi bien que ceux de la gauche et des Kurdes. Méprisés, réprimés, les Kurdes, parmi lesquels de nombreux élus et maires sont emprisonnés, ont un poids électoral déterminant. Ils ont clairement choisi l’opposition. Pour la première fois depuis 2002, cette autre Turquie, qui dit non à Erdogan et qui représente une bonne moitié de l’électorat, a trouvé la figure charismatique autour de laquelle faire bloc. Malgré la répression qui a suivi le coup d’Etat manqué de juillet 2016, avec 55 000 arrestations et 150 000 fonctionnaires limogés, la société civile turque a résisté. L’autoritarisme n’est pas invincible. Nul doute que le message des électeurs d’Istanbul résonnera dans un certain nombre de capitales contrôlées, elles aussi, par des « hommes forts ». Le meilleur verrouillage de l’organisation des élections, notamment locales, ne met pas nécessairement à l’abri d’une mauvaise surprise dans les urnes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi #toutirabien, le mot-clé qui affole les islamo-conservateurs turcs Le Monde
Editorial. Avec la victoire de l’opposant Ekrem Imamoglu dimanche, dont la première élection aux municipales avait été annulée fin mars à la requête du président turc, Recep Tayyip Erdogan a mis en selle son challenger pour la présidentielle de 2023.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/06/24/istanbul-le-pari-perdu-d-erdogan_5480666_3232.html
mlsum-fr-608
L’hôtelier estime qu’Alain X a commis une « imprudence » à l’origine de sa chute. Eric Audras/Onoky / Photononstop La veuve et les enfants d’un analyste financier, Alain X, mort pendant son séjour dans un palace de la Côte d’Azur, viennent d’obtenir réparation, après une longue procédure judiciaire. C’est le 5 juillet 2004, vers 22 heures, selon la police, qu’Alain X se tue accidentellement: alors qu’il se trouve sur son balcon, un orage éclate; mais il ne peut revenir dans sa chambre, car la porte-fenêtre, qu’il a refermée derrière lui, s’est bloquée. Il enjambe son balcon, pour se rendre sur celui de la chambre voisine dont la fenêtre est ouverte, et retourner à l’intérieur de l’hôtel; c’est alors qu’il tombe et que son corps s’écrase sur des rochers, cent mètres plus bas. Sa veuve et ses enfants assignent le gérant de l’hôtel. Ils affirment qu’il a manqué à son obligation de sécurité de moyens, en ne faisant pas changer le système de fermeture de la porte-fenêtre, dont il connaissait le caractère défectueux, puisque, en mars 2003, déjà, un client de la chambre avait ainsi été « enfermé dehors ». Pour regagner sa chambre, il avait brisé la vitre, à l’aide d’une chaise se trouvant sur le balcon. Les X ajoutent que, faute d’avoir procédé à ce changement, l’hôtel aurait dû informer son client du problème, afin qu’il évite de refermer la porte derrière lui, en sortant sur sa terrasse. Torts partagés L’hôtelier répond qu’Alain X a commis une « imprudence » en « choisissant la voie périlleuse d’une tentative de passage sur un balcon voisin, de nuit, par un temps de pluie et de vent, au-dessus d’une corniche, au lieu d’utiliser une chaise disponible pour briser la vitre ou d’attendre le passage de la femme de ménage, le lendemain matin ». La cour d’appel d’Aix-en-Provence considère, le 13 février 2014, que les torts sont partagés. Mais la Cour de cassation juge, le 17 février 2016 (N°14-16.560), que l’hôtelier est tenu à la « réparation intégrale » du préjudice, pour avoir « manqué à son obligation de sécurité ». La cour d’appel de Montpellier le condamne à payer quelque 850 000 euros, le 16 janvier 2018. Elle précise que l’assureur ne doit pas sa garantie, puisque l’hôtelier connaisait le défaut du système de fermeture avant l’accident et qu’il n’y a remédié qu’après. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un testament peut-il imposer le célibat ? Réparation intégrale Mme X demandait beaucoup plus, au titre du « préjudice économique » lié à la disparition de celui qui faisait vivre sa famille. Mais les magistrats appliquent la règle selon laquelle la « réparation intégrale » doit se faire « sans perte ni profit ». Ils considèrent qu’allouer aux X une somme supérieure génèrerait pour eux un profit, du fait que leur « préjudice économique » a été presque entièrement indemnisé par la caisse primaire d’assurance maladie et par l’assurance-décès qu’avait souscrite Alain X (cette dernière, au terme de deux procès, a versé 1,4 million d’euros). Le 12 septembre 2019, la Cour de cassation valide leur décision (N°18-14724): les 850 000 euros indemniseront principalement le « préjudice moral » des proches du défunt.
L’hôtelier est tenu d’une obligation de sécurité de moyen, et non de résultat. Son client, pour être indemnisé d’un préjudice corporel, doit prouver qu’il a commis une faute.
https://www.lemonde.fr/argent/article/2019/10/05/quand-le-client-de-l-hotel-tombe-du-balcon-et-se-tue_6014312_1657007.html
mlsum-fr-609
Lors de la manifestation contre la suspension du Parlement britannique, à Trafalgar Square, à Londres, le 31 août. NIKLAS HALLE'N / AFP « Cette fois, c’est différent, c’est notre démocratie qui est en jeu. » Pourquoi sont-ils descendus dans la rue par milliers, et ont-ils convergé une fois de plus devant Downing Street, ce samedi 31 août à midi ? Beaucoup de manifestants londoniens répondent la même chose : au-delà du Brexit et de la peur du « no deal », c’est la décision de Boris Johnson de suspendre le Parlement britannique pour cinq longues semaines, à une période cruciale dans l’histoire du pays, qui ne passe vraiment pas. Helen Swaffield porte à bout de bras une pancarte avec un slogan tout simple « I love Parliament » crayonné au feutre rouge. La dame, une cinquantaine d’années, est avocate de profession. « Je suis remainer [partisane du maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne], mais je respecte le vote du référendum de 2016. Par contre, je ne respecte pas la prorogation [la décision de suspendre et reporter les séances de Westminster]. C’est un acte désespéré de notre premier ministre, il nous a fait des déclarations fausses pour couvrir ses réelles intentions. » La Londonienne estime que Boris Johnson « agit en dictateur élu. Ce qu’il a décidé la semaine dernière, c’est sans précédent. Je suis attachée aux manifestations pacifiques, mais si cela ne marche vraiment pas, alors, oui, peut-être, il faudra bloquer les ponts et les routes. » Le mouvement Momentum, proche du leader travailliste Jeremy Corbyn, a appelé l’avant-veille les Britanniques à la « désobéissance civique ». Samedi, quelques dizaines de ses militants ont bloqué brièvement le pont de Westminster. La police, discrète, a laissé faire. D’autres ont fait un sit-in à Trafalgar Square. En fin d’après-midi, la police confirmait cependant trois interpellations. « Citoyens ordinaires » Aleks, 56 ans, sans pancarte ni aucun sticker sur son tee-shirt orange, nous interrompt gentiment en désignant le panneau d’Helen : « Vous voyez, elle a été faite en carton d’emballage. Nous sommes des gens ordinaires. » Pas des militants. Aleks est lui aussi remainer, mais « c’est la première fois que je manifeste », nous assure-t-il. « Personne n’a voté pour Boris Johnson [propulsé à Downing Street après avoir été élu par les seuls tories à la tête du Parti conservateur, le chef du parti qui commande une majorité au Parlement devenant, selon les institutions britanniques, premier ministre], mais la démocratie est en jeu, et ce qu’il a fait est un abus envers la démocratie. » Une estrade a été montée, un peu plus loin sur Whitehall, la rue menant directement à Westminster, noire de monde. Laura Parker, une des coordinatrices de Momentum, y invite des « citoyens ordinaires », remainers, brexiters, à hurler leur colère au micro. Dans la foule, trop loin pour entendre, Amy, 31 ans, brandit un « just no » sur sa pancarte. Elle est venue avec son compagnon et son petit garçon. La jeune femme ne pense pas que « les députés font forcément bien leur travail, mais ils doivent pouvoir faire entendre leur voix ». Elle essayera de revenir manifester la semaine prochaine. Une nouvelle mobilisation est prévue, devant Westminster, le 3 septembre, pour la rentrée parlementaire, après la trêve estivale. Les députés risquent de ne pas pouvoir siéger plus d’une toute petite semaine. « Un moment crucial de notre histoire » Clare, la trentaine, elle aussi « reviendra dans la rue la semaine prochaine, même si cela ne sert à rien », ajoute la jeune femme. Tom, la vingtaine, scande des « No one voted for Boris [personne n’a voté pour Boris] ! » avec son amie et le reste de la foule. « C’est la première fois que je participe à ces manifestations. Je suis d’accord pour que le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, mais là, ce qui se joue est différent, nous sommes à un moment crucial de notre histoire. » Maggie et son mari Nick sont originaires de l’Essex, au nord-est de Londres. Ce sont des remainers convaincus, eux aussi défilent pour leur démocratie parlementaire. « Je devais manifester pour pouvoir regarder mes enfants dans les yeux », dit Maggie. Nick, professeur de français, compte sur John Bercow, le président de la Chambre des communes, pour aider les députés à faire entendre leur voix dans le faible laps de temps qu’il leur reste avant le 31 octobre, et malgré la suspension décidée par l’occupant de Downing Street. « Je crois qu’il le peut. » M. Bercow a traité d’« outrage constitutionnel » la suspension du Parlement décidée par M. Johnson. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En suspendant le Parlement britannique, Boris Johnson aggrave la crise du Brexit
Ils ont dénoncé, samedi, la suspension du Parlement britannique par Boris Johnson, avec le sentiment de vivre un moment crucial pour l’avenir de leur pays.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/31/a-londres-des-milliers-de-manifestants-ont-defile-contre-un-abus-de-democratie_5504986_3210.html
mlsum-fr-610
« Timbres magazine », 108 pages, en vente en kiosques, 6,50 euros. Le rédacteur en chef de Timbres magazine, Gauthier Toulemonde, dans sa livraison datée novembre, donne le résultat du sondage mené auprès des lecteurs du mensuel : « Il en ressort que le timbre demeure en France un objet éminemment culturel et que son histoire vous passionne (…). Peu de philatélistes considèrent le timbre comme un placement ». Avant d’évoquer le cas opposé de la Chine, « où il semblerait que la guerre commerciale actuelle avec les Etats-Unis a pour conséquence inattendue de raviver l’attractivité des timbres chinois et de leur valeur ». Ce timbre chinois paru en 1980 pourtant tiré à plusieurs millions d’exemplaires, coté neuf 1200 euros, vendu quelques centimes (à la faciale, à l’époque), une estimation régulièrement dépassée dans les ventes. DR Gauthier Toulemonde – qui fut banquier dans une vie professionnelle antérieure – poursuit dans cette veine, expliquant que « les timbres en période d’instabilité monétaire et d’inflation sont considérés en Chine comme des biens plus sûrs que les placements en valeurs mobilières ou l’immobilier (…). Il en résulte une élévation de la valeur des timbres, alimentée par une forte demande dans le pays comme à l’étranger ». Pour conclure que « produits de placement tout autant que véhicules de propagande politique, ce n’est pas demain que la Chine cessera d’imprimer des timbres. Une situation qui contraste avec l’Islande qui envisage tout bonnement d’arrêter ou de limiter ses émissions, faute d’un nombre suffisant de clients » !… Rencontre avec Ségolène Godeluck, entrée à La Poste il y a une vingtaine d’années, devenue officiellement, le 1er janvier 2019, directrice de la communication de Phil@poste, fonction à laquelle s’est ajoutée en septembre la responsabilité des « relations institutionnelles ». Ségolène est chargée de donner de la visibilité au timbre, lui donner de la notoriété, toucher de nouveaux publics. Dans les prochains mois, elle va s’occuper de Paris Philex 2020, le salon du timbre et de l’écrit organisé à Paris du 11 au 14 juin 2020. Ségolène Godeluck devant l’un de ses timbres préférés, créé par Valérie Belin, d’après une photographie de 2010 intitulée « Calendula (Marigold) ». DR Son rapport à l’image ? Si elle n’est pas philatéliste, son père était « distributeur, auteur et producteur de dessins animés. C’est lui qui a importé en France et en Europe Goldorak, Capitaine Flam, Albator, Candy… Je suis de la génération Goldorak. Au ski, je ne faisais pas de bonhomme de neige mais des Goldorak de neige » !… Bruno-René Huchez et ses enfants Alexandre et Ségolène Godeluck, devant un bonhomme de neige Goldorak. DR Pourquoi La Poste ? « Peut-être parce que le monde de l’audiovisuel était trop attaché à l’image de mon père. Et je me dis que j’ai apporté à mon niveau un peu de mon monde de l’imaginaire à La Poste, comme par exemple, lorsque je travaillais à la direction de la communication des bureaux de Paris Nord, par des opérations qui associaient Phileas Fogg, Goldorak, Candy… », avoue-t-elle. Elle estime qu’« on associe souvent le timbre au courrier, et le courrier à quelque chose de dépassé. Or le timbre et l’écrit permettent d’entretenir la mémoire, de combattre l’éphémère, de fixer dans le temps une image, un mot, un message. Le timbre peut être un formidable support de communication ». Parmi les timbres récents qui lui plaisent particulièrement, elle cite la vignette créée par Valérie Belin… « Je trouve que cette année les carnets sont particulièrement réussis : sur les tissus africains, sur les phares, le carnet Eclosion »… en attendant 2020. « Avec Nadar, on va se faire plaisir avec un ensemble photographique à 360 degrés d’après un étonnant autoportrait tournant en douze poses successives de Nadar ». Valérie Belin, justement : Monika Nowacka consacre à cette photographe plasticienne quatre magnifiques pages colorées. « L’œuvre finalement choisie pour son timbre provient de l’une des deux séries Black-Eyed-Susan qui font référence à la codification de la beauté féminine dans les années 1950. Elle est représentative des recherches de l’artiste autour du stéréotype et de sa quête permanente de déconstruction, de mise à distance, de retrait absolu du vivant à travers ici, l’élaboration d’une beauté codifiée rigide ». Histoire postale : avec « Une affaire de gomme », Gérard Gomez, sur sept pages, s’attaque à une histoire des gommes utilisées dans la fabrication du verso des timbres. Gommes arabiques (végétales), au goût d’anis, tropicales (synthétiques), autoadhésives… La gomme fait parfois la différence en ce qui concerne leur valeur. Au début, « les timbres étaient gommés manuellement après leur impression (…). Puis l’idée d’imprimer sur un papier gommé préalablement est apparue en 1912 ». L’auteur va jusqu’à préciser les noms des fournisseurs de certaines gommes testées par l’administration postale ! Autres « secrets de fabrication », ceux concernant les carnets. Le mensuel propose un tour du monde des types de carnets et de leurs modes d’impression. Carnets d’usage courant, commémoratifs, carnets « de luxe »… « Quelques pays ont innové. la Finlande généralise ainsi une nouvelle présentation de carnets à accrocher sur les tringles des bureaux de poste où, fermé, le livret est facile à ranger mais peut ensuite se déplier en plusieurs volets. les Etats-Unis ont eu l’idée de mettre en circulation un opuscule biface dit scratch-and-sniffe (gratte et respire) car il dégage des odeurs alléchantes si l’on gratte la surface des timbres représentant des esquimaux glacés. Cela créa une polémique car l’association américaine pour la protection des poumons avança que les microcapsules contenant les produits chimiques dégageant l’odeur d’été étaient dangereuses pour la santé » ! L’auteur distingue les thématiques à succès de l’année 2018 : Coupe du monde de football, bande dessinée (Mickey), cinéma et télévision (Game of Thrones), etc. Benjamin Busch part sur les traces de suisse l’imprimeur Hélio Courvoisier, une référence pour l’impression des timbres, disparu en 2001, dont la clientèle fut reprise par « Walsall, qui n’était autre que le repreneur britannique de Cartor ». La mention Courvoisier apparaît sur les timbres d’une soixantaine de pays, de la Suisse, bien sûr, à Taïwan, en passant par le Luxembourgle Maroc, etc. Histoire postale, avec Guy Coutant qui s’intéresse aux îles anglo-normandes de 1940 à 1945, « alors que Jersey est la poste invitée d’honneur au prochain Salon philatélique d’automne », avec des illustrations – par exemple des timbres à l’effigie de George VI frappés de la croix gammée –, qui rappellent que ces îles furent « occupées par les Allemands, faisant d’elles les seuls territoires des îles britanniques à avoir été envahis par la Wehrmacht ». Enfin, le magazine rend hommage à un ami de la rédaction, négociant spécialiste des marques postales et des timbres classiques, Jean-François Baudot, décédé le 21 septembre à 77 ans. Décrit par Gauthier Toulemonde comme un « homme extravagant, exigeant avec les autres et avec lui-même », « jusqu’à trente ans [sa] vie a été partagée entre les études à la faculté de lettres et à l’institut politique de Lyon - et la musique le soir : répétition à l’opéra ou avec l’orchestre philharmonique puis les concerts (…) ». Baudot racontait qu’il avait « connu les plus grands artistes mondiaux, qui sont aussi souvent venus à la maison : Cortot, Menuhin, Karajan… », tout cela avant d’embrasser une carrière philatélique en 1976. « Timbres magazine », 108 pages, en vente en kiosques, 6,50 euros, ou par correspondance auprès de Timbropresse, 12, rue Lapeyrère, 75018 Paris. Tél. : 07-66-67-01-58. Pierre Jullien
« Le timbre peut être un formidable support de communication », rappelle la directrice de la communication de Phil@poste, dans les colonnes du mensuel spécialisé. Et un produit de placement, comme l’explique Gauthier Toulemonde, qui fait un crochet par la Chine pour appuyer sa démonstration.
https://www.lemonde.fr/mondephilatelique/article/2019/10/24/segolene-godeluck-communicante-du-timbre-dans-timbres-magazine_6016774_5470897.html
mlsum-fr-611
esse. C’est l’histoire d’un raté, devenu une réussite, puis une invraisemblable aventure, par la grâce d’une dépêche, de photos et d’une vidéo de l’Agence France-Presse (AFP). Avec ce résultat : en décembre 2017, le château de la Mothe Chandeniers, aux Trois-Moutiers, dans la Vienne, change de mains. « Petite » originalité, le site est acheté par 27 910 internautes-donateurs issus de 115 pays. Pour comprendre comment la Mothe Chandeniers, construit entre le XIIIe et le XIXe siècle, en est arrivée là, il faut remonter à janvier 2016 et à une rencontre. Romain Delaume et Bastien Goullard, 33 et 32 ans, formés dans la même école de commerce à Lille (Skema), ont créé, en 2015, Dartagnans, une plate-forme de financement participatif spécialisée dans la sauvegarde de monuments historiques. Julien Marquis, 37 ans, titulaire d’un master d’histoire médiévale, est, lui, le fondateur de l’association Adopte un château. Œuvrant sur les mêmes problématiques, les trois jeunes hommes se repèrent d’abord grâce aux réseaux sociaux. Ils ont en commun l’envie de dépoussiérer le milieu du patrimoine. Puis, très vite, ils s’accordent sur un objectif : acheter et sauver un château en faisant appel à des donateurs sur Internet. « Devenez châtelain pour 50 euros » Julien Marquis explique : « J’en avais marre de faire des listings de châteaux en ruine. Nous avons senti qu’il fallait jouer sur le sentiment de propriété. » Pendant plus de six mois, les fondateurs de Dartagnans travaillent sur le montage juridique et fiscal d’une telle opération. « Il fallait que les gens n’aient pas peur, raconte Romain Delaume. Fixer le ticket d’entrée à 20 euros, ce n’était pas très engageant. Cent euros, ça nous semblait trop cher pour certains retraités et les étudiants. Alors on s’est arrêté sur cette promesse : “Devenez châtelain pour 50 euros”. » Le trio part ensuite en quête d’un château à sauver. Julien Marquis repère celui de Paluel, à Saint-Vincent-le-Paluel (Dordogne). Ce château fort du XVe siècle a eu son moment de gloire dans le film Le Tatoué, où Louis de Funès, mal conseillé par Jean Gabin, en fait l’acquisition. Paluel, en ruine, doit être vendu aux enchères le 21 septembre 2017. Mise à prix : 250 000 euros. En vingt jours, et grâce à une communication habile, Dartagnans rassemble 556 000 euros. « On est arrivés hyperexcités au tribunal de grande instance de Bergerac, se souvient Julien Marquis. Le gros hic, c’est qu’avec tout le battage qu’on a fait, il y avait vingt-cinq acheteurs. » Les jeunes ambitieux sont très vite dépassés par plus riches qu’eux. En un peu plus d’une minute, Paluel est adjugé 890 000 euros.
Vies de château (3/6). Fin 2017, des internautes du monde entier ont acheté cet édifice en ruine grâce à une campagne de financement participatif qui a pris une ampleur inédite après la publication d’une dépêche de l’Agence France-Presse.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/07/24/le-sauvetage-en-ligne-du-chateau-de-la-mothe-chandeniers_5492681_4415198.html
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Clarisse Charbonnier / Le Monde Chronique. Appliquer la science aux questions sociales a porté ses fruits par le passé. Des innovations médicales et techniques ont déjà rendu notre existence plus confortable et plus longue. Mais l’histoire abonde également en catastrophes provoquées par la puissance de la science et sa volonté zélée d’améliorer la condition humaine. Les tentatives d’augmenter les rendements agricoles via l’optimisation scientifique ou technique, dans le cadre de la collectivisation menée en URSS, ont, par exemple, spectaculairement mal tourné. De même, les projets de refonte des villes dans le cadre de l’aménagement urbain ont parfois conduit à leur quasi-destruction. Le politologue et anthropologue James Scott qualifie de « haut modernisme » ces efforts de transformation de l’existence au moyen de la science. Idéologie aussi dangereuse que dogmatique, le haut modernisme refuse de reconnaître qu’un grand nombre de pratiques et de comportements humains revêtent une logique adaptée à leur environnement. Lorsque les partisans du haut modernisme ignorent ces pratiques afin d’instituer une approche plus scientifique et rationnelle, ils échouent quasi systématiquement. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Thomas Courbe : « La souveraineté numérique est une condition essentielle de notre liberté » Historiquement, le haut modernisme s’est révélé particulièrement dommageable entre les mains d’Etats autoritaires déterminés à transformer une société soumise et affaiblie. Mais l’autoritarisme n’est pas l’apanage des Etats. Songez aux efforts des grandes entreprises déterminées à améliorer notre monde à travers les technologies numériques. Les récentes innovations ont considérablement optimisé la productivité manufacturière, amélioré la communication et enrichi l’existence de milliards d’individus. Mais elles pourraient également dégénérer en fiasco. Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Big data » : un bien commun confisqué ? L’intelligence artificielle (IA), le big data et l’Internet des objets (IoT) sont souvent présentés comme autant de miracles pour l’optimisation du travail, des loisirs, de la communication et de la santé. Cette conviction selon laquelle « l’IA peut tout faire mieux que nous » crée un déséquilibre de pouvoir entre ceux qui développent ces technologies et ceux dont l’existence est vouée à être ainsi transformée, sans avoir leur mot à dire sur la manière dont ces applications seront conçues et déployées. Prendre conscience de la menace Les réseaux sociaux en sont un parfait exemple. Les modes de communication riches et variés qui existent en dehors d’Internet ont été remplacés par une communication formatée, standardisée et limitée. Les nuances de la communication en face à face, ainsi que des informations modérées par des organes de confiance ont quasi disparu. Les efforts visant à « connecter le monde » ont engendré un marasme de propagande, de désinformation, de discours de haine et d’intimidation.
Les récentes innovations ont optimisé la productivité, amélioré la communication et enrichi l’existence de milliards d’individus. Mais elles pourraient également tourner au fiasco, prévient l’économiste Daron Acemoglu dans sa chronique.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/18/la-tenue-reguliere-d-elections-ne-suffira-pas-a-empecher-les-geants-du-numerique-de-faire-de-notre-realite-un-cauchemar-moderniste_5511686_3232.html
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« Je me souviens très bien lorsque j’ai lu pour la première fois Le Monde, j’étais au lycée, j’avais 15 ans. J’étais impressionné par une amie qui le consultait tous les jours. Je me disais alors qu’on n’avait pas le temps de tout lire. Elle m’avait donné un conseil : faire une sélection et la lire en une heure. Au même moment, j’ai déjeuné avec mon grand-père, qui était administrateur de biens, engagé dans la Résistance pendant la guerre, un homme très charismatique que j’admirais. Je lui ai fait part de mon souhait de devenir avocat. Il m’a alors proposé d’aller ensemble assister à Lyon au procès Barbie. Il est malheureusement tombé malade, il est décédé d’un cancer du poumon le 1er avril 1987. Le procès Barbie commence le 11 mai 1987. Je lis alors chaque jour dans Le Monde les comptes rendus, une façon d’honorer mon grand-père. Je découpe tous les articles, en pleurant. Ecrire, et lire le journal dans un café La lecture du journal a pris un autre sens lorsque je suis entré en classe préparatoire, c’était un moyen de se cultiver, une fenêtre incroyable sur le monde, une aventure collective où on le lisait entre nous. Je l’achetais, tout comme Libération. Mon plaisir du matin a été – et est toujours – de m’installer dans un café, d’écrire et de lire le journal. Certes, le numérique a changé les usages, même si j’adore aller au kiosque quand je prends le train ou quand je suis en vacances. Je suis abonné au Monde en version numérique, mais je pense que j’ai moins de plaisir à le lire en ligne. J’adore le plaisir de l’objet, l’ouvrir, le déplier, le feuilleter, l’odeur et le plaisir de picorer, de m’arrêter au hasard sur un article. Il y a quelque chose de gestuel qui me plaît. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Mathieu Simonet, avocat de l’écriture à l’hôpital Pour moi, le Graal était d’être cité dans Le Monde. Lorsque mon portrait est sorti, le 10 décembre 2014, avec une photo signée Stéphane Lavoué, dont j’apprécie beaucoup le travail, cela a changé ma vie. J’ai reçu de nombreux messages, dont un du producteur Khalil Cherti, qui m’a incité à réaliser des films. Ce fut un élément déclencheur, qui m’a permis d’élaborer le documentaire Anne-Sarah K en 2017 retraçant le quotidien d’Anne-Sarah Kertudo, mon amie d’enfance, malentendante depuis l’adolescence et malvoyante depuis 2014. Dans la foulée, j’ai aussi écrit un livre sur notre amitié, sorti en 2019. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Anne-Sarah Kertudo, pour le droit au handicap L’un de ses combats, raconté dans son portrait paru dans Le Monde le 13 mai 2018, est de changer la définition du mot « handicap » dans le Larousse de poche, le Robert et le Robert junior, qui y associent une notion d’infériorité. Elle y est parvenue en partie. Lorsque j’ai acheté, récemment, la nouvelle édition du Petit Robert, avec la couverture dessinée par Riad Sattouf, et que j’ai constaté que le mot « infériorité » a été enlevé, Anne-Sarah et moi avons été très émus. En revanche, le Larousse n’a rien changé. Les responsables du dictionnaire n’avaient d’ailleurs pas répondu au Monde, qui les interrogeait sur ce sujet. C’est donc grâce au portrait du Monde que la définition du mot « handicap » a été modifiée dans le Petit Robert. »
Série « Le Monde » et moi. A l’occasion des 75 ans du quotidien, le romancier et avocat rappelle qu’un article sur sa lutte contre le handicap lui a permis d’élaborer le documentaire « Anne-Sarah K » en 2017.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/09/mathieu-simonet-ce-portrait-a-change-ma-vie_5497904_4415198.html
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Entre la douceur de la côte et la fraîcheur des Andes, l’Equateur offre un cadre de vie appréciable. JUAN CEVALLOS / AFP Marie Missud, 26 ans, vit sur l’île de Muisne, sur la côte Pacifique, à 50 mètres de la plage. Tous les matins, elle se rend à son bureau en moto-taxi, en saluant au passage ses amis équatoriens. Depuis deux ans, elle coordonne ici les projets de l’ONG espagnole Paz y Desarrollo (Paix et Développement). Une activité de terrain qui lui plaît. « Ici, j’ai un rapport direct avec les bénéficiaires, alors que, si je travaillais en France ou même à Quito, la capitale, ce serait plus un travail de coordination », explique la jeune femme. A midi, Marie déjeune au bord du fleuve qui sépare l’île de Muisne du continent. « Comme c’est une ville de pêcheurs, il y a toujours du poisson ou des fruits de mer frais. » Le soir, elle se baigne souvent dans l’eau tempérée de l’océan Pacifique avant de partager une soirée avec ses amis, sur la plage, autour d’un feu de bois. « J’aime l’ambiance qu’il y a ici, c’est toujours animé, les gens sont chaleureux, tout le monde se connaît. » Comme elle, 2 830 Français résidant en Equateur sont inscrits au registre des Français établis hors de France. Dans ce petit pays de 16,6 millions d’habitants, situé entre le Pérou et la Colombie, la plupart des expatriés s’installent dans l’une des trois principales villes du pays, Quito, la capitale, Guayaquil, le cœur économique, ou Cuenca, ville coloniale réputée pour son développement culturel. « L’Equateur est un pays d’entrepreneurs où chacun peut créer son business avec son réseau », affirme Charlène Le Falher, chargée de développement économique à la chambre de commerce et d’industrie franco-équatorienne. Se lancer sans trop investir Si Marie Missud a choisi le climat tempéré de la côte, Sabine Million, elle, a préféré Quito et la fraîcheur des Andes pour créer une agence de tourisme. « Ici, les démarches pour entreprendre sont beaucoup plus simples qu’en France, et il est possible de commencer sans avoir à investir énormément », se souvient la jeune entrepreneuse de 26 ans. Son premier investissement de 500 dollars a vite été remboursé, et Sabine s’est constitué une petite clientèle. « Je sais maintenant que je suis capable de développer un business à l’étranger et de le rentabiliser », dit Sabine, qui a ainsi ajouté une belle expérience professionnelle à son CV. Mais « ce n’est pas toujours simple de travailler en indépendant, il y a toujours un petit quelque chose qui ne va pas, et les gens ne sont pas toujours fiables », reconnaît-elle. Septième économie d’Amérique latine, l’Equateur est économiquement stable, avec un taux de croissance de 3 % du PIB. Le pays offre donc aux expatriés français des conditions de vie plus ou moins confortables, selon leur mode de travail. Pour Sabine Million, qui est indépendante, « il y a de bons mois et d’autres plus compliqués ». Loïc Stalin, 25 ans, effectue quant à lui un volontariat international en entreprise (VIE) à Guayaquil, dans une entreprise américaine spécialiste des matières premières. Un contrat avantageux puisqu’il donne droit à une exonération d’impôts dans le pays et que l’entreprise prend en charge son logement. Le travail reste en effet la principale raison de l’expatriation des Français en Equateur. C’est en tout cas ce qui a conduit Serge Maller dans la capitale. Après avoir vécu en Espagne, en Bolivie, en Argentine et au Salvador, il est président de l’Alliance française à Quito depuis bientôt trois ans. Un travail qu’il affectionne particulièrement et qui n’a, selon lui, pas d’équivalent en France. « C’est un très beau poste, car nous gérons à la fois un centre de langue et un centre culturel à la programmation riche et intéressante. C’est vraiment grisant », confie-t-il. Malheureusement, dans un an, sa mission prendra fin. Mais pas de quoi tourmenter cet expatrié au long cours. « J’aime bien ce côté mission à durée définie. Ça donne une certaine énergie pour mettre en place des choses qu’on a envie de voir aboutir. C’est stimulant. » Des paysages incroyables Même s’ils viennent pour le travail, les expatriés profitent évidemment des paysages incroyables, entre l’Amazonie, la cordillère des Andes, la côte Pacifique et les îles Galapagos. « Le week-end, on a le choix, on peut aller se baigner dans une eau à 30 °C ou aller randonner à la montagne, où il fait 0 °C. Du coup, nous sommes prêts à faire quatre heures de bus le vendredi soir après le travail pour aller découvrir de nouveaux endroits », explique Loïc Stalin. Marie Missud, elle, n’oubliera jamais le jour où elle a appris à pêcher des crabes dans la mangrove avec ses amis de Muisne, ni celui où elle a passé neuf heures en haute mer pour participer à un concours de pêche. La plupart des expatriés français restent en moyenne deux ans en Equateur. Philippe Rabaix, lui, a décidé de passer sa retraite dans le sud du pays, où le climat tempéré attire de nombreux étrangers. Car selon le classement publié par le site Internationalliving.com, l’Equateur est le quatrième meilleur pays du monde où passer sa retraite, devant le Portugal ou la Colombie. Avec sa petite retraite, cet ancien professionnel de la restauration peut vivre confortablement sur le terrain qu’il a acheté « avec vue sur les montagnes », dans cette vallée réputée pour la longévité de ses habitants. De son côté, Sabine Million envisage de rentrer en France prochainement, mais elle garde dans un coin de sa tête l’idée de revenir en Equateur pour finir ses vieux jours au soleil. Plus de 5 000 personnes attendues au Forum Expat 2019 Le Forum Expat se tiendra les 12 et 13 juin au Carreau du Temple, à Paris. Cet événement créé par Le Monde en 2013 réunit des acteurs économiques, universitaires et diplomatiques pour répondre aux enjeux de la mobilité internationale : comment préparer son départ et surtout son retour ? A quelle protection sociale se vouer ? Comment construire son patrimoine ? Cette 7e édition organisée autour de trois thématiques – mobilité professionnelle, gestion de patrimoine et vivre au quotidien – décryptera l’expatriation selon les motivations de départ : pour se former en Allemagne, pour travailler au Canada, pour investir à l’île Maurice. Le Forum fera deux focus sur l’Europe, destination privilégiée pour plus de 50 % des expatriés français : l’un sur la République tchèque et l’autre sur l’impact du Brexit. Une dizaine de destinations seront dûment représentées : l’Allemagne, l’Espagne, le Portugal, le Royaume-Uni, la République tchèque, l’île Maurice, les Etats-Unis, le Canada et la Nouvelle-Zélande. Lire aussi Forum Expat: à l’heure du Brexit, le lent effritement de l’attractivité britannique Lire aussi Forum Expat: l’Equateur, un pays où l’on s’expatrie pour le travail… et la qualité de vie Lire aussi L’international, une niche du marché de l’emploi très appréciée par les professionnels du numérique Le mercredi 12 juin de 10 heures à 21 heures et le jeudi 13 juin de 10 heures à 18 heures. Au Carreau du Temple, 4, rue Eugène-Spuller, 75003 Paris. Entrée gratuite, inscription sur www.leforumexpat.com
A l’occasion du Forum Expat, les 12 et 13 juin à Paris, « Le Monde » s’est penché sur la vie et les aspirations des Français de l’étranger. Zoom sur un petit pays d’Amérique du Sud qui attire chaque année de nombreux Français.
https://www.lemonde.fr/emploi/article/2019/06/11/l-equateur-un-pays-ou-l-on-s-expatrie-pour-le-travail-et-la-qualite-de-vie_5474498_1698637.html
mlsum-fr-615
Christel, 32 ans, est anorexique depuis deux ans (son IMC est de 16,7) et se trouve dans un état de maigreur extrême. AMELIE-BENOIST / BSIP En ouverture du Colloque européen (ECED) sur les troubles du comportement alimentaire (TCA), organisé par la Fédération française anorexie boulimie (FFAB), qui s’est tenu du jeudi 12 au samedi 14 septembre à Paris, une question a été posée aux participants : « Les TCA sont-ils associés à une dimension addictologique ? » Deux tiers ont répondu non, à main levée. Et pourtant. « On peut parler d’une composante addictive dans l’anorexie », décrit le psychiatre Sébastien Guillaume (CHU de Montpellier, vice-président de la FFAB). Une piste qui a émergé il y a une quinzaine d’années. Rappelons qu’entre 600 000 et 850 000 personnes âgées de 12 ans à 35 ans sont touchées par les TCA en France, dont 1 % à 2 % de jeunes femmes (et une proportion moindre mais mal chiffrée de jeunes hommes) souffrant d’anorexie mentale. Une maladie qui peut avoir des complications somatiques liées à la dénutrition (retard de croissance, de puberté, ostéoporose, problèmes de fertilité) ou aux vomissements, et un lourd retentissement sur la santé psychique. Des pathologies psychiatriques peuvent s’ajouter, avec un risque de suicide bien plus élevé que dans la population générale. « Les TCA sont des pathologies sévères, chroniques, complexes, dont la durée est non prévisible et qui concernent tous les âges. Connus depuis l’Antiquité, ces troubles sont devenus des pathologies médicales », dit Corinne Blanchet-Collet (Maison de Solenn, Cochin, AP-HP). Changement de paradigme De nouvelles hypothèses, notamment addictives, viennent compléter la compréhension de ce trouble complexe. Le diagnostic de l’anorexie repose sur trois critères : la présence d’une restriction alimentaire – alors même que le poids est trop faible –, une perception déformée du poids et du corps, une peur intense de grossir. Ce dernier critère est quelque peu remis en question par certains chercheurs. Une étude (Inserm, Paris Descartes, Sainte-Anne) publiée en juin 2016 dans Translational Psychiatry a montré que, chez des jeunes filles à qui on montrait des images de maigreur, le striatum ventral, une région cérébrale profonde essentielle au circuit de la récompense, est activé. Le diagnostic repose sur trois critères : la présence d’une restriction alimentaire, une perception déformée du poids et du corps, une peur intense de grossir Cela a été montré par un test de « conductance cutanée » (qui mesure le taux de sudation). « L’émotion provoquée par ces images de maigreur entraîne en effet une augmentation de la transpiration, alors qu’il n’y a aucune réaction pour des images de femmes en surpoids », indique Philip Gorwood, chef de service de la Clinique des maladies mentales et de l’encéphale, qui a conduit cette étude. Pour lui, « les patientes ressentaient le plaisir de maigrir plutôt que la peur de grossir. »
Anorexie et boulimie sont souvent considérées sous l’angle psychiatrique, mais de nouveaux travaux suggèrent que des mécanismes addictifs entrent aussi en jeu.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/17/troubles-du-comportement-alimentaire-la-piste-de-l-addiction_5511447_1650684.html
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Editorial du « Monde ». Deux bonnes raisons poussent le président de la République à vouloir « regarder en face » la question migratoire, comme il l’a dit, lundi 16 septembre, devant les parlementaires de la majorité. La première est que le sujet inquiète de plus en plus les Français. Dans la dernière enquête sur les fractures françaises réalisée par Ipsos-Sopra Steria (Le Monde du 17 septembre), la majorité d’entre eux estime « que la mondialisation est une menace pour la France », que « le pays doit se protéger davantage », que « les immigrés ne font pas d’effort pour s’intégrer ». En un an, ces trois indicateurs ont progressé de 4 à 6 points, reflétant une crispation que tout gouvernement ne saurait négliger. La seconde bonne raison est que le sujet creuse la fracture entre les gagnants et les perdants de la mondialisation, les milieux aisés et les classes populaires. C’est en effet dans l’électorat ouvrier que la question est la plus sensible et le rejet le plus aigu. Sur le plan politique, laisser prospérer un tel clivage est dangereux. Le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, avait été le premier à le relever, au lendemain du mouvement des « gilets jaunes ». « Le clivage conservateurs-progressistes ne doit pas se transformer en un clivage patriciens-plébéiens, les bourgeois et les élites étant la majorité présidentielle, et le peuple étant le Rassemblement national [RN] », avait averti l’élu du Nord, qui revendique ses origines modestes. Faute de quoi, avait-il ajouté, il sera impossible de « préserver la cohésion nationale », de « réformer le pays » et de « gagner l’élection présidentielle ». Attiser les braises au lieu de contenir le feu En adhérant à ce raisonnement, Emmanuel Macron assume le fait de placer la seconde partie de son quinquennat sous le signe du régalien, comme l’avait fait Nicolas Sarkozy après la grande crise de 2008. Mais, ce faisant, il prend le même risque que son prédécesseur : attiser les braises au lieu de contenir le feu. Cela fait des années que Marine Le Pen a préempté le thème de l’immigration. Chaque fois qu’un adversaire vient sur son terrain, elle fait monter les enchères. Qu’un débat soit organisé à l’Assemblée nationale, le 30 septembre, et elle riposte que son parti, faute d’une représentation suffisante, n’y aura pas la parole. Qu’Emmanuel Macron s’inquiète du nombre élevé des demandeurs d’asile, et Mme Le Pen suggère d’interroger les Français par référendum avec « des questions très simples », comme « oui ou non le droit du sol, oui ou non le regroupement familial, oui ou non la maîtrise à nouveau de nos frontières ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’offensive de Macron sur l’immigration Pour contrer la présidente du RN, M. Macron veut que la majorité se dote d’une doctrine susceptible de rassurer face aux défis migratoires : la France, en lien avec ses partenaires européens, doit prendre toute sa part dans l’accueil des réfugiés, mais se montrer intraitable avec l’immigration clandestine. Cependant, il heurte une partie de sa majorité et prend le risque d’une fronde, ce qui n’est pas la meilleure façon d’affronter l’adversaire. Mais le plus gênant est l’improvisation avec laquelle certains dossiers sensibles sont jetés en pâture, comme le montre l’exemple de l’aide médicale d’Etat (AME). Des responsables de la majorité, des ministres zélés, pointent « les abus » dont ferait l’objet la couverture maladie des étrangers en situation irrégulière. Un rapport a été commandé par le premier ministre dont les conclusions ne sont pas connues. Résultat : le fantasme prévaut là où des chiffres irréfutables permettraient de mener la réflexion. C’est tout le piège du débat sur l’immigration. Il s’ouvre en terrain miné. Le Monde
Editorial. En demandant aux députés LRM de « regarder en face » la question migratoire, Emmanuel Macron vient sur ce thème affronter le Rassemblement national, qui n’hésitera pas à faire monter les enchères.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/09/18/immigration-un-debat-piege_5511903_3232.html
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Arndis Hrönn Egilsdottir interprète Inga dans « Mjolk, la guerre du lait ». HAUT ET COURT L’AVIS DU « MONDE » - POURQUOI PAS Découvert par le public international grâce à son deuxième long-métrage, Béliers, fable ovine présentée à Cannes dans la section Un certain regard en 2015, Grimur Hakonarson n’est pas encore candidat à l’exode rural. Après s’être intéressé à la rivalité de deux frères éleveurs de moutons dans la campagne islandaise, le cinéaste s’attache cette fois au sort d’une fermière, veuve de fraîche date, qui doit diriger seule une exploitation laitière moderne. Lire la critique parue lors du Festival de Cannes 2015 : Les bergers islandais ont l’ovin triste Inga (Arndis Hrönn Egilsdottir) ne correspond pas à l’icône de la fermière tenace telle que l’a incarnée, par exemple, Sissy Spacek, dans La Rivière (1984), de Mark Rydell. Cette quinquagénaire n’aime pas particulièrement sa vie, et – puisque les premières séquences la montrent en compagnie du futur défunt – aurait aimé que son mari jetât l’éponge face à l’accumulation des dettes, à l’usure des corps face à l’inexorabilité des horaires de la ferme. Lire la critique de « Béliers » (en décembre 2015) : Des moutons et des hommes Elle est pourtant obligée de se battre face à un ennemi impitoyable. C’est sans doute la première fois dans l’histoire du cinéma que ce rôle incombe à une coopérative laitière, dont le scénario (qui ne fait aucune place à l’ambiguïté) révèle qu’elle a tourné le dos aux idéaux qui ont présidé à sa création. Vaches trop placides Grimur Hakonarson parvient par moments à illuminer la cruauté d’une situation qui amène des gens très ordinaires – un notable local, une veuve qui ne rêve que de se reposer – à adopter les comportements d’un mafioso pour l’un, d’une résistante pour l’autre. Reste que Mjolk, contrairement à Béliers qui trouvait une certaine démesure visuelle (peut-être à cause du physique de son cheptel, sans doute plus cinégénique que les trop placides vaches qu’élève Inga) s’en tient à l’alignement de péripéties qui – si elles sont sans doute instructives quant à l’état du secteur laitier en Islande – ne s’élèvent pas au-dessus de la relation d’un fait divers rural.
Après « Béliers » (2015), le nouveau film du réalisateur islandais Grimur Hakonarson s’attache au sort d’une veuve qui doit diriger seule son exploitation laitière.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/11/cinema-mjolk-la-guerre-du-lait-raconte-la-lutte-d-une-fermiere-contre-une-puissante-cooperative_5508966_3246.html
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Têtes d'un sarcophage phénicien, Ve-VIe siècle avant Jésus-Christ. COLLECTION DAGLI ORTI/AURIMAGES/Musée du Louvre « A la recherche des Phéniciens » (In Search of the Phoenicians), de Josephine Crawley Quinn, préface de Corinne Bonnet, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Philippe Pignarre, La Découverte, 430 p., 25 €. Saviez-vous que Melqart, dieu de l’antique cité de Tyr, aurait découvert la Grande-Bretagne ? Ou que les Phéniciens seraient les ancêtres des Irlandais ? C’est en tout cas ce que prétendaient certains érudits britanniques à la fin du XIXe siècle. Dans un livre aussi enthousiasmant que savant, ­Josephine Crawley Quinn part sur les traces de ce peuple évanescent qui, de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui, a alimenté tant de fantasmes. Traditionnellement, le mot « Phéniciens » désigne un peuple de marins et de commerçants originaire des cités portuaires ­situées sur la côte du Liban actuel et qui, dès le début du premier millénaire avant Jésus-Christ, ­essaimèrent dans toute la Méditerranée, de l’Afrique du Nord à l’Espagne, en passant par la Sicile et la Sardaigne – avec Carthage en figure de proue. Or, selon la brillante professeure à Oxford, les Phéniciens n’ont jamais existé… du moins en tant que peuple à l’identité cohérente et à la culture unifiée. Mirage d’une civilisation Comme souvent, tout commence avec les Grecs : ce sont eux qui inventèrent ce nom – à partir de phoinix, le « palmier » – pour ­désigner un ensemble de populations du Levant méditerranéen parlant la même langue. Mais les individus concernés ne se revendiquaient jamais eux-mêmes comme « phéniciens ». Ils se définissaient plutôt en fonction de leur cité d’origine, de leur famille ou de leurs métiers – comme ­l’attestent les milliers d’épitaphes funéraires parvenues jusqu’à nous. Une fois dissipé le mirage d’une civilisation phénicienne monolithique, c’est un monde pluriel, marqué par des liens d’intensité variable, qui s’offre au regard. Ernest Renan fut l’un des grands promoteurs de ce mirage identitaire dans sa mission de Phénicie, avant même que les Libanais ne fissent des Phéniciens leurs grands ancêtres L’auteure montre ainsi comment s’est organisé, autour du dieu Melqart, un vaste réseau méditerranéen liant des colonies occidentales, jusqu’alors plutôt isolées les unes des autres, et leur cité-mère, Tyr. Loin d’être uniquement « phénicien », ce réseau ­décentralisé était ouvert aux ­populations environnantes, notamment grâce à l’assimilation de Melqart avec le dieu grec Héraclès. Les rituels ne jouaient d’ailleurs pas toujours un rôle intégrateur pour la diaspora levantine. Liés au culte de Baal Hammon, les sacrifices de jeunes enfants ne constituaient nullement une pratique généralisée dans le monde « phénicien » : ils relevaient d’un choix rare et hautement distinctif, propre à quelques communautés du monde colonial – Carthage en Afrique du Nord, Motyé en Sicile et Sulcis en Sardaigne.
Dans une passionnante enquête, Josephine Crawley Quinn, professeure à Oxford, retrace la généalogie d’un peuple sans identité réelle jusqu’au jour où il se revendiqua comme tel.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/11/03/a-la-recherche-des-pheniciens-de-josephine-crawley-quinn-la-fabrique-d-un-peuple_6017852_3260.html
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Sophia Zaïme, la caviste Dominique Silbertein On pourrait dire que Madame Wine est marchande de vin. Mais ce serait un peu réducteur. À 32 ans, celle qui s’appelle en fait Sophia Zaïme revendique avoir créé une nouvelle profession. Qu’ils désirent se constituer une cave, dénicher une perle rare ou réaliser une « expérience » autour du vin, ses clients se rendent rue Quentin-Bauchart, dans le 8e arrondissement de Paris, comme ils entreraient dans le cabinet d’un psy. Là, Madame Wine les fait asseoir sur son canapé confortable et sonde leur désir de vin. A l’issue de la consultation, la jeune femme entreprendra de composer une cave à l’image de son client. Ou tentera d’exaucer des vœux moins évidents. Car Sophia Zaïme, qui aime connaître le signe zodiacal de ses interlocuteurs, prétend aussi fabriquer des souvenirs. Une démarche originale « L’un de mes premiers clients est grand fan d’un footballeur, raconte-t-elle. Le jour de son anniversaire, j’ai donc organisé une rencontre surprise chez ce joueur qui était là avec toute sa famille. On a tous cuisiné ensemble. Mon client était si heureux de pouvoir être reçu dans l’intimité de son idole que j’en pleurais de joie avec lui. » Elle consulte aussi hors de son cabinet, examinant l’orientation d’un jardin pour savoir où le soleil se couchera lorsque ses clients dégusteront la bouteille d’exception qu’elle leur aura trouvée. Une démarche originale qui a trouvé son public. Cinq ans après avoir créé sa société, Madame Wine, Sophia Zaïme s’est constitué un fichier de 500 clients. De catégorie socioprofessionnelle aisée, le client type est souvent masculin, en recherche d’exclusivité, aussi bien dans le choix des bouteilles que dans les conditions de consommation. Pour répondre à cette demande de sur-mesure, elle entretient une relation privilégiée avec quelque 200 vignerons et sillonne inlassablement les routes du vin, à la recherche de nouvelles pépites. Cette polyglotte qui a grandi au Maroc, où son père a fondé une clinique, n’était pas prédestinée à travailler dans le monde du vin. Pourtant, elle affirme avoir eu la vocation très tôt, en voyant ses parents se détendre autour d’un verre. Après des études de commerce en France, elle s’envole pour Miami, où elle est bientôt chargée de monter une cave à vins pour le compte d’un Américain. « Créer une émotion chez le client » A l’époque, elle n’y connaît rien, mais elle a du culot. Consciente que la motivation ne fait pas tout, elle prend contact avec Gérard Sibourd-Baudry, qui dirige alors les Caves Legrand, à Paris, le caviste de référence. Pour un entretien, elle traverse l’Atlantique. Quelques jours plus tard, à Miami, elle reçoit un appel : elle est embauchée. Elle restera cinq ans auprès de son mentor avant de lui annoncer : « Gérard, je ne peux plus rester, car je ne vais pas prendre ta place ! »
De la viticultrice à la sommelière en passant par la chef d’entreprise, portrait de cinq femmes qui ont su, envers et contre tout, faire carrière dans les métiers du vin.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/10/25/leur-vin-leur-uvre-portraits-de-cinq-passionnees_6016929_4497319.html
mlsum-fr-620
Le philosophe Jacques Derrida (1930-2004), dans les années 1980. DeAgostini/Leemage « La Vie la mort. Séminaire (1975-1976) », de Jacques Derrida, édité par Pascale-Anne Brault et Peggy Kamuf, Seuil, « Bibliothèque Derrida », 370 p., 24 €. Il se pourrait bien que La Vie la mort, le premier des séminaires laissés par Jacques Derrida (1930-2004) à être publié par le Seuil, quatre l’ayant été par Galilée, annonce le ­début d’un « moment » français pour ce philosophe moins lu dans l’Hexagone que dans le monde anglophone. Malgré le rayonnement d’une renommée internationale, d’une vie faite d’engagements militants pour la dissidence dans les pays communistes ou contre l’apartheid en Afrique du Sud, le corpus derridien souffre d’une ­réputation d’hermétisme qui semble en limiter l’accès aux spécialistes maîtrisant plus ou moins les innombrables références de ce lecteur insatiable (sa bibliothèque personnelle, achetée par l’université de Princeton, aux Etats-Unis, compte près de dix mille volumes). Article réservé à nos abonnés Lire aussi Katie Chenoweth : « Princeton devient l’un des centres mondiaux des études derridiennes » Les séminaires et inédits (comme Geschlecht III. Sexe, race, nation, humanité, Seuil, 2018) – devraient modifier la situation. Plus fluides, théâtralisés pour donner une impression de spontanéité (et assortis de didascalies) quoique intégralement rédigés et dactylographiés, ils devraient permettre, même si l’on peut regretter l’absence d’index et de mise en contexte dans les notes, de pénétrer plus facilement dans cette pensée, et illustrent un trait typique de la philosophie de leur auteur : l’écriture précède la parole. Devant l’auditoire déjà fourni La Vie la mort, cours donné à l’Ecole ­normale supérieure (ENS) où il était « caïman », c’est-à-dire répétiteur de philosophie, imposait également à un Derrida pourtant rétif à l’institution d’adapter son propos au programme de l’agrégation dont le sujet, pour l’année universitaire 1975-1976, avait pour intitulé « La vie et la mort ». Dès la première séance, devant l’auditoire déjà fourni qui se presse, non loin du ­petit bureau où il recevait les normaliens pour corriger leurs dissertations, auxquelles il répugnait à mettre une note, Derrida ironise sur le prosaïsme de cette circonstance. Elle a au moins l’avantage de dégonfler la solennité du thème. Depuis 1974, le philosophe est en outre impliqué dans le Groupe de recherches sur l’enseignement de la philosophie (Greph), et l’« intervention bien discrète, fort peu violente », souligne-t-il en guise de préalable, qu’est la suppression du « et », correspond à sa « décision stratégique (…), tout en luttant contre l’institution agrégative, ailleurs et ici même, de négocier avec elle dans des conditions données ». La réflexion sur la vie et la mort se doublera d’une critique des organisations et de leur tendance à la reproduction.
Le premier des séminaires du philosophe, mort en 2004, à être publié au Seuil, résonne toujours avec l’actualité, plus de quarante ans après avoir été tenu à l’ENS.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/07/07/la-vie-la-mort-seminaire-1975-1976-jacques-derrida-langue-vivante_5486440_3260.html
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Le pape François et le père Pedro Opeka, à Akamasoa, une cité d’Antatanarivo, le 8 septembre 2019. YARA NARDI / REUTERS C’est une cité aux maisonnettes colorées posée au bord de l’amoncellement d’immondices de la principale décharge d’Antananarivo, à Madagascar. Akamasoa (la « ville de l’amitié ») est née de l’engagement d’un prêtre missionnaire argentin, révolté par la misère noire de nombreux habitants de la capitale malgache. En 1989, Pedro Opeka a offert un petit salaire à des miséreux en contrepartie de leur travail dans la carrière de pierres voisine. Aider les pauvres par le travail et la responsabilité, tel était son projet. Trente ans plus tard, 25 000 personnes vivent, modestement, à Akamasoa, financée par des dons, et où 14 000 élèves sont scolarisés. Dimanche 8 septembre, à 71 ans, le père Pedro a accueilli le pape François, qui a trouvé en lui – ils se sont brièvement côtoyés au séminaire, à Buenos Aires – un représentant exemplaire de cette « Eglise pauvre pour les pauvres » qu’il appelle de ses vœux. Comme son compatriote, le pape argentin plaide sans relâche pour que chacun ait accès au travail afin d’en vivre dignement, de pouvoir nourrir et fournir un toit à sa famille. Il résume souvent cette exigence par « la règle des 3T : travail, toit, terre [pour les paysans] ». Dans une grande salle, 8 000 jeunes et enfants de la cité, impeccablement préparés, ont accueilli Pedro Opeka en héros et ovationné François. « Ici, tout le monde travaille, a lancé le prêtre en présentant son œuvre. Nous avons démontré à Akamasoa que la pauvreté n’était pas une fatalité, mais qu’elle était créée par l’absence de sensibilité sociale des dirigeants politiques qui ont oublié et tourné le dos à leur peuple qui les a élus. » « La pauvreté n’est pas une fatalité », a insisté François. Une prière aux travailleurs Puis, en bordure de la carrière, au milieu des habitants, le chef de l’Eglise catholique a dit une prière pour « tous les travailleurs », rédigée pour cette occasion. Elle résonne avec le discours qu’il avait prononcé en 2015 à Santa Cruz, en Bolivie, dans lequel il appelait les communautés catholiques à s’engager au côté des pauvres dans leurs luttes. La prière demande à Dieu de leur « permette d’assurer dignement la subsistance de leur famille », que leurs « enfants ne soient pas contraints à travailler » et « puissent aller à l’école », « qu’ils sachent, ensemble, de manière constructive faire valoir leurs droits ». Elle demande aussi de toucher « le cœur des entrepreneurs et des dirigeants » pour qu’ils assurent « à ceux qui travaillent un salaire digne, des conditions respectant leur dignité de personnes humaines » et, enfin, de faire « que le chômage – cause de tant de misère – disparaisse de nos sociétés ».
Durant son déplacement, le chef de l’Eglise catholique a également fustigé la corruption, l’abandon des pauvres ou encore la déforestation, visant notamment les dirigeants du pays.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/09/09/la-pauvrete-n-est-pas-une-fatalite-affirme-le-pape-francois_5508216_3212.html
mlsum-fr-622
Jean-François Ricard a été officiellement nommé à la tête du Parquet national antiterroriste le 27 juin. JOEL SAGET / AFP Le magistrat Jean-François Ricard a été officiellement nommé à la tête du Parquet national antiterroriste (PNAT) nouvellement créé, selon un décret présidentiel paru jeudi 27 juin au Journal officiel. Âgé de 62 ans, M. Ricard deviendra ainsi, à compter du 1er juillet, le nouveau visage de l’antiterrorisme en France. Pendant la vague d’attentats djihadistes de 2015-2016, ce rôle appartenait au procureur de Paris d’alors, François Molins. Lire le portrait : Jean-François Ricard, un procureur antiterroriste taillé pour les assises L’équipe de vingt-six magistrats qui entourera M. Ricard a déjà été arrêtée. Il aura pour adjoints l’actuelle cheffe de la section antiterroriste du parquet de Paris, Camille Hennetier, et Jean-Michel Bourlès, actuel vice-procureur à Evry. Le PNAT, créé par la récente réforme de la justice, va notamment devoir préparer les grands procès des attentats, qui vont se tenir ces prochaines années. « La phase de jugement, c’est la phase de vérité, le plus gros travail du PNAT est devant nous », expliquait M. Ricard au Monde en mai. Chargé de l’enquête sur l’attentat du RER Début mai, M. Ricard avait été proposé par la ministre de la justice, Nicole Belloubet, au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) pour prendre la tête de ce nouveau parquet, qui sera compétent sur l’ensemble du territoire en matière de terrorisme et de crimes contre l’humanité. Le CSM avait ensuite donné un avis favorable à la nomination de cet ancien juge d’instruction. Jean-François Ricard a notamment été chargé de l’enquête sur l’attentat à la station du RER Saint-Michel en juillet 1995, qui avait provoqué le mort de huit personnes et avait été revendiqué par le GIA algérien. Au total, M. Ricard a passé douze années au pôle antiterroriste avant d’être détaché en 2006 au ministère de la défense et de rejoindre la cour d’appel de Paris en tant qu’avocat général. Il a notamment requis en 2013 au procès du terroriste Carlos. Depuis 2015, il était conseiller à la Cour de cassation.
Ce magistrat de 62 ans va notamment devoir préparer la tenue des grands procès des attentats qui ont frappé la France en 2015 et 2016.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/27/jean-francois-ricard-officiellement-nomme-a-la-tete-du-parquet-national-antiterroriste_5482073_3224.html
mlsum-fr-623
Rarement la Cour de cassation aura tranché une question aussi rapidement. La cour suprême de l’ordre judiciaire a décidé, vendredi 28 juin, de lever le blocage à l’arrêt des traitements de Vincent Lambert. Cette décision devrait permettre à l’équipe médicale du centre hospitalier universitaire (CHU) de Reims de reprendre le protocole qu’elle avait enclenché le 20 mai. Conformément à la loi Claeys-Leonetti de 2016 sur la fin de vie, il s’agit de reprendre une sédation profonde accompagnant l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation devant mener à la mort de cet ancien infirmier. Aujourd’hui âgé de 42 ans, il est dans un état végétatif irréversible depuis un accident de la route en 2008, et son sort a fait l’objet d’un interminable feuilleton judiciaire opposant des membres de sa famille. « Il n’y a plus de voies de recours possibles car il n’y a plus de juges à saisir », a déclaré l’avocat de l’épouse de Vincent Lambert, Me Spinosi, estimant qu’il s’agit du « point final à cette affaire. Plus rien ne s’oppose à ce que l’équipe du CHU de Reims mette en œuvre l’arrêt des soins ». Le neveu, François Lambert, souhaite que cela intervienne « dès maintenant ». Il estime que toutes ces décisions de justice doivent désormais permettre au docteur Sanchez et à son équipe, à Reims, « d’exercer de façon sereine ». Dans le camp opposé, les avocats des parents de Vincent Lambert ont, eux, menacé de poursuites pénales pour « meurtre » les médecins et les ministres qui se rendraient responsables de l’arrêt des traitements. Droit à la dignité Une décision de la cour d’appel de Paris saisie en référé par les parents de Vincent Lambert était venue interrompre le processus de fin de vie, lancé le 20 mai. La justice administrative (tribunal administratif et Conseil d’Etat) et la Cour européenne des droits de l’homme avaient pourtant validé la démarche du docteur Vincent Sanchez, chef de l’unité de patients cérébrolésés du CHU de Reims. L’Etat et l’hôpital de Reims s’étaient donc pourvus devant la Cour de cassation. La famille de Vincent Lambert se déchire depuis des années devant les tribunaux, en l’absence de directives anticipées écrites laissées par le patient avant son accident. Sa femme, Rachel Lambert, et six de ses frères et sœurs ainsi que son neveu François Lambert invoquent le droit à la dignité, et notamment la non-obstination déraisonnable. Ses parents ainsi qu’un de ses frères et une de ses sœurs, fervents catholiques, leur opposent le droit à la vie. Lire aussi Les questions que pose la décision d’arrêt des traitements de Vincent Lambert Le premier président de la Cour de cassation, Bertrand Louvel, avait décidé de réunir son assemblée plénière (composée de dix-neuf hauts magistrats) pour s’entourer de toutes les précautions dans cette affaire devenue emblématique du débat sur la fin de vie. Dans son arrêt, la Cour de cassation estime tout bonnement que la cour d’appel n’avait pas à statuer sur cette affaire. Elle avait été saisie après la demande de mesures conservatoires par le Comité des droits des personnes handicapées des Nations unies (CDPH), qui souhaitait que la France suspende l’arrêt des soins le temps qu’il examine le dossier. Les juges des référés de la cour d’appel avaient jugé que l’Etat, en ne se pliant pas à cette demande, s’était rendu coupable d’une « voie de fait », outrepassant ses pouvoirs pour violer une liberté individuelle. C’est la condition juridique qui permettait au juge judiciaire de se saisir d’un acte administratif, en l’occurrence la décision de l’hôpital. La Cour de cassation estime au contraire que « seules les privations de libertés peuvent être qualifiées d’atteintes à la “liberté individuelle” (garde à vue, détention, hospitalisation sans consentement) ; le droit à la vie n’entre pas dans le champ de l’article 66 [de la Constitution]. Dès lors, le refus de l’Etat d’ordonner le maintien des soins vitaux prodigués à M. Lambert ne constitue pas une atteinte à la liberté individuelle ». Ainsi lit-on dans la décision qu’« en refusant d’ordonner le maintien des soins demandé par le comité de l’ONU, l’Etat n’a pas pris une décision qui dépasse manifestement les pouvoirs lui appartenant ». Et de conclure : « Aucun des éléments constitutifs de la voie de fait n’est réuni : le juge judiciaire n’est donc pas compétent dans cette affaire. » « La bataille est désormais politique » La démonstration juridique de la Cour est cinglante pour la cour d’appel. Elle casse sans renvoi, c’est-à-dire sans nouvel examen possible. Cela répond à la demande de François Molins, procureur général, qui avait alerté, lundi 24 juin à l’audience, sur le risque de remise en cause « de l’ordonnancement juridique ». De fait, l’analyse des juges de la cour d’appel brouillait l’équilibre entre juge administratif et juge judiciaire. Cette décision, la 35e dans cette affaire, est-elle l’épilogue de la bataille juridique ? En principe oui. Mais Jérôme Triomphe, avocat des parents Lambert, proches des catholiques intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, a prévenu devant la presse et quelques militants pro-vie au Palais de justice que « la bataille [serait] désormais politique ». Il veut voir un espoir dans le fait que la Cour de cassation n’a tranché que la question de la compétence de l’autorité judiciaire à se pencher sur ce dossier. De fait, elle ne s’est pas prononcée sur une autre question qui a été débattue, le caractère contraignant ou non d’une demande de mesures provisoires formulée par le Comité des droits des personnes handicapées de l’ONU. Les avocats des parents ont ainsi annoncé que Viviane Lambert, la mère de Vincent, s’exprimera lundi 1er juillet devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève. Un activisme plus diplomatique que juridique, dans la mesure où les recommandations des comités de l’ONU, qui ne sont pas des juridictions, ne s’imposent pas à la France. « Nous ne laisserons pas assassiner Vincent, attendons que le CDPH se prononce », ont-ils demandé. « Il faut d’abord respecter ce que disent les médecins, ce que dit la loi », a réagi Edouard Philippe, interrogé par des internautes vendredi soir lors d’une émission sur Facebook. Dominique Foussard, l’avocat du CHU de Reims, avait dénoncé lundi la stratégie juridique tous azimuts des parents en soulignant que lorsqu’« un plaideur saisit un juge, il peut contester sa décision en exerçant un droit de recours, mais pas se tourner vers un autre juge en estimant que le premier n’est pas compétent au seul prétexte que la décision ne lui convient pas ».
La haute juridiction a cassé la décision de la cour d’appel de Paris. Le CHU de Reims peut reprendre le protocole de fin de vie de ce patient tétraplégique
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/06/28/affaire-vincent-lambert-la-cour-de-cassation-rouvre-la-voie-a-l-arret-des-traitements_5482816_3224.html
mlsum-fr-624
Les Quatre Fantastiques. Marvel / Jack Kirby / Stan Lee Le nom de Jack Kirby a longtemps été absent du générique des films produits par Marvel. Il n’était pas le seul dessinateur dans ce cas. La mainmise de la maison d’édition américaine sur les droits de propriété intellectuelle, au détriment des artistes qu’elle faisait travailler, a empêché ces derniers, pendant des décennies, de figurer à la fin de ses longs-métrages. L’oubli fut particulièrement fâcheux pour Jack Kirby, cocréateur d’un panthéon de super-héros aux noms familiers : Captain America, Thor, les Quatre Fantastiques, les Avengers, les X-Men, Black Panther, le Surfeur d’argent, Iron Man – Sans oublier l’Incroyable Hulk, dont l’énergie éruptive coïncide sans doute le mieux avec le dessin explosif du maître. Faiseur d’icônes, Jack Kirby incarne tout à la fois la face la plus scintillante de l’industrie du comics book et son aspect le plus sombre, comme le donne à voir une rétrospective qui lui est consacrée à Cherbourg. D’un côté, le New-Yorkais, mort en 1994 à l’âge de 76 ans, reste à jamais le démiurge d’un soap opera épique, où vont et viennent des lignées d’êtres aux pouvoirs surnaturels, de monstres, de démons, de justiciers masqués, à la croisée de la science-fiction et de la mythologie. De l’autre, sa carrière longue de presque soixante ans a été jalonnée de déceptions, de revers commerciaux et d’allers-retours entre les deux géants du secteur (Marvel et DC Comics), en quête d’une plus grande liberté artistique, jamais vraiment assouvie. Kirby aura tout connu, ou presque, de l’envers du décor. Il a vécu aux premières loges la désaffection du lectorat pour les super-héros, après-guerre, avant de devenir l’un des principaux acteurs de leur résurrection, aux côtés du scénariste Stan Lee, au tournant des années 1960. Il a fondé une maison d’édition alternative (qui fera rapidement faillite) avant de soutenir, bien des années plus tard, l’émergence des éditeurs indépendants. Il a dû brader son talent pendant une époque de vaches maigres, et accepter, à contre-cœur, d’épouser des chartes graphiques qui ne correspondaient pas à son coup de patte. Il s’est battu, enfin, pour récupérer des milliers d’originaux que Marvel avait gardés sous le coude à la faveur d’un contrat léonin. Ses ayant-droits ont, eux, menacé de recourir à la Cour suprême des Etats-Unis pour obtenir le copyright des séries qu’il créa pour le compte de l’entreprise, aujourd’hui propriété de Disney. Dynamique musculeuse et visages expressifs Témoins de cette histoire agitée, les 250 originaux exposés au Musée Thomas-Henry de Cherbourg – empruntés à des collectionneurs européens, dont l’expert et galeriste français Bernard Mahé – montrent en parallèle l’apport unique de Kirby à la bande dessinée américaine. De son vrai nom Jacob Kurtzberg, celui que Stan Lee surnommera le « King » du comic book se sentait trop à l’étroit dans les formats qui le virent débuter au milieu des années 1930, après des débuts professionnels dans le cinéma d’animation, où il travailla, entre autres, sur le personnage de Popeye, sorte de super-homme avant l’heure.
Le Musée Thomas-Henry de Cherbourg réunit 250 originaux du dessinateur américain, surnommé le « King » des comics par le scénariste Stan Lee.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/07/jack-kirby-incroyable-faiseur-d-icones_5473242_3246.html
mlsum-fr-625
Eduardo Bolsonaro, le fils du président brésilien Jair Bolsonaro, à Washington en mars. Joshua Roberts / REUTERS L’« establishment » crie au népotisme, lui vante l’accent anglais de son fils, son entregent et ses bonnes relations avec la famille Trump. Jeudi 11 juillet, Jair Bolsonaro, élu à la tête du Brésil sur la promesse d’une présidence exemplaire, a décidé de nommer son fils, Eduardo, actuellement député à Brasilia, ambassadeur aux Etats-Unis. « Pour ma part, je me suis décidé, mais ce n’est pas facile, une décision comme celle-là, étant à sa place et devoir renoncer à son mandat… Bien que ce soit mon fils, c’est à lui de décider », a confié le chef d’Etat. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Brésil face au risque de « l’idiocratie » Dans la soirée, le quotidien Folha de Sao Paulo s’est chargé de sonder « zéro trois », comme appelle Jair Bolsonaro le troisième fils de son premier lit. « La mission que le président Bolsonaro me confie, je vais certainement la remplir de la meilleure manière. Il n’y a rien d’officiel, rien d’officiel. Le président a parlé, il parle, mais rien n’est officiel », a tempéré le député, qui affirme être « disposé » à quitter son mandat de parlementaire pour s’envoler à Washington. Pour finaliser l’affaire, il ne manquerait qu’une conversation « les yeux dans les yeux », entre Bolsonaro (père) et Ernesto Araujo, le ministre des relations extérieures. Charge ensuite au Sénat d’approuver la décision et de valider la nomination d’Eduardo Bolsonaro, qui vient de fêter ses 35 ans mercredi 10 juillet, âge minimum requis pour un poste d’ambassadeur. Surnommé « Ivanka » Au sein du ministère des affaires étrangères, la nouvelle a été prise tantôt sur le ton de la farce tantôt sur celui de la frayeur, tandis qu’à New York, siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), les diplomates s’effrayaient de voir débarquer un « pion », un maton chargé de rédiger des mémos détaillés pour son père sur ses propres troupes. « L’ambiance est un mélange de panique et de résignation », observe une source proche de l’Itamaraty, le ministère des affaires étrangères. Le président, de fait, n’a pas fait mystère du rôle qu’il entend dédier à son fils. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Brésil, les Bolsonaro au pouvoir de père en fils « Il est ami avec les enfants de Trump, il parle anglais et espagnol, il a une très grande expérience du monde. Il pourrait être une personne adéquate et me rendrait compte parfaitement », a expliqué l’ancien capitaine d’infanterie. « On croit vivre au XIXe siècle », soupire Oliver Stuenkel, professeur de relations internationales à la fondation Getulio Vargas de Sao Paulo. « Mais, dans le fond, cette idée n’est pas si surprenante, c’est un signe des temps », estime-t-il. A l’en croire, Jair Bolsonaro se laisse porter par l’exemple américain. Donald Trump a bien pensé à désigner Ivanka à la Banque mondiale et tente de faire de sa fille un personnage central de son gouvernement. Le surnom d’Eduardo Bolsonaro au Brésil n’est-il pas « Ivanka » ?
Il « est un ami des enfants de Trump, parle anglais, espagnol, a une très large expérience dans le monde », a justifié le président d’extrême droite en marge d’un événement officiel à Brasilia.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/12/jair-bolsonaro-entend-nommer-son-fils-eduardo-ambassadeur-aux-etats-unis_5488384_3210.html
mlsum-fr-626
Drapeaux algérien et berbère lors d’une manifestation antigouvernementale à Alger, le 21 juin 2019. Ramzi Boudina / REUTERS La détention préventive prolongée de quarante-deux personnes arrêtées ces derniers mois lors du mouvement de contestation en cours en Algérie est « aussi injuste qu’illégale », a dénoncé mercredi 28 août une association qui réclame leur « libération immédiate ». L’instruction les concernant « s’étire volontairement dans le temps », a dénoncé dans un communiqué le Comité national de libération des détenus (CNLD). Ce collectif, qui regroupe familles, avocats, journalistes et militants des droits humains, a été créé le 26 août pour obtenir la libération des « détenus politiques et d’opinion ». Il a estimé que ces détentions « illégales » visaient à « faire des détenus une monnaie d’échange ou un moyen de chantage pour la concrétisation de la feuille de route » du pouvoir algérien qui souhaite que la contestation accepte la tenue d’une élection présidentielle. Mais pour le CNLD, cette feuille de route du pouvoir est destinée à « régénérer le système » politique contesté par la rue. Les autorités et l’armée algériennes veulent organiser au plus vite une élection présidentielle pour élire un successeur à l’ancien président Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril par le « hirak », le mouvement inédit de contestation déclenché le 22 février. Mais les manifestations continuent, réclamant le départ du pouvoir des fidèles du président déchu avant toute élection. « Lenteur de la procédure » « On dénonce la lenteur de la procédure » visant les « quarante-deux personnes incarcérées à Alger », dont certaines sont en prison depuis juin et « personne ne sait quand le procès sera organisé », a précisé à l’AFP Kaci Tansaout, coordinateur du CNLD. Ces détenus sont inculpés d’atteinte à l’unité nationale pour avoir brandi ou vendu des drapeaux amazigh (berbère), après que l’armée eut interdit le 19 juin tout autre drapeau que l’emblème national dans les manifestations antirégime, selon M. Tansaout. Article réservé à nos abonnés Lire aussi 2019, année de l’Algérie « Ils sont inculpés sur la base de l’article 79 » du code pénal qui punit jusqu’à dix ans de prison « quiconque a entrepris, par quel que moyen que ce soit, de porter atteinte à l’intégrité du territoire national », a précisé M. Tansaout. Mais il a estimé que ce n’était pas le cas des manifestants arrêtés, d’autant qu’aucun texte, selon lui, « n’interdit le port du drapeau amazigh ». Le 8 août, un tribunal d’Annaba (nord-est) a acquitté un manifestant arrêté en possession d’un drapeau amazigh qui était jugé pour « atteinte à l’unité nationale ». Le parquet avait requis dix ans de prison.
Quarante-deux manifestants sont inculpés d’« atteinte à l’unité nationale » pour avoir brandi ou vendu des drapeaux berbères.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/08/29/algerie-appel-a-liberer-les-personnes-arretees-depuis-le-mouvement-de-contestation_5504060_3212.html
mlsum-fr-627
MAÏA MAZAURETTE LE SEXE SELON MAÏA Ces dernières années, la catégorie « lesbienne » est systématiquement arrivée en tête des préférences des utilisateurs de Pornhub, la plus grosse plate-forme pornographique du monde. 2018 n’a pas fait exception. La France non plus. A priori, 2019 devrait suivre la tendance. « Lesbienne » n’est pas seulement un fantasme de mâle hétérosexuel : c’est aussi le mot le plus recherché par les femmes. A ce titre, on pourrait avancer que la lesbienne incarne le fantasme le plus excitant du moment – et conséquemment, le sociotype le plus outrageusement sexualisé (au point qu’il a fallu attendre tout récemment pour que Google France cesse de renvoyer la requête « lesbienne » uniquement à des contenus pornos). Bon. Voilà qui pose une solide réputation ! Comment expliquer ce succès ? Fascination, curiosité, préférence pour la représentation des corps des femmes (qui seraient « plus jolis »), inclination pour les contenus considérés comme intrinsèquement plus tendres ? Sans doute un peu de tout ça. Mais outre cette puissance dans les représentations, les lesbiennes « gagnent » aussi sur le terrain des pratiques. 86 % d’entre elles ont toujours ou souvent des orgasmes, contre 65 % des hétérosexuelles et 66 % des bisexuelles (Chapman University, 2017). Plus de 25 000 femmes ont été interrogées pour obtenir ces chiffres, rendons-nous donc à l’évidence : les lesbiennes sont le plus grand fantasme et les meilleures amantes du monde. Stéréotypes Ce qui n’empêche nullement les représentations associées à leurs techniques sexuelles de se situer dans une binarité fem/butch digne des années 1980 : à ma gauche, des caresses saphiques éthérées exécutées dans des champs d’orchidées, à ma droite, des orgies cuir et godemiché débridées dans des donjons. Pratiquées, à ma gauche, par de glabres gazelles androgynes (avec une alouette tatouée au creux des reins), à ma droite, par de vieilles amazones rêches comme du papier de verre (avec un sécateur tatoué sur la cicatrice de la mastectomie ?). Ces stéréotypes révèlent la persistance d’une pensée binaire (« qui fait l’homme, qui fait la femme »), qui oscille entre répulsion (« c’est dégueulasse ») et idéalisation (« les femmes ont des orgasmes plus intenses, longs et transcendants que les hommes »). Pendant ce temps, selon SOS-Homophobie, la lesbophobie fait des ravages : + 66 % d’agressions physiques entre 2017 et 2018. On n’est pas sortis du « gazon maudit » de l’auberge. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Augmentation « spectaculaire » des cas de lesbophobie, selon SOS-Homophobie Venons-en donc au cœur du sujet : les lesbiennes ont rarement des pénis (« rarement » parce que l’anatomie ne fige pas l’identité, comme le démontrent, par exemple, les trans). Cette sexualité a priori sans pénis produit davantage d’orgasmes que la sexualité avec pénis. Comment ça marche ? Qu’est-ce qu’on fait ? Quel est le secret ? Eh bien, pour commencer, reprenons le paragraphe ci-dessus et coupons-lui son phallocentrisme implicite : la sexualité des lesbiennes n’est pas une sexualité « sans ». Les femmes ont un sexe (même si cette information a un peu de mal à entrer dans la tête des psychanalystes de la vieille école). Nous en parlions la semaine dernière, dans la chronique dédiée aux zones érogènes : les femmes ont même, culturellement, plus de sexes que les hommes. Grâce à leur merveilleuse complexité, elles peuvent combiner ou décombiner les zones explosives que sont le clitoris, le vagin, l’anus, les seins, la bouche, les lèvres et, qui sait, les coudes et les omoplates. Largement au-delà des standards hétérosexuels Qu’en font-elles ? Selon une enquête de la marque de sextoys lesbiens WetForHer (réalisé parmi près de 2 500 clientes), c’est au niveau de la durée du rapport que les différences sont les plus spectaculaires. La moitié des lesbiennes ont des rapports compris entre une demi-heure et une heure, et 14 % font l’amour durant plus d’une heure. Nous sommes largement au-delà des standards hétérosexuels. Cette durée n’est pas compensée par une moindre fréquence. Le cliché du couple lesbien installé dans un compagnonnage asexué a du plomb dans l’aile : les deux tiers des femmes interrogées ont des rapports au moins une fois par semaine. C’est parmi les lesbiennes qu’on trouve le moins de femmes qui accepteraient de vivre dans un couple qui ne fait plus l’amour. Au niveau des « sources » de la jouissance, on ne sera pas surpris d’apprendre que les lesbiennes utilisent les organes les plus efficaces : 96 % d’entre elles ont un orgasme par stimulation clitoridienne, 57 % par stimulation vaginale, 6 % par stimulation anale. Elles s’en portent bien puisque en France, 75 % d’entre elles sont épanouies sexuellement (contre 65 % en Angleterre). Au niveau du répertoire comme des connaissances, c’est bien simple, les lesbiennes gagnent sur toute la ligne : 100 % d’entre elles se sont déjà masturbées (Ifop, 2019), contre 77 % des hétérosexuelles ; 91 % disent bien connaître leur corps (79 % des hétéros) ; 77 % ont déjà regardé du porno (47 % des hétéros), 56 % ont déjà utilisé un sextoy (44 % des hétéros). Elles sont en outre plus nombreuses à avoir expérimenté – et à continuer d’expérimenter, de manière active ET passive – le plaisir anal (de la sodomie à l’insertion d’un doigt, sans oublier la caresse de la langue). Et la pénétration, dans cette histoire ? Elle fait partie de la boîte à outils, pratiquée avec les mains, la langue, des harnais, des godemichés simples ou à double embout, vibrants, munis d’une extension qui touche le clitoris, etc. Ces sextoys « pénétratoires » n’imitent d’ailleurs pas forcément le pénis : le modèle emblématique est celui qui « prolonge » les doigts, mais si vous préférez les aubergines ou les cornes de licornes, pas de souci. Et puisqu’on parle de pénis, n’oublions pas que 64 % des lesbiennes ont déjà eu des rapports avec des hommes… bon, en revanche, seules 20 % ont aimé ça (ce qui n’est finalement pas un si mauvais score). Quid de la fameuse technique des ciseaux, qui avait fait polémique lors de la sortie du film d’Abdellatif Kechiche La vie d’Adèle (Palme d’or du festival de Cannes en 2013) ? Julie Maroh, l’auteure de la bande dessinée Le bleu est une couleur chaude dont s’est inspiré Kechiche, évoquait alors sur son blog « un étalage brutal et chirurgical, démonstratif et froid de sexe dit lesbien, qui tourne au porn ». Eh bien, ce scissoring, comme disent les Anglo-Saxons (tribadisme en français), fait partie d’un ensemble de pratiques consistant à mettre en contact et frotter les vulves (vous pouvez consulter la page Wikipédia dédiée). Certaines lesbiennes aiment ça, d’autres pas. Tout simplement parce que « la » lesbienne n’existe pas. Enfin, les premières concernées s’organisent pour transmettre leurs savoirs et leurs fantasmes : sur Amazon, la requête « KamaSutra lesbien » propose 18 pages de résultats, tandis que, sur Google, « how to have lesbian sex » renvoie à 445 000 pages web. Cette inventivité se partage également par des comptes Instagram (comme le très beau Sapphosutra, sur abonnement), ou des guides pratiques en ligne (si vous lisez l’anglais, je recommande Autostraddle). Souvent invisibilisées Cette transmission est fondamentale pour deux raisons : 1) les lesbiennes sont souvent invisibilisées, 2) leur sexualité est (le plus) souvent représentée par et pour des hommes hétérosexuels. En conséquence de quoi les débutantes et aspirantes lesbiennes ne savent pas toujours quoi faire avec une femme. Pour les novices, les enthousiastes et les curieux, mentionnons l’inauguration, ce jeudi, d’un site français d’éducation à la masturbation féminine. Climax se compose de dix-sept vidéos courtes et très explicites. On y apprend, statistiques, commentaires et gros plan à l’appui, comment se donner du plaisir (et donc, a priori, comment donner du plaisir à une autre femme). Soit dit en passant, quelques vidéos sont destinées aux hommes désireux de s’instruire (le site est destiné à tous les publics). Résumons les enjeux : les lesbiennes sont « le » fantasme, d’accord. Mais par définition, ce fantasme est inaccessible aux hommes et aux femmes hétéros. Reste un sympathique lot de consolation : pourquoi ne pas s’inspirer des recettes de leur succès ? C’est simple : débarrassons nos sexualités, non pas de l’hétérosexualité, mais des obligations liées à l’hétérosexualité. Cassons le moule. Oublions les figures imposées, oublions qui fait l’homme, qui fait la femme. Réfléchissons hors des codes, avec et au-delà du pénis, avec et au-delà du répertoire traditionnel. Hommes, femmes, tous ensemble : révélons la lesbienne en nous ! Retrouvez ici toutes les chroniques de Maïa Mazaurette dans « La Matinale ».
Si elles sont le plus grand fantasme du monde, les lesbiennes sont aussi les meilleures amantes, nous explique la chroniqueuse de La Matinale Maïa Mazaurette (chiffres à l’appui).
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/11/03/sexualite-lesbienne-sexualite-modele_6017837_4497916.html
mlsum-fr-628
François Fillon lors des funérailles de Jacques Chirac à Saint-Sulpice à Paris, le 30 septembre. MARTIN BUREAU / AFP C’est le retour d’un « grand brûlé ». Retiré de la vie politique depuis son échec à la présidentielle de 2017, François Fillon est sorti de son silence cette semaine pour livrer, notamment, son analyse de la situation de la droite. Les premiers signaux de fumée sont apparus lors du décès de Jacques Chirac : l’ancien candidat, désormais employé de la société de gestion et d’investissements Tikehau Capital, a salué le « lion de la politique française » sur Twitter. Rien que de très normal pour son ancien ministre. Dans la foulée, cependant, il a pris position, lundi 7 octobre, sur le « poison du totalitarisme islamique », après la tuerie de la Préfecture de police de Paris, puis exhorté, mardi, dans une leçon de géopolitique, la France à ne pas « laisser lâchement tomber » les combattants kurdes après le retrait américain dans le nord de la Syrie. Enfin, mercredi, dans une interview diffusée sur la chaîne suisse RTS, François Fillon a ouvert les vannes et il a délivré une parole d’homme « libre », selon les mots de son entourage, malgré l’imminence d’un procès dans lequel il encourt la prison. Absence d’idées A quelques mois de l’ouverture de son procès pour « détournement de fonds publics » et « complicité et recel d’abus de biens sociaux » – programmée pour le 24 février 2020 –, l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy dresse un portrait sans complaisance de sa famille politique. « La droite française s’est suicidée avec ses divisions », déclare-t-il. Des regrets, des remords, des rancunes ?, lui demande-t-on. « Un peu des trois, forcément », admet-il. « Il y a des comportements humains qu’on ne peut pas complètement pardonner », ajoute l’ex-candidat éliminé dès le premier tour au printemps 2017, à l’issue d’une campagne entachée par les soupçons d’emploi fictif visant notamment son épouse, Penelope Fillon. « C’était intéressant de voir, aux obsèques du président Chirac, tous ces hommes et ces femmes qui s’étaient battus les uns contre les autres, qui avaient sorti les poignards, tout le monde était rassemblé, réconcilié autour de la figure du président. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi De Balkany à Sarkozy, la droite empêtrée dans les affaires L’auteur d’un programme présidentiel encore cité en exemple par certains au sein du parti Les Républicains (LR) fustige, en outre, l’absence d’idées de ses anciens collègues. « Il y a quand même depuis une vingtaine d’années des batailles uniquement personnelles, uniquement individuelles, uniquement d’ego, et il n’y a pas beaucoup de débats idéologiques », assure ainsi François Fillon à la télévision suisse qui l’interroge.
A quelques mois de l’ouverture de son procès, l’ancien candidat de la droite à la présidentielle fait son retour dans le débat public.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/10/francois-fillon-revient-pour-denoncer-le-suicide-de-la-droite-et-macron-le-petit-joueur_6015007_823448.html
mlsum-fr-629
Emmanuel Macron lors de sa visite de la Grande Glorieuse, dans l’archipel des îles Eparses, le 23 octobre. JACQUES WITT / SIPA / Pool via AFP Le Casa (avion militaire de transport de troupes) convoyant Emmanuel Macron et la ministre des outre-mer, Annick Girardin, a atterri, mercredi 23 octobre, sur la courte piste qui traverse Grande Glorieuse. C’est la première fois qu’un chef de l’Etat pose le pied sur cette île de 4,5 kilomètres carrés, un des cinq principaux récifs des Eparses, archipel situé dans l’océan Indien, dans le canal du Mozambique, qui fait partie des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Article réservé à nos abonnés Lire aussi A La Réunion, Macron n’a pas pu esquiver la réalité sociale En temps ordinaire, les seuls occupants humains des Glorieuses sont un détachement de quatorze légionnaires et un gendarme, qui effectuent des rotations de trente à quarante-cinq jours avant d’être relevés. L’endroit est paradisiaque, les jours rythmés par les tâches quotidiennes de la vie militaire, auxquelles s’ajoutent l’entretien et la surveillance de l’île. Une mission prioritaire dans ce récif corallien considéré comme un « point chaud » de biodiversité, concentrant une grande richesse de la faune et de la flore, y compris des espèces endémiques qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Les Glorieuses sont notamment un lieu de ponte pour deux espèces de tortue – verte et imbriquée. Elles y effectuent environ 2 500 pontes par an, jusqu’à 80 par jour en période de pic. Chaque matin, une patrouille fait le tour de l’île pour répertorier le nombre de pontes intervenues pendant la nuit. L’archipel abrite ainsi pas moins de 2 590 espèces maritimes recensées, dont certaines figurent sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Toute pêche y est interdite dans la zone des douze milles nautiques. Bien qu’elles représentent une superficie totale d’à peine plus de 40 kilomètres carrés, les îles Eparses offrent une surface maritime en zone économique exclusive de 640 000 kilomètres carrés, soit environ 6 % du territoire maritime français, et un tiers des récifs coralliens nationaux, qui représentent eux-mêmes 10 % des récifs coralliens mondiaux. Le président de la République n’a pas manqué de le rappeler : la France, présente sur tous les océans, est la deuxième puissance maritime au monde. « Nous n’avons pas su exploiter pleinement, géopolitiquement, ce trésor », a-t-il semblé regretter. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Des aires marines classées, mais pas assez protégées Reconnaissance de la mission environnementale des TAAF M. Macron n’est pas venu seul dans cet îlot lointain. Il est accompagné – ou plutôt attendu, car ils sont arrivés la veille – par une délégation de scientifiques experts de la biodiversité, dont Bruno David, président du Muséum national d’histoire naturelle, la navigatrice Isabelle Autissier, présidente du WWF-France, la chercheuse Françoise Gaill, vice-présidente de la plate-forme Océan et climat, et Romain Troublé, directeur général de la Fondation Tara Expéditions, ainsi que par Cédric Marteau, le directeur de l’environnement des TAAF, gardien, en quelque sorte, de ce trésor de l’humanité.
Le chef de l’Etat approuve un projet consistant à faire passer cet archipel en réserve nationale, maritime et terrestre, afin d’engager de nouvelles actions de préservation.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/10/24/emmanuel-macron-premier-president-a-poser-le-pied-sur-la-grande-glorieuse_6016682_3244.html
mlsum-fr-630
Domingos Esteves pourrait parler durant des heures de son activité d’aide-soignant. « Quand vous faites un métier à l’hôpital, vous aimez aider les autres », confie cet homme volubile, employé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. Les gratifications, il les a trouvées dans la « complicité avec les patients », le travail d’équipe. « Mais je me vois mal être à ce poste à 62 ans », enchaîne-t-il, en évoquant implicitement la réforme des retraites, qui va graduellement fermer les dispositifs de départ anticipé pour certains fonctionnaires – parmi lesquels les aides-soignants. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Réforme des retraites et pénibilité au travail : qui sont les grands perdants ? A 36 ans, Domingos Esteves sent que son corps grince déjà. Quand il était en neurologie, il y a un peu plus d’une décennie, il devait soulever des malades et les aider à se déplacer pour leur toilette : « Je me suis abîmé le dos. On a beau vouloir exécuter les bons gestes pour éviter de se faire mal, un problème peut se produire à tout moment. » Le fait de se retrouver régulièrement dans des unités en sous-effectif n’aide pas, évidemment : il faut aller vite. « J’ai ressenti une douleur intense au niveau des vertèbres cervicales » La première grosse alerte, il l’a vécue en aidant à se déplacer une personne qui continuait de tenir d’une main la barre de son lit : « J’ai entendu un gros crac. » Bilan : un peu plus de deux semaines d’arrêt. Rebelote plusieurs années après, au service pharmacie. En levant un carton « assez lourd », Domingos Esteves s’est à nouveau blessé : « J’ai ressenti une douleur intense au niveau des vertèbres cervicales. » Cette fois-ci, il a dû cesser de travailler pendant « 38 jours consécutifs » et a porté une minerve « trois à quatre mois ». Même si ce militant CFTC consacre désormais la majorité de son emploi du temps à l’exercice de mandats syndicaux, moins éprouvants physiquement, les atteintes à sa santé semblent durables. Il doit éviter de porter des charges supérieures à 5 kg et « [fait] très attention » quand il prend ses enfants dans les bras. Sur le papier, l’idée d’élargir le compte professionnel de prévention aux fonctionnaires qui seront privés, à terme, de retraite précoce lui paraît bonne, « mais tous les aides-soignants n’entreront pas dans les critères » pour pouvoir en bénéficier, regrette-t-il. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Grève dans les Ehpad : « Les aides-soignantes sont cinq pour faire soixante toilettes le matin ! »
Jessica est cheminote, Domingos Esteves aide-soignant hospitalier : ces travailleurs bénéficient d’un dispositif de départ anticipé à la retraite lié à la pénibilité de leurs métiers. Ils s’inquiètent de la réforme des retraites à venir.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/29/je-me-vois-mal-etre-a-ce-poste-a-62-ans-temoignages-sur-la-penibilite-au-travail_6017310_823448.html
mlsum-fr-631
Les épidémiologistes britanniques Kate Pickett (@profkepickett) et Richard Wilkinson (@ProfRGWilkinson), cofondateurs de Equality Trust (@equalitytrust), publient Pour vivre heureux vivons égaux ! (Les liens qui libèrent, 2019), un imposant recueil d’arguments et d’études sur les effets de l’inégalité. C’est un livre qu’il faut certainement lire comme en contrepoint aux ouvrages de Steven Pinker (cf. « Le progrès n’a pas encore tout à fait disparu ») dont le plus récent, Le triomphe des Lumières nous montrait que le monde allait bien mieux qu’on pouvait le penser. Certes, comme le dit Pinker, la violence et la grande pauvreté ont été globalement éradiquées, mais pour Pickett et Wilkinson, les inégalités sociales se sont accrues et la violence s’est transformée. Leur livre semble aussi un complément à celui de l’économiste Thomas Piketty, Le Capital au XXIe siècle, qui montrait justement la formidable explosion des inégalités depuis les années 1970. Alors que Piketty faisait une démonstration économique du phénomène, Kate Pickett et Richard Wilkinson s’intéressent aux effets sociaux de l’explosion des inégalités. Pour Pickett et Wilkinson, l’essentiel des maux dont souffrent nos sociétés est profondément lié aux inégalités. « Dans leur immense majorité, avec une grande constance, (nombres d’études) confirment que les sociétés inégalitaires font moins bien que les autres. Et la force des preuves en ce sens nous oblige à conclure que, au-delà de la simple corrélation statistique, nous sommes en présence d’un lien de nature causale. L’accroissement de l’inégalité nuit aux sociétés : il dégrade la santé et le bien-être humains. » L’inégalité expliquent-ils, agit notamment sur tous les problèmes dotés d’un gradient social, « c’est-à-dire ceux qui deviennent plus fréquents lorsqu’on descend l’échelle sociale », comme nombre de problèmes de santé (obésité, alcoolisme, diabète…), la violence, le mal-être des enfants, le taux d’incarcération, les maladies mentales et les problèmes psychologiques, la toxicomanie… Les effets de l’inégalité n’affectent pas qu’une minorité la plus pauvre, insistent les chercheurs : là où les disparités de revenus sont plus marquées, la population dans son ensemble souffre plus fortement de la compétition sociale et du déficit de confiance en soi. Pour les auteurs, les problèmes de santé, les tendances aux comportements violents ou les performances aux tests scolaires des élèves ne résultent pas seulement du classement social. Le poids des disparités s’accroît dans les sociétés où les différences de statut social sont plus marquées. L’épidémie de phobie sociale Notre inquiétude du jugement et du regard des autres, qui se traduit parfois par un complexe d’infériorité, un déficit de confiance en soi, ou un stress social sont plus répandus qu’on ne le pense. Ils ne nécessitent pas tant que nous nous endurcissions pour les surmonter, que de comprendre que les faiblesses psychologiques qui détériorent la qualité de vie et son expérience proviennent de la montée de la menace d’évaluation sociale permanente à laquelle nous sommes confrontés. Les phobies sociales, le stress, l’anxiété, la dépression, les comportements addictifs… naissent de notre perception de l’inégalité, avancent les auteurs (voir par exemple cette synthèse de leurs recherches). Image : exemple de diagrammes qui peuplent le livre de Kate Pickett et Richard Wilkinson, montrant, selon des courbes d’inégalités, le niveau des problèmes qui affectent les pays, ici un index des problèmes sociaux et de santé relié aux inégalités. Les pays les plus riches sont les plus affectés par les maladies mentales et les troubles psychologiques, rappellent les deux épidémiologistes : « l’anxiété s’est donc aggravée en dépit de l’amélioration du niveau de vie ». Dans nos sociétés dites méritocratiques, où l’on pense que les individus gravissent l’échelle sociale grâce à leurs mérites et à leurs efforts personnels (ce que renforce la compétition scolaire), le souci social est omniprésent. Le statut est perçu comme le reflet des aptitudes. Un statut inférieur est donc interprété comme un échec ce qui renforce l’évaluation à l’aune de la position sociale. L’accroissement des écarts de revenus rend la pyramide sociale « plus haute et plus pentue ». Les écarts de revenus plus marqués se traduisent par des différences de statuts plus manifestes et renforcent l’inégalité comme élément déterminant du statut social, alors que l’éventail des biens permettant d’afficher son statut s’élargit à son tour. Les épidémiologistes s’intéressent beaucoup à nos maux psychologiques liés aux troubles sociaux. Dépression et anxiété sont les maladies des sociétés inégalitaires, tout comme le narcissisme et l’autoglorification. La dépression touche 350 millions de personnes sur la planète selon l’OMS. Elle frappe majoritairement les femmes et particulièrement les jeunes. Les troubles mentaux sont plus courants chez les plus pauvres, mais ils ne leur sont pas réservés – la dépression est dotée d’un fort gradient social ! Mais c’est également le cas d’autres troubles psychotiques : « un accroissement de la part du revenu qui finit dans les poches du 1% le plus fortuné se traduit par un gonflement du nombre de victimes d’hallucinations, d’états délirants ou d’illusions de contrôle mental… » L’inégalité détériore la santé mentale et affecte notre état psychique et la qualité de nos relations sociales. Une étude souligne même que les habitants des sociétés inégalitaires estiment, assez naturellement, avoir globalement moins de contrôle sur leur vie, même si bien sûr les plus riches ont un plus fort sentiment de contrôle que les plus pauvres. Des effets de l’inégalité sur la cohésion sociale Plusieurs études soulignent que dans les pays les plus inégalitaires, riches comme pauvres sont moins disposés à aider leurs prochains. La participation citoyenne à des associations sportives comme politiques ou professionnelles est nettement plus faible dans les sociétés inégalitaires. Pour les chercheurs, l’intensification de la menace d’évaluation sociale nous coupe de la vie sociale, car celle-ci produit un trop grand stress. « Les sociétés inégalitaires se fragmentent davantage à mesure que les distances sociales s’accroissent. Les individus se mettent en retrait, sont moins amicaux avec leurs voisins, plus soucieux des apparences et inquiets de faire mauvaise impression… » L’inégalité affecte directement la vie politique et la vie sociale. Donald Trump a réalisé ses meilleurs scores dans les États où les problèmes de santé étaient les plus forts… des États marqués par les plus fortes inégalités de revenus ! L’épidémie de narcissisme qu’avaient constaté les psychologues Jean Twenge et Keith Campbell dans leur livre paru en 2009 soulignent combien l’estime de soi, si valorisée dans nos sociétés, est à la pointe de la lutte pour la survie sociale. Et avec elle, son lot de consumérisme débridé… Mais ce narcissisme vire vite au défaut d’empathie, voire au mépris, comme le pointait la sociologue Susan Fiske dans Envy Up, Scorn Down. Les gens au statut social plus élevé se comportent moins bien avec les autres. Et la moindre générosité des plus riches est encore plus forte dans les États les plus inégalitaires. L’entraide qu’évoquaient Pablo Servigne et Gauthier Chapelle n’est pas également distribuée. Mais pourquoi alors ne nous opposons-nous pas plus à l’inégalité ? Certainement parce que nos stéréotypes sociaux sont ambivalents et que nous avons besoin d’excuses pour rendre le monde tolérable, avancent les chercheurs. Plus l’inégalité se creuse, plus nous avons tendance à la justifier. Plus les statuts sociaux se différencient et plus nous avons tendance à penser que notre statut relève de notre seule responsabilité. Nous avons également démultiplié les fausses solutions pour supporter cette pression sociale. Alcool, shopping, travail, drogue, chirurgie esthétique… Nous sommes dans ce que le psychologue Bruce Alexander appelle, la globalisation de l’addiction, ce moment où les comportements excessifs sont plus fréquents et les objets d’addiction plus nombreux, comme autant de réponses à ce sentiment de dislocation, d’aliénation et de déconnexion sociale. Les comportements addictifs sont profondément liés à la perte du lien social. Nous fuyons notre moi (Escaping the self), comme le soulignait le psychologue Roy Baumeister dès les années 90. Les formes mêmes de nos sociabilités qu’il nous reste semblent prendre des aspects de plus en plus délétères, comme l’illustre l’alcoolisation excessive qui précède nos sorties, nos compulsions alimentaires ou commerciales. Les dépenses publicitaires elles-mêmes semblent corrélées aux inégalités ! « Le matérialisme nous rend malheureux. Mais la réciproque est aussi vraie : être malheureux nous rend matérialistes. » La boucle de rétroaction de l’inégalité ressemble à la roue d’une cage de hamster ! Aux origines de nos anxiétés Dans les sociétés où règnent de grands écarts de revenus, la vie locale est indigente. Nous ne vivons plus au sein de communautés solidement ancrées, parmi des gens qui se connaissent depuis toujours. Nous vivons majoritairement au milieu de personnes qui nous sont étrangères ce qui explique que les apparences et les premières impressions deviennent déterminantes. Les deux chercheurs reviennent également longuement sur les raisons qui déterminent notre sensibilité sociale. Ils soulignent que notre environnement et nos relations ont été de puissants facteurs de sélection. Contrairement aux primates, nos cerveaux sont beaucoup plus gros, et notamment le néocortex, la couche externe celle dont l’expansion est la plus récente à l’échelle de l’évolution. Or, ce néocortex est plus développé chez les espèces les plus sociales expliquait l’anthropologue Robin Dunbar dès 2002 dans un livre collectif dirigé par le primatologue Frans de Waal. Les relations sociales exigent un effort mental d’autant plus grand que la taille du groupe social augmente. Mais, les chasseurs-cueilleurs, contrairement aux préhumains, s’organisaient en sociétés égalitaires et non pas au sein de hiérarchies de dominance. La nourriture y était partagée. L’accès aux partenaires sexuels n’y était pas un droit lié au rang, comme chez les primates. En s’appuyant notamment sur les travaux de l’anthropologue et primatologue Christopher Boehm, les chercheurs rappellent que nous avons vécu pendant 200 à 250 000 ans dans des sociétés bien plus égalitaires qu’on le pense, où les individus agissaient de concert face à la moindre menace d’autoritarisme (c’est aussi l’une des thèses des anthropologues David Graeber et David Wengrow dans leur article « Comment changer le cours de l’histoire » qui soulignent que, contrairement à ce que l’on pense, les humains ont longtemps vécus en groupes égalitaires plutôt qu’en bande sous l’autorité de chefs). Pour Boehm, le passage de relations hiérarchiques à des relations fondées sur l’égalité aurait donné naissance à la moralité telle que nous l’entendons aujourd’hui, faite d’un côté d’entraide et de partage et aussi de stratégies de contre-domination à l’encontre des comportements antisociaux. L’économie comportementale souligne elle aussi combien nous avons une préférence pour le partage et la coopération (et une aversion pour l’injustice et l’inégalité). Nos motivations sont profondément sociales. Si nous cherchons l’approbation d’autrui, c’est avant tout pour montrer que nous sommes quelqu’un avec qui coopérer. L’inégalité, les hiérarchies et la compétition ne sont donc pas des caractéristiques humaines. Le désintéressement, la générosité et la gentillesse ne sont donc pas les tares d’individus inadaptés, mais au contraire, des caractéristiques prosociales qui nous distinguent. Notre vulnérabilité à l’anxiété sociale puise à la fois dans le legs des hiérarchies de dominance préhumaines et de notre passé égalitaire préhistorique. La méritocratie L’OCDE, le FMI, tout comme le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz (notamment dans son bestseller, Le prix de l’inégalité) ont souligné que l’inégalité ne stimulait pas la croissance économique. Au contraire. Le ruissellement n’existe pas. Elle ne stimule pas non plus la mobilité sociale « qui décline là où les écarts de revenus sont les plus grands », ni l’innovation (le nombre de brevets par habitant est en fait légèrement plus élevé dans les pays égalitaires). Le fait que nous n’ayons pas les mêmes aptitudes, intelligences, talents… est un puissant argument pour justifier l’organisation hiérarchique de la société. Or, rappellent étude après étude les sociologues, psychologues et anthropologues, la réalité est inverse. Ce ne sont pas les aptitudes qui assignent une place dans la hiérarchie sociale, c’est la position sociale qui détermine les capacités, les intérêts et talents d’un individu. Là encore, Pickett et Wilkinson accumulent les références : la scolarité précoce a plus d’impact que la génétique sur le devenir des enfants. Et la position sociale des parents a bien plus d’importance sur le statut social de leurs enfants que n’importe quelle aptitude innée. Le revenu du foyer a un impact plus puissant sur le développement cognitif d’un enfant de 3 ans que le fait d’avoir une mère dépressive ou que le type de configuration familiale du foyer. Le stress de la pauvreté et l’absence de stimulation mentale qui caractérisent les familles pauvres ont bien plus d’impacts sur le développement cognitif des enfants que tous les autres critères. « Les inégalités scolaires sont bien plus une conséquence qu’une cause des inégalités socioéconomiques ». L’éducation accroît les performances initiales des enfants nés dans des familles plutôt favorisés, la pauvreté fait chuter les bonnes performances initiales des enfants nés dans des familles défavorisées. Comment construire une société plus égalitaire ? Pour Pickett et Wilkinson, notre lutte contre nombre de maux sociaux auxquels nous peinons à faire échec, échoue du fait qu’on ne s’attaque pas aux bonnes causes. Des chercheurs ont souligné qu’améliorer le revenu par habitant avait peu d’effets sur les performances scolaires. Privilégier l’éducation dans l’allocation des dépenses publiques également. Ni la croissance économique ni une meilleure redistribution de ses fruits au profit de l’éducation ne parviennent à régler le problème de l’échec scolaire. Preuve que le problème n’est peut-être pas là où on l’on croit ! Certains systèmes scolaires parviennent néanmoins à limiter mieux que d’autres les ravages de l’inégalité sociale, à l’image de la Finlande où la compétition et la sélection sont bien moins exacerbées qu’ailleurs. Mais quelle égalité faut-il atteindre ? L’indicateur de progrès véritable (IPV), l’une des nombreuses mesures du bien-être qui repose sur des critères économiques, souligne que croissance économique et croissance du bien-être ne vont plus de de pair. A partir du moment où les courbes du PIB et du bien-être se séparent, la poursuite de la croissance économique perd toute justification rationnelle. Comme le pointe l’économiste écologique Tim Jackson dans son livre Prospérité sans croissance, l’enjeu est désormais de faire progresser la qualité de vie sans croissance et ce d’autant que celle-ci a largement accompli sa mission d’amélioration de la qualité de vie. Pour Pickett et Wilkinson, notre organisation sociale fondée sur l’inégalité systématique ressemble à un absurde vestige du passé. La hausse du niveau de vie matériel n’accroîtra plus notre bien-être : il faut désormais améliorer nos relations et le contexte social dans lesquelles elles s’inscrivent. Une évolution parfaitement compatible avec le défi environnemental avancent-ils. « Le choix auquel nous sommes confrontés est simple. Nous pouvons développer nos sociétés dans leur dimension verticale et hiérarchique, ou bien dans leur dimension horizontale et égalitaire. Nous pouvons renforcer les inégalités et les divisions de statut qui nous séparent, ou bien les réduire. Nous pouvons accentuer les signes extérieurs de supériorité et d’infériorité, ou bien les atténuer pour améliorer la qualité de nos relations sociales et le bien-être général. » Pour les chercheurs, les pays les plus égalitaires ont un ratio où les revenus des 20% les plus riches représentent entre 3 et 4 fois ceux des 20% les plus pauvres. Ce pourrait être un bon objectif pour les pays les moins égalitaires. Ils soulignent que les variations des niveaux d’inégalités au XXe siècle n’ont pas été le fait de forces de marchés hors de contrôle, mais bien de processus idéologiques et politiques. Le problème est que l’inégalité se traduit aussi par une polarisation politique accrue. Paul Krugman soulignait qu’il n’était pas rare dans les années 60 et 70 d’assister à un chevauchement des votes républicains et démocrates au Congrès américain. Depuis que les inégalités sont reparties à la hausse, cela ne se produit plus jamais. La résurgence des extrêmes tient pour beaucoup à la progression des valeurs antisociales des sociétés inégalitaires. Pour les deux chercheurs, il est tant de redistribuer mieux les revenus. Mais pour l’instant, cette redistribution a trop reposé sur des actions fiscales et des ajustements de prestations sociales. Pour modifier structurellement l’inégalité, il faut pouvoir développer la démocratie économique, insistent-ils. Si le secteur public a su très bien contenir les écarts de revenus, ce n’est pas le cas du secteur privé, où les écarts ont explosé. Pour inverser ce processus, avancent-ils, nous avons besoin de garde-fous plus efficaces favorisant la représentation salariale au sein des conseils d’administration, des comités de rémunération, développer les structures économiques démocratiques comme les coopératives de salariés (où les écarts de revenus sont bien plus réduits), à faire entrer des membres de la société civile et des consommateurs dans les conseils d’administration… Les entreprises intégrant une représentation salariale pourraient bénéficier de taux d’imposition plus faibles et ces conditions être intégrées aux marchés publics par exemple. Pour les deux auteurs, l’enjeu pour demain est de créer un environnement social de qualité, ce qui est loin d’être un projet de société dénué d’intérêt, au contraire. « En réduisant les écarts de situation matérielle au sein d’une population nous pouvons améliorer le bien-être et la qualité des relations sociales à grande échelle. Les faits l’attestent : plus une société est égalitaire, plus la vie locale et associative est intense, et plus la confiance grandit entre ses membres. L’angoisse du statut recule, en même temps que le consumérisme et la violence, tandis que les relations sociales se font moins tendues. Tant que nous refuserons de reconnaître ce lien causal, nos appels à l’avènement d’une société meilleure où régneraient la bienveillance et la tolérance mutuelle resteront des voeux pieux. Ce n’est pas à fore d’exhortations que les gens vont cesse de se juger les uns les autres en fonction de leur apparence, ou de penser que la richesse d’une personne révèle sa valeur intrinsèque. Nos réponses à la hiérarchie sont trop profondément inscrites en nous pour pouvoir être simplement désactivées, en faisant fi de l’ampleur des inégalités. Lorsque vous avez des gens qui sont littéralement pétrifiés par leur sentiment d’infériorité, les encourager à se prendre en main, à reprendre confiance, à se faire des amis et à participer à la vie commune n’aura guère d’effets. Il est tout aussi vain d’espérer briser la connexion entre les disparités de revenus et certaines tendances que nous avons décrites – par exemple, la conviction d’être supérieur ou inférieur aux autres, ou le dédain affiché pour « ceux d’en bas ». Si nous voulons changer les choses, nous devons nous attaquer aux facteurs qui déclenchent toutes ces réactions en nous. » * Pickett et Wilkinson livrent un ouvrage éminemment politique. Certes, cette démonstration paraîtra à beaucoup à charge, mais l’accumulation d’études interroge. Si l’inégalité n’est peut-être pas la mère de tous les maux, leur ouvrage a l’intérêt de poser une question que beaucoup négligent ou minimisent. L’inégalité est-elle la part structurelle et invisible des problèmes de nos sociétés nanties – la corrélation qui explique tout ? Pour les deux chercheurs, nous sommes face à un choix de société, et cela semble encore plus vrai pour les Français que pour les Britanniques tant nous sommes souvent, dans les graphiques qu’ils présentent, au milieu, comme à la croisée des chemins, hésitants entre devenir un pays plus inégalitaire comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, ou plus égalitaire comme le Japon ou les pays scandinaves. Ici, le seul ruissellement qu’on constate dans la compétition plutôt que la coopération, c’est bien le délitement du social. Or, s’attaquer aux inégalités pour redonner du sens à la vie sociale est assurément une perspective bien plus stimulante que prolonger la voie sans fin de l’individualisme… Assurément, l’analyse comme le remède que pointent les chercheurs sont assurément des pistes pour transformer le monde bien plus stimulantes que la perspective de voir s’épanouir et se renforcer les inégalités. Hubert Guillaud
Maladie, violence, mal-être… les épidémiologistes britanniques Kate Pickett et Richard Wilkinson détaillent dans un livre les conséquences des inégalités sociales.
http://internetactu.blog.lemonde.fr/2019/06/05/linegalite-est-elle-au-coeur-des-problemes-de-societe/
mlsum-fr-632
Dans la cage d’escalier d’un immeuble de la cité HLM de Bellevue, rue Albert-Perriol à Chambéry, les voisins sont encore sous le choc après la mort, mercredi 3 juillet, d’un père de famille, expulsé de l’appartement qu’il squattait depuis presque un an avec son épouse et leurs quatre enfants. Lakhdar Bey, un Algérien de 50 ans, souffrait de graves problèmes cardiaques. « Pourquoi n’a-t-il pas accepté les mains tendues ? », déplore une voisine. « Je suis toujours sous le choc », raconte un autre habitant de l’immeuble, qui a accueilli chez lui la veuve et les enfants juste après le drame. Une scène le hante : « La petite fille de Lakhdar se tapait la tête contre le mur et son grand frère pleurait. » Près de l’immeuble voisin, un groupe d’amis regarde une vidéo de l’interpellation. On y voit Lakhdar Bey menotté, emmené vers une voiture de police, les jambes ballantes. « Ils l’ont traîné comme un chien », s’insurge Peter. Son ami Fabio cherche à comprendre « comment on peut mourir pour un appartement délabré », avant de conclure : « Pour sa femme et ses enfants. » Article réservé à nos abonnés Lire aussi Avec les vacances scolaires, les expulsions locatives de familles sans solution de relogement reprennent Il est environ 14 h 30, ce mercredi, lorsque Lakhdar Bey reçoit un appel de son épouse : des huissiers et des policiers sont à sa porte. Déjà expulsés à « deux reprises, les 3 et 14 juin 2019 », selon le parquet, les Bey réinvestissaient après chaque intervention l’appartement voué à la démolition. Rapidement, l’homme arrive sur les lieux pour s’opposer à l’expulsion. Il s’énerve contre l’huissier, puis « casse des vitres et se blesse », a indiqué Laetitia Philippon, directrice départementale de la sécurité publique. Les policiers, craignant « qu’il puisse se faire du mal » en présence des enfants, l’interpellent. Plusieurs personnes tentent de le calmer et alertent la police sur le fait qu’il est malade. Arrivé au véhicule de police, Lakhdar Bey est pris d’un malaise et meurt, « malgré les tentatives de réanimation des policiers et des secours ». L’équipe « l’a maîtrisé avec trop de poigne », juge un habitant de l’immeuble. « Les policiers ne pouvaient pas imaginer, souligne Mme Philippon, que malade signifiait pathologie cardiaque. » Le procureur de la république de Chambéry a saisi l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la police des polices, afin de déterminer les causes de la mort et le rôle de l’équipe. Pour l’heure, l’autopsie a conclu à « une dysfonction cardiaque et n’a relevé aucune trace de coups ou de violences », selon le parquet.
La mort par malaise cardiaque de Lakhdar Bey lors de son expulsion mercredi 3 juillet à Chambéry (Savoie) interroge voisins, bailleur social et policiers.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/08/chambery-la-mort-d-un-pere-de-famille-pendant-son-expulsion-seme-le-trouble_5486792_3224.html
mlsum-fr-633
C’est une constante du débat éducatif : on demande rarement aux outils déjà admis dans les classes de justifier de leur efficacité passée, quand bien même elle pourrait être tenue pour discutable à l’aune des piètres résultats de notre système éducatif dans les enquêtes internationales. Les nouveaux entrants, en revanche, doivent montrer patte blanche quant à leur efficacité future. La plume métallique au XIXe siècle, comme le stylo plume et le stylo Bic au XXe, en est passée par là, à une époque où l’élégance de la calligraphie était tenue pour expression indissociable de celle de la pensée, et où la maîtrise de cette compétence valait sauf-conduit sur le marché de l’emploi. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Numérique éducatif : le temps de l’appropriation chez les enseignants Les outils numériques sont à leur tour sommés de prouver qu’ils amélioreront les apprentissages et, comme de bien entendu, ils peinent à convaincre. La raison en est simple : les données probantes que la recherche parvient à collecter sont forcément fragiles en matière éducative – le fonctionnement d’une salle de classe ne répond pas à des lois physiques, chimiques ou biologiques universelles. Interactivité Cela vaut aussi bien pour les études qui indiquent une amélioration des performances liées à l’usage du numérique, que pour celles qui en montrent les limites ou les effets délétères. Exemple emblématique : le tableau blanc interactif (TBI), qui sera utilisé ici comme un simple substitut au vidéoprojecteur, là comme support à d’intenses séances de travail collaboratif, pour la simple raison qu’au plan pédagogique, l’interactivité procède de l’enseignant, pas du tableau. Que conclure, in abstracto, de l’efficacité du TBI, si ce n’est qu’elle repose avant tout sur l’usage qu’en fait le professeur ? Pour l’OCDE, les enseignants doivent être aux avant-postes de l’élaboration et de la mise en œuvre des outils numériques Cette conclusion est d’ailleurs la seule sur laquelle s’accordent les enquêtes nationales ou internationales. L’Inspection générale de l’Education nationale indique ainsi dans un rapport de novembre 2017 que « là où des résultats [positifs] pu être constatés (…) les établissements n’ont pas seulement bénéficié d’un équipement plus important mais ont surtout pu développer des stratégies pédagogiques plus innovantes et plus efficaces ». Et elle revient sur la « véritable leçon » d’une étude de l’OCDE datant de 2015, arguant que « pour concrétiser les promesses du numérique, les pays doivent faire en sorte que les enseignants soient aux avant-postes de l’élaboration et de la mise en œuvre de ce changement ». Lire aussi Au lycée français de Zurich, la tablette a réussi son examen de passage Là réside tout l’intérêt de la démarche entreprise depuis trois ans par la MGEN avec ses trophées EdTech, dont Le Monde est partenaire, et résumée en ces termes par son président, Roland Berthilier : « Permettre aux collègues, conseillés par d’autres collègues, de s’approprier les outils numériques de manière éthique, raisonnée et encadrée. » Dit autrement : en matière d’éducation, la mutation numérique sera pédagogique ou ne sera pas. Les lauréats des trophées EdTech MGEN 2019 Les gagnants des Trophées MGEN EdTech 2019 ont été dévoilés lundi 14 octobre à Paris. Sur les 94 participants, 9 finalistes ont défendu leur projet face à un grand jury composé de représentants du Groupe MGEN, d’experts du secteur de l’éducation et de la formation ainsi que de personnes issues de l’écosystème EdTech. Les projets ont également été soumis aux adhérents, salariés et militants de la MGEN, pour le Prix coup de cœur. Les gagnants sont : Onzic (premier prix) Cette plate-forme permet aux lycéens de transformer leurs cours en rap. L’apprentissage est ainsi plus simple, rapide et « cool ». Onzic va prochainement être accessible aux collégiens et aux étudiants. Mila (second prix et Prix coup de cœur) Mila est un dispositif interactif musical pour les enfants atteints de troubles de l’apprentissage. Lancé par la start-up Bmotion Technologies, Mila est conçu par un collectif d’ingénieurs, de neurologues et d’orthophonistes. Les Petits Mandarins (second prix ex aequo) Conforme aux programmes de l’éducation nationale, la plate-forme interactive d’apprentissage Les Petits Mandarins aide l’enseignant à redynamiser l’enseignement du chinois qui connaît un fort taux de désengagement des apprenants. Le premier prix était doté de 15 000 euros, le second de 10 000 et le Prix coup de cœur de 10 000 euros. Ces trois projets seront également accompagnés dans leur développement pendant un an. Les autres finalistes étaient : L’Académie des entrepreneurs, Lalilo, Myfuture, Pitchboy, Pixis et United Schools. Cet article a été réalisé dans le cadre d’un partenariat avec les trophées EdTech de la MGEN.
De plus en plus présentes dans les établissements scolaires, les technologies de l’éducation suscitent un débat sur leur utilité.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/14/edtech-la-mutation-numerique-sera-pedagogique-ou-ne-sera-pas_6015492_3224.html
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exposés. Banksy et JR se partagent une influence. Un artiste qui n’est pas du même monde, quoique ayant fait lui aussi de la rue son terrain d’action, et ce, dès les années 1960. Ernest Pignon-Ernest est leur père à tous, mais le septuagénaire niçois n’a pas la popularité de ses cadets du street art. Ses collectionneurs ne se nomment pas Brad Pitt ou Paul Smith, ses prix n’alignent pas six zéros et ses abonnés Instagram ne se chiffrent pas en millions. Cet été, il expose dans la grande chapelle du Palais des papes, à Avignon. Soit 400 dessins, collages et photographies retraçant cinquante ans de vie à placarder les murs. Nulle trace pour autant d’amertume, encore moins de jalousie, chez ce vétéran bonhomme qui s’autorise à peine une mini-vacherie : « Banksy est l’archétype de l’art d’aujourd’hui, une expression du système plutôt que sa remise en cause. » Au buzz médiatique, l’érudit préfère les plumes complices du philosophe Jean-Luc Nancy et de l’écrivain Daniel Pennac ou encore la petite dédicace datant de 1977 de Francis Bacon – « Je suis votre travail avec intérêt » – qui, quarante ans après, le fait toujours rosir. Ernest Pignon-Ernest dans son atelier à Ivry-sur-Seine, le 13 juin. THOMAS CHÉNÉ POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » « Gauchiste avec une distance critique », portant toujours le col Mao, Ernest Pignon-Ernest n’a pas pour autant la rage des tagueurs anonymes qui électrisent les rames de métro. Pour ce marxiste athée marchant sur les traces du sacré, l’art est plus offrande qu’offense. Gamin, il ne jurait que par Picasso, peintre rouge et rugissant. L’autodidacte timide le dit sans ambages, il n’a pas fait de l’art pour peindre des pommes. Ce fils d’un employé des abattoirs a une conscience de classe et l’œil sur les maux du monde. L’enfant de la guerre veut réagir En 1966, alors qu’il s’active à son chevalet dans un petit village du Vaucluse, la force de frappe atomique française s’installe sur le plateau d’Albion, à moins de trente kilomètres. L’enfant de la guerre veut réagir. Mais l’ampleur du thème le paralyse. Que faire après Guernica ? Un tableau de plus lui semble « dérisoire, pas à la hauteur ». C’est in situ, dans ce magnifique paysage planté de lavandes qu’il décide d’intervenir. En se plongeant dans les photos d’Hiroshima, il tombe sur l’ombre portée d’un passant désintégré par l’éclair nucléaire, fantôme qu’il redécoupe au pochoir et dont il tapisse les rochers. Sans le savoir, il devient un pionnier du street art. Dans l’atelier d’Ernest Pignon-Ernest. THOMAS CHÉNÉ POUR « M LE MAGAZINE DU MONDE » Depuis, ses sérigraphies grandeur nature façon suaires ont tapissé les rues de Paris, Nice, Naples ou Ramallah. Rien d’impulsif dans sa méthode qui consiste à faire se rencontrer un lieu et un thème. Prenons Naples. Cette ville de cœur, il l’a arpentée de jour comme de nuit, en promeneur, bien sûr, mais aussi en lecteur, sur les pas de Virgile et d’Erri De Luca. Il lui a fallu trois mois et quatre versions déchirées avant de trouver son Pasolini assassiné, portant son propre cadavre façon Pietà.
Depuis cinquante ans, ses œuvres tapissent les murs des villes du monde entier. Inspirateur de JR ou Banksy, l’artiste français est à l’honneur au Palais des papes, à Avignon, où près de quatre cents de ses fusains, collages et photos sont exposés.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/28/avant-banksy-ou-jr-ernest-pignon-ernest-pionnier-du-street-art_5482616_4500055.html
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La première ministre néo-zélandaise, Jacinda Ardern, le 5 août à Wellington. Nick Perry / AP Si les femmes qui souhaitent avorter « disent la vérité, alors techniquement, sous nos lois, ce sont des criminelles », a déploré jeudi 8 août la première ministre néozélandaise, Jacinda Ardern (travailliste) face aux membres du Parlement. « Et je suis fondamentalement en désaccord avec cela », a martelé la première femme à diriger le pays. Elle s’exprimait avant un vote très attendu sur un projet de loi porté par son gouvernement, visant à légaliser l’avortement jusqu’à la vingtième semaine de grossesse, approuvé par 94 voix pour et 23 contre. Cela ouvre un processus législatif pour que la pratique sorte du code pénal d’ici six mois. Corriger une loi remontant aux années 1970 qualifiant l’avortement de crime faisait partie des promesses de campagne de Jacinda Ardern. La pratique n’est légale à ce jour qu’en cas d’inceste, d’« anomalie mentale », d’anomalie fœtale, ou de risque pour la santé physique ou mentale de la femme enceinte. Or, c’est ce dernier argument qui est invoqué dans 97 % des cas. « Il faut mentir à un docteur pour avoir accès à un soin médical », résume Terry Bellamak, présidente et porte-parole de l’association pour le droit à l’avortement Abortion Law Reform Association of New Zealand (Alranz). L’Organisation des nations unies (ONU) a d’ailleurs dénoncé à plusieurs reprises la législation néo-zélandaise « alambiquée », rendant les femmes « dépendantes de l’interprétation bienveillante d’une règle qui annule leur autonomie ». En Nouvelle-Zélande, environ 13 000 femmes ont été autorisées à pratiquer un avortement en 2017, soit 13,7 avortements pour 1 000 naissances – une proportion similaire à la France (14,4 pour 1000 en 2017, selon l’Institut national d’études démographiques). Cependant, elles ont dû pour cela convaincre au préalable deux médecins que leur grossesse les mettait en danger physiquement ou mentalement. « La plupart des gens en Nouvelle-Zélande pensent qu’ils ont accès à l’avortement, ce qui est vrai en soi, mais ils ne savent pas que la loi ne reflète pas la pratique. La jeune génération de Néozélandaises est choquée de découvrir la situation », explique Alison McCulloch, journaliste et auteure d’un ouvrage sur le combat pour le droit à l’avortement dans le pays (Fighting to Choose : The Abortion Rights Struggle in New Zealand, Victoria University Press, 2013, non traduit). « Faire la différence » En dépit des apparences, la société et la sphère politique néozélandaises « demeurent sous bien des aspects très conservatrices, que ce soit en termes de racisme ou de droits des femmes », explique Terry Bellamak. Si le projet de décriminalisation fait débat dans l’archipel, c’est que « divers groupes ont une connexion plus traditionnelle à l’Eglise et à la religion, dont certaines communautés polynésiennes », décrit-elle. « De nombreuses églises opposées à l’avortement s’organisent et disposent de ressources pour en empêcher l’accès », ajoute-t-elle, évoquant des appuis étrangers, avec notamment la venue d’évangéliques américains.
La première ministre veut décriminaliser l’avortement en modernisant une législation qui contraint les femmes à mentir à leur docteur pour avoir accès à la pratique.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/08/10/jacinda-ardern-veut-mettre-fin-aux-mensonges-sur-l-avortement-en-nouvelle-zelande_5498334_3210.html
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Les archéologues se lancent à la recherche de la dépouille du général en se basant sur des sources d’époque pour deviner l’emplacement de sa tombe. DENIS MAXIMOV / AFP De lui, Napoléon Bonaparte a écrit qu’il « était un des officiers les plus distingués de l’armée ; il était recommandable par ses qualités morales autant que par sa bravoure et son intrépidité ». Son supérieur, le maréchal Davout, a pleuré sa mort. Des analyses ADN viennent de confirmer qu’une équipe d’archéologues franco-russe avait bien retrouvé la dépouille du général d’Empire Charles Etienne Gudin de La Sablonnière, mettant fin à un mystère vieux de plus de deux cents ans, rapportait Le Point, lundi 4 novembre. Charles Etienne Gudin de La Sablonnière avait été fauché le 19 août 1812 par un boulet de canon russe lors de la bataille de Valoutina Gora, à 20 kilomètres à l’est de Smolensk, ville russe près de l’actuelle frontière avec le Bélarus. Il avait été amputé de la jambe gauche ; Napoléon, qui l’avait confié aux soins de son médecin personnel, lui avait rendu visite et l’avait pris dans ses bras juste avant qu’il meure de la gangrène. Son cœur avait été prélevé puis conservé dans sa tombe au cimetière parisien du Père-Lachaise (40e division), à Paris. Recherches basées sur des récits d’époque En mai 2019, une équipe d’archéologues franco-russe entreprend des recherches pour retrouver son corps, dont personne ne sait alors où il se trouve vraiment. Pierre Malinowski, président de la Fondation pour le développement des initiatives historiques franco-russes, est à l’initiative de cette quête. Cet historien et ancien militaire français est l’ex-assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen et d’Aymeric Chauprade à Bruxelles. Les archéologues se lancent à la recherche du général en s’appuyant sur des sources d’époque. L’équipe suit d’abord une piste, d’après les mémoires du maréchal Davout, qui avait organisé les funérailles de son subalterne, dans un fort proche de Smolensk. D’après le maréchal, un mausolée avait été formé par plusieurs fûts de canon dressés vers le ciel pour en soutenir le toit. Des fusils brisés lors des combats avaient été posés en forme d’étoile sur le cercueil. Mais cette piste se révèle une impasse. Blessure mortelle du général Gudin à la bataille de Valoutina Gora, par Henri Félix Emmanuel Philippoteaux. Les archéologues se déplacent ensuite à 1 kilomètre au sud-est pour vérifier le témoignage du comte de Ségur, qui avait assisté aux funérailles du général Gudin, et selon lequel la tombe se trouvait « au sein de la citadelle de Smolensk, à droite de l’entrée ». Le 1er juillet, sous une ancienne piste de danse dans un parc, ils tombent finalement sur les débris d’un cercueil en bois. Quand l’équipe ouvre la tombe quelques jours plus tard, ses membres découvrent un squelette avec le crâne incliné à gauche, reposant sur un support de tête en bois. Surtout, le corps n’a qu’une jambe. « Dès que j’ai vu un squelette qui n’avait qu’une jambe, j’ai compris que c’était notre homme », raconte la chef de l’équipe d’archéologues, Marina Nesterova. Six dépressions rondes dans le sol sont en outre visibles autour de la tombe, évoquant les traces des fûts de canons du mausolée, mentionné par le maréchal Davout. Quelques jours plus tard, une expertise des ossements à Moscou confirmera que « la dépouille est celle d’un homme âgé de 40 à 45 ans, à qui il manque un fragment de tibia à la jambe gauche ». Sur le plan physique, tout concorde, affirment alors au cours d’une conférence de presse dans les locaux de la Société russe d’histoire militaire des spécialistes russes et français parmi lesquels Christian Bourdeille, président du Souvenir napoléonien, société d’études historiques établie à Paris. Pour confirmer définitivement son identité, l’ADN du squelette a ensuite été comparé avec celui de membres de sa famille : son frère Pierre César Gudin des Bardelières (1775-1855), également général d’Empire, inhumé à Montargis (Loiret), et celui de sa mère. « Dès que j’ai vu un squelette qui n’avait qu’une jambe, j’ai compris que c’était notre homme », raconte la chef de l’équipe d’archéologues, Marina Nesterova. DENIS MAXIMOV / AFP Espoir d’une cérémonie aux Invalides Noble, Charles Etienne Gudin de La Sablonnière avait fait le choix de la Révolution, comme le futur empereur, qu’il avait rencontré au collège militaire de Brienne et où ils se sont liés d’amitié. A l’époque de la mort du général, en août 1812, l’armée française était en pleine avancée et rien ne laissait présager le désastre de la campagne russe. Avec la prise de Smolensk, le 16 août, Napoléon s’était ouvert la voie vers Moscou, 400 kilomètres plus à l’est. Mais lors de la bataille de Valoutina Gora, l’armée russe a échappé au piège des troupes françaises, ce qui lui a permis de poursuivre sa retraite vers Moscou. Pierre Malinowski espère que le corps du général sera rapatrié et qu’une cérémonie officielle sera organisée en 2020 aux Invalides en présence des présidents français et russe. Il ne cache pas le soutien de Vladimir Poutine qui, selon lui, « a beaucoup apprécié le projet ». Manière pour le chef du Kremlin, en jouant ces bons offices, d’aider à redorer l’image de Moscou, en pleine crise avec les pays occidentaux, à un moment aussi où le président français Emmanuel Macron appelle à « repenser [les] liens avec la Russie ». Notre analyse : Macron assume son virage russe Fin août, Albéric d’Orléans, le descendant du général Gudin, avait expliqué à Radio France que le général avait « toujours été très présent dans le souvenir de la famille. Napoléon avait même écrit une lettre de condoléances à l’épouse du général, chose qu’il faisait très rarement ». Napoléon avait accordé à sa veuve une pension de 12 000 francs ainsi qu’une dotation de 4 000 francs pour chacun de ses enfants avec le titre de baron. Albéric d’Orléans ajoutait : « Nous espérons bien qu’il pourra être accueilli en France avec les honneurs qu’il mérite et obtenir sa sépulture aux Invalides. »
La dépouille du général Charles Etienne Gudin de La Sablonnière, tué à proximité de Smolensk, en 1812, pourrait être transférée aux Invalides.
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/11/07/le-corps-d-un-general-de-napoleon-identifie-en-russie-deux-cents-ans-apres-sa-mort_6018389_4832693.html
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Rafael Nadal célèbre son douzième titre à Roland-Garos, dimanche. Christophe Ena / AP Rafael Nadal s’est offert, dimanche 9 juin, un douzième sacre historique à Roland-Garros en battant l’Autrichien Dominic Thiem, numéro 4 mondial et déjà finaliste il y a un an, en quatre sets (6-3, 5-7, 6-1, 6-1). Il devient le premier joueur de l’histoire, hommes et femmes confondus, à remporter douze fois le même titre majeur. A 33 ans, l’Espagnol compte désormais dix-huit couronnes en Grand Chelem à son palmarès et revient à deux longueurs du record détenu par Roger Federer (20). « Félicitations à Dominic [Thiem], j’espère qu’il aura la chance de remporter le tournoi un jour » a commencé par déclarer le vainqueur du tournoi et numéro 2 mondial, avant de revenir sur ses douze victoires depuis 2005 : « C’est vraiment incroyable, jouer ici était déjà l’accomplissement d’un rêve pour la première fois en 2005, et je n’aurais jamais pensé revenir ici en 2019. » « J’essaierai encore la prochaine fois » Face à Dominic Thiem, qui l’avait battu à Barcelone sur terre un mois avant le début de la quinzaine, l’Espagnol n’a fléchi que quelques minutes, pour céder – un peu à la surprise générale – le deuxième set (7-5). Un moment d’inattention qui l’a sans doute piqué au vif tant les deux sets qui ont suivi ont été difficiles pour l’Autrichien, peut-être aussi fatigué par sa demi-finale terminée la veille face à Novak Djokovic. Lire aussi : Dominic Thiem face à la montagne Nadal Dominic Thiem a pourtant tout tenté en début du match, mettant une pression que Nadal a rarement connu Porte d’Auteuil. Les quarante premières minutes du match ont même par moments atteint des sommets d’intensité. Un rythme que l’Autrichien n’a pas pu tenir sur la longueur, victime d’une baisse de régime après le deuxième set. Un dernier coup droit de l’Autrichien trop long a mis fin à la démonstration après trois heures de match, envoyant Nadal à terre, les bras en croix sur le court Philippe Chatrier. « J’essaierai encore la prochaine fois », a glissé en souriant l’Autrichien lors de la remise de prix. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Rafael Nadal : « Federer est un rival unique, peut-être le meilleur joueur de l’histoire »
L’Espagnol n’a cédé qu’un set au numéro 4 mondial et s’est imposé (6-3,5-7,6-1,6-1), dimanche, pour décrocher son douzième titre Porte d’Auteuil.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/09/rafael-nadal-remporte-roland-garros-pour-la-douzieme-fois-apres-sa-victoire-en-finale-contre-dominic-thiem_5473957_3242.html
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Andrew Bolton, Anna Wintour, Cardi B, Kollin Carter et Elsa Hosk en « front row » du défilé Thom Browne, le 29 septembre, durant la Fashion Week, à Paris. REX/SIPA Matière grise Nous voilà donc en front row du défilé du créateur new-yorkais Thom Browne, au milieu des puissants de ce monde. Qui est qui ? De gauche à droite, on reconnaît Andrew Bolton, conservateur en chef du département mode du MET, Anna Wintour, l’illustre rédactrice en chef du Vogue US, la rappeuse Cardi B, son styliste Kollin Carter et, enfin, le mannequin Elsa Hosk. Pourquoi trois d’entre eux sont-ils habillés de gris ? Parce que le gris est la couleur fétiche de Thom Browne et qu’il n’y a pas de mal à honorer le travail d’un créateur quand on assiste à son défilé. Sauf quand on est Anna Wintour, évidemment. Goutte d’ivresse Si Cardi B semble ici esquisser le geste caractéristique de celle qui accepte un dernier verre, « mais un petit », « pour la route », ce n’est peut-être pas tout à fait un hasard. Sachez, en effet, que la rappeuse originaire du Bronx se fit longtemps appeler Bacardí, comme la marque de rhum, un clin d’œil au prénom de sa sœur, Hennessy, comme la marque de cognac. C’est pour ne pas s’attirer d’ennuis avec le fameux alcoolier qu’elle finit par transformer son nom de scène en Cardi B au moment d’accéder à la célébrité. Pépin assumé Entre ses jambes, Andrew Bolton a posé un parapluie. Pas n’importe lequel : l’iconique parapluie bleu du Ritz. L’occasion de faire un peu d’histoire et de chauvinisme. Car le parapluie est une invention française, datant de 1710, qui eut du mal à s’imposer à l’étranger. Ainsi, lorsque Jonas Hanway, après un voyage dans l’Hexagone, fut le premier Anglais à se balader dans les rues de Londres avec un parapluie, un cocher l’agressa au prétexte que cet objet dénotait une francophilie excessive et une fragilité de caractère coupable. Visiblement, cela, Andrew Bolton, anglais de naissance, l’assume complètement. Soleil intérieur Si Andrew Bolton se balade avec un parapluie, Anna Wintour porte, comme à son habitude, des lunettes de soleil. « Elles m’aident quand je me sens crevée et somnolente », confia-t-elle un jour à leur sujet, démontant ainsi l’assertion du célèbre humoriste américain Larry David selon laquelle « seuls les abrutis et les aveugles portent des lunettes de soleil en intérieur ». Les gens fatigués aussi, cher Larry. Mise à sac C’est un gros sac que Cardi B tient en main. Un sac « docteur » Thom Browne qui a suscité un début de polémique après que la rappeuse s’est vantée sur Instagram de l’avoir acheté pour 60 000 dollars, alors que la marque le propose à la vente en ligne pour 41 000 dollars. Combien vaut vraiment ce sac ? Muni d’une calculatrice et sachant que, sur le marché actuel des peaux exotiques, le cuir de crocodile vaut 9 dollars au centimètre carré, vous pouvez vous lancer dans le calcul. Attention, il n’est pas exclu que vous constatiez que la marge de la marque est très confortable. Mais c’est aussi cela, la Fashion Week.
… mais pas pour notre chroniqueur Marc Beaugé. Le 28 septembre, à Paris, dans le cadre de la Fashion Week, avait lieu le défilé Thom Browne à l’École des Beaux-Arts. La photo en dit plus que de longs discours.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/12/a-la-fashion-week-de-paris-c-est-peut-etre-un-detail-pour-vous_6015288_4500055.html
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Le chef de file du PiS, Jaroslaw Kaczynski, le 8 octobre à Varsovie. Czarek Sokolowski / AP Le siège du conseil régional de la voïvodie de Grande-Pologne, à Poznan, a été construit à l’image de ce que représente cette région pour le pays : un bâtiment ultramoderne, lumineux, au décor presque futuriste. La ville de Poznan et sa région font partie des territoires dont l’économie est la plus dynamique du pays, et où la longue domination germanique, au cours de l’histoire, a laissé l’empreinte d’un fort esprit d’entrepreneuriat au sein de la population. C’est un bastion historique des libéraux de la Plate-forme civique (PO), où ils gouvernent main dans la main avec les conservateurs paysans du PSL depuis la chute du communisme. Mais les temps changent : depuis les législatives de 2015, le parti ultraconservateur Droit et justice (PiS), qui a pris le pouvoir à Varsovie, a fait une poussée importante dans ces terres. A moins de trois jours des élections législatives, où le parti de Jaroslaw Kaczynski fait office de grand favori, les pronostics électoraux en Grande-Pologne donnent de nombreuses circonscriptions partagées à moitié entre la majorité populiste et l’opposition de centre droit. Un phénomène sans précédent, dans une région où le taux de chômage moyen est de 2,8 %, de 1,1 % pour la seule ville de Poznan. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Pologne, le PiS au pouvoir fait campagne dans ses fiefs ruraux Pour Marek Wozniak, président PO du conseil régional de Grande-Pologne depuis 2005, « le PiS a réussi à élargir son électorat de manière très inattendue ». Selon lui, ce n’est pas un clivage de classe sociale, mais plutôt « d’approche de vie » : « Ceux qui ont la possibilité de mener leur vie à leur guise grâce à leur activité économique, leurs qualifications, sont moins attirés par le discours sur le “fort Etat-providence” offert par le PiS. » Pour M. Wozniak « ce phénomène touche ceux qui ressentent un retard de niveau de vie par rapport à d’autres communes ou villes. Le PiS promet de réduire ces inégalités ». « Renversement des convictions politiques » Pour se rendre dans les coins reculés de Grande-Pologne, il faut rouler quelques dizaines de kilomètres sur des autoroutes, ce qui, en Pologne, est loin d’être le cas partout. La commune de Granowo, à 45 kilomètres de Poznan, a été l’un des territoires où la poussée des conservateurs a été le plus spectaculaire. La commune compte 5 000 habitants répartis en une quinzaine de hameaux, séparés par de vastes étendues agricoles. Ici, entre les législatives de 2011 et celles de 2015, le score du PiS est passé de 30 % à 41 %. Une progression qui s’est faite largement au détriment des conservateurs paysans du PSL, dont le score a fondu de 18 % à 5 %. Les libéraux de PO ont aussi chuté de 35 % à 28 %.
Les ultraconservateurs polonais pourraient réussir une percée auprès des agriculteurs et des électeurs traditionnellement de gauche, lors des législatives de dimanche 13 octobre.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/10/a-poznan-le-pis-a-la-conquete-des-terres-liberales_6015001_3210.html
mlsum-fr-640
Le Malizia II qui transporte à son bord Greta Thunberg arrive à New York, Etats-Unis, le 28 août 2019. JOHANNES EISELE / AFP A peine arrivée à New York après quinze jours de traversée de l’Atlantique, la militante écologiste suédoise Greta Thunberg a appelé le président des Etats-Unis, Donald Trump, à « écouter la science », et l’humanité à « cesser de détruire la nature ». « Greta ! Greta ! » : l’adolescente de 16 ans a accosté sous un ciel gris à la pointe sud de Manhattan vers 16 heures locales, sous les applaudissements de quelques centaines de personnes qui l’attendaient sur le quai. Elle avait, peu avant, été saluée par 17 bateaux de l’organisation des Nations unies (ONU) – une référence aux 17 objectifs de développement de l’organisation. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Sous la pression écologiste, Emmanuel Macron repasse au vert Elle a affiché sa détermination à continuer à se battre pour l’environnement comme elle le fait depuis un an, au point de devenir une égérie pour des centaines de milliers de jeunes qui répondent chaque vendredi à son appel de faire l’école buissonnière pour attirer l’attention sur l’urgence climatique. « La crise du climat est une crise mondiale, la plus grande crise à laquelle soit confrontée l’humanité », a-t-elle déclaré. « Il faut que nous soyons unis et que nous nous soutenions mutuellement et que nous agissions, sinon il pourrait être trop tard. N’attendons plus, agissons maintenant ! » « Personne n’a pu le convaincre de l’urgence » Interrogée sur le message qu’elle avait pour le président climatosceptique Donald Trump, qui pourrait se retrouver comme elle à l’ONU pour le sommet sur le climat le 23 septembre, elle a semblé peu optimiste. « Mon message pour lui est : “Ecoutez la science !” Mais clairement, il ne le fait pas. (…) Si personne n’a pu le convaincre de l’urgence de la crise climatique, pourquoi pourrais-je y arriver ? » Soulignant avoir entendu parler pendant sa traversée des incendies qui ravagent l’Amazonie, vitale pour la planète, elle les a jugés « désastreux » et a estimé que c’était le « signe clair qu’il faut arrêter de détruire la nature ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Greta Thunberg, symbole du passage « d’une adolescence assise à une jeunesse en action » Son arrivée a aussi été saluée par le maire démocrate de New York, Bill de Blasio, candidat à la présidentielle américaine 2020, qui se pose en modèle environnemental. « Greta Thunberg a montré plus de leadership sur le climat en une traversée de l’océan que tout le gouvernement Trump depuis son arrivée au pouvoir », a affirmé le maire dans un Tweet. Série de rencontres et de militantisme L’amarrage du Malizia II à New York marque la fin d’un périple entamé le 14 août. L’adolescente a alors quitté Plymouth, en Angleterre, avec son père, à bord du voilier à zéro émission carbone, skippé par Pierre Casiraghi et l’Allemand Boris Herrmann. Greta Thunberg avait refusé de prendre l’avion à cause des émissions de carbone que ce moyen de transport génère. Le voyage, dans des eaux parfois très agitées, a clairement été fatigant. « Mon cerveau ne fonctionne plus bien », s’est-elle excusée alors qu’elle bafouillait brièvement lors de la conférence de presse. Si son mouvement FridaysforFuture a inspiré des foules de jeunes gens à travers le monde, Greta Thunberg a aussi ses détracteurs. Ces derniers jours, certains ont notamment moqué son voyage en bateau, faisant valoir que plusieurs membres de l’équipage du voilier avaient prévu de revenir en Europe en avion, et que son voyage contribuerait donc aussi à polluer la planète. Mais ce genre de polémique ne semble pas entamer la détermination de l’adolescente, qui a prévu une série de rencontres et de militantisme à New York avant le sommet du 23 septembre. Si elle a abrégé la conférence de presse pour aller « se reposer », elle a fait savoir qu’elle participerait dès vendredi à une marche devant l’ONU. Outre les Etats-Unis, elle a également prévu de se rendre au Canada, au Mexique et au Chili pour une autre conférence des Nations unies en décembre.
La jeune écologiste s’est adressée à la presse à son arrivée dans la métropole américaine qu’elle a rejointe en bateau après un périple de deux semaines.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/08/29/arrivee-a-nez-york-greta-thunberg-deplore-que-trump-refuse-d-ecouter-la-science_5503927_3244.html
mlsum-fr-641
Yann Kebbi pour M Le magazine du Monde La veille au soir, toute la ville vibrait d’excitation. C’était le bal des pompiers. Au petit matin, les gestes sont ralentis sur la place. Le samedi, seuls les paysans sont invités à monter leur stand. Rien à voir avec le marché du mardi, qui rassemble « des gens d’un peu partout qui revendent un peu de tout », dit le monsieur de la mairie qui organise les marchés. Pile à la frontière du Gard et de la Lozère, Saint-Jean-du-Gard réunit les produits d’une terre gavée de soleil – extravertis, colorés, tout en chair, et ceux, plus pudiques, d’un territoire montagneux. Les paysans sont une vingtaine, calmes derrière les étals, et pourtant il faut se presser. Pélardons crémeux Après dix heures, Fred n’a déjà plus de pélardons crémeux. Il ne lui reste que les secs, très secs et les fromages frais. Ces derniers n’ont pas droit à l’appellation pélardon car ils n’ont pas été affinés plus de douze jours. Passé ce délai, ces petits médaillons de fromage de chèvre cévenol ont enfin l’intensité gustative attendue : un mélange de foin frais et de lait qui a tourné au caramel. On ne s’explique jamais vraiment d’où vient ce goût sucré. Un peu plus loin, Isabelle aime ceux qui mangent bien. Certes, dans ses crêpes de farine de châtaigne et de sarrasin, elle saupoudre du sucre ou tartine de la chocolade (crème de marrons et chocolat), parsème de l’emmental ou étale du pâté végétal. Mais elle n’est pas contre une crêpe customisée par le client, surtout si c’est avec les produits du marché. Elle coupe le chèvre frais de Fred en petits quartiers, le dispose en étoile, verse un filet de miel de châtaignier, sourit à l’idée que cela souligne le caractère hybride (sucré ou salé) de ce fromage qu’elle aime tant. Mini-concombres et tomates anciennes Il faut un brin d’ombre pour croquer dans ce monument local. Ça sera au stand de La Taraillette, devant les pots de miel de châtaignier, de remèdes à base de plantes (l’huile au millepertuis est efficace en après-soleil), de tomates anciennes rouge mat et de mini-concombres croquants et savoureux (la parfaite conclusion de notre petit casse-croûte). Le producteur fait tout tout seul depuis vingt ans, juste là, à Saint-Jean-du-Gard : récolter les 900 kilos de tomates à la semaine, choyer les abeilles et les humains du coin qui se soignent naturellement grâce à lui. Lire aussi Va-et-vient entre les stands du marché de Vienne En face de ce personnage flamboyant, il y a la vendeuse de volailles : discrète, doucette. Elle vient de Moissac-Vallée-Française, un village de Lozère entouré de mille et un cours d’eau d’une fraîcheur cristalline. De ce côté, le soleil joue entre les feuilles des châtaigniers, dégageant une chaleur nourrissante, loin de la cagne plus connue dans la plaine gardoise. Sous ces arbres, les poules, les oies et les chapons de la Ferme d’Arbouses picorent tranquillement. Ils n’auront peut-être pas la chair pleine de ces saveurs boisées, regrette l’éleveuse, mais au moins ils auront eu une belle vie. Accompagnées vers l’au-delà par les oignons roses d’un maraîcher du Gard, Cherif Khentous, par ses betteraves et ses blettes d’un fuchsia exubérant, ces volailles connaîtront l’épilogue parfait : le mariage sans chichis entre la faconde gardoise et la réserve lozérienne. Marché conclu Entrée tout de suite depuis la route : • La ferme de Bellis Les pélardons de Fred, allée de droite, troisième stand sur la droite. • La Taraillette Tomates, mini-concombres et miel de châtaignier, allée de droite, quatrième stand sur la droite. • La ferme d’Arbouses Poulet, premier stand en face. • La ferme du Campet Les légumes de Cherif Khentous, allée de gauche deuxième stand à gauche. • Les galettes d’Isabelle Allée du fond, quand on est face à la route, premier stand à droite.
Un panier sous le bras, les sens en alerte : c’est l’heure de découvrir sur les étals les spécialités locales, comme les légumes du soleil et les produits de la montagne sur le marché de Saint-Jean-du-Gard, à la frontière de la Lozère.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/08/18/balade-gourmande-dans-un-marche-cevenol_5500441_4497319.html
mlsum-fr-642
Willem Hiele et Kobus van der Merwe en pleine cueillette sauvage, dans les dunes de Coxyde, en Flandre-Occidentale. Pieter D'Hoop Le temps est à la tempête sur la plage de Saint-André, à Oostduinkerke, en Flandre-Occidentale. La grève s’étend à perte de vue, battue par la pluie et les vents. Pieds nus sur le sable détrempé, Willem Hiele et Kobus van der Merwe guettent une silhouette massive qui s’avance vers eux : un grand cheval de trait, monté par un vieil homme en ciré jaune. La bête tire un long filet. Ce duo homme-animal est l’un des treize derniers représentants d’une pratique ancestrale, inscrite au Patrimoine immatériel de l’Unesco : la pêche aux crevettes à cheval, dans la seule région de Belgique touchant la mer du Nord, où les crevettes grises (Crangon crangon) sont en abondance. Lire aussi J’ai servi du baobab séché dans un dîner caritatif C’est la passion de Willem Hiele, chef local, venu faire découvrir à son confrère sud-africain cette tradition si particulière. Tout semble opposer les deux cuisiniers : le premier est grand, ténébreux et tonitruant, l’autre est petit et roux, quasi mutique. Leurs langues natales sont toutes deux dérivées du néerlandais, mais ils conversent en anglais. La réunion est historique. Les rassembler aux fourneaux était l’obsession d’Alexandra Swenden, productrice de concepts gastronomiques, basée à Bruxelles, après les avoir découverts à quelques mois d’intervalle. « J’ai mangé chez Kobus, en Afrique du Sud, il y a deux ans. Quand je suis allée chez Willem, peu après, cela m’a frappée : ils sont aux antipodes et se ressemblent énormément… Ce sont des frères, des frères d’une autre mer… » C’est ainsi qu’elle baptisera l’événement, en anglais « Two Brothers From Another Sea », soit la rencontre fusionnelle de deux hémisphères culinaires, deux vibrations en phase. La traditionnelle pêche aux crevettes à cheval, sur la plage de Saint-André, en Flandre-Occidentale. Pieter D'Hoop Le pêcheur et sa monture sont arrivés au restaurant de Willem Hiele, à Coxyde. La jument brabançonne broute dans le jardin, le ciel s’est dégagé. Pour l’apéro, on sirote des Peerdevisscher, la « bière des pêcheurs à cheval », avec quelques crevettes crues roulées dans des feuilles de capucine. Le reste des Crangon crangon cuit en bouillon, dans un gros chaudron en plein air. Kobus van der Merwe observe, en retrait. Willem Hiele explique : « Les crevettes grises, c’est le parfum de mon enfance, mon patchouli. J’en ai fait mon plat signature, une bisque spéciale… » Les crevettes fumantes sont déversées sur un grand tamis, on se rue dessus. Cette bisque-cappuccino de crevettes (avec crème fouettée au café et pain au levain) entre aussitôt au panthéon des meilleurs plats que l’on ait jamais goûtés. Un tour au potager foisonnant, et nous voilà installés pour un premier dîner. Ce soir, nous dégustons la cuisine de Willem Hiele, attablés avec Kobus van der Merwe qui la découvre aussi. Au menu, entre autres : langoustine aux racines d’oxalis, beignets noirs de moules, tartelette aux herbes folles du jardin – et cette fameuse bisque-cappuccino de crevettes (avec crème fouettée au café et pain au levain) qui entre aussitôt au panthéon des meilleurs plats que l’on ait jamais goûtés. Le tout est un reflet du territoire flamand et maritime que Willem Hiele, amoureux de nature et cueilleur invétéré, explore sans répit. Installés dans la demeure familiale depuis sept ans, le cuisinier et sa femme, Shannah, qui est aussi l’hôtesse et la sommelière des lieux, ont longtemps galéré : « Quand nous avons décidé d’ouvrir un restaurant ici, mes parents ont fait la moue, raconte-t-il. Pendant cinq ans, on a fait trente couverts par semaine, c’était dur. Mais on a tenu bon. Un jour, un gars du Gault & Millau est venu, et tout a changé. » Le couple fait désormais salle comble tous les jours. Epinards des dunes L’histoire de Kobus van der Merwe est similaire : après des études d’art, de musique et une école hôtelière « pour faire quelque chose », le Captonien a décidé de retourner chez papa-maman, tenanciers d’une épicerie dans le village de pêcheurs de Paternoster, au nord du Cap, pour y faire table d’hôtes. Après sept ans dans l’arrière-boutique, il a ouvert son restaurant, Wolfgat, et est passé dans la lumière. En février dernier, il a même été élu « restaurant de l’année » par les World Restaurant Awards. Kobus van der Merwe en était le premier étonné, lui qui ne s’intéresse qu’à son terroir, plutôt aride, aux herbes et aux poissons locaux. « Nos cuisines sont ancrées dans le paysage qui nous entoure, tournées vers la mer, les plantes succulentes, les algues, les crustacés. » Kobus van der Merwe, chef du restaurant Wolfgat En dégustant la cuisine de son « frère » belge, le Sud-Africain voit bien les échos : « Nous travaillons tous les deux l’authenticité, la simplicité, l’instinct. Nos cuisines sont ancrées dans le paysage qui nous entoure, tournées vers la mer, les plantes succulentes, les algues, les crustacés, parfois du gibier… Mais ce sont des écosystèmes inverses. » Il découvrira pourtant des plantes comparables à celles qu’il trouve sur son territoire austral, comme le plantain (plantago) ou l’épinard des dunes (Tetragonia decumbens), et reviendra bouleversé d’une visite chez le maraîcher flamand Dries Delanote, qui fournit Willem Hiele et cultive une incroyable biodiversité de plantes aromatiques et de légumes rares. Huître pochée au physalis et basilic de Kobus van der Merwe, chez Willem Hiele. Pieter D'Hoop La veille du jour J, les deux cuisiniers ne mettront pas longtemps à dresser le menu : « L’un propose, l’autre recadre, et aussitôt le plat est dessiné par Kobus. C’est un ping-pong créatif fluide et fascinant », observe Alexandra Swenden. En quelques heures, les deux chefs ont composé et scénarisé une partition en sept temps, sans compter les amuse-bouches. Ceux-ci seront servis sous la tente du jardin et autour de la cuisine extérieure – des rêves que Willem Hiele a pu concrétiser juste à temps pour l’événement. « Bar cru, géranium, mauve », l’une des entrées du repas « Two Brothers from another sea » chez Willem Hiele Pieter D'Hoop Le repas est exceptionnel, arrosé de vins d’ici et de là-bas. Les plats, à la fois maîtrisés et sauvages, défilent : bar au géranium croustillant, moules et chou-rave, raviolis noirs de pois frais du jardin, « sosatie » (kebab) de lotte au massala, chevreuil dans son élément (baies et pousses)… Les goûts sont tranchés, les textures subtiles, les associations inouïes. Inutile de chercher la patte de l’un ou de l’autre, l’enjeu n’est pas là. « Il n’y a rien de plus excitant en gastronomie, aujourd’hui, que de partager nos recettes et nos idées », affirme Kobus van der Merwe. En joignant leurs talents et leurs inspirations, les chefs des bouts du monde ont créé une nouvelle cuisine. En décembre prochain, Willem Hiele fera le voyage inverse, jusqu’au fief de son « frère » austral. Pour de nouvelles explorations des antipodes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gastronomie : les World Restaurant Awards cassent les prix Willem Hiele Restaurant, Pylyserlaan 138, 8670 Koksijde, Belgique. Tél. : +32- (0) 58-59-62-21. Wolfgat, 10 Sampson Street, Paternoster, Afrique du Sud.
L’un est flamand, l’autre sud-africain. Derrière les fourneaux, les chefs Willem Hiele et Kobus van der Merwe, qui vient d’être primé aux World Restaurant Awards 2019, parlent la même langue : celle d’une cuisine naturaliste.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/07/11/deux-chefs-deux-hemispheres-et-un-diner-aux-antipodes_5488126_4497319.html
mlsum-fr-643
Le président allemand Steinmeier (gauche), et polonais Duda (centre), lors de la cérémonie du 80e anniversaire de l’invasion allemande. PETR DAVID JOSEK / AP Combien coûte aujourd’hui à la Pologne la mort de 6 millions de ses citoyens – dont trois millions de juifs – des mains de l’occupant allemand pendant la seconde guerre mondiale ? Aussi surprenante et brutale que puisse paraître cette question en 2019, elle est prise très au sérieux par le groupe parlementaire pour l’estimation des indemnisations de guerre dues par l’Allemagne à la Pologne, qui officie au Sejm, la chambre basse du Parlement polonais, depuis deux ans. Le sujet des réparations de guerre a fait son retour en force dans le débat public polonais alors que les délégations de quarante pays ont commémoré, dimanche 1er septembre à Varsovie, l’invasion du pays par les armées d’Adolf Hitler il y a quatre-vingts ans. Le président allemand Frank-Walter Steinmeier a profité des cérémonies pour demander pardon aux victimes de l’invasion allemande en 1939. Lire aussi Excuses allemandes aux Polonais, 80 ans après le début de la seconde guerre mondiale « Le coût pour l’économie d’une vie humaine n’est, en fin de compte, pas si difficile à estimer », assure le député Arkadiusz Mularczyk, initiateur et président du groupe parlementaire dont la vingtaine de membres appartiennent tous à la majorité ultraconservatrice du parti Droit et justice (PiS). Cet avocat de 48 ans évoque la question avec une sérénité troublante : « Vous prenez l’espérance de vie moyenne de l’époque, vous estimez combien une personne pouvait gagner, payer d’impôts, et contribuer au produit intérieur brut. » Comme base de travail, les parlementaires s’appuient sur un rapport achevé en 1947 par les autorités communistes. Selon M. Mularczyk, après revalorisation monétaire et prise en compte de l’inflation, les pertes de guerre pour l’Etat polonais s’élevaient d’après ce rapport à 850 milliards de dollars (plus de 775 milliards d’euros). Une somme abyssale – plus de deux fois le budget annuel de l’Etat fédéral allemand. Les députés s’efforcent de détailler les pertes matérielles, territoriales, les destructions (dont celle de la capitale, Varsovie) ainsi que les « coûts de l’occupation » : le pillage par les nazis des biens publics et privés, des actifs bancaires, des bons au Trésor, des œuvres d’art et autres biens culturels. « La plus élémentaire des justices historiques » Pour le député, « la Pologne et ses citoyens ressentent encore aujourd’hui les conséquences négatives de cette époque. Le retard économique pris à cause de l’occupation soviétique, conséquence de la guerre, est aussi une perte inestimable ». La question des réparations relève donc, selon lui, de « la plus élémentaire des justices historiques ». Un sentiment qui semble être partagé par une majorité de Polonais, et pleinement instrumentalisé par le pouvoir ultraconservateur depuis son retour au pouvoir en 2015. Ce dernier en a fait un des piliers de sa politique historique, ravivé à six semaines des élections législatives.
Selon un sondage effectué fin 2017, 70 % des Polonais interrogés affirment que les réparations de guerre seraient « justifiées d’un point de vue moral » et 54 % que le gouvernement devrait les réclamer.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/03/le-parti-au-pouvoir-en-pologne-agite-la-question-des-reparations-de-guerre-face-a-l-allemagne_5505657_3210.html
mlsum-fr-644
Des « gilets jaunes » au « rond point des Gaulois », à Saint-Beauzire (Puy-de-Dôme), le 15 décembre 2018. THIERRY ZOCCOLAN/AFP « In girum. Les leçons politiques des ronds-points », de Laurent Jeanpierre, La Découverte, « Cahiers libres », 192 p., 12 €. Si l’essai de Laurent Jeanpierre émeut d’emblée, c’est qu’il assume la fragilité qui donne force à ce genre : méditant le mouvement des « gilets jaunes », l’auteur « essaye » pour de bon, et proclame la nécessité d’un humble tâtonnement. Ici, la modestie requise est à la fois scientifique et politique. Laurent Jeanpierre dit en substance : comme professeur de science politique mais aussi comme intellectuel de gauche, je suis l’héritier de modèles qui menacent d’écraser la nouveauté des actions vécues sous le poids d’une spéculation vétuste ; voilà pourquoi je ne prétends pas énoncer la « vérité cachée » de la rébellion jaune, je souhaiterais simplement me « laisser ébranler » par elle. Cette révolte a ruiné les certitudes des docteurs en insurrection De fait, l’ensemble de l’ouvrage, rédigé d’une plume sensible, se déplie au conditionnel. Son auteur rappelle d’abord les traits spécifiques de cette révolte : en rupture avec les légitimités traditionnelles, apparemment privée de cohérence idéologique et de débouchés politiques, obtenant par l’émeute ce que les défilés syndicaux étaient impuissants à conquérir, elle a ruiné les certitudes des docteurs en insurrection, militants de gauche comme chercheurs en sciences sociales. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les « gilets jaunes » cherchent la convergence pour « en finir avec Macron et ce système » Les uns et les autres vacillent devant les ronds-points ? Oui, parce que leur culture commune demeure ancrée dans une certaine période, celle du capitalisme fordiste. A l’époque, le mouvement ouvrier formait l’archétype de tout combat émancipateur ; l’usine se tenait au centre des ­conflits ; les syndicats comptaient ; et même la sociologie. Quiconque a lu Alain Touraine, entre autres, sait que ce monde-là est entré en crise depuis des lustres. Mais Jeanpierre montre bien que le « moment jaune » marque son cruel enterrement. Les « gilets jaunes » auraient en commun d’être des « entravés », dont la mobilité spatiale ne recoupe plus aucune mobilité sociale Au point d’ouvrir un nouveau cycle de luttes ? Laurent Jeanpierre se garde de toute réponse trop assurée. Mais il suggère une hypothèse. Par-delà leur diversité générationnelle et sociale, avance-t-il, les « gilets jaunes » auraient en commun d’être des « entravés », dont la mobilité spatiale ne recoupe plus aucune mobilité sociale ; sur les ronds-points, ils et elles auraient voulu rebâtir un lieu de vie, des espaces de rencontre et de solidarité ; sans rêver de révolution anticapitaliste, les « gilets jaunes » appelleraient donc de leurs vœux « le réencastrement de l’économie dans les réseaux de solidarité effectifs, plutôt que dans le marché, et au service des individus ». Conclusion : leur action viendrait essentiellement conforter une « relocalisation de la politique », à rebours de l’élan internationaliste qui avait animé, au tournant des années 2000, la galaxie « altermondialiste ». Afin d’étayer cette hypothèse, Laurent Jeanpierre situe la révolte des ronds-points dans une constellation planétaire « d’utopies politiques locales », dont il décrit avec finesse les succès et les impasses : zadisme, mouvement des « places » grecques, kibboutzim israéliens, révolte au Chiapas, « mairies rebelles » de Catalogne…
Dans un essai captivant « In girum », le professeur de science politique et intellectuel de gauche tente de cerner la « révolte des ronds-points », en se laissant ébranler par elle.
https://www.lemonde.fr/livres/article/2019/08/29/in-girum-de-laurent-jeanpierre-situer-les-gilets-jaunes_5504038_3260.html
mlsum-fr-645
Chaise « Substantial Chair » en plastique recyclé, créée par le designer allemand Alexander Schul et qui lui a permis de remporter le Ro Plastic Prize, catégorie design. Alexander Schul Face à la pollution liée au plastique – 10 tonnes sont produites par seconde dans le monde –, l’iconique galeriste Rossana Orlandi ne désarme pas. Son initiative, baptisée « Guiltless Plastic », dotée de prix pour trouver des solutions intelligentes au recyclage de ce matériau (les Ro Plastic Prize), a mobilisé, pour sa première édition, 300 candidats et une quinzaine de pays. Les figures du design contemporain composant le jury – dont la Néerlandaise Li Edelkoort, spécialiste des tendances, l’Italien Giulio Cappellini, directeur artistique de la maison Cappellini, ou l’Américaine Ivy Ross, vice-présidente du design des produits hardware chez Google – ne sont peut-être pas étrangères à ce succès. Le prix Ro du design a ainsi été remis à l’Allemand Alexander Schul pour sa collection baptisée « Substantial » de luminaires et mobilier en plastique recyclé, pensée pour une fabrication en série. Les chaises et tabourets sont notamment composés de pièces à assembler, à la manière de la célèbre chaise bistrot dessinée au XIXe par Michael Thonet. Le transport peut donc se faire en kit, dans des paquets plats, à la façon Ikea. Lire aussi Rossana Orlandi, la diva du plastique écolo chic « J’adore le concept, a souligné Rossana Orlandi, lors d’une conférence donnée, vendredi 6 septembre, au salon Maison & Objet, parce qu’il s’agit d’une solution reproductible en série, à l’échelle industrielle. Nous avons reçu, pour cette première édition du concours, des montagnes de propositions fabuleuses, mais la plupart sont artisanales et ce n’est pas assez face à ce fléau planétaire. On parle de la pollution des mers et des océans, de la sauvegarde des gentils dauphins, mais c’est l’avenir et la qualité de l’eau en général qui sont menacés. » Bâton de pèlerin La dame a donc révisé les prix qu’elle entend remettre en 2020 à la hauteur de ces exigences. Le prix Ro du design est rebaptisé « Design industriel ». Le prix du textile de maison – revenu cette année aux Egyptiennes Hend Riad et Mariam Hazem du studio Reform, pour leurs étoffes colorées à base de sacs en plastique – s’élargit à toutes les sortes de tissus. Le prix Conscious Innovations est reconduit : il a distingué cette année le Néerlandais Dave Hakkens, qui propose, en open source sur Preciousplastic.com, quatre machines pour transformer le plastique, à construire soi-même. Le prix de l’emballage est également reconduit : il n’a pas été remis cette année, « parce que les propositions n’étaient pas à la hauteur des dommages que créent les suremballages », constate Rossana Orlandi. Enfin, un nouveau et cinquième prix voit le jour, celui de la communication, pour responsabiliser les citoyens du monde. « C’est un prix pour que le public change ses habitudes, qu’on arrête de jeter chaque bouteille bue en quelques minutes… Il faut se poser la question pour chaque objet : comment a-t-il été fait ?, et privilégier peut-être des produits plus chers mais respectant la nature et les hommes », souligne-t-elle. Lire aussi En attendant de soigner la planète, la maison se fait cocon Rossana Orlandi ne lâchera pas de sitôt son bâton de pèlerin. Elle sera le 19 septembre à Londres avec l’Institut Marangoni, à l’occasion du London Design Festival, pour mobiliser les efforts quand seulement 6 % des produits en plastique sont issus de plastique recyclé, en Europe. Elle est aussi à l’initiative de la création d’un village uniquement bâti à partir de déchets (sous la direction artistique du designer Aldo Cibic), dans les jardins du Musée des sciences et des techniques Léonard de Vinci de Milan. Un geste fort en cette année de célébration des 500 ans de la mort du génie scientifique florentin.
« Guiltless Plastic », à l’initiative de la galeriste milanaise, promeut l’utilisation de plastique recyclé en décernant des prix à des créations innovantes utilisant ce matériau. Pour sa première édition, elle a réuni 300 candidats.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/09/11/rossana-orlandi-ne-veut-plus-de-gachis_5509163_4497319.html
mlsum-fr-646
Le chef Norbert Tarayre dans son restaurant Ma Cocotte à Saint-Ouen, le 19 septembre. Roberto Frankenberg pour Le Monde Norbert Tarayre a changé. Et Internet ne parle que de ça, de son régime incroyable qui l’a délesté de 14 kg. Quand il arrive à Ma Cocotte – un de sept restaurants qu’il a ouverts en région parisienne – à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), on découvre un trentenaire svelte et musclé. Tout en bleu marine, avec son pull col en V et ses cheveux ramenés en arrière, il ferait presque BCBG s’il n’avait pas les tibias à l’air. Il a chaud, alors il a remonté son pantalon. Le cuisinier de 39 ans est un hôte attentionné. Il vérifie qu’on est bien installée, sustentée, hydratée, pendant que lui carbure au Coca zéro. A première vue, il n’a plus grand-chose du cuisinier déconnant de M6 qui a si longtemps incarné la caution populaire des émissions culinaires. « Norbert » (dans l’univers audiovisuel, son prénom suffit à le désigner) a été révélé en 2012 dans la troisième saison de « Top Chef ». Il a acquis sa réputation de trublion en formant un tandem avec Jean Imbert (« Norbert et Jean : le défi »), puis tout seul (« Norbert, commis d’office »). Celui qui avait l’habitude de cuire son saumon au lave-vaisselle et de préparer son risotto dans une bouilloire électrique a changé de registre : cette saison, il embrasse une noble mission, partir à la recherche de « La Meilleure Boulangerie de France » tous les soirs sur M6 avec le MOF (meilleur ouvrier de France) Bruno Cormerais. « On va pas se mentir » Quelques minutes suffisent pour se rendre compte que, si son enveloppe a changé, l’homme reste fidèle à lui-même. Il tutoie, apostrophe, débite un flux de paroles tellement dense qu’on ne peut l’interrompre. Il lance spontanément la conversation sur l’alcoolisme qui l’a guetté et le sevrage complet opéré depuis quelques années. Facile, dit-il. « Je me suis arrêté juste avant de tomber amoureux [de l’alcool], dit-il en souriant. Ça, c’est une phrase que j’aime bien dire. » Il y a une autre formulation que Norbert Tarayre affectionne : « Je vais être honnête avec toi », et sa variante « On va pas se mentir ». En général, elle est le prélude à une critique formulée dans un vocabulaire drôle et fleuri qui tempère le fiel du message. Et, pas de jaloux, ses anathèmes visent tout le monde. Les Parisiens, « trop agressifs,rien que pour arriver ici, on s’est fait klaxonner et insulter six fois, la voiture elle a été abîmée, j’ai vu deux mecs se foutre sur la gueule pour une place de parking ». Les chefs français, adeptes du « concours de petites quéquettes, qui regardent les autres de haut dès qu’ils ont une étoile ». Et, surtout, lui-même : « J’ai bossé avec des chefs trois étoiles [Bernard Loiseau, Marc Veyrat, Mauro Colagreco], mais je n’aurai jamais la capacité de les obtenir moi-même. J’ai pas la patience de prendre ma pince à épiler le fion pour foutre trois brindilles dans une assiette ou aligner une rangée de grains de caviar. » Dans ses bistrots, tout est fait maison mais on mange simplement, ce qui correspond selon lui aux envies des Français, « qui n’ont pas besoin d’un ail couvé pendant trois mois par un ours dans le nord du Canada ». Entre autres.
Chaque semaine, « L’Epoque » paie son coup. Découvert dans « Top Chef », le cuisinier au franc-parler a ouvert sept restaurants en région parisienne. Et multiplie les projets tous azimuts.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/10/06/apero-avec-norbert-tarayre-j-etais-trop-beauf-et-trop-tuche-pour-les-strategies-marketing_6014427_4497916.html
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discours. Le 30 septembre, Emmanuel Macron et son épouse Brigitte accueillaient François Hollande à l’Elysée à l’occasion d’un déjeuner en l’honneur des dirigeants et chefs d’Etat en visite pour assister aux funérailles de Jacques Chirac. Julien Mattia / Anadolu Agency / AFP Premier de cordée Qui invite ? Qui reçoit ? Et, surtout, qui préside ? Sur le perron de l’Élysée, quelques instants après la cérémonie en hommage à Jacques Chirac, à Saint-Sulpice, François Hollande, Brigitte et Emmanuel Macron semblent avoir inversé les rôles. Ou remonté les années. Mais ne vous y trompez pas. Si Hollande paraît ouvrir la marche, c’est parce qu’il est le dernier convive à avoir rallié le palais pour participer au déjeuner en l’honneur du défunt président, et que les Macron l’ont attendu pour lui montrer le chemin. Ce qui est fort aimable. Ou assez cruel. Car Hollande a-t-il vraiment besoin qu’on lui montre le chemin ? Haut perché Profitons-en pour rendre hommage au perron de l’Élysée, figure médiatique fréquemment citée dans la presse et à la télévision. Il faut dire qu’il s’y passe toujours quelque chose. Principalement des poignées de mains. Et des accolades, des bises, exceptionnellement des câlins (souvenez-vous d’Angela Merkel penchant délicatement la tête sur l’épaule de François Hollande après les attentats contre Charlie Hebdo). Des exécutions ? Cela casserait l’ambiance. Pourtant, c’est bien perché sur le perron des hôtels de ville, incarnant la « puissance et de la juridiction », que le prévôt annonçait les exécutions au Moyen Âge. Sombre influence François Hollande porte du noir. Emmanuel Macron aussi. Brigitte Macron, pareil. Ce qui nous oblige à conférer à Anne de Bretagne, épouse du roi Charles VIII, le titre ô combien prestigieux d’« influenceuse ». C’est elle qui, la première, rompit avec la tradition de porter du blanc pour les enterrements, en s’habillant de noir pour les obsèques de son premier enfant, en 1495, et en demandant aux personnes présentes de faire de même. Elle remit cela lors de l’enterrement de son époux. C’était en 1498. Soit quelques années avant même l’invention d’Instagram. Impératif horaire Puisque le temps est parfois long dans ce type de cérémonie, Brigitte Macron porte une montre. En l’occurrence la D de Dior Satine, d’une valeur de 2 900 euros, dont l’un des principaux intérêts est le bracelet dit « milanais », soit un bracelet fait de longs fils d’acier tissés à la main pour prendre l’aspect d’une maille, selon une technique inventée à Milan au XVIIe siècle. Alors ? Le temps sera long quand même, chère Brigitte. Mèche basse Bottés, costumés, le sabre tendu et fier, les gardes républicains sont magistraux. Mais, alors, pourquoi une longue mèche noire tombe-t-elle de leur casque tel un vulgaire catogan ? Il y a une raison. Fabriquée en véritable crin de cheval, celle-ci a pour fonction de protéger la nuque des gardes républicains d’un éventuel coup de sabre ou d’épée. Cela marche-t-il aussi pour les coups de couteau dans le dos ? C’est François Hollande qui demande. Juste pour savoir.
… mais pas pour notre chroniqueur Marc Beaugé. Le 30 septembre, François Hollande et le couple Macron se rendent au déjeuner en l’honneur de Jacques chirac à l’Élysée. La photo en dit plus long que de longs discours.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/06/aux-marches-du-palais-c-est-peut-etre-un-detail-pour-vous_6014418_4500055.html
mlsum-fr-648
La soprano sud-africaine Pretty Yende tient le rôle-titre dans « La Traviata » Charles Duprat Quoi, encore une Traviata ? La question agitait les mélomanes, agacés. L’Opéra de Paris ne s’était-il pas déjà aventuré à présenter, en à peine plus de deux décennies, trois versions du chef-d’œuvre verdien : Jonathan Miller (1997), Christoph Marthaler (2007) et Benoît Jacquot (2014) ? Mais la réponse de Simon Stone, qui signe des débuts percutants au Palais Garnier, clôt le débat. Au point que l’on se demande pourquoi personne n’avait encore pensé à cette Violetta 2.0, « it-girl » et jet-setteuse, un temps égérie de l’industrie du luxe avant de sombrer dans l’anonymat, parfaitement en phase avec notre XXIe siècle. Certes, certains procédés peuvent apparaître un brin systématiques : si les SMS entre Alfredo et Violetta dans le premier duo d’amour (autour de l’« uberbisou » échangé contre la voiture commandée au sortir de la boîte de nuit) apportent à leur rencontre une fraîcheur adolescente, ils s’avèrent superfétatoires lorsque la jeune femme rejoindra Paris et sa copine Flora après avoir rompu avec Alfredo. De même, la ronde de photos qui accompagne l’ouverture, passant d’une liesse fêtarde à des clichés plus sombres où le sourire de façade a disparu, s’avère-t-elle plus envahissante alors que la malheureuse agonise en revivant le film de son passé. Un monde dématérialisé, devenu inhumain Car la Traviata gagne sa vie en monnayant ses charmes numériques, dont témoigne le foisonnement d’images qui s’affichent sur le mur unique d’une tournette (malheureusement bruyante) au centre de la scène. Les lieux, fêtes nocturnes et nuits blanches, s’enchaîneront dans un zapping, hâtivement feuilletés. Au-delà des notifications de réseaux sociaux qui peuvent prêter à sourire, la cruelle dématérialisation qui nous entoure est palpable : l’impécuniosité de la jeune femme que pointent relevés de compte à découvert et relances bancaires (CIC), la récidive de son cancer, annoncée par courriel tandis que les pop-up d’une mutuelle médicale (Humanis !) harcèlent la malheureuse de sollicitations. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La scène est la vraie patrie de Simon Stone Seul être qui vaille dans ce monde factice où battent les cœurs d’émojis rouges : Alfredo, dont l’amour s’avérera pourtant monétisable [monnayable ?] au même titre que la maladie avec laquelle la jeune femme fait le buzz. Ce monde devenu inhumain, les amants tenteront de le fuir, néo-ruraux que Simon Stone croque non sans humour : l’Alfredo de Benjamin Bernheim vendangeant, pieds nus, son « De’miei bollenti spiriti » dans une cuve en bois, la Violetta de Pretty Yende, en bottes de caoutchouc, s’essayant à traire une vache.
Le metteur en scène Simon Stone livre une version 2.0 enthousiasmante du chef-d’œuvre verdien. La soprano Pretty Yende y triomphe dans le rôle-titre. Jusqu’au 16 octobre, à Paris.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/13/opera-la-traviata-une-emot-icone-a-l-opera-garnier_5510147_3246.html
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A Londres, le 26 septembre. Si la date du divorce entre le Royaume-uni et l’Union européenne approche, les modalités du Brexit restent vagues. TOLGA AKMEN / AFP Gary Haworth et Nicolas Jean-Jean se sont connus, il y a vingt ans, sur un gazon lyonnais. L’Anglais travaillait pour Black & Decker. Le Français excellait au hockey. Ils sont devenus amis en taquinant la crosse et n’ont cessé, depuis, de traverser la Manche. Pour des raisons professionnelles mais aussi par fidélité : l’Anglais a épousé une Française, le Français une Britannique. Pères de famille, chefs d’entreprise, expatriés, ni l’un ni l’autre ne voulaient du Brexit. Ils s’y préparent pourtant depuis des mois, dans le flou le plus complet. Car, si la date du divorce approche, ses modalités restent on ne peut plus vagues. Avec ou sans accord, le gouvernement de Boris Johnson semble décidé à mettre les voiles le 31 octobre. Côté français, on prépare les esprits au pire. Sur 100 000 entreprises tricolores qui commercent régulièrement avec le Royaume-Uni, 20 000 ont récemment été recontactées par Bercy. Un colloque portant sur des aspects techniques, comme les passages en douane et la circulation des données, était organisé, jeudi 26 septembre, au siège du Medef à Paris. En Angleterre aussi, « il y a des réunions presque chaque semaine, observe Nicolas Jean-Jean. Seulement, celles auxquelles j’ai assisté dans les chambres de commerce se concluaient toujours de la même façon : pour les points les plus importants, personne n’est au courant de rien ». Avery, l’entreprise spécialisée dans l’impression d’étiquettes dont il chapeaute, depuis les environs de Londres, les activités pour l’Ouest de l’Europe, importe près de 80 % de ses matières premières du continent. Elle y réexpédie une partie de ses produits finis, pour un chiffre d’affaires annuel d’environ 50 millions d’euros. Comment voulez-vous qu’on planifie un business ? « Après le référendum en 2016, on a beaucoup subi la dégradation de la livre sterling, rappelle le directeur. Le manque à gagner, sur une demi-année, a avoisiné les 300 000 euros… » Les contrats ont été renégociés, les marges stabilisées, mais l’incertitude, elle, est allée croissant. Dans la perspective d’un Brexit, le 29 mars, l’usine Avery, près de Northampton, a accumulé des montagnes de stocks. Il fallait se tenir prêt à les expédier vers un site de l’entreprise en Allemagne. « Le plus dur a été d’harmoniser les systèmes informatiques entre nos deux usines, se souvient M. Jean-Jean. Cela a représenté un gros coût en termes de développement et d’heures supplémentaires ». La trésorerie en a fait les frais. Pour rien, puisque le retrait a finalement été reporté.
Le flou entourant le retrait britannique de l’Union européenne complique les préparatifs des entreprises des deux côtés de la Manche.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/27/brexit-les-incertitudes-s-accumulent-pour-les-chefs-d-entreprise_6013266_3234.html
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Des manifestants brandissent une banderole devant le tribunal d’Agrigente (Italie). Il y est inscrit « sauver des vies en mer n’est pas un crime ». ANDREAS SOLARO / AFP Pour tenter d’éviter l’errance de bateaux qui recueillent des migrants en Méditerranée et auxquels le ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, refuse l’accès, la France et l’Allemagne ont mis au point un projet temporaire qu’elles espèrent voir approuver, lundi 22 juillet, à Paris. Ce texte, soutenu par la présidence finlandaise de l’Union est prudent, concret, et il rappelle quelques valeurs humanitaires auxquelles l’Union européenne devrait, en théorie, souscrire. Et pourtant, il ne fait pas l’unanimité et devrait récolter, au mieux, l’approbation de la moitié des Vingt-Huit. Les pays de l’Est, Hongrie et Pologne en tête, continuent de refuser toute allusion à l’idée même d’un accueil de demandeurs d’asile. Lire aussi SOS Méditerranée et MSF annoncent une nouvelle campagne de secours des migrants en mer Le dernier épisode d’un bateau contraint de tourner en rond dans l’attente d’un débarquement a été celui du Sea-Watch 3. Il s’est terminé, au bout de deux semaines, par l’arrestation, en Sicile, le 29 juin, de Carola Rackete, la capitaine allemande de ce bateau au pavillon néerlandais qui avait recueilli 40 naufragés. Elle avait fini par accoster de force sur l’île de Lampedusa, malgré le veto des autorités italiennes. Un juge avait, trois jours plus tard, retenu le motif humanitaire pour décider d’une relaxe, mais la jeune femme a quand même été entendue, jeudi 18 juillet, par les autorités judiciaires d’Agrigente (Sicile), dans le cadre d’une enquête sur une possible aide illégale à la migration. Mme Rackete a indiqué qu’elle espérait une solution européenne pour éviter ce genre de situation. A Strasbourg, Ursula von der Leyen, la nouvelle présidente de la Commission a, elle, plaidé pour la reprise des missions de secours en mer et pour une politique commune d’asile. Un dossier que les Vingt-Huit ne sont pas parvenus à régler depuis 2015. La réforme du mécanisme de Dublin, qui délègue la responsabilité de l’examen de la demande d’asile au premier pays qui accueille le candidat réfugié, est, elle aussi, à l’arrêt. Débarquement rapide C’est pour tenter de contourner l’obstacle et d’éviter des drames, alors que les mouvements vers les côtes européennes ont repris et que la situation politique et humanitaire se détériore en Libye, que les responsables français et allemands ont élaboré un texte consulté par Le Monde. Il vise à instaurer un mécanisme de solidarité pour permettre le débarquement rapide de migrants et leur répartition, tout aussi rapide, dans d’autres pays membres, qui examineraient leur dossier. Le ministre français de l’intérieur Christophe Castaner et son homologue allemand Horst Seehofer évoquent une relocalisation rapide des arrivants dans d’autres pays que ceux où ils débarquent et une procédure accélérée de retour pour ceux qui ne peuvent prétendre au statut de réfugié.
Pour tenter de contourner le blocage politique et éviter des drames, une solution temporaire est envisagée pour répartir les migrants entre les pays volontaires.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/07/20/migration-la-france-et-l-allemagne-veulent-eviter-les-errances-en-mer_5491558_3210.html
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du désir. A comme amour… Puisque c’est le sujet, puisque le grand amour agonise, qu’il soit béni des poètes, de l’Eglise ou de l’Etat. A comme Adam, 25 ans, Parisien, chanteur ténor : « On vit une époque où on nous dit qu’on est libres de plein de choses, mais on a tendance à être paumés en raison de la pression de cette liberté et, du coup, à se raccrocher à des discours ou à des groupes. La liberté, à partir du moment où elle est fantasmée, s’éloigne de quelque chose de simple. C’est comme s’il fallait avoir une stratégie dès le réveil. » A comme aujourd’hui et peut-être plus vraiment demain ? Ne surtout pas en déduire que ce chantier, ce remue-méninges ne dessinent qu’une passade. Ceux que nous avons rencontrés n’enfoncent aucune porte ouverte. Dans toutes ces histoires, les questions sont de toute façon plus importantes que les réponses. Vera, 16 ans, les traits pâles et doux d’une gamine qui sort de l’enfance, rencontrée un samedi, chez ses parents à Cachan, près de Paris : « Les mots permettent de se mettre quelque part, de ne pas être complètement perdu. Ne pas mettre de mots, juste être, c’est génial ! Mais, pour nous, c’est une période confuse dans tous les domaines, alors les mots, ça nous aide, ça nous donne des repères. » B comme bisexuel Ça monte au collège (voir C), comme une revendication, une parure ou une parade. « C’est alors très anarchique, parfois juste une blague ou juste un fantasme, l’idée que tout le monde peut être bisexuel », se souvient Adam du haut de ses 25 ans. Eve et Alexander sont collégiens dans un établissement privé à Paris. Ils ont 14 ans, sont amis depuis tout petits, leurs parents sont cadres sup’ ou exercent des professions intellectuelles. Eve : « Là, maintenant, je sors avec un garçon, mais je crois que je ne l’aime plus, que je suis plus attirée par le corps des femmes. » Alexander : « A un moment, quand on me disait gay, j’aimais pas ça, ça me rendait vulnérable. Maintenant, je montre que ça ne me fait pas mal, je l’assume. Mais il y a des fois où je préfère encore dire que je suis bi, surtout quand je suis avec des garçons. Les remarques homophobes, elles viennent des garçons, pas des filles. » Etre bi sonne chez elle comme de l’audace, chez lui comme une protection, une identité plus facile à porter que l’homosexualité. Etre bi, c’est parfois un passage. Petra Collins pour M Le magazine du Monde Vera : « J’ai commencé à le sentir en quatrième. En troisième, je me disais bisexuelle, et maintenant je me sens lesbienne. Je suis encore en train de découvrir, ça change, je m’attribue plein de noms. C’est bizarre de dire que c’est une identité qui t’attire et en même temps que tu ne veux pas d’identité. Les normes, ça enferme, j’aimerais juste essayer des choses, être ce que je veux. » Grandir, c’est frotter les mots à la vie.
Plutôt citadins, de milieux favorisés, des adolescents et de jeunes adultes ont confié à « M » leur vision de l’amour et de la sexualité, rejetant les frontières traditionnelles du genre, du couple ou du désir.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/06/14/pansexuel-polyamour-metapartenaire-le-nouveau-code-amoureux_5475989_4500055.html
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La tarte au mètre. CHANG-KI CHUNG POUR LE MONDE L’irrésolution est un art dans lequel certains convives ne cessent de s’illustrer. Il en est qui décortiquent en silence la carte d’un restaurant si longtemps qu’une bouteille de vin peut avoir été sifflée avant qu’aucun plat ne soit commandé. D’autres qui s’interrogent à voix haute, prennent l’avis du voisin, lui proposent un artificieux moitié-moitié ; ils jaugent la promesse d’un intitulé, tentent d’estimer le potentiel d’une recette pompeusement rebaptisée, cherchent la pépite cachée entre un burger et un tartare passe-partout, parient sur la fulgurance d’une option créative avant de se réfugier dans le plus frileux des conservatismes. Les cas pathologiques regrettent le choix douloureusement opéré à la minute même où ils l’ont enfin énoncé et leur supplice redouble au moment de l’arrivée des plats sur la table… Face à ces irréductibles irrésolus du menu, la patience et la placidité du personnel de service forcent toujours mon admiration. Choisir, c’est renoncer, on le sait, et cela peut prendre une dimension quasi dramatique même pour le simple acte de manger. Il existe pourtant une formule rassurante, conciliante, éclectique et pragmatique : celle du buffet. Hors des petits déjeuners et des brunchs, on la croyait un peu passée de mode, condamnée par le sacro-saint dressage à l’assiette et la suprématie tyrannique des recettes instagrammables. Dans nos souvenirs collectifs, les buffets « à volonté » évoquent des monceaux de nourriture diversement appétissants, avec décor kitch et demi-citrons historiés, des attroupements voire des files d’attente devant les recettes à succès, des plats à demi entamés et à jamais délaissés, des assiettes outrageusement garnies qui ne seront jamais terminées. Bref, du roboratif outrancier, jamais mémorable, si ce n’est par l’indécent gaspillage occasionné. Choix de traverse Et pourtant, la restauration en libre-service connaît un retour en force inopiné, en version améliorée : la quantité n’est plus l’argument majeur, ce sont la qualité et la diversité de l’offre qui priment. Un sérieux progrès ! Car la formule, quand elle est soignée, a tout pour plaire aux mangeurs contemporains morcelés par l’essor des particularismes alimentaires (végétarien, végan, sans gluten…) et de plus en plus méfiants quant au contenu de leur assiette. Voir avant de choisir, c’est très rassurant et cela peut mener à des choix de traverse qu’un menu manuscrit n’aurait pas suscités. Plus souple, plus libre, affranchie d’un carcan imposé, la formule s’étend des comptoirs à salades aux bars à soupes ou à céréales, où chacun se concocte une assiette sur mesure, avec sauce et garniture personnalisées, à consommer sur place ou à emporter.
La restauration en libre-service revient en force. Abondance et qualité du choix des mets, avec des légumes en majesté, sans plus de gaspillage toléré.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/09/29/cuisine-rendez-vous-au-buffet_6013479_4497916.html
mlsum-fr-653
Soucieux de reverdir son image, Emmanuel Macron l’assure : il a « changé » sur l’écologie. Parmi les gages donnés par le chef de l’Etat : faire ralentir les navires pour diminuer leurs émissions de gaz à effet de serre. « Nous allons agir pour l’océan, de manière très solennelle », a-t-il assuré samedi 24 août au premier jour du G7 à Biarritz. « Pour la première fois, nous allons nous engager avec les transporteurs maritimes pour réduire la vitesse. Ce qui est l’un des moyens les plus efficaces pour réduire les émissions. » Emmanuel Macron a-t-il raison de vanter les mérites de cette mesure ? Et, si oui, a-t-elle réellement des chances d’aboutir ? Un secteur à la traîne dans la transition écologique Le transport maritime de marchandises représente actuellement 2 % à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il contribue donc sensiblement moins au réchauffement climatique que les voitures de particuliers et les poids lourds. Il émet en revanche d’autres types de polluants, notamment des oxydes d’azote et de soufre (NO x et SO x ), ce qui peut représenter une pollution considérable dans certains ports. Autre ombre au tableau : le secteur traîne des pieds pour engager une baisse de ses émissions de CO 2 , qui continuent d’augmenter année après année. A ce rythme, le transport maritime pourrait représenter 17 % des émissions mondiales de CO 2 , selon un rapport du Parlement européen publié en 2015, puisque d’autres secteurs ont au contraire entamé leur mue. L’Organisation maritime internationale (OMI) a adopté en avril 2018 une stratégie pour réduire les émissions de CO 2 du secteur d’au moins 40 % d’ici à 2030 par rapport à 2008 et 50 % à l’horizon 2050. Manière de s’aligner, enfin, sur les objectifs des accords de Paris de 2015. Mais sa feuille de route reste à préciser. « Les négociations achoppent sur l’adoption des mesures de court terme », reconnaissait le gouvernement français en mai. Compte rendu : Le transport maritime, maillon faible du climat Réduire la vitesse, un levier d’action rapide Différentes options existent pour réduire l’empreinte carbone des navires, aussi bien en développant des carburants moins polluants qu’en soutenant des innovations technologiques (captage de fumées toxiques, écoconception…). Mais la limitation de vitesse des bateaux présente l’avantage de pouvoir être mise en œuvre rapidement, sans attendre de renouveler les flottes. « C’est une des meilleures options pour obtenir des résultats en trois, quatre ou cinq ans », affirme Jasper Faber, expert en mobilité et transport pour CE Delft, un organisme de recherche et de conseil indépendant. Analyse : La pollution du transport maritime plus dangereuse que celle du transport automobile L’explication technique est simple : plus la vitesse d’un navire est importante, plus l’énergie nécessaire pour parcourir une même distance l’est également, et ce, de manière exponentielle. Ainsi, un pétrolier réduisant sa vitesse de douze à onze nœuds réduit sa consommation de 18 %, une consommation qui réduit même de 30 % s’il descend à dix nœuds, selon les chiffres du ministère de la transition écologique et solidaire. Derrière ce principe, l’équation est tout de même un brin plus complexe. Le type de navire et sa motorisation entrent aussi en compte, tout comme le fait qu’une baisse de la vitesse implique de faire circuler plus de navires pour acheminer le même volume de marchandises dans des délais équivalents. Mais, selon les spécialistes, même considérant tous ces facteurs, le résultat serait tangible. Une baisse de vitesse de 10 % entraînerait ainsi une réduction des émissions de gaz à effet de serre du secteur de l’ordre 13 % à horizon 2030, estime un rapport de CE Delft publié en 2017. L’économie pourrait même aller jusqu’à 33 % pour une baisse de 30 % de la vitesse, selon la même source, en intégrant dans le calcul la hausse du nombre de navires en circulation. La mesure serait également bénéfique pour les écosystèmes marins. Ainsi, une réduction de la vitesse de fret de 10 % diminuerait les nuisances sonores du transport maritime de l’ordre de 40 %, et pourrait réduire les risques de collision avec des baleines, selon une étude publiée dans Frontiers in Marine Science le 16 août dernier. Décryptage : Les écosystèmes marins à la merci des activités humaines Des réserves de certains industriels et Etats L’idée de réduire la vitesse des navires est sur la table depuis des années, mais les troupes de ses soutiens se sont élargies depuis quelques mois. Plusieurs pays, dont la France et la Grèce, ont ainsi plaidé à l’OMI en avril 2019 pour la mise en place d’une régulation en la matière, soutenus publiquement par des ONG et des armateurs. Mais la proposition suscite des réserves d’une partie de l’industrie et de certains Etats, en particulier les exportateurs de denrées périssables, qui craignent pour leur compétitivité économique. C’est pourquoi les tractations sur le sujet à l’OMI ont de nouveau échoué au printemps, renvoyant un éventuel accord à novembre 2019. « Il existe des contre-arguments valables à l’encontre de cette mesure », reconnaît Jasper Faber de CE Delft. Notamment le fait qu’avec une limitation de la vitesse, la pollution n’est visée que de manière indirecte, et qu’un tel cadre pourrait brider l’innovation. Des solutions existent cependant pour éviter ces écueils, assure l’expert. Par exemple en ajoutant une certaine flexibilité à la régulation, qui pourrait prévoir qu’un navire très peu émetteur de gaz à effet de serre (grâce à l’utilisation de carburants « propres ») puisse bénéficier de limitations de vitesses supérieures. Dans tous les cas, la plupart des connaisseurs du secteur estiment que seul un cadre réglementaire contraignant, si possible international, permettra réellement d’obtenir des résultats. Un dénouement loin d’être acquis pour l’heure, la prise de décisions à l’OMI se faisant sur la base de consensus.
La plupart des experts reconnaissent l’intérêt de la mesure défendue par Emmanuel Macron. Reste à savoir si elle sera mise en place et comment.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/08/26/transport-maritime-naviguer-moins-vite-pour-polluer-moins-une-piste-efficace-mais-loin-d-etre-concretisee_5503026_4355770.html
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Une zone déboisée près de Lisle-sur Tarn (Tarn), en août 2017. REMY GABALDA / AFP Le plus emblématique des projets français de stockage de l’eau vient de franchir une étape significative. Après cinq ans de tergiversations et blocages et près de quatre heures de réunion à Lisle-sur-Tarn, lundi 9 septembre, la retenue de la vallée du Tescou, dans le Tarn, plus connue sous le nom de barrage de Sivens, a débouché sur un compromis. Une étude, menée sous la tutelle de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, devra déterminer d’ici à fin 2019 quels sont les besoins réels dans la vallée, des agriculteurs irrigants en particulier, avant de se pencher sur la question des infrastructures et des volumes nécessaires. Depuis la mort de Rémi Fraisse il y a cinq ans, cette question est restée sans réponse. Le jeune homme de 21 ans a trouvé la mort la nuit du 25 octobre 2014, touché par une grenade offensive des gendarmes mobiles, lors de la manifestation qui s’était tenue sur le site de la zone humide fraîchement déboisée, dans la forêt de Sivens. Auparavant, la bataille de l’eau dans le Tarn avait causé nombre de blessés lors de descentes musclées d’agriculteurs et de heurts avec la gendarmerie, suscité des grèves de la faim et bien des nuits passées dans les arbres par ceux qui allaient contribuer à faire passer le terme de « zadiste » dans le langage courant. Les premiers d’entre eux étaient arrivés sur place pour protéger la forêt dès 2013. Dans le Tarn, toutes ces tensions sont encore perceptibles. Résultat : la situation est bloquée. Plus rien n’avance. Ni les solutions pour satisfaire la demande des irrigants – tous les travaux ont été totalement arrêtés en 2015, avant même la décision d’annulation de la déclaration d’utilité publique l’année suivante. Ni le contrat de territoire qu’une cinquantaine d’élus, associations opposées à la retenue d’eau du Tescou, représentants agricoles et autres acteurs locaux sont censés élaborer ensemble. Un contrat de territoire est un projet partagé qui doit pouvoir favoriser le développement, la qualité de vie, la cohésion d’un secteur. Sécurité d’alimentation Concrètement, celui-ci sous-entend de concilier à la fois des économies d’eau et une sécurité d’alimentation pour l’ensemble des usagers – les exploitants au premier chef –, tout en préservant la faune et la flore aquatiques en période d’étiage. L’objectif, ambitieux, peut passer par des changements dans les types de cultures, des conversions de cantines municipales vers des achats en circuits courts et bio, une meilleure utilisation des retenues déjà existantes et, en dernier lieu, de nouvelles infrastructures correctement dimensionnées.
Dans le Tarn, le projet de retenue d’eau, marqué par la mort de Rémi Fraisse, est bloqué depuis des années. Un compromis se dégage pour étudier les véritables besoins des agriculteurs.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/09/10/debut-de-consensus-pour-le-barrage-de-sivens_5508554_3244.html
mlsum-fr-655
« La science ne saurait avoir de parti pris. » Une tribune du collectif No Fake Science, signée par 250 scientifiques (ingénieurs, chercheurs, vulgarisateurs, etc.), déplore que la méthode scientifique ait été « oubliée des médias ». Ce texte, publié en France par L’Opinion le 15 juillet, ainsi que par Le Soleil au Canada, Heidi. news en Suisse et La Libre Belgique, a rencontré un écho considérable dans la communauté scientifique ces derniers jours. Les auteurs et autrices du texte estiment que « l’état de nos connaissances [scientifiques] ne saurait être un supermarché dans lequel on pourrait ne choisir que ce qui nous convient et laisser en rayon ce qui contredit nos opinions ». Pour appuyer leurs dires, ils avancent six sujets sur lesquels existeraient des consensus scientifiques. Si la volonté de promouvoir une information scientifique fiable, sans dérive « sensationnaliste ni idéologique », a été jugée louable, des réactions plus critiques se sont fait entendre sur le fond du texte. Contacté par Le Monde, le collectif No Fake Science reconnaît que « les exemples retenus ont inévitablement quelque chose d’arbitraire », mais il explique qu’ils « n’ont pas été choisis au hasard », faisant partie des sujets « les plus malmenés » dans le débat public. « Le débat public autour de ces thèmes ne saurait être considéré comme “scientifiquement clos”, reconnaissent les auteurs. Pour autant, les points précis retenus en exemple sont consensuels parmi les spécialistes et doivent être présentés comme tels », assurent-ils. A y regarder de plus près, ces six « consensus scientifiques » n’en sont pourtant pas tous. Revue de détail. Ce qui fait consensus 1. La vaccination DENIS CHARLET / AFP Ce que dit la tribune : « La balance bénéfice/risque des principaux vaccins est sans appel en faveur de la vaccination. » Si l’on considère, par exemple, les onze vaccins obligatoires en France, le constat dressé ici se vérifie facilement : chaque maladie concernée a largement reculé depuis l’introduction des vaccins. A l’inverse, les effets secondaires graves sont rarissimes. Les bénéfices sont donc largement supérieurs aux risques. Il est donc tout à fait juste de parler de consensus scientifique sur ce point. On peut cependant noter qu’un tel consensus n’éteint pas automatiquement tout questionnement sur la politique de vaccination. Ce n’était certes pas le propos de la tribune de No Fake Science, mais des questions demeurent ouvertes sur l’âge auquel vacciner, le nombre d’injections à pratiquer, la composition des produits utilisés. Lire aussi L’efficacité des vaccins en onze maladies 2. L’homéopathie SANDY AKNINE / PHOTONONSTOP Ce que dit la tribune : « Il n’existe aucune preuve de l’efficacité propre des produits homéopathiques. » On peut même aller plus loin que les auteurs de la tribune : le consensus qui se dégage des différentes études menées sur le sujet est que les préparations homéopathiques n’ont pas d’effet significatif propre. C’est cette réalité que les académies nationales de médecine et de pharmacie ont rappelée dans un communiqué commun publié le 28 mars, tout comme la Haut Autorité de santé en juin. Des analyses qui ont grandement contribué au récent choix du gouvernement de dérembourser l’homéopathie. Là aussi, cependant, le fait qu’un consensus scientifique existe ne veut pas dire qu’une seule politique publique est possible. 3. Le réchauffement climatique GABRIEL BOUYS / AFP Ce que dit la tribune : « Le changement climatique est réel et d’origine principalement humaine. » Certes, les variations de température ont toujours existé dans l’histoire de la Terre. Mais le réchauffement actuel est particulièrement rapide. Selon les experts, ce sont bien les gaz à effet de serre qui ont joué un rôle prépondérant. Selon le dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), dévoilé en octobre 2018, le réchauffement climatique était d’environ 0,87 °C sur la période 2006-2015 par rapport à la moyenne des années 1850-1900. En l’état des connaissances scientifiques actuelles, on estime que, sauf sursaut mondial majeur, le seuil de 1,5 °C d’augmentation sera franchi entre 2030 et 2052. Pire encore, le réchauffement pourrait se situer autour de 5,5 °C. Ce qui est plus discutable 1. Le glyphosate REGIS DUVIGNAU / REUTERS Ce que dit la tribune : « Aux expositions professionnelles et alimentaires courantes, les différentes instances chargées d’évaluer le risque lié à l’usage de glyphosate considèrent comme improbable qu’il présente un risque cancérigène pour l’homme. » Inclure le glyphosate dans une liste de sujets qui font l’objet d’un consensus scientifique est discutable. Cet herbicide massivement utilisé dans le monde est, en réalité, au cœur d’une controverse scientifique, où chaque mot a son importance. Ici, les auteurs de la tribune mentionnent les « différentes instances chargées d’évaluer le risque ». Et il est vrai que celles-ci jugent « limités » les risques du glyphosate pour la santé humaine. Le problème, c’est que ces agences sanitaires ne sont pas les seules à explorer le sujet. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a ainsi classé le glyphosate comme « cancérogène probable » en 2015. Cette décision n’a pas de valeur réglementaire, mais elle est le fruit d’un travail scientifique. Plusieurs études sérieuses ont également pointé de possibles risques pour les agriculteurs qui utilisent des produits à base de glyphosate. Ces éléments font que bon nombre de spécialistes se montrent beaucoup moins catégoriques que les auteurs de la tribune No Fake Science. « C’est un sujet difficile avec pas mal d’incertitudes et il est nécessaire d’approfondir nos connaissances », expliquait ainsi récemment au Monde Robert Barouki, médecin, toxicologue et directeur de recherche à l’Inserm. Un « consensus » qui ne fait pas l’unanimité Outre la santé des personnes, l’usage massif du glyphosate dans le monde pose également des problèmes environnementaux, qui sont documentés par des études scientifiques. Si bien que, en résumant, le glyphosate à un simple « improbable » risque cancérogène pour l’homme, le collectif No Fake Science semble s’écarter de sa propre recommandation de ne pas « choisir ce qui nous convient et laisser en rayon ce qui contredit nos opinions ». Interrogé sur ce sujet, le collectif explique au Monde qu’aborder les enjeux environnementaux du glyphosate aurait été « plus complexe, inadapté aux contraintes de la tribune ». Il affirme, par ailleurs, ne pas reprocher à la presse de « mentionner les doutes soulevés par des experts, des études, etc. », mais regretter que « la médiatisation de certains débats se focalise avant tout sur ces éléments ». Mais pourquoi, alors, avoir uniquement mis l’accent sur les avis des agences concernant l’herbicide ? « Nous nous référons régulièrement aux conclusions des instances puisque leur rôle est de combiner l’ensemble des données disponibles pour conclure sur un sujet donné », répond le collectif. 2. Les organismes génétiquement modifiés PABLO AHARONIAN / AFP Ce que dit la tribune : « Le fait qu’un organisme soit génétiquement modifié (OGM) ne présente pas, en soi, de risque pour la santé. » Ici encore, la formulation retenue par les auteurs est contestable. La référence utilisée (un article de l’OMS sur les questions fréquentes sur les OGM) n’est, en effet, pas aussi catégorique. L’article de l’OMS explique notamment que « les OGM diffèrent par les gènes insérés et la manière d’opérer » et qu’il est nécessaire d’en évaluer les risques « au cas par cas ». Toujours selon l’OMS, « il est impossible de se prononcer d’une manière générale sur tous les aliments transgéniques » et « la plupart des autorités nationales estiment que les aliments génétiquement modifiés nécessitent des évaluations spécifiques ». Cependant, l’OMS note que les OGM commercialisés aujourd’hui dans le monde n’ont pas été jugés dangereux pour la santé humaine pour l’heure : « On n’a jamais pu montrer que leur consommation par le grand public dans les pays où ils ont été homologués ait eu un quelconque effet sur la santé humaine. » Au-delà des questions de santé évoquées par la tribune, les OGM posent néanmoins d’autres enjeux, notamment en termes de brevetabilité du vivant et de dépendance des agriculteurs aux sociétés qui en commercialisent les semences. Autant de réserves politiques qui ne relèvent pas forcément de l’obscurantisme ou de la mauvaise foi. 3. Le nucléaire REGIS DUVIGNAU / REUTERS Ce que dit la tribune : « L’énergie nucléaire est une technologie à faible émission de CO 2 et peut contribuer à la lutte contre le changement climatique. » L’énergie nucléaire est-elle verte pour autant ? A cette question, la réponse ne va plus de soi et ne fait même plus consensus du tout. En effet, l’atome présente de nombreuses limites et de nombreux inconvénients en matière de gestion des déchets radioactifs, du risque d’accidents catastrophiques ou de la difficulté de démanteler les centrales hors d’usage. Ce qui rend le débat beaucoup plus complexe que la seule question des émissions de gaz carbonique. C’est un fait établi, la production d’électricité en France émet relativement peu de gaz à effet de serre. Et c’est en grande partie grâce à la prépondérance du nucléaire, qui représente les trois quarts du mix énergétique. Pourtant, une bonne part des personnes interrogées dans le cadre d’une série de sondages Ipsos depuis 2012 croit que les centrales nucléaires contribuent « beaucoup » ou « un peu » au réchauffement climatique, ce qui témoigne d’un déficit d’information sur le sujet. Mais, de nouveau, la mise en exergue d’une seule affirmation, au détriment d’autres enjeux essentiels du sujet, peut donner l’impression que No Fake Science a fait son choix dans le « supermarché » de l’information scientifique. « Le point que nous voulions mettre en avant était la faible émission de CO 2 de ce moyen de production électrique, pouvant participer à la lutte contre le réchauffement climatique. Le propos n’avait pas l’objectif d’aller au-delà », répond le collectif.
Sous prétexte de défendre « un débat public apaisé et rationnel », cet appel signé par 250 scientifiques souffre lui-même de quelques « partis pris » qui le desservent.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/07/26/les-evidences-relatives-de-la-tribune-de-no-fake-science-sur-l-information-scientifique_5493749_4355770.html
mlsum-fr-656
La présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à Capitol Hill à Washington, le 24 septembre. ANDREW HARNIK / AP Les Etats-Unis se sont engagés dans l’inconnu, mardi 24 septembre. En fin d’après-midi, la speaker (présidente) démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (Californie), a annoncé le déclenchement d’une procédure de destitution de Donald Trump ; elle n’a été utilisée qu’à trois reprises par le passé, sans jamais aboutir au départ d’un président en exercice. Nancy Pelosi a estimé que l’actuel locataire de la Maison Blanche a « violé la Constitution » en demandant, selon elle, à un dignitaire étranger d’enquêter sur l’un de ses adversaires politiques, l’ancien vice-président Joe Biden, par ailleurs candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2020. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Donald Trump aurait demandé à l’Ukraine d’enquêter sur la famille de Joe Biden Des mois durant, Nancy Pelosi avait résisté aux appels lancés par l’aile gauche de son parti sur fond d’enquête « russe » liée aux interférences prêtées à Moscou par le renseignement américain pendant la présidentielle de 2016, pour le bénéfice de Donald Trump. Un choix judicieux : l’enquête du procureur spécial Robert Mueller avait écarté le soupçon de collusion, tout en refusant de se prononcer sur celui d’obstruction à la justice. Par une curieuse ironie de l’histoire, la procédure enclenchée mardi part d’une conversation téléphonique survenue au lendemain de l’audition du procureur spécial par la Chambre des représentants, le 24 juillet, qui avait mis fin, dans les faits, à cette controverse. Cet échange impliquait le président des Etats-Unis et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. Signalement à l’inspecteur général du renseignement Selon le Washington Post, qui l’a le premier révélé, le 18 septembre, Donald Trump aurait invité son interlocuteur à ouvrir des enquêtes concernant Hunter Biden, le fils de l’ancien vice-président. Une utilisation potentiellement périlleuse de la fonction présidentielle à des fins politiques. Ces contacts avec le président et l’Ukraine ont incité un lanceur d’alerte appartenant à la communauté du renseignement des Etats-Unis à adresser un signalement, début août, à l’inspecteur général du renseignement national, Michael Atkinson. Nommé par Donald Trump en 2018, ce dernier l’a jugé suffisamment alarmant pour envisager d’en faire part au Congrès. Le directeur par intérim du renseignement national, Joseph Maguire, s’y est cependant opposé avec le soutien du département de la justice. Entendu à huis clos par la commission du renseignement de la Chambre des représentants, le 19 septembre, Michael Atkinson a gardé le silence sur injonction de son autorité de tutelle. Depuis des mois, des proches de Donald Trump s’efforcent ouvertement d’inciter les autorités ukrainiennes à relancer des enquêtes considérées comme potentiellement dommageables pour le camp démocrate. La première concerne la présence du fils de Joe Biden, Hunter, au conseil d’administration d’une société gazière privée à partir de 2014, à une époque où son père occupait les fonctions de vice-président des Etats-Unis. La seconde renvoie à d’éventuels liens entre des responsables de l’administration ukrainienne et des émissaires du Parti démocrate ; ces liens auraient permis de mettre au jour la fraude fiscale et bancaire qui a entraîné la condamnation à de la prison d’un directeur de campagne de Donald Trump, Paul Manafort, rattrapé par ses activités passées en Ukraine comme consultant politique. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Hunter Biden en Ukraine : fantasmes républicains et vrai mélange des genres « Chasse aux sorcières » Un avocat du président Donald Trump attelé à cette tâche, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani, a confirmé avoir demandé aux autorités ukrainiennes d’enquêter sur la famille Biden. Il soutient que l’ancien vice-président des Etats-Unis aurait obtenu, en 2016, le limogeage, décidé par le Parlement ukrainien, d’un procureur général qui enquêtait sur la société de Hunter Biden. Le responsable visé faisait cependant l’objet de critiques du gouvernement américain et de l’Union européenne, qui l’accusaient de bloquer les réformes visant le système juridique ukrainien. Donald Trump, de son côté, n’a cessé de valider en partie les informations publiées par la presse américaine, tout en les replaçant dans un contexte plus favorable. Après avoir initialement assuré que cette conversation « n’[avait] pas d’importance », il a reconnu tout d’abord que le nom des Biden avait été mentionné, puis qu’il avait gelé le versement d’une aide américaine jusqu’à cet échange, alimentant la thèse d’un marché. Le président des Etats-Unis a cependant assuré qu’il avait pris cette décision par dépit de voir son pays mis une nouvelle fois à contribution, contrairement à d’autres alliés, et qu’il voulait obtenir de son homologue des engagements dans la lutte contre la corruption. En l’espace de quelques jours, Donald Trump a renoué avec les dénonciations d’un « harcèlement présidentiel » et d’une « chasse aux sorcières » qu’il avait multipliées pendant l’enquête « russe », tout en répétant que le comportement de Joe Biden pendant cette période mérite une enquête. Il a assuré que la personne à l’origine de l’affaire, dont le nom reste pour l’instant inconnu, « est un lanceur d’alerte partial », même s’il a affirmé ne pas connaître son identité. Conséquences politiques incertaines Mis sous pression par les démocrates, Donald Trump a réagi mardi, avant l’annonce de Nancy Pelosi, en indiquant que le contenu de la conversation téléphonique serait publié intégralement et qu’elle montrerait que ses conversations avec ses homologues « sont toujours irréprochables ». Il devrait en aller de même avec la note du lanceur d’alerte à l’origine de l’affaire. Selon la presse américaine, ce document comprendrait d’autres éléments que le contenu de l’échange téléphonique. Les conséquences politiques du déclenchement de la procédure de destitution restent incertaines. Elle n’a a priori aucune chance de déboucher sur l’éviction de Donald Trump compte tenu de la majorité que détient le Parti républicain au Sénat. Les élus conservateurs, à de très rares exceptions, se sont d’ailleurs gardés jusqu’à présent d’exprimer le moindre trouble. La seconde Chambre est souveraine en la matière. Elle instruit en effet le procès du président sur la base d’un éventuel acte d’accusation (impeachment) rédigé par la Chambre des représentants. Donald Trump a estimé que cette procédure pourrait tourner à son avantage dans l’opinion. « Ils disent tous que cela serait positif pour moi lors de l’élection », a-t-il commenté mardi, en marge de ses réunions bilatérales. Toutes les études d’opinion réalisées jusqu’à présent, notamment dans le cadre de l’enquête russe, ont montré qu’une majorité relative de personnes interrogées s’y oppose. Les démocrates qui s’y refusaient par le passé mettaient d’ailleurs en évidence le risque de division du pays. Outre la nature potentiellement dévastatrice, si elle était avérée, de la nouvelle affaire, un autre élément a pu inciter Nancy Pelosi à sauter le pas : la stratégie d’obstruction systématique opposée par Donald Trump aux velléités de contrôle de l’exécutif, pourtant prévu dans la Constitution. L’ombre de la destitution, désormais, ne va cesser de planer sur les primaires démocrates et les premiers mois de la présidentielle de 2020.
Le président américain est soupçonné d’avoir demandé à son homologue ukrainien d’enquêter sur son rival politique Joe Biden.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/24/les-democrates-annoncent-l-ouverture-d-une-enquete-en-vue-d-une-destitution-de-trump_6012914_3210.html
mlsum-fr-657
Des enquêteurs se rendent à la ferme de Ruinerwold, dans la province de Drenthe aux Pays-Bas, le 18 octobre. WILBERT BIJZITTER / AFP LETTRE DE BRUXELLES C’était une histoire un peu dingue, avec tous les ingrédients pour une bonne série télé estampillée « Europe du nord ». Mercredi 16 octobre, elle a connu un succès médiatique planétaire. Avec, au départ, pas mal d’approximations : aux Pays-Bas, le nom de suspects ou de prévenus n’est, en principe, pas divulgué et la police, tout comme la justice, diffuse les informations au compte-gouttes, avec de rares prises de parole. Au bout de quelques jours, on parvient à savoir un peu plus précisément ce qui s’est déroulé dans ce coin de campagne, perdu dans la province de Drenthe, au nord-est du royaume. Le décor : une ferme isolée au bout d’un chemin cahoteux. Les protagonistes : une famille apparemment claquemurée depuis neuf ans dans un réduit, un père de famille malade et un mystérieux locataire autrichien roulant dans un vieux break Volvo. Autrichien ? De quoi pimenter l’affaire et réactiver le souvenir de la jeune Autrichienne Natasha Kampusch, enlevée à 12 ans, enfermée dans une cave et parvenant à s’échapper en 2006, au bout de huit années de captivité. Un escroc sans scrupule Cette fois, c’est Jan, un garçon de 25 ans qui est au cœur d’un épisode ayant attiré les médias du monde entier. Les envoyés spéciaux – certains munis de drones – ont rapidement découvert le village de Ruinerwold et la ferme du mystère, juxtaposition de trois bâtisses de bois et de briques, aux façades mangées par la végétation. Jan, visiblement mal soigné et désorienté, se présente il y a quatre semaines à De Kastelein, l’un de ces « cafés bruns » typiques des Pays-Bas, avec des murs en bois teints par les fumées de tabac. Il enchaîne cinq pintes de bière, attirant l’attention de Chris Westerbeek, le patron du bar. Au bout de la troisième visite de ce mystérieux client, installé à la terrasse alors qu’il pleut des cordes, Chris alerte la police. En poussant une armoire, elle découvrira dans la ferme la « famille fantôme », passée totalement sous tous les radars jusqu’alors. La police, la municipalité, les écoles avaient perdu la trace de tous ses membres, ce qui pose quelques questions pour l’instant sans réponse. Il y avait là le père, Gerrit Jan van D., 67 ans, qui a subi une attaque cérébrale il y a quelques années, le frère et les quatre sœurs de Jan, tous majeurs, âgés de 18 à 25 ans. Trois autres enfants se seraient enfuis naguère, la maman est décédée en 2004. Les premières informations diffusées laissaient entendre que la famille avait été retenue de force par le mystérieux Josef B., un menuisier âgé de 58 ans. Un Autrichien né à Vienne, où il a laissé une femme et deux enfants. Il est désormais mis en examen pour privation de liberté, atteinte à la santé d’autrui et blanchiment : les enquêteurs ont mis la main sur une importante somme d’argent en liquide.
Une semaine après la découverte de cette famille de 6 personnes, recluse dans une ferme depuis neuf ans, aucune hypothèse n’a encore convaincu les enquêteurs.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/25/aux-pays-bas-la-famille-fantome-entretient-le-mystere_6016816_3210.html
mlsum-fr-658
Le jeudi 04 juillet 2019 a Selles sur Cher dans le Loir et Cher. Yidan Sun une jeune etudiante Chinoise en maitrise d Histoire de la Renaissance a l Universite de Tours travaille comme stagiaire au chateau de la ville. Elle accueille les visiteurs. Elle guide les touristes et fait la traductrice pour les touristes chinois. Ici elle explique a un couple de touristes venu de Versailles l historique du chateau de Selles sur Cher. Nicolas Wietrich pour le Monde Sous la houlette d’un couple de châtelains franco-chinois et d’un maire aventureux, Selles-sur-Cher (Loir-et-Cher), 4 600 habitants, a mis en œuvre une étonnante transformation. Lorsqu’ils rachètent puis rénovent le château de la ville avant de s’emparer d’un petit vignoble à Châtillon-sur-Cher, aujourd’hui plébiscité par des chefs étoilés, Nicolas Mazzesi et son épouse, ­Katherine Wu, se promettent une chose : attirer les touristes chinois au-delà du triptyque Amboise-Chambord-Chenonceau. La commune a subi la désindustrialisation de plein fouet avec la délocalisation de son usine de céramiques en 2011, laquelle employait plus d’un millier d’ouvriers dans les années 1970. Le maire actuel (sans étiquette), Francis Monchet, 82 ans, a alors sorti son écharpe ­tricolore pour accueillir toutes sortes de délégations chinoises, que lui présentent les deux châtelains, par ailleurs prospères entrepreneurs en Chine. Rapprochement entre l’hôpital et des médecins chinois Cela a donné naissance à un jumelage entre le château et la ville mémorielle de Tai-er-Zhuang, dans le Shandong, où l’armée chinoise repoussa les forces japonaises en 1938. Puis à des rapprochements entre l’hôpital communal et des médecins chinois, entre la mairie et le proviseur d’un lycée huppé de Pékin en quête d’un lieu où immerger ses élèves francophiles.Et à deux entretiens auprès de la DGSI. « Mais tout est clean et le département nous soutient. Aujourd’hui, Selles-sur-Cher est reconnu par le gouvernement chinois comme une destination de catégorie AAA. Il est aussi prêt à nous envoyer deux acupuncteurs, vante le maire. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, dans un désert médical et industriel ! » Cet hiver, la chaîne de télévision d’Etat est ­venue filmer le village pendant le gala du Nouvel An chinois. Fin mars, l’ambassade chinoise a convié le maire à une réunion à Paris avec des industriels sichuanais de l’agroalimentaire. M. Mazzesi et sa femme ont acquis plusieurs appartements vacants dans le centre du village afin d’y ouvrir des gîtes. Et transformé une discothèque à l’abandon en restaurant chinois gastronomique, pour satisfaire ces nouveaux touristes. Ateliers cuisine et cours de langue C’est Tina Lin, une Wenzhou de Paris, gérante d’un bar à sushis à ­Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), qui a été missionnée pour gérer l’établissement. En Ile-de-France, elle avait « un souci de thyroïde à cause du stress ». « Là-bas, nous étions toujours sous pression, le loyer était élevé et les salaires de l’équipe aussi. Avec mon mari et nos trois ­enfants, on avait besoin de changer d’air. » Son restaurant, Chez voisin Lin, propose des aubergines pimentées, du travers de porc en marmite et d’exquis raviolis maison.
Les partenariats avec la Chine se sont multipliés ces dernières années dans cette commune frappée de plein fouet par la désindustrialisation. Qui attire ainsi de nombreux touristes chinois.
https://www.lemonde.fr/m-perso/article/2019/07/11/selles-sur-cher-la-ville-ou-les-chatelains-parlent-mandarin_5487984_4497916.html
mlsum-fr-659
Pertes et profits. Contrairement à une légende tenace, Emmanuel Macron n’a pas inventé le fameux « en même temps ». Il est même au cœur de l’art politique. En 2000, le ministre de l’économie de l’époque, Laurent Fabius, doit arbitrer un choix délicat. Les gouvernements britanniques et allemands viennent de toucher le gros lot en vendant aux enchères les fréquences de téléphonie de troisième génération. Berlin a empoché plus de 50 milliards d’euros, Londres près de 40 milliards. Pour réduire son déficit et financer les retraites, Paris rêve lui aussi d’empocher le jackpot. Mais un parfum nauséabond de crise flotte au-dessus de l’Internet et des télécoms. Les opérateurs téléphoniques, dont la société d’Etat France Télécom, sont surendettés et menacent de ne plus avoir les moyens d’investir. Alors Laurent Fabius coupe la poire en deux. Il rejette les enchères folles mais fixe un prix de vente assez élevé, autour de 20 milliards, pour boucler son budget. Même à ce tarif, les choses ne se dérouleront pas comme prévu. Bouygues Telecom refuse de participer et l’éclatement de la bulle Internet, ruinant nombre d’opérateurs, viendra compliquer la tache. « Le juste milieu » L’histoire semble se répéter. Alors que le premier ministre Edouard Philippe a livré, mercredi 12 juin, devant l’Assemblée nationale sa propre interprétation de la chanson « en même temps » (réduire les impôts et la dette), l’Allemagne a présenté le résultat de la mise aux enchères des fréquences téléphoniques de cinquième génération (5G). Elle attendait 3 à 5 milliards d’euros, elle en récupérera finalement près du double : 6,6 milliards. Voilà qui ferait bien les affaires du gouvernement français. Ce n’est évidemment pas du tout du goût des opérateurs téléphoniques concernés qui rappellent que chaque euro dépensé pour acheter les fréquences ne le sera pas pour investir dans le réseau. Or le gouvernement a publié récemment une lettre de cadrage ambitieuse, mettant la priorité sur un déploiement rapide de la 5G, y compris dans les zones les moins peuplées et exigeant un lancement du service dès 2020 dans plusieurs villes de France. Comme le dit justement la ministre Agnès Pannier-Runacher, responsable de ce dossier, il faudra trouver « le juste milieu ». Mais existe-t-il seulement ce centre parfait où tous les intérêts sont supposés converger naturellement, celui de l’Etat, des citoyens et de l’économie ? Nous voici revenus au cœur de la dialectique macronienne.
L’Allemagne a annoncé la vente pour 6,6 milliards d’euros des fréquences de cinquième génération. Les gouvernement français résistera-t-il à la tentation au risque de pénaliser les investissements dans le réseau, s’interroge Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/06/13/avec-les-frequences-telephoniques-la-france-tente-le-en-meme-temps_5475683_3234.html
mlsum-fr-660
Même les images publiées sur un compte Instagram privé sont accessibles à tout un chacun... A condition d’en avoir l’adresse. NICOLAS SIX / LE MONDE Avant, sur Facebook, on ne se posait pas trop de questions : lorsqu’on voulait partager des photos de vacances ou de soirée, on les postait sur son profil, on les diffusait en « public » ou on choisissait de les rendre accessibles seulement pour ses « amis » ou « amis d’amis ». Et voilà. Depuis, l’environnement Facebook – qui inclut maintenant Messenger, Instagram, Whatsapp – s’est considérablement étoffé. Les paramètres pour restreindre la visibilité de nos images ont suivi le mouvement. Sur Facebook, on peut par exemple définir des listes précises de diffusion, afin que des images ou vidéos ne soient accessibles que pour une partie définie de nos contacts. Plus de 500 millions d’usagers quotidiens Sur Instagram, un compte peut être mis en « privé », afin que les photos de nos brunchs ou de couchers de soleil ne soient visibles que par nos abonnés. Ces dernières années, on a également vu exploser les « stories », qui permettent de poster une photo ou une vidéo censée disparaître au bout de vingt-quatre heures. Un format éphémère utilisé chaque jour par plus de 500 millions de personnes, soit près d’un tiers des 1,56 milliard d’usagers de Facebook. Pourtant, la plupart de ces images postées dans un environnement Facebook ne sont, en réalité, pas en accès complètement « restreint ». Si elles le sont souvent au sein des applications Facebook, elles peuvent aussi, la plupart du temps, être affichées par n’importe qui, dans un navigateur Web, à partir du moment où la personne dispose de l’adresse (URL) associée à chaque image sur les serveurs de Facebook. C’est ce qu’a rappelé le site BuzzFeed, lundi 9 septembre, en publiant un article titré « Vos posts Instagram privés ne sont pas exactement privés ». Cet article explique qu’il est relativement simple de pouvoir afficher une photo en dehors de l’environnement Instagram où elle a été partagée, même si l’image est postée par un profil privé, ou qu’elle est diffusée dans une « story » éphémère. BuzzFeed a démontré notamment que les « stories » Instagram, qui ne sont normalement plus visibles après vingt-quatre heures, sont encore consultables plusieurs jours après leur « disparition ». Les adresses uniques de chaque image accessibles On le savait jusqu’ici pour Facebook : grâce à la fonction « copier l’adresse de l’image », accessible par un clic droit sur des navigateurs comme Chrome ou Firefox, on peut récupérer automatiquement l’adresse URL propre à chaque image, puis l’envoyer à d’autres personnes. Ces dernières pourront afficher l’image dans leur propre navigateur, de manière brute et épurée, sans les éléments habituels de l’interface Facebook (boutons réactions, commentaires, etc.). Ceci même lorsqu’elles ne sont pas « ami Facebook » avec la personne qui a posté l’image, ou qu’elles ne sont pas connectées à leur propre compte Facebook. Cette méthode fonctionne également pour des images envoyées sur Messenger, d’après nos constatations. Lire aussi Des applications de suivi des règles transmettent des données très personnelles à Facebook Pour d’autres images de l’environnement Facebook, en revanche, la fonction « copier l’adresse de l’image » est désactivée dans les navigateurs desktop. C’est le cas pour les photos postées sur des comptes Instagram privés, ou pour les « stories » partagées sur Facebook et Instagram. C’est là qu’interviennent les journalistes de BuzzFeed, qui ont pu démontrer qu’il était tout de même possible de récupérer les URL des images en question, grâce aux outils de développement inclus dans les navigateurs comme Chrome ou Firefox. Lire aussi Facebook admet avoir écouté certaines conversations d’usagers Une photo encore visible après sa « suppression » Ces outils permettent d’explorer le code source d’une page Web, ou de vérifier, pour un développeur Web, que son site fonctionne bien. Sur Chrome, les journalistes de BuzzFeed ont pu facilement, à travers les consoles de développement, récupérer l’adresse unique de l’image d’une « story » Instagram ou d’une photo, même pour les comptes qui sont en mode « privé ». Nous avons pu, également, faire de même. Pour les besoins de la science et de cet article, l’auteur de ces lignes partage ainsi avec vous une photo Instagram de son profil récupérée de la sorte, alors que ce profil est censé être « privé ». Nous avons pu également continuer à afficher une « story » Instagram d’un collègue dans un navigateur Web, ceci alors que son compte Instagram est en accès restreint, et qu’il avait supprimé la « story » de son compte. L’adresse d’hébergement de cette image sur les serveurs de Facebook a pourtant continué, pendant quarante-huit heures, d’afficher la photo en question. Au bout de soixante-douze heures, cependant, l’URL a cessé de fonctionner. La « story » Instagram de notre collègue a pu continuer à s’afficher sur notre navigateur, malgré sa suppression par ledit collègue. MICHAËL SZADKOWSKI / « LE MONDE » Pas d’abus, selon Facebook Après publication de l’article de BuzzFeed, Facebook s’est défendu en affirmant que cela ne changeait rien. Un porte-parole du réseau social a déclaré au Monde, lundi 9 septembre, que le fait de pouvoir retrouver une URL d’une image, puis de l’afficher dans n’importe quel navigateur, n’était pas foncièrement différent de la possibilité, sur tous les ordinateurs et smartphones du monde, de faire des captures d’écran des images que l’on consulte. Puis de la diffuser ensuite, sans que la personne qui la poste ne soit prévenue. « Cette fonctionnalité ne donne pas accès à un compte privé », tient également à noter Facebook, qui dit n’avoir constaté aucun abus de ses services grâce à cet accès permis aux URL des images. L’épisode, qui a été commenté par la presse spécialisée, a, cependant, au moins le mérite de rappeler certains principes, que la généralisation des images « éphémères » ou en apparence d’accès restreint a pu gommer de l’esprit de certains utilisateurs : en cas de doute sur l’utilisation qui pourrait être faite des images que vous postez ou envoyez sur Internet, il reste préférable de ne pas les envoyer. Lire aussi Facebook répare un bug dans Messenger Kids qui permet à des inconnus de parler à des enfants
Le site d’information « BuzzFeed » a démontré qu’il était possible de consulter des images postées en « story » sur Instagram, même après leur disparition. Facebook, propriétaire de l’application, assume.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/09/13/sur-facebook-et-instagram-les-images-en-acces-restreint-ne-le-sont-pas-completement_5510233_4408996.html
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Le président russe Vladimir Poutine écoute son homologue turc Recep Tayyip Erdogan lors de leur rencontre à Sotchi, en Russie, le 22 octobre. Alexei Druzhinin / AP Mardi 22 octobre, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, ont conclu un accord pour mettre fin à « Source de paix », l’offensive menée par Ankara à la frontière turco-syrienne contre les Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). L’opération militaire a fait des centaines de morts et jeté sur les routes des dizaines de milliers de personnes, et apporte une nouvelle fois la preuve que le dossier syrien et son emboîtement de conflits rebattent les cartes au Proche-Orient. Le « moment Poutine » au Proche-Orient « On assiste sans conteste au “moment Poutine” au Proche-Orient. Avec ce dernier dossier, le Russe a montré qu’il est l’acteur qui détermine les orientations et les rapports de force », explique le sociologue Adel Bakawan, membre de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Proche-Orient (iReMMO). Une situation largement favorisée par le désengagement de Washington de la région, et notamment par le retrait des troupes américaines du nord de la Syrie, le 6 octobre, trois jours avant le lancement de l’offensive turque. Symbole du passage de relais entre Washington et Moscou, la chaîne russe RT a ainsi diffusé, mi-octobre, des images des convois de blindés se croisant sur une route des environs de Kobané. D’autres montraient, plus tard, ces soldats investir les bases laissées vacantes par le départ des forces américaines. En outre, l’accord de mardi stipule que des patrouilles conjointes russo-turques seront mises en place dans les portions frontalières de la Syrie, à partir du 29 octobre. Enfin, la personnalité rigide et l’autoritarisme du Russe rassurent face à un Donald Trump erratique. « Dans cette situation chaotique, cette guerre du tous contre tous, M. Poutine incarne aux yeux des parties une forme de stabilité », résume M. Bakawan. Dénuée de moyens de pression sur les belligérants, l’Union européenne ne peut, quant à elle, exercer un contrepoids. Une victoire « facile » pour Erdogan Le président turc a salué « un accord historique ». « Erdogan n’obtient pas tout ce qu’il voulait, mais c’est une victoire facile et à moindres frais – très peu de ses soldats [une dizaine] sont morts lors de l’offensive », explique le géographe Fabrice Balanche, spécialiste du Proche-Orient et directeur de recherches à l’Université Lyon-2. Même si Ankara n’est pas parvenue à prendre le contrôle des 440 km de frontière, elle garde néanmoins la haute main sur une zone longue de 120 km et large de 32 km, entre la ville de Tall Abyad et celle de Ras Al-Aïn. Carte de situation de l’offensive turque en Syrie, au mercredi 9 octobre. Infographie Le Monde L’accord du 22 octobre mentionne également un maintien du « statu quo » dans cette région, et n’évoque aucune date de retrait pour les Turcs. Or ce compromis a été reconnu par les Etats-Unis et, implicitement, par le président syrien, Bachar Al-Assad, qui a fait état après la rencontre entre MM. Poutine et Erdogan d’une conversation téléphonique avec le Russe. Enfin, l’autre objectif atteint par Ankara est l’affaiblissement durable des forces kurdes, abandonnées par leur allié américain, contraintes à une alliance contre-nature avec Damas, et finalement forcées au retrait. Une offensive payante pour Assad L’engagement de Damas auprès des Forces démocratiques syriennes (FDS), milice arabo-kurdes dominées par les YPG, est par ailleurs une opération réussie pour le président syrien. « Cela lui a permis sans coup de feu, ni martyr, de se réinstaller sur 35 % de son territoire, dont il avait perdu le contrôle », pointe M. Bakawan. Surtout, ces zones abritent plusieurs camps dans lesquels sont détenus des djihadistes internationaux, poursuit le sociologue : « Les pays occidentaux, qui ont des ressortissants sur place, vont être obligés de traiter avec cet homme qu’ils considéraient il y a peu comme l’ennemi. » En toile de fond, la réémergence du djihadisme En effet, dès l’annonce du retrait des forces américaines, les Kurdes avaient fait part de leur incapacité à garantir l’intégrité des sites de détention de djihadistes. Quelques-uns ont d’ores et déjà profité du chaos provoqué par l’offensive de l’armée turque pour disparaître dans la nature, avec le risque de repartir à l’attaque. Une menace sécuritaire qui a été renforcée par l’alliance entre les Kurdes et Bachar Al-Assad, explique l’historien et spécialiste du Proche-Orient, Jean-Pierre Filiu. Le retour du régime de Damas et de son appareil répressif dans les régions conquises par les FDS sur l’organisation Etat islamique (EI) « ne pourra qu’y encourager le retour de flamme djihadiste ». « Les FDS ont en effet tout intérêt à se replier sur les zones majoritairement kurdes et à abandonner au régime Assad, à son armée et à sa police, les territoires majoritairement arabes. » « La base sunnite a été largement exclue de la reconstruction en Syrie et en Irak, abonde M. Bakawan. Ce qui crée du ressentiment et un terrain propice à cette réémergence. » Les Kurdes, « perdants éternels » « Les Etats-Unis ont abandonné les Kurdes et les ont de facto trahis », a résumé le porte-parole du Kremlin, mercredi 23 octobre. De son côté, Assad a rejeté la tragédie de la situation sur ses alliés de fortune, estimant que « ceux qui ont des desseins séparatistes étaient responsables des événements qui se sont produits ». « Nous savons que nous devrons faire des compromis douloureux », mais « entre les compromis et le génocide de notre peuple, nous choisirons la vie », avait expliqué, le 13 octobre, le haut commandant des FDS, Mazloum Abdi, dans une tribune au magazine Foreign Policy. « Attaqués par la Turquie, dont l’armée est la deuxième en effectifs de l’OTAN, ne pouvant plus s’appuyer sur leurs alliés américains, les Kurdes se sont retrouvés dans l’incapacité de résister seuls, résume M. Balanche. Si Ankara avait mené son opération à terme, ils auraient été évincés entièrement de leur territoire en Syrie ; les Kurdes sont les perdants éternels », conclut M. Bakawan. Mais le compromis semble fragile Si l’accord trouvé entre MM. Erdogan et Poutine semble faire la part belle à presque tous les acteurs du conflit, une incertitude demeure : sa pérennité. Le président russe a répété, mardi, « comprendre les intérêts de sécurité nationale » de la Turquie, tout en insistant sur l’intégrité territoriale de la Syrie. Vladimir Poutine œuvre en effet à convaincre l’homme fort d’Ankara de se réconcilier avec Bachar Al-Assad, le président syrien honni, avec lequel les relations sont à couteaux tirés depuis le début de la guerre. « Derrière les discours officiels d’Erdogan “le voleur” et Assad “le bourreau de son peuple”, on ne peut pas totalement exclure que, sous l’égide russe, les deux hommes se rencontrent et finissent par trouver un terrain d’entente », explique Adel Bakawan. Un éventuel retour des Etats-Unis dans ce dossier pourrait-il changer la donne ? Impossible de le prédire. « Donald Trump n’a pas de stratégie, il ne marche qu’aux interactions », souligne le sociologue. Seule certitude : « Washington a perdu la bataille de l’image et sa crédibilité diplomatique. »
Outre le président russe Poutine, ses homologues syrien et turc sortent renforcés de l’offensive, dont les « éternels perdants » restent les Kurdes.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/24/qui-sont-les-gagnants-de-l-offensive-turque-source-de-paix-en-syrie_6016704_3210.html
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Pour débuter cette visite du vénérable tableau périodique de Mendeleïev, dont on fête le cent cinquantième anniversaire, sautons sur la première de ses 118 cases. On tombe sur celle du plus léger des noyaux, mais aussi le plus abondant dans l’Univers, l’hydrogène. Impossible de faire plus simple : un seul électron orbite autour d’un unique proton. Cet électron célibataire confère une forte réactivité à l’hydrogène, qui adore s’associer avec un de ses congénères pour former l’hydrogène moléculaire, H 2 , gazeux dans les conditions normales de température et de pression et qui a été le premier gaz découvert par les chimistes au XVIIIe siècle. Cette paire est si commune qu’on l’appelle « hydrogène », plutôt que par son vrai nom, dihydrogène. Ce n’est là que l’une des multiples transformations de ce Janus qui, comme beaucoup d’atomes, se révèle tantôt bénéfique, tantôt nocif. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le tableau périodique des éléments, l’invention inoxydable de Dmitri Mendeleïev Un vent exagéré d’hystérie Encore cet été, il a suscité un vent exagéré d’hystérie. L’une de ses formes radioactives, appelée « tritium », possédant deux neutrons en plus du proton, aurait contaminé de l’eau potable. L’alerte n’était, en réalité, qu’un rappel de la présence de cet élément, essentiellement artificiel, à des doses non toxiques dans l’environnement et en deçà de la radioactivité naturelle. Le côté sulfureux de la nouvelle venait du fait que le tritium provient notamment des centrales nucléaires. Celles-ci produisent de l’électricité en vaporisant de l’eau, grâce à l’énergie tirée de la fission de gros noyaux d’uranium. Des neutrons sont également produits qui enrichissent l’hydrogène de l’eau des circuits de la centrale et libèrent le tritium, instable. Essai des Etats-Unis, à la bombe H, sur les îles Marshall dans l’océan Pacifique, le 1er novembre 1952. US DEPARTMENT OF ENERGY / AFP L’épisode rappelle la vieille histoire du nucléaire et de l’hydrogène, presque aussi vieille que le Big Bang, il y a 13,6 milliards d’années. C’est en effet le premier atome apparu dans l’Univers. Il est aussi celui qui sert de carburant aux étoiles et donc de chaudron pour fabriquer les éléments naturels du tableau périodique. Notre Soleil brûle environ 600 millions de tonnes d’hydrogène chaque seconde. Le rapprochement, ou fusion, des protons du noyau engendre des noyaux d’hélium (avec un proton de plus) et de l’énergie, qui s’oppose à l’effondrement de l’étoile. Quand le carburant manque, l’étoile s’effondre et libère cet élément. Si les étoiles sont assez grosses, d’autres fusions et réactions ont lieu, donnant naissance au carbone, à l’oxygène, au fer… D’où l’idée prométhéenne de domestiquer sur Terre la fusion nucléaire des étoiles. En 1952, aux Etats-Unis, une première bombe à hydrogène explose. En 2035, dans le sud de la France, verra-t-on les premiers watts sortir de ITER, une installation (pour l’heure, un projet international en construction) fusionnant des noyaux d’hydrogène lourds en les comprimant fortement grâce à des champs magnétiques ?
Atomes, portraits de familles (2/9). A l’occasion des 150 ans du tableau périodique des éléments, créé par Dmitri Mendeleïev, zoom sur la première des ses 118 cases, occupée par le plus léger.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/09/24/l-hydrogene-poids-plume-aux-deux-visages_6012785_1650684.html
mlsum-fr-663
Un manifestant brandit un masque représentant Lula, le 10 juin à Brasilia. ADRIANO MACHADO / REUTERS La Cour suprême du Brésil a reporté sine die le jugement d’une demande de libération de l’ex-président Lula prévu mardi 12 juin, deux jours après des révélations sur la partialité de ceux qui l’ont condamné pour corruption. Cette demande faisait partie de sujets à l’ordre du jour de cinq des 11 juges de la Cour suprême réunis mardi, mais la session s’est achevée sans qu’il ne soit abordé. Dimanche, dans des articles explosifs, le site internet The Intercept a dénoncé des manœuvres de responsables de l’enquête anticorruption « Lava Jato » (« Lavage express ») pour empêcher l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva de se présenter à la présidentielle de 2018, pour laquelle les sondages lui promettaient la victoire. Des échanges sur la messagerie Telegram rendus publics par ce site d’investigation montrent que le ministre de la justice Sergio Moro, alors juge chargé des dossiers de « Lavage express » et normalement tenu à la plus totale impartialité, a fourni conseils et directives aux procureurs à la défaveur de Lula. Recours En juillet 2017, Sergio Moro avait condamné en première instance l’ex-président de gauche, pour corruption et blanchiment d’argent. Un an et demi plus tard, il abandonnait la magistrature pour rejoindre le gouvernement du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, élu à la fin d’octobre. Selon des analystes, les révélations d’Intercept ont motivé l’inscription à l’ordre du jour de l’examen de la demande de libération de Lula, qui était initialement prévu dans les prochaines semaines. Le jugement n’a finalement pas eu lieu, mais les magistrats de la Cour suprême ont fixé au 25 juin l’examen d’un autre recours de la défense de l’ex-président visant à obtenir sa libération. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Brésil face au risque de « l’idiocratie » Ce recours, qui remet justement en cause l’impartialité de Sergio Moro en raison de sa présence ultérieure au gouvernement, a été déposé bien avant les révélations d’Intercept. Certains analystes considèrent qu’il aurait plus de chances d’aboutir que celui qui devait être jugé mardi et qui portait sur des critères plus techniques. Il pourrait aussi revenir à l’ordre du jour le 25 juin. « Confiance totale » En attendant que la Cour suprême tranche le cas Lula, le scandale autour de « Lava Jato » a exacerbé la polarisation de la population brésilienne déjà fortement divisée au moment de la présidentielle de 2018. Si les appels à la démission du ministre Moro ont fusé, aussi bien de la part d’éditorialistes des grands médias que sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes réclamaient l’expulsion du journaliste américain Glenn Greenwald, cofondateur de The Intercept et qui réside au Brésil. Mais les Brésiliens ne semblaient pas particulièrement choqués par ces révélations. Une manifestation en faveur de Lula n’a réuni que quelques dizaines de personnes lundi soir à Brasilia. « La population en général semble considérer que des barrières éthiques ont été franchies, mais cela ne devrait pas susciter le même degré d’indignation que des scandales de corruption », explique Robert Muggah, directeur de recherche à l’institut Igarape, un centre de réflexion ayant son siège à Rio de Janeiro. Le président Bolsonaro a affiché son soutien à son ministre, qui était à ses côtés mardi à l’occasion d’une cérémonie militaire à Brasilia. « Pas de jugement impartial » La défense de Lula, pour sa part, espère renverser la vapeur, après avoir vu la plupart de ses recours rejetés. « Ces articles ne font que renforcer le fait que l’ex-président n’a pas eu droit à un jugement impartial », a affirmé mardi l’avocat Cristiano Zanin après avoir rendu visite à Lula dans sa prison de Curitiba (sud). Il a ajouté que Lula « avait été surpris par la rapidité avec laquelle la vérité était révélée ». L’ex-président de gauche (2003-2010) purge depuis avril 2018 une peine de huit ans et dix mois de prison pour corruption et blanchiment d’argent. Accusé d’avoir reçu un appartement en bord de mer de la part d’une entreprise de bâtiment pour la favoriser dans l’attribution de marchés publics, il a toujours clamé son innocence, s’estimant victime d’un complot pour l’empêcher de revenir au pouvoir. Célèbre pour avoir rendu publiques les révélations d’Edward Snowden sur l’agence américaine de renseignement NSA, Glenn Greenwald avait interviewé Lula, de sa prison, le mois dernier. Il est marié à David Miranda, un député de gauche qui a remplacé au Parlement Jean Wyllys, un des principaux défenseurs de la cause LGBT au Brésil. Ce dernier s’est exilé en début d’année, se sentant menacé depuis l’élection de Jair Bolsonaro, coutumier des dérapages homophobes.
Les avocats de Luiz Inacio Lula da Silva, icône de gauche qui reste l’une des figures de l’opposition les plus influentes au Brésil, ont demandé à la Cour suprême sa libération et ont invoqué ces informations pour faire annuler sa condamnation.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/06/12/bresil-le-reexamen-du-cas-lula-reporte_5474923_3210.html
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Le président burundais Pierre Nkurunziza, le 7 juin 2018 à Bujumbura. AFP La nouvelle fait l’effet d’une petite bombe. Opposition, voix de la société civile, ONG internationales peinent à digérer le changement de cap de la France qui a repris, en catimini, sa coopération avec le Burundi dans les domaines de l’éducation et de la défense. Cette reprise date de la fin octobre 2018 avec la visite très discrète à Paris du chef de la diplomatie burundaise Ezéchiel Nibigira. Mais c’est l’ambassadeur de France au Burundi, Laurent Delahousse, qui l’a révélé en détail dans son discours de célébration du 14-Juillet dans sa résidence de Bujumbura, où sont évoqués « une reprise progressive de la coopération dans le domaine de la défense » et le « versement d’une première tranche de financement de 25 millions de dollars du Partenariat mondial pour l’éducation ». Discours de l’Ambassadeur de France au #Burundi pour la Fête nationale - #Bujumbura le 12 juillet 2019… https://t.co/Sx0iTVLpwo — lpjd75 (@Delahousse Laurent ⭐️⭐️) « En reprenant une coopération militaire, la France risque de donner plus de moyens au gouvernement burundais pour accentuer sa répression », critique dans un communiqué, publié jeudi 25 juillet, le Réseau européen pour l’Afrique centrale (EurAc), qui réunit des organisations de la société civile de différents pays européens œuvrant dans la région des Grands-Lacs. EurAc parle même d’une « décision qui affaiblit la position de l’Union européenne et remet en question l’engagement français pour les droits humains », quand la France, elle, se veut rassurante. Sur la chaîne TV5 Monde, le 24 juillet, le Quai d’Orsay a assuré que « la position française n’entre pas en contradiction avec les décisions européennes prises en vertu de l’article 96 de l’accord de Cotonou [sous lequel le Burundi a été sanctionné] », et ajoute que « le gouvernement [burundais] ne touchera pas un seul centime ». « Position ambiguë de Paris » Depuis le 14 mars 2016, le Burundi est sous sanctions de l’Union européenne (UE), qui a suspendu tout appui budgétaire. La mesure a été prise près d’une année après le début de la crise politico-sécuritaire, conséquence de la décision du président burundais, Pierre Nkurunziza, de briguer un troisième mandat en dépit des accords de paix d’Arusha signés en 2000. L’ONU évoquait en 2018 plus d’un millier de personnes tuées dans le pays et sa commission chargée d’enquêter reproche au régime « d’être indifférent au sort des victimes, en choisissant de protéger les principaux responsables des violations des droits humains à savoir les Imbonerakure – la ligue des jeunes du parti au pouvoir que toujours les Nations unies qualifient de milice –, les agents de police, du Service national de renseignement et des responsables locaux ». Le Burundi est aussi sous enquête de la Cour pénale internationale (CPI). La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) évoque, pour sa part, dans un rapport très documenté, des « dynamiques génocidaires » dans la répression en cours au Burundi. A Paris, S.E. Ezéchiel Nibigira, M.A. E du Burundi a reçu plusieurs Ambassadeurs et a eu un entretien franc et sinc… https://t.co/MwZowvfsBY — niyonsavye (@Dr C. N. Niyonsavye) Dans ce contexte, la décision de la France est très commentée dans les milieux en exil. « La France a souvent mené une politique pleine de contradictions dans notre sous-région et tient une position ambiguë sur la crise burundaise. Il y a vingt-cinq ans, elle a gardé, jusqu’au bout, sa coopération militaire avec le régime génocidaire au Rwanda. Au Burundi, elle annonce la reprise de la coopération militaire avec un régime qui est en train de commettre des crimes contre l’humanité », rappelle Pacifique Nininahazwe, l’un des leaders de la société civile en exil, qui dit ne pas être « très surpris » par cette décision. A ses yeux ce retournement pourrait se fonder sur la promesse de Pierre Nkurunziza de ne pas briguer un quatrième mandat en 2020, même si l’opposant regrette que Paris « n’ait pas attendu la concrétisation de cette promesse alors qu’il n’y a aucune garantie d’un scrutin libre et démocratique et que la France n’a noté aucune évolution sur le terrain des droits humains et sur l’exigence du dialogue interburundais ». Et d’ajouter, déçu : « La France est consciente qu’elle va appuyer militairement un régime qui tue son peuple et elle est pressée à légitimer un processus électoral antidémocratique. La seule question est : qu’est-ce qui fait courir à Paris le risque de partager la responsabilité des crimes impliquant l’armée burundaise ? » « Diable sur la langue » Hormis un tweet virulent de Willy Nyamitwe, le conseiller à la présidence chargé des questions de la presse, qui qualifie de « médisants qui ont le diable sur la langue » les voix qui dénoncent cette reprise de coopération, le gouvernement burundais, lui, préfère garder le silence. A l’heure de ces remous, le Burundi est d’ailleurs sur un deuxième front avec un autre départ de feu. Le maire de la ville canadienne de Mont-Saint-Hilaire (Québec), Yves Corriveau, a présenté publiquement ses excuses à ses concitoyens pour avoir « serré la main de Pierre Nkurunziza » lors d’un voyage à Bujumbura le 11 juillet. Sa ville a fait marche arrière après signature d’un jumelage avec les autorités burundaises. L’édile québécois a joué la carte de l’ignorance, affirmant dans la presse canadienne « ne posséder aucune connaissance en relations internationales ». Ce qui n’est pas tout à fait le cas pour la France. Armel-Gilbert Bukeyeneza (à Nairobi)
Le Quai d’Orsay avait reçu la visite du chef de la diplomatie burundaise en octobre 2018, relançant un partenariat alors que le pays est sous sanctions de l’UE depuis 2016.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/07/30/france-burundi-une-reprise-de-cooperation-discrete-qui-fache_5494922_3212.html
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Le sociologue et historien de l’alimentation Eric Birlouez. Julie Balagué pour M Le magazine du Monde Je suis un chti pur jus. J’ai grandi sur la Côte d’Opale, à Boulogne-sur-Mer, et j’ai passé mon enfance au bord de l’eau. Lorsque j’étais jeune, l’alimentation n’était pas mon centre d’intérêt principal. Ce qui me passionnait, c’était les sciences de la vie et de la terre, la biologie… J’ai déménagé à Paris pour suivre un cursus d’ingénieur agronome à Agro ParisTech. Au cours de mes études, j’ai découvert que j’aimais particulièrement mener des entretiens, rendre visite à des agriculteurs, des éleveurs, les interroger sur leur passion, leurs désirs, leurs espoirs et leurs difficultés. Puis, durant cinq ans, je me suis consacré à la sociologie du monde agricole. A cette époque, Inès, mon épouse, faisait de la recherche en nutrition humaine. J’ai eu envie d’aller au bout de la filière, étudier les comportements alimentaires et l’histoire de notre alimentation. « Il faut redonner de la valeur à l’alimentation et au repas, car on ne néglige et on ne gaspille que ce à quoi on n’attache pas de valeur. » Je me suis, entre autres, penché sur le pourquoi et le comment de la rupture qui s’est opérée entre le monde agricole et le reste de la société – et pas seulement la population citadine. Michel Serres n’avait de cesse de rappeler la place fondamentale que tiennent les paysans dans nos vies : ce sont, disait-il, nos pères nourriciers. Pourtant, les agriculteurs sont devenus extrêmement minoritaires, y compris dans le milieu rural, et l’on ne sait plus très bien ce que c’est que le métier d’agriculteur, ni d’où vient ce que l’on mange. Je suis convaincu que réparer cette fracture, reconnecter ces deux mondes pourrait résoudre quantité de problèmes de la société moderne. Et ce qu’il y a au milieu – le lien et le liant –, c’est bien sûr la nourriture. Il faut redonner de la valeur à l’alimentation et au repas, car on ne néglige et on ne gaspille que ce à quoi on n’attache pas de valeur. J’aime les mets simples, les plats populaires qui se partagent et se transmettent. Lorsque j’étais gamin, nous allions parfois ramasser les petites moules sauvages au bord de la mer. Pour moi, ces mollusques qui restent accrochés contre vents et marées sont aussi l’image de la résistance. Nous partions le matin, en famille, pour aller les cueillir à marée basse. Puis nous allions dans les dunes, protégés du vent, pour préparer le repas sur des Camping-Gaz. Les jours de pluie, on allait parfois se réfugier sous les anciens bunkers, vestiges de la guerre devenus abris et lieux de pique-nique… On mettait du beurre, un peu d’échalote, du vin blanc, une branche de céleri, et on faisait chauffer le tout dans une marmite pendant que les frites doraient. Les moules sont un aliment que les hommes ramassent et consomment depuis la préhistoire, un plat universel, apprécié des plus riches et accessible aux plus pauvres – un thème que j’aborde dans mon dernier livre, sur l’alimentation de nos ancêtres. Quant aux frites, elles sont arrivées bien plus tard, mais ça, c’est une autre histoire.
Ingénieur agronome de formation, Eric Birlouez se consacre à la sociologie et à l’histoire de l’alimentation. Originaire du Nord de la france, il voue une affection particulière au plat emblématique de sa région : les moules-frites.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/08/30/eric-birlouez-les-hommes-ramassent-et-consomment-des-moules-depuis-la-prehistoire_5504609_4500055.html
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Freya Mavor (Louise) et Gaspard Ulliel (Vincent) dans « Il était une seconde fois », de Guillaume Nicloux. ARTE FRANCE ARTE.TV - MINISÉRIE On sent déjà venir, sous la plume de certains gardiens du temple sériel, le sempiternel et vaguement réprobateur questionnement : « Est-ce vraiment une série ? » à propos d’Il était une seconde fois, la minisérie de Guillaume Nicloux, coécrite avec Nathalie Leuthreau, que diffuse Arte et qu’elle a produite « avec la participation de Netflix ». On avouera qu’on a parfois reproché à certains auteurs de faire croire qu’un téléfilm délayé et présenté en tranches pouvait passer pour une série. En d’autres cas – comme pour Top of the Lake, de Jane Campion, Too Old to Die Young, de Nicolas Winding Refn –, on s’est permis d’exprimer ici qu’on s’en fichait éperdument. Il en va de même pour Il était une seconde fois. L’usage veut qu’une série propose un « cliffhanger » (suspens non résolu) à la fin de ses épisodes. Nicloux liquide assez vite le problème en n’usant du procédé qu’à la fin du premier épisode. Ensuite, le réalisateur évite ostensiblement les occasions que son récit lui donnerait d’en user et produit un carton indiquant, de manière aussi laconique que jouissivement provocatrice : « A suivre… » Boucles antichronologiques Les quatre épisodes, qu’on recommandera de regarder d’un seul tenant, sont mus par un procédé de boucles antichronologiques au service d’un propos qu’on pourrait ainsi sommairement décrire : Vincent (Gaspard Ulliel au jeu intensément éteint), après une rupture qu’il noie dans la drogue au cours d’une soirée, se voit un jour livrer par erreur une boîte cubique ; en s’y glissant il retourne dans le passé, ce qui lui permet, croit-il, de corriger le destin de sa relation avec Louise (la lumineuse et bilingue Freya Mavor). « Pitch » très sommaire, en effet (on ne veut pas « divulgâcher »), qui, ainsi présenté, apparenterait Il était une seconde fois aux films Les Visiteurs… Mais l’univers de Nicloux, ses fidèles le savent, est plus proche de celui de David Lynch, de Nicolas Winding Refn et de Paolo Sorrentino dans leurs séries et films à l’esthétique métaphysique, lente, inquiétante et très poétique. Lire la critique de « Thalasso », dernier film en date de Guillaume Nicloux : Le cauchemar climatisé du petit gringalet et du bon gros géant En mêlant les niveaux de récits, de consciences, de temporalités, et en ménageant une conclusion aussi logique qu’inattendue, Nicloux parvient à mettre le spectateur dans un état de dédoublement interrogateur en osmose avec celui du personnage de « Wanderer » incarné par Gaspard Ulliel, qui, sous les yeux inquiets d’une psychothérapeute, fait un récit qui pourrait être celui d’un patient psychotique. « Une expérience ouverte » La gouverne artistement méandreuse de Nicloux fait perdre une partie du sens de l’orientation et des repères en se maintenant avec délices sur la corde raide qui sépare le vide et le plein, l’ennui et la fascination, le rêve et la réalité. De sorte que, selon sa disposition, le spectateur sera envoûté ou dérouté, voire dissuadé d’aller plus loin. Dans un entretien publié sur le site de presse d’Arte, le réalisateur a confié : « Face à ce réseau complexe, le spectateur peut construire un puzzle ou se laisser guider de façon impressionniste par le voyage émotionnel du personnage. C’est une expérience ouverte, que j’espère jouissive… » Jouissive ? C’est le mot, on le confirme, qui caractérise ce récit spiral sur l’irréparable cours du temps et les insondables raisons du cœur. Lire aussi l’entretien avec Guillaume Nicloux : « Houellebecq et Depardieu sont les faces opposées d’une même médaille » Il était une seconde fois, minisérie créée par Guillaume Nicloux et Nathalie Leuthreau, réalisée par Guillaume Nicloux. Avec Gaspard Ulliel, Freya Mavor, Steve Tran, Sylvain Creuzevault, Patrick d’Assumçao, Eva Ionesco (Fr., 2019, 4 × 49-48 min). Sur Arte.tv dès le jeudi 22 août. Première diffusion sur Arte le jeudi 29 août à 20 h 55.
Le cinéaste a réalisé pour Arte sa première minisérie télévisée, qui se joue des temporalités et des réalités au long d’un scénario à la motricité sophistiquée.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/08/23/il-etait-une-seconde-fois-guillaume-nicloux-et-l-art-du-recit-spiral_5502056_3246.html
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Chronique. « Le président, qui avait pourtant coché toutes les cases, s’est trouvé finalement au pied du mur, en compagnie de son deuxième bras droit. Et ce ne sont pas eux qui vont essuyer les plâtres : libérer la parole, oui, mais il faut aussi faire bouger les lignes une fois que tous les sujets sont sur la table. Leurs propositions sont cousues de fil blanc. Mais quel bras de fer en perspective ! Et la quête du Graal ne s’arrêtera là pour personne, car personne ne verra pour autant le bout du tunnel. » Jamais bien sûr nous n’avons le plaisir, ou le déplaisir, de lire un passage qui contiendrait autant de belles images, de clichés, de lieux communs, d’expressions toutes faites. Mais avouons qu’on les trouve partout, ces cerises sur le gâteau, ces pierres dont on fait deux coups, ces sonnettes d’alarme qu’on tire, ces épées de Damoclès… Pourquoi cette propension à utiliser des images plutôt que des termes propres ? Pourquoi « bras de fer » plutôt qu’« affrontement » ou « confrontation » ? D’abord, ces expressions sont compactes, pratiques, parlantes : l’auteur est pressé, prend ce qui lui vient à l’esprit, sans réfléchir à plus de précision. Par là même, elles écrasent le sens, sont un frein à l’analyse en interdisant la nuance. Certains pensent que leur emploi dans le journalisme participerait d’un phénomène idéologique ou politique. Citons la revue Protée, publiée par le site Erudit20 : « Selon Patrick Imbert, auteur de L’Objectivité de la presse : le 4e pouvoir en otage (Hurtubise, 1989), le recours à des “concaténations figées de mots” n’est pas gratuit : il sert à consolider le statu quo. » Un fonds d’ordre imaginaire En même temps, le même Patrick Imbert formule une autre hypothèse : « Toutefois, une réflexion d’ordre linguistique sur la fonction cognitive du cliché montre que tout ne se réduit pas à la prise en otage de la presse par l’autorité établie. Nous posons que la perméabilité du texte journalistique aux clichés, loin de désinformer en “génér[ant] le sommeil” (ibid.), rend possible la transmission du message au lecteur en le lui rendant intelligible grâce au recours à un fonds linguistique partagé. » Nous estimons quant à nous qu’il ne s’agit pas seulement d’un fonds linguistique, mais d’un fonds d’ordre imaginaire construit sur le précédent. Si le journaliste va spontanément vers ces images, c’est aussi parce qu’il partage avec le lecteur une certaine affection pour elles, une espèce de rapport enfantin qui les lie : on est presque dans une bande dessinée, le lecteur voit le président assis au pied de son mur, genoux au menton, l’air fatigué. Le cliché est bien sûr aussi sujet aux modes. Certains ne sont plus guère utilisés et ont retrouvé une part de fraîcheur : ce loup blanc qui a déserté nos climats, ce taureau qu’on ne prend plus par les cornes, pas plus qu’on ne verse du sel sur les plaies (alors que de l’huile sur le feu, ça oui), plaies dans lesquelles on peut encore remuer un couteau par-ci par-là. Mais on n’est plus guère fine mouche. Pour finir, constatons que ces clichés que l’on conspue, quand ils ont disparu, on les regrette un peu. Ils mettent tant de couleur dans la langue... Pour peu qu’on ne reste pas toujours dans les mêmes images, mais qu’on puise dans leur jolie diversité. Revivez les conférences et spectacles du Monde Festival 2019 sur le thème « Imagine » ! La rédaction du Monde a organisé, du 4 au 7 octobre à Paris, un festival de débats, spectacles et rencontres avec une centaine de personnalités. Revivez les moments forts du Monde Festival Paris 2019 Portfolio : ils ont imaginé le monde de demain au Monde Festival Retrouvez les vidéos intégrales des débats du Monde Festival 2019
La langue prend l’air (3/6). Lieux communs et expressions toutes faites mettent de la couleur dans la langue.
https://www.lemonde.fr/festival/article/2019/08/07/ces-cliches-que-l-on-conspue_5497408_4415198.html
mlsum-fr-668
Dans un rapport publié jeudi 22 août, l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) présente la synthèse des dernières connaissances sur les microplastiques dans l’eau du robinet et l’eau en bouteille et sur ses effets sur la santé humaine. « Le message-clé vise à rassurer les consommateurs d’eau potable du monde entier : d’après cette évaluation, nous estimons que le risque est faible », a déclaré le coordonnateur de l’Unité eau, assainissement, hygiène et santé de l’OMS, Bruce Gordon, lors d’une conférence de presse. Il a précisé que l’analyse des risques pour la santé liés aux microplastiques portait essentiellement sur trois aspects : le risque d’ingestion, les risques chimiques et les risques liés à la présence de bactéries agglomérées (biofilm). Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’impact de la pollution de l’eau est sous-estimé, selon la Banque mondiale Peu d’études fiables L’OMS insiste sur le fait que les données sur la présence de microplastiques dans l’eau potable sont, pour l’instant, limitées, avec peu d’études fiables, et que ces dernières sont difficilement comparables, ce qui rend plus difficile l’analyse des résultats. L’OMS appelle en conséquence les chercheurs à mener une évaluation plus approfondie, avec des méthodes standardisées. Dans un communiqué, l’agence spécialisée de l’ONU précise que les microplastiques d’une taille supérieure à 150 microns ne sont en principe pas absorbés par l’organisme humain, et l’absorption des particules plus petites « devrait être limitée ». Elle estime, en revanche, que l’absorption de très petites particules microplastiques, notamment de nanoparticules, « devrait être plus élevée, même si les données à ce sujet sont très limitées ». « Les microplastiques présents dans l’eau de boisson ne semblent pas présenter de risques pour la santé, du moins aux niveaux actuels. Mais nous devons approfondir la question », a relevé la directrice du Département santé publique, à l’OMS, Maria Neira, citée dans le communiqué. « Enrayer l’augmentation de la pollution plastique » Le rapport alerte sur les dangers à venir : si les émissions de plastique dans l’environnement se poursuivent au rythme actuel, les microplastiques pourraient présenter des risques généralisés pour les écosystèmes aquatiques d’ici à un siècle, ce qui ne devrait pas être sans conséquence sur la santé humaine. « Nous devons enrayer l’augmentation de la pollution plastique partout dans le monde », a souligné Mme Neira. Les experts soulignent aussi l’importance du traitement des eaux usées (matières fécales et chimiques) qui permet de retirer plus de 90 % des microplastiques présents dans ces eaux. Actuellement, une grande part de la population mondiale ne bénéficie pas encore de systèmes adaptés de traitement des eaux usées, selon l’OMS. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Comment l’industrie se prépare à se passer du plastique
L’Organisation mondiale de la santé estime que les niveaux actuels de microplastiques présents dans l’eau potable ne provoquent pas encore de danger pour la santé, mais les experts restent prudents pour l’avenir.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/08/22/l-oms-se-veut-rassurante-sur-les-effets-des-microplastiques-dans-l-eau-potable_5501504_3224.html
mlsum-fr-669
Jefferson Poirot (à gauche) et Guilhem Guiradole 20 septembre 2019 à Tokyo. Franck Fife / AFP Et voilà des rideaux violets. Des protections déployées pour dissuader les journalistes de tout regard sur le terrain. Mais pas assez pour chasser les questions en début de semaine, à Kumamoto, dans le hall du stade d’entraînement. En particulier celle, structurelle, du capitanat. Pas la moindre, dans un sport collectif. Quel joueur pour assumer la fonction, donner le ton sur le terrain, relayer la parole des entraîneurs ? Lors de ses trois premiers matchs victorieux dans cette Coupe du monde 2019, le XV de France a déjà compté trois capitaines : le talonneur Guilhem Guirado contre l’Argentine, le troisième-ligne Louis Picamoles contre les Etats-Unis et le pilier Jefferson Poirot contre les Tonga. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : une tempête de questions pour la fédération internationale On ne saura pas si le quatrième et dernier match de poule contre l’Angleterre aurait vu un nouveau changement de porteur du brassard : la rencontre, prévue samedi 12 octobre, a été annulée pour cause de typhon. « Vous avez posé beaucoup de questions sur ça » Guilhem Guirado, capitaine des Bleus contre l’Argentine « Vous avez posé beaucoup de questions sur ça », constatait déjà Guirado, juste avant le début du Mondial. Depuis, le Toulonnais (et futur Montpelliérain) se tient à l’écart des conférences de presse et autres rendez-vous médiatiques. La parole officielle est assez claire. Sur le papier, Guirado « reste notre leader », le capitaine attitré du XV de France, selon son sélectionneur, Jacques Brunel, qui l’affirmait dès août. Sur le terrain, c’est moins limpide. Le choix de reléguer le talonneur sur le banc contre les Etats-Unis et les Tonga peut s’interpréter doublement. Soit pour le faire souffler lors des deux matchs a priori les moins difficiles du premier tour. Soit pour donner le champ libre au jeune Camille Chat, apparu plus en jambes. Poirot, « capitaine du futur » Chez les joueurs, discours unanime : « Le brassard appartient à Guilhem Guirado. » Ce 1er octobre, Poirot s’exprimait ainsi à la veille du match contre les Tonga, où c’est lui qui a assumé cette fonction. De même qu’il l’avait déjà fait contre l’Ecosse et l’Italie en match de préparation, en août, en l’absence de Guirado sur le terrain. « Cet été a changé des choses : il a permis de créer des liens autres que le rugby. C’est plus facile pour faire passer les messages. » Jefferson Poirot, capitaine des Bleus contre les Tonga En temps normal, la conférence de presse du capitaine est un exercice solitaire. A Kumamoto, le pilier bordelais a procédé avec deux joueurs à ses côtés. Manière aussi de mieux répartir la pression. « Quand on le voit jouer, on comprend qu’il sait mener ses hommes. Il montre la voie, se donne », dit de lui le deuxième-ligne Sébastien Vahaamahina. « Il est très à l’écoute, poursuit l’arrière Maxime Médard. C’est le capitaine du futur. » Et déjà du présent, donc, par intermittence. Cela se voit à ses réponses, à ses sourires : Poirot, 26 ans, est à l’aise. « Par le passé, j’avais tellement peu de vécu commun avec cette équipe que c’était assez difficile de me projeter sur la tâche de capitaine », rappelle-t-il. Avant de louer les bienfaits de la préparation avec ses coéquipiers. « Cet été a changé des choses : il a permis de créer des liens autres que le rugby. Derrière, c’est plus facile pour faire passer les messages. » Une charnière changeante Ces réflexions autour du capitanat remontent au dernier Tournoi des six nations. En février, au lendemain du naufrage (44-8) en Angleterre, il aurait été question de confier le capitanat à Poirot et d’en déposséder Guirado. Une initiative de Serge Simon, vice-président de la Fédération française de rugby, selon le quotidien L’Equipe. Depuis le début du Mondial, la nomination de Fabien Galthié en tant qu’entraîneur adjoint de Jacques Brunel a ajouté de l’incertitude. Le technicien a travaillé avec Guirado à Toulon, au cours de la saison 2017-2018. Pas une franche réussite. Ni pour le joueur ni pour l’entraîneur, ce dernier étant licencié en fin de saison. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : Fabien Galthié, l’art du rebond « A l’intérieur du groupe, on s’est posé moins de questions que vous », assurait Guirado avant le match contre l’Argentine. « Il y a des relais pour les entraîneurs : moi, Jeff [Poirot], des joueurs d’expérience, la charnière. » Une charnière, elle aussi, instable : trois matchs et déjà trois duos titularisés aux postes pourtant essentiels de demi d’ouverture et de demi de mêlée. Louis Picamoles (devant, à droite) le 15 septembre 2019 lors de l’arrivée des Bleus au Japon. Le troisième-ligne a été capitaine du XV de France lors de la rencontre face aux Etats-Unis. Franck Fife / AFP Sans Guirado, et sans Poirot, c’est donc Louis Picamoles qui a pris le relais contre les Etats-Unis, capitaine pour la première fois à 33 ans. « Louis épaule déjà Guilhem au quotidien : il est le plus capé, celui qui est là depuis le plus longtemps », raconte le centre Gaël Fickou, au sujet des deux seuls joueurs du groupe à disputer leur troisième Mondial avec les Bleus. Prochain rendez-vous : le quart de finale à Oita, dimanche 20 octobre. Les Bleus affronteront les Gallois ou, hypothèse faible, les Australiens. Avec quel capitaine ? Lire aussi Coupe du monde de rugby 2019 : le XV de France confronté à une série de forfaits
Porteur officiel du brassard, le talonneur Guilhem Guirado n’a été titulaire que lors d’un seul des trois premiers matchs. Le reste du temps, le capitanat a été confié au pilier Jefferson Poirot, puis au troisième-ligne Louis Picamoles. Une stratégie déroutante.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/11/coupe-du-monde-de-rugby-2019-au-japon-le-xv-de-france-ne-manque-pas-de-capitaines_6015090_3242.html
mlsum-fr-670
Débat télévisé entre les candidats du premier tour de l’élection présidentielle en Tunisie, le 7 septembre 2019. - / AFP Tribune. Le processus démocratique en Tunisie présente une expérience singulière : entre effervescence et marasme, les Tunisiens ont le sentiment qu’ils sont en train de vivre un nouveau moment historique avec la tenue de l’élection présidentielle. Néanmoins, la quasi-absence de programmes politiques clairs et concrets a vite donné lieu à une situation absurde où les personnalités priment sur les idées. Malgré l’euphorie du vote, la transition démocratique semble être encore loin de celle désirée, près de neuf ans après la révolution. Pour illustrer le fait que la démocratie en Tunisie est partout et nulle part, on a envie de paraphraser Jean Baudrillard sur l’art : à vrai dire, la démocratie tunisienne n’est pas en arrêt parce qu’elle s’effondre mais parce qu’elle est saturée par une logique du spectacle débilitante et un néo-tribalisme qui fragmente. Pourtant, la représentation de la démocratie est bien en place : les campagnes électorales des candidats, l’organisation des débats télévisés et l’organisation, le 15 septembre, du premier tour du scrutin présidentiel en attestent. Lire aussi Présidentielle en Tunisie : la télévision publique se dit prête à organiser un débat en prison La fétichisation du spectacle démocratique en Tunisie arrive à son paroxysme quand les discours tout faits célèbrent l’incertitude des choix des électeurs. Certains peuvent même s’aventurer à dire que « la transition démocratique s’effectue correctement en Tunisie ». Après l’arrivée en tête au premier tour de Kaïs Saïed, un ovni politique, suivi de Nabil Karoui, un candidat en prison, toute une industrie occidentale de crise continue de donner des leçons sur les modèles « efficaces, testés et recommandés », les élections « impartiales » et l’équité du processus démocratique en Tunisie. En même temps, un réseau de spécialistes et d’experts internationaux a pris une place de choix dans le paysage politique tunisien en scrutant chaque événement politique ou socio-économique sous le seul prisme du déclin certain de la démocratie tunisienne. Néo-tribalisme identitaire Ces deux positions extrêmes - fétichisation d’un côté, déclin systématique de l’autre - ont banalisé la possibilité d’une vraie éducation démocratique chez beaucoup des Tunisiens et aboutissent à l’absence de véritables débats d’idées. Sur Facebook, le réseau social qui est manifestement le vrai réseau politique et journalistique en Tunisie, on n’est pas dans l’exercice du débat, mais plutôt dans l’anecdotique, les scandales et les soupçons. Ainsi, le débat sur les enjeux politiques a négligé une dimension bien réelle du premier tour du scrutin présidentiel : celle du néo-tribalisme identitaire. Autant la crise économique est toujours au cœur de toutes les analyses des résultats du vote, autant le projet culturel des deux candidats qualifiés pour le second tour se trouve occulté.
Selon le chercheur Haythem Guesmi, les projets des deux candidats du second tour de la présidentielle sont occultés par « l’anecdotique, les scandales et les soupçons ».
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/01/en-tunisie-la-democratie-est-saturee-par-une-logique-du-spectacle-debilitante_6013819_3212.html
mlsum-fr-671
La cathédrale Notre-Dame de Paris, le 31 mai. BERTRAND GUAY / AFP Le parcours du projet de loi encadrant la restauration et la conservation de la cathédrale Notre-Dame de Paris a connu un arrêt brutal, mardi 4 juin, à l’Assemblée nationale. La commission mixte paritaire, réunie en cas de désaccord persistant entre les deux Assemblées, a duré moins d’une heure. « Le sort réservé à l’article 9 du projet de loi, tendant à habiliter le gouvernement à déroger à de nombreuses règles de droit commun dans le cadre des travaux relatifs à la restauration de la cathédrale, a cristallisé les désaccords entre les membres des deux Assemblées », a déclaré le Sénat dans un communiqué. La présidente de la commission de la culture, de l’éducation et de la communication à la Chambre haute, Catherine Morin-Desailly (UC, Seine-Maritime), a fait part de l’incompréhension des sénateurs face au mépris affiché par le gouvernement « à l’égard des travaux d’audition minutieux et des propositions constructives réalisés par la représentation nationale sur une problématique susceptible de rassembler les parlementaires de tous bords ». « Pourquoi vouloir déréguler ? » Sylvie Robert (PS, Ille-et-Vilaine) parle d’« un mélange de tristesse et de colère ». La sénatrice poursuit : « Nous avons transformé ce texte pour en préciser certains aspects et, surtout, nous avons supprimé ce qui nous paraissait dangereux. Les codes du patrimoine en vigueur font la preuve de leur efficacité. Beaucoup de pays nous les envient. Pourquoi vouloir déréguler ? » D’autres élus déplorent « un projet de loi précipité, issus d’un fait présidentiel : l’annonce [par Emmanuel Macron] des cinq ans, tout est venu de là ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi La cathédrale Notre-Dame de Paris, une passion américaine Le 29 avril, dans Le Figaro, 1 170 membres de la communauté scientifique internationale adressaient une lettre ouverte au président de la République, l’appelant à « ne pas dessaisir les experts du patrimoine de la gestion sereine de la restauration de la cathédrale » et à « renoncer à [son] projet d’une loi d’exception ». Quelques semaines plus tard, une pétition de même nature était lancée sur le site Change.org, qui a réuni à ce jour quelque 10 000 signatures. Soumis à une procédure accélérée, le projet de loi pour Notre-Dame a pratiquement terminé sa course. Après une nouvelle lecture par l’Assemblée Nationale et par le Sénat, c’est le Palais-Bourbon qui statuera sur sa nature. Définitivement.
La commission d’entente entre les deux chambres ne parvient pas à se mettre d’accord sur les écarts possibles aux règles d’urbanisme pour tenir le calendrier souhaité par Emmanuel Macron.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/06/05/notre-dame-desaccord-profond-entre-l-assemblee-et-le-senat_5471717_3246.html
mlsum-fr-672
Le PlayStation Now permet d’accéder à plusieurs centaines de jeux en abonnement. (Sony) C’est ce que l’on appelle une offre agressive. Sony a annoncé une baisse drastique du prix de PlayStation Now, son service de jeu vidéo en abonnement, accessible sur PlayStation 4 et PC. Celui-ci passe de 15 à 10 euros par mois, et de 100 à 60 euros pour un abonnement à l’année. Le service, qui permet d’accéder à volonté à un catalogue de 700 jeux PlayStation 3 et PlayStation 4, s’enrichit par ailleurs temporairement – pour une durée de trois mois – de quatre superproductions du jeu d’action, Grand Theft Auto V, God of War, Uncharted 4 : A Thief’s End et inFamous Second Son. « C’est une occasion de relancer le service », a indiqué au quotidien espagnol El Pais Gordon Thornton, directeur chargé des services numériques de la marque PlayStation, alors que Sony ne comptait que 700 000 abonnés en avril. Le constructeur s’engage par ailleurs à ajouter de nouveaux jeux majeurs chaque mois. L’ombre de Google Ce changement tarifaire intervient alors que le géant du Web Google doit lancer en novembre son propre service de jeu en streaming, Stadia. L’accès au service coûtera lui aussi 10 euros par mois, mais sans accès illimité à son catalogue : sauf promotion, les jeux devront être achetés un par un. Microsoft, de son côté, propose un Xbox Game Pass à 10 euros, sans streaming, mais offrant un accès illimité, y compris aux dernières nouveautés du constructeur américain. Ces offres, souvent assimilées à des « Netflix du jeu vidéo », sont souvent considérées comme l’avenir pour l’industrie. Elles suscitent par ailleurs des questions sur l’impact environnemental lié au développement à grande échelle du jeu en streaming, une des activités numériques les plus énergivores. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Crise écologique : l’impact environnemental du jeu vidéo, un sujet d’inquiétude grandissant
Le constructeur de la PlayStation 4 a procédé à une baisse symbolique du prix de son service PlayStation Now, en même temps qu’à l’enrichissement de son catalogue.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/01/sony-etoffe-son-offre-de-jeu-video-en-streaming_6013803_4408996.html
mlsum-fr-673
Bart Verhaeghe (à gauche), propriétaire du FC Bruges et l’entraîneur Ivan Leko, le 21 mai 2018, au moment du sacre du club en championnat belge. Kurt Desplenter / AFP De Knokke, on connaissait le casino et la plage, pas le centre d’entraînement du Club Brugge, ouvert en juin au milieu d’un grand rien. A un quart d’heure du joyau de l’architecture gothique, les Blauw en Zwart ont investi 20 millions d’euros pour distancer le rival Anderlecht. Et l’antique stade Jan-Breydel, où Bruges reçoit mardi soir le Paris Saint-Germain en Ligue des champions, sera bientôt un souvenir. C’est le souhait de son propriétaire, Bart Verhaeghe, dont le football belge moque l’ego et redoute les colères. Depuis 2011, il a donné un coup d’accélérateur au projet brugeois, dont le budget atteint cette saison 120 millions d’euros, soit davantage que l’Olympique de Marseille. Pour la première fois depuis quatorze ans, deux clubs belges, Genk et vous, participent à la Ligue des champions. Croyez-vous à un renouveau durable des clubs belges ? Notre volonté, c’est devenir le premier pays derrière les cinq grands championnats [la Belgique est huitième à l’indice UEFA]. Le football belge se réveille et est entré dans la modernité. Avec le travail sur le big data, on réduit les risques inhérents au sport avec des outils que le football n’utilisait pas. On est un petit pays avec des petits budgets. Pour exceller dans ce monde, il faut être plus économe et plus efficace avec notre argent, et attirer des passionnés dans nos clubs. On a surtout regardé ce qui se faisait ailleurs que dans le football. Nos procédures de recrutement s’attachent autant à l’humain et au projet des joueurs qu’à leurs facultés. Et la détection de joueurs repose sur une base de données de 100 000 joueurs. Les clubs belges sont-ils condamnés à voir partir leurs talents au bout d’une bonne saison ? On est en train de créer avec les Pays-Bas une ligue qui peut réduire notre écart avec le « big five », qui ouvrira un marché de 28 millions de consommateurs. Une nouvelle rencontre est prévue cette semaine. Le championnat devrait comprendre dix-huit clubs, dont huit belges. Cela peut aller vite. Si ce n’est pas pour la saison prochaine, sans doute dans les deux suivantes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Corruption : les petits arrangements du football belge Y a-t-il trop d’argent des clubs belges qui partent dans les poches des agents ? La Belgique n’est pas le vilain petit canard, c’est pire ailleurs. Ce que je trouve étrange, c’est que je paye, alors que les joueurs devraient le faire ! Mais l’Union européenne, avec l’UEFA et la FIFA doivent rendre tout cela clair, ouvert et transparent. Car c’est un problème mondial. Bruges le fait déjà, en demandant aux agents et aux joueurs de signer un document. Nous sommes dotés d’un comité d’éthique et d’un responsable de la conformité. Et personnellement, je ne m’immisce pas dans les transferts. Vous personnellement, un intermédiaire vous a-t-il déjà proposé de vous rémunérer, en cash ou en nature ? Jamais ! C’est une pratique que je ne connaissais pas. Nous sommes tellement professionnels que personne n’a jamais osé. J’étais fort surpris que cela existe. Un an après le « Footbelgate », le football belge a-t-il suffisamment avancé sur la voie de la réforme ? On peut mieux faire. Nous devrions déjà avoir une chambre de compensation. J’attends que la Pro League la crée le plus vite possible… même si c’est la FIFA qui devrait s’en charger. Bruges accepte-t-il encore des dossiers dans lesquels interviennent des personnes inculpées dans le Footbelgate ? Bien sûr qu’il y en a. Qui a été condamné ? Personne. Si je fais l’inverse, je ne suis pas juste. Je suis juriste. Chez nous, il y a tellement de procédures, de répartition des responsabilités que la possibilité d’abus est infime. A chaque transfert, il y a plusieurs personnes impliquées. Que pensez-vous de la double représentation, lorsqu’un agent représente deux parties dans une transaction ? Si cela se fait de manière ouverte et transparente, je ne considère pas cela comme un problème. La clé, c’est que tout le monde puisse savoir ce qui se fait, y compris à travers la publication des données de la licence d’un club, qu’elle soit nationale ou européenne. A l’époque, le club n’avait pas d’argent et ne pouvait payer immédiatement le montant demandé par son agent. J’ai fait payer ma holding et la plus-value a représenté le travail de cette société ainsi que la prise de risque. Même les règles fiscales m’empêchaient de revendre au même prix ! J’avais déjà 100 % des actions de Bruges : au final, ce sont deux sociétés qui m’appartiennent. J’ai juste aidé mon club.
L’homme d’affaires Bart Verhaeghe, propriétaire du FC Bruges, qui reçoit le PSG mardi en Ligue des champions, défend la probité du football belge et entrevoit sa renaissance.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/10/22/bart-verhaeghe-president-du-fc-bruges-le-football-belge-n-est-pas-le-vilain-petit-canard_6016439_3242.html
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Franco Zeffirelli au Metropolitan Opera Guild, à New York, le 31 mars 2008. HENNY RAY ABRAMS / AP Etrange généalogie que celle de l’homme qui vient de disparaître à l’âge de 96 ans, samedi 15 juin, dans sa résidence de Rome, des suites d’une longue maladie. Sa mort a suscité une vague d’émotion dans sa ville natale de Florence, mais aussi dans le milieu du cinéma et de la culture, dont il était une figure marquante. Désigné par deux historiens italiens comme l’un des trente-cinq descendants de Léonard de Vinci (qui n’eut jamais d’enfants, mais de nombreux frères et sœurs), Franco Zeffirelli portait un nom inventé de toutes pièces par sa mère, férue de Mozart. Ce fils illégitime d’Alaide Garosi, dessinatrice de mode, et du marchand de laine et soie Ottorino Corsi, ne pouvait endosser aucun des patronymes de ses géniteurs, tous deux coupables d’infidélité conjugale. A Florence, il existe un orphelinat dit des Innocenti, où les femmes ayant mis au monde un enfant non désiré viennent le déposer sous anonymat. Déclaré né le 12 février 1923, sous le nom de Franco Zeffiretti, en hommage aux zéphyrs d’un air de l’opéra Idomeneo, il se retrouve nommé Franco Zeffirelli à cause d’une erreur d’écriture. Et néanmoins surnommé toute sa vie « zéphyr léger ». A cet héritage de deux génies (Vinci, l’artiste touche à tout de la Renaissance, Mozart, le virtuose prodige de Salzbourg), s’ajoute bientôt celui d’un maestro du théâtre. Se retrouvant placé chez une gouvernante à l’âge de 6 ans, l’une de ces Britanniques exilées en Toscane qui prenaient le thé chaque jour au café Doney, et que l’on surnommait « scorpioni » à cause de leur humour mordant, il est initié à William Shakespeare, dramaturge essentiel dans sa filmographie. Cet épisode de sa vie sera porté à l’écran en 1999 dans Un thé avec Mussolini. « Scénographe oui, metteur en scène, jamais » Ses études le destinent à l’architecture, mais Franco Zeffirelli se pique aussi de faire du théâtre, et c’est en voyant ce blond florentin au sourire charmeur dans Les Parents terribles, de Jean Cocteau, qu’il met en scène, que le cinéaste Luchino Visconti en tombe amoureux. Il le refait jouer l’année suivante, en 1946, dans Crime et châtiment, de Gaston Baty, d’après Dostoïevski. Zeffirelli devient son assistant, au cinéma pour La Terre tremble, en 1948, Bellissima, en 1951, Senso, en 1954. Lorsque Visconti monte Comme il vous plaira, de Shakespeare, en 1948, sur des décors de Salvador Dali, Zeffirelli est l’homme de main des deux créateurs, à l’affût d’un objet, de tissus, d’accessoires, et chargé de renouveler chaque jour bonbons et gâteaux (Visconti et Dali exigent que sur scène, les acteurs ingurgitent de vraies sucreries). Il est propulsé décorateur sur Troïlus et Cressida, de Shakespeare, en 1949, puis sur Les Trois Sœurs, de Tchekhov, en 1952.
Réalisateur de nombreux opéras filmés, l’assistant de Luchino Visconti au début de sa carrière, est mort samedi à Rome à l’âge de 96 ans. En 1968, il avait remporté deux Oscars pour son film « Roméo et Juliette ».
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/06/15/le-realisateur-italien-franco-zeffirelli-est-mort_5476750_3382.html
mlsum-fr-675
M Le magazine du Monde De prestige, historiques ou chiffrés, vos arguments et contre-arguments pour un débat de soirée. POUR L’argument de prestige Présider un parti, ce n’est pas rien : un beau bureau, des collaborateurs qui produisent des notes et vous aident à élaborer une stratégie, une voiture de fonction, une petite somme de privilèges qui rendent la vie d’élu plutôt agréable. Surtout, c’est l’assurance d’avoir porte ouverte dans les médias. C’est vous que l’on invite pour les émissions de radio, les interviews dans la presse écrite, dans les studios télé. Bref, un passeport pour la notoriété. Et Christian Jacob en manque un poil. Voir aussi Le grand défilé de Christian Jacob L’argument historique Diriger un parti politique a longtemps été l’indispensable prérequis pour arriver à la fonction ultime. Jacques Chirac serait-il parvenu à l’Élysée sans le RPR et sa redoutable machine de guerre électorale (militants, argent, affidés, savoir-faire et réseau d’élus) ? Que nenni. François Mitterrand a mis la main sur le Parti socialiste avant de gagner en 1981. Sans parler de Nicolas Sarkozy et de François Hollande qui ont respectivement présidé aux destinées de l’UMP et du PS avant d’être élus. L’argument chiffré Les Républicains composent toujours la principale opposition parlementaire, avec 104 députés et 144 sénateurs. Il dispose aussi de sept présidents de conseil régional, d’une trentaine de présidents de conseil départemental et de nombreux maires de grandes villes (Marseille, Toulouse, Nice…) comme de communes rurales. Ça en fait des troupes ! Sans compter les quelque 100 000 militants qui ont voté pour la dernière élection à la présidence du parti, en 2017. CONTRE Le contre-argument de prestige Dans un parti fracturé, « cheffer » ne suffit pas pour s’imposer. Fini l’époque bénie où aucune tête n’existait hormis celle du patron. Aujourd’hui, il y a à LR presque autant de leaders que de militants. Allez demander à François Baroin, Christian Estrosi (qui sont dedans mais pas complètement) ou à Xavier Bertrand et Valérie Pécresse (qui sont dehors mais pas complètement) de s’aligner derrière Christian Jacob et de le laisser faire ce qu’il veut ! Illusion. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La guerre continue entre Eric Ciotti et Christian Estrosi à Nice Le contre-argument historique Tenir les rênes d’un parti puissant pour gagner la présidentielle, ça, c’était avant. L’élection d’Emmanuel Macron a fait exploser la jurisprudence en vigueur. Et, depuis quelques années déjà, diriger le principal mouvement de la droite semble porter la scoumoune à tous ceux qui s’y collent : Jean-François Copé, élu contesté en 2012, disparu depuis des écrans radars ; Nicolas Sarkozy, qui s’est fait salement battre à la primaire pour 2017 ; Laurent Wauquiez, contraint de démissionner avant même d’approcher l’échéance rêvée. Le patron de parti fait désormais figure de chat noir.
Les adhérents du parti s’apprêtent à voter pour leur nouveau chef – probablement Christian Jacob – les 12 et 13 octobre. La question intéresse peu le public. Le poste, lui, semble présenter quelque intérêt. Ou pas.
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/10/11/est-ce-un-bon-plan-de-devenir-le-patron-des-republicains_6015124_4500055.html
mlsum-fr-676
L’un peut-il vivre sans l’autre ? Nicolas Sarkozy et Brice Hortefeux, François Bayrou et Marielle de Sarnez, Edouard Philippe et Gilles Boyer, François Hollande et Jean-Pierre Jouyet, Sébastien Lecornu et Gérald Darmanin : duos politiques forgés au gré des combats partagés ou histoires d’amitié véritables ? L’amitié en politique peut-elle exister ? Et que dit-elle des intéressés, du pouvoir et de la politique ? Marie-Laure Delorme, journaliste littéraire au Journal du dimanche, explore un sujet qui, s’il peut paraître galvaudé, est loin de faire consensus. Pour les uns, comme Edouard Philippe, l’amitié est indissociable de la « complétude de la vie politique ». Pour les autres, à l’instar de l’ancienne plume d’Emmanuel Macron, Sylvain Fort, « la politique est la pire des épreuves pour l’amitié ». L’auteure – qui a déjà cheminé dans les allées du pouvoir en consacrant deux livres à l’ENA et à l’ENS, berceaux des élites françaises – a rencontré une dizaine de responsables politiques, qui lui ont confié, parfois avec des mots inattendus, leur conception de l’amitié. Ce faisant, ils ont livré aussi leur vision de la politique, en tout cas d’une manière d’en faire, et beaucoup d’eux-mêmes. « La politique change les gens » Chez Edouard Philippe, Marie-Laure Delorme décèle un côté crâne, « faux détaché ». Qui « n’aime pas que l’on n’aime pas ceux qu’il aime ». Le premier ministre a une vision « jusqu’au-boutiste » de l’amitié, il irait voir ses amis en prison. Le jour de l’enterrement de son père, il confie à son ami Gilles Boyer, qu’il a connu dans l’entourage d’Alain Juppé, une copie du discours qu’il va prononcer : « Si je n’y arrive pas, tu continues. » Mais s’il assure ne pas aimer la brutalité, Philippe dit aussi qu’il n’a « aucun problème à écrabouiller », s’il y est obligé : « Je ne vais pas vous raconter des craques : je ne suis pas un gentil. » Pour Bruno Le Maire, l’amitié relève du « mystère ». Mais à la pureté, lui préfère le « trouble ». De Dominique de Villepin, qui a été son patron, il dit qu’ils se sont « blessés l’un l’autre ». Mais il « préfère avoir des blessures qu’un cœur sec ». Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les affinités particulières des présidents et leurs grognards Il y a aussi les grands brûlés, qui n’y croient pas ou plus. Ainsi pour Sylvain Fort, l’ex-ombrageux conseiller de Macron, qui a quitté l’Elysée, « la politique change les gens », les « fragilise », « altère les personnalités ». L’ancienne conseillère de Dominique Strauss-Kahn, Anne Hommel, parle de la politique comme d’une « école de la haine ». « Je n’y ai vu que violence et trahisons », raconte celle qui a été aux côtés de DSK pendant l’affaire du Sofitel. Mais elle confie son erreur : avoir confondu deux proximités, professionnelle et amicale.
La journaliste Marie-Laure Delorme se penche dans un essai sur l’amitié entre politiques et s’interroge sur la solidité de ces affinités électives.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/10/12/l-amitie-en-politique-une-histoire-de-fidelites_6015251_823448.html
mlsum-fr-677
Des producteurs de cacao près de Sinfra, en Côte d’Ivoire, le 12 octobre 2019. ISSOUF SANOGO / AFP Plus de 100 000 visiteurs sont attendus à la 25e édition du Salon du chocolat, qui organise jusqu’au dimanche 3 novembre à la porte de Versailles, à Paris, des concours prestigieux de pâtisserie, des rencontres avec des chefs étoilés et des défilés de robes en chocolat. « Cette année, nous avons voulu mettre l’accent sur l’importance des pays producteurs de cacao, qui seront tous présents », a fait savoir Sylvie Douce, organisatrice de cet événement qui s’est choisi Dominique Ouattara, la première dame de Côte d’Ivoire, comme marraine. Les planteurs ivoiriens et ghanéens de cacao, qui représentent près de 60 % de la production mondiale, viennent de remporter une victoire importante. Après plusieurs semaines de bras de fer, les grands négociants mondiaux et les principaux groupes chocolatiers leur ont accordé un supplément de 400 dollars par tonne en sus du prix du marché. Mais pas évident que ce complément, appelé « différentiel de revenu décent » (DRD), suffise à combattre la pauvreté. Les motifs d’inquiétude sont nombreux, rappelle François Ruf, économiste au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad). Combien perçoit un planteur de cacao sur la vente d’une tablette de chocolat noir ? Une étude montre que c’est aux alentours de 6 %. Une grande partie de la valeur est captée par l’industrie du chocolat lors des différentes étapes de la fabrication puis de la distribution. Le prix du cacao a baissé, mais pas celui du chocolat ! C’est un problème récurrent, qu’on voit sur d’autres matières premières en Afrique. Le planteur de coton touche quasiment le même pourcentage sur la vente d’une chemise. Et la situation est quasiment la même pour un producteur de lait français par rapport au prix d’un yaourt vendu en supermarché. Les pays producteurs de cacao et les groupes chocolatiers, dont Barry Callebaut et Nestlé, deux leaders mondiaux du secteur, viennent de s’entendre pour que les planteurs obtiennent plus. Comment cet accord a-t-il été possible ? Je pense que l’union du Ghana et de la Côte d’Ivoire, deux géants sur le marché, a permis cet accord. Le président ivoirien Félix Houphouët-Boigny [1960-1993] avait essayé en 1988, mais il était tout seul. Il avait tenté de stocker sa production et avait demandé de l’aide à la France pour financer cela, mais il avait essuyé un refus. Cette fois, les deux géants mondiaux se sont associés et c’est une première. Ensemble, ils sont parvenus à un accord car ils se sont retrouvés face à une industrie puissante, certes, mais dispersée. L’accord porte sur la production 2020-2021. Que se passera t-il ensuite ? Les chocolatiers ne devraient pas rester les bras croisés. Ils pourraient essayer de favoriser la production dans d’autres pays, mais cela prend du temps et n’est jamais garanti. Mars avait naïvement essayé de promouvoir le cacao au Vietnam, il y a une dizaine d’années, mais avait échoué. Produire un bon cacao ne se décrète pas. Est-on certain que les planteurs recevront cet argent ? On peut le supposer, notamment parce que le Ghana et la Côte d’Ivoire vont organiser des élections présidentielles en 2020. Je pense que cela aura un impact positif sur la redistribution. Il y a un million de planteurs en Côte d’Ivoire et 800 000 au Ghana. C’est un poids électoral qui est loin d’être négligeable. Selon la Banque mondiale, plus de la moitié des planteurs de cacao ivoiriens vivent sous le seuil de pauvreté, avec moins de 1,20 dollar par jour. Le DRD sera-t-il suffisant pour améliorer leur situation ? Quand on compare leur situation avec celle des générations antérieures, le constat est terrible. En 1977, le cours mondial se situait entre 3 000 et 3 500 dollars la tonne. Aujourd’hui, il est à 2 500. La chute du cours a un lien direct avec la pauvreté qui sévit dans les pays de la région, car elle est liée à un excès de production. S’il y avait moins de pauvreté au Burkina Faso ou au Mali, il n’y aurait pas autant de migrations vers la Côte d’Ivoire, où des jeunes viennent pour fournir d’abord de la main-d’œuvre puis s’installer en tant que producteurs. Pour combler la chute des cours, la stratégie des planteurs a été de se diversifier, avec l’hévéa par exemple. Mais le prix du caoutchouc s’est effondré lui aussi. Une grande majorité s’est aussi tournée vers les cultures vivrières [arachide, manioc, igname, maïs], ce qui permet de tenir le coup et de maintenir une relative sécurité alimentaire. Mais le nombre de travailleurs et leurs revenus ont beaucoup diminué. Les enfants travaillent souvent dans les plantations [selon l’Initiative internationale pour le cacao, 1,2 million d’enfants ont été engagés dans la cacaoculture en Côte d’Ivoire en 2013-2014]. On peut espérer que le DRD va soulager certaines familles et que cela aura un impact sur la fréquentation des écoles. Le changement climatique a t-il impact sur la production de cacao en Afrique de l’Ouest ? Oui, mais c’est plus à cause de l’irrégularité des pluies que de la hausse des températures. Cela a des conséquences sur les périodes de semis, sur l’application des engrais… Certaines années, il y a une baisse de pluviométrie absolue, donc ça joue sur les difficultés à maintenir les rendements. Ces années particulièrement sèches alternent parfois avec des années de pluviométrie record. Les cacaoyers de Côte d’Ivoire et du Ghana sont aussi menacés par le « swollen shoot », une maladie virale qui se transmet par des cochenilles. Faut-il s’en inquiéter ? Il y a comme un paradoxe. Dans les régions où le swollen shoot est particulièrement agressif, les planteurs n’ont que leurs yeux pour pleurer. Ce sont des centaines d’hectares qui disparaissent et c’est effrayant. Les cacaoyers se dessèchent puis ils meurent. Mais dans le même temps, la production de cacao continue de progresser, selon un schéma universel. Les anciennes plantations disparaissent et de nouvelles naissent au cœur des forêts. En Côte d’Ivoire, une grande partie de la production vient des forêts classées, qui se raréfient. Ce modèle ne devrait pas perdurer, d’autant que la recherche n’a pour l’heure aucune solution à proposer.
Alors que la Côte d’Ivoire et le Ghana ont remporté leur bras de fer avec l’industrie du chocolat pour mieux payer leurs planteurs, l’économiste François Ruf analyse les faiblesses du secteur.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/11/01/la-chute-du-cours-du-cacao-a-un-lien-direct-avec-la-pauvrete-qui-sevit-en-afrique-de-l-ouest_6017689_3212.html
mlsum-fr-678
nine. Publié le 07 juin 2019 à 10h58 - Mis à jour le 07 juin 2019 à 15h24 Leur petit nom La Roja Feminina. Leurs collègues masculins s’appellent la Roja, la « rouge », de la couleur de leur maillot. Calendrier 11 juin : Chili - Suède 18 heures à Rennes 16 juin : Etats-Unis - Chili 18 heures à Paris 20 juin : Thaïlande - Chili 21 heures à Rennes Historique en Coupe du monde Première participation à une phase finale. Classement FIFA : 39e L’équipe qui devrait jouer Christiane Endler, Rocio Soto, Su Helen Galaz, Camila Saez, Javiera Toro, Claudia Soto, Francisca Lara, Rosario Balmaceda, Karen Araya, Daniela Zamora, Maria José Urrutia. Le sélectionneur José Letelier. Cet ancien gardien est le seul footballeur à pouvoir se vanter d’avoir gagné deux fois la Copa Libertadores ; sur le terrain en tant que joueur en 1991, et en 2012, derrière la ligne de touche, comme directeur technique des féminines de Colo-Colo. Et des titres, José Letelier en a glané un paquet en tant qu’entraîneur de la section féminine du club chilien : de 2010 à 2015, le tacticien aide son équipe à remporter dix trophées nationaux. A partir de 2015, il devient sélectionneur de l’équipe féminine chilienne et mène les Roja vers leur première qualification. Bilan de compétences Pourquoi postulez-vous ? Parce que nous avons suffisamment attendu : c’est la première qualification de notre histoire. Lors de la Coupe du monde 1962, nos comparses masculins de la Roja avaient fini troisièmes. Nous comptons faire beaucoup mieux. De quelle expérience pouvez-vous vous prévaloir ? Nous avons fini deuxièmes de la Copa America 2018, qui se déroulait chez nous. Grâce à notre accession au tour final et notre victoire face à l’Argentine (4-0), nous nous sommes assuré une place pour le Mondial. Précisons que nous avons perdu une seule fois lors de cette compétition, et contre le Brésil, futur vainqueur. Si vous deviez nous donner trois qualités ? Notre gardienne, Christiane Endler, est très vive et expérimentée, et surtout, elle connaît bien le pays. Elle évolue au PSG depuis 2017, donc elle sera un peu à la maison. Nous sommes plutôt solides offensivement, grâce à des joueuses comme Francisca Lara, relayeuse indispensable, qui a marqué 20 buts en en 57 sélections. Elle forme un duo très solide avec Karen Araya, toujours au poste de sentinelle. Le binôme se connaît bien : depuis cette saison, elles évoluent ensemble au FC Séville. Mais au-delà des individualités, nous avons une grande force collective. Et côté défauts ? Nous avons eu quelques difficultés lors de nos matchs de préparation. Perdre 7-0 face aux Pays-Bas, cela a été assez douloureux. Notre bilan de l’année 2019 n’est pas très glorieux : 5 défaites et 3 nuls. La joueuse à suivre CHRISTIANE ENDLER, en cinq dates : 2001 Christiane Endler intègre son premier club, le Stadio Italiano, où elle joue en tant qu’attaquante. Ses frères, avec qui elle a disputé ses premiers matchs dans le jardin familial, avaient déjà flairé le filon et la mettaient aux cages. 2007 C’est toujours en tant qu’attaquante que la jeune Endler intègre les U17 du Chili. Elle y rencontre Marco Antonio Cornez, ancien gardien international chilien, qui juge qu’avec sa grande taille (1,82 m), elle ne joue pas au meilleur poste. La très agile Tiane (comme l’appellent ses amis) devient gardienne. 2008 Un an après sa révélation aux cages, elle participe à la Coupe du Monde U20 dans son pays. La compétition est un tournant pour son avenir professionnel. Elle gagne son premier titre de joueuse chilienne de l’année. Elle le sera quatre fois encore : en 2009, 2010, 2015 et 2017. 2012 Tiane est très prise par ses études. Au Chili, le foot féminin amorce sa croissance, mais il est encore impossible d’en vivre totalement. En parallèle, elle joue à Colo-Colo, club avec lequel elle a signé en 2011. Prise par ses études, elle ne participe pas à la première phase de la Copa Libertadores en 2012. Elle rejoint l’équipe au cours de la compétition. Sa participation est décisive. La finale contre Foz Catratas se solde par des tirs au but. Endler arrêtera deux tentatives adverses. La section féminine de Colo-Colo remporte la première Copa Libertadores de son histoire. 5 juillet 2017 Chrstiane Endler signe pour cinq saisons au PSG. A la fin de sa deuxième année, la FFF lui remet le trophée de la meilleure gardienne de D1 féminine. Figurez-vous Marinette… … que la paire de récupératrices du milieu chilien, formée par Karen Ayara et Francisca « Pancha » Lara, est devenue inséparable. Titulaires indiscutables, les deux jeunes femmes stabilisent le jeu de leur sélection depuis une dizaine d’années, et jouent depuis la saison dernière dans le même club, au FC Séville, en Espagne, histoire de ne plus se lâcher, même d’une semelle. Plateau télé En entrée, un passage obligé par quelques empanadas, avant de bifurquer, en cas de forte chaleur, vers le désormais fameux ceviche, poisson cru mariné dans du citron et des oignons. Ou le moins connu, mais pas moins surprenant humita, pâte de maïs, judicieusement servi dans une feuille de maïs, qui ravira les amateurs de maïs. En dessert, outre un gateau de maïs, on peut se régaler de chirimoya, un fruit exotique, quelque part entre la poire et la banane.
Surnom, historique, joueuse à suivre... tout ce qu’il faut savoir sur l’équipe du Chili à la Coupe du monde féminine.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/07/coupe-du-monde-feminine-2019-chili-groupe-f_5472937_3242.html
mlsum-fr-679
ISABEL ESPANOL Dans la salle d’attente de l’étage aux portes mauves, on reconnaît certaines jeunes femmes à la fiche verte qu’elles froissent entre leurs mains. Ces étudiantes, discrètes, ont rendez-vous avec une sage-femme. Ici, elles bénéficient du tiers payant intégral et n’avanceront donc aucun frais. Mais là n’est pas l’unique raison de leur présence à l’Espace santé de l’université de Bordeaux. Elles savent, par le bouche-à-oreille et les forums sur Internet, qu’elles vont pouvoir y échanger librement sur des sujets intimes et parfois délicats : leur sexualité et leurs modes de contraception. Alicia, 18 ans, accepte de témoigner, porte fermée : « Avant de venir ici, j’ai vu une gynéco très vieux jeu dans un cabinet libéral à Bordeaux. Je voulais des renseignements sur le stérilet en cuivre, je suis repartie avec une ordonnance pour la pilule ! Elle a commencé par me demander si j’avais eu des enfants… J’ai senti que le dialogue allait être compliqué… En bref, elle me disait : “C’est moi la spécialiste et tais-toi”. » Ici, sur le campus de Pessac (60 000 étudiants) de l’université de Bordeaux, l’approche est inversée : « On part du principe que la patiente sait mieux que nous ce qui est bien pour elle », explique Mathilde Lafaysse, médecin généraliste avec une formation complémentaire en gynécologie. La volonté, partagée par les deux sages-femmes et quatre consœurs généralistes du cabinet, est de se montrer très ouvertes lors des consultations, sans a priori. « Les étudiantes nous disent souvent que c’est la première fois qu’elles sont reçues ainsi. A travers leur approche, certains professionnels de santé reproduisent indéfiniment une forme de maltraitance », regrette Mathilde Lafaysse, 40 ans, elle-même mère de trois filles. Le temps de l’écoute et de la parole La patiente a-t-elle effectivement besoin d’une contraception ? A-t-elle des rapports hétérosexuels ou homosexuels ? A-t-elle envie de tomber enceinte ? A-t-elle subi des violences ? « On ne fait pas de suppositions sur des éléments qu’on ne connaît pas, ajoute Mathilde Lafaysse. On s’interdit aussi l’examen gynécologique systématique quand cela n’est pas nécessaire. » Avec trente minutes de consultation – une exception –, l’équipe prend le temps de l’écoute et de la parole. « A l’Espace santé, les médecins ont l’habitude de voir des jeunes qui, comme moi, commencent tout juste leur contraception, poursuit la jeune Alicia, étudiante en deuxième année de droit. Moi, je suis très angoissée par le sujet, j’ai besoin de temps pour être à l’aise et poser toutes mes questions. » Sans partenaire régulier, mais ayant une « vie sexuelle épanouie » depuis son premier rapport il y a quelques mois, Alicia reste traumatisée par un « craquage de capote » et les effets secondaires de la pilule du lendemain. Depuis, elle conjugue préservatif et patch contraceptif, en attendant d’être prête pour la pose d’un stérilet. « Au début, je pensais que la contraception était réservée à celles qui sont en couple. Mais je ne veux plus prendre de risque, j’ai besoin d’un parachute de secours. »
Prescriptions moins normées, écoute plus individualisée : à l’espace santé de l’université de Bordeaux, les jeunes femmes s’émancipent des schémas de contraception classiques.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2019/11/04/chez-les-etudiantes-un-nouveau-rapport-a-la-contraception_6017906_4401467.html
mlsum-fr-680
Pour certains, la question est réglée depuis belle lurette. « On connaît à l’avance le résultat, Benjamin Griveaux sera investi cette semaine par La République en marche [LRM] », assure Emmanuel Grégoire, le premier adjoint d’Anne Hidalgo à la Mairie de Paris. D’autres se montrent plus circonspects : « Je pense que le choix est fait, mais je n’en mettrais pas ma main à couper, et on a tous un petit stress », confie un soutien de l’ancien porte-parole du gouvernement. Un pilier de l’équipe de Cédric Villani pense possible, lui, de bousculer le scénario : « La dynamique est de notre côté, notre dossier doit permettre que Cédric soit désigné mercredi. » Encore un peu de suspense, donc, pour savoir qui mènera les listes LRM lors des prochaines municipales à Paris, et deviendra ainsi le principal rival de la maire socialiste sortante – et peut-être le futur maire de la capitale. Les trois candidats encore en lice, tous députés, Hugues Renson, Benjamin Griveaux et Cédric Villani, seront entendus, mardi 9 juillet après-midi, par sept à huit membres de la commission nationale d’investiture du parti. Chacun disposera d’une heure et demie pour détailler son projet, faire intervenir certains de ses soutiens, et répondre aux questions. La commission coprésidée par la députée juppéiste Marie Guévenoux et l’ancien ministre socialiste Alain Richard devrait statuer dans la foulée. Sa décision sera ensuite validée par le bureau exécutif du parti présidentiel, dans la soirée de mercredi. « Deux trains lancés l’un contre l’autre » Depuis des mois, le choix semblait acquis en faveur de Benjamin Griveaux. En particulier depuis que, fin mars, Emmanuel Macron l’a laissé quitter le gouvernement pour se consacrer entièrement à sa campagne parisienne. Au fil des semaines, cependant, la donne a changé. Sur les sept candidats intéressés au départ, quatre ont jeté l’éponge : Julien Bargeton et Antonio Duarte se sont ralliés à Benjamin Griveaux, tandis que Mounir Mahjoubi et Anne Lebreton ont récemment apporté leur soutien à Cédric Villani. Si bien que la compétition s’est transformée ces derniers jours en un duel acéré Griveaux-Villani, à l’issue moins certaine que prévu. Chacun a montré ses muscles, multiplié les interventions, mis en scène sa capacité à rassembler. Lors d’un meeting tenu jeudi 4 juillet, Cédric Villani a réuni plus de 600 partisans, et fait monter en ligne des personnalités comme le député Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, ou le physicien Etienne Klein. Benjamin Griveaux a répliqué trois jours plus tard, avec un grand pique-nique en compagnie de ses fidèles, et une tribune de soutien signée de 34 élus parisiens sur Lejdd.fr.
La République en marche doit désigner, mercredi, son candidat pour la capitale en 2020. Le favori, Benjamin Griveaux, fait face à une concurrence forte du mathématicien Cédric Villani.
https://www.lemonde.fr/politique/article/2019/07/09/municipales-a-paris-griveaux-villani-un-match-plus-serre-que-prevu_5487186_823448.html
mlsum-fr-681
Défilé mixte Jacquemus printemps-été 2020. Shoji Fujii Organiser un défilé hors de Paris et hors calendrier de la Fashion Week est en général un privilège réservé aux maisons dont le pouvoir d’attraction est suffisamment fort pour faire se déplacer la caravane mode. Combien de temps faut-il à une marque pour atteindre ce Graal ? Si l’on se fie à l’exemple de Simon Porte Jacquemus, quelques années suffisent. Pour le dixième anniversaire de sa griffe, qu’il a lancée sans investisseur et qui est restée indépendante, le créateur français de 29 ans a présenté, lundi 24 juin, son défilé printemps-été 2020 mixte dans son fief, en Provence. Son succès se lit dans la liste d’invités, qui comptait aussi bien des figures tutélaires de la presse – notamment le Vogue France, venu en force – que des stars/amies de la marque très suivies sur Instagram : parmi elles, la vertigineuse Emily Ratajkowski, qui n’a pas omis de prendre quelques selfies dans sa microrobe Jacquemus, au milieu de la lavande – ses 23,3 millions d’abonnés ont dû apprécier la poésie champêtre du tableau. Défilé mixte Jacquemus printemps-été 2020. Shoji Fujii Si Jacquemus réussit à rassembler autour de lui une telle cour, c’est évidemment grâce à son charisme et à son indéniable potentiel sympathie, mais surtout parce qu’il fait du bon travail. Pour cette collection anniversaire baptisée « Coup de soleil », très cohérente, il n’a pas regardé en arrière, mais a plutôt ouvert un nouveau chapitre. Dans un champ fleuri du côté de Valensole (Alpes-de-Haute-Provence), le créateur a déroulé un long et étroit tapis rose fluo qui a fait office de podium. « J’avais envie d’être à l’opposé de ce qu’on pouvait attendre de cette carte postale provençale, avec une installation un peu pop inspirée de [l’artiste contemporain] Christo », a-t-il expliqué quelques minutes avant son défilé. Sa soixantaine de silhouettes hommes et femmes s’éloigne aussi de l’esthétique provençale qui l’a rendu célèbre : en septembre 2016, sa collection « Santons de Provence » l’avait propulsé en haut de l’affiche. Mais aussi alimenté les critiques qui le réduisaient volontiers à ses chapeaux de paille taille XXL et ses robes sexy. Défilé mixte Jacquemus printemps-été 2020. Shoji Fujii « Cette saison, la base de mon travail, ce sont les imprimés et les couleurs », raconte Jacquemus, qui a réinterprété des tableaux de Cézanne et Hockney, et repris des motifs du céramiste Jean Lurçat. Des couleurs vives et solaires coexistent avec des teintes pastel ou délavées. Les femmes portent des vestes de costume qui semblent trop larges pour elles, des chemisettes d’homme et des pantalons baggy, mais aussi des robes longues soulignant le décolleté et des minishorts qui allongent la jambe. Pour la première fois, le créateur a montré des pièces plus couture, brodées de sequins ou de cristaux Swarovski. « Je me rends compte que je fais défiler mon fantasme de cette femme d’ailleurs, trop endimanchée sur les marchés de Provence », analyse-t-il. Jacquemus propose aussi une version plus sophistiquée de l’homme, à l’aise dans sa chemise fleurie et ses claquettes, mais pas dénué d’élégance quand il les marie avec un short prince-de-galles et une veste pistache. « Ce sont des cool kids dont on ne sait pas trop s’ils viennent de Tokyo ou Los Angeles, s’ils ont pris du LSD, et ce qu’ils font là », résume le designer. En tout cas, avec leur allure nineties dans l’air du temps, ils ne devraient pas manquer de trouver leur public. Défilé mixte Jacquemus printemps-été 2020. Marion Leflour Ces derniers temps, l’ascension de Simon Porte Jacquemus est devenue vertigineuse, comme en témoigne son chiffre d’affaires : il avait atteint 11,5 millions d’euros en 2018, et est estimé à entre 23 et 25 millions d’euros pour 2019. La croissance s’explique par d’excellentes ventes dans le secteur des accessoires – en particulier le « Chiquito », minuscule sac à main qui ne peut contenir que des cartes ou un trousseau de clé. Les nouveaux sacs en forme de filet et celui qui imite la forme plate d’une boîte à biscuits en fer semblent être d’habiles remplaçants. « Je suis un collectionneur d’objets et j’adore les accessoires. Je n’ai pas embauché un faiseur de it-bags dans mon équipe pour les faire à ma place. Chez moi, le goût des sacs est inné », affirme Jacquemus. Défilé mixte Jacquemus printemps-été 2020. Marion Leflour Ce qui semble aussi inné, c’est sa capacité à créer des ambiances festives – un don précieux dans l’industrie de la mode, où les marques sont prêtes à déployer des moyens considérables pour créer des événements marquants, sans forcément atteindre leur but. Après le défilé, tous les invités et mannequins ont convergé vers la fête, qui avait lieu non loin, toujours au milieu des champs. Dès 20 heures, la piste de danse où l’on pouvait se déhancher au son de Franky Vincent ou Rihanna était pleine. Un tour de force qui achève de rendre Jacquemus extrêmement désirable aux yeux des groupes de luxe.
Le lundi 24 juin, c’est en Provence, au milieu d’un champ de lavandes, que Simon Porte Jacquemus a fêté le dixième anniversaire de sa griffe et présenté son défilé printemps-été 2020 mixte. Une collection lumineuse, inspirée par Cézanne et Hockney, comme une consécration pour le jeune créateur.
https://www.lemonde.fr/m-styles/article/2019/06/25/les-beaux-coups-de-soleil-de-jacquemus_5481261_4497319.html
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La presse française précise sa riposte face à Google. Comme pressenti, l’Alliance de la presse d’information générale (APIG) a annoncé, jeudi 24 octobre, le dépôt de plaintes auprès de l’Autorité de la concurrence pour dénoncer un abus de position dominante du leader mondial de la recherche en ligne. Les médias espèrent ainsi forcer Google à négocier le droit voisin instauré par la loi du 23 juillet, qui leur donne la possibilité de s’entendre sur une rémunération pour la reprise d’extraits de leurs articles – ce que l’entreprise américaine refuse. L’article à lire : Tout comprendre au droit voisin, au centre du contentieux entre Google et les médias Les plaignants demandent à l’Autorité de la concurrence de prendre des « mesures conservatoires » : ordonner à Google de proposer une offre tarifaire pour la reprise des contenus, désigner un expert de l’Autorité sous l’égide duquel la négociation se mènera, fixer un délai de négociation de trois mois et imposer que le prix s’applique de façon rétroactive à partir du 24 octobre, date d’entrée en vigueur de la loi. « Google nous a laissé le choix entre la peste et le choléra » Les plaintes sont déposées par l’APIG et ses membres, les syndicats de la presse quotidienne nationale, quotidienne régionale, magazine ou hebdomadaire régionale. L’Agence France-Presse a déposé un recours similaire. Côté audiovisuel, France Télévisions, Radio France et M6 soutiennent la démarche. Lire aussi Droit voisin : Google doit aussi appliquer la loi « Google nous a laissé le choix entre la peste et le choléra », a justifié Jean-Michel Baylet, président de l’APIG. En effet, l’entreprise américaine a refusé la logique du droit voisin : elle a annoncé, le 25 septembre, qu’elle cesserait d’utiliser des extraits d’articles – les quelques lignes de texte citant le contenu, ainsi que les photos – sur le moteur de recherche et sur Google Actualités. Elle ne laisserait qu’un titre et un lien, à moins que les éditeurs lui donnent l’autorisation de les afficher gratuitement. Les éditeurs de l’APIG ont rétorqué qu’ils ne pouvaient pas « s’amputer eux-mêmes » d’une part des clics apportés par Google, plus nombreux quand les extraits sont enrichis. Les médias ont donc demandé à la firme de Mountain View (Californie) de ne rien enlever, tout en faisant savoir qu’ils « ne renonçaient en rien » à leur droit voisin. Et ils déposent plainte. Celle-ci pourra-t-elle aboutir juridiquement ? De son côté, Google a rappelé ses arguments, affirmant se tenir « à la disposition de l’autorité de la concurrence pour répondre à ses questions » : « La loi n’impose pas une rémunération pour l’affichage de liens, et les éditeurs de presse Européens tirent déjà une valeur significative des 8 milliards de visites qu’ils reçoivent chaque mois des internautes qui font des requêtes sur Google." Une bataille politique La bataille est aussi politique et le débat intègre désormais un deuxième protagoniste : Facebook. L’entreprise de Mark Zuckerberg a fait savoir, jeudi, qu’elle ne comptait pas plus que Google payer pour le droit voisin : « Les dispositions de cette loi prévoient notamment l’autorisation des éditeurs de presse pour afficher, dans un format enrichi, les liens vers leurs contenus. C’est déjà le cas sur Facebook. Les éditeurs de presse décident, en effet, de la publication de leurs contenus sur notre plate-forme », argumente-t-elle dans un communiqué. Et pour les articles que les utilisateurs de Facebook partagent sur le réseau social ? Ceux-ci ne représentent qu’une « très petite part des contenus » de presse vus sur Facebook, assure l’entreprise. « Si les éditeurs souhaitent que les liens publiés par les utilisateurs s’affichent dans un format enrichi sur Facebook, ils auront la possibilité de nous donner leur accord », ajoute le groupe. Pourtant, Facebook semblait, jeudi, se distinguer de Google, aux yeux des éditeurs de presse. Le réseau social annonce en effet, ce vendredi, un nouvel onglet réservé aux contenus de médias de qualité, qui seront rémunérés par la plate-forme. Cette initiative est réservée aux Etats-Unis, mais le réseau social dit « engager des discussions avec les éditeurs français ». « Cela revient au principe de payer pour du contenu. L’attitude de Facebook est différente de celle de Google », estimait jeudi Marc Feuillée, directeur général du Figaro. Tout en mettant en garde : « Le partenariat de Facebook aux Etats-Unis exclut certains éditeurs et il ne vaut pas mise en conformité avec le droit voisin. Nous sommes ouverts à la discussion, mais il y a une loi. » La tribune signée par 800 personnalités : : « Google a offert aux médias un cynique choix de dupes » Pour ne rien manquer de l’actualité économique Cet article est paru dans notre newsletter « La lettre éco ». Si vous êtes abonné au Monde, vous pouvez vous inscrire à cette lettre quotidienne en suivant ce lien. Chaque jour à 12 h 30, vous y retrouverez les informations du Monde et son regard sur l’actualité économique, à travers notamment la chronique « Pertes & profits ».
La presse porte plainte contre Google alors que Facebook annonce qu’il préfère nouer des partenariats qu’appliquer la loi votée en juillet.
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2019/10/24/droits-voisins-la-presse-francaise-va-porter-plainte-pour-abus-de-position-dominante-contre-google_6016773_4408996.html
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Ce guide a été rédigé par la rédaction de Wirecutter (groupe New York Times) et traduit par Le Monde. Les produits sont sélectionnés de manière indépendante. Le Monde et Wirecutter perçoivent une rémunération lorsqu’un de nos lecteurs procède à leur achat en ligne. En savoir plus Réalisé aux États-Unis, ce test a été initialement publié en anglais sur le site Wirecutter. Vous pouvez le lire ici en version originale. Si vous ne travaillez qu’avec un seul appareil photo et un seul objectif, une bonne sangle vous suffit amplement. Mais dès que vous commencez à transporter plusieurs objectifs, voire un trépied, vous avez besoin d’un vrai sac photo, de préférence suffisamment élégant pour l’utiliser tous les jours. Après avoir passé deux ans à tester plus de trente sacs photo dans les environnements les plus variés, à la ville comme à la campagne, nous avons trouvé plusieurs modèles d’excellente qualité qui répondent à des styles et à des besoins de transport très différents. Plutôt que d’essayer de tester tous les sacs photo actuellement disponibles, nous nous sommes concentrés dans la mesure du possible sur les modèles fabriqués par des entreprises connues et dignes de confiance, suffisamment élégants pour servir au quotidien, et capables de transporter un ordinateur portable, un déjeuner et une veste en plus de votre équipement de base. La plupart des photographes, selon leurs goûts, choisiront soit le Peak Design Everyday BackPack (disponible en 20 litres ou en 30 litres), soit le modèle 2018 de l’Everyday Messenger de 15 pouces. Bien que de nombreux sacs puissent transporter et protéger un équipement important tout en offrant un accès facile et une esthétique agréable, les modèles Everyday se distinguent par leur efficacité sur chaque critère. Ils offrent une ergonomie et un accès rapide au matériel dignes des meilleurs de leur catégorie et, si tous les goûts sont dans la nature, leur allure épurée s’accorde à presque tous les styles. Bien que les sacs Peak Design Everyday soient élégants et proposent des rangements et une ergonomie très réussis, ils sont assez coûteux, et tous les photographes n’ont pas les mêmes besoins. Nous avons donc sélectionné des sacs à main, des sacs à dos plus abordables, des modèles à grande capacité pour les professionnels, ainsi que des seconds choix pour chacun de nos favoris. La recherche De manière générale, les sacs photo sont surtout sélectionnés pour leurs performances et moins critiqués pour leur allure que les sacs à main ou ceux dédiés aux ordinateurs. Il nous a donc été assez facile d’établir des critères concrets pour réduire le nombre de prétendants : Accès au matériel : avant toute chose, nous avons favorisé les modèles qui offrent un accès rapide et facile à l’appareil photo. Un sac où votre équipement est enterré sous une multitude de sangles et de fermetures, ou qui impose de défaire des boucles peu pratiques, restreint l’accès, c’est un mauvais sac ! avant toute chose, nous avons favorisé les modèles qui offrent un accès rapide et facile à l’appareil photo. Un sac où votre équipement est enterré sous une multitude de sangles et de fermetures, ou qui impose de défaire des boucles peu pratiques, restreint l’accès, c’est un mauvais sac ! Organisation : des compartiments spécifiques pour l’appareil, des cloisons pour les objectifs, des poches pour les cartes mémoire et les accessoires, ainsi que de généreuses protections antichocs sont cruciaux. Sans cela, ce n’est qu’un sac ordinaire. des compartiments spécifiques pour l’appareil, des cloisons pour les objectifs, des poches pour les cartes mémoire et les accessoires, ainsi que de généreuses protections antichocs sont cruciaux. Sans cela, ce n’est qu’un sac ordinaire. Configurabilité : l’utilisateur doit pouvoir déplacer les cloisons intérieures pour adapter le sac à des configurations optiques variées. Par exemple, les objectifs que vous emportez pour un événement sportif sont très différents de ceux que vous choisissez pour une séance de photo de rue ; le sac doit pouvoir s’adapter aux deux cas. l’utilisateur doit pouvoir déplacer les cloisons intérieures pour adapter le sac à des configurations optiques variées. Par exemple, les objectifs que vous emportez pour un événement sportif sont très différents de ceux que vous choisissez pour une séance de photo de rue ; le sac doit pouvoir s’adapter aux deux cas. Sangle de ceinture : elle peut réduire les tensions sur le dos. « La chose la plus importante sur un sac à dos est qu’il ait une vraie sangle de ceinture, » explique le photographe et spécialiste du matériel Tobias Gelston, de Photorec.tv. « Bien des fabricants lésinent sur ce point et tout le poids du sac repose sur vos épaules. Un sac doté d’une vraie ceinture distribue bien mieux la charge. Et même un équipement relativement léger peut devenir pesant au bout d’une heure. » elle peut réduire les tensions sur le dos. « La chose la plus importante sur un sac à dos est qu’il ait une vraie sangle de ceinture, » explique le photographe et spécialiste du matériel Tobias Gelston, de Photorec.tv. « Bien des fabricants lésinent sur ce point et tout le poids du sac repose sur vos épaules. Un sac doté d’une vraie ceinture distribue bien mieux la charge. Et même un équipement relativement léger peut devenir pesant au bout d’une heure. » Résistance aux intempéries : c’est la clé de la protection de votre équipement, et si le sac est étanche, c’est encore mieux. « Je me fiche d’être trempé et que le sac mette deux jours à sécher, tant que l’équipement placé à l’intérieur reste sec », indique Jim Fisher, testeur d’appareils photo pour PCMag. c’est la clé de la protection de votre équipement, et si le sac est étanche, c’est encore mieux. « Je me fiche d’être trempé et que le sac mette deux jours à sécher, tant que l’équipement placé à l’intérieur reste sec », indique Jim Fisher, testeur d’appareils photo pour PCMag. Capacité adaptée : nous avons cherché des sacs capables de transporter le nécessaire, sans encourager la surcharge. Selon Fisher, « il est facile de se laisser tenter par un sac énorme capable de tout transporter, mais si je dois marcher dans les bois, je favorise un équipement le plus léger possible. En voyage, je préfère prendre un sac à dos plus petit, ou une sacoche me permettant de porter un appareil et une paire d’objectifs en bandoulière. » En gardant cela à l’esprit, nous avons cherché des sacs capables d’héberger un appareil hybride ou un reflex compact (pas un encombrant modèle professionnel) et une poignée d’optiques, ainsi que quelques effets personnels : au moins un ordinateur 13 pouces et, dans l’idéal, un pique-nique, une bouteille d’eau voire une petite veste. nous avons cherché des sacs capables de transporter le nécessaire, sans encourager la surcharge. Selon Fisher, « il est facile de se laisser tenter par un sac énorme capable de tout transporter, mais si je dois marcher dans les bois, je favorise un équipement le plus léger possible. En voyage, je préfère prendre un sac à dos plus petit, ou une sacoche me permettant de porter un appareil et une paire d’objectifs en bandoulière. » En gardant cela à l’esprit, nous avons cherché des sacs capables d’héberger un appareil hybride ou un reflex compact (pas un encombrant modèle professionnel) et une poignée d’optiques, ainsi que quelques effets personnels : au moins un ordinateur 13 pouces et, dans l’idéal, un pique-nique, une bouteille d’eau voire une petite veste. Design : de manière générale, nous avons éliminé les modèles premium, ceux vendus par des marques de luxe ou simplement en cuir, et ceux qui dépassent les 300 €. Nous avons également évité ceux qui ressemblaient trop aux sacs photo traditionnels, ces imposants rectangles ou ces garages gigantesques proposant un labyrinthe de cloisons, ainsi que ceux conçus spécialement pour la randonnée. Un sac où votre matériel est enterré sous une multitude de sangles et de fermetures, ou qui impose de défaire des boucles peu pratiques, restreint l’accès : c’est un mauvais sac ! Pour tester les sacs, nous avons contacté les pigistes de Wirecutter Eric Adams et Erin Lodi, qui sont tous deux photographes professionnels, ainsi que le rédacteur Ben Keough, un photographe amateur enthousiaste suréquipé par rapport à ses besoins, et leur avons demandé de les emporter sur le terrain. Chacun a chargé les sacs d’un petit reflex ou d’un hybride, d’objectifs, d’accessoires, d’un assortiment de câbles, d’un ordinateur portable et, si le sac le permettait, d’effets personnels, avant de les sortir pour des durées allant de trois heures à plusieurs jours. Lorsque c’était possible, ils ont également utilisé ces sacs pour transporter leur équipement personnel sur les séances de prises de vues. Ainsi, ils ont établi une liste de modèles favoris, qui peuvent non seulement accueillir ce matériel confortablement, mais aussi s’accorder à des styles variés, et souvent dotés de caractéristiques utiles, telles que des capacités ajustables et des verrous sur les fermetures à glissières. Un sac à dos photo stylé et polyvalent : Peak Design Everyday Backpack Le Peak Design Everyday Backpack s’adapte à des silhouettes et à des tailles très variées. ERIC ADAMS / WIRECUTTER Voici l’un des sacs les plus élégants du marché. ERIC ADAMS / WIRECUTTER À qui il s’adresse : le Peak Design Everyday Backpack est notre sac à dos favori pour les photographes amateurs qui ne veulent pas sacrifier l’esthétique sur l’autel des performances. Il associe polyvalence, capacité élevée et de nombreuses caractéristiques pratiques, telles que des accès rapides mais sûrs, des anneaux de sangle pour fixer facilement du matériel à l’extérieur, et un système d’organisation interne adaptable. Il est évident que ses concepteurs ont beaucoup réfléchi à la manière dont il serait utilisé. J’ai testé la version 20 litres, mais ceux qui ont plus d’équipement peuvent également recourir à la variante de 30 litres. Comme je voyage beaucoup, je préférerais d’ailleurs sans doute celle-ci, mais 20 litres sont parfaits pour la plupart des utilisateurs et cela fait gagner 100 grammes. Pourquoi nous l’adorons : en plus de son design élégant, l’Everyday Backpack est exceptionnellement confortable et bien organisé. Son ergonomie est parfaitement conçue d’un bout à l’autre et il propose un choix adapté de poches et de compartiments pour associer accès facile à tout votre équipement et capacité suffisante pour emporter tout votre matériel pour une journée complète d’exploration tout-terrain. L’Everyday Backpack est l’un des rares sacs aussi confortables qu’élégants. Une bonne ergonomie commence par une bonne adaptation, et il fait partie des modèles les plus ajustables que nous ayons testés, grâce à des sangles de réglage solides et sûres pour les deux épaules. Le rembourrage dorsal est respirant et confortable sans être imposant, et la ceinture est fine mais assez robuste pour être efficace, sans employer une tonne de matériaux comme les sangles de sacs de randonnée. La ceinture peut également être rangée pour épurer l’esthétique du sac lorsqu’elle ne sert pas. La sangle de poitrine aide à distribuer la charge entre vos épaules et centre le sac à la verticale de vos hanches. L’Everyday Backpack est également agréablement à porter à la main, grâce à ses larges poignées rembourrées sur le dessus et de chaque côté. Les sangles s’ajustent automatiquement à diverses largeurs d’épaules et formes de torse. J’ai utilisé ce sac pour un voyage de cinq jours en Autriche en décembre dernier. Même si je ne suis pas vraiment parti en randonnée à travers les Alpes, je l’ai porté durant plusieurs heures d’exploration urbaine à Innsbruck et une longue marche photographique vers une montagne voisine, en plus des habituelles heures passées à courir à travers les aéroports. Le sac est resté confortable tout au long de cette aventure, sans jamais me cisailler les épaules. Les sangles de poitrine et de ceinture améliorent le confort de l’Everyday Backpack sur la durée. Vous pouvez positionner la sangle de poitrine (en photo) à diverses hauteurs sur les bretelles. ERIC ADAMS / WIRECUTTER Vous pouvez choisir entre quatre points d’attache à différentes hauteurs pour adapter le compartiment à des charges plus ou moins imposantes. Pour vérifier que ce n’était pas juste le sac idéal pour moi, je l’ai fait essayer à plusieurs amis intéressés par les sacs à dos, hommes et femmes, de tailles différentes ; ils l’ont tous trouvé bien adapté et particulièrement confortable (Peak Design a fait une démonstration des deux tailles de sac sur différentes personnes durant la campagne de financement participatif sur Kickstarter). Certains de mes amis ont noté que la texture douce des matériaux aidait le sac à glisser facilement jusqu’à sa position, ou ont apprécié le rembourrage des sangles et la bonne répartition du poids. D’autres ont remarqué que les bretelles, qui peuvent aisément pivoter sur leurs fixations supérieures, s’adaptent automatiquement à des épaules de largeur variée et à des formes de torse diverses. Le sac se blottit instantanément contre celui qui le porte, nécessitant très peu de réglages. Rangements et organisation : l’Everyday Backpack propose des poches dans l’ensemble bien pensées, mais son compartiment photo au rabat pliant sort vraiment du lot. Le système de fermeture, baptisé MagLatch par Peak Design, associe fixation magnétique et mécanique élastique. Cela peut paraître compliqué mais, en pratique, il s’agit du système d’accès à l’appareil photo le plus rapide de tous les modèles essayés. Et selon la quantité de matériel que vous transportez, vous pouvez choisir entre quatre points d’attache à différentes hauteurs afin d’adapter le compartiment à des charges plus ou moins imposantes. Cette conception souple vous permet d’accroître l’espace de stockage interne instantanément en fonction des besoins, sans avoir à faire de modification physique. Et par rapport aux compartiments des autres sacs examinés, comme le Manfrotto NX et le Tamrax Hoodoo 20, les ouvertures sont mieux placées et offrent un meilleur accès à l’intérieur lorsque vous vous déplacez. Les multiples accroches de l’Everyday Backpack autorisent une fermeture serrée, quel que soit le contenu. ERIC ADAMS / WIRECUTTER Le compartiment interne intègre des séparateurs mobiles à Velcro, permettant de modifier les emplacements pour les adapter à un matériel varié. Ces cloisons sont parmi les plus réussies que j’ai vues, avec une construction rigide et un ancrage solide, et elles ont des bordures en deux épaisseurs, qui peuvent être placées à plat ou repliées pour créer des séparations supplémentaires à chaque niveau. Cela permet de laisser passer un gros téléobjectif ou de multiplier les casiers pour une foule d’optiques compactes et d’accessoires. Cette conception écrase les cloisons mobiles des autres sacs, qui ont trop de jeu et ne tiennent pas aussi solidement en place. Lors de mon propre voyage avec ce sac, j’ai transporté un appareil photo hybride Sony α7R II avec son objectif compact 24-70 mm, un objectif Sigma supplémentaire, une paire de jumelles compactes, une batterie de secours pour mon smartphone, une GoPro sur une petite poignée, mon portable Microsoft Surface Book 13 pouces, les chargeurs de l’appareil et de l’ordinateur, un pull-over en laine, et de quoi grignoter, ainsi que divers objets de voyage (des écouteurs, un coussin gonflable pour le cou…). Le sac était bien plein, d’où ma préférence probable pour la version de 30 litres, mais tout est rentré et, grâce aux cloisons, rien n’a bougé durant le voyage, tout en restant facilement accessible. Les cloisons mobiles sont rigides, robustes et faciles à reconfigurer. ERIC ADAMS / WIRECUTTER L’emplacement de l’ordinateur peut accueillir un modèle de 15 pouces, avec un magazine ou une tablette, et il y a également une grande poche à l’avant pour des éléments plus encombrants, comme une boîte à pique-nique, une GoPro et des lunettes de soleil. Dans le compartiment principal, vous trouverez une petite poche à fermeture magnétique pour un carnet, un portefeuille, un passeport, etc. Les panneaux latéraux, que vous pouvez ouvrir rapidement à l’aide d’une fermeture à glissière, comportent des pochettes pour de petits accessoires. L’extérieur du sac intègre également 10 points d’attache discrets disposant de sangles amovibles, afin de fixer en toute sécurité un trépied ou d’autres équipements. Les poches latérales extensibles peuvent recevoir des bouteilles d’eau ou des trépieds, maintenus en haut par les sangles, et se plaquer confortablement le long du sac lorsqu’elles ne servent pas, afin de ne pas ressembler à des sacoches vides pendouillant à l’extérieur. Des défauts non rédhibitoires : les fermetures à glissière latérales s’ouvrent par le haut ou par le bas, ce qui peut vous inquiéter si vous craignez d’oublier accidentellement de verrouiller une de ces nombreuses glissières. Ceci étant, il est très agréable de pouvoir ouvrir les panneaux par chaque extrémité et les glissières sont assez rigides lorsqu’elles sont en position totalement fermée : ce n’est que si elles sont entrouvertes et que votre sac est chargé qu’elles peuvent flancher. Il faudra voir avec l’usure du temps si cela devient plus gênant. Heureusement, si vous n’utilisez pas les glissières du bas (pour prendre un cas typique) et préférez les bloquer, vous pouvez les ancrer en passant leurs tirettes de tissu dans les anneaux porte-accessoires adjacents. Les glissières aux deux extrémités des fermetures demande le double d’attention pour s’assurer de toujours tout fermer correctement. Cette photo montre comment la glissière peut être sécurisée lorsqu’elle est entrouverte (correctement close, elle reste généralement en place). ERIC ADAMS / WIRECUTTER Les plus petites poches, dispersées dans les panneaux latéraux et la poche supérieure, sont plutôt plates : les accessoires épais, tels qu’une caméra d’action ou un adaptateur optique de smartphone, y tiendront mal. Les poches s’étirent, ce qui aide énormément, mais elles forment des bosses avec les objets en relief, ce qui peut donner un ensemble un peu trop serré, en particulier du fait de la rigidité des cloisons intérieures. Je préfère les sacs dont la partie supérieure est totalement séparée du compartiment de stockage aménageable, mais l’Everyday Backpack n’a que des cloisons amovibles. J’apprécie cette conception qui permet de régler la répartition du stockage entre haut et bas, mais cela laisse des interstices par lesquels des objets de petite taille placés en haut (monnaie, clés, baume à lèvres) peuvent glisser vers le bas. Un sac à dos abordable : AmazonBasics Sac à Dos pour appareil photo reflex et accessoires ERIN LODI / WIRECUTTER Notre choix AmazonBasics Sac à Dos pour appareil photo reflex et accessoires Un sac à dos abordable Ce sac à dos offre un volume élevé pour un tarif réduit. Cet article est actuellement indisponible À qui il s’adresse : le sac à dos AmazonBasics pour appareil photo reflex et accessoires est idéal pour un photographe amateur à la recherche d’un outil polyvalent afin de transporter et de protéger son matériel tout en peaufinant son équipement. Il contient tout le nécessaire, avec de généreux rembourrages pour une adaptation confortable. Ses points forts : pour un tarif abordable, le sac à dos AmazonBasics est trompeusement compact : il peut héberger un équipement très complet. À notre surprise, il a été facile d’y installer un ordinateur portable 13 pouces, un reflex, deux objectifs, un flash, et bien plus : batteries, cartes de visite, chiffons, cartes mémoire, kit de nettoyage d’objectif, effets personnels, etc. Un ensemble de sangles latérales peut également accueillir un trépied, et une cordelette élastique en façade peut recevoir un petit imperméable ou une écharpe. Tous les matériaux et les fermetures paraissent assez robustes pour supporter l’usure et les déchirures, avec un généreux rembourrage du dos et des bretelles. Le sac AmazonBasics est compact. ERIN LODI / WIRECUTTER Le sac repose rigidement sur votre dos, mais il est assez petit pour ne pas être inconfortable : c’est comme porter un sac d’école. Les bretelles sont suffisamment rapprochées pour s’adapter confortablement à une personne menue sans glisser, et les sangles de poitrine et de ceinture réglables permettent de fixer le sac plus précisément sur votre corps. Le tissu respirant assure le confort du dos et des sangles rembourrées au contact de votre peau, et le poids paraît bien distribué même lorsque le sac est totalement rempli. Avec le sac AmazonBasics, vous ne jouerez pas la carte du style : il est simple et passe-partout, peut-être même un peu trop compact. Je suis une femme relativement grande, 1,73 m, et je trouvais qu’il paraissait petit sur moi ; il pourrait paraître ridiculement nain sur un homme imposant. Le sac à dos AmazonBasics tient sous un siège d’avion de ligne et peut facilement s’attacher sur la poignée d’une valise à roulettes. Pour un sac compact et abordable, l’AmazonBasics contient une quantité étonnante de matériel. ERIN LODI / WIRECUTTER Rangements et organisation : l’AmazonBasics dispose de cloisons intérieures fixées par Velcro, afin d’adapter sa configuration à votre matériel. Avec des dimensions extérieures de 30 × 40 × 15 cm, il n’est pas très imposant, mais vous pouvez aisément y placer deux boîtiers et une poignée d’objectifs si tel est votre besoin. Dans le compartiment principal, vous trouverez deux poches zippées, couvrant chacune la moitié de la hauteur du sac. Elles sont pratiques pour placer batteries de rechange, câbles et autres menus objets. Le compartiment ordinateur, dans le rabat principal du sac, comporte une poche de tissu extensible et des pochettes de rangement sans fermeture, moins pratiques pour les objets les plus petits qui risquent de tomber et d’être perdus. Une poche à fermeture éclair, en façade du sac, est idéale pour stocker de quoi grignoter ou d’autres petits objets que vous voulez garder accessibles, séparés du matériel photo. Enfin, deux petites pochettes latérales à fermeture Velcro peuvent héberger ce qui doit rester sous la main, comme les cartes de visite. Des défauts non rédhibitoires : bien que nous n’ayons eu aucun problème, plusieurs utilisateurs d’Amazon ont signalé que la poignée supérieure du sac s’était rompue en essayant de le soulever. Même avec le sac complètement chargé par notre matériel de test, nous n’avons pas rencontré ce problème, et un employé de Wirecutter qui en a acheté un il y a des années ne l’a pas eu non plus ; cependant, par précaution, nous conseillons de soulever le sac par les bretelles dès que c’est possible. Sans avoir pu soumettre la version actuelle de ce sac aux rigueurs d’un test sur la durée, nous pensons qu’il supportera l’usure et les tensions normales, en particulier pour un photographe occasionnel transportant un équipement léger et ne l’utilisant pas tous les jours. Par le passé, ce modèle a été en rupture de stock, parfois plusieurs mois d’affilée. Ces fluctuations sont imprévisibles, mais il a toujours fini par réapparaître. Un photographe expérimenté peut trouver que le sac à dos AmazonBasics manque de rangements et d’aménagements. Selon nous, il est parfait au stade où vous explorez et apprenez sur le matériel et la technique photographique ; mais au fur et à mesure que le nombre d’adaptateurs, de cartes et d’accessoires à transporter augmentera, vous pourriez vouloir plus de petites poches facilement accessibles, qui vous aideront à trouver rapidement ce que vous cherchez et à vérifier que vous avez bien tout ce dont vous aurez besoin avant de partir pour une séance de prise de vues. Bien que ce sac ne soit pas résistant à la pluie, vous pouvez acheter une housse étanche : l’ensemble vous coûtera encore bien moins cher qu’un sac similaire plus haut de gamme. Une alternative : Evecase Sac à Dos Universel Professionnel L’Evecase est plus grand et plus coûteux que l’AmazonBasics. ERIN LODI / WIRECUTTER Si la petite taille du sac à dos AmazonBasics vous inquiète, soit parce que vous avez une stature imposante, soit parce que vous voulez transporter plus de matériel, le sac à dos Evecase est un autre modèle basique, plus volumineux et apportant quelques bonus agréables, pour une cinquantaine d’euros supplémentaires. Avec 46 × 31 × 20 cm, il peut héberger un ordinateur 15 pouces et quelques objectifs de plus. L’intérieur gris clair permet de trouver plus facilement ce que vous cherchez et de nombreuses cloisons à Velcro permettent de personnaliser le sac pour votre équipement. Avec quelques poches de plus, et plus grandes, l’Evecase paraît un peu plus professionnel que le modèle d’AmazonBasics. Il comporte de généreux rembourrages des sangles et du dos, recouverts d’un tissu maillé respirant pour plus de confort. Une housse anti-pluie et un sac de protection intérieur apportent également une protection contre les hostilités météorologiques. Un sac à dos photo de grande capacité : Lowepro Pro Runner BP 450 AW II Toujours plus grand, mais toujours plus encombrant. ERIN LODI / WIRECUTTER Un photographe professionnel désireux de transporter un volume d’équipement élevé dans un seul sac appréciera un modèle capable d’héberger une tonne de matériel sans paraître trop imposant. Un photographe amateur peut également être prêt à passer à un sac beaucoup plus gros, tel que celui-ci, pour garder un équipement pléthorique à disposition. Là où le Peak Design Everyday Backpack peut contenir un ordinateur 15 pouces, un reflex plein format et une paire d’objectifs, le Lowepro Pro Runner BP 450 AW II offre suffisamment d’espace pour un ordinateur 17 pouces, plusieurs reflex plein format avec poignées verticales, nombre d’objectifs parmi lesquels des zooms haut de gamme, et tous les flashs et l’éclairage nécessaires à la prise de vue. Nous apprécions la capacité généreuse du Lowepro Pro Runner, et il est devenu notre sac à dos préféré dans cette catégorie après que Think Tank Photo a cessé la production de notre premier choix précédent, le StreetWalker HardDrive. Celui-ci transportait moins de matériel que le Lowepro, mais son profil plus fin était plus indiqué pour les amateurs, qui n’ont pas forcément besoin de tout le volume du Pro Runner. Nous attendons avec impatience de tester le Think Tank Photo StreetWalker HardDrive V2.0, et nous mettrons cette section à jour s’il est le digne héritier de son prédécesseur. Rangements et organisation : sur ce Lowepro, vous disposez de cloisons à Velcro pour structurer l’intérieur du sac selon vos besoins. Il inclut également de nombreuses poches pour rester organisé, y compris des emplacements spécifiques pour les cartes mémoire. L’épais rembourrage sur le dos et les bretelles assure un bon confort même lorsque le sac est totalement chargé. Cependant, l’ergonomie de ce modèle n’est pas aussi bonne que celle du Think Tank : la poche pour ordinateur est intégrée au rabat principal, ce qui place ce poids sur la partie la plus éloignée du sac et peut vous déséquilibrer si vous utilisez un imposant ordinateur 17 pouces. Des défauts non rédhibitoires : ce sac à dos vous donne un peu la sensation de porter une petite valise, et les poignées latérale et supérieure renforcent cette impression. Si vous avez besoin de transporter un équipement encombrant, ce sac supportera la charge, mais il ne fait pas partie de ceux que nous porterions volontiers sur de longues périodes. Il est aussi plus lourd que le Think Tank, avec un poids à vide de 2,9 kg contre 2 kg. « Le Pro Runner est également disponible en une version un peu plus petite, le BP 350 AW II, et une un peu plus grande à trolley intégré, le RL x450 AW II. » Erin Lodi Notre sacoche photo favorite : Peak Design Everyday Messenger KYLE FITZGERALD / WIRECUTTER À qui elle s’adresse : si vous ne portez pas suffisamment de matériel lourd pour profiter des avantages ergonomiques d’un sac à dos, une sacoche d’épaule offre un accès plus rapide et plus pratique au matériel. La Peak Design Everyday Messenger version 2018, une mise à jour de notre précédent premier choix, est la sacoche photo la plus intelligemment conçue que nous ayons testée : elle reprend tout ce qui nous a fait tomber amoureux de l’Everyday Messenger, avec une poignée de petites améliorations. Notez qu’une version 13 pouces est proposée, mais nous préférons la polyvalence supérieure de la variante 15 pouces. Elle héberge facilement un MacBook Pro 15 pouces, un reflex plein format avec une série d’optiques lumineuses, ainsi que des stylos, un carnet de notes, une grosse batterie USB, et les chargeurs de mon iPhone, de mon ordinateur et de mon appareil photo. L’Everyday Messenger m’a accompagné plusieurs semaines, et ce fut une vraie réussite, en particulier pour les sorties relativement courtes ou les déplacements avec un équipement réduit. Ceci dit, comme toute sacoche d’épaule, elle n’atteint pas le confort d’un sac à dos pour les sessions prolongées. L'Everyday Messenger 15 pouces offre une capacité étonnante : nous avons pu y faire tenir un kit reflex complet et de nombreux accessoires. CRÉDIT : WIRECUTTER / KYLE FITZGERALD Ses points forts : le principal avantage de l’Everyday Messenger est que sa conception a de toute évidence fait l’objet d’une profonde réflexion et de beaucoup d’attention. Par exemple, là où d’autres fabricants se contentent de boucles de plastique, Peak Design a conçu son propre système de fermeture magnétique, baptisé MagLatch, pour le rabat principal. Ainsi, le sac est sécurisé, mais facile à ouvrir et à fermer d’une seule main, ce qui permet de sortir et de ranger votre matériel plus rapidement et facilement. Si vous ne voulez pas ouvrir l’ensemble du sac, une fermeture à glissière au sommet permet d’accéder directement au compartiment principal. Les petits détails continuent avec les coutures doublées sur les points de tension et l’étanchéification appliquée à l’ensemble de la surface extérieure, améliorée sur la version 2018 pour supporter une pluie plus intense. La version 13 pouces de l’Everyday Messenger (à gauche, gris cendré) est à peine plus petite que la 15 pouces que nous recommandons (à droite, anthracite). KYLE FITZGERALD / WIRECUTTER La bandoulière ajustable est faite d’un matériau similaire aux ceintures de sécurité, doux mais résistant, comportant au milieu une portion matelassée à l’intérieur afin de limiter le fardeau d’un équipement complet porté toute une journée. Ne vous y trompez pas : votre épaule souffrira au bout du compte, même en utilisant la sangle transversale de stabilisation (ingénieusement masquée), mais c’est le lot de tous les sacs photo à bandoulière. Un réglage rapide de la sangle permet d’accéder plus facilement à votre matériel tout en portant la sacoche : il suffit de tirer une petite poignée métallique pour étendre la bandoulière à sa longueur maximale, ce qui fait descendre le sac à une hauteur plus confortable. Quand vous n’aurez plus besoin d’accéder votre matériel, il suffira de la tirer à nouveau pour la ramener à ses dimensions normales. La robuste poignée supérieure vous permet d’attraper la sacoche à la volée pour parcourir une petite distance. Un lien et une fixation rapide permettent d’attacher vos clés ou un appareil compact aux boucles cousues sur les emplacements de part et d’autre de la sacoche. Nous adorons l’esthétique discrète et élégante de l’Everyday Messenger. Elle ne crie pas « sacoche photo » sur les toits, ce qui en fait un excellent choix pour la vie quotidienne. Elle existe en deux teintes, gris cendré et anthracite, qui devraient s’accorder à toutes les tenues et masquer les salissures au fil du temps. Le modèle précédent n’existe qu’en brun. Le tissu extérieur en « toile de nylon » cirée est épais et durable, avec une finition légèrement granuleuse. Nous avons testé la protection tout temps améliorée de la sacoche en la plaçant plusieurs minutes sous un tuyau d’arrosage, réglé pour simuler la pluie. L’eau perle rapidement sur le tissu externe et la plupart des gouttes filent directement vers le sol. Certaines ont imprégné la couche extérieure, mais une vérification rapide après la douche a révélé que tous les compartiments intérieurs étaient restés secs. Après quelques heures dans une maison, l’ensemble du sac était à nouveau sec. À l’intérieur, divers tissus doux et extensibles permettent aux poches de s’étirer lorsque vous les remplissez. Virtuellement exempt de marques, le sac ne porte qu’une poignée de logos sur la bandoulière et le bord du rabat, tous en relief dans un matériau noir mat. La sacoche est suffisamment reconnaissable pour que quelques maniaques de matériel photo l’identifient, mais les voleurs les moins informés ne sauront sans doute jamais ce qu’elle contient. Nous apprécions également le passage discret qui permet de transporter facilement la sacoche sur la poignée télescopique de votre valise, afin de ne pas ajouter les douleurs au cou à la liste de vos malheurs de voyageur. Lorsqu’elle ne sert pas, cette large bande de tissu reste à plat contre la sacoche, tenue par un aimant. Les cloisons façon origami s’ouvrent comme des ailes de papillon, permettant de personnaliser plus finement le compartiment principal. KYLE FITZGERALD / WIRECUTTER Rangements et organisation : dans le compartiment principal, l’Everyday Messenger est équipé de cloisons façon origami. Au contraire des habituelles séparations en mousse épaisse, elles peuvent être pliées selon diverses configurations pour s’adapter à différents kits. En mousse haute densité, elles sont également plus fines que la plupart des cloisons, tout en assurant une excellente protection. L’avantage est que vous pouvez ainsi installer facilement quatre grosses focales fixes ou petits zooms, plus un reflex monté avec un cinquième objectif. Ou bien, vous pouvez placer deux appareils hybrides fixés sur leurs optiques, plus six autres objectifs, surtout si vous êtes équipé en Micro 4/3. L’Everyday Messenger 13 pouces a une capacité plus faible que notre 15 pouces favori, mais il permet toujours de ranger un reflex et une paire d’optiques, ou un équipement Micro 4/3 complet. La poche frontale est divisée en huit pochettes, dont six proposent des codes couleur pour aider à gérer cartes mémoire et batteries. KYLE FITZGERALD / WIRECUTTER Outre le compartiment principal, l’Everyday Messenger dispose d’une foule de poches de toutes tailles. Une fermeture à glissière en haut du sac ouvre un compartiment arrière, suffisamment grand pour un ordinateur portable 15 pouces et une tablette, chacun dans sa propre poche. Sous le rabat principal, vous trouverez une longue et étroite poche zippée, parfait pour les câbles, les stylos ou les écouteurs. Derrière celle-ci, un tube de tissu permet de transporter un trépied ; sa conception ingénieuse est difficile à décrire, mais voici une excellente démonstration en vidéo. Sur la cloison arrière du compartiment principal, une poche matelassée ouverte peut recevoir un téléphone portable. La poche avant repose sur une fine structure en accordéon, qui masque son impressionnante capacité. À l’intérieur, huit pochettes de tailles variées, certaines assez petites pour recevoir des cartes mémoire, d’autres assez grandes pour des batteries, des SSD, des carnets, des stylos et des bouchons d’objectifs. Six ont des codes colorés vous permettant de séparer les batteries vides et les cartes pleines de celles encore utilisables. La grande zone centrale de cette poche reçoit idéalement les chargeurs de téléphone, d’ordinateur et d’appareil photo. Des défauts non rédhibitoires : la fermeture rapide de l’Everyday Messenger fonctionne parfaitement la plupart du temps, mais si vous ne faites pas attention, elle peut sembler correctement fermée alors qu’elle n’est tenue que par l’aimant. Kyle Fitzgerald, photographe pour Wirecutter, a testé la version 13 pouces et ne tarit pas d’éloges sur la conception des fermetures, mais il reconnaît qu’il a fait tomber accidentellement son appareil un jour où le rabat s’est ouvert alors qu’il sortait le sac de sa voiture. Pensez bien à tirer l’anneau avant de rabattre la fermeture : cela suffit à garantir un blocage sécurisé. Plusieurs testeurs et propriétaires, dont Michael Hession, responsable photo et vidéo de Wirecutter, ont noté que la première version de l’Everyday Messenger avait tendance à basculer lorsqu’elle était posée par terre, et la seconde mouture n’a pas corrigé ce point. Chargée de matériel photo, l’essentiel du poids étant placé en bas, la sacoche est assez stable, mais lorsqu’elle est quasiment vide, elle est plus lourde de l’avant et a tendance à tomber sur sa façade. À l’inverse, si vous avez un ordinateur portable à l’arrière, elle bascule de ce côté. Peak Design aurait pu résoudre cette instabilité avec un fond plus large, mais cela aurait augmenté l’encombrement et réduit l’intérêt de l’Everyday Messenger au quotidien. Malgré un espace intérieur généreux, cette sacoche manque de poches extérieures. Des emplacements semi-ouverts ornent les flancs, mais ils sont généralement occupés par la sangle transversale et ils ne sont pas assez sûrs pour y placer un objet de valeur. J’y laisserais un carnet de notes, un ticket de parking ou mes clés, mais c’est tout, et encore je fixerais mes clés à la petite sangle à attache rapide fournie. Également intéressant : Tenba Cooper 13 Slim ERIC ADAMS / WIRECUTTER Excellente elle aussi Tenba Cooper 13 Slim Une sacoche photo plus discrète La Slim est assez grande pour accueillir votre appareil photo et un ordinateur, tout en ressemblant malgré tout à un sac de ville ordinaire. Acheter sur Amazon* *Au moment de la publication, le prix était de 159,00 € La Tenba Cooper 13 Slim est adaptée à un ordinateur 13 pouces, un boîtier, deux à cinq objectifs et quelques accessoires. En haut, une fermeture à glissière offre un accès rapide à votre appareil ou à vos optiques sans ouvrir le rabat principal, et le Velcro qui maintient celui-ci est presque silencieux lorsque vous tirez légèrement vers le bas avant d’ouvrir le rabat. Tout cela rend l’accès plus rapide que sur l’Ona Brixton, au style comparable et plus chère. C’est important : une poignée de secondes peuvent faire la différence entre saisir un cliché et le rater. Si la sécurité vous inquiète, la Cooper 13 Slim dispose aussi d’une fermeture à glissière intérieure permettant de sceller le compartiment principal. La Tenba Cooper 13 offre un accès plus simple et plus rapide que l’Ona. ERIC ADAMS / WIRECUTTER Vous trouverez deux poches avant et, juste derrière celles-ci, une fermeture à glissière de la largeur du sac. Elle s’ouvre sur un compartiment doté de plusieurs pochettes pour des cartes mémoire, des câbles, etc. Une poche arrière zippée vous permet d’accéder rapidement à votre ordinateur en passant les contrôles d’un aéroport ou lors d’une pause au café pour travailler rapidement. La sacoche comporte également une housse anti-pluie, un robuste fond en cuir, des poches latérales extensibles pour des bouteilles d’eau et des diffuseurs, un passage pour la poignée d’une valise, et le compartiment photo est amovible. Cela permet de convertir l’ensemble en sac de ville ordinaire, si vous n’avez qu’un appareil, sans second objectif, et voulez profiter de l’espace supplémentaire. En fait, il n’y a rien à reprocher à cette sacoche. Sa compacité la rend un peu étroite pour transporter tout le matériel d’une sortie prolongée, les séparateurs intérieurs ne sont pas aussi précis ou intelligemment conçus que ceux de Peak Design, elle n’a pas de sangle transversale de stabilisation et les matériaux extérieurs (du tissu ordinaire à l’énorme fermeture à glissière du rabat) sont légèrement sensibles aux intempéries. Mais ce sont là des inconvénients mineurs et, en vérité, c’est une excellente sacoche photo si elle répond à vos critères. Pour réutiliser votre sacoche Si vous avez déjà une sacoche que vous aimez, vous n’avez peut-être pas besoin d’acheter un sac photo. Ona, Tenba et Timbuk2 proposent tous des inserts, qui peuvent se glisser dans n’importe quelle sacoche d’épaule pour peu que les dimensions intérieures soient adéquates. Nous n’avons pas testé ces équipements, mais réutiliser ce que vous possédez déjà est une bonne idée : si cela vous évite d’acheter un nouveau sac alors que vous en avez déjà un parfaitement utilisable, tant mieux ! Kevin Purdy, rédacteur pour Wirecutter, utilise un insert Timbuk2 dans une sacoche Fjällräven ; selon lui, cela répond parfaitement à ses besoins, avec un petit reflex, deux objectifs, un chargeur de batterie et un kit de nettoyage. Un sac à main photo : Kelly Moore 2 Sues 2.0 Un sac à main photo n’est pas idéal pour transporter un équipement lourd, mais il offre un look plus agréable. ERIN LODI / WIRECUTTER Notre choix Kelly Moore 2 Sues 2.0 Un sac photo déguisé en sac à main Cette autre sacoche photo stylée ressemble à un sac à main, mais elle répond aux besoins d’une photographe attentive à la mode. Cet article est actuellement indisponible À qui il s’adresse : de tous les sacs photo ressemblant à un sac à main ordinaire, le Kelly Moore 2 Sues 2.0 est notre préféré pour transporter un équipement de base sur une brève séance de prise de vue. L’accès au compartiment principal est facile et de nombreuses petites poches permettent d’entasser moult objets, des cartes mémoires au smartphone. Il semble fait de cuir, mais il s’agit d’un matériau conçu par l’entreprise, baptisé Cambrio, que les vegan apprécieront. Les éléments métalliques dorés sont brillants et flatteurs. Une longue sangle généreusement matelassée permet de porter la sacoche en bandoulière, et une autre, plus courte, permet de faire une poignée. Ses points forts : alternative stylée dans un océan de sacs photo noirs et carrés, le Kelly Moore 2 Sues 2.0 est un sac à main féminin et coloré comportant toutes les protections et toutes les poches d’une sacoche photo traditionnelle. Ses flancs doux sont souples, ce qui permet de le charger à volonté d’accessoires et d’effets personnels. Photographe professionnelle, Caitlin Cathey nous a expliqué que l’esthétique avait été un critère essentiel lorsqu’elle a choisi ce sac Kelly Moore. « S’il doit m’accompagner partout, je veux qu’il soit mignon et fonctionnel », dit-elle. « Pour investir dans quelque chose, je dois l’aimer. » Le Kelly Moore 2 Sues 2.0 est un sac à main féminin et coloré comportant toutes les protections et toutes les poches d’une sacoche photo traditionnelle. Elle nous a également indiqué utiliser ce sac un peu différemment d’un modèle photo ordinaire. « Je n’aime pas être chargée quand je photographie, donc je pose mon sac par terre et je change d’objectif selon les besoins. » Pour cette photographe basée à Maui, à Hawaï, cela signifie poser son sac dans le sable pendant qu’elle travaille à proximité. Le climat chaud joue aussi sur ce choix : « à Maui, il fait trop chaud pour vous couvrir d’objets pendant les séances ». Nous avons testé ce modèle en orange, mais il est également proposé en noir, camel ou gris foncé. L’intérieur intelligemment conçu protège votre matériel. ERIN LODI / WIRECUTTER Rangements et organisation : pour protéger votre appareil et vos objectifs, le 2 Sues 2.0 emploie un insert amovible, suffisamment spacieux pour héberger un boîtier monté avec un objectif ainsi que deux optiques de taille courante (ou une optique et un flash). Les cloisons molletonnées à Velcro permettent d’adapter la configuration à votre matériel. Si vous n’avez pas besoin de l’insert, vous pouvez l’extraire et utiliser le sac pour d’autres accessoires et des objets non photographiques. La division en pochettes permet de retrouver facilement les objets rangés. ERIN LODI / WIRECUTTER La quantité et la variété de poches nous ont impressionnées, à l’intérieur du sac comme à l’extérieur. Un contenant bien organisé vous aide à trouver une carte mémoire vierge ou une batterie chargée sur le terrain, et vous permet de faire un inventaire rapide avant de décoller vers le lieu choisi. Nous avons également apprécié l’assortiment de fermetures, des boutons-pressions aux glissières, ainsi que le mélange des matériaux qui associe des pochettes de plastique transparent et de la toile noire, le tout vous permettant de maintenir et d’identifier aisément vos accessoires. Des défauts non rédhibitoires : la mode est importante sur ce type de produits ; ils ne mettent donc pas l’accent sur la répartition du poids ou le moulage du corps. Comme une sacoche à bandoulière, ce sac à main Kelly Moore est équipé d’une sangle unique largement rembourrée, ainsi que d’une poignée classique. Dans les deux cas, cela fait beaucoup de poids à placer sur un seul côté de votre corps, et un sac à dos répartirait mieux la charge entre les deux épaules. Les gens habitués à porter un sac à main ne seront pas dérangés par ce déséquilibre, mais même une besace bien remplie reste généralement plus légère qu’un équipement photo courant. S’il s’avère que vous devez transporter un poids non négligeable sur de longues durées, vous avez intérêt à sacrifier l’allure sur l’autel de la praticité. Également intéressant : Jo Totes Missy Le Jo Totes Missy est plus rigide, mais il lui manque les poches bien séparées de notre favori. ERIN LODI / WIRECUTTER Le Jo Totes Missy est un autre choix élégant qui offre une excellente protection pour votre équipement photographique, mais nous avons préféré les nombreuses poches du modèle Kelly Moore. Le Missy se contente des rangements que vous trouverez couramment sur n’importe quelle besace de cette taille, sans adaptation aux besoins spécifiques des photographes. Il se porte confortablement par deux poignées semi-circulaires, ou à l’aide d’une bandoulière molletonnée. Ce modèle est plus rigide que le Kelly Moore et sa base est plus large. Au lieu d’un insert matelassé permettant d’organiser le matériel, il utilise une poignée de simples cloisons à Velcro afin de moduler l’espace selon vos besoins. Dans l’ensemble, il est à peine plus polyvalent. Le faux cuir et les éléments métalliques dorés paraissent de grande qualité, mais le temps dira si ces matériaux synthétiques vieillissent bien. Ce sac m’a valu bien des compliments : sa forme classique et sa charmante teinte vert pâle ne passent pas inaperçues, et personne n’a imaginé que c’était un sac photo. Celui que nous avons testé était couleur menthe, mais il est également disponible en chocolat et en noir.
Comparatif « Wirecutter ». Sac à dos, sac à main, sacoche en bandoulière, les étuis dédiés au transport des appareils photo sont très variés. Voici nos modèles préférés destinés aux reflex et aux hybrides, chez Peak Design, Lowepro, AmazonBasics, Tenba, Kelly, etc. Il y en a pour tous les goûts.
https://www.lemonde.fr/guides-d-achat/article/2019/10/27/les-meilleurs-sacs-photo_6017120_5306571.html
mlsum-fr-684
Le président nigérian Muhammadu Buhari (à gauche) et son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa à Pretoria, le 3 octobre 2019. Siphiwe Sibeko / REUTERS Selon l’expression consacrée, l’Afrique du Sud et le Nigeria ont toujours eu le rôle de « locomotives » du continent. Les deux géants économiques, qui représentent à eux seuls environ un tiers du PIB régional, ont pourtant eu tendance, ces dernières années, à tirer vers le bas la croissance africaine. Sortis de la récession en 2018 après la crise provoquée par la chute des prix des matières premières, ils stagnent encore. Et leurs destins sont intimement liés pour la simple raison que l’Afrique du Sud est le premier importateur africain de produits nigérians, et vice versa. Pourtant, les deux colosses du continent ne s’entendent pas. Les relations bilatérales sont en permanence émaillées de conflits, parfois économiques, parfois sociaux. La fraude massive de MTN, le géant sud-africain de la téléphonie mobile, au Nigeria avait jeté un froid dans les deux chancelleries en 2015. L’opérateur a reçu une amende record de 5,2 milliards de dollars (4,7 milliards d’euros) pour ne pas avoir déconnecté tous les abonnés disposant de cartes SIM non enregistrées. Le président nigérian Muhammadu Buhari avait accusé MTN de faire le jeu de l’insurrection islamiste Boko Haram, affirmant que « les cartes SIM anonymes sont utilisées par les terroristes ». Lire aussi En Afrique du Sud, le traumatisme des Nigérians de Johannesburg Plus récemment, la fièvre xénophobe de septembre dans les rues de Johannesburg et Pretoria a exacerbé les tensions. Un peu plus de 500 Nigérians ont dû fuir la « nation arc-en-ciel » après le pillage de centaines de magasins et la mort d’une dizaine de personnes. Le vice-président nigérian Yemi Osinbajo a boycotté le Forum économique mondial qui se tenait au Cap du 4 au 6 septembre. Dans le même temps, l’Afrique du Sud décidait de fermer les portes de son ambassade à Abuja après des représailles contre certains de ses magasins au Nigeria. « C’est David contre Goliath » C’est dans ce contexte glacial que Muhammadu Buhari vient rencontrer son homologue sud-africain, Cyril Ramaphosa, ce jeudi 3 octobre. Au centre des discussions : les accords économiques entre les deux pays et en particulier la Zone de libre-échange continentale (ZLEC), que le Nigeria a accepté de rejoindre in extremis, après des mois de refus. « Les échanges économiques entre les deux pays sont inégaux, note Dianna Games, présidente de la chambre de commerce à Johannesburg. Beaucoup de grandes entreprises sud-africaines sont durablement implantées au Nigeria, mais les Nigérians en Afrique du Sud n’ont, pour la plupart, que des petits commerces informels. » En effet, l’industrie sud-africaine des services a massivement investi à Lagos et Abuja. On y retrouve MTN, mais aussi plusieurs banques, chaînes de supermarchés et télévisions. Article réservé à nos abonnés Lire aussi La vague xénophobe en Afrique du Sud casse son renouveau international Cependant, Abuja est, grâce à son pétrole, le premier partenaire commercial africain de Pretoria. Il y a exporté pour plus de trois milliards de dollars en 2018 (2,7 milliards d’euros). « Economiquement, l’Afrique du Sud a plus à perdre si la relation se détériore, continue Dianna Games. D’abord à cause des investissements massifs de son secteur privé au Nigeria, mais aussi car elle est dépendante du pétrole nigérian. » « C’est David contre Goliath », commente de son côté Adetunji Omotola, un homme d’affaires nigérian installé à Johannesburg depuis dix-huit ans. Selon lui, le rapport de force est, au contraire, favorable aux Sud-Africains : « Les multinationales sud-africaines sont partout au Nigeria. Le problème pour les entreprises nigérianes, c’est que l’Afrique du Sud est trop protectionniste. Il y a trop de barrières à l’entrée dans ce marché. » « Principal dégât : la réputation des Sud-Africains » Le seul investissement nigérian de taille en Afrique du Sud émane de l’incontournable Aliko Dangote. La plus grande fortune du continent détient la majorité des parts du groupe cimentier sud-africain Sephaku Cement. Après les attaques xénophobes à Johannesburg, la question de la pérennité des liens commerciaux se pose. « Je pense que le principal dégât, c’est la réputation que se forgent les Sud-Africains sur le continent, ajoute Adetunji Omotola. Certains Nigérians commencent à annuler des événements prévus en Afrique du Sud et les relocalisent ailleurs, à Kigali, Nairobi ou Accra. » Au Nigeria, le syndicat étudiant NANS a menacé de détruire les commerces sud-africains en représailles aux attaques xénophobes. Lire aussi Des émissaires sud-africains en tournée en Afrique après les émeutes xénophobes A l’occasion de la rencontre entre les deux leaders ce jeudi, Muhammadu Buhari devrait vraisemblablement réclamer le paiement de compensations aux citoyens nigérians attaqués en septembre. Une opportunité que le gouvernement sud-africain pourrait saisir pour amorcer une détente entre les deux pays, même si Pretoria devrait, a priori, rejeter cette demande, comme en 2008 et en 2015 lors de précédents épisodes de violence xénophobe. Cyril Ramaphosa compte bien rappeler à son homologue nigérian combien les attaques sur ses concitoyens ont été « exagérées ». Lors d’un entretien avec l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo la semaine dernière, Ramaphosa assurait combattre « les idées reçues selon lesquelles tous les Nigérians sont des victimes en Afrique du Sud, car il n’y a eu ni blessés, ni morts pendant les récents troubles ». Noé Hochet-Bodin (Johannesburg, correspondance)
Le président nigérian Muhammadu Buhari est en visite d’Etat en Afrique du Sud ce jeudi 3 octobre, un mois après la vague de violences hostile aux étrangers.
https://www.lemonde.fr/afrique/article/2019/10/03/afrique-du-sud-nigeria-la-cooperation-economique-a-l-epreuve-des-tensions-xenophobes_6014094_3212.html
mlsum-fr-685
Un horticulteur en Corse, en 2017. PASCAL POCHARD-CASABIANCA / AFP Chronique. Un feu d’artifice floral pour les défunts. A la Toussaint, les Français restent fidèles à la tradition bien enracinée de dérouler un tapis de fleurs colorées dans les cimetières. Un tapis noué quasi systématiquement d’un motif unique, celui du chrysanthème, mais dont les multiples variantes brisent la monotonie. Seuls quelques cyclamens voire des bruyères se glissent parfois dans la boutonnière des tombes. Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Haute-Garonne, une forêt funéraire écologique « C’est une période très stressante pour nous », confie Marie-Christine Alaux, qui produit 5 500 pots de chrysanthèmes à Lapeyrouse-Fossat en Haute-Garonne. En une quinzaine de jours tout est joué. La durée de vie commerciale de cette plante mortuaire est, en effet, plus que brève. Passé le 2 novembre, sa courbe de vente est un encéphalogramme plat. Même si, sa floraison continuera à illuminer les dernières demeures, parfois jusqu’à mi-décembre. « Cette année, les chrysanthèmes sont très beaux malgré les aléas météorologiques », témoigne Mme Alaux, qui a repris cette production lancée par son grand-père et privilégie une culture traditionnelle en pots dans la terre. Le goutte-à-goutte n’a pas suffi cet été en période de canicule et il a fallu abreuver les plantes manuellement. Un surcroît de labeur. Mais le résultat est à la hauteur. Rajeunir la clientèle Reste à savoir si les Français seront au rendez-vous. En 2018, ils ont déboursé 170 millions d’euros pour fleurir la Toussaint, selon les chiffres publiés par l’institut Kantar TNS. Pas de crise pour le chrysanthème. A comparer aux 60 millions d’euros consacrés à la Fête des mères ou aux 20 à 25 millions d’euros destinés à l’achat de muguet ou de roses pour le 1er-Mai ou la Saint-Valentin. L’achat automnal a une autre particularité : « Les chrysanthèmes sont à 90 % d’origine française, le solde provenant essentiellement de Belgique et des Pays-Bas », assure Mikaël Mercier, président de Val’hor, interprofession de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage. Rien de comparable aux roses qui arrivent par brassées du Kenya, de l’Equateur ou d’Ethiopie. Poids et volume pénalisent le voyage. Le chrysanthème répond donc aux attentes d’un commerce local. « Nous vendons pour partie sur l’exploitation, chez des fleuristes proches et dans deux magasins Leclerc de la région », raconte Mme Alaux. Tout l’enjeu est de rajeunir la clientèle quand la moyenne d’âge des acheteurs ne cesse d’augmenter. Les horticulteurs jouent de la palette des teintes et des variétés pour renouveler l’intérêt. La version pâquerette au cœur jaune et aux pétales colorés a la cote. Mais le chrysanthème peut-il avoir une vie après la Fête des morts ? Les yeux se tournent vers le Japon où l’empereur Naruhito vient de succéder à son père sur le trône du Chrysanthème. Dans ce pays où la fleur a valeur de symbole impérial, une femme pourra-t-elle un jour s’y asseoir ? Une interrogation très actuelle qui fait écho à celle d’un personnage de Marcel Proust sur le genre de cette fleur d’or : « Il n’y a que vous (…) pour trouver des chrysanthèmes si belles ou plutôt si beaux puisque c’est ainsi qu’on dit maintenant. »
Pour la Toussaint, le chrysanthème reste la fleur préférée des Français, qui, en 2018, ont déboursé 170 millions d’euros pour en fleurir les tombes de leurs défunts. Les horticulteurs tentent maintenant d’attirer une clientèle plus jeune, explique Laurence Girard, journaliste au « Monde ».
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/11/01/pas-de-crise-pour-le-chrysantheme_6017739_3234.html
mlsum-fr-686
Eric Choupo-Moting a ouvert le score pour le PSG dimanche contre Toulouse. David Vincent / AP Il n’y a pas eu de deuxième défaite en deux matchs, et il n’y aura donc pas de crise du mois d’août au PSG. Dimanche 25 août, les Parisiens ont été patients pour prendre le dessus sur des Toulousains (4-0), venus pour défendre au Parc des Princes, chose qu’ils ont réalisée plutôt bien pendant une mi-temps avant de craquer en deuxième période à cause notamment d’un doublé d’Eric Choupo-Moting. Cette large victoire parisienne a cependant été ternie par les sorties sur blessure de Edinson Cavani et de Kylian Mbappé. Dans l’assourdissant bruit médiatique provoqué par le cas Neymar, la vedette brésilienne que l’on a annoncé partante puis restante, et qui n’était toujours pas ce soir dans le groupe choisi par l’entraîneur allemand Thomas Tuchel, la défaite face à Rennes la semaine dernière (2-1) était presque passée au second plan. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Poker menteur et guerre des mots entre le PSG et Neymar Jr Parcours semé d’embûches Malgré tout, une deuxième contre-performance d’affilée aurait certainement créé son lot de turbulences au sein du club parisien. Un écueil que les joueurs parisiens ont su éviter. Pourtant, ils ont longtemps buté sur le gardien du TFC, Baptiste Reynet, et sur une jeune défense à cinq alignée par le coach Alain Casanova. Rien ne se passait comme prévu pour le PSG en première période : le buteur uruguayen Edinson Cavani sortait sur blessure dès la 16e minute de jeu, remplacé par Eric Choupo-Moting. Juste avant la pause, à la 40e, c’est le défenseur Abdou Diallo, pris de vertiges après un choc, qui cédait sa place à Thiago Silva, l’habituel capitaine sur le banc au coup d’envoi. Stérile malgré de nombreuses situations dangereuses, l’attaque parisienne allait enfin trouver la faille au retour des vestiaires. Annoncé un temps partant pour l’Italie, le remplaçant Choupo-Moting forçait le verrou adverse au prix d’un exploit technique au milieu d’une défense apathique : un contrôle, une roulette et une frappe puissante qui touchait le poteau avant d’entrer dans le but (50e, 1-0). Quelques minutes plus tard, le jeune défenseur Mathieu Goncalves, 18 ans, trompait son propre gardien sur un centre d’Angel Di Maria (55e, 2-0). Paris pouvait respirer, mais la victoire acquise sur le pré n’allait pas se faire sans une dernière embûche. Peu après l’heure de jeu (65e), le champion du monde Kylian Mbappé se blessait à son tour. A la suite de l’une de ses accélérations détonantes, le jeune attaquant se touchait l’arrière de la cuisse et quittait le terrain. Kylian Mbappé est sorti sur blessure en deuxième période. FRANCK FIFE / AFP Cette troisième sortie prématurée du terrain ne changeait rien au scénario à sens unique de la rencontre. Angel Di Maria avait le temps de voir son penalty repoussé par un excellent Reynet ; Eric Choupo-Moting réussissait un doublé inattendu grâce à un centre en retrait parfait de Juan Bernat (75e, 3-0) ; Marquinhos aggravait le score d’une tête piquée (83e, 4-0). Avec les probables absences pour un temps de Cavani et Mbappé, la question du retour de Neymar lors du prochain match face à Metz, vendredi 30 août, se pose plus que jamais. Choupo-Moting ne marquera peut-être pas des doublés à chaque journée de championnat.
Battus à Rennes la semaine dernière, les Parisiens ont longtemps peiné, dimanche 25 août, face à des Toulousains regroupés, avant de faire la différence en deuxième période (4-0).
https://www.lemonde.fr/football/article/2019/08/25/ligue-1-le-psg-retrouve-la-victoire-face-a-toulouse_5502766_1616938.html
mlsum-fr-687
Le secrétaire américain à la défense Mark Esper (à gauche) et le chef d’état-major de l’armée, le général Mark Milley, lors d’une conférence de presse au Pentagone, le 28 octobre. CHIP SOMODEVILLA / AFP Donald Trump s’est montré laconique, mardi matin 29 octobre. « Viens d’avoir la confirmation que le remplaçant numéro 1 d’Abou Bakr Al-Baghdadi avait été éliminé par les troupes américaines. Il aurait certainement pris la tête du groupe. Maintenant, il est mort aussi », a écrit le président des Etats-Unis sur son compte Twitter. Sans donner plus d’indications sur l’identité de l’homme ni sur les circonstances de sa mort. Faisait-il référence à Abou Hassan Al-Mouhajir, le porte-parole de l’organisation Etat islamique (EI), comme l’a indiqué un officiel à la chaîne ABC. Ou à quelqu’un d’autre ? Lundi, les Forces démocratiques syriennes (FDS) à dominante kurde avaient annoncé la mort, la nuit précédente, après une opération de renseignement conjointe avec les Etats-Unis, du porte-parole djihadiste dans la région de Djarabulus, une ville sous contrôle des forces turques et de leurs supplétifs syriens depuis août 2016. Le général Mazloum Abdi, commandant en chef des FDS, a présenté cette opération comme une « prolongation » de celle au cours de laquelle le fondateur de l’EI est mort, ce week-end. Dans la nuit de lundi à mardi, une nouvelle opération, la troisième en trente-six heures, aurait visé l’EI. Selon le journaliste syrien Abdullah Al-Muhamad, qui cite des sources policières locales, Abou Hassan Al-Mouhajir aurait été tué dans une frappe aérienne qui visait un camion-citerne dans lequel il s’était dissimulé. Le véhicule, en provenance de l’ouest, aurait franchi des points de contrôle kurdes, puis de rebelles syriens avant d’être attaqué. Parmi les deux hommes qui l’accompagnaient se trouvait son bras droit et responsable médias de l’EI, un natif de la région. On sait peu de choses d’Abou Hassan Al-Mouhajir, devenu porte-parole de l’organisation en 2016 et dont le nom de guerre, « l’émigrant », renvoie habituellement à des non-Irakiens et non-Syriens, à moins qu’il ne l’ait utilisé pour brouiller les pistes. L’EI ayant été dirigé par des Irakiens depuis 2006, son nom n’apparaissait pas, jusqu’ici comme celui d’un successeur possible. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Abou Bakr Al-Baghdadi, mystérieux chef de l’organisation Etat islamique et éphémère « calife Ibrahim » Après celle d’Al-Baghdadi, sa mort confirme en tout cas la présence des plus hauts dirigeants de l’organisation dans le Nord-Ouest syrien et l’effondrement de la capacité qu’avaient les chefs de l’EI à se terrer et à se mouvoir. Dans la nuit de lundi à mardi, une nouvelle opération, la troisième en trente-six heures, aurait visé l’EI. Toujours à Jarablus, au moins deux hélicoptères, volant à très basse altitude avant de se poser, ont été filmés par des habitants. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ils auraient « débarqué des combattants et pris une famille irakienne de quatre personnes, connue autrefois pour son affiliation à l’EI ».
Depuis la mort dimanche du chef de l’organisation djihadiste dans un raid américain, les Etats-Unis accentuent les opérations contre des membres présumés de l’EI.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/10/30/les-revers-s-accumulent-pour-l-organisation-etat-islamique_6017432_3210.html
mlsum-fr-688
Fidel Castro et Erich Honecker, à Leuna, en RDA, en juin 1972. Rogelio More / AP C’était la plus belle plage de la République démocratique allemande, la RDA. Elle ne se trouvait pas sur la mer Baltique, mais à proximité de la baie des Cochons, à Cuba, dans la mer des Caraïbes. L’île Ernst Thälmann, avant-poste tropical de l’Allemagne de l’Est, large de 500 mètres et longue de 15 kilomètres, a été célébrée, chantée, avant de sombrer dans l’oubli, aussi rapidement qu’elle avait suscité l’intérêt. Trente ans après la chute du mur de Berlin, la chaîne YouTube Half As Interested s’y est intéressée dans une vidéo supputant qu’un « morceau de l’ex-RDA pourrait encore exister ». En 2001, le site internet berlinois Thema1 suggérait, pour sa part, qu’il existait un « 17e Etat fédéral face à Cuba : Fidel nous a offert une île de soleil ! ». Dans cet article, le site avançait même l’idée que l’île appartenait au successeur légal de la RDA, à savoir la République fédérale… Mais les choses ne sont bien sûr pas aussi simples. Le nom d’un héros de la RDA L’histoire de cette utopie a commencé le 19 juin 1972. Ce jour-là, Erich Honecker, le patron de la RDA, accueillait son homologue cubain, Fidel Castro. Les Allemands avaient mis les petits plats dans les grands : le comité d’accueil avait entonné des chants cubains, remis des fleurs à la délégation, et le dirigeant cubain s’était vu gratifier d’un énorme ours en peluche, le symbole de Berlin. Cayo Blanco del Sur, une île minuscule dans la baie des Cochons Pas en reste, Fidel Castro avait sorti une carte de Cuba, l’avait déplié devant les dirigeants est-allemands et avait désigné Cayo Blanco del Sur, une île minuscule dans la baie des Cochons – où les troupes cubaines ont repoussé la tentative de débarquement des exilés cubains soutenus par les Etats-Unis – et avait déclaré que l’île, avec son sable blanc, ses mangroves, ses cocotiers, s’appellerait désormais la Isla Ernesto Thaelmann, hispanisation du nom d’Ernst Thälmann. Ernst Thälmann, dont le nom est aujourd’hui assez oublié, était le dirigeant du Parti communiste d’Allemagne avant-guerre (KPD). Arrêté par les nazis en 1933, il a été déporté puis assassiné au camp de concentration de Buchenwald, le 18 août 1944. La RDA en a fait un de ses héros : en hommage, le mouvement de jeunesse destiné aux 6-14 ans, fondé en 1948, s’est appelé l’Organisation des pionniers Ernst Thälmann. Mise en scène d’un cadeau symbolique Pour sceller ce cadeau symbolique, Fidel Castro et Erich Honecker ont apposé leur signature sur la carte. C’est la seule preuve de ce « don », immortalisé par un article publié dans la Neues Deutschland. Le 20 juin 1972, l’organe officiel du Parti socialiste unifié d’Allemagne (SED), le parti au pouvoir en RDA, publiait un article titré : « L’île qui porte le nom d’Ernst Thälmann », et célébrait l’acte d’« amitié indéfectible entre Cuba et la RDA ». A l’époque, la plage du sud de l’île est officieusement renommée « Playa RDA » (« plage de la RDA »). Il faut reconnaître qu’à cette période, Cuba est étouffée depuis plus de dix ans par l’embargo américain et a besoin d’un partenariat avec l’un des plus puissants pays du bloc communiste. Le 18 août 1972, pour marquer le 28e anniversaire de la mort d’Ernst Thälmann et anticipant le 10e Festival mondial de la jeunesse de 1973 à Berlin-Est, un buste de Thälmann a été solennellement inauguré sur l’île. Etaient présents le numéro deux de l’ambassade de RDA à Cuba, des officiers du navire-école de la RDA, le MS JG Fichte, le premier secrétaire de la jeunesse cubaine et environ cent Cubains appelés à participer au Festival mondial de la jeunesse. Il existe un film tourné en Super-8 de ce voyage, dont des images ont été diffusées par la chaîne MDR (la chaîne Mitteldeutscher Rundfunk, qui diffuse dans trois anciens Länder de RDA). « Insel im Golf von Cazones », une chanson aux paroles… oubliables, vantant la chaleur et le vent, la beauté des fleurs De son côté, la RDA a utilisé l’île pour sa propagande. En mars 1975, à l’occasion d’une émission de la télévision est-allemande autour du thème « Voyager avec de la musique : Cuba », Frank Schöbel, pop star d’Allemagne de l’Est, fait le voyage jusqu’à la Isla Ernesto Thaelmannn avec son épouse, Aurora Lacasa. En duo, ils interprètent un titre composé pour l’occasion : Insel im Golf von Cazones, un titre aux paroles… oubliables, vantant la chaleur et le vent, la beauté des fleurs, la mer qui joue sur la plage… Ils chantent devant le buste de Thälmann et permettent à l’Allemagne de l’Est de découvrir ce paradis caraïbe. Frank Schöbel assure avoir ri devant la statue de Thälmann. « Les images ont ensuite été incorporées dans un documentaire sur Cuba », racontait le chanteur au Spiegel. L’émission mettait en évidence le nom de l’île et multipliait les références à l’amitié avec Cuba. « En RDA, la rumeur courait que l’île avait été donnée en cadeau à Honecker, on l’appelait Honnie Island », poursuit Frank Schöbel. Une île sur laquelle quasiment personne n’a posé le pied Théoriquement, la Playa RDA était censée devenir une destination pour les touristes est-allemands pendant les longs mois d’hiver, mais le rêve n’est jamais devenu réalité. Hormis l’inauguration de la statue de Thälmann, les citoyens de RDA n’ont, en réalité, jamais posé un pied sur la Isla Ernesto Thaelmann : « Nous pouvions difficilement aller en Hongrie, alors comment aurions-nous pu prendre l’avion jusque dans les Caraïbes ? », relève Frank Schöbel. En 1980, pourtant, à l’occasion d’un voyage à Cuba, Erich Honecker passe une journée avec Fidel Castro sur son île privée, Cayo Piedra. De là, il se rend sur l’île Ernst Thälmann. Ensuite, l’île disparaît des écrans radar pendant près de vingt ans. Au fil des années, la Isla Ernesto Thaelmann est devenue un symbole de la fin du communisme en RDA : en 1998, des touristes qui s’y étaient rendus ont constaté que la statue d’Ernst Thälmann avait été renversée, sans doute par l’ouragan Mitch. Et en 2001, les deux pays ont coupé court aux conjectures concernant la subsistance théorique « d’un morceau de l’ex-RDA » aujourd’hui : le ministère des affaires étrangères allemand et l’ambassade cubaine à Berlin ont déclaré que la signature de cette carte par les dirigeants « était un acte symbolique qui n’a rien à voir avec la propriété ».
Dans les années 1970, Cuba aurait « offert » une de ses îles à la République démocratique allemande. Largement symbolique, cet acte laisse cependant certains penser qu’un « morceau d’Allemagne de l’Est » continue aujourd’hui de subsister.
https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2019/11/07/l-ile-ernst-thalmann-utopie-tropicale-de-la-rda_6018387_4832693.html
mlsum-fr-689
En 2012. HANDOUT / REUTERS Entrepreneur, milliardaire, texan, Ross Perot avait défrayé la chronique en se présentant à la présidentielle américaine de 1992, hors parti, contre le président sortant, le républicain George H. W. Bush et le démocrate Bill Clinton. Perot avait raflé 19 % des voix, le meilleur score jamais réalisé par un candidat indépendant depuis le cavalier seul infructueux de Theodore Roosevelt en 1912. Le clan Bush l’accusa d’avoir scellé la victoire de Clinton, mais les études électorales ont montré que le vainqueur aurait gagné quoi qu’il arrive. Ross Perot est mort le 10 juillet, à Dallas (Texas), à l’âge de 89 ans. Sa mort suscite un fort écho aux Etats-Unis, parce que Perot est vu comme un précurseur du trumpisme. « Si Donald Trump est le Jésus-Christ du populisme ouvrier, alors Ross Perot est son saint Jean-Baptiste », confie au Wall Street Journal James Carville, ancien conseiller électoral de Bill Clinton. Alors que l’Amérique était en récession, Ross Perot avait tenté de séduire les électeurs non affiliés aux deux grands partis, fustigeant les déficits publics et l’inefficacité de Washington. En ce sens, il fut annonciateur du mouvement du Tea Party, cette aile violemment antifiscaliste qui domina le parti républicain sous l’ère Obama, et du système Trump. Sauf que Donald Trump, instruit par l’histoire, avait compris qu’on ne pouvait pas remporter une présidentielle sans se faire investir par un des deux grands partis. Ross Perot était entré dans la campagne en annonçant son intention d’y consacrer 100 millions de dollars de sa fortune. La presse jugeait d’un mauvais œil cet homme exubérant qui faisait le show sur les plateaux télévisés avec ses allures de héros de bande dessinée et combattait déjà l’accord de libre-échange avec le Mexique et le Canada, comme ne cessera de le faire Donald Trump. Ross Perot naît à Texarkana (Texas) le 27 juin 1930. Fils d’un négociant en coton et d’une secrétaire, le gamin fait des petits boulots, vendant des journaux sur son poney. Il a de bons résultats à l’école, mais c’est, selon ses professeurs, plus en raison de son travail que de son intelligence. Mais il a l’intelligence des affaires et fonde la société de technologies de l’information Electronic Data Systems (EDS) après avoir servi dans la Navy pendant quatre ans et fait ses armes chez IBM. Méthodes particulières Le géant de l’informatique néglige les services aux entreprises et Ross Perot crée son empire, à l’âge de 32 ans, avec 1 000 dollars, l’introduit en Bourse en 1968 et le vend à General Motors (GM), en 1984, pour 2,5 milliards de dollars. Ross Perot quitte l’entreprise après une brouille avec le patron de GM. Il recrée, en 1988, une entreprise, Perot Systems, après avoir débauché huit anciens cadres d’EDS. L’affaire est revendue à Dell Computer pour 3,9 milliards de dollars en 2009. La fortune de Ross Perot était estimée à 4,1 milliards de dollars par le magazine Forbes.
Milliardaire ayant fait fortune dans l’informatique, texan, il s’était présenté à l’élection présidentielle de 1992 comme candidat indépendant face à George Bush père et Bill Clinton. Il est mort le 10 juillet, à l’âge de 89 ans
https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/07/13/la-mort-de-ross-perot-ancien-candidat-a-la-presidentielle-americaine_5489028_3382.html
mlsum-fr-690
Toute règle a ses exceptions. Même pour de vénérables institutions comme le tableau périodique des éléments de Mendeleïev. Chaque atome d’une même colonne a une structure électronique semblable, et, a priori, des propriétés chimiques proches. Sauf que l’avant-dernière colonne, celles des halogènes, fluor, chlore, brome… s’écarte un peu de cette règle. A température et pression standards, le fluor est un gaz jaunâtre irritant et très agressif. Le chlore, lui, vire au vert et est assez suffocant. Et le brome est un liquide rouge avec une odeur piquante. Autre exemple. Le terme « halogène » signifie générateur de sel, comme le rappelle Pierre Avenas dans son livre, La Prodigieuse histoire du nom des éléments (EDP Sciences, 2019). Mais les sels obtenus n’ont pas les mêmes propriétés. Le chlorure de sodium est l’anodin sel de cuisine, le bromure de sodium a des propriétés somnifères, l’iodure de sodium réduit les carences en iode et le fluorure de sodium renforce l’émail des dents. Gagnant Ce n’est pas tout, ces atomes très réactifs s’associent avec le carbone avec plus ou moins de force. A ce jeu, le fluor gagne, avec une liaison plus importante que celle entre le carbone et l’hydrogène. Plus on descend dans la colonne, moins la liaison est forte, au point que celle entre l’iode et le carbone est même instable. Cela explique la singularité du fluor dans cette famille. Il est si réactif qu’il fut le dernier de la colonne à être isolé, par Henri Moissan, en 1886, couronné par un Nobel en 1906. Son nom vient du latin fluere (écoulement), car la fluorine, association de calcium et de fluor, fluidifie les minerais à la base de la fabrication d’aluminium. Mais grâce à l’énergie nucléaire, l’industrie du fluor se développe avec de nouvelles applications dans les matériaux et la santé. Fluorine sur quartz . Didier Descouens / CC BY-SA 3.0 Dans les centrales nucléaires, on utilise des atomes d’uranium dits fissiles. Cette forme étant rare dans la nature, il faut fabriquer un combustible enrichi en forme fissile. L’uranium est donc « fluoré » pour faciliter la séparation entre les deux formes d’uranium. Cela a contribué au développement d’une industrie du fluor qui a trouvé d’autres débouchés. De nouveaux matériaux polymères, profitant de la force des liaisons carbone-fluor, ont été élaborés comme les célèbres Téflon ou le Gore-Tex. Revers de la médaille, un solvant fluoré utilisé dans ces fabrications, le PFOA, est un perturbateur endocrinien très peu biodégradable. L’Union européenne le mettra à l’index en 2020.
Atomes, portraits de familles (4/9). Dans le tableau périodique des éléments, créé par Dmitri Mendeleïev, il y a 150 ans, le fluor affiche des propriétés très réactives au sein la singulière colonne des halogènes.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/10/08/le-fluor-pour-les-dents-les-os-et-les-poeles_6014625_1650684.html
mlsum-fr-691
Des pillules de Doliprane, à l’usine Sanofi-Aventis de Lisieux, le 28 octobre 2009. MYCHELE DANIAU / AFP Paracétamol : attention, surdosage = danger. En raison du risque de toxicité pour le foie, cet avertissement écrit en rouge devra figurer sur les boîtes contenant ce médicament, celui qui est le plus couramment prescrit et utilisé contre la fièvre et la douleur. L’Agence de sécurité du médicament (ANSM) a annoncé mardi 9 juillet que cette mesure allait concerner plus de deux cents médicaments à base de paracétamol commercialisés en France, comme Doliprane et Dafalgan. Les laboratoires concernés ont neuf mois pour modifier les boîtes de médicaments contenant du paracétamol afin d’y faire figurer les messages d’alertes demandés par l’ANSM. Sur les boîtes contenant uniquement du paracétamol, la mention complète encadrée de rouge sur la face avant sera « surdosage = danger » et « Dépasser la dose peut détruire le foie ». « Première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse » Le message sera assorti d’informations visant à réduire le risque de surdosage et donc d’atteinte hépatique, sur la face arrière de la boîte, comme la dose maximale par prise et par jour, le délai à respecter entre deux prises, la nécessité d’exclure la prise d’un autre médicament contenant du paracétamol. Pour les médicaments contenant du paracétamol associé à une autre substance active, l’ANSM demande aux laboratoires d’apposer, également sur la face avant, la mention suivante : « surdosage = danger » et « Ne pas prendre un autre médicament contenant du paracétamol ». L’ANSM rappelle les recommandations de bon usage, à savoir, notamment, prendre « la dose la plus faible, le moins longtemps possible », respecter la dose maximale quotidienne et la durée de traitement recommandée et vérifier s’il y a du paracétamol dans les autres médicaments utilisés pour des douleurs, de la fièvre, des allergies, des symptômes de rhume ou un état grippal. Augmentation des ventes de 53 % en dix ans Pour certaines personnes qui pèseraient moins de 50 kg, qui souffriraient d’une maladie du foie, d’une maladie grave du rein, ou d’alcoolisme chronique, l’avis du médecin est recommandé avant de prendre du paracétamol. « Utilisé à bon escient, le paracétamol est un médicament sûr et efficace », assure l’Agence du médicament, mais sa « mauvaise utilisation (…) est la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France ». La consommation des médicaments contenant du paracétamol, seul ou associé à une autre substance active, avoisine le milliard de boîtes par an en France, selon l’agence sanitaire, et 96 % des ventes sont réalisées en pharmacies de ville. En dix ans (2006-2017), les ventes de boîtes ont augmenté de 53 %, en particulier le dosage à un gramme, dont l’utilisation a été multipliée par trois sur cette période, alors qu’il est recommandé de commencer par la dose la plus faible. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les mystères du paracétamol
L’Agence du médicament a donné neuf mois aux laboratoires qui commercialisent les médicaments à base de paracétamol pour modifier leurs étiquettes afin de freiner les prises excessives.
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/07/09/la-mention-surdosage-danger-sera-obligatoire-sur-les-boites-de-paracetamol_5487184_1650684.html
mlsum-fr-692
L’usine d’Abqaïq endommagée par les attaques du 15 septembre, sur des images publiées par le gouvernement américain. maldonci / AP L’attaque est d’une ampleur historique. Bien que les rebelles houthistes, combattus par l’Arabie saoudite au Yémen et soutenus par l’Iran, l’aient revendiquée, tous les regards se tournent vers Téhéran, plus de soixante-douze heures après les frappes contre l’usine d’Abqaïq et le champ de Khouraïs, deux infrastructures stratégiques du secteur pétrolier saoudien. La riposte graduée de l’Iran contre la politique de pression maximale menée à son encontre par Washington pourrait, si la responsabilité de la République islamique était confirmée dans l’attaque, avoir franchi un nouveau palier. Mardi 17 septembre, le Guide suprême Ali Khamenei a d’ailleurs exclu toute négociation avec les Etats-Unis, alors que flottait depuis quelques semaines l’idée d’une rencontre entre les présidents américain et iranien en marge de l’assemblée générale de l’ONU, qui s’ouvre lundi 23 septembre. « Je peux vous dire que c’était une très grosse attaque et notre pays pourrait très facilement y répondre par une attaque beaucoup plus grosse », a prévenu le président des Etats-Unis, Donald Trump, devant la presse, restant toutefois relativement flou en déclarant que l’attaque « semblait » avoir été orchestrée par l’Iran. Son secrétaire à la défense, Mark Esper, a assuré que le Pentagone travaillait avec les partenaires des Etats-Unis « pour répondre à cette attaque sans précédent et défendre l’ordre international sapé par l’Iran », tandis que le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, doit se rendre à Riyad. L’Arabie saoudite se garde encore de pointer directement l’Iran, mais le royaume n’accorde pas de crédit à la revendication des houthistes et a déclaré lundi que les armes utilisées lors de l’attaque étaient bien iraniennes. « Colonne vertébrale cassée » Si les accusations saoudiennes et américaines sont balayées par les autorités iraniennes, la presse conservatrice se réjouissait encore, lundi 16 septembre, du résultat de la frappe. « L’explosion d’Aramco a fait voler en éclats le calme de la Maison Blanche », se félicitait ainsi le journal Javan, proche des gardiens de la révolution. Dans la même veine, le quotidien Kayhan, proche du Guide suprême Ali Khamenei annonçait, triomphaliste : « La colonne vertébrale de l’Arabie saoudite a été cassée, les Etats-Unis et l’Arabie saoudite sont en deuil. » Vu de Téhéran, pour les tenants d’une ligne dure vis-à-vis des puissances étrangères hostiles à la République islamique, les dégâts majeurs infligés au secteur pétrolier saoudien constituent une nouvelle victoire.
Face aux sanctions, l’Iran adopte à son tour une stratégie de pression maximale, au risque de la confrontation.
https://www.lemonde.fr/international/article/2019/09/17/teheran-teste-les-limites-de-washington_5511392_3210.html
mlsum-fr-693
Jean Marc Furlan Supporterhéninois/(CC0 1.0) Chronique. Le grand mérite de l’équipe de France, compte tenu de l’événement que représentait ce match d’ouverture de la Coupe du monde, est d’avoir joué à sa valeur et mis la Corée du Sud en crise de gestion permanente. Il n’y avait pas meilleure façon de commencer, et on a d’ailleurs vu les filles soulagées après le but du 3-0 : on sentait qu’elles voulaient se faire plaisir. Elles ont commencé de manière très sérieuse, prêtes à pratiquer leur football, fortes d’une discipline collective qui n’était plus là en deuxième période. Notre sport est souvent fait ainsi, car c’est un sport de passion : le confort est un danger, le relâchement intellectuel se voit immédiatement. Les écarts de valeur entre Françaises et Coréennes étaient très importants. Ils ont sauté aux yeux, notamment parce que sept joueuses de Lyon étaient alignées au départ et que c’est un avantage colossal en sélection. Cela donne des habitudes de jeu que l’on remarque, et le sélectionneur dispose d’un temps d’avance et d’une cohésion qui existe de moins en moins dans le football masculin. Il faut poser un bémol à cette démonstration : l’écart, sur le plan des individualités, de la culture tactique et de la force athlétique, était incommensurable. Si l’on transpose chez les garçons, c’est comme si on avait opposé une Ligue 1 à une CFA (quatrième division). A la différence près qu’une équipe de CFA a une culture défensive et sait résister dans les 16 mètres, ce qu’un pays de faible culture footballistique comme la Corée du Sud ne sait pas faire. « Renard et Mbock ont eu un impact colossal » J’ai particulièrement aimé la position très haute des quatre défenseuses françaises. Elles avaient le pied sur la ligne médiane et l’ont très bien géré. Cette position étouffe l’équipe adverse, qui n’est pas capable physiquement et techniquement de ressortir, et offre des récupérations de balle à 30 mètres du but qui, à ce niveau, donnent une occasion à tous les coups. C’est ainsi que Wendie Renard et Griedge Mbock, les deux défenseuses centrales, ont eu, comme Amandine Henry au milieu de terrain, un impact colossal sur la rencontre. En termes de maturité, de gestion, ces trois joueuses sont très largement au-dessus. Si je suis un adversaire des Bleues, je note tout de même que le jeu a été très, très latéralisé à droite. C’était un peu moins le cas en seconde période, car Amandine Henry s’est recentrée. Mais comme Eugénie Le Sommer, théoriquement à gauche, préfère évoluer en deuxième attaquante, les circuits se font difficilement à gauche.
L’entraîneur Jean-Marc Furlan, consultant du « Monde » pendant la Coupe du monde féminine, analyse, dans sa chronique, la démonstration des Bleues en ouverture de la compétition face à la Corée du Sud.
https://www.lemonde.fr/sport/article/2019/06/08/coupe-du-monde-feminine-2019-comme-si-une-ligue-1-avait-affronte-une-cfa_5473392_3242.html
mlsum-fr-694
La barge amarée non loin du pont des Invalides à Paris. Fluctuart En face du Pont des Invalides, dans le 7e arrondissement de Paris, un « Space Invader » a déjà marqué son territoire. Côté quais, des tricots aux mille couleurs habillent les arbres. De nuit, pendant tout l’été, un « mapping » pensé en collaboration avec l’artiste Swoon illuminera les murs, le pont et le trottoir. Le Fluctuart a pris ses quartiers sur la Seine, côté rive gauche. Dans ce lieu historique, trois associés, Nicolas Laugero-Lasserre, Géraud Boursin et Eric Philippon, lauréats de l’appel à projets Réinventer la Seine lancé par la Ville de Paris en 2017, ont voulu créer « un lieu artistique sur la Seine, qui est le centre de Paris ». Pour Nicolas Laugero-Lasserre, directeur artistique du Fluctuart mais aussi directeur de l’école du management de la culture et du marché de l’art Icart, il manquait un lieu pérenne : « Paris est la capitale du street-art, selon moi, parce qu’il y a un engouement extraordinaire à chaque événement et que c’est le marché le plus important au monde, avec soixante galeries ». Le lieu qui lui est dorénavant consacré, une barge amarrée en contrebas du pont des Invalides, s’étend sur trois étages tout en transparences, avec des expositions temporaires dans la cale, une librairie spécialisée et une exposition permanente à la surface, le toit étant consacré à la restauration et à l’organisation d’événements. L’œuvre de Swoon interpelle L’Américaine Swoon a les honneurs de l’exposition inaugurale. L’artiste a un rapport privilégié à l’eau. A la Biennale de Venise en 2009, elle est arrivée sur un radeau composé de matériaux de récupération avec lequel elle a vogué sur l’Adriatique. Dans la cale du Fluctuart, elle a développé son univers autour de deux ouvertures vitrées sur la Seine, qui fait parfois voler un peu d’écume au contact de la barge. De part et d’autre, Swoon a accroché des œuvres « historiques », notamment les personnages créés à l’invitation de Banksy sur le mur entre Israël et la Palestine. La scénographie, captivante, plonge le visiteur dans une rue de l’univers de Swoon, bordée de part et d’autre par la Seine, un métro new-yorkais plus vrai que nature au milieu. C’est une rétrospective de vingt années de création artistique urbaine qui y est présentée, entre collages, sérigraphies et gravures. L’œuvre de Swoon interpelle par les expressions de ses visages pensifs, expectatifs, endormis, terrifiés. Les histoires de certains de ses personnages sont expliqués en dessins dans les plis de leurs vêtements.
Un lieu dédié à l’art urbain, le Fluctuart, d’accès libre, a ouvert jeudi 4 juillet à Paris sur une barge amarrée en contrebas du pont des Invalides.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/07/04/le-street-art-s-expose-sur-la-seine_5485329_3246.html
mlsum-fr-695
Les Brésiliens Kleber Mendonça Filho (à gauche) et Juliano Dornelles à Cannes, en mai 2019. PAOLO VERZONE/AGENCE VU POUR « LE MONDE » Pour son troisième long-métrage, Bacurau, Kleber Mendonça Filho – 51 ans, ancien critique de cinéma et chef de file du cinéma de Recife, dans le Nordeste brésilien – s’est associé à Juliano Dornelles, qui travaillait jusqu’ici à son côté comme chef décorateur. Ensemble, ils puisent dans toutes les ressources des films de genre (western, polar, science-fiction) qu’ils affectionnent afin de dresser le portrait d’un village emblématique du Sertao, région désertique et déshéritée, en marge du monde et en proie à sa violence. Lire la critique de « Bacurau » : Une fable futuriste qui fait écho à l’actualité brésilienne Cinq cent mille entrées au bout de quatre semaines : « Bacurau » rencontre un énorme succès au Brésil. Vous y attendiez-vous ? Kleber Mendonça Filho. Je crois qu’en traitant d’une situation d’injustice dans une structure de western très classique – une petite communauté, une seule rue, des maisons de chaque côté, l’église, l’école, un univers à la fois très familier, brésilien, mais dans un format à l’américaine –, le film agit comme une sorte de catharsis politique… Au début, pour les gens de droite, c’était juste un film de plus et puis, avec le succès, ils ont commencé à aller le voir et maintenant cela tourne au débat public. Après les critiques de cinéma, ce sont les politiciens, les policiers, les sociologues, des psychiatres même, qui en parlent. Sur les affiches, on peut lire « un film de résistance ». Pourquoi cette précision ? K. M. F. Dès que vous dites non à quelque chose, cela devient politique… Le film joue en partie sur une division sociale classique dans notre pays : le Nord contre le Sud, Recife contre Sao Paulo. Cela a touché un nerf. Quand nous avons commencé à réfléchir au scénario, avec Juliano, en 2009, nous assistions à un festival de cinéma. On y projetait des documentaires ethnographiques, bien faits, bienveillants, mais qui avaient tous une façon de regarder leur sujet d’en haut. Nous, nous avons fait de ce petit village le personnage principal et attachant de notre film. Certains disent que c’est idéalisé, fantasmé, mais évidemment, ce sont des gens du Sud qui pensent ça. Une petite communauté, vue comme faible et arriérée, est attaquée et réagit alors qu’elle n’est pas supposée le faire : avec tout ce qui se passe au Brésil, cela devient politique. Jair Bolsonaro est de la région de Sao Paulo et Lula du Nordeste… K. M. F. Sur chacun des neuf Etats du Nordeste, Bolsonaro a perdu… Et une grande partie de ce qui est arrivé à Lula est, au fond, une réaction classique vis-à-vis de quelqu’un du Nord.
Kleber Mendonça Filho et Juliano Dornelles, coréalisateurs de « Bacurau », expliquent pourquoi ils ont choisi le film de genre pour livrer une critique sociale, reflet de la situation actuelle de leur pays.
https://www.lemonde.fr/culture/article/2019/09/25/cinema-au-bresil-notre-film-bacurau-agit-comme-une-catharsis_6012940_3246.html
mlsum-fr-696
Des opposants à l’expansion de l’oléoduc Trans Mountain brandissent un mannequin à l’effigie du premier ministre Justin Trudeau, à Vancouver, le 9 juin. DARRYL DYCK / AP Le gouvernement de Justin Trudeau a donné, mardi 18 juin, son accord à la relance des travaux d’agrandissement de l’oléoduc Trans Mountain (TMX) vers la côte ouest canadienne. Avant même la décision, un tiers des matériaux nécessaires à la construction du mégaprojet avait déjà été déchargé sur son trajet, preuve que l’accord d’Ottawa ne faisait guère de doute. M. Trudeau souhaite que la construction débute d’ici aux élections législatives du 21 octobre. Pour le premier ministre, il s’agit d’améliorer son image dans l’Ouest canadien, où le chef de file conservateur, Andrew Scheer, a la faveur des électeurs. Les travaux doivent durer trois ans pour un coût de 7,4 milliards de dollars canadiens (5 milliards d’euros). L’ambition est de tripler la capacité d’un vieil oléoduc transportant sur 1 150 kilomètres 300 000 barils par jour de pétrole issu des sables bitumineux d’Edmonton (Alberta) à Burnaby, en banlieue de Vancouver (Colombie-Britannique). Une hausse qui entraînera aussi celle des émissions de gaz à effet de serre du pays. Qualifiant le Canada de « vulnérable » du fait que 99 % de ses exportations de pétrole et de gaz sont destinées aux Etats-Unis, M. Trudeau a rappelé que ces ressources y étaient vendues au rabais et qu’il était crucial de diversifier les débouchés, notamment en Asie. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Le Canada plus que jamais en quête de débouchés pétroliers et gaziers « Hypocrisie » La décision survient au lendemain du vote, à l’initiative du gouvernement canadien, d’une motion proclamant l’« urgence climatique nationale ». M. Trudeau a estimé mardi qu’il fallait « bâtir une énergie plus verte », annonçant que les 500 millions de dollars canadiens par an générés par les ventes de TMX seraient investis dans « la transition écologique du Canada ». Patrick McCully, directeur de programme au Rainforest Action Network, dénonce cette « hypocrisie » : « C’est comme déclarer la guerre au cancer et ensuite faire la promotion du tabac. » A la Fondation pour la nature David-Suzuki, on estime que « la capacité du Canada à répondre à la crise climatique » est remise en cause. Applaudie par le lobby pétrolier et le gouvernement conservateur d’Alberta, la décision de M. Trudeau ravive l’opposition au projet chez les écologistes, en Colombie-Britannique et au sein des Premières Nations. Le gouvernement de Colombie-Britannique estime que l’oléoduc va à l’encontre de son plan climatique et qu’il se traduira par une hausse du trafic maritime accroissant les risques d’accidents. Avec des groupes autochtones et écologistes, il a obtenu, en août 2018, de la Cour fédérale d’appel que l’Office national de l’énergie (ONE) revoie son évaluation environnementale et reprenne les consultations avec les communautés installées sur le tracé de Trans Mountain. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Les oléoducs, ultime combat des Amérindiens L’ONE a obtempéré et formulé, en février, des recommandations pour atténuer les risques liés au transport maritime, aux déversements, à une hausse des émissions des gaz à effet de serre et au risque en termes de biodiversité, notamment pour les mammifères marins. Ottawa a, de son côté, lancé des consultations intensives avec les communautés autochtones. M. Trudeau souhaite qu’elles en « tirent profit » et voudrait leur céder une part des revenus à venir ou du capital de TMX.
Souhaitée par l’industrie pétrolière, la décision prise au lendemain de la proclamation de l’« urgence climatique nationale » par le gouvernement est décriée par les écologistes.
https://www.lemonde.fr/planete/article/2019/06/19/canada-trudeau-annonce-l-agrandissement-d-un-oleoduc-controverse_5478187_3244.html
mlsum-fr-697
Le mur de granit d’une des maisons restaurées du hameau de Saint-Antoine, près de Guingamp, qui accueille le festival « Lieux mouvants », se pare d’herbes folles, de lierre, de fougères, de mousses et de lichens. L. JEDWAB/« LE MONDE » Le hameau de Saint-Antoine, à Lanrivain, dans les Côtes-d’Armor, aurait pu mourir de sa belle mort, inhabité, envahi par le lierre et les ronces. S’il revit aujourd’hui, il le doit à l’initiative de Jean Schalit, homme de presse (Clarté, Action en mai 68, Actuel...) et imprégné de culture, amateur de jardins et lui-même propriétaire, avec sa femme, Jacqueline, d’un jardin remarquable situé non loin de là, au Grand Launay. C’est l’association Dialogues avec la nature, qu’il a fondée, qui est à l’origine d’un festival unique en son genre, « Lieux mouvants », qui entremêle, depuis quelques années déjà, pendant l’été, performances, danse, théâtre, littérature et conférences scientifiques. Sans oublier un fil conducteur : le jardin, dans tous ses aspects – patrimonial, paysager, botanique ou... d’agrément. Pommiers et « serpents » de buis taillés dans le jardin de Jean Schalit, au Grand Launay, évocation malicieuse d’un autre « jardin ». L. JEDWAB/« LE MONDE » Pour encadrer ces réflexions et ces activités « jardinières », Dialogues avec la nature s’est associée avec la communauté de communes du Kreiz-Breizh et le département des Côtes-d’Armor pour créer l’Institut du jardin et du paysage de Bretagne. Le siège de cet institut, qui jouit du parrainage de Jean-Pierre Le Dantec, ancien enseignant d’architecture et écrivain, et de celui de Monique Mosser, historienne des jardins, est au hameau de Saint-Antoine. Le choix est judicieux, les vieilles maisons de granit gris, avec l’ancienne chapelle isolée, s’insérant harmonieusement dans un paysage travaillé comme... un jardin. Au-delà des limites mêmes du hameau, d’anciens espaces agricoles où la végétation a repris ses droits devraient accueillir des jardins conçus par des « amis », le spécialiste des arbres Francis Hallé ou le « jardinier » Gilles Clément. Ce noisetier gigantesque, qui n’a plus été taillé depuis longtemps, occupe toute la largeur du chemin que devaient emprunter les charrettes agricoles. L. JEDWAB/« LE MONDE » Pour cette édition 2019, deux conférences botaniques ont déjà eu lieu, sous les arbres évidemment. La première avait pour thème « La flore sauvage en danger ? », animée par la revue Paysageur, le Conservatoire botanique national de Brest et l’association Cicindèle. La seconde, animée par l’architecte-paysagiste Jean-Philippe Teyssier, avait pour thème « Rendre compte des mousses ». Cette conférence sur un vaste sujet scientifique largement méconnu (la bryologie) a été introduite non sans humour par le présentateur de la série à succès d’Arte « Jardins d’ici et d’ailleurs ». C’est au Japon qu’a eu lieu pour lui la « révélation » de l’importance, esthétique d’abord, scientifique ensuite, de la mousse – des mousses, devrait-on dire (il en existerait plusieurs milliers d’espèces).
Durant l’été, le festival créé en centre-Bretagne par Jean Schalit réunit artistes, scientifiques et spécialistes du jardin. Il sera prolongé par un colloque sur les mousses.
https://www.lemonde.fr/cotecourscotesjardins/article/2019/08/02/lieux-mouvants-un-festival-breton-et-bien-vert_5496094_5004225.html
mlsum-fr-698
« La FDA admet finalement que la viande de poulet contient de l’arsenic », titre le site Alimentation santé et bien-être, relayant une information très partagée sur Facebook. Prenant pour source la très sérieuse agence de presse américaine Associated Press, ce site assure que la Food and Drug Administration (FDA), l’organisme public américain chargé de contrôler la commercialisation de médicaments outre-Atlantique, aurait mené une étude concluant à la présence d’arsenic, une substance toxique, dans une majorité de poulets. Pourquoi c’est une information obsolète L’information était exacte… mais en 2011, on peut encore retrouver la dépêche en ligne. A l’époque, la FDA a effectivement procédé à des tests sur 100 poulets. Ceux-ci consommaient depuis des décennies leurs aliments augmentés de roxarsone. Produit par le laboratoire Pfizer, cet additif supposé stimuler leur croissance, lutter contre les parasites et leur donner une coloration plus jaune, contenait de l’arsenic « organique ». S’il est associé, dans l’imagerie populaire, au poison, l’arsenic est avant tout un élément chimique, présent dans un certain nombre d’éléments naturels, notamment les eaux « minérales » (au sens d’eaux issues de terrains rocheux), ou encore les fruits et légumes. Une certaine dose d’arsenic « organique » est donc présente dans nos corps, et ne représente pas de danger. Au cours de son étude, la FDA avait découvert que l’arsenic du roxarsone commercialisé par Pfizer sous le nom de 3-Nitro n’était non seulement pas éliminé naturellement par les volailles, mais qu’il pouvait se transformer en arsenic « inorganique », cancérigène. Pourtant, l’organisme américain était loin d’être alarmiste : il concluait que la dose observée n’était pas suffisante pour représenter un danger, et n’avait pas demandé le retrait des poulets ayant pris cet additif. Quoi qu’il en soit, le laboratoire Pfizer avait de toute façon retiré le 3-Nitro de la vente trois mois après l’enquête.
VU SUR FACEBOOK – Des sites évoquent un avis des autorités de santé américaines sur la présence d’arsenic dans le poulet. L’information date en réalité de 2011, et la substance en cause a été retirée du marché depuis.
https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/08/23/attention-aux-fausses-informations-sur-l-arsenic-dans-les-poulets_5502139_4355770.html
mlsum-fr-699
Stockage de véhicules Volkswagen, à Wolfsburg (Allemagne), le 4 décembre 2018. TOBIAS SCHWARZ / AFP Editorial du « Monde ». Attachez vos ceintures ! La route s’annonce chaotique pour l’industrie automobile. Le secteur est confronté à des marchés saturés et, avec l’émergence de la voiture électrique et du véhicule autonome, à des ruptures technologiques profondes, qui auront pour conséquences de douloureuses restructurations et une redistribution des cartes inédite entre constructeurs historiques et nouveaux acteurs. Tous les principaux marchés montrent simultanément des signes de faiblesse, qu’il s’agisse de la Chine, des Etats-Unis, de l’Europe, de la Russie ou de l’Inde. Dans les pays riches, l’envie de voiture s’érode à mesure que la conscience écologique s’éveille. Dans les pays émergents, on prend conscience que l’essor des classes moyennes, principal relais de croissance des constructeurs ces dernières années, sera moins linéaire que prévu. L’automobile est typiquement une industrie cyclique, rythmée par les aléas de la croissance économique. L’erreur serait de ne voir dans la crise qui s’annonce qu’un énième soubresaut de la production pour s’adapter à une demande faiblissante. Les constructeurs sont, en réalité, soumis à une double injonction qui va bouleverser leur modèle économique. Réduction des émissions de CO₂ L’une est réglementaire et concerne leur contribution à la lutte contre le réchauffement de la planète. La décision du Parlement européen du 3 octobre 2018 d’exiger une réduction des émissions de CO₂ de 40 % est sans doute nécessaire du point de vue de l’urgence climatique. Mais la responsabilité politique aurait exigé d’exposer clairement, dans le même temps, les conséquences industrielles et sociales de ce changement de paradigme. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Contre la pollution de l’air, l’Anses recommande « surtout la réduction du trafic » automobile Le basculement vers la voiture électrique laisse encore beaucoup trop de questions en suspens. Quid de la production de cette électricité, des batteries, de l’extraction des terres rares nécessaires à leur fabrication, du financement du réseau de chargement des voitures, du manque à gagner lié à la baisse des recettes fiscales sur le carburant, de l’évolution d’une demande qui reste à ce jour epsilonesque ? L’impact économique de cette transition, en revanche, se dessine lentement mais sûrement. Faute de satisfaire les nouvelles normes, les constructeurs devraient être frappés par des centaines de millions d’euros d’amendes. En outre, en définissant la norme sans l’anticiper sur le plan industriel, on s’apprête à transférer une part substantielle de la valeur ajoutée des véhicules au bénéfice des fabricants chinois, sud-coréens et japonais, qui ont une avance considérable dans le domaine des batteries. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Renault lourdement pénalisé par Nissan et la chute du marché automobile Le fait que General Motors ait préféré se séparer de sa filiale européenne, Opel, et que Ford réduise à la portion congrue ses capacités de production sur le Vieux Continent en dit long sur le pessimisme des constructeurs américains sur le potentiel du marché européen. Cette pression environnementale sera d’autant plus difficile à surmonter que, dans le même temps, les entreprises sont obligées de décupler leurs investissements pour rattraper leur retard dans la voiture autonome face aux géants du Web, qui menacent de bouleverser à la fois le mode de production des voitures et l’usage de la mobilité. Selon le cabinet AlixPartners, de 40 à 60 usines automobiles devraient fermer dans les cinq ans, tandis que le secteur emploie 13 millions de salariés en Europe. La transition écologique est nécessaire et urgente, mais elle nécessite de la transparence et davantage d’anticipation sur ses conséquences, hélas, prévisibles. Article réservé à nos abonnés Lire aussi Accord majeur entre Ford et Volkswagen dans la voiture autonome et l’électrique Le Monde
Editorial. Les nouvelles normes européennes d’émission de CO₂ et le basculement vers la voiture électrique vont profondément bouleverser le secteur. Les constructeurs du Vieux Continent risquent de souffrir
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/07/27/automobile-attention-virage-dangereux_5494125_3232.html
mlsum-fr-700
Le centre de lutte contre le cancer Gustave-Roussy, à Villejuif, dans le Val-de-Marne, a reconnu, jeudi 25 juillet, qu’un enfant qui était traité dans l’établissement était mort en mai à la suite d’une « erreur humaine ». France 2, qui a révélé l’affaire dans un reportage diffusé dans le journal de 20 heures jeudi, précise que le jeune patient a subi un surdosage de médicament. « L’analyse précise des causes du décès a montré qu’il s’agissait d’une erreur humaine d’enregistrement d’un produit dans le stock de la pharmacie sous une mauvaise référence, qui n’a pas été décelée ensuite lors de la préparation de la chimiothérapie, en dépit des quatre contrôles existants au cours de la production », écrit, dans un communiqué, l’hôpital, qui « assume pleinement l’erreur pharmaceutique à l’origine du décès ». Une enquête interne est en cours, en lien avec l’agence régionale de santé. Le reportage de France 2 : « Mesures correctives » Dans son reportage, la chaîne explique que des professionnels de l’institut se sont récemment inquiétés de dysfonctionnements, dans une lettre adressée à la ministre de la santé, Agnès Buzyn, et au préfet d’Ile-de-France, Michel Cadot. Dans ce courrier daté du 14 juin, ces médecins évoquent « une série d’éléments préoccupants », « des anomalies récurrentes dans la chaîne de contrôle de la production et de la délivrance de chimiothérapie ». Selon France 2, c’est le fonctionnement de la pharmacie de l’institut qui est au centre des préoccupations et qui a fait l’objet d’alertes, depuis 2017, de la part de médecins. Gustave-Roussy assure que « des mesures informatiques correctives » ont été mises en place depuis la mort de l’enfant et que les poches contenant les traitements sont désormais testées avant d’être administrées. L’hôpital explique enfin qu’un « nouveau robot de production » devrait arriver prochainement – deux ont déjà été installés en janvier et septembre 2018. « Ces différentes mesures doivent permettre de sécuriser 100 % des 90 000 poches produites chaque année par la pharmacie de l’établissement », note l’institut dans son communiqué.
Le jeune patient est mort après un surdosage de médicament. Le centre spécialisé dans la lutte contre le cancer, assure que des mesures ont été mises en place pour ne pas qu’un tel événement se reproduise.
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/07/26/le-centre-gustave-roussy-reconnait-qu-une-erreur-humaine-est-responsable-de-la-mort-d-un-enfant-en-mai_5493752_3224.html